Le Cycle du Serpent [I-III] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

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TcmA

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Re: Le Cycle du Serpent [II] : L'Alliance des Déchus

Message par TcmA »

vampiredelivres a écrit : lun. 16 août, 2021 11:36 am
INTERLUDE


Les enregistrements des drones de la Faction ont été très quasiment impossibles à obtenir et à déchiffrer. Mais, maintenant qu’elle a la vidéo sous les yeux, maintenant qu’elle réalise, elle aurait préféré ne jamais les avoir. L’inquiétude qu’elle avait ressentie jusque-là n’est rien par rapport à la tempête de terreur qui la ronge désormais. La porte de son bureau est close, verrouillée à clé. Personne n’entrera. Personne ne sait, à part les analystes, et elle exigera qu’ils prennent un amnésique. Personne ne saura. :arrow: Mmmmmh, la bonne paranoïa (bon, en même temps, elle a pas intérêt à se faire choper par qui que ce soit)
Son regard revient sur les silhouettes. La vidéo a été éclaircie si désagréablement que tout l’environnement en devient d’un blanc trop éclatant. Dans les volutes des fumigènes qui ont été lancés durant les combats, les formes sont troubles, floues, impossibles à identifier. Mais elles sont nombreuses. Trop nombreuses.
Elle soulève lentement le téléphone, essayant de maîtriser ses tremblements, d’endiguer sa terreur. Tandis qu’il sonne, elle compte à nouveau les silhouettes présentes. Elle en connaît trois presque avec certitude. Kaldtjis et Síverdín, qui ont été identifiées par ses soldats. Et l’un de ses hommes lui a assuré être certain d’avoir reconnu d’Aube-Court.
Mais s’il y a d’Aube-Court, il peut y en avoir d’autres, plus vieux encore, plus dangereux encore.
— Synnöve, comment vas-tu ?
La voix grave, pareille à un roulement de tonnerre, tente en vain d’être chaleureuse, mais rien ne peut dissimuler la pointe d’anxiété qui perce malgré tout.
— Vous étiez censé les avoir tués.
— Qui ça ? Je me perds sur la liste de ceux dont tu as commandité le meurtre. Pour ta petite Élite, je t’ai déjà expliqué que ça ne rentrait pas dans nos intérêts.
— Laisse tomber Lilith, elle n’est qu’un problème mineur pour le moment. Björn, combien de temps pensais-tu pouvoir me le cacher ? Sur les enregistrements, ils sont au moins huit.:arrow: Mh, ça me reconfirme qu'elle ne savait pas pour les Elites. Bon bon bon, ça devient spicy pour Emyja, nyohoh
Björn soupire audiblement.
— Ils ne sont pas tous de chez toi, je t’assure.
— Un seul d’entre eux suffirait.:arrow: Parce qu'elle sait que toutes les Elites sont consacrées à Loki ? Est-ce qu'elle l'est aussi, d'ailleurs ??
— Mmhm.
Elle inspire profondément, détache chaque mot.
— Combien sont-ils ?
Un silence.
— On les avait quasiment détruits.:arrow: PTDR mec, essaie encore.
— Quasiment ne suffit pas, Björn, pas avec eux. Maintenant, ils vont chercher à avoir notre peau.:arrow: Björn, Björn... Le premier né chez les Thor (bon, le petit "comme un roulement de tonnerre" est un peu obvious), c'est ça? Ou, du moins, celui qui les dirige.
Un rire.
— Pour ça il faudrait qu’ils franchissent les murs de nos forteresses.
Au son de sa voix, elle devine que malgré toute sa suffisance, il a peur. Il réalise lui aussi qu’avec les anciens Élites libres, leurs vies vont devenir un enfer. Les morsures de Nídhögg seront plus douces à côté de ce qu’ils pourraient leur infliger s’ils mettaient la main sur eux. Ils auront aiguisé leurs crocs, entériné leur rage et leur haine, affûté leur souffrance pour s’en servir comme d’une arme destructrice. Ils sont capables de tout, et surtout du pire, et ils n’ont rien à perdre.
C’est pour ça qu’ils auraient dû mourir.
—Björn ? Je vais t’envoyer un enregistrement, et tu vas le regarder. Ensuite, tu vas me dire tous les noms de ceux qui se sont échappés.
Elle prend une profonde inspiration, maîtrise sa voix. Elle peut faire appel à son dernier recours, désormais. Ils n’ont plus Vanessa, ils n’ont plus de point de pression sur elle.:arrow: AAAAHHH ??? D'un autre côté, ça paraît logique, mais bon, vu qu'elle avait balancé les Elites, je pensais pas que Ness serait un moyen de pression... Au final, même si elle collabore, ils doivent la voir comme un élément imprévisible (Loki, tout ça tout ça blabla)... Intéressant. Et cette guerre qu’elle doit mener contre ses anciens Élites, elle doit la mener avec toute sa force, toute la puissance de la Confrérie, et toute celle qu’elle peut exiger des autres Maisons.
— Et tu tiendras à ma disposition un régiment des tiens pour que je puisse les éliminer définitivement.
— Tu plaisantes ?
— Absolument pas. Tu ne voudrais pas qu’il arrive du mal à Alex, non ? :arrow: Alex. Alex ? Who dat ? J'ai une vague impression de familiarité mais après... Donc elle a un Thor, sûrement l'un des enfants de Björn. Ca fait partie du pacte, les moyens de pression entre familles ?
Björn gronde, et elle raccroche. Les mains tremblantes, elle reprend son ordinateur. Elle sait qu’elle vient de mettre un couteau à la gorge de son meilleur allié. Mais il y survivra. En revanche, pour qu’ils survivent tous les deux, il faut qu’ils se serrent les coudes, et puisqu’il ne semble pas déterminé à le faire de bonne volonté, elle le fera à sa place. Il ne lui en voudra que pour les trois cents prochaines années, mais après tout, qu’est-ce donc à l’échelle de cinq millénaires d’existence ? :arrow: Bwouarf, au final, c'est pas grand chose. :roll:
Elle appuie par mégarde sur une touche, qui relance l’enregistrement. Et soudain, elle remarque quelque chose, et son souffle se glace dans sa poitrine. Des aiguilles de lumière, utilisées comme des armes, des couteaux de lancer, manipulées à distance. Un message destiné à elle seule, puisqu’il n’y a jamais eu que deux demi-divins capables d’une telle maîtrise.
Elle.
Et son frère.
Son frère qui, des millénaires plus tôt, a juré de la détruire. :arrow: Ewui C:

Booooon, elle transpire, la putchoin, et elle a toutes les raisons pour. Très bien. Très très bien.
Par contre, si elle commence à ramener d'autres Maisons dans ce guêpier, ça pourrait très rapidement tourner au vinaigre... Enfin, encore plus au vinaigre :')
N'empêche, même si je peux pas me la voir, j'aime beaucoup ces interludes, et comme d'hab, c'est vraiment très bien écrit.

Réponse à ton comm:
Emyja :
- D'accord pour Odin et ses p'tits potes!
- Okay pour ne pas avoir envie de mourir, la mort c'est pas tip top, mais quand même, ça m'explique pas pourquoi elle a trahi Loki. Est-ce qu'elle était allée voir Mimir elle aussi et qu'elle lui avait demandé si la folie destructrice de sa mère lui coûterait la vie pour pas grand chose au final? 'Fin, y a une raison plus profonde au pourquoi du comment, et je sais que tu nous amèneras ça parfaitement.

Lily:
- Okaaaaay pour le choix de l'Elu(e). C'est sûr que Loki se fait un peu arnaquer avec la mortalité de Lilith, mais... Maybe son héritage du côté maternel qui offre des possibilités intéressantes pour Loki ? On a eu quelques indices (dont je ne me souviens plus, yes, merci cerveau), mais à voir :v Très bien, j'attends patiemment les réponses x)

Nyohoh, la pyromagie... Lily Barbec 2.0 ? Ca va être difficile, vu qu'elle est un peu drainée là... (J'avais lu que le feu ne pouvait pas détruire Vali ?) J'ai hâte de comprendre!

Tu sais vraiment tenir tes lecteurs en haleine et, je te rassure, je trouve pas du tout que les chaps soient inintéressants, au contraire ! Je kiffe bien, ça doit être mes chaps préférés jusque là !

La bise~
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Re: Le Cycle du Serpent [II] : L'Alliance des Déchus

Message par vampiredelivres »

TcmA a écrit : lun. 16 août, 2021 3:11 pm
vampiredelivres a écrit : lun. 16 août, 2021 11:36 am
INTERLUDE


Les enregistrements des drones de la Faction ont été très quasiment impossibles à obtenir et à déchiffrer. Mais, maintenant qu’elle a la vidéo sous les yeux, maintenant qu’elle réalise, elle aurait préféré ne jamais les avoir. L’inquiétude qu’elle avait ressentie jusque-là n’est rien par rapport à la tempête de terreur qui la ronge désormais. La porte de son bureau est close, verrouillée à clé. Personne n’entrera. Personne ne sait, à part les analystes, et elle exigera qu’ils prennent un amnésique. Personne ne saura. :arrow: Mmmmmh, la bonne paranoïa (bon, en même temps, elle a pas intérêt à se faire choper par qui que ce soit) Synnöve panïk :lol:
Son regard revient sur les silhouettes. La vidéo a été éclaircie si désagréablement que tout l’environnement en devient d’un blanc trop éclatant. Dans les volutes des fumigènes qui ont été lancés durant les combats, les formes sont troubles, floues, impossibles à identifier. Mais elles sont nombreuses. Trop nombreuses.
Elle soulève lentement le téléphone, essayant de maîtriser ses tremblements, d’endiguer sa terreur. Tandis qu’il sonne, elle compte à nouveau les silhouettes présentes. Elle en connaît trois presque avec certitude. Kaldtjis et Síverdín, qui ont été identifiées par ses soldats. Et l’un de ses hommes lui a assuré être certain d’avoir reconnu d’Aube-Court.
Mais s’il y a d’Aube-Court, il peut y en avoir d’autres, plus vieux encore, plus dangereux encore.
— Synnöve, comment vas-tu ?
La voix grave, pareille à un roulement de tonnerre, tente en vain d’être chaleureuse, mais rien ne peut dissimuler la pointe d’anxiété qui perce malgré tout.
— Vous étiez censé les avoir tués.
— Qui ça ? Je me perds sur la liste de ceux dont tu as commandité le meurtre. Pour ta petite Élite, je t’ai déjà expliqué que ça ne rentrait pas dans nos intérêts.
— Laisse tomber Lilith, elle n’est qu’un problème mineur pour le moment. Björn, combien de temps pensais-tu pouvoir me le cacher ? Sur les enregistrements, ils sont au moins huit.:arrow: Mh, ça me reconfirme qu'elle ne savait pas pour les Elites. Bon bon bon, ça devient spicy pour Emyja, nyohoh Wi, ça commence à picoter pour elle x)
Björn soupire audiblement.
— Ils ne sont pas tous de chez toi, je t’assure.
— Un seul d’entre eux suffirait.:arrow: Parce qu'elle sait que toutes les Elites sont consacrées à Loki ? Est-ce qu'elle l'est aussi, d'ailleurs ?? Elle sait que la plupart le sont. Et pour elle… ce n'est pas une question à laquelle je répondrai maintenant x)
— Mmhm.
Elle inspire profondément, détache chaque mot.
— Combien sont-ils ?
Un silence.
— On les avait quasiment détruits.:arrow: PTDR mec, essaie encore. :arrow: :lol:
— Quasiment ne suffit pas, Björn, pas avec eux. Maintenant, ils vont chercher à avoir notre peau.:arrow: Björn, Björn... Le premier né chez les Thor (bon, le petit "comme un roulement de tonnerre" est un peu obvious), c'est ça? Ou, du moins, celui qui les dirige. Lui-même, chef des Thor et plus âgé de la famille. Un amour ce type. :mrgreen:
Un rire.
— Pour ça il faudrait qu’ils franchissent les murs de nos forteresses.
Au son de sa voix, elle devine que malgré toute sa suffisance, il a peur. Il réalise lui aussi qu’avec les anciens Élites libres, leurs vies vont devenir un enfer. Les morsures de Nídhögg seront plus douces à côté de ce qu’ils pourraient leur infliger s’ils mettaient la main sur eux. Ils auront aiguisé leurs crocs, entériné leur rage et leur haine, affûté leur souffrance pour s’en servir comme d’une arme destructrice. Ils sont capables de tout, et surtout du pire, et ils n’ont rien à perdre.
C’est pour ça qu’ils auraient dû mourir.
—Björn ? Je vais t’envoyer un enregistrement, et tu vas le regarder. Ensuite, tu vas me dire tous les noms de ceux qui se sont échappés.
Elle prend une profonde inspiration, maîtrise sa voix. Elle peut faire appel à son dernier recours, désormais. Ils n’ont plus Vanessa, ils n’ont plus de point de pression sur elle.:arrow: AAAAHHH ??? D'un autre côté, ça paraît logique, mais bon, vu qu'elle avait balancé les Elites, je pensais pas que Ness serait un moyen de pression... Au final, même si elle collabore, ils doivent la voir comme un élément imprévisible (Loki, tout ça tout ça blabla)... Intéressant. Tu te méfies toujours de la Maison avec laquelle tu travailles, que ce soit la Confrérie ou n'importe quelle autre. Et cette guerre qu’elle doit mener contre ses anciens Élites, elle doit la mener avec toute sa force, toute la puissance de la Confrérie, et toute celle qu’elle peut exiger des autres Maisons.
— Et tu tiendras à ma disposition un régiment des tiens pour que je puisse les éliminer définitivement.
— Tu plaisantes ?
— Absolument pas. Tu ne voudrais pas qu’il arrive du mal à Alex, non ? :arrow: Alex. Alex ? Who dat ? J'ai une vague impression de familiarité mais après... Donc elle a un Thor, sûrement l'un des enfants de Björn. Ca fait partie du pacte, les moyens de pression entre familles ? Jamais mentionné pour le moment, le p'tit chat. Y'avait un autre Alex dans le T1, mais ça date, et c'était pas du tout la même personne. ^^
Björn gronde, et elle raccroche. Les mains tremblantes, elle reprend son ordinateur. Elle sait qu’elle vient de mettre un couteau à la gorge de son meilleur allié. Mais il y survivra. En revanche, pour qu’ils survivent tous les deux, il faut qu’ils se serrent les coudes, et puisqu’il ne semble pas déterminé à le faire de bonne volonté, elle le fera à sa place. Il ne lui en voudra que pour les trois cents prochaines années, mais après tout, qu’est-ce donc à l’échelle de cinq millénaires d’existence ? :arrow: Bwouarf, au final, c'est pas grand chose. :roll: Bah ui, voyons.
Elle appuie par mégarde sur une touche, qui relance l’enregistrement. Et soudain, elle remarque quelque chose, et son souffle se glace dans sa poitrine. Des aiguilles de lumière, utilisées comme des armes, des couteaux de lancer, manipulées à distance. Un message destiné à elle seule, puisqu’il n’y a jamais eu que deux demi-divins capables d’une telle maîtrise.
Elle.
Et son frère.
Son frère qui, des millénaires plus tôt, a juré de la détruire. :arrow: Ewui C:

Booooon, elle transpire, la putchoin, et elle a toutes les raisons pour. Très bien. Très très bien.
Par contre, si elle commence à ramener d'autres Maisons dans ce guêpier, ça pourrait très rapidement tourner au vinaigre... Enfin, encore plus au vinaigre :')
N'empêche, même si je peux pas me la voir, j'aime beaucoup ces interludes, et comme d'hab, c'est vraiment très bien écrit.

Réponse à ton comm:
Emyja :
- D'accord pour Odin et ses p'tits potes!
- Okay pour ne pas avoir envie de mourir, la mort c'est pas tip top, mais quand même, ça m'explique pas pourquoi elle a trahi Loki. Est-ce qu'elle était allée voir Mimir elle aussi et qu'elle lui avait demandé si la folie destructrice de sa mère lui coûterait la vie pour pas grand chose au final? 'Fin, y a une raison plus profonde au pourquoi du comment, et je sais que tu nous amèneras ça parfaitement.

Lily:
- Okaaaaay pour le choix de l'Elu(e). C'est sûr que Loki se fait un peu arnaquer avec la mortalité de Lilith, mais... Maybe son héritage du côté maternel qui offre des possibilités intéressantes pour Loki ? On a eu quelques indices (dont je ne me souviens plus, yes, merci cerveau), mais à voir :v Très bien, j'attends patiemment les réponses x)

Nyohoh, la pyromagie... Lily Barbec 2.0 ? Ca va être difficile, vu qu'elle est un peu drainée là... (J'avais lu que le feu ne pouvait pas détruire Vali ?) J'ai hâte de comprendre!

Tu sais vraiment tenir tes lecteurs en haleine et, je te rassure, je trouve pas du tout que les chaps soient inintéressants, au contraire ! Je kiffe bien, ça doit être mes chaps préférés jusque là !

La bise~
Synnöve en stress x) C'est un peu compliqué, elle s'est mise dans le guêpier elle-même, et ensuite, c'est parti en live.
Nice, ravie que j'arrive quand même à faire passer la pilule :lol:

Emyja :
- Eh, y'a plein de choses qui se sont passées en 5000 ans, je peux pas tout expliquer maintenant. :lol: Mais ça viendra, promis !

Lily :
- Du côté maman de Lily, c'est le chaos le plus absolu, elle a du sang de plein de dieux. Après qu'est-ce que ça apporte… ? :mrgreen:

Nyohoh, tu verras bien :twisted: (Alors c'est pas qu'il ne peut pas le détruire, c'est juste qu'il sait s'en protéger avec des boucliers magiques ^^)

Contente de l'entendre ! J'espère que la suite continuera à te plaire autant ^^
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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par louji »

Yoooo

Bon. Cet interlude... ♥
DANS TA GUEULE PUTCHOIN

Désolée, mais c'était trop tentant. Ça fait plaisir de la voir apeurée. Elle est tellement elle-même la cheffe de la trouille dans LCDS, ça fait du bien d'avoir les rôles inversés.

"Tu ne voudrais pas qu’il arrive du mal à Alex, non ?" omg i better understand
alors
alors alors
Alex, un(e) Hamershot, j'imagine. Fils/fille direct de Björn ou un descendant Hamershot d'une autre lignée ? Peu importe, petit échange d'otages des familles, je vois. Je me demande où est gardé cet(te) Alex (il a pas l'air d'être dans le Manoir)

EH OUI OKÉ EST VIVANT. Dans ta face :twisted: .

Aaaah je suis encore un peu plus hypée par cet interlude, qui se mêle si bien aux 2 derniers chapitres, c'est parfait ♥

Courage pour ton voyage !
vampiredelivres

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit : mar. 17 août, 2021 11:01 pm Yoooo

Bon. Cet interlude... ♥
DANS TA GUEULE PUTCHOIN

Désolée, mais c'était trop tentant. Ça fait plaisir de la voir apeurée. Elle est tellement elle-même la cheffe de la trouille dans LCDS, ça fait du bien d'avoir les rôles inversés.

"Tu ne voudrais pas qu’il arrive du mal à Alex, non ?" omg i better understand
alors
alors alors
Alex, un(e) Hamershot, j'imagine. Fils/fille direct de Björn ou un descendant Hamershot d'une autre lignée ? Peu importe, petit échange d'otages des familles, je vois. Je me demande où est gardé cet(te) Alex (il a pas l'air d'être dans le Manoir)

EH OUI OKÉ EST VIVANT. Dans ta face :twisted: .

Aaaah je suis encore un peu plus hypée par cet interlude, qui se mêle si bien aux 2 derniers chapitres, c'est parfait ♥

Courage pour ton voyage !
Hi !

Cette haine pour Kaiser me fera toujours autant rire :lol: Mais c'est cool, c'est que tu es investie dans le personnage (même pour le pire :roll: )

Alors alors. Alex un/e Hamershot effectivement, fils/fille de qui je ne dirai pas, mais oui, l'idée de l'échange d'otages entre les familles pour "pacifier" les relations, c'est un concept. Ça t'évite de mettre une bombe H sur le QG adverse vu que ton gamin peut potentiellement s'y trouver. :mrgreen: Après où Alex vit-il/elle, excellente question. Ça viendra un jour, mais pour l'instant, il/elle est juste mentionné/e comme ça. ^^

Oké vs Emyja maintenant :twisted: :twisted:
Ravie qu'il te plaise :D

À bientôt !
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Le Cycle du Serpent [II] : L'Alliance des Déchus

Message par vampiredelivres »

CHAPITRE 18


Le coup fatal ne vint jamais. Alors que je me préparais à sentir la vie s’échapper de mon corps, à ne voir que l’éclat d’une lame et percevoir la souffrance aiguë qui précéderait le départ pour Helheim, un grondement bestial vrilla l’air, et une silhouette sombre, indistincte, bondit par-dessus ma tête, droit sur Vali. Sous l’impact, ce dernier vacilla. Åke, transformé en un étrange hybride entre le puma et le loup, poussa un rugissement de fauve, enfonça un peu plus fermement ses pattes avant dans les épaules de Vali, laboura le torse du dieu de ses longues griffes félines sur une trentaine de centimètres. Ce dernier, à peine sensible à la souffrance, enfonça profondément ses propres griffes dans le dos de mon demi-frère et le projeta sur le côté. Åke hurla de douleur, mais se releva, pantelant, ne m’accordant qu’un bref regard avant de se relancer brutalement à l’assaut.
C’était un combat de titans, l’ours contre le loup. Les crocs claquèrent, le sang jaillit à flots bouillants, pulsant hors des artères. Je frémis, effarée, ma peau se couvrit de chair de poule lorsque je vis mon demi-frère esquiver de justesse un coup de griffe qui lui aurait probablement crevé les yeux. En réponse, il planta ses canines dans le cou épais de Vali, sans pour autant parvenir à en faire le tour.
Brièvement, l’idée de la fuite effleura mon esprit, mais je la repoussai. C’était l’ultime recours. J’avais été éduquée pour ne laisser personne derrière moi, qu’importe la dangerosité de la situation et le risque que j’encourais. De plus, je n’étais pas exactement en état de piquer un sprint, ni de me métamorphoser, je ne risquais donc pas d’aller bien loin. Quitte à périr, au temps tenter quelque chose d’héroïque.
Il fallait trouver un moyen de vaincre Vali, et la force ne me semblait pas être la bonne solution. J’avais espéré qu’Åke ait un plan plus développé que juste foncer dans le tas, mais la seule chose qu’il semblait avoir prévue était d’intervenir lorsque Vali serait entré dans la rage du Berserk. Maintenant que c’était fait, il s’occupait de la distraction, mais nous…
Je jetai un coup d’œil à ma sœur, affalée dos au mur. Vu son regard vide et les gouttes de transpiration qui ruisselaient depuis ses tempes, je n’étais pas sûre qu’elle soit en état de cautériser mes plaies… ni même d’user de magie, en fait. Je ramassai mon épée avec précaution et rampai vers elle avec la discrétion d’une souris, avec une conscience aiguë des coups et des rugissements qui résonnaient à quelques pas seulement.
Enfin, je m’effondrai à côté de Selvigia, le souffle court, trop douloureusement consciente de la traînée de sang que j’avais laissée sur mon chemin, considérai la caverne dans laquelle nous nous étions réfugiés au crépuscule. Le soleil entrait à flots par le large trou qui avait auparavant été un étroit tunnel de terre, éclairant le sol craquelé par l’explosion. Au centre, là où un petit cratère encore fumant témoignait de l’explosion d’une grenade magique, gisait un bouclier blanc orné de gravures runiques dorées, dont notre adversaire s’était très vite délesté.
— Qu’est-ce qu’on peut faire ? interrogeai-je à mi-voix.
Vali était un dieu. Il avait prêté serment sur le Leiptr de ne jamais se laver ou se coiffer, jusqu’à ce que la mort de son demi-frère Baldr soit vengé. Depuis, il poursuivait inlassablement les enfants de Loki lorsqu’ils étaient de sortie dans l’un des Neuf Mondes, tentait de les tuer par tous les moyens… et y parvenait, la plupart du temps.
Un hurlement de pure souffrance – celui d’Åke, puisque l’autre, sous sa forme de Berserk, n’était pas sensible à la douleur – déchira l’air, hérissa les poils de mes bras. Mon demi-frère, toujours métamorphosé, leva la patte, la transforma brièvement en main, fit jaillir un rayon blanc de sa paume. L’arc d’énergie fila d’abord droit devant puis, lorsque Vali l’esquiva, obliqua brutalement, et revint le frapper dans le dos. Soufflée à la fois par la puissance qui se dégagea de l’impact et par les capacités de mon demi-frère, je demeurai un instant figée. Puis, soudain, la lumière se fit dans mon esprit.
Il avait juré de ne plus s’occuper de son hygiène corporelle. D’où les croûtes, la boue et la saleté qui maculaient son corps, et l’odeur nauséabonde qui l’environnait. Mais si on le forçait à le faire…
C’était insensé, mais c’était la seule idée potable que j’aie. Et, lorsque je l’exposai à Selvigia, elle se contenta d’un hochement de tête approbateur. Je devinais son scepticisme sous-jacent, mais son visage était celui d’une femme résolue à mourir en sachant qu’elle aurait tout essayé, y compris l’improbable.
Pantelantes, à peine assurées sur nos pieds, nous nous redressâmes en tanguant, l’une appuyée contre l’autre, sans trop savoir qui soutenait qui. Selvigia fit apparaître une petite bouteille, qu’elle me donna sans hésitation, puis elle serra ostensiblement la mâchoire, et créa une longue corde de flammes le long d’une chaîne métallique.
— Je l’immobilise, tu lui tartines le crâne, souffla-t-elle dans un murmure à peine audible.
— Pire plan de bataille que j’aie jamais entendu, grinçai-je avec néanmoins un sourire.
Je me détachai péniblement de son bras, qui m’avait jusque-là servi de point d’appui. Le sang qui se déversait à flots de ma cuisse n’avait pas cessé de couler, mais mon esprit embrumé s’était quelque peu accommodé à la douleur, car même en m’appuyant dessus de tout mon poids, la sensation de brûlure intense n’empira pas. Maintenant que j’étais à nouveau debout, j’aurais presque pu avoir l’impression que ça allait.
Pendant que Selvigia guettait une ouverture, un bon angle d’attaque, j’observai Åke, et très vite, remarquai un schéma récurrent dans sa manière de combattre. Les blessures s’accumulaient sur sa chair, notamment ses avant-bras aux allures de pattes de puma, qui étaient les plus exposés aux coups de dents de Vali. Quand elles devenaient si nombreuses qu’on voyait plus de sang que de peau, il exécutait rapidement une métamorphose partielle, ne transformait que ses bras, qui redevenaient intacts. Le reste de son corps continuait de subir, mais, de ses pattes avant griffues, il pouvait à nouveau enchaîner une série de coups brefs, mais précis, qui ouvraient des rigoles de sang sur le torse de Vali. Je souris, impressionnée.
Nous avions tous une limite de puissance, mais aucun de nous trois ne l’avait encore atteinte pour le moment. Sur Midgard, nous aurions probablement juste été en train de finir de nous vider de notre sang, mais le flux magique était bien plus puissant à l’extérieur de la barrière que formaient les Cils d’Ymir. De fait, nous avions beaucoup plus de résistance que prévu. Moi-même, je n’étais pas encore à bout, alors que, quelques minutes plus tôt, j’aurais cru l’être. J’étais encore capable de bouger. À Barcelone, mon esprit s’était tout simplement déconnecté après un usage trop intensif de magie et une perte de sang aussi importante, mais ici, il semblait être encore en état de faire tenir mon corps quelques minutes de plus.
Il fallait que je mette ces minutes à profit. Ensuite, je pourrais m’effondrer et prier Loki de survivre à mes blessures.
Suivant l’exemple d’Åke, qui continuait de distraire Vali par tous les moyens possibles, je me focalisai uniquement sur ma cuisse, et la transformai d’un seul coup. Toute la zone blessée disparut, remplacée par des muscles souples, fermes et toniques, indemnes. Le contrecoup fut l’habituelle sensation d’asphyxie temporaire, mais elle se dissipa bien vite, si vite, même, que j’en vins à me demander si la blessure avait réellement été aussi profonde que je l’avais sentie, ou si mon esprit et ma souffrance ne m’avaient pas joué un tour.
Un peu plus stable sur mes appuis, consciente de la magie qui bouillonnait dans mes veines et partout autour de moi, je resserrai ma main sur la bouteille de shampoing. Mon demi-frère ajusta un coup de patte foudroyant qui creva un œil du dieu, m’arrachant un hoquet de stupeur. Bien plus surpris par le bruit que j’avais émis que par le sang qui giclait de son œil, Vali tourna imperceptiblement la tête vers moi. En me voyant toujours debout, son unique iris d’or liquide étincela de rage, il poussa un cri bestial et balaya Åke sur le côté d’un geste brusque, avant de s’élancer vers moi.
Une dizaine de pas nous séparaient. Il eut le temps d’en couvrir trois avant que la chaîne enflammée de Selvigia, lancée à la manière d’un lasso, ne s’enroule autour de ses pattes d’ours. Il trébucha, bascula en avant, termina le museau dans les gravats, se redressa sur ses pattes avant, juste sous mon nez. Par réflexe, je pressai de toutes mes forces la bouteille décapuchonnée que je tenais en l’orientant dans sa direction. Le shampoing gicla, aspergeant son visage ensanglanté d’un gel blanc et visqueux. Vali gronda, claqua des dents, leva une patte pour s’essuyer. Je lâchai la bouteille, agrippai sa paluche, projetai toute mon énergie magique restante dans l’hypno-manipulation.
Percevoir son flux magique, qui irradiait dans tout l’air aux alentours, ne me prit pas d’un millième de seconde, je l’avais senti avant même de le toucher. Déjà, ses griffes amorçaient une fulgurante remontée vers ma jugulaire. Je lui imposai brutalement la sensation d’une ignoble démangeaison au sommet de son crâne, et le mouvement de son bras s’infléchit. Il commença à se gratter tel un fou furieux, le museau plissé, ses traits ursins tordus en une grimace d’irritation.
Il ne réalisa pas que, en se grattant comme un damné, il faisait entre autres mousser le shampoing mêlé au sang et à la sueur sur ses poils de tête bruns et rêches.
Toute sa volonté se tordait pour échapper à mon contrôle. C’était comme tenter d’attraper une anguille, plus j’essayais de m’accrocher à son esprit, plus j’avais l’impression qu’il me glissait entre les mains. Alors je compensais ma faible prise par une volonté de fer, qui me drainait du peu d’énergie qui me restait à une vitesse effarante. Mon souffle se fit court, mes muscles commencèrent à tétaniser, mon cœur décolla pour compenser la perte. Un instant seulement, je perdis le contrôle de l’esprit de Vali, et il lacéra la main que j’utilisais pour le tenir si profondément que ses griffes raclèrent contre mon os. Je poussai un hurlement de douleur, perdis totalement ma prise sur sa volonté. Ma tête cogna violemment contre le sol, des points noirs brouillèrent ma vision.
Mais soudain, alors que je pensais que j’allais vraiment y passer avec cette tentative désespérée, Vali poussa un hurlement de pure souffrance. Je battis des paupières, médusée. Åke gisait toujours au loin, et Selvigia se tenait à bonne distance, bataillant ferme pour garder les pieds de Vali enchaînés avec sa chaîne désormais dépourvue de ses flammes. Et pourtant, le dieu semblait soudain souffrir comme s’il était en train de brûler dans les feux de Muspellheim ou de se faire dévorer par Nídhögg. Il s’affala par terre, se tortillant comme un ver de terre, gémissant. Sa face s’aplatit lentement, la largeur de ses pattes diminua, ses griffes se rétractèrent. Il redevenait humain.
Sauf que, d’habitude, les retours des enfants d’Odin à leur forme humaine ne semblaient pas aussi douloureux. Ça devait être l’effet du serment sur le Leiptr qu’il venait de rompre.
Après un haut-le-cœur nauséabond, Vali s’effondra dans une flaque semi-liquide où sang et nourriture se mélangeaient. Il était livide, à deux doigts de s’évanouir.
Par un réflexe acquis au cours de mes années d’entraînement avec Ekrest, je cherchai du regard mon épée. Elle gisait là où je l’avais abandonnée, à quelques pas seulement de moi, un peu à gauche de Vali. Je me redressai sur un coude en réprimant un grondement de douleur, rampai lentement jusqu’à la poignée, puis me redressai en chancelant.
Le presque-dieu n’avait plus rien d’un Berserker. Sa rage de guerrier d’Odin s’était totalement dissipée, son œil doré auparavant brûlant de haine était maintenant empli de souffrance et d’incompréhension. Le sang coulait à flots des nombreuses griffures qui striaient son torse et ses bras, et l’odeur métallique de l’hémoglobine, mêlée à sa puanteur corporelle, me donnait la nausée. Un filet de shampoing mousseux, noirâtre, coulait depuis ses cheveux bruns jusqu’à son épaule maculée de carmin. Lorsqu’il riva son regard stupéfait sur ses mains couvertes de mousse, la terreur tordit ses traits couturés de cicatrices.
— Qu’est-ce que vous m’avez…
La fin de sa phrase s’acheva dans un écœurant gargouillis. Haletante, tenant à peine sur mes jambes, je retirai brutalement mon épée de sa gorge. Vali s’effondra, face contre le sol. Son corps fut parcouru d’une série de violents spasmes, ses doigts se crispèrent et se décrispèrent, un frisson parcourut son dos, puis il ne bougea plus. Je poussai un long soupir de soulagement, m’assis – ou plutôt, chus et me cognai douloureusement le coccyx contre la roche dure – la main toujours refermée sur la poignée de mon épée.
Pas de pitié. Les années d’entraînement avec Ekrest avaient payé. J’avais à peine réfléchi, tout juste écouté mon instinct et mes habitudes, et le mouvement était venu naturellement.
Il me fallut bien trente minutes de récupération silencieuse entrecoupée de brefs moments d’inconscience, uniquement troublée par nos trois respirations encore saccadées et quelques geignements de douleur au moindre faux mouvement, pour réaliser quelque chose d’essentiel. J’avais tué quelqu’un que l’on assimilait généralement à un dieu, dans nos légendes. Vali, fils d’Odin. Peut-être plus impressionnant encore, c’était l’un des rares survivants prophétisés du Ragnarök.
— Tu disais quoi à propos de changer le cours du destin… marmonnai-je à l’intention d’Åke quand je fus enfin capable de parler sans avoir l’impression que mon souffle me déchirait la gorge.
Mon demi-frère demeura muet quelques instants, réfléchissant probablement, puis éclata d’un rire bas et rauque, si sarcastique qu’il me brûla les oreilles. En écho, Selvigia ne put réprimer un hoquet à moitié sceptique et, pour ma part, je me mis bien vite à pouffer, hystérique, incapable de m’arrêter.
— Je pensais que vous vous fichiez du monde, hier… soupira Selv’.
— Sincèrement, avoua Åke entre deux inspirations convulsives, je n’y croyais pas vraiment moi-même jusqu’à maintenant. Mais… Helvete
Le vieux juron m’arracha un nouvel éclat de rire, je laissai retomber mon dos contre le sol, fixai le lointain ciel bleu que l’on distinguait à travers le plafond explosé de la caverne. Nous venions de tuer un presque-dieu. Avec du shampoing. Je ne parvenais pas à assimiler le fait.
— Il faudrait qu’on se remette en route avant que quelqu’un d’autre ne nous surprenne dans cet état…
La voix de ma sœur était distante, comme si elle ne pensait qu’à moitié ce qu’elle disait. À l’écouter, je compris aisément qu’elle était simplement en train d’encaisser le choc, tout comme moi. Aucun de nous trois n’était réellement triomphant, ou ravi. Personnellement, j’étais juste stupéfaite d’être encore en vie. J’avais souvent écouté d’une oreille distraite les histoires racontées au Manoir les mercredis soir par des expéditions revenues des autres Mondes, mais toutes relataient la même chose : si on croisait une divinité, ase ou vane, la seule manière de survivre était de fuir.
Et nous, nous venions d’affronter Vali. Et, certes, il n’était pas une divinité à part entière, mais cela demeurait un véritable exploit, qui aurait mérité son récit dans l’Edda poétique. Dommage qu’on ne prenne jamais la peine de raconter les exploits de la Confrérie ailleurs qu’à l’intérieur de ses propres murs.
Toujours allongée, je levai lentement la main, admirai les stries sanglantes qui formaient un quadrillage irrégulier sur ma peau, puis refermai de force les blessures, ignorant les points noirs qui dansaient devant mes yeux dès que j’usais de magie.
— Åke ? interrogeai-je.
— Mmhm ?
Je réfléchis un instant, ne sachant trop comment formuler ma question, puis finis par demander :
— Tes métamorphoses en plein combat…
Sans même avoir à tourner la tête, je devinai son sourire quand il m’interrompit :
— C’est une vieille technique qui te permet de préserver ton énergie. J’ai vu que tu as su l’appliquer… au moins temporairement. Le seul désagrément, c’est que ça demande énormément de concentration, et une connaissance précise de l’anatomie des différents animaux, pour pouvoir créer des corps qui fonctionnent.
— Et au niveau du système nerveux ? relevai-je.
— Il faut que tu l’adaptes, finit-il par expliquer après avoir pris un instant de silence. Et c’est très étrange au début de fonctionner avec deux modes de transmission totalement différents… mais je t’apprendrai en chemin, si tu veux.
J’acquiesçai, ravie, me redressai légèrement, sentis mon corps entier protester protester, retombai en étouffant un grondement. Les autres pouffèrent, se relevèrent. Selvie me tendit une main, que je pris avec reconnaissance, et elle me tira sur mes pieds. Je fis immédiatement disparaître mon épée, la remplaçai par trois barres chocolatées, que je lançai à la ronde en songeant que, décidément, je faisais bien d’avoir toujours dans mon inventaire magique des réserves pour deux mois au moins. J’avais actuellement assez de viande et d’eau pour aller à pied jusqu’à Nidavellir sans jamais avoir à chasser ou à m’arrêter pour recueillir de l’eau… et je savais déjà qu’on allait chasser plus d’une fois.
Tous les trois épuisés, nous rassemblâmes en quelques mouvements nos rares affaires éparpillées à gauche et à droite de la caverne au plafond explosé, et je m’arrogeai le butin que représentait le bouclier de Vali sans que personne n’y trouve à redire. Puis nous nous engageâmes dehors d’un pas précautionneux, après avoir posé des illusions sur nos yeux pour masquer leur couleur. Évidemment, Silfari, mon « poney magique », avait disparu, soit tué par Vali, soit enfui au moment de l’explosion, mais ce n’était plus vraiment un problème. Selvigia – la spécialiste de l’Yggdrasil – nous expliqua que nous n’en avions plus que pour quelques heures de route à bon rythme. Pour ma part, vu notre état actuel, j’étais un peu plus sceptique sur notre vitesse de marche, mais je ne fis aucun commentaire et, après un bref regard à la boussole de ma sœur, nous nous engageâmes en direction du sud-ouest.
Entre les épaisses frondaisons des arbres, Åke m’expliqua le principe des enchaînements de transformations et des métamorphoses partielles. J’assimilai les compléments à sa théorie, dont Ekrest m’avait déjà expliqué une partie par le passé, en silence, et réalisai très vite que, si la technique était censée était simple, le plus compliqué s’avérait effectivement être la pratique. Exécuter une métamorphose partielle, comme un bras qui se changeait en patte de félin, signifiait avoir une partie de son cerveau qui réfléchissait, percevait et agissait, en félin. C’était comme avoir deux esprits indépendants dans un seul, et concilier les informations transmises par les deux était bordélique.
Ma première tentative se solda par un échec brutal et évident, celle de Selvigia, qui apprenait en même temps que moi, n’aboutit qu’à un membre vaguement animal, qui ne répondait pas à ses impulsions. Mais, même éreintées par le combat, nous continuâmes à essayer, jusqu’à ce que nous tenions à peine sur nos jambes, vaincues par l’épuisement.

| † | † |


La nuit avait depuis longtemps étiré son large manteau sur la terre lorsque nous parvînmes enfin aux abords de Mímirsbrunn. Plus nous nous en étions approchés, et plus mon anxiété avait augmenté à l’idée de retrouver, après tout le chaos de ces derniers jours, un visage aussi familier que dangereux, Kalyan. Je lui avais donné rendez-vous ici, en lui donnant une semaine pour venir, mais combien de temps s’était réellement écoulé depuis ? J’avais perdu la notion du temps. Entre le moment où Adam avait failli nous tuer, Selvigia et moi, à Istanbul, et notre départ vers l’Yggdrasil, deux jours avaient passé. Ensuite, il y avait eu Hræsvelgr et les Nornes, mon combat avec Max, puis mon voyage pour retrouver Selvigia et Åke. Étant donné que je ne savais pas combien de temps avait pu s’écouler pendant que j’étais chez les Nornes, je misais sur trois jours environ.
— Selvie ? Ça fait combien de temps qu’on est partis de Midgard ?
Elle haussa les sourcils en ahanant pour dresser une tente couleur camouflage quelques mètres derrière la bordure de la forêt, et je m’avançai pour lui donner un coup de main.
— Quatre jours, pourquoi ? D’ailleurs, tu aurais pu allumer ton transmetteur plus tôt, j’ai passé des heures à m’inquiéter comme une folle !
Quatre jours ? J’étais certaine de n’avoir vu passer que deux nuits durant mon voyage, une après que je sois sortie d’Urdarbrunn, et l’autre en compagnie de Selvigia et Åke. Ce qui signifiait effectivement que j’avais loupé une nuit complète, et que la source d’Urd était réellement dans une bulle temporelle.
— Désolée, j’ai passé pas mal de temps à errer…
Le mensonge me pinça le cœur, et je me demandai un moment pourquoi je mentais à Selvigia à ce sujet, puis je songeai qu’elle m’avait bien trompée au sujet de ses quatre cents ans d’existence, et que pour ma part, il s’agissait de dissimuler le fait que je n’aie pas de trame de vie.
— Et puis, je n’y ai pas pensé tout de suite.
Quatre jours s’étaient donc écoulés. Cela signifiait que, depuis que j’avais donné rendez-vous à Kalyan, six jours étaient passés. Il devait donc être dans les parages, pour peu qu’il ne se soit pas fait dévorer par un géant entre temps. Mais, en l’état, je ne me sentais guère capable de lui faire face. Ma magie, vidée par les combats successifs et les tentatives de métamorphose, me permettait à peine de faire apparaître de quoi me nourrir et me vêtir. J’étais éreintée par la marche, lasse d’avoir à affronter tout ce qui bougeait, et en plus, j’avais perdu une journée de ma vie dépourvue de trame dans une bulle temporelle.
— Je vous propose qu’on prenne une bonne nuit de sommeil avant d’aller chercher Mímir, proposa Åke avec un sens de l’à-propos particulièrement juste. Je prends la première veille.
Les bras chargés de branchages, il venait de réapparaître dans les ténèbres de la forêt, à peine illuminé par les quatre faibles flammèches que Selvigia et moi maintenions allumées non loin pour nous permettre de monter la tente de Selvigia. J’approuvai d’un grognement fatigué, et il déposa le tas de bois au pied d’un tronc.
Une fois la tente de ma sœur dressée, nous levâmes la mienne, puis une autre, que je gardais en réserve, pour Åke. Puis, nous nous blottîmes tous sous un enchevêtrement de couettes et de fourrures. D’un commun accord, Selvigia et moi avions éteint la thermo-régulation de nos combinaisons durant notre marche, puisqu’elle puisait dans notre réserve de magie pour s’alimenter et nous réchauffer. Or, nous étions déjà suffisamment vides pour en plus dépenser de l’énergie dans le vent. Aussi, après m’être emmitouflée dans quatre épaisseurs de couvertures – on avait beau être en été, les températures de Jötunheim dépassaient rarement les quinze degrés la journée et les trois degrés la nuit – je fis disparaître ma combinaison, que j’échangeai contre une sorte de pyjama de voyage molletonné, prévu pour le froid. Puis, je tirai la fermeture éclair de ma tente, adressai un vague « bonne nuit » de circonstance à mes compagnons de voyage, et sombrai dans un sommeil profond.
Ce fut Selvigia qui m’en tira quelques heures plus tard pour que je prenne le dernier quart de la nuit. Lovée dans mes couvertures, peu encline pour une fois à en sortir pour monter la garde correctement, je ne pris même pas la peine d’allumer une lumière. Je me contentai de somnoler, allant et venant de l’éveil à une sorte de demi-sommeil alerte, un peu comme un animal sauvage qui ne dormait qu’à moitié. Mais rien ne vint ébranler notre nuit de repos cette fois-ci.
Au lever du jour, Åke partit faire du repérage, à la recherche de la tête de Mímir, et ma sœur s’en-fut chasser. Pour ma part, récupérant encore des combats successifs, je me contentai de garder le camp, d’écouter les chants des oiseaux et les frémissements de la forêt, les sens en alerte, en récupération active de magie. Le parfum des feuilles et de la terre humide envahit mes narines. Je percevais le flux magique qui pulsait dans l’air, comme une vibration constante, régulière, et à chaque fois qu’il pulsait, je sentais mon corps en récupérer un infime fragment, se l’approprier. J’en avais les doigts qui fourmillaient.
Vers midi, alors que je sentais que j’avais récupéré environ la moitié de mon énergie, Selvigia revint, les mains vides mais l’air satisfait.
— J’ai posé des collets.
— Ah.
Je ne chassais que rarement, et souvent à l’arc, au fusil ou avec quelque chose qui pouvait tirer. Et je chassais le plus souvent du gros gibier – quand ce n’étaient pas des humains. Je me doutais bien que, ici, nous aurions plutôt des lapins, des oiseaux ou peut-être un peu de poisson s’il y avait une rivière non-loin, mais en tout cas, pas de gros animal. De toute façon, les grandes bêtes étaient pénibles à dépecer, même si nous pouvions nous y mettre à trois.
— Je vais y retourner, ajouta-t-elle en se détournant, c’était juste pour que tu ne t’inquiètes pas.
— Et Åke ?
— Le lac est immense. Je pense qu’il est en train d’essayer d’en faire le tour, ou du moins de le survoler. Ça ne te dérange pas de continuer à monter la garde ?
— Franchement, non, je suis bien là, souris-je.
Rassurée, elle m’adressa un signe de la main, et un instant plus tard, elle avait disparu. Je l’observai se mouvoir entre les arbres jusqu’à la perdre de vue, fascinée de voir qu’elle se déplaçait aussi rapidement que silencieusement. Les feuilles mortes et les branches craquaient à peine sur son passage, ses traces étaient légères, ses mouvements fluides et assurés. C’étaient probablement les années d’entraînement à Alfheim qui lui avaient donné cette capacité. La pensée me fit l’effet d’une piqûre d’aiguille, et je soupirai. Je ne pouvais pas lui en vouloir d’avoir caché des secrets, on avait tous nos histoires. Mais transformer quatre cents ans d’existence en à peine soixante… c’était un oubli de taille.
J’aurais aimé croire que je la connaissais davantage, que je pouvais lui faire confiance, mais avec une simple histoire, elle avait remis tout ça en question. Elle avait l’âge d’Ekrest, donc à peu près autant de souvenirs, d’expérience, d’ennemis et d’alliés, d’histoires inachevées qui pouvaient réapparaître à tout moment. Alors que, pour ma part, j’avais toujours essayé de jouer franc-jeu avec elle, dans la mesure où nos relations au Manoir nous le permettaient.
Pouvais-je encore lui faire confiance ? Probablement. Voulais-je encore le faire ?
Après mon voyage, après avoir entendu une Norne me dire que je n’avais pas de trame de vie, après avoir vaincu et tué un demi-divin qui était censé survivre au Ragnarök… Je n’aurais pas pu l’affirmer avec certitude. Trop de choses changeaient trop vite en ce moment, j’avais besoin d’équilibre, pas de faux-semblants.

Plongée dans mes pensées, je mis un moment à repérer la silhouette solitaire qui longeait l’orée de la forêt, marchant précautionneusement dans les gravillons. En vérité, je le remarquai quasiment lorsqu’il fut en face de moi, et soudain, planté en face de notre camp mais dos à la forêt. Et je l’avais déjà reconnu.
Je me redressai précautionneusement, veillant à être aussi silencieuse que possible, m’approchai en douce. À l’exception de lui, il ne semblait y avoir personne dans les environs, mais je sondai les bois avec méfiance, pas convaincue pour deux sous. Kalyan était loin d’être un amateur, je le savais trop bien. Et je ne pouvais pas me permettre de le laisser me surprendre.
Attentive à ne pas faire craquer les branches mortes sous mes pas, je progressai précautionneusement, m’immobilisai à la lisière des arbres, la main serrée sur mon couteau. J’entendis le croassement d’un corbeau, les cris plaintifs de ce qui semblait être une portée de jeunes écureuils au-dessus de ma tête. Je pris une inspiration, brève, discrète, humant l’odeur capiteuse du bois. Kalyan pivota d’un seul coup, alerté par le bruit, et la pointe de ma lame s’immobilisa à deux centimètres à peine de sa jugulaire. Mais, là où j’avais seulement des couteaux et plus une goutte de magie pour me défendre, lui braquait sur ma poitrine un canon à impulsion magique. C’était à peine déséquilibré.
— Salut, marmonnai-je, blasée.
Il ne pipa mot, me fixa intensément, droit dans les yeux. Presque gênée par cette insistance, je fronçai les sourcils, mais m’obligeai à ne pas détourner le regard.
— Tu pourrais au moins répondre quand on te dit bonjour… soupirai-je après quelques secondes de silence.
— Bonjour, lâcha-t-il à voix basse, sans me quitter des yeux un instant. Quel est le premier nom que je t’ai donné au Q.G. ?
Je n’hésitai qu’un instant, le temps de réaliser ce qu’il cherchait à faire.
— Lokinette. Pourquoi est-ce que tu tues ?
— Pour ma famille. Et toi ?
— Parce que c’est eux ou moi.
Nous nous considérâmes en chiens de faïence encore quelques secondes, puis je souris, et reculai, faisant disparaître mon arme, tendis mes bras en avant. Dans le pâle éclat du soleil qui transperçait le feuillage, mes bracelets dorés, souvenirs de ma captivité au Q.G. des Thor, étincelèrent faiblement. Il les détailla d’un regard pensif, abaissa finalement lui aussi son pistolet, et me rendit mon sourire.
— Qui sont les autres ? demanda-t-il de but en blanc.
Je ne relevai même pas le fait qu’il ait probablement pris le temps de camper pour nous observer de loin, j’aurais certainement fait de même avant de m’engager dans une pareille rencontre.
— Tu les connais.
— Des Élites ?
J’acquiesçai. Il inclina la tête sur le côté, pensif, et finit par s’approcher d’un pas, tout en faisant disparaître son arme.
— J’aurais besoin de te parler… est-ce qu’on peut faire ça maintenant, tant qu’ils ne sont pas là ?
Je reculai, remettant volontairement la même distance qu’on avait au début, après notre petite confrontation. Il grimaça, mais ne fit pas mine de bouger, attendant ma décision.
— Suis-moi, finis-je par marmonner.
Naviguant entre les épaisses racines, je le guidai vers le campement de fortune que nous avions dressé. J’avais eu le temps de faire un rapide tour d’horizon du secteur, et il semblait qu’il était seul. En outre, je ne distinguais que sa pulsation magique dans les environs, un battement plus rapide que le flux environnant, qui me donnait une légère chair de poule quand je me concentrais dessus. À Midgard, je n’avais jamais pu percevoir à quel point il était puissant. Ici, c’était aussi évident que le soleil qui brillait au-dessus de nos têtes. Il était nettement plus fort que Selvigia, au moins aussi puissant qu’Åke et moi. Mais étrangement, même si je restais sur mes gardes, je ne me sentais pas vraiment en danger. Après tout, s’il avait simplement voulu organiser un guet-apens pour moi, il m’aurait réduite en cendres avec son pistolet à impulsion ou carbonisée d’un éclair.
Je crois surtout que peu d’autres personnes tolèreront ma présence et accepteront de m’aider, avait-il dit. Il était loin d’être un ami, il devait être la personne en qui j’aurais dû avoir le moins confiance après tout ce qu’il m’avait infligé. Mais il m’avait surtout aidée à m’enfuir des prisons de sa famille, aussi allais-je lui retourner la pareille.


| † | † |


<= B'jour :)

Ne regardez même pas l'heure de ce post, c'est normal, j'ai du décalage horaire x) Il est presque midi chez moi.
Bon, sinon, je ne sais pas à quel point votre suspension consentie d'incrédulité a réussi à tenir le coup avec ce chapitre, le coup du shampoing est quand même… ouais. J'espère que ce n'était pas too much, moi ça m'a bien fait rigoler mais j'attends quand même de voir ce que vous en pensez.
Allez on arrive bientôt à Mímir, ça va être fun :D

Ah, et puis sinon (bis)… Kalinou ! ♥

Allez, 안녕 !
Dernière modification par vampiredelivres le lun. 30 août, 2021 7:20 am, modifié 1 fois.
louji

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : jeu. 19 août, 2021 1:05 pm
Hi !

Cette haine pour Kaiser me fera toujours autant rire :lol: Mais c'est cool, c'est que tu es investie dans le personnage (même pour le pire :roll: )

Alors alors. Alex un/e Hamershot effectivement, fils/fille de qui je ne dirai pas, mais oui, l'idée de l'échange d'otages entre les familles pour "pacifier" les relations, c'est un concept. Ça t'évite de mettre une bombe H sur le QG adverse vu que ton gamin peut potentiellement s'y trouver. :mrgreen: Après où Alex vit-il/elle, excellente question. Ça viendra un jour, mais pour l'instant, il/elle est juste mentionné/e comme ça. ^^

Oké vs Emyja maintenant :twisted: :twisted:
Ravie qu'il te plaise :D

À bientôt !
Une haine traditionnelle et justifiée :mrgreen: Ah oui, on est clairement aux grippes Kaiser et moi :lol: Mais clairement j'ai du respect pour le pouvoir qu'elle a su obtenir au cours des... millénaires et la façon dont elle a dupé les gens autour d'elle (Loki pourrait être fière d'elle à défaut de l'aimer :roll: )

Bien sûr, c'est un concept tout à fait... logique et adapté pour ton univers :lol: Les bons otages, les bons chantages, on aime 8-)

Je file lire la suite !


Chap 18 :

Oh ouais, Oké gros louloup, onèm
La vache, je me demande si les Loki transformés en animaux récupèrent l'ensemble des blessures qu'ils se font sous état transformé.
"Il avait prêté serment sur le Leiptr de ne jamais se laver ou se coiffer, jusqu’à ce que la mort de son demi-frère Baldr soit vengé." :arrow: Ah oué. Il risque de jamais se laver, lui.

"Mais si on le forçait à le faire…" :arrow: OH NON. JE CHIALE. T'AVAIS PARLE DE SHAMPOING A UN MOMENT. OMG. JE MEURS C'EST INCROYABLE

Ah, donc Oké a pu "éliminer" ses blessures en se métamorphosant :geek: J'imagine que c'est possible seulement parce qu'il lui reste pas mal de magie (puisque Selvie et Lily n'arrivent pas à soigner leurs propres blessures) ?
En tout cas, heureusement que Oké est (pour l'instant) de leur côté :lol: Parce que sa puissance a l'air plutôt costaud :'D (j'imagine qu'Emyja c'est pareil)

JE SUIS MORTE. MORTE. MEILLEUR COMBAT EVER.

"c’était l’un des rares survivants prophétisés du Ragnarök." :arrow: les Nornes ne pouvaient pas prévoir Lily et le Petit Marseillais 8-) :lol:

"sentis mon corps entier protester protester" :arrow: on comprend que tu protestes Lily... Lokinette est terrible

D'ailleurs, je me demande si Selvie a beaucoup de produits d'hygiène dans son inventaire magique :geek:

(mdr et je viens d'y penser, les filles de Loki ont leurs règles ?? comme ils peuvent changer de sexe, ça m'est venu à l'esprit d'un coup. tout le package biologique vient lors d'une transition ?)

"un visage aussi familier que dangereux, Kalyan." :arrow: mais non. Un visage aussi souriant que choupinou, Kalyan.

"— Lokinette. Pourquoi est-ce que tu tues ?
— Pour ma famille. Et toi ?
— Parce que c’est eux ou moi." :arrow: chouette cette conversation

Ce qui me fait penser que je ne sais plus si Selvie et Oké sont au courant pour Kalinou (pour le fait qu'il retrouve Lily). Selvie, peut-être ?

Alors. J'ai ADORE le coup du shampoing :lol: Pour moi, c'est le parfait exemple d'une adaptation réussie, décontractée, fun et cohérente de la mythologie (du niveau de Riordan tu vois !). C'est très sûrement subjectif, mais je ne trouve pas ça exagéré ou too-much. Tu as joué sur les termes d'un serment mythologiques et vu l'importance de ces derniers dans les mythes, c'est bien joué ! Et l'utilisation du shampoing n'enlève rien à la tension nerveuse du combat et aux enjeux qu'il porte. Les persos redeviennent légers seulement après le combat et c'est ça l'important à mes yeux.

Le début de la 2e partie retombe un peu, surtout après la tension de la 1e partie, mais difficile de faire autrement !

ET. SURTOUT.

KALINOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU ♥

Notre Wattouat préféré ♥

Arf, trop hâte d'avoir enfin cette discussion que tu nous avais teasée y'a un moment. Ça fait clairement plaisir de les voir réunis. J'espère que Lily pourra aider Kal d'une façon ou d'une autre.

Hâte de lire la suite !

Et courage pour ta quarantaine ^^


Juste un petit truc ^^ :

"qu’importe la dangerosité de la situation et le risque que j’encourais" :arrow: qu'importENT non, comme il y a la dangerosité et le risque ?
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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit : mar. 24 août, 2021 3:10 pm
Une haine traditionnelle et justifiée :mrgreen: Ah oui, on est clairement aux grippes Kaiser et moi :lol: Mais clairement j'ai du respect pour le pouvoir qu'elle a su obtenir au cours des... millénaires et la façon dont elle a dupé les gens autour d'elle (Loki pourrait être fière d'elle à défaut de l'aimer :roll: )

Bien sûr, c'est un concept tout à fait... logique et adapté pour ton univers :lol: Les bons otages, les bons chantages, on aime 8-)

Je file lire la suite !


Chap 18 :

Oh ouais, Oké gros louloup, onèm
La vache, je me demande si les Loki transformés en animaux récupèrent l'ensemble des blessures qu'ils se font sous état transformé.
"Il avait prêté serment sur le Leiptr de ne jamais se laver ou se coiffer, jusqu’à ce que la mort de son demi-frère Baldr soit vengé." :arrow: Ah oué. Il risque de jamais se laver, lui.

"Mais si on le forçait à le faire…" :arrow: OH NON. JE CHIALE. T'AVAIS PARLE DE SHAMPOING A UN MOMENT. OMG. JE MEURS C'EST INCROYABLE

Ah, donc Oké a pu "éliminer" ses blessures en se métamorphosant :geek: J'imagine que c'est possible seulement parce qu'il lui reste pas mal de magie (puisque Selvie et Lily n'arrivent pas à soigner leurs propres blessures) ?
En tout cas, heureusement que Oké est (pour l'instant) de leur côté :lol: Parce que sa puissance a l'air plutôt costaud :'D (j'imagine qu'Emyja c'est pareil)

JE SUIS MORTE. MORTE. MEILLEUR COMBAT EVER.

"c’était l’un des rares survivants prophétisés du Ragnarök." :arrow: les Nornes ne pouvaient pas prévoir Lily et le Petit Marseillais 8-) :lol:

"sentis mon corps entier protester protester" :arrow: on comprend que tu protestes Lily... Lokinette est terrible

D'ailleurs, je me demande si Selvie a beaucoup de produits d'hygiène dans son inventaire magique :geek:

(mdr et je viens d'y penser, les filles de Loki ont leurs règles ?? comme ils peuvent changer de sexe, ça m'est venu à l'esprit d'un coup. tout le package biologique vient lors d'une transition ?)

"un visage aussi familier que dangereux, Kalyan." :arrow: mais non. Un visage aussi souriant que choupinou, Kalyan.

"— Lokinette. Pourquoi est-ce que tu tues ?
— Pour ma famille. Et toi ?
— Parce que c’est eux ou moi." :arrow: chouette cette conversation

Ce qui me fait penser que je ne sais plus si Selvie et Oké sont au courant pour Kalinou (pour le fait qu'il retrouve Lily). Selvie, peut-être ?

Alors. J'ai ADORE le coup du shampoing :lol: Pour moi, c'est le parfait exemple d'une adaptation réussie, décontractée, fun et cohérente de la mythologie (du niveau de Riordan tu vois !). C'est très sûrement subjectif, mais je ne trouve pas ça exagéré ou too-much. Tu as joué sur les termes d'un serment mythologiques et vu l'importance de ces derniers dans les mythes, c'est bien joué ! Et l'utilisation du shampoing n'enlève rien à la tension nerveuse du combat et aux enjeux qu'il porte. Les persos redeviennent légers seulement après le combat et c'est ça l'important à mes yeux.

Le début de la 2e partie retombe un peu, surtout après la tension de la 1e partie, mais difficile de faire autrement !

ET. SURTOUT.

KALINOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU ♥

Notre Wattouat préféré ♥

Arf, trop hâte d'avoir enfin cette discussion que tu nous avais teasée y'a un moment. Ça fait clairement plaisir de les voir réunis. J'espère que Lily pourra aider Kal d'une façon ou d'une autre.

Hâte de lire la suite !

Et courage pour ta quarantaine ^^


Juste un petit truc ^^ :

"qu’importe la dangerosité de la situation et le risque que j’encourais" :arrow: qu'importENT non, comme il y a la dangerosité et le risque ?
Heyo !

Évidemment que la haine est justifiée, mais ça reste très très drôle x) Mais au moins y'a un minimum de respect, c'est pas mal aussi :D

Eh, il faut bien pouvoir contrôler les tendances explosives des Maisons (et ça ne s'applique pas qu'aux Thor, malheureusement) :lol:

Chap 18

Ôké loulou :lol:
Alors ça dépend. Et j'en profite du coup pour répondre à la question d'en-dessous avec Ôké, Selv et Lily. Ta magie dépend pas mal de ta pression sanguine (on assume qu'elle "circule" dans le sang, en fait). Si tu fais des actions qui requièrent beaucoup d'énergie magique en ayant une blessure ouverte, la magie fuite plus qu'elle n'agit, donc tu t'épuises très très vite. Après, ça dépend aussi énormément de ta puissance et de ta localisation. À Midgard, les Cils d'Ymir qui forment la barrière autour du monde des hommes filtrent aussi le flux magique, donc les demi-divins là-bas sont moins puissants qu'ils ne le seraient à l'extérieur de Midgard.
Lily ayant grandi et évolué dans Midgard, elle a l'habitude des contraintes de là-bas, et dans le flou du combat, elle ne réfléchit pas tout de suite au fait que, maintenant qu'elle est à Jötunheim, elle s'épuise magiquement beaucoup moins (d'où le "regain" d'énergie qu'elle a plus tard : elle se guérit plus tard en s'inspirant d'Ôké, et se rend compte qu'en vrai, c'est pas si dur x) )

Pour ce qui est de la métamorphose en général, l'idée c'est que tu peux recréer ton corps, d'une certaine manière. Donc en général, t'évites de le recréer avec des plaies ouvertes. Maintenant, encore une fois, la métamorphose de base est compliquée, Lily, Selv et les Élites en général maîtrisent parce qu'ils sont puissants mais d'autres enfants de Loki pourraient galérer un peu plus, sans même parler d'enchaîner les métamorphoses ou de se transformer avec une blessure ouverte.
(Voui, Ôké est costaud. Même si en soi, Lily est pas très loin de lui, hein, c'est juste qu'elle ne s'en rend pas nécessairement compte.)
Pour les règles… c'est une excellente question :lol: Comme je le disais, la métamorphose, c'est se recréer un corps. Théoriquement, plus tes connaissances sont avancées et ta puissance est grande, plus tu peux influer sur des paramètres minuscules. Par exemple, tu pourrais, si tu sais comment faire, placer le corps à un moment donné du cycle hormonal. Si tu répètes ça régulièrement, tu n'as plus de règles. Mais du coup, pour la plupart des enfants de Loki qui prennent une apparence de femme, elles ne se prennent pas la tête avec ça et laissent leur corps gérer ses hormones. Et si elles se métamorphosent, quand elles reviennent à la forme humaine, elles en reviennent généralement à l'état qu'elles avaient avant leur métamorphose.

"les Nornes ne pouvaient pas prévoir Lily et le Petit Marseillais 8-) :lol: " :arrow: Ah je meurs :lol: Mais elles se sont effectivement fait brain x)

Bon, si ça passe, ça me rassure. En vrai je voulais une touche un peu plus "fun" pour ce combat (pour le lecteur, hein, pas pour les personnages parce que le petit stress du moment où Lily se dit "Eh, je vais affronter un DIEU avec du SHAMPOING"… pas hyper fun sur le coup). Parce que mes combats sont quand même relativement corrects en général, mais il faut toujours un p'tit truc pour les rendre à la fois mémorables et intéressants. Et le shampoing sur Vali… :lol:


Kalinou ! ♥ Réponse dans le prochain si Selvigia et Åke sont au courant, tu verras bien. En tout cas, la rencontre était fraîche pour le moment, mais ils vont commencer à parler à cœur ouvert bientôt, promis !

Merci pour tes remarques, tes p'tites corrections, j'ai noté et réparé tout ça. Pour la métamorphose, tu m'as obligée à puiser dans les fins fonds de mes idées, c'est génial :mrgreen:

À bientôt !
louji

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : ven. 27 août, 2021 6:58 am Heyo !

Évidemment que la haine est justifiée, mais ça reste très très drôle x) Mais au moins y'a un minimum de respect, c'est pas mal aussi :D

Eh, il faut bien pouvoir contrôler les tendances explosives des Maisons (et ça ne s'applique pas qu'aux Thor, malheureusement) :lol:

Chap 18

Ôké loulou :lol:
Alors ça dépend. Et j'en profite du coup pour répondre à la question d'en-dessous avec Ôké, Selv et Lily. Ta magie dépend pas mal de ta pression sanguine (on assume qu'elle "circule" dans le sang, en fait). Si tu fais des actions qui requièrent beaucoup d'énergie magique en ayant une blessure ouverte, la magie fuite plus qu'elle n'agit, donc tu t'épuises très très vite. Après, ça dépend aussi énormément de ta puissance et de ta localisation. À Midgard, les Cils d'Ymir qui forment la barrière autour du monde des hommes filtrent aussi le flux magique, donc les demi-divins là-bas sont moins puissants qu'ils ne le seraient à l'extérieur de Midgard.
Lily ayant grandi et évolué dans Midgard, elle a l'habitude des contraintes de là-bas, et dans le flou du combat, elle ne réfléchit pas tout de suite au fait que, maintenant qu'elle est à Jötunheim, elle s'épuise magiquement beaucoup moins (d'où le "regain" d'énergie qu'elle a plus tard : elle se guérit plus tard en s'inspirant d'Ôké, et se rend compte qu'en vrai, c'est pas si dur x) )

Pour ce qui est de la métamorphose en général, l'idée c'est que tu peux recréer ton corps, d'une certaine manière. Donc en général, t'évites de le recréer avec des plaies ouvertes. Maintenant, encore une fois, la métamorphose de base est compliquée, Lily, Selv et les Élites en général maîtrisent parce qu'ils sont puissants mais d'autres enfants de Loki pourraient galérer un peu plus, sans même parler d'enchaîner les métamorphoses ou de se transformer avec une blessure ouverte.
(Voui, Ôké est costaud. Même si en soi, Lily est pas très loin de lui, hein, c'est juste qu'elle ne s'en rend pas nécessairement compte.)
Pour les règles… c'est une excellente question :lol: Comme je le disais, la métamorphose, c'est se recréer un corps. Théoriquement, plus tes connaissances sont avancées et ta puissance est grande, plus tu peux influer sur des paramètres minuscules. Par exemple, tu pourrais, si tu sais comment faire, placer le corps à un moment donné du cycle hormonal. Si tu répètes ça régulièrement, tu n'as plus de règles. Mais du coup, pour la plupart des enfants de Loki qui prennent une apparence de femme, elles ne se prennent pas la tête avec ça et laissent leur corps gérer ses hormones. Et si elles se métamorphosent, quand elles reviennent à la forme humaine, elles en reviennent généralement à l'état qu'elles avaient avant leur métamorphose.

"les Nornes ne pouvaient pas prévoir Lily et le Petit Marseillais 8-) :lol: " :arrow: Ah je meurs :lol: Mais elles se sont effectivement fait brain x)

Bon, si ça passe, ça me rassure. En vrai je voulais une touche un peu plus "fun" pour ce combat (pour le lecteur, hein, pas pour les personnages parce que le petit stress du moment où Lily se dit "Eh, je vais affronter un DIEU avec du SHAMPOING"… pas hyper fun sur le coup). Parce que mes combats sont quand même relativement corrects en général, mais il faut toujours un p'tit truc pour les rendre à la fois mémorables et intéressants. Et le shampoing sur Vali… :lol:


Kalinou ! ♥ Réponse dans le prochain si Selvigia et Åke sont au courant, tu verras bien. En tout cas, la rencontre était fraîche pour le moment, mais ils vont commencer à parler à cœur ouvert bientôt, promis !

Merci pour tes remarques, tes p'tites corrections, j'ai noté et réparé tout ça. Pour la métamorphose, tu m'as obligée à puiser dans les fins fonds de mes idées, c'est génial :mrgreen:

À bientôt !
Je comprends mieux pour la magie "dans le sang" et les hésitations de Lily à se transformer. Et son manque d'expérience en dehors de Midgard en effet ^^
Mais du coup j'ai vachement hâte de voir Lily au top de sa puissance, elle va déchirer :twisted:
Mdr désolée pour les règles, j'ai vraiment des questionnements foireux :cry: :lol: Mais c'est super intéressant ! Trop hâte de faire des transformations ponctuelles pour jamais avoir de règles.

Ah c'est plus que "ça passe" pour moi, c'est clairement réussi, bien pensé et très très bienvenu :lol: Le "fun" est complètement là, sans perdre l'âme de LCDS pour autant.

Yas, j'ai peur que ça explose un peu (surtout du côté de Ake) mais je verrai bien !
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Le Cycle du Serpent [II] : L'Alliance des Déchus

Message par vampiredelivres »

CHAPITRE 19


Installée en tailleur au bord de ma tente, je rabattis à nouveau la couverture sur mes épaules, et Kal sourcilla en me voyant faire :
— Pas de magie de feu ? Pas de thermorégulation ?
Je haussai les épaules.
— On ne t’a jamais dit qu’il faut réduire ta consommation énergétique ?
Il pouffa, et je complétai :
— On a fait quelques rencontres désagréables, on va dire…
— Ah.
Il s’installa sur une chaise de camp qu’il avait fait apparaître, à distance respectable, et sourit :
— J’ai aussi croisé quelques bandits. Apparemment, tu es une personne très recherchée…
Un long soupir m’échappa.
— Tu vois pourquoi je ne voulais pas qu’on se retrouve sur Midgard ?
Kalyan acquiesça lentement.
— Je me doutais que tu n’aurais pas la vie facile en sortant, mais à ce point…
Je n’y répondis rien, parce qu’il n’y avait rien à répondre. Je savais ce que je risquais en m’échappant. J’avais même hésité à rester, tant ça m’aurait simplifié la vie.
— Je ne veux pas que tu t’imagines que…
Il hésita, et je souris, décidant de plonger la tête la première dans le sujet qui l’amenait :
— Je ne m’imagine rien, Kal. Tu avais besoin d’un coup de main, je suis là. Dis-moi comment je peux t’aider.
Il poussa un long soupir de soulagement, et le masque d’assurance qu’il s’était forcé à porter se fendilla. Ses épaules tressaillirent, il se voûta comme un vieil homme, sa tristesse affleura à la surface, clairement visible. Je sentis sa peine, son esseulement, sa colère sous-jacente, comme un écho de mes propres émotions, un miroir dans lequel je me reconnus immédiatement. Et, d’une certaine manière, cela me rassura. Cela me rappela la nuit que j’avais passée avec lui, la simplicité et la sincérité de notre échange, la facilité avec laquelle nous avions réussi à faire tomber les barrières pour communiquer.
— Quand je suis parti de chez moi, marmonna-t-il enfin, les yeux fichés sur le sol, j’étais en paix avec moi-même et avec ce que j’avais fait. J’ai assumé la responsabilité de ce que j’avais fait, j’ai accepté la peine qu’on m’infligeait. Mais…
Il s’interrompit, ne sachant probablement pas comment formuler sa peur, ses doutes, ses hésitations, mais je compris. J’étais passée par la même chose que lui, j’avais dû affronter les mêmes démons. Les visages de ceux qui étaient morts, la peur de l’inconnu, la culpabilité de la trahison. J’étais certaine d’avoir agi pour le mieux, d’avoir fait la seule chose honnête et cohérente avec mes valeurs. Mais j’avais libéré des monstres assoiffés de sang, des psychopathes cruels, avides de souffrances. Åke en était l’exemple extrême, mais je doutais que Tyko ou Kirstin soient plus rationnels et avisés que lui. Ensemble, ils avaient tué une trentaine des nôtres, probablement, sans aucun regret ou état d’âme. Kirstin nous aurait certainement tous brûlés si nous n’avions pas réussi à maîtriser sa folie. Et Ekrest… Ekrest, je doutais que la frontière morale qui le transforme en l’un de ces fous furieux soit épaisse… s’il n’avait pas déjà franchi le pas, dévoré par l’envie de vengeance.
Kalyan n’avait peut-être pas toutes les informations, il était certainement parti avant le massacre du Bifröst puisqu’il avait été banni deux jours plus tôt, mais il était suffisamment lucide pour savoir qui il avait libéré. Il les avait vus, dans les prisons, raides et stoïques, encaissant tous les coups sans faillir, aiguisant leur rage et leur haine. Il savait ce qu’ils étaient devenus.
— Est-ce que tu regrettes de nous avoir laissés partir ? demandai-je doucement.
— Non.
Sa réponse était sortie immédiatement, sans qu’il n’ait le temps d’y réfléchir ni de la réfréner. Au moins, j’étais certaine qu’elle était sincère.
— Et est-ce que tu y as réfléchi avant de le faire ?
— Je n’ai fait que ça, grimaça-t-il.
— Donc c’était ton choix, et il faut que tu en assumes les conséquences.
J’avais conscience d’être dure en lui infligeant ce genre d’affirmation, mais j’étais presque certaine que ce serait plus efficace que d’essayer de le réconforter. Kalyan connaissait notre monde et ses règles, les ténèbres des Maisons et les horreurs qui se perpétraient. Il n’en avait été qu’un infime rouage, mais il l’avait expérimenté et commis lui-même. Il n’y avait pas de justice, il n’y avait que quelque chose qui pouvait s’apparenter de loin à une morale. Sauf que j’étais trop mal placée pour lui parler de ça. Mon propre sens de la justice était bancal et mes croyances avaient été douloureusement ébranlées. Je n’étais pas en paix avec moi-même, loin de là, et ma conscience malmenée me le rappelait encore trop souvent par l’intermédiaire du visage de Vanessa. Je tenais ma culpabilité en laisse pour le moment, mais elle revenait me brûler dès que je n’y prenais pas garde.
Au bout du compte, je décidai de me taire, tout simplement, laisser le silence et ses réflexions mener la discussion au point où son subconscient se braquait.
— Le pire, c’est de savoir que tu n’as rien fait pour m’y pousser, murmura-t-il finalement. C’était ma décision, du début à la fin. Je ne peux mettre la faute sur personne.
Il avait baissé la tête, refusait de croiser mon regard. Qu’est-ce qui l’en empêchait ? La honte ? Le déni ? Les remords ?
— Pourquoi est-ce que tu m’aides ? interrogea-t-il un peu sèchement. Pourquoi ne pas me poignarder, te venger ?
Je reculai de quelques centimètres, le considérai avec attention. Un léger sourire m’échappa lorsque je réalisai qu’il était toujours bloqué sur la même chose, incapable d’avancer parce qu’il ressassait le passé, incapable de se dissocier de son travail et de séparer ses agissements de ce que j’en retirais. La manière douce ne changerait pas grand-chose ; il fallait tenter une autre approche. Plus douloureuse, certainement moins agréable, pour lui comme pour moi.
— Écoute, attaquai-je, ce que tu m’as infligé était ignoble.
Il tressaillit, et mon cœur se contracta dans ma poitrine alors que je me forçais à sortir les phrases une par une, sans m’interrompre, sans lui laisser le temps d’assimiler les reproches.
— Tu m’as fait torturer, jour et nuit, pendant des semaines. J’aurais préféré mourir en gardant le silence plutôt que de devoir parler, mais tu m’obligeais à rester en vie, à supporter chaque coup, jusqu’à devoir affronter une vérité que j’aurais voulu ne jamais entendre.
Ses traits se crispaient un peu plus à chaque mot, ses lèvres se pinçaient et son front se froissait. Mais il m’écoutait. Et, au fond, je réalisais que je m’écoutais aussi, pour une fois. Je ne disais que la vérité, je parlais – peut-être pour la première fois – de ce que j’avais réellement ressenti durant ces semaines d’emprisonnement. Maintenant que j’avais commencé, je n’arrivais plus à m’arrêter.
— Au début, je t’ai détesté à cause d’Ekrest, parce qu’on m’avait dit que tu l’avais tué. Mais je n’arrivais pas à te détester personnellement. Je savais que, si la situation avait été inversée, je me serais comportée comme toi.
Un léger sourire sardonique affleura à ses lèvres, il inclina la tête sur le côté.
— Mais je n’arrivais pas à te haïr, et ça me tuait, poursuivis-je d’une voix distante.
Il cilla, me considéra quelques secondes d’un regard perdu, entre nervosité et incompréhension.
— Alors pourquoi est-ce que tu restes, maintenant ? demanda-t-il.
La brûlure dans ma poitrine sembla s’apaiser alors que les mots sortaient, fluides et sincères, si justes que même moi, je découvrais ma propre vérité à mesure que je l’énonçais.
— Parce que la vision que j’avais de toi a évolué avec les différentes vérités que j’ai appris à accepter. Parce que j’ai arrêté de me définir selon celle que j’étais. Je ne suis plus au service de la Confrérie. J’avais promis de t’aider, j’en avais envie, et il n’y a plus de barrières pour m’en empêcher. Donc je suis là maintenant.
C’était si simple, si évident, et pourtant si puissant, que je sentis mes yeux s’humidifier. J’achevais mon deuil de moi-même. Avec cette simple explication, j’acceptais ce que j’avais fait, celle que j’étais devenue.
Je ne dépendais plus de la Confrérie, ni même d’Ekrest. Je pouvais me reconstruire comme je le souhaitais, pas comme quiconque d’autre aurait voulu me modeler. Qu’importe ma peur de l’inconnu, ma crainte de retomber dans mes vieux travers, je deviendrais celle que je voulais être, personne d’autre. Je pouvais le faire.
— C’est marrant, lâche finalement Kalyan dans un soupir, ça parait toujours tellement simple quand c’est toi qui l’expliques.
Je secoue la tête, un sourire amer aux lèvres.
— Crois-moi, c’est le résultat de longues heures solitude et de réflexion. Pénibles, devrais-je ajouter, grommelai-je après un instant de silence.
— Il n’empêche. Mais je crois que je vois ce que tu veux dire. Donc tu m’aides juste parce que tu en as… envie ?
Il croisa enfin mon regard, pour la première fois depuis que nous nous étions menacés, et je lui flashai un sourire narquois. Le bleu de ses yeux, pareil à celui du ciel, scintillait, éclairci de ses doutes.
— Je peux toujours m’en aller si ça te dérange. Mais oui, tant que tu ne me fais pas de mal, je n’ai aucune raison de te poignarder dans le dos.
Un ricanement lui échappa, mais il secoua la tête.
— Je préfère que tu m’aides, en fait.
Comme la majorité de ceux que je connais, à quelques abrutis près, songeai-je en souriant intérieurement. Au Manoir, on m’avait d’abord prise pour la petite protégée d’Ekrest, mais passés mes dix ans, quand j’avais réellement intégré les effectifs actifs… ils avaient compris que j’étais parfaitement à même de me défendre seule. Mon arrivée dans l’Élite avait bien sûr attisé la haine des traditionalistes et des vieillards grincheux trop sûrs de leurs acquis, provoquant quelques petits affrontements « amicaux » au sein de la famille. Adam et Levi en tête, évidemment, avaient mené les assauts, mais ils s’étaient rapidement – en quelques mois – retrouvés à court de volontaires pour me mettre des bâtons dans les roues. In bref raid informatique, ou alors une mutation malvenue, et les plus belliqueux avaient pris le temps de considérer une seconde fois l’idée de s’opposer à moi.
— Donc, de quoi voulais-tu me parler ? embrayai-je.
Kalyan poussa un nouveau soupir – décidément une habitude chez lui – et répondit en toute honnêteté :
— Je n’ai absolument aucune idée de ce que je peux faire, maintenant que je suis banni.
En principe, tout ce que tu veux, à condition que ta Maison ne te retrouve pas, répondis-je dans ma tête, sans toutefois le formuler à haute voix.
— Je cherche un point de départ, une idée.
— Et c’est vers moi que tu te tournes ? pouffai-je en roulant des yeux. Ok, admettons. Qu’est-ce qui te passionne ? À part frapper les gens, évidemment.
Ma dernière remarque, pourtant sarcastique, me valut un regard torve. Je ne retins pas un ricanement, mais attendis patiemment sa réponse, qui tardait à venir.
— En fait… finit-il par marmotter, je n’en ai aucune idée. J’ai fait des études de commerce et une formation manageriale il y a quelques années, mais j’ai tellement perdu de vue la réalité du monde du travail que je ne sais plus vraiment ce que je veux. Ni ce que je vaux d’ailleurs.
Je ne pus que hocher la tête. Pour ma part, j’avais eu ma courte période au sein de la Faction qui m’avait permis de ne pas sombrer dans le désœuvrement, mais je comprenais ce sentiment de vide. Je m’étais contentée de faire ce que je savais faire, sans y mettre mon cœur, comme par le passé. J’avais exécuté les contrats l’un après l’autre, mécaniquement, sans réfléchir, anesthésiée par la facilité avec laquelle je pouvais m’en sortir quand je m’attaquais à de simples humains. Mais je n’avais pas fait quoi que ce soit en voulant le faire, en désirant ardemment réussir, motivée par le défi. C’était triste, si on y réfléchissait vraiment.
— Il n’y a que ça ? relevai-je. Dont tu voulais me parler, j’entends.
Il passa une main sur sa nuque, puis dans ses cheveux ébouriffés par le vent, et admit avec une certaine réserve :
— Je voulais m’excuser, aussi. Mais je suppose qu’il est un peu tard pour ça.
— Pour moi, souris-je avec gentillesse, tout est dit. Va de l’avant maintenant.
Son expression se détendit quelque peu, et je vis le soulagement qui décrispait ses épaules.
— Bon, bref. Pour ce qui est de ce que tu pourrais faire… franchement, aucune idée. Tu n’es pas obligé de travailler à Midgard, tant que tu te fais discret. Mais si jamais tu veux y retourner…
Je fis apparaître l’enveloppe de Kraft que j’avais gardée précieusement rangée dans mon inventaire magique jusqu’à maintenant, et la lui tendis.
— Tu me dois deux cent cinquante mille dollars pour ça, lâchai-je. J’ai rajouté un papier avec le numéro de compte sur lequel je veux mon virement, il est sur le post-it.
Kalyan cilla, clairement dérouté par le poids de l’enveloppe, la soupesa avec une mine concentrée, finir par hausser un sourcil.
— Qu’est-ce que tu m’as mis là-dedans ?
— Ce qu’il faut pour une nouvelle vie, répondis-je simplement. C’est la paperasse par défaut, j’en ai fait réimprimer une nouvelle version pour les documents qui comportent une photo. Ils sont censés être arrivés cette semaine. La clé de la boîte aux lettres est au fond de l’enveloppe, l’adresse est sur le post-it aussi. Je te demanderai juste de me remettre la clé dans la boîte aux lettres une fois que tu les auras récupérés.
— Pas de souci.
Il sortit les documents, les feuilleta avec un étonnement palpable, s’attarda sur l’un d’entre eux, puis leva les yeux vers moi. Clairement, il était impressionné, et je ne pus réfréner un sourire fier. Ekrest m’avait présenté la majorité de ses contacts, mais passées mes trois premières années sous sa tutelle, il m’avait très vite lâché la bride, me laissant me débrouiller seule avec eux, et j’avais appris sur le tas l’indépendance financière et sociale. Quand j’avais eu besoin de documents pour un nouveau contrat, j’avais tiré sur quelques ficelles, mais j’étais généralement allée à la rencontre des faussaires moi-même. J’avais fait mon tri, j’avais noué quelques nouvelles relations. Valentino, mon favori de ces dernières années, qui s’était occupé de cette liasse, alliait discrétion et rapidité, le tout à la modique somme d’un quart de million pour chaque fausse identité complète prête en moins de trois jours. J’avais franchement puisé dans mes réserves pour financer celle-ci, surtout que je n’avais pas eu de véritable revenu depuis trop longtemps, mais le résultat en valait la peine.
— C’est propre. Merci.
— De rien. Enfin, c’est pas moi, mais… voilà. De rien quoi.
Nous sourîmes tous les deux. Songeur, il remit les papiers dans l’enveloppe, puis il la marqua de son symbole et la fit disparaître d’un geste.
— Tiens, on a de la visite.
Je bondis presque hors de ma tente de surprise. Selvigia se tenait juste à ma gauche, pile poil hors de mon champ de vision, et au vu du crépitement électrique dans les mains de Kalyan, elle s’était approchée invisible et venait d’apparaître. Je grinçai des dents, coulai un regard apaisant au fils de Thor pour qu’il calme le jeu, et me redressai.
— Fourbe.
— T’étais pas attentive. Imagine que ce ne soit pas moi.
— Je serais morte, répondis-je placidement. Je sais.
Pour la peine, je lui arrachai des mains le lièvre mort qu’elle tenait par les pattes arrière, aplatis un carré de terre meuble pour faire apparaître une petite table de camping, et sortis un couteau. Ça faisait longtemps que je n’avais pas dépecé un animal. Ça faisait longtemps que je n’avais pas chassé, en fait. Depuis que je n’étais plus sous la tutelle d’Ekrest et qu’il ne m’envoyait pas en montagne pour un mois juste pour un exercice de survie.
— Toujours vivant, toi ? lança ma sœur à l’intention du blond.
— Toujours, oui. D’ailleurs, je ne connais même pas ton nom.
— Eva.
Je sifflotai, et elle me fusilla du regard. Mais Kalyan n’était pas tombé de la dernière pluie non plus.
— Eva, hein ? Eva Selvigia Kaldtjis, à tout hasard ?
— Le hasard fait bien les choses.
— Enchanté.
— On s’est déjà rencontrés.
— Pas formellement. D’ailleurs, où est le troisième ?
Elle soupira, clairement pas d’humeur pour ce genre de petit jeu.
— Enchantée. Et il n’est pas encore revenu.
Kal parut quelque peu mal à l’aise, et je compris sans mal ses préoccupations. Il devait être en train de se demander lequel des fous qu’il avait libérés était avec nous… et malheureusement pour lui, c’était loin d’être le plus bienveillant. La rencontre pourrait même être plutôt explosive, puisque Kalyan était responsable d’années de torture sur Åke, et même sur les autres Élites déchus en général. C’était plus que légitime qu’il craigne une éventuelle vengeance. Et, sincèrement, je n’étais pas totalement sûre qu’il ait tort de s’y attendre. Åke était au courant de ma rencontre prévue avec Kalyan, mais je n’arrivais pas à prévoir son comportement. Il était trop vieux, trop changeant.
Selvigia ne lui ferait rien, en revanche, tant qu’il ne s’attaquerait pas à elle. Ce n’était pas son genre de chercher le conflit et, la connaissant, j’étais sûre qu’elle était même capable de l’apprécier. Elle avait une mentalité bien différente de la majorité des autres demi-divins, elle était l’une des rares à ne pas juger en fonction de l’ascendance mais en fonction des actions de chacun. Elle avait l’air d’être un peu en rogne aujourd’hui, mais elle ne tarderait pas trop à redevenir polie et cordiale, en principe.
Pendant que je décollais la peau des muscles de notre futur repas, ma sœur ramassa un peu de bois et l’entassa sur un carré de terre déblayée, et Kalyan partit débiter une haute souche d’arbre non-loin en petits rondins. Tandis qu’il frappait de sa hache le tronc mort, je me tournai vers ma sœur qui, accroupie, contemplait le feu haut et clair qui avait pris en quelques instants dans les branches sèches.
— Ça va ? m’enquis-je, soucieuse.
— Ouais.
Vu la réponse et le ton dissuasif, clairement pas, mais je me gardai d’insister. Nous avions de la compagnie, elle n’allait certainement pas discuter de problèmes personnels maintenant.
— La chasse a été bonne ?
— Oui.
Elle était lapidaire, décidément. Plus que d’habitude, en tout cas, ce qui signifiait qu’elle avait des problèmes de conscience. Je réalisais que je ne la connaissais que peu, certes, mais assez pour savoir quand ça n’allait pas, et en général pour avoir aussi une vague idée de la raison de son trouble. Aujourd’hui par contre, ce n’était pas le cas.
— Hé, soufflai-je en me penchant vers elle, si ça ne va pas, parle-moi.
Distraitement, elle hocha la tête, mais détourna à peine le regard, et j’en revins à mon travail.
Après avoir taillé des bûches en quantité suffisante pour alimenter le feu durant quelques heures, Kalyan les amena à ma sœur, et ils s’assirent en demi-cercle autour du feu, chacun sur leur chaise de camping. Un silence, entrecoupé de ragoûtants bruits de chair et de sang qui gouttait entre mes mains, s’installa. Selvigia resta encore de longues minutes songeuse, les yeux plongés dans le brasier, jouant distraitement avec un bracelet de flammes sur son poignet, puis se tourna vers Kalyan, qui l’observait à la dérobée, et elle lui souffla d’une voix amusée :
— Tu sais, je ne mords pas.
Il grommela quelque chose d’incompréhensible dans sa barbe, où je compris qu’il était sujet de ma Maison et de notre instabilité héréditaire, mais aucune de nous deux ne releva.
— Merci de m’avoir fait confiance, finit-il par dire.
Elle se figea, hésita, leva la tête vers moi. Je haussai les épaules avec un sourire. C’était Kalyan, trop honnête et humain parfois, trop brutal à d’autres moments. Elle hésita longuement, puis répondit enfin avec un sourire un peu plus doux :
— Merci de m’avoir appelée.
C’était si simple de créer un lien, de construire un pont. Il suffisait de quelques mots et d’un peu de confiance. Et si un Thor pouvait y parvenir avec une Loki, alors en principe, toutes les Maisons pouvaient s’entendre. Mais nous étions un cas un peu à part, des expatriés, privés des responsabilités que notre famille nous faisait porter, laissés étrangement libres d’agir. Est-ce que ces alliances de circonstances perdureraient quand nous rejoindrions à nouveau nos Maisons respectives ? Allions-nous vraiment retourner à nos familles de sitôt ?
Je ne savais pas vraiment si j’en avais envie. Quand j’avais quitté la prison, j’avais hésité à ne pas partir, j’avais failli préférer rester sous la protection des Thor pour échapper à la Confrérie. Je ne voulais pas revenir dans un Manoir dominé par une Kaiser meurtrière, dans une famille qui m’avait laissée pour morte. Et certes, ce n’était pas directement la faute de ma fratrie, mais la rancœur continuait à m’empoisonner les veines encore aujourd’hui. Quand j’étais réapparue sur les radars, ils s’étaient lancés à ma poursuite sans poser de questions, avaient essayé de me tuer sans même se demander si j’avais réellement trahi la Confrérie.
En levant la tête vers Kalyan, je vis son expression fermée, les doutes qui passaient sur son visage. J’étais certaine qu’il n’était pas sûr de pouvoir nous faire confiance, même si nous étions certainement les personnes les moins à même de le livrer à sa famille en tant que banni. Il devait vivre un dilemme semblable au mien, se demander ce qui était le plus simple entre payer l’impôt de réintégration pour raccourcir sa sentence, ou rester en cavale, et risquer sa peau.
Nous échangeâmes un regard, et il me rendit le bref sourire que je lui adressai. Aujourd’hui, nous étions sur un pied d’égalité, loin des joutes verbales et des marchés biaisés. Auparavant, je ne l’avais vu que dans des environnements aseptisés, cliniques, dans une position de dominant. Il avait toujours maîtrisé le terrain, l’heure des échanges, la durée de ceux-ci, les informations qu’il détenait. Désormais la dynamique entre nous était toute autre ; j’étais à même de me défendre, je pouvais même être en position de force. Une certaine forme d’équilibre était revenue.
— Bon, soupira Selvie, je voudrais revenir sur un truc.
Je donnai un coup sec de hachoir sur le cou du lièvre, décollant la tête du reste du tronc et plongeai ma main dans l’ouverture pour tirer sur les entrailles. Ma sœur leva la tête vers moi, roula des yeux, et reprit :
— Toujours aussi délicate à ce que je vois. Bref. Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, et ce qu’il y a entre vous deux ne me regarde pas.
Kalyan ne dit rien, et pour ma part, j’avais les mains un peu trop occupées pour manifester une quelconque réaction. Ma table de travail inclinée vers le feu dégoulinait de sang encore frais. On avait connu plus charmant comme cadre de discussion, mais je n’étais pas vraiment là pour faire dans la finesse après tout.
— Tu dis ça comme si tu comptais me remonter les bretelles dans vingt secondes… souris-je enfin en une faible tentative pour alléger un peu l’atmosphère qui se faisait pesante.
Elle pouffa, mais la lueur sérieuse ne déserta pas son regard. Le silence de la forêt nous enveloppa quelques instants avant que sa voix, basse mais claire, douce mais ferme, ne s’élève à nouveau.
— Mais je voudrais quand même vous faire une remarque, parce que je suis passée par là aussi, fut un temps.
J’aurais dû être surprise, mais l’étonnement ne fit que glisser sur moi comme une vague glacée, me submergeant un instant, disparaissant la seconde d’après. Elle avait quatre cents ans. Elle avait certainement déjà expérimenté tout ce que je traversais. Elle ne me l’avait juste jamais dit.
— Vous ne vous connaissez pas.
Kalyan ouvrit la bouche pour protester, mais elle lui coupa l’herbe sous le pied :
— Pas dans le sens où vous ne savez rien sur l’autre, mais dans le sens où vous n’avez jamais réellement vu l’autre agir naturellement au quotidien. Vous vous faites déjà un minimum confiance, c’est top, mais… apprenez à vous connaître vraiment.
La question me brûla les lèvres, mais j’essayai de la réfréner, doutant qu’elle ait envie d’en parler. Mais elle me regardait, elle vit mon expression, l’interrogation que je taisais, et elle sourit.
— Une fois, à Nidavellir, je me suis fait capturer par des nains, et on m’a jetée dans une prison avec une douzaine d’autres. Parmi eux, il y avait un fils de la mer.
Un Njörd, donc, comme le frère de Selvigia. Je compris aussitôt où ça allait.
— Un solitaire, rebelle et arrogant, qui s’était fait emprisonner après avoir essayé de dérober des bijoux dans une petite boutique locale. Pour ma part, mon seul crime avait été d’avoir mes yeux et ma magie en entrant dans une forge, on m’avait soupçonnée de voler même si rien n’avait disparu. Enfin.
Un long soupir lui échappa, et je dus me concentrer pour reprendre mon travail. J’avais arrêté de maltraiter ce pauvre lièvre tandis qu’elle parlait, trop curieuse de connaître la suite.
— Quand les charges contre nous ont été levées, nous avons décidé de rester ensemble. Nous nous sommes établis dans la capitale de Vaksagard, et nous avons établi un commerce… florissant. À base de vol et de revente, évidemment. C’est comme ça que j’ai rencontré Ekrest et Kirstin, d’ailleurs.
Je hochai la tête, mettant lentement en parallèle les différentes histoires qu’elle avait commencé à me raconter depuis qu’elle m’avait révélé sa longue vie d’avant. Elle avait dit qu’elle avait mis quelques années encore à accepter d’entrer à la Confrérie. Quelques années où elle avait certainement continué son « commerce ».
— Lágreth était… inconsistant. Téméraire. Les premiers mois, je ne m’en étais pas tellement rendue compte, parce que j’étais tout aussi folle d’aventures et de larcins que lui, mais par la suite… c’est devenu pesant. Il n’avait jamais de temps pour autre chose que ses nouveaux plans, il risquait la vie de tout le monde, et surtout la mienne. Selon lui, j’étais capable de nous sortir de toute situation. Et la seule fois où il a raté son plan…
Ses yeux se troublèrent, elle n’acheva pas, mais nous avions compris. Je soupirai en embrochant notre repas sur une fine tige de métal qu’elle me tendait, l’installai au-dessus des flammes sur les trépieds qu’elle avait dressés.
— Après ça, j’ai rejoint les rangs et j’ai laissé cette histoire derrière moi. Donc voilà, les enfants, ajouta-t-elle avec un humour sombre, sachez apprendre à vous connaître et sachez partir quand vous risquez d’y perdre plus que vous n’y gagneriez.
Un silence pesant s’installa, à peine rompu par les premiers grésillements de la viande en train de griller. Selvigia, silencieuse et morose, ruminait son passé, et je compris pourquoi elle avait été aussi grincheuse en arrivant. Nous voir, Kalyan et moi, avait du ramener des souvenirs enfouis depuis longtemps.
Ma sœur ne laissa néanmoins pas le silence alourdir l’ambiance bien longtemps. Après avoir secoué la tête et souri, elle reprit avec un peu plus d’entrain :
— Ok, on a digressé. Désolée d’avoir plombé l’ambiance, mais ça, c’était la première chose. La seconde, elle s’adresse surtout à toi.
Les épaules de Kalyan se raidirent légèrement lorsque ma sœur lui fit face, mais il demeura stoïque.
— C’est une offre… et un avertissement, d’une certaine manière. Je te propose de nous accompagner, au moins sur une partie de notre trajet.
Je cillai.
— Je n’ai pas consulté Lily, mais je suppose qu’elle sera d’accord. On va continuer à traverser Jötunheim, et j’avoue qu’une pile électrique comme toi en appui pourrait bien nous sauver la peau une fois ou deux.
— En fait, tu voudrais m’engager comme mercenaire, résuma-t-il avec ce qui me semblait être un sourire amusé.
Je le considérai avec attention, essayant de voir s’il allait seulement considérer la proposition. Ma sœur, elle, attendait patiemment, sans me regarder. Je souris, réalisant la portée de son raisonnement. S’il acceptait, il serait effectivement d’une aide inestimable en cas de combat. En outre, comme il n’avait rien de mieux à faire pour le moment, il serait peut-être plus enclin à dire oui.
Cela signifiait aussi qu’elle avait laissé ses oreilles traîner durant ma précédente discussion avec Kalyan, où il admettait ne pas savoir quoi faire depuis son bannissement, mais ça, c’était une discussion pour une autre fois. Et puis, j’avais l’habitude que Selvigia soit au courant de tout. Au Manoir, elle avait le meilleur réseau d’espionnage de la famille, dépassant même Ekrest.
— Tu sais que je suis un Hamershot ? marmonna-t-il après quelques secondes de réflexion.
— Je sais que toi et tes frères, vous êtes des aimants à problèmes, mais je fréquente déjà Lilith au quotidien, ça devrait aller.
C’était la meilleure réponse qu’elle aurait pu donner. Kalyan lui rendit un sourire éclatant, rassuré.
— C’est ok pour moi, acquiesça-t-il. Je n’ai pas mieux à faire, de toute façon.
À bien le regarder, je constatai que ce n’était pas à Selvigia qu’il offrait vraiment sa réponse. Son visage était certes tourné vers elle, mais le reste de son corps était orienté dans ma direction. Je ne pus réprimer un léger sourire.
— Mais, comme je le disais, ajouta ma sœur, il y a un avertissement. Il est possible que tu n’apprécies pas certaines de nos méthodes. Mais pour le temps que tu passes avec nous, tu t’engages à ne pas nous mettre de bâtons dans les roues et à ne pas nous trahir.
Il haussa un sourcil sceptique.
— Si on bosse… ensemble…
Il parut douter sur le mot, et Selvie et moi échangeâmes un regard en coin, accompagné d’un léger sourire. C’était toujours comme ça au début des alliances temporaires entre la Confrérie et les Maisons.
— Ça veut dire qu’on discute des éventuelles stratégies, non ? interrogea-t-il.
— La plupart du temps, répondis-je avant que ma sœur n’ouvre la bouche. Mais il y a toujours au moins un cas de figure où on n’en a pas le temps.
— Et donc ?
— Donc il est possible que nous agissions automatiquement, et ça peut ne pas te plaire, lâcha Selvie un peu sèchement. Et je n’ai pas nécessairement envie de tuer un allié temporaire.
— Tu as une sacrée morale, pour quelqu’un qui bossait il y a peu encore pour la Confrérie... persiflai-je, moqueuse.
— L’un n’empêche pas l’autre, Lilith, c’est juste toi qui ne sais toujours pas distinguer boulot et vie privée.
Mouchée, je fermai mon clapet. Selvie avait rivé son regard turquoise dans celui, azur, de Kalyan, et attendait sa réponse. Le front de ce dernier s’était plissé alors qu’il assimilait lentement ce que, peut-être, la dernière explication impliquait. Après tout, rien n’excluait que nous croisions des Thor sur notre route. Max avait bien été attiré par le pactole sur ma tête, rien n’empêchait que d’autres le soient, et malheureusement, si nous devions tuer nos adversaires pour survivre… nous le ferions. Kalyan se retrouverait pris en plein feu croisé.
— Je comprends, admit-il enfin. Et je l’accepterai tant que c’est nécessaire. Si en revanche, ça ne l’est pas, je partirai.
Impressionnée par la facilité avec laquelle il était parvenu à la fois de se dédouaner de ce qui arriverait en cas d’incident et par son point de vue neutre, professionnel, sur la question, un lent sourire se dessina sur mon visage.
— Ça marche pour moi, acquiesça Selvigia. Lily ?
Je me contentai d’opiner du bonnet. Satisfaite, ma sœur se leva, passa une main dans ses cheveux pour remettre en place une mèche folle échappée de sa queue de cheval, et lâcha avec un léger rictus narquois :
— Parfait. Je vais dormir, me reposer un peu, j’ai pas envie de tenir la chandelle entre vous deux. Réveille-moi quand le lièvre sera prêt.
Je lui rendis un clin d’œil. Elle se détourna, ploya la tête pour se réfugier dans sa tente, me laissant seule avec Kalyan.
Nous devisâmes longtemps à voix basse, parlant de tout et de rien, riant de vieux mythes, nous racontant mutuellement notre trajet jusqu’ici, sans jamais aborder à nouveau aborder les sujets dont nous avions parlé dans les bois. Les mots de Selvigia s’étaient imprimés dans nos esprits, avaient créé une barrière immatérielle. Il n’y avait pas de gêne pour autant, pas de non-dit, et nos silences n’étaient pas lourds de sous-entendus, mais nous avions tous les deux compris ce que ma sœur avait voulu dire.


| † | † |


<= B'jour,
Il y a trois points pour lesquels j'aime ce chapitre :
- Lilyan ♥
- Selvie (que j'adore vraiment avec son sass et son histoire) ♥
- et la "guérison" de Lily.
Et vous ? :D

Bon par contre get ready, parce que c'était relativement chill ces deux derniers chapitres, et vous savez bien ce que ça veut dire pour les prochains x)
Dernière modification par vampiredelivres le lun. 06 sept., 2021 2:43 pm, modifié 1 fois.
louji

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Re: Le Cycle du Serpent [II] : L'Alliance des Déchus

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : lun. 30 août, 2021 7:20 am
CHAPITRE 19


Installée en tailleur au bord de ma tente, je rabattis à nouveau la couverture sur mes épaules, et Kal sourcilla en me voyant faire :
— Pas de magie de feu ? Pas de thermorégulation ?
Je haussai les épaules.
— On ne t’a jamais dit qu’il faut réduire ta consommation énergétique ? :arrow: Très midgardien ces réflexions... :lol:

Il s’interrompit, ne sachant probablement pas comment formuler sa peur, ses doutes, ses hésitations, mais je compris. J’étais passée par la même chose que lui, j’avais dû affronter les mêmes démons. Les visages de ceux qui étaient morts, la peur de l’inconnu, la culpabilité de la trahison. J’étais certaine d’avoir agi pour le mieux, d’avoir fait la seule chose honnête et cohérente avec mes valeurs. Mais j’avais libéré des monstres assoiffés de sang, des psychopathes cruels, avides de souffrances. :arrow: Oh, légèrement... Åke en était l’exemple extrême, mais je doutais que Tyko ou Kirstin soient plus rationnels et avisés que lui. Ensemble, ils avaient tué une trentaine des nôtres, probablement, sans aucun regret ou état d’âme. Kirstin nous aurait certainement tous brûlés si nous n’avions pas réussi à maîtriser sa folie. Et Ekrest… Ekrest, je doutais que la frontière morale qui le transforme en l’un de ces fous furieux soit épaisse… s’il n’avait pas déjà franchi le pas, dévoré par l’envie de vengeance. :arrow: Ouais, on est plusieurs à craindre l'évolution possible d'Ekrest.
Kalyan n’avait peut-être pas toutes les informations, il était certainement parti avant le massacre du Bifröst puisqu’il avait été banni deux jours plus tôt, mais il était suffisamment lucide pour savoir qui il avait libéré. Il les avait vus, dans les prisons, raides et stoïques, encaissant tous les coups sans faillir, aiguisant leur rage et leur haine. Il savait ce qu’ils étaient devenus.
— Est-ce que tu regrettes de nous avoir laissés partir ? demandai-je doucement.
— Non.
Sa réponse était sortie immédiatement, sans qu’il n’ait le temps d’y réfléchir ni de la réfréner. Au moins, j’étais certaine qu’elle était sincère.
— Et est-ce que tu y as réfléchi avant de le faire ?
— Je n’ai fait que ça, grimaça-t-il.
— Donc c’était ton choix, et il faut que tu en assumes les conséquences.
J’avais conscience d’être dure en lui infligeant ce genre d’affirmation, mais j’étais presque certaine que ce serait plus efficace que d’essayer de le réconforter. Kalyan connaissait notre monde et ses règles, les ténèbres des Maisons et les horreurs qui se perpétraient. Il n’en avait été qu’un infime rouage, mais il l’avait expérimenté et commis lui-même. Il n’y avait pas de justice, il n’y avait que quelque chose qui pouvait s’apparenter de loin à une morale. Sauf que j’étais trop mal placée pour lui parler de ça. Mon propre sens de la justice était bancal et mes croyances avaient été douloureusement ébranlées. Je n’étais pas en paix avec moi-même, loin de là, et ma conscience malmenée me le rappelait encore trop souvent par l’intermédiaire du visage de Vanessa. Je tenais ma culpabilité en laisse pour le moment, mais elle revenait me brûler dès que je n’y prenais pas garde.
Au bout du compte, je décidai de me taire, tout simplement, laisser le silence et ses réflexions mener la discussion au point où son subconscient se braquait.
— Le pire, c’est de savoir que tu n’as rien fait pour m’y pousser, murmura-t-il finalement. C’était ma décision, du début à la fin. Je ne peux mettre la faute sur personne. :arrow: Pas même une légère intervention de Loki... ?
Il avait baissé la tête, refusait de croiser mon regard. Qu’est-ce qui l’en empêchait ? La honte ? Le déni ? Les remords ?
— Pourquoi est-ce que tu m’aides ? interrogea-t-il un peu sèchement. Pourquoi ne pas me poignarder, te venger ?
Je reculai de quelques centimètres, le considérai avec attention. Un léger sourire m’échappa lorsque je réalisai qu’il était toujours bloqué sur la même chose, incapable d’avancer parce qu’il ressassait le passé, incapable de se dissocier de son travail et de séparer ses agissements de ce que j’en retirais. La manière douce ne changerait pas grand-chose ; il fallait tenter une autre approche. Plus douloureuse, certainement moins agréable, pour lui comme pour moi.
— Écoute, attaquai-je, ce que tu m’as infligé était ignoble.
Il tressaillit, et mon cœur se contracta dans ma poitrine alors que je me forçais à sortir les phrases une par une, sans m’interrompre, sans lui laisser le temps d’assimiler les reproches.
— Tu m’as fait torturer, jour et nuit, pendant des semaines. J’aurais préféré mourir en gardant le silence plutôt que de devoir parler, mais tu m’obligeais à rester en vie, à supporter chaque coup, jusqu’à devoir affronter une vérité que j’aurais voulu ne jamais entendre.
Ses traits se crispaient un peu plus à chaque mot, ses lèvres se pinçaient et son front se froissait. Mais il m’écoutait. Et, au fond, je réalisais que je m’écoutais aussi, pour une fois. Je ne disais que la vérité, je parlais – peut-être pour la première fois – de ce que j’avais réellement ressenti durant ces semaines d’emprisonnement. Maintenant que j’avais commencé, je n’arrivais plus à m’arrêter.
— Au début, je t’ai détesté à cause d’Ekrest, parce qu’on m’avait dit que tu l’avais tué. Mais je n’arrivais pas à te détester personnellement. Je savais que, si la situation avait été inversée, je me serais comportée comme toi.
Un léger sourire sardonique affleura à ses lèvres, il inclina la tête sur le côté.
— Mais je n’arrivais pas à te haïr, et ça me tuait, poursuivis-je d’une voix distante.
Il cilla, me considéra quelques secondes d’un regard perdu, entre nervosité et incompréhension.
— Alors pourquoi est-ce que tu restes, maintenant ? demanda-t-il.
La brûlure dans ma poitrine sembla s’apaiser alors que les mots sortaient, fluides et sincères, si justes que même moi, je découvrais ma propre vérité à mesure que je l’énonçais.
— Parce que la vision que j’avais de toi a évolué avec les différentes vérités que j’ai appris à accepter. Parce que j’ai arrêté de me définir selon celle que j’étais. Je ne suis plus au service de la Confrérie. J’avais promis de t’aider, j’en avais envie, et il n’y a plus de barrières pour m’en empêcher. Donc je suis là maintenant.
C’était si simple, si évident, et pourtant si puissant, que je sentis mes yeux s’humidifier. J’achevais mon deuil de moi-même. Avec cette simple explication, j’acceptais ce que j’avais fait, celle que j’étais devenue. :arrow: Oui, Lily, t'es la best, continue :mrgreen:
Je ne dépendais plus de la Confrérie, ni même d’Ekrest. Je pouvais me reconstruire comme je le souhaitais, pas comme quiconque d’autre aurait voulu me modeler. Qu’importe :arrow: importENT ? ma peur de l’inconnu, ma crainte de retomber dans mes vieux travers, je deviendrais celle que je voulais être, personne d’autre. Je pouvais le faire.
— C’est marrant, lâche finalement Kalyan dans un soupir, ça parait toujours tellement simple quand c’est toi qui l’expliques.
Je secoue :arrow: présent ? :geek: la tête, un sourire amer aux lèvres.
— Crois-moi, c’est le résultat de longues heures solitude et de réflexion. Pénibles, devrais-je ajouter, grommelai-je après un instant de silence.
— Il n’empêche. Mais je crois que je vois ce que tu veux dire. Donc tu m’aides juste parce que tu en as… envie ?
Il croisa enfin mon regard, pour la première fois depuis que nous nous étions menacés, et je lui flashai un sourire narquois. Le bleu de ses yeux, pareil à celui du ciel, scintillait, éclairci de ses doutes.
— Je peux toujours m’en aller si ça te dérange. Mais oui, tant que tu ne me fais pas de mal, je n’ai aucune raison de te poignarder dans le dos.
Un ricanement lui échappa, mais il secoua la tête.
— Je préfère que tu m’aides, en fait.
Comme la majorité de ceux que je connais, à quelques abrutis près, songeai-je en souriant intérieurement. Au Manoir, on m’avait d’abord prise pour la petite protégée d’Ekrest, mais passés mes dix ans, quand j’avais réellement intégré les effectifs actifs… ils avaient compris que j’étais parfaitement à même de me défendre seule. Mon arrivée dans l’Élite avait bien sûr attisé la haine des traditionalistes et des vieillards grincheux trop sûrs de leurs acquis :arrow: On les connaît, provoquant quelques petits affrontements « amicaux » au sein de la famille. Adam et Levi en tête, évidemment, avaient mené les assauts, mais ils s’étaient rapidement – en quelques mois – retrouvés à court de volontaires pour me mettre des bâtons dans les roues. In :arrow: Un ? bref raid informatique, ou alors une mutation malvenue, et les plus belliqueux avaient pris le temps de considérer une seconde fois l’idée de s’opposer à moi.
— Donc, de quoi voulais-tu me parler ? embrayai-je.
Kalyan poussa un nouveau soupir – décidément une habitude chez lui – et répondit en toute honnêteté :
— Je n’ai absolument aucune idée de ce que je peux faire, maintenant que je suis banni.
En principe, tout ce que tu veux, à condition que ta Maison ne te retrouve pas, répondis-je dans ma tête, sans toutefois le formuler à haute voix.
— Je cherche un point de départ, une idée.
— Et c’est vers moi que tu te tournes ? pouffai-je en roulant des yeux. Ok, admettons. Qu’est-ce qui te passionne ? À part frapper les gens, évidemment. :arrow: Ah oué. Il était pas pianiste Kalinou en vré ?
Ma dernière remarque, pourtant sarcastique, me valut un regard torve. Je ne retins pas un ricanement, mais attendis patiemment sa réponse, qui tardait à venir.
— En fait… finit-il par marmotter, je n’en ai aucune idée. J’ai fait des études de commerce et une formation manageriale il y a quelques années, mais j’ai tellement perdu de vue la réalité du monde du travail que je ne sais plus vraiment ce que je veux. Ni ce que je vaux d’ailleurs. :arrow: Mais non, go pianiste. Rhoo tu vas pas devenir un vieux manager pas fun là Kalinou, t'as assez nourri le capitalisme.
Je ne pus que hocher la tête. Pour ma part, j’avais eu ma courte période au sein de la Faction qui m’avait permis de ne pas sombrer dans le désœuvrement, mais je comprenais ce sentiment de vide. Je m’étais contentée de faire ce que je savais faire, sans y mettre mon cœur, comme par le passé. J’avais exécuté les contrats l’un après l’autre, mécaniquement, sans réfléchir, anesthésiée par la facilité avec laquelle je pouvais m’en sortir quand je m’attaquais à de simples humains. Mais je n’avais pas fait quoi que ce soit en voulant le faire, en désirant ardemment réussir, motivée par le défi. C’était triste, si on y réfléchissait vraiment.
— Il n’y a que ça ? relevai-je. Dont tu voulais me parler, j’entends.
Il passa une main sur sa nuque, puis dans ses cheveux ébouriffés par le vent, et admit avec une certaine réserve :
— Je voulais m’excuser, aussi. Mais je suppose qu’il est un peu tard pour ça.
— Pour moi, souris-je avec gentillesse, tout est dit. Va de l’avant maintenant.
Son expression se détendit quelque peu, et je vis le soulagement qui décrispait ses épaules.
— Bon, bref. Pour ce qui est de ce que tu pourrais faire… franchement, aucune idée. Tu n’es pas obligé de travailler à Midgard, tant que tu te fais discret. Mais si jamais tu veux y retourner…
Je fis apparaître l’enveloppe de Kraft que j’avais gardée précieusement rangée dans mon inventaire magique jusqu’à maintenant, et la lui tendis.
— Tu me dois deux cent cinquante mille dollars pour ça, lâchai-je. J’ai rajouté un papier avec le numéro de compte sur lequel je veux mon virement, il est sur le post-it.
Kalyan cilla, clairement dérouté par le poids de l’enveloppe, la soupesa avec une mine concentrée, finir par hausser un sourcil.
— Qu’est-ce que tu m’as mis là-dedans ?
— Ce qu’il faut pour une nouvelle vie, répondis-je simplement. C’est la paperasse par défaut, j’en ai fait réimprimer une nouvelle version pour les documents qui comportent une photo. Ils sont censés être arrivés cette semaine. La clé de la boîte aux lettres est au fond de l’enveloppe, l’adresse est sur le post-it aussi. Je te demanderai juste de me remettre la clé dans la boîte aux lettres une fois que tu les auras récupérés.
— Pas de souci. :arrow: Bon, tu déménages où Kalinou ? Qu'on vienne frapper à ta porte 8-) Pas dans un 20m² parisien j'espère... :(
Il sortit les documents, les feuilleta avec un étonnement palpable, s’attarda sur l’un d’entre eux, puis leva les yeux vers moi. Clairement, il était impressionné, et je ne pus réfréner un sourire fier. Ekrest m’avait présenté la majorité de ses contacts, mais passées mes trois premières années sous sa tutelle, il m’avait très vite lâché la bride, me laissant me débrouiller seule avec eux, et j’avais appris sur le tas l’indépendance financière et sociale. Quand j’avais eu besoin de documents pour un nouveau contrat, j’avais tiré sur quelques ficelles, mais j’étais généralement allée à la rencontre des faussaires moi-même. J’avais fait mon tri, j’avais noué quelques nouvelles relations. Valentino, mon favori de ces dernières années, qui s’était occupé de cette liasse, alliait discrétion et rapidité, le tout à la modique somme d’un quart de million pour chaque fausse identité complète prête en moins de trois jours. J’avais franchement puisé dans mes réserves pour financer celle-ci, surtout que je n’avais pas eu de véritable revenu depuis trop longtemps, mais le résultat en valait la peine.
— C’est propre. Merci.
— De rien. Enfin, c’est pas moi, mais… voilà. De rien quoi.
Nous sourîmes tous les deux. Songeur, il remit les papiers dans l’enveloppe, puis il la marqua de son symbole et la fit disparaître d’un geste.
— Tiens, on a de la visite.
Je bondis presque hors de ma tente de surprise. Selvigia se tenait juste à ma gauche, pile poil hors de mon champ de vision, et au vu du crépitement électrique dans les mains de Kalyan, elle s’était approchée invisible et venait d’apparaître. Je grinçai des dents, coulai un regard apaisant au fils de Thor pour qu’il calme le jeu, et me redressai.
— Fourbe.
— T’étais pas attentive. Imagine que ce ne soit pas moi.
— Je serais morte, répondis-je placidement. Je sais. :arrow: Bon, Selvie, je sais qu'elle était plutôt ok (pas Oké) avec lui, mais Oké... je crois pas qu'il soit ok.
Pour la peine, je lui arrachai des mains le lièvre mort qu’elle tenait par les pattes arrière, aplatis un carré de terre meuble pour faire apparaître une petite table de camping, et sortis un couteau. Ça faisait longtemps que je n’avais pas dépecé un animal. Ça faisait longtemps que je n’avais pas chassé, en fait. Depuis que je n’étais plus sous la tutelle d’Ekrest et qu’il ne m’envoyait pas en montagne pour un mois juste pour un exercice de survie.
— Toujours vivant, toi ? lança ma sœur à l’intention du blond.
— Toujours, oui. D’ailleurs, je ne connais même pas ton nom.
— Eva.
Je sifflotai, et elle me fusilla du regard. Mais Kalyan n’était pas tombé de la dernière pluie non plus.
— Eva, hein ? Eva Selvigia Kaldtjis, à tout hasard ?
— Le hasard fait bien les choses.
— Enchanté.
— On s’est déjà rencontrés.
— Pas formellement. D’ailleurs, où est le troisième ?
Elle soupira, clairement pas d’humeur pour ce genre de petit jeu.
— Enchantée. Et il n’est pas encore revenu.
Kal parut quelque peu mal à l’aise, et je compris sans mal ses préoccupations. Il devait être en train de se demander lequel des fous qu’il avait libérés était avec nous… et malheureusement pour lui, c’était loin d’être le plus bienveillant. La rencontre pourrait même être plutôt explosive, puisque Kalyan était responsable d’années de torture sur Åke, et même sur les autres Élites déchus en général. C’était plus que légitime qu’il craigne une éventuelle vengeance. Et, sincèrement, je n’étais pas totalement sûre qu’il ait tort de s’y attendre. Åke était au courant de ma rencontre prévue avec Kalyan, mais je n’arrivais pas à prévoir son comportement. Il était trop vieux, trop changeant. :arrow: Bon, Kolïn poisson rouge avait oublié.
Selvigia ne lui ferait rien, en revanche, tant qu’il ne s’attaquerait pas à elle. Ce n’était pas son genre de chercher le conflit et, la connaissant, j’étais sûre qu’elle était même capable de l’apprécier. Elle avait une mentalité bien différente de la majorité des autres demi-divins, elle était l’une des rares à ne pas juger en fonction de l’ascendance mais en fonction des actions de chacun. Elle avait l’air d’être un peu en rogne aujourd’hui, mais elle ne tarderait pas trop à redevenir polie et cordiale, en principe.
Pendant que je décollais la peau des muscles de notre futur repas, ma sœur ramassa un peu de bois et l’entassa sur un carré de terre déblayée, et Kalyan partit débiter une haute souche d’arbre non-loin en petits rondins. Tandis qu’il frappait de sa hache le tronc mort, je me tournai vers ma sœur qui, accroupie, contemplait le feu haut et clair qui avait pris en quelques instants dans les branches sèches.
— Ça va ? m’enquis-je, soucieuse.
— Ouais.
Vu la réponse et le ton dissuasif, clairement pas, mais je me gardai d’insister. Nous avions de la compagnie, elle n’allait certainement pas discuter de problèmes personnels maintenant.
— La chasse a été bonne ?
— Oui.
Elle était lapidaire, décidément. Plus que d’habitude, en tout cas, ce qui signifiait qu’elle avait des problèmes de conscience. Je réalisais que je ne la connaissais que peu, certes, mais assez pour savoir quand ça n’allait pas, et en général pour avoir aussi une vague idée de la raison de son trouble. Aujourd’hui par contre, ce n’était pas le cas.
— Hé, soufflai-je en me penchant vers elle, si ça ne va pas, parle-moi.
Distraitement, elle hocha la tête, mais détourna à peine le regard, et j’en revins à mon travail.
Après avoir taillé des bûches en quantité suffisante pour alimenter le feu durant quelques heures, Kalyan les amena à ma sœur, et ils s’assirent en demi-cercle autour du feu, chacun sur leur chaise de camping. Un silence, entrecoupé de ragoûtants :arrow: ragoûtants ou dégoûtants ? Plutôt dégoûtants non ? :geek: bruits de chair et de sang qui gouttait entre mes mains, s’installa. Selvigia resta encore de longues minutes songeuse, les yeux plongés dans le brasier, jouant distraitement avec un bracelet de flammes sur son poignet, puis se tourna vers Kalyan, qui l’observait à la dérobée, et elle lui souffla d’une voix amusée :
— Tu sais, je ne mords pas.
Il grommela quelque chose d’incompréhensible dans sa barbe, où je compris qu’il était sujet de ma Maison et de notre instabilité héréditaire, mais aucune de nous deux ne releva.
— Merci de m’avoir fait confiance, finit-il par dire.
Elle se figea, hésita, leva la tête vers moi. Je haussai les épaules avec un sourire. C’était Kalyan, trop honnête et humain parfois, trop brutal à d’autres moments. Elle hésita longuement, puis répondit enfin avec un sourire un peu plus doux :
— Merci de m’avoir appelée.
C’était si simple de créer un lien, de construire un pont. Il suffisait de quelques mots et d’un peu de confiance. Et si un Thor pouvait y parvenir avec une Loki, alors en principe, toutes les Maisons pouvaient s’entendre. Mais nous étions un cas un peu à part, des expatriés, privés des responsabilités que notre famille nous faisait porter, laissés étrangement libres d’agir. Est-ce que ces alliances de circonstances perdureraient quand nous rejoindrions à nouveau nos Maisons respectives ? Allions-nous vraiment retourner à nos familles de sitôt ?
Je ne savais pas vraiment si j’en avais envie. Quand j’avais quitté la prison, j’avais hésité à ne pas partir, j’avais failli préférer rester sous la protection des Thor pour échapper à la Confrérie. Je ne voulais pas revenir dans un Manoir dominé par une Kaiser meurtrière, dans une famille qui m’avait laissée pour morte. Et certes, ce n’était pas directement la faute de ma fratrie, mais la rancœur continuait à m’empoisonner les veines encore aujourd’hui. Quand j’étais réapparue sur les radars, ils s’étaient lancés à ma poursuite sans poser de questions, avaient essayé de me tuer sans même se demander si j’avais réellement trahi la Confrérie.
En levant la tête vers Kalyan, je vis son expression fermée, les doutes qui passaient sur son visage. J’étais certaine qu’il n’était pas sûr de pouvoir nous faire confiance, même si nous étions certainement les personnes les moins à même de le livrer à sa famille en tant que banni. Il devait vivre un dilemme semblable au mien, se demander ce qui était le plus simple entre payer l’impôt de réintégration pour raccourcir sa sentence, ou rester en cavale, et risquer sa peau.
Nous échangeâmes un regard, et il me rendit le bref sourire que je lui adressai. Aujourd’hui, nous étions sur un pied d’égalité, loin des joutes verbales et des marchés biaisés. Auparavant, je ne l’avais vu que dans des environnements aseptisés, cliniques, dans une position de dominant. Il avait toujours maîtrisé le terrain, l’heure des échanges, la durée de ceux-ci, les informations qu’il détenait. Désormais la dynamique entre nous était toute autre ; j’étais à même de me défendre, je pouvais même être en position de force. Une certaine forme d’équilibre était revenue. :arrow: Et c'est très bien comme ça :roll:
— Bon, soupira Selvie, je voudrais revenir sur un truc.
Je donnai un coup sec de hachoir sur le cou du lièvre, décollant la tête du reste du tronc et plongeai ma main dans l’ouverture pour tirer sur les entrailles. Ma sœur leva la tête vers moi, roula des yeux, et reprit :
— Toujours aussi délicate à ce que je vois. Bref. Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, et ce qu’il y a entre vous deux ne me regarde pas.
Kalyan ne dit rien, et pour ma part, j’avais les mains un peu trop occupées pour manifester une quelconque réaction. Ma table de travail inclinée vers le feu dégoulinait de sang encore frais. On avait connu plus charmant comme cadre de discussion, mais je n’étais pas vraiment là pour faire dans la finesse après tout.
— Tu dis ça comme si tu comptais me remonter les bretelles dans vingt secondes… souris-je enfin en une faible tentative pour alléger un peu l’atmosphère qui se faisait pesante.
Elle pouffa, mais la lueur sérieuse ne déserta pas son regard. Le silence de la forêt nous enveloppa quelques instants avant que sa voix, basse mais claire, douce mais ferme, ne s’élève à nouveau.
— Mais je voudrais quand même vous faire une remarque, parce que je suis passée par là aussi, fut un temps. :arrow: Ah ? 8-)
J’aurais dû être surprise, mais l’étonnement ne fit que glisser sur moi comme une vague glacée, me submergeant un instant, disparaissant la seconde d’après. Elle avait quatre cents ans. Elle avait certainement déjà expérimenté tout ce que je traversais. Elle ne me l’avait juste jamais dit.
— Vous ne vous connaissez pas.
Kalyan ouvrit la bouche pour protester, mais elle lui coupa l’herbe sous le pied :
— Pas dans le sens où vous ne savez rien sur l’autre, mais dans le sens où vous n’avez jamais réellement vu l’autre agir naturellement au quotidien. Vous vous faites déjà un minimum confiance, c’est top, mais… apprenez à vous connaître vraiment. :arrow: Ouais, je suis bien d'accord Mme Selvie.
La question me brûla les lèvres, mais j’essayai de la réfréner, doutant qu’elle ait envie d’en parler. Mais elle me regardait, elle vit mon expression, l’interrogation que je taisais, et elle sourit.
— Une fois, à Nidavellir, je me suis fait capturer par des nains, et on m’a jetée dans une prison avec une douzaine d’autres. Parmi eux, il y avait un fils de la mer.
Un Njörd, donc, comme le frère de Selvigia. Je compris aussitôt où ça allait.
— Un solitaire, rebelle et arrogant, qui s’était fait emprisonner après avoir essayé de dérober des bijoux dans une petite boutique locale. Pour ma part, mon seul crime avait été d’avoir mes yeux et ma magie en entrant dans une forge, on m’avait soupçonnée de voler même si rien n’avait disparu. Enfin.
Un long soupir lui échappa, et je dus me concentrer pour reprendre mon travail. J’avais arrêté de maltraiter ce pauvre lièvre tandis qu’elle parlait, trop curieuse de connaître la suite.
— Quand les charges contre nous ont été levées, nous avons décidé de rester ensemble. Nous nous sommes établis dans la capitale de Vaksagard, et nous avons établi un commerce… florissant. À base de vol et de revente, évidemment. C’est comme ça que j’ai rencontré Ekrest et Kirstin, d’ailleurs.
Je hochai la tête, mettant lentement en parallèle les différentes histoires qu’elle avait commencé à me raconter depuis qu’elle m’avait révélé sa longue vie d’avant. Elle avait dit qu’elle avait mis quelques années encore à accepter d’entrer à la Confrérie. Quelques années où elle avait certainement continué son « commerce ».
— Lágreth était… inconsistant. Téméraire. Les premiers mois, je ne m’en étais pas tellement rendue compte, parce que j’étais tout aussi folle d’aventures et de larcins que lui, mais par la suite… c’est devenu pesant. Il n’avait jamais de temps pour autre chose que ses nouveaux plans, il risquait la vie de tout le monde, et surtout la mienne. Selon lui, j’étais capable de nous sortir de toute situation. Et la seule fois où il a raté son plan…
Ses yeux se troublèrent, elle n’acheva pas, mais nous avions compris. Je soupirai en embrochant notre repas sur une fine tige de métal qu’elle me tendait, l’installai au-dessus des flammes sur les trépieds qu’elle avait dressés.
— Après ça, j’ai rejoint les rangs et j’ai laissé cette histoire derrière moi. Donc voilà, les enfants, ajouta-t-elle avec un humour sombre, sachez apprendre à vous connaître et sachez partir quand vous risquez d’y perdre plus que vous n’y gagneriez. :arrow: C'est pas plus mal de l'avoir rappelé !
Un silence pesant s’installa, à peine rompu par les premiers grésillements de la viande en train de griller. Selvigia, silencieuse et morose, ruminait son passé, et je compris pourquoi elle avait été aussi grincheuse en arrivant. Nous voir, Kalyan et moi, avait du ramener des souvenirs enfouis depuis longtemps.
Ma sœur ne laissa néanmoins pas le silence alourdir l’ambiance bien longtemps. Après avoir secoué la tête et souri, elle reprit avec un peu plus d’entrain :
— Ok, on a digressé. Désolée d’avoir plombé l’ambiance, mais ça, c’était la première chose. La seconde, elle s’adresse surtout à toi.
Les épaules de Kalyan se raidirent légèrement lorsque ma sœur lui fit face, mais il demeura stoïque.
— C’est une offre… et un avertissement, d’une certaine manière. Je te propose de nous accompagner, au moins sur une partie de notre trajet.
Je cillai.
— Je n’ai pas consulté Lily, mais je suppose qu’elle sera d’accord. On va continuer à traverser Jötunheim, et j’avoue qu’une pile électrique comme toi en appui pourrait bien nous sauver la peau une fois ou deux.
— En fait, tu voudrais m’engager comme mercenaire, résuma-t-il avec ce qui me semblait être un sourire amusé.
Je le considérai avec attention, essayant de voir s’il allait seulement considérer la proposition. Ma sœur, elle, attendait patiemment, sans me regarder. Je souris, réalisant la portée de son raisonnement. S’il acceptait, il serait effectivement d’une aide inestimable en cas de combat. En outre, comme il n’avait rien de mieux à faire pour le moment, il serait peut-être plus enclin à dire oui.
Cela signifiait aussi qu’elle avait laissé ses oreilles traîner durant ma précédente discussion avec Kalyan, où il admettait ne pas savoir quoi faire depuis son bannissement, mais ça, c’était une discussion :arrow: répétition ! pour une autre fois. Et puis, j’avais l’habitude que Selvigia soit au courant de tout. Au Manoir, elle avait le meilleur réseau d’espionnage de la famille, dépassant même Ekrest.
— Tu sais que je suis un Hamershot ? marmonna-t-il après quelques secondes de réflexion.
— Je sais que toi et tes frères, vous êtes des aimants à problèmes, mais je fréquente déjà Lilith au quotidien, ça devrait aller.
C’était la meilleure réponse qu’elle aurait pu donner. Kalyan lui rendit un sourire éclatant, rassuré.
— C’est ok pour moi, acquiesça-t-il. Je n’ai pas mieux à faire, de toute façon.
À bien le regarder, je constatai que ce n’était pas à Selvigia qu’il offrait vraiment sa réponse. Son visage était certes tourné vers elle, mais le reste de son corps était orienté dans ma direction. Je ne pus réprimer un léger sourire.
— Mais, comme je le disais, ajouta ma sœur, il y a un avertissement. Il est possible que tu n’apprécies pas certaines de nos méthodes. Mais pour le temps que tu passes avec nous, tu t’engages à ne pas nous mettre de bâtons dans les roues et à ne pas nous trahir.
Il haussa un sourcil sceptique.
— Si on bosse… ensemble…
Il parut douter sur le mot, et Selvie et moi échangeâmes un regard en coin, accompagné d’un léger sourire. C’était toujours comme ça au début des alliances temporaires entre la Confrérie et les Maisons.
— Ça veut dire qu’on discute des éventuelles stratégies, non ? interrogea-t-il.
— La plupart du temps, répondis-je avant que ma sœur n’ouvre la bouche. Mais il y a toujours au moins un cas de figure où on n’en a pas le temps.
— Et donc ?
— Donc il est possible que nous agissions automatiquement, et ça peut ne pas te plaire, lâcha Selvie un peu sèchement. Et je n’ai pas nécessairement envie de tuer un allié temporaire.
— Tu as une sacrée morale, pour quelqu’un qui bossait il y a peu encore pour la Confrérie... persiflai-je, moqueuse.
— L’un n’empêche pas l’autre, Lilith, c’est juste toi qui ne sais toujours pas distinguer boulot et vie privée.
Mouchée, je fermai mon clapet. Selvie avait rivé son regard turquoise dans celui, azur, de Kalyan, et attendait sa réponse. Le front de ce dernier s’était plissé alors qu’il assimilait lentement ce que, peut-être, la dernière explication impliquait. Après tout, rien n’excluait que nous croisions des Thor sur notre route. Max avait bien été attiré par le pactole sur ma tête, rien n’empêchait que d’autres le soient, et malheureusement, si nous devions tuer nos adversaires pour survivre… nous le ferions. Kalyan se retrouverait pris en plein feu croisé.
— Je comprends, admit-il enfin. Et je l’accepterai tant que c’est nécessaire. Si en revanche, ça ne l’est pas, je partirai.
Impressionnée par la facilité avec laquelle il était parvenu à la fois de se dédouaner de ce qui arriverait en cas d’incident et par son point de vue neutre, professionnel, sur la question, un lent sourire se dessina sur mon visage.
— Ça marche pour moi, acquiesça Selvigia. Lily ?
Je me contentai d’opiner du bonnet. Satisfaite, ma sœur se leva, passa une main dans ses cheveux pour remettre en place une mèche folle échappée de sa queue de cheval, et lâcha avec un léger rictus narquois :
— Parfait. Je vais dormir, me reposer un peu, j’ai pas envie de tenir la chandelle entre vous deux. Réveille-moi quand le lièvre sera prêt.
Je lui rendis un clin d’œil. Elle se détourna, ploya la tête pour se réfugier dans sa tente, me laissant seule avec Kalyan.
Nous devisâmes longtemps à voix basse, parlant de tout et de rien, riant de vieux mythes, nous racontant mutuellement notre trajet jusqu’ici, sans jamais aborder à nouveau aborder les sujets dont nous avions parlé dans les bois. Les mots de Selvigia s’étaient imprimés dans nos esprits, avaient créé une barrière immatérielle. Il n’y avait pas de gêne pour autant, pas de non-dit, et nos silences n’étaient pas lourds de sous-entendus, mais nous avions tous les deux compris ce que ma sœur avait voulu dire.


| † | † |


<=

B'jour,
Il y a trois points pour lesquels j'aime ce chapitre :
- Lilyan ♥
- Selvie (que j'adore vraiment avec son sass et son histoire) ♥
- et la "guérison" de Lily.
Et vous ? :D

Bon par contre get ready, parce que c'était relativement chill ces deux derniers chapitres, et vous savez bien ce que ça veut dire pour les prochains x)
Haha, j'étais super contente de ce chapitre, j'allais crier LILYAN sur tous les toits, dire que j'aime de + en + Selvie et qu'elle a complètement raison pour l'équilibre et la stabilité dans le couple puis
y'a eu ta dernière phrase
"get ready, parce que c'était relativement chill ces deux derniers chapitres, et vous savez bien ce que ça veut dire pour les prochain"
=)
=))))
LOKINETTE.
T'es infernale.
Genre on a pas assez souffert avec toutes les révélations ? (bon, certes, on a pas souffert à proprement dit, c'était plutôt de la stupéfaction, mais bon)

En vrai, ce chapitre :mrgreen:

Lilyan ♥
Selvie ♥
Aaaaah j'ai hâte de voir cette alliance en action. Je pensais pas que Kal allait venir avec eux ! Peut-être rester une nuit, le temps de discuter, de dire à Lily où il allait (puis qu'ils se reverraient plus tard). Mais là il va rester plusieurs chapitres et je suis contente :mrgreen: (bon Oké on va voir comment il réagit mais bon :roll: )

Arf, hâte de lire la suite même si on va souffrir
TcmA

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par TcmA »

Hiello~

C'EST DE LA BOMBE ATOMIQUE. J'AI PAS D'AUTRE MOT. JE. OUI.
J'vais faire court, parce que de toute façon j'ai pas 15 000 choses à dire (je pourrais, mais ça tournerait vite à la logorrhée. Voilà.) : c'est génial.
J'aime teeeeeeeeeeeeeellement Selvi, sérieux, elle est géniale. J'ai adoré tout ce qu'elle dit dans le chap 19, pfouah.
Le coup du shampooing m'a assassinée, c'est exactement le truc que j'adore, je suis d'accord avec Co, c'est totalement un truc Riordanesque (oui oui, c'est un mot), c'est fantastique. Puis au final, tuer un dieu qui était passé en mode Berserk, c'est pas grand chose hein. (Je voudrais pas être Emyja et savoir que Ôké va venir me réduire en charpie. Surtout qu'on a pas encore trop vu ce que les autres peuvent faire... Cache toi bien, Emyja.)
La magie. LA MAGIE. J'adore j'adore j'adore les descriptions, tes idées, WTF d'où ça sort, comment fonctionne ton cerveau je ??? (ouais, bon, c'est plus très français, mais il est tard, ok)
PUIS KAAAAAALIIIIINOUUUUUUU, ça fait plaisir de te revoir choupi ♥
Et Lily qui guérit, qui se guérit, même... ;w; ♥ Continue comme ça.

Enfin. Je dis continue comme ça. Mais te connaissant (et vu ton message), on va prendre c h e r. (Puis on arrive à Mimir, et ça puuuuuuuue, jépeur.)

J'ai remarqué deux petits trucs de rien du tout :
Chap 18 : si la technique était censée était simple
Chap 19 : In bref raid informatique

Voili voilu, j'ai encore bien kiffé, j'ai bien hâte de me faire destroy le cœur aux prochains chapitres ♥

La bise~
vampiredelivres

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Re: Le Cycle du Serpent [II] : L'Alliance des Déchus

Message par vampiredelivres »

louji a écrit : mar. 31 août, 2021 3:11 pm
CHAPITRE 19


Installée en tailleur au bord de ma tente, je rabattis à nouveau la couverture sur mes épaules, et Kal sourcilla en me voyant faire :
— Pas de magie de feu ? Pas de thermorégulation ?
Je haussai les épaules.
— On ne t’a jamais dit qu’il faut réduire ta consommation énergétique ? :arrow: Très midgardien ces réflexions... :lol: Très, oui.

Il s’interrompit, ne sachant probablement pas comment formuler sa peur, ses doutes, ses hésitations, mais je compris. J’étais passée par la même chose que lui, j’avais dû affronter les mêmes démons. Les visages de ceux qui étaient morts, la peur de l’inconnu, la culpabilité de la trahison. J’étais certaine d’avoir agi pour le mieux, d’avoir fait la seule chose honnête et cohérente avec mes valeurs. Mais j’avais libéré des monstres assoiffés de sang, des psychopathes cruels, avides de souffrances. :arrow: Oh, légèrement... À peine… Åke en était l’exemple extrême, mais je doutais que Tyko ou Kirstin soient plus rationnels et avisés que lui. Ensemble, ils avaient tué une trentaine des nôtres, probablement, sans aucun regret ou état d’âme. Kirstin nous aurait certainement tous brûlés si nous n’avions pas réussi à maîtriser sa folie. Et Ekrest… Ekrest, je doutais que la frontière morale qui le transforme en l’un de ces fous furieux soit épaisse… s’il n’avait pas déjà franchi le pas, dévoré par l’envie de vengeance. :arrow: Ouais, on est plusieurs à craindre l'évolution possible d'Ekrest. Même moi :roll: :mrgreen:

— Le pire, c’est de savoir que tu n’as rien fait pour m’y pousser, murmura-t-il finalement. C’était ma décision, du début à la fin. Je ne peux mettre la faute sur personne. :arrow: Pas même une légère intervention de Loki... ? Ouais mais… disons que au bout du compte, il blâmera toujours son mental.

— Parce que la vision que j’avais de toi a évolué avec les différentes vérités que j’ai appris à accepter. Parce que j’ai arrêté de me définir selon celle que j’étais. Je ne suis plus au service de la Confrérie. J’avais promis de t’aider, j’en avais envie, et il n’y a plus de barrières pour m’en empêcher. Donc je suis là maintenant.
C’était si simple, si évident, et pourtant si puissant, que je sentis mes yeux s’humidifier. J’achevais mon deuil de moi-même. Avec cette simple explication, j’acceptais ce que j’avais fait, celle que j’étais devenue. :arrow: Oui, Lily, t'es la best, continue :mrgreen: Alors à ce sujet… :lol:
Je ne dépendais plus de la Confrérie, ni même d’Ekrest. Je pouvais me reconstruire comme je le souhaitais, pas comme quiconque d’autre aurait voulu me modeler. Qu’importe :arrow: importENT ? Merci ! ma peur de l’inconnu, ma crainte de retomber dans mes vieux travers, je deviendrais celle que je voulais être, personne d’autre. Je pouvais le faire.
— C’est marrant, lâche finalement Kalyan dans un soupir, ça parait toujours tellement simple quand c’est toi qui l’expliques.
Je secoue :arrow: présent ? :geek: Hmmmm… :ugeek: la tête, un sourire amer aux lèvres.

Comme la majorité de ceux que je connais, à quelques abrutis près, songeai-je en souriant intérieurement. Au Manoir, on m’avait d’abord prise pour la petite protégée d’Ekrest, mais passés mes dix ans, quand j’avais réellement intégré les effectifs actifs… ils avaient compris que j’étais parfaitement à même de me défendre seule. Mon arrivée dans l’Élite avait bien sûr attisé la haine des traditionalistes et des vieillards grincheux trop sûrs de leurs acquis :arrow: On les connaît Noooon x), provoquant quelques petits affrontements « amicaux » au sein de la famille. Adam et Levi en tête, évidemment, avaient mené les assauts, mais ils s’étaient rapidement – en quelques mois – retrouvés à court de volontaires pour me mettre des bâtons dans les roues. In :arrow: Un ? Aiche, merci ! bref raid informatique, ou alors une mutation malvenue, et les plus belliqueux avaient pris le temps de considérer une seconde fois l’idée de s’opposer à moi.
— Donc, de quoi voulais-tu me parler ? embrayai-je.
Kalyan poussa un nouveau soupir – décidément une habitude chez lui – et répondit en toute honnêteté :
— Je n’ai absolument aucune idée de ce que je peux faire, maintenant que je suis banni.
En principe, tout ce que tu veux, à condition que ta Maison ne te retrouve pas, répondis-je dans ma tête, sans toutefois le formuler à haute voix.
— Je cherche un point de départ, une idée.
— Et c’est vers moi que tu te tournes ? pouffai-je en roulant des yeux. Ok, admettons. Qu’est-ce qui te passionne ? À part frapper les gens, évidemment. :arrow: Ah oué. Il était pas pianiste Kalinou en vré ? Il gère un peu la musique, oui.
Ma dernière remarque, pourtant sarcastique, me valut un regard torve. Je ne retins pas un ricanement, mais attendis patiemment sa réponse, qui tardait à venir.
— En fait… finit-il par marmotter, je n’en ai aucune idée. J’ai fait des études de commerce et une formation manageriale il y a quelques années, mais j’ai tellement perdu de vue la réalité du monde du travail que je ne sais plus vraiment ce que je veux. Ni ce que je vaux d’ailleurs. :arrow: Mais non, go pianiste. Rhoo tu vas pas devenir un vieux manager pas fun là Kalinou, t'as assez nourri le capitalisme. Ouais mais ça pose quelques problèmes. De 1, la subsistance et les revenus financiers, et de 2, la discrétion. S'il devient célèbre, y'a la moitié de la Midgard qui va lui tomber dessus pour le buter vu que c'est un Hamershot x)

— Ce qu’il faut pour une nouvelle vie, répondis-je simplement. C’est la paperasse par défaut, j’en ai fait réimprimer une nouvelle version pour les documents qui comportent une photo. Ils sont censés être arrivés cette semaine. La clé de la boîte aux lettres est au fond de l’enveloppe, l’adresse est sur le post-it aussi. Je te demanderai juste de me remettre la clé dans la boîte aux lettres une fois que tu les auras récupérés.
— Pas de souci. :arrow: Bon, tu déménages où Kalinou ? Qu'on vienne frapper à ta porte 8-) Pas dans un 20m² parisien j'espère... :( Héhéhé, la ref du 20 m² parisien :lol:

— T’étais pas attentive. Imagine que ce ne soit pas moi.
— Je serais morte, répondis-je placidement. Je sais. :arrow: Bon, Selvie, je sais qu'elle était plutôt ok (pas Oké) avec lui, mais Oké... je crois pas qu'il soit ok. En vrai, ils sont au courant, mais ils sont… sceptiques on va dire.
Pour la peine, je lui arrachai des mains le lièvre mort qu’elle tenait par les pattes arrière, aplatis un carré de terre meuble pour faire apparaître une petite table de camping, et sortis un couteau. Ça faisait longtemps que je n’avais pas dépecé un animal. Ça faisait longtemps que je n’avais pas chassé, en fait. Depuis que je n’étais plus sous la tutelle d’Ekrest et qu’il ne m’envoyait pas en montagne pour un mois juste pour un exercice de survie.
— Toujours vivant, toi ? lança ma sœur à l’intention du blond.
— Toujours, oui. D’ailleurs, je ne connais même pas ton nom.
— Eva.
Je sifflotai, et elle me fusilla du regard. Mais Kalyan n’était pas tombé de la dernière pluie non plus.
— Eva, hein ? Eva Selvigia Kaldtjis, à tout hasard ?
— Le hasard fait bien les choses.
— Enchanté.
— On s’est déjà rencontrés.
— Pas formellement. D’ailleurs, où est le troisième ?
Elle soupira, clairement pas d’humeur pour ce genre de petit jeu.
— Enchantée. Et il n’est pas encore revenu.
Y'avait pas de comm à toi ici, mais je le fais remarquer parce que j'en ai envie, j'adore le flow de cette discussion :D

Kal parut quelque peu mal à l’aise, et je compris sans mal ses préoccupations. Il devait être en train de se demander lequel des fous qu’il avait libérés était avec nous… et malheureusement pour lui, c’était loin d’être le plus bienveillant. La rencontre pourrait même être plutôt explosive, puisque Kalyan était responsable d’années de torture sur Åke, et même sur les autres Élites déchus en général. C’était plus que légitime qu’il craigne une éventuelle vengeance. Et, sincèrement, je n’étais pas totalement sûre qu’il ait tort de s’y attendre. Åke était au courant de ma rencontre prévue avec Kalyan, mais je n’arrivais pas à prévoir son comportement. Il était trop vieux, trop changeant. :arrow: Bon, Kolïn poisson rouge avait oublié.
Tiens, je te remets la discussion en question

Spoiler
CHAPITRE 16
— Pourquoi vouloir aider le Hamershot ?
Absolument pas préparée à ce genre d’entrée en la matière, je cillai.
— Qu’est-ce que…
— J’ai parlé à Ekrest, compléta-t-il de but en blanc. Et nous ne comprenons pas, ni lui, ni moi, mais lui ne se sentait pas prêt à t’en parler.
J’inclinai la tête sur le côté, surprise, luttant pour mettre un peu d’ordre dans mes pensées. Ekrest n’avait pas osé venir me parler de Kalyan.
D’une certaine manière, je préférais que ce soit ainsi. Son avis m’aurait certainement influencée, que je le veuille ou non, et je voulais être maîtresse de mes décisions, au moins sur ce sujet-là. Mais, d’un autre côté, ça en disait long sur le fossé qui s’était creusé entre nous. À l’époque où nous vivions au Manoir, il ne s’était jamais privé de venir me parler de Sam et de ma relation avec lui, ou alors de mes liens – et liaisons – avec certains de mes contacts.
— Je suppose que… J’ai l’impression qu’on lui doit beaucoup, en fait, répondis-je finalement, pesant chaque mot. Selvigia aurait probablement pu me sortir de là sans trop de dommages du côté des nôtres, mais on aurait alors dû monter une seconde expédition pour aller vous chercher, vous, ou négocier votre libération… ça aurait coûté énormément de temps et d’argent. Dans la mesure où Kaiser aurait été disposée à mettre les ressources de la Confrérie à disposition. Et je ne suis pas sûre que ça aurait été le cas.
Ma tirade n’obtint qu’un silence, qui me poussa très vite à poursuivre :
— Et puis, lui aussi s’en veut pas mal de ne pas être intervenu plus tôt.
Åke rit jaune, sceptique, mais je ne lui laissai pas le temps de m’interrompre.
— Ce qui veut dire qu’il a l’impression de me devoir quelque chose, lui aussi. Et ça, ça peut être exploité.
C’était certes pousser le raisonnement à l’extrême, et taire une partie de la vérité, mais j’eus l’impression d’avoir été un peu plus convaincante, ce qui n’était pas une mauvaise chose, à mon sens. Si je pouvais éviter qu’Åke ne transperce Kalyan de l’une de ses aiguilles de lumière à l’instant même où il le verrait, ce serait déjà un grand pas en avant.
— Et c’est tout ? m’interrogea-t-il.
— Non, rétorquai-je sèchement, mais le reste ne te concerne pas.
Je devinai un léger éclat de rire, et me détendis imperceptiblement. S’il le prenait comme ça, on pouvait peut-être s’entendre. Peut-être.


Après avoir taillé des bûches en quantité suffisante pour alimenter le feu durant quelques heures, Kalyan les amena à ma sœur, et ils s’assirent en demi-cercle autour du feu, chacun sur leur chaise de camping. Un silence, entrecoupé de ragoûtants :arrow: ragoûtants ou dégoûtants ? Plutôt dégoûtants non ? :geek: Une note d'italique pour rajouter le sarcasme je pense… bruits de chair et de sang qui gouttait entre mes mains, s’installa.

Nous échangeâmes un regard, et il me rendit le bref sourire que je lui adressai. Aujourd’hui, nous étions sur un pied d’égalité, loin des joutes verbales et des marchés biaisés. Auparavant, je ne l’avais vu que dans des environnements aseptisés, cliniques, dans une position de dominant. Il avait toujours maîtrisé le terrain, l’heure des échanges, la durée de ceux-ci, les informations qu’il détenait. Désormais la dynamique entre nous était toute autre ; j’étais à même de me défendre, je pouvais même être en position de force. Une certaine forme d’équilibre était revenue. :arrow: Et c'est très bien comme ça :roll: On est d'accord.
— Bon, soupira Selvie, je voudrais revenir sur un truc.
Je donnai un coup sec de hachoir sur le cou du lièvre, décollant la tête du reste du tronc et plongeai ma main dans l’ouverture pour tirer sur les entrailles. Ma sœur leva la tête vers moi, roula des yeux, et reprit :
— Toujours aussi délicate à ce que je vois. Bref. Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, et ce qu’il y a entre vous deux ne me regarde pas.
Kalyan ne dit rien, et pour ma part, j’avais les mains un peu trop occupées pour manifester une quelconque réaction. Ma table de travail inclinée vers le feu dégoulinait de sang encore frais. On avait connu plus charmant comme cadre de discussion, mais je n’étais pas vraiment là pour faire dans la finesse après tout.
— Tu dis ça comme si tu comptais me remonter les bretelles dans vingt secondes… souris-je enfin en une faible tentative pour alléger un peu l’atmosphère qui se faisait pesante.
Elle pouffa, mais la lueur sérieuse ne déserta pas son regard. Le silence de la forêt nous enveloppa quelques instants avant que sa voix, basse mais claire, douce mais ferme, ne s’élève à nouveau.
— Mais je voudrais quand même vous faire une remarque, parce que je suis passée par là aussi, fut un temps. :arrow: Ah ? 8-) Wi :mrgreen:
J’aurais dû être surprise, mais l’étonnement ne fit que glisser sur moi comme une vague glacée, me submergeant un instant, disparaissant la seconde d’après. Elle avait quatre cents ans. Elle avait certainement déjà expérimenté tout ce que je traversais. Elle ne me l’avait juste jamais dit.
— Vous ne vous connaissez pas.
Kalyan ouvrit la bouche pour protester, mais elle lui coupa l’herbe sous le pied :
— Pas dans le sens où vous ne savez rien sur l’autre, mais dans le sens où vous n’avez jamais réellement vu l’autre agir naturellement au quotidien. Vous vous faites déjà un minimum confiance, c’est top, mais… apprenez à vous connaître vraiment. :arrow: Ouais, je suis bien d'accord Mme Selvie. Yé, la voix de la raison qui débarque.

— Après ça, j’ai rejoint les rangs et j’ai laissé cette histoire derrière moi. Donc voilà, les enfants, ajouta-t-elle avec un humour sombre, sachez apprendre à vous connaître et sachez partir quand vous risquez d’y perdre plus que vous n’y gagneriez. :arrow: C'est pas plus mal de l'avoir rappelé ! Franchement, oui ! D'autant plus qu'eux-mêmes ne savent pas trop où ils en sont entre eux pour le moment, mais bon.

Je le considérai avec attention, essayant de voir s’il allait seulement considérer la proposition. Ma sœur, elle, attendait patiemment, sans me regarder. Je souris, réalisant la portée de son raisonnement. S’il acceptait, il serait effectivement d’une aide inestimable en cas de combat. En outre, comme il n’avait rien de mieux à faire pour le moment, il serait peut-être plus enclin à dire oui.
Cela signifiait aussi qu’elle avait laissé ses oreilles traîner durant ma précédente discussion avec Kalyan, où il admettait ne pas savoir quoi faire depuis son bannissement, mais ça, c’était une discussion :arrow: répétition ! LA DISCUSSIÓN (à lire avec un accent espagnol pourri :lol: ) pour une autre fois. Et puis, j’avais l’habitude que Selvigia soit au courant de tout. Au Manoir, elle avait le meilleur réseau d’espionnage de la famille, dépassant même Ekrest.


| † | † |


<=

Haha, j'étais super contente de ce chapitre, j'allais crier LILYAN sur tous les toits, dire que j'aime de + en + Selvie et qu'elle a complètement raison pour l'équilibre et la stabilité dans le couple puis
y'a eu ta dernière phrase
"get ready, parce que c'était relativement chill ces deux derniers chapitres, et vous savez bien ce que ça veut dire pour les prochain"
=)
=))))
LOKINETTE.
T'es infernale.
Genre on a pas assez souffert avec toutes les révélations ? (bon, certes, on a pas souffert à proprement dit, c'était plutôt de la stupéfaction, mais bon)

En vrai, ce chapitre :mrgreen:

Lilyan ♥
Selvie ♥
Aaaaah j'ai hâte de voir cette alliance en action. Je pensais pas que Kal allait venir avec eux ! Peut-être rester une nuit, le temps de discuter, de dire à Lily où il allait (puis qu'ils se reverraient plus tard). Mais là il va rester plusieurs chapitres et je suis contente :mrgreen: (bon Oké on va voir comment il réagit mais bon :roll: )

Arf, hâte de lire la suite même si on va souffrir
Hellow,

Ouiiii, je sais, je suis géniale :roll: :lol:
On en parlait sur Discord, ces derniers chapitres étaient surtout chargés en révélations et en combats, mais sans beaucoup d'impact direct sur Lily… donc bon. :mrgreen:
On est d'accord, ♥
Oké… Oké c'est un cas. Tu verras bien ^^

À plouche !


TcmA a écrit : jeu. 02 sept., 2021 10:36 pm Hiello~

C'EST DE LA BOMBE ATOMIQUE. J'AI PAS D'AUTRE MOT. JE. OUI.
J'vais faire court, parce que de toute façon j'ai pas 15 000 choses à dire (je pourrais, mais ça tournerait vite à la logorrhée. Voilà.) : c'est génial.
J'aime teeeeeeeeeeeeeellement Selvi, sérieux, elle est géniale. J'ai adoré tout ce qu'elle dit dans le chap 19, pfouah.
Le coup du shampooing m'a assassinée, c'est exactement le truc que j'adore, je suis d'accord avec Co, c'est totalement un truc Riordanesque (oui oui, c'est un mot), c'est fantastique. Puis au final, tuer un dieu qui était passé en mode Berserk, c'est pas grand chose hein. (Je voudrais pas être Emyja et savoir que Ôké va venir me réduire en charpie. Surtout qu'on a pas encore trop vu ce que les autres peuvent faire... Cache toi bien, Emyja.)
La magie. LA MAGIE. J'adore j'adore j'adore les descriptions, tes idées, WTF d'où ça sort, comment fonctionne ton cerveau je ??? (ouais, bon, c'est plus très français, mais il est tard, ok)
PUIS KAAAAAALIIIIINOUUUUUUU, ça fait plaisir de te revoir choupi ♥
Et Lily qui guérit, qui se guérit, même... ;w; ♥ Continue comme ça.

Enfin. Je dis continue comme ça. Mais te connaissant (et vu ton message), on va prendre c h e r. (Puis on arrive à Mimir, et ça puuuuuuuue, jépeur.)

J'ai remarqué deux petits trucs de rien du tout :
Chap 18 : si la technique était censée était simple
Chap 19 : In bref raid informatique

Voili voilu, j'ai encore bien kiffé, j'ai bien hâte de me faire destroy le cœur aux prochains chapitres ♥

La bise~
Bonjour x)

La logorrhée… ah non, on l'a esquivée ! :D
Selv, c'est vraiment la petite lumière du dernier chapitre, ses petites réflexions, son ton, ses réactions et son histoire… ♥
Riordanesque je valide, c'est comme ekrestien, ça intègre le vocabulaire :lol: Mais ouais, c'est quoi tuer un dieu après tout ? :roll: (Pauvre Emyja, elle est en PLS là mais elle a encore aucune idée de ce qui l'attend !)
Tiens comme ça, tes deux moves de magie préférés dans les derniers chapitres ?
Kalinou choupi ♥

Merci pour les corrections !

Allez, have fun au prochain chapitre !
La bise ~
vampiredelivres

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Le Cycle du Serpent [II] : L'Alliance des Déchus

Message par vampiredelivres »

Bonjour.
Don't say I didn't warn you :twisted:
(Et ne lisez pas la dernière phrase avant d'avoir lu le reste du chapitre, ça pourrait vous porter préjudice.)
^^


CHAPITRE 20


Bien des heures plus tard, en entendant des pas lourds, familiers, qui ne se voulaient pas discrets, je relevai le nez, haussai un sourcil en direction d’Åke, qui s’approchait. Comme d’habitude, son visage n’était qu’un masque figé, peu avenant, mais, pour une fois, j’avais l’impression de discerner dans sa démarche souple et son regard inflexible une pointe de détermination que je n’y avais jamais vue auparavant, si ce n’était dans son combat avec Vali.
— J’ai trouvé Mímir, lâcha-t-il de but en blanc, il accepte de nous parler.
J’acquiesçai doucement, me redressai en silence, et me dirigeai vers la tente de Selvigia, qui dormait à nouveau à poings fermés. Ce voyage nous avait tous épuisés, mais pour ma part, j’étais retombée dans mon mode de fonctionnement militaire, où j’enchaînais près de trois journées d’affilée, puis je dormais durant près de vingt heures pour compenser. Selvigia, elle, préférait alterner entre courtes périodes de sommeil et d’éveil, mais malheureusement pour moi, cela influait beaucoup sur son moral au réveil. Ainsi, à l’instant où je la secouai par l’épaule, ses paupières se soulevèrent brutalement, et une dague apparut dans sa main.
— Debout marmotte, souris-je avant qu’elle ne me saute à la gorge.
C’était comme un signal, entre nous. Si on usait du terme « marmotte », c’était la bonne personne qui nous avait réveillée. Ce qui n’était pas toujours le cas. Le problème, avec notre fratrie de métamorphes, c’était que Selvie n’était pas toujours Selvie, et je n’étais pas toujours moi. Il m’était arrivé plus d’une fois que la véritable Selvigia vienne me voir et qu’elle me parle d’une discussion que je ne me souvenais pas avoir eue avec elle. Après maintes recherches, il s’avérait souvent que Levi ou Adam, parfois les deux, étaient dans le coup, même si on n’avait jamais de preuve plus tangible qu’un petit sourire narquois et suffisant. Théoriquement, se faire passer pour un autre Loki était une pratique interdite dans l’enceinte des bâtiments de la Confrérie, afin d’éviter les problèmes internes, les informations qui circulaient mal, et autres. Dans les faits… il m’était aussi arrivé quelques dizaines de fois de contourner l’interdit.
— Qu’est-ce qu’il y a ? marmonna-t-elle, encore assoupie.
— Mímir, répondis-je simplement.
Elle grommela dans sa barbe, grincheuse, et je souris. Selvigia était aussi ronchonne qu’un ours mal léché au réveil, probablement à cause du temps qu’elle avait passé à fréquenter les sales bêtes d’Alfheim. Les seuls matins où elle était presque abordable, c’était quand elle avait passé la nuit avec quelqu’un. Et encore.
Toujours accroupie, je reculai jusqu’à l’extérieur de la tente pour la laisser sortir tranquillement. Elle plissa les yeux en mettant le nez dehors, s’étira longuement, bâilla, puis leva le menton en direction de la tente de Kalyan sans émettre un son. Je secouai la tête de gauche à droite, me redressai à mon tour. Si Kal était là depuis deux ou trois jours, comme il me l’avait dit, il avait largement eu le temps d’aller consulter Mímir par lui-même, on n’avait pas besoin de l’attendre. En outre, nos questions étaient plutôt… délicates.
Ainsi, nous nous éloignâmes côte à côte d’un pas rapide, en direction du sous-bois situé non loin. Après seulement quelques mètres de marche en forêt, je distinguai le gris du ciel qui se reflétait dans une profonde étendue étale, à peine parcourue de vaguelettes. Loin de la rive, au milieu de la source, l’immense racine par laquelle nous aurions pu descendre – s’il n’y avait pas eu Hræsvelgr pour nous pourchasser – plongeait dans les profondeurs de la terre pour la soutenir. Je pris une inspiration tendue en parvenant à découvert, loin des barrières d’invisibilité que nous avions érigées autour de notre campement. Personne ne savait qui nous guettait et voulait potentiellement notre tête.
Un vent froid caressait ma peau, soulevait mes cheveux et agitait les rares brins d’herbe qui poussaient difficilement entre les graviers boueux aux abords du lac. Les quelques rares rayons de soleil qui parvenaient à franchir l’épaisse barrière nuageuse faisaient scintiller les eaux grises d’un éclat argenté, semblable à celui des yeux d’un Týr, sans toutefois parvenir à réchauffer ma peau. Un doux parfum aquatique, presque iodé, flottait dans l’air. Et, à quelques pas seulement du bord, seule dans l’immensité étale de la source, auréolée de cheveux grisonnants mi-longs, flottait une tête.
À travers ses paupières mi-closes, ses yeux vert d’eau nous guettaient, suivaient notre déplacement progressif. Elle ne flottait pas exactement à l’horizontale, mais plutôt en biais : la totalité de son cou nettement tranché, ainsi que le bas de son menton, étaient immergés, mais pas le haut de ses oreilles. Le dieu – ou du moins, ce qui en restait – avait le visage d’un homme d’une soixantaine d’années, des rondeurs aux joues, un semblant de double menton, des sourcils broussailleux et des plis de vieillesse qui striaient son front, ses tempes, ses joues et son menton. Ces rides trop profondes creusaient ses traits, atténuaient la douceur de son regard vitreux, glaçaient le fin sourire qui étirait ses lèvres. Il paraissait à la fois étrangement doux, et terriblement cruel. Comme la vérité, eus-je le temps de songer avant de ployer le genou face à lui, à l’instar de mes deux compagnons.
Flottant paisiblement dans son petit lac, Mímir darda son regard en direction d’une petite plaque de pierre brute placée à quelques pas de là, gravée de trois lignes de fines inscriptions en runique. Étant la plus proche, je tendis le cou pour la déchiffrer, lus à haute voix pour Selvie et Åke.
— Une question par personne. Un clignement de paupières signifie « oui », deux signifie « non ». Posez d’abord votre question, buvez ensuite l’eau de la source si je réponds oui.
Comme pour approuver, Mímir cligna des paupières une fois. Je me tournai vers les deux autres.
— Qui commence ?
Selvigia baissa le nez, et je souris. La répartition que nous avions établie en chemin ne lui plaisait pas, et je le comprenais. Si, réellement, j’étais l’Élue, cela aurait été à moi de demander où était la prison de Père. Mais la vérité était qu’elle connaissait mille fois mieux que moi les Neuf Mondes. Mais nous avions préféré nous donner deux chances de poser la même question, quitte à ce que l’une de nous deux en paye le lourd tribut. Et Selvigia avait l’heur de demander en premier.
— J’y vais, répondit finalement Åke avec un soupir. Seigneur Mímir, pouvez-vous m’expliquer le rôle et les pouvoirs de l’Élu de Loki ?
Un puissant souffle de vent agita le agitait le feuillage dans notre dos. Lentement, comme au ralenti, Mímir battit une fois des paupières. Åke plongea ses doigts dans l’eau de la source, en recueillit assez pour une gorgée, et la but, et riva son regard dans celui du dieu. Une vingtaine de secondes s’écoulèrent dans le mutisme le plus total, mutisme durant lequel je détaillai les traits creusés du décapité. L’énergie faisait vibrer l’air ambiant. Même sans être une spécialiste du flux magique, je le percevais alors qu’il allait d’Åke à Mímir, de Mímir à Åke. Puis, finalement, mon demi-frère hocha la tête, et souffla d’une voix rauque, furieuse :
— Je le jure sur le Leiptr.
Un frisson parcourut mon échine. Les secondes s’écoulèrent et, même si je n’entendis strictement rien de l’échange entre la divinité et mon frère, je sentis qu’ils dialoguaient. Le flux magique pulsait autour d’eux, intense, nettement perceptible.
La curiosité étant plus forte que la nervosité qui m’avait paralysée jusque-là, j’adressai un hochement de tête à Selvigia pour lui faire signe que je voulais être la suivante. Elle ne protesta pas. Au contraire, même, ses épaules se détendirent imperceptiblement, comme si elle ne voulait vraiment pas parler à la tête.
Je pris une inspiration crispée en sentant finalement les yeux verts d’eau perçants se ficher sur moi. Je n’avais même pas eu besoin de parler, il avait deviné. Mon souffle était haché, nerveux, sans que je ne sache vraiment pourquoi. Je n’avais aucune idée du paiement que le dieu allait réclamer de ma part, je n’étais même pas sûre qu’il veuille répondre à ma question, et pourtant, la simple sensation de son regard lumineux interrogateur posé sur moi me faisait frissonner.
— Où est située la prison de Loki et comment y accéder ?
À trois reprises, mon cœur cogna fort contre ma cage thoracique, avant que les paupières de Mímir ne s’abaissent une seule fois. J’expirai lentement, soulagée, tendis les mains en coupe en avant et les plongeai sous la surface étale en y créant une série d’onde concentriques, puis les portai à mes lèvres.
L’eau avait le parfum de la nuit, le goût que j’aurais associé aux étoiles : une saveur glacée, légèrement piquante, qui coupait le souffle et éclaircissait l’esprit. Je battis plusieurs fois des cils, une étrange lucidité chassant toutes les pensées et émotions parasites qui avaient jusque-là alourdi mes réflexions. Face à la froideur qui se déversait dans mon corps, elles s’évanouirent simplement, reléguées à l’arrière plan.
— C’était une question précise, souffla une voix rauque, masculine, dans mon esprit, s’enroulant autour de mes perceptions avec la douceur d’un serpent. Pas besoin de parler à haute voix, j’entendrai tes pensées pour peu que tu me les adresses.
À peine étonnée d’entendre Mímir converser avec moi par télépathie, je relevai la tête, et plantai mon regard turquoise dans celui, translucide, de mon interlocuteur. S’il y avait une chose que j’avais appris, depuis mes premières années à la Confrérie, c’était à poser des questions spécifiques, qui ne laissaient que peu de marge de manœuvre… et donc peu de mensonge direct.
— J’ai besoin de réponses, projetai-je prudemment en direction du dieu.
Il ne cilla pas, mais je crus deviner une pointe d’amusement dans les émotions qu’il me renvoyait.
— Mais d’abord, il faut que tu connaisses le prix de cette question.
Il fit une brève pause, durant laquelle je me contentai d’attendre, apaisée par le calme des environs et la tranquillité de notre discussion actuelle.
— Tu devras sacrifier ta pyromagie.
Mon souffle frigorifié par l’eau que j’avais bue cristallisa dans ma poitrine, je retins ma respiration. Mon sang se glaçait dans mes veines, ralentissant les battements de mon cœur, mon esprit paralysé par le froid ne parvenait pas à formuler une seule pensée cohérente. J’avais l’impression de geler de l’intérieur. L’espace de quelques secondes, une éternité sembla s’écouler.
— Absolument pas.
Je n’avais pas réfléchi. Je n’avais pas essayé de formuler une phrase construite, d’expliquer, de négocier. Le refus était instinctif, presque immédiat, indiscutable. Ma magie était une part de moi, une part que je n’étais pas prête à céder au premier venu, fusse cela pour mon père.
— C’est le prix à payer pour la libération d’un dieu. Et en plus, c’est une faveur que je te fais, ajouta Mímir avec une pointe de sarcasme dont je ne parvins pas à comprendre l’origine.
— Il en est hors de question, rétorquai-je, crispée. Je ne céderai pas ma magie de feu.
— Il n’y a rien qui te pousse à te décider maintenant. Je ne risque pas de bouger d’ici. Prends le temps d’y réfléchir.
J’avais beau être certaine qu’il n’était pas capable de bouger ses lèvres, j’avais l’impression que son fin sourire s’était fait plus cruel, presque provocateur. Comme s’il savait quelque chose que j’ignorais, comme s’il y avait entre les dieux une mauvaise blague qui circulait à mon propos. Ses yeux lumineux, vides d’émotions, me scrutaient avec une acuité dérangeante, ne me lâchaient pas une seconde. Je basculai mon corps en arrière, m’accroupis, en appui précaire sur mes talons, dédaignant l’honneur que j’étais censée témoigner au dieu de la sagesse.
— Je suis prête à payer un autre prix que celui-ci.
— Odin a renoncé à son œil pour apprendre le secret des runes, pourtant, susurra-t-il, venimeux, et il a passé neuf jours et neuf nuits suspendu par les pieds à l’Yggdrasil, transpercé par une lance.
Je me braquai en percevant la pointe de fiel provocateur dans sa voix, comme s’il essayait de me pousser à accepter en me donnant des exemples d’autres qui l’avaient fait. Il n’y avait aucune raison pour que ce soit la mention d’Odin qui me décide à accepter son marché.
D’un autre côté, je comprenais les enjeux. Moi, petite fille que j’étais, je demandais où était emprisonné le dieu le plus férocement gardé. Mais ma magie… elle était partie intégrante de ce que j’étais. Sans elle, je n’étais plus exactement moi. Je n’étais plus Lilith Síverdín Lokadóttir, j’étais juste Lilith Síverdín. Et elle, je ne savais pas exactement qui elle était. C’était une inconnue, celle qui n’avait pas été élevée par Ekrest, celle qui était purement humaine.
— Odin est vieux, et sénile, paraît-il, sifflai-je en retour, ce qui n’est pas mon cas. Merci pour m’avoir proposé vos conseils avisés, seigneur Mímir, mais je me débrouillerai sans.
Ses yeux scintillèrent d’une sorte de colère réprimée, mais sa voix était neutre et froide lorsqu’il me répondit :
— Très bien. Mais les géants n’ont pas la réponse, si c’est ce que tu espères.
Sa présence, jusque-là enroulée autour de mon esprit comme un serpent dans son nid, se dissipa brusquement. Je chancelai, faillis tomber la tête la première dans la source d’eau glacée, m’appuyai d’extrême justesse sur mes poings fermés. Les cailloux boueux m’éraflèrent les phalanges, Selvigia et Åke me jetèrent un regard étonné, légèrement sceptique. Je haussai les épaules, refusant de parler, fis signe à ma sœur d’y aller. Blême, elle prit une profonde inspiration, étendit légèrement le cou, crispa ses épaules comme si cela allait lui donner du courage.
— Où se situe l’entrée de la caverne de Loki ?
Cette fois-ci, Mímir ne mit pas plus d’une seconde à répondre. Ses paupières s’abaissèrent une fois, puis se relevèrent, puis s’abaissèrent à nouveau. De pâle, ma sœur devint brutalement livide, elle recula imperceptiblement en arrière, comme si elle fuyait. J’esquissai une grimace lorsque sa voix s’éleva à nouveau, tremblante, mal assurée.
Sans parvenir à réprimer un rictus à la fois dépité et irrité, je me redressai, inclinai la tête en un semblant de salutation respectueuse, et m’en allai, malgré le vent qui soufflait en direction du lac comme pour me pousser dans cette direction.
Parvenue dans notre clairière bien avant Selvigia et Åke, je trépignai un moment devant les tentes, partagée entre la frustration et le dépit. Mais, finalement, avec une grimace rageuse, je fonçai m’enfermer dans ma couchette, tirai la fermeture éclair sur les yeux turquoise interrogateur de ma sœur et de mon frère, et me glissai dans mon sac de couchage sans trop réfléchir.

| † | † |


Je m’accroupis, les yeux rivés sur le lac étale qui se trouvait juste devant moi. La lune était haute, mais voilée par une fine couche de nuages gris qui dispersaient la lumière blanche dans toutes les directions, nimbant les lieux d’une clarté argentée. De l’autre côté du lac, les silhouettes distantes de hauts conifères formaient une masse sombre et menaçante, qui bruissait et crissait sous l’effet des bourrasques de vent froid. Lorsque l’air froid chatouilla ma peau, hérissant mes poils, je me crispai, même si je n’étais que dans un rêve.
— Dæmona.
Je tressaillis. La voix avait résonné dans mon dos. Pour une fois, Loki n’était pas dans le lac, comme il avait l’habitude d’être au début de nos rencontres, il était déjà debout sur la rive. Je sentis ses doigts brûlants se poser sur mes épaules, ses ongles se refermer sur ma chair comme des serres de rapace. Il se pencha en avant, et je devinai un sourire cruel dans sa voix lorsque son souffle chaud effleura mon oreille.
— Qu’est-ce que ça fait de pouvoir se promener librement dans les Neuf Mondes ?
Un étau d’acier comprima brutalement ma cage thoracique, je cessai de respirer. Je venais de réaliser. Pourquoi cela faisait des heures que je tournais en rond dans ce rêve, pourquoi je n’étais pas capable de m’éloigner de ce petit lac ni de me réveiller.
Alors je gardai le silence. De toute manière, je ne pouvais pas me défendre. Je n’avais aucune justification pour mon refus, aucune autre que mes envies. Mais je n’allais pas accepter. C’était ma magie dont on parlait, mon existence qui allait changer si j’acceptais le marché de Mímir. Loki était certes enfermé depuis des millénaires, mais c’était de sa faute uniquement. C’était lui qui avait provoqué la mort de Baldr, c’était lui qui s’en était ouvertement vanté au banquet d’Ægir. Son emprisonnement, il ne pouvait le reprocher qu’à lui-même. Je n’étais pas tenue de l’aider, pas plus qu’un autre de ses enfants. Et, parmi tous mes frères et sœurs, personne ne paraissait réellement enthousiaste à cette idée, ou du moins, personne n’était assez motivé pour transformer l’idée en action.
Soudain, les eaux calmes du lac se muèrent en un gigantesque brasier. Les flammes rugirent, voilant la forêt de l’autre côté, leurs crépitements emplirent mes oreilles. La fumée envahit mes poumons, la chaleur déferla sur mon visage, la luminosité m’obligea à plisser les yeux. Je toussai, voulus reculer, mais les mains implacables de mon père me maintenaient agenouillée face au feu.
— Vois-tu, Dæmona, chuchota-t-il à mon oreille, tu es mienne. Peu importe ce que je veuille faire avec toi.
Ses ongles s’enfoncèrent dans ma chair, déchirant le tissu de mon T-Shirt qui déjà commençait à se dessécher et à coller à ma peau moite. S’appuyant sur moi sans violence, il me poussa vers l’avant, et le haut de mon corps se rapprocha encore un peu des flammes. Je gémis de douleur. Des larmes, provoquées par la chaleur et la luminosité, se déversaient de mes paupières closes, la fumée âcre brûlait mon nez et ma gorge. J’avais terriblement chaud. Encore quelques centimètres, et les flammes les plus proches m’effleureraient les joues.
Pourtant, je demeurai muette, raidie, immobile. Une détermination glacée avait paralysé mon cœur, figé mes pensées autour d’une simple idée. Ne pas céder.
J’avais passé des mois emprisonnée. Mais mon père était au courant. Lorsqu’il m’était apparu en rêve au Q.G. des Thor, il m’avait dit qu’il voulait que je retrouve les autres Élites. Qu’il était désolé que je passe par l’emprisonnement, mais que c’était nécessaire. Autrement dit, il était pleinement conscient de ce que Kaiser tramait lorsqu’elle m’avait envoyée à la mort. Pire, il l’avait soutenue en choisissant Levi comme Élu, en me précipitant entre les griffes des Thor. Mais n’étais-je pas celle qui était censée être désignée ? N’étais-je pas celle sur qui sa liberté reposait ?
— J’admire ta détermination, crois-moi. Et je comprends ton ressentiment. Mais je n’ai pas besoin que tu m’aimes, j’ai seulement besoin que tu te rappelles que c’est grâce à moi que tu es libre. Ton petit fils de Thor aura beau s’en vouloir autant qu’il veut, il n’aurait jamais rien fait s’il n’y avait pas un serpent pour l’y inciter…
La souffrance était atroce. Les larmes qui coulaient s’évaporaient à l’instant où elles sortaient à l’air libre, brûlant ma peau, qui s’était en quelques dizaines de secondes desséchée au point de commencer à se craqueler. Un trouble brumeux, dû au manque d’oxygène, avait envahi mon esprit ; j’étais à peine capable de respirer dans les épaisses volutes de fumée noire. Je me sentais sur le point de m’évanouir, mais je refusais de céder.
— Pourquoi… vous ne torturez… pas… Emyja ? parvins-je à crachoter entre deux inspirations saccadées.
La mention du nom me valut un bref plongeon la tête la première dans les flammes. Je hurlai en sentant leurs caresses incendiaires sur ma peau, me débattis instinctivement, mais la prise de mon père était bien trop ferme.
— Chacune son tour, siffla la voix vipérine, ténue dans le rugissement des flammes. J’ai encore besoin d’elle pour le moment. Mais le jour où je serai libre, il n’y aura aucun Monde dans lequel elle pourra se cacher pour m’échapper.
Il me tira à nouveau en arrière. Un frisson me parcourut toute entière, je grondai sourdement, à peine capable d’entrouvrir les lèvres J’aurais voulu parler. Lui demander en quoi quelques centaines d’années changeraient quelque chose. Mais je n’en étais pas capable, je souffrais trop. Je sentais ma peau carbonisée, noircie, qui hurlait au martyre, mon corps qui me suppliait de m’éloigner de cette source de chaleur, de fuir, de faire ce qu’on me demandait pour simplement cesser d’avoir mal.
Les yeux clos, paralysée par la souffrance aiguë qui irradiait maintenant de l’ensemble de mon visage, la respiration haletante, je luttai pour replonger en arrière, m’enfermer dans mes souvenirs. J’avais survécu à près de trois mois de torture chez les Thor sans jamais lâcher une information, malgré la douleur, malgré la tentation, malgré les heures de terreur, de doutes et d’insomnies. Je n’avais pas cédé face aux coups, aux lames, aux brûlures, au froid ou à l’hypnose. Je pouvais survivre à mon père. Il avait beau être un dieu, il demeurait prisonnier à des milliers de kilomètres de là. La seule chose que je pouvais craindre de sa part, c’étaient les cauchemars qu’il m’imposerait.
À travers mes lèvres fendillées par la chaleur, brûlées par les flammes, j’expirai un souffle haché, puis pris une inspiration tendue. Je n’avais aucune raison de lâcher prise aussi aisément. Loki était mon père. Je le respectais, mais s’il avait réellement besoin de moi, il allait devoir y mettre du sien. Les Thor m’avaient au moins appris une chose, c’était que me laisser extorquer n’était pas une option. Plus maintenant, en tout cas.
Le cauchemar se poursuivit. Après une demi-douzaine d’allers-retours entre l’air vicié par la fumée et le brasier, mon visage n’était qu’une affreuse masse de chair carbonisée, si profondément brûlée que je ne ressentais plus rien. Il n’y avait plus d’épiderme, le derme était profondément entamé, et je savais que, pour peu que ce n’ait pas été un rêve, je serais décédée d’asphyxie depuis longtemps. Mais, par la magie du monde onirique dans lequel j’évoluais, j’étais encore vivante, je respirais encore. Douloureusement, certes, parce que la fumée agressait le peu de tissus encore présents dans ma gorge, mais je respirais.
Ainsi, lorsque mon père me relâcha, conscient que je n’aurais plus mal maintenant que mes terminaisons nerveuses avaient été calcinées, mon premier réflexe fut de ramper loin des flammes. Ce fut seulement lorsque la chaleur environnante décrut quelque peu que je m’affalai sur l’herbe sèche, la peau moite, le souffle court.
Au bout du compte, la pire souffrance n’était pas celle du corps. C’était celle de l’esprit. Savoir que j’étais née dans la famille qui me traiterait avec le moins de considérations. Certains de mes frères et sœurs voulaient ma mort et mon père, pour peu que je lui déplaise, me torturait sans l’ombre d’un remords. Et pourtant, j’étais incapable de le haïr. Étalée sur le sol, le cœur en vrac, l’âme en miettes, je me sentais incapable d’éprouver envers lui cette fureur meurtrière que j’avais souvent ressentie face aux Thor.
— Pourquoi m’avoir choisie moi ? haletai-je.
Depuis qu’il m’avait libérée, Loki ne s’était pas détourné des flammes. Malgré ma voix rauque, à peine audible, il ne me coula pas un regard. Il se contenta de répondre, l’air distant :
— Je ne t’ai pas choisie.
Je cillai. Un instant, une terreur primitive, aiguë, venue de nulle part, déferla dans mes veines. Mon cœur rata quelques battements, tambourina violemment dans ma poitrine, luttant pour retrouver un rythme normal. Loki pivota dans ma direction. Dans le contre-jour provoqué par les flammes, si lumineuses que leur éclat devenait douloureux, ses lèvres minces, barrées de cicatrices, s’étirèrent en un sourire de requin.
— Ce n’était pas mon choix, en tout cas. Mais je suis heureux que ce soit toi.
Qu’il soit capable de me dire ça après m’avoir infligé ce qu’il venait de me faire ne me perturba pas. En revanche, la nuance dans sa voix, qui ressemblait vaguement à de la fierté, voire même de l’affection, me paralysa. J’ouvris la bouche pour poser une question, sans savoir laquelle, n’eus pas le temps de formuler un mot.

Le monde autour de moi explosa. Les contours de la silhouette de mon père se brouillèrent, une puissante lumière blanche m’aveugla. Un bruit aigu, perçant, me vrilla les tympans, une odeur d’ozone envahit mes narines. Je gémis. À travers mes paupières aux trois-quarts closes, il me sembla discerner trois ombres familières penchées sur moi. Deux paires d’yeux turquoise, une d’électriques. Une violente décharge me parcourut, mon système nerveux s’éteignit un bref instant. L’obscurité m’enveloppa, anesthésiante, salvatrice.

Lorsque je rouvris les yeux, je n’avais aucune idée du temps qui s’était écoulé. J’étais à nouveau dans mon cauchemar. Loki était là où je l’avais vu pour la dernière fois, debout dos aux flammes, un sourire aux lèvres. Rien n’avait changé, à part la froideur glacée de son expression, qui contrastait violemment avec la douceur improbable dont il avait fait preuve un instant plus tôt.
— Comme je le disais, lâcha-t-il d’une voix feutrée en s’approchant de moi à pas mesurés, tu es mienne, et seule la mort pourrait t’extraire de ce rêve si j’en décide ainsi.
Les crépitements du brasier en arrière plan s’étaient atténués, comme s’il les avait forcés à se calmer, alors que l’intensité et la hauteur des flammes était demeurée identique. Je cillai, me redressai péniblement sur mes coudes, le souffle court, essayant de comprendre ce qui venait d’arriver.
Par habitude, la première chose que je fis fut d’analyser les dernières images que j’avais, de les associer à des souvenirs familiers. La paire d’iris électriques… Kalyan ? Essayait-il de me ramener dans l’univers de la conscience, de me soustraire à mon cauchemar ? C’était une possibilité, après tout. Le connaissant, il aurait essayé.
Mais, face aux élancements de ma boîte crânienne, mon esprit brumeux après le choc… je préférais qu’il s’en abstienne, en fait. Je préférais être ici, là où je voyais la souffrance arriver.
Loki s’accroupit lentement face à moi. Ses doigts chauds, aux ongles longs, effleurèrent ma joue, me faisant réaliser du même coup que ce reset électrique – et donc mental – qu’on venait de m’imposer m’avait rendu mon visage, ma peau et mes nerfs. La crainte de ce qui pouvait m’arriver à nouveau m’effleura, mais je la repoussai brutalement. Aussi psychotique, bipolaire et mégalomane mon père puisse-t-il être, je n’étais pas comme les Æsir. J’affrontais mes peurs, je ne les fuyais pas ni ne les emprisonnais.
Comme s’il lisait dans mes pensées, le dieu me sourit. Je rivai mon regard dans le sien, cherchant à y discerner ses motivations, bataillant pour trouver des explications à ce qu’il était en train de faire.
— Tu vois, c’est exactement pour ça que je suis heureux que ce soit toi. À un moment donné, je pensais que ce serait Ekrest… En plus, il avait le bon tempérament. Indépendant, mais respectueux. Et il t’a bien éduquée.
Était-il en train de me… complimenter ? Je ne l’avais jamais vu aussi ambigu et ambivalent. Un instant il me malmenait et m’extorquait une action que je ne voulais pas effectuer, la seconde suivante, il m’affirmait à mots couverts qu’il était fier de moi. La colère me submergea. Était-il en train d’essayer de m’acheter avec une fausse affection ?
— Vous ne me connaissez pas. Vous n’avez jamais été là.
— Crois-tu que je sois là pour les autres ? sourit-il, à peine perturbé. Tu es la première de mes enfants à recevoir des visites aussi fréquentes de ma part depuis Ekrest, Åke et Emyja. Et Kirstin, peut-être.
— Et c’est censé m’apporter du réconfort ? lâchai-je de but en blanc.
Dans le fond de mon âme, j’avais peur de sa colère. Mais cette peur, je l’avais enfouie au plus profond de moi-même, je l’avais bridée et muselée. Je me comportais comme je m’étais comportée face à Kalyan durant mes premières semaines de prison : en répondant à la torture et au marchandage par la provocation, en sachant pertinemment que j’allais me prendre encore plus de coups.
Mais Loki ne s’énerva pas. Bien au contraire, son sourire s’élargit, devint un brin plus sincère.
— Pas vraiment. En revanche, ça souligne quelque chose à propos de toi. Tu es importante.
Ce fut comme un coup de couteau en plein cœur, une attaque gratuite. Toute mon enfance, j’avais lutté pour être reconnue pour moi-même, gagner en puissance, gagner en influence. Je n’avais jamais voulu être dans l’ombre. J’avais toujours occupé les plus hauts postes que je pouvais atteindre, je ne m’étais jamais laissée abattre par un plafond de verre apparent.
— Mais tu restes malgré tout dispensable.
Une seconde lame, aiguisée, brûlante, se ficha à côté de la première. Au sens physique du terme. Mon père m’agrippa par la gorge, me regarda droit dans les yeux tout en faisant lentement tourner la dague entre mes côtes. Je hoquetai de douleur, et quelques gouttelettes de sang perlèrent aux commissures de mes lèvres.
— Est-ce que tu penses qu’Åke me désobéira si je lui ordonne de t’enchaîner en attendant que ton heure vienne ?
La vive souffrance qui me déchirait la poitrine m’avait éclairci l’esprit, et la réponse qui s’imposait était lapidaire. Non. Åke n’était qu’un pantin, le genre d’enfant qui ferait tout pour sa mère. Sa rage contre sa sœur traîtresse le dévorait, mais ne l’empêchait pas de garder un sens aigu des priorités : Loki avant tout. Rien ne pourrait se mettre en travers de son chemin s’il décidait de m’emprisonner, et je n’étais pas sûre d’avoir la puissance magique nécessaire pour le mettre hors-combat.
— Alors faites-le… murmurai-je, le souffle court.
J’entendis clairement son grincement de dents irrité, preuve que là n’était pas l’objectif qu’il voulait atteindre.
— Sais-tu quand est censé advenir le Ragnarök ?
Je plongeai plus profondément dans mes souvenirs de lectures d’enfance. Gamine, j’avais passé des heures à lire les Eddas et les poèmes scaldiques en long, en large et en travers, jusqu’à me souvenir de tous les mythes principaux et secondaires, de tous les lieux et noms importants, pour ne pas me faire avoir par un quelconque charlatan, manipulateur ou illusionniste que je croiserais dans l’Yggdrasil. Parce qu’ils étaient nombreux.
Le Ragnarök, la fin du monde et de l’ère des dieux, était un évènement prophétisé par les Nornes depuis qu’elles étaient arrivées et qu’elles avaient arraché aux dieux leurs destins. Elles avaient tissé leur toile, prédit un avenir immuable dans lequel chaque chose et chaque être trouverait sa place et sa fin, à quelques rares exceptions près. Mais après tout, ayant déjà tué Vali, je savais désormais que ce n’était peut-être pas si immuable que ça.
— D’ici encore quelques centaines d’années ? osai-je.
Mon père hocha la tête, un grand sourire de vipère aux lèvres.
— En théorie, oui, approuva-t-il, l’air songeur. Mais tu as déjà tué Vali.
Qu’il soit au courant ne m’étonna même pas. Comment, je n’en avais aucune idée, mais il savait.
Et soudain, je compris.
— Vous voulez altérer le cours entier du Ragnarök… soufflai-je, ébahie. Profiter des failles que je crée pour déjouer les prédictions mêmes des Nornes et des Völvur.
Loki m’adressa un sourire de requin.
— À l’heure actuelle, les Æsir et les Vanir ne sont pas prêts, ni en nombre ni en armement. Si nous le provoquons maintenant, nous avons une véritable chance de vaincre et de rompre ce cycle infernal qu’elles nous ont imposé. N’est-ce pas là une grande cause qui vaut quelques sacrifices ? nargua-t-il.
Un instant, la possibilité de répondre par l’affirmative m’effleura. Mais, dix secondes avant de me faire deviner ses objectifs, mon père m’avait enfoncé une dague dans la poitrine. Clairement, nous n’étions pas dans une bonne optique de dialogue.
— Ça ne change pas la manière dont vous vous comportez avec moi.
Mon ton avait été sec, ma voix, tendue. J’agrippai d’une main tremblante le manche de la dague, expirai longuement. Ce n’était qu’un rêve. Un cauchemar, plutôt, dans la mesure où mon père essayait de m’obliger à faire quelque chose que je ne voulais pas, mais ce n’était pas réel.
La lame glissa hors de ma poitrine en m’arrachant un hoquet étranglé, je la retournai prestement entre mes doigts. Elle virevolta deux ou trois fois entre mes phalanges, captura un instant l’éclat des flammes dans le lac qui s’étaient quelque peu atténuées, se logea dans le creux de ma paume. Le cuir souple, tanné par les années d’usage, s’adaptait parfaitement à la morphologie de ma main. C’était ma dague favorite, qu’il avait arrachée de mes souvenirs pour me la planter dans le cœur.
Il haussa un sourcil sceptique. Je lui rendis un sourire forcé, vipérin, mes yeux toujours rivés dans les siens, me redressai en serrant les dents de douleur. Le sang gicla, ma respiration se fit sifflante. Je réprimai difficilement le gémissement sourd qui menaçait de sortir, m’avançai pas à pas, luttant pour ne pas tomber. Mon poumon droit avait pris la totalité des dégâts, mais si je parvenais à faire un reset comme tout à l’heure, je pourrais recommencer de zéro, sans plaies ni hémorragies. Il suffisait que je meure d’abord.
Neuf pas me séparaient du seigneur et maître des illusions, du pire cauchemar des Ase. Le fourbe, le manipulateur, l’assassin de Baldr. Il portait tant de noms, tant de kenningar, qui relataient chacun au moins un de ses méfaits. Il était le dieu craint que tous auraient voulu voir mourir, sans oser aller à l’encontre du destin qu’avaient tissé les Nornes. Alors que lui, il n’hésitait jamais. Même quand il se retrouvait à mille contre un, même lorsque tout le monde prédisait qu’il ne s’en sortirait pas, il était capable de faire face et de survivre.
Parvenue face à lui, vacillante, mais toujours debout, je retournai la dague entre mes doigts, l’attrapai par la lame, la lui tendis. Il la prit avec circonspection puis, voyant que je forçais sur mon corps simplement pour accélérer mon hémorragie, il me sourit.
— Je ne vais pas prétendre que je me préoccupe de toi, tu ne me croirais pas, souffla-t-il doucement. Mais j’ai réellement besoin de toi. Levi pourrait le faire, lui aussi, avec un peu de soutien et quelques pertes, mais je ne suis pas partisan de lui donner plus de pouvoir qu’Emyja ne lui en accorde déjà.
Sa voix était fiel et miel en même temps, hypnotique, douloureusement sincère. Instinctivement, j’aurais voulu y croire, mais les mois passés en prison à soupeser chaque mot m’en empêchaient. Alors je me contentai de fermer les yeux pour ne pas voir la fausse honnêteté qui illuminait son visage, pour ne pas me sentir coupable de ne pas l’aider. Parce qu’il y parvenait. C’était ça le pire. Les souvenirs de celle que j’avais été par le passé, celle qui aurait obéi sans ciller, étaient douloureux. J’avais beau essayer de lutter, mon cœur se vrillait à l’idée de ne pas écouter ma loyauté. C’était mon père. Je lui devais tout. Ma magie, je ne l’avais que parce que son sang coulait dans mes veines. J’aurais pu être humaine… ou plutôt descendante de deuxième génération de Freyja par ma mère. Donc magicienne malgré tout, mais différente. Je n’aurais pas été membre de la Confrérie, cette famille que, envers et contre tout, j’avais appris à aimer. Je n’aurais jamais été métamorphe ni illusionniste.
Au bout du compte, si je possédais la pyromagie en premier lieu, c’était grâce à Loki. N’était-ce pas juste de la lui offrir s’il en avait besoin ?
La pensée fourbe s’instilla insidieusement dans mon esprit, l’effleura un instant, et se réfugia dans mon subconscient. Je la sentis presque s’installer, comme on sentait une maladie dégénérative qui se lovait dans le cerveau, s’enroulait autour du cœur comme un serpent venimeux, puis refusait de lâcher prise. Kalyan avait réussi à me faire douter de la même manière, par une simple suggestion. Une idée en l’air, une bouteille à la mer, lancée à qui la rattraperait. Sauf que, si on la voyait passer, on ne pouvait plus s’empêcher d’y songer. Qu’est-ce qui était marqué dedans ? Qu’est-ce que ça aurait changé si on l’avait attrapée ? Qu’est-ce qui pouvait arriver si on l’attrapait ?
Le premier doute, le pire de tous. Une fois qu’il était là, difficile de le repousser, à moins d’avoir une preuve concrète. Et mon père était passé maître dans l’art de suggérer les idées aux gens. Il n’avait dit qu’une seule et unique phrase, qui avait fait vaciller tout le reste de mes convictions. J’ai besoin de toi.
Mon esprit dérivait, sombrait dans les brumes de l’asphyxie. Mon souffle et ma conscience s’échappèrent en même temps, quand mon volume sanguin se fit trop faible pour irriguer mon cerveau correctement. Mes yeux se fermèrent, mes muscles se détendirent. Je mourus avant d’avoir touché le sol.


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Dernière modification par vampiredelivres le lun. 13 sept., 2021 3:10 pm, modifié 1 fois.
louji

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Re: Le Cycle du Serpent [II] : L'Alliance des Déchus

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : ven. 03 sept., 2021 3:48 am
CHAPITRE 19



— En fait… finit-il par marmotter, je n’en ai aucune idée. J’ai fait des études de commerce et une formation manageriale il y a quelques années, mais j’ai tellement perdu de vue la réalité du monde du travail que je ne sais plus vraiment ce que je veux. Ni ce que je vaux d’ailleurs. :arrow: Mais non, go pianiste. Rhoo tu vas pas devenir un vieux manager pas fun là Kalinou, t'as assez nourri le capitalisme. Ouais mais ça pose quelques problèmes. De 1, la subsistance et les revenus financiers, et de 2, la discrétion. S'il devient célèbre, y'a la moitié de la Midgard qui va lui tomber dessus pour le buter vu que c'est un Hamershot x) :arrow: Je le vois trop proprio d'une boutique de musique avec des beaux pianos partout et lui tout pipou qui accueille ses clients, il sera heureux, j'y crois et puis Lily elle viendra le voir, il lui jouera un morceau et ils seront pipou heureux
Oui j'ai le droit de rêver ok




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Hellow,

Ouiiii, je sais, je suis géniale :roll: :lol:
On en parlait sur Discord, ces derniers chapitres étaient surtout chargés en révélations et en combats, mais sans beaucoup d'impact direct sur Lily… donc bon. :mrgreen:
On est d'accord, ♥
Oké… Oké c'est un cas. Tu verras bien ^^

À plouche !

Merci pour la discussion avec Oké, je l'avais vraiment zappée :cry: Bon, on va voir où nous mène tout ça :roll:
louji

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Re: Le Cycle du Serpent [II] : L'Alliance des Déchus

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : lun. 06 sept., 2021 2:40 pm Bonjour.
Don't say I didn't warn you :twisted:
(Et ne lisez pas la dernière phrase avant d'avoir lu le reste du chapitre, ça pourrait vous porter préjudice.)
^^
:arrow: :| :| :| :| :| :|


CHAPITRE 20


Bien des heures plus tard, en entendant des pas lourds, familiers, qui ne se voulaient pas discrets, je relevai le nez, haussai un sourcil en direction d’Åke, qui s’approchait. Comme d’habitude, son visage n’était qu’un masque figé, peu avenant, mais, pour une fois, j’avais l’impression de discerner dans sa démarche souple et son regard inflexible une pointe de détermination que je n’y avais jamais vue auparavant, si ce n’était dans son combat avec Vali.
— J’ai trouvé Mímir, lâcha-t-il de but en blanc, il accepte de nous parler. :arrow: Ah oué, komsa, pouf
J’acquiesçai doucement, me redressai en silence, et me dirigeai vers la tente de Selvigia, qui dormait à nouveau à poings fermés. Ce voyage nous avait tous épuisés, mais pour ma part, j’étais retombée dans mon mode de fonctionnement militaire, où j’enchaînais près de trois journées d’affilée, puis je dormais durant près de vingt heures pour compenser. Selvigia, elle, préférait alterner entre courtes périodes de sommeil et d’éveil, mais malheureusement pour moi, cela influait beaucoup sur son moral au réveil. Ainsi, à l’instant où je la secouai par l’épaule, ses paupières se soulevèrent brutalement, et une dague apparut dans sa main.
— Debout marmotte, souris-je avant qu’elle ne me saute à la gorge.
C’était comme un signal, entre nous. Si on usait du terme « marmotte », c’était la bonne personne qui nous avait réveillée. Ce qui n’était pas toujours le cas. Le problème, avec notre fratrie de métamorphes, c’était que Selvie n’était pas toujours Selvie, et je n’étais pas toujours moi. :arrow: Parfois, c'était une marmotte Il m’était arrivé plus d’une fois que la véritable Selvigia vienne me voir et qu’elle me parle d’une discussion que je ne me souvenais pas avoir eue avec elle. Après maintes recherches, il s’avérait souvent que Levi ou Adam, parfois les deux, étaient dans le coup, même si on n’avait jamais de preuve plus tangible qu’un petit sourire narquois et suffisant. Théoriquement, se faire passer pour un autre Loki était une pratique interdite dans l’enceinte des bâtiments de la Confrérie, afin d’éviter les problèmes internes, les informations qui circulaient mal, et autres. Dans les faits… il m’était aussi arrivé quelques dizaines de fois de contourner l’interdit.
— Qu’est-ce qu’il y a ? marmonna-t-elle, encore assoupie.
— Mímir, répondis-je simplement.
Elle grommela dans sa barbe, grincheuse, et je souris. Selvigia était aussi ronchonne qu’un ours mal léché au réveil, probablement à cause du temps qu’elle avait passé à fréquenter les sales bêtes d’Alfheim. Les seuls matins où elle était presque abordable, c’était quand elle avait passé la nuit avec quelqu’un. Et encore.
Toujours accroupie, je reculai jusqu’à l’extérieur de la tente pour la laisser sortir tranquillement. Elle plissa les yeux en mettant le nez dehors, s’étira longuement, bâilla, puis leva le menton en direction de la tente de Kalyan sans émettre un son. Je secouai la tête de gauche à droite, me redressai à mon tour. Si Kal était là depuis deux ou trois jours, comme il me l’avait dit, il avait largement eu le temps d’aller consulter Mímir par lui-même, on n’avait pas besoin de l’attendre. En outre, nos questions étaient plutôt… délicates.
Ainsi, nous nous éloignâmes côte à côte d’un pas rapide, en direction du sous-bois situé non loin. Après seulement quelques mètres de marche en forêt, je distinguai le gris du ciel qui se reflétait dans une profonde étendue étale, à peine parcourue de vaguelettes. Loin de la rive, au milieu de la source, l’immense racine par laquelle nous aurions pu descendre – s’il n’y avait pas eu Hræsvelgr pour nous pourchasser – plongeait dans les profondeurs de la terre pour la soutenir. Je pris une inspiration tendue en parvenant à découvert, loin des barrières d’invisibilité que nous avions érigées autour de notre campement. Personne ne savait qui nous guettait et voulait potentiellement notre tête.
Un vent froid caressait ma peau, soulevait mes cheveux et agitait les rares brins d’herbe qui poussaient difficilement entre les graviers boueux aux abords du lac. Les quelques rares rayons de soleil qui parvenaient à franchir l’épaisse barrière nuageuse faisaient scintiller les eaux grises d’un éclat argenté, semblable à celui des yeux d’un Týr, sans toutefois parvenir à réchauffer ma peau. Un doux parfum aquatique, presque iodé, flottait dans l’air. Et, à quelques pas seulement du bord, seule dans l’immensité étale de la source, auréolée de cheveux grisonnants mi-longs, flottait une tête. :arrow: Ouh yas
À travers ses paupières mi-closes, ses yeux vert d’eau nous guettaient, suivaient notre déplacement progressif. Elle ne flottait pas exactement à l’horizontale, mais plutôt en biais : la totalité de son cou nettement tranché, ainsi que le bas de son menton, étaient immergés, mais pas le haut de ses oreilles. Le dieu – ou du moins, ce qui en restait – avait le visage d’un homme d’une soixantaine d’années, des rondeurs aux joues, un semblant de double menton, des sourcils broussailleux et des plis de vieillesse qui striaient son front, ses tempes, ses joues et son menton. Ces rides trop profondes creusaient ses traits, atténuaient la douceur de son regard vitreux, glaçaient le fin sourire qui étirait ses lèvres. Il paraissait à la fois étrangement doux, et terriblement cruel. Comme la vérité, eus-je le temps de songer avant de ployer le genou face à lui, à l’instar de mes deux compagnons.
Flottant paisiblement dans son petit lac, Mímir darda son regard en direction d’une petite plaque de pierre brute placée à quelques pas de là, gravée de trois lignes de fines inscriptions en runique. Étant la plus proche, je tendis le cou pour la déchiffrer, lus à haute voix pour Selvie et Åke.
— Une question par personne. Un clignement de paupières signifie « oui », deux signifie « non ». Posez d’abord votre question, buvez ensuite l’eau de la source si je réponds oui.
Comme pour approuver, Mímir cligna des paupières une fois. Je me tournai vers les deux autres.
— Qui commence ?
Selvigia baissa le nez, et je souris. La répartition que nous avions établie en chemin ne lui plaisait pas, et je le comprenais. Si, réellement, j’étais l’Élue, cela aurait été à moi de demander où était la prison de Père. Mais la vérité était qu’elle connaissait mille fois mieux que moi les Neuf Mondes. Mais nous avions préféré nous donner deux chances de poser la même question, quitte à ce que l’une de nous deux en paye le lourd tribut. Et Selvigia avait l’heur de demander en premier.
— J’y vais, répondit finalement Åke avec un soupir. Seigneur Mímir, pouvez-vous m’expliquer le rôle et les pouvoirs de l’Élu de Loki ?
Un puissant souffle de vent agita le agitait le feuillage dans notre dos. Lentement, comme au ralenti, Mímir battit une fois des paupières. Åke plongea ses doigts dans l’eau de la source, en recueillit assez pour une gorgée, et la but, et riva son regard dans celui du dieu. Une vingtaine de secondes s’écoulèrent dans le mutisme le plus total, mutisme durant lequel je détaillai les traits creusés du décapité. L’énergie faisait vibrer l’air ambiant. Même sans être une spécialiste du flux magique, je le percevais alors qu’il allait d’Åke à Mímir, de Mímir à Åke. Puis, finalement, mon demi-frère hocha la tête, et souffla d’une voix rauque, furieuse :
— Je le jure sur le Leiptr.
Un frisson parcourut mon échine. Les secondes s’écoulèrent et, même si je n’entendis strictement rien de l’échange entre la divinité et mon frère, je sentis qu’ils dialoguaient. Le flux magique pulsait autour d’eux, intense, nettement perceptible.
La curiosité étant plus forte que la nervosité qui m’avait paralysée jusque-là, j’adressai un hochement de tête à Selvigia pour lui faire signe que je voulais être la suivante. Elle ne protesta pas. Au contraire, même, ses épaules se détendirent imperceptiblement, comme si elle ne voulait vraiment pas parler à la tête. :arrow: Qui lui en voudrait ? :lol:
Je pris une inspiration crispée en sentant finalement les yeux verts d’eau perçants se ficher sur moi. Je n’avais même pas eu besoin de parler, il avait deviné. Mon souffle était haché, nerveux, sans que je ne sache vraiment pourquoi. Je n’avais aucune idée du paiement que le dieu allait réclamer de ma part, je n’étais même pas sûre qu’il veuille répondre à ma question, et pourtant, la simple sensation de son regard lumineux interrogateur posé sur moi me faisait frissonner.
— Où est située la prison de Loki et comment y accéder ? :arrow: Et ça fait deux questions ça :evil: Mimir va pas être content
À trois reprises, mon cœur cogna fort contre ma cage thoracique, avant que les paupières de Mímir ne s’abaissent une seule fois. J’expirai lentement, soulagée, tendis les mains en coupe en avant et les plongeai sous la surface étale en y créant une série d’onde concentriques, puis les portai à mes lèvres.
L’eau avait le parfum de la nuit, le goût que j’aurais associé aux étoiles : une saveur glacée, légèrement piquante, qui coupait le souffle et éclaircissait l’esprit. Je battis plusieurs fois des cils, une étrange lucidité chassant toutes les pensées et émotions parasites qui avaient jusque-là alourdi mes réflexions. Face à la froideur qui se déversait dans mon corps, elles s’évanouirent simplement, reléguées à l’arrière plan.
— C’était une question précise, souffla une voix rauque, masculine, dans mon esprit, s’enroulant autour de mes perceptions avec la douceur d’un serpent. Pas besoin de parler à haute voix, j’entendrai tes pensées pour peu que tu me les adresses.
À peine étonnée d’entendre Mímir converser avec moi par télépathie, je relevai la tête, et plantai mon regard turquoise dans celui, translucide, de mon interlocuteur. S’il y avait une chose que j’avais appris, depuis mes premières années à la Confrérie, c’était à poser des questions spécifiques, qui ne laissaient que peu de marge de manœuvre… et donc peu de mensonge direct.
— J’ai besoin de réponses, projetai-je prudemment en direction du dieu.
Il ne cilla pas, mais je crus deviner une pointe d’amusement dans les émotions qu’il me renvoyait.
— Mais d’abord, il faut que tu connaisses le prix de cette question.
Il fit une brève pause, durant laquelle je me contentai d’attendre, apaisée par le calme des environs et la tranquillité de notre discussion actuelle.
— Tu devras sacrifier ta pyromagie. :arrow: Ah oué. Bon, même si c'est pas le type de magie qu'elle uytilise le plus, c'est quand même super utile.
Mon souffle frigorifié par l’eau que j’avais bue cristallisa dans ma poitrine, je retins ma respiration. Mon sang se glaçait dans mes veines, ralentissant les battements de mon cœur, mon esprit paralysé par le froid ne parvenait pas à formuler une seule pensée cohérente. J’avais l’impression de geler de l’intérieur. L’espace de quelques secondes, une éternité sembla s’écouler.
— Absolument pas.
Je n’avais pas réfléchi. :arrow: Ah oué, vénère Lokinette.Je n’avais pas essayé de formuler une phrase construite, d’expliquer, de négocier. Le refus était instinctif, presque immédiat, indiscutable. Ma magie était une part de moi, une part que je n’étais pas prête à céder au premier venu, fusse cela pour mon père.
— C’est le prix à payer pour la libération d’un dieu. Et en plus, c’est une faveur que je te fais, ajouta Mímir avec une pointe de sarcasme dont je ne parvins pas à comprendre l’origine. :arrow: C'est clair que du PDV de Mimir c'est dérisoire.
— Il en est hors de question, rétorquai-je, crispée. Je ne céderai pas ma magie de feu.
— Il n’y a rien qui te pousse à te décider maintenant. Je ne risque pas de bouger d’ici. Prends le temps d’y réfléchir.
J’avais beau être certaine qu’il n’était pas capable de bouger ses lèvres, j’avais l’impression que son fin sourire s’était fait plus cruel, presque provocateur. Comme s’il savait quelque chose que j’ignorais, comme s’il y avait entre les dieux une mauvaise blague qui circulait à mon propos. Ses yeux lumineux, vides d’émotions, me scrutaient avec une acuité dérangeante, ne me lâchaient pas une seconde. Je basculai mon corps en arrière, m’accroupis, en appui précaire sur mes talons, dédaignant l’honneur que j’étais censée témoigner au dieu de la sagesse.
— Je suis prête à payer un autre prix que celui-ci.
— Odin a renoncé à son œil pour apprendre le secret des runes, pourtant, susurra-t-il, venimeux, et il a passé neuf jours et neuf nuits suspendu par les pieds à l’Yggdrasil, transpercé par une lance.
Je me braquai en percevant la pointe de fiel provocateur dans sa voix, comme s’il essayait de me pousser à accepter en me donnant des exemples d’autres qui l’avaient fait. Il n’y avait aucune raison pour que ce soit la mention d’Odin qui me décide à accepter son marché.
D’un autre côté, je comprenais les enjeux. Moi, petite fille que j’étais, je demandais où était emprisonné le dieu le plus férocement gardé. Mais ma magie… elle était partie intégrante de ce que j’étais. Sans elle, je n’étais plus exactement moi. Je n’étais plus Lilith Síverdín Lokadóttir, j’étais juste Lilith Síverdín. Et elle, je ne savais pas exactement qui elle était. C’était une inconnue, celle qui n’avait pas été élevée par Ekrest, celle qui était purement humaine.
— Odin est vieux, et sénile, paraît-il, sifflai-je en retour, ce qui n’est pas mon cas. Merci pour m’avoir proposé vos conseils avisés, seigneur Mímir, mais je me débrouillerai sans. :arrow: Mdr oh Lily tu vas t'attirer la scoumoune avec cette arrogance :lol:
Ses yeux scintillèrent d’une sorte de colère réprimée, mais sa voix était neutre et froide lorsqu’il me répondit :
— Très bien. Mais les géants n’ont pas la réponse, si c’est ce que tu espères.
Sa présence, jusque-là enroulée autour de mon esprit comme un serpent dans son nid, se dissipa brusquement. Je chancelai, faillis tomber la tête la première dans la source d’eau glacée, m’appuyai d’extrême justesse sur mes poings fermés. Les cailloux boueux m’éraflèrent les phalanges, Selvigia et Åke me jetèrent un regard étonné, légèrement sceptique. Je haussai les épaules, refusant de parler, fis signe à ma sœur d’y aller. Blême, elle prit une profonde inspiration, étendit légèrement le cou, crispa ses épaules comme si cela allait lui donner du courage.
— Où se situe l’entrée de la caverne de Loki ?
Cette fois-ci, Mímir ne mit pas plus d’une seconde à répondre. Ses paupières s’abaissèrent une fois, puis se relevèrent, puis s’abaissèrent à nouveau. De pâle, ma sœur devint brutalement livide, elle recula imperceptiblement en arrière, comme si elle fuyait. J’esquissai une grimace lorsque sa voix s’éleva à nouveau, tremblante, mal assurée.
Sans parvenir à réprimer un rictus à la fois dépité et irrité, je me redressai, inclinai la tête en un semblant de salutation respectueuse, et m’en allai, malgré le vent qui soufflait en direction du lac comme pour me pousser dans cette direction.
Parvenue dans notre clairière bien avant Selvigia et Åke, je trépignai un moment devant les tentes, partagée entre la frustration et le dépit. Mais, finalement, avec une grimace rageuse, je fonçai m’enfermer dans ma couchette, tirai la fermeture éclair sur les yeux turquoise interrogateur de ma sœur et de mon frère, et me glissai dans mon sac de couchage sans trop réfléchir.

| † | † |


Je m’accroupis, les yeux rivés sur le lac étale qui se trouvait juste devant moi. La lune était haute, mais voilée par une fine couche de nuages gris qui dispersaient la lumière blanche dans toutes les directions, nimbant les lieux d’une clarté argentée. De l’autre côté du lac, les silhouettes distantes de hauts conifères formaient une masse sombre et menaçante, qui bruissait et crissait sous l’effet des bourrasques de vent froid. Lorsque l’air froid chatouilla ma peau, hérissant mes poils, je me crispai, même si je n’étais que dans un rêve.
— Dæmona. :arrow: Tiens, ça faisait longtemps qu'on avait pas croisé Loki !
Je tressaillis. La voix avait résonné dans mon dos. Pour une fois, Loki n’était pas dans le lac, comme il avait l’habitude d’être au début de nos rencontres, il était déjà debout sur la rive. Je sentis ses doigts brûlants se poser sur mes épaules, ses ongles se refermer sur ma chair comme des serres de rapace. Il se pencha en avant, et je devinai un sourire cruel dans sa voix lorsque son souffle chaud effleura mon oreille.
— Qu’est-ce que ça fait de pouvoir se promener librement dans les Neuf Mondes ?
Un étau d’acier comprima brutalement ma cage thoracique, je cessai de respirer. Je venais de réaliser. Pourquoi cela faisait des heures que je tournais en rond dans ce rêve, pourquoi je n’étais pas capable de m’éloigner de ce petit lac ni de me réveiller.
Alors je gardai le silence. De toute manière, je ne pouvais pas me défendre. Je n’avais aucune justification pour mon refus, aucune autre que mes envies. Mais je n’allais pas accepter. C’était ma magie dont on parlait, mon existence qui allait changer si j’acceptais le marché de Mímir. Loki était certes enfermé depuis des millénaires, mais c’était de sa faute uniquement. C’était lui qui avait provoqué la mort de Baldr, c’était lui qui s’en était ouvertement vanté au banquet d’Ægir. Son emprisonnement, il ne pouvait le reprocher qu’à lui-même. Je n’étais pas tenue de l’aider, pas plus qu’un autre de ses enfants. Et, parmi tous mes frères et sœurs, personne ne paraissait réellement enthousiaste à cette idée, ou du moins, personne n’était assez motivé pour transformer l’idée en action.
Soudain, les eaux calmes du lac se muèrent en un gigantesque brasier. Les flammes rugirent, voilant la forêt de l’autre côté, leurs crépitements emplirent mes oreilles. La fumée envahit mes poumons, la chaleur déferla sur mon visage, la luminosité m’obligea à plisser les yeux. Je toussai, voulus reculer, mais les mains implacables de mon père me maintenaient agenouillée face au feu.
— Vois-tu, Dæmona, chuchota-t-il à mon oreille, tu es mienne. Peu importe ce que je veuille faire avec toi.
Ses ongles s’enfoncèrent dans ma chair, déchirant le tissu de mon T-Shirt qui déjà commençait à se dessécher et à coller à ma peau moite. S’appuyant sur moi sans violence, il me poussa vers l’avant, et le haut de mon corps se rapprocha encore un peu des flammes. Je gémis de douleur. Des larmes, provoquées par la chaleur et la luminosité, se déversaient de mes paupières closes, la fumée âcre brûlait mon nez et ma gorge. J’avais terriblement chaud. Encore quelques centimètres, et les flammes les plus proches m’effleureraient les joues. :arrow: On aime les relations filiales comme ça ;) ;)
Pourtant, je demeurai muette, raidie, immobile. Une détermination glacée avait paralysé mon cœur, figé mes pensées autour d’une simple idée. Ne pas céder.
J’avais passé des mois emprisonnée. Mais mon père était au courant. Lorsqu’il m’était apparu en rêve au Q.G. des Thor, il m’avait dit qu’il voulait que je retrouve les autres Élites. Qu’il était désolé que je passe par l’emprisonnement, mais que c’était nécessaire. Autrement dit, il était pleinement conscient de ce que Kaiser tramait lorsqu’elle m’avait envoyée à la mort. Pire, il l’avait soutenue en choisissant Levi comme Élu, en me précipitant entre les griffes des Thor. Mais n’étais-je pas celle qui était censée être désignée ? N’étais-je pas celle sur qui sa liberté reposait ?
— J’admire ta détermination, crois-moi. Et je comprends ton ressentiment. Mais je n’ai pas besoin que tu m’aimes, j’ai seulement besoin que tu te rappelles que c’est grâce à moi que tu es libre. Ton petit fils de Thor aura beau s’en vouloir autant qu’il veut, il n’aurait jamais rien fait s’il n’y avait pas un serpent pour l’y inciter…
La souffrance était atroce. Les larmes qui coulaient s’évaporaient à l’instant où elles sortaient à l’air libre, brûlant ma peau, qui s’était en quelques dizaines de secondes desséchée au point de commencer à se craqueler. Un trouble brumeux, dû au manque d’oxygène, avait envahi mon esprit ; j’étais à peine capable de respirer dans les épaisses volutes de fumée noire. Je me sentais sur le point de m’évanouir, mais je refusais de céder.
— Pourquoi… vous ne torturez… pas… Emyja ? parvins-je à crachoter entre deux inspirations saccadées. :arrow: Même Mimir a pas réponse à cette question :x
La mention du nom me valut un bref plongeon la tête la première dans les flammes. Je hurlai en sentant leurs caresses incendiaires sur ma peau, me débattis instinctivement, mais la prise de mon père était bien trop ferme.
— Chacune son tour, siffla la voix vipérine, ténue dans le rugissement des flammes. J’ai encore besoin d’elle pour le moment. Mais le jour où je serai libre, il n’y aura aucun Monde dans lequel elle pourra se cacher pour m’échapper. :arrow: Fck quand même Loki t'es un sacré taré.
Il me tira à nouveau en arrière. Un frisson me parcourut toute entière, je grondai sourdement, à peine capable d’entrouvrir les lèvres J’aurais voulu parler. Lui demander en quoi quelques centaines d’années changeraient quelque chose. Mais je n’en étais pas capable, je souffrais trop. Je sentais ma peau carbonisée, noircie, qui hurlait au martyre, mon corps qui me suppliait de m’éloigner de cette source de chaleur, de fuir, de faire ce qu’on me demandait pour simplement cesser d’avoir mal.
Les yeux clos, paralysée par la souffrance aiguë qui irradiait maintenant de l’ensemble de mon visage, la respiration haletante, je luttai pour replonger en arrière, m’enfermer dans mes souvenirs. J’avais survécu à près de trois mois de torture chez les Thor sans jamais lâcher une information, malgré la douleur, malgré la tentation, malgré les heures de terreur, de doutes et d’insomnies. Je n’avais pas cédé face aux coups, aux lames, aux brûlures, au froid ou à l’hypnose. Je pouvais survivre à mon père. Il avait beau être un dieu, il demeurait prisonnier à des milliers de kilomètres de là. La seule chose que je pouvais craindre de sa part, c’étaient les cauchemars qu’il m’imposerait.
À travers mes lèvres fendillées par la chaleur, brûlées par les flammes, j’expirai un souffle haché, puis pris une inspiration tendue. Je n’avais aucune raison de lâcher prise aussi aisément. Loki était mon père. Je le respectais, mais s’il avait réellement besoin de moi, il allait devoir y mettre du sien. Les Thor m’avaient au moins appris une chose, c’était que me laisser extorquer n’était pas une option. Plus maintenant, en tout cas.
Le cauchemar se poursuivit. Après une demi-douzaine d’allers-retours entre l’air vicié par la fumée et le brasier, mon visage n’était qu’une affreuse masse de chair carbonisée, si profondément brûlée que je ne ressentais plus rien. Il n’y avait plus d’épiderme, le derme était profondément entamé, et je savais que, pour peu que ce n’ait pas été un rêve, je serais décédée d’asphyxie depuis longtemps. Mais, par la magie du monde onirique dans lequel j’évoluais, j’étais encore vivante, je respirais encore. Douloureusement, certes, parce que la fumée agressait le peu de tissus encore présents dans ma gorge, mais je respirais. :arrow: C'est chouette, ces petites rencontres oniriques entre père et fille.
Ainsi, lorsque mon père me relâcha, conscient que je n’aurais plus mal maintenant que mes terminaisons nerveuses avaient été calcinées, mon premier réflexe fut de ramper loin des flammes. Ce fut seulement lorsque la chaleur environnante décrut quelque peu que je m’affalai sur l’herbe sèche, la peau moite, le souffle court.
Au bout du compte, la pire souffrance n’était pas celle du corps. C’était celle de l’esprit. Savoir que j’étais née dans la famille qui me traiterait avec le moins de considérations. Certains de mes frères et sœurs voulaient ma mort et mon père, pour peu que je lui déplaise, me torturait sans l’ombre d’un remords. Et pourtant, j’étais incapable de le haïr. Étalée sur le sol, le cœur en vrac, l’âme en miettes, je me sentais incapable d’éprouver envers lui cette fureur meurtrière que j’avais souvent ressentie face aux Thor. :arrow: "Code génétique" quelque part ?
— Pourquoi m’avoir choisie moi ? haletai-je.
Depuis qu’il m’avait libérée, Loki ne s’était pas détourné des flammes. Malgré ma voix rauque, à peine audible, il ne me coula pas un regard. Il se contenta de répondre, l’air distant :
— Je ne t’ai pas choisie.
Je cillai. Un instant, une terreur primitive, aiguë, venue de nulle part, déferla dans mes veines. Mon cœur rata quelques battements, tambourina violemment dans ma poitrine, luttant pour retrouver un rythme normal. Loki pivota dans ma direction. Dans le contre-jour provoqué par les flammes, si lumineuses que leur éclat devenait douloureux, ses lèvres minces, barrées de cicatrices, s’étirèrent en un sourire de requin.
— Ce n’était pas mon choix, en tout cas. Mais je suis heureux que ce soit toi. :arrow: Bon, ça va, j'ai bien compris la phrase dans ce sens quand il l'a prononcée :lol: (puis Lily m'a mis le doute, mais tout va "bien" :evil: )
Qu’il soit capable de me dire ça après m’avoir infligé ce qu’il venait de me faire ne me perturba pas. En revanche, la nuance dans sa voix, qui ressemblait vaguement à de la fierté, voire même de l’affection, me paralysa. J’ouvris la bouche pour poser une question, sans savoir laquelle, n’eus pas le temps de formuler un mot.

Le monde autour de moi explosa. Les contours de la silhouette de mon père se brouillèrent, une puissante lumière blanche m’aveugla. Un bruit aigu, perçant, me vrilla les tympans, une odeur d’ozone envahit mes narines. Je gémis. À travers mes paupières aux trois-quarts closes, il me sembla discerner trois ombres familières penchées sur moi. Deux paires d’yeux turquoise, une d’électriques. Une violente décharge me parcourut, mon système nerveux s’éteignit un bref instant. L’obscurité m’enveloppa, anesthésiante, salvatrice. :arrow: Kalinou-pipou il lui a mis une 'tite décharge pour la réveiller ?

Lorsque je rouvris les yeux, je n’avais aucune idée du temps qui s’était écoulé. J’étais à nouveau dans mon cauchemar. Loki était là où je l’avais vu pour la dernière fois, debout dos aux flammes, un sourire aux lèvres. Rien n’avait changé, à part la froideur glacée de son expression, qui contrastait violemment avec la douceur improbable dont il avait fait preuve un instant plus tôt.
— Comme je le disais, lâcha-t-il d’une voix feutrée en s’approchant de moi à pas mesurés, tu es mienne, et seule la mort pourrait t’extraire de ce rêve si j’en décide ainsi.
Les crépitements du brasier en arrière plan s’étaient atténués, comme s’il les avait forcés à se calmer, alors que l’intensité et la hauteur des flammes était demeurée identique. Je cillai, me redressai péniblement sur mes coudes, le souffle court, essayant de comprendre ce qui venait d’arriver.
Par habitude, la première chose que je fis fut d’analyser les dernières images que j’avais, de les associer à des souvenirs familiers. La paire d’iris électriques… Kalyan ? Essayait-il de me ramener dans l’univers de la conscience, de me soustraire à mon cauchemar ? C’était une possibilité, après tout. Le connaissant, il aurait essayé.
Mais, face aux élancements de ma boîte crânienne, mon esprit brumeux après le choc… je préférais qu’il s’en abstienne, en fait. Je préférais être ici, là où je voyais la souffrance arriver.
Loki s’accroupit lentement face à moi. Ses doigts chauds, aux ongles longs, effleurèrent ma joue, me faisant réaliser du même coup que ce reset électrique – et donc mental – qu’on venait de m’imposer m’avait rendu mon visage, ma peau et mes nerfs. La crainte de ce qui pouvait m’arriver à nouveau m’effleura, mais je la repoussai brutalement. Aussi psychotique, bipolaire et mégalomane mon père puisse-t-il être, je n’étais pas comme les Æsir. J’affrontais mes peurs, je ne les fuyais pas ni ne les emprisonnais.
Comme s’il lisait dans mes pensées, le dieu me sourit. Je rivai mon regard dans le sien, cherchant à y discerner ses motivations, bataillant pour trouver des explications à ce qu’il était en train de faire.
— Tu vois, c’est exactement pour ça que je suis heureux que ce soit toi. À un moment donné, je pensais que ce serait Ekrest… En plus, il avait le bon tempérament. Indépendant, mais respectueux. Et il t’a bien éduquée.
Était-il en train de me… complimenter ? Je ne l’avais jamais vu aussi ambigu et ambivalent. Un instant il me malmenait et m’extorquait une action que je ne voulais pas effectuer, la seconde suivante, il m’affirmait à mots couverts qu’il était fier de moi. La colère me submergea. Était-il en train d’essayer de m’acheter avec une fausse affection ? :arrow: Loki, la base.
— Vous ne me connaissez pas. Vous n’avez jamais été là.
— Crois-tu que je sois là pour les autres ? sourit-il, à peine perturbé. Tu es la première de mes enfants à recevoir des visites aussi fréquentes de ma part depuis Ekrest, Åke et Emyja. Et Kirstin, peut-être.
— Et c’est censé m’apporter du réconfort ? lâchai-je de but en blanc.
Dans le fond de mon âme, j’avais peur de sa colère. Mais cette peur, je l’avais enfouie au plus profond de moi-même, je l’avais bridée et muselée. Je me comportais comme je m’étais comportée face à Kalyan durant mes premières semaines de prison : en répondant à la torture et au marchandage par la provocation, en sachant pertinemment que j’allais me prendre encore plus de coups.
Mais Loki ne s’énerva pas. Bien au contraire, son sourire s’élargit, devint un brin plus sincère.
— Pas vraiment. En revanche, ça souligne quelque chose à propos de toi. Tu es importante.
Ce fut comme un coup de couteau en plein cœur, une attaque gratuite. Toute mon enfance, j’avais lutté pour être reconnue pour moi-même, gagner en puissance, gagner en influence. Je n’avais jamais voulu être dans l’ombre. J’avais toujours occupé les plus hauts postes que je pouvais atteindre, je ne m’étais jamais laissée abattre par un plafond de verre apparent.
— Mais tu restes malgré tout dispensable.
Une seconde lame, aiguisée, brûlante, se ficha à côté de la première. Au sens physique du terme. Mon père m’agrippa par la gorge, me regarda droit dans les yeux tout en faisant lentement tourner la dague entre mes côtes. Je hoquetai de douleur, et quelques gouttelettes de sang perlèrent aux commissures de mes lèvres.
— Est-ce que tu penses qu’Åke me désobéira si je lui ordonne de t’enchaîner en attendant que ton heure vienne ? :arrow: Oh mais Loki gros foufou là. Calme-toi.
La vive souffrance qui me déchirait la poitrine m’avait éclairci l’esprit, et la réponse qui s’imposait était lapidaire. Non. Åke n’était qu’un pantin, le genre d’enfant qui ferait tout pour sa mère. Sa rage contre sa sœur traîtresse le dévorait, mais ne l’empêchait pas de garder un sens aigu des priorités : Loki avant tout. Rien ne pourrait se mettre en travers de son chemin s’il décidait de m’emprisonner, et je n’étais pas sûre d’avoir la puissance magique nécessaire pour le mettre hors-combat.
— Alors faites-le… murmurai-je, le souffle court.
J’entendis clairement son grincement de dents irrité, preuve que là n’était pas l’objectif qu’il voulait atteindre.
— Sais-tu quand est censé advenir le Ragnarök ?
Je plongeai plus profondément dans mes souvenirs de lectures d’enfance. Gamine, j’avais passé des heures à lire les Eddas et les poèmes scaldiques en long, en large et en travers, jusqu’à me souvenir de tous les mythes principaux et secondaires, de tous les lieux et noms importants, pour ne pas me faire avoir par un quelconque charlatan, manipulateur ou illusionniste que je croiserais dans l’Yggdrasil. Parce qu’ils étaient nombreux.
Le Ragnarök, la fin du monde et de l’ère des dieux, était un évènement prophétisé par les Nornes depuis qu’elles étaient arrivées et qu’elles avaient arraché aux dieux leurs destins. Elles avaient tissé leur toile, prédit un avenir immuable dans lequel chaque chose et chaque être trouverait sa place et sa fin, à quelques rares exceptions près :arrow: dont toi 8-) . Mais après tout, ayant déjà tué Vali, je savais désormais que ce n’était peut-être pas si immuable que ça.
— D’ici encore quelques centaines d’années ? osai-je.
Mon père hocha la tête, un grand sourire de vipère aux lèvres.
— En théorie, oui, approuva-t-il, l’air songeur. Mais tu as déjà tué Vali.
Qu’il soit au courant ne m’étonna même pas. Comment, je n’en avais aucune idée, mais il savait.
Et soudain, je compris.
— Vous voulez altérer le cours entier du Ragnarök… soufflai-je, ébahie. Profiter des failles que je crée pour déjouer les prédictions mêmes des Nornes et des Völvur. :arrow: Ayayayaya. Cette fameuse ligne de vie manquante.
Loki m’adressa un sourire de requin.
— À l’heure actuelle, les Æsir et les Vanir ne sont pas prêts, ni en nombre ni en armement. Si nous le provoquons maintenant, nous avons une véritable chance de vaincre et de rompre ce cycle infernal qu’elles nous ont imposé. N’est-ce pas là une grande cause qui vaut quelques sacrifices ? nargua-t-il.
Un instant, la possibilité de répondre par l’affirmative m’effleura. Mais, dix secondes avant de me faire deviner ses objectifs, mon père m’avait enfoncé une dague dans la poitrine. Clairement, nous n’étions pas dans une bonne optique de dialogue.
— Ça ne change pas la manière dont vous vous comportez avec moi.
Mon ton avait été sec, ma voix, tendue. J’agrippai d’une main tremblante le manche de la dague, expirai longuement. Ce n’était qu’un rêve. Un cauchemar, plutôt, dans la mesure où mon père essayait de m’obliger à faire quelque chose que je ne voulais pas, mais ce n’était pas réel.
La lame glissa hors de ma poitrine en m’arrachant un hoquet étranglé, je la retournai prestement entre mes doigts. Elle virevolta deux ou trois fois entre mes phalanges, captura un instant l’éclat des flammes dans le lac qui s’étaient quelque peu atténuées, se logea dans le creux de ma paume. Le cuir souple, tanné par les années d’usage, s’adaptait parfaitement à la morphologie de ma main. C’était ma dague favorite, qu’il avait arrachée de mes souvenirs pour me la planter dans le cœur.
Il haussa un sourcil sceptique. Je lui rendis un sourire forcé, vipérin, mes yeux toujours rivés dans les siens, me redressai en serrant les dents de douleur. Le sang gicla, ma respiration se fit sifflante. Je réprimai difficilement le gémissement sourd qui menaçait de sortir, m’avançai pas à pas, luttant pour ne pas tomber. Mon poumon droit avait pris la totalité des dégâts, mais si je parvenais à faire un reset comme tout à l’heure, je pourrais recommencer de zéro, sans plaies ni hémorragies. Il suffisait que je meure d’abord.
Neuf pas me séparaient du seigneur et maître des illusions, du pire cauchemar des Ase. Le fourbe, le manipulateur, l’assassin de Baldr. Il portait tant de noms, tant de kenningar, qui relataient chacun au moins un de ses méfaits. Il était le dieu craint que tous auraient voulu voir mourir, sans oser aller à l’encontre du destin qu’avaient tissé les Nornes. Alors que lui, il n’hésitait jamais. Même quand il se retrouvait à mille contre un, même lorsque tout le monde prédisait qu’il ne s’en sortirait pas, il était capable de faire face et de survivre.
Parvenue face à lui, vacillante, mais toujours debout, je retournai la dague entre mes doigts, l’attrapai par la lame, la lui tendis. Il la prit avec circonspection puis, voyant que je forçais sur mon corps simplement pour accélérer mon hémorragie, il me sourit.
— Je ne vais pas prétendre que je me préoccupe de toi, tu ne me croirais pas, souffla-t-il doucement. Mais j’ai réellement besoin de toi. Levi pourrait le faire, lui aussi, avec un peu de soutien et quelques pertes, mais je ne suis pas partisan de lui donner plus de pouvoir qu’Emyja ne lui en accorde déjà. :arrow: Levi pourrait être l'Élu, il veut dire ? Ou celui qui change le cours du Ragnarök (c'est peut-être le même rôle dont parle Loki) ? Il a pas de ligne de vie, lui aussi ??
Sa voix était fiel et miel en même temps, hypnotique, douloureusement sincère. Instinctivement, j’aurais voulu y croire, mais les mois passés en prison à soupeser chaque mot m’en empêchaient. Alors je me contentai de fermer les yeux pour ne pas voir la fausse honnêteté qui illuminait son visage, pour ne pas me sentir coupable de ne pas l’aider. Parce qu’il y parvenait. C’était ça le pire. Les souvenirs de celle que j’avais été par le passé, celle qui aurait obéi sans ciller, étaient douloureux. J’avais beau essayer de lutter, mon cœur se vrillait à l’idée de ne pas écouter ma loyauté. C’était mon père. Je lui devais tout. Ma magie, je ne l’avais que parce que son sang coulait dans mes veines. J’aurais pu être humaine… ou plutôt descendante de deuxième génération de Freyja par ma mère. Donc magicienne malgré tout, mais différente. Je n’aurais pas été membre de la Confrérie, cette famille que, envers et contre tout, j’avais appris à aimer. Je n’aurais jamais été métamorphe ni illusionniste.
Au bout du compte, si je possédais la pyromagie en premier lieu, c’était grâce à Loki. N’était-ce pas juste de la lui offrir s’il en avait besoin ?
La pensée fourbe s’instilla insidieusement dans mon esprit, l’effleura un instant, et se réfugia dans mon subconscient. Je la sentis presque s’installer, comme on sentait une maladie dégénérative qui se lovait dans le cerveau, s’enroulait autour du cœur comme un serpent venimeux, puis refusait de lâcher prise. Kalyan avait réussi à me faire douter de la même manière, par une simple suggestion. Une idée en l’air, une bouteille à la mer, lancée à qui la rattraperait. Sauf que, si on la voyait passer, on ne pouvait plus s’empêcher d’y songer. Qu’est-ce qui était marqué dedans ? Qu’est-ce que ça aurait changé si on l’avait attrapée ? Qu’est-ce qui pouvait arriver si on l’attrapait ?
Le premier doute, le pire de tous. Une fois qu’il était là, difficile de le repousser, à moins d’avoir une preuve concrète. Et mon père était passé maître dans l’art de suggérer les idées aux gens. Il n’avait dit qu’une seule et unique phrase, qui avait fait vaciller tout le reste de mes convictions. J’ai besoin de toi.
Mon esprit dérivait, sombrait dans les brumes de l’asphyxie. Mon souffle et ma conscience s’échappèrent en même temps, quand mon volume sanguin se fit trop faible pour irriguer mon cerveau correctement. Mes yeux se fermèrent, mes muscles se détendirent. Je mourus avant d’avoir touché le sol.


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Ah, je comprends mieux pourquoi tu nous as conseillé de surtout pas lire la dernière phrase :lol: Hors contexte, c'est effectivement assez... détonnant.

Bon, ce chapitre met clairement mal à l'aise. Loki met mal à l'aise. C'est... Loki. Manipulateur, menteur, égoïste, et tout ce qu'on veut. On voit Lily luter contre lui, mais ça reste le dieu de la malice, elle est sa fille et il lui fait du chantage affectif. ARF.

Et l'impact que ça a sur Lily... Bon, déjà qu'elle se fait sacrément malmener par son entourage depuis le T1... Là, avec le père, c'est la cerise sur le gâteau. Ça fait clairement mal de la voir hésiter entre "C'est mon père, j'ai le droit d'exiger des choses (de l'attention, de la présence, de... l'affection (why not))" et le "C'est Loki, il agit que dans son propre intérêt, c'est sa nature même". Le fait qu'elle lutte pour pas se sacrifier en partie (sa magie) pour les plans de son père, ça met mal aussi. Ça se comprend parfaitement qu'elle veule pas perdre cet aspect de sa vie (même si c'est aussi "triste" de voir à quel point elle se sent vidée de substance sans sa magie), en même temps elle lutte contre ce qu'elle veut faire, dans la façon dont elle veut servir Loki, s'opposer à Emyja. Normal qu'elle soit confuse ou en colère. Loki n'a toujours pas puni Emya et Lily qui le sert sans broncher jusqu'ici se fait littéralement torturer.
Pas les conditions idéales pour établir un dialogue, comme elle dit.
Et franchement j'ai du mal à voir où pourrait mener tout ça, d'ailleurs. Lily veut pas perdre sa magie, mais elle craindra peut-être le courroux de Loki en conséquence.
Bon, dis rien, le Cycle va se transformer en "Lily, Selvie et Kalinou VS le reste des 9 Mondes" :mrgreen: :mrgreen:
Je rigole, mais on en est presque là (puisqu'Ekrest remet pas en doute le fait de devoir servir Loki et OKE complètement barjo de sa soeur).

Bon, toujours pas de fun en vue pour LCDS, quelle surprise :lol:
À présent que Kalinou joue les défibrillateurs sur Lily, j'espère qu'elle va vraiment réussir à sortir de ses cauchemars à répétitiin. Par contre, si elle décide de vraiment pas répondre à la demande de Mimir, j'ai peur qu'elle ose plus jamais fermer l'oeil... ARF.
On te dit pas merci hein Ellana :evil:
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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par TcmA »

Hiello~

Bon.

Bonne ambiance, hein.

En effet, lire la dernière phrase aurait induit un certain moment de wtf, puis de lecture frénétique du chap. J'ai dû me faire violence pour ne pas aller y jeter un coup d'œil :lol: La patience a payé.

Je m'attendais bien à ce qu'il se passe un truc louche avec la pyromagie de Lily mais j'avoue que j'avais même pas envisager que Mimir puisse lui demander de s'en séparer.
Bon, pour le coup, aller dormir direct, sans attendre Selvi et Oké, c'était pas la chose à faire, 1) parce que dear old dad, on apprécie, 2) parce que j'ai peur que ça se finisse en "au fait ptdr on a besoin de ta pyromagie pour libérer m'man/p'pa" :') On repassera, pour le debrief entre nos trois patates.
Après, question : en tant que pauvre mortelle sans pouvoir toute nulle, je me demande pourquoi elle tient autant à sa magie. Comme disait Co, elle l'utilise pas souvent (mais bon, quand elle l'utilise, ça casse la baraque, figurativement et littéralement). Je comprends ce que Lily explique mais... Il lui resterait tout le reste de sa magie, non ?

Kalinou défibrillateur, en voilà une idée ! (Bichette, d'abord le mouton/Wattouat, maintenant ça...)

Ah, Loki, que tu es glaçant, creepy, qu'est-ce que tu peux nous mettre mal à l'aise. J'ai pas d'autre chose à dire de lui, j'attends de voir ce qu'il va faire. Par contre, je suis bien intéressée de savoir qui a fait le choix de Lily comme élue pour lui... (La fameuse mama dont on ne connait rien ?)

Brefouille, j'ai bien hâte de lire la suite des aventures de notre pauvre Barbecue-soon-to-be-plus-barbecue-si-ça-continue-comme-ça. Pfouah, c'est long.
C'est toujours aussi kiffant, je m'éclate à lire les horreurs que tu fais subir à tes personnages <3 :lol:

La bise~
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Re: Le Cycle du Serpent [II] : L'Alliance des Déchus

Message par vampiredelivres »

louji a écrit : jeu. 09 sept., 2021 4:00 pm
vampiredelivres a écrit : lun. 06 sept., 2021 2:40 pm Bonjour.
Don't say I didn't warn you :twisted:
(Et ne lisez pas la dernière phrase avant d'avoir lu le reste du chapitre, ça pourrait vous porter préjudice.)
^^
:arrow: :| :| :| :| :| :|
Ouiiii ? x)

CHAPITRE 20


Bien des heures plus tard, en entendant des pas lourds, familiers, qui ne se voulaient pas discrets, je relevai le nez, haussai un sourcil en direction d’Åke, qui s’approchait. Comme d’habitude, son visage n’était qu’un masque figé, peu avenant, mais, pour une fois, j’avais l’impression de discerner dans sa démarche souple et son regard inflexible une pointe de détermination que je n’y avais jamais vue auparavant, si ce n’était dans son combat avec Vali.
— J’ai trouvé Mímir, lâcha-t-il de but en blanc, il accepte de nous parler. :arrow: Ah oué, komsa, pouf OKLM
J’acquiesçai doucement, me redressai en silence, et me dirigeai vers la tente de Selvigia, qui dormait à nouveau à poings fermés. Ce voyage nous avait tous épuisés, mais pour ma part, j’étais retombée dans mon mode de fonctionnement militaire, où j’enchaînais près de trois journées d’affilée, puis je dormais durant près de vingt heures pour compenser. Selvigia, elle, préférait alterner entre courtes périodes de sommeil et d’éveil, mais malheureusement pour moi, cela influait beaucoup sur son moral au réveil. Ainsi, à l’instant où je la secouai par l’épaule, ses paupières se soulevèrent brutalement, et une dague apparut dans sa main.
— Debout marmotte, souris-je avant qu’elle ne me saute à la gorge.
C’était comme un signal, entre nous. Si on usait du terme « marmotte », c’était la bonne personne qui nous avait réveillée. Ce qui n’était pas toujours le cas. Le problème, avec notre fratrie de métamorphes, c’était que Selvie n’était pas toujours Selvie, et je n’étais pas toujours moi. :arrow: Parfois, c'était une marmotte Exact ! :D Il m’était arrivé plus d’une fois que la véritable Selvigia vienne me voir et qu’elle me parle d’une discussion que je ne me souvenais pas avoir eue avec elle. Après maintes recherches, il s’avérait souvent que Levi ou Adam, parfois les deux, étaient dans le coup, même si on n’avait jamais de preuve plus tangible qu’un petit sourire narquois et suffisant. Théoriquement, se faire passer pour un autre Loki était une pratique interdite dans l’enceinte des bâtiments de la Confrérie, afin d’éviter les problèmes internes, les informations qui circulaient mal, et autres. Dans les faits… il m’était aussi arrivé quelques dizaines de fois de contourner l’interdit.

Un vent froid caressait ma peau, soulevait mes cheveux et agitait les rares brins d’herbe qui poussaient difficilement entre les graviers boueux aux abords du lac. Les quelques rares rayons de soleil qui parvenaient à franchir l’épaisse barrière nuageuse faisaient scintiller les eaux grises d’un éclat argenté, semblable à celui des yeux d’un Týr, sans toutefois parvenir à réchauffer ma peau. Un doux parfum aquatique, presque iodé, flottait dans l’air. Et, à quelques pas seulement du bord, seule dans l’immensité étale de la source, auréolée de cheveux grisonnants mi-longs, flottait une tête. :arrow: Ouh yas Kikou !

Un frisson parcourut mon échine. Les secondes s’écoulèrent et, même si je n’entendis strictement rien de l’échange entre la divinité et mon frère, je sentis qu’ils dialoguaient. Le flux magique pulsait autour d’eux, intense, nettement perceptible.
La curiosité étant plus forte que la nervosité qui m’avait paralysée jusque-là, j’adressai un hochement de tête à Selvigia pour lui faire signe que je voulais être la suivante. Elle ne protesta pas. Au contraire, même, ses épaules se détendirent imperceptiblement, comme si elle ne voulait vraiment pas parler à la tête. :arrow: Qui lui en voudrait ? :lol: Clairement, personne.
Je pris une inspiration crispée en sentant finalement les yeux verts d’eau perçants se ficher sur moi. Je n’avais même pas eu besoin de parler, il avait deviné. Mon souffle était haché, nerveux, sans que je ne sache vraiment pourquoi. Je n’avais aucune idée du paiement que le dieu allait réclamer de ma part, je n’étais même pas sûre qu’il veuille répondre à ma question, et pourtant, la simple sensation de son regard lumineux interrogateur posé sur moi me faisait frissonner.
— Où est située la prison de Loki et comment y accéder ? :arrow: Et ça fait deux questions ça :evil: Mimir va pas être content Ça fait une longue question qui coûte plus cher :mrgreen:

— Tu devras sacrifier ta pyromagie. :arrow: Ah oué. Bon, même si c'est pas le type de magie qu'elle uytilise le plus, c'est quand même super utile. Ouais, c'est ça.
Mon souffle frigorifié par l’eau que j’avais bue cristallisa dans ma poitrine, je retins ma respiration. Mon sang se glaçait dans mes veines, ralentissant les battements de mon cœur, mon esprit paralysé par le froid ne parvenait pas à formuler une seule pensée cohérente. J’avais l’impression de geler de l’intérieur. L’espace de quelques secondes, une éternité sembla s’écouler.
— Absolument pas.
Je n’avais pas réfléchi. :arrow: Ah oué, vénère Lokinette.Je n’avais pas essayé de formuler une phrase construite, d’expliquer, de négocier. Le refus était instinctif, presque immédiat, indiscutable. Ma magie était une part de moi, une part que je n’étais pas prête à céder au premier venu, fusse cela pour mon père.
— C’est le prix à payer pour la libération d’un dieu. Et en plus, c’est une faveur que je te fais, ajouta Mímir avec une pointe de sarcasme dont je ne parvins pas à comprendre l’origine. :arrow: C'est clair que du PDV de Mimir c'est dérisoire. Ouais mais non quand même x)

— Odin est vieux, et sénile, paraît-il, sifflai-je en retour, ce qui n’est pas mon cas. Merci pour m’avoir proposé vos conseils avisés, seigneur Mímir, mais je me débrouillerai sans. :arrow: Mdr oh Lily tu vas t'attirer la scoumoune avec cette arrogance :lol: Après Mímir aime pas trop Odin non plus donc ça va

| † | † |


Je m’accroupis, les yeux rivés sur le lac étale qui se trouvait juste devant moi. La lune était haute, mais voilée par une fine couche de nuages gris qui dispersaient la lumière blanche dans toutes les directions, nimbant les lieux d’une clarté argentée. De l’autre côté du lac, les silhouettes distantes de hauts conifères formaient une masse sombre et menaçante, qui bruissait et crissait sous l’effet des bourrasques de vent froid. Lorsque l’air froid chatouilla ma peau, hérissant mes poils, je me crispai, même si je n’étais que dans un rêve.
— Dæmona. :arrow: Tiens, ça faisait longtemps qu'on avait pas croisé Loki ! Oui, il était temps qu'il revienne faire un peu chier le monde x)

Ses ongles s’enfoncèrent dans ma chair, déchirant le tissu de mon T-Shirt qui déjà commençait à se dessécher et à coller à ma peau moite. S’appuyant sur moi sans violence, il me poussa vers l’avant, et le haut de mon corps se rapprocha encore un peu des flammes. Je gémis de douleur. Des larmes, provoquées par la chaleur et la luminosité, se déversaient de mes paupières closes, la fumée âcre brûlait mon nez et ma gorge. J’avais terriblement chaud. Encore quelques centimètres, et les flammes les plus proches m’effleureraient les joues. :arrow: On aime les relations filiales comme ça ;) ;) Ah la belle relation toxique là x)

— Pourquoi… vous ne torturez… pas… Emyja ? parvins-je à crachoter entre deux inspirations saccadées. :arrow: Même Mimir a pas réponse à cette question :x Mais Loki, si ! :lol:
La mention du nom me valut un bref plongeon la tête la première dans les flammes. Je hurlai en sentant leurs caresses incendiaires sur ma peau, me débattis instinctivement, mais la prise de mon père était bien trop ferme.
— Chacune son tour, siffla la voix vipérine, ténue dans le rugissement des flammes. J’ai encore besoin d’elle pour le moment. Mais le jour où je serai libre, il n’y aura aucun Monde dans lequel elle pourra se cacher pour m’échapper. :arrow: Fck quand même Loki t'es un sacré taré. Ehhhh, c'est pas le type qui provoque le Ragnarök pour rien x)

Le cauchemar se poursuivit. Après une demi-douzaine d’allers-retours entre l’air vicié par la fumée et le brasier, mon visage n’était qu’une affreuse masse de chair carbonisée, si profondément brûlée que je ne ressentais plus rien. Il n’y avait plus d’épiderme, le derme était profondément entamé, et je savais que, pour peu que ce n’ait pas été un rêve, je serais décédée d’asphyxie depuis longtemps. Mais, par la magie du monde onirique dans lequel j’évoluais, j’étais encore vivante, je respirais encore. Douloureusement, certes, parce que la fumée agressait le peu de tissus encore présents dans ma gorge, mais je respirais. :arrow: C'est chouette, ces petites rencontres oniriques entre père et fille. On aime.
Ainsi, lorsque mon père me relâcha, conscient que je n’aurais plus mal maintenant que mes terminaisons nerveuses avaient été calcinées, mon premier réflexe fut de ramper loin des flammes. Ce fut seulement lorsque la chaleur environnante décrut quelque peu que je m’affalai sur l’herbe sèche, la peau moite, le souffle court.
Au bout du compte, la pire souffrance n’était pas celle du corps. C’était celle de l’esprit. Savoir que j’étais née dans la famille qui me traiterait avec le moins de considérations. Certains de mes frères et sœurs voulaient ma mort et mon père, pour peu que je lui déplaise, me torturait sans l’ombre d’un remords. Et pourtant, j’étais incapable de le haïr. Étalée sur le sol, le cœur en vrac, l’âme en miettes, je me sentais incapable d’éprouver envers lui cette fureur meurtrière que j’avais souvent ressentie face aux Thor. :arrow: "Code génétique" quelque part ? Nan en vrai, juste les vieilles habitudes et l'éducation qui la poussait de base à une absurde loyauté.
— Pourquoi m’avoir choisie moi ? haletai-je.
Depuis qu’il m’avait libérée, Loki ne s’était pas détourné des flammes. Malgré ma voix rauque, à peine audible, il ne me coula pas un regard. Il se contenta de répondre, l’air distant :
— Je ne t’ai pas choisie.
Je cillai. Un instant, une terreur primitive, aiguë, venue de nulle part, déferla dans mes veines. Mon cœur rata quelques battements, tambourina violemment dans ma poitrine, luttant pour retrouver un rythme normal. Loki pivota dans ma direction. Dans le contre-jour provoqué par les flammes, si lumineuses que leur éclat devenait douloureux, ses lèvres minces, barrées de cicatrices, s’étirèrent en un sourire de requin.
— Ce n’était pas mon choix, en tout cas. Mais je suis heureux que ce soit toi. :arrow: Bon, ça va, j'ai bien compris la phrase dans ce sens quand il l'a prononcée :lol: (puis Lily m'a mis le doute, mais tout va "bien" :evil: ) Héhéhé :D

Le monde autour de moi explosa. Les contours de la silhouette de mon père se brouillèrent, une puissante lumière blanche m’aveugla. Un bruit aigu, perçant, me vrilla les tympans, une odeur d’ozone envahit mes narines. Je gémis. À travers mes paupières aux trois-quarts closes, il me sembla discerner trois ombres familières penchées sur moi. Deux paires d’yeux turquoise, une d’électriques. Une violente décharge me parcourut, mon système nerveux s’éteignit un bref instant. L’obscurité m’enveloppa, anesthésiante, salvatrice. :arrow: Kalinou-pipou il lui a mis une 'tite décharge pour la réveiller ? Yes !


— Tu vois, c’est exactement pour ça que je suis heureux que ce soit toi. À un moment donné, je pensais que ce serait Ekrest… En plus, il avait le bon tempérament. Indépendant, mais respectueux. Et il t’a bien éduquée.
Était-il en train de me… complimenter ? Je ne l’avais jamais vu aussi ambigu et ambivalent. Un instant il me malmenait et m’extorquait une action que je ne voulais pas effectuer, la seconde suivante, il m’affirmait à mots couverts qu’il était fier de moi. La colère me submergea. Était-il en train d’essayer de m’acheter avec une fausse affection ? :arrow: Loki, la base. En même temps… :lol:

— Est-ce que tu penses qu’Åke me désobéira si je lui ordonne de t’enchaîner en attendant que ton heure vienne ? :arrow: Oh mais Loki gros foufou là. Calme-toi. Ah mais on passe par tous les stades de l'argumentation là x)

Le Ragnarök, la fin du monde et de l’ère des dieux, était un évènement prophétisé par les Nornes depuis qu’elles étaient arrivées et qu’elles avaient arraché aux dieux leurs destins. Elles avaient tissé leur toile, prédit un avenir immuable dans lequel chaque chose et chaque être trouverait sa place et sa fin, à quelques rares exceptions près :arrow: dont toi 8-) Ouais bon elle, elle douille le système de base.. Mais après tout, ayant déjà tué Vali, je savais désormais que ce n’était peut-être pas si immuable que ça.
— D’ici encore quelques centaines d’années ? osai-je.
Mon père hocha la tête, un grand sourire de vipère aux lèvres.
— En théorie, oui, approuva-t-il, l’air songeur. Mais tu as déjà tué Vali.
Qu’il soit au courant ne m’étonna même pas. Comment, je n’en avais aucune idée, mais il savait.
Et soudain, je compris.
— Vous voulez altérer le cours entier du Ragnarök… soufflai-je, ébahie. Profiter des failles que je crée pour déjouer les prédictions mêmes des Nornes et des Völvur. :arrow: Ayayayaya. Cette fameuse ligne de vie manquante. La seule et l'unique.

— Je ne vais pas prétendre que je me préoccupe de toi, tu ne me croirais pas, souffla-t-il doucement. Mais j’ai réellement besoin de toi. Levi pourrait le faire, lui aussi, avec un peu de soutien et quelques pertes, mais je ne suis pas partisan de lui donner plus de pouvoir qu’Emyja ne lui en accorde déjà. :arrow: Levi pourrait être l'Élu, il veut dire ? Ou celui qui change le cours du Ragnarök (c'est peut-être le même rôle dont parle Loki) ? Il a pas de ligne de vie, lui aussi ?? Alors. C'est compliqué. More on that later.


<=

| † | † |
Ah, je comprends mieux pourquoi tu nous as conseillé de surtout pas lire la dernière phrase :lol: Hors contexte, c'est effectivement assez... détonnant.

Bon, ce chapitre met clairement mal à l'aise. Loki met mal à l'aise. C'est... Loki. Manipulateur, menteur, égoïste, et tout ce qu'on veut. On voit Lily luter contre lui, mais ça reste le dieu de la malice, elle est sa fille et il lui fait du chantage affectif. ARF.

Et l'impact que ça a sur Lily... Bon, déjà qu'elle se fait sacrément malmener par son entourage depuis le T1... Là, avec le père, c'est la cerise sur le gâteau. Ça fait clairement mal de la voir hésiter entre "C'est mon père, j'ai le droit d'exiger des choses (de l'attention, de la présence, de... l'affection (why not))" et le "C'est Loki, il agit que dans son propre intérêt, c'est sa nature même". Le fait qu'elle lutte pour pas se sacrifier en partie (sa magie) pour les plans de son père, ça met mal aussi. Ça se comprend parfaitement qu'elle veule pas perdre cet aspect de sa vie (même si c'est aussi "triste" de voir à quel point elle se sent vidée de substance sans sa magie), en même temps elle lutte contre ce qu'elle veut faire, dans la façon dont elle veut servir Loki, s'opposer à Emyja. Normal qu'elle soit confuse ou en colère. Loki n'a toujours pas puni Emya et Lily qui le sert sans broncher jusqu'ici se fait littéralement torturer.
Pas les conditions idéales pour établir un dialogue, comme elle dit.
Et franchement j'ai du mal à voir où pourrait mener tout ça, d'ailleurs. Lily veut pas perdre sa magie, mais elle craindra peut-être le courroux de Loki en conséquence.
Bon, dis rien, le Cycle va se transformer en "Lily, Selvie et Kalinou VS le reste des 9 Mondes" :mrgreen: :mrgreen:
Je rigole, mais on en est presque là (puisqu'Ekrest remet pas en doute le fait de devoir servir Loki et OKE complètement barjo de sa soeur).

Bon, toujours pas de fun en vue pour LCDS, quelle surprise :lol:
À présent que Kalinou joue les défibrillateurs sur Lily, j'espère qu'elle va vraiment réussir à sortir de ses cauchemars à répétitiin. Par contre, si elle décide de vraiment pas répondre à la demande de Mimir, j'ai peur qu'elle ose plus jamais fermer l'oeil... ARF.
On te dit pas merci hein Ellana :evil:
Oui, la dernière phrase sortie de son contexte…

J'espère avoir à peu près réussi Loki, franchement… parce que là, il passe par toutes les phases. Manipulation, chantage affectif, torture, négociation… On l'aime et on le haït pour ça, et Lily pareil.

Oui, clairement, là c'est un peu la cerise sur le gâteau de tout ce que sa famille lui demande de sacrifier (sa vie, sa santé mentale, sa magie maintenant…). C'est aussi un peu pour ça qu'elle est tellement véhémente dans son refus, parce que oui, ce n'est pas sa pyromagie qu'elle utilise le plus.
Conditions de dialogue… discutables oui. En plus elle est coincée dans son rêve, donc c'est pas comme si elle pouvait attendre de voir les conséquences de son refus, elle est direct en plein dedans.
"Lily, Selvie et Kalinou VS le reste des 9 Mondes" faudrait que je voie un jour ce que ça donne.

Ah mais c'est fun… mais discutable x) De rien en tout cas :)


TcmA a écrit : jeu. 09 sept., 2021 7:53 pm Hiello~

Bon.

Bonne ambiance, hein.

En effet, lire la dernière phrase aurait induit un certain moment de wtf, puis de lecture frénétique du chap. J'ai dû me faire violence pour ne pas aller y jeter un coup d'œil :lol: La patience a payé.

Je m'attendais bien à ce qu'il se passe un truc louche avec la pyromagie de Lily mais j'avoue que j'avais même pas envisager que Mimir puisse lui demander de s'en séparer.
Bon, pour le coup, aller dormir direct, sans attendre Selvi et Oké, c'était pas la chose à faire, 1) parce que dear old dad, on apprécie, 2) parce que j'ai peur que ça se finisse en "au fait ptdr on a besoin de ta pyromagie pour libérer m'man/p'pa" :') On repassera, pour le debrief entre nos trois patates.
Après, question : en tant que pauvre mortelle sans pouvoir toute nulle, je me demande pourquoi elle tient autant à sa magie. Comme disait Co, elle l'utilise pas souvent (mais bon, quand elle l'utilise, ça casse la baraque, figurativement et littéralement). Je comprends ce que Lily explique mais... Il lui resterait tout le reste de sa magie, non ?

Kalinou défibrillateur, en voilà une idée ! (Bichette, d'abord le mouton/Wattouat, maintenant ça...)

Ah, Loki, que tu es glaçant, creepy, qu'est-ce que tu peux nous mettre mal à l'aise. J'ai pas d'autre chose à dire de lui, j'attends de voir ce qu'il va faire. Par contre, je suis bien intéressée de savoir qui a fait le choix de Lily comme élue pour lui... (La fameuse mama dont on ne connait rien ?)

Brefouille, j'ai bien hâte de lire la suite des aventures de notre pauvre Barbecue-soon-to-be-plus-barbecue-si-ça-continue-comme-ça. Pfouah, c'est long.
C'est toujours aussi kiffant, je m'éclate à lire les horreurs que tu fais subir à tes personnages <3 :lol:

La bise~
Hiello ~

La bonne ambiance est là, effectivement.
Le débrief aura lieu, tkt. Mais bon, Selv et Ôké auraient pas pu faire grand chose pour sortir Lily de son joyeux cauchemar (quand même le wattouat y arrive pas, c'est que c'est grave).
Pour ta question, en fait, c'est plus l'overdose d'exigences que la magie en elle-même. La pyromagie n'est clairement pas la part qu'elle utilise le plus, mais si derrière tu prends en compte les deux/trois derniers mois de sa vie, sa santé mentale, Vanessa, Ekrest, les sacrifices… ça commence à picoter. Et tout ça toujours au nom de la famille.

Loki, un amour comme toujours. Pour le choix de l'Élue, thou shall see ;)

Merci bien, au moins je ne suis pas la seule folle sadique ici :D
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Le Cycle du Serpent [II] : L'Alliance des Déchus

Message par vampiredelivres »

CHAPITRE 21


Reset.
J’étais à nouveau debout face au lac étale, immobile. Le vent doux soufflait dans mes cheveux, caressait mes joues, amenait un agréable parfum d’eau et de verdure à mes narines. Il n’y avait plus de brasier ni de souffrance. La nature avait repris ses droits. Je me permis un sourire, fermai les yeux, rassérénée par la simple sensation de sentir l’air entrer sans heurts dans mes poumons. Je percevais la présence de Loki dans mon dos, comme une ombre menaçante, radiante d’énergie magique, mais je ne bougeai pas. Je ne comptais pas venir à lui de moi-même.
Les secondes s’écoulèrent ainsi en silence. Aussi immobile qu’une statue, focalisée uniquement sur ma respiration, je patientais. Mais le temps s’allongeait, et aucun d’entre nous ne bougeait. Et, à mesure que les minutes passaient l’une après l’autre, mes battements de cœur s’accéléraient. Je savais qu’il était là, j’attendais sa prochaine torture. L’instant où mon univers se réduirait à nouveau à la souffrance pure, où la seule chose qui hanterait mes pensées serait d’en finir au plus tôt. Je ne voulais pas que ça arrive, mais j’étais certaine que c’était ce qui m’attendait, et cette évidence me rendait de plus en plus nerveuse au fur et à mesure que rien ne se passait.
Finalement, je me résignai à faire le premier pas. C’était suicidaire, mais je ne voyais pas d’autre possibilité, et une pointe de curiosité maladive et déplacée me rongeait. Qu’était capable de m’imposer mon père ? Que savait-il de moi, de mes faiblesses, de mes tourments ?
La réponse à cette question fut une lame de souffrance pure dans mon cœur, une douleur si vive que mon souffle se figea dans ma poitrine et des larmes traîtresses jaillirent de mes yeux. C’était bas. Vraiment bas. Si fourbe et violent que je ne parvenais pas vraiment à l’encaisser.
— Est-ce vraiment si important ? murmurai-je difficilement.
Je ne parvenais pas à détourner mon regard de la mince silhouette enfantine, aux traits doux et au sourire jovial, teinté d’une fausse compassion honteuse. Ses fins sourcils s’arquèrent lorsqu’elle me vit choir au sol, vidée de toutes mes forces en une demi-seconde à peine, une grimace sceptique froissa son sourire. L’étau de fer de la culpabilité me comprimait le thorax, me donnait la nausée. Je revis son dernier sourire, j’entendis ses derniers mots, sa supplique. Ès’verå mjaln. Je ne veux pas survivre. Dans les souvenirs qui se rejouaient, son crâne explosa, le sang gicla, son corps s’effondra comme un pantin désarticulé.
— Est-ce que tu t’es seulement mise à ma place ? interrogea Loki en retour.
Je devinais, dans la presque imperceptible tension de ses épaules, qu’il aurait peut-être préféré être plus direct. Plus vicieux, plus mauvais. Me punir de ma résistance, me forcer à coopérer par la douleur. Mais il n’était pas le maître incontesté de la tromperie pour rien. Il savait se maîtriser rendre l’illusion crédible. Sa voix était douce, sans une once d’accusation ou de méchanceté, à l’image du personnage qu’il incarnait. Je frissonnai, effarée par l’aisance avec laquelle il était parvenu à trouver le point sensible pour me faire vaciller. Ma gorge était enrouée, ma voix inutilisable. Je n’arrivais pas à faire face à Vanessa, pas après l’avoir tuée de mes propres mains.
Je me rappelais le choc, la rage, la haine. Ces émotions brûlantes, dévorantes, qui s’étaient déversées sur Emma ensuite. Les cris mentaux de la Thor, mon insensibilité. Paralysée par la fureur à l’époque, par la culpabilité aujourd’hui. Ces dernières nuits, j’avais dormi presque sereinement, trop épuisée par le voyage pour revivre le passé, mais encore une semaine plus tôt, à Istanbul, ces iris avaient hanté mes nuits.
Le vent, qui jusque-là avait soufflé depuis le lac, dans mon dos, changea soudain de direction, charriant une amère odeur de fumée, un parfum sauvage, à la fois attirant et effrayant, évocateur de braises chaudes et de charbon de bois. Le charme se rompit au moment où je réalisai que mes souvenirs de l’odeur corporelle de Vanessa ne correspondaient pas à ce que je sentais actuellement. Ce n’était pas elle. C’était mon père. Un père vicieux, manipulateur, prêt à tout pour me faire ployer. Je me raidis.
Voyant que j’échappais à sa domination, que je reprenais mes esprits, il sourit.
— Donne-moi une raison valable pour laquelle tu ne devrais pas le faire.
— Vous n’avez jamais rien fait pour moi, répondis-je sans hésiter, sachant pertinemment que c’était un mensonge éhonté.
— Faux, rétorqua-t-il sèchement. Et tu me déçois. Dois-je te rappeler la torture des Thor ?
Un frisson courut le long de mon échine, mais je levai le menton pour faire face à son visage au sourire soudain cruel et à ses yeux animés d’une flamme mauvaise.
— Vous êtes mon père, vous êtes censé me protéger de ce genre de dangers.
— Tu es une femme indépendante. Tu n’as jamais eu besoin de ma protection, pas plus qu’aucun autre de mes enfants. Ce sont les risques de la vie que tu mènes.
— Mais puisque je suis indépendante, je ne vous dois rien.
Je le vis clairement grincer des dents, et mon instinct passa en alerte maximale. La puissance qui irradiait de sa frêle silhouette de gamine, à peine contenue, aurait effrayé le plus valeureux des combattants. On ne contredisait pas Loki impunément.
— C’est pourtant grâce à moi que tu possèdes cette magie en premier lieu.
— Mais ça ne veut pas dire que j’accepterai de m’en séparer juste parce que vous le voulez.
J’avais l’impression de tourner en rond, mais je refusais de céder. Le simple fait qu’il soit encore sous l’apparence de Vanessa me donnait la force de le contredire, de me dresser face à lui, de contester, encore et encore. Même si, malheureusement, il n’avait pas tort sur un point : je n’avais pas d’argument valable autre que mes envies et ma peur. Et le désirs de chacun étaient censés être secondaires face à la loyauté familiale. On faisait le nécessaire pour sortir les siens de situations dangereuses, c’était toujours ainsi que j’avais fonctionné. C’était ce qu’Ekrest m’avait enseigné.
C’était une terrible lutte intérieure. Accepter de recommencer à agir comme je l’avais toujours fait, au détriment de tout le mal que j’avais subi de la part de ma famille, ou m’obstiner dans cette protestation aveugle et infondée, qui ne me mènerait nulle part ?
— Et si on passait un accord ? proposa soudain mon père.
Je me crispai à ces simples mots. Un arrangement avec mon Loki, c’était comme un pacte avec le diable pour les chrétiens, il n’y avait rien de plus dangereux. Et pire encore, il n’y avait aucune garantie qu’il tienne sa parole, puisqu’il trouvait toujours le moyen d’échapper à ses responsabilités. Aussi lui coulai-je un regard sceptique et méfiant, qui lui arracha un éclat de rire amusé.
— Allons, tu ne m’as même pas écouté !
Je ne suis pas sûre d’en avoir envie… songeai-je avec une grimace, mais je tins ma langue. J’étais toujours prisonnière dans ce rêve, la prudence élémentaire me recommandait d’y aller doucement sur la provocation. J’avais certainement depuis longtemps écoulé le quota de patience qu’il accordait habituellement.
— Je suis toute ouïe, lâchai-je, morose.
Fier d’avoir obtenu une première victoire, il reprit enfin sa forme habituelle. Je réprimai difficilement un long soupir soulagé en voyant ma petite sœur disparaître dans un scintillement turquoise, et une silhouette adulte, mince et androgyne, prendre sa place. Les cheveux roux sombre flamboyèrent dans la clarté lunaire, une nuée de fines cicatrices se dessina sur les lèvres fines étirées en un sourire vicieux.
— Je te propose un accord simple. Tu acceptes de renoncer à tes pouvoirs en échange de l’information de Mímir, et pour équilibrer…
Malgré moi, je me tendis, attentive. Que pouvait m’offrir mon père pour compenser la perte d’une partie de ma magie, de mon essence même ? Que pouvait m’offrir un dieu ?
— … tu pourras, à l’avenir, quand tu le voudras, me demander une faveur. N’importe laquelle.
— Et vous l’exaucerez ? relevai-je, sceptique.
— Je mettrai tout en œuvre pour l’exaucer dès que possible.
Je cillai, consciente que si je n’avais pas insisté, il ne l’aurait pas dit, et que rien ne l’aurait alors obligé à me donner ce que je désirais. Mais même avec cette tentative d’arnaque, c’était trop beau pour être vrai. Une faveur, une seule, n’importe laquelle. Je m’adressais au dieu de la tromperie. Il ne s’investissait jamais aussi personnellement dans ce genre d’arrangements, c’était bien trop dangereux pour lui. Il y avait forcément une feinte, une faille qu’il pouvait exploiter et que je ne voyais pas.
— Je ne vous crois pas, affirmai-je le plus honnêtement du monde.
Il n’eut même pas la décence de paraître blessé. Au lieu de cela un sourire narquois, presque blasé, étira ses lèvres.
— Ce n’est pas une surprise.
Je grinçai des dents. Il ne m’aidait absolument pas. En fait, on aurait dit qu’il essayait même de me convaincre de ne pas accepter, ce qui était absurde à partir du moment où c’était lui qui avait proposé cette idée en premier lieu.
— Le jureriez-vous sur le Leiptr ?
Cette fois-ci, je vis clairement la colère dans ses yeux. La température de l’air environnant augmenta brutalement de quelques degrés, je frissonnai d’appréhension.
— Non, asséna-t-il fermement.
— Alors comment vous faire confiance ? relevai-je.
Il ne répondit pas. Je fermai les yeux, excédée, essayant de remettre un peu d’ordre dans mon esprit. Loki me proposait un pacte. Ma pyromagie contre une faveur quelconque que je pouvais réclamer à tout moment. Il y avait forcément un problème quelque part. Loki ne se risquait jamais à passer un marché de lui-même, il fallait qu’il y soit contraint. Il causait du tort aux autres par plaisir, et ne le réparait que quand on le menaçait de mort. Mjöllnir, le marteau de Thor, Skidbladnir, le bateau de Freyr, ou Draupnir, l’anneau d’Odin, n’avaient été fabriqués que parce qu’il avait d’abord tondu Sif à ras et que Thor avait menacé de le hacher menu.
— Pourquoi ne pas me torturer ? soufflai-je finalement. Pourquoi ne pas s’attaquer à ceux que j’aime ?
Un long soupir lui échappa, il tourna son regard vers le profond lac aux reflets argentés. Toujours assise face à lui, je le considérai attentivement. Ses traits rudes, comme taillés à la serpe, son menton anguleux, ses cheveux de la couleur d’une flamme mourante. Il dégageait un charme particulier, un étrange magnétisme qui m’obligeait à toujours m’orienter par rapport à lui lorsqu’il se trouvait dans les parages. Sa présence était à la fois horripilante et familière, son aura était menaçante mais son allure avait quelque chose d’envoûtant. Dans sa manière de se tenir, de se comporter, de parler, il ressemblait en tout temps à un serpent aux aguets, paré à mordre mais non-dénué d’une forme physique fascinante.
Mon regard s’attarda sur les cicatrices pâles qui striaient ses lèvres fines, souvenir d’une époque où il avait mis sa tête en jeu, mais était parvenu à éviter la décapitation. Il ne pouvait pas, aujourd’hui, prétendre me promettre une aide qu’il n’avait jamais l’intention de me fournir ensuite. Ça ne correspondait pas au dieu qu’il était.
— Si je le fais, je te perds définitivement.
Sa voix basse, feutrée, s’éleva à peine. Seul le vent qui soufflait dans mon visage et mon habitude de lire sur les lèvres me permirent de comprendre les mots. Les yeux dans le vague, une pointe de lassitude et de tristesse déformant ses traits, il poursuivit :
— Tu es au bord de la fosse, à un pas à peine de l’inconnu. Si je t’y précipite, je ne sais pas quel genre de personne je retrouverai de l’autre côté. Tu as déjà trop souffert des trahisons récentes, tu es sur le point de basculer. Et tu risques de passer dans le camp adverse. J’ai déjà fait cette erreur par le passé, je ne la referai pas une seconde fois.
Je haussai un sourcil, interpellée par sa dernière phrase. Son analyse avait trouvé un étrange écho dans ma poitrine, comme une vérité inavouée que ma conscience aurait tenté d’étouffer, mais ce ne fut pas ce que je relevai.
— Qui ? demandai-je avec douceur.
Ses lèvres se pincèrent en un rictus amer, mais il ne répondit pas. J’attendis d’obtenir plus qu’un simple et vague écho de souvenir douloureux, un nom, peut-être même une explication… en vain. Alors, plutôt que de l’interroger encore une fois, sans qu’il ne me réponde, je rangeai la question dans un coin de mon esprit, me promis de la soulever à nouveau une fois que je pourrais parler à Åke, et fermai les yeux. Quelques minutes s’écoulèrent dans un silence presque sépulcral, que même le vent et l’eau n’osèrent troubler. Muette, je réfléchissais à mes options.
Je pouvais rester coincée dans ce rêve, pour l’éternité et au delà – pour peu que mon corps ne décrépisse pas, ce qui n’était pas garanti – et discuter avec mon père de la pluie et du beau temps et éventuellement me faire torturer de temps en temps. Ou alors, je pouvais chercher des moyens d’en sortir. Mais si Kalyan n’avait pas réussi à me ramener avec ses décharges électriques, je ne voyais pas ce qui pourrait.
— Père ? soufflai-je.
Il n’avait pas cessé de me fixer. J’hésitai, sans réellement savoir ce que je comptais demander ni comment j’allais le formuler, puis, finalement, m’avançai lentement en terrain glissant.
— Est-ce que… selon les Nornes… quand était réellement censé advenir le Ragnarök ?
À nouveau, un vague sourire étira ses lèvres, me donnant un frisson.
— D’ici quelques siècles, une dizaine tout au plus. Mais le fait est que tu as tué Vali, et même ces vieilles mégères se sont maintenant perdues dans leurs toiles. Aucune d’entre elles ne l’admettra, mais il est probable que le destin de l’univers ait déjà imperceptiblement changé.
Mon pouls s’accéléra imperceptiblement, je me mordis les lèvres. Même petite, j’avais eu cette fâcheuse tendance à bousculer l’ordre établi, notamment en renversant Adam, mais je ne me serais jamais doutée que j’en viendrais à changer des prédictions millénaires. Ça n’avait jamais fait partie du plan. J’avais toujours pensé que je mourrais avant le Ragnarök, probablement dans une embuscade digne d’un récit de légende, seule ou avec Ekrest, dans un affrontement trépidant conter des combattants adverses aguerris.
— Mais ça veut dire que…
— Les chaînes de Fenrir ne se sont pas encore rompues, et les miennes non plus, mais je sens qu’elles faiblissent. Quelque chose a changé il y a peu, grâce à toi. Nous ne sommes plus emprisonnés dans un destin immuable. Ou du moins, je ne le pense pas.
J’avais l’impression de flotter, que le monde entier s’était mis à tourner. C’était improbable. On ne rompait pas les prophéties. Nombreux étaient ceux à avoir essayé, et aucun n’avait jamais réussi.
Mais d’un autre côté, n’avais-je pas provoqué la mort de l’un de ceux qui étaient censés survivre à la fin du monde ?
— Admettons que je le fasse, marmonnai-je au bout de quelques instants. Suis-je censée venir vous libérer moi-même ?
Conscient que j’avais d’une certaine manière ployé, que j’avais commencé à envisager la possibilité, les yeux de Loki scintillèrent d’un éclat de satisfaction impossible à manquer, mais il ne fit aucun commentaire déplacé.
— Ma liberté n’est pas qu’une affaire de localisation, malheureusement. Tu n’es qu’un rouage dans l’ensemble du mécanisme, d’autres devront intervenir également.
Je plissai les paupières, sceptique. D’autres ? Levi ? Åke ? Les Élites ?
— Mais, si ça peut te rassurer, tu es le rouage le plus important. Sans toi, ils ne peuvent pas bouger à leur tour.
— Pourquoi ? Cela a-t-il un rapport avec ma trame ?
— Quelle trame ? releva-t-il.
Je reportai mon regard sur le lac, blême, luttant pour ne pas dévoiler mon trouble, espérant ne pas en avoir trop dit. Il ne savait pas que je n’avais pas de trame. Il savait que j’avais tué Vali, mais il ne savait pas que je n’étais pas liée à un destin dirigé par les Nornes. Comment s’expliquait-il, alors, que je puisse agir là où d’autres ne le pouvaient peut-être pas ?
— Je ne… N’avons-nous pas tous une trame de vie, un destin tissé par les Nornes ? éludai-je. Qu’est-ce qui rend le mien si différent ?
Loki haussa les épaules, l’air de ne pas s’en préoccuper.
— La magie a parfois une manière de trouver son chemin qui nous échappe. Notre univers n’était pas fait pour être étranglé entre des fils. Quand les Nornes s’en sont emparées, elles nous ont volé nos destins, arraché notre liberté de choisir. Peut-être que, pour toi, la magie primaire de notre univers a simplement réussi à reprendre ses droits. Je ne sais pas, en toute honnêteté. La seule chose que je sais, c’est que tous ceux qui sont à ton contact peuvent eux aussi dévier du chemin qui leur était tracé.
— Mais si nous ne sommes plus soumis à leurs prédictions… ça veut dire que rien ne vous oblige à provoquer la fin du monde, non ? relevai-je, prise d’une inspiration subite.
Son expression jusque-là avenante se mua en un rictus cruel, celui d’une bête assoiffée de sang.
— Tu crois vraiment que je pourrais oublier quatre mille ans d’emprisonnement ?
Je n’eus pas besoin de répondre. Ce n’était pas la peine, ça se voyait à son expression. Il suffisait de connaître ses antécédents. Loki était violent. Jaloux. Mesquin. Vicieux. Il ne pardonnait pas, n’occultait pas ce qui était arrivé. Même moi, je n’étais pas sûre que j’aurais pu le faire si j’avais été à sa place. J’avais connu la prison, mais ce n’était rien par rapport à ce qu’il subissait depuis des dizaines de siècles.
— J’en appelle à ton sens de la famille, ma fille. Fais ce que te dicte ton honneur.
Un frisson glacial parcourut mon échine lorsque j’entendis la force qu’il avait mise dans sa voix, son insistance implicite sur les conséquences ma décision. Mes certitudes et ma volonté se craquelèrent en un million d’éclats acérés qui me transpercèrent la poitrine. Au bout du compte, j’en étais certaine, le Ragnarök aurait lieu bientôt. Que ce soit moi, Levi ou Åke qui précipitions son arrivée, il adviendrait. Quoi que dise mon père, c’était une mort à laquelle nous ne pouvions pas échapper.
En revanche, nous pouvions peut-être partir avec un peu d’avance sur les autres dieux et leurs Maisons.
— Puis-je vous faire confiance, concernant cette faveur ? soufflai-je sans réellement y croire.
Il ricana, secoua la tête.
— Confiance n’est pas le bon mot. Mais si tu fais ce que je te demande, je te repaierai comme il se doit. Une faveur si tu le souhaites, ou autre chose.
Je poussai un soupir. C’était si simple de retomber dans ses vieux travers. Céder à l’appel de la loyauté, d’une éducation intransigeante qui dictait des comportements normés et prévisibles. Et pourtant, ce doute qu’il avait instillé un peu plus tôt sur ce que je lui devais avait eu raison de moi. J’aurais aimé le combattre, faire valoir mes envies d’indépendance, mais la vérité était qu’il avait fait appel à mes valeurs, et ces dernières prenaient le pas sur ce que je voulais.
J’expirai longuement, une grimace aux lèvres, avec l’impression que mon monde cessait brièvement de tourner. Une décision. Un simple choix. Ma famille ou moi. Celle que j’avais été ou celle que je craignais de devenir.

| † | † |


J’ouvris les yeux au beau milieu de la nuit, sur un ciel sombre, voilé par des nuages bleu-gris couleur orage. Un instant, le parfum envoûtant de forêt et d’eau me fit croire que j’étais toujours dans mon monde onirique, mais très vite, en apercevant les trois silhouettes assises en cercle autour d’un feu, je réalisai que j’étais de retour dans l’univers physique que je connaissais bien. On m’avait allongée dehors, à la belle étoile. Une grimace m’échappa, je me redressai sur un coude, une lancinante douleur vrillant mon crâne. Aucun des membres de ce trio improbable qui s’était rassemblé pour une nuit ne broncha lorsque je me relevai en toute discrétion et, sans les avertir, m’enfonçai dans la petite forêt qui séparait notre campement de la source de Mímir.
Les petites branches mortes craquaient sous mes pas. Je progressais à l’aveuglette, guidée par mes souvenirs de la veille – ou était-ce la veille que j’étais venue ? – l’esprit encore perdu dans les échos de ma dernière conversation avec mon père.
Je n’arrivais pas à savoir si je m’en voulais. J’avais cédé, au bout de ce qui me semblait avoir été quelques heures à peine, vu que, loin au-delà de la couverture nuageuse, Máni avait remplacé Sól. Et, bien plus problématique, je n’étais pour une fois pas certaine d’avoir pris la bonne décision. De toute façon, mes certitudes au sujet de ma famille s’étaient troublées lorsque cette dernière m’avait abandonnée. Accepter le marché de mon père n’était peut-être qu’une tentative désespérée de prétendre que les trahisons que j’avais subies n’avaient jamais eu lieu, un essai dérisoire de ramener la situation à ce qu’elle avait été par le passé. Quoi qu’il en soit, j’avais pris ma décision, et je m’y conformerais. Sinon, Loki reviendrait me hanter. Avant de me laisser quitter mon cauchemar, il avait été très clair là-dessus : si je reculais au dernier moment, je le regretterais amèrement.
Alors, juste avant de parvenir à Mímirsbrunn, à l’orée de la forêt, je m’arrêtai, pris une profonde inspiration. Dans ma poitrine, mon cœur battait la chamade, et chacune de ses pulsations semblait résonner jusqu’au plus profond de mes os. J’expirai, nerveuse et tendue, levai la tête vers les nuages sombres, annonciateurs d’orage. Puis, d’un pas qui se voulait ferme pour me convaincre de mon choix, je franchis la dernière ligne d’arbres qui me séparait de la berge caillouteuse, et reportai mon regard sur le lac étale, à la recherche du dieu de la sagesse.
Dans l’obscurité presque totale, je fis apparaître deux petites boules de feu au bout de mes doigts, et les projetai vers l’avant, au-dessus de la surface étale. Mais, à quelques centimètres seulement du bord, j’arrêtai leur course aérienne. La tête sectionnée de Mímir flottait là, bien plus proche que la dernière fois que nous étions venus le voir. Sous l’éclairage dansant de mes flammes, ses cheveux bruns prenaient des reflets roux, et ses profondes rides n’en paraissaient que plus marquées. Ses lèvres molles semblèrent s’étirer légèrement à ma vue, ses yeux aqueux étincelèrent d’une satisfaction impossible à dissimuler. Raide, je lui adressai un hochement de tête respectueux, m’agenouillai, plongeai mes mains dans la source. Le froid me mordit la peau, paralysa mes terminaisons nerveuses. Un frisson d’appréhension courut le long de mon échine, je dus me retenir de soupirer pour chasser ma nervosité. Ma bouche s’assécha, et même la gorgée d’eau que je pris ne parvint pas à dissiper cette soudaine sensation d’amertume sur ma langue. Au contraire, même, après le passage du liquide à la fois doux et piquant, j’eus l’impression que cette impression s’accentuait.
— Lilith, fille de Loki, projeta Mímir dans ma direction sans une once de surprise dans la voix. Je savais que ton père te convaincrait.
Je haussai un sourcil, sceptique.
— Vous tapez la causette régulièrement ?
— Il s’avère que nos échanges ponctuels peuvent être très intéressants… répondit-il, pince-sans-rire.
Je cillai. Mon père influençait parfois les rêves des hommes, et ça se savait depuis très longtemps, mais qu’il discute avec un dieu comme Mímir, ça, c’était moins connu. En fait, je n’avais jamais entendu parler d’une telle situation.
— Et comment échangez-vous ? ne pus-je m’empêcher de demander.
— Ce n’est pas la question à laquelle je répondrai. As-tu changé d’avis ?
Un soupir m’échappa lorsqu’il me ramena brutalement à la raison de ma visite, et je grimaçai, mais je finis néanmoins par acquiescer.
— Où est située la prison de Loki, et comment y accéder ? lançai-je brusquement, brûlant d’en finir.
— Le coût est resté le même.
— Je l’accepte, grommelai-je, sans parvenir à faire taire la nuance irritée dans ma voix mentale.
— Parfait. Tu es consciente, j’espère, ajouta-t-il après un instant de réflexion, que tu dois payer en amont.
Je réprimai difficilement un rictus las, blasé. Ce n’était pas vraiment une surprise, mais j’aurais préféré que ce soit le cas de figure inverse. Quoique, je comprenais bien pourquoi, décemment, Mímir ne pouvait pas se contenter de livrer ses informations en espérant que tout le monde serait honnête. C’était mal connaître les demi-divins, et surtout les enfants de Loki.
— Comment dois-je procéder ? demandai-je, la mort dans l’âme.
Quelques secondes passèrent sans que Mímir ne dise rien, comme s’il rassemblait ses connaissances. J’attendis, mon cœur tambourinant dans ma poitrine, les yeux rivés sur les vaguelettes qui s’écrasaient sur le rivage pierreux en chuintant. Dans le silence qui avait envahi mon crâne, le calme de ces lieux devenait incroyablement apaisant. Mais éphémère, comme j’eus l’occasion de le constater lorsque la voix rauque s’éleva à nouveau dans mon esprit.
— Recule de cinq pas, m’intima le dieu.
Je me redressai, les muscles encore courbaturés par la pénible nuit que j’avais passée et les minutes passées accroupie, et m’exécutai. Une fois parvenue à la distance indiquée, la tête reprit :
— Trace un double pentacle protecteur.
Je fis apparaître un simple couteau, m’accroupis, et le plongeai dans la terre meuble, à un demi-mètre environ du point où je me tenais, puis pivotai sur moi-même. La lame argentée profondément enfoncée dans le sol arracha des brins d’herbe sur son passage, souleva la terre comme une charrue, y traçant un profond et grossier cercle d’une demi-douzaine de centimètres de profondeur, puis un second, plus large d’environ cinq centimètres de rayon. Ensuite, je sortis du cercle, y creusai une série de traits obliques, jusqu’à former une étoile à cinq branches dont les pointes effleuraient les bords du cercle. Mon pouls s’était apaisé. L’odeur de terre humide, douce et familière, me tranquillisait, tout comme les actes rituels que je connaissais et que j’avais mille fois répétés.
Je soufflai longuement en ayant fait ce qu’on m’avait demandé puis, pour clarifier un peu l’espace dans lequel j’avais travaillé, j’y invoquai mes flammes. Voraces, elles jaillirent du centre de l’étoile, consumèrent en quelques instants toute l’herbe qui se trouvait à l’intérieur du pentacle, mais moururent sans franchir la frontière du cercle extérieur. Je les observai s’éteindre avec un pincement au cœur, consciente que c’était probablement la dernière fois que je les utilisais.
— Double rangée de runes de protection, m’ordonna Mímir.
Sceptique, je fronçai un sourcil, mais m’abstins de discuter. Deux rangées de runes, l’une dans l’espace entre les deux cercles, l’autre à l’intérieur, entre les branches de l’étoile, vinrent compléter mon pentacle, de manière à ce qu’aucun élément physique ou magique, que ce soit la foudre d’un Thor ou une balle tirée dans ma direction, ne puisse pénétrer dans l’espace dans lequel je me tenais. Bien évidemment, il fallait d’abord que j’insuffle de l’énergie à mon pentacle, mais ça attendrait encore un peu.
— Très bien. Maintenant, écoute-moi bien, une fois que tu auras activé ton pentacle, notre liaison sera interrompue, donc je ne pourrai plus te guider. Je vais donc t’expliquer le principe du troisième rituel interdit.


| † | † |


<= On parlait donc de sacrifices au nom de la famille… :ugeek:
(Et y'a trop d'italique à mettre en forme dans ce chapitre :roll: )
Dernière modification par vampiredelivres le lun. 20 sept., 2021 4:51 pm, modifié 1 fois.
louji

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Re: Le Cycle du Serpent [II] : L'Alliance des Déchus

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : lun. 13 sept., 2021 2:27 pm
Oui, la dernière phrase sortie de son contexte…

J'espère avoir à peu près réussi Loki, franchement… parce que là, il passe par toutes les phases. Manipulation, chantage affectif, torture, négociation… On l'aime et on le haït pour ça, et Lily pareil.

Oui, clairement, là c'est un peu la cerise sur le gâteau de tout ce que sa famille lui demande de sacrifier (sa vie, sa santé mentale, sa magie maintenant…). C'est aussi un peu pour ça qu'elle est tellement véhémente dans son refus, parce que oui, ce n'est pas sa pyromagie qu'elle utilise le plus.
Conditions de dialogue… discutables oui. En plus elle est coincée dans son rêve, donc c'est pas comme si elle pouvait attendre de voir les conséquences de son refus, elle est direct en plein dedans.
"Lily, Selvie et Kalinou VS le reste des 9 Mondes" faudrait que je voie un jour ce que ça donne.

Ah mais c'est fun… mais discutable x) De rien en tout cas :)
Ah bah pour moi Loki est réussi. Je dirais pas que je l'aime (je l'ai jamais spécialement aimé) mais je le crains pour ce qu'il est et, à mes yeux, c'est ce qui fait la réussite du personnage. Je l'aime pas car il est bien trop égoïste (comme +/- toutes les divinités, certes), mais cet égoïsme se mêle à la manipulation, la fourberie, la trahison donc... yerk, nope pour moi :lol: (après, pour l'instant, je le hais moins viscéralement que Kaiser, mais il reste 2 tomes 1/3 donc bon)

Oui, clairement, c'est la bonne poire de service Lily :''''') Ça se comprend qu'elle finisse par péter un câble et refuser tous les sacrifices. Surtout que pour elle, qu'est-ce qu'il y a au bout du chemin ? La Confrérie est aux mains de Kaiser en attendant le Ragnarök et elle connaît pas sa destinée pour le Ragnarök. Alors... on comprend qu'elle freine des quatre fers :roll:
Et la discussion avec Loki... ben ça donne pas des raisons de l'aimer en plus, même su ça reste cohérent avec son rôle dans la mythologie nordique :?
louji

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par louji »

J'attaque le nouveau chap !

P'tain, évidemment ce que vit Lily dans son cauchemar-réel est affreux, mais j'imagine aussi Selvie et Kal à côté :( Ça doit être horrible de rien pouvoir faire si ce n'est de la faire mourir-vivre en continue aled :''')

"C’était bas. Vraiment bas." :arrow: C'est Loki, bro, une pourriture parmi tant d'autres.

"— Est-ce que tu t’es seulement mise à ma place ? interrogea Loki en retour." :arrow: Bro, manipulation mentale et affective. Loki, t'es le seul responsable de ta situation. Un enfant doit rien à son parent dans la plus basique des logiques.
(oui je suis colère contre loki :evil: )

" Il savait se maîtriser rendre l’illusion crédible." :arrow: ouais, le servo est atteint de pauvre Lily :(

(quelle enflure ce loki, utiliser ness, grosse enflure je te hais ouais)

"— Mais puisque je suis indépendante, je ne vous dois rien." :arrow: 8-) 8-)

"ne nuée de fines cicatrices se dessina sur les lèvres fines étirées en un sourire vicieux." :arrow: répétition

"Et tu risques de passer dans le camp adverse. J’ai déjà fait cette erreur par le passé, je ne la referai pas une seconde fois." :arrow: ??? trop de power dans cette phrase ??? Déjà, 1, mec, c'est mérité si Lily passe dans un autre camp (le camp en face, on ne sait pas. son camp à elle, ça pourrait être fun 8-) ). Et qui est l'autre qui est passé en face ?? Emyja ?

"ans un affrontement trépidant conter des combattants adverses aguerris." :arrow: contre
(mdr le rêve de petite fille de Lily vole en éclats... :( si elle pouvait survivre jusqu'à la fin (et au-delà), ce serait cool.)

"tous ceux qui sont à ton contact peuvent eux aussi dévier du chemin qui leur était tracé." :arrow: Kal et Lily, l'amour interdit, bientôt sur les écrans.

NON LILY NOOOON. C'est une biatch de première, il veut la fin du monde esh ??? Ok, j'imagine que tous les dieux veulent se bastonner (sauf peut-être les Vanir ?) mais si y'a moyen d'éviter des milliers de morts ?
LILITH T'AS LE SORT DU MONDE ENTRE TES MAINS COCOTTE
LES VALEURS C'EST UNE CONSTRUCTION SOCIALE.
Ptn madame tout le monde t'a lâchée, abandonnée, trahie (sauf Selvie et Kalinou et Ness et Beth :evil: ) et ??? TU LEUR DOIS RIEN. Donner, c'est donner. Reprendre, c'est voler :evil:
Ah non non je suis pas d'accord.
Puis, quand on y pense, elle se range du côté des valeurs de sa famille. Donc elle veut servir sa famille. Mais servir Loki, c'est se projeter dans le Ragnarök. Se projeter dans le Ragnarök, c'est se projeter dans la mort des siens ??? :'''')
ESH.
Bon je vais lire la 2e partie.
Trop hâte que Lily abandonne sa pyromagie pour trouver Loki, faire la macarena devant lui puis sceller pour de bon sa grotte ;) ;) ;) A bon entendeur comme diraient les boomers

"pénible nuit que j’avais passée et les minutes passées accroupie" :arrow: répétition ;)

Attends koi elle est où la fin

ELLE EST OU LA FIN

LOKINETTE

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par TcmA »

Holà~

BON. ALORS.

Loki, grosse enflure manipulatrice, yes.

YES ALLEZ, ON UTILISE NESS YEEEEEHAAAAAAAW.

Lily qui cède à cette manipulation parce que pas trop le choix et culpabilité, chouette, bien joué Loki (va chier, mec, t'es le seul responsable de ta merde).

Loki qui a fait de la merde avec l'un de ses enfants (certes, il fait ça tout le temps, mais là ça a l'air VRAIMENT GROS), "J'ai déjà fait cette erreur par le passé, je ne la referai pas une seconde fois.", ça devait être avec Emyja pour qu'elle aie trahi Loki et qu'elle essaie de niquer les Elites depuis des lustres (donc en plus ce qui arrive à Lily c'est parce que Loki a fait de la merde, encore et toujours).

Loki ne sait pas que Lily n'a pas de trame de vie, ça c'est intéressant. Elle a l'avantage sur ce point, yesssss (UTILISE CA MA LOKINETTE BARBEC. Bon, plus trop barbec. MAIS UTILISE CAAAAAA).

Et la faveur... Ben je sais pas quoi en penser. Ca pue parce que c'est Loki. Mais en même temps, il a pas le choix (même si je suis sûre qu'il arrivera à retourner tout ça comme une chaussette). Donc à voir.

Bon bon bon, qu'est-ce c'est que cette histoire (what is it that this story is, hein) de troisième rituel interdit, là ? Ca aussi ça pue (et le fait qu'il a tout protégé autour... Ca sent le barbec 2.0 )

J'ai bien hâte de lire la suite, bravo :c

La bise~
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Re: Le Cycle du Serpent [II] : L'Alliance des Déchus

Message par vampiredelivres »

louji a écrit : mer. 15 sept., 2021 11:00 am Ah bah pour moi Loki est réussi. Je dirais pas que je l'aime (je l'ai jamais spécialement aimé) mais je le crains pour ce qu'il est et, à mes yeux, c'est ce qui fait la réussite du personnage. Je l'aime pas car il est bien trop égoïste (comme +/- toutes les divinités, certes), mais cet égoïsme se mêle à la manipulation, la fourberie, la trahison donc... yerk, nope pour moi :lol: (après, pour l'instant, je le hais moins viscéralement que Kaiser, mais il reste 2 tomes 1/3 donc bon)

Oui, clairement, c'est la bonne poire de service Lily :''''') Ça se comprend qu'elle finisse par péter un câble et refuser tous les sacrifices. Surtout que pour elle, qu'est-ce qu'il y a au bout du chemin ? La Confrérie est aux mains de Kaiser en attendant le Ragnarök et elle connaît pas sa destinée pour le Ragnarök. Alors... on comprend qu'elle freine des quatre fers :roll:
Et la discussion avec Loki... ben ça donne pas des raisons de l'aimer en plus, même su ça reste cohérent avec son rôle dans la mythologie nordique :?
Ah mais c'est une terrible fouine manipulatrice, égoïste et destructrice. Papa de l'année, vraiment.
Elle donne tout et récupère… encore davantage de trahisons et de coups dans le dos x) On aime.

louji a écrit : mer. 15 sept., 2021 11:25 am J'attaque le nouveau chap !

P'tain, évidemment ce que vit Lily dans son cauchemar-réel est affreux, mais j'imagine aussi Selvie et Kal à côté :( Ça doit être horrible de rien pouvoir faire si ce n'est de la faire mourir-vivre en continue aled :''')

"C’était bas. Vraiment bas." :arrow: C'est Loki, bro, une pourriture parmi tant d'autres.

"— Est-ce que tu t’es seulement mise à ma place ? interrogea Loki en retour." :arrow: Bro, manipulation mentale et affective. Loki, t'es le seul responsable de ta situation. Un enfant doit rien à son parent dans la plus basique des logiques.
(oui je suis colère contre loki :evil: )

" Il savait se maîtriser rendre l’illusion crédible." :arrow: ouais, le servo est atteint de pauvre Lily :(

(quelle enflure ce loki, utiliser ness, grosse enflure je te hais ouais)

"— Mais puisque je suis indépendante, je ne vous dois rien." :arrow: 8-) 8-)

"ne nuée de fines cicatrices se dessina sur les lèvres fines étirées en un sourire vicieux." :arrow: répétition

"Et tu risques de passer dans le camp adverse. J’ai déjà fait cette erreur par le passé, je ne la referai pas une seconde fois." :arrow: ??? trop de power dans cette phrase ??? Déjà, 1, mec, c'est mérité si Lily passe dans un autre camp (le camp en face, on ne sait pas. son camp à elle, ça pourrait être fun 8-) ). Et qui est l'autre qui est passé en face ?? Emyja ?

"ans un affrontement trépidant conter des combattants adverses aguerris." :arrow: contre
(mdr le rêve de petite fille de Lily vole en éclats... :( si elle pouvait survivre jusqu'à la fin (et au-delà), ce serait cool.)

"tous ceux qui sont à ton contact peuvent eux aussi dévier du chemin qui leur était tracé." :arrow: Kal et Lily, l'amour interdit, bientôt sur les écrans.

NON LILY NOOOON. C'est une biatch de première, il veut la fin du monde esh ??? Ok, j'imagine que tous les dieux veulent se bastonner (sauf peut-être les Vanir ?) mais si y'a moyen d'éviter des milliers de morts ?
LILITH T'AS LE SORT DU MONDE ENTRE TES MAINS COCOTTE
LES VALEURS C'EST UNE CONSTRUCTION SOCIALE.
Ptn madame tout le monde t'a lâchée, abandonnée, trahie (sauf Selvie et Kalinou et Ness et Beth :evil: ) et ??? TU LEUR DOIS RIEN. Donner, c'est donner. Reprendre, c'est voler :evil:
Ah non non je suis pas d'accord.
Puis, quand on y pense, elle se range du côté des valeurs de sa famille. Donc elle veut servir sa famille. Mais servir Loki, c'est se projeter dans le Ragnarök. Se projeter dans le Ragnarök, c'est se projeter dans la mort des siens ??? :'''')
ESH.
Bon je vais lire la 2e partie.
Trop hâte que Lily abandonne sa pyromagie pour trouver Loki, faire la macarena devant lui puis sceller pour de bon sa grotte ;) ;) ;) A bon entendeur comme diraient les boomers

"pénible nuit que j’avais passée et les minutes passées accroupie" :arrow: répétition ;)

Attends koi elle est où la fin

ELLE EST OU LA FIN

LOKINETTE

OH JE VAIS TE HARCELER EN DM
Bonsoir x)

Alors. Selvie et Kal, ils sont dans un état… hum. Oui. En gros, ils voient Lily s'endormir, puis soudain se mettre à hurler dans son cauchemar… sans jamais pouvoir la réveiller. T'imagines qu'ils sont pas sereins, ils ont aucune idée de ce qui se passe.

Yes, il n'y a aucune histoire de dû ou de devoir de Lilith à Loki… mais Loki sait très bien que c'est Ekrest qui a élevé Lilith, et que la loyauté et le sacrifice étaient la base de son éducation. Tkt, la manipulation affective, il gère x)

Yas, Emyja… une longue histoire, ça. Plus d'infos au prochain chap (aka le prélude de la partie 3 ^^).
Tu sais qu'il y a une déesse pour les amours interdits ? Lófn. D'ailleurs elle risque de passer faire coucou :mrgreen:

Ah ouais mais il a tiré sur la corde sensible aussi… elle ne lui doit rien, mais elle a l'impression de le devoir. Et juste ça, ça suffit à la faire basculer.
Oh j'aime bien ta conclusion du prélude au Ragnarök x) Je note, je note…

Merci comme d'habitude d'avoir relevé toutes mes petites bêtises ^^

La bise ~

TcmA a écrit : mer. 15 sept., 2021 7:05 pm Holà~

BON. ALORS.

Loki, grosse enflure manipulatrice, yes.

YES ALLEZ, ON UTILISE NESS YEEEEEHAAAAAAAW.

Lily qui cède à cette manipulation parce que pas trop le choix et culpabilité, chouette, bien joué Loki (va chier, mec, t'es le seul responsable de ta merde).

Loki qui a fait de la merde avec l'un de ses enfants (certes, il fait ça tout le temps, mais là ça a l'air VRAIMENT GROS), "J'ai déjà fait cette erreur par le passé, je ne la referai pas une seconde fois.", ça devait être avec Emyja pour qu'elle aie trahi Loki et qu'elle essaie de niquer les Elites depuis des lustres (donc en plus ce qui arrive à Lily c'est parce que Loki a fait de la merde, encore et toujours).

Loki ne sait pas que Lily n'a pas de trame de vie, ça c'est intéressant. Elle a l'avantage sur ce point, yesssss (UTILISE CA MA LOKINETTE BARBEC. Bon, plus trop barbec. MAIS UTILISE CAAAAAA).

Et la faveur... Ben je sais pas quoi en penser. Ca pue parce que c'est Loki. Mais en même temps, il a pas le choix (même si je suis sûre qu'il arrivera à retourner tout ça comme une chaussette). Donc à voir.

Bon bon bon, qu'est-ce c'est que cette histoire (what is it that this story is, hein) de troisième rituel interdit, là ? Ca aussi ça pue (et le fait qu'il a tout protégé autour... Ca sent le barbec 2.0 )

J'ai bien hâte de lire la suite, bravo :c

La bise~
Yo x)

Ah mais Loki vous fait péter des câbles c'est trop drôle :lol:
Loki fait toujours de la merde, de toute façon, c'est le principe de son existence.

Barbecue plus si barbecue que ça bientôt…
De toute façon, Lily y croit pas trop non plus, à cette faveur. Et en même temps, ça se comprend… :?

Le troisième rituel interdit… on en parlera plus tard. En tout cas, tout est bien sécure pour le prochain chap.

Merci bien, la bise ~

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Le Cycle du Serpent [II] : L'Alliance des Déchus

Message par vampiredelivres »

CHAPITRE 22


Une brise froide souleva mes cheveux, amenant le doux parfum de la forêt à mes narines, caressa ma poitrine dénudée. Le bouclier thermique que j’avais érigé me moulait comme une seconde peau liquide, vibrante, épousant le moindre de mes mouvements. Je pris une profonde inspiration, la retins aussi longtemps que possible dans mes poumons, puis soufflai longuement, et murmurai :
— Värka.
Une partie de mon énergie magique m’échappa, se diffusa dans le pentacle, dont les bordures, puis les runes, s’illuminèrent brièvement de turquoise. L’air autour de moi se mit à vibrer, parcouru de faibles, mais néanmoins perceptibles, décharges magiques. Je me mordillai la langue, percevant la soudaine absence de Mímir dans mon esprit comme une corde tendue qu’on aurait brusquement coupée. Un goût amer envahit ma gorge, je dus me faire violence pour me concentrer à nouveau sur la chronologie de mes actions.
Lentement, comme dans un rêve, je levai ma main gauche, porteuse du couteau que j’avais pris soin de nettoyer pour éviter les infections. La pointe effilée effleura mon sternum, ouvrit l’épiderme sans m’arracher ne serait-ce qu’une grimace, puis s’enfonça un peu plus profondément, jusqu’à ce que le sang jaillisse. Alors seulement, la douleur se manifesta, mais je m’obligeai à poursuivre. Des frissons coururent le long de ma nuque alors que je dessinais un triangle pointant vers le haut au centre de ma poitrine. Le symbole arcanique du feu.
Soudain, le vent s’intensifia, fouettant mon visage, et une première goutte de pluie s’écrasa sur mon front. Je rivai mon regard turquoise dans celui, vert liquide, terne et mort, de Mímir, et soufflai d’une voix rauque, brisée par l’idée même de ce qui allait advenir :
— Jarthen kenomsig ther’verå al ikare keverh.
Le murmure s’échappa de ma gorge enrouée tel une plainte, fut emporté par la brise avant même d’avoir atteint mes oreilles. Le flux magique, que j’avais senti jusque-là pulser harmonieusement dans mon corps sur un rythme presque identique à celui de mes battements de cœur, s’accéléra soudain, se concentra dans ma poitrine, s’y accumula. La sensation, d’abord grisante, devint bien vite douloureuse au fur et à mesure que les os de ma cage thoracique étaient repoussés vers l’extérieur, soumis à la monstrueuse pression de mon énergie magique, que je percevais pour la première fois dans sa totalité. Mes poumons comprimés vers l’intérieur de mon corps frémirent, je pris une inspiration saccadée. Puis une seconde. Puis une troisième, jusqu’à me caler sur un rythme un peu plus rapide, mais qui continuait à alimenter mon corps en oxygène. Et la magie continua à s’accumuler sous ma peau.
La force du vent augmenta encore d’un cran, les rares gouttelettes qui étaient tombées jusque-là se muèrent en une pluie fine et glacée, persistante. Je fus parcourue d’un frisson glacé lorsque l’eau commença à couler en sillons froids sur ma peau. Une première flammèche, incontrôlable, apparut sur mon bras, glissa le long de mon bouclier thermique jusqu’à ma main comme une coulée de lave avant de se vaporiser, noyée par la bruine.
— Jarthen kenomsig ther’verå al ikare keverh.
Par ce sacrifice, je renonce à ma magie de feu.
La simple sensation de puissance dans ma poitrine devint une forte douleur, qui commença d’abord par me brûler au niveau du cœur, avant de commencer à irradier vers mes membres. Un grondement m’échappa, je ployai un genou, appuyai mes phalanges contre le sol humide sans parvenir à étouffer des râles de douleur alors que mes côtes semblaient se craqueler une à une. Des flammes jaillirent de ma peau, sauvages, nombreuses, animées d’une vie qui leur semblait propre. Elles s’écrasèrent en vagues agressives contre les parois du pentacle de protection, refluèrent vers moi en une marée de lumière tumultueuse.
— Lilith ? appela soudain une voix distante, vaguement familière.
La pluie tambourinait contre ma peau. Glacée, transie jusqu’au cœur des os, et pourtant aussi fiévreuse que si j’étais gravement malade, je n’entendis l’appel qu’à travers une brume cotonneuse. Incapable d’y répondre, je me roulai en boule sur moi-même en un vain espoir de comprimer la souffrance qui me déchirait de l’intérieur, geignis.
— Elle est là !
Un cri, qui n’avait pas été poussé à mon intention. À peine focalisée sur le timbre grave, masculin, clairement inquiet, je répétai encore une fois l’incantation rituelle.
— Jarthen kenomsig ther’verå al ikare keverh.
— Lily, qu’est-ce que tu fais ?!
Le monde autour de moi s’effaça dans une explosion de lumière orangée. J’eus encore vaguement le temps de percevoir les bruits qui de pas qui m’entouraient, le pentacle qui encaissait un assaut magique d’une rare puissance, quelques cris indistincts, puis la pression du flux magique vainquit mes relents de conscience. Le sang dans mes veines se mua en acide, qui submergea mon organisme tel un tsunami destructeur, me noya dans une douleur insoutenable. La brûlure des flammes qui s’étaient accumulées dans ma poitrine et qui luttaient pour s’échapper devint soudain une morsure glaciale, dévorante, qui me détruisait de l’intérieur. Je poussai un hurlement de souffrance à l’état pur, paupières closes, tête rejetée en arrière, sans savoir si c’était réel ou non.
Je ne sentais plus rien d’autre que le gel qui paraissait s’étendre lentement depuis mon cœur et me dévorer vivante. Tout le reste s’était effacé. Sons, odeurs, perceptions… tout. Un bourdonnement sourd emplissait mes oreilles, mon nez semblait avoir été pris dans un bloc de glace, ma langue était figée, paralysée. Derrière mes paupières fermées, le noir était absolu. Et ma peau était si froide qu’elle paraissait brûler. Je me mordis les lèvres jusqu’au sang, mais même la sensation du liquide qui s’écoulait et son goût métallique m’échappaient. La terreur, une terreur pure et absolue, comme je n’en avais jamais connue, était la seule chose que je ressentais encore. Le froid progressait un peu plus loin à chaque instant, gagnait du terrain. Il paralysait mes muscles, ralentissait les battements de mon cœur, figeait mes poumons, me frigorifiait, lentement mais sûrement, de l’intérieur. Si j’avais eu les yeux ouverts, j’aurais été étonnée de ne pas voir du givre se former sur ma peau nue.
J’étais en train de mourir. Et je ne voulais pas. Maintenant que j’étais devant le fait accompli, tout mon corps se révulsait à cette idée. Chaque battement de cœur supplémentaire était une victoire, chaque inspiration erratique qui s’échappait de mes lèvres était un pas en arrière, un peu plus loin du néant. Et je demeurais douloureusement consciente. À aucun moment mon esprit ne voulut divaguer, se jeter dans le néant pour occulter la souffrance, comme si une chaîne d’acier m’emprisonnait ici, dans une prison de chair et de glace. Je ne pouvais pas y échapper. J’agonisais mille fois, sans jamais succomber. Je savais que j’aurais déjà dû quitter ce monde. Rejoindre Helheim, sombrer dans l’oubli.
Et pourtant.
La sensation de brûlure glacée s’atténua. D’abord imperceptiblement, m’arrachant toujours des gémissements inarticulés. Puis, graduellement, le froid reflua de mon organisme. Pas totalement. Mais la douleur devint supportable. Mes muscles recommencèrent à réagir à mes impulsions. En hurlant silencieusement, certes, mais ils répondirent. Je demeurai prostrée, mentalement roulée en boule, tremblante, haletante, avec l’impression d’avoir été écorchée vive. Lentement, mes sensations revinrent une à une. D’abord le contact presque chaud du sol, que je savais au fond de moi être glacial, la pluie battante sur ma peau nue. Puis, le goût du sang brûlant sur ma langue, ma gorge desséchée, la soif qui me tenaillait. Ensuite les odeurs, le parfum étrange de la chaleur de mes flammes qui flottait dans l’air, mêlé à celui, acidulé, de la terre trempée. Et enfin, j’ouvris les yeux.
Réprimant difficilement un grondement de douleur, je me redressai lentement, ankylosée, nauséeuse. J’avais envie de rendre tout ce que j’avais dans l’estomac… ce qui se résumait à absolument rien à part de la bile. Pourtant, malgré les larmes salées qui striaient mes joues et se mêlaient à la multitude de gouttes de pluie dévalant mon visage, je me redressai, droite, presque raide.
Au fond de moi, je savais que j’avais réussi.
Inconsciemment, j’étais en train de barricader contre l’idée de cette perte soudaine, contre cette sensation de vide qui me dévorait de l’intérieur. Les dernières flammèches de ce qui avait probablement été une immense colonne de feu, contenue à l’intérieur de mon pentacle de protection, finissaient de s’éteindre, laissant l’obscurité reprendre ses droits sur la nuit étoilée. Un T-Shirt propre apparut directement sur mon corps, je brisai le pentacle que j’avais dessiné en brouillant du talon les lignes nettes qui me séparaient du reste du monde. Les runes s’éclairèrent brièvement, puis leur éclat mourut. Et, à l’instant où mon énergie magique cessa de se déverser dans le symbole de protection, la liaison avec Mímir se rétablit. Son esprit effleura le mien tel une caresse apaisante, et le rictus qui déformait toujours ses lèvres sembla se teinter d’une pointe de tristesse. Ses yeux vert d’eau, presque invisibles dans la distance qui nous séparait et la pluie dense, scintillèrent d’un éclat de respect impossible à manquer.
Il ne fit pourtant aucun commentaire sur ce qui venait de se passer, préféra aller droit au but. Les images se déversèrent dans mon esprit avec une clarté renversante, si rapides, nombreuses et détaillées que, l’espace de quelques secondes, je suffoquai presque sous l’afflux d’informations. Elles s’imprimèrent dans ma mémoire comme si c’étaient mes propres souvenirs, et je sus que si j’avais un jour à faire le chemin moi-même, je pourrais le faire les yeux fermés. La connaissance était d’un seul coup si intuitive, si profondément ancrée en moi, que je me demandai un instant si Mímir n’avait pas simplement révélé quelque chose que j’aurais déjà su mais oublié auparavant.
— Tu peux transférer cette information comme je viens de le faire à qui tu le souhaites. Ah, et avant que je n’oublie de le mentionner…
Anesthésiée, je hochai la tête. J’avais conscience des regards interrogateurs qui pesaient sur mes épaules, des trois personnes qui m’observaient en attendant que je finisse pour me noyer dans les questions. Je sentais le flux magique qui pulsait dans l’air autour d’eux comme je ne l’avais jamais perçu jusque-là, clair et distinct, douloureusement régulier en comparaison du mien, soudain chaotique et arythmique.
— … il te faudra les Järngreipr pour ouvrir la porte de la caverne.
Un instant, mon esprit encore secoué par le choc ne percuta pas, puis la gangue d’insensibilité derrière laquelle je m’étais réfugiée se fissura. Le poids des mots atteignit ma conscience, je m’insurgeai brusquement :
— Les gantelets de force de Thor ?!
— Ceux-là mêmes.
— Mais…
— Je ne pourrai pas te dire comment te les procurer, répondit-il sèchement, me coupant l’herbe sous le pied – au figuré du moins. Mais encore une chose. Ce n’est pas une réponse à une question que tu avais posée, mais je te l’offre malgré tout, et ton père t’en a vaguement parlé également. Tu es une sorte de rouage. Tu déformes les chemins de vie, tu les dévies et les arraches aux trames des Nornes. Si tu souhaites changer le destin du plus grand nombre, influe sur les grands de ce monde.
Encore sous le coup de l’information des Järngreipr, je cillai, luttant pour comprendre centrer mon attention sur ces paroles sibyllines.
— Mais… pourquoi me parler de ça ? Qu’est-ce que ça vous apporte ?
Une pointe de tristesse se faufila dans sa voix lorsqu’il me répondit :
— Dis-moi, qu’est-ce qui me serait arrivé si j’étais réellement mort ?
— Vous seriez allé au Valhalla, probablement… hésitai-je.
— Ou alors au Helheim. Mais le lieu n’importe pas vraiment. En revanche…
J’attendis. Son ton, un mélange de peine et d’amertume, paraissait résonner jusque dans mes os, faire vibrer mon corps. C’était un dépit millénaire, dont je commençais à entrevoir la cause, sans totalement parvenir à la cerner.
— J’aurais eu un corps entier, finit-il par admettre, empli d’une profonde rancœur. Alors qu’ici… Je n’ai jamais demandé à être ressuscité. Et surtout pas sous cette forme. Quand Odin s’est lassé de me transporter avec lui et de me poser des questions, il m’a laissé ici, dans cette source qui est devenue ma prison.
Je demeurai muette, l’esprit en vrac, ne sachant vraiment que dire. J’avais connu l’enfermement pesant, la solitude forcée. Je ne l’aurais souhaité à personne.
— Alors, quoi que tu fasses, que tu échoues ou réussisses à briser le destin que les Nornes ont prédit… au moins, tu m’auras libéré. Considère cela comme un remerciement.
J’avançai d’un pas, mon regard fiché dans celui, vide et terne, de la divinité. Son visage que je voyais à peine n’arborait aucune expression, mais les gouttes qui coulaient le long de ses profondes rides, depuis ses yeux jusqu’à son menton à moitié immergé, ressemblaient à des larmes.
— Est-ce que vous ne voudriez pas… que je le fasse maintenant ? proposai-je sans réellement savoir d’où me venait cette idée, ni si je serais capable de l’exécuter.
Il me sembla entendre du sarcasme dans son ton lorsqu’il répliqua, l’air presque provocateur :
— Essaie.
J’évaluai rapidement la distance, conclus bien vite que l’arc serait la meilleure solution. Momentanément distraite de la profonde douleur qui percluait pourtant toujours l’ensemble de mon corps, je fis apparaître mon arme et encochai une flèche, malgré les hoquets de stupeur qui s’élevaient dans mon dos. Avant que quiconque n’ait le temps de m’arrêter, je visai, tirai. La flèche vrombit, véloce, mais, à une quinzaine de centimètres de la tête de Mímir, fut brutalement déviée sur le côté, et s’abîma dans les vaguelettes du lac.
— Odin m’a « protégé », expliqua le dieu de la sagesse. Ni sorts ni objets ne peuvent m’atteindre. Je suis voué à mourir uniquement lorsque les flammes de Surtr consumeront la totalité du flux magique et dévoreront notre univers.
Cette fois, je perçus clairement l’amertume de sa voix. Il voulait disparaître. Il voulait mourir. Mais personne ne pouvait le lui permettre.
— Je suis navrée, murmurai-je spontanément.
Il ricana doucement, aigri, dépité.
— Mais je te remercie d’avoir essayé. Maintenant, va. Et n’oublie pas, tu as une chance de survivre. On essaiera de te faire croire le contraire, mais tu peux y parvenir.
J’acquiesçai, hantée par l’aspect terne de ses yeux, ses traits bienveillants brouillés par la pluie, l’accent de désespoir au fond de sa voix. Il s’était résigné. Lui, le seigneur et dieu de la connaissance, en était réduit à attendre pour obtenir enfin la libération qu’il désirait.
Je hochai la tête, l’esprit vide. J’avais toujours su que les dieux n’étaient pas tout-puissants, ni même immortels. Le meurtre de Baldr l’avait prouvé. Mais voir aujourd’hui une divinité majeure ainsi privée de sa liberté, décapitée, laissée dans un état intermédiaire entre la vie et la mort… Mon cœur frémit à cette idée. Je poussai un long soupir, me détournai en laissant échapper une ultime salutation.
— Au revoir.
— Adieu, corrigea-t-il.

Je revins au campement dans un état second, lessivée. Les émotions se bousculaient aux portes de ma conscience, mais la barrière que je m’étais imposée tenait bon. Enfin… j’aurais aimé croire qu’elle tenait bon, mais dans les faits, je sentais qu’elle était en train de se fissurer. Le creux dans ma poitrine grandissait, mon cœur palpitait à chaque pas un peu plus fort pour essayer de compenser, mais n’y parvenait que d’extrême justesse. Je me sentais malade, nauséeuse.
Dans les derniers mètres qui me séparaient de ma tente, un vertige me prit, et je vacillai. Le monde se mit à tanguer, la sensation de vide s’accentua violemment. Noyée par la pluie, je vacillai, pris une inspiration haletante. Ma vision se brouilla.
— Lilith ?
Une main chaude, rassurante, se referma sur mon poignet. J’expirai un souffle d’air haché, suspendue dans l’instant, sans trop savoir si j’allais tomber ou non.
Et soudain, la digue éclata. Je m’effondrai dans les bras de Kalyan en sanglotant, avec l’impression qu’on me déchirait de l’intérieur. Je ne remarquai ni le regard atterré d’Åke, ni celui, choqué, de Selvigia. Blottie contre le blond, je me contentai de fermer les yeux et de pleurer, une unique pensée tourbillonnant en boucle sous mon crâne.
J’avais sacrifié ma pyromagie pour mon père.
J’avais agi pour ma famille. Alors même que j’avais décidé, la veille, que la seule chose par rapport à laquelle je me définirais dorénavant était moi-même, j’étais retombée dans mes vieux travers en un battement de paupières. J’étais redevenue celle qui obéissait aveuglément aux ordres, qui se sacrifiait pour sa loyauté. Loki, mon père, qui m’avait manipulée et menacée, enfermée dans un rêve et torturée, avait obtenu gain de cause.
Moi qui avais tant bataillé pour comprendre qui j’allais devenir maintenant que je ne faisais plus partie de la Confrérie, je réalisais qu’au fond, rien n’avait réellement évolué. J’avais vendu une part de moi pour quelqu’un qui ne rendrait certainement jamais la pareille. Je répétais les mêmes erreurs, encore et encore.
Les yeux fermés, les bras ballants, je réalisai à peine que Kalyan m’entraînait vers ma tente. La seule chose dont je fus certaine, c’est que je m’accrochai à lui comme à une bouée de sauvetage jusqu’à m’endormir, vidée de mes émotions et de mes larmes.

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Dernière modification par vampiredelivres le lun. 20 juin, 2022 12:14 pm, modifié 1 fois.
louji

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Re: Le Cycle du Serpent [II] : L'Alliance des Déchus

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : lun. 20 sept., 2021 4:36 pm Bonsoir x)

Alors. Selvie et Kal, ils sont dans un état… hum. Oui. En gros, ils voient Lily s'endormir, puis soudain se mettre à hurler dans son cauchemar… sans jamais pouvoir la réveiller. T'imagines qu'ils sont pas sereins, ils ont aucune idée de ce qui se passe.

Yes, il n'y a aucune histoire de dû ou de devoir de Lilith à Loki… mais Loki sait très bien que c'est Ekrest qui a élevé Lilith, et que la loyauté et le sacrifice étaient la base de son éducation. Tkt, la manipulation affective, il gère x)

Yas, Emyja… une longue histoire, ça. Plus d'infos au prochain chap (aka le prélude de la partie 3 ^^).
Tu sais qu'il y a une déesse pour les amours interdits ? Lófn. D'ailleurs elle risque de passer faire coucou :mrgreen:

Ah ouais mais il a tiré sur la corde sensible aussi… elle ne lui doit rien, mais elle a l'impression de le devoir. Et juste ça, ça suffit à la faire basculer.
Oh j'aime bien ta conclusion du prélude au Ragnarök x) Je note, je note…

Merci comme d'habitude d'avoir relevé toutes mes petites bêtises ^^

La bise ~
Merde, même Selvie en tant que fille de Loki s'en doute pas ? Peut-être qu'elle n'a jamais reçu de visite personnelle de Loki et n'a donc pas vraiment d'expérience du cauchemar sans fin ? :v

Clairement, dans les soft skills la manipulation affective est au max pour Loki :))))

MDR NON ? Incroyable, je l'attends de pied ferme

Tu notes pour la macarena ??? TROP HATE
(oui j'essaie d'y croire)

Bon, j'attaque le chap 22 :evil:

Ah oué, sévère le tatouage de sang entre les boobs
Petit écartelage des côtes, rien de plus normal

"une pluie fine et glacée, persistante. Je fus parcourue d’un frisson glacé" :arrow: :)

— Lily, qu’est-ce que tu fais ?!" :arrow: grande question...

"— Les gantelets de force de Thor ?!" :arrow: ah bah, rendons visite à Thor tant qu'on y est

"Tu es une sorte de rouage. Tu déformes les chemins de vie, tu les dévies et les arraches aux trames des Nornes" :arrow: 8-) 8-) En vrai, ça me fait penser à la saga de l'Assassin Royal, où le héros joue un rôle à peu près similaire et se fait nommer Catalyseur (bien que ce soit beaucoup plus subtil et en non-dits que dans LCDS). Bref, j'aime bien cette idée de rouage qui fait péter les chemins, en oriente d'autres...

"et je vacillai. Le monde se mit à tanguer, la sensation de vide s’accentua violemment. Noyée par la pluie, je vacillai,"

" Je m’effondrai dans les bras de Kalyan en sanglotant" :arrow: :cry: :cry: :cry:

ARF.
Bon.
Quelque part, c'est bien pour l'histoire et pour le développement du perso que Lily ait cédé face à Loki et face à ses propres promesses. Depuis bientôt 2 tomes complets qu'on suit Lily, on l'a vue peu échouer. On l'a vue vulnérable, affaiblie, meurtrie, à terre, mais rarement échouer réellement. Cette épreuve face à Loki rappelle combien il lui reste de chemin à parcourir, combien Loki est une enflure et combien Lily a été bousculée depuis le début du T1. Dans le chapitre précédent j'étais vraiment focus sur l'acte de Lily en lui-même, sur le fait qu'effectivement elle avait trahi sa parole et son engagement. A présent, même si c'est frustrant pour le lecteur, la décision de Lily nourrit le récit et son évolution. C'est typiquement ce moment où t'as envie de secouer le personnage en disant "Mais nooooooon" sauf que personne n'est parfait, personne n'est infaillible et que cet "échec" rend aussi Lily plus humaine.
Bref, je suis colère et frustration, mais aussi impatience pour la suite et voir où Lily va nous emmener 8-)

Sur la fin, y'a quelques phrases assez orales qui m'ont un peu sortie du récit (j'ai presque eu l'impression de te parler, pour dire :lol: ) !

A plous
TcmA

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Re: Le Cycle du Serpent [II] : L'Alliance des Déchus

Message par TcmA »

vampiredelivres a écrit : lun. 20 sept., 2021 4:36 pm Yo x)

Ah mais Loki vous fait péter des câbles c'est trop drôle :lol:
Loki fait toujours de la merde, de toute façon, c'est le principe de son existence.

Barbecue plus si barbecue que ça bientôt…
De toute façon, Lily y croit pas trop non plus, à cette faveur. Et en même temps, ça se comprend… :?

Le troisième rituel interdit… on en parlera plus tard. En tout cas, tout est bien sécure pour le prochain chap.

Merci bien, la bise ~

Heyo 0/

Nan mais Loki, j'ai envie de le rmztrhaetmhaejth. Voilà.
Certes, ok, c'est limite ce qu'on trouve dans le dico pour la définition de Loki, mais c'est frustrant ;w;

Eeeeh ui. Plus trop barbecue... Ptn bichette, ce chap 22 fait bien mal au cœur. Et la sous pape des émotions qui pète à la fin, ça faisait un moment que Lily en avait besoin, bichette (surtout après la bonne torture made in Bâtard <3 ) J'ai explosé de rire avec Oké qui balance un regard atterré. Mec, un peu de compassion stp ;A; Maintenant va falloir process tout ça et aller péter des culs (coucou Thor ? J'espère que Loki en prendra pour son grade aussi :v ), mais bon, process d'abord, baston après.

Sacré rituel :v

J'ai bien hâte de voir ce que tu nous réserves pour la suite !

La bise~

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Re: Le Cycle du Serpent [II] : L'Alliance des Déchus

Message par vampiredelivres »

louji a écrit : mer. 22 sept., 2021 6:14 pm Merde, même Selvie en tant que fille de Loki s'en doute pas ? Peut-être qu'elle n'a jamais reçu de visite personnelle de Loki et n'a donc pas vraiment d'expérience du cauchemar sans fin ? :v

Clairement, dans les soft skills la manipulation affective est au max pour Loki :))))

MDR NON ? Incroyable, je l'attends de pied ferme

Tu notes pour la macarena ??? TROP HATE
(oui j'essaie d'y croire)

Bon, j'attaque le chap 22 :evil:

Ah oué, sévère le tatouage de sang entre les boobs
Petit écartelage des côtes, rien de plus normal

"une pluie fine et glacée, persistante. Je fus parcourue d’un frisson glacé" :arrow: :)

— Lily, qu’est-ce que tu fais ?!" :arrow: grande question...

"— Les gantelets de force de Thor ?!" :arrow: ah bah, rendons visite à Thor tant qu'on y est

"Tu es une sorte de rouage. Tu déformes les chemins de vie, tu les dévies et les arraches aux trames des Nornes" :arrow: 8-) 8-) En vrai, ça me fait penser à la saga de l'Assassin Royal, où le héros joue un rôle à peu près similaire et se fait nommer Catalyseur (bien que ce soit beaucoup plus subtil et en non-dits que dans LCDS). Bref, j'aime bien cette idée de rouage qui fait péter les chemins, en oriente d'autres...

"et je vacillai. Le monde se mit à tanguer, la sensation de vide s’accentua violemment. Noyée par la pluie, je vacillai,"

" Je m’effondrai dans les bras de Kalyan en sanglotant" :arrow: :cry: :cry: :cry:

ARF.
Bon.
Quelque part, c'est bien pour l'histoire et pour le développement du perso que Lily ait cédé face à Loki et face à ses propres promesses. Depuis bientôt 2 tomes complets qu'on suit Lily, on l'a vue peu échouer. On l'a vue vulnérable, affaiblie, meurtrie, à terre, mais rarement échouer réellement. Cette épreuve face à Loki rappelle combien il lui reste de chemin à parcourir, combien Loki est une enflure et combien Lily a été bousculée depuis le début du T1. Dans le chapitre précédent j'étais vraiment focus sur l'acte de Lily en lui-même, sur le fait qu'effectivement elle avait trahi sa parole et son engagement. A présent, même si c'est frustrant pour le lecteur, la décision de Lily nourrit le récit et son évolution. C'est typiquement ce moment où t'as envie de secouer le personnage en disant "Mais nooooooon" sauf que personne n'est parfait, personne n'est infaillible et que cet "échec" rend aussi Lily plus humaine.
Bref, je suis colère et frustration, mais aussi impatience pour la suite et voir où Lily va nous emmener 8-)

Sur la fin, y'a quelques phrases assez orales qui m'ont un peu sortie du récit (j'ai presque eu l'impression de te parler, pour dire :lol: ) !

A plous
Comme Loki le dit, il rend rarement visite à ses enfants, sauf pour Lily, Åke, Ekrest et Emyja. Donc non, Selvie a pas trop d'expérience là-dedans. Puis c'est clairement une expérience très particulière que de se faire torturer par son père dans un cauchemar sans fin, non ?

Arf, plein de petites bêtises dans ce chap, merci !

Bah ui voyons, on est dans un cycle centré sur la mythologie nordique, si on ne croise pas Thor c'est nul :mrgreen:

Alors oui, c'est pas hyyyper subtil ici… mais bon, on fait avec. Mais l'idée du rouage est cool, oui.

Voui, elle ne se foire pas souvent. C'est ce qui est aussi intéressant avec elle, c'est qu'elle peut toujours renverser une situation pour en tirer le maximum, mais on l'a rarement vue réellement se prendre un mur. Elle est encore trèèès loin d'avoir retrouvé une réelle stabilité dans sa vie hors-Confrérie, donc c'est normal qu'elle se casse la gueule de temps en temps. Et oui, c'est autant nécessaire pour l'histoire que pour elle. :)

Ah merde, si tu as le temps je peux te demander de me les noter quelque part ? J'avoue que le texte me sort un peu par les yeux en ce moment x)
À pluche !


TcmA a écrit : jeu. 23 sept., 2021 6:18 pm Heyo 0/

Nan mais Loki, j'ai envie de le rmztrhaetmhaejth. Voilà.
Certes, ok, c'est limite ce qu'on trouve dans le dico pour la définition de Loki, mais c'est frustrant ;w;

Eeeeh ui. Plus trop barbecue... Ptn bichette, ce chap 22 fait bien mal au cœur. Et la sous pape des émotions qui pète à la fin, ça faisait un moment que Lily en avait besoin, bichette (surtout après la bonne torture made in Bâtard <3 ) J'ai explosé de rire avec Oké qui balance un regard atterré. Mec, un peu de compassion stp ;A; Maintenant va falloir process tout ça et aller péter des culs (coucou Thor ? J'espère que Loki en prendra pour son grade aussi :v ), mais bon, process d'abord, baston après.

Sacré rituel :v

J'ai bien hâte de voir ce que tu nous réserves pour la suite !

La bise~
[/size]
B'jour !

Rmztrhaetmhaejth, je note, je l'ajoute à mon dico personnel. :lol:

Plus trop barbecue :cry: Yep, elle avait besoin de son petit breakdown mental, mais ça va lui faire du bien.
Åke, il ne capte pas pour l'instant x) Mais ouais, objectif aller casser des dents et des crânes (Coucou Thor !)
Pour Loki, je promets rien pour le moment, mais un jour peut-être !

Merci ! :D
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Re: Le Cycle du Serpent [II] : L'Alliance des Déchus

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : dim. 26 sept., 2021 9:09 am Comme Loki le dit, il rend rarement visite à ses enfants, sauf pour Lily, Åke, Ekrest et Emyja. Donc non, Selvie a pas trop d'expérience là-dedans. Puis c'est clairement une expérience très particulière que de se faire torturer par son père dans un cauchemar sans fin, non ?

Arf, plein de petites bêtises dans ce chap, merci !

Bah ui voyons, on est dans un cycle centré sur la mythologie nordique, si on ne croise pas Thor c'est nul :mrgreen:

Alors oui, c'est pas hyyyper subtil ici… mais bon, on fait avec. Mais l'idée du rouage est cool, oui.

Voui, elle ne se foire pas souvent. C'est ce qui est aussi intéressant avec elle, c'est qu'elle peut toujours renverser une situation pour en tirer le maximum, mais on l'a rarement vue réellement se prendre un mur. Elle est encore trèèès loin d'avoir retrouvé une réelle stabilité dans sa vie hors-Confrérie, donc c'est normal qu'elle se casse la gueule de temps en temps. Et oui, c'est autant nécessaire pour l'histoire que pour elle. :)

Ah merde, si tu as le temps je peux te demander de me les noter quelque part ? J'avoue que le texte me sort un peu par les yeux en ce moment x)
À pluche !
Heyo !

Je voiiis. Ça doit être doublement très perturbant et très flippant pour elle du coup. Je me demande ce que Selvie pense de Loki btw (je sais plus si c'est mama-Loki ou papa-Loki pour elle). Oké est plutôt tourné sur la loyauté absolue et Lily est clairement dans la remise en question et le ras-le-bol. Mais quid de Selvie :ugeek:

Ouais, j'avoue que j'aurais été un peu déçue si on croisait pas Thor :lol: Bon, j'ai hâte de voir à quelle sauce tu vas nous le faire. Vu le mood des Hamershot, j'ai un peu peur :roll:

C'est tout à fait ça ! Même en renversant une situation à son avantage, elle perdait assez peu tout compte fait (bon, on oublie certaines parties du T1 :lol: ).

Ah ! Attends je te copie le paragraphe dessous (avec en gras ce qui m'a semblé un peu trop "parlé") :

Spoiler
Enfin… j’aurais aimé croire qu’elle tenait bon, mais dans les faits, je sentais qu’elle était en train de se fissurer.
[...]
Moi qui avais tant bataillé pour comprendre qui j’allais devenir maintenant que je ne faisais plus partie de la Confrérie, je réalisais qu’au fond, rien n’avait réellement évolué. (cette dernière phrase, c'est surtout que je la trouve un peu lourde !)
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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par vampiredelivres »

COMING SOON


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DE FOUDRE ET DE SANG
10/06/2022


Oui je me repointe vraiment comme une sauvage huit mois après le dernier message pour teaser la P3. À vendredi !
louji

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : lun. 06 juin, 2022 9:08 pm
COMING SOON


DE FOUDRE ET DE SANG
10/06/2022


Oui je me repointe vraiment comme une sauvage huit mois après le dernier message pour teaser la P3. À vendredi !
Bwerf, la forme a pas d'importance, c'est le fond qui compte !

Et oublie pas, on peut mettre ça maintenant : 🐍💥🐑🩸🔥⚡ (oui je résume LCDS comme je peux)
vampiredelivres

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Re: Le Cycle du Serpent [I & II] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit : lun. 06 juin, 2022 10:43 pm Bwerf, la forme a pas d'importance, c'est le fond qui compte !

Et oublie pas, on peut mettre ça maintenant : 🐍💥🐑🩸🔥⚡ (oui je résume LCDS comme je peux)
Ouiii, on peut mettre des emojis maintenant ! :D (Excellent résumé :lol: )
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