Ombres et Poussières [Harry Potter]

Vous écrivez une fan fiction et vous voulez la partager avec la communauté Booknode? Faire vivre à vos personnages favoris des aventures inédites?
Alors postez vos textes ici afin qu'ils soient bien différenciés des essais classiques tout droit sortis de l'imaginaire d'autres booknautes.
Scandium

Profil sur Booknode

Messages : 359
http://tworzymyatmosfere.pl/poszewki-jedwabne-na-poduszki/
Inscription : ven. 21 mars, 2014 7:16 pm

Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Scandium »

Oh la la ! Bon c'est vrai qu'il se passait moins de choses, je vais pas avoir grand chose à commenter mais c'était très intéréssant à lire, j'ai pas vu le temmps passé ! Je retiens surtout la conversation avec Julius !! Non seulement j'étais contente de le voir (et de voir qu'il est en couple avec Noah et qu'il s'en balek de le dire à voix haute) mais surtout la conversation sur les liens entre monde moldu et sorciers était passionante ! Vraiment, j'ai beau détester faire des recherches, et bien ça m'a donné envie d'en faire avec elles mdr ! J'adore Octavia au fait ! Mais voilà, c'est ton point fort l'histoire non, ça se sent, c'est une bonne idée de l'exploiter dans une fic comme cela franchement chapeau.

Je m'attendais pas à ce que Julian soit si jeune mais c'est vrai qu'il est un peu après la génération de james et lily qui ont un enfant très jeune donc ça fait sens, je suis juste stupide !

Victoria qui découvre les homosexuels :o :o En vrai hyper réaliste et compréhensible son opinion, tu l'as bien écrite je trouve !
Mais vraiment y a pas moyen que Simon soit aller loin "charnellement" avec Octavia ! Si ? Non ! J'ai du mal à le concevoir en tout cas ! ET j'ai hâte que Julian lui parle de Matthew !!
Perripuce

Profil sur Booknode

Messages : 1271
Inscription : lun. 11 mars, 2013 7:13 pm

Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

Bff47 a écrit : mar. 18 janv., 2022 5:44 pm Oh la la ! Bon c'est vrai qu'il se passait moins de choses, je vais pas avoir grand chose à commenter mais c'était très intéréssant à lire, j'ai pas vu le temmps passé ! Je retiens surtout la conversation avec Julius !! Non seulement j'étais contente de le voir (et de voir qu'il est en couple avec Noah et qu'il s'en balek de le dire à voix haute) mais surtout la conversation sur les liens entre monde moldu et sorciers était passionante ! Vraiment, j'ai beau détester faire des recherches, et bien ça m'a donné envie d'en faire avec elles mdr ! J'adore Octavia au fait ! Mais voilà, c'est ton point fort l'histoire non, ça se sent, c'est une bonne idée de l'exploiter dans une fic comme cela franchement chapeau.

Je m'attendais pas à ce que Julian soit si jeune mais c'est vrai qu'il est un peu après la génération de james et lily qui ont un enfant très jeune donc ça fait sens, je suis juste stupide !

Victoria qui découvre les homosexuels :o :o En vrai hyper réaliste et compréhensible son opinion, tu l'as bien écrite je trouve !
Mais vraiment y a pas moyen que Simon soit aller loin "charnellement" avec Octavia ! Si ? Non ! J'ai du mal à le concevoir en tout cas ! ET j'ai hâte que Julian lui parle de Matthew !!
Alors je peux pas répondre à tout parce que je suis en train de réviser mon concours ( MAIS MERCIII POUR TES COMMENTAIRES qui sont toujours si bien et si plaisants à lire, tu as de superbes remarques et analyses !!)
Mais juste si ça t'intéresse il y a des Bonus sur Wattpad (parce que sur BN je ne sais pas où les mettre en fait, ce n'est pas très pratique) dans un "Bonus Book" et justement y'a un petit indice pour la réponse à ta dernière question ;)
Cazolie

Profil sur Booknode

Messages : 3889
Inscription : mer. 21 nov., 2012 3:03 pm

Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

J'avoue tout, je crois que j'ai lu ces deux chapitres sur Wattpad mais ça devait être pendant un trajet en train donc c'était il y a au moins 1 mois, alors mon commentaire ne devrait pas trop en souffrir :lol:
Il avait fallu un verre supplémentaire, des tonnes de chocolat et le visionnage de plusieurs films chez moi pour qu'enfin mon cœur cesse de tambouriner dans ma poitrine compressée
Fais pareil Perri, picole ça ira mieux (il me reste du vin rouge d'ailleurs. Je pense qu'avoir pris un verre tous les soirs pendant une semaine suffit à me classer dans la catégorie alcoolique)
Je ne m'étais pas sentie héroïque. Je m'étais sentie tyrannique.
Joli rythme / sonorité
la poignée de porte ronde et cuivrée
J'avais oublié, c'est tellement random :lol:
Avec un sourire amusé, je passai une main dans son dos, provoquant un grognement de la part de Simon.
Discrétion bonjouuuuuuuuuur
Simon resta encore quelques secondes affalé sur la table mais finit par redresser de manière si amorphe que Maugrey se fendit d'un reniflement méprisant.
Je l'ai imaginé redresser tout son buste hyper longtemps puis sa tête en dernier, comme un gros mollusque
c'était pas sexy
« un jour, tu vas me tuer Victoria Bennett. Même indirectement tu te débrouilles pour me gâcher la vie »
La fin est tellement violente :lol:
-C'est juste ... vous avez fait quoi pour récupérer cette pièce ?

-Du tricot, répondis-je d'un ton tranquille.
Pouehehehe
Je les imagine tricoter frénétiquement, et le premier dont l'écharpe en laine atteint la poignée a gagné
-Bien sûr que ce n'est pas toi, confirma Simon avec une certaine fermeté. Disons que ... c'est une pièce et on doit tous jouer notre rôle si on veut voir la fin.
C'est plutôt bien vu, comme idée
Même si on pourrait répondre qu'il y a le risque de perdre qyi on est et de s'adonner à la violence
Je poussai un glapissement en repoussant son visage mais il m'attaqua en me soufflant carrément dessus.
On m'a fait ça hier, mais avec du chocolat
Les mecs sont bêtes :lol:
Nos regards s'accrochèrent et nos sourires se figèrent.
J'adore cette description, tellement simple mais très juste !
-Je pensais qu'il fallait que je me brosse les dents ? souffla Simon lorsque je m'écartais.

-Je peux retenir ma respiration quelques secondes, fis-je savoir avec un sourire.
Poueheheheheh (Cazo la flaque de guimauve bonjour)
Petite, j'avais adoré cette ville, son charme médiéval proche de Terre-en-Landes et surtout sa prestigieuse université qui exerçait une fascination sur beaucoup d'anglais.
J'aimerais trop y aller, ça a l'air super beau ! Je me rends compte qu'àpart Londres, je n'ai jamais rien vu de l'Angleterre haha (enfin remarque, la campagne doit ressembler à la Normandie sans doute)
-Pas trop tôt ! Ça fait un quart d'heure que je poireaute, j'ai dû jeter deux sortilèges de confusions à des moldus qui passaient – dont un étudiant qui a cru pouvoir me draguer. Lui, il a failli avoir une queue de cochon en plus.
Je l'aime trop et en même temps elle m'insupporte :lol:
Un sac de cuire brun était passé à son épaule et pendait sur sa hanche – malgré la remarquable organisation d'Octavia, un parchemin dépassait.
J'adore ce petit détail haha
une salle de classe où le plafond était à moitié effondré.
Ah bah c'est super rassurant ça :lol:

On est d'accord qu'Oxford a servi de décor à une partie de Poudlard?
Ouvragé d'arabesques, taillé en branches et en feuilles comme s'il s'élevait en l'arbre des connaissances, ses piliers laissaient apparaitre les marches qui s'élevaient en pente douce.
Mais c'est troooop canon ça
-Oh c'est pas vrai ... Victoria !

Je sursautai et cessai d'observer la monumentale pièce pour porter mon regard vers Simon et Octavia. Ils avaient gravi une volée de marches pendant que j'étais toujours au milieu du hall, à dénombrer les étages ou décoder ce qui semblait être le blason de l'IRIS
Elle me fait trop rire ahahahha elle a bien raison
Le professeur Shelton est au deuxième étage ...
HIHIHIHIHIHIHHI
J'étais si peu attentive que Simon passa une main dans mon dos pour me guider dans le couloir
Bah voilà, il la touche devant les gens haha
-Est-ce que la « pause-café » est un code pour « séance de bécotage » ? me chuchota Octavia assez bas pour que seule moi l'entendre.
MAIS ENFIN
-Ah, Simon ... combien de fois je dois vous répéter que le thé est plus efficace pour vous donner un coup de fouet durable ?
C'est bon, on est sûr que c'est Julian :lol:
Vous pouvez nous en parler ?

Elle s'était déjà munie d'une plume
Ah ouais elle perd pas de temps
quel sorcier se servirait d'un téléphone quand nous avons les cheminés qui nous permettent de communiquer instantanément ?
Mdr, parce que mettre sa tête dans le feu et passer 1h à genoux par terre c'est BOF ??
Le Poudlard Express répondait simplement à un besoin ponctuel pour déplacer une masse de petit sorcier qui ne pouvait le faire autrement ...
*Anna' entre en scène* le voyaaaaage initiatiiiiiique, passer d'un moooonde à un auuuutre
Simon ne fut pas dupe et se replongea dans son livre avec un grognement.
Ilme tue à lire pendant ce temps là
Pas étonnant que beaucoup de technologie dates du XIXe et début du XXe siècle – il s'agissait de l'âge d'or de l'Empire Britannique.
Mais j'aime trop cette idée c'est TELLEMENT INTERESSANT
-Très beau ? Vous êtes déjà venu ?

La bouche du professeur Shelton se tordit et il baissa le regard sur sa propre tasse de thé qu'il venait de remplir.
OHOOOOOOOOO
-Ah ! se réjouit-t-il en se levant. C'est parfait, vous pouvez les poser sur cette table. Merci beaucoup, Adrianne.
SALUT
Au contraire, devant la pression évidente de mon regard et de celui d'Octavia, il s'enfonça graduellement dans le fauteuil et fit de son livre un bouclier contre notre attention
pouahahahahahahahah
-Partager le gâteau de la gloire
J'ai lu le gâteau de la glaire.
No comment
Si vous avez encore besoin de documents, d'ouvrage ou même de conseils, n'hésitez surtout pas. Je suis à votre disposition.
T'es un vrai Ju
-Victoria reste avec moi un peu, intervint alors Simon sans quitter son livre du regard. Tu peux rentrer toute seule, je pense que tu as compris où était la sortie ...
DISCRETION ZERO
-Très bien, je te la laisse. Mais je la récupère demain pour qu'on débriefe tout ça. Il va falloir apprendre à la partager, Bones.

Sans se soucier du regard mi-amusé mi-perplexe du professeur Shelton ou du regard meurtrier de Simon
Mais j'avoue elle a aucune conscience ou quoi :lol:
-Ce qu'il essaie de savoir, commença-t-il dans un souffle, c'est si j'ai connu Matthew Bones à Poudlard.
:cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:
J'étais venue pour moi. Pour mon projet. Comment aurais-je pu deviner que sans le savoir, je me précipitais vers l'une des ombres qui jalonnaient l'histoire de Simon ?
J'arrive pas à déterminer si c'est une constatation un peu amère ou non
-Et si je dois être parfaitement transparent ... je suis le filleul de Leonidas Grims.

-Oh c'est pas vrai, lâcha Simon en se rejetant dans le fauteuil, les paumes plaquées contre ses tempes. Je rêve !
Tu peux t'en prendre à Perri et Anna, le bureau des réclamations est par ici, sous le panneau "hydraverse"
-Simon, est-ce que tu peux vraiment leur en vouloir ?
Pouahahah j"avoue
Mais plus maintenant. Maintenant, je veux savoir.
AAAW BEBE
Matthew disait que vous étiez un « mini-botruc » ...

Les yeux de Simon s'humidifièrent de façon automatique face à cette anecdote. Visiblement, c'était plus qu'il ne pouvait supporter – plus que ce qu'il s'était autorisé à supporter.
NAAAAAAAAAAAAAAAAAN T.T T.T J'imagine que Simon n'en savait rien T.T
-Ah ! Merci, un cadeau de mon compagnon ... l'impressionnisme est peut-être la seule forme d'art sur laquelle nous nous accordons ...

-Votre quoi ? m'étonnai-je, choquée.
Bah Vic, et la politesse ? :lol:
-Son quoi ?

-Oui, Victoria Bennett, fille de Pasteur, son compagnon.
Elle me tue :lol:
Dès que je vis les larmes emplir ses yeux, plus rien ne compta et je le forçai à s'immobiliser.
Oh mais bébé chat T.T
Au contraire, il s'appuya largement sur moi et enfouit son visage dans mes cheveux. Sa respiration laborieuse se répandit dans mon cou et je fus presque certaine de sentir la caresse d'une larme sur ma peau.
ll est trop chou et il me fait trop de peine <3

J'aime trop ce chapitre parce que :
- il y a des théories tellement intéressantes sur la relation monde sorcier/moldu
- COUCOU JULIAN
- le passage sur Matthew
- le Simoria est tellement chouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu
Cazolie

Profil sur Booknode

Messages : 3889
Inscription : mer. 21 nov., 2012 3:03 pm

Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Et un petit commentaire pour te remettre de cette journée ! Et puis mon étude de cas sur l'eau me sort par les trous de nez
Mais de vide composé de Simon et Vic, donc ça compense.
Mais on VIT pour ça Perri enfin
Chapitre 34 : Entre quatre murs.

-Mais il est vraiment homosexuel ?
Pouahahahahahhaha
Je cassai nerveusement ma plaque de chocolat
Me tente pas comme ça, j'ai trop envie d'en manger
Je crois même que son prénom c'est Noah.
J'avoue, j'en reviens pas que 15 ans plus tard ils soient ensemble :lol:
-Mais ... Tu le sais ? Et ça ne te dérange pas ... travailler avec quelqu'un qui aime les hommes ?

Je devais l'admettre, l'idée m'était inconfortable
Tu travailles bien avec des hommes qui aiment les femmes, c'est pareil :lol:
-Les sorciers ne contractent pas le SIDA, je doute qu'ils s'en soucient.
J'allais dire, savent-ils seulement de quoi il s'agit
-C'était le meilleur ami de Matthew. Son meilleur ami. Et il aime les garçons.

La remarque eut l'effet que j'espérais : Simon cessa de sourire d'un air condescendant et se redressa brusquement sur ses coudes, brusquement catastrophé.
Franchement c'est moche comme stratégie :lol:
Touchée par son émotion apparente, je repoussai mes questionnements et effleurai les mèches de cheveux qui couvraient son front.
Arrêêêête j'ai envie d'être avec mon mec c'est pire que la tentation du chocolat
Lentement, nous nous penchâmes l'un vers l'autre. Nous n'étions qu'un un souffle lorsque qu'une voix jaillit du couloir et nous força à nous séparer précipitamment :

-Victoria !
NooooOOOON
Sans remarquer son comportement anormal,
C'est parce qu'il a toujours un comportement anormal
Frustrée, je m'étirai de tout mon long et observai à l'envers Tom Hanks entrer dans la fusée qui devait l'emmener sur la lune
Tsais quoi j'ai jamais vu ce film
Avec un regard aux abois, il leva les yeux sur Alexandre qui entrait triomphalement dans ma chambre, les bras écartés comme s'il recevait les applaudissements dus à une rock-star.
J'adore Alexandre :lol: :lol:
Il n'avait pas pris la peine de se tourner vers lui et faisait mine de suivre le film.
J'espère qu'il le connaissait déjà, parce que bon :lol:
-D'où le fait que tout le monde doit se protéger. Dis-moi mon crapaud, tu as une boite de capotes quelque part ?
MAIS LOOOOOOOOOOOL je suis dans une salle de travail avec une collègue j'espère qu'elle va pas me voir me marrer
Tu as été jusqu'où déjà avec la belle Octavia ? Une aussi belle plante, même toi tu n'as pas dû être indifférent à ses charmes ...
J'en peux plus de lui hahahaha
-Sache quoi exactement Vicky ?
Il m'énerve, FOURNIS LES REPONSES DE TEMPS EN TEMPS
Je n'étais pas une romantique et chacune des lettres de ce terme en était teinté.
J'aime beaucoup cette formulation !
Regarde le professeur Shelton. Tu crois vraiment qu'il pense que notre relation est purement platonique ?
Ptdr mais tellement
J'étais d'une patience infinie, j'argumentai avec douceur et logique et pourtant je ne voyais la sortie du tunnel. Je voulais bien faire tous les efforts du monde pour aller son rythme, ne pas le brusquer, respecter sa pudeur mais j'avais espéré que les efforts soient réciproques et non unilatéraux.
C'est clair qu'elle a vraiment fait la sainte Victoria pour le coup !
Il m'aimait, il adorait Simon mais sa bienveillance irait-elle jusqu'à nous accepter ensemble ?
Il va les jeter dans l'église pour les marier aussitôt
-Je pense que j'ai ... pas mal déplacé sur Alex, finit-t-il par admettre du bout des lèvres. Qu'en un sens, il a servi de substitut à Matthew et Spencer, de façon inconsciente.
OH MAIS BICHON T.T T.T T.T T.T
Mais c'est surtout ... j'en sais rien. Je me demande si dans la foulée, je ne devrais pas tout lui dire, tu comprends ?
AH
AAAAAAAAAAH
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH
Vexée parce que j'avais conscience des épreuves que j'avais dû personnellement traverser pour arracher ce secret qui serait livré sans effort à d'autres et que je trouvais ça particulièrement injuste.
Hahahah c'est exactement cce que je me suis dit en lisant sa résolution
-Dans la maison où elle a grandi avec ta mère, compris-je, résignée. Et tu as besoin que je te tienne la main.
Ouais parce qu'en plus c'est littéralement lui tenir la main pouahahhah
En vrai je suis contente qu'il accepte et demande son aide
-« Je pense que tu as été chercher Bletchley beaucoup trop loin ». Il me l'a dit. Juste avant la troisième tâche. Oh mon Dieu il me l'a dit.
PETIT FILOU

Aw je suis si contente qu'ils arrivent à en rire tous les deux
Son pouce balaya ma mâchoire en une caresse qui m'arracha un frisson mais alors qu'il me parcourait l'échine, Simon s'était écarté pour me sourire doucement.
J'iame trop cette phrase là aussi, je me souviens de l'avoir déjà remarqué à ma première lecture
Je trouve que ça dit tellement en très peu de mots
bref haha
-Ça va ... j'ai juste ... (Il déglutit et ses joues s'empourprèrent). OK, j'ai peut-être une peur un peu irrationnelle de ce qui peut se passer dans un lit ...
Pouahahahahha
ça va bien se passer Simon
Elle sera gentille
A ma plus grande honte, j'avais peur de céder et de sécher l'entrainement si je goûtais de nouveau aux sensations qui m'avaient assaillies ...
- quelle est ton excuse Victoria ?
- Euh...
-Un jour, il faudra sérieusement qu'on discute de jusqu'où tu as été charnellement avec Octavia McLairds.
HAHAHAHAHHA j'adore cette fin :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:

Il est pas vide du tout ce chapitre Perri ! Ca fait avancer plein de choses sur Simon et Vic et en plus c'est plein de guimauve et drôle et moi j'aime la guimauve drôle
(j'ai un tel besoin de sucre là tout de suite, pourquoi on va pas visiter une chocolaterie, au lieu d'une centrale d'incinération)
Perripuce

Profil sur Booknode

Messages : 1271
Inscription : lun. 11 mars, 2013 7:13 pm

Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »


Chapitre long, donc je vais essayer de limiter l'intro. QUENTIN FILLON MAILLET MESDAMES ET MESSIEURS, DOUBLE CHAMPION OLYMPIQUE ON APPPLAUDIT BIEN FORT CET HOMME !!
Et du bronze pour le ski et Faivre et le relai de ski de fond, ça fait plaisiiir !

Je vous laisse avec ce chapitre, un peu long, sur lequel j'ai été un peu mitigé mais disons que c'était une rampe de lancement vers le prochain chapitre qui était juste une de mes grosses scènes prévues avec le Simoria !

Je préviens simplement qu'il y a aura des références à L'héritage d'Ilvermorny de annabethfan et notamment au futur de ses personnages. PAS DE SPOILS CHEZ ELLE !! (POur ceux.elles qui n'ont pas lu, ça restera très compréhensible pour vous).

Bonne lecture !


***


Les souvenirs, cette terrible vie qui n'est pas la vie - et qui fait mal.

- Albert Cohen.


***


Chapitre 35 : La maison du souvenir.

J'étais arrivée en retard à mon entrainement de Quidditch mais fort heureusement je tombais sur Leonidas Grims avant mon entraîneuse : escortée ainsi du président en personne, Dalia n'osa pas me réprimander et je pus confirmer avec lui une date de repas un dimanche de lendemain de match. Le championnat avançait et nous étions troisième à six points de la tête détenue par les Flèche de Appleby menés par une excellente Amanda Kirk, une jeune attrapeuse qui avait la spécificité de n'avoir jamais joué à Poudlard et d'avoir été repéré tardivement. Ça n'enlevait rien à son talent : elle était invaincue cette saison et les rumeurs parlaient d'un passage en professionnel pour elle. Lorsqu'elle l'avait su, Joana, notre attrapeuse, s'était enfermée dans la douche si longtemps qu'Arnold avait été vérifié qu'elle ne s'était pas noyée.

-Le niveau professionnel ne devrait pas tarder à vous tendre les bras également, évalua Leonidas en me faisant passer dans un couloir étroit au troisième étage de la maison des Croupton. J'entends régulièrement Parkin – l'entraineur des A – se plaindre de Leonard Spielman ...

Je grimaçai à l'idée et laissai mon regard se promener sur l'antique demeure, une maison dissimulée en plein Londres. J'avais déjà l'impression de n'avoir aucun temps libre en étant réserviste mais alors jouer en professionnelle ...

-Mais les Tornades sont premières du championnat ? contrai-je.

-Oui, mais à égalité de point avec les Catapultes – et c'est pour cela qu'il faut soigner notre goal-average. Oh tenez, ça devrait vous intéresser ...

Il se glissa devant moi pour ouvrir une porte : elle menait à un immense bureau qui faisait l'angle de la maison. Lumineux et rayonnant avec ses boiseries lustrées et ses armatures de cuivre, il restait intimidant en raison d'un grand bureau d'acajou posé sur une estrade recouvert d'une moquette d'un vert jade et d'impressionnantes ramures de bronze accrochés à l'arrière.

-Le bureau de Barty, annonça Leonidas avec gaieté. Lysa n'y met jamais les pieds, mais j'aime beaucoup venir ici et observer la vue. Parfois j'ai l'impression que je vais trouver le cœur de Barty quelque part caché sous une cloche de verre, comme dans le conte de Beedle le Barde ...

-Je ne connais pas les contes de Beedle, fis-je savoir, mal à l'aise.

Je jetai un coup d'œil aux fenêtres qui donnaient sur la City de Londres et ses grands immeubles élancés. Je me tordis le cou pour apercevoir Tower Bridge mais il me semblait qu'il n'était visible que de l'autre côté de la maison.

-C'est à dessein que les Croupton se sont installés près du centre économique ?

-Evidemment, confirma Leonidas d'un air grave. Les Croupton ont toujours été une grande puissance financière et ont développé des intérêts dans l'économie moldue ...

-Comment ils se sont tournés vers la politique ?

Leonidas ricana de façon presque triomphale et sortit une cigarette de son étui. Il ne s'embarrassa pas pour la fumer au milieu de la pièce et recracha un nuage de fumée avant d'agiter sa baguette. La silhouette d'une danseuse étoile s'y dessina, tournoya lentement avant de s'évaporer dans l'air.

-Parce qu'il y a eu la déchéance. Caspar, le père de Lysa et Cassie, n'avait pas l'habilité de son père. En réalité, c'est sa femme Charis qui tenait la maison et les affaires et qui a réussi à maintenir le train à flot pendant plusieurs années – mais les dettes de Caspar ont fini par s'accumuler et ils ont dû vendre cette maison. Ils se sont retranchés dans leur demeure secondaire, près de Thornbury – pas très loin de chez vous, par ailleurs ! On n'y voit un des ponts du Severn, c'est très joli comme endroit.

Il expira une nouvelle bouffée de sa cigarette, songeur.

-Charis n'a inculqué qu'une chose à ses enfants : la réussite, à tout prix. Redorer le blason des Croupton. L'idée a été reçu cinq sur cinq par son fils aîné qui s'est empressé de devenir un monstre sacré du Ministère. Il a mis une somme colossale pour racheter la maison de son enfance si honteusement cédée et s'y est installé avec sa femme et son fils.

-Ah, celui qui est mort à Azkaban ..., me souvins-je, glacée.

Je revoyais le garçon sur les photos que Rose m'avait montré l'année dernière, aux cheveux blonds et aux tâches de rousseurs – trop semblable à Simon pour que je ne puisse l'oublier. Un frisson désagréable me parcourut et fut accentué par la mine sombre que Leonidas aborda. Il laissa tomber quelques cendres dans le cendrier.

-Hum ... j'ignore si quelqu'un en a informé Simon mais ... en réalité, Barty Junior est en vie.

-Pardon ?

Leonidas hocha laconiquement la tête face à ma surprise. Un sinistre sourire s'étira sur ses lèvres.

-Vous avez dû avoir Fol Œil en professeur il y a quelques années, n'est-ce pas ? Alastor Maugrey, l'ancienne gloire du Ministère ?

-Oui, confirmai-je, perplexe. Mais il parait que c'était un imposteur ... Oh.

Je venais de comprendre où la chose nous menait et elle me glaça le sang. Je portai une main à ma bouche, saisie.

-Ne me dites pas ... ne me dites pas que c'était ... lui ?

-Apparemment, Barty avait réussi à le faire sortir d'Azkaban, expliqua Leonidas. On ne sait pas comment, ni comment il a pu être caché, le Ministère est resté avare de détails dessus ... Mais une fois les effets du polynectar dissipés, c'était bien Barty Junior qui se tenaient devant nous. Il a été avéré que c'est lui qui a tué son père à Poudlard, pendant le Tournoi des Trois Sorciers et pour ça, il a été condamné au baiser du Détraqueur ...

-Oh mon Dieu ...

-Le baiser aspire l'âme mais pas la vie. Il vit encore, à Ste-Mangouste, dans un service spécialisé mais n'est plus qu'une coquille vide. C'est Lysandra qui en a la charge, personne ne voulait la mettre sur les épaules de Simon, tiens ... Rose a d'ailleurs fermement refusé au moment de l'ouverture du testament de Barty.

Je me laissai pénétrer par les informations, choquée. Le film de ma sixième année se refit dans mon esprit et me souvins du grand malaise que j'avais face à mon professeur, ce professeur qui, dès les premières semaines, s'était permis d'user d'impardonnable sur nous ... Emily et le french-cancan qui lui avait valu les moqueries des garçons qui avaient aperçus sa culotte ... Cédric forcé à discuter au porte-manteau comme s'il s'agissait d'une lady ... Et Simon ... Simon manipulé par son propre cousin ... un cousin qui avait embrassé la cause des Mangemorts. Il y avait quelque chose de malsain dans la situation qui me donna la nausée. Rose m'avait dit que Barty Croupton avait réclamé la garde de Simon après l'incarcération de son fils. Une façon de mettre la main sur le dernier hériter de la famille. Et si son fils l'avait su ? Qu'avait-il pensé lorsqu'il avait posé les yeux sur son cousin, orphelin, héritier de tout ce qui aurait dû lui revenir ?

Ma tête se mit à tourner et je me laissai tomber sur l'une des chaises qui étaient devant le bureau. Leonidas écrasa immédiatement la cigarette et se précipita vers moi, un pli soucieux entre les sourcils.

-Je suis désolé, je ne voulais pas vous bouleverser ... vous allez bien ?

-Oui, assurai-je, néanmoins secouée. Oui, c'est juste ... (Je clignai plusieurs fois des yeux, abasourdi). Un Mangemort nous a fait cours ... Il était là quand ... quand ...

Les mots me manquèrent et finirent par s'étouffer dans ma gorge. Il était là quand Cédric est mort, réalisai-je, glacée. Les brides de l'interview que Harry avait donné au Chicaneur l'année dernière me revinrent et j'y cherchai une mention à faux-Maugrey et à son rôle sans que rien ne me revienne. Leonidas avait pris place à côté de moi, une expression contrite sur le visage.

-Vous êtes en train de vous demander s'il a eu un rôle dans le retour de Vous-Savez-Qui ? devina-t-il avec douceur. On se pose la question depuis un an avec Lysandra. On n'a pas de réponse, malheureusement.

Je m'adossai à la chaise, complétement sonnée et un brin nauséeuse. Si Barty Junior avait réellement eu un rôle dans le retour de Voldemort ... dans la mort de Cédric ... Je plaquai mes deux mains contre mon visage en réprimant un gémissement.

-Oh Seigneur ... Oh Seigneur, ne dites jamais ça à Simon ... S'il apprend que c'est son propre cousin qui ...

-Il l'apprendra un jour. Quand Lysandra rendra l'âme et qu'il aura à son tour la charge de Barty Junior. Peut-être même avant ...

-Mais ça peut attendre qu'il intègre le reste, non ?

La tête de Leonidas oscilla doucement sur ses épaules avant qu'il n'acquiesce.

-Oui, ne brusquons pas le processus ... D'ailleurs nous devrions redescendre avant que Lysa ne se laisse emportée par son élan ou Julian par son émotion. Ou l'un ou l'autre par le vin. Oh Morgane, oui, le vin est notre pire ennemi ce midi ma chère Victoria.

-Je crois que j'aurais besoin d'une coupe quand même pour avaler la pilule, évaluai-je en me levant.

Leonidas essuya un petit rire et me précéda dans les corridors. Nous descendîmes jusqu'au premier étage et la somptueuse salle de réception par laquelle nous étions rentrées. Grande, lumineuse, les murs couverts de dorures et de miroirs, j'imaginais parfaitement une foule de sorcier bien habillé glisser sur le parquet, éclairé par les lustres de cristal qui flottaient à mi-hauteur. Je suivis Leonidas sur l'une des portes latérales qui menaient une salle à manger plus modeste mais tout aussi luxueuse. Lysandra trônait en bout de table comme une reine, sa coupe de vin à la main et souriait avec une certaine raideur au professeur Julian Shelton. Simon, assis en face de son tuteur, semblait écouter poliment. Il n'avait pas touché au vin que Leonidas avait versé avant de m'emmener visiter la maison.

-... on est peu affecté par la guerre, expliquait le professeur Shelton avec une grimace. Mais on sent quand même une certaine pression au niveau des recherches – ne pas trop orienté le propos sur les moldus ou leur monde. Ne travailler que sur la magie. Scrimgeour est venu la semaine dernière demander si un groupe ne pouvait pas se former autour de la magie martiale – pas dans la théorie, mais vraiment dans la pratique. Ce ne sont pas encore des injonctions mais un jour ça peut le devenir si la situation empire. Il parait que pendant la première guerre, l'IRIS a été forcée de travailler sur de nouveau sorts d'immobilisation et beaucoup de contre-maléfice ... Et évidemment, on a toujours ce groupe d'étude qui tente de trouver un moyen de parer un impardonnable ...

-C'est possible qu'on trouve un jour ? s'étonna Leonidas en prenant place à côté de sa femme.

Les lèvres de Julian se pincèrent et il prit une gorgée de vin.

-A mon humble avis ? Non, c'est peine perdue. C'est un espoir aussi vain que de trouver un sortilège qui créerait de la nourriture ou une potion qui rendrait réellement amoureux. La magie a ses limites et il nous faut l'accepter.

-Je vois ... mais ...

-Quasiment pas de photo, annonçai-je à voix basse à Simon, laissant les deux hommes à leur discussion. Quelques portraits d'ancêtres mais j'ai l'impression que beaucoup de choses ont été retirées quand ils ont vendu la maison pendant l'enfance de ta mère...

Je vis les épaules de Simon se détendre et il cessa de tapoter frénétiquement son verre de cristal. Il avait préféré ne pas visiter la belle maison dans un premier temps, de peur de tomber par hasard sur le visage souriant de Cassiopée Bones. Mais je n'avais vu aucun portrait de la famille Croupton : après les explications de Leonidas, j'étais persuadée que les vestiges des affaires familiales se trouvaient dans l'autre maison, celle dans laquelle ils avaient emménagés après la vente. Non, le reste de la maison était aussi austère et prestigieuse qu'avait pu l'être Bartemius Croupton de son vivant. Je levai le nez pour observer les murs de lambris et le manteau de la cheminée de marbre avant de glisser à Simon :

-Et je crois que je préfère ta maison à Terre-en-Landes ...

Il eut un bref sourire, mais malheureusement, ma phrase destinée à le rassurer tomba dans l'oreille de Lysandra qui porta une main outrée à son cœur.

-Comment ?

-Je suis campagnarde, ajoutai-je précipitamment. Vraiment, une campagnarde profonde, c'est pour ça, je préfère Terre-en-Lande à la ville. Je ne pourrais jamais vivre à Londres ...

-Essaie New-York, proposa Julian en fronçant du nez. C'est pire ...

Leonidas haussa les sourcils à l'adresse de son filleul qui se trouva une fascination soudaine pour la fin de son verre de vin. Il avait insisté quand nous étions arrivés, quelques minutes plus tôt : c'était Julian, plus « professeur Shelton ». J'évitai soigneusement le regard pourtant affable du chercheur : chaque fois, je le revoyais faire référence à « son compagnon » et chaque fois l'idée me plongeait dans un profond malaise. C'était ridicule. Je savais que ce détail pervertissait l'image que j'avais de lui : sans cela, je me serais rapidement attachée à Julian Shelton, son sourire agréable et son esprit vif. Mais le « mon compagnon » venait absurdement faire obstacle à tout cela.

-Soit aimable avec New-York, je te prie, lança Leonidas avec un sourire. Maintenant évitons une guerre anglo-américaine, nous sommes malheureusement en minorité ... (Il adressa un sourire à Simon). Et bien feu ! Qu'est-ce que tu veux nous demander qui ne doit pas arriver aux oreilles de ta mère ?

Les joues de Simon rougirent légèrement mais il ne détourna pas le regard pour rétorquer :

-Et qui vous dit que je veux me cacher de ma mère ?

-Parce que sinon elle aurait certainement insisté pour venir avec toi, renchérit Lysandra avec un sourire torve. Comme si elle allait te laisser avec moi ...

Je me mordis l'intérieur de la joue, à peine surprise de la perspicacité de Lysandra. Simon n'avait même pas avoué à ses parents que nous allions déjeuner chez elle, par souci d'éviter un débat sur la place qu'elle occupait à présent. Devant le mutisme éloquent de Simon, le sourire de Lysandra se transforma en rictus qu'elle cacha en buvant une gorgée de vin.

-Si ta première question c'est « pourquoi vous vous entendez mal », je crains ne pas pouvoir te donner de réponse ... C'était déjà le cas à Poudlard, si tu veux savoir. On se trouvait toutes les deux hautaines – moi à cause de mon rang, elle à cause de son intelligence. Ça n'est pas allé en s'améliorant lorsqu'on s'est trouvées toutes les deux apparentées aux Bones.

-Et c'est devenu carrément glacial depuis ..., entonna Leonidas avant de froncer les sourcils. Comment dire cela ... ?

-La mort de mes parents ? proposa Simon avec un certain cynisme.

Le ton et les mots arrachèrent une grimace à Julian mais je crus lire une lueur de triomphe dans les yeux de Lysandra quand elle porta son verre à ses lèvres. Leonidas se contenta de fixer Simon, impassible si ce n'était une vague expression de compassion.

-Oui, voilà. Mais nous ne sommes pas là pour parler de nos relations avec tes parents : elle est ce qu'elle est et nous nous adapterons. Alors il a une raison à cette envie subite ?

Simon se trahit en glissant un petit regard sur moi qui ruina mes efforts pour rester parfaitement impassible. Je lâchai un petit rire nerveux que je tentai de réprimer d'une main, mais mon geste acheva de nous griller aux yeux de la table. Lysandra pivota vivement vers son mari, un sourcil levé.

-Mais je pensais qu'il n'y avait « rien du tout » ? Tu oses filer de mauvaises informations à ta femme, Leonidas Grims ?

-Et bien visiblement, ton neveu m'a menti, lâcha Leonidas avec un petit sourire. Ou édulcoré ?

Les joues de Simon s'empourprèrent mais il m'étonna en répliquant avec sa verve habituelle :

-Il me fallait le temps de vérifier que vous n'étiez pas un psychopathe.

Julian s'étouffa avec le morceau de rosbeef qu'il venait d'enfourner et jeta un regard surpris à Simon, puis à Leonidas. Il fit passer la viande d'une gorgée de vin et s'éclaircit la gorge.

-Oh ... mais je pensais ... enfin, c'était ...

-Evident ? complétai-je tranquillement avant de gratifier Simon d'une œillade triomphale. Tu vois ?

Simon roula des yeux et entama enfin son verre de vin. Le regard de Leonidas pétillait mais ce n'était rien comparativement à celui de Lysandra. Elle battit même des mains avec un rire ravi qui arracha un regard éberlué à Julian.

-Et je suis au courant avant Rose, c'est ça ? C'est mon cadeau d'anniversaire avant l'heure ?

-Lysa mon amour, la rabroua gentiment, mais fermement Leonidas avant de nous sourire. Et bien félicitation. Juste pour savoir : c'est récent ou tu as vraiment osé mentir à ton oncle ?

-Hum ... Les deux ?

-Il n'y avait pas rien mais ça a été officialisé récemment ? comprit Julian avec un sourire. Et bien profitez bien de la lune de miel ... Les premières semaines sont toujours les plus paisibles.

Cette fois, il n'eut pas de gêne ni de rougeur : Simon et moi éclatâmes de rire en même temps. Leonidas se pencha discrètement vers un Julian pris au dépourvu :

-Pardon, nous aussi on a malheureusement sauté quinze ans de leur vie ... Mais s'il y a un mot pour la qualifier, ce ne serait pas paisible.

-D'après ce qu'on a compris, le mot adéquat est « compliqué », ajouta Lysandra avant de lever son verre à notre adresse. Très heureuse que ça se soit simplifié pour vous !

Simon lui répondit par un sourire presque timide. Au moins, il ne paniquait pas et le peu de rougeur commençait à se résorber. Je pus attaquer mon assiette, rassurée. Je savais que la réaction de Leonidas et Lysandra serait sobre – et celle de Julian inexistante ou presque. Commencer ainsi était la meilleure manière de donner assez d'assurance à Simon. Pourtant, malgré son calme apparent, j'aperçus quelques signes de nervosité qui finirent par s'expliquer lorsqu'il lança :

-Mais ... vous n'avez pas vraiment « sauté quinze ans » de ma vie ... Quelqu'un vous a tenu au courant, non ?

Leonidas contempla silencieusement Simon sans cesser de mastiquer sa viande mais Lysandra détourna les yeux, le visage brusquement fermé. Le silence qui faillit s'installer parut agacer Simon qui insista :

-Les photos ne viennent pas de nulle part. Celles que vous avez montré à Vicky ... Qui vous les a envoyées ? Vu vos rapports je doute que ce soit ma mère ...

-Non, en effet, admit Leonidas après avoir avaler. Hum ... c'était George, pour la plupart. Elles étaient accompagnées de lettre qui nous donnait quelques nouvelles ...

-Le stricte minimum, rectifia Lysandra avec une certaine aigreur. Des informations très factuelles : le nom de tes amis, sa Répartition, tes BUSE ...

-Mais cela nous a permis de te suivre de loin, il est vrai. De te voir grandir. (Un sourire frémit sur ses lèvres). Enfin, dans l'idée.

Je ne pus retenir un petit rire qui me valut le coup de pied de Simon. Leonidas, lui, me gratifia d'un discret clin d'œil et Julian eut lui-même un sourire moqueur.

-Ah ça ... c'est clair que tu n'as pas l'appétit de Matthew. Sincèrement s'il n'avait pas fait autant de sport, il aurait fini avec le tour de taille de Hagrid avant sa septième année !

-Matthew faisait du Quidditch ? m'étonnai-je.

Car il s'agissait de l'unique sport que l'on pouvait faire à Poudlard. Certes, j'avais vu quelques élèves faire du jogging dans le parc, mais ils étaient rares et beaucoup appartenaient déjà à une équipe de Quidditch. Julian eut un sourire nostalgique et piqua dans un haricot sans même esquisser un mouvement pour le porter à sa bouche.

-Oui, oui ... il jouait comme Gardien à Gryffondor.

-Bah ça alors.

La coïncidence arracha également un sourire à Simon. Il ne touchait plus ni son assiette ni à son verre et ses yeux s'étaient mis à luire d'un éclat spectral.

-Ah ... je ne pensais pas qu'un Bones pouvait monter sur un balai. Personne mais alors personne n'est sportif dans la famille...

-Oh, ni des Croupton, songea Lysandra. Ça vient des Black, ça. Une famille exigeante qui vise l'excellence, peu importe la manière – et le sport pouvait en être une. Peu ont choisi le Quidditch en carrière mais je sais que beaucoup ont fait parti des équipes à Poudlard ... Une façon de porter leur noble nom toujours plus haut au firmament.

-Il était plutôt bon, ajouta Julian. Il a été capitaine ses deux dernières années et je crois même qu'il a gagné la coupe une fois ...

-Vous n'y jouiez pas vous ? s'enquit Simon.

Julian essuya un petit rire nerveux qu'il finit par étouffer avec une gorgée de vin. Son verre vide, Leonidas ensorcela la bouteille pour qu'elle le remplisse et me jeta un long regard entendu qui m'obligea à pincer des lèvres.

-Oh certainement pas, j'ai le vertige. Comme tu dois te douter, j'étais l'intello de la bande, le seul qui avait le sens des responsabilités ...

-Tu exagères, Matt avait le sens des responsabilités, objecta Lysandra. Sinon Cassie ne l'aurait jamais laissé garder ses frères ...

-C'est lui qui nous gardait ?

La voix de Simon s'était enrouée et je dus crisper ma main contre ma fourchette pour ne pas la poser sur son genou. Je passai la tentation en coupant un nouveau morceau de viande pendant que Lysandra poursuivait :

-Quand il était là, oui. C'était la guerre, vos parents évitaient de vous confier à un tierce ... Quand il s'absentait, c'était une femme du village, une vieille sorcière ... Mrs (elle échangea un regard incertain avec Leonidas) ... McPharlan ?

-McDougal, rectifia Simon avec automatisme.

Et visiblement, l'automatisme avec lequel le nom était sorti l'horrifia car il perdit toutes ses couleurs. Ses mains s'étaient crispées sur ses couverts et il baissa rapidement le nez sur son assiette pour ne pas montrer son trouble aux autres. Mais moi, je le vis, comme je vis un mur invisible s'ériger entre lui et le reste de la tablé. Son repli me fit froncer les sourcils et très brusquement, je me mis à douter. Etait-il vraiment prêt à tout entendre ... ? Malheureusement, machine était lancée et emporté par le souvenir, Julian poursuivait avec un sourire nostalgique :

-Oui, voilà ! Un soir, je l'ai accompagné. Elle vous gardait et s'était endormie. Quand on est arrivé, Spencer te faisait voler dans les airs, tu avais la tête en bas ... Tu aurais vu la tête de Matthew, j'ai cru qu'il allait nous faire une attaque.

-Attendez.

Loin d'être ému au souvenir évoqué par Julian, Simon avait relevé la tête, visiblement perplexe.

-Spencer me fait voler ? Mais il avait quel âge ?

-Neuf ans, c'était l'été avant ...

Julian sembla ravaler sa langue et se mit à toussoter avant d'avaler une nouvelle gorgée de vin. Leonidas prit le relai avec un sourire penaud.

-Spencer était exceptionnellement précoce. Il maîtrisait sa magie de façon incroyable pour son âge. Il ne faisait pas qu'expérimenter : il la contrôlait. Ton père commençait même à être inquiet pour le jour où il entrerait à Poudlard. Il avait peur que l'obligation d'utiliser une baguette ne le frustre – et pire que tout, l'interdiction de pratiquer la magie en dehors de l'école.

-Ne cherche pas, tu es celui qui a fait de la magie le plus tard, enchérit Lysandra d'un ton moqueur. En tout cas moi, je ne t'ai jamais vu en faire ... Spencer c'était dès le berceau, Matthew vers six ou sept ans ...

Simon se trémoussa, mal à l'aise et je glissai sur lui un regard interloqué. Je savais avoir été assez précoce moi-même en terme de magie – avant mes un an, d'après les observateurs – mais malgré les années, je n'avais jamais entendu la moindre anecdote concernant les faits de Simon petit. Il finit par admettre avec raideur :

-Je n'en ai pas fait avant d'avoir une baguette, je crois. Comme quoi, ça ne veut rien dire.

-Non c'est clair, murmura Julian.

Pourtant, il continua de fixer Simon, les sourcils légèrement froncés par la réflexion. Je voyais parfaitement le raisonnement s'effectuer derrière ses prunelles vertes. Certains jeunes sorciers étaient plus précoce que d'autres, mais ne pas manifester de pouvoir avant de posséder une baguette était inhabituel. Le traumatisme avait-il enrayé les mécanismes magiques chez Simon ? La question se lisait dans tous les regards et ce fut sans doute pour cela que Leonidas se dépêcha de détourner le sien pour se tourner vers Julian :

-Et comment va Noah ? Il ne pouvait pas venir ce midi ?

Julian papillonna des yeux, surpris et je plongeai le nez dans mon assiette pour fuir la conversation. « Noah ». Le « compagnon ». J'entendis l'infirme soupir agacé de Simon et il couvrit presque la réponse de Julian :

-Oh. Non, non, il est à New-York, parti rendre visite à sa tante. Je l'ai forcé, ça faisait presque trois ans qu'il ne l'avait pas vu ...

-Et qu'est-ce qu'il fait en ce moment ? demanda Lysandra. Toujours des caricatures pour Le Chicaneur ?

Il y avait un certain mépris, voilé, à peine prospectable dans le ton de Lysandra qui parut indisposer Julian. Il se redressa, le menton levé et asséna avec froideur :

-Non, il aide notre ami Liam à lancer la filière anglaise de son journal. La Voix du Chaudron a du mal à décoller alors que je trouve leur ligne éditoriale très pertinente ... mais ils sont assez isolés, Liam est beaucoup au Canada et il a laissé sa rédactrice toute seule – parfois avec Noah, ce qui n'est pas un cadeau. Et surtout, ils manquent de fond, le tirage ne permet aucune visibilité ... d'ailleurs parrain, ça ne te dirait pas d'investir ?

-Les transferts de capitaux deviennent de plus en plus difficile avec ce qui se passent, expliqua Leonidas, l'air contrit. Ce n'est pas ce que je ne veux pas, c'est juste ... Et j'ai déjà beaucoup aidé tes amis à la fondation du journal ...

Les lèvres de Julian se pincèrent mais il s'abstint de tout commentaire. Malgré l'embarras qu'avait provoqué en moi l'évocation de son « compagnon », je relevai la tête pour demander timidement :

-C'est un nouveau journal, c'est cela ?

-C'est cela, soupira Julian en se pinçant le nez. Mes amis Liam et Aileen l'ont fondé ensemble au Canada – La Voix du Chaudron, en référence à notre cher Albert.

-Albert ? répéta Simon, vaguement amusé.

-Notre chaudron. Il est tragiquement décédé dans une tentative de potion à Ilvermorny. Un vrai drame, mon ami Liam en a pleuré ... mais ils ont décidé de lui rendre hommage en nommant le journal à sa mémoire. (Il poussa un gros soupir). Il a eu un vrai succès au Canada et Aileen a même réussi à l'implanter aux Etats-Unis. Ils ont décidé de tenter l'Angleterre mais l'implantation est plus difficile. En un sens je comprends : un journal étranger appartenant à ses étrangers, c'est peu attractif pour les sorciers anglais. Mais pourtant ils ont une excellente rédactrice-en-cheffe, jeune et dynamique. Elle a la plume acérée de Rita Skeeter sans avoir son goût du scandale. Elle donne une alternative très intéressante à La Gazette, beaucoup moins crédule vis-à-vis du Ministère – et c'est normal. L'avantage d'avoir des propriétaires étrangers, c'est qu'il est complétement indépendant vis-à-vis des autorités ...

-Mais c'est peut-être ce qui fait peur aussi, protesta Lysandra. Si tous ces gens ont cru le Ministère l'année dernière plutôt que Dumbledore, c'est bien parce que nous avons une confiance aveugle en nos institutions. C'est grâce à ce lien que nous avons survécu toutes ses années dans la clandestinité ... Tu imagines si nous étions comme les Français à contester absolument toutes les décisions de nos dirigeants ?

-Ou comme les américains à les ignorer, je sais, soupira Julian avec une certaine exaspération. Mais l'année dernière a bien prouvé que cette confiance a des limites.

Lysandra ne trouva rien à répondre à cela et se contenta d'agiter sa baguette pour rassembler les assiettes – y compris celle inachevée de Julian, qui avait pourtant toujours sa fourchette à la main. Sans un mot, elle se leva et s'en fut dans une autre pièce, la pille d'assiette flottante derrière elle. Quand elle passa la porte, Julian se frotta la tempe et Leonidas nous lança un regard désolé.

-Veuillez excuser ma femme, elle a hérité de l'orgueil des Black. Mais dites-moi, Victoria, il parait que votre être n'est pas à cent pourcent dédié aux Tornades ? Quelle est cette histoire de « projet » dont Julian m'a parlé ?

Le changement de sujet était maladroit mais tous sautèrent dessus pour ne pas laisser la froideur de Lysandra refroidir l'ambiance :

-Crois-moi parrain, c'est plus important que le Quidditch.

-Beaucoup de choses sont moins importantes que le Quidditch, renchérit Simon avec l'ombre d'un sourire. Mais peu le sont plus que ce qu'elles sont en train de faire ...

Mon premier réflexe avait été d'écraser le pied de Simon pour le tacle fait à mon sport et métier avant de coller mon talon contre ma chaise suite au compliment. Julian acquiesça par ailleurs avec assurance et devant l'assurance de Leonidas je détaillai les grandes lignes du sujet de recherche. Julian prit rapidement mon relai avec des détails plus techniques propres à la recherche magique et très vite mon propre sujet m'échappa pour se glisser entre les mains de Simon, intéressé par l'exposé de son professeur. Ecartée de la conversation par la force des choses, je remarquai alors les plats que Lysandra n'avait pas pris la peine d'emporter. Sans un bruit, je le saisis et me levai. Simon me jeta un bref coup d'œil inquiet et je le rassurai d'un sourire avant de quitter la pièce. Peut-être que mon absence le libérerait assez pour qu'il questionne Julian et Leonidas sur Matthew sans avoir peur que je réagisse. Parce que c'était clair pour moi depuis que nous nous étions assis à cette table : Simon craignait la conversation. Chaque fois il posait des questions de manière superficielles mais dès qu'elles mobilisaient sa propre mémoire, je le voyais blêmir. Comme avec le nom de la baby-sitter. Quelque chose avait brusquement émergé du gouffre – et malgré sa bonne volonté, il était évident que cela l'effrayait toujours.

Je mobilisai ma mémoire pour retrouver la cuisine que m'avait brièvement fait visiter Leonidas. Comme celle du 12, square Grimmaurd, elle était en retrait, cachée dans l'ombre de la Salle à manger et de la somptueuse salle de réception. C'était quelque chose de contre-intuitif pour moi : ma propre cuisine était un véritable lieu de vie. J'y cuisinais avec mon père, j'y mangeais avec tout le monde, j'y buvais mon chocolat en rentrant de l'entrainement pour raconter ma journée à mes parents. C'était un lieu lumineux aux bonnes odeurs de nourriture mais celle des Grims avait une ambiance complétement différente. Elle ressemblait à celle de Poudlard avec les portes de bois, ses briques apparentes et les poêles de cuivre accrochées au mur. Mais tout était immobile, inodore, incolore : la pièce manquait singulièrement d'âme. Lysandra était là devant l'évier à regarder les assiettes se laver seule, une cigarette coincée entre ses doigts. Elle darda son regard gris et incisif sur moi et je me figeai sur le seuil de la cuisine, le plat entre les mains.

-Euh ... Désolée, je vous ramène juste ...

-Tu peux le mettre sur la table, me coupa-t-elle en la désignant de la main qui tenait la cigarette. Je m'en occuperais après ...

-Vous ?

L'exclamation m'avait échappé et Lysandra dressa un sourcil. C'était surprenant de l'imaginer dans le rôle de la ménagère alors qu'elle était si digne, si royale dans son port et des gestes. Elle agissait en grande dame : les grandes dames ne s'abaissaient pas à faire la vaisselle, même magiquement. Un sourire dépité s'étira sur les lèvres fines de Lysandra.

-Et qui d'autre ? Tu vois quelqu'un ? Une servante, un elfe ?

-Désolée, je ne voulais pas ...

-On avait une elfe, petits, poursuivit Lysandra comme si je n'étais pas intervenue. Winki. A la mort de notre mère, elle est passée à Barty. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue, la seule chose que je sais c'est qu'elle n'était pas dans les biens de mon frère ...

Le mot « bien » m'hérissa l'échine et je serrai les dents pour ne pas froisser davantage Lysandra en rectifiant son langage. J'avançai plutôt vers la table pour poser le plat de rosbeef. De dos, j'entendis le rire amer de Lysandra.

-Ah, laisse-moi deviner ... Tu ne comprends pas la situation des elfes ? C'est le cas de beaucoup d'enfants de moldus ...

-Disons que ça reste pour moi une forme d'esclavage, répondis-je de façon diplomatique. Mais vous devez le comprendre si vous n'avez pas repris d'elfe à votre service.

Lysandra eut un vague sourire et tira une bouffée de sa cigarette. Contrairement à son mari, elle n'essayait pas d'animer sa fumée, ni même de la dissiper.

-Disons que j'entends les arguments. Mais tu aurais vu Winki ... Nous servir, c'était sa raison de vivre. La libérer l'aurait tuée. Mais comme c'était une servilité absurde que je méprisais – sa vénération malsaine de Barty ... Merlin j'en aurais rendu mes repas – non, je n'ai pas repris d'elfe. Ce n'est pas comme si je manquais de temps ...

-Vous ne travaillez pas ?

Les lèvres de Lysandra se pincèrent en une mince ligne et elle laissa tomber des cendres dans l'évier. Elle repoussa une mèche noire qui s'était échappé de son chignon.

-Tu sais, je suis la dernière de la portée. Mes deux aînés ont pris tous l'intellect et m'ont laissé le reste : la beauté. Ah ça j'étais la beauté de la famille, ma mère en était très fière – ça signifiait mariage et beau parti pour elle. Alors comme j'étais belle promise à un beau mariage, je n'ai pas beaucoup travaillé à l'école. J'ai fait quelques années de secrétariat au Ministère – c'est là que j'ai rencontré Leonidas – mais aussitôt mariée j'ai arrêté. Il faut bien occuper mes journées et la cuisine et la vaisselle, ça meuble un peu les journées.

Je hochai la tête, incapable de savoir si j'étais abasourdie ou envieuse. Entre le projet avec Octavia, l'Ordre et le Quidditch, j'avais l'impression d'avoir vécu des mois écartelée, à bout de souffle. Mes rares moments de libres étaient souvent dédiés à Simon, à l'exploration de notre nouvelle relation mais il y avait une éternité que je n'avais pas pris soin de moi. Si mes cheveux continuaient de pousser, c'était tout simplement que je ne voulais pas aller chez le coiffeur. Depuis combien de temps n'avais-je pas ouvert un livre pour le plaisir ? Alors ce vide qui semblait peser à Lysandra me faisait presque rêver. Un sourire cynique se dessina sur ses lèvres.

-Allez, pose la question.

-Pardon ? m'étonnai-je.

-La question que tout le monde me pose à ce stade de la conversation. Pourquoi je n'ai pas d'enfant ... Des enfants pour remplir mes journées. Pour m'accomplir en tant que femme.

Je clignai des yeux, prise de court. Ça ne m'était absolument pas venu à l'esprit alors que je réfléchissais à la vie de Lysandra mais maintenant que j'y songeai, l'absence d'enfant dans leur vie était étrange. Lysandra était une femme de la haute société et le revendiquait. Leonidas semblait plus moderne dans ses idées mais fidèle à son statut. Un couple pareil aurait dû avoir des enfants – pour le nom, par obligation, par mimétisme ... par amour.

Mon premier réflexe fut de songer à une infertilité. Mais le cynisme de Lysandra, l'amertume dans son ton me mettait le doute. Je finis par oser du bout des lèvres :

-Vous n'en avez pas voulu, c'est cela ?

-Toutes les femmes ne sont pas faites pour être mère. Personne n'en parle mais c'est une vérité. J'ai vu ma mère se saigner aux quatre veines pour nous, nous élever au mépris de sa santé et du reste. (Elle battit des paupières et écrasa rageusement sa cigarette). J'ai vu ma sœur se battre et mourir pour ses enfants ... et je ne suis ni ma mère, ni ma sœur. Je n'ai pas leur abnégation et encore moins leur courage. Ce n'est pas un hasard si je n'ai pas demandé la garde de Simon ... j'aurais été une mère exécrable.

Je ne répondis rien mais intérieurement je ne pus qu'acquiescer. Je connaissais assez mal, superficiellement mais il me paraissait évident qu'elle n'avait pas ce qu'on appelait « la fibre maternelle ». Elle était distante, paraissait capricieuse et je n'arrivais pas à l'imaginer placer le bonheur de ses enfants avant le sien.

-Alors ? lança-t-elle d'un ton sarcastique. Pas de jugement ? Pas de « mais ça ne vous manque pas ? »

Ce qu'elle pouvait ressembler à Simon, songeai-je en voyant le défi briller dans ses yeux, son menton relevé avec fierté. Mais contrairement à lui, le cynisme de Lysandra je ne savais pas le gérer et cela me mettait dans une position inconfortable. Je baissai les yeux et répondis d'une petite voix :

-Non... non, c'est votre choix. Plutôt agir comme vous l'avez fait que de répondre aux attentes et de gâcher la vie d'un enfant – ainsi que la vôtre.

-Hum, lâcha Lysandra, songeuse. Une vraie sainte, dites-moi ... qui m'a dit ça, déjà ? Peut-être ta mère, à Noël ... Que même si tu n'étais pas croyante tu étais baignée dans le dogme de la bienveillance. Remarquable.

-J'ai un père Pasteur, que voulez-vous ...

Mais ces mots m'arrachèrent un frisson. L'idée qu'elle ait pu parler de moi avec ma mère à noël m'était dérangeante. Je ne savais pas ce que ma mère pensait de moi : nous n'avions pas parler à cœurs ouverts depuis une éternité. Au début, c'était pour éviter de toucher à la magie, un grand sujet de tension – et puis lentement, le fil s'était détissé, l'habitude s'était perdue. C'était mon père qui me connaissait, mon père dont j'étais proche. Mais malgré tout, ma mère m'avait parfaitement analysé. Je n'étais plus croyante depuis longtemps mais je restai profondément impregnée des dogmes religieux qui m'avaient bercé et élevé toute mon enfance. Cela expliquait que je sois si embarrassée face à Julian et son « compagnon » : tiraillée entre mon modèle et les injonctions de bienveillance. Où était le curseur ?

Lysandra me contempla longuement, silencieusement. Après quelques secondes de silence inconfortable, elle entonna d'une voix un peu plus dure :

-Tu sais dans quoi tu t'engages ? Avec Simon ?

La question me prit complètement au dépourvu mais je réussis à sourire de façon incertaine.

-Vous voulez être certaine que je suis la fille qui lui faut ?

Un petit rire s'échappa de sa gorge et elle éluda la question avec un geste désinvolte de la main.

-Oh, je pense que tu l'es. Tu es la personne qui a rendu son fils à ma sœur et pour cela je t'en suis éternellement reconnaissante. De ce que j'ai pu voir, tu le tires vers le haut – et inversement. Non, je parlais des Bones. De la grande famille de Terre-en-Landes.

Je clignai des yeux, si médusée par la tournure de la conversation que je restai quelques secondes sans voix. Ma mine déboussolée fit rire Lysandra.

-Ah, je me disais bien ...

-Je connais les Bones depuis que je suis petite, protestai-je néanmoins. Pourquoi je devrais appréhender ... ?

-Parce que Rose Bones est accrochée à Simon comme un strangulot.

Et inversement, faillis-je rétorquer en songeant à l'infini et inexplicable patiente que Simon pouvait avoir avec sa mère. Il l'avait prouvé après la mort d'Amelia où elle avait veillé sur ses enfants de manière si étouffante que même Susan avait cherché à fuir. Il l'avait prouvé en supportant sa présence pendant ses longs mois d'arrêts – arrêt qui semblait s'être prolongé dans la seule optique de garder un œil sur Simon. La pression s'était apaisée depuis qu'elle avait repris le travail en janvier. Je l'ai sorti de là et il s'est accroché à moi .... J'ai l'impression qu'il ne m'a jamais lâché, en un sens, m'avait dit Rose en me montrant les photos, l'année dernière. Et c'était un fait : pour toujours, Rose resterait celle qui avait sorti Simon du placard et cela nouait entre eux un lien aussi indéfectible qu'unique.

D'un geste distrait, je caressai la montre à mon poignet. La montre que Rose et George m'avaient offerte pour mes dix-sept ans, pour mon âge adulte dans le monde magique. Presque en tant que parrain et marraine. Par ce geste, ils s'étaient posé comme étant ma famille, en un sens ...

-Rose me connait depuis que je suis petite, et c'est elle qui a toujours insisté pour que je m'infiltre dans la famille, objectai-je à Lysandra. Je ne pense pas qu'elle dira grand-chose contre ma présence, je suis déjà là depuis dix-huit ans ... j'ai juste changé de rôle.

-Mais c'est un changement de rôle qui risque de la déstabiliser. Songe à cela : c'est elle qui gère Simon depuis dix-huit. Pas George : elle. Elle qui a accepté d'entrer dans son jeu qui envoyait ma sœur aux oubliettes, elle qui l'a élevé dans le déni. Elle s'est construite comme son seul repère. Quand tu parles avec Simon il n'évoque pas ses parents : il évoque sa mère. George n'a jamais réussi à prendre sa place dans ce modèle. Lui savait qu'il était le fils de son frère mais Rose a choisi de l'ignorer. Tu crois que sa tête, il y a de place pour une autre femme dans la vie de Simon ? Une femme qui en plus s'applique à déconstruire tout ce qu'elle a construit ?

-Vous pensez vraiment que c'est comme ça qu'elle va me voir ? doutai-je avec un rire incrédule.

Le long regard de Lysandra fut difficile à soutenir. Elle avait des yeux très intimidants : gris, voilés, ils transperçaient le cœur et l'âme. Les restes de mon hilarité s'étouffèrent dans ma gorge et s'évaporèrent définitivement lorsqu'un cingla d'un ton glacial.

-Si tu es sûre de toi ... mais crois-moi, je connais Rose. Dans l'éducation de Simon, il n'y avait de place pour personne. Cela se ressentait dans les lettres que nous envoyer George. Ne pense pas que tu auras des privilèges. Je ne suis pas sûre qu'elle ait pleinement réalisé la place que tu avais dans la vie de Simon à présent. De ce que j'ai pu voir à Noël, elle en est restée à la bonne vieille guerre ... Ce qu'elle a oublié, c'est que de la guerre à l'amour il n'y a qu'un pas.

La vieille horloge sur le mur sonna les treize heures de façon si tonitruante que j'en sursautai et la voix de Lysandra fut perdue dans son carillonnement. Alors que portais une main à mon cœur, elle observa l'horloge avec patience et lâcha une fois le dernier son teinté :

-Nous devrions y retourner ... Sinon ces messieurs vont penser que leurs oreilles devraient siffler.

Et sans m'attendre, elle s'en fut en agitant sa baguette. Je me rendis alors compte que j'étais appuyée contre la porte du cellier qui s'ouvrit brutalement dans mon dos. J'étouffai un cri et m'écartai d'un bond au moment où des verrines de fruit en sortait. Je les évitai souplement et elles suivirent docilement Lysandra dans les couloirs. A moitié contrariée, moitié perplexe et l'omoplate douloureuse après le coup de la porte, je m'y engouffrai à mon tour. Je ne savais pas quoi penser des avertissements de Lysandra concernant Rose. Les deux femmes se méprisaient assez pour que cette haine soit la raison de ces dires. J'avais toujours entretenu d'excellents rapports avec les parents de Simon – beaucoup plus sains qu'avec Simon lui-même. De toutes les réactions, c'était celle qui m'inquiétait presque le moins. J'étais plus inquiète concernant le feu-follet Alexandre ou mon père et ses dogmes.

Je chassai les doutes que Lysandra avait insinué dans mon esprit et retournai à la salle à manger. Elle s'était déjà installée en bout de table, une table bien plus vivante que je ne l'avais quittée. Julian Shelton était hilare, les joues écarlates, les lèvres pressées contre ses doigts croisés pour retenir son rire. Leonidas ne s'embarrassait pas de telles disposition et riait bruyamment à en faire trembler les lustres de cristal.

-Et là Matthew s'est indigné que je ne lui donne pas d'argent à lui ! Mais vraiment, un scandale, il a fallu que je lui rappelle que c'était Lysa sa tante ...

-Oh encore cette histoire, soupira Lysandra avec un suprême ennui. Leo, tu radotes ...

Leonidas leva son verre en direction de sa femme avec un sourire charmeur et je profitai de leur joute verbale pour me glisser aux côtés de Simon. Lui ne riait pas et restait tendu. Ses deux mains avaient glissé sur ses genoux et s'y crispaient de façon compulsive. Inquiète, je me penchai vers lui et m'enquis à voix basse :

-Ça ne va pas ... ?

La bouche de Simon fut agitée d'un tic nerveux et il se laissa aller contre le dossier de sa chaise.

-Si. C'est juste ... Tu connais cette impression quand tu es dans un groupe et que soudainement ils parlent de choses tellement spécifiques que ça te parait être une langue étrangère ?

-Tu veux dire comme moi quand on est passé de mon projet à des termes hypers pointus de sortilèges ?

Un sourire frémit sur les lèvres de Simon et il jeta un bref coup d'œil à Leonidas et Julian plongés dans une grande discussion.

-Je me doutais que tu avais fui à cause de ça ... Mais un peu, oui. Sauf que là, c'est de moi qui parle. Enfin, de moi petit, de ma famille, de ma vie. De Spencer que Matthew a envoyé dans les ronces quand il lui a appris à faire du vélo. Qu'il a failli être enlevé par un moldu ensorcelé et que c'est ma mère qui a empêché ça alors qu'elle était enceinte de moi. C'est normal que ça me paraisse étranger ?

Il y avait un certain désarroi dans sa voix qui me força à glisser la main sur la sienne. Il baissa les yeux sur nos mains, mais les fixa d'un œil froid, comme si elles aussi elles étaient étrangères, comme si son esprit n'arrivait pas à les intégrer. Avec un pincement au cœur, je songeai à tout ce qu'il ignorait encore, comme son cousin à l'âme dévorée à Ste-Mangouste et à tout ce que ça provoquait encore chez lui. Chaque fois, c'était une avalanche d'information qui saturait rapidement son esprit. Une nouvelle fois, je m'interrogeai sur sa capacité à tout absorber, à gérer les souvenirs issus du gouffre. Sa tension semblait me donner un début de réponse.

-Tu avais trois ans et moins que ça alors ... oui, je dirais que c'est normal. Mais on est là pour ça, non ?

Simon soupira et se frotta le front du pouce. Il avait passé la semaine entre l'IRIS et l'étude de la fameuse poignée de porte que nous avions ramenés : en ce dimanche midi, la fatigue commençait à se faire sentir.

-Oui, oui. Pardon, j'ai un de ses mal de crâne ...

-C'est le vin ça, Bones.

Simon leva les yeux au ciel devant ma réponse mais sa main s'activa enfin sous la mienne pour nouer ses doigts aux miens. Le geste me rassura, d'autant que les propos de Lysandra continuaient de flotter dans mon esprit tels de sombres songes. J'avais été sûre de moi mais elle me mettait le doute ... Si comme le disait Rose réagissait mal à notre relation, quelle serait la réaction de Simon ? Être écartelée entre la femme qui l'avait sorti du placard et celle qui l'avait sorti de l'abîme ? Parce que c'était cela que j'avais fait sur ce pont l'année dernière. Simon avait sombré après l'évasion de Jugson et aurait sombré encore si je n'avais pas arraché ce secret et si je ne l'avais forcé à voir la réalité en face.

Un peu troublée, je pris une gorgée de vin et tentai de m'imprégner de la chaleur de la main de Simon. En face de nous, Julian et Leonidas se rappelaient visiblement le bon temps d'Ilvermorny avec nostalgie et je les entendais discuter de Maison inconnues avec animation :

-Mais j'avais le choix avec Womatou, j'ai juste voulu suivre Aurelia à Serpent Cornu ...

-Ilvermorny a aussi des Maisons ? m'étonnai-je distraitement.

-Ilvermonry a tout plagié sur Poudlard, répondit Julian. Les maisons ont juste une sensibilité différente ... C'est très difficile de faire des équivalences je trouve.

-D'ailleurs je suis persuadé qu'à Ilvermorny vous auriez certainement été dans deux maisons différentes, ajouta Leonidas, songeur. Victoria à Puckwoodgenie, je trouve, ça fait sens mais Simon ... (Il s'adressa à Julian, l'air songeur). Oiseau Tonnerre peut-être ?

-Pas Serpent Cornu ?

-Il se serait peut-être manifester mais je doute que Simon aurait choisi ...

-Tu vois ? souffla Simon à mon adresse. Une langue étrangère.

J'eus un vague sourire qui se fana vite lorsque je sentis le regard de Lysandra sur moi. Elle le détourna vite mais cette impression furtive d'avoir été intensément observée ne passa pas et me noua le ventre. Je baissai les yeux sur ma main entrelacée avec celle de Simon. Visiblement, c'était le geste à ne pas faire parce que Lysandra s'enquit avec un sourire sardonique :

-Mais si vous préférez, on peut vous interroger sur vous. Comment est-on passé de « rien du tout » à « on se tient la main sous la table » ?

Aussitôt, Simon écarta les doigts et me lâcha et je lui jetai un regard de biais. Lentement, je ramenai ma main contre ma jambe mais décidai en représailles de laisser Simon répondre à la question. Il lui fallut quelques secondes et le regard prolongé de Lysandra sur lui pour entonner :

-Laissez tomber ... Vous trouveriez ça stupide.

-Oh tu sais, je doute que vous ayez la palme de la stupidité, s'amusa Leonidas. Tu sais combien de temps ta mère a galéré avant qu'Edgar ne daigne poser réellement les yeux sur elle ?

Simon se tendit immédiatement, malgré le rire presque joyeux de Lysandra qui résonna dans la pièce. Ses yeux gris luisaient de nostalgie mais également d'un sentiment plus féroce, comme du triomphe.

-Ils étaient préfets-en-chefs tous les deux à Poudlard, ajouta-t-elle. Et ma sœur qui repoussait prétendant après prétendant a eu dès les premières semaines un inexplicable coup de cœur pour Edgar. Pourtant ce qu'il était austère à cette époque ... sérieux, rigide. Crois-moi, heureusement que Cassie a débarqué dans sa vie pour lui apprendre l'humour. Même si ça lui pris plusieurs semaines. Mois. Années. Oui, années maintenant que j'y pense ...

-Et qu'est-ce qui a fini par le faire plier ?

La voix de Simon était rauque, très prudente mais Lysandra se fendit d'un immense sourire devant la question. Il s'y intéressait. Petit à petit, il se rendait lui-même à ses parents.

-Cassie était tenace. A force de trafiquer les rondes pour qu'ils y soient ensemble, d'imposer sa présence quand Edgar travaillait – et en travaillant avec lui, pour prouver qu'elle n'était pas qu'une folle furieuse – Edgar a fini par accepter sa présence et même à l'apprécier. Mais il a fallu qu'elle s'accroche : ça a mis presque un an.

-Dix-huit : on gagne, soufflai-je à Simon.

Je vis le coin de ses lèvres frémir en un sourire mais il choisit plutôt de me donner un léger coup de pied pour le faire taire. Julian capta notre échange car je le vis réprimer son amusement. Il caressa la montre dorée à son poignet d'un geste machinal et lança d'un ton joyeux :

-Ce n'est pas pire que Matthew avec Charity. Il l'a carrément mis à genoux quand même...

-Qui ça ?

L'interrogation venait à la fois de Simon, mais surtout de moi. Le prénom, peu courant, m'avait sauté aux oreilles et mon esprit se mit sans-dessus-dessous pour trouver à qui il appartenait. Le temps qu'il y parvienne, Leonidas avait repris la parole avec un éclat de rire :

-Ah ça ! Je l'ai vu en direct, je vous jure ... mais quel petit ...

-Charity Burbage ?!

Le nom avait fini par être associé à un visage et lorsqu'il s'était imposé un mot je n'avais pu retenir un cri de surprise. Simon baissa son regard sur moi, déboussolé :

-Ta professeur d'étude des moldus ?

-Ah, lâcha Julian.

Sa peau était étrangement teintée : rosée au niveau des pommettes, mais le reste de son visage exsangue. Comme s'il s'était vidé de ses couleurs mais que le vin avait tenu à manifester sa présence d'une discrète touche. Visiblement, il considérait la boisson responsable de son interjection, car il repoussa son verre avant de bredouiller :

-Oui ... Oui, elle.

-Matthew est sorti avec ma professeur d'Etude des moldus ? compris-je, sidérée. Pour de vrai ?

-Pour de vrai. Enfin, ils sont sortis ensemble un an ... avant de rompre, un peu avant la fin de la septième année. Mais pendant l'été ils avaient commencé à se revoir ...

Je fis un rapide calcul avant que mon sang ne se fige lentement dans mes veines. Ça n'avait pas été n'importe quel été : ça avait été le dernier de Matthew Bones. Je revis en un éclair ma professeur d'étude des moldus, cette joyeuse sorcière avec le tee-shirt des Rollings Stones. Puis je l'imaginais avec quinze ans de moins, à mon âge, tout juste sortie de l'adolescence, apprendre que son ancien petit-ami avec lequel elle essayait visiblement de renouer s'était fait tué. L'image fut si nette dans mon esprit que ma gorge se noua douloureusement et je pris une profonde inspiration pour faire passer mon émotion.

Puis Simon frappa la table.

Les couverts teintèrent, les sourires se fanèrent et les larmes passèrent vite quand je posai le regard sur son visage fermé et ses yeux étincelants. Cette fois ce n'était ni de l'appréhension, si de l'émotion : c'était de la colère qui faisait luire ses prunelles.

-Dites. Est-ce qu'il y a un rapport, même vague, entre le fait que Matthew est sorti avec Burbage et le fait que Chourave m'a fortement déconseillé de faire Etudes des moldus en troisième année ? Alors que j'en avais l'envie et la place ?

-Tu as voulu faire Etudes des moldus en troisième année ? Mais ...

-Juste pour le plaisir de te t'embêter, Vicky, me coupa-t-il sèchement avant de darder un regard furieux sur Julian. Alors ?

Le long regard qu'échangea Julian avec Leonidas était limpide et donna une déchirante réponse à Simon. Le professeur semblait même un brin paniqué et j'étais persuadée que jamais il ne se serait risqué à laisser échapper une telle information si le vin n'avait pas quelque peu perturbé son esprit. Leonidas avait eu raison de se méfier de la boisson ... Julian chercha du soutien du côté de Lysandra qui secoua la lentement la tête, la mine un peu déroutée – visiblement, la plupart des détails lui échappaient. Sans doute ne savait-elle pas que l'ancienne petit-amie de son neveu travaillait à présent à Poudlard. Alors ce fut à Julian qu'échut l'obligation de donner une réponse verbale à Simon :

-Charity ... a été profondément bouleversé par la mort de Matthew. On l'a tous été mais elle ... Elle a mis énormément de temps à se reconstruire. Il y a même fallu qu'elle quitte le pays pour ça, qu'elle coupe avec tout ... Elle a réussi à trouver un équilibre à Poudlard. Mais quand elle a appris que tu envisageais de faire Etudes des moldus, elle a paniqué. Elle m'a envoyé une lettre à ce moment-là. Tous les vieux fantômes étaient en train de revenir et ... non, elle ne se sentait pas de te faire cours.

Ce n'était pas étonnant. Simon ressemblait à Matthew physiquement – et plus il grandissait, pire c'était. Les taches de rousseurs, le long nez ... Ce n'était pas difficile trouver son frère en lui. Si la reconstruction de Charity Burbage avait été aussi difficile que le décrivait Julian, j'imaginais parfaitement quel choc cela avait dû être pour elle d'imaginer Simon dans son cours, quelle douleur cela aurait été de devoir le contempler semaine après semaine. Elle aurait laissé échapper quelque chose – un lapsus, des larmes. Et quand je me souvenais l'état de Simon à ce moment-là – son déni maladif – cette solution me semblait la meilleure qui soit. Cela les avait préservés tous les deux d'un douloureux rappel auquel aucun n'était prêt.

Non. Je comprenais réellement la panique et la décision de Charity Burbage de refuser Simon dans son cours et je comprenais que Chourave l'ait encouragée. Mais lui ne semblait pas en état de réfléchir. A dire vrai, il ne semblait même pas en état d'intégrer l'information. La mâchoire était contractée, son poing serré sur la table et il continuait de fixer Julian d'un regard furieux qui devait être insupportable à soutenir. Avec une infinie prudence, je tentai de prendre son autre main laissée statique le long de son corps. Mais même ça, il ne paraissait pas être capable de l'accepter car il me repoussa sèchement.

-Non, c'est bon. Cette fois, j'en ai marre.

Il se leva et sans un regard pour personne il contourna la table pour sortir en trombe de la pièce. Je ne tentai même pas de le retenir, blessée par les mots et blasée la situation. Je nouai mes mains devant mon visage pour appuyer mon front contre elle et je tressaillis à peine quand la porte claqua avec fracas.

Le silence qui s'installa était des plus assourdissant. Je ne regardais rien : j'avais fermé les yeux et me préparai mentalement à la tempête qui m'attendait quand je déciderai enfin de sortir de cette maison. Mais c'était épuisant. J'étais épuisée. Cette situation me vidait de mes forces. Simon avait beau clamé que le processus de guérison était entamé, qu'il gérait mieux qu'avant, inconsciemment il continuait de la faire peser de tout son poids sur moi. Je n'étais pas obligée. Je pouvais le laisser intégrer et le laisser se calmer seul. Mais cela aussi c'était au-dessus de mes forces. J'avais trop peur de ce qu'il était capable de devenir, rongé par ses fantômes, hanté par son traumatisme. J'en avais eu un aperçu l'année dernière.

Oh non. Plus jamais ça ...

Je pris une profonde inspiration avant d'émerger et de balayer la table du regard. Lysandra et Leonidas échangeaient des regards interloqués et éloquents et Julian donnait l'impression de vouloir rentrer sous terre.

-Si vous avez d'autres bombes de ce genre, lançai-je d'un ton résolument neutre. C'est maintenant. Parce qu'à chaque bombe, c'est moi qui balaie. Et ça fait dix-huit ans que ça dure.

***


La suite arrive de suite <3
Perripuce

Profil sur Booknode

Messages : 1271
Inscription : lun. 11 mars, 2013 7:13 pm

Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

Yeah pour ce chapitre, j'ai triché. Oui, je le confesse, mea culpa. Les yeux experts auront reconnu le titre comme étant une chanson de La reine des neiges II , la berceuse d'Ahtohallan. Et il se trouve que ... je vais l'utiliser, comme si c'était une chanson sorcière. Je vous la mets en lien, écoutez-la (elle sera utilisée dans le chapitre), vous allez très vite comprendre pourquoi elle m'a tapé dans l'oreille.

Maintenant je vous laisse avec le chapitre. La citation est issue d'une de mes chansons préférées de Mozart Opéra Rock (oui après la Perri enfant on touche à la Perri ado) et encore une fois les paroles sont parfaites pour les événements je trouve.

BONNE LECTURE <3


***


Je hais les roses autant que mes sanglots !
La vie s'impose, je crois à nouveau
En mes rêves défunts
J'ose enfin
Oser la fièvre du parfum
Des roses !

- Je dors sur les roses
Mozart Opéra Rock
***


Chapitre 36 : Le passé reste au fond des cœurs.

Il me fallut encore dix minutes pour rassembler le courage et la sérénité nécessaire avant de partir à la recherche de Simon. J'en profitai pour recueillir quelques informations sur ma professeur d'Etude des moldus par le professeur Shelton, visiblement très affecté d'avoir ainsi laissé échapper l'information. Il n'avait pas réalisé, disait-il, que la volonté de Simon restait si fragile. Lysandra, elle, n'avait laissé échapper le moindre mot et était réduite au silence par le regard acéré de son mari. Je me doutai qu'elle n'aurait rien de bien ou de rassurant à dire et que l'unique chose qui la démangeait, c'était de cracher contre Rose Bones qui avait laissé cette situation s'installer au point que son fils ne supporte d'entendre parler de sa véritable histoire.

Oui. J'admettais également que c'était regrettable.

Le problème, c'est que je n'avais aucune idée de la destination que Simon avait pu prendre. Je passai la demi-heure suivante à transplaner un peu partout : sur les berges du canal, dans le parc de jeu de Terre-en-Landes, au milieu des champs et même chez moi. J'avais même poussé jusque Londres et le QG mais l'unique personne présente – Hestia Jones – ne l'avait pas aperçu. Un peu agacée, je tentai le dernier endroit que j'avais en tête, mais le plus improbable : l'antique maison des Bones sur les bassesses de Terre-en-Landes. La maison du drame ... pourquoi irait-il s'infliger cela ?

Il le fait bien depuis quinze ans, songeai-je en passant la porte, à bout de souffle après mes différentes courses. Peut-être qu'il avait développé une sorte d'insensibilité aux souvenirs dramatiques qu'elle renfermait au fil des ans. La maison était silencieuse, silence qui m'hérissa l'échine. Je frottai mes bras pour apaiser la chair de poule et parcourus les différentes pièces de la maison. Le vieil hibou Ogma dormait dans le cellier et la grande horloge dans le salon battait sinistrement la mesure du temps. Avec un grand malaise, je me résolus à grimper l'escalier aux marches grinçantes – là où avait été retrouvé Matthew Bones, quinze ans plus tôt. Comment Simon faisait pour marcher quotidiennement sur ses marches en sachant qu'elles étaient souillées du sang de son frère aîné ?

Je montai les escaliers en courant, comme si j'avais peur de moi-même voir Matthew étalé sur ses marches. Sans attendre, je grimpai au deuxième et dernier étage où se trouvait la chambre de Simon et je fus surprise de découvrir au milieu du couloir ensoleillé une échelle déployée. Je sursautai, une main sur le cœur et l'autre à ma poche que dissimulait ma baguette avant de me détendre. L'espace d'un instant, j'avais cru voir l'ombre d'une silhouette menaçante. J'observai l'échelle, le cœur battant et découvris une ouverture carrée dans le plafond.

-Simon ? Dis-moi que c'est toi là-haut.

Je m'y approchai prudemment, l'oreille alerte. Après une seconde de flottement, j'entendis un concert de grincement et la voix de Simon jaillir de l'ouverture :

-Et toi, dis-moi quelle chanson tu as chantée après la première tâche de Cédric.

-Tout Poufsouffle m'a entendu chantée, ce jour-là, fis-je remarquer avec l'ombre d'un sourire. Et tu ne l'avoueras jamais, mais je suis sûre que tu as adoré mon interprétation de Je voulais déjà être roi ...

Sans même réagir, j'entendis Simon s'éloigner de l'ouverture. Avec un soupir, je plaçai mes mains sur les barreaux et me hissai. Pour chasser les traces de fatigue ou d'énervement, je me mis à fredonner frénétiquement en grimpant l'échelle.

-Je vais faire dans la cour des grands une entrée triomphale ... en poussant très royalement un rugissement bestial ! – Majesté, tu ne te mouches pas, tu coudes ... je voudrais déjà être roi ...

-Tu veux me la mettre dans la tête, c'est ça ?

J'essuyai un petit rire et émergeai enfin dans ce qui semblait être le grenier des Bones. Les effluves de poussière et de renfermé se mélangeait avec celle du vieux bois et me prirent à la gorge. Avec de grandes fenêtres qui perçaient les toits, les murs inclinés du sol au plafond et les poutres qui s'entrelaçaient, l'atmosphère y était très lumineuse et intime alors que la pièce couvrait la moitié de la surface de la maison des Bones. Des boites de bois et des cartons étaient entassés dans chacun des coins et contre le seul mur qui n'était pas mansardé. Sur les étagères, des bibelots prenaient la poussière depuis des décennies, de vieux vases de cristal qui avaient perdu leur transparence ou de statuette dorées qui ne brillaient plus depuis longtemps. Au milieu de la pièce, Simon se tenait face à une pile de carton qui semblait être la plus récente. Il en caressait les coins, le visage fermé, le visage baignée dans une drôle de lumière à moitié granulée par la poussière en suspension dans l'air. En un éclair, je compris ce que refermait ces cartons et l'énervement fut balayé par des vagues de compassion et de curiosité. Lentement, je m'approchai de Simon et j'attendis d'être assez proche pour chuchoter :

-Ce sont leurs affaires ... ?

Incapable d'articuler le moindre mot, Simon se contenta d'acquiescer. Maintenant que j'étais assez proche, je pouvais lire les mots parfois tremblants sur les boites. « CHAMBRE SPENCER », « BUREAU EDGAR », « COURS MATTHEW » ... Tout était là : la vie brisée de la famille Bones, entassée dans des cartons, cachée dans l'ombre, oubliée sous la poussière. Sans pouvoir m'en empêcher, je les effleurai également, fascinée, avec l'impression d'enfin les toucher du bout des doigts. Je les avais vu en photo, j'avais entendu anecdotes et histoires mais c'était la première fois que j'avais l'impression de toucher leur vie.

-Je ne savais même pas qu'elles étaient vraiment ici, souffla Simon dans un filet de voix. Je me suis juste dit ... que si elles devaient être quelque part, c'était là. Je ne suis jamais monté au grenier ... Caroline a essayé une fois, tu aurais vu la colère de ma mère ... Personne n'a osé depuis.

La mention de la colère de Rose me tordit le ventre et je songeai de nouveau à l'amertume de Lysandra. Songe à cela : c'est elle qui gère Simon depuis dix-huit. Pas George : elle. Elle qui a accepté d'entrer dans son jeu qui envoyait ma sœur aux oubliettes, elle qui l'a élevé dans le déni. Elle s'est construite comme son seul repère. J'avais beau savoir que Rose avait fait tout cela pour préserver Simon et lui réserver une enfance heureuse et insouciante, l'idée que cette famille soit ainsi cachée dans le grenier était dérangeante. Doucement, je passai une main dans le dos de Simon et repensai à tout ce qu'il avait laissé éclater depuis quelques jours. Cette fois, j'en ai marre. J'ai l'impression qu'ils parlent une langue étrangère, sauf qu'ils parlent de ma vie.

-Alors qu'est-ce qu'on attend pour les ouvrir ?

Simon laissa échapper un petit rire et arracha son regard des cartons pour le baisser sur moi. Toute la douleur et le désarroi qui hantaient ses prunelles m'obligèrent à l'enlacer plus franchement. Son bras passa dans mon dos et sa main se referma sur mon côté, fébrile.

-Tu m'aides ... ?

-Toujours, soufflai-je, mon regard planté dans le sien. Tu le sais ...

Je me hissai sur la pointe des pieds et passai la main sur sa nuque pour embrasser sa joue en toute délicatesse. Simon ferma les yeux et laissa échapper un gros soupir qui trembla dans mes cheveux. Lentement, ses doigts se détendirent sur mon flan et il s'écarta après avoir posé un bref baiser dans mes cheveux.

-Sérieusement, qu'est-ce que je ferais sans toi ... ?

-Tu resterais planté devant les cartons sans oser les ouvrir.

Je repoussai une mèche qui lui tombait dans les yeux et pris sans attendre le premier carton à ma modeste hauteur. Avec révérence, je le posai sur le sol et m'assis en tailleurs devant lui. Simon vint me rejoindre à terre et lut l'inscription.

-Hum ... « Archives Edgar » ... (Il me jeta un regard malicieux). Tu as été influencée ?

-Ah, ah ... Ouvre au lieu de te moquer.

Simon ricana et passa la main sur le carton. Ses doigts hésitèrent sur le scotch qui le scellait et son regard se perdit au loin. J'avais la nette impression qu'il ne voyait pas une simple boite renfermant des souvenirs mais l'essence même de son père. Il finit par se rendre compte que je le contemplai, certainement avec inquiétude et il essuya un petit rire étranglé.

-Je ... je suis pas sûr, je ... j'ai ...

J'ai peur. Il était incapable de les prononcer, mais moi je les entendais les mots qui refusaient de franchir ses lèvres. La peur fendait sa voix, faisait trembler ses doigts, lui ravivait ses dernières couleurs. Mais l'envie de savoir finit par l'emporter sur le reste et il empoigna fermement le carton pour le tirer vers lui. Il battit des paupières pour chasser les larmes qui commençaient à faire briller son regard et prit une profonde inspiration avant de se mettre à déchirer le scotch. Il luttait, avançait péniblement mais je le laissai faire, la gorge obstruée par un bouchon douloureux. Avec un grognement, il parvint à arracher la bande collante et ouvrit les deux pans du carton. Il ne prit pas le temps de faire une pause ni même d'analyser le contenu pour en extraire une liasse de parchemin. Il défit l'élastique qui l'enserrai et y jeta un bref coup d'œil. Le rire qui suivit avait quelque chose d'étrange, avec des traces de pleur et de soulagement.

-Des notes pour le Ministère ... Que du jargon juridique, je ne comprends pas la moitié ... Je n'ai pas cette fibre-là, moi ...

-Aucun de vous trois si j'ai bien compris.

Simon enroula le parchemin, l'air songeur.

-Non, tu as raison ... Matthew ne paraissait pas très scolaire, Spencer était précoce mais très timide et renfermé ... et moi ...

Il rangea le parchemin dans le carton et en sortit un nouveau. Encouragée par l'enchainement, je me mis à fouiller à mon tour. La boite était pleine de carnet et de rouleaux aux coins écornés qui jaunissaient avec le temps. Des choses très impersonnelles et très protocolaires, rassurante pour débuter un voyage dans le temps.

-J'aurais peut-être pu, finit par lâcher Simon d'une voix rauque. J'aurais pu être celui qui aurais repris le flambeau ... J'en avais les capacités. J'ai fini major de ma promotion, préfet-en-chef ... J'ai la foi, j'ai la flamme des Bones. Peut-être que si je n'avais pas ... que ça s'était passé autrement ...

Il avait commencé à tordre le parchemin qu'il tenait entre ses doigts et je couvris rapidement la main de Simon de la mienne, assez fermement pour que mon message passe.

-Tu n'avais pas le tempérament pour t'enfermer au Ministère, on le sait tous les deux Simon. Ce n'est pas ce qui s'est passé qui a façonné ça, c'est simplement ce que tu es. Toute ta vie n'est pas conditionnée à ce qui s'est passé quand tu avais trois ans ... Tu étais quelqu'un avant ça et c'est toujours en toi. Dont ta capacité certaine à refuser une autorité ou à t'enflammer. Et un manque d'intérêt total pour la paperasse. Tu n'aurais pas tenu une semaine dans le Magenmagot avant de jeter un sort à quelqu'un ou envoyer les parchemins valser.

Un sourire frémit sur les lèvres de Simon sans complétement s'y épanouir et il jeta un bref regard au parchemin qu'il venait de saisir. Et comme pour prouver mes dires, il le jeta derrière son épaule en un froissement.

-Ouais, tu as sans doute raison. Ce n'est pas le traumatisme qui m'a donné mon intérêt pour les sortilèges ... Donc aucun d'entre nous n'aurait repris le flambeau.

-Parfait, Susie est là pour vous suppléer. Tu l'as dit toi-même : ce sont les femmes qui gèrent dans cette famille.

-Ça c'est clair. Il n'y avait qu'à voir tante Amy ... Et ma grand-mère Susan, il parait que c'était une sacrée aussi ... Bon, je vais ouvrir un autre parce que le jargon juridique c'est barbant. Tu m'aides ? A deux on ira plus vite ...

Il me tendit une main et je la saisis immédiatement avec un sourire. Fouiller, ça me connaissait et je pouvais même dire que j'adorais cela. J'avais passé une partie de mon enfance à observer les vieilleries que ma grand-mère Anne gardait jalousement – des broches somptueuses, de vieilles photos avec la bonne société anglaise – et l'autre à écouter les anecdotes de Jaga sur sa Po logne natale. C'était peut-être là que se situait ma passion pour l'Histoire et j'avais poursuivi en fouillant archives et passé. Notamment de celui de Simon.

Nous nous retrouvâmes rapidement assis au milieu des cartons éventrés. Les papiers et objets s'alignaient autours de nous, grignotant le moindre espace, comblant chaque vide dans l'esprit de Simon. Dans une petite boite, il y avait un échiquier aux pièces polies que Simon disposa sur un plateau. Dans un carton, je découvris un nouvel album familial dédié au mariage de Cassiopée et Edgar. Caché dans un coffre, Simon débusqua le balai de Matthew, un vieux modèle d'Etoile Filante – obsolète maintenant mais qui devait être la pointe de la mode dans les années 70. Spencer collectionnait visiblement les puzzles : il y en avait des centaines de boites, certains que malgré ma patiente légendaire je ne parviendrais jamais à finir moi-même. Puis au milieu de toutes ses boites j'en découvris une qui me fit éclater de rire.

-Matthew aimait le Scrabble ? Sérieusement ? Le Gryffondor turbulent qui faisait du Quidditch ?

-Dis, Vicky, qui pourrait dire que Sainte Victoria est capable de se prendre des cuites ? rétorqua Simon, presque sur la défensive.

Il en fut quitte pour que je lui lance une pièce du scrabble à la figure. Tout était là : le plateau, le pupitre, et même le dictionnaire qui datait de 1975. Je l'ouvris et découvris dans les marges des mots visiblement inventés tant ils avaient peu de sens. Je fixai avec un drôle de creux dans le ventre l'écriture de Matthew Bones, évoluant au fil des ans, des plumes, des situations. Puis je m'arrêtai à la première page et découvris une autre manuscrite d'une autre main.

Pour que tu daignes enfin jouer LOYALEMENT avec des VRAIS mots. Bones indigne. Joyeux anniversaire. Ju.


Juste en dessous, la main de Matthew ajoutait d'un ton que j'imaginais débordant de malice :

Mais j'utilise des mots du dictionnaire ! Regarde par toi-même, je l'ai personnellement enrichi d'un vocabulaire que j'estime indispensable. Lâche l'affaire Ju' : t'es juste deg' que je sois plus fort que toi quelque part.


Les larmes aux yeux, je pressai le dictionnaire contre ma poitrine. L'espace d'un instant, c'était comme si j'avais entendu la voix de Matthew Bones flotter dans les airs. Ces mots, c'était plus prégnant que n'importe quelle photo, n'importe quelle anecdote. C'était son essence même qui m'était révélée, venue des profondeurs d'un dictionnaire livré à l'ombre et la poussière.

-Waho.

Je levai le visage pour chasser les larmes et pivotai vers Simon, l'épais volume toujours pressé contre moi. Simon étalait devant lui un nombre incalculable de papier tâchées de petits points. En me rapprochant, je réalisai que ce n'étaient pas des tâches : c'étaient des notes. Des partitions défraichies, toutes datées des années cinquante, tracées à l'encre sur du simple papier. Une larme vint s'abattre sur les portées parfaitement droite et une clef de sol se délava pour veiner les lignes d'encre noire.

Simon venait de découvrir qu'il tenait la musique de quelqu'un.

J'en lâchai le dictionnaire pour me rapprocher de lui et du carton qu'il débouillait. Il essuya la larme qui roulait de nouveau sur sa joue d'un revers de main avant qu'une autre ne vienne tâcher l'impeccable travail. Il attendit quelques minutes de se calmer avant de se replonger, les yeux brillants.

-Je ne connais pas les morceaux ... Je pense que ce sont des compositions. Quelqu'un composait ...

-Ce n'est pas noté qui ? demandai-je avec douceur.

-Sans doute un de mes parents, vu la date ... On aura qu'à demander à Lysa qui aimait la musique.

Je hochai la tête, rassurée par la mine résolument déterminée de Simon. J'embrassai le sommet de son crâne en espérant lui insuffler un peu de ma force et le laissai à ses dépouillements. Presque tous les cartons étaient ouverts, à moitié vidé sur le sol mais je finis par en trouver un intact. Avec un pincement au cœur, je lus « CHAMBRE SPENCER ». Spencer ... celui qui en enfermant Simon dans le placard lui avait sauvé la vie. Le petit ange blond, le petit prodige. Comprenant que le souvenir paralysait Simon, je me chargeai d'en déchirer le scotch et ouvrit le carton. La première chose que j'y vis m'arracha un petit rire.

-Je ne sais pas lequel de tes parents aimait la musique ... mais je pense que ça s'est aussi transmis à Spencer.

Avec un émerveillement certain, j'en sortais une magnifique boite à musique d'acajou. Je soufflai dessus pour faire disparaitre la poussière et effleurai les délicates arabesques qui creusait le point. C'était un objet trop ancien pour dater de la naissance de Spencer. En revanche, j'en découvris une seconde, plus petite et plus simples, sculptée d'une farandole d'animaux qui en faisait le tour. Sans attendre, j'y tournai la clef et une douce mélodie entêtante en jaillit. Des notes très enfantines, douce comme tout qui s'élevèrent et m'arrachèrent un sourire ému. Puis la mélodie s'imprima dans mon esprit et je papillonnai les yeux, très surprise.

-Mais ... c'est moldu !

-Comment tu le sais ? s'étonna Simon, occupé à feuilleter l'album de mariage.

-La chanson ... c'est connu, un thème très écouté par les enfants ...

Je retournai la boite dans tous les sens, à la recherche d'un indice, d'un code-barre ou un numéro de série qui pourrait prouver la provenance moldue de la boite. Je finis par trouver des chiffres gravés en dessous. J'étais en train de les déchiffrer quand une nouvelle musique rompit le silence, plus mélancolique, avec des notes claires et nettes, presque tranchantes comme les lames qui la jouait. Je me tournai vers Simon, surplombant la boite d'acajou qu'il venait d'ouvrir. A l'intérieur s'était élevé la silhouette en bois d'une danseuse étoile, avec ses joues rouges et un tutu de tulle. Animée par magie, elle s'était mise à gracieusement danser au rythme de la musique, aussi légère et souple que si elle avait été de chair.

-Celle-là, elle est clairement magique, évaluai-je avant de précipitamment demander : ça va ... ?

Simon avait blêmi et fixait la danseuse avec de grands yeux qui s'emplissaient progressivement de nouvelles larmes. Il ne paraissait pas m'avoir entendu : il était captivé par la boite à musique et quand la mélodie s'acheva, il s'empressa de la rouvrir puis de la refermer pour la faire se rejouer. Quelques notes passèrent avant qu'il ne se mettent à chanter en écho, d'une voix rauque, à peine plus haute qu'un murmure et qui semblait venir des tréfonds de lui-même :

Quand le vent frai vient danser
La rivière chante pour ne pas oublier
Ferme les yeux si tu veux voir
Ton reflet dans son grand miroir ...


Dans l'air du soir, tendre et doux,
L'eau claire murmure un chemin pour nous.
Si tu plonges dans le passé :
Prends garde de ne pas t'y noyer.

Elle chante pour qui sait écouter
Cette chanson magie des flots
Il faut nos peurs apprivoiser
Pour trouver le secret de l'eau.

Quand le vent frai vient danser
Une maman rêve tout éveillée
Dors mon enfant n'aie plus peur
Le passé reste au fond des cœurs.


Les notes s'éteignirent et la voix de Simon avec. Ce ne fut que lorsqu'il essuya une larme sur sa joue que je réalisai que je pleurais aussi. Simon chantait rarement – c'était par la guitare qu'il s'exprimait musicalement, une façon paradoxalement silencieuse de jouer. Pourtant il avait eu une très belle voix enfant et la mue ne l'avait pas trop abîmée. J'avais oublié combien il pouvait chanter juste, malgré l'émotion qui faisait trembler le chant et les mots qui me perçaient le cœur.

Si tu plonges dans le passé prends garde de ne pas t'y noyer ...

Les paroles étaient incroyables. Le sens saisissant. Les mots si justes.

Simon referma le couvercle de la boite, l'air sonné. Il ne parvenait pas à détacher ses doigts du bois, et suivis les traces des fines étoiles sculptées en relief et des astres qui décorait la serrure.

-C'est ... je ... (Il porta une main à sa tête, les mots butant contre ses lèvres). J'en reviens pas de m'en souvenir encore ...

-C'est à ta mère ?

C'était la première chose qui me revenait en observant les étoiles filantes qui décoraient le cadre. Les Black étaient liés à la nuit mais surtout aux étoiles, ne cessait de marteler Lysandra et la boite était assez ancienne pour être un héritage. Simon hocha lentement la tête.

-En tout cas, c'est elle qui la chantait ... ça ... ça a toujours été dans un coin de ma tête, cette musique ... Parfois quand je me réveillais, je l'avais en tête ... Avec le fantôme de sa voix ... (Il empoigna la boite de ses deux mains et la fixa intensément). C'était la dernière chose qui me restait d'elle et je la repoussai de toutes mes forces ...

-Oh mais non ...

Je glissai sur le parquet près de lui et posai ma tête sur son épaule. Il appuya sa joue contre mes cheveux et son souffle laborieux fut s'envoler quelques mèches brunes. J'effleurai du bout des doigts les astres sur la boite, fascinée, comme si cette boite d'acajou renfermait l'essence de Cassiopée Bones comme le dictionnaire celle de Matthew.

-Regarde-toi dans un miroir, Bones, murmurai-je. Il te reste plein de choses de ta mère ...

Pour le lui prouver, je me redressai et attrapai une de ses mèches où se mélangeait le blond et le cuivre selon les rayons qui les frappaient, qui devenait presque châtain l'hiver et d'or l'été. Un sourire trembla sur ses lèvres fines – un sourire qu'il tenait également de Cassiopée Bones. Lentement, il se pencha davantage sur moi et je l'enlaçai, le front pressé contre son épaule. Nous restâmes ainsi quelques minutes, le temps que la respiration laborieuse de Simon s'apaise. Ses doigts se décrispèrent sur la boite et quand il s'écarta avec un gros soupir, il la plaça sur le côté – et je compris qu'il avait la ferme intention de l'inclure à présent dans sa vie.

Les yeux toujours luisants, mais plus calme, il poursuivit ses investigations et se plongea dans les affaires de Matthew. Moi, je me tournai de nouveau vers les archives d'Edgar. Simon goûtait peu le papier et le jargon administratif, mais j'étais persuadée que la paperasse pouvait receler des trésors. Je vidai consciencieusement les dossiers, les rouleaux de parchemins, jusqu'à trouver de vieux carnets manuscrits qui ressemblaient forts à ceux entassés sur une étagère de la bibliothèque. J'en ouvris un à la page de garde pour voir inscrit d'une élégante écriture : « Nicholas Bones – recherches personnelles ».

-Nicholas c'est ton grand-père paternel ?

-C'est ça, confirma Simon d'un ton distrait. Je ne l'ai pas connu, mes grands-parents sont morts dans une attaque du chemin de traverse avant ma naissance ... Regarde ce que j'ai trouvé dans le sac de Matthew !

Je levai la tête pour le voir assis au milieu d'une dizaine de cassette audio, celles que mon père utilisait encore pour le vieil autoradio de sa voiture. J'eus un rire incrédule.

-Oh la la, c'est tellement vintage !

-Pour les moldus peut-être, mais pas pour les sorciers ... C'est étonnant qu'il y ait tout ça ... Queen, Genesis, les Beatles ...

-Excellents goûts.

-Attends, ce n'est pas tout ... (Il plongea sa main dans le sac pour en sortir un album pour enfant encore plastifié). Oh ... Robin des bois ... Ça, je doute que c'était pour lui.

Il le retourna pour en lire le titre et se fendit d'un petit rire. Cette fois, les larmes ne vinrent pas embuer son regard et un léger sourire continuait de flotter sur ses lèvres alors qu'il examinait l'album. Je me replongeai dans les carnets de Nicholas en sifflotant tranquillement le début du dessin animé de Robin des bois. Simon me jeta un regard torve devant la mélodie.

-Vicky, elle va me bouffer le cerveau cette musique...

-Tu préfères Le Roi Lion ? Hé ...

En tournant les pages, j'avais fini par découvrir un arbre généalogique, inscrit à la main d'une écriture soignée. Clair et concis, il retraçait les origines de la famille Bones depuis le début du XIXe siècle. Je tournai le carnet et déployai toutes les feuilles annexes repliées dans le carnet pour étendre l'arbre. Fascinée, je retrouvai facilement Edgar et le trait qui l'unissait à Cassiopée Bones surmontée de leur date de mariage – 9 février 1963. Des enfants, seul Matthew et Spencer étaient inscrits mais Nicholas n'avait pas eu la joie de connaître son dernier petit-fils. De même, en dessous de George et Rose, il n'y avait que Caroline. Lentement, je remontai les branches. Il y avait plusieurs Edmund – comme le frère aîné de Nicholas, mort à seize ans seulement. Je fus perplexe devant leur mère, Antonia deuxième du nom, qui s'était mariée à un certain Tybalt Tuft et qui pourtant avait transmis son nom de jeune fille à ses enfants. La même anomalie se répétait plus haut dans l'arbre avec Seraphina, le seul nom qui me sautait aux yeux puisqu'il s'agissait de celle qui avait achevé la maison. Elle avait épousé un certain Thaddeus Wolpert – et pourtant, ses quatre enfants portaient le nom de Bones. Elles avaient été assez fortes pour, en plus de garder leur nom de jeune fille, l'imposer à leurs maris et leurs enfants. J'avais beau savoir que les Bones était une lignée de femme forte, ce tour de force en était le meilleur exemple.

Intriguée, j'achevai ma lecture en arrivant à la dernière ligne, la ligne originelle qui marquait le début de la lignée des Bones dans le monde sorcier. Je savais que leur ancêtre était un moldu du village, Edmund Bones, un fils d'ébéniste mais le nom de la sorcière qu'il avait épousé me laissa pantoise. Je caressai le papier, stupéfaite, avant de lever les yeux sur Simon.

-Dis ? Tu savais que tu as des Dumbledore dans ton arbre généalogique ?

-Quoi ?

Simon abandonna le carton de Matthew pour se glisser à côté de moi, perplexe. Ses yeux parcoururent les différentes branches de l'arbres jusqu'à ce qu'ils tombent sur le nom que je pointai, tout en haut de la double-page. Il laissa échapper une exclamation admirative et tira le carnet à lui.

-Whaaa ... « Antonia Dumbledore » ... Bon sang, c'est incroyable ...

-Tu as vu le nom à côté ?

Simon hocha la tête, médusé. A côté d'Antonia était inscrit le nom de Wulfric Dumbledore, avec sous son étiquette des pointillés qui indiquaient une descendance. Nous avions assez reçu de lettre de Poudlard pour comprendre de qui il s'agissait. Beaucoup d'entre elle étaient signée Albus Perceval Wulfric Bryan Dumbledore.

La coïncidence était trop belle. Et pour moi la seule explication était la suivante : de Wulfric était issu le plus grand sorcier de l'époque moderne, Albus Dumbledore. Et d'Antonia l'ensemble de la famille Bones aux femmes fortes. Sans doute avait-elle été la première d'entre elles.

Incrédule, j'éclatai d'un rire compulsif que je tentai de cacher dans la main. Je ne m'attendais pas à remontrer aussi loin dans le passé – au début du XIXe, à la création de la lignée des Bones – et de découvrir une telle parenté. Beaucoup d'autres noms de familles m'avaient évoqué quelque chose, mais ce n'était rien par rapport à Dumbledore !

-Rappelle-moi d'en parler à Dumbledore la prochaine fois qu'on le voit, lâcha Simon, abasourdi. Ça a beau remonté à un sacré moment dans l'arbre ... Mille gargouilles galopantes, je ne vais pas m'en remettre ... J'ai l'impression de découvrir que je suis apparenté à la reine.

Ce qui était ironique quand on savait que du côté maternel, l'arbre recelait de nombreuses familles au statut presque royal – les Croupton, les Black ... Mais preuve que Simon était plus qu'un Bones qu'un Croupton, c'était le nom de Dumbledore qui sonnait en lui comme le plus infime des honneurs. Rendue euphorique par ma découverte, je feuilletai encore quelques pages dans l'espoir de trouver un nouveau trésor.

-Tu m'étonnes, Dumbledore quoi ... Oh mais ... Attends, c'est la Maison Hantée ?

Je venais de découvrir une très vieille photographie – moldue car elle restait immobile dans son cadre – d'une rue que je connaissais parfaitement bien pour l'avoir parcourue toute mon enfance. Elle était centrée sur une maison qui n'avait rien de délabrement d'aujourd'hui : encore droite et neuve, sans vitre brisée mais c'était impossible de ne pas reconnaître la célèbre maison de Terre-en-Landes. Simon me prit la photo des mains, les sourcils froncés et la retourna. De la même écriture qui parcourait le carnet était inscrit à l'encre à moitié effacée « Maison Dumbledore ? Photo de 1923 ». Je me frappai le front du plat de la main, suffoquée.

-L'Ancien !

-Quoi ?

-L'Ancien ! Une fois j'ai dû le ramener chez lui, il m'a dit ... il m'a dit de ne jamais m'approcher de la maison, qu'avant sa naissance des gens « bizarre » y habitaient ... qu'une fois son frère y avait été et en rentrant n'avait plus jamais été le même ... J'avais compris que ça avait été des sorciers, mais ce n'est pas n'importe quelle famille : c'était les Dumbledore !

Simon digéra l'information, sidéré, les yeux écarquillés faisant l'aller-retour entre les carnets et la photo. Il finit par la ranger entre les pages et referma la couverture dessus.

-Bon. Sur ça, on interrogea mon père, je sais qu'il était proche de Nicholas, il sait peut-être pourquoi il faisait toutes ses recherches ... Peut-être qu'il en sait un peu plus. Après tout, les Dumbledore n'était pas une famille importante, c'est juste Dumbledore – enfin, Albus – qui l'est ... Ce n'est pas ... important ...

Mais ça le semblait tout de même parce que Simon eut du mal à se remettre de sa surprise. Il m'aida à ranger les parchemins mais plaça les carnets au-dessus de la boite à musique de sa mère. Je remarquai alors que d'autres objets avaient été mis de côté, notamment des cadres et album photo. Je contemplai quelques secondes Simon, passant d'un carton à l'autre sans se laisser submerger par l'émotion, les sourcils à peine froncer par la concentration. Une vague de fierté me submergea lorsqu'il sourit avec nostalgie devant un cliché de lui et de ses frères et qu'il le plaça au-dessus de tous les objets qu'il emporterait. Loin du renfermement qu'il avait affiché chez Lysandra, il était entreprenant, prenait l'initiative et je compris que c'était justement ce qui le rassurait. C'était son rythme, ses choix, ses sensations : rien de lui était imposé. Lorsque c'était trop douloureux, il s'arrêtait. Lorsque ça pansait la plaie qui ne cessait de saigner depuis quinze ans, il gardait. Photo après photo, objet après objet, il se reconstruisait et reformait les pans éparpillés de son passé.

Je le laissai à son exploration et retournai à la mienne. Je fouillai dans les cartons qui n'étaient pas encore ouverts mais la plupart l'étaient déjà. Après quelques minutes de recherche, je finis par découvrir ce que je considérai comme le véritable trésor de ce grenier. Avec un sourire extatique, je me mis à sautiller comme une folle devant.

-Oh mon Dieu ! Simon, j'ai trouvé le carton ! L'ultime, la raison pour laquelle on est là, l'unique qui mérite d'être dépouillé par mes soins ...

-Mais de quoi tu parles ? (Son visage s'assombrit lorsqu'il vit mon expression). Oh mon Dieu, c'est quoi ce sourire ? Qu'est-ce que tu as trouvé ? Ne me dis pas ... ?

Avec un cri de triomphe, je lui présentai à bout de bras le carton qui portait fièrement l'inscription « AFFAIRE BEBE SIMON ». J'étais encore en train d'exulter quand Simon se leva précipitamment et me l'arracha des mains, les joues brusquement rouges de confusion.

-Alors là hors de question !

-Non mais ! Rends ça Bones, c'est moi qui l'aie trouvé !

Je le suivis dans le grenier, évitant maladroitement les différentes boites éparses sur le sol. Je finis par le rattraper et pris appuis sur ses épaules pour me hisser sur son dos. Déséquilibré, Simon porta une main à la jambe que j'avais collé contre sa hanche et ce faisait, lâcha le carton qui alla se renverser sur le sol. Le fracas fut couvert par mes éclats de rire.

-Vicky !

-Quoi ? Tu vas m'arracher les yeux ? Je suis un boulet que tu dois te traîner ?

-Je te jure ... Descends de là !

Mais je callai plus étroitement mes jambes contre ses hanches et enroulai mes bras autour de son cou, le menton niché contre son épaule. Avec un soupir résigné, Simon passa sa main sur mon genou pour me soutenir.

-Oh laisse tomber, on ne se lâchera jamais.

-Bien vu Minus.

Je posai un baiser sur sa nuque et je vis le coin de la bouche de Simon frémir. Puis je le libérai de ma présence et me précipitai à terre pour retourner complètement le carton avec un sourire impatient. Cette fois, un petit rire s'échappa de la gorge de Simon.

-Mais quelle barbare !

-Non mais tu te rends compte ? C'est ma meilleure journée depuis que j'ai appris que ton deuxième prénom était un prénom ridicule ! Oh ! Regarde ça, c'est adorable !

Je brandis triomphalement des deux mains une peluche toute mignonne en forme d'hippogriffe. Je ne sais pas si ce fut le doudou en tant que tel ou l'image de moi la portant aux nues comme le faisait Rafikki avec Simba dans le Roi Lion, mais un sourire retroussa les lèvres de Simon. Il se laissa tomber sur le sol et la saisit avec délicatesse.

-C'est quand même dingue qu'il ne me l'ait même pas laissé ...

-Peut-être que tu l'as rejeté toi-même, songeai-je en continuant de fouiller. Hé, Jack et le Haricot Magique ! Oh ! (Je pressai le livre contre mon cœur) J'adore ta famille de vous élever dans la double-culture, franchement vous êtes parfaits ! Je vais vous citer en exemple dans le livre !

-Contrairement aux trois quarts de la population magique, on a refusé de renier notre héritage ... Qu'est-ce qu'il y a ?

Je venais d'ouvrir le livre à la page de garde et mon visage de se figer. Mon sourire se fana lentement sur mes lèvres alors que je lisais les mots inscrits en lettres rondes et joyeuses :

Pour Simon, joyeux noël. Un jour, tu arriveras à lire ce livre tout seul et il deviendra peut-être ton préféré, comme moi. Ne laisse pas Matthew te raconter n'importe quoi, c'était mon idée. J'espère qu'il te fera plaisir. Charity.


Il y avait un espace vide entre la dernière phrase et la signature qui paraissait peu naturel, comme si des mots manquaient. Le pire dans tout cela ? C'était que je reconnaissais parfaitement l'écriture de ma professeur d'Etude des moldus. Je l'avais vue sur le tableau, sur mes copies ... Le doute n'était plus permis. Après un instant de flottement, je tendis le livre à Simon. Dès qu'il comprit d'où lui venait l'album, sa mâchoire se contracta. Il fixa les mots, les yeux parfaitement secs mais agrandis par le choc.

-Julian m'a donné quelques détails, si tu veux, entonnai-je avec douceur. Sur comment ils se sont mis ensemble, la fameuse fois où il l'a mise à genoux ...

-Ça va, m'interrompit-t-il sans quitter les mots de Charity Burbage du regard. J'ai ... j'ai vu quelques photos d'eux dans les affaires de Matt.

Il caressa les pages et fronça les sourcils quand ses doigts s'arrêtèrent sur l'espace vide devant la signature. Il sortit sa baguette d'acacia de sa poche et se mit à tapoter l'album, plus intrigué que contrarié.

-Attends, il y a quelque chose là ... de magique ...

-Et tu l'as senti juste en passant la main ? m'étonnai-je, estomaquée.

-Tu penses que je fais quoi à l'IRIS ?

-Du tricot ?

Simon interrompit une seconde ses coups de baguette pour me donner un coup de pied dans le genou. Puis il se concentra à nouveau sur l'album. Quelques tapotements plus tard, il eut un grésillement étrange suivi d'une douce lueur dorée qui s'estompa rapidement pour laisser apparaitre les mots que la magie avait cachée. Sans attendre qu'il m'y autorise, je me penchai pour les lire par-dessus son épaule. La signature avait été incomplète. En réalité, elle avait ajouté « ta peut-être future belle-sœur, Charity ». Mon cœur se serra lorsque je me rappelais les explications de Julian.

-Elle a dû mettre ça pour rire avant de regretter ... Apparemment, ce n'était ... pas vraiment sérieux, entre eux, il parait que ...

Je laissai ma phrase en suspens lorsque je m'attardai sur l'expression du visage de Simon. Ses traits s'étaient brusquement creusés en un masque de contrariété et d'agacement et ses yeux s'étaient mis à luire, non plus d'émotion mais de colère. D'un geste sec, il ferma l'album et allongea le bras pour le ranger au-dessus des carnets de Nicholas et de la boite à musique de Spencer.

-C'est juste ... C'est dur. Dur parce que tu ne peux pas t'empêcher de te dire : et si ... ?

Les lèvres de Simon se pincèrent et il secoua la tête, comme pour chasser cette idée de son esprit.

-Il n'y aura jamais de « et si ». Non, tout ce qu'il y a, ce sont des omissions et des faux-semblants. Et je sais – je sais – que j'en suis en parti responsable, que tout a été mis en œuvre pour me préserver, à la fois des Mangemorts et du traumatisme ... Mais quand même. Elle n'aurait pas supporté de m'avoir dans sa classe. Elle a demandé à Chourave de me faire renoncer à prendre son option. J'ai ... juste l'impression de m'être fait manipuler toute ma vie sans m'en être rendu compte. C'est horrible.

Il plongea sa main dans les affaires et en ressortit l'hippogriffe en peluche.

-Même ça, on ne m'a pas laissé le garder – je ne me suis pas laissé le garder. Mes propres affaires, ma propre enfance : tout a été effacé ...

-Non, pas tout, contrai-je avec fermeté. Regarde la chanson de ta mère. Elle est restée en toi. Malgré tous vos efforts, tu n'as jamais pu l'oublier ...

Simon papillonna des yeux et son regard tomba sur la boite d'acajou sculptée d'astres. Il l'extirpa du reste des affaires et ouvrit de nouveau le coffret pour laisser échapper les notes douces de la berceuse. Aussitôt, les traits de son visage se détendirent et ses épaules s'affaissèrent, comme libérées de la crispation de la colère. Les notes s'égrainèrent jusqu'aux dernières mesures que Simon accompagna en fredonnant doucement :

-Dors mon enfant n'aie plus peur, le passé reste au fond des cœurs ... Comment elle pouvait savoir ... ?

-Elle ne savait pas. Je pense qu'à ce stade, on peut parler de destin, Simon.

Le coin de sa lèvre tressaillit en un sourire et il referma le couvercle. Les deux mains à plat sur la boite à musique, il fixa le vide quelques secondes, silencieux, le visage vide de toute expression.

-Et nous ? finit-t-il par souffler. C'est le destin aussi ?

Je mis une seconde à comprendre ce qu'il y avait derrière le « nous ». Et quand je compris, je me retrouvai sans voix, incapable d'articuler le moindre mot ou la moindre pensée cohérente. Les mots se bousculaient sans s'aligner dans mon esprit et avant que je ne puisse tenter de former la moindre phrase, un grincement nous fit tous les deux sursauter. Preuve que nous étions bien entraînés, notre premier réflexe fut de nous munir de nos baguettes au moment où une tête brune émerger de l'ouverture dans le grenier. Avec stupéfaction, je reconnus le chignon à peine défait et les yeux gris de Lysandra Grims. Et de forte mauvaise humeur.

-Je n'en reviens pas que tu me fasses monter jusque là, râla-t-elle en poser un pied sur le paquet usé. Tu crois vraiment que j'ai déjà été plus haut que le rez-de-chaussée dans cette maison ? Et baissez vos baguettes, je vous assure que c'est moi. Victoria et moi avons eu une conversation fort intéressante dans la cuisine où elle m'a surprise en train de fumer.

Simon haussa les sourcils et coula un regard interrogateur sur moi. Avec une certaine gêne, j'acquiesçai et nous rengainâmes les baguettes d'un même mouvement. Lysandra était déjà en train de parcourir la pièce des yeux, les yeux s'agrandissant à mesure qu'elle découvrait les traces du passé d'étaler devant elle. Elle effleura les cartons déballés et les vieux coffres de bois, complètement interdite.

-Et bien ... moi qui pensais que tu étais parti te replonger dans tes illusions ...

Simon parut serrer les dents et un tic nerveux agita sa joue. Pour se donner l'air nonchalant, il se pencha sur une pile de livre qu'il remit en place.

-C'est pour ça que tu es venue ? Pour être sûre que ça n'arrive pas ?

-Effectivement, confirma-t-elle sans rougir. Je n'allais pas te laisser continuer de renier ma sœur – et ce que tu es. Qui tu es.

Elle prit entre ses mains un vieil exemplaire de manuel de magie et l'observa sous toutes ses coutures avant de le lâcher dans un carton.

-Qu'on se le dise : à la place de Rose, je n'aurais pas mieux fait, admit-t-elle d'un ton pincé. Je t'aurais brusqué, j'aurais manqué de patiente et sans doute qu'on se serait détruit tous les deux à essayer de se reconstruire. Elle avait plus de légitimité à t'élever : une vraie fibre maternelle et c'était ta marraine. Mais j'ai compris dans quelle direction on t'emmenait ... C'est sans doute pour cela que je n'ai absolument pas cherché à te voir pendant toutes ses années. Je n'avais pas la force de faire semblant, de prétendre être une étrangère.

Lysandra cligna des yeux et vrilla son regard sur Simon. Je les observai, frappée par leur ressemblance tout en finesse : dans la courbe de la lèvre, dans l'éclat volontaire dans leurs prunelles. C'était léger, mais l'émanation de leur parenté était là, criante.

-La dernière fois que nous nous sommes vus, le jour de l'enterrement, entonna Lysandra à mi-voix. Je suis venu te dire au revoir. Et tu t'es mis à hurler. Comme si j'étais Cassie revenue des morts ...

-Désolé ...

Lysandra balaya ses excuses d'un revers de main.

-Tu avais trois ans et tu venais de vivre ce qui demeure le pire moment de ta vie ... Tu n'as pas à t'excuser. Mais maintenant c'est fini Simon. Je le supporte plus et toi non plus, visiblement. Il est temps de cesser définitivement la mascarade. Tu vas mieux, je l'entends bien mais ce n'est pas que j'ai ressenti pendant tout le repas. Non, moi j'ai vu quelqu'un qui avait peur d'entendre ce qu'on avait à lui dire.

Je me tournai vers Simon, ayant soudainement l'impression d'être de trop. Il fixait sa tante, le visage impassible, la mâchoire si contractée que je doutai qu'il laisse échapper le moindre mot. Pourtant, il finit par se frotter le front avec un soupir et répondit :

-Disons ... que j'en avais assez que ce soir les autres qui me racontent ce que j'étais. J'ai préféré ... me souvenir par moi-même.

Comme pour le prouver, il se pencha et saisit la boite à musique. Cette fois, le regard de Lysandra s'embua et elle s'avança pour la prendre entre ses mains. Leurs doigts se nouèrent sur le souvenir de Cassiopée Bones éclairé par les derniers rayons du soleil que laissaient entrer les fenêtres mansardées. Lysandra eut beaucoup de mal à détacher son regard de la boite à musique mais quand elle fit, ce fut pour planter son regard dans celui de Simon.

-Si tu le permets, je vais t'y aider. (Elle baissa de nouveau les yeux sur la boite et un sourire s'étira sur ses lèvres). Elle était à notre mère ... Son père l'avait fabriqué pour elle, petite. On s'est disputée pour l'avoir, à sa mort ... Elle a eu le dernier mot en rappelant que elle, elle avait des enfants qui pourraient l'apprécier.

Simon ne répondit rien, mais un identique sourire ourla ses lèvres. Comprenant que définitivement, j'étais de trop dans cette scène où la mémoire s'évertuait à être réveillée, je pressai doucement l'épaule de Simon.

-Je vous laisse ... je vais en bas. A toute.

Je m'attendais presque à ce que Simon panique et refuse. Mais il me surprit et me rendit fière en me souriant. Il laissa la boite à musique à Lysandra et m'enlaça d'un bras pour poser un baiser sur ma tempe. Je le laissai faire, un peu sonnée qu'il s'autorise de telle marque de tendresse devant sa tante – devant n'importe qui. Mais quand son souffle effleura mon oreille, ce furent les larmes qui me montèrent aux yeux.

-Merci.

C'était un simple mot, à peine murmurer, mais ils firent écho à tant d'autres paroles, tant de sensations, dans d'images en moi que j'en fus chamboulée. Je ne répondis que d'un sourire tremblant, pressai une dernière fois sa main avant de quitter le grenier. Mes jambes tremblaient lorsque j'atteignis le bas de l'échelle et quand j'arrivai au premier étage, je remarquai la façon dont la lumière du couchant rougeoyait dans le couloir. Je n'avais pas réalisé le temps que nous avions passé dans ce grenier. Là-haut, tout s'était arrêté et les vies s'étaient suspendues, gardées précieusement dans des boites de carton. De nouvelles larmes piquèrent mes yeux quand je me retrouvai face au terrible escalier. Cette fois, je me sentis incapable de poser ne serait-ce qu'un orteil dessus. J'avais trop de chose en tête : la boite de Scrabble, l'Etoile Filante, l'écriture ronde de Charity ... Matthew n'avait longtemps été qu'un nom, un nom réduit à l'ombre et la poussière. En une après-midi, il s'était constitué en tant que personne à mes yeux. Il s'était rempli, solidifié et à présent je le voyais étendu de son long sur l'escalier.

Seigneur, comment avaient-ils fait tout ce temps ... ?

Ce fut assise en tailleurs sur le palier que Rose me trouva une demi-heure plus tard. Elle sursauta et posa une main sur son cœur en me remarquant, un livre posé sur mes genoux, les yeux sans doute brillants. Elle se laissa aller contre le mur, haletante.

-Bon sang Victoria, tu m'as fait une de ses peurs ... Qu'est-ce que tu fais ici ? Où est Simon ?

J'hésitai quelques secondes et reposai mon livre à côté de moi.

-Dans le grenier. Avec Lysandra.

La couleur déserta le beau visage de Rose Bones et elle leva les yeux au plafond, comme si elle pouvait apercevoir son fils par-delà le bois et les étages.

-Dans le ... avec ... mais ... mais non !

Elle grimpa les marches quatre à quatre, affolée mais me trouva debout sur son passage, les bras écartés.

-Rose, attendez ! Laissez-le ... laissez-le, il en a besoin ...

-Besoin ? répéta Rose d'une voix un peu aigue. Tu penses savoir mieux que moi ce dont il a besoin, Victoria ?

Je voulus répondre mais son regard me cloua sur place. Elle inspira profondément, se passa la main sur le visage avant de poser une main conciliante sur mon épaule.

-Ecoute Victoria, je sais que tu veux bien faire mais ... Simon est très fragile concernant cette histoire. Tu penses être la première ? Avant son entrée à Poudlard, George a voulu lui parler d'Edgar et Cassiopée. Il a insisté, il voulait qu'on crève l'abcès avant qu'il aille à l'école. Je l'ai laissé faire ... Ça l'a tellement paniqué qu'il a brisé les fenêtres de toute la maison !

J'accusai le coup, choquée. Simon avait avoué lui-même n'avoir pas fait de magie avant d'obtenir une baguette ce midi ; visiblement, il avait oublié cet épisode tardif. Ou peut-être que, comme le reste, ne voulait-il pas s'en rappeler ... Rose poursuivit, implacable :

-Amelia a essayé aussi à noël dernier, elle n'a réussi qu'à le braquer ... chaque fois ça le met dans un état de véritable détresse et d'instabilité psychologique. C'est vraiment dangereux ...

-Les choses ont changées depuis noël, plaidai-je néanmoins. Rose il veut savoir. C'est lui qui enclenche le processus ...

-Non, c'est vous qui forcez ! Lysandra, Leonidas et même toi ! Même toi Victoria, tu crois que je ne le sais pas ? Depuis que tu sais tu ne fais que le forcer à mettre le nez là-dedans sans te douter ce que ça peut provoquer chez lui !

Le ton accusateur me heurta, malgré le désarroi que laissait clairement échapper Rose. Je croisai les bras sur ma poitrine, comme si cela pouvait me protéger d'une réponse plus brutale encore.

-Non ... non, croyez-moi je le sais très bien ... J'étais là l'année dernière quand Jugson s'est échappé.

Pas vous. Ce n'était pas elle qui avait empêché Simon de ruiner sa vie. Pas elle qui l'avait pris par la main et sortit de l'abîme. Pas elle qui depuis portait le fardeau jusqu'à l'épuisement comme s'il s'agissait du sien. Les mots de Lysandra dans sa cuisine me revinrent en tête et s'infiltrèrent froidement en moi comme un poison. « C'est elle qui a accepté d'entrer dans son jeu qui envoyait ma sœur aux oubliettes, elle qui l'a élevé dans le déni. Elle s'est construite comme son seul repère ». Je ne pouvais retirer cela à Lysandra, mais elle-même avait admis qu'elle n'aurait sans doute pas mieux faut. Qui aurait su gérer parfaitement cela ... ? Moi, finis-je par me dire, moitié orgueilleuse, moitié mortifié. Moi je l'ai fait.

Rose me considéra, l'air déboussolé. Avec un infirme grognement, elle tenta de me contourner mais je l'attrapai par le poignet. Elle jeta un regard médusé à la main qui la retenait ainsi.

-Mais enfin, Victoria !

-S'il vous plait, laissez-le !

-Jamais !

Jamais. Le mot, rageur, résonna sinistrement dans la cage d'escalier. Rose se dégagea sèchement de ma prise et je vacillai en arrière. Mon cœur connut une envolée terrible lorsque mon pied rencontra le vide et que je fus déséquilibrée, mais deux mains puissantes m'attrapèrent par les épaules pour le stabiliser. Le cœur battant à tout rompre, je levai un regard dérouté sur George Bones. Il fixait sa femme avec un calme et une gravité qui frisait le surnaturel et quand sa voix s'éleva, j'eus l'impression qu'elle avait gagnée en autorité et en prestance.

-Victoria a raison. Laisse-le. Il est assez grand pour faire ses propres choix.

-Mais ...

-Tu l'as dit toi-même Rose : quand il ne voulait pas, il se braquait. S'il est dans ce grenier, c'est qu'il l'a voulu. Viens, on va boire le thé en bas en attendant ...

Il lui tendit une main que qui me parut impérieuse : malgré ses paroles doucereuses, je sentais que George ne lui laissait pas le choix et qu'un refus entrainerait une descente de l'escalier par la force. Rose parut le percevoir également car elle hésita, le regard entre le plafond et l'escalier. Après un instant de flottement, elle marmonna quelque chose d'incompréhensible entre ses dents et dédaigna la main tendue par son mari pour descendre dignement les escaliers. Elle ne m'adressa pas un seul regard et s'en fut furieusement, ses pas claquant faisait grincer les antiques marches. La main de George se crispa sur mon épaule et nous échangeâmes un regard inquiet.

Jamais ! avait-elle clamé et le mot avait à présent des accents de malédiction. Je n'avais pas cru Lysandra dans sa cuisine, mais à présent, je sentais que ses mots et cette scène allait me hanter pour les prochaines semaines.

***

VOILA

Honnêtement, après le Simoria c'était l'une de mes grandes scènes de cette partie donc j'attends vos réactions avec la plus grande des impatiences !

Petit point canon : Antonia Dumbledore sort bien sûr de mon imagination. En fait j'ai trouvé ça fort opportun au niveau de la couleur des cheveux notamment : Albus Dumbledore a les cheveux auburn, comme les Bones, et les deux familles sont originaires de Terre-en-Landes (Les Dumbledore y habitaient avant de déménager à Godric's Hallow). Les coïncidences étaient trop belles pour que j'y renonce, non?
Cazolie

Profil sur Booknode

Messages : 3889
Inscription : mer. 21 nov., 2012 3:03 pm

Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

escortée ainsi du président en personne, Dalia n'osa pas me réprimande
Pouahahahah bien joué Vic
Lorsqu'elle l'avait su, Joana, notre attrapeuse, s'était enfermée dans la douche si longtemps qu'Arnold avait été vérifié qu'elle ne s'était pas noyée.
Je suis désolée mais Arnold me fait trop rire
J'avais déjà l'impression de n'avoir aucun temps libre en étant réserviste mais alors jouer en professionnelle ...
PAS LE TEMPS DE NIAISER
Lumineux et rayonnant avec ses boiseries lustrées et ses armatures de cuivre
Et le parquet alors ?
Parfois j'ai l'impression que je vais trouver le cœur de Barty quelque part caché sous une cloche de verre, comme dans le conte de Beedle le Barde
Il est très certainement velu
-Charis n'a inculqué qu'une chose à ses enfants : la réussite, à tout prix. Redorer le blason des Croupton.
Et s'ils avaient envie d'être hippie, hein (j'ai écrit ça comme hippique non) Hypie ? Hipye ? Hipie ? Si c'est ça, c'est hippie :lol:

Ah mais je me demandais ce qu'ils faisaient là, j'avais oublié que Barty était mort
ose m'avait dit que Barty Croupton avait réclamé la garde de Simon après l'incarcération de son fils
BRRRRRRRRR MAIS DANS QUEL MONDE IL A CRU QU ON ALLAIT DIRE OUI
-Il l'apprendra un jour. Quand Lysandra rendra l'âme et qu'il aura à son tour la charge de Barty Junior. Peut-être même avant ...
AH j'avais pas pensé à cet aspect c'est affreux
D'ailleurs nous devrions redescendre avant que Lysa ne se laisse emportée par son élan ou Julian par son émotion.
Tiens j'avais oublié qu'il était là
Lysandra trônait en bout de table comme une reine, sa coupe de vin à la main et souriait avec une certaine raideur au professeur Julian Shelton.
Poueheheh
j'ai imaginé la table de Poutine et Macron, c'était marrant
-Essaie New-York, proposa Julian en fronçant du nez. C'est pire ...
Pauvre Julian ahha
Je suis bien d'accord avec Vic !
Simon n'avait même pas avoué à ses parents que nous allions déjeuner chez elle, par souci d'éviter un débat sur la place qu'elle occupait à présent.
C'est triste que les Bones aient du mal à accepter cette nouvelle relation...
-Mais je pensais qu'il n'y avait « rien du tout » ? Tu oses filer de mauvaises informations à ta femme, Leonidas Grims ?
Hahahahaha
-Oh ... mais je pensais ... enfin, c'était ...

-Evident ? complétai-je tranquillement avant de gratifier Simon d'une œillade triomphale. Tu vois ?
Mais EVIDEMMENT que c'étiat évident hahaha
-Et je suis au courant avant Rose, c'est ça ? C'est mon cadeau d'anniversaire avant l'heure ?
Hahahahah mais enfin, ces revanches d'enfants
Leonidas contempla silencieusement Simon sans cesser de mastiquer sa viande
Ca me donne faim
De te voir grandir. (Un sourire frémit sur ses lèvres). Enfin, dans l'idée.
Cette violence :lol:
La coïncidence arracha également un sourire à Simon. Il ne touchait plus ni son assiette ni à son verre et ses yeux s'étaient mis à luire d'un éclat spectral.
Il est trop chou quand on parle de Matthew je trouve
-C'est lui qui nous gardait ?

La voix de Simon s'était enrouée
Mais chatooooooooooon
Quand on est arrivé, Spencer te faisait voler dans les airs, tu avais la tête en bas ...
Mince :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
Julian sembla ravaler sa langue et se mit à toussoter avant d'avaler une nouvelle gorgée de vin
Ilva finir pété :lol:
-Je n'en ai pas fait avant d'avoir une baguette, je crois. Comme quoi, ça ne veut rien dire.
Et on l'a pas taxé de Cracmol
-Non, il aide notre ami Liam à lancer la filière anglaise de son journal
ILS SONT TOUJOURS POTES ?
La Voix du Chaudron, en référence à notre cher Albert.
hahahaha
En un sens je comprends : un journal étranger appartenant à ses étrangers, c'est peu attractif pour les sorciers anglais.
Mais ils écrivent sur l'actualité anglaise ??
Mais dites-moi, Victoria, il parait que votre être n'est pas à cent pourcent dédié aux Tornades ?
30% Tornades, 20% projet, 20% Ordre, 30% Simon ?
Lysandra était là devant l'évier à regarder les assiettes se laver seule, une cigarette coincée entre ses doigts.
AH bah alors, angoissée ?
Il faut bien occuper mes journées et la cuisine et la vaisselle, ça meuble un peu les journées.
C'est triiiste
Non, je parlais des Bones. De la grande famille de Terre-en-Landes.
J'avoue, j'avais pas pensé à ça
Tu crois que sa tête, il y a de place pour une autre femme dans la vie de Simon ? Une femme qui en plus s'applique à déconstruire tout ce qu'elle a construit ?
Elle a certainement raison dans une certaine mesure mais elle dépeint Rose de façon hyper noire quand même
Julian Shelton était hilare, les joues écarlates, les lèvres pressées contre ses doigts croisés pour retenir son rire.
En même temps avec tout ce qu'il a bu :lol:
comme son cousin à l'âme dévorée à Ste-Mangouste
Cette description est terrible mais très juste
-Mais si vous préférez, on peut vous interroger sur vous. Comment est-on passé de « rien du tout » à « on se tient la main sous la table » ?
Hahahahahahahah
-Ce n'est pas pire que Matthew avec Charity. Il l'a carrément mis à genoux quand même...
Hein :lol:
Puis Simon frappa la table.
AH
-Juste pour le plaisir de te t'embêter, Vicky, me coupa-t-il sèchement avant de darder un regard furieux sur Julian. Alors ?
Je comprends que ça l'énerve mais c'est pas leur faute à eux :lol:
Le silence qui s'installa était des plus assourdissant.
C'est moooooche

Je m'attendais pas à cette fin et la réaction de Simon me laisse un peu perplexe, mais j'aurais peut(être plus d'explication ensuite ! Je vais m'arrêter là pour l'instant, mon cours de l'enfer se termine dans 10 min haha

Mais à part la fin, c'était un chouette moment de convivialité !
Cazolie

Profil sur Booknode

Messages : 3889
Inscription : mer. 21 nov., 2012 3:03 pm

Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Chapitre 36 here I come

J'ai dû rejouer toute la reine des neiges avec les barbies de ma nièce mardi, et c'était EPIQUE
j'ai kiffé ma vie
Le problème, c'est que je n'avais aucune idée de la destination que Simon avait pu prendre
Ah carrément, moi je pensais qu'il était parti dans une pièce tranquille de la maison
Comment Simon faisait pour marcher quotidiennement sur ses marches en sachant qu'elles étaient souillées du sang de son frère aîné ?
Dis pas ça Perri c'est horrible T.T
Majesté, tu ne te mouches pas, tu coudes
C'est pas "tu ne te mouches pas du coude" ? :lol:
-Toujours, soufflai-je, mon regard planté dans le sien. Tu le sais ..
Mooooow (je viens de partir de mon appartement pour 4 jours et j'ai trop peur d'avoir laissé la plaque allumée, voilà)
-Sérieusement, qu'est-ce que je ferais sans toi ... ?

-Tu resterais planté devant les cartons sans oser les ouvrir.
Il serait pas devant les cartons surtout
J'ai la foi, j'ai la flamme des Bones. Peut-être que si je n'avais pas ... que ça s'était passé autrement ...
Aaaaah ces bégaiements c'est horrible pauvre bichooooon
Les larmes aux yeux, je pressai le dictionnaire contre ma poitrine. L'espace d'un instant, c'était comme si j'avais entendu la voix de Matthew Bones flotter dans les airs.
Noooooooon
ça m'a fait frissonner la jambe, pour de vrai haha
Si tu plonges dans le passé prends garde de ne pas t'y noyer ...

Les paroles étaient incroyables. Le sens saisissant. Les mots si justes.
C'est pratique la reine des neiges dis donc :lol: :lol:
Avec le fantôme de sa voix ... (Il empoigna la boite de ses deux mains et la fixa intensément). C'était la dernière chose qui me restait d'elle et je la repoussai de toutes mes forces ...
L'inspi c'est aussi Anastasia, ma petite Perri :lol:
Plus sérieusement, il me fait trop de peine
-Oh la la, c'est tellement vintage !
Perri, dans les années 90 c'est toujours d'actualité les cassettes :lol:

Ca vient de Pottermore les noms des ancêtres Bones ou tu as inventé ?
« Maison Dumbledore ? Photo de 1923 »
C'est là où ils habitaient avant l'affaire Ariana et leur déménagement à Godric's Hollow ?
-Tu penses que je fais quoi à l'IRIS ?

-Du tricot ?
Pouahahah
J'ai ... juste l'impression de m'être fait manipuler toute ma vie sans m'en être rendu compte. C'est horrible.
Beeeeeeeeeeeeeeen c'est pas faux
Mais il l'a un peu cherché aussi
Je mis une seconde à comprendre ce qu'il y avait derrière le « nous ». Et quand je compris, je me retrouvai sans voix, incapable d'articuler le moindre mot ou la moindre pensée cohérente
Mooooooooooooooooooow
Non, moi j'ai vu quelqu'un qui avait peur d'entendre ce qu'on avait à lui dire.
C'est marrant de la voir aussi cash alors que tout le monde est tout le temps en train de prendre des pincettes tout le temps
-Besoin ? répéta Rose d'une voix un peu aigue. Tu penses savoir mieux que moi ce dont il a besoin, Victoria ?
Oupsy l'avertissement deLysandra
-Victoria a raison. Laisse-le. Il est assez grand pour faire ses propres choix.
OUF

Ah du coup tu réponds en partie à la fin haha

C'était un super chapitre! Tout en délicatesse avec sa petite dose de sourire et de rire
Puis retomber sur le mot de Charity haha
Rose devient vraiment hystérique avec cette histoire, ça me fait de la peine parce que j'appréciais beaucoup le personnage
En revanche j'aime de plus en plus Lysandra !
Le coup de la boîte à musique, c'était trop chou <3
Perripuce

Profil sur Booknode

Messages : 1271
Inscription : lun. 11 mars, 2013 7:13 pm

Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

Hellooooo

ET ME VOICI DONC avec DEUX nouveaux chapitres mais oui mais oui ! On reste dans la lignée des précédant (oui on est dans un grand moment sur la psychologie de Simon) avec quelques petites nuances. J'espère qu'il vous plaira <3 Bonne lecture !




***


- L'amour a un grand pouvoir d'attraction sur les créatures.
- Plus grand que la gravitation ?
- Oui mon garçon, c'est une force énorme. Je dirais même que c'est la plus grande force sur cette Terre.

Merlin et Arthur,
Merlin l'Enchanteur
***


Chapitre 37 : Sous la magie noire


-Tu déconnes ?

-Je te jure.

-Mais quel ... quel ... mais quel blaireau !

-Oh ! Doucement avec les blaireaux !

Podmore me jeta un regard torve et reporta son attention sur Remus Lupin. Mon ancien professeur était presque crasseux – il revenait peu au QG, pris par une mission sous-terraine dont il taisait la teneure. Assis sur le canapé dans le salon des Black, il lorgnait le fond de son verre d'un œil si sombre qu'il en paraissait noir.

-La nouvelle est tombée ce matin. Azkaban sans procès, pour arnaque et incitation à la terreur ... La peine complète n'est pas encore tombée mais je dirais au moins trois mois.

Podmore se prit le visage entre les mains et étouffa un cri de rage. Nous étions installés dans le grand salon de la maison des Black, Podmore debout à faire les cent pas, Maugrey trônant silencieusement devant la cheminé, l'œil sombre. Et moi ? Je ne savais pas vraiment comme j'avais atterri là. J'étais en train de siroter un chocolat, confortablement installée sur l'un des fauteuils à lire les derniers rapports de Tonks sur l'activité des Mangemorts quand les trois hommes étaient rentrés en trombe.

-Il n'y a que Ding pour penser à se faire passer pour un Inferius pour cambrioler, marmonna Maugrey, maussade. Quel sale petit rat ...

-Ça ne nous arrange pas, mais pas du tout ! s'écria Podmore. Fol Œil : la pièce qu'on a récupérée, ils vont essayer de se la procurer de nouveau ! Et comment on évite ça maintenant que notre meilleur informateur est à Azkaban ?!

-Mais elle s'imbrique dans quoi votre pièce ? objecta Remus. Est-ce que c'est important ?

-Lestrange s'y intéresse et de l'argent a transité par son compte et celui de Thalia Selwyn, une somme trop importante pour être dépensée à la légère : évidemment que c'est important ! Et ce n'était pas n'importe qui qui est venu la réceptionner ! Alecto Carrow, rien que ça !

L'argumentaire étouffa les protestations de Lupin qui se renferma dans son mutisme, songeur. Il était singulièrement pâle depuis son arrivée et tenait entre ses mains une tasse fumante. Je la lorgnai vaguement, soupçonnant qu'elle contenait sa potion Tue-Loup et que la pleine lune approchante devant expliquer son état.

-Evidemment que quelque chose d'important couve dans cette boutique, maugréa Maugrey en frottant le pommeau noueux de sa canne. Le problème c'est que c'est impossible d'entrer à l'intérieur. Barjow n'a pas la marque mais il est complètement sous la coupe des Mangemorts. Il admire la grandeur de Voldemort tout en craignant son ire ...

-Brr, frissonna Podmore en réaction du nom. Fol Œil ...

Il resta néanmoins songeur face à l'exposé de Maugrey. Il tapota la cicatrice sur sa tempe dans un geste frénétique.

-Hum... Weasley a bientôt fini de refaire notre stock de polynectar ... on peut essayer la méthode de George et ... s'infiltrer à l'intérieur. Bien sûr c'est un cran au-dessus alors ...

Il tourna le regard vers Maugrey, interrogateur et je compris qu'il demandait son approbation. J'attendis le verdict, le souffle coupé. Les images de la dernière mission et particulièrement ma baguette pointée sur Turner me revinrent en tête et me donnèrent la nausée.

-On en reparlera ce soir, finit par trancher Maugrey avec lassitude. On a plus urgent, de suite : Remus a aperçu ...

Il fut coupé par le son étouffé d'une explosion plus haut. Je me collai contre le fauteuil, ma tasse pressée contre moi pendant que Maugrey dardai son œil mécanique sur le plafond. Le lustre de cristal trembla encore quelques secondes avant qu'il ne pousse un soupir :

-C'est bon, tout va bien ...

-Et qu'est-ce qui se passe ? s'enquit Lupin, inquiet.

La réponse nous vint quelques secondes plus tard sous la forme de pas furieux dans l'escaliers. Simon émergea alors du couloir, le nez couvert de suie et les cheveux pointant dans tous les sens. Bill suivit de peu. Sa chevelure rousse semblait chargée d'électricité statique et flottait autour de son visage noirci comme d'étrange serpents.

-Oh Merlin, lâcha Remus, un sourire incertain aux lèvres. Qu'est-ce ... ?

-Je n'y touche plus ! décréta Simon avec hargne. Fini, débrouillez-vous avec votre poignée de porte !

-Qu'est-ce qu'elle t'a fait que Victoria ne t'a pas fait encore ? s'amusa notre ancien professeur.

Mais Simon ne trouva pas la force de sourire. D'un geste énervé, il tenta d'aplatir ses cheveux et s'essuya le nez – mais cela ne fit qu'étaler la tâche de suie sur sa peau.

-Croyez-moi, le jour où Victoria contiendra ne serait-ce que l'ombre d'une trace magie noire, c'est que le monde aura touché le fond !

-De la magie noire ?

La voix froide et métallique émanait de Maugrey. Il braqua son œil sain sur Simon et Bill quand son œil mécanique fouilla le plafond, visiblement à la recherche la pièce. Je fus prise d'un frisson que je réprimai avec une gorgée de chocolat : ce mouvement avait toujours été perturbant. Le frisson fut accompagné de nausée lorsque je réalisai que la première fois que je l'avais vu, il s'agissait en réalité de Barty Croupton Junior. Le cousin de Simon. Qui se trouvait à présent quelque part à Ste-Mangouste, suspendu à la vie que par un fil.

-Tu te fous de moi, Tac ? lança Podmore d'un air bourru.

-Tac ?

-Oui, Tac. Tic, c'est elle.

Il balança son pouce vers moi avec nonchalance et Simon leva les yeux au ciel. Malgré tout, il n'hésita pas à lourdement se laisser tomber à côté de moi et s'affala dans les coussins, la tête rejetée en arrière.

-Je pensais qu'il n'y avait pas besoin de magie noire pour faire grimper le prix ? insista Podmore d'un ton acerbe.

-Il n'y en a pas besoin, assura Bill, épuisé. Mais pour le coup ... (Il crispa ses doigts les uns sur les autres pour faire une démonstration). On vous l'a dit, il y a un entrelacs de sorts qui rend la pièce trop instable. La seule façon qu'ils ont trouvé de stabiliser tout ça c'est la magie noire.

-Et quel sort on a ? demanda Maugrey.

-Difficile de savoir. J'ai l'impression qu'ils ne sont pas complets et la magie noire brouille les lignes. Laisse tomber Fol Œil, on a besoin d'aide. Quelqu'un qui s'y connait en state magique comme en magie noire.

De façon très insidieuse, je sentis quelques regards converger vers moi alors que j'étais occupée à boire mon chocolat, indifférente à la scène qui se jouait. D'abord celui de Simon, à pleine glisser du coin de l'œil. Ensuite les deux yeux de Fol Œil accompagné d'un sinistre sourire sur ses lèvres. Par mimétisme, toute la salle finit par me regarder et je me recroquevillai sur mon canapé.

-Oh oh ! Vous oubliez que je suis qu'une simple joueuse de Quidditch ?

-Tu te sous-estimes, Victoria, me rabroua gentiment Remus.

-Mais c'est vrai que ce n'est pas à toi que je pensais, ajouta Maugrey. Mais quelqu'un de ton entourage ...

Mon sang se figea dans mes veines et je me redressai, soudainement alerte, la tasse baissée sur mes genoux. J'échangeai un regard incrédule avec Simon qui me servit un sourire penaud.

-Pas mon grand-père ! m'exclamai-je, indignée. Ah non, laissez mes grands-parents tranquilles !

-Ton grand-père a assuré à Dumbledore qu'on pouvait lui demander son arbitrage pour quelques missions, rétorqua sèchement Maugrey. Et je pense qu'un objet complexe entouré de magie noire est un terrain de jeu parfait pour un ancien prodige de Durmstrang. Allez le voir et demandez-lui.

-Hein ? (Simon se redressa sur un coude, ahuri). Nous ? Maintenant ?

-Oui, vous maintenant. Vous avez quelque chose de mieux à faire ?

-La sieste.

-Finir mon chocolat.

Nous échangeâmes un petit regard complice. L'œil sain de Maugrey roula dans son orbite alors que Remus laissait échapper un petit rire. Il prit une gorgée de sa boisson, grimaça et nous regarda longuement. Je baissai les yeux sur nos jambes, beaucoup trop proches l'une de l'autre puis croisai de nouveau le regard de mon ancien professeur, qui nous fixait avec un sourire entendu. Les joues rougissantes, je me souvins de la scène quelques jours plus tôt avant de nous rendre à l'IRIS, où nous nous apprêtions à nous embrasser avant que Remus n'entre dans la cuisine. Qu'avait-il vu exactement ? Je détournai le regard, embarrassée et cédai face à Maugrey.

-Très bien, on y va. Je peux avoir la pièce ?

Bill et Maugrey échangèrent un regard et après un hochement de tête de la part de l'ancien Auror, le briseur de sort remonta dans les étages. Il revint deux minutes plus tard, une boite en étain dans les mains qu'il confia plutôt à Simon. Malgré sa promesse de ne plus y toucher, il la prit doucement et l'observa avec dégoût. Avec une grimace, il se leva et tapota mon épaule pour m'inciter à en faire de même.

-Pff, ce que vous ne faites pas faire ... Miro Liszka, je suis ravi. A demain ...

-Pas de bêtises, lança malicieusement Remus.

Je lui lançai un bref regard où se mêlait avertissement et amusement et Remus m'adressa un sourire discret avant de se replonger dans sa boisson. Simon ne remarqua rien et sortit le premier en maugréant. Moi en revanche, je vis parfaitement Podmore se pencher vers Remus et demander avec malice :

-Oh, ne me dis pas que Tic et Tac font cric-crac ?

-Pod ? Tu es un porc.

***


-Ce n'est pas trop tôt !

Miro accompagna son cri d'un rire qui tenait presque du gloussement. Simon avait plaqué une main sur son visage, désespéré : c'était dans son esprit qu'avait semblé écrit en toute lettre bien visible pour mon grand-père « JE SUIS AVEC VICTORIA ». Il venait à peine de nous accueillir dans sa demeure côtière de Portishead : Simon et moi étions arrivés par la plage et lui était en train de jardiner, les genoux dans la terre. Toujours à même le sol, une truelle à la main, il continua de creuser son trou avec une satisfaction non dissimulée.

-Tu sais depuis combien de temps je sais Perelko ? Pourquoi penses-tu qu'il détestait venir me voir ? Parce que je savais ! C'était écrit en pleine lettre dans son esprit. Je suis sûr que c'est pour ça qu'il s'est enfin entraîné à l'occlumencie. Ça a été dur de tenir ma langue ...

-Vous avez fini ? cingla Simon, exaspéré. Vous avez déjà été assez pénible ces derniers mois ...

-Et j'aurais pu l'être plus encore ! Heureusement que ma femme est un ange ...

J'éclatai de rire, incrédule devant la mine réjouie et fière de mon grand-père et celle décomposée de Simon. Jamais ne j'avais songé que les sentiments réels de Simon aient pu transparaître assez dans son esprit pour que Miro puisse les capter mais en effet son silence à ce sujet tenait presque du miracle.

-C'est bon, marmonna Simon face à mon hilarité. Tu as fini ?

-Non mais c'est incroyable ! Alors mamy savait ensuite ? Improbable !

Miro essuya un nouveau rire et pointa sa truelle sur Simon qui eut un mouvement de recul. Ses yeux bleus étincelèrent.

-Arrête jeunot, ce n'est pas moi qui vais te faire un sermon. Je sais très bien que tu es le gars qu'il faut pour ma petite-fille ... en revanche, je suis déçu, très déçu de la facilité avec laquelle j'ai pu lire la nouvelle dans ton esprit ! Elle volait littéralement jusque moi ! Moi qui pensais que ça allait mieux, bah ! Encore beaucoup de progrès à faire, Bones. C'est le problème quand on veut cacher une information : on y pense. Nécessairement. Le principe de l'occlumencie, c'est de cesser d'y penser et de refouler. Pourtant ça te connait le déni ?

-Papy !

Cette fois, Miro leva les deux mains en signe de paix mais fort heureusement, Simon s'était contenté d'un sourire. Je le lorgnai, assez surprise. Cela faisait parti des quelques changements que j'avais noté chez lui depuis notre passage dans le grenier. Il y était encore resté longtemps en compagnie de Lysandra pendant que moi j'attendais que la nuit tombe avec ses parents. Leonidas nous avait même rejoins, inquiet de ne pas voir revenir sa femme et nous avions dîné ensemble quand neveu et tante avaient daigné enfin descendre du grenier. L'ambiance avait été glaciale et dans ce silence empli de non-dits, seules les lèvres Simon avaient été ourlé d'un inexplicable sourire.

-Vous avez raison, je devrais être meilleur que ça, enchérit Simon avec un brin de sarcasme. On peut vous parler ? C'est le tea-time là, non ?

Mon grand-père secoua la tête d'un air désabusé et nous fit signe de rentrer. Je m'engouffrai par la baie-vitrée, heureuse de quitter la brise marine qui emmêlait mes cheveux à n'en plus finir en plus de les rendre secs et poisseux. Ma grand-mère était installée à la table ronde et couvert d'une nappe fleurie, occupée à régler des factures, des lunettes sur son nez et une calculatrice sous la main. Elle tourna à peine le regard vers nous.

-Oh. Désolée perelko, on n'a plus de chocolat.

-Ils sont ensemble !

-Papy !

Je le fusillai du regard alors qu'il rentrait à son tour en ricanant, les genoux et les chaussures couverts de terre. Il se traina jusque la cuisine en salissant copieusement le carrelage clair. Jaga fronça du nez devant les taches mais avant qu'elle ne fasse la moindre remarque, Miro revint, baguette à la main et les fit disparaître sans un mot. Elle poussa un profond soupir.

-Ah, parfois j'oublie que j'ai épousé un sorcier ... (Elle jeta un regard à la photo de sa famille dans le cadre d'étain ouvragé). Un sorcier tata, tu te rends compte ? Un vrai avec une baguette magique. Je me demande ce que mon philosophe de père aurait dit là-dessus ...

-On l'aurait mis dans une pièce avec mon pasteur de père et ils en auraient eu pour la nuit. Coucou mamy.

J'embrassai sa joue et je vis enfin un fin sourire retrousser les lèvres décharnées de ma grand-mère.

-Et qu'est-ce que ton « pasteur de père » dit de cela ?

D'un doigt courbé, elle nous désigna Simon et moi. Simon venait juste de s'installer en face d'elle et se figea complètement sur sa chaise, la boite d'étain à peine stabilisée sur ses genoux. Je poussai un soupir en retirant mon manteau et en repoussant mes cheveux dans mon dos.

-Il ne sait pas ...

-Ouh, laissa échapper Miro, intrigué. Depuis quand tu caches des choses à ton père toi ? Tu n'as pas de soucis à te faire, il l'aime bien le moustique.

-Vous voyez, c'est aussi pour ça que je n'aime pas particulièrement me trouver en face de vous, rétorqua Simon, crispé.

-Excuse-moi, c'est vrai qu'un moustique n'est pas des plus séduisant, répondit Miro d'un ton presque affable. Alors, de quoi vous vouliez me parler ?

Il tourna le regard vers moi mais j'avais rivé mes yeux sur les comptes de Jaga, le ventre noué. Je ne maîtrisai pas les subtilités magiques qui entouraient la poignée de porte et j'étais gênée par la phrase qu'avait laissé échapper mon grand-père. « Depuis quand tu caches des choses à ton père ? ». J'en avais caché des choses à mes parents : pour les protéger, pour me préserver. Mais Simon, c'était moindre, tentai-je de me convaincre. Ce n'était même pas une véritable omission ... Et alors que je débattais avec ma conscience, Simon posa la boite d'étain sur la table. Aussitôt, mon grand-père se tendit avant de le dévisager. Il laissa échapper un long sifflement.

-Pfiouh ... Et bien je retire, petite canaille.

-Quoi ? m'étonnai-je.

Un sourire fier et arrogant s'était étiré sur les lèvres de Simon, si bien que je fus obligée de le rappeler à l'ordre d'un coup de pied. Malheureusement, cela ne l'entama pas le moins du monde et je fus obligée de me tourner vers mon grand-père en quête d'explication.

-Mais quoi ?

-La petite canaille est maline, lança mon grand-père avec un sourire tordu. Il sait très bien qu'il est mauvais pour dissimuler ses pensées ... Alors au lieu de les dissimuler, il les cache avec d'autres. En pensant fort à quelque chose de bénin – vous, en l'occurrence – il a réussi à me masquer la véritable venue de votre visite ... Cette boite. Une technique comme une autre. Pas la plus fine ni la plus sûre, mais elle est efficace pour quelqu'un comme moi. Mais ne t'en fais pas Perelko tu resteras meilleure. J'y ai veillé.

Je lui répondis avec un sourire crispé. Je restai très mal à l'aise à l'idée que mon grand-père ait passé mon enfance à tester mon esprit, à s'y introduire pour l'habituer à se défendre. Je n'avais même pas conscience des mécanismes qui se mettaient en place lorsque cela arrivait. Sans attendre l'autorisation de Simon, Miro tira la boite à lui et l'ouvrit avec curiosité. Par-dessus son épaule, Jaga jeta à l'intérieur de la boite un regard dédaigneux.

-Une poignée de porte ?

-Pour laquelle des Mangemorts ont dépensé une somme folle, précisai-je d'un ton sombre.

-Elle est pleine de sortilège, mais l'entrelacement les a rendus instables et ils sont liés ensemble par de la magie noire, expliqua Simon.

-Mais quel travail de boucher, ragea Miro en sortant sa baguette. Bon sang, la magie noire c'est vraiment la facilité ... Tu as pu identifier les sortilèges ?

Le visage de Simon se ferma et mon grand-père ricana d'un air sinistre.

-Ah Bones ... tu es un pur petit agneau blanc. Pas étonnant qu'Edward t'aime bien ... (Il se frotta sa mâchoire fraichement rasée). Hum. Je vais voir ce que je peux faire mais je ne garantie rien. Ça fait cinquante ans que je n'ai plus manipulé la magie à ce niveau – et encore plus avec de la magie noire ... Je l'ai étudiée, mais très peu utilisée.

Jaga comme Simon lui jetèrent un long regard pensif qu'il choisit d'ignorer. Nous savions tous pour quelle cause il avait réservé ces derniers sorts – et qu'il avait repris la magie à présent pour racheter chacun d'entre eux.

Il fallut presque deux heures à mon grand-père pour examiner la pièce. Deux heures à aider ma grand-mère à faire sa vaisselle, deux heures où des étincelles mauves et dorées crépitèrent devant le visage concentré de Miro, deux heures où Simon tourna comme un lion en cage, la mine soucieuse. Parfois, mon grand-père lui demandait de l'aide et malgré sa promesse de ne plus y toucher, Simon sortait sa baguette, entre appréhension et détermination.

-Vous allez finir par dîner ici, évalua ma grand-mère en consultant sa montre. Ça tombe bien, ton frère devait venir ...

Elle baissa le livre qu'elle était en train de lire pour me jeter un regard. J'étais sur le canapé en face d'elle, lovée comme un chat dans les coussins, moi-même un livre à la main. Il y avait une éternité que je n'en avais pas lu et comme visiblement, le temps était à tuer cet après-midi, j'avais bien l'intention d'en profiter.

-Alors Perelko ? lança-t-elle d'un ton neutre. Qu'est-ce que ça fait ?

-De quoi ?

-D'avoir trouvé la personne.

Je levai les yeux de mon livre pour la dévisager, un peu perplexe. Elle me fixait de ses grands yeux sombres débordant de vécue et de certitude, la commissure des lèvres relevée en un mince sourire. Je portai vaguement mon regard sur la cuisine où l'embrassure découpait les silhouettes de dos de Miro et Simon, penchés sur la poignée de porte.

-Qu'est-ce que tu veux dire ?

-Oh, Perelko, souffla ma grand-mère avec une certaine tendresse. Ne fais pas celle qui ne sait pas ... Ne fais pas ta prudente. Tu sais très bien de quoi je parle.

Elle posa son livre et reprit sur ses genoux le point de croix qu'elle était en train d'exécuter avant notre arrivée. Petite, j'avais pu passer des heures à observer ma grand-mère enfoncer l'aiguille dans le tissu et voir les touches de couleur devenir de véritables images. Quand elle s'attelait à cette tâche, je la sentais si sereine et si raisonnable qu'elle en était intimidante.

-Je conçois que cela peut effrayer, poursuivit-t-elle tranquillement devant mon silence. Moi aussi ça m'a effrayé lorsque Miro est revenu dans ma vie, quelques années après notre dernière rencontre ... et que je me suis rendue compte que ton destin était accroché au sien et que toute ma volonté ne suffirait pas à l'éloigner de moi. C'est vertigineux, de songer qu'une force plus grande que nous nous pousse l'un vers l'autre, mais c'est vraiment ce que j'ai ressenti lorsque je me suis retrouvée de nouveau face à lui, enceinte et désespérée. Je n'avais pas le choix. Pas plus que lui. Je suppose que c'est ça, l'amour ... nous ne sommes plus complètement maîtres de nos choix. Plus complètement maître de soi-même. Oui, c'est cela, on ne s'appartient plus. Et c'est précisément ce qui effraie.

Elle ne regarda pas un seul instant : ses yeux sombres étaient rivés sur l'aiguille qui ne cessait de percer la toile, guidé par ses doigts aux articulations noueuses. Moi en revanche, je la dévisageai, le cœur battant, et tentant de me persuader que ces mots ne s'appliquaient pas à moi. Mais elle enfonça le clou en posant enfin son point de croix sur ses genoux pour me sourire avec une sérénité qui donna un poids incroyable à ses paroles :

-Je suis sûre que le ressent aussi, Perelko ... Je l'ai senti dès que je vous ai vu ensemble, à Pâques dernier ... Pour autre raison de l'amour tu abandonnerais ton esprit à ton grand-père plutôt que de laisser le sien accessible ?

-Mamy ... écoute, je ...

Elle me coupa d'un petit rire et balaya notre conversation d'un geste de la main.

-Excuse-moi ... c'est tout récent, vous êtes tout jeunes, peut-être que tu n'as pas réfléchi à tout cela ... C'est peut-être mon âge et mon vécu, mais tout paraît si évident pour moi ... j'oublie juste que parfois, les gens ont besoin de temps pour réaliser.

Elle me tapota le genou et se leva avec difficulté pour aller chercher du thé. Je ne songeai même pas à l'aider, l'esprit tourbillonnant et l'impression d'avoir un chaudron en ébullition à la place de l'estomac. Je voulais minimiser son impression, lui assurer que nous n'étions pas à ce stade, que nous n'étions pas eux ... Mais la vérité, c'était que tout sonnait en moi. C'était des échos de mes propres paroles, de mes propres réflexions, celles qui m'avaient paralysées pendant des semaines. C'est là depuis l'enfance. Ça ne fait que grossir. Jamais ça ne disparaitra ... Je portai une main fébrile à ma joue brûlante. Une autre voix s'était mise à chuchoter dans mon esprit, d'un timbre étranglé par l'émotion rendu mystique par le silence surnaturel du grenier :

Et nous ? C'est le destin ?


Mes questionnements furent brisés par le retour fracassant de mon grand-père et de Simon. C'était lui qui portait le plateau de thé que ma grand-mère avait préparé, le nez froncé devant les effluves âpres qu'il n'appréciait pas. Miro se moqua devant le soupir de soulagement qu'il poussa quand il se débarrassa du plateau.

-La boisson nationale anglaise ! Tu n'as pas honte ?

-J'ai un peu de sang gallois côté paternel et dans ces cas-là je le revendique.

-Ah ! C'est ça les cheveux roux ...

Simon lui jeta un regard acéré et je préférai enchérir avant qu'il ne le fasse :

-Alors papy ? Il y a quoi dans cette poignée ?

-Ah, commença mon grand-père en perdant son sourire. C'est ... compliqué.

Il prit le temps de se servir une tasse conséquente de thé avant d'en tendre une autre à Jaga, accompagné de ses biscuits au gingembre. Je piochai sans attendre dans la boite de chocolat que ma grand-mère avait pris le soin d'emporter et mon empressement me valut une œillade moqueuse de la part de Simon.

-Ce n'est pas étonnant que vous n'ayez pas réussi à tout décrypter, évalua Miro d'un ton sombre. Ce n'est pas fini.

-La pièce ?

-C'est une poignée de porte, le moustique. Et comme une poignée ne vaut rien sans la porte qui va avec ...

-Les sortilèges sont obsolètes sans la porte, acheva Simon en hochant la tête. Donc on n'a que des brides incomplètes qui le seront avec la porte ?

-C'est cela. La poignée ne vous sert pas à grand-chose sans la porte. Quelqu'un l'aurait fixé, accordé les sortilèges et voilà !

-Mais de quelle sorte de magie elle est imprégnée ? insistai-je. Je vous en prie, vous devez bien avoir un indice ! Sinon je ne vais plus vous croire quand vous dites que vous êtes les prodiges de vos écoles respectives !

Les deux me lancèrent un regard torve prouvant qu'ils ne supportaient pas que je doute ainsi de leurs capacités. La baguette de Simon frémit dans sa main et il la fit impatiemment claquer son genou, les sourcils froncés.

-Comme les sortilèges sont inachevés, c'est difficile de les identifier ... Mais je dirais qu'on a affaire à du transfert.

-Même analyse, confirma Miro. Vu la vibration des strates ... c'est de la magie de transport. Ça ressemble fort à ce qui émane quand on transplane, tu as déjà fait attention ?

Simon grimaça.

-Pour tout vous dire, je ne suis pas un très grand fan du transplanage alors je ne fais jamais attention à mes sensations ... Je me contente de serrer les dents.

-Ah bon ? m'étonnai-je. Mais tu transplanes tout le temps !

-C'est parce que je suis encore moins fan du réseau de cheminé.

-Claustrophobe ? hasarda Miro en hochant la tête.

Simon ne répondit pas et se contenta de prendre un biscuit au gingembre sans pour autant y toucher. Je voyais qu'il faisait des efforts pour garder une mine neutre, mais pourtant le coin de sa bouche tressautait nerveusement et il finit par la couvrir de sa main. Je le contemplai du coin de l'œil pour ne pas l'air de m'interroger. Mais dans les faits, je cherchai le moindre petit détail qui pouvait attester d'une quelconque claustrophobie de la part de Simon, mais je n'en avais jamais perçu. Il avait été le premier de notre année à transplaner – je m'en souvenais encore, tout comme de sa joie aussi arrogante qu'indécente qui avait suivi. Je n'avais pas perçu de trouble particulier à ce moment mais il fallait dire que j'avais évité de le regarder pour ne pas attiser ma rage.

Miro finit par sauver Simon de l'embarras en poursuivant résolument :

-Ma conclusion : trouvez la porte. Si vraiment ils ont fait des pieds et des mains pour obtenir cet objet, c'est qu'il y a un plan dessous.

-Et le plan comprend une intrusion, compris-je brusquement avec un frisson. C'est ça ?

L'idée jeta un froid dans le salon et tout le monde s'entreregarda, épouvanté. Je percevais littéralement les scenarios catastrophe que tous imaginaient sans oser les verbaliser : une attaque au Ministère pour prendre le pouvoir, à Ste-Mangouste pour enrailler la machine, à Poudlard pour tenter d'atteindre le plus grand sorcier de l'ère moderne, Albus Dumbledore ... Ce fut Miro qui se dépêcha de tempérer nos ardeurs :

-Perelko, il faut que tu saches qu'il est extrêmement difficile de transporter une personne ... On a des techniques, mais elles sont puissantes et ont nécessité de nombreuses recherches et expériences – tu sais combien sont morts en peaufinant le transplanage ? Ou les portoloins ? S'ils veulent en trouver une autre qui contient une porte, ils peuvent toujours essayer des années encore – et s'écorcher en essayant.

-Ils ont quelques-uns des sorciers les plus brillants de leur génération, rappela Simon dans un murmure. Sans compter ... lui.

Mon grand-père souffla profondément par le nez et se tourna vers Jaga.

-Dis-moi mon amour, quel est le nom de l'homme qui a précipité le monde moldu dans la guerre et décréter l'extermination des tiens ?

-Adolf Hitler, répondit laconiquement Jaga avec un suprême ennui.

-Tu vois ? lança Miro à Simon avec un brin de suffisance. Prends exemple sur ma femme.

Simon aurait pu se vexer, fusiller mon grand-père du regard et rétorquer quelque chose de cinglant pour lui faire payer son mépris et sa pique. Pourtant, de manière inexplicable, ses lèvres esquissèrent un petit sourire qui adoucit les traits de son visage.

-Toujours.

Jaga essuya un petit rire et le contempla avec une certaine fierté. Ils échangèrent un regard, un regard qui matérialisait les liens qui les unissaient – celui de la perte, du traumatisme, des difficultés d'une reconstruction après la perte d'une famille. Je ne pus retenir un sourire. Un an plus tôt, presque jour pour jour, j'avais amené Simon ici en espérant que la force et l'expérience de ma grand-mère l'inspire. Et quand je jetai un regard sur l'année écoulée, je ne pouvais m'empêcher qu'il y avait en effet eu un changement à cette rencontre. C'était le moment où Simon avait décidé de remonter la pente. Le moment où il avait décidé d'être plus que de l'ombre et de la poussière.

Seul Miro restait insensible à la scène, l'esprit toujours tourné vers la poignée de porte qui avait retrouvé sa boite d'étain. Sa baguette tournait lentement entre ses doigts alors que celle de Simon s'était immobilisée.

-Hum ... Vous pourrez répéter mon conseil au gars qui a un œil flippant. Trouvez la porte, c'est elle qui vous donnera le plan.

-La porte est certainement chez Barjow et Beurk, évaluai-je, défaitiste. On l'espionne depuis des mois, elle est extrêmement bien protégée ... mais j'en parlerais à Maugrey. L'éventualité d'une intrusion va l'inquiéter ...

-Encore une fois, Perelko, je doute qu'il y ait un objet assez puissant pour transporter un grand nombre de personne dans des lieux aussi protégés que ceux qui pourraient être des cibles. Vraiment, ça me semble hautement improbable, même avec votre sorcier de pacotille dans les rangs, même avec la magie noire ... S'ils utilisent une porte, ils doivent la poser là-bas aussi, tu comprends ? Autant s'introduire à la barbare, baguette à la main ...

-Je note ... Merci, papy.

Mon grand-père sourit, visiblement heureux d'avoir pu être utile et sirota son thé avec une expression d'extrême satisfaction qui fit rouler les yeux de ma grand-mère. Simon était en train de ranger la boite dans son sac lorsque la porte de mes grands-parents claqua. Pris de court, Simon se figea et lâcha son sac pour attraper sa baguette, mais ce ne fut qu'Alexandre qui passa la porte, suivi de Melania. Dès qu'il l'aperçut, il pointa un index accusateur sur Simon et avant même de songer à nous saluer, il cingla :

-Toi ! Je t'attendais la semaine dernière, mon crapaud, où tu étais ?

-Dans mon grenier, rétorqua sèchement Simon. J'étais occupé ...

Je faillis m'étouffer avec le chocolat que je venais d'engouffrer et Simon me donna un discret coup de pied pour que je m'étouffe pour de bon. L'explication ne plut pas à mon frère qui plissa les yeux d'un air menaçant.

-Ecoute, mon crapaud ...

-Moustique, rectifia Miro d'un ton neutre.

Simon s'enfonça dans le canapé, les deux mains plaquées contre le visage. Alexandre sauta sur l'occasion pour lui faire payer ses manquements et enchérit avec mordant :

-Oh c'est vrai qu'il y a un air avec « le moustique » dans Merlin l'Enchanteur ... ça m'étonne que Victoria ne l'ait pas encore transformé en oiseau, tiens. Ou en poisson. Pour qu'il se fasse manger par les brochets de votre lac.

-Ce n'est pas l'envie qui m'en a manqué ...

Ma pique provoqua un rire de Simon qui émergea enfin de sa cachette pour me jeter un regard moqueur.

-Sérieusement ? Vicky, même en restant sept ans de plus à Poudlard tu en aurais été incapable ! Rappelle-moi ta note d'ASPIC en métamorphose ?

Je ne la lui rappelais pas – en revanche, je me rappelais à son bon souvenir en attrapant un coussin pour le fracasser contre son visage. Malheureusement, ça redoubla son rire et cette hilarité agaça Alexandre. Il balança son pouce du côté de Melania.

-Fais attention mon crapaud, moi j'ai une sorcière capable de te transformer en petit poisson s'il le faut.

-Vu le niveau, il aura lui-même le temps de transformer Victoria avant, songea Melania avec un sourire. Mais promis je le transformerais en petit poisson pour venger ta sœur !

Simon et moi échangeâmes un regard circonspect avant que mes yeux ne se glissent subtilement jusque mon grand-père, occupé à masquer son hilarité dans sa tasse de thé. Même Jaga se fendait d'un sourire amusé qu'elle ne prit pas la peine de cacher. Pendant que Melania et Alexandre s'installaient, Simon se pencha discrètement vers moi et me souffla :

-Pas un poisson. Mais personnellement, je mentirais en disant que je n'ai pas envisagé l'écureuil pour toi.

-L'écureuil ? répétai-je, ahurie. Pourquoi ?

-Je ne sais pas. Mais tu as plus une tête d'écureuil que de poisson.

Je ne sus pas vraiment comment interprêter la chose et me contentai de le lorgner, dubitative. Je replaçai nerveusement une boucle derrière mon oreille.

-C'est fou ce que tu sais parler aux filles ... Mais dans le doute, s'il te plait range ça.

Du menton, je désignai la baguette qu'il tenait toujours dans ses mains. Il y baissa aussi les yeux puis se fendit d'un petit rire. Il la rangea souplement dans son sac avec un sourire tranquille.

-Ne t'inquiète pas. On a dépassé ça, non ?

-Avant de « dépasser ça » on s'est jeté dans le ruisseau, Simon.

-Tu t'y es jetée seule ! Mais c'est une façon de me dire que tu préfères être transformée en poisson ?

Je lui décochai une œillade assassine pour le faire taire et faire disparaître le sourire cynique qui s'était mis à ourler ses lèvres. Sur le canapé d'en face, Alexandre avait dédaigné le thé pour se prendre une bière dans le frigo et claironna tranquillement en la décapsulant :

-Mine de rien, je ne pensais pas vous trouver là depuis le temps ! Quoi de neuf chez vous ?

-Et avant que vous nous demandiez : c'est le calme plat côté Selwyn, annonça Melania, sa tasse de thé à la main. Mais vraiment, d'un ennui mortel, Alexandre a failli s'endormir la dernière fois qu'il est venu ... Je n'ai pas trouvé une seule trace de Nestor, pas même dans les affaires de ma mère. Comme si les ponts avaient été définitivement coupés ...

Elle but une gorgée de thé, songeuse. Ses longs cheveux châtains étaient relevés sur sa tête en un chignon lâche et elle avait troqué ses vêtements de sorcière contre une longue jupe plissée et un chemisier pastel – une tenue passée de mode mais qui restait très élégante sur elle. Quand la tasse s'abaissa et découvrit ses lèvres, elles étaient retroussées d'un sourire mutin.

-En revanche, j'ai l'impression que ça bouge du côté d'Ulysse ... je pense qu'il a demandé la permission à mon père de demander sa copine en mariage.

-Oh Merlin, lâcha Simon, estomaqué. Je ne sais pas ce qui m'horrifie le plus entre l'idée d'un mariage ou le fait qu'il doive demander la permission.

Mon grand-père se dépêcha de porter une main à sa bouche pour réprimer un rire – qui devait certainement être causée par le rapprochement entre Simon et le mariage. Je me dépêchai d'écarquiller les yeux à son intention pour qu'il se taise. Heureusement, Melania embraya joyeusement :

-Oh, c'est comme ça tu sais dans les grandes familles de sang-pur ... D'abord tu fais valider la fille par sa famille, ensuite tu demandes sa main à son père avant de lui demander à elle. De toute façon, les fiançailles sont inévitables s'ils veulent avancer ensemble, Ulysse tient à faire les choses dans les règles ...

-Donc mon petit-fils a renoncé à faire de toi une honnête femme, c'est ça que j'entends ? gloussa Miro, amusé.

-Votre petit-fils a considéré que je n'étais ni sa chose, ni celle de mon père, et que j'étais libre de prendre mes décisions, rectifia Melania avec un sourire tordu. Et croyez-moi, c'est un respect qui m'est plus précieux que la plus somptueuse des bagues.

-Donc si elle veut se marier, c'est elle qui m'en offrira une parce que je suis une personne vénale et bassement matérielle, conclut Alexandre avec dérision. Et Mel parle comme ça mais je sais qu'elle lorgne sur la bague de mamy Anne depuis qu'elle l'a vue à noël ...

-C'est faux ! J'ai juste dit qu'elle était magnifique et elle l'est ! C'est un avis purement objectif ...

-Et j'ai compris le message, ma chérie, assura mon frère en lui tapotant le genou.

Melania croisa les bras sur sa poitrine en fusillant mon frère et son insupportable sourire du regard. Quant à moi, j'avais fini par me replier sur moi-même en évitant les regards entendus et moqueurs de mes grands-parents et en ignorant le silence de plus en plus gêné et tendu de Simon. Heureusement, Alexandre était trop occupé à dévorer Melania du regard pour faire réellement attention à cela. Leur emménagement ensemble semblait les avoir encore rapprochés davantage, responsabilisé mon frère et décrispé Melania. En tout cas, ils étaient assez solides pour parler mariage sans rougir et cela été vertigineux quand je repensais à l'adolescence décousue de mon frère ou aux événements de l'an dernier.

-En tout cas, finit par poursuivre Melania avec un grand sourire, on risque d'avoir une fête de fiançailles dans les jours à venir !

-Je ne sais pas si c'est réjouissant pour eux, fit remarquer Alexandre en faisant mine de réfléchir. Simon est quand même sorti avec Octavia et Victoria a donné un coup de pied dans les bijoux de famille de ton frère ...

-Oui, je pense que ça se fera sans nous, confirmai-je précipitamment.

-Mais cela dit si un jour vous devez parler bague, j'en ai une aussi, fit savoir Jaga avec un sourire tenu. Celle de ma mère, Miro a réussi à la récupérer après sa mort ... comme quoi, la magie est capable de faire quelques miracles.

Les mots me heurtèrent au creux de l'estomac et je portai instinctivement les yeux à la vieille photo qui représentait la famille de Jaga. Sa mère lui ressemblait fort avec ses cheveux noirs et bouclés, ses yeux sombres et cette détermination farouche qui émanait d'elle. Le camp et la maladie avait fini par avoir raison d'elle. D'un geste tremblant, j'effleurai ma chaine et l'étoile de David qui y pendait. Ne les laisse jamais te faire ce qu'ils nous ont fait. La mélancolie menaçait de me submerger quand Alexandre dissipa tout d'un éclat de rire :

-On se mettra d'accord avec Tory ! Bon, du coup quoi de neuf, vous ? Et toi (Il pointa Simon du doigt) je te lâche pas avant que tu m'aies fait un compte-rendu détaillé de ta vie en ce moment, mon crapaud.

Simon défia mon frère du regard, longuement, l'ombre d'un sourire aux lèvres. A ce jeu, j'ignorai qui pouvait craquer le premier : Alexandre avait des yeux clairs, gris, incisif mais Simon des prunelles intenses aussi difficile à soutenir. Finalement ce fut lui qui me surprit en se redressant résolument avec un :

-D'accord.

-D'accord ? s'étonna Alexandre.

-D'accord ? répétai-je, un brin horrifiée. Comment ça « d'accord » ?

Je me repliai sur le canapé, mes jambes plaquées sur ma poitrine, un regard incertain planté sur Simon. Il n'avait pas accordé la moindre attention à mon cri et avait gardé les yeux rivés sur Alexandre, avec toujours cet étrange sourire aux lèvres, mélange de cynisme et de dépit.

-Tu veux un compte-rendu détaillé de ma vie ? C'est parti.

-Simon, soufflai-je.

Je venais de comprendre ce qu'il y avait derrière ce « d'accord » – et ça n'avait pas le moindre rapport avec nous. Plutôt avec ce qu'il avait trouvé dans le grenier. Une façon de combler le gouffre, de mieux l'accepter. Voire de le partager. Il dut sentir l'inquiétude qui avait percée son prénom, car il mit une main sur mon genou, comme pour me rassurer – mais aussi pour me repousser. Cette fois, il voulait s'en sortir seul, sans me tenir la main. Les lèvres pincées, je détournai le regard de son visage déterminé et croisai celui de ma grand-mère. D'un geste infime de la tête, elle me fit comprendre de ne pas insister et demanda à mon grand-père d'un ton neutre :

-Mon amour, est-ce que tu peux nous retrouver quelque chose de plus fort que le thé ? Je crois que tu caches une bouteille de vodka quelque part ...

-Eurk, grimaçai-je sans pouvoir me retenir.

La dernière vodka que j'avais avalé avait celle bon marché et rappeuse de Kamila à Gdanks : j'en sentais encore la trainée brûlante dans ma trachée et le goût infect qui avait empli ma bouche. Mon frère me jeta un regard moqueur.

-Polonaise indigne ! Bon crapaud, j'écoute le rapport. On commence par quoi ?

-Par le 13 août 1981.

La date provoqua le haussement de sourcil d'Alexandre mais il se contenta de porter sa bière à sa bouche avec nonchalance. Melania paraissait comprendre mieux que lui ce qui se jouait. Elle fixait Simon les yeux à moitié plissé en une expression d'intense réflexion, comme si elle essayait de lire dans son langage corporel ce qui s'était passé ce fameux 13 août 1981. Miro finit par réagir avec un long sifflement et extirpa sa masse du fauteuil.

-Oh oui, on va avoir besoin de quelque chose de plus fort. Où tu as rangé les verres à vodka mon amour ?

-Oh, attendez, le coupa Alexandre, brusquement perplexe. Qu'est-ce qui se passe là ? C'est vraiment sérieux ? (Il écarquilla les yeux et considéra Simon avec un certain choc). Attends. Il n'y a pas un lac dans votre école ? Tu as vraiment transformé ma sœur en poisson, c'est ça que tu veux m'avouer ?

-Non mais je te jure, râla Melania alors que Simon laissait échapper un petit rire. Par Salazar Alex, tu n'as pas compris que c'était sérieux ? Laisse-le parler ou la prochaine fois c'est moi qui te transforme en poisson.

Devant le regard féroce de sa petite-amie, Alexandre parut se rétracter et abandonna ses airs décontractés pour une penaud qui fit soupirer Melania. Miro était revenu avec de petits verres à vodka qu'il remplissait à présent de doses généreuses. Mon frère y trempa les lèvres avant de darder un long regard perplexe sur Simon.

-Bon. Je t'écoute mon crapaud. Qu'est-ce qu'il s'est passé le ... 13 août 1981 ?

Simon hésita quelques secondes, la mâchoire contractée, le verre de vodka fermement coincé entre ses mains. La surface translucide tremblait légèrement, mais j'ignorais si c'était dû à la pression qu'il exerçait ou à un quelconque frémissement de ses doigts.

-Ecoute, je ne sais pas si te souviens ... (il toussota pour s'éclaircir la voix). Ceux qui habitaient la maison avant mes parents ...

-Ah, lâcha Alexandre en hochant la tête. Oui, oui je me souviens ! La dame blonde qui venait souvent parler avec papa ... (Il se tourna vers moi, les sourcils légèrement froncés). Mais on en parlé à un moment, non ? L'année dernière. Quand on regardait Forrest Gump ... Je te disais que j'avais eu un des enfants dans mon école.

-Spencer, confirmai-je dans un filet de voix.

-Voilà ! Un peu bizarre, il ne parlait presque pas ... Il restait dans son coin et avec des copains on s'amusait à ...

-C'était mon frère.

Alexandre s'étouffa avec le peu de vodka qu'il avait réussi à boire. Je portai une main à mon cœur qui venait de manquer un battement aux mots de Simon et même mon grand-père parut choqué de la raideur de l'annonce. Tous les regards de la pièce se tournèrent vers Simon, qui fixait Alexandre à s'en assécher les yeux, sans ciller, le regard dur mais luisant. Il serrait si fort son verre que j'étais étonnée qu'il ne le brise pas. Alexandre, une fois remis, dévisagea Simon avec une expression qui allait bien au-delà de la sidération. Mais la première réaction vint de Melania qui plaqua les mains contre sa bouche et laissa échapper dans un filet de voix :

-Oh mon dieu ...

La voix de sa petite-amie parut réveiller Alexandre qui cligna des yeux, comme s'il émergeait d'un rêve particulièrement désagréable. Avec un malaise perceptible, il s'avança quelque peu sur sa chaise et posa ses coudes sur ses genoux.

-Simon. Qu'est-ce qui se passe ?

Il avait du sérieux, de la gravité, mais aussi de la sincère inquiétude dans la voix d'Alexandre et ce fut sans doute cela qui força Simon à battre des paupières. Il me jeta un petit regard, comme pour me demander une dernière fois de lui donner de la force avant de se lancer. Je ne bougeai pas. Je ne pris même pas la peine de hocher la tête. Mais il parut en lire assez sur mon visage et dans mes yeux pour avoir la force de se tourner vers mon frère.

Et enfin tout avouer.

Pour la première fois.

C'était ce que je réalisais, alors que Simon butait sur certains mots, s'emmêlaient dans certaines explications, luttait contre l'émotion qui semblait lui obstruer la gorge : c'était la première fois qu'il avouait tout à quelqu'un, de son plein gré, avec ses mots. Et ça disait toute la place qu'Alexandre pouvait avoir dans sa vie et que je n'avais pas soupçonné. Ça disait tout le chemin qu'il avait parcouru en un an. Pour la première fois, Simon franchissait le gouffre sans tomber dedans la tête la première. C'était un jeu d'équilibriste, sur la corde raide et parfois je tremblai à l'idée de le voir vaciller, mais chaque fois il finissait par se rattraper.

Quand sa voix s'éteignit enfin, il avait perdu toutes ses couleurs et le verre de vodka, pourtant rempli deux fois, était vide. Alexandre avait noué les mains devant sa bouche et n'avait pas quitté Simon des yeux. Je ne savais même pas lire son expression : dès le début, il semblait s'être figé. Il n'avait rien laissé échapper, pas la moindre plainte – contrairement à Melania dont les yeux étaient toujours agrandis par l'horreur. Et alors que nous attendions son verdict avec une certaine angoisse, il finit par se lever.

-Viens là, mon crapaud.

Malgré l'émotion contenue dans la voix de mon frère, Simon hésita et crispa compulsivement ses mains sur ses genoux. Je dus l'inciter en passant doucement la main dans son dos et il finit par s'arracher au fauteuil. Il n'avait pas besoin d'en faire plus. Alexandre contourna la table et l'entoura dans une étreinte qui l'englouti complètement. Simon n'avait jamais apprécié les contacts physiques et pour tout dire, je doutais qu'ils aient partagés plus dans leur vie qu'une tape sur l'épaule ou de vagues accolades. Mais cette fois, il s'abandonna complètement et se laissa aller contre mon frère avec un mélange de fatigue et de soulagement. Alexandre porta sa main à sa nuque et me jeta un regard par-dessus son épaule dans lequel je lisais clairement une certaine interrogation. Avec un sourire ému, je levai le pouce. C'était la bonne réaction. Pas de mots, pas de cris : juste de l'acceptation et du soutien. C'était tout ce dont Simon avant besoin.

Rassuré, Alexandre revint à Simon en s'écartant légèrement et l'agripper des deux mains sur les épaules.

-Ça va aller. Je t'aime quand même, même si tu es le frère du type bizarre, de la citrouille et le fils de la blonde qui ne cessait de squatter à la maison pour parler religion avec papa.

-Mais tu ne t'en souviens pas ? s'étonna Melania alors que Simon essuyait un petit rire. Tu m'as raconté que tu te souvenais de ta mère enceinte de Victoria, de la panique que c'était quand elle est née ...

-Ah ça, c'était la panique, confirma sombrement Jaga. Six mois, les médecins ont osé dire à Marian de ne pas s'accrocher ... qu'elle risquait de mourir dans les prochaines heures. Pour la petite histoire, le médecin en question a ravalé sa langue quand il s'est retrouvé face à Miro.

Mon grand-père se fendit d'un sourire fier et je l'imaginais parfaitement dans la chambre de repos, à côté de ma mère éprouvée par l'accouchement et catastrophée à l'idée de me perdre, engloutir le pauvre médecin qui osait importuner sa fille chérie sous une tonne d'injure – dont la moitié polonaise. Par ailleurs, je savais que c'était lui qui m'avait veillé toute la nuit, alors que ma mère se reposait et mon père priait. Je lui lançai un bref regard, touchée par le souvenir. Sa famille était son plus grand trésor, et Miro Liszka s'évertuait à le prouver jour après jour.

-Non, ça ne me dit rien, assura prudemment Alexandre. Après la naissance de Victoria et les moments où ma mère était enceinte, c'est comme des flashs, plus que des réels souvenirs ... Tu te souviens de beaucoup de chose de tes sept ans toi ?

-Pas même de Simon bébé ? insista Jaga.

-Peut-être, admit-t-il, indécis. Si, Simon bébé ça me dit quelque chose ... Oh mais pourquoi vous me demandez à moi ? Vous savez que j'ai une mémoire de poisson rouge ! Demandez à Tory, c'est elle l'intellectuelle de la famille.

-J'avais trois ans, rappelai-je. Et l'intellectuel de la famille, ça reste papa.

-Vicky, tu fais quoi avec Octavia en ce moment ?

Je dardai un regard agacé sur Simon, rassis à côté de moi sur le canapé. Un léger sourire flottait sur ses lèvres et ses yeux luisaient, bien que parfaitement sec. Il n'était ni submergé par l'émotion, ni par le gouffre et je le trouvais même incroyablement détendu pour quelqu'un qui venait de faire revivre par les mots les pires moments de sa vie. Il avait vraiment trouvé quelque chose dans ce grenier, devais-je admettre. Une force, une sérénité, la meilleure manière d'accepter qui il était. Je détournai le regard, étrangement soulagée. Après un an à le soutenir à bout de bras, j'avais l'impression de franchir avec lui une ligne d'arrivée. Et ce n'était que maintenant que ce poids s'envolait que je réalisai pleinement comment il avait pesé sur moi.

Malgré le calme admirable avec lequel il les avait reçu, les révélations parurent peser à Alexandre qui plaça une cigarette au coin de sa bouche. Avec un sourire en coin, il secoua son paquet et désigna la grande baie-vitrée ouverte sur la mer. Résignée, j'ignorai le regard réprobateur de ma grand-mère pour le suivre dehors. Juste avant de sortir, j'eus le temps de voir Melania se glisser à côté de Simon, une mine contrite peinte sur le visage et lancer :

-C'est donc là qu'est parti l'argent des Croupton ... ça fait des mois que mon père le cherche.

-Oh, je te jure, râla Alexandre en fermant brusquement la baie-vitrée derrière nous. Tu sais ça depuis quand, toi ?

Il me présenta son paquet ouvert et je tirai la première cigarette que je m'autorisai depuis l'incartade dans les vestiaires avec Leonidas Grims. Il alluma son briquet pour me l'allumer avant d'embraser la sienne et recracher rapidement la fumée avec un soupir de contentement.

-Du coup ?

-Un peu plus d'un an.

-Il te l'a dit ?

-Non, Alex. Tu es le premier à qui il le dit.

Quelque peu piquée par une jalousie absurde, je pris une profonde bouffée de ma cigarette. La brûlure qu'elle provoqua effaça l'espace d'un instant le reste. Alexandre parut accuser le coup. Ce qu'il s'était refusé à laisser paraître devant Simon, il le laissait enfin s'échapper et son visage se teinta d'un profond désarroi.

-Bon sang ... Je n'ai jamais soupçonné, je ... Qui sait ? Pour que je ne fasse pas de gaffe ...

-Beaucoup de gens, maintenant, évaluai-je. Certains savaient à la base, comme nos parents, mais se sont tus ... Octavia avait cherché avec moi, donc elle sait aussi. Et si vraiment c'est si sérieux avec Ulysse, on peut imaginer qu'elle lui a dit ...

Alexandre recracha sa fumée par les narines, songeur. Avec les nuages perles qui tapissaient le ciel et rendait la mer grise, ses prunelles avaient la couleur de l'onyx.

-Hum. Je ne serais pas si affirmatif, de ce que j'ai vu ils se disputent sur pas mal de sujet ... ce serait bien du genre à garder ce type d'info pour elle. Au cas où, tu vois ?

-C'est vrai, concédai-je en penchant la tête. Elle est maline. Quel dommage qu'elle se marie avec Ulysse Selwyn ... Tu sais que j'avais grillé sa bague ? Je suis sûre qu'il l'a depuis des mois dans sa poche en espérant trouver le bon moment.

-Je pense surtout qu'il espère trouver ces couilles, mais une petite canaille les lui a brisés à onze ans.

Avec un éclat de rire, je poussai le vice à exécuter une révérence dont la grâce était gâchée par la cigarette coincée entre mes doigts. Alexandre pouffa et ébouriffa joyeusement les cheveux dans un geste si familier qu'une chaleur bienfaisante se diffusa dans ma poitrine, d'autant qu'après cela il garda un bras passé sur mes épaules.

-Ah, ma Tory ... Je t'ai quand même bien élevé, je suis fier de moi.

-Une partie du mérite revient aux parents.

-Et une autre à Simon, je te l'accorde. C'est sur lui que tu t'es entraîné pour les coups. Mais j'ai quand même fait du bon boulot. Tu as regardé Philadelphia ?

-Pas encore.

-Tss ! Tory, je suis un modèle cinématographique ! Viens à la maison ce soir, on le regardera. Et avec Simon. C'est quoi d'ailleurs cette histoire de grenier ? Un rapport avec ... (Il fit un vague geste circulaire de la main qui tenait la cigarette). Tout ça ?

J'eus un vague sourire et sortis ma baguette pour faire partir le mégot consumé en cendre qui furent emportées par la brise. Pour une fin d'avril, il faisait un temps frisquet sur les bords du canal de Bristol et j'étais sortie sans manteau. Je réprimai un frisson.

-Ouais. On rentre ?

Alexandre accepta d'un hochement de tête et nous nous engouffrâmes de nouveau dans la maison et sa tiédeur agréable. Miro avait rangé la vodka pour ressortir le thé et le sirotait avec Jaga devant leur émission de culture pendant que Melania continuait visiblement de se renseigner sur le patrimoine de Simon.

-Du coup tu es propriétaire de deux maisons – celles des Bones et la maison de campagne des Croupton – et en plus de son héritage paternel tu as reçu la moitié de celui de Barty et tu restes l'héritier de Lysandra Grims ? conclut-t-elle, les yeux écarquillés. Merlin ! Tu nous bats ! Mais cent fois ! Tu dois être dans le top trois des chambres fortes les plus remplies de Gringrotts !

-Sympa de rappeler ça alors que mon anniversaire est dans dix jours ! lançai-je joyeusement.

Les joues de Simon rosirent légèrement et il me toisa du coin de l'œil alors que je m'installai à côté de lui. Le regard se prolongea assez pour que je hausse les sourcils en une question muette. Alors les lèvres de Simon se retroussèrent en un fin sourire provocateur qui m'indiqua très clairement que je paierais cette pique. Et je compris un instant plus tard lorsqu'il couvrit ma main de la sienne tout en tournant le visage vers Alexandre, tout sourire.

-Et puisque qu'après ça tout semble plus facile ... tu me permets de continuer sur ma lancée ?

***

La suite arrive de suite <3
Perripuce

Profil sur Booknode

Messages : 1271
Inscription : lun. 11 mars, 2013 7:13 pm

Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

***


Père bien aimé, veille sur ma femme et mon fils l'épée à la main. Murmure-leur que je ne vis que pour les retrouver, car tout le reste n'est que poussière.

- Maximus

Gladiator
***


Chapitre 38 : Virage à 180°.


-Ce n'est pas vrai.

Ma mère avait plaqué ses deux mains contre son visage, la bouche béante d'hébétude. Mon père avait une réaction plus mesurée, mais je sentais la stupéfaction dans l'écarquillement de ses yeux et dans la façon qu'il avait de remplacer cent fois la banane en équilibre dans la corbeille à fruit. Même Archimède y allait de ses commentaires réguliers en poussant des cris stridents qui devaient alerter les voisins. J'aurais pu être rongée par la nervosité à me tordre les mains à n'en plus finir, mais l'appréhension était atténuée par la présence d'Alexandre à mes côtés. Il était avachi sur sa chaise, les bras croisés sur sa poitrine, à toiser mes parents tour à tour, comme pour les mettre au défi de mal réagir. Mais pour l'instant, ils semblaient trop sonnés pour faire quoique ce soit.

-Simon Bones ? répéta ma mère, ahurie. Le gringalet blond que tu tapes depuis que tu as l'âge de le faire ?

-D'après Lysandra, il ne voulait pas me prêter ses jouets donc c'est entièrement sa faute.

-Mais c'est bien du même Simon qu'on parle ?

-Maman, persiffla Alexandre, irrité. Je sais que c'est surprenant, mais ne fais pas la débile non plus.

Ils se défièrent un instant du regard mais ma mère abandonna vite pour reporter son attention sur moi. Cela paraissait peut-être exagéré, mais je préférais l'incompréhension de ma mère au silence prolongé de mon père. Le pire était que ce mutisme était accompagné d'un long regard planté sur moi, si intense qu'il semblait me percer le front. Même la main de ma mère qui s'abattit sur son bras de ne le perturba pas.

-Oh la la ... Chéri, je crois j'ai besoin d'être Saint-Thomas, là. Il faut que je le voie pour y croire.

-Tu vas te cacher derrière un buisson pour les voir s'embrasser ? railla Alexandre avec un ricanement. Arrêtez, vous avez bien dû voir que ça fait un moment qu'ils ont dépassé l'étape « on se tape dessus », non ?

Je sentis mon cœur se gonfler de reconnaissance pour mon frère. J'avais appréhendé sa réaction et Simon m'avait complètement pris au dépourvu chez mes grands-parents. Mais de toutes les réactions que j'avais reçu, c'était celle qui m'avait paru la plus normale : un léger choc d'un prime abord puis une rapide compréhension que ce n'était que la conséquence de ce qu'il observait depuis quelques mois et une immense joie à l'idée de voir celui qu'il considérait comme son petit frère se rapprocher de la famille. De toute manière, Alexandre avait été le premier à avoir confiance en Simon pour veiller sur moi – c'est qu'au fond, dans son esprit, il était le seul digne de sa petite sœur.

Ma mère baissa enfin son autre main de sa joue pour la plaquer sur la table. Son alliance accrocha un rayon de lumière qui m'aveugla momentanément.

-Oui, c'est vrai ... mais de là à vous voir sortir ensemble ... C'est un virage à cent-quatre-vingts degrés.

-Et bien, considérez qu'on l'a pris, ce virage, lançai-je en tentant d'être ferme. On l'a fait lentement, mais l'a pris.

Le coin de la bouche de mon père tressaillit – et ce fut un tic qui n'échappa à personne. Ma mère parut brusquement outrée et poussa une exclamation désapprobatrice.

-Mais enfin, Edward ! Ils ont mis dix-huit ans à en arriver là, tu crois vraiment qu'ils ont déjà couché ensemble ? C'est ta fille, bon sang, tu n'arrêtes pas de t'en vanter alors accorde-lui un peu de crédit !

Un bref sourire passa sur les lèvres de mon père et ses épaules se détendirent. Je me sentis brusquement honteuse en songeant que le crédit accordé l'était injustement. J'étais certes la fille de mon père, ce n'était pas lui qui avait géré mon éducation sexuelle et ma mère avait veillé à ce qu'on soit élevé avec la possibilité de faire nos propres choix, et pas nécessairement de se plier le dogme religieux. Et concernant la sexualité, je ne l'avais pas suivi. Ils n'étaient simplement pas au courant. Et plus que Simon lui-même, c'était tout ce côté-là de ma vie que j'avais peur de révéler. Leur petite fille n'était plus pure.

-Ça ne m'a même pas effleuré l'esprit, mentit mon père en s'efforçant d'agrandir son sourire. Disons que j'essaie juste ... de me faire à l'idée. Ça va bouleverser quelques petites habitudes, ça fait longtemps que je suis rôdé à vous séparer ...

-Vraiment ? grogna Alexandre, incrédule. Personnellement ça fait un an que j'ai compris que c'était inutile. Vous les auriez vu à mon balcon l'année dernière, pour peu j'ai cru qu'ils allaient se faire un câlin ...

Je le toisai avec une certaine irritation, les joues rougissantes. C'était en effet ce qu'il nous avait raconté chez nos grands-parents : lors de la soirée où il avait rencontré Miles pendant les vacances de Noël, il nous avait surpris sur le balcon, avec un Simon qui avait passé une main dans mon dos. Un geste simple, que j'avais cru complètement innocent à l'époque mais maintenant que je savais tout, tout prenait une coloration différente. Toujours était-il qu'Alexandre avait dès lors décidé de surveiller notre relation et son évolution, sans être certain de rien.

Ma mère eut un sourire penaud. C'était le premier qui franchissait ses lèvres depuis que j'avais prononcé les mots « je suis avec Simon ».

-C'est comme à noël ... Je vous ai vu sous le porche, quand vous vous offriez vos cadeaux ... (Elle accrocha le regard de mon père). Et il a mis tellement de zèle à trouver le bon hibou, tu ne trouves pas ... ?

Mon père tourna le visage vers Archimède, qui avait décidé de se faire oublier en lissant son plumage tacheté. Mes parents étant moldus, ils avaient missionné Simon pour le choisir sur le Chemin de Traverse. C'était également lui qui avait choisi ma montre, me souvins-je en caressant son cadre métallique sur mon poignet. J'ai envoyé plusieurs modèles à Susan et Simon – celle-ci était son choix, j'ai considéré qu'il était peut-être celui qui connaissait le mieux tes goûts, avait écrit Rose dans la lettre qui avait accompagné son cadeau. Avec un pincement au cœur, je songeais à Simon qui devait être en ce moment même en train d'avoir la même conversation avec ses propres parents.

-Oui, c'est vrai, admit mon père en hochant la tête. Et c'est vrai que ça fait longtemps que ... tout est plus calme entre vous. Mais de là à vous mettre ensemble ...

-Quitte à ce qu'elle ait quelqu'un, autant que ce soit Simon, non ? s'agaça Alexandre. Vous le connaissez depuis qu'il est petit et vous avez confiance en lui, non ?

-Bien sûr, confirma ma mère avant de prendre une grande inspiration. Bien sûr, tu as raison ... s'il faut quelqu'un, autant que ce soit lui. C'est même ... une drôle de marque du destin.

Ma gorge se ferma lorsque ma mère sourit avec nostalgie. Quelque part loin dans mon esprit, un écho finit par me parvenir et à souffler à mon oreille : « et nous, c'est le destin ? ». Ma mère passa une main discrète sur son ventre et ajouta d'une voix rauque :

-On est tombée enceinte en même temps avec Cassiopée ... Elle et moi on ignorait le sexe mais lorsqu'elle est venue me voir avec son petit garçon dans les bras, elle m'a demandé si on les fiançait toute de suite ou si on attendait un peu ...

-C'est vrai ? soufflai-je, sonnée.

Ma mère acquiesça lentement, une main toujours crispée sur son ventre, comme pour caresser le souvenir de l'arrondi qui m'avait un jour dissimulé. Son regard s'était mis à luire étrangement mais elle trouva la force de me sourire.

-Alors réglons cela en disant qu'on exauce un des vœux de Cassiopée.

-Tu étais amie avec elle ? demanda Alexandre, un peu perplexe.

Ma mère perdit quelques couleurs et mon père couvrit immédiatement sa main de la sienne pour presser ses doigts. Son autre main était toujours pressée sur son ventre mais elle finit par l'arracher pour la poser bien à plat sur la table, dans un geste réellement peu naturel.

-Disons que c'est quelqu'un qui m'a aidé à un moment où je n'étais pas forcément très bien, avoua-t-elle, visiblement peu désireuse de s'étendre sur le sujet. Mais je pense qu'elle aurait été heureuse que ça se passe comme ça. Vraiment très contente ...

-Il faudra en faire part à Simon, alors, songea mon père avant de reporter son attention pour moi. Parce que je suppose que si tu nous en parles, c'est qu'il est en train d'en parler à Rose et George ?

-Oui, c'est ça. On s'est dit que ce serait bien de le faire avant mon anniversaire ...

-Ton anniversaire, répéta mon père, un peu hébété. Oui, effectivement, c'est dans deux jours ... dix-neuf ans, c'est ça ?

-Dix-neuf ans ...

Mes parents me contemplèrent longuement, de ce regard bien connu qui indiquait très clairement qu'il ne me voyait pas moi, mais le bébé qu'ils avaient tenus dans leurs bras à la maternité, la petite fille qui avait vacillé sur ses premiers pas dans ce jardin, l'enfant qu'ils avaient laissé tremblante de peur à George Bones pour qu'il puisse l'amener à King's Cross vers un nouveau monde. Je voyais littéralement ma vie, ma croissance, mon évolution défiler dans leurs yeux et soudainement quelque chose au fond de leurs prunelles se figea et je sus qu'ils me voyaient de nouveau telle que j'étais, celle que j'étais devenue. Et très brusquement, le regard de mon père s'humidifia et il porta une main à sa bouche.

-Oh Seigneur ... ma chérie, ça fait combien de temps que tu n'as pas passé ton anniversaire à la maison ?

-Huit ans, répondis-je dans un filet de voix. Le dernier c'était mes onze ans ...

Je ne l'avais pas réalisé, mais c'était une éternité qui s'était écoulée depuis ce jour. La dernière fois que j'avais fêté mon anniversaire chez moi, je ne savais même pas que j'étais une sorcière. Après un instant de sidération, ma mère décida de prendre les choses en main : elle se leva énergiquement de la table et asséna avec un ton péremptoire qui lui ressemblait plus :

-Et bien ça se fête ! Alexandre, préviens Melania : vous venez dîner jeudi soir. Et évidemment je veux que Simon soit là – Seigneur il faut que je voie ça, sinon ça ne restera qu'à l'état d'hypothèse dans ma tête ! Bien sûr George et Rose seront les bienvenus ... peut-être même que tu veux inviter quelques amis ? Je ne sais pas, Chloé, Ethan ... et ... les autres ? ...

Elle détourna le regard et me tourna même le dos pour ranger les verres dans l'évier alors que sa voix se mourrait. Elle était incapable de citer le nom du moindre de mes amis à Poudlard, pour la simple et bonne raison qu'elle avait sciemment ignoré cet aspect-là de ma vie pendant plusieurs années. Elle avait fait des efforts considérable – et sa caresse à Archimède le prouva une nouvelle fois – mais le gouffre entre nous était encore trop grand. Ce fut sans doute pour cela que, alors qu'elle poursuivait à voix haute ses préparatifs et ses directives, je continuai de scruter mon père. Il observait ma mère, un léger sourire aux lèvres, mais je ne pouvais m'empêcher de trouver une certaine crispation dans ses traits et le regard singulièrement lointain. Il finit par se lever à son tour avec un éclat de rire et posa ses deux mains sur les épaules de ma mère :

-Je suis sûr que ce sera parfait, ma chérie ... Je vais vous laisser, j'ai encore quelques travaux à faire à l'église ... Dont le sermon pour dimanche, maintenant que j'y pense. A toute à l'heure.

Il l'embrassa tendrement sur la joue, m'adressa un sourire, serra l'épaule d'Alexandre et s'en fut d'un pas tranquille, une main vissée sur la nuque. Dès que la porte claque derrière lui, ma mère se retourna et nous nous mîmes à tous nous interroger du regard. La mâchoire contractée, Alexandre finit par lâcher durement :

-Bon ? Quel est le problème ? Le fait que ce soit un sorcier ou qu'il menace la chasteté de sa petite fille ?

-Je ne sais pas, concéda ma mère, visiblement contrariée. Et encore, c'est bizarre ... Attends, qu'est-ce que tu fais ? Victoria !

Je venais de me lever, de façon assez subite – si subite que ma chaise vacilla et fut rattrapée in extremis par Alexandre. Sans même le remercier, j'attrapai ma veste posée sur le plan de travail et lançai à la volée à ma mère :

-Je vais lui parler. A toute !

-Victoria ...

Mais je ne l'écoutai pas et me dépêchai de sortir. Je poussai un grognement de frustration en constatant que mon père était parti en voiture. J'aurais pu transplaner, mais je préférai sortir mon vélo. L'air était frai et humide après deux jours de pluie et la grande inspiration que je pris calma immédiatement les nerfs. Les premiers coups de pédales se chargèrent eux d'expier la colère sourde qui s'était éprise de moi dès que mon père était sorti de la pièce.

Ce comportement, je le connaissais. Par cœur. Il m'avait accompagné six longues années, pendant chaque vacances, chaque retour de Poudlard jusqu'à ce qu'enfin mon père accepte que je sois une sorcière. Tout le monde s'accordait à dire que j'étais la reine de la fuite, mais la vérité était que j'étais que l'élève – et le maître était mon père. La stratégie de l'évitement, c'était précisément ce qu'il avait mis en œuvre pour occulter le côté magique de sa fille. Que voulait-il fuir à présent ? Seule face à la route, les mains gelées et crispée sur mon guidon, je laissai échapper un cri de frustration. Je n'étais pas sûre de supporter de nouveau une telle situation. S'il y avait un problème, qu'il en parle et qu'on le règle.

Et intérieurement, après tout ça, je n'en revenais pas que Simon, le garçon à qui il avait donné sa guitare, qu'il avait protégé toute notre enfance, soit un problème.

Je jetai presque mon vélo dans la pelouse qui bordait l'église St-Edward – une drôle de coïncidence qui faisait rire les villageois. Les deux ifs qui me semblaient éternels se tenaient de chaque côté de la porte, elle-même surmontée de carreaux colorés rendu ternes par le temps morne. L'absence de luminosité rendait ses pierres ordinaire couleur miel un peu grise et sa tour carré, dans un style très anglo-saxon, se fondait presque dans le ciel tapissé de nuage qui ne semblait pas avoir fini de déverser ses larmes. Je repérai la voiture de mon père garée sur le petit parking sur le côté et entrai sans attendre dans la petite église. Aussitôt, le temps parut se suspendre. C'était une impression que j'avais eue chaque fois que j'entrai dans un édifice religieux : cette impression que tout était figé dans l'éternité, hors du temps, de l'espace et loin du marasme d'émotion dans lequel l'univers était enfermé. Tout était plus calme. Plus rien n'existait, dès qu'on entrait dans la maison de Dieu.

L'église suivait un plan très simple : une longue nef supplantée de deux rangées de banc en bois qui s'alignaient jusqu'au maître-autel. Il était surplombé du seul vitrail coloré représentait le Christ en majesté, les bras ouverts pour accueillir ses fidèles. Et alors que je détaillai les boiseries qui décoraient le plafond, mon regard finit par tomber sur les premiers rangs où mon père était assis, en face du crucifix planté sur l'autel. Mes pas résonnèrent sinistrement dans l'espace ouvert : petite, j'aurais été intimidée par l'échos et je me serais évertuée à faire le moins de bruit possible. Mais aujourd'hui, peu m'importait de réveiller les saints qui dormaient ou les morts qui reposaient derrière l'église : j'avalai rapidement les derniers mètres qui me séparaient de mon père. Il dût m'entendre mais ne tourna pas la tête, pas même lorsque je m'assis à côté de lui. Il fixait le crucifix d'un regard intense, luisant, mais étrangement calme, serein. Chaque fois que mon père entrait dans une église, il paraissait prendre en stature et en aura : ce n'était plus que mon père, il devenait infiniment plus.

-Tu es venu prier pour quoi ? demandai-je dans un murmure.

Ce n'était pas haut, mais cela parut résonner dans toute l'église et emplir complètement l'espace. L'écho arracha un sourire à mon père.

-Comme d'habitude. Rachat des pêchers de l'humanité. Espoir d'un monde meilleur. Santé et bonheur pour les miens. Que du grand classique ...

-Papa ...

-Je sais que je n'ai pas très bien réagi, me coupa-t-il d'un ton calme, mais ferme. Je sais que j'aurais dû te dire que je suis heureux pour toi. Que Simon est quelqu'un de bien et peut-être est-il l'une des seules personnes au monde à qui je peux confier ma fille sans crainte. Que c'est un garçon que j'aime beaucoup et que je serais vraiment honoré qu'il entre un jour dans la famille. Mais peut-être que c'est justement ça qui me fait peur ...

Une sentit une grosse boule de dépit se former dans ma poitrine à ces mots et je jetai un regard furieux au Christ de cristal devant moi, les bras ouverts comme s'il voulait m'engloutir.

-Ça fait entrer un peu trop de magie dans ton monde, c'est ça ? Moi ... Mel ... Simon c'est la goutte de trop ?

Je n'avais pas pu me contrôler et un soupçon d'amertume s'était immiscé dans ma voix. Mon père le perçut pertinemment car son regard se glissa ostensiblement vers moi. J'avais ses yeux, je le savais, les yeux en amande aux iris oscillant entre le bleu et le gris selon la luminosité. C'était peut-être la seule chose que je tenais physiquement de lui. Alexandre lui ressemblait davantage avec les cheveux d'une teinte plus claire et d'une texture plus malléable que la boucle, le visage allongé et le nez droit. Il poussa un profond soupir dont chaque note alla se répercuter sur les pierres froides de l'église.

-Si je dois être parfaitement honnête, Mel m'a fait un plus gros choc que Simon. Ce n'était plus sur toi que je comptais pour avoir une famille « normale », si on veut, mais sur Alexandre. Personne ne s'attendait à ce qu'il trouve une sorcière ... Alors que toi, c'était prévisible. Il y a longtemps que je me suis fait à l'idée qu'un jour, tu allais nous ramener un sorcier. Je devrais être très heureux que de tous, tu aies choisi de nous amener Simon ...

-Alors c'est quoi le problème ? Papa, ne nies pas, tout en toi crie qu'il y a un problème, je le vois. Dis-le-moi. Je préfère que tu me le dises maintenant plutôt que de l'ignorer comme on l'a fait ces dernières années ...

Mon père pressa ses paumes l'une contre l'autre et noua ses doigts étroitement. La lumière blafarde se reflétait spectralement dans ses lunettes et peinait à faire scintiller l'or sur l'anneau qu'il portait à l'annuaire.

-Chérie, peut-être que tu ne réalises pas, mais ça a été très difficile pour nous d'être séparé de toi toutes ses années, souffla-t-il, comme un affreux aveu. Ça a été très difficile pour moi ... le jour où tu es partie pour la première fois, tu avais des larmes dans tes yeux. Je sentais que tu n'avais pas envie d'y aller et si j'avais pu je t'aurais gardé, oh oui, gardé pour te préserver, pour te garder pour moi ... Parce que tu es ma petite fille et que je t'aime plus que tout.

L'émotion manifeste dans la voix de mon père fit fondre la boule de colère qui brûlait dans ma poitrine et quand je battis des paupières, j'y découvris une humidité suspecte. Il essuya un petit rire étranglé.

-Oh, autant que ton frère, bien entendu mais ... toi et moi, on a été tellement proches. J'ai mis des barrières entre nous avec toute cette histoire de magie et je n'en excuserais jamais assez. Et maintenant que j'ai l'impression de te retrouver enfin, je découvre que ma petite fille est une femme et qu'un homme va me la prendre ...

J'aurais dû répondre quelque chose de rassurant, prendre mon père dans mes bras pour le remercier de se livrer ainsi à moi, lui assurer que personne ne me prendrait et que je serais pour toujours sa « petite fille ». Mais la première chose qui franchit mes lèvres fut :

-Ce n'est pas un homme, c'est Simon.

Cette fois, ce fut un franc éclat de rire qui s'échappa de la gorge de mon père et se répercuta joyeusement dans toute l'église. J'avais l'impression que cent fantômes riaient avec lui en une symphonie mystique. Dans un élan tendre, il passa un bras derrière mes épaules et m'embrassa sur le sommet du crâne.

-Oui, c'est vrai, ça devrait me rassurer ! Oh la la ... (Il appuya sa joue contre mes cheveux et je me laissai aller contre lui, la gorge serrée). Mais en même temps, c'est peut-être ça qui me fait peur ... Vous avez une telle relation ... Vous êtes sur la route. Alors, si, il est la personne qui me volera ma petite fille.

Je sentis ma gorge se fermer à la conclusion de mon père. Je fermai les yeux pour calmer ma respiration qui s'était mise à dérailler mais aussitôt des mots flottèrent dans mon esprit, comme chuchoter par les saints qui hantaient l'église.

C'est là depuis l'enfance. Ça ne fait que grandir. Jamais ça ne disparaîtra.

Et nous ? C'est le destin ?

Qu'est-ce que ça fait Perelko ? D'avoir trouvé la personne ...

Même Simon s'interrogeait. Et pour que Simon, le sceptique des relations, celui qui avait affirmé qu'on ne pouvait pas tomber amoureux à seize ans et que la jeunesse ne connaissait rien de l'amour, s'interroge, c'était qu'il devait y avoir une évidence qui crevait les yeux. Mais c'était vertigineux. C'était effrayant. C'était ce qui avait paralysé Simon pendant deux ans et ce que j'avais occulté en proposant de « vivre ce qu'on avait à vivre ». Mais c'était plus que cela. Il était tellement plus ... Jaga avait raison, je m'appartenais plus totalement. Il n'y avait qu'à voir tout ce que j'étais capable d'endurer pour lui, ce que j'étais capable de faire pour lui, ce que j'étais capable de perdre pour lui ...

Je ne veux pas que tu meures, Vicky.


Mon souffle se raccourcit si fort que j'en demeurais suffoquée et un éclair de panique me traversa pour me faire dire :

-Arrête, on n'en sait rien ... C'est juste ... juste ...

Mais mes mots fondirent sur la langue, incapable de prendre forme car il était difficile de mentir dans la maison de Dieu. Mon père dut sentir mon trouble, dans le tremblement de ma voix ou dans la façon dont je m'étais brusquement raidi dans ses bras car il raffermit sa prise sur moi avec douceur.

-Oh ma chérie ... Tu verras bien. Mais vous ne vous seriez pas mis ensemble pour rompre dans un an, je me trompe ? Pas vous, pas avec votre histoire ... Vous allez faire en sorte que ça marche.

La gorge serrée, je finis par acquiescer. Oui, ça ne pouvait que marcher. Je ne supporterais pas que ça s'arrête. Rien que l'idée provoquait une angoisse plus prégnante que celle qui m'avait envahi à l'idée de passer ma vie avec Simon Bones. J'expirai lentement, en espérant qu'avec mon souffle s'échapperait ma panique et mes doutes pour ne laisser que de la sérénité. C'était ce que j'avais ressenti en embrassant Simon pour la première fois. C'était ce que j'avais ressenti quand il s'était livré pendant notre promenade dans les campagnes de Terre-en-Landes. De la sérénité. De la certitude. C'était si évident face à lui, mais une fois Simon loin, l'évidence s'effritait pour laisser apercevoir le doute et la panique.

Mon père frotta doucement mon bras.

-Ce n'est pas Simon, Victoria. Ce n'est même pas le fait qu'il soit un sorcier ... C'est juste douloureux de voir ma fille grandir alors que j'ai l'impression que j'ai loupé la moitié de sa vie.

-Mais je reste ta fille, tu sais, murmurai-je, la gorge serrée. Quoiqu'il arrive. Tout ce que j'ai de meilleur en moi, je le tiens de toi. Tout ce que tu m'as appris, je l'ai porté comme un talisman à Poudlard ... Être juste, bienveillante ... Tout ça c'est toi ...

Mon père laissa un échapper un souffle tremblant dans mes cheveux, accompagné d'un son inarticulé qui ressemblait à s'y méprendre à un sanglot étouffé.

-Ma chérie ...

Je me raccrochai à son bras et enfouis mon nez sous mon épaule, les paupières pressées pour retenir mes larmes. J'avais craint de l'indifférence voire de la distance de la part de mon père, mais c'était tout l'inverse qu'il se découvrait. En fin compte, il n'avait toujours été qu'un père qui avait peur de voir sa fille grandir ...

***


-Et Vanlerenberghe effectue un virage à cent-quatre-vingt degré avec le souafle ... et il marque ! Ah non Barbapapa l'a arrêté ! Putain je l'ai vu dedans !

-Tout de suite, les commentaires manquent de professionnalisme, fis-je remarquer avec un sourire sarcastique.

Je soupesai le souafle en lorgnant Arnold, assis négligemment sur son balai. Nous n'étions plus que trois sur le stade : Eden et moi qui continuions à nous entrainer et le Batteur qui n'était là que pour jouer le speaker. La séance qui devait nous opposer à l'équipe A avait été écourtée : la nouvelle nous était parvenu que le match en cours entre les Harpies de Holyhead et les Flèches de Appleby avait été interrompu en raison de suspicion d'une attaque sur l'Ovale, le principal stade anglais – celui qui avait accueilli la Coupe du Monde. De fait, les spectateurs avaient été évacué, la ligue suspendue et les présidents de clubs appelaient au siège pour faire le point. Après cette interruption, tous avaient été libéré, mais Eden et moi étions restés nous entrainer.

Arnold me gratifia d'un sourire qui fendit sa barbe.

-C'est pour ça que je ne pouvais pas être commentateur sportif, ma grande : je m'emballe trop.

-Tu n'as pas une femme, toi ? lui lança Eden en s'épongeant le front. Et un gosse ? Genre qui vient de naitre ?

-Hé ! Faith a deux mois. Deux mois que je ne m'autorise aucune pause alors laissez-moi profiter de vous, petites canailles. Dommage que Black Swan ne soit pas restée ... Mais bon trois enfants, ça m'étonne déjà qu'elle ait le temps d'être Capitaine de l'équipe. Quelle femme incroyable.

Je pensais surtout que le Quidditch était la bouffée d'air frai de Swan, comme elle le devenait pour Arnold depuis que sa fille était née début mars. Un moyen d'échapper à la lourdeur des rôles du quotidiens, d'expier les frustrations ... d'oublier que dehors, c'était la guerre. C'était ça qu'avait représenté le sport pour tous, moi compris : une bulle incroyable imperméable à l'ombre que Voldemort plongeait.

Jusque maintenant.

Je revis le visage marqué de Leonidas lorsque l'officiel du Ministère était venu quérir sa présence, ainsi que l'empressement des joueurs à fuir la place, comme si c'était le centre Plumpton qui allait être attaqué. Certain avaient eu l'air de tomber des nues, comme s'ils découvraient que dehors, une guerre était en cours. Le sport, pourvoyeur d'oubli, était en train d'être perverti.

-Ça m'étonne qu'ils ne s'y soient pas penché plus tôt, soufflai-je.

-Quoi ?

Eden s'était rapproché de moi et freina in extremis de son balai, exécutant ainsi un spectaculaire demi-tour sur place qui donnait l'impression qu'il venait de glisser. Il se permettait parfois de frimer devant tous, par des acrobaties ou des idioties – en tout cas, Swan avait été pliée lorsqu'il s'était mis debout sur son balai et qu'il avait fini par y tomber.

-Rien, soupirai-je en lui lançant le souafle qu'il rattrapa souplement. Je suis juste ... très surprise que le sport n'ait pas été utilisé avant. C'est une bonne machine de propagande – et effectivement, des événements populaires où il est facile de créer le chaos.

-Ah ça ..., ricana amèrement Arnold. Tout le monde se souvient des Jeux Olympique de 72 ...

-Les quoi ? se troubla Eden.

-Un grand événement sportif moldu qui a lieu tous les quatre ans, expliquai-je succinctement avant de me tourner vers Arnold. Et je pensais plus à ceux de Berlin en 1938 ... Jesse Owens, le sprinteur noir qui a fait trembler Hitler !

-Grand moment s'il en est, mais ça c'est le côté propagande, Barbapapa. Le chaos, c'est 1972 – définitivement, l'Allemagne doit être maudite ... Bref, ça concerne le conflit israélo-palestinien, pour le coup. Des athlètes israéliens ont été assassiné par des terroristes palestiniens. Terrible.

Ma bouche se tordit nerveusement devant le récit, trop semblable à ce que l'on pouvait redouter. Le regard d'Arnold s'était brusquement fait aussi sombre que l'onyx.

-Et ne sois pas naïve de croire que la guerre ne s'est pas déjà infiltrée dans le milieu du Quidditch. On brasse beaucoup d'argent et de visibilité : on n'est clairement pas quantité négligeable pour le Ministère. Ça se passe plus du côté de la ligue professionnelle : ils répètent leurs consignes à chaque match et je suis presque persuadé aussi qu'ils s'en servent pour appas pour des Mangemorts ... Enfin bref. Si ça devient trop concret, ils finiront par arrêter ...

-Quoi ? s'exclama Eden, abasourdi. Tu crois qu'ils vont suspendre la Ligue pour de bon ?

-Peut-être pas la Ligue, mais nous, la Petite Ligue, sans doute. Ils mettent déjà énormément les moyens d'assurer les matchs des pros ... Pour l'instant ça tient, mais là ça fait de long mois que la guerre a commencé. Les dossiers se multiplient, la lassitude commence à peser, il y a les premiers blessés chez les autorités ... Ils vont commencer à mieux répartir nos forces et on risque d'être sacrifié. Je crois que c'est ce qui s'était passé pour la première guerre. Ils avaient maintenu la Ligue, mais pas les matchs des réserves.

Eden et moi échangeâmes un regard effaré qui dérida Arnold : il éclata de rire et donna une bourrade au jeune homme.

-Pas de panique, on continuera certainement à s'entrainer. Il faut quand même qu'on soit prêt à remplacer les titulaires en cas de blessure ... surtout toi, Barpapa, j'ai entendu dire que Leonard Spielman était très mauvais en ce moment et que Parkin commençait à pester contre lui. Ça sent bon pour toi l'année prochaine ...

Je me mis à rougir et préférai ignorer la pique. Ce n'était pas la première personne qui me faisait part des difficultés du gardien titulaire ces derniers matchs : lors de la dernière séance contre l'équipe A, l'une des poursuiveuses m'avait souri et gratifié d'un malicieux « à l'année prochaine ». Pourtant je ne me sentais pas personnellement progressé : je prenais confiance dans les matchs parce que j'avais appris à relativiser les performances et j'avais fini par intégrer les préceptes de Dalia, mais ce n'était pour autant que je me trouvais meilleure. Mais était-on réellement son meilleur juge ? Néanmoins je l'avouais, l'équipe professionnelle était une perspective que je craignais. J'avais des difficultés à trouver un équilibre, je me sentais étouffée. Je n'avais le temps de rien. Dans la fleur de l'âge, je peinais à pleinement profiter de ma vie – et les rares fois que je m'y autorisai, c'était avec Simon. L'évoquer réduisit mon estomac à un amas de bouillie informe. Je ne l'avais pas vu depuis que nous avions pris la décision d'annoncer notre relation à nos parents. Je lui avais bien envoyé Archimède pour lui assurer que mon père était l'homme le plus formidable sur terre qui soit, mais je n'avais pas reçu de réponse.

Et je ne voulais pas frapper à la porte des Bones et me retrouver devant George. Ou Rose. Le « jamais ! » qu'elle avait lancé résonnait encore dans tout mon être.

Mes songes finirent par me distraire du jeu et Eden finit par marquer deux pénalties avant qu'Arnold ne décrète que la séance avait assez duré et qu'il était temps pour tout le monde de retourner à la vraie vie. Je réussis à avoir la douche la première et Eden me succéda rapidement, me laissant seule avec Arnold à essuyer mes longues boucles mouillées. Il me jeta un regard malicieux.

-Alors Barpapaba ? Avec mon congé paternité, on ne s'est pas beaucoup vu ... Comment ça avance avec le neveu de Grims ?

-Ferme-la, le tançai-je en lui jetait ma serviette humide au visage.

-Oh tu n'es pas drôle ! Allez, on est juste entre nous, promis je garderais ça pour ...

Nous fûmes interrompus par un « BIP » strident venant du sac d'Arnold. Il perdit son sourire et y enfouit précipitamment ses mains pour en sortir un boitier noir dont il en consulta la trancha, les sourcils froncés.

-Et merde ... bon, je vais attendre un peu pour retrouver ma fille, le devoir m'appelle.

-Ah bon ? commentai-je distraitement, occupée à ranger mes affaires.

-Oui, je suis d'astreinte ... je dois aller à la caserne.

Je rejetai mes cheveux humides en arrière, perplexe et glissai un regard circonspect sur la mine renfermée et prudence d'Arnold. Je réalisai alors que si je savais tous sur sa vie de famille, sur sa jeunesse à Poufsouffle, sur sa vie de trentenaire accro au Quidditch, je ne savais rien de son métier. Le « caserne » était peut-être le premier indice qu'il laissait échapper.

-La caserne ? répétai-je. Je ne savais pas que les sorciers en avaient ... militaire ?

Arnold soupira bruyamment et rangea rapidement ses dernières affaires. Il attendit que son sac soit fait pour s'approcher de moi, un sourire aux lèvres qui tenait plus du rictus.

-Allez, à toi je te le dis parce que je sais que tu ne jugeras pas et que je t'en fais baver avec mes questions. Je suis sapeur-pompier.

-C'est bien, dis-je, un peu perplexe.

-Chez les moldus, Barbapapa.

Cette fois je papillonnai des yeux, sous le choc. Arnold s'esclaffa devant ma mine ahurie et m'ébouriffa joyeusement les cheveux.

-Ne me fais pas regretter de te l'avoir dit ! Seule Swan et l'administration sont au courant, je ne tiens pas à ce que ça s'ébruite, surtout par les temps qui courent. On m'a pété ma baguette à Poudlard pour moins que ça ...

-Je me doute, soufflai-je, interdite. Moi on m'a cassé le nez ...

Et attachée sur un bûcher en voulait me faire passer pour Guy Fawkes, voulus-je ajouter, mais les mots restèrent bloquer au fond de ma gorge. Même maintenant, des années plus tard, après Kamila, l'amnistie de Dumbledore, le reste, je peinais à me confier sur le 5 Novembre. Arnold eut un sourire amer et posa une main sur mon épaule. C'était incroyable que le dénominateur commun des nés-moldus à l'école soit les persécutions. C'était incroyable que rien n'ait été changé, fait contre ça. Et j'avais parfaitement conscience que toute cette franche indifférente qui avait laissé des petites brutes nous casser nos baguettes et nos nez seraient le terreau parfait pour l'épanouissement de Voldemort.

Seigneur ... il faut que je termine mon livre. Vite. Il faut inverser la tendance ...

-Je me doute, lança Arnold en écho. Mais ne crois pas que ça a influé ce que je voulais faire : j'adore être un sorcier – et rien que pour le Quidditch et le balai ... mais mon père et mon grand-père étaient pompiers, c'était mon rêve depuis tout petit. J'ai décidé qu'être sorcier ne me ferait pas renoncer à mon rêve ... Les professeurs ont essayé de me dissuader, mais j'ai fini par être soutenu par Dumbledore en personne.

-Mais ça ne pose pas des problèmes de logistique ?

-Tu veux parler de l'argent ? Bien sûr que ça pose des problèmes. Le change de gallions à la livre se fait assez facilement. En revanche, quand tu viens avec des livres que tu veux transformer en gallion, la procédure est beaucoup plus ardue et tu te heurtes à la réticence des gobelins. En plus ils n'acceptent que des petites sommes, j'ai dû faire un emprunt pour acheter mon balai pour entrer dans l'équipe de réserve. Alors maintenant la réserve justement c'est ce qui me permet d'avoir un équilibre livre/gallion, mais ce n'est pas comme si on avait un gros salaire. Et surtout, je veux mettre ces gallions de côté ... Mes enfants sont des sorciers, il faudra bien que je leur paye tout leur attirail le jour de la rentrée.

Et cela coûtait une fortune, me souvins-je pour avoir tenue ma bourse serrée contre moi en faisant mes premiers achats avec George Bones à onze ans, effrayée par mon nouvel environnement et par les sommes astronomiques qui m'étaient demandées à chaque comptoir. Arnold laissa échapper un ricanement.

-C'est en parti pour moi et mes difficultés financières que Grims a mis en place le système de bourse pour la réserve ... J'avais demandé mon salaire plus tôt pour pouvoir m'acheter le Nimbus, comme on venait de signer le partenariat avec eux ... Tout le monde le déteste parce qu'il est américain et qu'il « dénature le club », mais moi je trouve que c'est quelqu'un de bien.

-C'est pour ça que tu le défends tout le temps, compris-je.

-Oui. C'est le seul ici qui m'a écouté et aidé sans me juger et ... (Le boitier qu'il tenait toujours à la main bipa de nouveau et Arnold grimaça). Bon, je vois vraiment y aller ... Ravi d'avoir pu partager ça avec toi, Barbapapa.

-Pareil ... Oh et Barberousse ?

Arnold s'immobilisa dans l'embrassure de la porte et se retourna d'un quart de tour, tout ouïe. J'esquissai un sourire incertain avant d'avouer :

-Garde-le pour toi mais ... je suis avec Simon.

J'ignorai pourquoi je le lui disais – sans doute parce qu'une confidence en appelait une autre et que je voulais me sentir digne de sa confiance. Je m'attendais à une réaction vive, emblématique du colosse et sa bonne humeur parfois dévorante, mais cette fois il se contenta de sourire et de lever le pouce.

-C'est bien, Barbapapa. Profite. La vie est courte.

Et il s'en fut rapidement, courant presque dans le couloir pour s'adonner au métier qui faisait sa véritable passion – sauver des vies. Et moi je saisis mon sac pour le suivre tout aussi précipitamment. Il fallait que j'apporte ma pierre à l'édifice.

***


« L'année zéro ». Le terme est abusif, mais assez marquant pour qu'on s'y attarde. 1689, date de la signature du Code Internationale du secret magique qui oblige les sorciers à la clandestinité la plus totale. Le péché originel pour les uns, l'acte de paix fondateur pour les autres. Qu'on soit d'un avis ou d'un autre, ce qui est certain c'est que c'est cette année-là qu'a été érigée une barrière institutionnelle entre moldus et sorciers. Ce n'était plus de l'ordre de la volonté individuelle : c'était inscrit dans la loi de chaque sorcier de ce monde. Ce qui était un droit de chacun est devenu un devoir, stricte, passible parfois de la peine capitale. Les sorciers doivent se cacher. C'est vital. Il en va de notre survie.

Il est intéressant de constater que le code a été décrié par les deux camps – les Sangs-Purs désireux de pouvoir exercés leur magie librement, et les proches des moldus qui souhaitaient continuer à user de leur pouvoir pour les aider. Malheureusement, cette franche de la population magique a décrus dans des proportions importantes le long du Moyen-âge en raison des persécutions diverses contre ceux que les moldus considéraient comme « sorciers ». Même les sorciers les plus aimables finissaient par être accuser et condamner aux bûchers – même si peu d'entre eux en sont réellement morts. Ne restait alors que le feu et le sang des deux côtés.

Alors dans les faits, nous l'avons longuement prouvé, les sorciers s'étaient au XVIIe siècle largement retranchés sur eux-mêmes pour éviter d'avoir à faire à la fureur moldue attisée par quelques attaques de sorciers suprémacistes. Le Code International semble donc être rien de plus que l'officialisation d'une situation qui s'était déjà installée des décennies auparavant. Mais voilà, pour certain c'est une prévision des droits et surtout ça a signé le point de non-retour pour la communauté magique. Plus d'échange, plus de dialogue : chacun chez soi.

Oui, 1689, c'est l'année zéro, l'année du schisme, l'année après laquelle rien ne sera plus jamais pareil. Maintenant, ce n'est plus simplement dangereux, immoral (ou moral selon les opinions), ou prudent : c'est interdit par la loi et la loi ne compte pas changer. La société sorcière s'est enterrée, pour le bien de sa magie, pour sa survie et celle du monde moldu.

Culturellement parlant, c'est ainsi que le temps s'est arrêté pour la communauté magique. Quand nous observons bien notre monde de vie et de fonctionnement, beaucoup de nous outils sont datés de l'époque où les interactions avec les moldus proliféraient – plumes, parchemins, mode ...

-Vicky ?

Je relevai le nez de la machine à écrire pour voir la tête de Simon dépasser de l'embrassure de la porte. Il avait sa cape d'été sous le bras et un sac passé en bandoulière ainsi qu'une tache d'encre sur la joue après avoir passé toute l'après-midi sur des calculs extrêmement difficiles pourtant nécessaire à la création de certain sortilège. Je savais qu'il devait passer chez Julian lui rendre ses conclusions – un peu en retard – et en profiter pour dîner avec lui et son « compagnon ». Seul. Comme un grand.

-J'y vais, j'ai laissé un mot à mes parents pour dire que tu travaillais, qu'ils ne s'étonnent pas ... Normalement ils ne vont pas tarder à rentrer.

Concentrée toute entière sur mon parchemin et les lettres scripturales qui s'y alignaient les unes après les autres, j'appréhendais à peine la nouvelle. Je ne m'étais pas retrouvée devant Rose et George depuis qu'ils savaient. Visiblement, Simon était plus nerveux que moi car il entra plus franchement dans la pièce pour s'assoir sur la chaise à côté de la mienne.

-Ça va aller ... ?

-Simon, je connais tes parents depuis que je suis petite. Oui, ça va aller. (Je cessai de taper et je lorgnai du coin de l'œil). Pourquoi ? Ils l'ont bien pris, non ?

Simon haussa passivement les épaules. Ses doigts se mirent à pianoter sur la table de façon machinale.

-Si, si. Enfin, surpris, comme tout le monde. Je pense qu'ils ont du mal à réaliser, mais ils finiront par s'habituer. Ma mère m'a demandé au moins cinq fois de répéter ...

J'essuyai un petit rire, mais il ne suffit pas à couvrir la voix insidieuse de Lysandra dans mon esprit. « Tu sais dans quoi tu t'engages avec les Bones ? ». Je replaçai nerveusement une mèche derrière mon oreille. Lysandra et Rose ne s'appréciait pas : cette inimitié jouait nécessairement sur le jugement l'une de l'autre. Je m'imprégnai de cette idée pour chasser l'appréhension et gratifiai Simon d'un sourire rassurant.

-C'est pareil pour ma mère, tu sais. Elle dit qu'on est le chat de Schrödinger. Tant qu'elle n'a pas ouvert la boite, elle ne sait pas si le chat est mort, vivant ou les deux.

-Et c'est nous le chat ? devina Simon avec l'ombre d'un sourire.

-Exactement.

Je me concentrai à nouveau sur ma page en cours d'écriture et mes doigts se remirent à taper avec habilité. J'avais pris en fluidité à au fur et à mesure des semaines : je devenais de plus en plus rapide et les feuillets se succédait à un rythme appréciable. Ma discussion avec Arnold m'avait mis dans une véritable frénésie : je m'étais précipitée chez les Bones, bien décidée à prendre ma part dans le combat. Simon avait raison : c'était peut-être ce que j'étais capable de faire de mieux, de plus utile, de plus concret. Une guerre passait par les mots. Il prit par ailleurs le temps de poser son sac et de relire les derniers feuillets que j'avais tapé – et même de corriger quelques fautes qui m'avaient échappé de la pointe de sa baguette.

-Vous avez encore beaucoup à écrire ? s'enquit-t-il.

-Encore une dizaine de chapitre, je dirais ... Octavia réfléchit même à prendre un mi-temps pour qu'on puisse le finir cet été. Elle n'a pas besoin d'un gros revenu, elle ne quittera pas ses parents tant qu'elle n'aura pas une bague au doigt ...

-Oh, les McLairds sont assez modernes dans leur genre. La posture stricte et traditionnelle d'Octavia, c'est plus pour les Selwyn que pour ses parents ... Oh la la, tu as vraiment un problème avec « discours ». C'est un « s » au bout, pas un « t », espèce de minus.

Il me donna une pichenette sur la tempe, comme si cela pouvait faire rentrer l'information plus facilement. Puis son pouce caressa l'endroit qu'il venait de frapper, comme pour s'excuser et ses doigts finirent par se saisir d'une mèche avec laquelle il joua nonchalamment. J'avais fini par comprendre qu'il avait un véritable problème avec mes cheveux : plus la confiance s'installait, plus il s'y aventurait, les examinait, comme pour déterminer leur couleur exact ou simplement tester l'élasticité de la boucle.

-Tu sais, je peux repousser avec Julian ... Je peux y aller demain.

-Ça fait déjà deux jours que tu dois lui rendre ça, objectai-je en levant les yeux au ciel. Ça va aller ... D'ailleurs je veux toujours interroger ton père sur les carnets qu'on a trouvé dans le grenier, ce sera l'occasion ... Et arrête de stresser, je vais finir par vraiment croire qu'il y a quelque chose qui ne va pas !

-Mais tout va bien, s'empressa de m'assurer Simon. Je ne veux juste pas avoir l'impression de t'abandonner face à eux ...

A la fois amusée et touchée, j'eus un petit rire avant de me pencher vers lui et de poser mes lèvres sur les siennes pour définitivement le rassurer. Avec un soupir qui sonnait comme une reddition, Simon aventura ses doigts plus franchement dans mes cheveux avant de les glisser sur ma nuque. J'aurais pu très facilement me laisser tenter par ce baiser, complètement emportée par les frissons, mais mes doigts demeuraient scotchés à la machine et je finis par m'écarter avant de perdre de vue ce pourquoi j'étais venue – et pour une fois, il ne s'agissait pas de Simon.

-Allez, file. On se revoit demain, l'entrainement est annulé ...

-Encore ?

Je haussai les épaules, ne sachant si j'étais contrariée ou soulagée par la chose. Nous étions dans le flou total depuis l'évacuation de l'Ovale en début de semaine mais d'après les pages sportives de La Gazette, la Petite Ligue était menacée pour porter toute la protection sur la Ligue professionnelle. Les sourcils de Simon se froncèrent ;

-Hum ... Tu veux que j'envoie une lettre à Leonidas ?

-Non, je finirais bien par avoir des nouvelles ... par contre, je vais me renseigner sur La Voix du Chaudron, je suis curieuse de voir ce à quoi peut ressembler une ligne éditoriale qui n'est pas celle de La Gazette ...

-C'est vrai que ça m'avait intrigué quand ils en ont parlé, avoua Simon. Puis Julian a lâché que mon frère sortait avec ta prof d'étude des moldus et tout est parti en vrille ...

Mes doigts s'agitèrent compulsivement sur les touches et mon regard tomba sur la dernière phrase que j'étais en train d'écrire. « Culturellement, le temps s'est arrêté pour la communauté magique ». Ils nous avaient également tant séparé des moldus qu'ils étaient devenus une espèce à part, une espèce qu'on étudie, pas avec laquelle on cohabite. Je pris un parchemin à l'aveugle pour rajouter cette réflexion et répondit distraitement à Simon :

-Et bien profites-en pour l'interroger un peu ... et file, bon sang !

-Rôh, j'y vais ... A demain.

Il me pressa fugacement l'épaule avant de prendre son sac et d'enfin partir. La porte n'avait pas encore claquée en bas que je m'étais remise à la rédaction, sans me soucier du temps qui défilait où du soleil qui disparaissait derrière les arbres puis l'horizon. J'avais juste pris le temps d'allumer la pièce de ma baguette lorsque la luminosité fut insuffisante. Le tas de feuillet à côté de moi s'épaississait, prenait de la consistance mais d'envola quand je sursautai après qu'une voix ait claironné :

-Tu es toujours là ?

-Rose !

Je me penchai pour ramasser mes feuilles, paniquée à l'idée de perdre la moindre d'entre elle. Rose, toujours de cape vêtue et un sac au creux du coude, se pencha pour m'aider à les récupérer, visiblement contrite.

-Oh la la, désolée... Je ne pensais pas te faire peur, je suis seulement étonnée que tu sois encore là à cette heure-ci ...

-Quelle heure ... ?

Je contorsionnai mon poignet pour jeter un coup d'œil à ma montre : il était presque vingt-deux heures. Je clignai des yeux, soufflée. J'étais restée le nez collé à ma machine plus de deux heures.

-Oula.

Un sourire retroussa les lèvres de Rose et elle me tendit mon paquet de feuille sommairement rassemblé. Elle avait toujours un chapeau de sorcière vissé sur sa tête et surplombant un chignon sophistiqué qui retenait ses cheveux bruns sur sa nuque.

-Oui, en effet ... tes parents vont s'inquiéter, tu ferais mieux de rentrer. Viens, je te raccompagne.

Et elle posa une main douce sur mon bras, une main qui me rassura comme le sourire maternel qu'elle m'adressa. Rien n'avait changé, j'avais l'impression de rester la petite Victoria qu'elle avait pris sous son aile le jour où elle m'avait appris que j'étais une sorcière. C'était de sa bouche que je l'avais appris, elle qui avait prononcé les mots fatidiques, elle qui m'avait soutenu depuis. La montre sur laquelle je venais de lire l'heure, c'était elle aussi. J'avais toujours la lettre qui l'avait accompagnée, cachée dans le dictionnaire de rune à côté de celle que ma mère m'avait envoyé l'année dernière après avoir appris qui elle était vraiment.

Je remballai mes affaires, rangeai soigneusement mes feuillets et la machine dans sa boite et suivis Rose à l'extérieur de la bibliothèque. Je pris un instant avant de m'aventurer sur l'escalier et le dévalai si vite que j'en dépassai Rose. George était assis sur le canapé, La Gazette déployée devant lui. Le journal s'abaissa dès qu'il m'aperçut pour me dévoiler son grand sourire.

-Mais c'est notre petite cachotière ...

Je ne sus quoi répondre à la pique et aux yeux étincelants de George et me contentai de rougir. Il replia son journal sur lui-même et se leva, toujours avec cet immense sourire qui fendait sa barbe de rouille et de fer. Rose soupira derrière moi.

-Oh, laisse-la tranquille ... elle doit rentrer chez elle ...

-Tu ne veux pas dîner ici ? proposa gentiment George, le regard pétillant. Il me semble que Simon a dit qu'il rentrait et ...

-Vous voulez vraiment le voir de vos propres yeux, compris-je, vaguement amusée.

George ne chercha même pas à nier et s'esclaffa joyeusement. Ses éclats de rire me réchauffèrent le cœur. J'ignorais quand j'avais vu George Bones si heureux. Peut-être jamais, maintenant que j'y pensais : c'était une personne que j'avais toujours considéré comme douce, bienveillante, un peu maladroite dans ses propos et ses gestes mais jamais complètement expansif.

-Oh que oui !

-Mais il me semble que Simon a dit qu'il dînait avec Julian, rappela Rose d'un ton pincé avant de pousser un soupir. Bon sang, je savais que j'aurais dû insister pour qu'il ait un autre tuteur ...

La phrase jeta un froid dans la pièce et me glaça les veines. Le rire de George mourut sur ses lèvres et il jeta un long regard acéré à sa femme.

-Julian a été impeccable de discrétion jusqu'à ce que ce soit Simon qui comprenne et vienne lui parler. Lui, de son propre chef. Tu ne peux rien faire contre sa volonté.

-Mais il ... Enfin, George, tu sais que ...

-Non justement, je ne sais plus rien. Il a changé par rapport à ça et je ne l'ai pas trouvé particulièrement bouleversé quand il est sorti du grenier avec Lysandra. Au contraire, même ...

Son regard glissa sur moi et je hochai la tête en signe d'assentiment, soulagée que George ait perçu la même chose que moi. Oui, quelque chose avait changé dans le grenier. Quelque chose qui lui avait fait accepter, qui avait enfin recoller les morceaux épars de son identité. Quelque chose qui lui permettait d'aller dîner chez Julian Shelton sans que je ne lui tienne la main ... Mais les lèvres de Rose se pincèrent et elle croisa les bras sur sa poitrine.

-Oui mais à quel prix ... ? On ne sait pas les conséquences que ça peut avoir sur lui, il est instable avec cette histoire ... Aujourd'hui ça va, mais demain il risque de vouloir partir en croisade ou de nous faire une dépression ...

-Je ne crois pas, objectai-je en douceur. Je pense que ça fait plusieurs mois qu'il est sur la même dynamique et ... Rose, je pense qu'il s'est enfin stabilisé. Il faut le laisser faire, maintenant ...

-Et si jamais les choses tournent mal on sait maintenant qu'on peut à cent pourcent compter sur Victoria pour nous aider, ajouta George en mettant une main sur mon épaule. Enfin, on le savait déjà avant, mais il y avait toujours le risque que l'aide se traduise par un coup ...

-Le risque existe toujours, ne vous en faites pas, plaisantai-je avant de me rétracter devant le visage figé de Rose : enfin pas de vrai ! C'est bon, c'est fini l'époque où je lui cassais le nez ... Depuis longtemps.

Maintenant que j'y songeais, depuis très longtemps. Le dernier vrai coup que j'avais porté à Simon était une gifle la veille de son anniversaire, après qu'il soit revenu de France en m'ayant laissé faire tout l'été le deuil de Cédric seule. Et même cette gifle était un cas isolé dans la période, le coup d'encore avant remontait si loin que je ne sus le retrouver. George essuya un petit rire et me pressa l'épaule.

-Mais on sait, ne t'en fais. Nous ne sommes pas aveugles non plus, on a bien vu que ça allait mieux entre vous ...

-Mais de là à en arriver là ..., ajouta Rose d'un ton prudent. C'est ... improbable, il faut le dire.

Ce fut peut-être mon imagination. Ou peut-être étais-je toujours influencée par les doutes de Lysandra. Mais il me semblait que par-dessus ma tête, George jeta un regard sévère à sa femme qui contracta brusquement la mâchoire, comme pour bloquer sa pensée. Mais l'impression fut fugace et avant même que je n'eus le temps de m'interroger, elle me sourit.

-Cela dit, on est curieux de voir ce que ça va donner ... Bon, je suis épuisée, je monte me coucher ... Bonne nuit, rentre bien !

-Et je te raccompagne, je veux vérifier que tu transplanes bien, renchérit George en me faisant pivoter vers la porte d'entrée.

Je fronçai les sourcils. D'habitude, je transplanai seule dans le jardin entouré par les champs et les pâturages – là où personne ne pouvait voir la magie. Mais George me mena d'une main ferme jusque la terrasse qui bordait le fronton de la maison, avec quelques mètres plus loin la rue qui se perdait dans l'obscurité grandissante. D'un coup de baguette, il alluma les lumières extérieures et sa main se détendit sur mon épaule.

-Il ne faut pas en vouloir à Rose d'être inquiète, souffla-t-il une fois la porte refermée. Depuis quinze ans, elle a vu Simon faire crise sur crise dès qu'il s'agissait de ses parents ou de ses frères. Et c'est elle qui a dû toutes les essuyer, les gérer, le gérer ... moi ... moi je n'étais pas assez fort pour ça.

-Je comprends, affirmai-je, à moitié sincère. J'espère juste ... enfin, qu'elle ne va pas ... m'en vouloir ...

Les mots refusaient à s'aligner correctement, mais George eut un sourire indulgent. Sa bienveillance m'apaisait et me rassurait : de toutes les personnes qui avaient appris la nouvelle, il était de loin celui qui avait la réaction la plus appréciable à mon sens. Lysandra était restée froide, mon père avait craint de me perdre, ma mère répétait qu'elle attendait de le voir et Alexandre avait un brin surréagi. George paraissait être le seul à être simplement heureux pour nous.

-Rose a une relation privilégiée avec Simon, murmura-t-il, comme s'il craignait que sa femme l'entendre. Personnellement, je n'ai jamais su m'immiscer entre eux. Personne n'a pu. Sauf toi. Il faut juste le temps qu'elle s'y habitue ... mais ça se fera. Elle t'adore.

La réponse ressemblait beaucoup trop à un « oui mais » pour me rassurer complètement. Je croisai les bras sur ma poitrine et frottai la peau hérissée de chair de poule. Pourtant, l'air était doux en ce début de mai : le ciel était clair, dégagé, les branches des arbres aussi immobiles que des statues et la lumière tamisée du porche n'éclipsaient pas les étoiles.

-On verra, éludai-je finalement. Je pense que tout le monde a besoin de temps pour réaliser ...

-Pas moi. Je dirais même qu'il y a un moment que j'ai assimilé.

Je levai les yeux au ciel, un brin gênée par le sous-entendu. Même George, qui paraissait si réservé la plupart du temps, si en retrait, parfois maladroit et bourru, l'avait vu. Avais-je été aveugle à ce point ? Plutôt que de débattre avec moi-même, je descendis la volée de marche qui me séparait de la route et me retournai pour faire mes adieux à George lorsqu'une question d'une nature complètement différente me revint.

-George ? Dans le grenier, on a trouvé des carnets qui appartenait à votre père ... Nicholas je crois ...

Un sourire fit frémir sa barbe. Il s'adossa nonchalamment à une poutre. La nuit était complètement tombée et la lumière de la terrasse découpait sa silhouette en contre-jour, pourtant je perçus nettement l'étincelle nostalgique de ses prunelles vertes.

-Oh ... Tu l'aurais aimé mon père. C'était ma mère la grande juriste dans la famille, elle était au Mangemagot, influente, des horaires de dingue ... Alors mon père s'occupait de nous. Il avait un poste modeste dans les archives magiques. Il adorait son travail et dans la fin de sa vie il s'est mis à faire des propres recherches et à se rêver historien. Il n'a pas eu le temps de réaliser son rêve ...

-C'est ça qu'il y a dans ses carnets ? Ses recherches ?

George opina du chef.

-Il y en a un peu partout, dans la bibliothèque, le grenier ... Chaque fois qu'on bouge quelque chose dans cette maison, on retrouve un feuillet de mon père. Il ne chômait pas ...

-Et il travaillait sur quoi ?

-Il a beaucoup retracé les origines de notre famille, répondit George et sous mes yeux je revis l'arbre généalogique finement tracé des Bones. Mais sur les dernières années ... Je crois que c'était Terre-en-Landes, son thème. C'était un fort village sorcier, tu sais ? Je crois que ça l'intéressait de comprendre ... comment on a pu y arriver là.

Il m'adressa un nouveau sourire, celui-là si tendre que mon cœur s'en serra. Difficile de croire que je l'avais vu dans cette même maison hurler contre Rose à propos du retour de Voldemort, plus d'un an plus tôt. La plupart du temps, George Bones était la douceur même. C'est le sourire qu'il fait à Susan, réalisai-je, saisie, si bien que la suite vint avec un naturel qui me ferma la gorge :

-Tu peux y jeter un coup d'œil si ça t'intéresse, me proposa-t-il avec douceur. Après tout ... maintenant tu fais officiellement un peu partie de la famille.

***


Quel sucre définitivement ce George vous ne trouvez pas ?

J'espère que vous avez aimé le chapitre !

Oui la guerre me sert bien pour expliquer l'effacement du Quidditch mais honnêtement je n'ai pas le temps pour tout traiter ! Parfois je regrette un peu je pense que j'aurais dû sacrifier soit l'Ordre soit le Quidditch .. m'enfin c'est pas grave !
Cazolie

Profil sur Booknode

Messages : 3889
Inscription : mer. 21 nov., 2012 3:03 pm

Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

COUCOU

Sous la magie noire, ça l'air fun

Hahahah c'est canon cette histoire d'inferius ? non parce que c'est hilarant
Et comment on évite ça maintenant que notre meilleur informateur est à Azkaban ?!
Boh c'est eux qui l'ont, est-ce que c'est si important d'avoir un informateur maintenant ? (sur ce point là je veux dire)
Simon émergea alors du couloir, le nez couvert de suie et les cheveux pointant dans tous les sens.
Dommage :lol: :lol: :lol:
-Qu'est-ce qu'elle t'a fait que Victoria ne t'a pas fait encore ? s'amusa notre ancien professeur.
:lol: :lol: :lol:
De façon très insidieuse, je sentis quelques regards converger vers moi
Pourquoi donc Victoria
Je crois que j'ai lu ce chapitre sur Wattpad donc en vrai je sais mais voilà :lol:
-Ton grand-père a assuré à Dumbledore qu'on pouvait lui demander son arbitrage pour quelques missions
J'avoue, s'il a pas envie d'être laissé tranquille Victoria n'y pourra pas grand chose
-La sieste.

-Finir mon chocolat.
On diriat les élèves de 3e pendant leurs oraux
Je baissai les yeux sur nos jambes, beaucoup trop proches l'une de l'autre puis croisai de nouveau le regard de mon ancien professeur, qui nous fixait avec un sourire entendu
Hahahahah nan mais ils sont tellement pas discrets aussi
-Pas de bêtises, lança malicieusement Remus.
MaIs EnFiN ReMuS
-Oh, ne me dis pas que Tic et Tac font cric-crac ?

-Pod ? Tu es un porc.
:lol: :lol: :lol: :lol:
c'était dans son esprit qu'avait semblé écrit en toute lettre bien visible pour mon grand-père « JE SUIS AVEC VICTORIA ».
Mais Simon :lol: :lol: :lol:
-Oh. Désolée perelko, on n'a plus de chocolat.

-Ils sont ensemble !

-Papy !
Quel gamin :lol: :lol: :lol:
-Et qu'est-ce que ton « pasteur de père » dit de cela ?
Rien, la petite cachottière
-Vous allez finir par dîner ici, évalua ma grand-mère en consultant sa montre. Ça tombe bien, ton frère devait venir ...
CA PROMET
Il y avait une éternité que je n'en avais pas lu et comme visiblement, le temps était à tuer cet après-midi, j'avais bien l'intention d'en profiter.
Et elle a bien raison
-D'avoir trouvé la personne.
Aaaaaw
Plus complètement maître de soi-même. Oui, c'est cela, on ne s'appartient plus. Et c'est précisément ce qui effraie.
Eeeeeeeeeh je sais pas
Dans le mariage à l'Eglise, on insiste sur la liberté et le fait qu'on peut se rétracter pendant les fiançailles (et donc qu'on se marie librement)
Mais après je vois ce que tu veux dire quand même haha
Mais je trouve ça quand même important de se dire que c'est aussi un choix qu'on repose chaque jour, même quand on a l'impression de ne plus aimer vraiment
j'oublie juste que parfois, les gens ont besoin de temps pour réaliser.
Surtout eux ptdr

Bon je m'arrête là parce que mon train arrive bientîôt, je reprends ce soir

I M BACK
-C'est une poignée de porte, le moustique. Et comme une poignée ne vaut rien sans la porte qui va avec ...
Oooooh
-Même analyse, confirma Miro. Vu la vibration des strates ... c'est de la magie de transport.
oooh
-Claustrophobe ? hasarda Miro en hochant la tête.

Simon ne répondit pas
ARGH
à Poudlard pour tenter d'atteindre le plus grand sorcier de l'ère moderne, Albus Dumbledore .
Spot on
tu sais combien sont morts en peaufinant le transplanage ?
Oh la mort atroce
-Hum ... Vous pourrez répéter mon conseil au gars qui a un œil flippant.
Il est tellement irreverenscieux haha, sa façon de parler me fait trop rire
-Toi ! Je t'attendais la semaine dernière, mon crapaud, où tu étais ?
Mon crapaud :'))
J'aime trop leur relation !
Mais tu as plus une tête d'écureuil que de poisson.
C'est pas Tic et Tac pour rien
Quoi de neuf chez vous ?
BEAUCOUP
-Oh Merlin, lâcha Simon, estomaqué. Je ne sais pas ce qui m'horrifie le plus entre l'idée d'un mariage ou le fait qu'il doive demander la permission.
Pouehehehheh
-Donc si elle veut se marier, c'est elle qui m'en offrira une parce que je suis une personne vénale et bassement matérielle, conclut Alexandre avec dérision
Ah je l'aime trop :lol: :lol: :lol:
-Oui, je pense que ça se fera sans nous, confirmai-je précipitamment.
De toute façon, officiellement, Simon n'a rien à faire là :lol: Pourquoi *l'ami* de Victoria serait invité ? Même Victoria tume diras, c'est que la soeur du copain de la soeur du fiancé
-Polonaise indigne ! Bon crapaud, j'écoute le rapport. On commence par quoi ?

-Par le 13 août 1981.
Oups T.T
-Voilà ! Un peu bizarre, il ne parlait presque pas ... Il restait dans son coin et avec des copains on s'amusait à ...
Oh Alex tais toi T.T
-Simon. Qu'est-ce qui se passe ?
DIX ANS PLUS TARD Alex est enfin sérieux, faut pas être pressé
c'était la première fois qu'il avouait tout à quelqu'un, de son plein gré, avec ses mots.
Tu veux tous nous tuer ou quoi Perri T.T T.T T.T
Alexandre contourna la table et l'entoura dans une étreinte qui l'englouti complètement.
Ca me donne envie de pleurer c'est trop chou
Après un an à le soutenir à bout de bras, j'avais l'impression de franchir avec lui une ligne d'arrivée.
Tu m'étonnes qu'elle est soulagée, ça devait être tellement lourd
-Je pense surtout qu'il espère trouver ces couilles, mais une petite canaille les lui a brisés à onze ans.
Je me souviens avoir lu cette phrase sur Wattpad et elle m'avait éclatée :lol: :lol:
-Sympa de rappeler ça alors que mon anniversaire est dans dix jours ! lançai-je joyeusement.
Hahahahaha
-Et puisque qu'après ça tout semble plus facile ... tu me permets de continuer sur ma lancée ?
POUAHAHAHHAHA

Bon du coup j'enchaîne
-Simon Bones ? répéta ma mère, ahurie. Le gringalet blond que tu tapes depuis que tu as l'âge de le faire ?
JE HURLE J AI LU "QUE TU TE TAPES" HAHAHAHAH
-Mais enfin, Edward ! Ils ont mis dix-huit ans à en arriver là, tu crois vraiment qu'ils ont déjà couché ensemble ? C'est ta fille, bon sang, tu n'arrêtes pas de t'en vanter alors accorde-lui un peu de crédit !
Au moins on parle de tout sans tabou dans cette famille :lol: :lol:
Avec un pincement au cœur, je songeais à Simon qui devait être en ce moment même en train d'avoir la même conversation avec ses propres parents.
Alors, va-t-on voir Rose débarquer comme une furie et assassiner Victoria ?
comme pour caresser le souvenir de l'arrondi qui m'avait un jour dissimulé.
Tout est joli et symbolique dans cette phrase
Tout le monde s'accordait à dire que j'étais la reine de la fuite, mais la vérité était que j'étais que l'élève – et le maître était mon père.
Ah sérieuuuux j'avais jamais perçu ça d'Edward
L'absence de luminosité rendait ses pierres ordinaire couleur miel un peu grise et sa tour carré, dans un style très anglo-saxon, se fondait presque dans le ciel tapissé de nuage qui ne semblait pas avoir fini de déverser ses larmes.
Arrêêêête avec tes belles descriptions j'ai envie d'être à la campagne
Que c'est un garçon que j'aime beaucoup et que je serais vraiment honoré qu'il entre un jour dans la famille.
Aaaaaw
-Ça fait entrer un peu trop de magie dans ton monde, c'est ça ? Moi ... Mel ... Simon c'est la goutte de trop ?
Moins aw
je découvre que ma petite fille est une femme et qu'un homme va me la prendre ...
Mais pauvre papou
-Ce n'est pas un homme, c'est Simon.
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
Il était tellement plus ...
MERCI d'enfin arrêter de se VOILER LA FACE
Eden et moi qui continuions à nous entrainer et le Batteur qui n'était là que pour jouer le speaker.
Ouais il sert à rien quoi :lol:
Le sport, pourvoyeur d'oubli, était en train d'être perverti.
#byeByeLesSportifsRusses
Des athlètes israéliens ont été assassiné par des terroristes palestiniens. Terrible.
Ah la vache, je l'ai su un jour mais j'ai complètement oublié
Je lui avais bien envoyé Archimède pour lui assurer que mon père était l'homme le plus formidable sur terre qui soit, mais je n'avais pas reçu de réponse.
Comment il lui a lâché un vu
J'ai décidé qu'être sorcier ne me ferait pas renoncer à mon rêve ...
C'est vrai ça, rien ne les en empêche en fait
mais cette fois il se contenta de sourire et de lever le pouce.

-C'est bien, Barbapapa. Profite. La vie est courte.
I est vraiment sympa Arnold :')
Je relevai le nez de la machine à écrire pour voir la tête de Simon dépasser de l'embrassure de la porte
COUCOUUUUUUUUUU
-Encore une dizaine de chapitre, je dirais ...
Beaucoup quoi
Oh la la, tu as vraiment un problème avec « discours ». C'est un « s » au bout, pas un « t », espèce de minus.
Hahahahahahahahahahahaha pardon Perri :lol:
J'aurais pu très facilement me laisser tenter par ce baiser, complètement emportée par les frissons, mais mes doigts demeuraient scotchés à la machine
Oh alleeeeeeeeeez
Je contorsionnai mon poignet pour jeter un coup d'œil à ma montre : il était presque vingt-deux heures. Je clignai des yeux, soufflée. J'étais restée le nez collé à ma machine plus de deux heures.
Si j'étais aussi motivée, j'aurais déjà fini mon mémoire
Je ne sus quoi répondre à la pique et aux yeux étincelants de George et me contentai de rougir
La réaction de George est vraiment celle qui m'inquiète le moins
-Tu ne veux pas dîner ici ? proposa gentiment George, le regard pétillant. Il me semble que Simon a dit qu'il rentrait et ...
Après 22h ? C'est quoi ces faux Anglais ?
-Pas moi. Je dirais même qu'il y a un moment que j'ai assimilé.
Poueheheh
-Tu peux y jeter un coup d'œil si ça t'intéresse, me proposa-t-il avec douceur. Après tout ... maintenant tu fais officiellement un peu partie de la famille.
Aaaaaw <3

C'était deux super chapitres Perri, beaucoup de révélations ahah
Vraiment, j'aime trop la relation Simon-Alexandre
Et j'ai particulièrement aimé le passage entre Vic et son père ! Je trouve ça admirable que tu aies réussi à tisser une relation complexe entre eux comme ça. Ca peut être difficile de donner du caractère aux parents, qu'on ne voit que rarement dans la logique HP, donc je suis admirative
Rose m'inquiète par contre haha

T'inquiète pour le Quidditch, tu présentes ça de façon super logique en plus !
cochyo

Profil sur Booknode

Messages : 2569
Inscription : dim. 28 juin, 2015 2:26 pm

Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par cochyo »

Alors je commente avec un tout petit peu de retard (vraiment quasiment indécelable)
J’adore la direction qu’à prit l’histoire Même si le quidditch me manques un peu ;)
Ah et j’adore toujours Simon XD
A la suite !
Répondre

Revenir à « Fanfiction »