Ombres et Poussières [Harry Potter]

Vous écrivez une fan fiction et vous voulez la partager avec la communauté Booknode? Faire vivre à vos personnages favoris des aventures inédites?
Alors postez vos textes ici afin qu'ils soient bien différenciés des essais classiques tout droit sortis de l'imaginaire d'autres booknautes.
cochyo

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par cochyo »

Génial ce chapitre !!
Pensée déprimante de la soirée : un tiers de la salle mourra au moins avant la fin de la guerre.
Super fin !
Scandium

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Scandium »

Hey !

J'ai vu que t'avais pas beaucoup de commentaire en ce moment, ça m'a rendu triste ! Du coup je voulais juste dire que tes chapitres sont aussi intéréssants et bien écrits que d'habitude, vraiment ! J'aime toujours retrouver cette atmosphère de la resistance qui s'organise, la guerre, tout ça tout ça... Et Simon et Vic qui se rapprochent ... Je les adore

Voilà, c'est tout déso. J'ai pas vrmt la tête à faire des longs commentaires en ce moment ... Mais sache que tu gères de fous, comme d'hab !!
Perripuce

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

BONJOUR TOUT LE MOOOONDE

Trop de chose à dire aujourd'hui

Déjà : UNE BONNE ANNEE ! 2020 s'en est allé ENFIN et j'espère que 2021 vous réservera que de la joie, du bonheur et des bonnes nouvelles ! Immense Keur sur vous <3

Info BN avant que j'oublie : j'ai un compte insta au nom de Perripuce pour mettre des aesthetics de mes personnages, donner des fufacts, des conseils ce genre de choses si ça vous intéresse ! Je me suis mise aux aes depuis cet été et je ne sais pas trop comment les mettre ici donc ça vous permettra de les voir !

Petite chronique sport? Allez !
Foot : Lyon est champion d'automne du championnat grâce à nul miraculeux face à une séduisante équipe de Rennes, mais juste derrière, Paris et Lille (HIIII) sont en embuscade pour chiper la première place après leur relance contre Brest et Nîmes !
Biathlon : Beau week-end pour les français avec la troisième place en relai mixte ET SURTOUT LA BELLE VICTOIRE en relai mixte simple avec Julia et Emilien, franchement relai PARFAIT magnifique et quelle beaaau craquage d'Eckoff (Norvège) ça faisait PLAISIR. Et on a vu Emilien Jacquelin torse nu (quoi?).
Rugby : Toulouse reprend la tête du TOP14 ! Mais une menace plane parce que les coupes d'Europes sont annulées et j'ai peur pour le Tournoi des 6 nations.

___________


Réponses aux commentaires :

Charm' : Merci pour ton com ! C'est un plaisir personnel de pouvoir travailler Remus et le rapport avec ses anciens élèves, c'est mon Maraudeur préféré ! Donc contente que ça te plaise !

Coch' : OOOH YOU'RE BACK c'est tellement bieeeeen ! Merci pour ton com ... hyper réjouissant, ton style m'avait manqué mon petit Coch <3

Chloé : OOOOH t'es trop mignonne ! Merci, ça me fait plaisir que ça continue de te plaire, et c'est pas grave si t'as pas la tête à ça, je comprends, prends soin de toi ! <3
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Voilà, bonne lecture ! Le chapitre est pour Chloé, parce qu'elle est trop mignonne, qu'elle le mérite et qu'il y a son homonyme dedans <3


Chapitre 7 : Un train à prendre.

Dans les faits, nous avions parlé jusque tard dans la nuit, de tous les sujets qui pouvaient éloigner ses pensées de sa famille et lui assurer la paix avant de trouver le sommeil. Pas aussi gênant que je l’avais craint mais je m’étais tout de même sauvée à l’aube, incapable de me dire si la situation était normale ou non. Je me souvenais avoir eue exactement la même sensation de gêne l’année dernière, après que j’aie été confronté mon grand-père. Simon m’avait accueilli, soutenue, aidé … Mais le lendemain, j’avais repensé au fait que je sortais avec un autre garçon qui n’aurait certainement pas apprécié que je passe la nuit avec lui. Maintenant, il n’y avait plus d’autre garçon, mais la sensation demeurait.

Cela dit, mon soutien parut donner la force à Simon de passer la semaine sereinement et le 13 août se passa sans crise. J’y veillais en l’emmenant toute la journée en vélo avec Chloé, si vite et si loin qu’il s’écroula épuisé dans son lit le soir venu.
Après ça, les vacances filèrent à une vitesse folle. Entre le Quidditch et les préparations à l’entrée dans l’Ordre, je ne voyais aucune de mes journées passées. Lupin nous avait fait ensuite passer des exercices de dissimulation qui se résumaient presque à une partie de cache-cache dans l’appartement des jumeaux. Simon, aidé par ses grandes capacités, était l’un des meilleurs à ce jeu alors que les Weasley peinaient tous deux à tenir en place et que Renata se trouvait bloquée par son manque de créativité. Et je m’étais cognée la tête en tombant de la poutre sur laquelle je m’étais perchée, causant l’hilarité absolue de mon grand-père lorsque je rentrais chez moi, un pan de glace plaquée sur mon front.

-Comment tu t’es fait ça, perelko ?
-Je suis tombée chez des amis, éludai-je en m’asseyant lourdement sur le canapé. Mamy est là ?

Mon grand-père me lança un regard pénétrant, si pénétrant que je me forçai à vider mon esprit de toute pensée. Miro n’était pas à strictement parler dans l’Ordre du phénix – il avait juste accepté de se tenir prêt si un jour Dumbledore avait besoin de lui. Je doutais qu’il connaisse réellement l’organisation et je ne tenais pas à ce qu’il sache que j’en faisais partie.

-Dans la cuisine avec ta mère. Du thé ?
-Du thé, moi, m’esclaffai-je, vaguement amusée par l’idée. Non merci, de toute manière je dois rejoindre mon amie Chloé … Qu’est-ce que tu fais là, d’ailleurs ?

Miro, qui était en train de se servir une dose généreuse de thé, me lança un regard sombre.

-Je rentre de chez les Bones. J’ai tenté de convaincre le moustique de venir faire quelques séances d’occlumencie avec moi mais … la mère a été rétive, dirons-nous.

Je levai les yeux au ciel, désabusé. Jamais Simon ne prendrait le risque de laisser son esprit entièrement à nu et à la merci de mon grand-père – et jamais Rose ne laisserait son précieux fils entre ses mains.

-Il apprendra tout seul à l’IRIS, comme un grand, rétorquai-je avant d’ajouter : et la vraie raison de ta présence chez les Bones ?
-Ma réhabilitation, avoua-t-il avec un haussement d’épaule. Amelia m’avait inscrit sur le registre du Ministère, mais d’après Rose je dois encore passer une audience et jurer qu’en tant que citoyen polonais, je ne … rompe pas les lois de la paix britannique. Comme je suis arrivé illégalement sur le territoire britannique, ils tiennent à vérifier que … je suis clean.
-Mais tu n’as pas été naturalisé il y a dix ans ?
-Côté moldu, oui.

L’idée me dit mal à l’aise. Encore quelque chose qui prouvait que les deux mondes ne s’entendaient pas, ne s’écoutaient pas. Le fait que Miro ait la nationalité britannique côté moldu n’influençait en rien la décision côté sorcier. Je dévisageai les traits tendus de mon grand-père. Il avait taillé sa barbe qui étoffait un menton assez fuyant et des joues que la vieillesse commençait à creuser.

-Ils te prennent pour le Liszka parfait, prodige de Durmstrang et adepte de la magie noire ? devinai-je avec dépit.
-Evidemment. Pourquoi penses-tu qu’il y a une audience ? (Il me jeta un bref coup d’œil de son regard clair, spectrale, la tasse au bord des lèvres). Ils demandent un témoignage pour prouver ma … moralité. Ça te dérangerait d’en faire un ? Tu es une sorcière, ta voix aura plus de poids que celle de ta mère ou ta grand-mère … C’est juste un écrit certifié.

Un goût amer se répandit dans ma bouche et mon regard glissa sur la porte vitrée qui séparait le salon de la cuisine. Ma mère et ma grand-mère discutaient, le visage grave, les traits creusés. Elles étaient toutes deux des femmes admirables, de valeur, des voix que j’écoutais avec attention depuis mon enfance. Mais on leur accorderait que peu de crédit parce qu’elles étaient des moldues … L’idée que les « gentils » dans cette guerre, le Ministère, l’organisation qui luttait contre Voldemort et ses idées nauséabondes, se laissait aller à ce genre de préjugé n’augurait rien de bon pour la suite.
Mon grand-père suivit mon regard et étouffa un grognement de dépit dans sa tasse de thé.

-Et pour tout te dire … Si on est là aujourd’hui, c’est que ta mère a besoin de notre avis sur … quelque chose.
-La rencontre avec les Selwyn, devinai-je avec un pincement au cœur. Elle hésite toujours ?

Contrairement à mon père, qui après réflexion, avait accepté l’idée qui pourtant ne lui plaisait pas. Mais c’était dans sa nature profonde de désamorcer les conflits et il voyait dans cette rencontre l’opportunité unique de le faire. Miro poussa un nouveau grognement.

-Evidemment. Et qui peut la blâmer ? Le fils a essayé de vous tuer tous les deux, ton frère et toi. Je te jure, s’il se présente devant moi …
-Je doute qu’il se présente devant toi de son plein gré, tu sais …

La réplique de Miro fut coupée par l’entrée dans le salon de ma mère et de ma grand-mère pendue à son bras. Ma mère poussa un soupir en me voyant affalée dans le canapé puis poussa un cri de surprise en remarquant ma bosse. Avec une certaine horreur, je vis défiler dans son regards mille scénarios qui auraient pu provoquer cette marque, et tous impliquaient des sorciers.

-Seigneur, qu’est-ce que tu t’es fait ? Qu’est-ce qu’il s’est passé, qui … ?
-Ce n’est rien, je suis juste tombée ! assurai-je précipitamment. Je t’assure, ça va partir …

A contre cœur, je me forçai à sortir de ma poche l’effaceur de bleu que les jumeaux m’avaient donné avant de partir. J’avais hésité à l’utiliser, peu convaincue par son efficacité – et méfiante au possible de chaque cadeau venant d’eux – mais je voulais absolument effacer l’inquiétude des yeux de ma mère. Et surtout, minimiser ses questions. Je versais prudemment la crème sur mon doigt et l’appliquai sur mon front.

-Pitié, ne me dis pas que je deviens bleue …
-Non, il me semble même que ça s’estompe, me rassura Jaga en m’observant.
-Après avoir eu les cheveux violets ce serait le comble …, maugréa ma mère, visiblement calmée. Je pensais que tu voyais Chloé …

Je tâtai ma bosse qui rétrécissait presque sous les doigts.

-Après, quand cet œuf aura disparu. Où est papa ?
-A l’église.

Je haussai les sourcils face à son regard fuyant, presque coupable. Puis je vis mon grand-père s’enfoncer dans son siège et noyer son regard dans sa tasse de thé et je compris. Mon père peinait encore à rester dans la même pièce que mon grand-père depuis les révélations du printemps dernier. Ma mère avait dû calculer pour que son père vienne au moment où son mari était occupé.
Visiblement crispée, ma mère s’assit sur un fauteuil et se servit à son tour une tasse de thé.

-Alors papa, qu’est-ce que tu en penses, finalement ?
-Je te l’ai déjà dit la première fois que l’idée a été mise sur la table, Marian. Ça n’arrivera pas sans moi.
-Oh, papa, soupira ma mère en levant les yeux au ciel. Ne cherche pas, ça n’arrivera pas, tu vas jeter de l’huile sur le feu. Ça se fera ou non, mais ça se fera sans toi.
-Alors c’est hors de question ! Comment veux-tu que je … ?
-Marian, l’interrompit ma grand-mère d’un ton neutre, l’important ce n’est pas ce que nous en pensons, mais ce que tu en penses toi. Tu veux vraiment rencontrer ces gens ?

Les doigts de ma mère se figèrent sur la hanse de sa tasse en porcelaine – le service délicat de mon arrière-grand-mère paternelle qu’elle avait reçue en cadeau de mariage. D’ordinaire, elle le sortait plus volontiers lorsque ma grand-mère Anne venait car elle adorait exposer cet héritage qu’elle n’avait pas eue sous son nez.

-Je n’en sais rien … Alexandre et Melania ont vraiment l’air d’y tenir – ce qui montre le sérieux de leur relation … Edward pense que ça pourra apaiser les conflits …
-Le problème ce ne sont pas les parents, mais le fils aîné, rappela Jaga en dressant un sourcil. En quoi rencontrer les parents apaisera-t-il le feu du petit Nestor ?

C’était bien aussi mon objection à cette rencontre. Je ne voyais pas comment cela pourrait arranger les choses concernant Nestor. La seule chose qui le pourrait serait de le mettre derrière les barreaux d’Azkaban mais là encore la solution n’était pas satisfaisante. George avait laissé entendre que la prison n’était plus si sûre depuis que les Détraqueurs l’avaient désertées. Notre regard à ce moment avait glissé vers Simon, occupé à lire plus loin.
Jugson était enfermé pour l’instant, mais que se passerait-il le jour où il pourrait quitter cette île ?
Je chassai l’idée de mon esprit et me concentrai sur le visage tiraillé de ma mère. Elle contemplait sa tasse de thé comme si elle pouvait lire la réponse dans le liquide chaud et brun.

-Je veux protéger Alexandre, maman, de tout mon cœur, souffla-t-elle sans lever les yeux. Et je me sens tellement impuissante à le faire devant toute cette magie … Je ne sais pas. Cette rencontre, évidemment que c’est infime et que ça ne changera pas le cours de l’histoire mais … Seigneur, c’est la seule chose que je puisse faire.
-Laisse-moi être là et on protégera Alexandre plus efficacement.
-Bon sang, papy, laissai-je échapper, excédée. Je doute que ce soit intelligent de révéler à une puissante famille de suprémaciste que tu es un sorcier. S’ils l’apprennent, ils vont fouiner, tout découvrir, c’est ce que tu veux ?
-Exactement ce que je lui ai dit, soupira ma grand-mère avec d’appuyer sa remarque d’un regard sur Miro. Nous ne tenons pas à ce qu’ils déterrent Agata, tu ne crois pas ? Ils pourraient s’en servir contre nous.
-Agata n’est qu’un souvenir ! s’écria-t-il avec un geste impatient de la main. Ma croix, ma croix personnelle et j’accepterais volontiers qu’ils me la revoient à la figure si ça me permet de mieux protéger ma famille ! Et elle le sera mieux si ces gens comprennent qui je suis …

Les yeux de ma mère se plissèrent.

-En sommes, tu comptes … les menacer ?
-Pas verbalement, mais …

Ma mère abaissa brutalement sa tasse de thé et foudroya son père du regard. Elle avait les mêmes yeux que Jaga – sombre et étincelants, expressifs.

-Bon sang, papa ! Tu vois, je te l’avais dit : tu vas mettre de l’huile sur le feu et on ne veut pas de ça ! On veut éteindre le feu, l’étouffer ! Alors très clairement, si ça se fait ça se fera sans toi ! Je te tiendrais au courant de l’évolution, mais il est hors de question que tu assistes !
-Je suis ton père, Marian ! Je ne le suis peut-être pas par le sang, mais je le suis par le cœur et crois-moi c’est ce qui importe ! Et ça me donne le droit de …
-Perelko, chuchota ma grand-mère en prenant le bras. Tu devrais rejoindre ton amie. Partis comme ils le sont, on en a pour quelques heures …

Je hochai la tête, presque fascinée par la dispute qui s’étoffait entre père et fille et qui me rappelait étrangement les grands affrontements entre ma mère et Alexandre. Pas de toute, le feu et la fureur de Marian Bennett lui venait de Miro.
Je pris ma veste sur le bras du canapé et m’éclipsai discrètement alors que les cris montaient crescendo. Je ne tenais pas à prendre part à ce débat, de peur qu’Alexandre m’accuse une nouvelle fois d’ingérence dans les intérêts familiaux. La remarque me brûlait toujours comme de l’acide. Tout ce que j’avais voulu faire, c’était les protéger. Puis je me rappelais que c’était exactement le but de mon grand-père et qu’au nom de ce principe, il était capable de faire pire que mieux. N’était-ce pas ce que j’avais fait ?
Passablement morose, je passai la porte du seul café de Terre-en-Landes, bondé en cet après-midi de match que diffusait la télévision installée dans la pièce. Chloé était installée de sorte à pouvoir suivre chacune des actions, ses cheveux bruns tirés en queue de cheval. Deux verres de milk-shake – fraise et chocolat – étaient déjà posés sur la table. La célébration d’un but rendit mon accession difficile mais je finis par m’écraser sur une chaise avec un soupir.

-Pas trop tôt, je pensais que tu … Oh mais attends, c’est quoi ça ?

Elle pointa mon front du doigt et je passai la main sur la bosse qui s’était résorbée mais où une légère brûlure persistait. Peut-être qu’il restait une vague trace du coup.

-Comment tu as fait pour te faire ça ?
-Je suis tombée, c’est tout.
-Nan, je suis sûre qu’il y a autre chose. Bones est impliquée ? Ou alors ton ex ?
-Chloé, persifflai-je en la frappant sur le bras.

L’Ancien, notre dernier poilu qui n’était sourd que lorsque cela l’arrangeait, mangeait son Fish and chips à deux tables de nous, avachi dans son fauteuil roulant. Et pour mon plus grand malheur, mes parents persistaient à l’inviter tous les dimanches pour le sortir de son isolation. Chloé haussa les épaules et sirota son milk-shake à la fraise.

-Vic’, ça ne te ferait pas de mal de parler de ta vie amoureuse à tes parents. Très bien ton père est pasteur, mais Alex a eu des copines et il n’a rien dit, non ?
-Alex est un mec.
-Et alors ? Parce qu’il a le service trois pièces il a le droit d’avoir des relations amoureuses avant le mariage ? Ton père est plus intelligent que ça, je pense. Tu devrais lui faire confiance.

Je ne répondis pas, répugnée à l’idée de devoir lui servir des mensonges pour cacher le fait que c’était l’identité sorcière de ma relation amoureuse qui aurait plus posée problème, et Chloé poussa un soupir de résignation.

-Enfin, ce n’est que mon avis … Mais … Tu n’as plus de nouvelles de ton ex ?
-Non.
-Tant mieux. C’est toujours plus sain de couper les ponts, je trouve … Et tes amis d’Ecosse ?

Mon cœur se serra affreusement. Emily n’avait toujours pas répondu à ma dernière lettre, mais Simon avait reçu un assortiment de bonbons venant de Honeyduckes avec une carte lui souhaitant un joyeux anniversaire – deux jours après celui-ci. Encore maintenant j’ignorais s’il était touché de l’attention, ou vexé par sa distance. Chaque fois que je tentais de parler d’elle, il était le premier à se braquer. « C’est elle qui a dit qu’elle avait besoin de temps », me rappelait-t-il sans cesse. « Si elle veut nous revoir, elle sait où nous trouver ». Je fis tourner mon milk-shake au chocolat dans mon verre.

-Pas trop. (Je jetai un petit regard à Chloé). Tu parles encore à beaucoup d’amis de lycée, toi ?

Elle passa une main dans ses cheveux bruns, les sourcils froncés. Elle avait un an de plus que moi et entrait en deuxième année d’université : inconsciemment et malgré son statue de moldue, elle était quelque peu mon exemple, mon point de repère dans l’avancée dans la vie. C’était elle qui m’avait montré le chemin pour m’imposer dans une équipe ou aider à dédramatiser l’entrée au collège. Moldus ou sorciers, les expériences de la vie restaient les mêmes.

-Quelques-uns, mais peu, admit-t-elle avec une certaine tristesse. Mais ce n’est pas surprenant, ils sont tous à Gloucester et moi je suis partie à Bristol … On ne se voit quasiment plus. Loin des yeux, loin du cœur comme on dit. Mais j’ai quelques gens sûrs que je continue d’appeler et de voir quand je reviens, ça me fait toujours plaisir. Mais c’est vrai que ce n’est plus exactement comme avant …
-Je vois …

J’étais déçue de la réponse, malgré son évidence. Ma situation était étrangement semblable à celle de Chloé. Mon groupe d’ami était complétement éclaté et cela m’arracher le cœur de voir que le destin ne nous était pas favorable … J’avais tenté de prendre contact avec Roger pour recevoir une minuscule note écrite d’une écriture indéchiffrable qui trahissait un certain épuisement qu’il manquait de temps à cause de sa préparation à la médicomagie. L’entrée dans l’âge adulte nous avait tous éclaté aux quatre coins du Royaume-Uni et sans le socle commun qu’avait été Poudlard, je ne voyais pas comment maintenir les liens … Chloé eut un petit sourire et me tapota la main.

-Mais ne t’en fais pas, je me suis refaite un groupe super à Bristol. Et ça m’a permis de faire un véritable tri dans ma vie, de ne garder que les gens qui comptent vraiment et qui se soucient de moi autant que je me soucie d’eux. Ne t’angoisse pas avec ça, vraiment. De toute façon toi, il te restera toujours Bones. Vous ne vous quitterez pas dans que l’un n’aura pas enterrer l’autre. D’ailleurs, c’est vrai que tu lui as offert un guide pour séduire les filles pour son anniversaire ?
-Je trouve sa vie amoureuse triste depuis quelques années, affirmai-je avec un éclat de rire, soudainement ragaillardie. Qui te l’a dit ?
-Susan l’a balancé à mon frère. Si Simon est prêt pour le marché, rappelle-moi de prévenir Tracy, je l’ai toujours soupçonnée d’avoir le béguin pour lui …

Secouée par un fou rire, je m’étranglais avec ma gorgée de milk-shake et Chloé me donna de grandes tapes dans le dos, hilare également. Tracy travaillait justement derrière le bar et venait de débarrasser la table de l’Ancien qui s’était fendu d’une remarque désagréable sur la couleur de ses cheveux, un pourpre que je trouvais agréable mais qui était la marque de la décadence pour le vieil homme.

-Oh mon Dieu je te jure, tu parles d’un scoop, haletai-je, remise de mon hilarité. Je te jure de prendre une photo de Simon quand je lui en parlerais …
-Non mais ça va pas, Tracy va me tuer si tu lui en parles !
-Comme si elle te faisait peur, tiens. Tu es la guerrière du groupe, Chloé. D’ailleurs, séance de sport demain matin ?

Chloé, qui avait amorcé un mouvement pour porter son verre à ses lèvres, suspendit son geste. Elle me jeta un regard désolé.

-Oh, Vic’ … J’ai oublié de te dire … Je prends le train pour Bristol, demain. Tu sais, la rentrée est bientôt et il faut que je réemménage dans ma chambre ….
-Oh.

Je fis de mon mieux pour masquer ma déception. J’avais apprécié retrouver mon amie d’enfance pendant les vacances, nos fous-rire, notre passion commune du sport et de notre amour pour le grand air du Gloucestershire. Cela m’avait permis d’étouffer la douleur liée au silence persistant d’Emily. Chloé aussi parut un instant triste avant de sourire avec enthousiasme.

-Mais puisque tu restes ici, je reviendrais, bien sûr ! Pour Halloween par exemple, on fera une soirée dans le cimetière – ou dans la maison hantée ? Tu te souviens de la fois où l’Ancien a appelé la police pour nos déloger ? Oh, et ça fait tellement longtemps que tu n’étais pas là pour la nuit de Guy Fawkes ! Préviens Alexandre, je veux qu’on fasse un magnifique feu de joie !

Mon cœur s’emballa et des étincelles dansèrent fugacement devant ses yeux. Mes doigts se crispèrent mécaniquement sur mon verre.

-Halloween à la maison hantée me semble être une super idée, abondai-je en me forçant à sourire. Ça marche, je t’attendrais de pied ferme …

Un grand sourire fendit le visage de Chloé et elle tapota ma main avec entrain.

-C’est noté, alors. Et dis à Alex de ramener sa copine. Je tiens à voir le visage de la femme qui m’a volé l’amour de ma vie. Bon, je vais devoir y aller, je dois encore faire mes cartons …

Elle laissa quelques pièces pour payer son milk-shake sur la table et m’adressa un dernier signe de main.

-Bonne chance pour la fac, Vicky.
-Alors là pas question, lançai-je immédiatement, piquée au vif. Tu sais que je déteste qu’on m’appelle comme ça …
-Ça dépend qui, s’esclaffa Chloé avec un immense sourire. Dis au revoir à Bones de ma part !

Les yeux pétillants de malice, elle s’éloigna, fit un détour pour prendre Tracy par le cou et l’embrasser bruyamment sur la joue malgré le plateau de boisson qu’elle portait, et s’en fut joyeusement.


***


Le départ de Chloé avait sonné la fin définitive des vacances. Le temps se dégrada, passant de l’heureux soleil estival à un ciel couvert et menaçant. Ma mère reprit le travail, si bien que je ne la voyais plus de la journée et Simon commençait à préparer sa rentrée pour l’IRIS prévue en septembre. Contrairement à ce que j’avais craint, il semblait excité par la perspective et avait passé une heure à me montrer les maquettes de cours qu’il allait prendre et des recherches qu’il allait entreprendre sous la direction d’un certain professeur Shelton, une pointure en enchantement selon lui. La seule mauvaise humeur qui persistait était celle de Susan, qui allait croissant avec la rentrée. Son visage s’était fermé et à présent c’était contre elle que Rose se battait. L’année précédente avait grandi notre petite Susan dont le caractère s’était développé et visiblement, sa mère ne reconnaissait plus sa petite fille docile et souriante et mettait ce changement sous le compte d’une « crise d’adolescente ».

-Celle de Caroline a été terrible, me raconta-t-elle la veille du départ de Susan pour Poudlard. A quinze ans elle fuguait pour aller voir Andrew en douce, ça donnait des disputes interminables … Mais bon, tu dois connaître ça avec ton frère … Oh mille gargouilles, heureusement que Simon m’a épargné cela …

Ça pour l’épargner, il l’avait épargné, songeai-je alors qu’elle retournait dans la cuisine, agitée. Rose était l’unique personne avec laquelle Simon avait une telle patience, sans doute parce qu’un lien spécial s’était noué entre eux ce maudit soir où elle l’avait sorti du placard. Rose l’avait résumé elle-même en me montrant l’album de famille. « En un sens, j’ai l’impression qu’il ne m’a jamais lâché … ». Mais Simon avait bel et bien eu des crises, simplement ce n’était pas Rose, mais moi qui les avais essuyées. Il les avait épargnées à sa mère.
Des pas firent grincer l’escalier et je levai les yeux sur Susan qui descendait prudemment, pieds nus, ses cheveux auburn pendant autour de son visage. Elle m’adressa un pauvre sourire.

-Ma mère se plaint encore de moi ?
-Je ne savais pas que ma petite Susan était une petite rebelle, me moquai-je en la rejoignant dans l’escalier. Tu as besoin d’aide pour ta valise ?
-Mon Dieu, oui ! soupira Susan en joignant les mains au niveau de son cœur. Je ne sais pas quoi emporter !

Je la laissai la guide jusque sa chambre au premier étage, juste à côté de la bibliothèque. La chambre était plus spacieuse que celle de Simon mais c’était sans doute parce que les murs étaient droits et que la fenêtre ouvrait magnifiquement sur le jardin de derrière. Les murs pastel s’accordaient parfaitement avec l’écharpe de Poufsouffle qu’elle avait accroché au-dessus de son lit. Sa malle était ouverte en grand sur le sol et elle y avait déjà entassé ses robes de sorcières pendant qu’une tonne de grimoire couvrait le lit. Je pris place sur une partie découverte et les observaient un à un.

-Tu comptes garder quelles matières ? lui demandai-je en observant son dictionnaire de runes.
-Sortilège, Métamorphoses, Défense contre les Forces du Mal … J’ai hésité sur la Botanique, mais ça me briserait le cœur d’abandonner la matière de Chourave … Ah et Etude des moldus, bien sûr et l’Histoire de la Magie.
-L’histoire de la magie ? répétai-je, étonnée. Tu t’infliges une nouvelle année de Binns ? Mais tu serais sans doute la seule !
-Non, je ne le serais pas, Anthony Goldestein m’a dit qu’il comptait continuer aussi. Et ce n’est pas tant Binns … Ce que tu as fait ces deux dernières années, ça m’intéresse. Faire des recherches, créer un projet, réfléchir aux événements passés … C’est en étudiant le passé qu’on peut rendre l’avenir meilleur, ce n’est pas à toi que je vais l’apprendre.

Elle m’adressa un sourire éclatant et, prise de résolution, prit son Histoire de magie de Bathilda Toudesac pour le jeter dans sa malle. Le sourire de Susan diffusa une chaleur bienfaisante dans ma poitrine. Peu importait ce que pensait sa mère, ce n’était pas une crise d’adolescente. C’était Susan qui grandissait et la gamine souriante était toujours là derrière la nouvelle rebelle. Je sélectionnai tous les livres sur l’Histoire qu’elle classa dans sa valise avant de demander :

-Ça va aller ? Retourner à l’école ?

Susan haussa les épaules, sans grande conviction.

-Oui, je pense. Je me suis fait des amis l’année dernière. Hannah est très contente de retourner à Poudlard, ça commence à être pesant chez elle … (son visage se crispa et elle ajouta dans un chuchotement : ) Je crois que sa mère a reçu ses menaces. Mais Justin espère être pris dans l’équipe de Quidditch mais avec Smith en capitaine j’en doute. Et Anthony m’a promis de rendre les cours de Binns moins pénibles.

Je haussai les sourcils avant de faire disparaitre les signes de surprise. Ça faisait deux fois que le nom d’Anthony franchissait ses lèvres et je ne pouvais m’empêcher de constater que chaque fois, ses joues prenaient une très légère teinte rose. Je manipulai distraitement L’histoire de Poudlard.

-Anthony, c’est le préfet de Serdaigle c’est ça ?
-Oh … oui. Il était dans l’A.D. avec nous, il était gentil.
-Cool. Je suis contente que tu te sois fait d’autres amis.

Mon ton neutre parut intriguer Susan, qui cessa de replier ses affaires pour m’observer longuement. Son sourire se fana lentement sur ses lèvres.

-Ce ne sera pas pareil, pas vrai ? Poudlard.
-Sans doute pas, admis-je en lui laissant Affronter l’ennemi sans visage, leur nouveau livre de Défense contre les Forces du Mal. Mais ça ne pourra pas être pire que l’année dernière.
-C’est dommage. J’aimais bien l’A.D. (Elle tripota son bonnet aux couleurs de Poufsouffle). En fait, j’ai peur que … Le groupe se délite sans l’A.D. tu vois ? J’ai eu l’impression de créer plein de lien … mais sans nos réunions, est-ce qu’on va vraiment continuer de côtoyer ?

Je refermai le livre que j’étais en train de feuilleter, un sourire incertain aux lèvres. Je redécouvrais là les vieux démons de Susan, qui avait passé la majorité de sa scolarité à n’avoir que son frère et moi comme réels amis. Je me laissai glisser à terre et fis mine de réfléchir.

-Et bien … Je suppose que tu verras Hannah dans ton dortoir … Ernie dans la salle commune … Anthony en Histoire de la magie … Non, je ne vois aucune raison que vos liens se délitent.
-Mais regarde, toi. Tu avais Emily, vous étiez meilleures amies … Pareil pour Simon … Et vous ne l’avez pas eu l’été.
-Et on n’a même pas reçu une lettre, oui, confirmai-je malgré la peine qui me pinçait le cœur. Je suppose que c’est la vie. Je ne pense pas que tes parents parlent encore à leurs amis de Poudlard … (Je lui tapotai la main avec plus de conviction que je n’en ressentais). Toi, tu es encore à Poudlard, tu as encore deux belles années devant toi pour rendre tes liens solides. C’est à l’extérieur que tout explose.

Susan eut un pauvre sourire et frotta son poing contre ses cuisses, qu’elle trouvait toujours trop grosses. Sans doute ce complexe qu’elle avait sur son cœur la freinait encore pour avoir une vie sociale épanouie.

-Et Miles ? demanda-t-elle avec une certaine timidité. Ça a explosé avant la fin de Poudlard …

Le nom me donna un coup au cœur. Le coup était moins violent qu’avant, plus étouffé et ne s’accompagnait plus de la vague de culpabilité qui m’avait assailli pendant plusieurs semaines, mais persistait tout de même. Je fixai les robes de sorcière de Susan d’un regard vide.

-Ça a explosé à ce moment là parce que je voulais éviter une explosion encore plus violente en dehors. Miles et moi, ce n’était pas fait pour durer à l’épreuve de la vie.
-Tu l’aimes encore ?

La question me prit au dépourvu et Susan parut embarrassée.

-Je veux dire, si je t’écoute tu ne l’as pas quitté parce que tu ne l’aimais plus. Tu l’as quitté parce qu’en somme, vous n’avez pas pris le même train. Vous avez des trajectoires différentes. Pas parce que tu l’aimais plus.
-Oh. (Je tordis nerveusement ma chaine entre mes doigts). C’est un ensemble de chose, je pense. Mais non, Susie, je ne l’aimais plus. Pour être parfaitement honnête, je ne suis pas sûre de l’avoir réellement aimé un jour …

J’avais conscience que la phrase était dure et les échos de la vieille culpabilité flottèrent un instant en moi. Susan parut compatissante et posa sa main sur mon genou.

-Ça n’a pas dû être simple, mais je pense que tu as eu raison. Miles et toi étiez mignons, mais … ça n’avait pas l’air d’être le véritable amour, si on veut. Vous méritez mieux …

Très soudainement, ses beaux yeux verts mousses se remplirent de larmes, comme si elle les retenait depuis une éternité mais que soudainement, elle se sentait submergée. Je me dépêchai à ses côtés alors que la première larme dévalait sa joue.

-Susie …
-C’est rien, je suis désolée … C’est juste … Ça va être dure de prendre le train sans vous …
-Oh, Susie-Jolie … ça va être dur pour nous aussi de prendre le train sans toi.
-Quel train ?
-Celui qui mène à l’âge adulte. Tu le prendras dans deux ans. Le problème c’est que contrairement au Poudlard Express, on ne comprend pas réellement où il va … Alors crois-moi, je préférais largement prendre le Poudlard Express avec toi.

Des larmes d’émotion embuèrent mon regard. J’avais l’impression d’enfin réaliser que cette année je ne retournerais pas à Poudlard. Je ne retournerais pas dans le train écarlate qui traverserait la Grande Bretagne jusqu’en Ecosse, je ne referais pas le trajet en diligence pour voir les tours de Poudlard percer les cieux et se refléter dans le Lac Noir, je ne me jetterais pas dans mon lit à baldaquin aux tentures jaunes et rassurantes avec Emily. J’avais beau avoir commencé ma nouvelle vie, avoir commencer le chemin vers l’âge adulte … Arrivée à ce premier septembre, au moment où le train de l’enfance s’élançait sans moi, le changement avait quelque chose de définitif. Susan parut comprendre mon trouble et se jeta à mon cou et je l’en serrais davantage en retenant mes larmes.

-Fais attention à Smith … Qu’il ne ruine pas l’équipe que j’ai crée l’année dernière. Je lui laissé une belle base, qu’il ne gâche pas tout.
-Promis … Grâce à Harry, je suis devenue forte en maléfice, je te promets de lui montrer … Et toi … Bon sang, je le sais que tu le fais tout le temps mais … s’il te plait …
-Ne t’en fais pas, je garderais un œil sur lui. Voire les deux.

***


Elle était là, la belle locomotive rouge déversant sur le quai un panache de fumée qui rendait l’air trouble et les silhouette floues. Aujourd’hui, ce serait la première fois que je la verrais s’élancer vers le nord, sans moi à son bord.
Le quai était étrangement bondé. Malgré les menaces, les familles avaient tenu à être là pour voir leurs enfants partir pour l’Ecosse. Une première année peinait à lâcher son père. Accrochée à son cou et ses pieds pendant à quelques centimètres du sol, elle pleurait toutes les larmes de son petit corps pendant que son père caressait ses longs cheveux, l’air incapable de la laisser partir. Je vis Judy Summerby, son balai à la main, enthousiaste à l’idée d’une nouvelle saison de Quidditch et prête pour obtenir une belle place chez les Harpies de Holyhead en fin d’année. Kenneth me reprocha une nouvelle fois le choix de Zacharias Smith comme Capitaine. Harry Potter, entouré de la famille Weasley, s’apprêtait à vivre une nouvelle année difficile sous le surnom cette fois d’« Elu », qui expliquait sans doute que de nombreuse filles autour de lui le dévorait littéralement du regard. Ron Weasley avait grandi, remarquai-je alors qu’il passait devant moi. Peut-être qu’il aurait plus confiance en lui cette année pour tenir les buts de Gryffondor … Sullivan Fawley était venu sans sa sœur, et je vis Simon jeter un long regard à la mère d’Emily, qui avec ses yeux bleus et ses cheveux blonds, ressemblait beaucoup à sa fille. Susan avait regardé le quai avec appréhension avant que Hannah Abbott ne fende la foule et ne la traine jusqu’à un compartiment avec Ernie et Justin. Après ça, les adieux furent pour elle moins déchirants et elle grimpa définitivement dans le Poudlard Express avec un sourire.

-J’en reviens pas d’être du côté de ce train, soupira Simon alors que les portes se refermaient une à une.

Rose était elle quelques mètres plus loin, devant la fenêtre du compartiment de Susan. Normalement, c’était plutôt George qui nous amenait au quai, mais là encore les trajectoires semblaient s’être inversées. George revenait peu chez lui, se battant avec acharnement au Magenmagot alors que Rose avait prolongé son arrêt. Elle semblait avoir autant de mal que le père de la première année à lâcher sa petite fille. Simon finit par la rejoindre et je laissai mon regard vagabonder sur le quai. Je ne voulais pas regarder le train lorsqu’il se mettrait en marche. Je m’éloignai de quelques pas, mélancolique alors que le brouillard sur le quai s’épaississait et ce faisant je m’approchai de deux hommes au visage flou. Une brise fit onduler la fumée, révélant leurs traits à ma vue.

-C’est pas vrai …

Je me figeais immédiatement en reconnaissant la chevelure brune et le sourire de Miles. Debout aux côtés de son père, il agitait la main en direction d’une fenêtre – probablement vers d’une de ses sœurs. Je me sentis stupide de ne pas avoir songé qu’il serait là pour dire au revoir à ses sœurs adorées et malgré moi, je ne pus m’empêcher de le dévisager. Il ne paraissait pas aller mal, constatai-je avec un certain soulagement. Il avait meilleure mine que la dernière fois que je lui avais parlé, près des diligences, où il m’était apparu épuisé par notre rupture et les examens. J’ignorais totalement quoi faire, si je devais aller le saluer ou fuir et finalement ma vieille nature me reprit lorsque son visage se tourna par hasard vers moi. Prise de panique, je fis un bond dans la foule avant que son regard ne puisse m’effleurer et me cachai au milieu des parents qui faisait des signes à leurs enfants. Le cœur battant, je parcourus les visages autour de moi pour m’assurer qu’il ne m’avait pas vu. Cependant, la première vision que je remarquai fut aussi déplaisante et un soupir dépité franchit mes lèvres lorsque je constatai qu’il me fixait également. Considérant que nos regards s’étaient trop accrochés pour que je puisse me détourner l’air de rien, je fis quelques pas en sa direction.

-Je suppose que j’en suis réduite à croiser des Selwyn sur le quai, c’est ça ?

Un sourire dépité retroussa les lèvres d’Ulysse Selwyn. Il avait troqué son uniforme de Poudlard pour une robe de sorcier flambant neuve noire et solennelle qui le vieillissait, le rendait plus … respectable. Et après ce qu’avait fait Nestor, la respectabilité c’était ce que je recherchais par-dessus tous les Selwyn.

-Je t’avais prévenu en fin d’année, tu n’es pas débarrassé de notre famille, Bennett. Surtout que, si je ne m’abuse, une rencontre serait en projet ? Par Merlin …

Je saisis parfaitement les nuances du juron. Par Merlin, des Selwyn traitant avec des moldus … Il ne l’avait pas prononcé à voix haute, mais cela m’énerva tout de même assez pour que je le fusille du regard. Les prunelles grise d’Ulysse étincelèrent.

-Ne me regarde pas comme ça, Bennett. Tu sais très bien que le bonheur de ma chère sœur passe avant tout … Oh, regarde !

Un long cri strident à m’en percer les oreilles avait retenti et je compris avec un moment de retard que c’était le train qui prenait enfin son envol. Me refusant toujours à le laisser repartir, je tournai résolument le dos alors que les roulements mécaniques et les aurevoirs des parents emplissaient mon espace auditif. Au contraire, Ulysse suivit la locomotive écarlate du regard, un léger sourire aux lèvres.

-Je l’admets, ça fait un truc de le voir partir sans nous. Personne dans ma famille ne pouvait mener Enoboria aujourd’hui alors c’est le petit qui s’y colle … On ne pouvait quand même pas envoyer notre elfe de maison … Alors, comment tu la sens cette rencontre ?
-Mal. Et toi ?
-Ça dépend comment est luné ma mère. Je ne sais pas si tu en as un peu parlé avec Melania mais c’est elle le problème. Elle en veut à ma sœur et à mon père pour la fuite de Nestor alors elle risque fort de t’en vouloir à toi aussi. Il va falloir du sang froid, Bennett.
-Bon sang, qu’est-ce qui a pris à mes parents d’accepter …

Ulysse haussa les épaules. A présent, le Poudlard Express devait être loin parce que la masse de parents se déplaçait vers la barrière et le sifflement du train s’était éloigné pour ne devenir qu’un écho.

-Laisse tomber, Bennett, c’est une situation qui nous échappe à tous les deux. Laissons ton frère et ma sœur se débrouiller avec nos parents.

La vérité qui transcendait dans ses paroles me gêna quelque peu. Déjà parce qu’elle émanait de lui mais surtout parce qu’elle ne plaisait pas. Pendant des années, j’avais voulu que mes parents s’intéressent à la magie, qu’elle fasse partie de leur vie pour qu’ils comprennent la mienne. A présent, je souhaitais à tout prix interrompre le processus, les protéger de cela. Mais Ulysse avait raison, en l’occurrence ça me dépassait. Peut-être que c’était un cas où je devais suivre les conseils de Lupin et accepter le fait que dans la situation présente, je ne pouvais rien faire. Me sentant réticente, Ulysse poursuivit :

-On a essayé d’intervenir, tu te souviens comment ça a fini ? Je suis sûr que ton frère t’en veut encore alors laisse-le avec ça, Bennett. Si ça se passe mal, ce sera à eux d’assumer. (Il consulta sa montre en or). Bien, j’ai un rendez-vous donc je te dis à très bientôt, Bennett. On évoque le 14 septembre pour ce dîner … Préviens Bones de se tenir, il serait dommage qu’il envenime la situation.

Je n’eus pas le temps de trouver quelque chose à rétorquer qu’il me saluait avec un sourire ironique et repartait vers la barrière en suivant le flux des familles qui murmuraient avec nostalgie et inquiétude. Difficile de se séparer de sa famille dans un moment pareil, j’imaginais … Je poussai un soupir face au vide, vaincue par la nécessité.
Susan avait pris son train. Je me devais de prendre le mien.
cochyo

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par cochyo »

Youhou
Génial !
Julian ?? XD
Scandium

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Scandium »

Comment ça je suis mignonne ?? Je rejette cette supposition :lol: :lol: !! Ce n'est pas du tout vrai, je ne suis pas mignonne ! C'est toi qui est mignonne ! Moi je suis badass, rien à voir avec le mot "mignonne" :D :D

Breef, super chapitre comme d'haaabbb !

Susan est trop mimi ! Et trop touchante !! Bien sur qu'elle pourra toujours compter sur ces amis de l'AD !

Et Vic commence à ressentir de l'ambiguité vis a vis de Simon ! J'approuve ça à 100%. Je fais que me répéter mais j'adore tous les moments entre Simon et Vic et j'adore leur relation, j'adore voir les voir évoluer ensemble, j'adore leurs discussions, leurs délires ,j 'adore tout chez eux !

La rencontre avec les Selwynn s'annonce bien tendue ... Tu nous la tease beaucoup j'ai l'impression, peut être qu'il va se passer un truc vraiment important pour l'histoire ...

Ah la la, j'ai hâte d'en savoir plus sur l'IRIS maintenant ! Mais on en saura sans doutes pas grand chose, vu que l'histoire est racontée du point de vue de Victoria ... En vrai ça m'intéresse vachement ce centre de recherches de sorts !
(je suis en train d'écrire une fanfic HP aussi et un de mes personnages principaux est passioné par l'invention de sortilèges du coup, j'avais aussi réfléchi à un organisme de recherche en sort, plutôt à l'échelle nationale, genre lié au Ministère de la Magie, bref, j'adorerai avoir ton point de vue la dessus et découvrir l'IRIS)

Voilà voilà , merci de m'avoi "dédié" ce chapitre, c'est adorable de ta part ! Mdr, c'est vrai, écoute ,ça me fait un homonyme de plus, sans rire, ça plusieurs années que je me retrouve dans des classes où on est 3 à s'appeler Chloé ... Un jour on dominera le monde !!
PtiteCitrouille

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par PtiteCitrouille »

Yo !
Notre prof nous a posés un lapin pour le cours de 8h donc j'en profite pour commenter

Chap 6:
lui offrir Douze moyens infaillibles de séduire une sorcière.
pouahahahahaha Vic, t'as des désirs cachés ?
Sa baguette dans la bouche
Maugrey serait pas content
Mon regard glissa ostensiblement vers la chaussure de Simon
pourquoi, elle se sent seule la chaussure haha ?
Les garçons, vous avez préparé la trousse médicale ?
je serais Lupin, je vérifierais ce qu'il y a dans la trousse médicale, histoire de pas avoir de sales surprises en l'utilisant :lol:
chaque sortilège qu’il lançait était assez puissant pour que Lupin en soit ébranlé, voire peine à les parer.
heuuuuu, c'est normal qu'un simple étudiant, tout aussi doué qu'il soit, mette en difficulté un sorcier qualifié comme Remus ?

Arf, Lupin est beaucoup trop chou, je fonds
Elle les compta à voix basse avant de les contempler avec mélancolie.
elle veut pas faire une blague et enlever une bougie ? Avec ma sœur on lui avait fait ça haha, elle avait rien capté
-C’est étrange, j’ignorais que Simon était devenu proche d’eux.
awkward moment, Rose va péter un câble le jour où elle va apprendre que Simon est dans l'Ordre
En vrai Simon doit pas être facile à vivre, il fait toujours la gueule (pour des raisons valables quand même) mais il dit jamais pourquoi, donc tu te tapes sa mauvaise humeur sans savoir si c'est de ta faute ou pas. Et en plus pendant son anniv où il joue les casse ambiance
les yeux rivés sur la fenêtre qui nous reflétaient toutes les deux. Je compris qu’elle observait discrètement mes réactions par ce biais
oh merde c'est vicieux :lol: :lol: :lol:
. Enfin, heureusement qu’elle n’a pas mêlé Simon à cela. Lui dans ce genre d’organisation ? Mon Dieu, il serait capable de se détruire …
*tousse tousse* HAHA oUaIs CaRrEmEnT hAhA
-Euh …
c'est drôle, moi j'inverse et je mets le h au début "heu". Voilà, who cares
Simon leva les yeux au ciel et ne daigna pas sourire à ma pique. Il avait appuyé sa joue contre son poing et regardai son père découper le gâteau, mais son esprit ne semblait plus être avec nous
un vrai bonheur de fêter ton anniv dis donc
-Pourquoi tu viens m’embêter encore ce soir ? Ce matin ça ne t’a pas suffi ?
ok alors peu importe la raison de son humeur, je serais grave blessée à la place de Vic. Elle est toujours là pour lui et lui il la remercie en l'envoyant bouler sans même expliquer pourquoi (100% que c'est pas de la faute de Vic d'ailleurs)
Je lui fis les gros yeux devant la violence de son intervention
non je trouve qu'elle avait raison de parler ainsi et Vic, tu devrais en prendre de la graine. Je sais que c'est cool d'être indulgente et patiente, mais là c'est un coup à tout garder pour soit jusqu'à que la colère explose et c'est pas bon
Il était allongé dans son lit, les bras en croix
pendant longtemps je pensais que cette expression voulait dire que les bras étaient croisés sur la poitrine, en mode pharaon. Du coup après un sortilège de la mort je me disais que c'était chelou comme position hahaha
Il caressa le dos de ma main du pouce
wink wink, les petites touches d'affection physique commeeeennnnncent
Bonne nuit ma crevette.
ELLE A DIT "MA"
de peur que les fantômes profitent de la fragilité que donnait le sommeil pour le hanter de nouveau.
oh joli
-Tu veux que je reste ?
je peux répondre oui à sa place ?
Un sourire incertain s’étira sur les lèvres de Simon, entre gêne et attendrissement
:mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:

cochyo a écrit : mar. 29 déc., 2020 11:39 pm Génial ce chapitre !!
Pensée déprimante de la soirée : un tiers de la salle mourra au moins avant la fin de la guerre.
Super fin !
Mais t'abuses mec :lol:
PtiteCitrouille

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par PtiteCitrouille »

Chap 7
Maintenant, il n’y avait plus d’autre garçon, mais la sensation demeurait.
ça paraît tellement lointain cette période où ils se détestaient
des exercices de dissimulation
j'ai lu "simulation", foutue crise
si pénétrant que je me forçai à vider mon esprit de toute pensée.
mais du coup si tu vides tes pensées, tu prouves que t'as quelque chose à cacher cqfd
Le fait que Miro ait la nationalité britannique côté moldu n’influençait en rien la décision côté sorcier.
ce qui est logique vu que les lois sont différentes
Loin des yeux, loin du cœur comme on dit.
je suis presque sûre que c'est l'inverse Perri :lol: :lol: "loin des yeux près du cœur"
Je trouve sa vie amoureuse triste depuis quelques années
well because il court after une fille qui est sa best friend depuis long time
d’un certain professeur Shelton
pouahahhaa
simplement ce n’était pas Rose, mais moi qui les avais essuyées.
doooonc t'as joué le rôle du parent. Mauvais bail pour une relation Vic, tu le sais :lol:
Mais ça ne pourra pas être pire que l’année dernière.
va dire ça à Dumbledore
au moment où le train de l’enfance s’élançait sans moi
ahhhh mon p'tit coeuuuur mais c'est trop beau cette partie sur l'âge adulte, le train de l'enfance et tout :D :cry:
Laissons ton frère et ma sœur se débrouiller avec nos parents.
il a pas tort le Selwyn, Vic va bientôt commencer à se mêler de choses qui la regardent beaucoup moins. Certes, elle est impliquée, mais faut pas virer sur de l'ingérence

De très bons chapitres Perri ! Est-ce que je suis reloue à dire que ça manque TOUJOURS de Simoria ?
annabethfan

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par annabethfan »

J'avais jusqu'à ce soir pour pas être en retard, alors allons-y Alonzo ^^ Je pense que pou cette fois je vais pas faire un full commentaire citation, mais un peu un commentaire "bloc/analyse" tout en mettant quelques citations parce que c'est marrant ^^
Et je m’étais cognée la tête en tombant de la poutre sur laquelle je m’étais perchée, causant l’hilarité absolue de mon grand-père lorsque je rentrais chez moi, un pan de glace plaquée sur mon front.
Je suis morte l'image est incroyable :lol: :lol:
l apprendra tout seul à l’IRIS, comme un grand, rétorquai-je
Parce qu'il aura d'excellents profs mouahahaha

Concernant le passage sur Miro, Marian, Jaga et Vic qui parlent de la rencontre avec les Selwyn, j'ai bien aimé les questions qu'ils se posent, les tensions que ça engendre parce que ça montre vraiment que cette rencontre est pas neutre. Et j'ai trouvé ça hyper touchant la façon dont Miro rappelle que même s'il n'est pas le père de Marian par le sang, il l'est par le coeur. On sent vraiment toute sa volonté de protéger sa famille. Et puis évidemment, juste avant ça, le rappel du fait que la voix de Victoria aurait plus de poids parce qu'elle est sorcière est bien sûr horrible mais je voulais surtout dire que tu mêles tellement bien le fond de la guerre, le Ministère etc, avec les histoires individuelles ! Genre ça fait tellement naturel !
-Alex est un mec.
Watch me rouler des yeux très fort.
Parce qu’il a le service trois pièces il a le droit d’avoir des relations amoureuses avant le mariage ?
Le service trois pièces? Mais où t'as été pêché ça ? :lol: :lol: :lol: :lol:

Sur la conversation avec Chloé et les amis qui s'en vont/se perdent de vue après le lycée : rahhh encore une fois tellement réaliste. Bon je devrais le savoir maintenant, tu tombes jamais dans le cliché, mais vraiment le fait d'inclure ça dans le récit ça résonne avec nos vies aussi et ça rend Vic encore plus attachante ^^
Vous ne vous quitterez pas dans que l’un n’aura pas enterrer l’autre.
Sourire de débile !
avait passé une heure à me montrer les maquettes de cours qu’il allait prendre et des recherches qu’il allait entreprendre sous la direction d’un certain professeur Shelton, une pointure en enchantement selon lui.
Je m'étouffe de rire et de fangirlisme !!!
Mais Simon avait bel et bien eu des crises, simplement ce n’était pas Rose, mais moi qui les avais essuyées. Il les avait épargnées à sa mère.
Je crois que je l'avais déjà dis mais je trouve cette réflexion de la dynamique Rose/Simon/Vic vraiment super intéressante.

Ca le brise le coeur quand Vic dit à Susan qu'elle a encore de belles années à Poudlard, que rien pourra être pire que l'année d'Ombrage... Quand on sait ce qui va arriver encore dans un an avec les Carrow... Mais ça me rend hyper fière de voir Susan grandir et s'affirmer, on s'y attardait évidemment pas dans les livres et le fait de la suivre vraiment à travers l'histoire depuis deux ans, ça la rend tellement plus concrète ! Par contre j'y pensais pas mais Simon va nous faire des crises d'angoisse quand il apprendra ce qui passe à Poudlard et que sa soeur doit affronter les Carrow !
Celui qui mène à l’âge adulte. Tu le prendras dans deux ans. Le problème c’est que contrairement au Poudlard Express, on ne comprend pas réellement où il va … Alors crois-moi, je préférais largement prendre le Poudlard Express avec toi.
Cette phrase est juste sublime... Tu parles souvent de ma plume, mais damn regarde la tienne !

Toute la réflexion que tu mènes sur l'entrée à l'âge adulte de manière générale me touche tellement. Tu l'exploites sur plusieurs pans en plus : la sexualité, la féminité, le détachement/attachement aux parents, la peur de l'avenir, les questionnements sur soi... C'est hyper bien mené !
Et la description du quai bondé, plein de vie... Du Poudlard Express... Toute l'écriture était emprunte d'une belle nostalgie qui fait mal quand même et c'est très fort de ta part.
J’en reviens pas d’être du côté de ce train, soupira Simon alors que les portes se refermaient une à une.
Je ne m'imagine pas l'effet que ça doit être... Je pense que quand t'es élève tu te dis que y'a le temps, tu ne t'imagines pas après Poudlard ne pas monter dans ce train. Je compare ça un peu dans ma tête à ma dernière année d'étude là. Je sais que ça va arriver, mais même là j'arrive pas à me dire qu'en septembre je ferai pas de rentrée des classes :lol:
Susan avait pris son train. Je me devais de prendre le mien.
La beauté de cette phrase, elle est d'une force...

Super chapitre !!!
Perripuce

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

LADY AND GENTLEMEN

Désolée du retard mais ME VOILA ! Après un week-end FANTASTIQUE de biathlon puisque les Français ne sont jamais descendu du podium (Mention spéciale à Julia Simon et sa MAGNIFIQUE double victoire sur les Mass-start d'Oberhof et Antholz (avec une spéciale : arrivée au dernier tir à la 10e position et gagner quand même QUEL TIR DEBOUT MADAME) et au relai Masculin vainqueur à Antholz (sinon les gars, c'est une bonne situation de gagner les dernier relais avant les championnats du monde?)
Belle victoire de la France en Handball contre les Portugais, ce qui nous qualifie pour les quarts de finale et en football, Lille côtoie le PSG en tête du classement (est-ce que je suis fière? Ouais un peu !)

Maintenant, réponse aux quelques commentaires :

Coch' : quel com synthétique ! (ton "Julian??" m'a tué en fait :lol: :lol: :lol: Et peut-être hihi ! Merciiii

Chloé : INFINIMENT PARDON TU ES BADASS PAS MIGNONNE, je ne ferais plus cette erreur ! Alors la réunion avec les Selwyn ça donne l'impression que je la tease de fou mais dans mes plans de base elle devait intervenir bien plus tôt, c'est juste que j'ai redécouper pas mal de chapitre donc ça traine en longueur.
OOOOOOOH t'écris une fic, c'est vrai? Sur quoi? C'est trop chouette !

Et Clem et Anna, it's done (franchement si j'ai fait une faute sur deux mots d'anglais, je crains)

CHAPITRE MAINTENANT BONNE LECTURE KEUR SUR VOUS !


***

Ecrire, c'est bien Marcus, mais n'écrivez pas pour être lu : écrivez pour être entendu.

- La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert.
***



Chapitre 8 : Amours contrariées.

Le souafle siffla à mon oreille et passa dans mon anneau central. De rage, je frappai mon balai du poing et faillis ne pas voir l’immense balle noire qui fonçait sur moi. Je me laissai tomber in extremis, les jambes et les doigts croisées sur mon balai pour ne pas dégringoler de trente mètres. Le cognard passa lui aussi dans l’anneau latéral et je fusillai Arnold du regard.

-Je ne suis pas sûre, mais je pense que c’est interdit d’attaquer le Gardien quand il est dans sa zone d’en-but ?

Arnold se fendit d’un immense sourire et fit tournoyer sa batte avec flegme.

-Ce n’est pas réglementaire, mais tu auras toujours des Batteurs peu scrupuleux qui espérerons que l’arbitre ne verra pas … Aïe !

Il venait de se recevoir le souafle sur la tempe et Eden s’écroula sur le manche de son balai, hilare. Arnold chercha le responsable jusqu’à lever les yeux au ciel et voir Swan en vol stationnaire au-dessus de lui, secouée d’un grand rire.

-L’arroseur arrosé, s’amusa-t-elle en redescendant à notre hauteur. Arrête de la martyriser, la petite. Notre premier match est dans deux semaines, si tu la blesses maintenant Dalia va te tirer les oreilles.
-Et tu seras obligé de reprendre ton poste, rappela Eden avec un sourire amusé. Moi qui pensais que tu étais heureux de reprendre la batte …
-Ah, ah. Très drôle. Tu m’as fait une bosse, Black Swan.
-Hé, les jeunes !

Nos quatre têtes se tournèrent vers les gradins. Leonidas Grims venait d’y apparaitre et nous faisait de grands signes.

-Les professionnels vont avoir besoin du terrain, il faut que vous dégagiez la place !
-Pas de problème monsieur le président ! lui cria Swan en retour avant de donner une tape sèche sur la tête d’Arnold. Va récupérer le cognard, toi.
-Bah bien sûr ..

Arnold se précipita vers le sol pour attirer la balle démoniaque pendant qu’Eden et moi nous fendions d’une dernière course autour du terrain. Au bout d’un mois d’entrainement intensif, je maniais vraiment mieux mon Nimbus et j’arrivais à apprécier sa vivacité, la façon dont il prenait parfaitement les visages les plus serré, comment il virait sans perdre de vitesse ni me désarçonner. Je comprenais enfin comment ce balai pouvait m’avantager comme Gardienne mais Eden avait un soupçon d’habilité en plus qui lui permis de me battre à la course. J’atterris, nullement vexée. J’étais habituée à être battue à la vitesse – et c’était bien pour cela que je serais une mauvaise Attrapeuse. Eden me jeta le souafle qu’il avait sous le bras et je réussis à le rattraper d’une main. Je le soupesais d’une main, interloquée.

-C’est drôle, j’ai l’impression qu’ils sont plus lourds qu’à Poudlard …
-C’est normal, confirma Swan, qui nous attendait devant la malle d’entrainement. A Poudlard, ils utilisent des balles plus légères et moins rapides pour le Vif d’Or et les cognards. Crois-moi, ça a fait tout bizarre à Joana la première fois qu’elle s’est retrouvée face à un Vif pro.
-Ou la première fois que je me suis pris un vrai cognard …, grimaça Eden.

Je déglutis nerveusement. Pour m’être pris un ou deux cognards à Poudlard et en avoir grandement souffert, je ne pouvais que craindre ces balles professionnelles plus lourdes et plus rapides. Arnold se débattait avec l’un d’entre eux et réussit à le ranger dans la malle. Il rabattit le loquet avec un grognement.

-Petite saloperie … (Il se redressa en et mit ses mains en porte-voix). Monsieur le président ? HE ! Monsieur le président !

Mais Leonidas Grims semblait occupé avec une femme qui venait d’apparaître sur les gradins. Elle était loin, mais paraissait élégante avec sa robe émeraude et ses longs cheveux bruns. Swan eut un rire entendu.

-Laisse tomber, Barberousse, madame la présidente est là, il n’écoutera plus rien.
-Madame la présidente ? répétai-je en mettant ma main en visière.

Mais Arnold la gratifia d’une claque sèche pour me la faire baisser.

-Ta maman ne t’a jamais appris à être discrète ? Ouais, c’est la femme du président, j’ai oublié son nom. Sandra ? Bref, une belle noble anglaise …
-Elle n’est pas américaine ?
-Non, il s’est marié avec une anglaise, lui. C’est peut-être pour ça qu’il a été à moitié accepté par le club. Je ne comprends pas ce qu’ils ont contre lui – Gwladys, Dalia, et l’ensemble de la ligue anglaise. C’est quelqu’un que j’apprécie énormément. D’accord les américains ont injecté de l’argent, mais ça a été salutaire, le club était au bord de la faillite et dans les bas-fonds du classement.

Swan eut une moue et rangea négligemment le souafle dans la malle. Ses sourcils s’étaient froncés au-dessus de son nez.

-Ce n’est pas le problème. Regarde comme l’équipe A a évolué en trois ans … Ils ont acheté plein de joueurs étrangers.
-Hé !
-Ne te vexe pas, Eden ! On a toujours eu des joueurs étrangers, mais des comme toi qui venaient de la formation, qui choisissaient de venir. Là, la moitié de l’équipe A a été arraché à leurs clubs et attirer par l’argent … Je ne sais pas, avant les Tornades c’était des petits mais du panache. Là, j’ai l’impression qu’ils n’ont plus d’identité … Que ça devient un club de mercenaire.

Je me laissai aller sur l’herbe, assez perplexe par l’image du club que donnait Swan – son club. Mais sans doute avait-elle connu l’époque où les Tornades n’étaient qu’un petit club et qu’elle était nostalgique de cette équipe. Eden paraissait peu content d’être ainsi considéré comme un « mercenaire » et buvait sa bouteille d’eau tout en lorgnant Swan. Elle finit par lui ébouriffer les cheveux avec un grand éclat de rire.

-Ne me regarde pas comme ça, on dirait mon fils quand je lui refuse des Chocogrenouilles ! Je te l’ai dit, je ne parlais pas de toi. Mais de la Ramirez qui est arrivée l’année dernière pour une coquette somme ou Martinescu qu’on a arraché aux Vautours …
-Et Viktor Krum vous en veut encore, commentai-je distraitement.

J’avais reçu une lettre deux jours plus tôt et chacune d’entre elle s’achevait par des copieuses insultes pour son ancien coéquipier. Eden recracha sa gorgée d’eau et me contempla, incrédule.

-Krum ? Tu le connais ? Sérieusement ?

Les yeux de Swan et Arnold se braquèrent sur moi, écarquillés. Je crispai mes mains sur ma gourde, embarrassée d’être ainsi le centre de l’attention.

-Je l’ai rencontré pendant le Tournoi des Trois sorciers, il était encore élève à Durmstrang. C’est lui qui a dit que j’avais du talent comme gardienne alors … On continue à correspondre.

Arnold émit un long sifflement admiratif et Eden battit des paupières, éberlué.

-Mon Dieu … Joana tuerait pour être à ta place.
-Ah … Alors euh, tiens ta langue ? Je n’aimerais pas être la première sur sa liste.
-Tu pourrais lui demander un autographe ? demanda Swan, excitée. Ma fille serait ravie, elle l’avait adoré à la Coupe du Monde !

Je les observai s’extasier, proprement consternée. Je n’étais pas habituée à être sous le feu des projecteurs. L’avantage quand on trainait avec Emily Fawley, Cédric Diggory ou Simon Bones, c’était qu’on n’avait pas à l’être et ça m’avait très bien aidé toutes ces années. Gênée, je me dépêchai de me lever, récupérai mon balai et mon sac pour repartir vers les vestiaires, promettant entre mes dents que je lui en toucherais un mot. Le président parlait toujours avec sa femme que je discernais plus distinctement. Elle devait avoir la cinquantaine mais son visage demeurait fin et beau et ses cheveux d’un noir sans tâche. Son regard gris se baissa sur moi et elle fronça les sourcils. Surpris du trouble de sa femme, Leonidas Grims suivit son regard et me sourit.

-Ah, Victoria ! J’ai suivi un peu votre entrainement en petit comité, vous prenez vite le rythme. Magnifique esquive sur le cognard d’Arnold …

J’eus un sourire amusé. Swan avait peut-être raison sur l’identité des Tornades, mais je ne pouvais m’empêchais d’apprécier le président. Je doutais que beaucoup de président de club soient aussi présent dans leurs locaux, à les arpenter, à observer les entrainements – même ceux de la réserve – à connaître le nom de tous son personnel jusqu’à celui d’entretien. Il gardait peut-être des traces de noblesse qui rappelaient que nous n’étions pas nés dans le même monde, j’avais la conviction que ça restait quelqu’un de bien.

-Dalia aurait dit que c’est une manœuvre qui découvrait mes buts et mettait mon équipe en danger … Mais merci.
-Et si vous avez intégré les préceptes de Dalia c’est que vous êtes sur la bonne voie, sourit monsieur Grims d’un air approbateur.

Sa femme me contemplait toujours, sourcils froncés et mine perplexe. Puis elle pivota vers son mari avec une telle vivacité que sa longue chevelure brune fouetta l’air. Intimidée, je me dépêchai d’entrer dans le vestiaire où Arnold se douchait déjà. Swan se changeait derrière les paravents magiques et Eden fouillait dans son casier. J’eus alors une vue prenante sur son nom flamand et compliqué inscrit sur sa porte. Je penchais la tête pour le déchiffrer.

-Van … Vanler …
-Vanlerenberghe, prononça Eden, caché derrière sa porte. Essaie plusieurs fois, ça vient vite après.
-Je plains le speaker qui va devoir scander ton nom …

Eden mit un coup dans la porte ; elle aurait pu me percuter si je n’avais pas lever mes mains et pousser pour qu’elle lui retombe sur le coin du nez.

-Oh les gosses ! s’écria Swan face au cri d’Eden. Si vous vous disputez, j’interviens !
-Ça va ! gémit Eden en tâtant son nez. J’ai oublié qu’il ne fallait pas taper sur plus petit que soi …
-Très drôle …

Je plaquai la porte de son casier pour observer la personnalisation d’Eden. Il avait tapissé l’intérieur de photo, de stickers de Beauxbâtons, et un drapeau belge flottait seul au fond du placard. Une fille revenait souvent sur les photos. La peau noire, grande, un immense sourire accroché aux lèvres, elle était régulièrement proche d’Eden, à sauter sur son dos, lui tenir la main ou ébouriffer ses cheveux. J’eus un sourire attendri, tant l’identité de cette fille faisait peu de mystère.

-Ta copine ?

Eden cessa net de ranger ses affaires dans son sac pour lever les yeux sur les photos. Ses joues rougirent et il se replongea dans le pliage de sa robe de Quidditch.

-Ouais. Jordane.
-Ça fait des mois qu’il essaie de la demander en mariage mais qu’il n’a pas le cran.

Eden se retourna vivement et lança la robe qu’il était en train de soigneusement plié à la figure d’un Arnold hilare. Je contemplai les photos de Jordane, puis Eden, consternée. Il était plutôt mignon avec ses yeux doux et son sourire assez timide, mais il était jeune – pas beaucoup plus âgé que moi … Alors un mariage ? Swan, occupée à se contorsionnée dans sa serviette pour se rhabiller élégamment – elle avait un sens de la pudeur qui lui était propre, mais j’avais appris à faire avec – rétorqua sèchement :

-Laisse le petit, Arnold. Si je me souviens bien, toi c’est Kate qui t’a demandé en mariage …
-Mais vous avez quel âge ? demandai-je, incapable de m’en empêcher.

Les joues d’Eden étaient devenues d’un rouge soutenu et il paraissait si embarrassé qu’il avait caché son visage dans une serviette. Il me répondit sans en émerger :

-Dix-neuf ans.
-Et elle est venue avec toi en Angleterre ?

Eden se frotta vigoureusement la figure avant de baisser enfin son rempart. Swan, enfin habillée, se glissa derrière lui et pressa son épaule avec douceur.

-Non, elle est restée en France. Cet été, c’était prévu qu’on emménage ensemble mais … avec ce qui se passe …

Eden secoua la tête avec dépit.

-Du coup, pour sûr, le mariage ce n’est pas pour toute de suite …
-Arrête, tu n’en sais rien, tenta de le consoler Swan. Peut-être qu’on arrivera à mettre rapidement Tu-Sais-Qui hors d’état de nuire … Mon mari travaille chez les Tireurs d’élite de baguette magique, ils disent qu’ils sont tous mobilisés … Ils vont l’arrêter et Jordane pourra venir te rejoindre.

Eden se fendit d’un ricanement amer. Il jeta sa serviette et sa robe en boule dans son sac et le ferma d’un coup de baguette magique rageur.

-Si j’ai bien lu les journaux, votre première guerre a duré dix ans. Et franchement avec ce qui se passe, tu crois réellement que c’est le Ministère qui gagne ? Comment elle s’appelle la haute fonctionnaire qui a été tuée …
-Amelia Bones.

De nouveau, leurs quatre regards se levèrent sur moi. Je m’étais figée au récit d’Eden, sans trop savoir si j’étais pétrifié qu’un garçon à peine plus vieux que moi soit assez mûr pour s’engager pour toujours avec son aimée ou si j’étais révoltée que Voldemort empêche leur amour de s’épanouir. Et le souvenir d’Amelia n’arrangeait rien. Je me laissai aller sur le banc et décidai d’être sincère face à leurs mines interrogatrices.

-Je la connaissais, j’habite à côté de chez son frère et je connais très bien son neveu ...
-Oh, ma belle, compatit Swan.
-Moi je suis plus intéressé par le fait qu’elle connaissait « le neveu » d’Amelia Bones, intervint Arnold avec un sourire goguenard. Dis-nous tout sur ce « neveu », Victoria.
-Ouais, je préfère parler de ça moi aussi, embraya immédiatement Eden, sans doute pour se sortir de sa morosité. C’est qui ce gars ?
-Oh je vous jure …, soupira Swan.
-Quoi ? se défendit Arnold avant de me désigner du menton. Plus d’un mois qu’elle est arrivée et elle n’a pas eu le droit à l’interrogatoire. Et en plus elle ne moufte pas, on ne sait rien de sa vie à cette petite !

Je feignis d’être absorbée par le contenu de mon sac, le cœur cognant contre ma poitrine. Ils avaient raison, ils ne savaient rien de moi. Et pourtant en mois à m’entrainer toutes les semaines avec eux, j’avais fini par en apprendre des choses sur eux, du nom des trois enfants de Swan à la passion d’Arnold pour les vieux vinyles moldus – mais j’avais de fortes raisons de croire qu’il était né-moldu comme moi ... Et pendant qu’ils s’ouvraient à moi, m’acceptant dans leur groupe, je m’étais dérobée. Il y avait des choses que je ne voulais pas expliquer, comme d’autre que je ne pouvais pas dévoiler. J’entendis Swan mettre une claque à l’arrière de la tête d’Arnold.

-Laisse-la tranquille, elle a le droit d’avoir une vie privée. Je vous laisse, je dois aller chercher mes enfants chez ma mère avant qu’ils ne retournent sa maison …

Elle m’adressa un signe de la main et partit, son sac sur l’épaule et ses cheveux bondissant à chacun de ses pas. Sur le banc en face de moi, Arnold et Eden ne me lâchaient pas du regard et je compris que la fuite de Swan m’avait exposée à leurs questions. Un sourire amusé retroussa les lèvres du belge.

-Alors, qui c’est pour toi le neveu d’Amelia Bones ?
-Euh …

C’était pourtant une question facile, pourtant je me retrouvai incapable d’y répondre, ouvrant et refermant la bouche plusieurs fois sans qu’aucun mot n’en sorte. Il n’en fallut pas plus pour qu’Eden et Arnold échangent un regard ravi qui embrasa mes joues.

-A ce point ?
-Quoi ? Non ! Simon c’est juste …

Maintenant que j’y réfléchissais, j’étais incapable de définir ce qu’était Simon pour moi. Chaque mot qui me venait à l’esprit était impropre à notre relation. Ami ? C’était pauvre pour qualifier le lien presque absolu qui nous unissait. Frère ? Je n’avais qu’un frère, c’était Alexandre et je n’arrivais pas à considérer notre relation comme filiale. Assez troublée, je me laissai tomber sur le banc devant mon casier et rangeai négligemment mon sac.

-C’est … compliqué à expliquer. Mais arrêtez de penser ce que vous pensez, ajoutai-je en remarquant que leurs sourires s’agrandissaient. Ce n’est pas ce que vous pensez, c’est juste … Mon meilleur ami, si on veut simplifier.

Mais les mots me laissèrent un goût amer dans la bouche. Déjà parce que c’était un mensonge et ensuite parce ce titre seyait davantage à Cédric. Me refusant à m’embourber dans la conversation qui s’envenimait déjà bien trop pour moi, je levai une main face à Arnold qui ouvrait la bouche, l’œil pétillant.

-Ecoutez, si vous voulez tout savoir je sors d’une relation avec l’un de mes camarades de Poudlard alors … vous comprenez que je n’ai pas très envie de parler de ça ?
-Ah, regretta Eden, soudainement pantois. Désolé …
-Le nom de cet ex ?
-Ce sera au prochain épisode, Callum.

Le président Grims venait d’apparaître dans l’encadrement la porte, ses mains plongées dans ses poches et ton éternel sourire aux lèvres. Sa femme ne l’avait visiblement pas suivi et je m’en trouvais soulagée. Je n’étais pas sûre d’avoir apprécier la manière dont elle m’avait dévisagé.

-Je suis certain que les amours de Victoria sont passionnantes, mais je suis sûr que vous avez des choses plus intéressantes à faire et on aimerait pouvoir fermer le vestiaire.
-Bien sûr, monsieur le président. (Arnold pointa son balai sur moi). On en reparlera la prochaine fois.

Il s’en fut en sifflotant joyeusement et Eden et moi échangeâmes un regard.

-Tu me défends face à ses interrogatoires et je te promets de ne plus jamais t’interroger sur Jordane.
-Deal, accepta-t-il en frappant dans ma main. A mercredi, mini-pouce.

Eden salua le président et sortit de la pièce. Je me dépêchai de ranger mes affaires et lorsque que je me redressai pour m’en aller à mon tour, je remarquai que Leonidas Grims était toujours dans l’encadrement de la porte, à m’observer les sourcils froncés, l’air de chercher quelque chose en moi. Je me figeai, prise de court.

-Monsieur ? Il y a quelque chose qu’il ne va pas ?

Le président parut sortir de sa torpeur et son sourire s’épanouit immédiatement sur ses lèvres.

-Oh non, tout va bien, c’est gentil de vous en inquiéter ! C’est juste … J’ai capté un morceau de conversation, veuillez me pardonner c’est extrêmement impoli … Vous connaissez les Bones ?
-Ah … Euh, oui. J’habite à Terre-en-Lande comme eux.
-Je n’avais pas fait le rapprochement, souffla Leonidas Grims, comme pour lui-même, avant de me sourire de nouveau. Bien Victoria, je vous dis à mercredi.

Et il retourna aussi sec dans le couloir, me laissant seule et pantoise dans le vestiaire.

***


-Répète-moi ça.
-Je te l’ai déjà répété cent fois, Vicky.
-Rogue ? Sérieusement ?

Simon repoussa la lettre de Susan, et s’occupa de ranger son sac. C’était la première que nous recevions depuis la rentrée, longue d’un rouleau de parchemin et dont un paragraphe entier était dédié à fustiger copieusement la nomination de Severus Rogue comme professeur de Défense contre les Forces du Mal. Je la pris entre mes doigts, toujours hébétée.

Pour les Potions, ils auront le professeur Slughorn maintenant. Tu te souviens, tante Amy nous en avait parlé, de lui et de ses fêtes où il réunissait tous les élèves les plus prometteurs et les mieux nés … Alors crois-moi quand j’ai vu arrivé la petite invitation dans le Poudlard Express frappé de son nom, j’ai tout de suite deviné ce qui allait se passer. Hé bien non, monsieur, ce n’est pas comme ça que se passe, je refuse d’aller à vos petites soirées privées juste parce que je m’appelle Bones. Je refuse d’être prise dans votre toile de relation. Hannah a croisé Neville Londubat dans le train, il parait qu’il y était invité – sans doute à cause de ce qui est arrivé à ses parents – et Harry bien sûr, évidemment, l’Elu … Tu verrais comment les filles bavent dessus maintenant, elles ne le trouvaient pas si séduisant l’année dernière.

-Ça, elle n’a pas tort, soufflai-je, vaguement amusé par la vergue qui transparaissait de la lettre. Qui c’est ce Slughorn ?
-Un ancien prof, répondit distraitement Simon, le nez dans les parchemins. Tante Amy nous en parlait souvent, je crois qu’elle le méprisait assez … Il a beaucoup de contact un peu partout alors il en fait profiter ses chouchous – des enfants de bonnes familles ou des gens qu’il trouvait plein de promesse … (Sa voix se réduisit à un filet). Tante Amy cochait les deux cases … Et c’est parce que c’est un système qui la dégoûtait qu’elle a arrêté d’aller aux petites soirées … Pas étonnant qu’il ait voulu Susan – et que Susan refuse d’y aller.

Simon fit tourner une plume sur son pouce, les sourcils froncés.

-Mais il était déjà vieux à l’époque de tante Amy, ça doit être un fossile… Pourquoi il est revenu ?
-Sans doute parce que le poste de Défense contre les Forces du Mal est maudit et que cette année Dumbledore n’a encore trouvé personne … C’est pour ça que le Ministère nous a imposé Ombrage, non ? Parce que Dumbledore n’avait trouvé personne … Alors il a donné le poste à Rogue parce qu’il le voulait depuis des années et il a trouvé un substitut aux Potions.
-Ouais, je suppose …

A dire vrai, il m’écoutait à peine. Il faisait pour la dixième fois l’état des lieux de son sac, comptait les bouteilles d’encres et les rouleaux de parchemins, faisait des piles des grimoires achetés pour l’IRIS ou alors passait la main dans ses cheveux pour tenter de les maintenir en place. Je le contemplai, un sourire désabusé aux lèvres. C’était bien la première fois que je voyais Simon stressé pour une rentrée, mais c’était peut-être la plus importante de sa vie. Il avait fallu le forcer à postuler à l’IRIS, un prestigieux institut de recherche dissimulé au sein de la plus prestigieuse encore université d’Oxford. C’était à un moment où Simon songeait sans doute à s’engager à cœur perdu dans la lutte contre Voldemort, mais la donne avait changé et il avait fini par adhérer au projet d’être le meilleur sorcier possible pour lutter le plus efficacement possible. Et c’était réellement la voie royale pour Simon Bones, meilleur élève baguette en main de Poudlard et malgré sa nervosité je ne pouvais m’empêcher de remarquer que ses yeux pétillaient et que ses prunelles s’étaient éclaircies, révélant un bon état d’esprit de sa part. Je souris, contaminée par son enthousiasme.

-Arrête de farfouiller, tu vas être en retard.
-J’attends La Gazette …
-Je la réceptionnerais et je mettrais sur ta table de nuit pour ce soir, ça te va ? Allez, grouille.

Je lui donnais un coup de pied par-dessous la table de salle à manger pour l’inciter à bouger et Simon grimaça. Ce fut le coucou de leur horloge qui le força à se lever et il se dépêcha de récupérer sa cape dans le placard qu’il agrafa à l’envers. J’éclatai de rire et m’arrachai de ma chaise.

-Oh Seigneur, tu es un gosse, me moquai-je en lui arrachant sa cape pour la mettre du bon sens. Laisse-moi faire, t’as l’air trop stressé pour lasser tes chaussures …

Je la réajustai sur ses épaules et me rapprochai pour nouer ses attaches d’argent à sa gorge. Sa poussée de croissance avait cessé, observai-je, rassurée qu’il n’ait qu’une demi-tête de plus que moi. Il avait poussé la bienséance à mettre du parfum, des effluves légères qui me chatouillaient les narines. Simon se laissa faire, sans doute trop angoissé pour protester.

-Nom d’une gargouille … Imagine que je loupe un simple sortilège de lévitation lors de mon premier jour …
-Alors grave chaque détail dans ta mémoire, je veux que tu me racontes ton humiliation quand tu rentreras. Ne bouge pas … C’est bon. N’oublie pas ton goûter en partant.

Je tapotai son torse du plat de la paume avec un sourire malicieux et Simon leva les yeux au ciel.

-Très bien maman. Et toi, qu’est-ce que tu vas faire aujourd’hui ? Tu n’as pas entrainement ?

Je secouai la tête et m’éloignai d’un pas pour le laisser prendre son sac et passer une énième fois la main dans ses cheveux. J’avais eu cette semaine mon premier entrainement avec les professionnels durant lequel nous avions exécuté un match pour nous préparer pour les premières journées de championnat. Nous ouvrions le bal dans une semaine alors qu’eux jouaient à la fin du mois. Ça avait été déstabilisant, car tout allait beaucoup plus vite et je m’étais prise une véritable volée de but – notamment par Josefa Ramirez, la poursuiveuse vedette dont les jumeaux rêvaient d’avoir l’autographe. J’étais descendue sur le terrain dépitée, forcée à faire bonne figure devant la mine revêche de Parkin, l’entraineur de l’équipe A. Swan avait voulu me consoler : c’était la première fois que je me trouvais face aux professionnels, en véritable situation de match, c’était toujours déstabilisant, je ne m’en étais pas si mal sorti … Mais j’avais eu tant de doutes sur mon niveau suite à cette séance que j’étais restée jusque tard m’entrainer avec Eden, sous le regard incisif de Dalia. Alors aujourd’hui, je ne voulais pas voir un balai ni un souafle.

-Non, mais je pense flâner dans votre bibliothèque, j’ai besoin de me changer les idées … Genre, une journée sans duel, sans balai, sans douleur musculaire. Juste … Un livre, un canapé.
-Et tu ne peux pas le faire chez toi ?

Je ne pus retenir la grimace qui me venait aux lèvres. La raison de ma présence si matinale chez les Bones était que Melania était venue discuter avec mes parents de la rencontre avec les siens qui prenait à présent tant forme qu’elle commençait à m’effrayer. Incapable de rester sans faire part de mes inquiétudes, j’avais préféré fuir et me réfugier dans un endroit où les problèmes ne seraient pas les miens.

-J’y retournerais quand ils auront peaufiné tous les détails pour la fameuse rencontre … Là, je veux juste me vider la tête.

Simon n’insista pas mais parut également contrarié. Lui non plus n’était pas particulièrement enthousiaste à cette idée et avait convaincu ses parents d’y assister. Il frotta distraitement mon bras.

-Ce n’est pas dans l’intérêt des Selwyn que ça se passe mal … Ce sera tendu, mais ça ira, n’angoisse pas trop pour ça. Bon, je dois y aller, je vais être en retard. A ce soir, peut-être ? Et n’oublie pas ma Gazette.

Il s’engouffra dans la cheminé et les flammes émeraudes l’avalèrent tout entier pour le mener à Oxford. Je secouai la tête, désabusée et montai à la bibliothèque. Ce faisant, je passai devant la porte de la chambre de George et Rose. Si lui était parti aux aurores, j’entendais le remue-ménage de sa femme, qui ne semblait toujours pas prête psychologiquement à reprendre le travail. Elle m’avait autorisée à rester tout en précisant qu’elle passerait sans doute la journée à trier de vieilles affaires et pourtant elle n’était pas descendue pour le premier jour de Simon en tant qu’adulte. Cela devait être douloureux pour son cœur de mère de voir ainsi grandir ses enfants … et en particulier celui-ci.

Je me glissai dans la bibliothèque, peu désireuse de la croiser et d’à nouveau la laisser m’interroger sur nos activités. Nous continuions les séances d’entrainement dans le grenier des jumeaux, où j’avais pu personnellement me frotter à Remus Lupin durant un duel acharné qui dépassait de loin en difficulté ma joute avec Nestor en juin dernier. Mais fort heureusement, le rythme fut moins fracassant que ce que j’avais crains : maintenant que j’étais habituée, j’arrivais à jongler entre le Quidditch, les duels et les moments de repos complet dans mon bain pour calmer les douleurs musculaires ou à me vider la tête dans un livre. C’était régulier, carré et presque rassurant, ça mettait un cadre dans cette nouvelle vie que j’effleurais à peine. A y craindre le moment où cela débuterait réellement, entre les matchs et les missions pour l’Ordre qui seraient réellement aléatoires … Et au point où j’en baissais ma garde. Quelque part dans la nature, Nestor Sewlyn ne devait pas avoir abandonné l’idée de se venger de sa sœur et de moi. Pour ma famille, je ne devais pas me laisser entrainer par le rythme rassurant que prenait ma vie.

Mes réflexions furent interrompues par un brouhaha à l’étage du dessous : Rose était allée ouvrir à quelqu’un, quelqu’un de fort virulent dont la voix féminine et furieuse me parvenait par bride :

- … Te cache depuis des mois … Egoïste … Tu n’es pas la seule à avoir perdue une famille … Moi aussi j’ai le droit … Cassie ne t’aurait jamais …

Rose ne répondait visiblement pas à son interlocutrice. Embarrassée, je fermais la porte pour ne plus entendre les éclats de la dispute – sans doute une employée du Ministère venue la raisonner et la convaincre de reprendre son poste. Résolue, je fouillais la bibliothèque fournie des Bones. Je découvris près de la cheminée frappée des armoiries de Poufsouffle, la Maison familiale, certains carnets manuscrits qui prenaient la poussière que je n’osais pas ouvrir ni lire de peur de violer d’intimité de quelqu’un, et particulièrement d’un mort. J’eus simplement le temps d’apercevoir un plan de Terre-en-Landes – ancien et jauni par les ans – et les esquisses d’un arbre généalogique de la famille. Plus haut, de très vieilles éditions d’ouvrage sorciers mais également moldu, marquant les origines non-magiques de la famille Bones qui gardait cet héritage dans leur culture. Simon et Susan étaient parmi les rares sorciers de Poudlard a avoir cette double culture. J’hésitais fortement à céder à la tentation et à parcourir les carnets lorsque quelques coups furent toqués à la porte. Je sursautais, perchée sur mon échelle et me rattrapai au dernier moment à un barreau.

-Ne tombe pas, je ne voudrais pas te faire rater ton premier match.

Je baissai des yeux incrédules sur la personne qui venait de passer la porte. Fière et digne dans sa robe de sorcière turquoise, Octavia McLairds me contemplait avec un sourire incertain. D’un geste élégant, elle retira le chapeau qui couvrait son opulente chevelure acajou qu’elle avait ramené en un chignon et exécuta une légère révérence.

-Ça change de l’uniforme, pas vrai ?
-Je ne te le fais pas dire, marmonnai-je en descendant de l’échelle. Qu’est-ce que tu fais ici ?
-Je passe dire le bonjour. Je m’attendais à un meilleur accueil …
-C’est toi qui criais en bas ?

Octavia fronça les sourcils et elle jeta un regard furtif à la porte qu’elle avait refermé derrière elle. Les éclats de voix s’étaient tus.

-Euh non … Mais Mrs. Bones parlait avec quelqu’un quand je suis arrivée … Je pense qu’elle a profité de mon arrivée pour la mettre à la porte, cela dit. Une affaire ministérielle, je suppose … J’ai entendu dire que c’était difficile en ce moment ici.

Le nom d’Amelia Bones flotta entre nous, tel un spectre à peine discernable. Octavia passa une main dans le sac de belle facture qu’elle portait à l’épaule et me tendit un exemplaire de La Gazette du Sorcier. Je le saisis avec automatisme et le dépliai pendant qu’elle entonnait :

-Mais j’avoue, c’est toi que je venais voir. Je suis venue ici pour connaître ton adresse, mais Mrs. Bones m’a dit que tu étais là … Je ne sais pas si tu avais vu …
-Stan Rocade ?!
-Voilà.

Je lissai le journal à plat sur une table, interdite. La photo du contrôleur boutonneux du Magicobus était coincé dans un article concernant son arrestation par les Aurors après que le jeune homme ait communiqué des informations concernant Voldemort à un bar. C’était tellement absurde qu’un rire m’échappa et je levai le regard sur Octavia.

-Mais … c’est sérieux ?
-Non seulement c’est sérieux, mais c’est que ce que notre gouvernement appelle « une excellente gestion de la crise », confirma Octavia avec l’ombre d’un sourire. C’est ce qui se dit en interne. J’ai passé la journée hier à traîner les oreilles au service juridique et certains se félicitent d’avoir attrapé un nouveau Mangemort.
-Un Mangemort ? Stan Rocade ?
-Ah, je suis d’accord. Je l’avais croisé à la Coupe du Monde de Quidditch … Bavant devant des Vélanes, prêt à assurer qu’il allait devenir le plus jeune Ministre de la Magie … (Elle tapota sa photo de son index). Ça, ce n’est ni un Mangemort, ni même quelqu’un qui a subi l’imperium – je doute qu’il serait allé se vanter dans un bar dans ce cas. C’est juste un baratineur qui a voulu se rendre intéressant … Et c’est à la Une de la Gazette. Comme une victoire contre Voldemort.

J’observai le visage boutonneux de Stan Rocade et pris lentement conscience de tout ce que je me disait Octavia. Simon avait parfaitement résumé ça en juillet : le Ministère était passé de « tout va bien » à « tout est sous contrôle ». Scrimegeour maîtrisait tout autant que Fudge – et dissimulait encore la gravité des faits à la Communauté Magique. Bon sang, où partirait le monde si Dumbledore n’avait pas mis une résistance sur pied … Il était le seul qui se dressait efficacement contre l’ombre qui écrasait notre quotidien. Les doigts d’Octavia pianotèrent sur la table de bois verni.

-Tu te souviens de l’année dernière, quand les dix Mangemorts se sont évadés et que tu m’as dit d’ouvrir les yeux ? Que le chaos était à nos portes ?
-Oh, lâchai-je, étonnée. Oui, je me souviens … J’ai peut-être été violente, désolée, j’étais à bout de nerf à ce moment-là …
-Non, me coupa Octavia en tripotant son chapeau. Non, tu étais en colère et tu étais parfaitement en droit, tu as eu raison sur toute la ligne. J’ai préféré croire Fudge dans un premier temps parce que je ne voulais pas croire que le Ministère nous mettrait sciemment en danger … Mais il l’a fait et il continue de le faire.

Elle hissa son sac sur ses genoux et sortit alors un nombre important de parchemin sur lesquels elle avait griffonné des notes, des plans que je peinais à lire. L’encre brillait encore, comme si les lettres avaient été tracé fraichement, il y avait quelques minutes. J’en pris un rouleau de parchemin et le déroulai devant moi. C’était un projet, constatai-je, intriguée. Dans la lignée de celui que nous avions fait l’an dernier pour les ASPIC sur les limites du Code Magique Internationale comme garant de la paix entre moldus et sorcier. Mais cette fois, c’était plus axé sur les moldus, remarquai-je en suivant les notes d’Octavia. Et plus axé sur la culture. Je lui jetai un regard interrogateur.

-Tu te lances dans un nouveau projet de recherche ?
-Nous nous lançons sur un nouveau projet de recherche, rectifia-t-elle avec un petit sourire. Que nous allons éditer en livre pour le diffuser à la communauté magique.
-Tu veux écrire un livre ?
-Toi et moi, oui. Victoria, on est en guerre et en guerre, il y a deux sortes de personnes : les protagonistes, qu’ils soient d’un côté ou de l’autre, et cette immense masse de la population qui n’ose pas bouger une oreille et qui pourtant peut faire tout basculer. Ce n’est pas qu’une guerre d’action, c’est aussi une guerre des idées, une idéologie. Et je ne sais pas si tu as remarqué, notre propagande reste … assez faible. Le problème d’avoir un homme d’action à la tête du gouvernement, c’est qu’il sous-estime le pouvoir des mots. Tu-Sais-Qui, lui, ne se prive pas pour diffuser ses idées. Les grandes familles reçoivent des lettres, des tracts, de la propagande qui liste les avantages qu’ils auraient s’il était au pouvoir. L’argument qui a le plus de résonnance, c’est celui de la liberté. Les sorciers libérés du joug des moldus … Le Code Internationale du Secret Magique volant en éclat – les mêmes arguments qui avaient sensibilisé sous Grindelwald … Certains sont prêt à fermer les yeux sur la magie noire, juste pour un peu de pouvoir en plus.
-Oh Seigneur … c’est chez toi que tu entends ça ?

Les lèvres d’Octavia se pincèrent. Elle était issue d’une riche famille de sorcier, de Sang-Mêlé certes, mais assez influente pour avoir donné à l’Angleterre un Ministre de la Magie et plusieurs hauts fonctionnaires. Evidemment que les Mangemorts devait leur faire les yeux doux – ou les menacer.

-Pas spécifiquement chez moi … Mais mes parents ont donné une réception la semaine dernière et j’ai entendu pas mal de chose que j’aurais préféré ne pas entendre. Mes parents ne se prononcent pas, mais je sens que ça bouillonne chez les grandes familles de sorcier. Alors j’ai essayé de trainer les oreilles, même de débattre avec eux … « Mais vous avez pensé aux conséquences que ça peut avoir sur le monde moldu ? – Les moldus s’adapteront, comme toujours », me répondait-on avec condescendance. « De plus, les sorciers ont tellement à leur apporter, ils ne seraient plus obligés de vivre avec leur techniques archaïques … ».
-Archaïque ? répétai-je, outrée. L’électricité, c’est archaïque ? Les moldus comprennent mieux le monde que les sorciers ne le feront jamais ! Eux ne s’intéressent qu’à la magie, pas à la nature ou au corps humain ou à la façon dont l’univers tourne …

Le sourire d’Octavia s’agrandit et elle pointa un index triomphal sur moi.

-Voilà. C’est pour ça que j’ai besoin de toi, Victoria Bennett. Toi et moi, on va prouver aux sorciers que ce qui fait la richesse de nos cultures, ce sont nos interactions dans un monde égal. Ce ne sont pas les sorciers qui ont inventé les radios, l’appareil photo ou les tourne-disques, c’est une technologie qu’on a volé puis ensorcelé. Un jour, on volera aussi les cinémas ou les télévisions, ce n’est qu’une question de temps. Précisément parce que le moldu connait mieux le monde, les mécanismes qui le font tourner … Nous, on est tristement ignorant de ça. De comment les moldus nous surpasse – et de loin – en terme de créativité et maîtrise de l’environnement. Je parle de science, mais aussi d’art, de lettre, de compréhension de l’esprit humain. J’ai vu Roger cet été qui m’a dit que les médicomages et psychomages se basaient sur les études moldues parce qu’elles étaient bien détaillées et complètes, plus pointu que n’importe quel travail sorcier.

Elle avait parlé si vite qu’elle dût prendre une grande inspiration. Captivée parce qu’elle disait, je fis négligemment tourner ma baguette pour faire apparaître un verre de jus de citrouille frais qu’elle avala d’un trait.

-Merci. Bref. Tu es bien placée pour savoir que les sorciers sont tristement ignorant des moldus …
-Mais il existe plein de bouquin qui leur explique, on les a utilisés en cours … ça ne veut pas dire que les sorciers s’intéressent à ce qui se passe de l’autre côté du mur.
-C’est pour ça qu’on va faire mieux. Pas un ouvrage ennuyeux qui nous explique ce qu’est l’électricité, mais pourquoi l’électricité est une prouesse, comment ça participe au fait qu’ils comprennent mieux le monde que nous. Et il ne faut pas qu’on se centre sur les moldus, mais sur les liens qu’ils ont avec les sorciers, sur nos échanges culturels. Il faut qu’on œuvre en historienne.
-Pas qu’en historienne, je pense. Il faudra aussi se pencher sur les outils sociologiques… Il y a un cursus à l’université de Gloucester, je me demande si je pourrais prendre quelques cours …

Je levai les yeux du parchemin pour voir le regard entendu d’Octavia. J’eus un sourire confus. Je me doutais qu’à la lecture de ses notes, mon visage s’était illuminé et que mes yeux s’étaient mis à pétiller. Le projet me plaisait – ce que disait Octavia me plaisait. C’était un moyen détourné d’agir, de faire ouvrir les yeux à cette masse de sorciers qui ne s’intéressaient pas au monde moldus et qui, de ce fait, les considérait comme quantité négligeable dans la guerre. C’était fin et intelligent, à l’image d’Octavia. J’enroulai le parchemin pour lui rendre.

-Et tu as eu cette idée quand ?
-Ça fait quelques semaines que j’y pense, admit-t-elle. Mais j’ai commencé à vraiment y réfléchir après la réception et que je me suis rendue compte que … personne ne m’écoutait. Je suis une fille, et la fille cadette, qui plus est. Je n’étais qu’un joli visage au milieu d’une foule, les hommes me considéraient avec condescendance – ou comme un parti à prendre pour leurs fils. Leurs fils, par ailleurs. Le grand regret de mon père est de ne pas avoir eu de fils et de savoir qu’après lui, les McLairds s’éteindront. Ma sœur a un peu de crédit parce qu’elle est l’aînée, l’héritière, mais moi je ne suis rien. Un nom et une dot. Mais j’ai une voix, et je compte bien la faire entendre au monde entier. L’arrestation de Stan a été le déclencheur, si on veut … Tu avais raison, l’année dernière. Il faut arrêter de se voiler la face.

Mon sourire s’agrandit. Evidemment que j’étais tentée par le projet d’Octavia même s’il paraissait colossal – écrire un livre pour sensibiliser les sorciers à la cause moldue … C’était vertigineux, quelque chose que je me ne serais jamais imaginé faire. Cela dit, je me serais jamais imaginée en joueuse de Quidditch professionnelle ou encore en résistante. Octavia parut sentir les restes de mon hésitation par elle insista :

-Je sais que le Quidditch doit t’occuper déjà assez, ainsi que ta famille et tout ce qui se passe avec les Selwyn …
-Tu es au courant ?

Octavia détourna le regard.

-J’en ai vu assez sur le quai et assez entendu à la réception. Melania Selwyn avec un moldu, ça fait jaser …

Je plissai les yeux, soudainement suspicieuse. Il me semblait que les joues pâles d’Octavia avaient rosies.

-Il n’y avait pas Ulysse Selwyn par hasard à cette réception ?
-Si, répondit-t-elle distraitement. Nos pères font des affaires ensemble, ça ne date pas d’hier …
-Je vois …

Mon ton dut l’interloquer car son regard se riva sur moi, interrogateur. Je fis mine de ne pas le remarquer en me plongeant dans un autre rouleau de parchemin, qui contenait des ouvrages de référence. Je savais qu’Octavia avait eu une relation avec Ulysse Selwyn, d’après une conversation que j’avais surprise en janvier dernier. Mais aux dernières nouvelles, la jeune fille avait coupé court à toute relation après avoir appris qu’il m’avait persécuté une partie de ma scolarité. Ce fut sans doute cela qui revint à sa mémoire car elle entonna avec une certaine douceur :

-Je sais que tu ne dois sans doute pas l’aimer beaucoup … J’ai entendu des choses … Mais il a changé, tu sais. J’ai un peu parlé à la réception, bien sûr et … Il a vraiment l’air de vouloir que ça se passe bien, entre ton frère et sa sœur. Ça peut paraitre étrange parce qu’il a passé des années à …
-Me harceler ?

Octavia baissa les yeux, l’air presque honteuse.

-Oui, voilà. Ce qu’il t’a fait, c’était déloyal, injustifié et condamnable. Mais il a cessé, il a changé alors … Je me doute que tu t’en fiches, que ça ne pardonne pas tout mais …

Je la fixai et cela parut l’embarrasser assez pour qu’elle en perde ses mots. Je ne comprenais pas réellement pourquoi elle me parlait ainsi d’Ulysse alors qu’elle ne me savait pas au courant, avant d’enfin réaliser que, d’une certaine façon, elle avait besoin de ma bénédiction. Mon traitement était la raison pour laquelle elle avait cessé de voir Ulysse ; elle avait besoin que je l’approuve pour la reprendre. Je rivai mon regard par la fenêtre qui donnait sur le jardin, indécise.

-Je pense que tu mérites mieux qu’Ulysse Selwyn, Octavia.

Ses yeux papillonnèrent et j’explicitai :

-Je sais qu’il s’est passé quelque chose entre vous, j’ai surpris une conversation avec Simon en janvier dernier … Mais ce n’étaient pas mes affaires alors j’ai préféré ne pas t’en parler. C’est de ça que tu me parles implicitement, c’est ça ?

Octavia paraissait sonnée par ma révélation mais eut la présence d’esprit de hocher la tête. Pour la première fois, j’avais l’impression que la princesse des glaces qu’elle était décidait de tomber le masque : elle n’était ni hautaine, ni digne, juste … tiraillée.

-Je ne savais pas … je veux dire … Simon sait aussi ?

Je confirmai et elle passa une main troublée sur son visage. Je me doutais que ça devait être embarrassant d’apprendre que son ex-petit-ami était au courant de sa nouvelle romance. Surtout quand la nouvelle romance s’appelait Ulysse Selwyn.

-Merveilleux … Mais au moins, je sais qu’il est une tombe, le jour où je le verrais parler d’amour celui-là …
-Alors c’est d’amour qu’il s’agit ?

Mon ton amusé parut rassurer Octavia. Elle effleura les bords de son chapeau de soie bleue roi, un magnifique bleu qui chatoyait aux rayons du soleil.

-Je pense, oui, souffla-t-elle, comme un aveu. Je veux dire … Par Merlin, ça doit te sembler tellement étrange, c’est juste … On ne s’était jamais vraiment parlé, jusqu’à l’été dernier. Nos pères se sont pas mal reçus et normalement, seule Melania accompagne les Selwyn – ils parlent affaire, tu comprends … J’ai toujours admiré Melania, la manière dont elle se comporte et revendique comme héritière alors qu’elle a deux frères, comment elle se donne les moyens de ses ambitions … Mais cette année, elle ne venait pas seule, Ulysse était avec eux, sans doute pour récupérer son statut et se préparer à sa vie future. Alors on s’est retrouvé à parler. Je le connaissais assez mal, mais j’ai apprécié ce que j’ai découvert. Fin, intelligent, drôle – dans le sarcasme, certes, mais j’y étais habituée avec Simon. C’était agréable de discuter et débattre avec lui, reposant parce que lui, contrairement à Simon justement, il ne s’énerve pas. Avec Simon, tu as tort, il a des idées très arrêtées. Pas Ulysse. Il écoute calmement tes arguments avant de te répondre … c’était enrichissant. J’ai fini par beaucoup aimer nos débats alors on s’envoyait des lettres, puis de retour à Poudlard on se retrouvait, cachée à la face de tous parce qu’à l’époque il sortait avec Gloria Flint et que les familles commençaient à s’organiser sur des fiançailles … Puis à Poudlard, ça a commencé à nous peser : les cachettes, les crises de jalousie de Gloria avec laquelle Ulysse ne s’entendait plus du tout, et j’ai bien senti que nos rapports n’étaient plus qu’intellectuels mais également … sentimentaux.

Octavia ne paraissait pas réaliser que j’étais devant elle, qu’en quelque sorte elle se confiait à moi. Elle n’avait sans doute pas eu ni l’occasion ni l’envie de parler à quiconque, soit par fierté, soit par volonté de garder son histoire pour elle, comme un talisman. Je la laissai poursuivre sans intervenir, se libérer des mots qu’elle avait gardé enfermé trop longtemps :

-Alors il a rompu ses fiançailles avec Gloria et j’ai commencé à envisager une relation avec lui … et c’est là que tu m’as parlée de ce qui s’était passé l’année dernière, du fait qu’il t’avait cassé le nez dans une course poursuite. Je l’ignorais et ça m’a mis mal à l’aise. Je me rendais compte que je m’étais arrêtée à la surface, que j’ignorais réellement son histoire, quelle personne il avait été toutes ses années, et quelle personne il était au fond de lui … Alors j’ai commencé mes petites recherches, j’ai interrogé Roger. Et il m’a exposé un portrait de lui qui était en total inadéquation avec l’idée que je m’étais faite d’Ulysse. Manipulateur, cruel, dangereux, le garçon duquel je commençais à tomber amoureuse avait passé les six dernières années à la tête de sa bande à terroriser des nés-moldus, Victoria Bennett en tête de liste. Je peux te dire que ça m’a foutu une sacrée claque. Alors j’ai … coupé court à tout.
-Je sais. C’est la conversation que j’ai surprise.

Octavia cligna des yeux. Malgré son trouble, son regard brun n’était pas embué.

-Ce n’était pas une période simple, ce moment là … Juste après l’évasion des Mangemorts, juste avant qu’on découvre la vérité sur Simon … C’était pesant, je ne savais pas quoi faire, je voulais prendre du recul, me remettre à respirer.
-Et qu’est-ce qui t’a décidé à lui parler de nouveau ? Le fait qu’il m’ait aidé à sauver mon frère ?
-Un peu, avoua-t-elle avec un sourire penaud. Ça m’a conforté dans ce que j’avais perçu durant tous ses mois où j’ai cogité sur nous : peu importe l’ado stupide qu’il avait été, il était en train de devenir un adulte tout autre. Moi aussi j’étais une sombre idiote durant ces années, non ? Froide, arrogante, condescendante … Je comprends qu’Emily et toi m’avez détesté.

J’essuyais un petit rire. C’était surtout vrai pour Emily, qui avait vu en cette fille magnifique et intelligente une véritable rivale, mais à titre personnel je m’étais contentée de rester loin d’elle sans savoir si je la méprisais ou l’enviais. Alors que jusque récemment, j’étais certaine de haïr Ulysse Selwyn et ce qu’il représentait. Je n’étais toujours pas certaine de l’apprécier et je ne lui pardonnais pas réellement les années de harcèlement, mais mes sentiments étaient à présent loin d’être aussi radicaux. Voyant qu’Octavia attendait ma réaction avec une certaine nervosité, je finis par lui faire part de la conclusion que j’avais faite en fin d’année dernière.

-Je pense que tu mérites mieux que ce gars, Octavia mais … Tu as raison. Il change et je pense que le fait d’être avec toi peut permettre au changement de prendre la bonne direction. Alors ce n’est pas moi qui vais t’empêcher d’entamer une relation avec lui.

Les épaules d’Octavia se détendirent et pour la première fois depuis qu’elle avait commencé à me parler d’Ulysse, elle me regarda dans les yeux.

-De toute manière, tu n’as pas besoin de ma permission, ajoutai-je précipitamment face à l’intensité du regard. Mais … je ne sais pas, si tu as besoin de ma bénédiction, je te la donne. Fais changer Selwyn, dans le bon sens.
-Je vois … Mais je te jure, Victoria, tu serais surprise. Il est vraiment … intelligent, curieux, dévoué. Et il veut vraiment extraire tout le mal qu’il avait en lui.
-J’ai déjà entendu ça … de la bouche de Miles.

Je m’en voulus presque d’évoquer cela devant Octavia et détournai les yeux. Elle avait peut-être besoin d’épancher sur ses amours, mais ce n’était pas mon cas. Moins je parlais de Miles, mieux je guérissais. Fort heureusement, elle ne renchérit que pour dire :

-Ah, ça … Je pense que Bletchley a toujours un peu envié Ulysse pour être né dans une si grande famille, mais il n’a jamais été un petit chien à sa botte comme Warrington. Il le traitait en égal et je pense que c’est pour ça qu’Ulysse le respecte. C’était la seule personne de son dortoir avec qui il pouvait réellement communiquer, à intelligence égale. Même si d’après ses dires, de votre côté c’est Miles qui mérite mieux que toi … Oh, mais ne t’en fais pas ! rit-t-elle alors que je la fixais, outrée. Je lui ai répondu que toi aussi tu méritais mieux que lui.
-Merci de m’avoir défendue, maugréai-je, toujours un peu vexée.

Octavia s’esclaffa doucement, visiblement détendue après s’être enfin libérée de son histoire et s’être assurée que je n’avais rien contre sa nouvelle romance. Elle rangea tranquillement ses parchemins.

-Je ne sais pas ce que ça donnera, disons simplement que … je vais lui donner une chance. Et comme faisait partie de la future belle-famille, je suppose que tu mérites d’être au courant de l’avancement.
-Future belle-famille, gémis-je en me prenant la tête entre les mains. Mais tu sais que je les rencontre la semaine prochaine, en plus ? Juste avant mon premier match …
-Je sais, il m’en a parlé …

Ses sourcils s’étaient froncés et je compris qu’elle partageait mes appréhensions. Elle devait mieux connaître les Selwyn que les Bones à force de les cotôyer depuis l’enfance. Pourtant, elle se voulut rassurante :

-Julius est quelqu’un d’intelligent et il a l’air de vraiment aimer ses enfants et surtout Melania. C’est sa petite perle, il ne prendra pas le risque de la perdre.
-J’ai cru comprendre que c’était de la mère que je devais me méfier …
-Thalia est une femme de l’ancienne mode. Elle ne fera rien sans l’approbation de son mari. Tiens bon pour celle-là et qui sait ? Peut-être que je serais là pour te soutenir à la prochaine.
-Pour ton âme, je n’espère pas. Pour celle de Selwyn en revanche …

Octavia eut un sourire amusé avant de baisser le regard sur les parchemins qui jonchaient la table. Je les avais tous consultés un par un, m’étais imprégnée de l’idée de son idée, l’avait mentalement enrichi des miennes. Bien documenté et bien orienté, nous aurions un solide projet qui pourrait ouvrir les yeux aux sorciers sur la réalité de notre monde …

-Ulysse est d’accord avec tout ça ?
-Ça, on s’en fiche, cingla-t-elle avec une vergue qui lui ressemblait plus. Le plus important, c’est que toi tu le sois.
-Je le suis. Mais … Je te préviens, j’avancerais à mon rythme. Entre le Quidditch et … mes problèmes familiaux que tu as souligné.
-Je comprends, moi aussi je serais assez occupée. J’ai enfin trouvé un poste à la Coopération Magique internationale, à la section britannique de la Confédération Internationale des Sorciers …
-Waho, félicitations.

Octavia esquissa un sourire fier qu’elle parvint à gommer.

-Merci. Toujours est-il qu’on va devoir s’organiser si on veut le mener à bien, mais je pense que c’est jouable. On pourrait se tabler sur une réunion par semaine, par exemple ? Et voir comment on avance … (Elle parcourut la bibliothèque des Bones des yeux). Il y a déjà beaucoup à faire ici … Et essaie de travailler Simon, je sais que l’IRIS a une bibliothèque presque plus importante que celle de Poudlard.
-Harceler Simon … Mon activité favorite.

Le sourire d’Octavia se teinta légèrement de nostalgie et elle préféra embrayer sur les premières pistes sur lesquelles se concentrer et fixa notre première réunion au jeudi prochain. Pas de pression, pas d’obligation : nous travaillerons à notre rythme en fonction de nos différentes activités et nous verrions où nos recherches nos mènerons. Je la raccompagnai à la porte, le cœur léger d’avoir accompli quelque chose dans cette journée qui était censée être celle de l’oubli. Il n’y avait rien de mieux que l’activité, quelle qu’elle soit, pour vous éviter de cogiter. Octavia salua poliment Rose qui lisait dans le canapé – celui qui avait une vue sur la cheminée d’où sortirait Simon. Elle ne se leva même pas pour mener la jeune fille à la porte et une fois Octavia partie, je contemplai cette femme qui se morfondait dans ses inquiétudes, cherchant par tous les moyens comment occuper son esprit comme son mari le faisait avec sa loi sur la sécurité des sorciers. A défaut de trouver un véritable plan, je lâchai de but en blanc :

-Rose, vous pouvez être présente au dîner avec les Selwyn ?
Scandium

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Scandium »

Oh pauvre Victoria ! Le premier entrainement avec les pros ! Mais ça finira vite par s'arranger ! J'espère en tout cas !

Oh oui, la rentrée de Simon !! Il est stréssé, le pauvre chou ! Et Victoria qui arrive pas à définir sa relation avec Simon :D :D :D Trop chous !

Et Olivia ! Trop cool comme idée ! C'est chouette d'avoir trouvé d'autres moyens de révoltes contre les Mangemorts et le ministère que l'Ordre du Phéniix. Un livre, c'est une super idée ! Je savais pas que la famille d'Olivia était aussi "noble", je pensais pas que c'était comme ça qu'elle s'était rapprochée d'Ulysse. C'était chouette d'ailleurs de découvrir leur histoire d'ailleurs.

Bref, Victoria va avoir un emploi du temps bien chargé du coup ! C'est chouette ! Mais j'espère qu'elles vont pas devenir des cibles des Mangemorts si elles arrivent à publier leur livre. On sait tous comment finit Charity Burbage. (j'avais jamais percuté qu'elle s'appelé "charité" d'ailleurs ! grave triste).

La rencontre avec les Selwyn, c'est le chapitre suivant alors ? Ca suffit le teasing, Perri :D :D Je sais pas si tu as remarqué mais je suis bien impatiente !
Non sérieusment bravo à toi, super chapitre ! Et hâte d'en savoir plus !

Alors ma fic, ça fait 5 ans que j'essaie d'écrire une fanfic originale sur la Next Génération, notamment sur Ted et Victoire mais j'arrête pas de tout recommencer à zéro pk je trouve une meilleure idée et que je me suis lassé de l'ancienne. Je dois être à ma 6ème version :D :D :D Mais celle là, je la sens bien. J'aborde vraiment des sujets qui me font plaisir, je m'inspire vraiment de ma vie et des gens qui m'entourent, de mes autres passions, etc
PtiteCitrouille

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par PtiteCitrouille »

UNBELIEEEEEVABLE
J'en profite avant d'être à nouveau assommée par le travail
Et Clem et Anna, it's done (franchement si j'ai fait une faute sur deux mots d'anglais, je crains)
si je veux faire ma reloue, t'aurais dû dire "it's already done"
Mais ça reste viteuf bon ce que tu as écrit. Viteuf <3
Il venait de se recevoir le souafle sur la tempe
vu la tronche du Souafle, je pense qu'un "AHHHHHH SA RA** BORDEL DE" aurait été plus adéquat. Ou un évanouissement aussi.
-Les professionnels vont avoir besoin du terrain, il faut que vous dégagiez la place !
comment rappeler que eux, ne sont pas des professionnels :lol:
Arnold se précipita vers le sol pour attirer la balle démoniaque
HIT ME I'M A TARGET

Non mais c'est du grand n'importe quoi cette affaire de Cognard :lol: :lol: mettez-y des pics de fer aussi pendant que vous y êtes, la tronche du joueur en sera tellement rouge de sang qu'on pourrait la confondre avec un souafle
D’accord les américains ont injecté de l’argent, mais ça a été salutaire, le club était au bord de la faillite et dans les bas-fonds du classement.
ouais parce que les joueurs ont fait comme Rennes, ils ont refusé de faire baisser leur salaire
-Krum ? Tu le connais ? Sérieusement ?
Victoria: *gonfle la poitrine et fai tle sgros bras* ouaiiis baaah tu saiiis... un peu quoiii.. j'ai failli jouer avec luiii mais voilààà j'ai refuséé"
L’avantage quand on trainait avec Emily Fawley, Cédric Diggory ou Simon Bones, c’était qu’on n’avait pas à l’être et ça m’avait très bien aidé toutes ces années.
dis comme ça, on pourrait la comparer à Peter Pettigrow :lol: :lol:
Vanlerenberghe, prononça Eden
COUCOU JEUNE ANCETRE DE MOI
les Tireurs d’élite de baguette magique, ils disent qu’ils sont tous mobilisés … Ils vont l’arrêter
les Tireurs d'élite actuellement: "le dernier qui finit son fût de bière est un Strangulot HIHIHI"
Je me laissai aller sur le banc et décidai d’être sincère face à leurs mines interrogatrices
borf, après elle pourrait juste connaître le nom hein, suffit de lire les journaux :lol:
Moi je suis plus intéressé par le fait qu’elle connaissait « le neveu » d’Amelia Bones, intervint Arnold avec un sourire goguenard. Dis-nous tout sur ce « neveu », Victoria.
VOIIIIIILA des allusions wink wink c'est CA que je veux
C'est pas bien compliqué Perri pourtant !
Et pendant qu’ils s’ouvraient à moi, m’acceptant dans leur groupe, je m’étais dérobée.
MOUAHAHAHAA je vous espionne tous en fait et je rends des comptes à Voldemort. Mais croyez moi vous lui êtes absolument pas intéressant, LA BISE

C’était pourtant une question facile, pourtant je me retrouvai incapable d’y répondre
HEHEHEEH DOUBLE WINK
Ami ?
#friendzone
Frère ?
#...je préfère pas m'engager sur ce chemin là
Vous connaissez les Bones ?
*remonte la conversation jusqu'au moment où ils ont parlé des Bones* ouais, t'as tout écouté quoi :lol:
Attends j'ai déjà oublié, c'est quoi le lien Bones/Leonidas ? Genre c'est sa femme qui est cousine ou soeur avec Rose ou un bail comme ça ? J'ai oubliééé
Je le contemplai, un sourire aguicheur aux lèvres.
eh bah alors Vic ??




Non je deconne, j'ai changé le mot désabusé pour aguicheur


Oui bon j'ai des souhaits dans cette fanfic que tu décides de ne pas réaliser alors je prends la fanfic en main ! CA VA HEIN.
je voyais Simon stressé
j'ai lu "tressé", j'ai eu une image cheloue en tête
lasser tes chaussures …
c'est un talent ça, de réussir à ennuyer des chaussures (lacer Perri hahaha)
Je la réajustai sur ses épaules et me rapprochai pour nouer ses attaches d’argent
gloussement gloussement hihihihi
Simon se laissa faire
"le regard perdu sur les lèvres de Victoria, un frisson lui parcourant tendrement la colonne vertébrale"
Très bien maman
ahhhhh alerte syndrome d'Oedipe
Entre le "Frère ?" de Vic et lui son "maman", on est pas arrivés avec ce couple moi je vous le dis
Il frotta distraitement mon bras.
je m'accroche tellement à ces petits détails :lol: :lol:
… Te cache depuis des mois … Egoïste … Tu n’es pas la seule à avoir perdue une famille … Moi aussi j’ai le droit … Cassie ne t’aurait jamais …
ça serait pas la femme de Leonidas du coup ?

Attends wait, Octavia ne fait pas partie de l'Ordre on est d'accord ? Elle travaille où déjà ? Désolée je m'embrouille haha
Ca serait intéressant d'avoir une alliée dans le Ministère pour l'Ordre (on est d'accord c'est dans le ministère qu'elle travaille ?)
-Tu veux écrire un livre ?
-Toi et moi, oui.
alors. Comment dire ?

PAS LE TIME
Autrement, le projet d'Octavia est suuuuper intéressant ! On dirait moi et la Francophonie pour gérer les relations internationales, au lieu de se focaliser sur les intérêts étatiques haha
Il y a un cursus à l’université de Gloucester, je me demande si je pourrais prendre quelques cours …
Mais ?
MAIS ? :lol: :lol: :lol:
Je meurs, elle cherche à grapiller des instants de tranquillité entre l'Ordre et ses entraînements, et là elle veut prendre des cours en plus :lol: :lol: :lol:
-Je pense que tu mérites mieux qu’Ulysse Selwyn, Octavia.
oui bon après tu peux aussi la laisser faire sa vie hahahaha

J'aime trooooop ce discours d'Octavia, et le personnage qui apparaît vraiment au delà de son ancien comportement !!
un poste à la Coopération Magique internationale, à la section britannique de la Confédération Internationale des Sorciers …
YEEEEAH badaaaass
Par contre c'est quoi ce monde de sorciers où les jeunes ont des emplois hyper stylés dès le début ? C'est QUEL MONDE CA ???
celui qui avait une vue sur la cheminée d’où sortirait Simon.
petite info détail qui veut tout dire et qui meuble très bien la personnalité de Rose
-Rose, vous pouvez être présente au dîner avec les Selwyn ?
eh bah, toi qui voulais lui occuper l'esprit, a va la faire travailler cette affaire

C'était vraiment un chapitre super cool ! Y a eu du wink wink avec Simon enfiiiiiiinnnn hahahaha
Et le projet d'Octavia est top, j'adore, c'est tellement mon truc ce genre de projet et d'ambition ! Ca se voit qu'elle veut changer le monde un peu, et c'est une personnalité plus profonde d'Octavia qui émerge (après la fille froide, puis la fille fière mais qui s'ouvrait un peu) ! Ah et j'ai hâte de voir ce dîner du coup, et aussi un compte rendu de Simon sur son école ! Ca doit faire trop bizarre cet écart entre lui et Vic, genre elle elle est dans le monde du travail et lui il continue les études, pas le même rythme haha

Bref, super chapitre, bisous !!
Cazolie

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Bon, j'espère commenter le bon chapitre cette fois haha (aka le 5)
Tu arrêtes des souafles avec tes petites mains ?
Ca va la condescendance là
Le tour des cuisses, maintenant …
-Euh …
-Non mais ça ne va pas !
MAIS C EST QUOI CE MEC PERRI
J’avais remarqué que Rose passait ses journées à la maison, mais ce n’était pas pour autant qu’elle semblait aller mieux
Nous, confinés, savons que rester à la maison n'est pas toujours la meilleure option haha
J’avais failli m’étrangler devant le prix affiché en boutique
#MoiEtMonMariage
soit les directives du Ministères d’un violet qui approchait celui de mes cheveux
Hahaha j'avais oublié tiens, belle façon de le rappeler
Le soleil brillait dans le ciel, pourtant l’éclat de la rue avait ternie
Ca c'est une jolie phrase aussi
C’est un glacier du Chemin de Traverse … Pourquoi … ?
On a eu une explication à ça dans HP ? Me rappelle pas. Mais c'est vrai que c'est CHELOU
Il est hors de question qu’on laisse les Mangemorts s’approcher de nos cheminée, ma petite.
Bien vu Perri
Ils veulent faire écouter toutes les conversations qui passent par-là, notamment. Ça ne part pas de rien, c’est Croupton qui avait préparé cette loi lors de la première guerre …
Tu t'inspires des lois actuelles ? :lol:
L’événement avait mis le monde sorcier en émois : tout le monde achetait sa baguette chez Ollivander et les autres fabricants étaient de bien moindre qualité.
Le grand mystère de ma vie, y a-t-il seulement d'autres fabricants ??
Evidemment, tout était plus facile lorsqu’on faisait plus d’un mètre soixante-dix …
Sauf trouver des pantalons assez longs
Je sais très bien que la taille ne compte pas
Ahem
Mel mon amour ?
Moooow ça a l'air d'aller mieux entre eux
Ce n’est pas parce que tu as une baguette magique que tu sais mieux que nous ce qui est bon pour cette famille.
BIM BIM BIM il a pas tort en vrai, je comprends qu'il l'ait mauvaise d'avori été écarté de sa propre vie, quand Vic a demandé à Mel de rompre
ça restait humiliant de prendre dix buts en dix minutes
DUR

Ah oui ça recrute dans tous les coins la réserve
-Il n’empêche que celui-là je l’ai arrêté avec mon cochon-pendu …
STYLE
Je poussai un soupir en levant les yeux au ciel – bien plus haut que le ciel, à dire vrai.
Ooooh c'est trop joli
-Je suis outré mon minet ! rugit Arnold en levant sa batte.
Il est marrant lui :lol:
Là, ma grande, ce n’était qu’un avant-goût.
oh misère
Trop simple, ça, il va falloir que je lui trouve un surnom à cette gamine. Mini-Pouce ? Barbapapa ?
Pouahahahhaha
J'adore mini-Pouce!

Eeeeh c'et déjà fini
Bon c'était déprimant un peu la partie sur le Chemin de Traverse haha, mais contente de voir George reprendre du poil de la bête !
Hâte de voir la rencontre Selwyn-Bennet, ça promeut :o :o
Et c'était chouette de rencontrer les collègues de Vic, les garçons ont l'air vraiment sympa !
cochyo

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par cochyo »

Je veux un PDV Simon.
Ça doit être incroyable !
Super chapitre !
( faut inventer des journées de 36h pour vic par contre ... ( elle me les prêtera à l’occasion XD ) )
annabethfan

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Ecrire, c'est bien Marcus, mais n'écrivez pas pour être lu : écrivez pour être entendu.

- La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert
Qu'est-ce que j'aime ce livre *emoji yeux coeur*
Il venait de se recevoir le souafle sur la tempe et Eden s’écroula sur le manche de son balai, hilare.
Il est présentement décédé :lol:
Très drôle. Tu m’as fait une bosse, Black Swan.
J'aime ce surnom :lol:
Leonidas Grims venait d’y apparaitre et nous faisait de grands signes.
*sourire débile activé*
Les professionnels vont avoir besoin du terrain, il faut que vous dégagiez la place !
Ca fait tellement "bon les enfants amateurs là, bougez les pros, les vrais, arrivent" :lol: :lol:
Je déglutis nerveusement. Pour m’être pris un ou deux cognards à Poudlard et en avoir grandement souffert, je ne pouvais que craindre ces balles professionnelles plus lourdes et plus rapides.
Déjà que c'était pas la joie elle va finir avec trois commotions cérébrales :lol:
Elle était loin, mais paraissait élégante avec sa robe émeraude et ses longs cheveux bruns.
Je sais pas comment mais j'ai su à la seconde que c'était Lysa ^^
Je ne sais pas, avant les Tornades c’était des petits mais du panache. Là, j’ai l’impression qu’ils n’ont plus d’identité … Que ça devient un club de mercenaire.
Ca va Perri l'inclusion des débats footballistique ? :lol:
-Krum ? Tu le connais ? Sérieusement ?
Oupsie pas discrète :lol:
"Oui je le connais, on a débarqué dans l'appart de mon ancienne tortionnaire en Pologne tous les deux. On est des vieux baroudeurs"
L’avantage quand on trainait avec Emily Fawley, Cédric Diggory ou Simon Bones, c’était qu’on n’avait pas à l’être et ça m’avait très bien aidé toutes ces années.
J'aime bien cette phrase, elle remet en perspective Victoria et sa façon dont le monde la perçoit je trouve...
Il gardait peut-être des traces de noblesse qui rappelaient que nous n’étions pas nés dans le même monde, j’avais la conviction que ça restait quelqu’un de bien.
Damn right
Ça fait des mois qu’il essaie de la demander en mariage mais qu’il n’a pas le cran.
Ca me rappelle quelqu'un que je surnomme blaireau. Heureusement que ça s'est arrangé khjqdkjskl!!!
Si j’ai bien lu les journaux, votre première guerre a duré dix ans.
Dix ans ? Autant ?
Moi je suis plus intéressé par le fait qu’elle connaissait « le neveu » d’Amelia Bones, intervint Arnold avec un sourire goguenard. Dis-nous tout sur ce « neveu », Victoria.
J'ai le sourire du smiley wink wink :lol:
Il y avait des choses que je ne voulais pas expliquer, comme d’autre que je ne pouvais pas dévoiler.
Je trouve cette phrase très belle. Elle est simple pourtant, mais elle est bien écrite !
Mais c'est sûr que j'imagine pas Vic sortir "bon alors le week-end je me fais des missions de surveillance pour l'Ordre, c'est génial. Dimanche dernier je suis restée à observer un châtaigner qu'on suspectait d'être un mangemort déguisé" :lol:
-A ce point ?
-Quoi ? Non !
Quoi ? Si !
Maintenant que j’y réfléchissais, j’étais incapable de définir ce qu’était Simon pour moi.
Le doute commence !!!
Le président Grims venait d’apparaître dans l’encadrement la porte, ses mains plongées dans ses poches et ton éternel sourire aux lèvres.
Je suis sûre qu'il écoutait depuis le début mouhahaha
Vous connaissez les Bones ?
-Ah … Euh, oui. J’habite à Terre-en-Lande comme eux.
-Je n’avais pas fait le rapprochement, souffla Leonidas Grims, comme pour lui-même, avant de me sourire de nouveau. Bien Victoria, je vous dis à mercredi.
Si tu savais comment je fangirl j'ai trop hâte qu'il ait la conversation avec elle où il lui avouera la vérité ^^
-Rogue ? Sérieusement ?
Notre réaction à tous oui...
et Harry bien sûr, évidemment, l’Elu … Tu verrais comment les filles bavent dessus maintenant, elles ne le trouvaient pas si séduisant l’année dernière.
La scène de Ron qui mange les chocolats/philtre d'amour de Romilda Vane ne cessera jamais de me faire rire :lol:
un prestigieux institut de recherche dissimulé au sein de la plus prestigieuse encore université d’Oxford.
Oh je savais plus si je savais ça, mais c'est une idée de génie !!!
Je la réajustai sur ses épaules et me rapprochai pour nouer ses attaches d’argent à sa gorge. Sa poussée de croissance avait cessé, observai-je, rassurée qu’il n’ait qu’une demi-tête de plus que moi. Il avait poussé la bienséance à mettre du parfum, des effluves légères qui me chatouillaient les narines. Simon se laissa faire, sans doute trop angoissé pour protester.
Tout est iconique là !
Elle lui attache sa cape, remarque son freaking parfum, et lui il bouge pas (trop angoissé tu parles, il grave le moment dans sa mémoire oui) :lol:
Il frotta distraitement mon bras.
Crois pas je t'ai pas remarqué Simon *smiley wink wink*
… Te cache depuis des mois … Egoïste … Tu n’es pas la seule à avoir perdue une famille … Moi aussi j’ai le droit … Cassie ne t’aurait jamais …
Je me demande honnêtement qui c'est...
(Ok j'ai continué le paragraphe mais je viens d'avoir une supposition donc je la mets là : ça serait pas Lysa ? ^^ Le ton vindicatif et le Cassie me mettent sur cette voie.)
-Stan Rocade ?!
Notre réaction à tous oui bis.
mais c’est que ce que notre gouvernement appelle « une excellente gestion de la crise »,
Ah Castex a pas dit ça ce soir aussi ? :lol:
-Tu veux écrire un livre ?
-Toi et moi, oui.
Il est loin le temps où elle râlait d'avoir Vic en partenaire ^^
e Code Internationale du Secret Magique volant en éclat – les mêmes arguments qui avaient sensibilisé sous Grindelwald … Certains sont prêt à fermer les yeux sur la magie noire, juste pour un peu de pouvoir en plus.
Tu le décris tellement bien. Vraiment je pense que je l'ai répété vingt fois mais plus on avance dans la guerre, plus tu l'as penses et l'analyse dans l'histoire même et c'est tellement intéressant !
Ce ne sont pas les sorciers qui ont inventé les radios, l’appareil photo ou les tourne-disques, c’est une technologie qu’on a volé puis ensorcelé. Un jour, on volera aussi les cinémas ou les télévisions, ce n’est qu’une question de temps.
Eh mais vraiment c'est juste passionnant !!!
-Je pense que tu mérites mieux qu’Ulysse Selwyn, Octavia.
Voilà le secret est dévoilé haha! Mais en vrai j'aime bien moi le couple Octavia/Ulysse ^^
Avec Simon, tu as tort, il a des idées très arrêtées
Well, Victoria peut être butée aussi, elle est peut-être la seule qui peut lui tenir tête d'ailleurs :lol:
Même si d’après ses dires, de votre côté c’est Miles qui mérite mieux que toi
Bam :lol: Mais en vrai c'est pas faux... Pas mériter je pense, mais Miles et Victoria ça n'auraient pas été correct pour lui si ça avait continué.
A défaut de trouver un véritable plan, je lâchai de but en blanc :

-Rose, vous pouvez être présente au dîner avec les Selwyn ?
Nan mais ce dîner va être iconique :lol:

Super chapitre !!!
Perripuce

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

HOLA ! Comment ça va ?
Bon je n'ai pas grand-chose à dire à part que le biathlon me manque mais qu'il revient mercredi POUR LES CHAMPIONNAT DU MONDE HIII et que j'attendais trop la neige cette nuit mais j'ai eu que quelques flocons grr.

Réponse aux coms :

Anna' : encore une fois c'était génial, merciiiii

Coch : tu veux un PDV Simon? Tu seras peut-être exaucé ... Et merciii pour ton com !

Clem : Tu m'as fait étouffer de rire sérieux, je tiens à le rappeler

Chloé : Merci pour ton commentaire, comme à chaque fois il est génial et j'adore ton enthousiasme ! Pour la rencontre avec les Selwyn, je sais que je la tease beaucoup et normalement elle devait être dans le chapitre que je vais poster ... Mais malheureusement, c'était trop long et j'ai dû le couper en deux ... Sinon, trop contente que l'idée du livre te plaise, c'est vraiment pour prouver comme tu l'as dit que la lutte a plusieurs formes !
Et pour ta fanfic', je me souviens que tu m'en avais parlé, une fois ! Je suis contente que tu n'aies pas abandonné l'idée, j'espère que ça se fera ! :D


Maintenant chapiiitre bonne lecture !



***



Après beaucoup d'années où le monde m'a offert beaucoup de spectacles, ce que, finalement, je sais de plus sûr sur la morale et les obligations des hommes, c'est au sport que je le dois.

- Albert Camus
***


Chapitre 9 : Jeu, dupes et match.

-Qu’est-ce que c’est ?

J’observai l’image que Lupin me collait sous le nez, celle d’une vieille zone de grande surface désaffectée et dont les mannequins qui hantait la vitrine faisaient froid dans le dos. Comme pour les trois précédentes, je dus admettre mon ignorance et Lupin la montra à Simon qui répondit immédiatement :

-C’est Ste Mangouste.
-Vous avez caché un hôpital là-dedans ? m’indignai-je, tant l’endroit paraissait miteux. Et comment tu peux savoir ça ?
-J’y suis allée à neuf ans, je me suis fait mordre par un gnome de jardin.
-Oh pauvre petit chou, railla Fred alors que George s’esclaffait. Tu sais ce qu’on en fait des gnomes de jardin ? On joue à qui le lance le plus loin. On voulait essayer avec Bennett, mais chose miraculeuse : il semble qu’elle soit trop grande pour l’activité.

Je levai les deux doigts pour faire un signe obscène de la main, ce qui redoubla le rire des jumeaux. La séance d’aujourd’hui était la plus tranquille et la plus apaisée depuis le début. Sans doute parce qu’elle était très théorique : le but était de reconnaître les lieux socles de la communauté sorcier. Le Ministère, Ste Mangouste, le chemin de Traverse, la résidence de Scrimegeour et même quelques lieux de société comme des clubs ou des bars fréquentés par les sorciers. Quelques coups furent frappés à la porte de l’appartement des jumeaux et Fred ouvrit à une Renata à moitié enveloppée dans une cape d’invisibilité. Elle la lui tendit avec un faible sourire.

-C’est pratique. Mais j’ai transplané à presque un kilomètre de la résidence du Ministre, j’ai dû marcher un peu …
-Au moins maintenant tu sais où c’est, la rassura Lupin avec un sourire indulgent. C’est important que vous sachiez vous réparer dans la carte sorcière : parfois les missions sont imprévisibles et un indice peut vous mener rapidement à l’un de ses endroits… George, à toi. L’entrée du Ministère.
-C’est pour que je fasse de l’exercice ? railla George avec une grimace.

Vous venions de l’apprendre : le Ministère avait lourdement renforcés sa sécurité. Face à la menace qui pesait sur les cheminées, seuls les hauts fonctionnaires pouvaient connectés la leur aux locaux. L’entrée officielle était protégée sur un rayon de près de cinq cent mètres qui interdisaient les transplanages et expliquait que George doive trouver l’entrée à pied. Il prit la cape délaissée par Renata et s’en drapa d’un geste somptueusement royal avant de sortir. La jeune fille reprit sa place et pointa la photo que Lupin tenait toujours.

-Ste Mangoust, récita-t-elle sur le ton d’une bonne élève avant de se tourner vers Fred. Quand j’aurais mon premier salaire, je vous achèterais sans doute l’une de vos capes. Elles sont de belles factures je trouve …
-C’est pour ça qu’elles sont à cent quarante-neuf Gallions et neuf Mornilles.

Renata grimaça. C’était une certaine somme pour n’importe quelle bourse. Simon leur jeta un regard torve.

-Et vous ne faites même pas de prix pour nous et la bonne cause ?
-Un prix pour toi ? demanda Fred, l’air amusé. Avec tout l’or qui doit dormir chez les Bones ? Rêve, va, ça te va bien. Et pour info, tu payes pour Bennett, aussi.
-Pourquoi ?
-Parce que j’ai décidé que vous faisiez un lot.
-Ça ne veut pas dire qu’il m’entretient, rétorquai-je, piquée au vif. Si je dois payer, je le ferais toute seule.

Je me retranchai dignement derrière une carte de Londres. Simon venait de lever les yeux au ciel d’un air désabusé et cela m’avait agacé. Des petites croix d’encre rouge désignaient les différents lieux de société que nous aurions à reconnaître quand les vertes indiquaient les institutions. Je me désintéressai vite de cela pour glisser sur les monuments importants de Londres. Un sourire se dessina sur mes lèvres. Incroyable qu’en dix-huit ans de vie je n’aie pas visiter une seule fois la capitale … Quel anglais n’avait pas fait son pèlerinage à Buckingham Palace pour saluer la reine ? Et toutes les infrastructures culturelles … Londres, c’était le savoir. Je passai un doigt gourmant sur la National Gallery sur Trafalgar Square et baissai brusquement la carte pour fixer Simon. Il dressa un sourcil, surpris de l’attention.

-Quoi ?
-On n’irait pas faire un musée un jour ?
-Quoi ?
-Un musée. Tu sais, les grands bâtiments avec les tableaux. Pas des tableaux, forcément. J’ai toujours rêvé de faire le British Museum.

Simon cligna des yeux, puis un sourire entendu retroussa ses lèvres.

-Avoue que c’est une vaste machination pour m’enfermer dans un sarcophage …
-Ah, ça je connais ! soupira Fred en mettant une main sur son cœur, l’air soulagé de pouvoir comprendre un mot de notre conversation. On en a vu en Egypte, quand on est allé visiter mon frère Bill. On a visité des pyramides …
-Vraiment ?
-Sérieux ?

Ma réponse et celle de Simon se télescopèrent et nous échangeâmes un petit sourire. Son regard s’était mis à étinceler à la mention des pyramides et il s’était redressé, l’air aux aguets. Nos intérêts divergeaient – lui la magie qu’elles renfermaient, moi leur histoire – mais notre fascination restait la même. Fred eut l’air amusé d’avoir ainsi provoquer notre curiosité.

-On a essayé d’enfermer mon frère Percy dans l’une d’entre elles, si tu veux un tuyau, Bennett.
-Et ton frère Bill, il faisait quoi en Egypte ?
-Briseur de sorts pour Gringrotts.
-Tu t’entendrais bien avec, évalua Lupin avec un mince sourire à l’adresse de Simon. Vous avez la même élégance magique, si je puis dire.
-Oh je vous en prie, râlai-je en abaissant définitivement ma carte. Ne flattez pas son égo, je prends tellement soin à le dégonfler !
-C’est toi qui vas finir enfermer sous une pyramide, rétorqua sèchement Simon.

Lupin éclata de rire et Renata daigna esquisser un sourire. Elle s’était éloignée et je vis de la brume blanche se dissiper de son coin. Je penchai la tête, intriguée.

-Tu veux de l’aide ? proposai-je charitablement.
-Pour créer un patronus ? répliqua Fred à sa place, la commissure des lèvres relevée en un sourire ironique. Il faudrait que tu aies le tien Bennett non ?

Je levai les sourcils, indignée et glissai de nouveau mon regard vers Simon. Il me fixait calmement, son bras négligemment plié sur son genou, un pâle sourire aux lèvres. Quelque chose dans l’étincelle de ses yeux me défiait silencieusement. Et comme je n’avais jamais su résister à un défi lancer par Simon, je m’exécutai :

-Spero patronum.

Je craignis l’espace d’un instant que mon expérience tourne au court, mais ce fut bien un petit colibri argenté qui jaillit de ma baguette et s’éleva dans la pièce en battant frénétiquement des ailes. Lupin se redressa subitement, interloqué et Renata écarquilla les yeux. Mais Simon comme moi fixions Fred, qui suivait l’oiseau du regard, bouche bée. La surprise passé, Lupin éclata d’un rire tonitruant et communicatif.

-Et qu’est-ce que tu dis de ça ?
-Que je vais laisser Bones se moquer de Bennett, maugréa-t-il en se refrognant dans son fauteuil. Il fait ça mieux que moi !
-Amen mon frère, se réjouit Simon avec un sourire sarcastique.
-Mais il est tout petit, s’étonna Renata.

Elle tenta de l’effleurer du bout des doigts et la lueur argentée du patronus se refléta spectralement dans ses lunettes. Mais le petit oiseau reprit aussitôt son envol et virevolta du côté de la tête de Simon. Il souriait toujours, avec une teinte de fierté qui me mit le rouge aux rouges.

-Ce n’est pas la taille qui importe, c’est l’éclat.
-Et niveau éclat, il est plutôt pas mal, confirma Lupin avec l’analyse bienveillante du professeur. Fantastique Victoria … (Son regard se baissa sur Simon). Bon, toi, je ne te demande pas …
-Je ne voudrais pas éclipser Vicky.

Je roulai des yeux mais ne pus empêcher un sourire fier de fleurir sur mes lèvres. Je me souvenais encore de la première fois où je l’avais créé, dans la salle commune de Poufsouffle, après une soirée éprouvante en plein cœur des ASPIC où j’avais rallumé l’espoir d’un chant. L’un de mes plus beaux souvenirs de ma scolarité, sans doute.
Renata continua de suivre de colibri avec envie et je finis par le laisser voler dans la pièce. Il semblait donner des inspirations, car Fred s’essayait également. La pointe de sa baguette dégageait énormément de brume, mais une brume sans consistance, voilée et transparente qui peinait à luire comme le faisait celle de Renata. Les deux étaient encore loin d’une forme et quand je vis un pli soucieux apparaitre entre les sourcils de Lupin, je compris que ça commençait à devenir un problème. La faute aux lacunes de l’enseignement d’Ombrage …

-Pourtant, Harry a essayé de m’apprendre, marmonna Fred au bout de la troisième tentative infructueuse. Je ne comprends pas … J’ai tellement de souvenir …
-Il n’y a pas que le souvenir. Il y a la détermination et la puissance magique qui entre en compte. Il faut se concentrer, se laisser imprégner et surtout s’exercer. Ne désespère pas.

Il tapota l’épaule de Fred avec confiance. Je me glissai à côté de Simon, qui n’avait pas pris la peine de faire apparaître le sien. Magnanimité envers ceux qui n’y parvenait pas, nonchalance ou volonté de me laisser dans la lumière, je ne saurais le dire. Il fixait mon colibri qui continuait de visiter le grenier des jumeaux et baignait la pièce dans une douce lueur d’argent.

-Je serais curieux de savoir quel souvenir tu utilises pour qu’il brille comme ça, souffla-t-il. Même le mien ne brille pas autant …
-Jaloux, Bones ?
-Un peu oui.

Qu’il l’admette si facilement m’interloqua et je le lorgnai du coin de l’œil. Il ne paraissait même pas amer, juste perplexe. Dans ses yeux dansaient la belle lueur de curiosité et de vivacité qui s’allumait dès qu’il parlait de la magie.

-Ce n’est pas un souvenir, c’est plus … un sentiment, explicitai-je. Que j’en suis capable, tu sais ? Que malgré tout ce qu’on m’a dit, je vaux quelque chose. Que je peux être fière de ce que je suis.

Ma bouche se tordit et je coinçai nerveusement une mèche folle derrière mon oreille. Je n’avais jamais exprimé cela à voix haute. Jusque-là, le colibri était la seule émanation de mon acceptation de moi, dans mon entièreté. Je sentis le regard de Simon se détacher du patronus pour se planter sur moi et cela renforça assez mon malaise pour que je change de sujet.

-Il va falloir que je m’imprègne de ça pour ce week-end …
-Ce week-end ?
-Mon premier match.
-Oh.

Il papillonna des yeux, comme s’il émergeait d’un rêve. Je me trémoussai et tentai d’ignorer la boule de nervosité qui grossissait dans mon ventre à la perspective. Mon premier match comme professionnel, dans le plus vieux stade de Quidditch d’Angleterre, la Lande de Bodmin. Il y avait de quoi avoir la pression.

-Tu vas venir ?

Je n’aurais pas voulu être si frontale, mais la nervosité semblait réduire mes filtres à néant. Simon ne parut pas s’en formaliser – après tout, je venais juste de le menacer de l’enfermer dans une pyramide.

-C’est quand ?
-Samedi matin.

Ses lèvres esquissèrent une moue peinée et mon cœur se serra.

-J’ai cours …
-Un samedi matin ?
-Initiation à la recherche magique. On n’est plus à Poudlard, Vicky.

Il paraissait sincèrement peiné de m’abandonner dans cette nouvelle étape de ma vie mais également enthousiaste en évoquant cet enseignement. Pour avoir lu sa maquette, je savais qu’il s’agissait de véritable pratique, d’expérimentation en enchantement tel qu’il n’avait jamais pu en rêver à Poudlard. Je me forçai à sourire.

-Cool. Tu l’attendais ce cours, non ?
Un petit sourire s’étira sur les lèvres fines de Simon.
-Tu veux vraiment faire semblant ? Avec moi ? T’es mignonne, dis donc. (Il poussa un soupir et laissa sa tête partir vers l’arrière). Mais je te jure, si j’avais pu, je serais venu. Je n’ai pas vu tous ces matchs pour ne pas voir comment tu as fini …

Je lui flanquais un coup de coude qui n’avait absolument rien d’agressif et lui arracha même un petit rire. Prise entre angoisse et mélancolie, je fus presque tentée de poser ma tête trop lourde sur son épaule. Mais le regard de Lupin se portait trop régulièrement vers nous, comme pour vérifier que nous ne nous étripions pas. J’essuyais un petit rire. Il y avait longtemps que vous avions passé ce stade. Comme pour m’approuver silencieusement, je vis le doigt de Simon glisser sur le parquet pour effleurer le mien. Une infime, discrète mais agréable preuve de soutient qui redonna de l’éclat à mon colibri.

-Mais en tout cas, évidemment que tu peux être fière de toi, Victoria Bennett. Essaie seulement de t’en souvenir sur ton balai, d’accord ?

***


C’était plus facile à dire qu’à faire.

Les Frelons de Wimbourne était une équipe emblématique du championnat, rendue populaire dans les années soixante-dix pour ses performances exceptionnelles menées par un certain Ludovic Verpey. Club du sud de l’Angleterre, elle s’entrainait la mythique Lande de Bodmin, terre ancestrale de Quidditch. Ce qui expliquait sans doute qu’en entrant sur la pelouse de ce stade à l’allure hors norme, les joueurs de la réserve des Frelons semblaient moins impressionnés que je ne l’étais.
J’avais l’impression d’être entrée dans une bulle dès le moment où j’avais ouvert les yeux le matin même. J’avais pris un déjeuner modeste sous le regard inquiet de mes parents, subi la présence de Simon jusqu’au moment où je transplanais au centre Pumpleton, la base de mon équipe. Après un bref échauffement, Dalia nous avait mené à la grande cheminée au fond du bâtiment administratif et nous étions tous partis, balai et sac d’affaire en main, à la Lande de Bodmin. Pour être honnête, je n’avais pas écouté un traitre mot du discourt ardent de mon entraineuse. En revanche, j’avais senti la tendre accolade de Swan, entendu le trait d’esprit d’Arnold et perçu le sourire encourageant d’Eden. Swan avait rajusté le brassard de Capitaine qu’elle portait en qualité de plus ancienne joueuse et meneuse de l’attaque auprès d’Eden et de Xena. Joana, l’allemande à la mine revêche, jouait à son poste d’Attrapeuse alors que Cameron accompagnait Arnold à la batte. J’avais été rassurée de voir que beaucoup était dans le même état que moi : imperméable, concentrés sur le match au point d’en oublier le reste pour ne pas se laisser submerger par la pression. Même Cameron ne semblait plus si sûr de lui : les Frelons étaient connus pour former les meilleurs batteurs du championnat.

-On a répété le plan durant toute la semaine, vous savez ce que vous avez à faire, nous avait asséné Dalia alors que nous sortions de notre vestiaire, vêtus de notre robe bleue ciel frappé du double « T » marine. Eden, essaie de rester sur ton côté gauche et soit mobile autour de Swan, Joana n’oublie pas d’aussi regarder en l’air et Victoria … Bon courage.

Elle m’avait gratifié de tape sur l’épaule qui m’avait donné envie de rendre mon déjeuner. Je m’étais avancée dans le tunnel du stade de la Lande, lorgnant les Frelons – presque tous des garçons, plus grands que moi et faisant trois fois mon poids – en songeant que pour la première fois de ma vie, j’allais probablement enfin passer à travers mon anneau. Dommage pour lui, Simon ne serait pas là pour voir ça … La réflexion m’avait détendue et j’étais enfin entrée dans l’arène en reprenant la lumière.

-Et les quatorze acteurs entrent sur le terrain ! annonça une voix féminine qui semblait venir de partout et de nulle part. C’est parti pour le premier match de la saison à la Lande de Bodmin !

Laquelle était magnifique, je devais l’admettre. Plus vieux stade construit, ses gradins étaient en bois sculpté et certaines arrêtes se fondaient en des branches d’arbre dont le feuillage abritait les spectateurs du soleil. J’avais l’impression de me trouver au milieu d’une clairière ovale sur laquelle se déversait toute la lumière. Assis dans les tribunes officielles assignée aux Tornades, au-dessus du banc de touche occupé par Dalia et notre médicomage, Emma Spielman, le président Grims applaudissait notre entrée. Les gradins avaient été réduit de moitié pour la cession des réserves, m’avait appris Arnold. Nous attirions moins de monde que les équipes professionnelles. Pourtant, la capacité du stade devait être deux fois supérieure à celle de Poudlard et il était plein à craquer de supporters des deux équipes qui tranchaient bien l’espace avec leurs couleurs : bleues pour les Tornades, jaune et noire pour les Frelons.

Contrairement à Poudlard, nous devions tous nous serrer la main et je tentai de soutenir dans broncher les regards amusés des grands poursuiveurs des Frelons. Ils devaient avoir étudiés mon profil comme j’avais dû étudier le leur lors de la dernière quinzaine. James Whitman, un colosse anglais qui n’était certes pas fin techniquement, mais qui était également le plus à même de m’envoyer à travers mes buts. Jason Cooper, plus petit, mais capable de porter des tirs puissants et de longue portée. Tarje Boe, un norvégien d’apparence plus chétive que ses coéquipiers, mais promis à un brillant avenir en raison de sa précision au tir et de sa capacité exceptionnelle à garder un souafle. Tous les trois s’entreregardèrent une fois éloignés et je sus parfaitement interpréter leur regard.
« On va lui faire mordre la poussière à la naine ».
Mais oui. Tous les poursuiveurs qui étaient passés devant moi avaient songé la même chose. Jusqu’au premier match. Je pris une profonde inspiration et me forçai de m’imprégner des mots qu’avait laissé échapper Simon :
« Evidemment que tu peux être fière de toi. Essaie de t’en souvenir quand tu seras sur un balai ».
Swan me donna une grande claque dans le dos avant d’enfourcher son balai.

-Les supporters derrière les buts risque de « bourdonner », ne te laisse pas déconcentrer. Montre-leur que la taille n’a aucune importance, Mini-pouce. Bon courage !
-Dis à Xena de rester en arrière. Avec ses trois lascars, il ne vaut mieux pas que je sois le seul rempart …

Swan acquiesça, au moment même où l’arbitre de la rencontre siffla le début du match. Et alors que je m’envolais vers mes buts, j’avais l’impression que le somptueux décors autour de moi s’effaçait et qu’enfin, j’étais de retour à Poudlard pour jouer mon premier match de la saison avec Poufsouffle. Cooper n’était pas plus redoutable que Roger, tentai-je de me persuader alors qu’Eden avait mis la main sur le souafle. Whitman n’était pas plus massif que Warrington – et jamais je n’aurais laissé Warrington me faire passer par mes buts … J’étais plus inquiète de Boe, dont le profil était nouveau, différent de ce que j’avais pu rencontrer. Fort heureusement pour moi, c’était Whitman qui se présenta le premier devant moi et arma une frappe d’une trajectoire si prévisible qu’elle trouva mes gants sur son chemin. Des cris de rage et de déceptions des supporters des Frelons se firent entendre.

-Premier arrêt d’apparence facile de la nouvelle gardienne des Tornades, Victoria Bennett ! s’enthousiasma la speaker, que je réussis à trouver sur l’un des plus hauts gradins. Elle relance pour Vanler … Vanler … Son coéquipier belge !

Je vis Eden grimacer et lui faire payer la remarque en marquant un but en solitaire. J’eus à peine le temps de me sentir heureuse que Whitman avait déjà remis la main sur le souafle et s’élançait vers moi. Ils se passaient si vite la balle que je peinais à la suivre du regard et que j’en oubliais de surveiller les mouvements de mes adversaires. Cela me joua un tour lorsqu’au dernier moment, Boe lança à Cooper qui marqua dans mon anneau gauche.

-Egalité entre les deux équipes ! Bennett était complétement perdue sur ce coup, elle laisse l’occasion de revenir … Ah, sa passe à sa capitaine était approximative, elle perd ses moyens, pas facile de passer de Poudlard aux professionnels …
-Ne les laisse pas dire, reste concentrée ! me cria Swan avant de poursuivre Xena.

Mais Xena avait déjà perdu le souafle et Boe marqua d’une frappe si puissante que j’en poussai un cri de douleur lorsque la balle heurta ma main dans ma tentative de l’arrêter. Même les souafles étaient plus lourds – et les joueurs plus forts physiquement. Je massai mon poignet, mais Boe intercepta la balle dans l’entrejeu et marqua d’une frappe lointaine et je n’eus pas le temps de me jeter pour le sauver.
Tout allait trop vite pour moi et malgré tous mes entrainements, j’avais l’impression de redevenir la petite gamine de Poudlard qui ne croyait pas en sa force ou en son talent. J’en étais réduite à sauver un souafle de temps à autre de façon anormale – en me pendant à mon balai, en donnant des coups de pieds dedans … Tout ce que Dalia détestait, car ça laissait le temps aux poursuiveurs adversaires d’en marquer un autre. Au bout du dixième que j’encaissais, je hurlai à Swan, folle de rage :

-Bon sang, tu vois bien que je suis sous l’eau ! Pourquoi vous ne gardez pas le souafle ? Est-ce que quelqu’un défend au moins ? J’ai l’impression qu’ils sont tout le temps sur moi !
-Ce n’est pas qu’une impression, ricana Whitman avec un rictus mauvais.

Swan lui jeta un regard féroce et il fila à l’autre bout du terrain, un sourire satisfait aux lèvres. Derrière, j’entendais le bourdonnement incessant des supporters des Frelons, destinés à déstabiliser ma relance. Les lèvres pincées, Swan finit par hocher la tête.

-Je vais dire à Xena de rester derrière et aux Batteurs de viser les Poursuiveurs. Cameron préfère se concentrer sur l’attrapeur des Frelons …
-Si Joana attrape le Vif d’Or mais qu’on se prend une volée de but, ça nous fera une belle jambe !
-Alors fais ton job, rétorqué Cameron qui volait un peu plus haut. C’est toi qui es censé éviter une volée de but, non ?

Je braquai sur lui un regard ardent avant de prendre Swan à parti. Elle haussa les épaules, impuissante. Elle était peut-être la capitaine, mais il était évident que Cameron et Joana la méprisaient. Néanmoins, Xena se mit docilement sur l’entrejeu, prête à presser et à intercepter le souafle et j’eus moins l’impression d’avoir la tête sous l’eau. Je fis deux arrêts, Eden marqua deux fois : nous refaisions lentement notre retard. Arnold prenait soin de viser les poursuiveurs, mais se prenait chaque fois une remarque acerbe de Joana qui se trouvait découverte. Je savais que la stratégie était de lui laisser les clefs du jeu pour qu’elle attrape le Vif d’Or vite et éviter un match harassant face à une équipe connue pour sa rudesse, mais la seule alerte que nous avions eu émanait de l’attrapeur adverse et elle avait été sauvée in extremis par un cognard de Cameron. De toute manière, j’étais si occupée par mes buts que j’étais totalement déconnectée des jeux des attrapeurs. J’étais loin de mes standings de Poudlard, mais la présence de Xena pour freiner les adversaires me permettait de mieux m’organiser pour repousser les souafles. Je pris encore trois buts pour deux arrêts et à l’autre bout du terrain, Swan et Eden faisaient leur possible pour combler notre retard.

J’avais commencé à sentir les poursuiveurs des Frelons fébriles : même s’ils avaient l’ascendant sur moi, je sentais que je les déconcertais et qu’ils ne savaient plus vraiment où viser en arrivant devant moi. Je décidai d’accroître leur trouble d’un arrêt spectaculaire – et qui dût faire hurler Dalia d’horreur – me jetant presque à bas de mon balai pour avoir le souafle, puis en le repoussant du pied quand Boe tenta d’armer une seconde frappe. La balle écrasa son nez qui émit un craquement horrible et le sang se mit à couler abondement sur son visage. Son capitaine demanda un temps mort médical et nous nous précipitâmes sur le sol. Malgré son nez ensanglanté, le grand norvégien m’adressa un sourire.

-Pas mal, lança-t-il dans un anglais approximatif avant de laisser son médecin le soigner.
-Tu es folle ? s’écria Xena, estomaquée. Tu es chanceuse, certains arbitres auraient pu considérer ça comme une faute et ça aurait été pénalty !
-Si la seule manière que tu as trouvé de sauver tes buts c’est de nous mettre en danger …, poursuivit Cameron avec humeur.
-Et toi, tu étais où lorsque j’ai failli perdre ma course au Vif d’Or ? lança Joana à Arnold qui venait d’atterrir. Heureusement que Cameron lui a coupé la trajectoire !
-Mais tu n’as qu’à être plus rapide !

J’observai s’épanouir la dispute que j’avais provoqué et échangeai un regard déconcerté avec Eden et Swan. Ce n’était pas une équipe que j’avais devant moi, constatai-je, désespérée. C’était une somme d’individualité … La pauvre Xena qui me protégeait si bien se vit reprocher par Cameron de ne pas participer à l’attaque et Arnold fut rappelé à l’ordre pour Dalia en personne : l’important, c’était de protéger Joana et d’assurer les points du Vif d’Or. L’entraîneuse se tourna ensuite vers moi, le feu dans les yeux.

-Et veux-tu bien arrêter des arrêts dangereux et inutiles ? Tu nous fais perdre des points précieux !
-Les poursuiveurs ne savent pas comment me prendre, il faut que je continue à les déconcerter !

Je me mordis l’intérieur de la joue, consciente d’avoir été un peu trop violente avec elle. Elle m’observa longuement avant de jeter un coup d’œil aux adversaires. Ils chuchotaient en me lorgnant, l’air moins vainqueur que lorsqu’ils étaient entrés sur le terrain. Dalia se passa une main sur le visage, visiblement tiraillée.

-Les Batteurs doivent couvrir Joana, Xena assurer les points, alors dans ces cas-là laissez-moi carte blanche sur mon jeu, insistai-je d’une voix résolument plus calme. Je promets de ne rien faire de dangereux, juste de les déstabiliser pour qu’ils continuent à hésiter une fois devant moi. C’est pour ça que vous m’avez engagé, non ?
-Très bien, céda Dalia, l’air toujours indécise. Mais si tu te blesses dans tes manœuvres, Bennett, crois-moi tu n’es pas prête de revoir un match.

Elle s’en retourna immédiatement vers le banc de touche et je m’envolais vers mes buts, déterminée. Ils avaient tous l’intention de se comporter en individualité et de ne pas jouer en équipes, songeai-je avec une certaine amertume. Ce n’était pas ma mentalité, j’étais persuadée qu’une équipe solidaire et soudée était plus efficace et plus belle à jouer qu’une équipe bourrée de talent. Mais puisqu’il n’y avait personne pour jouer avec moi, il allait falloir que je ne pense qu’à moi … Alors dans les minutes qui suivirent, je fis comme à l’entrainement et pris les souafles les uns après les autres, tournoyant comme à Poudlard entre mes poteaux pour ne surgir qu’au dernier moment et botter le souafle en touche. Ça ne marchait pas toujours parce que précisément, je n’étais plus à Poudlard et les poursuiveurs en face de moi infiniment plus talentueux, mais au moins je me fis plaisir à jouer, à feinter, à faire des courses pour repousser le souafle d’un coup de pied rageur. Puis, aidée par les deux Batteurs qui coupèrent la route à l’attrapeur des Frelons, Joana remonta en piquet en tenant le Vif d’Or dans son poing, un sourire fier sur son visage. Sans fêter la victoire avec Cameron, Xena et elle, je me dépêchai de retourner vers le sol, éreintée, à bout de souffle. Le match avait duré près d’une heure et je n’avais presque rien vu du temps qui s’était écoulé tant j’avais toujours eu quelque chose à faire – un souafle à suivre ou à repousser. Une grosse main se posa sur mon épaule.

-Vraiment pas mal.

C’était Tarje Boe, le puissant poursuiveur des Frelons. Il m’adressa un sourire qui sonnait comme une promesse de revanche et rejoignit son équipe dépitée aux vestiaires. Nous avions réussi à gagner avec cent cinquante points d’avance – les points du Vif d’Or. La stratégie de Dalia avait été payante, mais j’avais un goût amer dans la bouche, mêlé à un peu de sang parce que j’avais pris un souafle en plein visage – ça lui avait évité de finir dans mes buts. Emma Spielman, notre médicomage, se précipitait d’ailleurs vers moi avec sa trousse.

-Allez, montre-moi ça … Hum, un beau bleu sur ta pommette, rien de grave, j’ai une pommade … Super match au passant !

C’était une femme d’une quarantaine d’année aux cheveux blonds comme les blés et au menton fuyant. Elle m’appliqua une pâte violette sur ma joue et je sentis la chaleur et la douleur se résorber lentement. Je fronçai les sourcils et lorgnai Dalia qui félicitait Joana.

-Vous trouvez ?

Les Tornades avaient beau avoir gagné, j’avais cette impression désagréable qu’à titre personnel, j’avais perdu. Personne, pas même Eden ou Arnold, n’était venu me voir en fin de match : tous s’étaient précipité vers notre sauveuse.

-Tu n’as pas été ridicule, me rassura-t-elle tranquillement. Dalia trouvera des défauts, Cameron te reprochera de ne pas avoir assez protéger tes buts, mais je trouve que tu as fait de ton mieux. Beaucoup craquent au moment du premier match professionnel, mais tu t’es battue et ça, Dalia a apprécié, sois en sûre.

Elle tapota doucement ma joue valide et m’ordonna de garder la pâte sur ma joue encore dix minutes. J’observai Joana faire un tour d’honneur sur son balai devant les supporters bleus des Tornades, extatiques. S’il y avait une telle foule pour la réserve, qu’est-ce que ça devait être au niveau professionnel … J’essayais d’imaginer le stade avec plusieurs étages de plus, des gradins plus remplis que ceux que j’avais devant moi et cela me donna une certaine nausée. Je n’avais réalisé que j’avais fait ce match devant tous ces gens … Que chacune de ses personnes anonymes avait vu tous mes échecs et auraient le loisir de les commenter en rentrant chez eux. Que demain dans les pages sports de La Gazette il y aurait un article qui résumerait le match et dirait un mot sur la petite gardienne désespérée qui avait tout tenté – et beaucoup raté. Mon cœur se mit à battre comme un oiseau effrayé dans ma cage thoracique et sans attendre, je rentrais dans les vestiaires, pressée d’enlever cette robe que j’avais l’impression d’usurper et d’aller passer mes nerfs en me moquant d’une héroïne de théâtre qui vivrait des aventures autrement plus dramatiques que les miennes. Peut-être même que j’ouvrirais la Gazette aux pages qui comptent pour me rappeler quels étaient mes vrais problèmes et que je commencerais à me pencher sur le projet que nous montions avec Octavia afin d’agir et d’avancer.
Parce qu’en terme de Quidditch, j’avais plutôt l’impression de régresser.
J’avais remis mes vêtements de moldus quand Leonidas Grims passa la porte du vestiaire, son chapeau à la main et l’air surpris de me voir ranger mes affaires.

-Victoria, vous ne participez pas à la fête ? C’est votre première victoire avec nous !
-Navrée, monsieur le président, répondis-je, penaude. C’est juste … Je ne crois pas que ma propre performance soit à fêter …
-Oh, vous êtes trop dure avec vous-même.

Il referma la porte derrière lui et s’assit à mes côtés sur le banc. Je le lorgnais, embarrassée, d’autant qu’il portait à sa bouche une cigarette qu’il alluma d’un coup de baguette. Il perçut mon regard et me présenta son paquet avec un sourire avenant. J’hésitai. En signant dans un club professionnel, je m’étais promis de ne plus toucher au tabac, mais le match avait été épuisant moralement et stressant pour mon organisme. Mes doigts tirèrent seuls la tige blanche.

-S’il vous plait, ne me dénoncez pas à Dalia.
-Ça ne me viendrait même pas à l’idée, assura le président en tapotant ma cigarette de sa baguette.

Le bout s’enflamma et j’en tirai une bouffée brûlante qui détendit absolument tous les muscles de mon corps. Il ne dit rien pendant longtemps, se contentant de fumer tranquillement et de tenter de faire des ronds avec sa fumée. Frustré par ses échecs, il agita sa baguette et ce fut un véritable navire à trois mats qui se dessina dans la brume grisâtre et qui s’évapora lorsque le président souffla dessus.

-Victoria, en réalité j’espérais vous parler seul à seule …

Je haussai les sourcils, prise de court par la confidence. Leonidas Grims avait perdu le sourire amusé qui le caractérisait normalement et son visage était empreint d’une certaine nervosité, ce qui expliqua sans doute qu’il tire une longue bouffée de sa cigarette.

-Jusqu’à présent je vous ai toujours croisé en présence de vos coéquipiers et je ne voulais pas vous embarrasser en vous prenant à part … Voilà … Je suis américain, certes, mais marié à une anglaise. Et dès que je vous dirais son nom, vous comprendrez pourquoi je voulais vous en parler.
-Vraiment ?
-Vraiment. Elle s’appelle Lysandra. Croupton, de son nom de jeune fille.

Je me figeai, glacée par le prénom qui sonnait en moi comme les échos d’un vieux songe. L’image d’une jeune fille brune et délicate à la droite de sa sœur aînée me revint en tête.
Bon sang, c’était là que j’avais vu la femme de Leonidas Grims. Sur la photo de mariage d’Edgar et Cassiopée Bones.
Monsieur Grims parut lire mon trouble sur mon visage car il eut un sourire penaud.

-J’en conclus que j’avais raison et que vous comprenez de quoi je voulais vous parler.

Je le fixai, en réalité sans comprendre réellement. Pourquoi voulait-il me parler de la sœur de Cassiopée … ? Puis brusquement, les liens se firent dans mon esprit et ma bouche s’assécha. J’en laissai ma cigarette s’éteindre entre mes doigts. Si elle était la sœur de Cassiopée, Lysandra était aussi la tante de Simon, au même titre que Rose Bones. Même bien plus que Rose, Rose n’était que la femme de son oncle quand Lysandra l’était par le sang …

-Vous voulez me parler de Simon. C’est cela ?
-C’est cela, confirma le président en hochant la tête, visiblement soulagé. Simon Bones, le fils de Cassie … le neveu de Lysandra. Le mien, par mariage.

Il tira une longue bouffée de sa cigarette. Je papillonnais des yeux, stupéfaite. Rose avait évoqué la sœur de Cassiopée, partie aux Etats-Unis rejoindre son mari … Mais je n’avais jamais imaginé que le destin ait pu placer le mari en question à la tête du club dans lequel j’avais signé … et si loin de l’Amérique. Je ne savais toujours pas quoi penser quand le président embraya :

-Je parlerais sans détour, Victoria. Mon épouse aimerait rencontrer son neveu et je suis venu vous demander de lui en parler.
-Je vous pensais aux Etats-Unis …

La phrase pleine d’incompréhension me valut le regard amusé de Leonidas Grims. Mais son sourire, lui, était plutôt dépité.

-Nous sommes revenus l’année dernière, quand Lysa a su pour la mort de son frère …
-Barty Croupton, réalisai-je en me souvenant de la mine revêche du directeur de la Coopération Magique. J’ai appris …
-Lysa a hérité d’une partie de sa fortune, l’autre héritier étant bien sûr le fils de son autre sœur, Simon. Ils ne s’entendaient plus depuis longtemps, ils ne se sont pas du tout contactés depuis que nous sommes retournés aux Etats-Unis après la mort de Cassie … Mais il demeurait son frère, sa dernière famille. Alors une fois les histoires d’héritages réglées et nos affaires en ordre à Boston, nous avons décidé de revenir en Angleterre. J’ai pris la présidence du club dont la famille était propriétaire depuis trois ans – bien qu’américain, j’ai toujours été un grand fan de Quidditch, j’y ai joué à Ilvermorny – et Lysa a cherché à prendre contact avec la dernière famille qui lui restait.
-Attendez …

J’étais perdue. Je comprenais parfaitement la logique de cette femme qui avait perdu toute sa famille en ces dernières années et qui avait été traumatisée au point de partir loin de l’Angleterre. Mais ce détachement total, cet exil m’interpellait tout de même. Je m’étais vaguement interrogée en découvrant la photo et l’existence de Lysandra : comment pouvait-on partir en laissant la dernière trace du passage sur terre d’un être aimé derrière soi ? Pour revenir quinze ans plus tard, qui plus est ? Et surtout …

-Pourquoi vous venez me dire ça, à moi ? m’enquis-je, troublée. Parce que vous avez entendu notre conversation la dernière fois ?
-Il y a de ça, admit Leonidas en inclinant la tête. Et puis, Lysandra a … Attendez, je vais vous montrer.

Il coinça sa cigarette au coin de ses lèvres et fouilla l’intérieur de son veston pour en sortir une enveloppe en papier kraft. Il me la tendit et j’en sortis un paquet de plusieurs photos. Je les parcourues, bouche bée. Ces photos m’étaient affreusement familières et pour cause, c’était mon enfance qui défilait sous mes yeux. Ou plus précisément, celle de Simon. Simon à quatre ans sur les bords du canal de Terre-en-Landes. Simon à six ans, deux trous dans la dentition qu’il tentait de cacher d’une main malgré Caroline qui le forçait à sourire. Simon figé sur cette photo moldue perchée sur les épaules d’Alexandre pendant que j’étais moi-même sur celles de Caroline. Notre première rentrée sur le quai de la voie 9¾, lui heureux d’enfin quitté le Gloucestershire, moi effrayée à l’idée d’être arrachée à mon foyer ...
Je poursuivis mon exploration, presque fascinée par cette vie qui me parvenait par flash, par image figée dans l’éternité et dans l’instant. Quelqu’un avait pris soin de permettre à Lysandra Croupton – Grims – de suivre l’évolution de Simon, de le voir grandir … et de percevoir qui était son entourage. Je restais de longue minute sur une photo qui nous représentait à quatre à l’âge de quinze ans, la seule fois où Simon, Emily, Cédric et moi avions été réunis pendant les vacances d’été entre notre quatrième et notre cinquième année.

-Vous étiez sur la plupart des photos, souffla doucement le président Grims alors que je fixai toujours le cliché, prise d’une vague de nostalgie. Sorcière comme moldue. Je ne vous ai pas reconnu … je n’avais même pas le nom de cette petite fille qui souriait à la caméra. Mais Lysandra a un meilleur œil que moi, elle vous a immédiatement située lorsqu’elle vous a vu sur le terrain.
-C’est pour ça qu’elle me fixait …
-Sans doute. Lysandra n’a jamais été franchement discrète … Je suis désolé si ça vous a inquiété.

Je me fis violence pour arracher mon regard à la photo de groupe et au sourire merveilleusement heureux de Cédric pour passer aux suivantes. La dernière me porta un ultime coup. C’était la photo de Simon et moi devant la maison des Bones, vêtus une dernière fois de nos uniformes. Elle avait à peine deux mois … Je baissai les clichés pour river mon regard sur le président.

-Pardonnez-moi, mais je ne vois toujours pas pourquoi vous m’en parlez à moi …
-Si vous êtes au courant, c’est que vous savez que Simon a … comment dire ça ?
- … Préféré considérer qu’il était le fils de George et Rose, je sais. Justement, c’est eux que vous devez aller voir, pas moi … Oh.

Leonidas venait de se détourner avec un ricanement amer. Il tira à nouveau une grande bouffée de sa cigarette et son pied battit nerveusement le carrelage. Je compris qu’ils avaient déjà demandé à George et Rose de voir Simon … et que la permission leur avait été refusé. Je sortis ma baguette et rallumai nerveusement ma cigarette pour aspirer les vapeurs toxiques mais détendantes.

-Ils n’ont pas voulu alors vous voulez passer par moi, verbalisai-je puisqu’il ne disait rien. Parce que vous avez vu sur les photos que j’étais proche de Simon.
-Si vous êtes d’accord. Sinon, Lysandra finira par fracasser la porte des Bones, ça fait déjà quelques semaines que je la retiens de le faire. Ce n’est pas la meilleure des manières de rencontrer son neveu …
-Ça non …

Non, ça serait même catastrophique comme première rencontre. Simon la rejetterait nécessairement, de part la façon dont elle s’imposait à lui mais également à cause de ce qu’elle était : la preuve vivante que sa mère avait été une personne vivante, qu’elle avait vécu, qu’elle l’avait aimé. Cassiopée était un souvenir infiniment plus douloureux qu’Edgar. Edgar, il pouvait facilement l’assimiler à George : même nom de famille, mêmes yeux verts, même chevelure auburn. Cassiopée elle, était étrangère, un fantôme qu’il ne pouvait rattacher à rien de concret, dissimuler nulle part. La voir se matérialiser sous les traits de sa sœur cadette … Seigneur, je le voyais déjà blêmir sous ses tâches de rousseurs.
Leonidas Grims semblait suivre le cours de mes réflexion tortueuses et osa poser la question :

-Il le pense vraiment, pas vrai ? Il est vraiment persuadé que George et Rose sont ses parents ?
-C’est compliqué, soupirai-je en baissant ma cigarette. Il a voulu s’en persuader, après est-ce qu’il a réellement oublié … Je pense que la vérité est toujours restée en embuscade dans sa tête et elle le prenait à la gorge chaque fois qu’il avait un moment de faiblesse.
-Mais il vous l’a dit ?
-Je l’ai deviné, en fait. Après l’évasion de Jugson …

Une flamme de colère embrasa les iris cobalt de Leonidas au nom de l’assassin de la famille. Ils étaient revenus en Angleterre au moment de la grande évasion de janvier dernier … Et si j’en croyais la description faite de Lysandra par le président, les murs avaient dû trembler.

-Mais ça va mieux, ajoutai-je pour éloigner le sujet de cet homme. Enfin, on travaille. Il arrive à admettre qu’ils sont ses parents depuis quelques semaines, que ce qui lui est arrivé … lui est vraiment arrivé.
-Donc il pourrait accepter de rencontrer Lysandra ?

Non, pensai-je immédiatement avec une certaine tristesse. Non, il se braquerait à la mention de cette tante dont je doutais qu’il connaisse l’existence. D’ailleurs, c’était sans doute parce qu’il le leur avait demandé que ses parents avaient refusé la rencontre … Simon devait savoir que sa tante était en Angleterre. Je serrai le poing qui ne tenait pas la cigarette, subitement furieuse. Je revoyais le sourire de défi, fin et mutin qu’il m’avait adressé dans le grenier des jumeaux et mon ventre s’en tordit douloureusement. Encore quelque chose qu’il m’avait caché …
Quand allait-il cesser de se dissimuler ainsi à moi ?

-Je vais lui en parler, promis-je entre mes dents sans pouvoir contenir la rencoeur dans ma voix. Mais je ne vous promets rien.
-C’est déjà beaucoup … Merci, Victoria.

Leonidas écrasa sa cigarette sur le bord du banc et fit disparaitre les cendres et les mégots d’un coup de baguette. Puis il arracha celle que j’avais coincé pensivement au coin de mes lèvres avec un sourire moqueur.

-Et je vous prends ça avant que Dalia ne vous prenne en flagrant délit. Je vous remercie de m’avoir écouté, Victoria et je vous revoie lundi pour le débrief du match … Je vous ai trouvé battante, une véritable lionne.
-Monsieur le président, l’interpellai-je alors qu’il se levait pour sortir. Pourquoi Lysandra a-t-elle coupé tout contact ? Je veux dire, Simon va forcément m’opposer cet argument … C’est gentil de revenir quinze ans plus tard mais … c’est trop tard.

Leonidas eut un triste sourire et il parut brusquement les soixante ans qu’il devait avoir : son visage était las, creusé, fatigué. Il remit lentement son chapeau sur ses cheveux où le sel commençait à l’emporter sur le poivre.

-Lysa … Lysa n’est pas une battante comme vous l’êtes, Victoria. La mort de Cassie dans ses circonstance … ça l’a brisé. Alors une fois certaine que son neveu serait en sécurité et bien traité – nous avions même offert à George et Rose de nous suivre aux Etats-Unis – nous avons préféré partir. Pour nous préserver, pour guérir. Pas très téméraire ni altruiste … mais humain, je suppose, lorsqu’on est confronté à ce genre de drame. Et quand la guérison a été faite, comme vous l’avez souligné … il était trop tard.

Il me salua d’un hochement de tête et s’en fut, me laissant seule dans le vestiaire avec cette information et ma colère contre Simon qui persistait. Mon regard tomba sur les photos qu’ils m’avaient laissé et mes doigts se crispèrent sur son visage souriant, comme si je pouvais enfin lui crever les yeux en perçant cette image.
Après mon match mitigé, j’avais éprouvé le besoin de me recentrer et Leonidas avait rempli le rôle à merveille. Le rappel de la guerre avec la mort de Cassie et cette partie de Simon qui malgré les discussions, malgré mes rappels de mon soutien, malgré mon acharnement à le guérir de cette situation, m’échappait toujours. Dieu que c’était difficile d’attraper un fantôme … Et cela faisait bouillonner au creux de mon estomac un mélange intense de colère et de déception et cette intensité me fit momentanément tourner la tête.
Quelque part, je me disais que c’était anormal, sans réussir à me dire en quoi ça l’était.
A côté de ça, le Quidditch, mon métier, ma passion, faisait bien pâle figure.




Voilà voilà ! J'espère que ça vous a plu et que le début de partie de manière générale vous plait - j'ai consciente qu'il est assez lent ...

A dans deux semaines !
Scandium

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Scandium »

Yes super chapitre ! Je m'en souviens plus très bien, je l'avais lu à sa sortie mais je me rappelle qu'il m'avait beaucoup plu !

Le premier match de Quiddich, enfin !!! T'as géré comme d'habitude !! Il y avait des suspens, Vicoria était, évidemment, en difficultée mais elle s'est bien battue ! J'étais tellement frustrée que chacun joue perso ! C'est tellement plus beau un beau jeu d'équipe !

Le début étaait super aussi, l'entrainemet de l'Ordre. Vic qui gère le Patronus ! Pourquoi avoir chosi un colibri d'ailleurs ? Juste pk c'est petit et mignon où il y avait une autre raison ? J'aime tellement réfléchir à des Patronus pour des personnages ! Personellement je suis frustrée de mon test sur Pottermore où j'avais eu une libellule (youpi ! ). Mais askip, effectivement la taille des Patronus n'a rien avoir avec la puissance !

Simon et Vic sont tellement proches, encore une fois ! La pauvre, elle est déçue qu'il ne vienne pas à son match ! Et lui est triste de le rater ! Ils sont trop mignons, je fonds
cochyo

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par cochyo »

Absolument GÉNIAL
Cazolie

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Puisque le fiancé est en train de regarder des vidéos débiles à fond dans mon salon, je vais commenter hein haha (oui pour qui lirait ça et s'étonnerait d'entendre parler de mon fiancé -> si vous voulez le voir, on est dans un clip : https://www.youtube.com/watch?v=XHsy_hOkV8s
Allez ciao j'arrête ma pub :lol: )

DONC chapitre 6 c'est parti
Généralement, je prolongeai chaque entrainement avec Eden,
J'aime bieeeen leur relation, ça c'est sport
mon autre vie s’était de nouveau réveillée sous la forme d’une lettre de Fred Weasley m’invitant à déjeuner un dimanche dans sa boutique
OUUUUH Ca promet !

SIMOOOOOOOOOOOOOOOOOOON j(ai l'impression que j'ai cette réaction à chaque fois qu'il apparaît, et à chaque fois que Susan apparaît aussi)
Ce matin même, je m’étais arrangée pour entrer la première dans sa chambre, le réveiller à l’aide d’une casserole et une cuillère de bois et lui offrir Douze moyens infaillibles de séduire une sorcière.
Je meurs :lol: :lol: J'espère qu'il va utiliser ces douze moyens sur Victoria et qu'elle va s'en rendre compte, ce serait vraiment marrant :lol:
Et je ne suis pas sûr d’être aussi bon en voiture qu’en transplanage.
Oui ça demande un peu plus de compétences que direction, détermination et ... Discipline ? C'est quoi le dernier ? J'ia raté mon permis je crois :lol:
-Un leurre explosif, expliqua-t-il devant la mine perplexe de Simon. On vient de les mettre au point,
Ca me parâit tellement évident, l'existence des leurre-explosif, ça me fait bizarre qu'ils viennent juste de les inventer haha
Ne vous isolez pas. Ne pensez pas que vous êtes seuls.
Traduction = ne faites pas comme Peter
Haha j'ai trop aimé ce petit focus sur la chuassure de Simon, va savoir pourquoi ; j'imagine que c'est ce qui donne de la vie à ton récit aussi !
là tout de suite je ne donnerais le feu vert qu’à l’un d’entre vous et vous seriez surpris du nom.
Je vote pour Renata !
il éprouvait visiblement des grandes difficultés à ne pas prononcer ses formules et j’étais plus agile que lui.
Wep, j'imagine que cette dernière année sacrifiée à Poupou a fini par avoir des conséquences :lol: Plus sérieusement, j'aime beaucoup que tu explores cet aspect des jumeaux, parce qu'à part pour leurs expériences, leurs qualités magiques ne sont jamais évoquées !
Encore plus intéressant leur symbiose dans le combat à 2 contre 2 !
Lupin était étrangement souple et dynamique pour un professeur qui semblait passé la majorité de son temps dans les livres
Il fait du yoga dans son salon, comme tout le monde
Elle avait trouvé une place d’apothicaire dans une boutique du Chemin de Traverse mais avec ce qui se passe le propriétaire a pris peur et pense à fermer boutique …
oh non ! C'est fou comme ça résonne avec la situation actuelle :?
Et je vous jure, cette mission avec James Potter, j’ai cru qu’on allait tous y passer, je n’ose imaginer ce qui se serait passé si Maugrey en personne n’était pas intervenu
Pouehehhee ils ont dû se faire engueuler :')
J’évite de lire les journaux pour ne pas trop désespérer …
"Hein ? Confiquoi ?"
-Cet après-midi avec vos amis… Il s’est bien passé ?
"On s'est bien battu :D " Pauvre Rose
-Mais vous n’en faisiez pas partie, Simon et toi …
Le plus gros défi de Perri pour la partie 2 :lol:
Simon n’est pas assez mûr, il n’a pas la tête assez froide pour entrer dans ce genre de groupe.
OUPSIE

Elle me soûle Caroline :lol: Chais pas, elle est un peu méprisante avec Simon je trouve

Par contre je viens de noter mais: j'adore qu'il y ait la famille ET Victoria, normal quoi :lol:
et la chemise toujours boutonnée.
Dommage
Ahem
-J’ai l’âge que Matthew avait quand il est mort.
AH
J'avoue, ça m'angoisse
Non pauvre bébé il me donne envie de pleurer (pour lui hein pas pour moi)
Bonne nuit ma crevette.
MA crevette hein 8-) 8-)
Ils sont trop mignons en vrai, et je trouve ça tellement chou qu'elle sache comment le faire parler et comment le réconforter
Mes joues s’empourprèrent.
OULALA on augmente de niveau là, elle ROUGIT !!
je me fis distraitement la réflexion que malgré les piques et les moqueries … ça en valait la peine.
EVIDEMMENT

C'était cool de voir les débuts de l'Ordre pour eux ! Scène un peu triste pour l'anniversaire de Simon évidemment, mais comme toujours c'est parce que tu mets le doigt sur des sentiments très justes pour tes personnages (parce que t'es trop douée !) Mais du coup j'ai adoré cette fin plus légère et qui dit tellement sur Simon et Vic <3
annabethfan

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Commenté par vocal ^^
Cazolie

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Hellooo chapitre 7 yay
je m’étais tout de même sauvée à l’aube
Walk of shame, c'est du joli vic
Maintenant, il n’y avait plus d’autre garçon, mais la sensation demeurait.
Il semble bien pourtant y avoir UN GARCON dans l'équation
Simon, aidé par ses grandes capacités, était l’un des meilleurs à ce jeu
Ok je vais dire un truc affreux attention prépare toi : évidemment qu'il sait se cacher, c'est comme ça qu'il a survécu
LOL MDR
-Côté moldu, oui.
Ca c'est le grand mystère de ma vie, quelle est l'existence légale des Sorciers dans le monde moldu ?
L’idée que les « gentils » dans cette guerre, le Ministère, l’organisation qui luttait contre Voldemort et ses idées nauséabondes, se laissait aller à ce genre de préjugé n’augurait rien de bon pour la suite.
C'est très intéressant ça, et très bien vu. Non parce que Arthur avec sa passion pour les moldus passe quand même pour un illuminé auprès de TOUT le ministère, même si les gens sont pas forcément pro-voldy
Mais c’était dans sa nature profonde de désamorcer les conflits
C'est son côté Jésus est mon ami ça
En quoi rencontrer les parents apaisera-t-il le feu du petit Nestor ?
"Le petit Nestor" mais paraît un peu trop sympa pour l'énergumène
Nous ne tenons pas à ce qu’ils déterrent Agata, tu ne crois pas ?
Okay cette expression est affreuse dans la mesure où Agata est effectivement un cadavre enterré :lol: Je te jure que j'ai eu l'image des Selwyn en train de brandir son squelette

Miro essaie un peu trop de contrôler tout ce monde moi j'dis
Passablement morose, je passai la porte du seul café de Terre-en-Landes
Oh, aller dans un café :')
Parce qu’il a le service trois pièces
Ca me tue cette expression :lol:
« Si elle veut nous revoir, elle sait où nous trouver »
Déjà cette phrase montre à quel point Simon et Vic vont ensemble haha
Mais je me dis aussi que quelque part ça doit être intimidant pour Emily, maintenant qu'ils sont amis, parce qu'ils sont tous les deux, et ils sont tous l'un pour l'autre, et elle, elle est à côté. C'est plus du tout la même dynamique que quand Cédric était vivant, donc quelque part je trouve son éloignement assez logique, vu les relations assez ... eclusives entre les deux autres

Ca me fait trop bizarre que Vic reste à Terre-en-Landes sans repartir pour Poupou !
-Ça dépend qui, s’esclaffa Chloé avec un immense sourire. Dis au revoir à Bones de ma part !
Hmm hmm Chloé a l'air de voir clair dans leur petit jeu 8)
il semblait excité par la perspective et avait passé une heure à me montrer les maquettes de cours
Je dois être un peu attardée mais je comprends jamais rien aux maquettes de cours, je déteste ça :lol:
professeur Shelton, une pointure en enchantement selon lui.
WAIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIT c'est pas le père de Julian ça ?
J'allais commencer par te demander si tu t'étais inspirée de Sheldon haha
Ça faisait deux fois que le nom d’Anthony franchissait ses lèvres et je ne pouvais m’empêcher de constater que chaque fois, ses joues prenaient une très légère teinte rose
OUUUHU RAGOT RAGOT RAGOT
Je ne pense pas que tes parents parlent encore à leurs amis de Poudlard …
En vrai chais pas, la société sorcière est tellement réduite, et j'ai l'impression qu'un Sorcier sur deux travaille au ministère :lol: En France y 70 fonctionnaires pour 1000 habitants, chez les Sorciers c'est 1 pour 2 habitants :lol:
Vous avez des trajectoires différentes. Pas parce que tu l’aimais plus.
Elle l'a surtout jamais vraiment aimé non haha ?
AH Bah voilà
-Susie …
-C’est rien, je suis désolée … C’est juste … Ça va être dure de prendre le train sans vous …
Oh noooooooooooooooooon elle est trop chouuuuuuuuuuuu Susaaaaaan T.T
Grâce à Harry, je suis devenue forte en maléfice, je te promets de lui montrer …
Crois le ou non, je me suis demandée l'espace de 3 secondes qui était ce Harry :lol: :lol: :lol:
Harry Potter, entouré de la famille Weasley, s’apprêtait à vivre une nouvelle année difficile sous le surnom cette fois d’« Elu »
"Mais... Je suis l'élu" *BOUM*
Susan avait regardé le quai avec appréhension avant que Hannah Abbott ne fende la foule et ne la traine jusqu’à un compartiment avec Ernie et Justin
Elle a retrouvé ses amis :')
Un long cri strident à m’en percer les oreilles avait retenti et je compris avec un moment de retard que c’était le train qui prenait enfin son envol
NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON
La première année ça doit être trop bizarre de pas partir le 1er septembre T.T
-Laisse tomber, Bennett, c’est une situation qui nous échappe à tous les deux. Laissons ton frère et ma sœur se débrouiller avec nos parents.
Il a tellement raison en vrai, c'est pas leur problème à gérer
Préviens Bones de se tenir, il serait dommage qu’il envenime la situation.
Et pourquoi est-ce que Simon serait là ? :lol: C'est pas le mec de Vic aux dernières nouvelles 8)
Susan avait pris son train. Je me devais de prendre le mien.
Moooow jolie conclusion

Trop contente de revoir Susan, je l'aime trop <3 J'ai hâte de cette fameuse rencontre haha
Perripuce

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

I'M LATE I'M LATE I'M LATE

Je suis désolée ! Je ne vais me chercher d'excuse : j'avais oublié. Enfin je m'en suis souvenue, pour zapper la seconde d'après : HONTE SUR MOI.

Mais je suis là ! Je poste en vitesse donc pas de chronique sport (est-ce que ça a à voir avec l'élimination de Lille en Ligue Europa hier? Totalement).

Non mais en plus ce chapitre est trèèès attendu. J'en suis pas vraiment satisfaite mais je ne voyais pas comment l'arranger d'autre alors disons que vous avez la moins pire des versions ! Bonne lecture !


***

Nos ennemis peuvent couper toutes les fleurs, mais ils ne seront jamais les maîtres du printemps.

- Pablo Neruda
***



Chapitre 10 : Gunpowder, treason and plot.

J’étais rentrée furieuse chez moi. Pas parce que j’avais raté mon match, pas parce que Dalia m’avait passé un savon une fois Leonidas parti parce qu’elle avait senti l’odeur du tabac sur ma personne, mais parce que Simon prénom-ridicule Bones persistait à me cacher des choses, lui qui savait chaque aspect de ma misérable vie, même les moins avouables. Le 5 novembre, mes vers de Shakespeare préférés, décrivant parfaitement ma vision de l’amour, mon grand-père et les souvenirs douloureux qui allaient avec … Il avait su, toujours tout su, et les rares fois où j’avais résisté, il me l’avait arraché.

Cette relation asymétrique me mettait hors de moi. J’avais pensé qu’on avait dépassé ça ce jour-là sur le pont où j’avais découvert tout ce pan de sa vie que je n’avais jamais soupçonné, où j’avais pris sa douleur à bras le corps pour être digne de partager ce secret. A partir de ce moment-là, je m’étais inconsciemment donné pour mission de le guérir de son amnésie, d’extraire le poison de la plaie, puisque sa famille semblait trop soucieuse de son bonheur apparent pour le faire. Alors qu’il me cache que sa tante cherchait à le rencontrer … Ce n’était peut-être rien. C’était un détail, une anecdote sur l’intimité de Simon, mais il s’ajoutait à tout le reste. Une petite voix en moi me répétait que c’était sans doute pour ça qu’il ne m’avait rien dit. Qu’il avait craint ma réaction, que je ne le force à voir sa tante alors que la situation l’effrayait. Et ça ne faisait qu’attiser ma colère, sans savoir si elle était dirigée contre moi ou contre lui.

Toujours était-il que le jour fatidique où arriva la rencontre avec Thalia et Julius Selwyn, j’étais une outre pleine, prête à déborder à la moindre goute. J’avais évité Simon durant ces quelques jours, me plongeant dans mes recherches avec Octavia ou passant mes nerfs sur les souafles. La seule fois où je fus obligée de communiquer fut la scène d’entrainement de l’Ordre, mais cette fois ce fut moi qui affrontais Remus Lupin en combat singulier. Les duels furent harassants mais purgateur et je rougis de plaisir lorsque mon ancien professeur m’avoua à mi-mots que j’étais la mieux prédisposée en terme de duel. Je n’étais pas aussi puissante que Simon, ni aussi inventive que les jumeaux, mais j’étais agile, précise et réaliste. Il commençait à nous parler des entretiens qu’ils nous feraient passer pour déterminer si nous étions prêts à œuvrer pour l’Ordre. Les jumeaux bouillonnaient : ils trouvaient ça injuste d’être ainsi mis à l’écart de l’action alors que la veille, une nouvelle famille de moldue avait été tuée au Pays de Galles. Et je voyais dans le regard désabusé de Lupin que leur impatience était précisément la raison pour laquelle ils patientaient encore.

-Bon sang, Alex, ce n’est qu’une cravate !
-Et pourquoi je ne peux pas rester ? Les parents de celui qui a voulu tuer mes petits-enfants va se trouver dans notre salon et tu veux que je reparte ?!
-Oui, papa, je te demande de partir ! Justement parce que tu es comme ça !
-Alexandre Benedict Miroslav, mets cette cravate sinon je te la jure que j’use de ma baguette !
-Comment oses-tu menacer un pauvre sans magique comme moi avec ta magie ?
-Tu es un « pauvre moldu » seulement quand ça t’arrange, Alex !
-Leur fils a mis Victoria sur un bûcher !
-Monsieur Liszka, Marian a raison … Je pense que Julius Selwyn se sentira menacé par votre présence et …
-Mais c’est bien ce que j’espère, Bones !

Enfermée dans ma chambre, je tentai de faire abstraction de la tempête qui agitait ma maison à en faire trembler les murs. Dans la pièce d’à côté, Melania mettait toute son énergie à rendre mon frère présentable aux yeux de ses parents et en bas, ma mère et George Bones tentaient d’apaiser les inquiétudes de mon grand-père pendant que mon père et Rose s’activaient aux fourneaux. C’était un véritable branlebas de combat qui s’organisait et j’étais trop épuisée moralement pour tenter de calmer le jeu. J’avais peur d’exploser et je préférais consacrer mon énergie à me calmer. J’avais ensorcelé des brouillons qui volaient à présent, pliés en forme d’oiseau et de papillons, agitant leurs ailes blanches noircie de mon écriture en cercle concentrique au-dessus de mon lit. J’observai leur vol, allongée, les bras en croix. Pour l’occasion, Rose m’avait prêté l’une des anciennes robes de sorcières de Caroline, plus sophistiquées que celles que je portais d’habitude mais je me sentais comme une gourde dedans. Caroline avait toujours été plus grande que moi, avec des formes plus généreuses et les ajustements de Rose n’avait en rien enlevé l’impression d’être engloutie dans une masse de tissus. Quelques coups furent frappés à ma porte, qui s’entrouvrit dans la foulée.

-Je peux me réfugier ici ? C’est de la folie en bas.

Simon. Une bouffée de colère remonta dans ma poitrine et je l’étouffai en gardant ma concentration bien fixée sur les volatiles en papier.

-Vas-y.

J’entendis la porte se refermer derrière lui, puis le matelas s’affaisser lorsqu’il s’installa en tailleur sur mon lit. Je tentai un coup d’œil. Il s’était nonchalamment adossé au mur et lisait la quatrième de couverture du livre que j’avais jeté sur l’oreiller. Les angoisses du mois d’août et de la rentrée étaient passées, broyée par le rythme quotidien qui s’était épris de sa vie. Les journées à l’IRIS étaient longues et je savais que comme moi avec le Quidditch, son égo et sa foi en ses capacités en avaient pris un petit coup. Et comme à chaque fois que son orgueil était touché, Simon s’était mis à travailler et c’était sans doute pour cela qu’il avait été si facile pour moi de le semer ces derniers jours. Il dut sentir mon regard sur lui car il releva les yeux du livre. Je levai immédiatement les miens sur les oiseaux de papier.

-Mon grand-père s’est résigné à partir ? demandai-je plutôt d’une voix que j’espérais neutre.
-Je pense que ta mère ne lui laissera pas le choix … Les Selwyn arrivent dans dix minutes et on n’a pas demandé à Melania de la fermer sur son identité pour qu’il se trahisse comme ça … Moins ils en savent sur ta famille, mieux c’est, non ?
-Ça, c’est sûr …

Je donnai un coup de baguette en direction du papillon. Ses ailes froufroutèrent et il décrivit un arc de cercle gracieux avant d’exécuter quelques boucles. Puis l’un de mes oiseaux heurta le papillon, abîmant son aile dans la collision. Je me redressai brusquement sur mes coudes et dardai un regard agacé sur Simon. Il avait sorti sa baguette d’acacia et m’adressa un sourire moqueur qui me donna encore de casser son grand nez d’un coup de poing.

-Tu as abîmé mon papillon !
-Vigilance constante, Vicky. Je ne savais même pas que tu savais ensorceler des parchemins comme ça …

Je ne savais pas … Je me redressai définitivement, et balançai mes jambes dans le vide, inspirant brusquement. Il fallait que lui parle de Lysandra, ne serait-ce que pour respecter la parole que j’avais donné à Leonidas Grims. Mais ce n’était certainement pas le moment.

-Comme quoi, il y a des choses que tu ignores toujours …

Simon essuya un petit rire derrière moi, un petit rire qui me mit davantage les nerfs à fleurs de peau. D’un coup de baguette un peu raide, j’interrompis le vol de tous mes oiseaux de papiers qui tournoyèrent, aspirés par la gravité. L’un d’entre eux atterrit sur la tête de Simon et il était en train de l’observer quand je lâchai :

-Je vais descendre, convaincre mon grand-père de partir … Tu peux continuer à te planquer, si tu veux …

Le mot répandit un goût de cendre dans ma bouche et je portais mes doigts à mes lèvres. Je détestai ce tourbillon de colère qui ne faisaient que s’attiser et bouillonner depuis quelques jours. Elle atteignait aujourd’hui son paroxysme parce qu’elle était conjuguée à la nervosité de la rencontre qui se jouait et je tentais de mettre cette spirale de négativité sur son compte, tout en sachant que je me fourvoyais. Je me levai et ma main eut à peine le temps de se poser sur ma poignée que la voix de Simon m’interrompit net.

-Vicky, attends.

Ma main se crispa sur la poignée. « Tu sais que je déteste qu’on m’appelle comme ça … ». « Ça dépend qui. ». Chloé avait raison, Simon jouissait d’une impunité surprenante compte tenu de ma détestation de ce surnom. La faute à sa ténacité à me faire enrager. J’avais fini par oublier à quel point j’avais haï ces deux syllabes qui sonnaient si mal à mes oreilles, uniquement quand c’était lui qui les prononçait.
Je me refusai à me retourner me contentai de lâcher du bout des lèvres :

-Quoi ?

J’entendis Simon soupirer derrière moi et le froissement délicat d’un de mes parchemins.

-Merci de me conforter dans mon impression …
-Quelle impression ?
-Que tu m’en veux. Et très honnêtement, je ne comprends pas pourquoi.

Je m’autorisai un coup d’œil en arrière. Simon était assis en tailleurs sur mon lit, ses longs doigts lissant un parchemin issu de l’un de mes oiseaux en un geste compulsif.

-Un peu comme la fois où tu as reçu le premier message de Kamila et que tu as cru que c’était moi, continua-t-il sans me regarder. Je te jure, je suis encore blessé que tu aies pensé que j’aie pu faire une chose pareille … Alors là, je ne vois pas quelle faute imaginaire j’ai encore faite, mais j’aimerais bien le savoir. Je te connais, Vicky et je vois bien que tu es furieuse. Et je vois bien que c’est contre moi.

Je ne cherchai pas à nier : je n’avais rien fait pour cacher ma colère, espérant que son accaparement par l’IRIS et le stresse dû à la rencontre en masque la véritable raison. Malheureusement, j’avais oublié à quel point je pouvais être transparente pour lui. Autant que je sois transparente avec lui. J’hésitai un instant, alors que les disputes à l’étage et au rez-de-chaussée s’envenimaient. La maison pouvait bien accepter quelques cris de plus …

-Tu n’aurais pas quelque chose à me dire ?

Simon se raidit, assez pour attiser mon ressentiment. Lentement ses yeux se détachèrent des notes qui parcouraient le parchemin pour se poser sur moi.

-Euh … De quelle nature ?
-Bon sang, Bones ! éclatai-je enfin. Il me semblait qu’on était d’accord pour en finir avec ça ?!
-Avec quoi ? demanda-t-il d’un ton presque apeuré.
-Les omissions ! Toi qui persistes à me cacher absolument tous les pans de ta vie, après tout ce que j’ai fait, après t’avoir porté à bout de bras l’année dernière, après tout le chemin qu’on a fait ensemble ! Comment tu oses encore me cacher des choses, Simon … ?

Je me mordis la lèvre au dernier moment. La tirade aurait mérité que je prononce son nom au complet … Sauf que cela aussi échappait à ma connaissance. Simon papillonna des yeux, l’air si déconcerté que ma colère monta en flèche et je poussai un cri de rage en me détournant. Si je continuai de le contempler, lui et son grand nez, je risquai de céder à mes plus bas instincts et de me jeter dessus toute griffe dehors.

-Alors là, je suis perdu.
-Bones, je vais t’arracher les yeux !
-Mais pourquoi ? s’agaça-t-il en écrasant mon parchemin dans son poing. Sérieusement, Vicky …
-Arrête de m’appeler comme ça !

La phrase m’avait échappée, venue des profondeurs de l’enfant que j’étais encore un peu dans l’écrin de Terre-en-Landes et dont les deux syllabes hérissaient chaque centimètre de peau. Les prunelles de Simon étincelèrent, mais pas de malice qui les habitaient d’habitude. Il semblait presque blessé par mon éclat.

-Vraiment ? Ça fait au moins trois ans que je t’appelle comme ça sans que tu t’énerves, et soudainement ça recommence ?
-J’ai toujours détesté ce surnom …
-Et c’est précisément pour ça que je t’appelle comme ça, me coupa Simon avec un sourire tordu. Et c’est justement parce que c’est moi que tu l’acceptes. Je suis la seule personne autorisée à te faire du mal, Vicky.

Je le contemplai, soufflée par cette vérité qui m’était jetée crument au visage. Il avait raison. J’acceptais tout, même le pire de lui, avec bien plus de bienveillance que pour n’importe qui dans ce bas monde. La violence entre nous avait été banalisée, se faire violence l’un l’autre était devenu normal, notre moyen de nous faire avancer face aux épreuves.

-Ce n’est pas le sujet, contrai-je néanmoins d’une voix plus calme.
-En fait, ça l’est un peu. Parce que l’inverse est vrai, Vicky : tu es la seule personne que j’autorise à me faire du mal. Comme sur le pont, comme chaque fois que tu me forçais à admettre que Cassie et Edgar sont mes parents … Comme m’obliger à inviter Kamila au bal, maintenant que j’y pense.

Je retins le sourire qui me venait aux lèvres. J’avais oublié cette histoire … Mon expression dût se radoucir parce que Simon parut plus serein quand il acheva, les yeux rivés sur le parchemin qu’il émiettait consciencieusement :

-Tout ça pour dire … C’est justement parce que j’accepte que tu me fasses du mal que tu es la personne qui en sait le plus sur moi. Alors peut-être que pour toi ce n’est pas évident, justement parce que … je t’ai longtemps caché un gros morceau de ma vie. Mais ça n’empêche pas que même sans ça, tu restes celle à qui je m’ouvre le plus, à qui je dis le plus de chose. Crois-moi, ce qui s’est passé sur le pont, ça m’a servi de leçon : je ne peux pas t’échapper, Vicky. Alors non, je ne te cache rien.

Au fil des mots, j’avais senti ma colère fondre jusqu’à devenir une boule chaude, étrange et douloureuse au creux de mon estomac. J’y croisai les doigts dans l’espoir d’y atténuer la sensation presque physique mais au même moment, mes joues s’étaient empourprées. Je mis ça sur le compte de la honte et de la gêne. Parce que je le croyais : Simon Bones n’était pas du genre à me faire une telle déclaration simplement pour dissimuler Lysandra Grims. Sans me regarder, il continua de morceler le morceau de parchemin donc les chiquettes tombaient sur ses genoux et un silence assez gênant s’installa entre nous. Il fut le premier à le briser, les sourcils froncés :

-Mais maintenant …. J’aimerais bien que tu m’expliques quand même.
-Euh … Oh. Oh.

J’étais si étourdie par la déferlante de chaleur et par l’embarras que j’avais oublié de réfléchir aux implications de l’aveu de Simon. Il ne savait rien concernant Lysandra Grims, pourtant d’après Leonidas, ses tentatives pour voir son neveu s’étaient soldées par un échec. Lentement, je m’assis à côté de lui sur mon lit, perplexe.

-Euh … ça risque de ne pas être agréable, comme conversation.
-C’est déjà le cas, tu sais, ricana-t-il en haussant les épaules. Vas-y, je t’écoute et tu as intérêt à être convaincante.

Mes lèvres se tordirent et la boule dans mon estomac fut chauffée à blanc. Ma fureur des derniers jours me semblaient soudainement injuste et puérile et je préférais me concentrer sur l’histoire pour ignorer cette désagréable sensation :

-Le président de mon club. Il s’appelle Leonidas Grims …

J’attendis quelques secondes, mais le nom ne parut rien évoquer à Simon, qui poursuivit son déchiquetage de parchemin sans lever les yeux de sa tâche. Je pris une grande inspiration pour continuer :

-Il … il est venu me voir. Au nom de sa femme.
-De sa femme ?
-Oui. Elle s’appelle Lysandra …

Les doigts de Simon se figèrent sur le morceau de parchemin et son visage se vida de toute expression. Profitant de son mutisme et de sa stupeur, j’en profitai pour résumer toute la conversation avec Leonidas Grims : ils étaient revenus depuis un an en Angleterre, un an durant lesquels ils avaient tenté de revoir Simon sans y parvenir. Caché dans mon dictionnaire de rune, je pris les photos que le président m’avait laissé et Simon et les parcourut, presque choqué par la nouvelle. Il les parcourait, incapable de prononcer le moindre mot, faisant défiler sa propre vie sous ses yeux.

-J’étais sur beaucoup de photos, moldues comme sorcière, achevai-je d’expliquer d’une voix douce. Alors quand on s’est rencontré, il m’a reconnu et … s’est dit que je pouvais être un lien plus direct avec toi.
-Je me souviens d’elle, souffla Simon, comme s’il ne m’avait pas entendu. Lysa … Elle avait des cheveux noirs … et elle lui ressemblait …

Il baissa les photos pour fixer le mur d’en face. Le choc passé, trop d’émotion s’étaient mises à parcourir les traits de Simon, trop pour que je puisse les identifier. Nostalgie, douleur, colère : toutes ces émotions qui restaient en embuscade dans sa poitrine, prête à surgir du gouffre auquel appartenait sa famille.

-C’était la marraine de Spencer, je crois … Mais … J’ai interrogé ma mère il y a de quoi … Deux mois de ça ? En rentrant de vacance … J’ai regardé un vieil album photo, il y avait des photos de mariage …

Mon cœur se serra presque autant qu’il s’emplisse de fierté. Quand je pensais à l’état dans lequel s’était mis Simon à cause de ce traumatisme, qu’il aille de lui-même parcourir les albums était une grande victoire, un signe que le processus de guérison était en cours. Les doigts de Simon se crispèrent sur les photos.

-Mais quand j’ai demandé à ma mère ce qui était advenu d’elle, elle m’a dit qu’elle était partie aux Etats-Unis avec son mari … Est-ce que tu crois qu’elle sait … ?
-Je n’en sais rien, le coupai-je immédiatement. Je ne sais pas du tout, je n’y ai pas réfléchi … Pour moi, c’était toi qui bloquais la rencontre et ça n’aurait pas été surprenant, ajoutai-je alors qu’il tournait un regard outré sur moi. Ils sont revenus il y a un an, Simon, souviens-toi du niveau auquel tu étais, il y a un an.
-Mais ça va mieux depuis quelques semaines, protesta-t-il, un brin vexé. Vicky, si comme ton président te l’a dit ils ont tenté de me voir, ils ont bien dû parler à quelqu’un. La personne qui leur a envoyé ça.

Il leva les photos avant de brusquement les lâcher et elles s’éparpillèrent sur mon lit avec mes oiseaux de note.

-J’en ai reconnu certaines, ce sont mes parents qui les ont prises.
-Peut-être que tes parents ont voulu te protéger, Simon. Peut-être qu’ils n’ont pas vu le chemin que tu avais fait depuis quelques semaines …
-Ils n’ont pas à décider à ma place !
-Bon sang, Simon. Tu aurais accepté ? Ta mère serait venue te voir, disons, ne serait-ce que cet été pour te dire que ta tante – qui visiblement ressemble fort à ta mère – veut te voir, est-ce que tu aurais accepté ?

Son silence furieux me donna ma réponse. J’ignorais s’il aurait réellement refusé, mais il n’aurait pas accepté sans un long combat – que j’aurais sans doute dû mener. La boule dans mon estomac chauffa et diffusa une chaleur dans mon ventre. Seigneur, il avait raison : j’étais la seule personne capable de lui faire du mal. J’eus soudainement une sensation d’étouffement et une envie de quitter cette chambre – avant de me rappeler ce qui m’attendait à l’extérieur. Quelle idée d’aborder ce sujet maintenant.

-Ecoute, je vais aller en bas, virer mon grand-père avant que les Selwyn n’arrivent, décidai-je alors. Toi, essaie de te calmer et de ne pas aller régler tes comptes avec tes parents ce soir. Ça peut attendre que les Selwyn s’en aillent …

Les épaules de Simon s’affaissèrent et il se frotta le visage avec une certaine résignation avant d’hocher la tête en signe d’assentiment. Soulagée, je passai une main d’encouragement dans son dos et me levai, prête à entrer dans une autre arène. Mais une nouvelle fois, la voix de Simon m’interrompit net.

-Vicky ? Tu étais vraiment en colère contre moi parce que tu pensais que je ne t’avais pas dit que ma tante cherchait à me voir ?

J’eus un pauvre sourire en pivotant vers lui.

-C’est vrai que c’était un peu idiot. Désolée.
-Le mot que j’avais en tête, c’est disproportionné.
-C’est parce que ça te concernait. Je réagis toujours de manière disproportionnée avec toi.

Les yeux de Simon papillonnèrent et la boule dans mon ventre surchauffa de façon si douloureuse que je décidai de ne pas m’attarder et de claquer la porte derrière moi. Pourtant, la sensation disparue d’elle-même lorsque je descendis de l’escalier et que j’eus la vision de ma mère et de mon grand-père, presque nez à nez malgré leur quinzaine de centimètre de différence, toujours à se vociférer dessus. Observant la scène sans savoir que faire, George me jeta un regard suppliant. Je poussai un soupir de résignation et descendis l’escalier avec l’impression de quitter une arène pour une autre.

-Papy, bon sang ! Je pensais qu’on s’était mis d’accord, tu rentres chez toi !
-Mais tu ne vas pas t’y mettre ! s’écria-t-il avec un grand geste du bras. Enfin perelko …
-Tu laisses mamy toute seule pendant une soirée, c’est ça que j’entends ? Imagine que Nestor ait fait des recherches sur ma famille et en profite … !

L’argument parut couper court à toutes les protestations de mon grand-père, qui parut s’étrangler avec. Ses prunelles claires me lancèrent un regard furieux avant qu’il ne croise ses bras sur sa poitrine. Evidemment qu’il ne laisserait jamais ma grand-mère seule face à un danger potentiel.

-Je te veux demain chez moi pour un compte-rendu détaillé, exigea-t-il en guise de compensation. Voire ce soir même.
-C’est hors de question, elle ne découche pas, refusa ma mère. Mais promis je la réveille aux aurores demain et je te l’envoie. C’est bon ?

Miro maugréa quelques mots en polonais et ma mère leva les yeux au ciel – elle avait assez entendu ses parents pour maîtriser les fondamentaux de la langue. Bon gré, mal gré, il finit par quitter la maison et ma mère attendit que sa voiture ait disparu de son champ de vision pour rentrer. Elle lissa les pans de sa jupe et rajusta le chemisier qu’elle avait passé, l’air épuisée.

-Combien on parie qu’il est allé se planquer quelque part pour nous espionner ?
-Du moment qu’il n’intervient pas, marmonna George.

Il était visiblement soulagé que mon grand-père soit parti. Il le connaissait de vue depuis l’enfance puisque Miro et Jaga avaient habité cette maison avant de la céder à mes parents pour leur mariage et je soupçonnais qu’en un sens, Miro avait toujours quelque peu effrayé George Bones.
Et visiblement, il avait choisi le moment idéal pour s’éclipser. Car au moment où George prononçait cette phrase, la sonnette retentit dans la maison.

Le temps parut alors s’arrêter. A l’étage, les cris de Melania et Alexandre s’étouffèrent et dans la cuisine ne subsistaient que les bouillonnements du ragoût. J’échangeai un regard nerveux avec George et ma mère, mais aucun de nous trois ne daignèrent amorcer un mouvement pour ouvrir. Il fallut que Melania en personne, vêtue de sa plus belle robe de sorcière d’un mauve profond, suivit d’un Simon monté sur ressorts, descendent en trombe des escaliers pour le temps reprenne son cours. Melania passa une main sur son chignon impeccable et demanda silencieusement la permission d’accueillir les hôtes. Ma mère le lui accorda en fuyant dans le salon et George la suivit. Je restai seule avec ma future belle-sœur quand elle ouvrit la porte à un homme grand et chauve, au regard bleu et délavé. A côté de lui, Ulysse Selwyn paraissait contenir son amusement. Enfin, un peu en retrait se tenait une femme glaciale aux cheveux d’un blonds presque blanc et au menton pointu. Son regard gris se fixa presque aussitôt sur moi et flamboya assez pour que je détourne les yeux, intimidée.
Evidemment. Tout ce que je lisais dans ce regard, c’était qu’elle découvrait enfin la sorcière qui avait brûlé le visage de son fils.

-Père, mère, les accueillit Melania avec un sourire crispé. Bienvenus chez les Bennett.

***


Ce n’est pas aussi terrible que je le pensais … pas aussi terrible …
C’était ce que je me répétais à chaque étape, où, suprêmement, tout ce se passait bien et en bonne courtoisie. Les présentations se firent par le biais de Melania avec des sourires qui paraissaient presque vrais et des poignées de main cordiales et l’apéritif ne fut tâché que par la remarque d’Ulysse sur la petite taille de notre salon – qui lui valut un regard si noir de Simon qu’il s’abstient d’autres commentaires, sans doute de peur de prendre un sort. Julius Selwyn monopolisait la parole dans sa famille et était un homme poli malgré sa distance. Sa culture sur le monde moldu me surprit énormément puisqu’il interrogea mes parents sur les élections municipales qui s’étaient déroulées en décembre ainsi que la politique européenne de monnaie unique qui commençait à poindre – chose que j’ignorais totalement. Les anglais allaient vraiment renoncer à la livre-sterling ?

-Certainement pas, répondit alors ma mère d’un ton cassant.

Nous étions tous attablés autour du repas fastueux concocté par mon père et sur lequel, visiblement, Thalia Selwyn qui s’était pourtant fendue à chaque étape d’une remarque salée, n’avait rien à redire. Ses yeux froids parcouraient la table à la recherche d’un détail sur lequel rebondir, exactement comme pouvait le faire ma grand-mère Anne quand elle voulait acculer ma mère. Rien d’insurmontable, donc.
Ce n’est pas aussi terrible que je le pensais …
Non, le plus terrible, c’était d’être assis à côté de Simon – remarquablement courtois et discret, il fallait le dire – et d’être de temps à autre assaillie par cette bouffée d’embarras qui persistait.

-Le Royaume-Uni tient à son indépendance et à sa spécificité, reprit ma mère avec une certaine fierté dans la voix. Par ailleurs, notre monnaie est forte, je ne vois pas pourquoi nous irons nous convertir à cette unique monnaie européenne qui en plus nous aliénerait à Bruxelles.

Un fin sourire ourla les lèvres de Julius Selwyn et il passa les mains dans sa barbe soigneusement taillée. La lueur d’appréciation dans son regard me rappela une phrase que Miles avait prononcé concernant Ulysse. Les Selwyn reconnaissaient l’intelligence et visiblement, le patriarche appréciait celle de Marian Bennett.

-J’avoue qu’un changement de monnaie n’arrangerait en rien mes affaires, mais je ne suis également assez mal à l’aise avec l’idée de devoir jongler entre deux monnaies différentes … Nous avons des intérêts partout en Europe.
-Nous aurons le temps de nous préparer, je pense, le Conseil ne prévoie pas d’introduire cette monnaie avant le début des années 2000, intervint Melania.

Elle était l’unique à être parfaitement à l’aise, discutant à la fois avec mes parents et les siens, puis se tournant vers les Bones sans oublier Alexandre à côté d’elle. On reconnaissait là toute l’éducation de femme du monde qu’elle avait reçu et qui semblait rendre mon frère admiratif. A défaut d’être parfaitement détendu, il ne paraissait pas intimidé ni impressionné et sa chemise lui donnait une belle allure. Il ne s’était pas démonté lorsque Julius Selwyn l’avait interrogé sur son métier ou ses perspectives d’avenir ou lorsque Thalia avait fait remarquer que ses cheveux ne tenaient pas en place et j’avais bien là reconnu mon frère dans tout son flegme. Les Selwyn l’accepteraient ou ne l’accepteraient pas : lui ne changerait pas. Et cela faisait naître un sourire fier sur mes lèvres.

-Laissons là les affaires, nous ne sommes pas là pour cela, rappela Ulysse, assis de l’autre côté de sa sœur. Votre vin est excellent, monsieur Bennett.

Il leva sa coupe vers mon père en un geste élégant et le sourire que lui servit mon père en retour me fit lever les yeux au ciel. J’avais renoncé à raconter à ma famille à quel point ce garçon avait pu gâcher la scolarité pour ne pas envenimer la situation, mais son air de perpétuel amusement me donnait envie de revenir sur ma décision.

-Un breuvage que je ne connaissais pas, je vous avoue que chez nous sommes plutôt adeptes d’un bon hydromel vieilli en fût … Nous vous en ramènerons, la prochaine fois, c’est délicieux.
-La prochaine fois ? répétai-je, suspicieuse.

Je regrettai d’avoir ouvert la bouche car les yeux de tous les Selwyn se braquèrent sur moi et je sentis Simon se tendre à mes côtés. Je m’efforçai d’être discrète car j’avais l’impression de voir en chacun de leur regard les étincelles du 5 novembre et les terribles cicatrices qui défiguraient à présent Nestor. Peu importe les agissements de celui-ci, je doutais que ses parents me pardonnent réellement ce sévisse. Particulièrement sa mère, dont je sentais le poids du regard depuis le début.

-Mais oui Bennett, je suppose qu’il y aura une prochaine fois, ce dîner est si charmant, poursuivit Ulysse avec un amusement contenu. Peut-être sans chaperon, cette fois. Monsieur Bones, je suis sûr que vous devez être débordé par ce qui se passe au Mangenmagot en ce moment …
-Ah oui, enchérit Julius en croisant ses longs doigts. La loi sur la sécurité des sorciers … Elle avance ?

George mastiqua lentement sa viande, ses yeux verts braqués sur Ulysse. Il finit par faire passer sa bouchée avec une gorgée de vin et répondit :

-Je ne peux pas parler des délibérations en cours. Tout ce que je peux vous dire, c’est que c’est laborieux. Srimegeour tient à ses amendements.
-Ah, il n’a certainement pas la souplesse qu’avait Fudge …
-Et comme elle doit vous manquer, persiffla Simon à voix basse.

Je lui écrasai le pied – sans doute trop fort car il écrasa le mien en retour. En face de nous, Rose parut comprendre parfaitement ce qui se passait et nous fusilla du regard. Je retins un soupir en me rendant compte que Simon le lui rendait parfaitement.

-Il y a eu d’autres arrestations, non ? s’enquit-t-elle sans nous lâcher des yeux. Je l’ai lu …
-Si tu considères Stan Rocade comme une arrestation, ricana George. Je serais satisfait le jour où se sera le nom de Bellatrix Lestrange qui sortira. Pour l’instant, ce que je vois, c’est que la liste des morts d’allongent.
-Oh, ce sont beaucoup de moldus en ce moment, commenta Thalia Selwyn d’un ton neutre. Pas de quoi s’inquiéter …

L’air devint soudainement irrespirable, chargé d’électricité qu’une simple étincelle pouvait faire exploser. Chacun fixa Thalia Selwyn, retenant un flot de parole ou de sorts qui nous venait en tête et chacun préféra se taire. Ma mère commença à récupérer les assiettes, mais je me levai d’un bond pour la suppléer, sautant sur l’occasion de quitter la table. J’étouffai dans cette salle, entre Simon à côté de moi et le regard de Thalia Selwyn qui ne me quittait peu et dans lequel j’entrapercevais les étincelles du cinq novembre. Je commençais par ramasser les assiettes à la main puis perçus le regard moqueur d’Ulysse Selwyn près de moi. Mes yeux se plissèrent et je sortis ma baguette pour ramener à moi toute la vaisselle qui s’empila parfaitement sur la table. Si ma mère ne put retenir un sursaut de surprise, mon père eut la décence de me remercier.

-Mieux, Bennett, me souffla Ulysse alors que je faisais léviter mon fardeau. Tu as besoin d’aide peut-être ?
-Non, merci. Reste et étouffe-toi le vin.

Je m’enfuis vers la cuisine, les assiettes et plats flottant derrière moi. Je m’adossais au mur, à bout de souffle, consciente de la tension qui m’habitait. Puis la porte s’ouvrit et je me remis en mouvement et donnai un coup de baguette qui envoya la vaisselle dans l’évier.

-Il semblerait qu’un plat vous ait échappé …

Je fis volte-face pour voir Julius Selwyn entrer, la saucière dans les mains et un sourire courtois aux lèvres. Sa vie me figea. Il ressemblait à Nestor, à ce que Nestor aurait pu être s’il n’avait pas été défiguré. Lentement, je fis l’effort de récupérer la saucière. Il ne la lâcha pas et son regard clair me dévisagea. Je tirai sur le plat.

-Je vous remercie.
-Vous êtes nerveuse, remarqua Julius sans défaire sa prise. Ça se comprend. Vous avez défiguré mon fils.

Sa voix était très calme, le ton loin d’être accusateur et pourtant mon sang ne fit qu’un tour. J’arrachai la saucière à ses mains et m’en retournai vers l’évier.

-C’était un accident, me justifiai-je néanmoins. Il menaçait de me brûler.
-Oh mais je ne le nie pas. Tous ce qu’il s’est passé est entièrement de sa faute, et s’il doit trouver un coupable, il doit se regarder dans une glace. Mais voyez-vous, depuis qu’il est défiguré, la chose est devenue relativement compliquée … Oh, ne me faites pas ses yeux là, ajouta-t-il tranquillement alors que je le contemplai, estomaquée. Je ne vous en veux pas, vous étiez jeune … Nestor avait besoin d’apprendre l’humilité. Les leçons de la vie sont les plus dures et vous m’avez dispensé de celle-ci. De plus, il aurait lamentablement ruiné mes affaires en un an avec son incompétence … Je vous en remercierais presque de l’avoir écarté de la ligne de succession.

Je le dévisageai, incrédule. Et soudainement je la vis, cette dureté derrière le sourire courtois et les mots polis. Cet homme visait l’excellence et son fils en était loin. Pas l’héritier rêvé, contrairement à Melania et Ulysse qui répondaient plus à ses exigences. Un nouveau sourire cassa son visage de fer.

-Tout cela pour vous dire de vous détendre, Victoria. Ce ne sera pas moi qui porterai le blâme de ce qui s’est passé sur vous et je ne vous demanderais jamais réparation. Laissons ce regrettable incident rester au passé auquel il appartient et concentrons-nous plutôt sur notre avenir, vous le voulez bien ?

Il me tendit une main qui se voulait amicale et que je contemplai sans esquisser un mouvement.

-Nestor fait parti de cet avenir, rétorquai-je calmement sans lâcher la main tendue du regard. Vous en avez conscience ? S’il n’a pas oublié toutes ses années, ce n’est pas maintenant qu’il le fera. Il nous fera payer, à moi, votre fille, ma famille … Vous le savez ?

La main de Julius se retira quelque peu et un éclair de contrariété traversa le visage du patriarche de la famille Selwyn. Un instant, sa ressemblance avec son aîné s’accentua assez pour que j’en sois troublée.

-Nestor n’aura jamais le cran de s’attaquer à vous ou à sa sœur.
-Il l’a déjà fait. Il y a deux mois …
-Et vous l’avez vaincu, il me semble, répliqua Julius avec une pointe d’impatience. Ce qui me dit deux choses, Victoria Bennett : premièrement, vous n’êtes pas une sorcière à prendre à la légère. Secondement, il ne recommencera pas. Première confrontation vous le défigurez, la seconde vous l’humiliez, vous pensez vraiment qu’il tentera une troisième ? Alors qu’il connait votre valeur ? Qu’il vous sait sous la protection inébranlable des Bones ? Nestor n’est pas un brave mais il n’est pas non plus complétement stupide.

Je n’en revenais pas : Julius Selwyn paraissait réellement considérer le dossier Nestor clos. Je secouai la tête, incrédule.

-Il est pire, il est déterminé et sûr de son bon droit. Vous parlez de la protection des Bones : ce n’est pas ça qui a empêché Amelia de mourir. Vous parlez de ma valeur : quelle importance cela aura s’il arrive avec des Mangemorts expérimentés devant moi ?
-Mon fils ne fraie pas avec les Mangemorts !
-Alors vous n’avez pas conscience de ce qu’il a l’intention de devenir ?

Pour moi, il y avait longtemps que c’était une évidence que Nestor Selwyn allait finir avec la Marque des Ténèbres sur la peau. Je me souvenais de l’air satisfait de Torfinn Rowle alors que Nestor laissait apercevoir son potentiel destructeur. La mâchoire de Julius Selwyn se contracta. Connaissait-il au moins son fils ? A voir son acharnement à songer qu’il demeurerait en périphérie de notre conflit et celui qui agitait le monde magique, j’en doutais.

-Nous verrons. Mais ma voix fait loi dans cette famille Victoria et je vous assure qu’aussi longtemps qu’une relation existera entre votre frère et ma fille, vous n’aurez rien à craindre de nous.

Sur ce, il s’en fut de la cuisine d’un pas digne et je contemplai le battant de la porte d’ouvrir puis se refermer, hébétée. Seigneur, le monde n’avait pas fini de s’aveugler … Sans savoir quoi penser de cette conversation, je me tournai vers la vaisselle, prête à la faire à la main pour calmer mes nerfs. Je venais à peine d’ouvrir l’eau que Simon et Alexandre entrèrent à son tour dans la pièce.

-Je rêve, ou mon glacial beau-père vient de sortir d’ici ? dit mon frère, un sourcil dressé.
-Tu ne rêves pas.
-Qu’est-ce qu’il voulait ?

Le ton péremptoire, presque agressif, de Simon me fit lever les yeux au ciel et je frottai énergiquement le plat que j’avais dans les mains pour passer la frustration.

-Rien. Juste me dire qu’il ne m’en voulait pas pour Nestor et qu’on n’avait rien à craindre de lui …
-C’est une blague ? lâcha Alexandre, l’air furieux. Après ce qui s’est passé à Bristol ?

Il porta une main à sa poitrine, comme si son corps se souvenait de la douleur qui lui avait infligé ce jour-là. Simon soupira et se laissa aller contre la porte.

-Ce n’est pas surprenant, ils veulent couper tout ce qui peut les relier aux Mangemorts … Même si ça signifie mentir – parce que c’est très clairement un mensonge.
-Et imagine que mes parents croient à ce mensonge ? s’énerva Alexandre. Qu’ils baissent la garde ? Ça risque de les mettre en danger !
-Alex, sifflai-je entre mes dents.

La seule chose qui nous séparait de la cuisine était une porte vitrée qui isolait assez mal le bruit. A travers l’ouverture rectangulaire, je voyais Melania discuter avec son père et son frère faire la conversation au mien. Enfin, je vis le regard de Thalia Selwyn, rivé sur nous et je fis rapidement volte-face, le cœur battant à tout rompre.

-Bon sang, elle fait froid dans le dos.
-La mère ? devina Alexandre en hochant la tête. Carrément. Le père fait l’effort de m’adresser la parole mais elle …

Ses lèvres se tordirent et son talon s’enfonça dans le mur pour marquer sa frustration. Simon le gratifia d’une tape sur l’épaule.

-Honnêtement, tu t’en sors bien je trouve. Tu as du caractère, tu es une forte tête et ça c’est quelque chose qu’à l’air d’apprécier Julius Selwyn, moldu ou non.
-C’est gentil de me rassurer mon crapaud, mais tout ce que j’entends dans ta phrase, c’est moldu.

Il y avait une certaine amertume dans le ton de mon frère, celle-là même qui sous-tendait sa voix chaque fois qu’il était réduit à sa condition de non-magique. Simon et moi échangeâmes un regard peiné et j’ouvris la bouche pour le rassurer. Mais je fus coupée net par le sourire amusé d’Ulysse Selwyn qui passait la porte.

-Merveilleux dîner, merveilleuse idée ! Mais tu es étrangement silencieux, Bones, tu as avalé ta langue ? En tout cas c’est d’un agréable …

La mâchoire de Simon se contracta et son regard dévia légèrement sur la porte. S’il se taisait, c’était que la colère montait en lui. Je le sentais chaque fois qu’il posait les yeux sur sa mère ou son père.

-Qu’est-ce que tu veux ?
-Vous féliciter, en fait, répondit Ulysse avec un sourire tordu. Vous vous en sortez remarquablement bien, Bennett a même pensé à rappeler qu’elle était une sorcière !
-C’est inconvenant de frapper son futur-beau-frère ? marmonna Alexandre.
-Très, affirma celui-ci sans se départir de son sourire.
-On voit qu’Octavia est de retour dans ta vie, tu es d’humeur radieuse …

Le sourire d’Ulysse se fana enfin sur ses lèvres et ma pique en fit naître un sur celles de Simon et Alexandre. Assez fière de moi, j’esquissai une petite révérence moqueuse.

-D’ailleurs, j’attends ta reconnaissance éternelle. Je pense que j’aurais pu la convaincre de ne pas te donner ta chance …

La mâchoire d’Ulysse se contracta et il glissa un bref regard sur Simon.

-Je suppose qu’elle est toujours aussi pénible ?
-Et c’est jouissif quand c’est contre d’autres personnes, confirma-t-il avec un sourire ironique. Tu comptes convaincre ton père que ton frère va rejoindre les Mangemorts ou il va continuer à se voiler la face ?

Un rictus de dépit déforma les lèvres d’Ulysse. Maintenant que la discussion avait quitté la pente glissante qu’était Octavia, il semblait plus à l’aise et poussa le vice à s’approprier l’une des chaises en bois de la cuisine. Elles étaient vieilles et j’étais en train de calculer s’il ne s’était pas assis sur celles qui grinçait depuis plusieurs semaines et menaçait de se briser.

-Il ne se voile pas la face. Il calcule le pourcentage mensonge/risque qui peut lui permettre de ressortir aussi blanc qu’une colombe de ce guêpier.
-Et toi tu acceptes ce plan ?

Il y avait un mélange de dédain et d’incrédulité dans la voix de Simon qui fit se rembrunir Ulysse. Il s’apprêtait à répliquer d’un ton sec, mais sa voix fut alors couverte par le fracas d’une porte qu’on tambourinait, suivit de cris qui me parvenaient indistinctement :

-Révérent ! Révérent !

Surprise, je daignai échanger un regard intrigué avec Simon et Alexandre, qui haussèrent les épaules. Laissant là ma vaisselle, je me dépêchai vers la salle à manger où ma mère s’était à moitié levée de sa chaise et où les cris ne discontinuaient pas :

-Révérent ! Révérent, ouvrez ! C’est l’église, elle brûle !

Mon père bondit aussitôt sur ses pieds, complétement livide. L’église, c’était sa seconde maison qui portait par un heureux hasard son nom, Saint-Edward. Il y avait vu un signe le jour il avait été affecté à ce diocèse comme prêtre et il était depuis lié à ses vieilles pierres. Il traversa la pièce, ma mère et George à sa suite et ouvrit sur une Elisabeth Fisher, l’épicière, complètement affolée. Elle se précipita vers mon père et pointa d’une main la direction de l’église. Des lueurs orangées rougeoyaient comme un halo sur la ville et colorèrent le visage blafard de ma mère.

-J’ai appelé les pompiers mais j’ai cru que vous devriez être au courant … Venez, révérent, elle brûle ! Oh Seigneur …

Mon père n’attendit pas qu’elle se calme et planta là ses invités pour courir dans la rue, suivi de George et d’Elisabeth Fisher. Je fixai le halo, le cœur battant, avant de tourner le regard vers la famille Selwyn qui s’était levée pour assister à l’échange. Et ce fut là que je le vis, le petit sourire entendu qui ourlait la fine lèvre de Thalia Selwyn alors que les éclats d’orange rendaient cuivre sa chevelure d’argent.
Mon cœur s’arrêta de battre et sans réellement l’avoir décidé, je m’élançai à mon tour à la suite de mes parents. Simon hurla mon nom derrière moi, mais je ne l’écoutai pas et courus jusque l’église située à quelques rues de chez moi. Entre temps, j’eus l’impression que la lumière diffusée par les flammes s’estompait et bientôt je me trouvais à courir dans le noir, à l’aveugle, sans rien y comprendre. Seule la connaissance indéfectible de ma ville me fit arriver à destination et je hurlai à plein poumon :

-Maman ! Papa !

L’église était là, sa tour carrée intacte et ses deux ifs gardant son entrée comme depuis des centaines d’années. Des flammes, aucune trace et pourtant je n’avais pas rêvé ce halo orange que j’avais vu depuis chez moi. Mais j’étais trop paniquée pour faire attention à ces détails et je contournais le bâtiment, le cœur battant la chamade :

-Papa !

Mais ce ne fut pas sur lui que je tombais en premier. Alors que mon regard embrassait le parvis, un éclat attira mon attention dans une ruelle adjacente, un éclat de lumière rouge qui s’imprima dans ma rétine. Mes doigts se mirent à trembler et sans réfléchir, je me dépêchai vers la ruelle, frissonnantes à l’idée de voir des sorciers s’en prendre à mes parents, mais ce n’était pas mes parents.
C’était mon grand-père.
Miro et son immense stature face à deux silhouettes vêtues de capes et encagoulée, sa baguette en bois de vigne virevoltant avec grâce et dont jaillissait des éclairs de lumières magistraux que peinaient à parer les deux autres. Face à la férocité de l’attaque de mon grand-père, qui en plus de ça était assez souple pour éviter leurs quelques maléfices, les deux assaillants reculaient et reculaient encore, à la recherche d’une issue, faisant des tentatives désespérées. L’une d’elle faillit attendre le bras de Miro mais il s’écarta avec la vivacité d’un chat et l’éclair pourpre fonça vers moi. J’eus assez de réactivité pour déployer un bouclier et le sort alla briser les briques de la maison d’en face. Mon grand-père se tourna vers moi, surpris.

-Perelko !
-C’est moi. Attention !

Je le tirai vivement pour lui faire éviter un nouveau sort qui alla se perdre dans la ruelle derrière moi et embrayai immédiatement sur un sortilège de désarmement. Pris de cours par la rapidité de l’action, il n’eut pas le temps de parer et la baguette lui sauta des mains et alla se perdre quelque part derrière moi. Comme nous l’avait conseillé Lupin, je ne perdis pas de temps à tenter de la rattraper et préparai un maléfice qui pourrait définitivement l’immobiliser, mais son compagnon le tira derrière lui et le poussa dans la ruelle pour l’incite à fuir avant de se tourner vers nous et de hurler :

-Incendio !

La gerbe de flamme grossit et prit la largeur de la ruelle en une seconde, la seconde qu’il fallut à mon grand-père pour ériger un bouclier autour de nous. Un rideau orangé s’abattit sur nous, grésilla au contact de la protection magique, nous enveloppa d’une chaleur étouffante. Terrifiée par l’image, la chaleur qui pourtant ne me faisait aucun mal et par les flammes qui dansaient autour de moi, je poussai un cri et Miro m’attira contre lui, sa baguette toujours tendue, alerte. Puis le feu passa, ne laissant derrière lui que les poutres de bois des vielles maisons enflammées et une allée vide : les deux hommes en avaient profité pour transplaner.
Je restai contre mon grand-père, haletante, le cœur battant à m’en casser la cage thoracique avec des restes de terreur pure dans les veines. Ce mot, ces flammes, elles avaient hantés mes cauchemars.
Et cette voix … C’était difficile, mais j’avais eu l’impression d’entendre derrière le cri et le sort celle de Nestor Selwyn. Nestor Selwyn qui avait promis de me brûler …

-Perelko …

Il fallut que mon grand-père caresse mes cheveux pour comprendre que je tremblais comme une feuille. Paniquée, je levai les yeux sur lui. Son visage était marqué, ses prunelles luisaient d’un éclat anxieux mais il paraissait aller bien.

-Je suis désolée … j’ai paniqué, je …
-Ce n’est rien, Perelko, ce n’est rien … Allez. (Il m’enveloppa dans une étreinte d’ours et plaqua un baiser dans mes cheveux). Tu as été parfaite juste avant, ce n’est rien. Maintenant éteignons les flammes avant que ça n’atteigne les autres maisons et allons voir ce qu’ils ont fait de l’église …

L’église. J’en avais presque oublié pourquoi j’avais couru à perdre l’haleine jusque ici … Mon regard embrassa la ruelle qui fumait et brûlait pas endroit et Miro se chargea d’éteindre les débuts d’incendie de sa baguette. Il fallut m’y prendre à deux fois à cause de ma main peu assurée et je réussis à réparer les trous dans les murs et à effacer les traces de brûlures et de combat. Comme par magie, l’allée retrouva son aspect et sa tranquillité et Miro et moi nous hâtâmes jusque l’église qui elle aussi était déconcertante de quiétude. Malgré tout, j’avais toujours l’impression qu’une ombre rougeoyait dans la nuit et je n’arrivais pas à me défaire de la sensation de chaleur et d’étouffement que j’avais éprouvé alors que les flammes m’enveloppaient.

-Tu n’étais pas parti, murmurai-je à l’adresse de mon grand-père. Pas vrai ?
-Evidemment que non, rétorqua-t-il d’un ton bourru. Je voulais être certain qu’il n’arriverait rien et je voulais sonder les attentions de cette famille … Malheureusement, tous étaient occlumens – quoique le fils un petit peu moins, mais il n’était pas assez ouvert pour que je puisse m’introduire en lui sans qu’il ne le sente … Bref. Heureusement que je suis resté, Perelko … Dès que j’ai vu l’église brûler, j’ai compris. J’ai coincé ces deux là alors qu’ils observaient les flammes … Ils faisaient moins le malin au combat … Des gamins, ils ont cherché tout de suite à fuir …
-Je crois … je ne suis pas sûre, mais je crois que c’était Nestor …

Une main glacée se referma sur mon cœur alors que Miro se fendait d’une floppée de jurons en polonais. Il fallait que je retrouve mes parents … Mon pas s’allongea et devant l’urgence et l’angoisse de la situation, la sensation de chaleur et d’étouffement se dissipa enfin. Je contournai le bâtiment, le sang battant à mes tempes en criant le nom de mes parents.

-Papa !
-Je suis là, chérie.

Là, il l’était, devant l’entrée latérale de l’église, sain et sauf. Je poussai un immense soupir de soulagement en constatant que ma mère était juste derrière et inspectait l’église avec George Bones. Mon grand-père se précipita vers sa fille. Elle ne parut pas surprise ni courroucée de sa présence et se laissa étreindre comme si elle était encore une enfant. Moi je me jetai dans les bras de mon père, négligeant une Elisabeth Fisher visiblement perplexe qui balbutiait :

-Mais révérent … je vous jure, elle brûlait, j’ai vu les flammes … J’habite juste à côté, elles atteignaient mon jardin, je … je ne comprends pas révérent … je vous jure que …
-Je vous crois, Elisabeth, assura mon père quand je m’écartai. Seigneur, qu’est-ce que … ?
-Une illusion, avança Miro en fronçant du nez. Les flammes n’avaient aucune chaleur donc c’est même une illusion très mal faite, seulement pour attirer votre attention …
-Attendez, protesta Mrs. Fisher en fronçant les sourcils. De quoi vous … ?

Elle ne finit pas sa phrase : mon grand-père avait déjà fait un large mouvement de baguette. Soudainement, son regard se vida de toute expression, de toute envie. Machinalement, elle tourna les talons et s’enfonça dans la nuit d’un pas mécanique. Ma mère se tourna vers lui, choquée.

-Papa !
-Il le fallait Marian, le défendit George Bones en posant une main sur son épaule. S’il ne l’avait pas fait, je l’aurais fait … (Il lorgna mon grand-père, qui s’était détournée au cri de ma mère). J’espère juste que ce n’était pas Imperium …
-Vous me prenez pour qui Bones ? grogna-t-il, vexé par l’allusion. Je sais faire ça proprement, merci. Regardez-moi plutôt ça …

Ma mère, malgré sa réticence, avança d’un pas pour regarder la partie du mur que désignait Miro. Elle plaqua une main sur sa bouche, et attrapa mon bras dès que je fus à sa hauteur. George alluma la pointe de sa baguette. Le faisceau de lumière éclaira alors ce qui épouvantait ainsi ma mère, des lettres tracés comme avec du sang et qui luisait sous nos yeux effarés.

REMEMBER REMEMBER : YOUR TURN TO BURN
cochyo

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par cochyo »

INCREDIBLE
Scandium

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Scandium »

Oh la la ! Nestor est bien déterminé à aller jusqu'au bout ! Victoria n'en fera qu'une bouchée de toute façon !

Miro assure de ouf, quelle classe !
Vic et Simon sont si chous à être gênée ! Vivement que Victoria prenne conscience de ce qu'elle ressent !! J'ai trop hâte !

(PS Je suis désolée pour Lille au fait !)
annabethfan

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par annabethfan »

COMMENTAIRE TIME!!
Cette relation asymétrique me mettait hors de moi.
Tout ce qu'elle ne sait pas c'est juste son deuxième prénom quand même, sinon elle sait tout même son traumatisme ultime.... Et ça veut dire quoi ? Qu'elle est furieuse pour un détail doooonc elle l'aime. CQFD. Un théorème mathématique même :lol:
j’étais une outre pleine
Dans ma tête y'a eu l'image d'une loutre, ce qui n'est pas du tout la même chose :lol:
-Bon sang, Alex, ce n’est qu’une cravate !
Mon cerveau bug beaucoup ce matin, comme ça parlait de Remus juste au-dessus quand j'ai vu Alex j'ai pensé Alexia :lol:
-Tu as abîmé mon papillon !
Cette dispute trivial là :lol:
Simon jouissait d’une impunité surprenante compte tenu de ma détestation de ce surnom.
C'est trop con, mais j'ai un sourire de fangirl parce que j'aime l'idée que Simon soit spécial, qu'elle le laisse utiliser ce surnom malgré elle ^^
Malheureusement, j’avais oublié à quel point je pouvais être transparente pour lui.
Ouais enfin là elle est aussi transparente qu'une vitre pour tout le monde vu son attitude :lol:
-Tu n’aurais pas quelque chose à me dire ?
Simon se raidit, assez pour attiser mon ressentiment. Lentement ses yeux se détachèrent des notes qui parcouraient le parchemin pour se poser sur moi.
-Euh … De quelle nature ?
J'aimerais être dans sa tête mais je suis sûre qu'il s'est demandé si elle avait pas pour ses sentiments et qu'elle voulait qu'il avoue. Il a l'air paniqué :lol:
Je suis la seule personne autorisée à te faire du mal, Vicky.
Parfois c'est un peu malsain leur relation faut bien avouer ^^
Lysa … Elle avait des cheveux noirs … et elle lui ressemblait …
Je me souviens de la scène où il la repousse petit et j'en ai les larmes aux yeux.
Ta mère serait venue te voir, disons, ne serait-ce que cet été pour te dire que ta tante – qui visiblement ressemble fort à ta mère –
Le double emploi de "mère" pour désigner deux personnes différentes, je trouve ça incroyable parce que même nous on a parfaitement intégré laquelle est laquelle et que finalement Rose et Cassie le sont tout autant à différents niveaux.
Le mot que j’avais en tête, c’est disproportionné.
Attends qu'elle te pique une crise pour ton 2e prénom alors :lol:
Il fallut que Melania en personne, vêtue de sa plus belle robe de sorcière d’un mauve profond, suivit d’un Simon monté sur ressorts, descendent en trombe des escaliers pour le temps reprenne son cours.
J'ai imaginé Melania, très digne avec sa robe violette, mais descendre hyper raide ne mode marche rapide pour se dépêcher, et Simon limite courir à côté d'elle en sautant trois marches :lol: :lol: :lol: C'était un chouette tableau!
n peu en retrait se tenait une femme glaciale aux cheveux d’un blonds presque blanc et au menton pointu.
Elle a du sang Malefoy ? ^^
Les anglais allaient vraiment renoncer à la livre-sterling ?
Les anglais, jamais rien comme tout le monde.
Nous aurons le temps de nous préparer, je pense, le Conseil ne prévoie pas d’introduire cette monnaie avant le début des années 2000, intervint Melania.
Mais cette conversation tellement random :lol: :lol:
Mais oui Bennett, je suppose qu’il y aura une prochaine fois, ce dîner est si charmant, poursuivit Ulysse avec un amusement contenu
J'ai l'impression qu'il se fout littéralement de sa gueule, c'est malaisant et amusant en même temps, un peu à l'image du dîner ^^
-Oh, ce sont beaucoup de moldus en ce moment, commenta Thalia Selwyn d’un ton neutre. Pas de quoi s’inquiéter …
Ca y est, elle n'a plus de filtre....
Sa vie me figea.
Sa vie carrément ? :lol: :lol: :lol:
-Vous êtes nerveuse, remarqua Julius sans défaire sa prise. Ça se comprend. Vous avez défiguré mon fils.
Les Selwyn en roue libre, j'étouffe!!
Ma réaction :
Image
Je vous en remercierais presque de l’avoir écarté de la ligne de succession.
J'hyperventile, c'est quoi cette discussion :lol: :lol:
Je rêve, ou mon glacial beau-père vient de sortir d’ici ? dit mon frère, un sourcil dressé.
Mon glacial beau-père je meurs :lol: :lol:
C’est gentil de me rassurer mon crapaud, mais tout ce que j’entends dans ta phrase, c’est moldu.
Malgré le drama de la scène, ma réflexion a été : Alexandre a un petit nom pour Simon avant Victoria :lol:
Elle se précipita vers mon père et pointa d’une main la direction de l’église. Des lueurs orangées rougeoyaient comme un halo sur la ville et colorèrent le visage blafard de ma mère.
Je trouve cette description tragique, belle, et poétique juste en deux lignes... Etrangement j'ai eu en tête l'image de Notre Dame en feu... Je suis peut-être pas croyante, mais je sais pas je trouve qu'il y a une importance symbolique dans les églises et je m'étais attachée à celle-ci dans l'histoire parce que mine de rien elle y est en filagramme...
Des flammes, aucune trace et pourtant je n’avais pas rêvé ce halo orange que j’avais vu depuis chez moi.

Ok là ça devient étrange...
Un rideau orangé s’abattit sur nous, grésilla au contact de la protection magique, nous enveloppa d’une chaleur étouffante. Terrifiée par l’image, la chaleur qui pourtant ne me faisait aucun mal et par les flammes qui dansaient autour de moi, je poussai un cri et Miro m’attira contre lui, sa baguette toujours tendue, alerte.
Je te jure c'est tellement visuel, je me représente tellement la scène, c'est juste incroyable !
Comme par magie, l’allée retrouva son aspect
cOmmE PaR maGiE

REMEMBER REMEMBER : YOUR TURN TO BURN
La puissance de cette fin de chapitre !!
Et c'est chiant que ça rende mieux en anglais mais vraiment t'as eu raison de laisser en anglais ^^

Ce chapitre était vraiment génial, je l'ai pas vu passer tellement il était prenant et j'ai trouvé que les scènes d'action à la fin étaient superbement décrites et écrites ! Et alors j'ai hâte de voir la réaction de Simon !
Perripuce

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

BONJOUR TOUT LE MONDE !

Comment vous allez bien? Moi ça va, il fait beau, le soleil brille, mon chat ronronne et le concours arrive (hein?)

Et surtout LILLE POURSUIT LA COURSE EN TETE DE L1 franchement pour peu je me mettrais à croire au titre ! Et en biathlon je salue chaleureusement la première victoire en carrière de Simon Desthieux, qui est un biathlète que j'apprécie fort et qui aurait mérité maintes victoires sans cette petite balle de trop qu'il avait à chaque fois ... Bravo Simon, quel sportif ! (Et il s'appelle Simon. Non, ça n'a aucune incidence sur mon jugement).
Oh et Bravo également à mon homonyme Perrine Lafond qui a récupéré le seul titre qui lui manquait. (L'équipe a titré "tu es une championne Perrine !". Est-ce que je l'ai pris pour moi? Carrément).

Merci à Anna', Coch et Chloé pour leurs coms (Et Cazo pour un chapitre plus ancien) ça fait toujours incroyablement plaisir <3 Maintenant place au chapitre, bonne lecture !


***


Il n'est pas toujours nécessaire de tourner la page. Il faut juste de temps en temps changer de livre.

- Amor Abbassi
***


Chapitre 11 : Tourner la page.

-A ton tour de brûler ?

Remus Lupin semblait ulcéré. Nous étions assis dans le salon des jumeaux Weasley pendant que le reste de la troupe – Simon y compris, j'y avais veillé – était dans la boutique à aider les garçons pour ranger la réserve. Nous y avions mis un désordre sans nom après avoir fait une nouvelle partie de « cache-cache ». J'avais profité de la déserte de l'étage pour raconter l'événement à mon ancien professeur. Pendant les récits, j'avais senti mes mains trembler, exactement comme lorsque j'avais retrouvé les mots de sang sur les murs de mon église.

-On a dû oublietter notre épicière et quelques voisins qui avait vu l'incendie, ajoutai-je d'une voix morte. On pense que c'était une illusion pour attirer notre attention ...

-Sans doute ... Etonnant qu'ils ne l'aient pas vraiment brûlé, normalement les Mangemorts ne rechignent pas à la destruction ...

Mon cœur s'arrêta de battre dans ma poitrine. Les mots et le combat avaient déjà été bien assez éprouvants, alors qu'est-ce que cela aurait été si l'église avait réellement été réduite en cendre ... La suite l'avait été tout autant : George s'était chargé de faire partir les Selwyn alors que ma mère et mon grand-père semblaient prête à leur sauter à la gorge, consciente que leur fils était responsable de leur frayeur. J'ignorais encore par quel miracle j'avais pu retenir Miro – enfin, si : Jaga, toujours elle, l'ange de la famille restée isolée sur la côte et qu'il était parti rejoindre. Mais en rentrant, une autre crise s'était engagée : les Selwyn étaient partis, mais Rose avait vraisemblablement empêché Simon de nous suivre. Il n'en avait pas fallu plus pour que la colère qui bouillonnait en lui depuis que je lui avais parlé de Lysandra explose. Rien n'était réglé et tout avait sombré dans le chaos.

Lupin paraissait songeur. Les rides qui creusaient son visage le vieillissait encore plus et des cernes violettes assombrissait ses yeux.

-Mais je suppose que le message était plus important ... Si je ne m'abuse, ce n'est pas la première fois que tu reçois ce message, non ?

-Non ... « A ton tour de brûler » ... Mais c'était en sixième année, ce n'était pas Selwyn, c'était ...

Le nom s'étouffa dans ma gorge et je jetai un regard horrifié à Lupin qui haussa les sourcils face à mon émoi. Mes mains se crispèrent sur mes genoux en un geste compulsif.

-Kamila.

-La fille que tu es allée voir à Cracovie ? se souvint Lupin, surpris. Comment ça ?

J'entrepris alors de lui expliquer la longue affaire de ma sixième année, entre les messages et les allusions au 5 novembre et la responsabilité de Kamila qui avait été jusqu'à menacer de me tuer. Arrivé à ce stade du récit, un sourire étrange frémit sur les lèvres de Lupin. Il se leva pour s'approcher de la petite cuisinière des jumeaux et fit siffler la bouilloire d'un coup de baguette.

-Ah, j'ai entendu parler de cette histoire, oui ...

-Ah ... Dumbledore vous a raconté ?

Les lèvres de Lupin se tordirent et il parut hésiter. Pour se laisser le temps de la réflexion, il prit deux tasses dans lequel il plaça deux sachets de thé. Je n'eus pas le temps de lui apprendre qu'en réalité, je détestais ça qu'il reprenait la parole :

-Non. Non, à dire vrai ... Je pense que tu mérites de savoir ... C'est Sirius qui me l'a dit.

J'en fus si déconcertée que je le laissai mettre la tasse fumante entre les mains sans que je ne proteste.

-Sirius ? Sirius Black, c'est de lui dont vous parlez ?

-C'est une histoire compliquée, soupira Lupin en s'installant à côté de moi dans le fauteuil. Tu dois avoir lu quelque part dans La Gazette que Sirius Black est innocent de tous les crimes dont on l'a accusé depuis quinze ans ?

J'avais effectivement entendu cette rumeur cet été et elle m'avait révoltée autant qu'elle m'avait rendue honteuse. L'ensemble de la communauté sorcière s'était retrouvée confronté à son image de tribunal populaire et arbitraire qui ne pourrait jamais se suppléer à une véritable cour de justice.

Mais en quoi cela avait-il un lien avec Kamila ?

Lupin parut lire ma question sur mon visage marqué d'une expression perplexe car une étincelle de malice brilla dans son regard ambré.

-Et ça t'intéresserait peut-être de savoir de Sirius ... était un animagus ?

-Les sorciers qui peuvent se transformer en animaux ? Comme McGona ... le professeur McGonagall ?

-Inutile de te reprendre, Victoria, je te rappelle que nous ne sommes plus à Poudlard. Mais oui, comme le professeur McGonagall. C'est grâce à cette forme d'animagus qu'il a pu s'échapper d'Azkaban – les Détraqueurs ressentaient moins sa présence et il était assez maigre pour passer à travers les barreaux ... De là, il s'est caché et il a rejoint dès l'année dernière l'Ordre du phénix.

Il fit tourner le thé dans sa tasse, lorgnant le liquide brun d'un regard presque sceptique, comme s'il se répugnait à y tremper les lèvres. Il finit par lever le regard vers moi et me gratifier d'un pauvre sourire.

-Et alors qu'on commençait à parler recrutement, il a tiqué sur ton nom. C'est alors qu'il m'a parlé de ce jour où il est venu à Poudlard pour la troisième épreuve du Tournoi – il était le parrain de Harry, il voulait avoir un œil sur lui ...

-Il était ... (Je fronçai les sourcils, réfléchis une seconde mais jugeai que je préférais avoir le fin mot de l'histoire). Non, pardon, continuez.

-Toujours est-il qu'il est venu à Poudlard sous sa forme d'animagus. Animagus qui prenait l'apparence ...

-... D'un chien, compris-je alors, soufflée. Ça alors ...

Les lèvres de Lupin s'étendirent en un sourire ému.

-Sirius ... Sirius ne pouvait pas rester immobile face au danger. C'était une véritable tête brûlée. Dumbledore – qui bien sûr, était au courant de tout – lui avait ordonné de rester dans le jardin de Hagrid, mais il a entendu ce qui se passait, qu'une fille menaçait de te tuer ... Evidemment qu'il a tout de suite accouru, c'est bien le genre de Sirius de jouer aux princes sauveurs. (Il posa une main sur mon épaule). Il a dit que tu avais parfaitement réagi, ce soir-là. Beaucoup auraient été trop paralysés pour se libérer, se seraient enfuie une fois cela fait ... Mais toi, tu as fait tout ce qu'il fallait. Il avait hâte de te rencontrer pour de vrai et de te raconter ...

La voix de Lupin se brisa et sa main glissa de mon épaule pour se souder de nouveau à la tasse – et je finis par comprendre qu'il avait plus besoin de sa chaleur qu'autre chose. Le récit avait creusé un creux en moi. Le chien qui m'avait sauvé face à Kamila avait toujours été un véritable mystère que j'avais toujours mis sous le compte d'une simple chance. Ce n'était pas le cas. C'était le résultat de la volonté et du courage d'un homme que j'avais toujours méprisé pour son appartenance au cercle de Voldemort ... pour avoir tué treize moldus et effrayé la petite sorcière que j'étais en cinquième année ...

-C'était mon ami, à Poudlard, m'avoua Lupin alors à mi-voix, comme pour justifier sa soudaine faiblesse. Un ami très proche ... Lui, moi, Peter, et James Potter, le père de Harry ... Nous étions inséparables. Ne t'en veux pas de l'avoir cru coupable, je l'ai cru aussi ... Pendant douze longues années ... jusqu'à qu'il m'apporte la preuve irréfutable que j'avais tort. Peter qu'il était censé avoir tué, n'était pas mort mais se cachait dans la peau d'un rat depuis douze ans. Merlin quel choc ça a été ...

Je le contemplai avec l'impression que le vernis du professeur s'écaillait enfin pour que je puisse apercevoir l'homme. Et la première facette que je découvrais, c'était celle d'un ami en deuil.

-Comment est-il mort ? m'enquis-je sans pouvoir m'en empêcher, la gorge fermée.

-Au département des Mystères. En voulant sauver Harry ... Bellatrix Lestrange, sa cousine – une gloire personnelle pour elle.

-Je suis désolée ...

Je l'étais d'autant plus que la peine de Lupin était un douloureux échos de la mienne. Quelque part au fond de moi persistait une Victoria qui portait encore le deuil de Cédric. Mon ancien professeur fit un vague geste de la main.

-Ne le sois pas, ce n'est rien. Ce n'est pas le premier ami que je perds Victoria. Je ne dis pas qu'on s'habitue à la douleur ... mais on apprend à la gérer. Je voulais juste que tu sois au courant parce que ... Sirius voulait que tu le sois.

-Je vois. Merci.

Les syllabes répandirent un goût de cendre dans ma bouche. « Merci » ne me semblait pas être le mot le plus adéquat pour la situation présente mais je n'en voyais pas de meilleur. Lupin ne parut pas m'en tenir rigueur et m'adressa un nouveau sourire rassurant avant qu'une expression soucieuse ne vienne assombrir son visage.

-Mais revenons à ce qu'il s'est passé avant-hier ... C'est un véritable avertissement de la part de Nestor Selwyn, Victoria ... Tu penses qu'il a des liens avec Kamila, s'il a utilisé les messages qu'elle n'avait envoyé ?

-Je ne vois pas comment, à part si c'est Kamila qui aurait elle-même donnée l'information ...

L'idée me mettait réellement mal à l'aise. Je ne faisais pas une entière confiance à Kamila – comment faire confiance à une personne qui avait tenté de me tuer ? – mais j'avais été naïvement certaine en revenant de Cracovie qu'elle ne chercherait plus à me nuire personnellement. Et si je m'étais lourdement trompée ?

-Je vais envoyer une lettre à Viktor, décidai-je après quelques secondes. Il a gardé un lien avec elle, ne serait-ce que pour la surveiller ...

-Sois subtile dans ta lettre, voire code-la, me conseilla Lupin en hochant la tête. Mais effectivement, il serait bon de vérifier que l'une de nos alliées à l'étranger n'aie pas de lien avec nos ennemis ...

Je passai une main dans mes cheveux, tiraillée. Un autre détail venait de revenir à mon esprit, un détail fugace mais qui ne cessait de me hanter depuis deux jours, presque autant que les lettres rouge sang sur les pierres de mon église.

-Mais il y a autre chose ... Pas simplement Kamila ... La mère de Nestor, Thalia. Quand l'épicière est venue nous annoncer pour l'église ... Pro ... Remus, je vous jure qu'elle a souri. Comme si elle savait.

-Ah, laissa échapper Lupin avec un froncement de sourcil. Ça, c'est plus inquiétant ... La famille Selwyn est considérée comme neutre, malgré sa puissance financière et si Thalia devait faire basculer cela ...

-C'est la cousine de Lucius Malefoy, me souvins-je distraitement. Ça peut jouer ?

-Bien sûr, si elle avait encore des contacts avec Lucius ... Elle ne doit pas être ravie, cette femme : au moment où son cousin est envoyé à Azkaban, son fils se rend coupable d'agression envers un moldus et suit vers les Mangemorts ...

-Son père n'y croie pas. Pour lui, Nestor est simplement en fuite. Il n'a pas rejoint les Mangemorts ...

Lupin réfléchit longuement à la supposition. Sa tasse de thé refroidissait entre ses doigts et je me rendis compte que la mienne avait perdu sa chaleur depuis longtemps. Je n'avais même pas eu la politesse d'y tremper les lèvres.

-Ce serait surprenant, de ce que tu nous as raconté ce garçon semble promis à un avenir de Mangemort, même s'il faut encore qu'il fasse ses preuves, jugea Lupin. Et si tu es presque sûre d'avoir reconnu sa voix ... Partons du principe qu'il a rejoint Voldemort mais qu'il ait encore des contacts avec sa mère : elle aurait parfaitement pu le mettre au courant de cette rencontre avec tes parents. Une occasion idéale pour se rappeler à ton bon souvenir. Au tien ... mais aussi à celui de son père. Les Mangemorts ne sont pas heureux de savoir les Selwyn neutres. La place d'une grande famille de Sang-Pur est derrière Voldemort. En un sens, Julius Selwyn est aussi menacé que tu ne l'es dans ce message. L'un des « ennemis de l'héritier ».

Ma trachée fut compressée par l'angoisse. Voilà qui doublait la pression faite sur ma famille ... puisque mon frère sortait avec l'héritière Selwyn, famille disputée par les deux camps et dont la puissance financière était un enjeu stratégique. Seigneur Alex, tu as parfaitement choisi ta moitié ... Je posai lentement la tasse sur la table basse. J'avais trop peur que mes mains tremblantes ne la fassent tomber.

-Qu'est-ce que je peux faire ... ?

-Rien de plus que tu ne fais déjà, Victoria, m'assura Lupin avec douceur. Protéger la maison de tes parents, le système d'entraide avec les Bones, c'est déjà très bien. Il faudra que vous redoubliez de prudence – ne sors pas seule et utilise le plus que possible le réseau de cheminée. De notre côté, on va surveiller particulièrement Thalia Selwyn et on te tiendra au courant des évolutions.

Je clignai les yeux, surprise. Ce n'était absolument pas le sens de ma question.

-Remus, je voulais demander ce que je pouvais faire pour l'Ordre. Parce que jusqu'à preuve du contraire, le meilleur moyen pour moi de mettre fin à ce cauchemar pour ma famille, c'est de détruire Voldemort.

Lupin haussa les sourcils en entendant le nom franchir mes lèvres – ou en comprenant réellement ce que je voulais savoir. Il lâcha à son tour sa tasse de thé.

-Les entretiens devraient arriver la semaine prochaine, admit-t-il d'un ton prudent. Ils auront lieu avec des membres de l'Ordre en qui nous avons une immense confiance et qui sauront voir clair en vous ... Mais vous ne serez peut-être pas sur des missions importantes – et tu ne seras certainement pas sur celles qui concernent les Selwyn ...

-Je m'en fiche. Je veux juste ... juste faire quelque chose. N'importe quoi, tout ce que vous jugerez utile. Je veux en finir avec ça ... Oh, je sais que ça va sans doute prendre des années, ajoutai-je en remarquant le sourire triste qu'abordait Lupin. Mais ... autant le faire maintenant que j'en ai encore la foi.

-Je comprends parfaitement, assura-t-il avant que son regard ne glisse sur ma tasse de thé froid abandonnée sur la table. Tu ne le bois pas ?

Mes joues s'empourprèrent et je dus avouer du bout des lèvres en réalité, je n'avais jamais le thé. Lupin me considéra quelques secondes avant de me déconcerter en éclatant de rire. Il prit nos deux tasses, toujours secoué par l'hilarité.

-Moi non plus ! Et si je vous faisais deux tasses de chocolat chaud, plutôt ? J'ai l'impression que ça nous ira mieux à tous les deux !

***


J'avais répété ma conversation à Simon, puis à mes parents qui avaient été secoués par ces mots que nous avions eu peine à effacer. Et pire que tout, Miro semblait prêt à emménager chez nous pour veiller quotidiennement sur mes parents – et la perspective ne les enchantaient pas. La sécurité, oui, mais pas à n'importe quel prix.

-Je pourrais venir, moi, proposa Melania.

Nous venions de transplaner dans le jardin des Bones – depuis ma maison car à présent même les plus courts trajets étaient effrayants – toutes de capes vêtues. Je devais me rendre au Ministère pour déposer des papiers au Département des Jeux et Sports Magiques et Melania avait décidé de m'accompagner pour pouvoir parler avec son frère qui travaillait au Département de la Coopération Magique Internationale. Comme Octavia, songeai-je en réprimant mon sourire.

-Alex et moi, on pourrait réemménager chez tes parents. Comme ça il y aurait deux sorcières à la maison ...

-Alex ne retournera jamais chez mes parents, contrai-je en gravissant le perron de la belle maison victorienne. Et vous ne vivez même pas ensemble ...

Melania eut l'air embarrassé. Depuis la rencontre qui s'était soldée par un semi-échec, elle paraissait s'en vouloir. Après tout, c'était son propre frère jumeau qui menaçait notre famille.

-A dire vrai, on y songe. Il se pourrait même qu'on l'ait décidé ...

-Ah, lâchai-je, à moitié surprise par la nouvelle. Et bien ... félicitations, je suppose.

Les lèvres de Melania se retroussèrent en un sourire heureux, signe que la décision n'était pas simplement dû à la prudence, mais surtout à leur relation qui continuait de s'épanouir. C'était rassurant de voir leur amour résister à tout cela.

J'ouvris la porte arrière qui menait au cellier et Bones et fus surprise d'y voir George, visiblement occupé à compter l'impressionnante collection de bouteille d'hydromel dont certaine prenait la poussière. Melania, qui découvrait cette partie de la maison, ouvrit de grands yeux surpris.

-Wha, ça c'est de la cave ...

Un sourire fit frémir la barbe de George.

-Collection personnelle de mon grand-père. Il aimait les bonnes choses ... En quoi je peux vous aider ?

-On aurait besoin d'utiliser la cheminée pour aller au Ministère, expliquai-je en retirant le chapeau de sorcière que j'avais consenti à passer.

-Ah. Attends ...

George abandonna ses bouteilles pour entrouvrir la porte du cellier et tendre l'oreille. Melania et moi échangeâmes un regard perplexe alors que le père de Simon ouvrait plus grand la porte et passait sa tête dans la cuisine.

-Hum ... Il me semble que la dispute s'est délocalisée à l'étage alors ... La voie est libre jusque la cheminée !

Mes entrailles se contractèrent et j'évitai soigneusement le regard de George. Je savais que Simon ne tiendrait pas longtemps pour demander des comptes à ses parents concernant Lysandra Grims, mais je ne me doutais pas que ça se solderait par des cris. Surtout pas avec Rose dont il était si proche ...

-On est désolée de vous déranger, s'excusa Melania, contrite.

-Vous ne me dérangez pas, mais dépêchez-vous. C'est ... une dispute privée.

Son regard s'attarda plus particulièrement sur Melania. Elle n'était pas au courant des véritables origines de Simon et je doutais que George veuille que cette information atteigne la famille Selwyn. Alors je pris le bras de Melania, remerciai George, et me dépêchai de nous faufiler jusque l'impressionnante cheminée frappée des armoiries de Poufsouffle et si haute que Melania pouvait s'y glisser sans même courber l'échine. Elle prit une pincée de poudre émeraude et la jeta dans les cendres en articulant distinctement « Ministère de la Magie ! ». Je profitai que les flammes vertes l'enveloppent pour me tourner vers George, la mine penaude.

-Ça va aller ?

George haussa les épaules. Il paraissait résigné.

-Tu sais, c'est une dispute qui devait arriver. Mais par précaution ... ce serait peut-être bien que tu passes ce soir.

-Oh. Très bien ... A ce soir alors.

Sans attendre, j'entrais à mon tour dans la cheminée et me laissai engloutir par les flammes émeraudes. La poudre de cheminette était moins désagréable que le transplanage mais elle continuait de me rendre quelque peu claustrophobe et j'arrivai suffoquée dans une cheminée de pierre noire et luisantes, étourdie par un brouhaha incessant.

-Vic' !

Melania me prit fermement par le bras et m'extrait de la cheminée, au meilleur moment car elle s'embrasait de nouveau pour faire apparaître un homme roux à lunette qui se mit en marche sans attendre. J'observai l'immense espace immense, haut de plafond au pierres noires et brillantes qui reflètaient les lueurs des torches pâles. Les sorciers fourmillaient dans l'Atrium, se déplaçant sans même lever les yeux des parchemins qu'ils consultaient ou de leur destination. Au centre, des bâches violettes cachaient ce qui semblait être un chantier et d'où s'échappaient parfois des étincelles ou bruits métalliques.

-Règle numéro un, vite sortir de la cheminée, m'apprit Melania en me guidant dans la foule. Règle numéro deux, toujours être en mouvement. Règle numéro trois ... (Elle nous arrêta devant une cage d'ascenseur dorée). Accroche-toi.

Les grilles s'ouvrirent en un son de cloche clair mais perçant et ma claustrophobie réveillée par la cheminée monta en flèche lorsque je découvris la cage bondée de sorciers et sorcières. De plus l'ascenseur allait dans tous les sens possibles, si bien que je pris au mot la règle de Melania en m'accrochant à elle jusqu'à ce que la voix désincarnée annonce le département des Jeux et Sports Magiques. Melania m'accompagna jusqu'au bureau de la Fédération Anglaise de Quidditch déposer mon aptitude à jouer en équipe A en cas de blessure du gardien titulaire ou choix de l'entraîneur, puis ce fut le retour dans l'ascenseur infernal – dans lequel c'était carrément glisser un gobelin et quelques avions de papiers que Melania qualifia de « note de service » - jusqu'à ce que la voix désincarnée déclare :

-Niveau cinq, Département de le Coopération magique internationale, Organisation internationale du commerce magique, Bureau internationale des lois magiques, Confédération internationale des sorciers, section britannique.

Melania me prit de nouveau par le bras pour me faire sortir de de l'ascenseur et je poussai un immense soupir de soulagement. Il me donnait la nausée, entre son exigüité et une odeur étrange qui y persistait, comme si un troll y était passé.

-Je suis tellement heureuse de ne pas avoir choisi le Ministère ...

-Je suis tellement heureuse de l'avoir quitté aussi, crois-moi, assura Melania en me guidant dans le long couloir. Bon, Ulysse travaille dans la section du commerce magique, je vais aller y faire un saut ... Tu peux y aller si tu veux ...

-Non, je dois voir Octavia, je vais en profiter. Elle m'a donné les coordonnées de son bureau attends ...

Je vis les yeux de Melania étinceler pendant que je fouillais les poches de ma cape à la recherche de mon information.

-Octavia ? McLairds ?

Un sourire entendu s'étira sur mes lèvres. « J'ai même parlé de toi à ma sœur ... » avait soufflé Ulysse à Octavia lorsque je les avais surpris dans un couloir. Et je doutais que ce soit à sa petite sœur qu'il en ait parlé ...

Devant la curiosité manifeste de Melania de découvrir l'aimée de son frère, je consentis à la laisser m'accompagner jusqu'au bureau de la jeune fille, situé au bout d'un long couloir dans la section de la Confédération magique internationale. Sa porte était entrouverte et elle était seule, assise derrière son bureau, noyée sous une tonne de dossiers. Même affairée avec une tâche d'encre sur la joue, passant de parchemin en parchemin, elle gardait une certaine dignité. Je frappai discrètement à sa porte et en fus quitte pour un regard agacé.

-Bennett, soupira-t-elle en secouant la tête. Je suis contente de te voir – et très joli chapeau, au passage – mais comme tu vois, je n'ai pas le temps, si tu peux ...

-Ce n'est pas très poli, ça ...

Melania s'avança à son tour, les yeux pétillant d'amusement et Octavia se figea. Mais elle se reprit aussitôt pour la gratifier d'un charmant sourire, plus aimable encore que celui que lui servait sa future-belle-sœur. Seigneur, c'était donc à ça qu'elles s'étaient entrainées étant petites ? A sourire devant un miroir ?

-Melania, je suppose ?

-Exact. Je cherche le bureau de mon petit frère, Ulysse – quelle idiote, j'ai oublié de lui demander avant de venir ... Tu ne saurais pas, toi ?

Je me retins de lever les yeux au ciel devant l'étalage de tout son esprit tordu de Serpentard. Ça aurait pu être jouissif si Octavia avait réagi mais la jeune fille réagit comme d'habitude avec la plus grande courtoisie et se leva pour y conduire Melania. Il fallut que nous prenions un peu d'avance sur elle pour qu'elle me lâche d'un ton irrité :

-Alors ça Bennett, je m'en souviendrais.

-Et moi je retiendrais que pour Melania ce sont des sourires et pour moi ça se résume à un « dégage ».

-Je croule sous les dossiers ! On a un gros problème avec la France et l'Allemagne qui veulent cesser toute relation commerciale avec nous en raison « des événements » qui secouent l'Angleterre et le MACUSA songe même à fermer ses frontières ...

-Le quoi ?

Octavia poussa un grognement de frustration qui pouvait soit m'être adressé, soit adressé audit MACUSA et je renonçai à l'interroger plus. En revanche, j'entrepris d'extraire de ma besace plusieurs rouleaux de parchemins que je lui collais entre les bras.

-Tiens, de la lecture pour te détendre ce soir. Le premier, ce sont des notes sur les outils sociologiques et quels usages on pourrait en faire dans notre projet – je pense notamment à tout ce qui est travail autour de la société et de ses normes, ça pourrait donner un aspect plus scientifique au devoir. Le deuxième, c'est tout ce qui est exploitables dans ce qu'on avait fait l'année dernière et le dernier la liste des ouvrages que j'ai pu trouver chez les Bones, je vais commencer à lire ça cette semaine.

-Hé bien, souffla Octavia, radoucie. Tu n'as pas dormi ces derniers jours ?

Un sourire dépité retroussa mes lèvres et Octavia pâlit quelque peu. Elle pressa les rouleaux de parchemin contre sa poitrine et mordit sa lèvre inférieure.

-Ah ... Ulysse m'a raconté ce qu'il s'est passé ... ça va ?

-Je n'en sais rien. J'évite d'y penser alors je travaille ...

-Il n'y est pour rien, assura-t-elle, toujours à voix basse. Je t'assure, il était furieux quand je l'ai vu, il ...

-Ce n'est pas lui qui m'inquiète, Octavia.

La jeune fille me lança d'un regard peiné et l'espace d'un instant, elle parut tentée me gratifier d'une marque de sympathie. Mais elle y renonça et son regard alla se perdre dans les méandres du couloir devant nous. Son visage se figea et elle s'immobilisa si brusquement que Melania derrière elle faillit la percuter.

-Qu'est-ce qui se passe ?

-On ferait mieux de ...

La tentative de fuite d'Octavia était inutile. Je l'avais vu aussi.

Au bout du couloir, Miles patientait devant une porte, visiblement nerveux. Ses cheveux bruns étaient impeccablement coiffés mais contrairement à Poudlard vers l'arrière, et ça dégageait son visage aux traits volontaires. Une barbe de trois jours qu'il s'était refusé de laisser pousser à l'école assombrissait ses joues et sa lèvre et le rendait infiniment plus adulte. J'eus à peine le temps de me remettre du choc face à sa vision qu'une fille émergea du bureau devant lequel il attendait, logea sa main dans la sienne et l'embrassa tendrement sur les lèvres. Une fille aux cheveux blonds et au sourire mielleux que je reconnus parfaitement comme étant ...

-Gillian Fawley, lâcha Octavia, estomaquée. Bon sang, il a baissé en gamme ... D'accord elle est très jolie mais elle ne te vaut pas ...

-Oh, comprit Melania avant de poser une main douce sur mon bras. C'est Miles, c'est ça ?

Sonnée, je me contentai d'acquiescer d'un hochement de tête. J'étais incapable de définir ce que je ressentais. J'avais l'impression d'assister à la scène comme un fantôme, de n'être pas vraiment là, d'être invisible aux yeux du couple qui disparaissait à présent en sens inverse, babillant des mots auxquels j'étais sourde. La pression de Melania sur mon bras me ramena à la réalité.

-Victoria, ça va ?

Je n'en savais rien. C'était étrange comme sensation, à mi-chemin entre la nostalgie et le soulagement. Avec une pointe d'humiliation face à la personne qui m'avait remplacée dans son cœur. Soudainement, un besoin irrépressible gonfla dans ma poitrine, une envie qui était là, latente, depuis quelques semaines mais qui à présent devenait indispensable.

-Ça va ... il faut ... il faut juste que j'aille voir quelqu'un.

***


C'était une idée franchement stupide. Mais j'en avais besoin.

L'appartement se situait à l'étage d'une maison d'allure si ancienne que je fus persuadée que le complexe était magique, comme celui au sein duquel habitait Kamila à Gdansk. La propriétaire, une femme d'une quarantaine d'année, me posa une quinzaine de question avant de déterminer que je n'étais pas une Mangemort venue tuer ses locataires mais me suivait toujours d'un œil suspicieux alors que je montais dans le bel escalier de bois vernis.

Ce fut elle qui ouvrit et ses yeux bleus s'écarquillèrent lorsqu'elle me vit sur le bas de sa porte, en cape et en chapeau

-Vic' ?

-Salut Emily.

Elle me contempla, incrédule. Elle avait coupé ses cheveux blonds à l'épaule et ça lui donnait l'air plus âgé, plus femme que jeune fille, impression renforcée par les lunettes qu'elle avait enfoncé sur son nez.

-Qu'est-ce que tu fais ici... ?

La question aurait pu être vexante mais elle s'expliquait par le fait que ça faisait trois mois que nous étions sans nouvelles l'une de l'autre. J'aurais pu mentir, expliquer qu'elle me manquait et que je voulais prendre de ses nouvelles, mais ça n'aurait pas rendu justice à l'amitié qui nous liait depuis plusieurs années.

-J'ai vu Miles avec sa nouvelle copine ... Et ça m'a fait un choc. J'avais besoin d'en parler. Avec ma meilleure amie.

L'expression d'Emily s'adoucit et se teinta de nostalgie et de compassion. Un sourire triste s'étira sur ses lèvres.

-Tu viens avec des ragots et une conversation intime et tu espères que ça va m'attendrir ?

-Et si tu m'invites à entrer, je te dis même le nom de la copine. Tu vas halluciner.

-Et mince, tu me connais trop bien ... Allez, entre.

Elle s'effaça pour me laisser mettre un pied dans son bel appartement lumineux et spacieux. La porte donnait sur un agréable espace de vie réchauffé par un parquet et qui donnait sur une cuisine « à l'américaine » séparée du reste de la pièce par un bar. L'endroit était impeccable, les canapés en toile bleue rayonnaient et pas un grain de poussière ne salissait la table basse de bois ciré. C'était décoré avec goût et finesse et je souris en remarquant qu'Emily rangeait les rares objets qui semblaient trainer.

-Tu as bien agencé ça ...

-C'est Roger, en fait. Je te jure, c'est un de ces maniaques, il est pire que moi ...

Je dressai un sourcil qui arracha un sourire coupable à Emily. Je me souvenais que la plupart de nos disputes dans nos jeunes années avaient tenu à l'ordre dans notre chambre – et pourtant je n'étais pas particulièrement désordonnée. Nous nous installâmes l'une en face de l'autre sur le canapé, nous contemplant l'une l'autre, enfermée dans un silence lourd de non-dits. Maintenant que j'étais devant elle, des sentiments que j'avais tenté de refouler remontèrent à la surface – la frustration suite à l'année écoulée, la vexation de l'éloignement qu'elle nous avait imposé mais aussi le manque que ça avait occasionné. Un petit sourire flottait sur les lèvres d'Emily.

-Tes cheveux ont poussés ...

-Pas les tiens.

Elle essuya un petit rire et passa une main dans ses mèches lisses et soyeuses.

-J'avais envie de changement. De marquer un nouveau départ ...

Une ombre passant sur son visage et elle détourna le regard. La fenêtre du salon donnait sur un petit potager dans un jardin verdoyant qui profitait des derniers rayons de soleil de l'automne, car octobre avançait principalement dans la bruine. Un temps parfait pour jouer au Quidditch. -Bon, tu m'as promis le nom de la fille, ma rappela soudainement Emily, par soucis de craquer cette bulle de malaise dans laquelle nous étions enfermées. Avec quelle fille infiniment moins bien il a osé te remplacer ?

Mes lèvres se tordirent. Je supposais que le « infiniment moins bien » était une question de point de vue ...

-Gillian.

Les yeux d'Emily s'écarquillèrent sous le choc.

-Gillian ? Gillian ma cousine ? Gillian la glousseuse qui faisait signer son sac par Cédric avec son rouge à lèvre, cette Gillian-là ?

-Elle-même en personne.

-Oh la la ...

Emily ponctua sa remarque d'un grognement dédaigneux qui m'arracha un sourire. Je savais que les deux cousines ne s'étaient jamais entendues. Si dans leur enfance, Gillian avait semblé sans cesse demander l'approbation d'Emily, elle avait tenté par la suite de s'imposer comme sa rivale à Poudlard, forte du même nom de famille et de la même chevelure blonde comme les blés. Malheureusement, elle n'était qu'une pâle copie de sa cousine et était restée dans l'ombre de la véritable rivale d'Emily, Octavia. Et pour mon plus grand soulagement, l'indignation d'Emily semblait dissiper complétement le malaise :

-Gillian ! Mais comment on peut passer de toi à Gillian ? C'est une gourde, elle est superficielle au possible ! Tu es cent fois mieux qu'elle !

-Je n'en sais rien ... Elle est plutôt jolie.

La phrase me paraissait complétement puéril, à l'image de tout ce qui m'habitait à l'instant. Mais au final, c'était presque ce qui me faisait le plus mal : Miles m'avait remplacé par une vraie femme, avec des formes, un joli visage et qui pourtant était connue pour sa superficialité. Mon exact opposée, en un sens. Comme s'il avait cherché une fille qui avait tout ce que je n'avais pas et ça me renvoyait nécessaire à mes complexes de femme enfermée dans un corps qui aura éternellement les formes de celui d'une enfant, avec une absence totale de forme et un visage qu'on pouvait difficilement qualifier de beau.

Dieu que c'était puéril de s'inquiéter de ça, maintenant ... Mais alors que j'avais vu le charmant visage de Gillian sourire à Miles, c'était exactement ce qui m'avait habité.

Emily cligna des yeux, surprise.

-D'accord, elle est jolie, je ne vais pas lui enlever, mais toi aussi, rétorqua-t-elle immédiatement avec une certaine férocité. Arrête de te dévaloriser, Vic'. Tu te souviens comment on te regardait au bal de noël ?

-Mais ce n'était pas moi. Tu m'avais lissé les cheveux.

-Je sais, Simon m'en veut toujours. Mais laisse-moi te dire ce que tu n'as vraisemblablement pas pu entendre ce jour-là : beaucoup de gens t'ont trouvé très belle.

Parce que j'avais été couverte d'artifice, d'une jolie robe, d'un joli maquillage et d'une coiffure plus conforme aux critères de beauté. Mais je ne préférais rien répliquer à Emily concernant ce fait dont elle tirait une fierté personnelle. Satisfaite d'avoir réduit mes protestations au silence, elle poursuivit :

-Et quand même bien même, admettons, Gillian serait plus jolie que toi – ce qui se discute. Vic', on s'en fiche. Très clairement, il a perdu au change. Ce n'est pas toi qui devrais te sentir humiliée, mais lui.

Elle repoussa ses lunettes dans ses cheveux et enfin je vis le visage de mon amie sous l'adulte en devenir.

-Je comprends ce que tu ressens, c'est toujours une sensation étrange de voir son ex-copain refaire sa vie et on le prend toujours contre soi, mais il ne faut pas. A moins que ... tu aies des regrets ?

Je secouai vivement la tête. Non. Le regret, la jalousie : je ne ressentais rien de ça. Mon histoire avec Miles s'était essoufflée d'elle-même, la rupture avait fini par sonner comme une évidence. Est-ce que ça signifiait que j'avais réellement tourner la page ? Je l'ignorais. J'ignorais même ce que signifiait « tourner la page ».

-Non, pas du tout. Je ne sais pas, c'est juste. C'est idiot, non ? Il mérite d'être heureux, d'avoir quelqu'un qui l'aime mieux que je l'ai fait ... Mais Gillian Fawley ... En quatrième année, elle n'arrêtait pas de dire que mes cheveux étaient plus tentaculaires que le calamar géant !

Emily eut l'air vaguement embarrassé et je plissai les yeux, suspicieuse. A l'époque, nous n'étions pas en bon terme, et connaissant la volonté de Gillian de copier sa cousine, je me demandais soudainement si elle n'était pas à l'origine de la blague.

-Cela dit, c'était en quatrième année. On a tous grandi, Vic'. On a changé, on est devenu adulte. Et la Gillian adulte vaut toujours moins que la Victoria adulte, mais ... Je ne sais pas. Peut-être que Miles surcompense ? Effectivement, on peut se dire qu'il a cherché ton exact opposé, mais ça ne veut pas dire qu'elle est la fille idéale pour lui. Vraiment, ne le prends pas contre toi. Tu n'as pas de regret ? Très bien. Miles avance, à toi t'avancer aussi.

Je haussai les sourcils et sentis soudainement la conversation s'engager sur un autre pan. D'un coup de baguette, Emily fit voler un pichet de thé glacé et deux verres jusque nous et l'éclat malicieux dans ses prunelles me fit regretter d'être venue.

-Pitié, non, ne me demande pas si j'ai quelqu'un en vue ou quoi ...

Un sourire triste s'étendit sur les lèvres d'Emily alors qu'elle versait le liquide brun dans les verres. La lueur dans ses yeux s'était ternie.

-Malheureusement, je crois que j'ai renoncé à ce droit ...

-Toi ? Renoncer à mettre ton nez dans la vie des autres, à nous harceler pour tout savoir de notre intimité ? Tu vas me faire croire ça ?

Emily poussa un profond soupir et soudainement, l'embarras revint, soufflant d'un coup la flamme vacillante de notre complicité qui avait recommencé à danser. Les trois mois sans un mots pesèrent de nouveau entre nous.

-Em' ...

-Non, arrête, me coupa-t-elle en levant une main. Vic', je sais que ... ça a dû vous paraître injuste, ce que j'ai fait. Couper les ponts, ne pas répondre à vos lettres – félicitations pour des ASPIC d'ailleurs ... Mais j'avais besoin de ça. Vraiment.

Ses mains se crispèrent sur son verre et elle prit une longue gorgée, comme pour se donner contenance. Je la considérai un instant, la gorge nouée.

-Em' ... Je sais ce qui s'est passé l'année dernière ça a été un coup rude ... mais je t'assure, je ne t'en veux pas ... Simon non plus – ou s'il ose dire quelque chose ...

-Ce n'est pas que le retour de Tu-Sais-Qui, Vic'. C'est un ensemble de chose ... Par exemple ... J'ai ... j'ai été refusé à la formation comme Langue-de-Plomb.

-Oh, Emily, soufflai-je, peinée. Je suis désolée ...

Elle haussa les épaules avec flegme, mais moi je lisais parfaitement le dépit dans ses yeux. C'était une élève brillante, promise à un grand avenir et le Département des Mystères avait toujours été son rêve.

-D'après mes parents, c'est moins dû à mes capacités qu'à la sélection, expliqua-t-elle avec une certaine amertume. Le Département est gouverné par de vieux sorciers de sexe masculins qui malgré toute leur bienveillance considère qu'une jeune sorcière n'a pas sa place dans leurs rangs. Alors je me suis trouvée un poste de potionniste à Ste-Mangoust en attendant de renforcer mon dossiers ... Mais c'était un nouvel échec pour moi.

Elle m'adressa un pauvre sourire.

-Alors te voir entrer dans le monde du Quidditch pro, ou alors Simon aller à l'IRIS... ça ne faisait que remuer le couteau dans la plaie. Je ne voulais pas m'imposer ça ...

-Mais on aura pu te soutenir aussi, Emily. Arrête de croire qu'on va juger ou se moquer de tes échecs ... Tu avais fait ça aussi en nous cachant ce qui s'était réellement passé avec Roger alors que c'était idiot ... On peut être là pour tout toi si tu nous laisses faire.

Je fronçai les sourcils en remarquant que le sourire d'Emily s'était fané au fur et à mesure de mes mots. Son regard s'était perdu dans son thé glacé qu'elle faisait lentement tourner dans son verre et elle semblait chercher ses mots.

-Vous êtes là l'un pour l'autre, c'est une évidence ..., murmura-t-elle. Mais pour moi...

-Qu'est-ce que tu racontes ?

Je me sentais vexée par l'allusion. Je me souvenais encore d'elle après la mort de Cédric, complétement hagarde, perdue, sans vitalité, au point que j'avais pu prendre en charge ses obligations de préfète et faire sa valise au moment de prendre le Poudlard Express. Je ne pensais pas ne pas avoir été présente pour elle dans les moments difficiles, bien au contraire. Le problème avec Emily avait surtout été de deviner ces moments, car elle dissimulait absolument toutes ses émotions, tous ses conflits intérieurs. Cédric avait un jour parfaitement résumé cela : elle était la plus bavarde d'entre nous ... mais surtout la plus secrète.

-Je t'aurais aidé, Emily, si j'avais su ce qui se passait dans ta vie, mais tu n'as jamais voulu rien nous dire ...

-Tu n'as pas attendu que Simon te dise pour l'aider.

-Ce n'est ...

-Vic', m'interrompit-t-elle avec lassitude. Arrête, je ne t'en veux pas. C'est normal, en un sens.

Je clignais des yeux, perplexe et elle poussa un nouveau soupir. Elle remit de nouveau ses lunettes sur son nez et le masque de l'adulte retomba sur son visage avec sa certitude et sa science-infuse.

-On a été naïf de croire que la mort de Cédric ne changerait rien entre nous, Victoria. Ça a tout changé. C'est lui qui nous maintenait lié les uns aux autres ... Simplement je n'avais pas prévu que ça explose comme ça.

Elle tapota son verre et je me rendis compte qu'elle fuyait très clairement mon regard. Mon cœur dévala ma poitrine.

-Tu as cru que ce serait moi qui serais laissée de côté, c'est ça ... ?

-C'est nul, admit-t-elle d'un ton désolé. Mais Simon et moi on était ami depuis la première année, c'était Cédric qui t'avait imposé dans le groupe et tu avais Miles ... La dynamique qui m'avait semblé évidente, c'est que tu te rapproches de lui et que tu t'éloignes de nous. Mais en revenant des vacances, je me suis rendue compte que c'était tout l'inverse qui était en train de se produire. C'était moi qui étais isolée.

-Mais ... c'est ... parce que ...

-Je croyais le Ministère ? Vraiment ? Il n'y avait que ça ?

Cette fois, elle avait planté son regard dans le mien. Ce n'était peut-être qu'un reflet dans ses lunettes, pourtant il me semblait que ses yeux s'était légèrement embué.

-Evidemment que ça a joué, mais ... Je ne sais pas. Très tôt dans l'année, même quand ça se passait bien ... je me suis sentie de trop. Vous vous êtes repliés l'un sur l'autre, au-delà du fait que simplement, vous croyiez tous les deux Harry et Dumbledore. Ça dépassait ça, Victoria. Vous vous êtes rapprochés ... et ça vous a éloigné de moi.

Je sentis ma bouche d'entrouvrir devant cette analyse que je n'avais pas vu venir. Constatant que j'étais rendue muette par ses arguments, Emily asséna son ultime tirade :

-J'espère que tu comprends ... On était un groupe merveilleux. Un quatuor magique. Mais on ne peut pas être un trio. Parce qu'il y aura toujours l'ombre de Cédric sur nous trois. Parce que c'est devenu gênant pour moi d'être avec Simon et toi. Et parce que tu dis m'avoir pardonné mais au fond tu te souviendras toute ta vie qu'au moment crucial, je n'ai pas eu confiance en toi et que j'ai bafoué la mémoire de notre meilleur ami pendant un an ...

Je restais un moment silencieuse, douchée par l'argumentaire qui constituait une réalité gênante que je n'avais pas su voir durant de longs mois. Cela dit, la conclusion me semblait trop radicale et je ne pouvais m'empêcher de me sentir blessée par l'avenir qu'elle proposait à notre relation.

-Alors c'est tout ? On ne peut pas être un trio alors on ne peut plus être amis ? Tout ce qu'on a vécu ensemble, tout ce qu'on a partagé ... on oublie ?

-Non ... non, Vic', je n'ai pas dit ça. Mais on ne peut plus être comme avant. On a été naïf de le penser l'année dernière.

Elle tripota son verre avant de coincer une mèche blonde derrière son oreille. Dieu que cette coiffure lui donnait l'air plus mature ...

-Mais peut-être que j'ai été trop radicale en coupant les ponts, concéda-t-elle après quelques secondes de réflexions.

-C'est bien de l'admettre. C'était blessant, Em' ...

-Je sais, je me doute bien et je suis désolée. Simplement, comme je te l'ai expliquée ... j'avais besoin de cette coupure. De me recentrer sur moi, sur ma vie et ce que je voulais en faire. C'est peut-être égoïste mais après tout ce qui s'est passé cette année, c'était une vraie nécessité.

La magnifique horloge de bois chaud et aux aiguilles d'or sonna l'heure d'un ton presque définitif. Le temps était écoulé. Je contemplai un moment Emily, quelque peu sonnée par tout ce qu'elle m'avait asséné. Mais cela avait au moins pour mérite d'avoir effacer le malaise d'avoir aperçu mon ex-petit-ami avec Gillian Fawley ... Gillian Fawley ...

Par acquis de conscience, je jetai un coup d'œil à l'heure. Après ce qui s'était passé au dîner avec les Selwyn, mes parents paniquerait si je rentrais tard ... Puis la mention de cette rencontre me renvoya à tout ce que j'avais caché à Emily toute cette année, par manque de confiance ou simplement par pudeur. Des choses que j'avais révélées à Simon, voire à Miles et qui montrait parfaitement, comme elle le disait, qu'un gouffre s'était ouvert entre nous cette année et qu'il n'était pas lié à la croyance ou non au retour de Voldemort. Et malgré tout, au moment où je m'étais sentie déboussolée, c'était vers elle que mon cœur m'avait poussé.

-Emily ... Je n'ai pas envie que tout s'arrête.

Les lèvres de mon amie se pincèrent et j'insistai :

-Franchement, ça ne te fait pas un tout petit peu plaisir de me voir ? Et de pouvoir cracher sur ta cousine avec moi ?

-Tu es bête, s'amusa-t-elle avec l'ombre d'un sourire. Et bien sûr, Vic', ça me fait plaisir, tu m'as manqué. Malgré tout, tu restes la meilleure amie que je n'ai jamais eu ... Mais il faut que tu comprennes que ce ne sera jamais comme avant.

-Mais j'ai l'autorisation d'à nouveau venir toquer à ta porte si j'en ai envie ?

Elle détourna le regard et je la fixai, blessée par cette fuite qui se poursuivait. J'étais venue jusque chez elle, je faisais l'effort de parler, de comprendre. Et malgré tout ce qu'elle disait, je n'avais pas la sensation d'avoir été injuste avec elle l'année dernière. Si son amitié avec Simon était demeurée intacte, c'était parce que j'avais été là pour faire la part des choses. Mes poings se serrèrent sur mes genoux et je me mis à réfléchir à ce que Cédric penserait de la situation présente, à quel point ça le déchirerait de voir notre groupe se déliter simplement parce qu'il n'était plus là ... La réflexion s'acheva sur une pensée qui n'avait jusqu'alors jamais effleurer mon esprit et ma poitrine s'étreignit.

-Em' ... La semaine prochaine, c'est l'anniversaire de Cédric.

Ses yeux s'écarquillèrent devant le brusque changement de sujet et je profitai de son mutisme ému pour considérer les contours d'un plan. Le 13 octobre, il aurait dix-neuf ans ... Je me levai lentement du canapé et ramassai la cape que j'avais posée sur le bras du fauteuil.

-On devrait aller le voir. Pour son anniversaire ...

-Vic' ...

-On ne lui a jamais vraiment dit adieu, Em'.

Ses yeux flamboyèrent quand son regard se braqua de nouveau sur moi.

-Bien sûr que je lui ai adieu, Vic'. Ce soir-là, devant le labyrinthe. Je te rappelle que c'est moi qui aie fermé ses yeux.

-Rien ne t'empêche de lui rendre hommage.

-Je ne peux pas !

-Mais pourquoi ?

-Parce que !

Cette fois, elle se leva d'un bond et partit se poster devant sa fenêtre. Le peuplier planté dans son jardin voyait ses feuilles rousses arrachées une à une par le vent et elle fit mine de les observer tomber une à une et rejoindre la terre.

-Réfléchis, Vic', chuchota-t-elle sans quitter le peuplier du regard. Tu penses vraiment qu'il voudrait de moi là-bas après ce que j'ai fait l'année dernière ?

Ma gorge se serra. Elle avait raison. Son obstination à croire le Ministère avait bafoué la mémoire de Cédric, elle avait renié les véritables raisons de sa mort. Peut-être que plus que Simon et moi, c'était face à lui qu'elle avait le plus honte. Mes doigts se resserrèrent sur le chapeau de sorcière et je le fis tourner entre mes doigts.

-Bien ... En tout cas ... Moi j'y serais. Simon sans doute aussi. Si tu veux donner une chance à notre amitié ... Tu sauras où et quand nous trouver. Mais Emily ... Lui, il n'aurait jamais voulu ça. Tu le sais.

Elle se tourna d'un quart de tour pour m'adresser un regard mouillé de larme qu'elle se refusait à laisser tomber. Nous nous fixâmes quelques secondes en silence, un silence beaucoup moins lourd maintenant que tout avait été dit, puis je sortis de la maison. En fermant la porte de l'appartement, j'espérais de tout cœur ne pas avoir mis un terme définitif à notre amitié.
cochyo

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par cochyo »

Déprimant...
J’adore !!
Scandium

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Scandium »

Oh la la c'était tellement émouvant la fin ! Franchement, je compatissais de fou ! Je me retrouvais vachement dans cue disait Emilie, de voir une dynamique de groupe changer, certains qui se rapprochent et cetains qui sont mis de côtés, les divergences d'opinions, les non-dits, les gens qui coupent les ponts ... C'était super réaliste !
J'aimerai bien que ça s'arrange en vrai entre Emily et Vic. Je suis pas spécialement fan d'Emily mais je trouverai ça beau que malgrès leur relation avec des hauts et des bas, elles arrivent à s'accrocher à cette mitié.

Et le début avec l'ordre super, Remus, je l'adore comme d'habitude. Pensée émue pour Sirius ! Octavia et Melania, toujours au top !

Hâte de lire la suite, notamment la mise au point Simon/Victoria ! Oh je les aime tellement ces deux là !
Cazolie

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Harry Québert toujours dans nos coeurs, go pour chapitre 8

Ils ont l'air de bien s'amuser dans cette équipe !
-Les professionnels vont avoir besoin du terrain, il faut que vous dégagiez la place !
Je sais que c'est le terme officiel et tout mais ça fait vraiment "dehors les gosses, laissez les vrais jouer" :|
-Ou la première fois que je me suis pris un vrai cognard …, grimaça Eden.
Ca présage rien de bon
C'est toi qui as inventé ça ? C'est comme ça dans les sports moldus haha ?
-Ce n’est pas le problème. Regarde comme l’équipe A a évolué en trois ans … Ils ont acheté plein de joueurs étrangers.
Perri et la politique sportive :mrgreen: J'avoue ces histoires d'achats de joueurs j'ai toujours trouvé ça bizarre ! Mais j'y connais rien en sport :lol:
Je les observai s’extasier, proprement consternée. Je n’étais pas habituée à être sous le feu des projecteurs.
Elle est pas sous le feu des projecteurs, c'est Krum :lol:
Comment j'aime bien Mrs Grims, je l'ai toujours pas vue chez Anna haha (enfin je sais pas si on est destiné à la voir) AH Lysandra non ?
Une fille revenait souvent sur les photos
Ouuuh 8-)
Ses joues rougirent
Hahaha j'ai lu "ses yeux" ça n'avait aucun sens
-Ça fait des mois qu’il essaie de la demander en mariage mais qu’il n’a pas le cran.
Lance toi, ça va la gonfler sinon (ahem)
-Du coup, pour sûr, le mariage ce n’est pas pour toute de suite …
Il dit ça comme s'ils avaient reporté à cause du covid haha
ou de LA covid
-Moi je suis plus intéressé par le fait qu’elle connaissait « le neveu » d’Amelia Bones, intervint Arnold avec un sourire goguenard. Dis-nous tout sur ce « neveu », Victoria.
Je rêve il a aucune compassion lui :lol: Moi aussi j'adore parler de Simon mais un peu de respect quoi :lol:
Et en plus elle ne moufte pas, on ne sait rien de sa vie à cette petite !
C'est CLem en fait :lol: (keur)
C’était pourtant une question facile, pourtant je me retrouvai incapable d’y répondre
IL SERAIT TEMPS DY REFLECHIR MA PETITE DAME
-Le nom de cet ex ?
Mais quelle commère on l'arrête jamais :lol:
Harry bien sûr, évidemment, l’Elu … Tu verrais comment les filles bavent dessus maintenant, elles ne le trouvaient pas si séduisant l’année dernière.
"Mais....... Je suis l'élu" *BONG*
Pardon il faut que j'arr^te de citer ça à chaque commentaire :lol:
Mais elle finit par y aller non Susan ? Je sais plus
-Mais il était déjà vieux à l’époque de tante Amy, ça doit être un fossile
Tellement :lol: C'est comme McGo dans les fanfics NextGen, elle est éternelle :lol:
Sans doute parce que le poste de Défense contre les Forces du Mal est maudit et que cette année Dumbledore n’a encore trouvé personne
En fait est-ce que tout ça n'était qu"'un plan diabolique de Dumby pour se débarrasser de Rogue, vu que le poste est maudit ?? COMPLOT FACILE POUR BRILLER EN SOCIETE
je ne pouvais m’empêcher de remarquer que ses yeux pétillaient et que ses prunelles s’étaient éclaircies, révélant un bon état d’esprit de sa part. Je souris, contaminée par son enthousiasme.
Je suis si contente qu'il soit heureux d'y aller, et de le voir content ! (oui je suis trop investie :lol: )
-Je la réceptionnerais et je mettrais sur ta table de nuit pour ce soir, ça te va ?
Nan mais ça va le petit couple là, on dirait qu'ils sont mariés depuis 50 ans :lol:
Je la réajustai sur ses épaules et me rapprochai pour nouer ses attaches d’argent à sa gorge. Sa poussée de croissance avait cessé, observai-je, rassurée qu’il n’ait qu’une demi-tête de plus que moi. Il avait poussé la bienséance à mettre du parfum, des effluves légères qui me chatouillaient les narines.
Oulala ce rapprochement !!
C'est une chose de dormir dans le même lit mais ça je trouve que c'est un autre type d'intimité un peu héhé
J’étais descendue sur le terrain dépitée
Moooow bébé
-Et tu ne peux pas le faire chez toi ?
Comment il la vire :lol:
Ce sera tendu, mais ça ira, n’angoisse pas trop pour ça. Bon, je dois y aller, je vais être en retard. A ce soir, peut-être ? Et n’oublie pas ma Gazette.
Mais sérieux on dirait un mari des années 50 qui part travailler à la banque :lol: :lol:
peu désireuse de la croiser et d’à nouveau la laisser m’interroger sur nos activités. Nous continuions les séances d’entrainement dans le grenier des jumeaux
Mon cerveau a immédiatement pensé à un autre type d'activité, j'avoue tout
C’était régulier, carré et presque rassurant, ça mettait un cadre dans cette nouvelle vie que j’effleurais à peine
Tellement bien d'avoir un cadre T.T
Plus haut, de très vieilles éditions d’ouvrage sorciers mais également moldu, marquant les origines non-magiques de la famille Bones qui gardait cet héritage dans leur culture
Trooop stylé !
Octavia McLairds me contemplait avec un sourire incertain
COUCOU TOI
-Non seulement c’est sérieux, mais c’est que ce que notre gouvernement appelle « une excellente gestion de la crise », confirma Octavia avec l’ombre d’un sourire.
Pouahahha ça me rappelle quelque chose
-Nous nous lançons sur un nouveau projet de recherche, rectifia-t-elle avec un petit sourire. Que nous allons éditer en livre pour le diffuser à la communauté magique.
WHAAAAAAAAAT je l'avais tellement pas vu venir celle-là !!

J'aime trooop toute leur discussion, c'est tellement bien !! Tellement bien pensé, et parfait pour ces deux personnates ! Tu vois je dis toujours que chez toi, le top du top c'est l'évolution des persnnages et ben tu le prouves encore, et avec Octavia quoi. Bien sûr elle était déjà très présente dans la partie précédent mais je m'attendais pas du tout à la retrouver comme ça ! C'est trop bien !
Je plissai les yeux, soudainement suspicieuse. Il me semblait que les joues pâles d’Octavia avaient rosies.

-Il n’y avait pas Ulysse Selwyn par hasard à cette réception ?
-Si, répondit-t-elle distraitement. Nos pères font des affaires ensemble, ça ne date pas d’hier …
-Je vois …
Zéro discrétion celle-là (Octavia je veux dire)

Rolala cette confession fleuve, je suis suspendue à ses lèvres haha
Tu as raison. Il change et je pense que le fait d’être avec toi peut permettre au changement de prendre la bonne direction. Alors ce n’est pas moi qui vais t’empêcher d’entamer une relation avec lui.
Haha c'est marrant parce que dans notre session prépa mariage, il y avait écrit "l'amour conjugal est un amour transformant", et on a trouvé ça un peu chelou, mais du coup là je comprends mieux ce que ça veut dire :D Merci Perri :lol:
Et comme faisait partie de la future belle-famille, je suppose que tu mérites d’être au courant de l’avancement.
J'avoue ils vont tous finir liés :lol: Simon et Octavia réunis pour les naissances des enfants ça va être awkward :lol:

Ca me tue la façon dont dès qu'ils sortent de Poudlard ils peuvent se mettre à bosser au Ministère haha,
A défaut de trouver un véritable plan, je lâchai de but en blanc :

-Rose, vous pouvez être présente au dîner avec les Selwyn ?
Direct, efficace :lol:

Je suis ravie que Victoria commence à se poser des questions sur sa relation avec Simon :lol: C'est tellement un petit couple rolala
Trop chouette de continuer à découvrir l'équipe de QUidditch aussi !
et j'aDOOOOORE l'idée avec Octavia ! Vraiment, je suis fan, je suis ça trop trop stylé comme angle pour traiter la guerre, en plus de l'Ordre
Voilààà c'était un super chapiiiitre <3
Charmimnachirachiva

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Charmimnachirachiva »

Coucou ME REVOILA !
Désolée pour ce long moment d'absence sur le forum... :? mais bon, entre le stage, le brevet blanc, ça m'a un peu crevé je dois avouer...
Enfin me voila pour commenter ces chapitres, excellents comme toujours.
D'abord, j'adore la relation que développe Vic et Octavia et j'adore leur projet d'écrire un livre ! Vic a beaucoup de choses à faire :lol: (entre le quidditch, l'ordre, le livre et le reste du temps qu'elle passe plongée dans l'inquiétude...)
Ensuite, bien sûr Vic et Simon c'est une évidence, on attend juste le faire-part de mariage.
Et le "you tune to burn" était juste parfait,ça m'a donné des envies de meurtres mais ça allait super bien, c'était la continuité logique mais je ne l'avais vraiment pas venue venir ! clap clap
J'adore l'équipe de Quidditch, tu représentes bien l'esprit et ça se voit que tu adores le sport ; les commentaires dessus et les élements techniques sont super bien expliqués !
Quant-à Emily, c'est triste à dire mais je pense que même si ils peuvent à nouveau faire preuve de cordialité, ils ne peuvent pas vraiment devenir amis...
Et Miles m'a déçue moi aussi...
Voila, j'essayerai d'être plus régulière pour les prochains chapitres ! ;)
Perripuce

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

Hola tout le monde !
Hé ! Pour une fois je suis à l'heure !
Bon, je vous écris confinée depuis mon Nord d'amour. Bon sang, le beau temps, la reprise de Top Chef et Koh Lanta, ils n'attendaient que ça pour nous pousser chez nous T.T Mais bon, si la situation s'améliore on le fait avec plaisir ahem.

Donc un petit chapitre pour remonter le moral à nos confinés ! En plus de la citation, je vous mets une chanson que vous pourrez mettre dans le 3e "morceau" du chapitre, c'est l'une de mes chanson préférées et je l'avais dans la tête en décrivant le paysage.

Encore un immense merci pour vos commentaires et bonne lecture <3


***


Octobre, Francis Cabrel ==> https://www.youtube.com/watch?v=rKVi6tb ... stribution[/youtube]

***


J'ai cueilli ce brin de bruyère,
L'automne est morte, souviens-t'en.
Nous ne verrons plus sur terre
Odeur du temps, brin de bruyère,
Et souviens-toi que je t'attends.

- Guillaume Apollinaire, L'adieu


***


Chapitre 12 : Entre ciel et terre.

-Callum, rends la douche !

-J'ai du savon plein les yeux !

-Ce n'est pas mon problème ! Dépêche-toi, je suis pressée !

-Il ne fallait pas traîner avec Eden ! Je vais finir par prévenir Jordane qu'elle a la concurrence chez les ... Comment ils nous appellent les français, déjà ? Rosbeef ?

Je poussai un grognement de frustration face à la porte qui menait à notre salle de bain qu'Arnold privatisait depuis près de dix minutes. Je sortais d'une séance harrassante où Dalia avait à nouveau lancé les quatre poursuiveurs sur moi pour me forcer à faire les arrêts les plus économiques en temps possible et Cameron, le batteur espoir, s'était fait une joie de me compliquer la tâche d'un cognard qui m'avait déboité l'épaule. J'avais ignoré la douleur pour poursuivre une séance d'entrainement en petit comité avec Swan et Eden et ça m'avait mis un retard fou sur mon planning. Je massai mon épaule et jetai un regard furieux à la porte jusqu'à ce que Swan éclate de rire.

-Prends-la chez toi, va, ça ira plus vite !

-Je ne rentre pas chez moi, je dois passer par chez des amis ...

-Alors use de la manière forte, me conseilla Eden avant de froncer les sourcils. Ça va ton épaule ?

Pas vraiment, elle ne cessait de me lancer depuis que j'avais posé pied à terre. Je n'avais pas réellement senti la douleur tant que j'étais en action, mais maintenant que mes muscles se refroidissaient, elle devait lancinante. Je me laissai manipuler par Swan et devant mon grognement de douleur, elle partit chercher notre guérisseuse, Emma Spielman. Elle examina mon épaule recouverte d'un bleu qui virait au violet d'un œil critique.

-Sacré coup, tu aurais dû t'arrêter, marmonna-t-elle en appliquant une pommade sur ma peau. Exemptée d'entrainement mercredi, repose-toi et jeudi reste sur du cardio, ne monte pas sur un balai. Je vais te poser une attelle ...

-C'est nécessaire ?

-Si tu veux que ton épaule se ressoude correctement, oui.

Je tentai de cacher mon agacement face à ce nouveau contre-temps. L'avantage, c'était qu'Emma en tant que guérisseuse avait assez d'autorité pour libérer la douche de la présence d'Arnold et je pus rapidement me laver avant qu'elle ne me pose l'attelle qui serrait mon bras contre mon flan. Swan avait fait mon sac pour m'aider et je quittai les vestiaires en coup de vent, terrifiée par le temps qui avançait. Je remontais tous les étages du centre Plumpton au pas de course, mon balai dans une main et mon sac sur l'épaule et fus une nouvelle fois coupée dans mon élan par quelqu'un :

-Victoria !

Je retins un soupir de découragement. Je ne pouvais pas éviter le président Grims en personne ... L'homme s'était appuyé contre une fenêtre, une cigarette aux deux-tiers entamés entre les doigts et un sourire charmeur aux lèvres.

-Quel plaisir de vous revoir. Vous allez bien ?

-J'ai un petit problème d'épaule et euh ... Désolée, monsieur Grims, mais je suis attendue et ...

Leonidas Grims essuya un petit rire avant de prendre une bouffée de sa cigarette et de la recracher dans l'air. Il sortit sa baguette et cette fois sa fumé ondula pour prendre la forme d'un cheval qui galopa vers la liberté.

-Je ne vais pas vous retenir longtemps. Je voulais juste vous remercier ... d'avoir transmis mon message.

-Oh.

Après le dîner avec les Selwyn puis la discussion avec Emily que j'avais relaté à Simon, j'avouais avoir perdu de vue ses réflexions sur sa tante. Ce fut pour cela que je clignai stupidement des yeux et Leonidas eut un sourire indulgent.

-Oui. Nous avons reçu hier la visite – furieuse, il faut le dire – de Rose Bones, visiblement outrée qu'on ait réussi à passer au-dessus son autorité. Alors elle nous a rien dit sur les pensées de Simon, mais ... ça nous a servi « d'accusé-réception », si on veut.

-Ah. Bien ... Un plaisir.

Je crus qu'il allait insister, me demander où en étaient les réflexions de Simon, mais il me surprit en écrasant simplement sa cigarette sur le bord du mur avant de me souhaiter une bonne journée et retourner dans son bureau en sifflotant. Je vérifiai ma montre et poussai un cri de surprise. J'allais me faire trucider.

***


J'arrivais avec près d'une heure de retard sur le Chemin de Traverse et gravis quatre à quatre les marches qui menaient à l'appartement des jumeaux. J'arrivais devant la porte essoufflée, me tenant l'épaule qui malheureusement avait recommencé à m'élancer pendant le trajet – je soupçonnais le transplanage d'avoir réveillé la douleur – et mon sac sur le coude. Le jumeau qui m'ouvrit éclata ouvertement de rire.

-En retard ! Ça a un côté jouissif, vous passez trop pour parfait vous, les Poufsouffle.

-Oh tais-toi, maugréai-je en levant les yeux au ciel. Et pose ta question !

-Qui t'a demandé à aller au bal avec toi : Fred ou moi ?

-Toi, Fred y est allé avec Angelina.

-Pas tout à fait exact, mais passons.

George s'effaça pour me laisser entrer et lui jetai un regard surpris en déposant mes affaires dans le salon. Depuis la petite cage d'escalier émanait le brouhaha incessant de leur boutique et un immense chaudron aux senteurs exquises était installé au centre de la pièce.

-Ah mais oui, me souvins-je avec un sourire. J'avais parlé à Fred pendant le bal : vous vous échangiez Angelina, c'est ça ? Sympa pour elle.

Je fus étonnée de voir les joues de George quelque peu s'échauffer devant mon accusation. Il s'approcha du chaudron avec une grimace et rajouta le contenu d'une fiole qu'il sortit de sa robe magenta.

-Disons qu'elle a accepté de danser quelques chansons avec moi, éluda-t-il en tournant la potion de sa baguette. D'ailleurs, elle est passée la semaine dernière. Elle a réussi à trouver un poste à la fabrique de balai Nimbus et on s'est donné rendez-vous pour ton prochain match. Les Faucons ?

-Les Canons, rectifiai-je, brusquement nerveuse. Qu'est-ce que c'est ?

Une bulle venait d'éclater à la surface du chaudron, répandant un parfum délicieux dans l'air, un parfum. Je le humai machinalement et laissai l'odeur se diffuser en moi et détendre absolument tous les muscles de mon corps. Je tentai de les identifier sans parfaitement y parvenir ... L'une d'entre elles me marquait un peu plus que les autres ...

-C'est drôle, on dirait que ça sent le chocolat ...

-Alors ça, ça ne m'étonne pas toi, s'esclaffa George, l'œil étincelant. C'est de l'amortentia, Bennett, le plus puissant filtre d'amour au monde. Il a une odeur différente pour chacun, une odeur qui reflète ...

-... Ce qu'on aime le plus, me souvins-je avec l'impression d'entendre depuis les profondeurs de ma mémoire la voix d'Emily qui répétait la définition des différentes potions. Il y autre chose, mais ...

-C'est difficile parfois de tout démêler, et si tu t'y mets maintenant, tu vas être encore plus en retard que tu ne l'es déjà.

Mes joues s'embrasèrent devant le regard moqueur de George et il m'indiqua l'étage du menton. Je m'y précipitai, avant de revenir sur mes pas et de lui jeter à mi-chemin :

-Et si j'apprends que tu as utilisé les oreilles à rallonges, je te fais boire ta potion de force pour que tu tombes immensément amoureux de Maugrey !

-Comment oses-tu ? Mon amour pour Alastor est déjà infini !

Réprimant le fou rire qui me venait, je gravis les quelques marches qui me restait jusqu'à la trappe qui menait au grenier et dans laquelle je donnais quelques coups. Elle s'ouvrit alors sur le visage souriant de Remus Lupin qui m'aida à me hisser dans la pièce malgré mon bras en écharpe.

-Un cognard ? devina-t-il avec un fin sourire.

-Féroce, haletai-je, soulagée d'être enfin arrivée. Désolée du retard ...

-Ce n'est pas grave, assura une voix grave dans le fond de la pièce.

Je vrillai mon regard vers un homme grand et chauve, installée sur l'une des chaises branlantes des jumeaux. Il portait une robe bleu-roi qui tranchait avec sa peau noire et son oreille était percée d'un anneau doré. Il m'adressa un sourire aimable en me tendant la main.

-Victoria, enchanté. Je suis Kingsley. C'est moi qui vais procéder à ton entretien ... Remus y assistera également, si ça te convient.

Je serrai la main sur sorcier, assez impressionnée par sa carrure et sa voix grave et apaisante. C'était le premier membre de l'Ordre que je rencontrais – à l'exception de Lupin et de Maugrey. Si Kingsley officiait dans les entretiens, j'en déduisais qu'il devait être l'une des têtes pensantes de l'organisation.

Il m'invita à m'assoir sur le vieux sofa qui prenait la poussière dans le grenier et qui était troué et brûlé par endroit depuis que Fred avait tenté d'entrer dans les coussins pour s'y cacher en utilisant un sortilège d'extension qu'il était visiblement incapable de pratiquer. Je fus rassurée de voir Lupin s'assoir à côté de moi et non en face comme le faisait Kingsley : je me sentais plus soutenue que jugée.

-Bien, je ne vais pas commencer à juger tes motivations, à vérifier que tu es bien prête pour ce qui t'attend : j'ai les rapports de Maugrey, Lupin mais également de tes camarades. Née-moldue, meilleur ami tué par Voldemort et famille menacé par un aspirant Mangemort ... Je suppose que ce sont des motivations solides.

Le constat, même s'il était prononcé avec toute la douceur du monde, me glaça jusque la moelle et je me contentai de continuer de fixer l'homme en face de moi sans répondre. Kingsley échangea un bref regard avec Remus avant de poursuivre :

-Et contrairement aux autres, tu as fait tes preuves. Plusieurs fois, dont pour une mission aiguillée par l'Ordre. Ça n'a pas dû être facile de te retrouver face à Kamila Tokarsky ...

-Non, admis-je du bout des lèvres, consciente que je devais prendre la parole pour qu'il me jauge. Mais j'avais besoin de mettre les choses à plat avec elle.

-Mission réussie. Tu seras sans doute heureuse de savoir qu'on a reçu une lettre de sa part : elle parcourt la Pologne pour étendre le réseau et nous a mis en contact avec un homme qui a résisté contre Gindelwald dans les années quarante.

Je gardais le silence. Personnellement, j'attendais toujours la lettre de Viktor Krum m'assurant que Kamila n'avait pas de lien avec les Selwyn pour être parfaitement rassurée. Le regard sombre de Kingsley se planta dans le mien et malgré son absence de sourire, je sentis une certaine bienveillance émaner de lui.

-Quelles sont tes forces, Victoria Bennett ?

-Pardon ?

-Tu as été amenée à mesurer ton niveau magique et ton mental face à des épreuves, que ce soit à Bristol ou à Cracovie. C'est face à l'adversité qu'on se découvre alors dis-moi, quelles sont tes forces ?

Je déglutis. Moi qui me concentrais sur mes faiblesses, réfléchir objectivement sur mes forces était une véritable épreuve.

-Je suis occlumente, trouvai-je tout de même puisque c'était principalement ce qui me distinguait. Je suis capable de soutenir un duel parce que je suis endurante et ...

J'échangeai un bref regard avec Remus, qui m'encouragea d'un signe de tête bienveillant. Ma main se perdit dans mon cou et effleura la chaine qui portait deux pendentifs, ma médaille de baptême à l'effigie de Saint George et l'étoile de David que ma grand-mère m'avait offert à noël. Mon combat et ma force.

-Ecoutez ... Je ne suis peut-être pas la sorcière la plus brillante de ma génération – mais vous avez de la chance, vous avez réussi à attirer celui qui peut prétendre au titre. La seule chose que j'ai à offrir de plus que les autres, c'est mes capacités d'occlumente et ma place dans le Quidditch professionnel qui a évidemment un lien avec l'économie de marché magique. C'est sans doute peu, mais vous l'avez dit vous-mêmes : mes motivations sont solides. Je n'ai pas d'esprit de vengeance, pas de de volonté d'absolument faire mal à l'adversaire. Je veux juste tout mettre en œuvre pour que cette guerre n'atteigne pas mes parents. Et moi, accessoirement.

Un faible sourire se dessina sur les lèvres de Kingsley.

-Et c'est donc pour ça que tu t'y jettes à corps perdu ?

-Euh ... Oui. Pour éviter le pire, parce que le pire est à venir. Alors moi et mes maigres compétences, on se tient à la disposition de l'Ordre ...

Kinglsey hocha la tête, sans me lâcher de son regard sombre et magnétique. Il émanait de lui une sensation de calme et de force qui avait un effet apaisant : je ne me sentais pas agressée ou jugée. Tout au plus étudiée. Ses longs doigts lissèrent les liasses de parchemin devant lui et ajouta d'une voix douce :

-Tu sais que tu pourrais mourir, dans cette affaire ? Tu t'approcheras des Mangemorts, de la noirceur, de leur volonté d'éradiquer tout ce que tu représentes – à savoir le monde moldu qui pollue le monde sorcier ... Oui, mourir serait même un petit mot. Bellatrix Lestrange serait ravie de faire subir une ou deux tortures à une fille aux veines souillées comme toi.

-Kingsley, cingla Lupin, les sourcils froncés.

-Je ne faisais qu'emprunter son langage, Remus. Tu sais bien que je n'en pense pas un mot ...

Et même en sachant ça, mon cœur s'était mis à tambouriner dans ma poitrine. J'avais vu les effets du sortilège Doloris trois fois dans ma vie, dont une pratiquée sur mon propre frère. Le cri qu'il avait poussé hantait encore mes pires cauchemars, tout comme les yeux gris ouverts sur les étoiles de Cédric. L'idée de pousser un pareil cri m'arrachait un violent frisson que Kingsley fit semblant de ne pas percevoir. Je déglutis péniblement et mes mains se refermèrent sur mes pendentifs.

-J'en ai conscience, oui.

Je ne voyais pas quoi répondre d'autre face au regard pénétrant de Kingsley. Que j'étais effrayée ? Que je risquais d'être paralysé face au danger ? Que je tremblais à l'idée de subir ce que mon frère avait subi ? Il le savait parfaitement. Je le voyais dans l'éclat de compassion qui avait éclairé ses prunelles, mêlée d'une certaine pitié, comme s'il anticipait la peine qu'il aurait pour moi dans le futur. Il baissa enfin le regard et enroula lentement les feuilles de parchemins qu'il tenait entre ses mains.

-Evidemment que tu en as conscience. On ne voit pas son meilleur ami mourir ou son frère être torturé sans en avoir conscience ...

Je ne répondis pas mais échangeai un autre regard avec Lupin, qui hocha lentement la tête avec un sourire rassurant. Ce n'était pas la première fois que Kingsley évoquait mon frère et Cédric et je commençais à me demander si ce n'était pas à dessein. Pour me faire miroiter précisément ce qui pourrait me faire flancher. Pour faire montrer mon anxiété.

C'était réussi.

Je fis un effort pour décrisper mes doigts de ma chaîne et décroisai mes jambes étroitement serrée l'une contre l'autre. En face de moi, Kingsley achevait de prendre une ou deux notes avant de lever les yeux sur moi. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres quand il remarqua mon changement te posture.

-Tu peux te détendre. Pour tout te dire, Victoria, cet entretien n'est que pour la forme. Ce n'est que sur le terrain qu'on réalisera parfaitement si vous êtes aptes ou non.

-Oh ... Je doute être utile « sur le terrain » ...

-Dommage, c'est précisément ce que j'envisage pour toi.

Je clignai des yeux, surprise et le sourire de Kingsley s'agrandit. Il sortit sa baguette de sa manche et donna un coup sur ses parchemins qui s'enroulèrent sur eux-mêmes puis disparurent dans un « pouf » sonore.

-Oui. Pour tes premiers pas, on va vous mettre en binôme avec des membres plus expérimenté. Et la personne qu'on a choisi pour toi est justement une Auror, une femme de terrain qui s'occupe de mission de surveillance de certaines personnes qu'on soupçonne mêlées aux activités des Mangemorts.

-Tu as une bonne analyse des choses, et certains de tes camarades ont insisté sur le fait que tu es dotée d'une certaine clairvoyance : tu sens les choses, tu as un bon instinct, enchérit Lupin avant que je n'aie le temps d'ouvrir la bouche. Et dans cette affaire, on a besoin d'instinct et de clairvoyance.

Je les considérais tous les deux, abasourdie. Mon cœur s'était mis à battre la chamade dans ma poitrine.

-Vous voulez réellement que je surveille des Mangemorts ?

-Un en particulier, confirma sombrement Kingsley. Le nom de Yaxley t'est-il familier ?

-Non ...

-C'est une grande famille de Sang-Pure, affiliée aux Black, aux Lestrange, m'éclaira Lupin avec la patience du professeur. Bref, toutes ces familles qui ont données elles aussi des Mangemorts. On sait qu'ils ont un penchant certain pour la suprématie du sang sorcier, la puissance et certain pour la magie noire ...

-Pendant la première guerre, on n'avait pas réellement pu les confronter, ajouta Kingsley avec une certaine amertume. Ils étaient restés à la marge, mais on soupçonne fort qu'ils aient participé au financement des activités de Voldemort.

Mes yeux se fixèrent sur lui, sur ses traits calmes et la détermination dans ses prunelles alors qu'il prononçait ce nom honni par tous. Je n'avais entendu que deux personnes le prononcer : mon grand-père qui pensait avoir vécu pire avec Grindelwald et Dumbledore.

-Et vous pensez qu'ils ont repris le financement ?

-Pire, on pense que cette fois ils sont actifs dans la lutte. Le patriarche est mort il y a quelques années, laissant son héritage à son fils, Corban. Un ami de longue date de Rabastan Lestrange, et on sait tous ce qu'il est devenu ...

-Et surtout ce qui nous inquiète, reprit Lupin avec un coup d'œil entendu en ma direction, c'est que Corban Yaxley est un puissant lobbyiste qui travaille beaucoup avec du personnel de la Justice Magique ... Au cœur même du Ministère.

-Ah.

Les rouages de mon cerveau se mettaient enfin en marche et les liens se multipliait entre moi et la mission qui se dessinait. De nouveau, ma main se perdit sur ma chaîne et je la fis rouler entre les doigts.

-Vous attendez de moi que je traîne les oreilles chez les Bones, c'est ça ?

-Et ce serait infiniment plus utile si Rose Bones reprenait enfin le travail, soupira Kingsley. Mais je suppose que George suffira, il travaille plus près de Yaxley je pense ... Effectivement, il serait intelligent de ta part de récolter discrètement des informations de ce côté-là, je pense que tu es assez chez eux pour le faire.

-Mais il va surtout falloir suivre Corban, ses allées-et-venues, noter qui il rencontre, de qui il s'approche trop prêt ... Sa position est notamment idéale pour mettre certains membres de la Justice Magique sous Imperium.

Mon sang se figea dans mes veines. J'avais tant l'image de Mangemort en marge de la société, caché derrière leurs cagoules noires, que je n'avais pas une seconde songer qu'ils puissent circuler à visage découvert au Ministère et puissent infecter nos têtes pensantes. Un sourire tordu retroussa les lèvres de Lupin.

-Tu saisis l'enjeu, donc. Il s'agit pour toi d'un travail de terrain mais aussi d'un travail de recherche – ce qui devrait aussi te ramener à des choses plus connues, pas vrai ? Tu te sens prête pour ça, Victoria ?

Je gardais longuement le silence, le regard perdu par de là la fenêtre mansardée qui donnait sur le ciel bleu que l'automne rendait froid, glacial. Deux chouettes la traversèrent, lettre accrochée à la patte et s'élevèrent à tire-d'aile dans le ciel. J'aurais voulu être l'une d'entre elle et m'envoler, loin, fuir tout ce qui me tendait les bras mais malheureusement, j'étais vouée à rester clouée au sol.

-Oui. Oui, je suis prête.

-Parfait, apprécia Kingsley avec un sourire. On n'en doutait pas. Maintenant, quelques compléments d'information ... Bien sûr, vous pourrez continuer de vous réunir ici, entre jeunes – avec toutes les précautions possibles, évidemment. Restez soudés : nos liens, c'est notre arme la plus forte face aux épreuves qui nous attend. Mais nous avons un quartier général plus central, dirons-nous. Nous vous le ferons visiter la semaine prochaine.

J'acquiesçai et réfléchissait intérieurement à quel moment de ma semaine chargée cela pourrait se faire avant que mes yeux ne se baissent sur mon bras enfermé dans une attelle. Voilà lui allégeait agréablement mon agenda ...

-Quand vous voulez.

-Et on te demandera aussi de garder les détails de ta mission – l'identité de Yawley, notamment – pour toi pour l'instant, ajouta Lupin d'un ton mutin. Je sais qu'on vous exhorte à partager vos craintes mais pour les missions, on préfère ... comment dire ?

-Cloisonner l'information, précisa Kingsley en hochant la tête. Pour éviter les fuites, ou que vous soyez mis en danger par les missions des autres.

-Et ça comprend Simon, Victoria.

Je lui jetai un regard ennuyé – j'étais justement en train d'évaluer dans quelle mesure je pourrais parler de tout cela à Simon. C'était une véritable tombe et son seul nom de famille me mettait en danger. Lupin esquissa un sourire dépité, comme s'il avait parfaitement deviné mes pensées.

-C'est pour votre bien et celui de l'Ordre. On ne t'interdit pas de lui donner l'idée générale, mais on ne veut pas que tu le préviennes de qui, quoi, où et comment. Je sais c'est restrictif, ajouta Lupin quand j'essuyais un petit rire. Et prépares-toi, il a reçu les mêmes instructions.

-Je vois.

L'idée répandait un goût amer dans ma bouche quand je pensais aux efforts que j'avais fait pour qu'il soit parfaitement franc avec moi. Puis mon comportement exagéré liée à Lysandra me revint en mémoire et je sentis mes joues m'échauffer.

-Très bien. Je tiendrais ma langue.

Kingsley m'adressa un sourire que je sentais sincère et se leva de son fauteuil en me tendant une main.

-Parfait, Victoria. Au plaisir de te revoir cette semaine ...

-Oh. (Je serrai machinalement sa main, un peu surprise). Moi également.

-Et bon courage pour la guérison de ton bras. Remus ?

Il désigna la trappe du menton et Lupin se dressa à son tour sur ses pieds. Kingsley fut le premier à s'engouffrer vers la sortie et mon ancien professeur en profita pour me prendre le bras et me souffler :

-Tu te débrouilles très bien jusque là, continue !

Il m'adressa un dernier sourire avec toute sa bienveillance naturelle et sortit à la suite de Kingsley. Je restais une seconde penaude sur le sofa, étonnée de la rapidité de l'entretiens durant lequel j'avais songé souffrir bien plus que cela, avant de me forcer à bouger et à descendre à mon tour. George était seul dans son salon lorsque j'arrivais et la clochette teintait encore du départ de Lupin et Kingsley. La potion au centre de la pièce avait à présent un aspect nacré très agréable et sa fumée s'élevait en douce spirale qui répandait encore cette bouffée de bonheur pur. George, qui était en train de rajouter un ingrédient, me jeta un regard surpris.

-Eh bien, ça a été vite ! s'étonna-t-il, les sourcils dressés. Moi ça a bien duré une heure ! Renata encore plus, j'ai cru qu'ils n'allaient jamais sortir de mon grenier !

-Et bien moi ça a duré dix minutes. Je peux venir vivre ici ? Je suis fan de cette odeur.

Je m'affalais sur une chaise et m'accouée sur la table, les yeux rivés sur la surface blanches aux reflets irisés qui dégageait toujours cette odeur de chocolat, le pur, celle qui émanait de la plaquette quand j'en craquais un carré gourmant. Une senteur plus fraiche, plus végétale, cassait un peu l'amertume sucrée. George paraissait s'amuser de me voir décortiquer les différents parfums.

-Elle n'est pas finie, tu n'arriveras pas à tous les identifier. Reviens dans trois jours, elle sera parfaite.

-Comment tu peux réussir à la faire ?

-Tu me vexes, Bennett. J'ai eu ma BUSE en Potion.

J'écarquillais les yeux, abasourdie alors que George tournait lentement la mixture. Mes yeux firent l'aller-retour entre son visage concentré comme rarement je l'avais vu et la belle surface nacrée avant de revenir sur lui.

-Mais Rogue demandait un Optimal !

-J'ai eu un Optimal. Arrête de faire ta choquée, je vais finir par être réellement vexé !

Mais un large sourire s'étirait sur son visage constellé de tâche de rousseur, fier et heureux. Son nez aussi était grand, mais différemment que celui de Simon. Il était courbé, plus brusqué et la rousseurs de ses tâches étaient accentuées par la couleur de ses cheveux.

-Si Rogue n'avait pas été professeur, j'aurais pu réellement adorer cette matière. Apparemment, ils ont un nouveau professeur cette année, comme je les envie ...

-Susan nous en a parlé dans une lettre, me souvins-je, sans cesser de le dévisager. Tu t'es réellement infligé deux années de Rogue en plus ?

George leva les yeux au ciel. Il prit le temps de baisser le feu de sa baguette – en murmurant la formule, comme s'il était incapable de pratiquer la magie sans parler – et de faire tournoyer une dernière fois la substance avant de se tourner vers moi avec un sourire penaud.

-Eh oui, Bennett. J'aimais les potions et on en avait besoin pour la conception de certains de nos produits. Même si j'avoue, je n'écoutais pas vraiment en cours, je faisais des expériences seul dans ma chambre.

-Seul ? Sans Fred ?

-Fred était une véritable calamité en potion, il faisait exprès de faire exploser notre chaudron – et crois-moi, la tête de Rogue en valait à chaque fois le coup ... Comme celle qu'il avait lorsqu'il m'a vu débarqué en ASPIC ! Ah ! (son sourire se fit rêveur). Bon sang, c'est à ça que je devrais penser pour le patronus !

L'image arracha un éclat de rire. Seigneur oui, qu'est-ce qui avait pu passer par la tête de Rogue lorsqu'il avait vu l'un de ses cauchemars de ses cinq dernières années passer la porte des ASPIC ? Je me laissai allée contre la chaise, détendue par la conversation badine et par les délicieuses effluves que diffusait toujours le chaudron. Le sentiment de plénitude qui m'envahissait dissipait même la douleur qui persistait dans mon épaule. Je surpris néanmoins le regard de George sur moi, plus songeur, moins pétillant. Je dressai les sourcils en une question muette et il poussa un profond soupir.

-J'essaie de déterminer pourquoi ton entretien a duré dix minutes quand moi ils m'ont torturé pendant une heure. « Et dans une situation, tu ferais quoi ? Et si tu es face à ça ? Et si tu dois choisir entre ton frère et la réussite d'une mission ? ». Je suis sorti de là ... un peu moins joyeux que d'habitude. Et toi, tu as littéralement été expédiée et tu ris devant ma potion.

-Oh.

Je détournai les yeux, assez gênée par l'exposé de George qui sonnait étrangement en moi, comme presque contre-nature. Qu'est-ce que c'était un George Weasley « un petit peu moins joyeux » ? Mon embarras fut brisé par son rire, un véritable rire qui résonnait seul dans l'espace.

-Ne t'en veux pas, Bennett, c'est bien pour toi. Tu as l'air d'en avoir assez bavé – et c'est peut-être pour ça que ça a été aussi vite, au final, tu es la seule qui a affronté la réalité ... (Ses lèvres se tordirent et il frotta sa nuque). D'ailleurs, je ne savais pas tout ça. Ce qui s'est passé avec la polonaise, les Selwyn ...

-Je ne tenais pas à ce que tout le monde sache.

-Je me doute bien. Mais quand même, c'est étrange de découvrir que tu as affronté tout ça – en plus du reste. Je veux dire, Diggory ce n'était déjà pas facile ...

Mes lèvres se tordirent machinalement et George parut s'en vouloir d'avoir abordé le sujet. Maladroitement, il se pencha pour me donner une tape sur l'épaule.

-Allez, Bennett. Fais pas genre t'es une fragile, maintenant que je t'ai vu te battre, je sais ce que tu as dans le ventre.

-Pas plus que toi. Pour faire tout ce que tu as fait à Poudlard depuis des années, il en faut dans le ventre quand même.

George essuya un nouveau rire amusé qui parut lui rendre la gaité qui le caractérisait d'ordinaire. C'était étrange, mais c'était si rare de le voir sans Fred que j'avais l'impression que la scène n'était pas complète, que quelque chose dans l'équilibre clochait. Mais l'impression passa rapidement lorsque George attrapa sa baguette et fit léviter jusque sa poigne une bouteille de bièraubeurre.

-Mais on a assez parlé de choses stressantes pour la semaine à venir ! Un verre Bennett ?

Je souris.

-Avec plaisir.

***


-Mission de surveillance ...

-Tu n'aurais rien de plus.

-Alors moi je suis soupçonné de cacher une chose qu'au final je ne cache même pas et tu me le fais payer comme si je t'avais traité de ... Tu-Sais-Quoi, mais toi tu me caches ça et tout va bien ?

-Ce n'est pas moi qui fixe les règles, Bones. D'ailleurs, où en est avec la chose que je pensais que tu cachais et qu'au final tu ne caches pas ?

Simon leva les yeux au ciel devant l'utilisation de tant d'artifice pour ne désigner que Lysandra Grims. Nous montions à raz-de-colline avec une pente si ardue que cela nécessitait qu'il fasse des pauses, lui qui n'avait aucune condition sportive. Son manque de souffle lui jouait par ailleurs des tours dans les duels : s'il ne gagnait pas immédiatement, il finissait par s'épuiser et perdre en lucidité. C'était d'ailleurs l'une des composantes qui étaient sorties de son entretiens, fait lui aussi avec Kingsley : définitivement, il devait faire de l'exercice et c'était bien pour cette visée que vous avions transplaner si loin de notre destination.

Essoufflé, il se laissa tomber à même l'herbe verte qui couvrait le flanc de la colline et profita de sa récupération pour s'abstenir de répondre. Désabusée, je le dépassais pour embrasser le paysage du regard. Un petit village était niché entre les pentes et un ruisseau chantait et dévalait le versant opposé. Au loin, je percevais les contours d'une étrange maison, haute et étrangement circulaire. J'étais en train de la détailler, les yeux plissés, quand une bourrasque de vent plaqua mes cheveux contre mes lèvres. Je les recrachais en toussant et Simon éclata de rire.

-Quelle idée de les faire pousser ! rageai-je avant de lui donner un coup de pied dans la cuisse. Et arrête de rire, toi ! Je sais comment te faire subir le même sort ! Et vu ton état, tu ne seras hyper vif pour parer le maléfice !

La menace parut assez crédible pour qu'il cesse net de rire et s'efforce de se redresser, comme pour paraître plus à l'affut. Je continuai de le lorgner, lui et ce petit sourire effronté qui persistait sur ses lèvres et lâchai avec prudence :

-D'ailleurs, le président m'a parlé. Apparemment, ta mère n'est pas très contente qu'on soit passé au-dessus d'elle ...

-Non, pas du tout, admit Simon sans que la nouvelle n'efface totalement son sourire. Elle essaie de me convaincre que les Croupton n'ont aucune autre valeur que la puissance et l'importance de leur nom chez les sorciers, qu'elle avait tout fait pour me tenir loin d'eux comme ma mère l'avait fait, que Lysandra avait fui dès qu'elle avait pu sans chercher à avoir ma garde ...

-Et qu'est-ce que tu en penses ? Toi ?

Simon grimaça et repoussa d'une main les mèches blondes que le vent poussait devait ses yeux. Cette fois, le sourire s'était effacé sur ses lèvres.

-Je ne sais pas. Je suis assez mal à l'aise à l'idée d'être affilié à Barty Croupton après tout ce que j'ai entendu dire ... Tout ce que j'ai vu ... Il y a du vrai dans ce que dit ma mère, Lysandra a fui, ça fait quatorze ans qu'elle vit à Boston ... Mais je ne sais pas, je repense aux photos que tu as montré ... Ce n'est pas comme si elle avait parfaitement renoncé, non ? Et puis en fuyant, c'est aussi Barty qu'elle a quitté. Peut-être qu'elle n'est pas comme lui comme veut le faire croire ma mère ...

-Je ne sais pas, soufflai-je en me laissant tomber à côté de lui. En tout cas, j'aime assez bien son mari. Je pense que tu devrais bien t'entendre avec lui. Par contre, c'est un véritable corrupteur au tabac.

Simon me lançait un regard de biais que j'ignorais. Lui n'avait jamais touché à la cigarette et avait compté sur le sport pour me faire définitivement arrêter la chose. Je préférais poursuivre sur une pente moins glissante :

-Bref, il ne m'a pas l'air d'un sang-pur étriqué dans ses principes et au-dessus de tout le monde. Peut-être que sa femme est pareille ...

-En clair, la réponse ça reste qu'on ne saura pas tant que je ne la rencontre pas, conclut Simon avec un sourire tordu.

-C'est ça.

Son regard vert se perdit à l'horizon, jusqu'à se fixer sur l'étrange maison perdue dans les collines et le vent. Le temps était clairsemée entre éclaircies et averses et les nuages sombres que le vent charriant nous promettait quelques gouttes de pluie avant d'atteindre notre destination. Je caressai mon attelle qui m'avait épargnée une séance d'entrainement par ce temps avant de prendre le bras de Simon et de le forcer à se remettre en route. Le chemin était encore long.

L'humeur de Simon parut s'assombrir avec le temps et l'approche de notre destination. Lorsqu'enfin nous basculions sur l'autre versant de la colline, la belle propriété entourée d'arbre et de verdure fut en vue. Mon cœur tomba comme une pierre dans ma poitrine et je marquai un bref temps d'arrêt avant de descendre la pente à la suite de Simon.

-Tu vas faire beaucoup de recherche, du coup ...

Mes lèvres s'étaient activées toute seule, dans l'espoir de faire disparaître ce poids s'était abattu sur moi et m'étreignait la cage thoracique. Simon parut soulagé lui aussi d'avoir cette échappatoire et enchaina immédiatement :

-Voilà. Les Mangemorts n'utilisent pas que de la magie brute et meurtrière, mais aussi de la magie recherchée, raffinée ... Tout le monde n'est pas capable de briser leur sort, de contrer les maléfices qu'ils utilisent ou même de détecter leur trace ...

Il fronça les sourcils devant le chemin caillouteux qui descendait en pente raide vers la maison. Sa main basculait pour l'aider à trouver son équilibre – prête à se rattacher à moi et à m'entrainer dans sa chute si nécessaire.

-Apparemment, leur spécialiste de ça, c'était l'un des oncles des jumeaux. Fabian ou Gideon, je ne sais plus mais il avait fait une formation de Briseur de Sort ... Ils ont bien Bill Weasley, le grand frère de Fred et George – c'est avec lui que je vais travailler d'ailleurs – mais ils ont besoin que j'étudie les sortilèges d'un autre ... niveau ...

-Et ça te va ?

Je connaissais mieux que quiconque les motivations qui avaient poussé Simon à s'investir dans l'Ordre : faire quelque chose. Et faire quelque chose, c'était au bout de sa baguette qu'il le faisait le mieux. C'était lui, plus que n'importe lequel d'entre nous, que j'aurais vu sur le terrain. Il en avait la volonté, le talent, la motivation. Mais j'étais secrètement soulagée de savoir qu'il serait éloigné encore un moment du réel danger. Et je vis au pincement de ses lèvres que ce n'était pas son cas.

-Simon, soupirai-je en évitant une pointe de caillou saillant sur le chemin. L'histoire de Jugson, c'est encore tout frai dans ta tête ... Je ne suis pas sûre que tu sois encore assez lucide pour aller te frotter directement aux Mangemorts.

-C'est drôle, ils ont dit exactement la même chose. Ce n'est pas toi qui leur as soufflé par hasard ? Oh ne me regarde pas comme ça, râla-t-il quand je me retournais pour lui jeter un regard noir. Je sais très bien que ce n'est pas vrai, je suis passé avant toi je te signale.

-Alors ça fait trois personnes différentes qui te disent la même chose, Bones. Alors mets ta tête de mule de côté et écoute-nous.

Ses iris flamboyèrent et instant et je vis en instant ses iris passé du vert mousse à l'émeraude que je redoutais tant.

-Tu sais, Victoria, si tu me laissais un peu parler et que tu réfléchissais un peu moins à ma place, tu m'aurais entendu dire que ce n'était absolument pas ça qui me dérangeait dans cette mission. Pour l'instant, je me fiche d'être dans la mêlé, ce n'est pas ce que je recherche. Qu'est-ce que tu crois ? Je perdais systématiquement contre Lupin, je perdais même contre les jumeaux Weasley, parfois – alors même s'ils étaient deux, c'est vexant ! Et l'IRIS ... Bon sang, entrer là-bas, ça m'a fait comprendre que ... j'étais un gamin en matière de magie. Je sors major de promotion d'une excellente cuvée de Poudlard et je me suis rendu compte que je ne sais rien.

Irrité par son propre constat, il allongea le pas et faillit déraper sur un caillou. Je me dépêchai pour lui éviter une chute, mais à peine eut-il le temps de reprendre son équilibre qu'il se remit à dévaler la pente, sans cesser de déblatérer :

-C'est là que tu te rends compte que les personnes en face de toi, les Mangemorts, ce ne sont pas que des blaireaux qui le suivent par stupide adoration ou des brutes épaisses. Bellatrix Lestrange aussi était major de sa promotion, Robert Jugson était un rival de mon père quand ils étaient à Poudlard et Tommy lui-même ! Victoria, Tommy lui-même ne serait pas arrivé à ce niveau, même en magie noire, s'il n'avait pas été exceptionnellement brillant à la base !

Je fus honteuse de n'avoir retenu de cet exposé que Robert Jugson avait côtoyé Edgar Bones à l'école. Leurs liens remontaient à plus loin que je ne l'avais pensé ... Et si l'attaque meurtrière du 13 août avait été aussi politique que personnelle ? Je n'eus pas le temps d'y réfléchir d'avantage car Simon acheva de vider son sac :

-Alors quand je fais la somme de tout ça – ce que je suis actuellement capable de produire et ce qui m'attend en face – je suis capable d'arriver tout seul à la conclusion que non, je ne suis pas prêt. Si je me fais battre systématiquement par Lupin – sans le dénigrer – alors qu'est-ce que ce sera face à des hommes et des femmes qui n'auront aucune retenues, aucune pitié ? Et si je n'acquiers pas un savoir magique qui nous donne un avantage, alors en quoi je suis utile ?

Je restai muette quelques secondes, sonnée par la tirade que m'assénait Simon et que je n'avais pas vue venir. Puis je me mis à réfléchir au comportement de Lupin, qui s'était personnellement réservé Simon pour la plupart des séances de duel. Au début, je m'étais dit que c'était parce qu'il était celui au plus grand potentiel qu'il fallait le plus entraîner, mais je me souvenais du souvenir que Lupin avait de Simon élève : un garçon qui avait un peu trop confiance en ses capacités. En le confrontant à l'échec, il avait voulu le confronter en douceur à ses faiblesses, à ses limites. Et Simon avait fait le reste du cheminement seul ...

-Alors ... Qu'est-ce qui te dérange ?

Il me jeta un bref regard avant de pousser un profond soupir. Maintenant que les mots étaient crachés, ses épaules s'étaient affaissées.

-Vic', la magie que les Mangemorts vont utiliser, ce n'est pas de la magie scolaire, tu te doutes bien ...

-Oh Seigneur ... Tu vas devoir apprendre la magie noire ?

L'idée m'arracha un violent frisson qui fut couplée avec la moue dégoûtée qu'esquissa Simon, signe que l'idée même lui donnait la nausée.

-Apprendre, je ne crois pas. Mais au moins l'étudier, comprendre son fonctionnement ... Je ne suis pas à l'aise avec ça.

-Moi non plus je ne le serais pas mais ... comment on peut lutter si ne connait pas leurs armes ?

-Tu as posé le doigt sur le nœud du problème, Vicky.

Un sourire effleura mes lèvres et l'étreinte sur ma poitrine se desserra quelque peu. Je fus soulagée que mes boucles qui volaient autour de mon visage masque cette bonne humeur aussi surprenante que soudaine et nous descendîmes les derniers mètres dans un silence plus apaisé.

La pente cessa progressivement et nous pénétrâmes dans un bosquet fait de frêne et de saules pleureurs aux larmes de rouilles. Comme une enfant, je laissai mes pas soulever les feuilles mortes qu'emportait le vent. Puis brusquement alors que je donnais un franc coup de pied dans un tas plus haut que les autres, les feuilles s'élevèrent bien plus haut que la normale puis s'animèrent pour former un oiseau gracieux – un phénix ? Un faucon ? – qui étendit ses ailes en un froissement de feuilles et prit son envol. Ce faisant, l'enchantement cessa et les feuilles se déversèrent sur moi telle une pluie rousse et douce comme l'automne. J'éclatai d'un rire qui sonnait comme celui d'une petite fille en me tournant vivement vers Simon. Un léger sourire retroussait ses lèvres et il rangeait tranquillement sa baguette dans sa poche.

-Pas ta poche arrière, idiot, ris-je en retirant une feuille de ma capuche. Tu vas perdre une fesse.

-Toi, tu as trop côtoyé Maugrey. Attends, il t'en reste une dans les cheveux.

Sans me laisser le temps, il avança la main et passa les doigts dans mes boucles brunes pour en retirer quelques feuilles de rouille. Sans préambule, je sentis mes joues rosir devant l'éclat de ses prunelles qui avaient repris leur couleur naturelle, ce vert mousse qui m'évoquait le printemps et l'espoir. Je m'écartai d'un bond et achevai de débarrasser ma chevelure des feuilles, un sourire gêné aux lèvres.

-Bas les pattes ! Je n'ai pas l'intention de me retrouver avec les cheveux violets à nouveau ...

-Oh, l'automne me donne d'autres inspirations, plaisanta Simon avant de perdre subitement son sourire. Bon, tu es prête ?

Nous étions arrivés au pied d'une maison de belle proportion, cachée au milieu des arbres, son toit recouvert par un tapis aux couleurs de l'automne. Mon sourire se fana sur mes lèvres et mon cœur se serra à nouveau quand je me souvins de la raison de notre présence ici. Je hochai timidement la tête et Simon se chargea de frapper à la porte – après tout, lui était déjà venu plusieurs fois ...

La porte s'ouvrit sur une femme très élégante aux longs cheveux bruns qui ondulaient ses épaules et au regard serein. Ses iris grises me transpercèrent et le sourire qu'elle nous accorda me fit monter les larmes aux yeux.

Il y avait plus d'un an que je n'avais pas vu ces yeux et ce sourire.

-Je vous attendais plus tôt, nous accueillit Flavia Diggory. Je vous en prie, entrez !

***


Flavia n'avait visiblement pas pu résister à l'idée de nous enlacer, une fois à l'abri du froid et de la pluie qui commençait à tomber. Dans son étreinte, j'avais senti toute la douceur dont avait hérité Cédric et l'odeur de cannelle qui avait sans cesse flotter sur ses vêtements à Poudlard faillit m'arracher une larme. Jamais son fantôme ne m'avait paru plus vivace, d'autant que la maison était un mausolée en son honneur. Le salon donnait sur une immense baie-vitrée qui ouvrait sur le jardin arboré battu par la pluie et alors que Flavia nous servait le thé – « Mais Victoria préfère le chocolat », avait pris soin de préciser Simon avec le frémissement d'un sourire – je m'étais retrouvée à observer les photos de Cédric sur la cheminée. Une photo de lui sur un balai, une photo visiblement prise entre les branches de l'un de ces arbres, une photo avec ses parents en robe de soirée ... Simon préférait lui s'intéresser à la belle bibliothèque qui prenait tout en pan du mur opposé au jardin, pleine à craquer de livre qui avaient l'air bien plus ancien que ceux des Bones.

-Bon sang, souffla-t-il en passant le doigt sur la tranche de l'un d'entre eux. C'est un exemplaire original de L'abrégé des sortilèges communs et leur contre-attaques...

-C'est cela, confirma Flavia qui revenait avec le thé et mon chocolat, un léger sourire aux lèvres. Tu peux nous l'emprunter, si tu veux, il prend la poussière ici et Amos m'a appris que tu avais été admis à l'IRIS ... Félicitations. (Elle posa un regard désespéré sur l'immense bibliothèque). C'est tellement triste ... C'est tout ce qu'il reste de la bibliothèque des Diggory ... Vous savez, il y a très longtemps, du temps où leur sang était encore pur, c'était une grande famille ... Ils ont même donné un Ministre de la magie ... Mais les siècles ont passés, les clefs et l'argent ont changé de main ... Bon, ça m'a permis de me débarrasser de l'immonde tableau d'Eldritch Diggory, mais les livres, je n'arrive pas à m'y résoudre.

-Vous avez des problèmes d'argent ? demanda Simon avec prudence.

Je lui jetai un coup d'œil et songeai aux centaines de Gallions dont il avait hérité avec la mort de Barty Croupton et qui dormaient à présent dans un coffre à Gringrott. Mais Flavia balaya l'allégation d'un geste de la main.

-Oh, c'est fini ne t'en fait pas. Maintenant Amos travaille dur au Département de la Régulation des créatures Magique et j'ai pris un emploi dans la maison d'édition Les petit trolls rouges. J'ai toujours adoré les livres et ça me permet de m'occuper l'esprit ...

Son regard mélancolique se perdit du côté de la cheminée – du côté de son fils. L'espace d'un instant, son visage se creusa et je revis l'écho de la femme dévastée que j'avais aperçue ce soir-là, dans l'obscurité du stade. Puis son regard se tourna vers moi et un sourire fit disparaître toute la douleur de ses traits.

-Je te trouve changée, Victoria ... Amos m'a dit que tu avais été prise dans une équipe de réserve, c'est vrai ?

-Oh, oui ... Chez les Tornades, comme gardienne.

Ma gorge se serra. J'aurais aimé lui dire à quel point Cédric avait pesé dans ma trajectoire, que sans lui jamais je n'aurais pu arriver à ce poste mais les mots refusaient de franchir mes lèvres. Et surtout, je préférais garder un sourire sur le visage de Flavia. Néanmoins, celui-ci se teinta quelque peu de nostalgie.

-Il disait que tu étais très douée ... Et il s'est rarement trompé. Ce qu'il pouvait être clairvoyant ...

Simon se détourna et leva le visage, si bien que je soupçonnais fort que les larmes lui étaient montées aux yeux. Ses poings s'étaient crispés. Je refoulai ma propre émotion d'un battement de cil et m'enquis du bout des lèvres :

-Mrs. Diggory ...

-Flavia, murmura-t-elle, consciente de notre trouble. Les enfants, ce sera toujours Flavia pour vous.

-Flavia ... Est-ce ... est-ce qu'on pourrait le voir ?

Son sourire se fit entendu et elle hocha doucement la tête. Elle nous expliqua en deux mots le chemin et nous nous précipitâmes dehors malgré la pluie et le vent. Malgré son regard étincelant d'émotion, Simon eut la présence d'esprit de lever la baguette et un voile transparent et chatoyant se déploya au-dessus de nous pour protéger des intempéries. En silence, nous suivîmes les indications de Flavia jusqu'à arriver à un espace délimité par des grilles en fer forgée et un portail aux arabesques sophistiquées, sans doute vestige d'un temps où les Diggory étaient une famille qui méritait tous les ornements.

Je la poussai pour entrer devant le cimetière qui nous confirma l'histoire de la famille : les premières tombes étaient imposantes, surmontée des statues de ses occupants qui nous fixaient de haut avec leurs yeux aveugles, leur gloire recouverte du lichen qu'apportait l'oubli. Puis nous avancions dans l'allée, plus les pierres étaient modestes : les statues furent remplacées par des portraits puis la dalle de marbre fut mise à nue. Les parents d'Amos Diggory ne disposaient que d'une stèle, mais ce n'avait pas été assez pour son fils.

Cédric avait eu le droit au plus beau marbre, d'une couleur charbon qui n'était pas censé rappelé le noir de la maison Poufsouffle sur lequel s'étalait le jaune des lettres d'or. Mon souffle se bloqua dans ma gorge alors que je lisais ce qui était gravé :

Cédric Diggory

13 octobre 1977 - 24 juin 1995

La terre te cache mais mon cœur te voit toujours


Instinctivement, je me rapprochais de Simon et il passa naturellement un bras derrière mon dos avant que sa main ne se referme sur mon bras valide. Nous n'avions pas pu accompagner notre ami dans son dernier voyage : au moment de la mise en terre, nous étions coincés à Poudlard avec notre écrasante douleur. Maintenant que je me retrouvais devant sa tombe, tout ce que j'avais appris depuis résonnait dans mon esprit pour planter des lames piquantes dans mon cœur. Comment il avait atteint le centre du labyrinthe avec Harry. Comment ils avaient pensé apporter le trophée à Poudlard en remportant tous les deux le Tournoi. Comment leurs illusions s'étaient brisées dans un cimetière ... comment sa vie avait été fauchée par un hasard.

-Tu te souviens de ce que Dumbledore a dit ?

Je fis un effort pour lever les yeux sur Simon. Il n'avait pas desserré l'étreinte sur mon bras mais son autre main s'était infléchie, nous livrant quelque peu à la pluie qui paraissait néanmoins s'apaiser. Ses yeux luisaient mais il n'avait laissé échapper aucune larme.

-Quand ?

-Au banquet de fin d'année. Après ... après sa mort. « Souvenez-vous de Cédric. Si, un jour, vous avez à choisir entre le bien et la facilité, souvenez-vous de ce qui est arrivé à un garçon qui était bon, fraternel et courageux, simplement parce qu'il a croisé le chemin de Lord Voldemort. Souvenez-vous de Cédric Diggory. »

La phrase, dit sur un ton très bas, comme une prière, était tant chargé de symbole et d'émotion que je l'en laissais échapper une larme. J'avais oublié ces mots, mais la façon dont Simon s'en souvenait mot pour mot me frappa. Je me demandais à quel point ils avaient pesé dans sa décision d'entrer dans l'Ordre ... La prise de Simon se raffermit sur moi et je sentis sa joue s'appuyer contre mes cheveux alors que je me laissai aller contre lui.

-Et très clairement, Vicky, nous on n'a pas choisi la facilité ...

J'essuyai un petit rire et j'essuyais passivement une larme qui avait roulé le nom de mon nez.

-Seigneur, qu'est-ce qu'il dirait s'il nous voyait ...

-Il dirait que vous n'êtes pas en train de vous frapper.

Nous sursautâmes et je plongeai la main dans la poche de la cape pour agripper ma baguette. Tel un ange émergeant du chaos, Emily venait d'apparaître entre les tombes, ses cheveux blonds encadrant son visage de porcelaine, un sourire mélancolique aux lèvres. Elle aussi avait déployé un parapluie magique au-dessus de sa tête et elle serait contre son sein un bouquet de fleur jaunes et noires en l'honneur des couleurs que Cédric avait porté si haut ... Son sourire s'accentua lorsqu'elle remarqua notre surprise puis notre émotion.

-Et que ça, c'est étrangement anormal. Mais au moins, il a réussi l'impensable ...

Je ne cherchais même pas à vérifier si elle était bien elle, peu m'importait : je lâchai ma baguette dans ma poche et me précipitai vers mon amie pour l'enlacer. Elle me rendit mon étreinte de ses deux bras, et laissa le ciel déverser ses larmes sur nous.

-Merci ...

-Oh, Vic' ...

Elle me prit à bout de bras et me sourit. Un sourire encore retenu, réticent, mais qui sonnait comme une évidence : notre amitié n'était pas morte. La tombe de Cédric n'était pas la sienne. Puis, elle se tourna vers Simon et ils s'observèrent quelques secondes en silence, avant qu'Emily ne décide de faire le premier pas et d'étreindre celui qui avait été le premier son meilleur ami. L'espace d'une seconde, je vis Simon se raidir dans ses bras avant que ses épaules ne s'affaissent et qu'il s'abandonne à elle. Emily avait toujours été l'une des rares, avec Susan, de qui il acceptait les marques de tendresse. Sans doute parce qu'elle avait eu sept ans pour l'apprivoiser.

-Oh, Simon ... Je suis désolée ...

Simon cligna des yeux avant de baisser le regard sur elle.

-Répète-moi ça ?

Aussi vive qu'une chatte, elle fit un bond en arrière et lui donna une tape sèche sur le torse avec une énergie vindicative qui lui ressemblait déjà plus.

-Ne pousse pas le bouchon, Sim' ! Tu sais déjà ce que ça me coûte de venir ici, après tout ce temps ? Et de prononcer ces phrases ?!

Simon haussa les sourcils.

-Et tu es vraiment en train de hurler devant la tombe de Cédric ?

La réprimande parut couper court à toutes les belles protestations d'Emily, qui s'empourpra furieusement malgré le sourire ouvertement cynique de Simon. Elle lui jeta une œillade assassine.

-C'est de ta faute.

-Depuis le temps que je te le dis que c'est toujours sa faute. (Je levai le regard vers les cieux, vers celui qui, je l'espérais de tout mon cœur, nous observait depuis les étoiles, un sourire ému aux lèvres). Tu as entendu, même Em' le dit !

-Et même depuis l'au-delà, tu le prends à parti ...

Nous essuyâmes un rire tremblant, entre hilarité, nostalgie et sanglot. Simon passa un bras autour des épaules d'Emily et Emily un autour de ma taille. Le fier étendard de Poufsouffle, les couleurs pour lesquelles il avait donné la vie, trônaient fièrement au milieu de la pierre tombale et à mes oreilles, le vent apportait comme un son, des brides de phrases, les échos d'un rire qui depuis les cieux m'apportait la chaleur qu'il avait émané de lui de son vivant.

-Joyeux anniversaire, Cédric ...

***


Voilà j'espère que le chapitre vous aura plu ! Moi en tout cas j'ai adoré l'écrire, surtout la dernière partie (et j'écris ça en écoutant Octobre du coup ... Quelle nostalgie cette chanson, elle va vraiment bien avec le moment).

A dans deux semaines <3
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