Bonjour
Pour essayer de rattraper mon retard, je m'envole illico presto en direction d'une nouvelle planète, qui n'est autre que la planète 12X831, la
planète radioactive, où je valide la consigne "Lisez un livre avec de la science" avec
Ennemis T.3 : La Peur de Charlie Higson.
Justin, un garçon se faisant appeler Einstein, Paul et tout un groupe d'enfants mènent des expériences scientifiques sur des morts-vivants afin de tester leur résistance au soleil et d'en apprendre plus sur la maladie qui a décimé une partie de la population et a transformé toutes les personnes de plus de 14 ans en espèces de zombies, leur but étant de trouver un antidote à l'épidémie. Ils utilisent même les laboratoires du musée d'histoire naturelle et se rendent au musée de la Science pour récupérer tout le matériel scientifique dont ils ont besoin.
Ce labo éclairé derrière la vitre, c'était un autre monde. Le monde d'avant. Sauf que celui-là avait quelque chose d'irréel : tous les laborantins en blouse blanche n'étaient autres que des enfants de quatorze ou quinze ans, ce qui donnait l'étrange impression d'assister au tournage d'un film pour l'école, où les élèves singeaient le comportement des adultes.
– On essaye d'en savoir davantage sur la maladie. Ces trois-là sont nos cobayes. Ils ont survécu bien plus longtemps que tous les autres qu'on avait attrapés.
– T'es en train de me dire que vous faites des expériences sur eux ?
– Exact. On fait des prélèvements de sang, de tissus...
– Ouais. Vous sauvez le monde.
– On essaye, minauda Justin. Modestement. Quand on aura un peu de temps, je te ferai faire un tour au musée de la Science, juste à côté. Ça t'intéressera peut-être davantage. Tout ce dont on a besoin pour reconstruire le monde est là-bas. Des instruments scientifiques, du matériel médical, des outils, des machines, des véhicules... Il ne nous manque que les produits chimiques, les médicaments, ce genre de trucs. Si on en avait, on pourrait facilement avancer, hélas, on est un peu à court ces temps-ci.
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Si le deuxième tome reste pour l'heure mon favori de la saga, La Peur me conforte dans l'idée qu'Ennemis n'est autre que mon coup de coeur de cette année. Et dire qu'une amie s'évertue à me conseiller cette série depuis 2020 ! Si j'avais su, je n'aurais pas attendu aussi longtemps pour me plonger dedans. Enfin, mieux vaut tard que jamais, comme on dit.
Dans ce troisième tome, qui se déroule cinq jours avant la fin des Trépassés, l'auteur se focalise sur BouleChien et sur le groupe de volontaires qui l'accompagne dans son expédition destinée à retrouver Brooke, un an après le gigantesque incendie qui les avait séparé. On retrouve ainsi plusieurs personnages du tome 2 : Courtney, Brooke, Justin, Chris Marker ; d'autres du tome 1 : David, Jester, ainsi qu'une courte apparition de Maxie et Blue ; et beaucoup de nouveaux. D'autres clans nous sont également présentés : celui du Parlement, dirigé par Nicola, et celui des chasseurs, mené par Ryan. Si le premier m'a plus ennuyée qu'autre chose (heureusement, on ne le voit que brièvement), le second se révèle quant à lui bien plus intéressant malgré ses pratiques assez barbares, et s'avère plus d'une fois utile au groupe de BouleChien.
Dans l'ensemble, je me suis moins attachée à cette bande qu'à celle des tomes précédents. J'ai aimé le lien indéfectible qui unit Marco et Félix, la bonté du premier et l'humour du second, ainsi que la dévotion et le calme de Finn, mais Olivia, Jessica et Al ont hérité d'une place trop secondaire pour que je me soucie vraiment d'eux. En revanche, ce tome m'a fait littéralement adorer BouleChien et Courtney, que j'avais apprécié sans plus dans Les Trépassés. Quand j'ai vu, en commençant ma lecture, que les événements de La Peur se concentreraient sur BouleChien, j'avoue avoir ressenti une pointe de déception. J'avais si hâte de retrouver Ed et P'tit Sam que je trouvais frustrant de devoir patienter jusqu'au quatrième tome pour suivre de nouveau leurs aventures. Mais, une fois encore, Charlie Higson a su me prouver que son choix était judicieux, et que mes craintes de m'ennuyer aux côtés de BouleChien étaient totalement infondées.
Bien que le rythme soit moins effréné que dans le volume précédent et l'action, un peu moins présente, l'expédition de BouleChien est aussi addictive que celles d'Arran et d'Ed. Et je dois dire que ce tome porte bien son nom ! Entre l'introduction du collectionneur, un nouvel adulte effroyable qui m'a glacé le sang à chacune de ses apparitions, le sort inhumain qu'il réserve à ses proies, la montée en puissance de Greg et de son armée dont les rangs ne cessent de s'agrandir, et le groupe des bodybuildés menés par une mère à l'intelligence remarquable, La Peur est définitivement le tome le plus gore et le plus horrifique de la saga. Les points de vue de ces adultes sont tous plus terrifiants les uns que les autres, mais le collectionneur s'avère, à mon goût, le plus malaisant des trois. L'atmosphère qui règne dans sa maison était si morbide que j'avais l'impression de me sentir aussi oppressée que les personnages. En outre, Charlie Higson n'a pas peur de choquer : l'habituelle réserve dont les auteurs ou scénaristes font preuve envers les enfants n'est pas de mise ici. Certains détails sont particulièrement sanglants, peu importe l'âge de la victime, ce qui prouve une fois de plus que cette série n'est pas à mettre entre toutes les mains. Je n'en suis pas à mon premier livre d'horreur et pourtant, j'ai été profondément marquée par certaines scènes. Mais au moins, on ne peut pas reprocher à l'auteur de nous livrer une version édulcorée de ce qui se passerait si une telle catastrophe touchait notre monde. Tout est très crédible, à tel point qu'encore une fois, j'ai eu davantage l'impression de regarder un film que de lire un livre. Charlie Higson a vraiment un don avec l'écriture : sa plume est aussi soignée qu'addictive, son humour parvient toujours à m'arracher de nombreux sourires et même quelques rires en dépit de l'horreur de la situation (ce qui est très appréciable pour détendre un peu l'atmosphère), ses dialogues font partie des plus réalistes que j'ai pu lire (il se met si bien dans la peau des adolescents qu'on en oublie parfois qu'un auteur se cache derrière les répliques) et les événements sont si bien décrits et si mouvementés que j'ai chaque fois l'impression d'y assister.
Un autre point sur lequel Charlie Higson excelle : me faire adorer de nouveaux personnages à chaque tome. Moi qui suis habituellement réfractaire aux nouvelles têtes, je me découvre systématiquement un énième coup de coeur. C'était Ed dans le deuxième tome, et c'est Shadowman qui hérite de cette place cette fois-ci. Et pour cause : j'ai adoré chacune de ses apparitions et littéralement dévoré chacun de ses points de vue. D'ordinaire, je ne suis pas fan des personnages solitaires, qui évoluent dans leur coin pendant la majeure partie du récit, et pourtant, je ne me suis pas une seule fois ennuyée à ses côtés. Shadowman est un garçon qui semble de prime abord très mystérieux, difficile à cerner et marginal. Il passe son temps à observer les autres, à passer de groupe en groupe sans chercher à appartenir à une quelconque communauté. Et même en le suivant tout au long du roman, une part d'ombre continue à planer au-dessus de lui. Il ne s'épanche pas sur sa vie ou sur ses émotions, garde ses distances vis-à-vis des autres, et parle peu. Pourtant, en creusant, on s'aperçoit que ce personnage est bien plus sensible qu'il n'y paraît. Il se soucie de ses compagnons, les protège autant qu'il le peut, éprouve des émotions comme tout le monde, pleure, souffre de sa solitude, et veut faire payer aux adultes tout le mal qu'ils commettent autour d'eux. Il ne reste pas seul par désir de se la jouer solo, mais uniquement parce qu'il ne veut pas s'attacher pour souffrir de nouvelles pertes. Et malgré sa peur, il prend d'énormes risques pour surveiller l'armée de Greg, pourtant terrifiante, et espérer ainsi pouvoir la vaincre dans un futur proche. Shadowman est un garçon qui m'a énormément touchée tout au long du tome. Son courage sans faille malgré tout ce qu'il traverse, sa sensibilité insoupçonnée, son lien avec Jester, et son projet d'anéantir l'armée de Greg à lui seul font de lui un personnage que l'on ne peut que soutenir de tout son coeur. J'espère qu'il rencontrera un autre groupe dans le prochain tome, et qu'il s'autorisera enfin à s'attacher à d'autres enfants.
Comme je le disais plus haut, BouleChien est mon second coup de coeur de ce tome. Si je ne lui avais pas particulièrement prêté attention dans Les Trépassés, je me suis grandement attachée à lui ici. Tout au long du tome, il se remet en question, se reproche de ne pas avoir pu sauver certains de ses anciens compagnons, et pourtant, je trouve qu'il fait un leader incroyable. Loyal et courageux, il n'hésite pas à se mettre en danger pour protéger ses alliés, et essaie toujours de prendre la meilleure décision. Mais le rôle de chef n'est pas facile, et le fait qu'il se compare souvent à Ed ne l'aide pas à faire la paix avec lui-même. Son humour constant, son franc-parler et son attitude parfois un peu orgueilleuse sont d'autres particularités qui me plaisent beaucoup chez lui. Ce n'est pas un personnage tout lisse, loin de là. Il a ses défauts, et c'est précisément ce qui le rend aussi attachant. Car, contrairement à beaucoup de personnages de roman, il est très réaliste : pas particulièrement beau ni intelligent, venant d'un milieu défavorisé, parfois arrogant et moqueur... mais aussi très fidèle, bien moins assuré qu'il n'y paraît, et totalement dévoué pour son groupe.
Son lien avec Brooke, qui m'avait déjà fait sourire dans le tome précédent, m'a tout autant amusée ici. Les piques qu'ils se lancent constamment, les tentatives répétées de BouleChien pour plaire à Brooke et l'indifférence de cette dernière... Ce jeu du chat et de la souris apporte beaucoup au tome, tout comme les sentiments de Courtney envers BouleChien. On a droit à une espèce de triangle amoureux entre ces trois-là qui change de l'ordinaire, et qui procure une touche de romantisme non négligeable au récit. L'amitié qui unit ces trois personnages est aussi indéfectible que touchante, et les divers sentiments qui s'y mêlent rendent le tout encore plus attrayant. Tout comme BouleChien, Courtney a su se hisser parmi mes personnages préférés. Si elle s'avérait très secondaire dans le tome précédent (Brooke et Aleisha ayant droit à davantage d'importance au sein de leur trio), elle devient un personnage principal dans ce troisième volume et bénéficie d'une évolution très intéressante. Personnage grognon dans le deuxième tome, elle s'est transformée en guerrière redoutable et en un soutien considérable pour BouleChien lors de cette année passée à la Tour, loin de Brooke et de son ancienne vie. Malgré tout, elle reste au fond d'elle une fille craintive, qui manque cruellement de confiance en elle et qui ne cesse de se dévaloriser par rapport à Brooke. Tout au long du tome, on a envie de lui faire remarquer sa propre valeur, de la soutenir mentalement et de faire en sorte que BouleChien se détourne de Brooke et remarque enfin celle avec qui il a tout partagé, sur qui il peut sans cesse compter, et qui n'a d'yeux que pour lui.
Enfin, malgré un scénario captivant et un dénouement qui annonce un prochain tome très mouvementé, Ennemis se révèle toujours aussi cruel envers ses personnages. J'avais dit que Charlie Higson devenait un peu plus tendre dans mon commentaire des Trépassés ? Oubliez ça. La fin de ce troisième tome m'a fait pleurer toutes les larmes de mon corps, et m'ébranle encore maintenant. Je devrais finir par m'y habituer, mais le sort que Charlie Higson réserve à ses personnages me fait toujours autant souffrir, tome après tome. C'est là le seul point faible de cette saga. Mais je suppose qu'il s'agit aussi de son point fort, vu le nombre de larmes qu'elle aura réussi à m'arracher.
Enfin, pour terminer sur une note positive, j'ai une fois encore été bluffée par le talent de l'auteur à relier tous ses tomes entre eux. Je pensais que Les Trépassés complétait et expliquait entièrement le premier tome, mais ce troisième volume m'a prouvé qu'il restait encore quelques zones d'ombre à éclaircir. Et je dois avouer qu'il s'en est chargé avec brio ! Tout s'emboîte encore à la perfection, et on retrouve avec plaisir les protagonistes du premier tome à la toute fin.
En conclusion, La Peur est aussi passionnant, angoissant et addictif que les tomes précédents. Encore plus sanglant que ses prédécesseurs, il met en place de nombreux éléments qui promettent de futures épreuves toujours plus effroyables et périlleuses pour nos protagonistes : si les adultes s'organisent et deviennent de plus en plus rusés, ils ne représentent malheureusement pas la seule menace pour les survivants. Certains groupes complotent et s'allient pour étendre leur pouvoir sur la capitale, quitte à sacrifier quelques enfants au passage, tandis que d'autres, facilement manipulables, commettent des actes irréparables par désir de vengeance. J'avoue avoir quelques craintes pour la suite, surtout en connaissant Charlie Higson, mais il me tarde malgré tout de lire le prochain tome et de retrouver tous ces personnages qui font la force et l'essence même d'Ennemis.
Récapitulatif
