☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition - La Fin

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Tally

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par Tally »

Très bon anniversaire Elsa ! :D
Xail

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Message par Xail »

Alors, alors, alors !

De une, joyeux anniversaire Elsa.
De deux, super, enfin le RP ! (Et j'apprécie grandement les petits résumés des RP avec les joueurs, ça permet de se remettre un peu dans le contexte.)
De trois ON A EU L'INFECT ! YEEEEEEEEES ! Bravo à ceux qui étaient persuadés que c'était elle, pour ma part je la pensais vraiment simple Louve (comme quoi il faut que j'arrête de suivre mes intuitions xD)

On a une date pour la fin de la Nuit ?

Et je suis dispo pour RP !
naji2807

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par naji2807 »

Bon anniversaire (sans doute en retard ^^') Elsa :)
Springbloom

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par Springbloom »

Xail a écrit :On a une date pour la fin de la Nuit ?
Comme c'est les vacances et que je ne connais pas les disponibilités de tous les joueurs, je préfère ne pas donner de date pour le moment. Dans l'idéal, fin juillet serait parfait, mais j'ai peur que ça fasse court pour que chacun prenne des décisions et se retrace le fil des conversations :/ Du coup partir sur un mi-août me semble bien, ça laisse trois semaines aux 5 rôles nocturnes pour se décider ^^

Côté Rp', pour l'heure j'ai Ethan et Nasha de pris, les trois autres sont libres ^^ A toi de voir qui tu préfères entre Jordan, Adélaïde ou Esteban :D
Elsa-Vercellino

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 2 - Jour]

Message par Elsa-Vercellino »

Mouahaha, on a eu l'Infect pour mon anniversaire, si c'est pas beau ça !!! *-*

Merci tout le monde pour les souhaits d'anniversaire, ça fait plaisir ! ♥♥♥ Je suis maintenant une adulte à l'international avec mes 21 années, go organiser une tournée de lait de noix de coco avec tous les rescapés pour fêter la mort de l'Infect comme il se doit (ce n'est pas contre toi Mimie, ce fut un plaisir de lire tes argumentations et d'y répondre - en plus, j'adore Rose Alice Reynolds dans OUAT, j'aurai bien aimé faire RP nos persos ensemble... enfin, il reste toujours Aydan ! ♥)

Morgane, ton RP était magnifique !! Déjà, j'ai adoré que tu fasses des petits résumés des histoires de chaque joueur en RP, ça permet de voir où on en est d'un point de vue plus global et de mettre tout le monde à la page du jour. (aa) C'est vrai que Jordan est assez déprimant à lire, mais c'est logique, vu son rôle dans le RP. J'aime beaucoup Adélaïde (Keira Knightley is bae), j'espère que mes persos pourront la croiser de temps en temps dans le camp de réfugiés. Ethan est toujours aussi barré, mais je trouve qu'il fait vraiment un bon boulot pour paraître "sane" (sensé ?) aux yeux de la communauté... et puis, quand il pète un câble, c'est pour une bonne raison ! X) Bref, j'ai beaucoup aimé te lire, tu as bien amené le risque de perdre Cathal et la mort d'Ileana et y'avait du suspens et j'ai sauté sur ma chaise quand elle était vraiment l'Infect Père des Loups !! B)

EPARM YOU ARE ALIIIIIIIIIIVE !!! *-* Je suis trop contente, je crois que c'est la première fois que je vois quelqu'un survivre à l'Infect aussi tôt dans la partie (maintenant tu as zéro excuse pour ne pas RP avec moi, mouahahaha, mon plan se déroule à la perfection)


[quote="Morgane"]BREIZH EN FORCE !! :mrgreen: Je suis pas trop série de super-héros (ni même super-héros dans l'ensemble) alors j'hésite un peu à regarder supergirl...J'avais vu Katie au casting mais on m'en a dit tellement dû mal de la série...je me laisserais peut-être tenter un jour :D Ca me gêne non plus, Angel est parfaite dans son rôle aussi. De toute manière je pourrais jamais dire du mal de Merlin même si on m'y forçait donc bon x) HEY ! Est-ce que tu viens pas de me spoiler Supergirl là ? J'espère bien que non hein :lol:[/quote]
Nous sommes la région supérieure ! B) Et ne regarde pas Supergirl alors. Perso, j'ai seulement commencé car je regarde Arrow depuis... pfiou, 6 ou 7 ans et The Flash depuis 4 ans et il y a beaucoup de crossovers entre les séries (ils ont ajouté Supergirl, puis The Legends of Tomorrow, puis Batwoman après). Bref, pour la dernière saison d'Arrow, il y a un méga crossover qui spoile énormément Supergirl, et vu que je voulais regarder éventuellement... bah, j'essaie de tout rattraper. Le casting est ouf, et la première saison est vraiment bien, mais malheureusement (comme tout ce qui est racheté par The CW, d'ailleurs), la qualité se casse la figure très rapidement après - dans une illustration parfaite de "on est sûr de faire de l'audience, pourquoi se faire chier à écrire un bon scénario ?" ToT Bref, ne perds pas ton temps (enfin, je te redis s'ils augmentent la qualité pour la saison 6, qui sait, peut-être qu'avec les coups de g***le du #BlackLivesMatter à Hollywood et la promesse de The CW de se préoccuper un peu plus de la représentation des minorités, ils vont enfin faire des efforts). Par contre, le fandom (les memes, les fanfictions, les fanarts, et même les acteurs sur insta/twitter) est énorme (par sa taille, et par sa qualité), donc je ne regrette pas (trop) d'avoir plongé dedans. Bref, et non, je n'ai pas spoiler Supergirl (honnêtement, si Lena meurt un jour, j'arrête de regarder direct et je pense que la moitié des fans se barrent aussi, donc c'est safe ! :p). Après, j'ai sans doute spoilé une bonne partie de l'oeuvre cinématographique de Katie McGrath, sorry ! ^^'

[quote="Morgane"]Si si, c'est clair ce que tu racontes ^^ J'avais déjà essayé de voir les choses comme ça, et même de ce point de vue, je comprends mieux le fait d'être envoyé dans tous les autres maisons que Gryffondor, parce que tu peux vraiment dessiner un profil de ce que tu es ou de ce que tu veux devenir en allant chez les Poufsouffle, les Serdaigle ou les Serpentard. Chez les Gryffondor, les qualités mises en avant vont certes ensemble, mais ressemble trop à un mélange entre Poufsouffle et Serpentard. Je vois plus d'intérêt à faire travailler ta loyauté, ta patience et ton esprit d'équipe ou ton intelligence, ton esprit de famille et ton ambition que ton courage :? Je peux pas te dire pour Cho, j'ai aucun souvenir des livres et je les ai pas fini de toute façon x)[/quote]
Franchement, je trouve qu'il y a beaucoup à gagner en travaillant sur son courage. Par exemple, en L2 j'avais le choix entre pleins de destinations pour ma mobilité à l'étranger, et je voulais aller au Canada depuis longtemps. Sauf que, 1/ première fois que je pars de chez mes parents et 2/ c'est sur un autre continent, c'est pas comme partir en Irlande où tu peux faire des aller-retours à chaque vacance si tu en as besoin. BREF, tout ça pour dire que j'avais la trouille, et finalement j'y suis allée car j'ai décidé d'être courageuse et c'était génial. Pour grandir, pour t'assumer en tant que personne (je te parle même pas du courage nécessaire pour aborder des sujets d'orientation sexuelle avec ta famille), pour oser faire des choses, il faut du courage donc je trouve ce trait de caractère important - et assez dur à obtenir, car c'est dur de faire des choses qui font peur. Après, je kiffe pas tous les traits de caractère des Gryffondors ! (aa) Le côté "gloire", ça fait très "m'as-tu vu", par exemple - et c'est assez différent de l'ambition des Serpentards, d'ailleurs. L'ambition, c'est chercher la réussite personnelle - pour soi. La gloire, c'est chercher la réussite pour impressionner les autres (ou un semblant de réussite, suffisamment pour faire croire au public qu'on est successful). Interne/Externe, c'est pas exactement pareil. Et bien sûr, il faut aussi travailler d'autres choses (intelligence, ambition, loyauté itou itou), mais je pense que certaines personnes (les Gryffs) gagnent plus overall en devenant de plus en plus courageux. D'autres sont peut-être naturellement courageux, et gagneront plus à améliorer autre chose ; ou certains n'ont peut-être pas besoin d'être courageux le plus, car ils préfèrent rester dans le confort du cocon familial ou autre.

Et QUOI, tu n'as pas fini les livres !! O.o Spirits, j'ai tellement aimé les lire (en 6ème, certes) et là, je les relis en espagnol ! (bon, si tu as vu tous les films, ça va quand même ♥)


[quote]Merci du conseil mais je connais déjà ;) Et je valide entièrement[/quote]
Giiiiiiiirl, on a tellement des goûts similaires !! *-* (et OUI, j'ai vu que ta localisation était le Southern Air Temple and I love it)

Je me mets à jour aussi pour les RPs, donc tous mes personnages (Amelia, Billie et Santiago) sont disponibles. Je ferai probablement un petit RP pour les installer dans le camp, toussa toussa.
Dernière modification par Elsa-Vercellino le sam. 25 juil., 2020 7:18 pm, modifié 1 fois.
Xail

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par Xail »

Morgane_Chase a écrit :
Xail a écrit :On a une date pour la fin de la Nuit ?
Comme c'est les vacances et que je ne connais pas les disponibilités de tous les joueurs, je préfère ne pas donner de date pour le moment. Dans l'idéal, fin juillet serait parfait, mais j'ai peur que ça fasse court pour que chacun prenne des décisions et se retrace le fil des conversations :/ Du coup partir sur un mi-août me semble bien, ça laisse trois semaines aux 5 rôles nocturnes pour se décider ^^

Côté Rp', pour l'heure j'ai Ethan et Nasha de pris, les trois autres sont libres ^^ A toi de voir qui tu préfères entre Jordan, Adélaïde ou Esteban :D
Booon, je ne vais pas te forcer à reprendre Jordan, j'ai bien compris que tu n'aimais pas RP avec lui xD Donc Adélaïde ou Esteban ça me va.
Et Elsa tu peux te joindre à nous avec plaisir !
Je fais un petit RP "d'intro" et après je vous laisse intervenir comme vous le souhaitez ! (Juste coordonnez-vous si vous voulez toutes les deux répondre, qu'on ne se retrouve pas avec 2 RP qui disent des choses contraires xD)
Springbloom

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par Springbloom »

@Xaïl, @Elsa : ce que je vous propose, c'est de faire un Shaé/Esteban/perso d'Elsa parce que j'aimerais bien pouvoir enfin RP' avec mon petit Oscar :D

@Elsa : Je retiens pour les séries, je connais plein de gens qui m'ont dit que ça les soûlait de switcher en permanence entre toutes les séries de super-héros et je ne savais pas que Supergirl faisait partie de celles-ci. Clairement, je ne regarderais pas du coup :lol:
Ah mais je ne dis pas qu'il ne faut pas travailler son courage ! Ce que je voulais dire que c'était une qualité que tu travaillais aussi bien chez les Gryffondor que les Poufsouffle, sauf qu'il y a pas de quête de gloire chez les Pouf'. Tu cherches juste à apprendre le courage pour prendre position quand les autres ne l'ont pas et pour défendre tes amis. C'est pas une qualité mise vraiment en avant, mais les Poufsouffle ont clairement le courage comme qualité. Et oui, j'ai pas fini les livres, j'ai commencé Percy Jackson après l'Ordre du Phénix et c'était mieux :lol:
Merci pour tes retours sur le RP', trop gentil de ta part, surtout que Jordan est...bah disons qu'il est vraiment relou à écrire quand on va bien :roll: Par contre appelle Ileana par son prénom, c'est Ethan qui se trompe parce qu'il s'en fiche :lol:
Lumione

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par Lumione »

Coucou tout le monde !
Déjà joyeux anniversaire (très en retard) Elsa !
Ensuite bravo Morgane pour ton rp il est génial et a permis de tout clarifier.
Yes on eu l'infect !! Tu dois être contente Eparm (encore plus que nous tous) !
Sinon Elsa, ça te dit un rp Billie/Anais ?
Elsa-Vercellino

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 2 - Jour]

Message par Elsa-Vercellino »

@Morgane, @Xaïl: je suis chaud pour faire un RP à trois! (aa) Je jouerai Amelia (pas forcément de très bonne humeur, vu comment je l'ai blessée durant le crash).

@Lumione: merci beaucoup ! ♥ Et très bonne idée, ta petite Anaïs est toute choupie et Billie est certainement la plus "maternelle" de mes persos ! Tu veux que je commence le RP, ou tu t'en charges ? :3

@Morgane: mdr oui, ne commence pas maintenant à regarder, ça serait tellement long (et parfois douloureux) à rattraper - c'est un peu comme un trou noir, j'ai l'impression que les crossovers t'obligent à aller toujours plus loin ! X) Et bien sûr, tout le monde peut travailler son courage mais les Gryffs vont se focaliser principalement sur cette qualité, alors que les Pouffs, non. Après, la fidélité est une forme de courage (comme tu le dis, défendre ses amis itou itou): cependant, peut-être que les Pouffs ont plus de mal à (j'ai pas l'expression en français, lala) stand up for themselves que pour les autres. Et de toute façon, les qualités clichés de chaque Maison ne sont que des indications. Je ne trouve pas que Hermione cherche vraiment la gloire au cours de ses aventures, tout comme Draco n'est pas particulièrement rusé, Cho Chang particulièrement intelligente... Cédric est le seul Poufsouffle qui me vient à l'esprit, il était populaire et on peut arguer qu'il cherchait la gloire en s'inscrivant aux Tournois des 3 Sorciers, donc je ne sais pas s'il est vraiment le cliché du Poufsouffle non plus. Bref, que des indications, donc ! pas des ordres ou des traits de caractère pré-inscrits.

Percy Jackson c'est tellement OUF aussi, je les ai lu plus tard (HP en 6ème et PJ plutôt en 4ème) mais c'est vraiment chouette et t'apprends tellement de trucs (les Héros de l'Olympe aussi, j'adore LEO ! ♥). J'espère que la future série de Disney + sera mieux que les films - ça risque de ne pas être si compliqué, ils étaient franchement pas terribles.

Et oups, je me suis faite piégée par Ethan, méchant ! è-é Bref, mais j'irai corriger ça.
Lumione

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par Lumione »

Je préférerais que tu commences par ce que Anais est pas trop dans le mood pour aller aborder des gens pour l'instant ;)
Xail

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par Xail »

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Voilà deux jours que nous sommes là, deux jours et deux nuits. Après le choc, l’horreur de la situation nous est peu à peu apparue. L’avion s’est crashé, les morts se comptent par dizaines et je peux m’estimer très chanceuse que mes quatre enfants aient survécu sans blessure grave. La plaie à l’arcade d’Eleanore a commencé à cicatriser mais elle se plaint toujours de violents maux de tête. Je crains qu’elle n’ait une commotion cérébrale mais impossible de savoir bien sûr. Et les secours qui n’arrivent pas…

Pourtant, personne ne semble perdre espoir. Lorsque nous sommes arrivés sur la plage, grâce à l’homme venu nous sauver, il y avait déjà de nombreuses personnes présentes, ayant l’air plus ou moins paniqué. Puis une jeune femme, visiblement habituée à commander, avait pris la parole pour nous inciter à récupérer tout ce que nous pouvions de la carcasse de l’avion et à monter un camp de fortune en attendant qu’on nous retrouve. Nous nous étions docilement exécutés, les jumelles y mettant toute leur bonne volonté. Eleanore devait souvent s’arrêter car elle se fatiguait très vite mais Ellana semblait inépuisable, ramassant mille et un objets et me demandant à chaque fois « Et ça tata Sha, on le garde ou pas ? »

La petite qui est sortie de l’avion en même temps que nous, Sacha a-t-elle fini par nous dire, est restée avec nous. J’ai refusé qu’elle parte sans que je sois certaine qu’elle ait retrouvé ses parents ou la personne responsable qui l’accompagnait dans l’avion mais visiblement, cette personne ne s’en est pas sorti, car nul n’est venu la chercher. C’est une petite qui parle peu mais qui ne rechigne pas au travail. Elle n’a pas voulu me raconter son histoire, d’où elle vient, pourquoi elle était dans cet avion ni où sont ses parents. Visiblement, il s’agit d’un sujet difficile car j’ai vu les larmes envahirent ses yeux lorsque je lui ai posé la question. J’ai donc soigneusement évité toute allusion à sa famille à la suite de cet épisode et j’ai demandé aux filles de faire pareil. A vrai dire, je lui parle peu, c’est surtout Ellana qui bavarde avec elle. Enfin, qui piaille toute la journée sans attendre de réponse. Ma fille est très contente de s’être trouvé une copine et elle l’entraîne toujours avec elle pour récupérer tout ce qu’elle voit.

Si les grandes et Gaël ne semblent pas trop souffrir de la situation, ce n’était pas le cas d’Emy. Elle qui était d’ordinaire si douce, si calme et réservée, passe maintenant ses journées à grogner voire à pleurer. Elle a tout le temps faim et vit très mal le fait de ne pas avoir assez à manger. Je sais qu’Ellana souffre aussi beaucoup, surtout qu’elle donne systématiquement une partie de son repas à sa petite sœur. Elea voulait faire pareil mais j’ai refusé tout net, elle a besoin de force pour guérir. Et autant les deux grandes comprennent plus ou moins la situation et les sacrifices que ça leur demande, autant Emy n’a pas l’air de se rendre compte que nous sommes tous dans le même bateau.

Seul Gaël continue à mener sa vie plus ou moins normalement. Lui mange à sa faim car j’ai toujours produit beaucoup de lait. Il passe le plus clair de sa journée allongé sur une couverture, sous la surveillance d’Elea. Au départ c’était Emy qui était chargée de veiller sur lui mais elle s’est très vite lassée de cette mission et comme Elea avait du mal à se déplacer et à ramasser des objets, je le lui ai demandé comme une faveur. Elle passe donc plusieurs heures par jour à s’occuper de son petit frère, lui nommant tout ce qui se trouve dans son champ de vision et l’empêchant de manger trop de sable. Il joue avec des petits objets qu’Ellana trouve parfois, comme un téléphone hors d’usage ou encore un miroir de poche. En temps normal je n’aurais jamais laissé mon fils s’amuser avec de tels objets mais finalement c’est un moindre mal pour le tenir occupé sans pleurer.

Il dort encore beaucoup, la nuit comme le jour, mais c’est bien le seul. Ellana fait des cauchemars la nuit, Elea se recroqueville de douleur parfois, en se tenant la tête à deux mains, Emy pleure beaucoup et sursaute au moindre bruit, que ce soit la brise, les oiseaux marins ou les insectes nocturnes. Et moi bien sûr, j’ai perdu le sommeil en même temps qu’elles. Je nous ai aménagé un abri de fortune en tendant une sorte de bâche en plastique entre trois arbres et en étalant divers morceaux de tissus au sol. Ellana a eu l’idée de ramasser plein de mousse pour mettre sous le tissu et rendre le sol plus confortable et elle est également allée chercher des branchages pour fermer un côté de l’abri (celui qui donne sur la forêt car toutes mes filles en ont peur). Les grandes filles tiennent à trois sur la moitié de l’abri tandis que je m’allonge non loin d’elles, dos à l’entrée, avec Gaël contre moi et Emy de l’autre côté. La première nuit, Sacha a dormi un peu éloignée des jumelles mais très vite, celles-ci ont comblé l’espace entre elles et au matin, elles dormaient toutes les trois dans les bras les unes des autres.

Ce matin je me suis encore réveillée aux aurores. J’ai dû dormir une ou deux heures sur la fin de la nuit, lorsque les pleurs d’Emy se sont arrêtés et que la respiration d’Ellana s’est apaisée. Tous mes enfants dorment encore alors je me lève le plus doucement possible pour ne pas les réveiller. Ils ont cruellement besoin de ce précieux repos car une troisième dure journée nous attend. Une fois debout, je m’étire et prend le temps d’admirer le lever du soleil. Il doit être entre 5 et 6h du matin et le camp est encore calme. On pourrait presque croire que nous sommes là en vacances.

Je secoue la tête et me mets en quête de nourriture pour le petit déjeuner. J’attrape avant de partir la bouteille que j’ai réussi à glaner pour aller la remplir. Je prends d’abord la direction de la source avant de me raviser et de me diriger vers l’orée de la forêt où se trouvent des buissons couverts de baies. Certaines ne m’inspirent pas confiance mais je vois régulièrement des oiseaux picorer les fruits violet foncé qui me font penser à des baies comestibles du sud de l’Amérique. Je les ai goûtées hier et malgré un goût acide, rien de mal ne m’est arrivé. J’en ramasse donc une bonne brassée et les glisse dans mon tee-shirt, que j’ai noué comme un sac banane. Emy grimacera mais je sais que les jumelles et Sacha seront contentes d’avoir quelque chose de plus conventionnel pour le petit-déjeuner. Je me souviens bien de leur grimace hier matin lorsque je leur ai ramené un petit poisson cru et des écorces.

Ma formation de biologiste spécialisée dans les écosystèmes tropicaux m’est précieuse. Il n’est pas rare qu’un passager vienne me voir avec une plante, me demandant si je la connais et si elle est comestible ou tout du moins pas vénéneuse. Nous avons ainsi réussi à identifier une plante cousine de la reine des prés qui semble produire de l’acide salicylique, la substance à l’origine de l’aspirine. Les feuilles de cette plante, une fois infusées, nous servent à faire baisser un peu la fièvre des passagers qui souffrent de blessures plus graves et pour la plupart infectées. Mais malgré tous nos efforts, je sais que le bilan s’alourdira dans les jours qui viennent car nous ne sommes pas en mesure de soigner tous les blessés. Le peu de morphine disponible, récupéré dans la carcasse de l’avion, est réservé aux personnes en fin de vie, pour les aider à partir sans trop souffrir. Le désinfectant, dont nous sommes presque à court, a servi le premier jour pour nettoyer une fois toutes les plaies profondes mais nous ne pouvons pas nous permettre d’en gaspiller. L’acide salicylique fonctionne aussi comme un antiseptique, j’ai donc essayé de l’extraire de la plante. Cela fait plus d’une journée que je m’attelle à cette tâche cruciale. J’ai fait bouillir une première fois les feuilles et tiges de la plante, pendant plusieurs heures, très près du feu et dans assez peu d’eau. Hier au soir, j’ai retiré le récipient du feu et enlevé les feuilles puis j’ai laissé l’eau s’évaporer toute la nuit. Ce que j’espère obtenir d’ici peu, c’est une poudre cristalline blanche, de l’acide salicylique pas pur mais un peu plus concentré. Si seulement j’avais le matériel pour distiller ! Je ne suis pas chimiste mais j’en ai croisé un certain nombre au cours de mes pérégrinations et j’ai quelques bases dans le domaine. Je sais que le procédé serait beaucoup plus efficace si je pouvais chauffer plus fort et récupérer la vapeur qui s’évapore pour la condenser dans un autre récipient. Enfin, de toute façon on n’a pas trouvé assez de plantes pour pouvoir soigner tout le monde et il faudrait des semaines voire des mois pour en obtenir de nouvelles si on les plantait. Or je n’ai aucunement l’intention de rester ici des mois ! Dans quelques jours les secours nous retrouveront et nous ramèneront chez nous…

Un léger pleur me tire de mes pensées. Gaël s’éveille et j’ai intérêt à revenir rapidement pour lui donner le sein, avant qu’il ne hurle et réveille ses sœurs. Je reprends donc le chemin de l’abri. Une fois devant, je m’agenouille, dépose les baies dans l’écuelle improvisée (un morceau de métal légèrement incurvé dont les bords ne sont pas trop déchiquetés) et soulève mon bébé pour le porter à ma poitrine. Il me tête goulûment, les yeux fermés et ses mains se fermant puis s’ouvrant sporadiquement. Une vague d’amour me traverse, me faisant tout oublier. Le monde autour de moi disparaît et je suis seule dans l’univers avec ce petit être qui remet sa vie entre mes mains et qui vient de mes entrailles. Dire que c’est moi qui l’ai fait…

Il n’y a pas que moi qui suis attendrie devant sa petite bouille. Il y a globalement assez peu de jeunes enfants parmi les passagers qui ont survécu et ma situation difficile m’a tout de suite attiré la sympathie de beaucoup de personnes, de même que les gazouillis charmeurs de Gaël ou encore le rire communicatif d’Ellana. Les gens essayent de nous rendre service : on m’a donné des couches, de l’eau, un peu plus de nourriture notamment les quelques petits pots pour bébés retrouvés. Mon cœur se serre quand je pense qu’un autre bébé a dû mourir dans l’accident, sinon ces pots ne se seraient jamais retrouvés dans l’avion et je n’ai pas vu d’autre bébé parmi les survivants…

Je berce Gaël tendrement pour le rendormir lorsque je sens un mouvement au fond de l’abri. Ellana se redresse et me regarde, les yeux encore pleins de sommeil, la bouche grande ouverte dans un bâillement qui n’en finit plus. Elle s’étire et sa main vient heurter les branchages qui s’effondrent brusquement, la faisant sursauter. Par le trou ainsi formé, on aperçoit les premiers arbres de la forêt qui fait si peur à mes filles.

Et soudain je le vois. J’ouvre des yeux tous ronds, ma bouche forme un « o » de surprise et je ne peux m’empêcher de souffler un « putain » qui devient un cri de joie. Ellana me regarde sans comprendre, tourne la tête vers les arbres, me regarde de nouveau et, après avoir déposé Gaël au sol, je lui attrape les mains pour faire une danse de la joie improvisée. Elle ne comprend rien mais se laisse entraîner par ma bonne humeur et se met à rire.

Comment ai-je pu ne pas le voir lorsque j’ai construit l’abri ? Il est pourtant là, immense, immanquable, comme un souhait qui se serait exaucé pendant la nuit. Salix humboldtiana, notre sauveur ! Le saule d’Amérique centrale et du sud, qui pousse près des rivières dans un climat tropical. Celui fait au moins vingt mètres de haut et son tronc est si large que je ne peux l’enserrer. Son écorce profondément ravinée ne devrait pas être trop difficile à détacher et il y en a en quantité suffisante pour récupérer de l’acide salicylique pour tous les passagers !

Je mets aussitôt au travail, arrachant quelques morceaux de l’écorce qui résiste plus que ce que je ne pensais. Il me faudra peut-être un couteau pour la découper et les feuilles sont trop hautes pour moi mais il devrait être possible de fabriquer une sorte d’échelle pour que je grimpe. Ou bien quelqu’un qui sait grimper aux arbres ira les chercher.

Il faut que je prévienne les autres ! Je me tourne vers Ellana, qui ne comprend toujours pas pourquoi cet arbre me met dans un tel état, et lui crie d’aller chercher quelqu’un au camp pour m’aider. Elle se lève et part en courant. Je continue à ramasser des morceaux d’écorce, les entassant non loin de moi, fouillant aussi le sol à la recherche des feuilles déjà tombées ou arrachées par les animaux.

Dans mon dos, j’entends Ellana qui revient avec quelqu’un. Elle parle d’une voix toute excitée :


- Tata Sha a trouvé un arbre trop bien, il faut l'aider !

Sans même me retourner, je lance à la (ou les ?) personne(s) qui arrive(nt) :

- Il me faut une grande bassine et il faudra raviver le feu et s’assurer qu’il ne s’éteindra pas durant les prochaines heures. Je vais essayer de faire une décoction avec ces écorces pour récupérer l’acide salicylique, pour faire baisser la fièvre des malades et désinfecter les plaies des blessés. Et il me faut de l’eau aussi mais il devrait y en avoir pas loin parce que ce saule pousse généralement à proximité des cours d’eau.



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Voilà mesdames, vous n'avez plus qu'à intervenir dans l'ordre que vous souhaitez ! (Sachant que le personnage de Tiine est resté avec les miens, ce qui fait qu'elle viendra RP avec nous mais elle ne peut pas avant la semaine prochaine.)
Springbloom

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par Springbloom »

News concernant la Nuit

Pour l'heure, je ne peux pas encore rédiger le RP' nocturne, et je mets le retard de celui-ci sur les vacances qui ne vous laissent que peu de temps pour passer, relire toutes les argumentations et réfléchir à vos actions. Néanmoins, j'aimerais bien me dire que j'ai le temps de rédiger le RP' rapidement avant de reprendre les cours, alors je clos le tour de Nuit au 31 août minuit (dans l'idéal, si vous pouvez envoyer avant, ça m'arrange :lol: )




@Xaïl : Je te fais Esteban à un moment ou à un autre dans la semaine ;)
naji2807

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 2 - Nuit]

Message par naji2807 »

Envy Maddison
27 ans, Née le 31 Octobre, 1m62
PJ, Jalousie pathologique, Encore en couple avec Liam

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En voilà une pour qui c'est bien fait. Quoi? Je ne vais quand même pas pleurer une gamine qui essayait de me piquer mon petit ami! Et puis bon, on ne va pas se mentir, vu la mort qu'elle a eu, c'est bien qu'elle a du ennuyé quelqu'un. De toute façon cette fille n'apportait que des problèmes, elle est bien mieux là où elle est. Quoi? Elle avait l'air d'aller mal de toute façon, et puis je ne vais pas mentir, je n'aime pas du tout la façon dont Liam semble attristé par sa mort. Il tenait à elle ou quoi? Qu'est-ce qu'on fiche qu'elle soit morte, c'est à son petit ami de la pleurer, nous on a autre chose à faire, comme trouver un moyen de partir d'ici.
- Bon Liam, on y va maintenant, je demande en tapant légèrement du pied.
Il est encore sous le choc... mais ça n'énerve franchement. Il l'aimait ou quoi? C'est quoi cette tête d'enterrement? C'est pour moi qu'il devrait s'en faire... Je ne mange pas correctement, mes cheveux sont dans un tel état de sécheresse que je vais devoir faire un millier de masques en rentrant, et mes vêtements sont couverts de sable et de poussière en permanence. Qu'on s'entende, j'ai toujours rêvé de partir en vacances sur une île déserte, mais justement, ça ce ne sont pas des vacances, loin de là même! Il n'y a pas d'hôtel 5 étoiles, pas de piscine et surtout pas de salle de bain! J'ai bien essayé de me laver les cheveux quand même, j'ai mon shampooing après tout, mais Liam m'a engueuler parce que j'utilisais de l'eau potable. Bien sûr que j'ai utilisé de l'eau potable, qu'est-ce qu'il croyait? C'est inutile de se laver les cheveux si c'est pour les rincer à l'eau salée! Il est vraiment à côté de la plaque. Et ça m'énerve. Il devrait être fort, c'est lui l'homme, c'est lui le pilier. Là il ressemble à un gamin paumé...
- Liam allez!
Il cligne des yeux, relève la tête vers moi et ouvre la bouche, puis la referme avant de la rouvrir encore.
- Mais... ça ne te fait rien?
- De quoi?
- Mais... Cette fille... on lui a parlé... et...
Je lève les yeux au ciel en poussant un soupir exaspéré. Franchement je n'ai même plus envie de faire semblant, je suis juste fatiguée et j'ai envie de rentrer chez moi, alors je n'ai pas le temps de prendre des pincettes avec lui.
- Non, je m'en fiche complètement. Mais bon puisque tu ne veux pas venir m'aider, je trouverai bien quelqu'un d'autre.
Sur ces mots, je m'éloigne, agacée et déçue de lui. Il n'a même pas peur qu'il m'arrive quelque chose? Je croyais être tombé amoureuse d'un homme moi, de quelqu'un qui pourrait me protéger et veiller sur moi... au lieu de ça, j'ai droit à une chiffe molle. Il m'a clairement menti... C'est toujours pareil, je tombe toujours sur des gars qui me déçoivent... Mais tant pis, je me débrouillerai toute seule... ou bien je ferai les yeux doux et on finira bien par m'aider.
En avançant je cherche quelqu'un pour m'aider, mais tout le monde a l'air plus ou moins occupé... alors arrivé pas loin de la forêt, quand je repère un garçon, et même si c'est un adolescent, je l'aborde et tant pis, ce sera déjà ça. Je fais l'effort, et encore, c'est un peu naturel chez moi, de faire les yeux doux, au garçon.
- Salut... excuse moi de te déranger mais, est-ce que tu voudrais bien m'aider à ramasser du bois? J'ai besoin de grosses branches et je ne pourrais sans doute pas les porter toute seule.
Petits battements de cils et léger sourire... voilà, si ça ne marche pas... c'est qu'il a un problème.
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Pardonne moi pour le délai de réponse :? Entre les vacances, le fait que je ne savais pas par où commencer et que je savais que, dans tous les cas, ce serait long, j'ai pris mon temps :lol:


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♔ ESTEBAN TORO ♔ 35 ANS ♔ ESPAGNOL ♔ EX-MARIN ♔ CHEF DES AUTRES ♔ SARCASTIQUE BIENVEILLANT ♔
A l'orée des bois Avec Shaé et ses bambins (Xaïl) et Sacha (Tiine)


Chaque fois que je me dis que la situation ne pourrait pas empirer, j'ai l'impression que le karma vient toquer gentiment à ma porte pour se moquer de ma naïveté. Rien de ce qu’il advient de ces Jeux ne semblent bien se dérouler. Nous enchaînons imprévus sur imprévus, catastrophes sur catastrophes, mystères sur mystères. Et le seul qui pourrait nous éclairer un tant soit peu sur ce que cache cette partie ne semble pas vouloir en dire beaucoup plus que le peu que nous en savons.

Je devrais être en colère contre lui de nous cacher tant de choses, de prendre cet air supérieur qu’il affectionne tant, jouant d’ombres et de secrets. Je devrais lui en vouloir de continuer de jouer à celui qui sait tout mais ne dit rien pour laisser planer une sorte de suspens inutile. Je devrais le confronter sur cette affreuse manie qu’il a de s’amuser du silence et de nos interrogations, de prendre ses airs suffisants face à notre désarroi. Je devrais, mais je ne le ferai pas. Le Maître peut bien essayer de faire croire à qui ça lui chante qu’il a toujours un coup d’avance sur les Jeux, que tout est prévu et que rien n’échappe à son contrôle, je commence à trop bien le connaître pour savoir que ce n’est pas le cas aujourd’hui. Aujourd’hui, il ne s’amuse pas à prétendre savoir. Aujourd’hui, il ne s’amuse pas à dire que je ne devrais pas m’inquiéter pour les Autres infiltrés. Aujourd’hui, il ne n’en sait pas plus que nous.

Aujourd’hui, il perd le contrôle.

Je devrais éprouver de la colère envers lui. Cette perte de contrôle ne menace pas que sa petite personne, elle aura des répercussions sur nous tous. Son envie si soudaine de mettre en place des Jeux sans une préparation minutieuse au préalable nous met tous en danger. Techniquement, c’est de sa faute si Lula est morte. D’une manière ou d’une autre, il aurait dû être en mesure de veiller à ce qu’il ne lui arrive rien, en organisant de manière moins précipitée les gens, en choisissant précautionneusement les Joueurs et leurs transports, ou en faisant ce qu’il fait de mieux : tout savoir sur tout le monde.

Mais je ne parviens pas à éprouver une quelconque rancune. Tout ce que je ressens à l’heure actuelle, c’est une terrible inquiétude. Pas seulement pour les Autres et moi-même, mais également pour lui. Il ne s’est jamais retrouvé dans un tel cas de figure. Il n’a jamais perdu aucun Autre. Il ne m’a jamais paru aussi vulnérable qu’il y a deux jours de ça, quand, en pleine nuit, il m’a dit que l’Île se mourrait. Il a refusé d’en dire plus, mais son silence était déjà lourd de sens. La situation n’est pas grave, elle est critique. Quelque part, il savait qu’Esperanza ne serait que la première d’une longue liste. Et peut-être que, dans le fond, je le savais également sans vouloir l’admettre, et c’est même probablement pour ça que je ne peux lui en vouloir : il voulait tout simplement nous protéger.

Néanmoins, la question complète : de quoi cherchait-il à nous protéger ? Pour quelles raisons sommes-nous désormais vulnérables à la mort ? Je n’y ai pas vraiment prêté attention au cours des derniers jours, la mort d’Esperanza ne remonte qu’à quelques semaines, mais je ne sais même pas si je parviens toujours à résister à la trace du temps. Serions-nous tous en train de vieillir soudainement, condamné à mourir de ce que nous croyions éviter ? J’ai cherché une réponse dans le regard bleuté de mon amant, mais j’ai rapidement compris que lui-même n’en avait pas. Quelque soit le mal qui ronge l’Île et, indirectement, qui le ronge lui aussi, il n’a aucune idée de quel peut en être la source. Pour la première fois depuis que je l’ai rencontré, je souhaite plus que tout le voir s’asseoir dans le rocking-chair de mon porche, jambes croisées, sourire moqueur et doigts tapotant les accoudoirs, se riant de ma lenteur à comprendre ce qu’il sait depuis déjà longtemps. Savoir que cela na pourra arriver me terrifie.

Sciemment ou non, je suis venu ici en quête de réponses. J’ignore si je pourrais découvrir de quoi il retourne en m’immisçant parmi les Rescapés du crash, mais je refuse de rester les bras croisés au Village alors qu’ils courent un aussi grand danger. Adélaïde n’a pas apprécié l’idée, détestant comme toujours quand les choses ne suivent pas ses plans, mais elle a fini par comprendre elles aussi que quelque chose de louche se cachait derrière ses Jeux et que nous ne serions pas trop de deux pour mener l’enquête.

Et, même à deux, nous ne parvenons pas à trouver quoi que ce soit. Discrètement, nous avons interrogé les passagers sur leur passé, persuadés que l’un d’eux était à la source du meurtre de Lula et d’Alyssia et que, en mettant la main dessus, nous serions en mesure de comprendre cette affaire. En deux jours, notre enquête n’a mené à rien. Nous n’avons pas l’ombre d’une piste, rien que nous ne pourrions tenter d’élucider d’une manière ou d’une autre. Plus le temps passe, plus je sens mes inquiétudes se transformer en peurs et en frustration de rien pouvoir faire. Chaque seconde, je redoute qu’Ethan ne revienne vers moi en courant pour m’annoncer qu’il a trouvé un nouveau corps dans la forêt, Autres ou pas. La question des différences entre nous et les Réfugiés ne se pose plus : nous sommes tous en danger. Une menace plane sur nous tous et, je ne parviendrais pas à fermer l’œil tant que je n’aurais pas trouvé ce qui en est la source.

Au bout de deux jours de calme relatif, sans l’ombre d’un nouveau mort à cacher à la communauté, je suis parti dans l’optique que, si l’enquête sur notre empoisonneur ne devait pas être abandonnée, il fallait que je prenne une journée pour envisager différemment les choses, esprit et tête reposés. Adélaïde s’est chargée des Autres pour la matinée afin de me laisser une nuit complète et, quand j’ouvre les yeux ce matin, je sens déjà les bienfaits que le sommeil m’a apporté. Si j’ai certes toujours envie de me ronger les ongles pour chacune des personnes que je croise sur ma route, j’ai les nerfs plus décontractés. Je ne tarderais pas à bientôt me faire un sang d’encre pour sûr, mais il faut que je profite d’avoir l’esprit encore vif et encore non obstrué de pensées noires pour réfléchir au mieux sur la situation actuelle et les raisons qui pourraient nous amener à en être arrivés là, nous et les naufragés.

Ma sérénité ne dura qu’une poignée de secondes. A peine le temps que je me redresse, m’habitue à la luminosité extérieure, redécouvre les visages des Rescapés qu’Adélaïde arrive vers moi, furibonde. A sa démarche et sa posture, je sais d’avance que l’on a un problème. Un grave problème.

-Ethan a buté une des Joueuses.

Je m’en étrangle presque. Je m’attendais à beaucoup de choses, mais pas à ça. Et comme Adélaïde ne sait pas faire dans la subtilité et va toujours droit au but avec moi, je me prends la nouvelle de plein fouet, elle ainsi que tout ce qu’elle implique. Pour quelle raison Ethan irait-il s’en prendre à un des Rescapés ? Je sais très bien que l’adolescent est impulsif et toujours sur le fil vis-à-vis de la violence, mais il comprend néanmoins les enjeux des Jeux et n’irait pas s’en prendre de manière aussi impromptue à un Autre. Et, si Adélaïde vient me retrouver ainsi, sans vraiment chercher à presser le pas, c’est que nous ne pouvons même pas cacher le corps, donc qu’il s’en également pris à elle en public. Du peu de ce que je sais de l’Irlandais, ça ne lui ressemble clairement pas d’agir ainsi, il a toujours préféré prendre le temps. Il me manque des éléments pour comprendre les actions d’Ethan, mais une chose est sûre : s’il a tué une des Joueuses en public, les Jeux sont fichus, et notre infiltration ne tardera pas à l’être non plus.

-Nous sommes…

-Découverts, oui, me coupe Adélaïde pour confirmer mes pensées. Une idée de ce qu’on fait ?

-Ce n’est pas moi l’expert des Jeux, tu sais bien que je ne viens jamais sur la plage, c’est à toi de prendre la décision.

-Tu me connais, je te connais, Esteban. Je n’ai jamais eu à faire face à ce problème, et tu sais bien comment je réagirais s’ils se mettaient à s’en prendre à nous. Alors ?


Elle marque un point. Je n’ai aucun doute qu’Adélaïde ne ferait aucun détour et ne chercherait pas à comprendre le pourquoi du comment si l’un des Rescapés la soupçonnait de quelque chose : elle agirait dans son intérêt et celui des Autres, tant pis s’il s’agit d’un Joueur ou non. A ses yeux, tant que l’on n’est pas parvenu à remporter sa partie, on ne fait pas encore parti de notre famille. Adélaïde sait que je pense différemment, et le simple fait qu’elle se préoccupe de mon opinion sur la situation est la raison même pour laquelle j’ai plus de considération pour elle que pour Ethan : Adélaïde ne fiche pas de la vie d’autrui comme lui, elle la laisse juste indifférente tant que leur vie ne vient pas empiéter sur la sienne. Si elle me demande quoi faire en cet instant, c’est qu’elle pense que je pourrais réellement prendre la bonne décision pour notre bien à tous, aux Autres et aux Rescapés ; malgré l’erreur d’Ethan, les Jeux peuvent et doivent continuer. Si nous employons la manière d’Adélaïde, nous savons tout deux que ça virera au carnage.

-Pour l’heure, continuons comme si de rien était, mêlons-nous à eux comme nous le faisions avant. Restons Penny et Juan tant que nous le pouvons encore. Préviens les Autres du plan, mais reste discrète, il ne faut plus que l’on se voie ensemble à partir de maintenant, nous sommes censés ne pas nous connaître, lui expliqué-je, sentant d’ores et déjà mon cœur s’emballer à l’idée de ce qu’il pourrait arriver si tout ne se passait pas comme prévu. Quant à moi, je vais voir ce que l’on peut faire pour le problème Ethan.

Adélaïde acquiesce et me quitte, partant sans doute à la recherche de Nasha ou Ifrit. De mon côté, je n’ai plus le temps de penser à reposer mon esprit, celui-ci est déjà bien assez échauffé par les événements. Il faut que comprenne pourquoi Ethan s’en est pris à une des Rescapés, qui plus est une des participantes ce qui devrait lui être strictement interdits. Mes nerfs sont de nouveau à vif et, si je le pouvais, je ne me refuserais clairement pas une cigarette. Malheureusement, nos stocks étant limités, je ne peux pas me permettre d’en fumer autant que je veux, d’autant plus que de nombreux enfants circulent dans le camp. Un des enfants courent d’ailleurs justement dans ma direction, et je redoute déjà les problèmes.

-Tata Sha a trouvé un arbre trop bien, il faut l’aider ! Venez vite !

Serait-ce enfin une bonne nouvelle ? J’ignore exactement de quoi il retourne, mais à voir l’excitation de la jeune fille, j’espère enfin du bon. Depuis que nous sommes arrivés, Shaé s’est avérée l’une des Rescapés les plus utiles à notre survie. Ses connaissances en biologie ont été d’un grand secours à Nasha et Kun pour aider les blessés, et je ne doute pas que l’arbre qu’elle a déniché pourra de nouveau leur servir. Qui plus est, avec les problèmes qui risquent de nous tomber dessus, toutes les ressources que nous pourrons trouver ne pourront que nous être utiles. Je trouverais un moyen de m’occuper du cas Ethan plus tard, pour l’heure, venir en aide aux blessés me semble plus important.

J’emboîte le pas à la petite fille de Shaé dont j’ignore le nom, incapable de m’y retrouver dans sa fratrie, et nous remontons tous deux le camp jusqu’à l’orée de la forêt. D’abord plongé dans l’incompréhension face à la petite fille qui me pointe leur abri improvisé, je parviens à distinguer dans les sous-bois leur mère, concentrée sur sa tâche.

-Que puis-je faire pour vous ? lui demandé-je en m’approchant.

Sans même un regard en arrière, elle m’explique ce qu’elle a trouvé et me liste ses (nombreuses) instructions. L’activité risque de nous prendre toute la matinée mais, au vu de la quantité d’écorce qu’à déjà récupéré Shaé, l’aspirine que nous pourrons en tirer pourra nous servir jusqu’à ce que les Jeux soient terminés.

-Je me charge de l’eau.

Je suis effectivement au courant de l’existence de la source d’eau non loin du saule, ce qui facilitera les recherches. Concentrée comme elle est sur sa tâche, Shaé ne se rendra probablement pas compte du peu de temps qu’il me faudra pour aller chercher sa précieuse bassine d’eau. Cela m’arrange d’autant plus de m’occuper de celle-ci que je me sais peu habile pour ce qui est d’allumer un feu. Ethan s’en chargerait sans problème, mais, au vu des récents événements, je préfère éviter de le laisser en possession de son élément favori, d’autant plus quand il y a des enfants à proximité.

Ni une, ni deux, je redescends vers la plage, en quête d’une précieuse bassine. Les récipients trouvés lors de notre exploration de la carcasse de l’avion ont tous été donné à l’infirmerie et aux cuisines quand ils n’étaient pas percés, et à ceux qui en avaient le plus besoin parmi les Rescapés pour le peu qu’il restait. Pour les autres, nous avons donc dû nous contenter des bouteilles récupérées dans les réfrigérateurs, dont moi. Je ne peux me permettre de me servir à l’infirmerie, alors j’opte pour une des « bassines » de notre cuisine, un morceau de métal un peu cabossé formant un creux pouvant accueillir un large volume d’eau : il devrait faire l’affaire.

Mon précieux récipient en main, je regagne l’abri de Shaé, toujours occupée par ses écorces. Ses petites piaillent tout autour d’elle, s’éveillant à leur tour, cherchant comment faire pour aider leur mère. Elles baignent toute pour l’heure dans une bulle protectrice, ignorant ce qui est arrivé plus haut sur la plage, trop heureuses de pouvoir rendre service ; je ne me vois pas ruiné leurs efforts en leur apportant la mauvaise nouvelle.

La source d’eau se trouve à quelques dizaines de mètres dans la forêt, cachée derrière d’épaisses feuilles tropicales. C’est l’une des plus faibles de l’île et nous ne nous en servons jamais, notamment parce que, après le petit étang qu’elle forme, elle s’écoule de manière souterraine jusqu’à la baie, inutilisable. L’eau est loin d’être la plus claire, mais je ne peux pas me permettre de partir la chercher à l’autre source d’eau douce, le voyage me prendrait trop de temps, et je serais sans doute contraint d’annoncer le meurtre qui vient de se produire à Shaé, ce que je refuse. On se débrouillera d’une manière ou d’une autre avec cette eau légèrement terreuse.

La bassine pleine, je peine à regagner la plage. Le morceau de métal manque plusieurs fois de me glisser des mains, humide et lourd, et je regrette presque d’avoir opté pour la livraison d’eau. Le retour est bien plus long que l’aller, veillant à chaque pas à garder un maximum de liquide au sein de mon seau improvisé.

-J’ai l’eau, déclaré-je en retrouvant la petite famille, déposant la bassine à mes pieds. Qu’est-ce que je peux faire pour t’aider maintenant ?
Springbloom

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♜ NASHA ♜ 30 ANS ♜ CUBAINE ♜ GARDIENNE DES ARMES ♜ ESCLAVE INDÉPENDANTISTE ♜ PACIFISTE BORNÉE ♜
A l'infirmerie du "camp" des réfugiés ♜ Avec Cathan Ruaidri (Eparm12)

Je sens le poids de mes cernes sous mes yeux, mes paupières lourdes d’avoir si peu dormi sur le sable. Mon lit me manque cruellement, mes années passées à dormir dans la terre sont si loin derrière moi que mon dos ne connait plus la douleur des courbatures d’une mauvaise position. Je n’ai néanmoins pas le droit de me plaindre de ma situation, ni même de geindre de mes muscles endoloris : on a besoin de moi au plus vite.

D’une main agile et habituée à ce geste, je fais passer mes cheveux épais dans l’élastique, resserrant mon chignon dont quelques mèches rebelles s’étaient échappées au cours de la nuit. Kun a décidé de s’occuper de notre infirmerie improvisée pendant la nuit, jugeant que j’avais besoin d’une véritable nuit après les deux presque nuits blanches que j’avais passées. Si le sommeil est venu rapidement m’emporter, ce n’est pas le cas de la fatigue qui reste présente. Peu importe ce qui pourrait advenir aujourd’hui, je n’aurais de toute façon pas le droit d’y céder. L’esprit embrumé, je soulève la bâche qui me sert de chambre et me dirige à grands pas vers notre hôpital improvisé.

Comme chaque fois que je franchis l’entrée, mon regard se voile. Nombreux sont les corps blessés et défigurés entassés là, allongés sur des lits improvisés avec les sièges que nous avons pu récupérer de la carcasse de l’avion. Et, parmi eux, nombreux sont ceux dont j’ai conscience qu’ils ne pourront jamais sortir d’ici autrement que dans nos bras à Kun et moi. Nous avons mobilisé toutes les ressources qui pourraient s’avérer utiles, mais, même avec nos compétences médicales cumulées, certains cas sont insolubles. Nous pouvons nettoyer les plaies, recoudre les blessures, placer des attelles en espérant que l’os finira tôt ou tard par se réparer, mais les rares médicaments que nous possédons ne peuvent rien contre les maladies qui se sont déclarées chez ceux pour qui nous avons perdu du temps avant de désinfecter les plaies et encore moins contre ceux qui ont reçu des traumatismes sévères. Nous faisons ce que nous pouvons pour les aider, et, même si je ne parviens pas à savoir s’il le pense lui aussi ou non, Kun et moi nous doutons que pour certains, l’effort est vain.

Mais, tout ce qui leur arrive aujourd’hui, tous ces visages tordus de douleur à cause d’un bras cassé, aux lèvres desséchées de ne point avoir d’eau, tous ces gens sont là parce que nous avons décidé d’organiser des Jeux. Et, parmi ces visages inconnus de l’infirmerie, je sais très bien que certains ne sont que des dommages collatéraux, des non-participants qui se sont malheureusement retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Ils ne font que subir ce qui leur arrive, incapable de comprendre les enjeux ou même d’y jouer un quelconque rôle. Tôt ou tard, ils mourront, n’ayant pas leur place ici. Parce que le Maître de l’Île a décidé que leur âme ne valait pas le coup pour les Jeux. Ils vont mourir et voir leur vie s’arrêter brusquement à cause du hasard, comme si leur vie ne valait rien. Insignifiante.

Malgré toute la bonté de son cœur, Esteban a fini par intérioriser ce fait. Pas moi. Nous en avons longuement parlé hier avant que nous ne partions mutuellement nous coucher, comme quoi mes efforts pour apaiser les souffrances des passagers étaient louables mais qu’ils étaient d’ores et déjà condamnés. Les aider à passer de vie à trépas en douceur étaient un très beau geste, mais il ne fallait pas que je prenne sur ma santé en espérant qu’ils puissent un jour être sur pied et quitter l’île pour retourner à leur vie. Je sais que je devrais accepter ce fait, qu’il a raison et que ce n’est pas parce que, pour une fois que je participe aux Jeux, l’histoire sera différente, mais je ne parviens pas à m’y résigner. Ils doivent vivre. D’une manière ou d’une autre, ils doivent vivre.

Quand je les vois ainsi, affaiblis par leurs douleurs physiques et sans doute toutes celles psychologiques qu’ils s’infligent, je ne parviens pas à rester de marbre. Mon cœur s’emporte, veut aller untel et untel dans la même seconde, veut donner à chacun l’attention qu’il mérite. Parce que la vérité est là. Peu importe qu’ils soient condamnés à mourir à cause du hasard, à cause de nous, à cause de leurs blessures, ils méritent que l’on prenne soin d’eux jusqu’au bout, que quelqu’un reste à leur chevet afin qu’ils sachent qu’ils ne sont pas seuls. Comme Esperanza.

Jusqu’à la dernière seconde de sa vie, jusqu’à ce que je sente la dernière pulsion de sang dans ses doigts, jusqu’à son dernier battement de paupières, cela aura été ma plus grande angoisse : qu’Esperanza se soit sentie seule à l’heure de sa mort. Ou pis, qu’elle se sente coupable ou éprouve un quelconque regret à me laisser seule derrière elle. Parce que si quelqu’un se sent coupable dans cette histoire, c’est bien moi. C’est moi qui aie décidé de faire confiance au Maître il y a un siècle de cela, qui a permis à Cuba de recouvrer son indépendance. Mais nous avons toutes les deux dû quitter toute la vie que nous y avions pour cela. Esperanza n’a jamais semblé réellement triste d’avoir perdu cette part de sa vie mais, alors que sa main quittait la sienne, c’était la seule question que je me posais : est-ce qu’elle regrette maintenant ? Aurions-nous dû mourir il y a cent ans sur cette place de l’est de Cuba, le cœur plein d’espoirs pour l’avenir de notre nation, réduits en poussière par les fusils des Espagnols conservatistes ? Aurait-elle préféré mourir ainsi, entouré de ce peuple révolutionnaire aux abois, heureux dans la défaite comme dans la victoire, plutôt que dans une île isolée du reste du monde ?

Je n’en aurais jamais les réponses n’ayant tout simplement jamais eu le courage de lui poser la question. Alitée comme elle l’était, quel genre d’amie aurais-je été à lui rappeler la décision la plus cruciale de sa vie et à potentiellement lui ramener de mauvais souvenirs ? Non, je voulais la voir partir le sourire aux lèvres, et il en va de même pour tout ce qui se trouve ici. Je ne connais pas leur vie et ne pas le deviner sur leur visage, mais je sais a minima qu’ils ont tous une raison ou une autre de pouvoir partir l’esprit léger et tranquille et, si je peux aider à leur retirer un poids, je le ferais.

Nos seaux d’eau sont complètement vides et nous ne tarderons pas à en avoir de nouveau besoin. Kun est trop occupé dans son coin pour s’en charger et je ne peux pas me permettre d’attendre que les réfugiés ne se réveillent si jamais nous avons une urgence. Je vais devoir m’en charger moi-même, j’espère qu’il ne se passera rien de grave en mon absence.
Les bassines en main, je m’élance dehors, sans même faire attention à mes cheveux qui me retombent dans la figure : chaque minute compte. Je m’estime néanmoins heureuse de croiser assez rapidement Ethan sur le chemin. Il semble assez rapidement comprendre que j’ai besoin de son aide et, même si son regard en dit long sur ce qu’il pense, il accepte de me décharger : je peux retourner sereinement au travail.

Ma sérénité est néanmoins assez rapidement interrompue quand Adélaïde passe les portes de l’hôpital, le regard tout sauf calme. Elle semble avoir abandonnée sa couverture et ne pas s’en soucier, ce qui en dit long sur ce qui a bien pu se passer. Alors que je m’apprête à faire un pas, c’est vers Kun qu’elle se tourne, lui annonçant qu’il y a un problème sur la plage avec son frère. Quand bien même je le voudrais, la Seconde des Autres me fait rapidement savoir que je ferais mieux de rester ici.

Plongée dans l’incompréhension de la scène, il me faut un moment avant de me remettre au travail. Je passe de « lit » en « lit », vérifiant ce que je peux vérifier de l’avancée des blessures de chacun des blessés. Je refais un bandage à gauche, redonne de l’aspirine à celui qui vient de s’éveiller à droite. Le temps s’écoule sans que je n’aie aucune nouvelle d’Adélaïde ou de Kun et, plus étrange encore, aucune d’Ethan. Je sais bien qu’il n’est pas du genre très partant pour tout ce qui est activité en communauté, mais il aura déjà dû revenir depuis longtemps avec les bassines pleines, si une plaie se rouvre j’en aurais besoin….

- Nous ne sommes pas seuls sur l'Île ! Nous ne sommes pas seuls sur l'Île !

J’en manquerais presque de faire tomber le vase que je ne tiens pas dans les mains tant mon corps se raidit à ces mots. Un frisson parcourt mon échine et mes yeux s’écarquillent, en proie à la panique. Nous sommes découverts. Nous sommes découverts. Les Rescapés viennent de découvrir notre existence et, bientôt, ils ne tarderont pas à faire tomber nos couvertures. Mon corps en proie à la panique, je n’ose faire un pied dehors, de crainte de ce que je pourrais y trouver. Des centaines d’images me passent par la tête, des centaines de futurs différents, tous plus horribles les uns que les autres. Une chose est certaine dans chacun d’entre eux : l’infirmerie ne sera jamais assez grande pour accueillir tous les futurs blessés. Peu importe le camp, rien ne pourra bien se passer, jamais. Nous ne parviendrons jamais à faire autre chose que chercher à nous entre tuer, et les Autres auront nécessairement le dessus. Le désastre qui s’étale actuellement sous mes yeux dans l’infirmerie ne sera rien à côté du massacre si jamais les Rescapés tentaient d’atteindre le village des Autres.

- Nasha !

La voix d’Adélaïde vient me sortir de mes pensées et je me retourne pour lui faire face. Je vois au regard qu’elle me lance qu’elle a des dizaines de choses à me dire, la première étant certainement à quel point elle déteste le fait que je n’ai pas respecté ma couverture dès le premier jour en révélant mon véritable nom à tous plutôt que de respecter celui improvisé. Il y a quelque chose de plus grave également, de bien plus grave, qui ne peut pas ne pas être lié à ce que notre pilote vient de crier à travers tout le village : l’heure est grave.

Je n’ai néanmoins pas le temps de la rejoindre au-dehors de l’infirmerie pour savoir de quoi il s’agit exactement et avoir le contexte des événements : Kun revient, les bras chargés de son frère jumeau. Celui-ci ne bouge pas, inerte, une plaie au front. Il semble avoir été assommé avec un objet contondant, mais je m’en préoccuperais plus tard. Pour l’heure, il faut lui trouver une place sur les lits, malheureusement tous complets.

Devançant Kun, je parviens à libérer un espace au bout de la bâche recouvrant l’infirmerie et j’y dépose ce qui pourrait s’apparenter à une couverture déchirée. Ce n’est pas du luxe mais, au moins, le frère de Kun n’aura pas la tête dans le sable pendant que nous nous occupons de lui.

- Qu’est-ce qui lui est arrivé ?

Ma voix me surprend moi-même, tant elle est tremblante. La panique s’est emparée de mon esprit suite à l’annonce du pilote, et, inconsciemment, l’adrénaline s’est frayée un chemin dans toutes les parcelles de mon corps. Je ne parviens plus à contrôler pleinement mon cerveau, mes muscles sont tendus, mon souffle court, les battements de mon cœur s’accélère. Je redoute le pire, et, dès que j’essaie de penser à autre choses, les pensées empirent. Et si l’état de Cathal était dû aux Autres ?
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♝ ETHAN HAWKING ♝ 16 ANS ♝ IRLANDAIS ♝ ÉCLAIREUR DES AUTRES ♝ MISANTHROPE PYROMANE
Sud de l'île, plage est, bordure de forêt ♝ Avec Envy (Naji2807)


J'écume de rage. J'ai beau avoir sauvé la vie des Autres, la mienne et également celles des Rescapés au passage, je n'ai eu le droit qu'à un froncement de sourcil désobligeant de la part d'Adélaïde. A l'instant même où elle a vu le corps étendu d'Elana, elle a su que je serais la source de tous les problèmes de ces Jeux et a amèrement regretté sa décision d'avoir accepté que je les rejoigne. Le peu d'estime qu'elle avait pour moi s'est envolé et, sans même qu'elle n'ait eu besoin de dire un mot, je l'ai compris. J'aimerais croire que ce n'est que sur un coup de colère, mais j'en doute fort : au ton qu'elle a employé quand elle est partie à la recherche d'Esteban, je sais que sa rancune contre moi ne se taira pas de sitôt.

Je devrais au moins me réjouir d'avoir enfin pu tuer un des participants, d'avoir enfin pu taire cette frustration. Mais je ne ressens toujours aucune réjouissance, aucune allégresse face au corps étendu à mes pieds, dont le sang commence à couler jusqu'à mes chaussures. A vrai dire, c'est même plutôt une profonde lassitude que j'éprouve à l'heure actuelle. Sauver la vie de l'autre gars, je m'en fichais pas mal, c'était ma peau que je voulais sauver, et Elena avait clairement l'air de se dire qu'elle ne tarderait pas à s'en prendre à moi. Tout le monde sait désormais que j'ai piqué un couteau de lancer dans la réserve aux armes qu'est censée garder Nasha. Poignarder quelqu'un n'est pas aussi long et appréciable que de voir quelqu'un lentement se faire brûler, souffrir un peu plus à chaque centimètre de chair carbonisée. Elena est morte en quelques secondes sous mes yeux, et je n'ai pu profiter d'aucun spectacle. Qui plus est, je sens que je vais bientôt me retrouver à devoir de nouveau creuser une tombe, ce qui ne me mets absolument pas en joie.

Je le savais. Je savais pertinemment que nous n'aurions pas dû enterrer Alyssia et Lula dans la forêt. Tôt ou tard, quelqu'un de ces Jeux là ou des suivants les auraient déterrés et nous aurions eu des problèmes. Nous avons tenus deux jours. Deux jours de tranquillité pendant lesquels personne ne s'est posé aucune question. Nous les aurions brûlé, ils auraient continué à ne pas se poser de question, et tout serait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. J'aurais enfin pu me servir de mes précieuses allumettes, Elena ne serait probablement pas morte et Jordy n'aurait pas répandu la panique dans tout le camp. Sauf que non, il aura fallu que je me mette le dos deux fois dans la même journée à creuser dans du fichu sable, à suer à grosses gouttes parce que personne ne m'écoute jamais, quand bien même j'ai raison. Ca me fout en rogne. D'autant plus que, maintenant, ils voudront encore moins m'écouter, alors que je n'ai fait que me montrer utile et serviable depuis le début, des Jeux, ce qui n'est clairement pas dans mes habitudes.

Je lance des regards à gauche et à droite. Maintenant qu'Adélaïde est partie retrouver Esteban, et que le médecin est parti avec son frère assommé, je suis tout seul avec un cadavre. Avec la poisse que j'ai, si je reste ici, un Autre reviendra tôt ou tard et je serais bon pour creuser une nouvelle tombe. Comme si elle pouvait avoir une quelconque utilité ! Tout le monde est au courant qu'elle est morte, je ne vois même pas pourquoi on s'efforcerait à essayer de le cacher alors que tous les Rescapés savent. Et il est hors de question que je m'esquinte une fois de plus le dos, je jure que la prochaine fois que je me retrouve avec une pelle entre les mains, c'est pour fendre en deux le crâne de celui qui me l'a filé.

Je me redresse, époussetant le sable sur mon treillis. En un habile saut, j'évite la trace de sang qui se répand sur la plage et atteint le corps d'Elena, allongée sur le ventre, immobile. Avec un bruit peu agréable, je retire la lame de son dos, ce qui fait jaillir une nouvelle source de sang. Berk. Je déteste vraiment cette substance immonde. Tenant la lame rougeâtre par le bout du manche, je gagne rapidement la plage, et je plonge le couteau sans pression dans l'eau. Une marée rouge s'en va vers le large, disparaissant rapidement dans l'écume. Je n'ose même pas frotter la lame pour laisser partir les marques restantes. Le corps humain peut vraiment être immonde quand il le veut. Dégoûté par la vision de ma lame, je l'enroule dans un mouchoir avant de la glisser dans ma chaussure gauche, à son emplacement initial. Techniquement, si tout le monde est au courant de son existence, je n'ai plus besoin de telles précautions et je pourrais simplement la porter à ma ceinture, mais on n'est jamais trop prudents, je préfère rester sur mes gardes.

Que faire maintenant ? Si je gagne le village, on me cherchera encore des noises, et je ne pourrais pas de nouveau supporter des remarques venant de qui que ce soit. Je n'ai aucune envie d'avoir à subir des reproches quelqu'un, ou mes nerfs feront rapidement en sorte que ma lame soit de nouveau tachée de sang : j'ai déjà gâché un mouchoir, si je pouvais éviter un deuxième, ça m'arrangerait. Je ne peux pas gagner le camp des réfugiés, pas plus que le village des Autres : la seule option que je vois, c'est de partir déambuler tranquille quelques jours. Je pensais que les Jeux me détendraient, j'avais tort.

Une jeune femme approximativement aussi âgée qu'Adélaïde surgit dans mon champ de vision. Ses yeux me lancent un regard pathétique, son sourire me donne envie de gerber et se battements de cils me laissent indifférents. Je suis censé réagir comment à ce visage ? Parce que je crois bien que je ne comprends pas ce que je suis censé y voir. En revanche, je sais très bien ce que j'ai envie de lui répondre.

- Non. Démerde-toi toute seule.

Jouer un rôle, très peu pour moi. Il est trop tard pour ça, notre couverture a sauté, Adélaïde l'a dit. Je peux tranquillement abandonner mon rôle ridicule et redevenir le véritable Ethan et, bon dieu, qu'est-ce que ça fait du bien de plus avoir à mentir. Le personnage que l'on m'avait créé allait tellement à l'encontre de ma personnalité, chaque faux sourire était une torture. Là, pouvoir enfin me moquer des services que l'on me demande, un rictus sur le visage, c'est un soulagement.
naji2807

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 -Nuit]

Message par naji2807 »

Envy Maddison
27 ans, Née le 31 Octobre, 1m62
PJ, Jalousie pathologique, Encore en couple avec Liam

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Je commence à en avoir assez, plus qu'assez même, j'en ai par dessus la tête. Et tout ça c'est de la faute de Liam. Pourquoi il a fallu qu'il parte en voyage d'affaire? A cause de lui, j'ai été obligée de monter dans cette avion, et maintenant voilà le résultat, je me retrouve sur une île, paumée avec tout un tas d'abrutis et Liam est devenu une sorte de larve incapable de s'occuper de moi! Je suis sûre qu'en plus, quand j'ai le dos tourné, comme maintenant, il en profite pour aller draguer d'autres filles ou je ne sais quoi. Si ça se trouve, il fait exprès de jouer les mecs perdus devant moi pour pouvoir se débarrasser de moi au plus vite... Le vicieux! J'aurai presque envie de faire demi-tour, mais d'un autre côté, il commence à me sortir par les yeux lui aussi, et si il veut s'amuser avec moi alors il est mal parti, je vais le quitter, ici et sur cette île. J'ai besoin d'un homme, un vrai, par d'une pleurnicheuse paumée. Il n'est pas venu m'aider quand je le lui ai demandé. Il croit peut être que je vais porter du bois toute seule? Déjà que mes ongles sont dans un état lamentable, si je m'en casse un, je crois bien que je pique la pire crise de colère de ma vie.
Je veux du bois pour faire un radeau. Oui je compte bien me barrer d'ici, et pas attendre la mort ou je ne sais quoi avec ces idiots qui pensent qu'on va venir nous secourir. Dans plusieurs mois peut être, mais mon corps magnifique n'est pas fait pour rester sur une île déserte. Comment je vais faire, sans coiffeur, sans esthéticienne, sans même de quoi laver mes vêtements! Je partirai à la nage si il le faut, je m'en fous, je suis une bonne nageuse, je finirai bien par tomber sur un bateau! Mais bon à choisir, je préfère me construire un radeau, ce sera quand même bien plus pratique.
Je repère un jeune garçon qui sort de la forêt et lui fais mon plus beau sourire pour qu'il accepte de m'aider, lui au moins... Mais je ne m'attendais sûrement pas à cette réponse. Mon visage se décompose, mes yeux se plissent et la colère vient prendre la place sur le reste. Il plaisante là? Je fais l'effort de lui faire mes plus beaux yeux doux et lui il me répond ça! Terminé le masque de la gentille Envy, et je ne le laisserai pas partir comme ça non plus!
- Pardon?! j'éructe presque. Tu ne connais pas la galanterie? Le savoir vivre se perd vraiment! je m'indigne en croisant les bras.
Puis je tape du pied, je me sens vexée et agacée au possible.
- Et je peux savoir ce que tu as de mieux à faire exactement?
Springbloom

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par Springbloom »

Bonjour, bonsoir à tous !

Nous sommes le 31 et j'ai enfin reçu toutes les informations pour la troisième Nuit ^^ J'ai malheureusement à faire sur mon autre RPG et je ne peux pas commencer la rédaction du RP' de Nuit immédiatement, mais sachez que je m'y mettrais le plus vite possible. En attendant, n'hésitez pas à RP' un peu ;)
Elsa-Vercellino

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 2 - Jour]

Message par Elsa-Vercellino »

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• AMELIA RIVERA •
EN VIE | apenas | 18 ANS | with Shaé (Xaïl), Esteban (Morgane)

Deux jours. Deux nuits. Beau temps, une rivière pas très loin sous le couvert des arbres, des survivants motivés pour s'organiser et survivre jusqu'à l'arrivée des secours. C'est ce que me raconte Santiago, le second jour, à l'abri - de la plupart - des regards sous le couvert de la tente qui sert "d'infirmerie". Franchement, juste un enclos à mourants, si vous voulez mon avis. Claro, il y a quelques autres exceptions comme moi, légèrement ou gravement blessées... mais qui s'en sortiront, éventuellement. C'est ce que nous sommes : des exceptions. Le reste, ce sont des anonymes qui râlent, qui souffrent (plus que moi, en tous les cas), qui puent avec des infections plus immondes les unes que les autres, qui se plaignent (à raison), qui hallucinent parfois au beau milieu de la nuit, qui meurent. Malgré les encouragements naïfs de quelques bons samaritains qui se la jouent docteurs à la Koh Lanta, j'ai pu voir l'espoir ou tout simplement, la volonté de vivre s'éteindre dans les yeux d'un bon nombre de patients. C'est vraiment glauque, comme vision. C'est macabre - pas morbide, me rappelais-je en un flash, le premier évoque la mort, le second la maladie. C'est maintenant certain, ce sont mes maigres souvenirs de cours de français qui me sauveront de la folie, là, sous la tente médicale. Ça, et les exercices de respiration de Billie pour éviter de succomber à la panique, lorsque la migraine ou les odeurs de mort devenaient trop fortes. Je n'étais pas la meilleure élève, mais je faisais de mon mieux.

Je crois que Santiago a eu franchement pitié de moi - ou peut-être avait-il peur que je choppe l'une des infections qui fleurissaient sous la tente comme des champignons recouvrent les parterres d'une forêt - car il avait quitté l'infirmerie, pour revenir aussitôt avec Billie et deux autres inconnus (encore une paire de "bons samaritains", je parie) à sa suite. A quatre, ils avaient réussi à me sortir de la tente sans trop de problème. C'était vraiment ridicule. Moi qui était habituée à l'engouement de la foule durant les matchs de foot, aux applaudissements de milliers de personnes dès que nous réalisions la moindre action vers les buts, aux félicitations pour chaque match gagné, chaque ballon tiré, chaque passe réussie - disons que ce petit trajet de la tente médicale à la "tente" (si l'on pouvait appeler ça une tente) que partageaient maintenant mon frère et Billie fut un moment peu glorieux de mon existence. Enfin... au moins, j'étais sortie des enfers de l'infirmerie. Notre abri se trouvait également à la limite du camp central (ce que je définissait comme le camp central, ce n'est pas comme si j'avais eu le loisir de visiter depuis le crash de l'avion), ce qui avait l'avantage de m'éloigner des bruits de la.. vie (oui, je n'ai pas d'autres mots), qui se révèlent assez vite très inconvénients lorsque l'on souffre - probablement - d'une légère commotion cérébrale.

Oui, vraiment, être en bordure du camp était un bon plan pour profiter du silence et se rep -


« Tata Sha a trouvé un arbre trop bien, il faut l'aider ! »

Correction - se faire vriller le cerveau par la voix criarde d'une petite fille qui n'avait certainement pas nécessairement besoin de crier, puisque je suis littéralement à deux pas de sa personne (et donc, de ses poumons puissants). Depuis quand les enfants survivent aux crashs d'avion, déjà ?

« Cállate, idiota ! » s'exclama Santiago en me fichant une claque à l'arrière du crâne - apparemment, j'avais exprimé cette dernière pensée à voix haute.

« AOUCH !! » m'exclamais-je, à bout de souffle à cause de la frayeur, en le repoussant violemment. « Mais ça va pas !!? Qu'est-ce que tu comprends pas dans "commotion cérébrale" ?! Au cas où c'est pas encore très clair, toi. pas. toucher. à. mon. putain. de. cerveau ! »

« Et toi va aider maman aux enfants, car toi pas en foutre une depuis ton arrivée sur l'île. » répondit-il avec une voix chantante, un petit sourire narquois sur les lèvres qui me donnait envie de lui envoyer un coup de poing dans la figure.

Sur ces sages paroles, il ouvrit la toile qui permettait un semblant d'intimité en grand, laissant les rayons du soleil - qui était déjà haut dans le ciel, malgré l'heure matinale. Éblouie pendant un instant, je ne pus que mettre mon bras devant mes yeux en guise de barrage, alors que mon frère me re-posait les mêmes questions en boucle. C'est quoi ton nom ? Tu as quel âge ? Qui suis-je (le plus gros chieur de la planète, sans aucun doute) ? Pourquoi étais-tu dans l'avion au moment du crash ? Où es-tu née ? Quelle est la date du jour ? Combien j'ai de doigts ? et ainsi de suite, jusqu'à ce que je sois suffisamment lassée pour déguerpir de mon plein gré de la tente. Tsss, je sais que ces questions basiques sont un passage nécessaire pour traquer l'évolution de ma commotion (je trouvais les questions débiles, l'exercice une perte de temps, mais j'avais aussi entendu Billie sangloter l'autre nuit, alors qu'elle me veillait à l'infirmerie tout en suppliant je ne sais quel dieu pour que ma blessure guérisse sans séquelle... depuis, je faisais les exercices sans broncher). Il me fallut quelques minutes pour me situer, et surtout pour marcher correctement - il faut un peu de temps, après avoir passé deux jours et deux nuits allongée - avant que je ne retrouve la Maman. Je ne connaissais absolument pas son nom - à vrai dire, je ne connaissais les noms que de Santiago et de Billie pour le moment, le reste s'était évaporé de ma mémoire - mais je savais qu'elle avait probablement tous les gosses survivants du crash à sa charge, de facto la Maman. D'après Billie, elle essayait de concocter des médicaments à l'aide des plantes de l'île. Pourquoi pas, avais-je pensé, si on pouvait m'apporter trois doses d'aspirine en plus pour éviter les migraines avant de dormir, ça m'arrangerait. C'est donc avec un intérêt pas totalement innocent que je retrouvais la Maman et ses rejetons, qui était occupée à gratter l'écorce de l'arbre juste au-dessus de sa tente.

Récupérer de l'eau, c'était la mission du grand dadais aux airs taciturnes. Raviver le feu, c'était dans mes cordes. Bien sûr, j'étais bien incapable d'allumer un feu par moi-même, mais le "raviver" signifiait bien qu'il n'était pas encore éteint, pas vrai ? Je ramassais deux trois brindilles, les balançant sans vraiment faire attention dans le foyer, les flammes presque mortes se jetant avec voracité sur cette maigre portion de nourriture, avant de commencer ma marche à l'orée de la forêt d'un pas lent - mais assuré. Un simple coup à la tête ne m'empêcherait pas de ramasser quelques branches de bois, pas vrai ? Et puis, le bois n'était pas forcément la matière la plus facile à brûler. Peut-être que de l'herbe, ou de large feuilles seraient plus inflammables, sur le long terme ? J'étais à peine aller à l'école, et j'avais fait de mon talent pour le foot une carrière internationale. Le camping (sauf dans les rues sombres de Mexico City, durant la période la plus sombre de notre vie, à Santiago et à moi), le scoutisme, tout ces trucs, ce n'était pas ma tasse de thé. Devant moi, se profilait le cadavre d'un petit palmier complètement desséché par le soleil et par le sel de la mer, ses longues feuilles devenues presque jaunes et son bois presque blanc. Du bois sec et éclaté, et des feuilles aussi craquantes que du papier. Sous un certain angle, on aurait presque dit que le pauvre arbre avait été déchiqueté par une meute de loups ou d'ours enragés. Ça devrait faire l'affaire, non ?

Après moult efforts, je me retrouvais à côté du feu de camp, traînant le corps asséché du palmier derrière moi dans le sable. Je le laissais tombé sans cérémonie, les épaules basses et la respiration un peu courte après ce travail éreintant. Décidément, il ne m'avait pas fallu longtemps pour perdre l'énergie de ce corps supposément d'athlète !


« Voilà pour le bois, est-ce que ça suffira ?! » je demandais à notre nouvelle leader, avec un soupçon d'irritation dans la voix - plutôt dirigé vers ma propre personne, vers mon incapacité à faire moins d'un quart d'heure d'exercice sans me sentir comme le plus faiblard des êtres humains.

Dans la tente de la Maman, un petit bébé était en train de blablater gentiment, faisant gesticuler ses petits bras à droite et à gauche sans objectif précis (ou du moins, pas un objectif que je pouvais comprendre en regardant la scène). Ses petits gazouillis étaient légers, créant une petite mélodie au milieu des activités de ce début de matinée dans le camp des survivants du crash, une mélodie sur laquelle je me focalisais aussitôt. Ça faisait du bien, de se focaliser sur un seul élément.

Pour la première fois depuis le crash, j'arrivais à respirer.


@Xaïl & Morgane : sorry pour le retard, mon été a été largement plus chargé que je ne le croyais. J'aime beaucoup tes personnages, Xaïl, ça donnera vraiment une fraîcheur à l'histoire et aux RPs d'avoir cette petite bande de bambins sur l'île. Dites-moi, si jamais il y a des incohérences ou des erreurs dans le RP, je corrigerai ! (aa)

@Lumione : je n'ai pas oublié notre RP, j'essaie de le faire rapidement !
Elsa-Vercellino

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par Elsa-Vercellino »

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• BILLIE MENDEZ •
EN VIE | barely | 17 ANS | with Anaïs (Lumione)

Comme le reste des rescapés de l'île, je n'avais pas pu sauver mes affaires personnelles. Ce n'est pas comme si j'en possédais énormément en premier lieu (j'avais toujours été partisane du "voyagez léger", contrairement à Santiago qui semblait toujours trouver de nouveaux jeans, t-shirts, vestes, chaussures et autres vêtements à fourrer dans ses valises), mais je réussissais malgré tout à glisser le nécessaire, le plus important, l'essentiel dans ma petite valise-cabine et mon sac à dos. Mon sac à dos était sorti de l'avion en même temps que moi - son contenu complètement trempé par l'eau salé, mais toujours intact. La valise, en revanche, devait reposée sur le plancher marin - à une centaine de mètres du rivage où nous nous trouvions. Sa perte ne m'avait pas ennuyé plus que cela : on commence à relativiser pas mal, quand on se retrouve à vivre sur une île déserte au milieu du Pacifique (ou était-ce l'Atlantique ? je dormais à points fermés lorsque le crash avait eu lieu). Non, jusqu'à présent, j'avais eu d'autres choses à penser, d'autres priorités. Construire une sorte d'abri en lisière du camp, pour y installer Amelia qui récupérait encore des blessures qu'elle avait reçu lors du crash. Récolter de l'eau potable (ou du moins, suffisamment propre pour ne pas tomber malade en l'ingérant). Rencontrer les autres survivants, tenter de maintenir un esprit optimiste au lieu de nourrir les conflits (qui étaient inévitables malgré tout, avec la situation si extraordinaire que nous étions en train de vivre), vérifier si le traumatisme crânien qu'Amelia avait subi n'empirait pas au fil des jours...

Oui, j'avais définitivement d'autres choses à faire, ou à penser. Il était seulement 10H du matin - je le savais grâce à la montre que mon père m'avait offert lorsque j'avais rejoint l'équipe féminine de Mexico City, une bonne vieille montre à rouages qui ne demandait qu'à être réglée correctement pour fonctionner, et apparemment, résistait plutôt bien à l'eau salée - et j'avais déjà passé plusieurs heures à creuser des tombes à la main, en compagnie de trois ou quatre autres rescapés qui n'étaient pas d'humeur à la conversation. Nous avions sélectionné un site pour les tombes, à une centaine de mètres du camp de "vie". Il était important de ne pas placer les morts trop près des vivants, pour éviter les possibles contaminations en cas de développement de maladies dans les cadavres. En deux jours, on passe d'un simple voyage en avion autour du monde, en compagnie d'inconnus que l'on ne reverra probablement jamais une fois l'avion arrivé à destination à une équipe de survie qui doit - entre autre - enterrer les passagers décédés pour éviter la propagation de maladies dans le camp. Différentes priorités, hein ? Et pourtant, malgré tout ça, je n'avais pas encore flanché. Pas une seule fois : je n'avais pas le temps ou l'énergie de flancher, j'avais d'autres choses à faire ou à penser.


« Billie ! Tu avais oublié ton sac dans la tente médical. » un de mes compagnons de tombe me rejoint en courant au bord de la mer, déposant mon sac dans le sable avec un air hésitant, avant de repartir dans l'autre sens aussitôt - j'avais quelque chose sur le visage pour le faire fuir comme ça ? enfin, la solitude était plutôt bienvenue, et je ne tentais pas de le retenir.

Je regarde le sac à dos, qui a maintenant des traces blanches à cause du sel séché. Le rouge de son tissu, qui est normalement bordeaux, change peu à peu, devant plus fade à l'usage. Je renverse le contenu du sac sur le sable : les restes d'une vie passée s'étalent devant moi. Ce n'est pas grand-chose. Un vieux MP3 qui doit dater de 2010, que je garde sur moi sans jamais vraiment l'utiliser. Un vêtement de pluie - hum, ça pourrait être utile dans le futur. Une gourde, avec un fond d'eau potable. Un couteau suisse. Un paquet de mouchoir mouillé, puis séché. Un carnet, à moitié rempli par des notes, complètement illisibles maintenant que l'encre de chaque page a bavé sur la suivante. Un paquet de Gummy Bears, à moitié entamé - je réserve les oursons jaunes pour Amelia, les oursons rouges pour Santiago. Mon passeport. Et enfin, une photo de notre équipe, titulaires comme remplaçantes, avec les coachs et l'entraîneur. La photo est en bon état, donnant la situation, même si des plis blancs fissurent la photo et de petites déchirures se forment dans le coin gauche.

Et je ne sais pas vraiment ce qui le provoque, si c'est le calme relatif des vagues qui s'écrasent sur la plage, si c'est la solitude - à une cinquantaine de mètres du camp, loin des gémissements des malades, de l'organisation pour aller chercher de l'eau, du bois, de la nourriture - si ce sont mes maigres affaires étalées sur le sable, si c'est la fatigue de ces derniers jours, ou si c'est la photo abimée de notre équipe et le futur qui semble maintenant hors de portée, mais je sens une sorte de boule d'angoisse et de tristesse remonter à l'intérieur. D'abord dans le ventre, puis dans la gorge, avant qu'elle n'atteigne ma bouche. Je suis surprise lorsqu'un sanglot s'échappe d'entre mes lèvres, encore plus lorsque je remarque des larmes coulant le long de mes joues. Est-ce que je pleurais depuis longtemps déjà ? Aucune idée. De l'eau salée - encore de l'eau salée, on n'avait plus que ça, sur cette île - tombait de mes yeux à la photo, et j'essuyais maladroitement le papier avec mes manches. Hors de question de l'endommager plus qu'elle ne l'était déjà. Une fois la photo préservée, je tentais de me calmer, sans succès.

Toutes les émotions ravalées dans un coin de mon esprit depuis le crash avaient enfin trouvé un moyen de s'exprimer, de sortir de la prison dans laquelle elles étaient jusqu'alors enfermées, et j'abandonnais finalement l'idée de réprimer mes pleurs. Personne n'était aux alentours, et who knows quand l'occasion de montrer mes faiblesses se présenterait ?


@Lumione : voilà le premier message de Billie ! J'ai mis pas mal de temps à l'écrire (j'avais ma rentrée et j'ai déménagé à Lyon, BREF c'était galère de trouver le temps d'écrire), et c'est un peu triste, mais je pense que c'est plutôt réaliste dans le contexte du RP. (aa) Voilà, j'espère que ça te plaira (et no pressure pour répondre, prends ton temps! :p)
Lumione

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par Lumione »

@Elsa-Vercellino: t'inquiète pas pour le retard, j'ai du mal à écrire aussi ces temps-ci. Par contre elle est où exactement Billie ?
Elsa-Vercellino

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par Elsa-Vercellino »

@Lumione : elle est au bord de la mer, sur la plage, à une centaine de mètres du camp je dirai. Elle cherchait un endroit tranquille pour s'isoler un peu, prendre le temps de réfléchir toussa toussa. (aa)
Lumione

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par Lumione »

Anaïs Douglas - 13 ans - en deuil de son père
avec Billie (Elsa-Vercellino)


J'ai passé beaucoup de temps sur la tombe de mon père alors j'ai besoin de m'éclaircir un peu les idées. Je me dirige vers un coin isolé de la plage quand je vois que quelqu'un a déjà eu la même idée que moi. Une jeune fille un peu plus âgée que moi se tient debout sur la plage, dans une sorte de renfoncement qui fait qu'on ne la voyait pas plutôt. Elle tient une photo dans sa main et j'ai l'impression qu'elle pleure. Je n'ai pas envie de la déranger mais en même temps j'ai désespérément besoin de réconfort.

Voir ses larmes me ramène à ma propre tristesse et je sens déjà mes yeux me piquer de nouveaux. Je me laisse tomber par terre sur le sable avec un bruit sourd. J'étais partie pour m'éclaircir les idées mais finalement je suis revenue à la case départ avec un torrent de larmes dévalant mes joues silencieusement. Ma tristesse se transforme lentement en rage contre l'avion, contre le monde, contre moi-même. Je prends une poignée de sable et je la jette au loin en hurlant. Cela ne calme pas ma colère mais d'un coup j'ai l'impression qu'un poids s'abat sur mes épaules et je me rends compte que je ne sais plus à quand remonte la dernière fois que j'ai dormi. Je lutte contre le sommeil car je n'ai pas envie de m'endormir sur une plage où personne ne peut me voir.
Tiine

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par Tiine »

◊ Sacha Harlett ◊
8 ans
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Avec Shaé (Xaïl) et ses filles, Esteban (Morgane_Chase) et Amelia (Elsa)


Après notre aventure sur le rocher et pour revenir sur la plage avec le grand monsieur, Shaé, les filles et le bébé, le temps est passé très vite. Rapidement, tous le monde s’est rassemblé et organisé pour établir un camp. Une femme qui s’appelle Pippa a été là pour nous guider. Elle a demandé à tous le monde de s’y mettre pour contribuer à la vie au camp. Et depuis, on a l’habitude avec Ellana et Emy de chercher des objets qui pourraient être utiles aux adultes. Bon souvent, on demande à Shaé si ce qu’on a trouvé peut-être utilisable.

Je me suis rapprochée d’Eleanore, d’Ellana et d’Emy, leur petite sœur. Shaé n’a pas voulu qu’on se sépare une fois retournées sur la plage tant qu’il n’y avait pas un adulte que je connaissais pour venir me chercher. Me voyant les larmes aux yeux à ce sujet, elle a vite compris que personne ne viendrait. L’homme qui était censé m’accompagner à l’autre bout du monde est...parti. J’ai une boule au ventre à chaque fois que je repense à lui et son gentil sourire lorsque l’avion a décollé.
Eleanore, la jumelle qui s’est fait mal à la tête, ne peut pas trop bouger sans avoir de grosses douleurs au crâne. Sa maman a l’air inquiète à ce sujet. J’espère qu’un docteur va vite la guérir…Et Emy, la plus jeune, a l’air très triste ou de mauvais poil alors je préfère la laisser tranquille. Heureusement, le bébé de Shaé, Gaël, a l’air d’aller bien. C’est Eleanore qui le garde la journée.

Malgré le fait de s’être presque noyée, Shaé a vite rassemblé son courage à deux mains afin d’aider comme elle peut. Elle m’a expliqué que son travail était très porté sur les plantes en général, et donc qu’elle s’y connaissait bien. Plusieurs fois dans la journée, on peut voir différentes personnes venir la voir pour lui demander conseil sur une herbe ou une fleur trouvée dans la forêt qui borde la plage. Depuis hier, elle semble concentrée sur un objectif mais je n’ai pas trop compris quoi.

Avec Shaé et les filles, nous avons construit un petit abri tout près de la forêt. Au début ça me gênait d’être si proche de filles que je ne connaissais pas, mais elles ont su casser ma carapace en me réconfortant et me serrant dans leur bras. Je suis contente d’avoir trouvé cette famille qui m’a fait une place alors qu’elles m’ont trouvée seule dans la carcasse de l’avion.

Mon poignet me fait un peu moins mal qu’il y a deux jours. Shaé m’a fait un bandage pour qu’il ne bouge pas trop.
Cette nuit encore, j’ai entendu Emy pleurer. Je me sens triste en l’entendant et en entendant sa maman la rassurer. Ça me fait penser à la mienne qui doit sûrement se demander où je suis...ou si je suis encore vivante.
Le soleil s’est déjà levé lorsque des petites cris de joie me réveille de mon sommeil. Lorsque je réussis enfin à me mettre assise et ouvrir les yeux, je découvre Ellana et sa mère dansant joyeusement et riant de bonheur. Je me frotte les yeux plusieurs fois parce que je crois que je suis encore en train de rêver. Qu’est-ce qu’il leur arrive ce matin ?

Avant que je n’ai eu le temps de me lever, j’entends Shaé demander à sa fille de courir chercher de l’aide au camp. Je me relève difficilement, encore à moitié endormie et me dirige vers Shaé, qui est en train d’arracher l’écorche d’un des arbres proches de nous. On les appelle « les arbres de la sorcière » avec les filles parce qu’ils ressemblent à ceux qu’il y a dans les films d’horreur.
- Qu’est-ce que tu fais à l’arbre, Shaé ? Demande-je d’une petite voix mal réveillée en me frottant les yeux. Pourquoi tu lui enlèves son écorce ?

Puis quelques secondes après avoir posé ma question, un homme avancer vers nous, accompagné d’Ella, toute agitée. Il a les cheveux noirs et bouclés et a l’air très confiant. Il demande à Shaé de quoi elle a besoin, et elle lui demande d’aller chercher de l’eau et qu’elle a besoin d’un feu assez puissant pour faire je sais pas quoi. Apparemment ce qu’elle va trouver dans l’arbre peut servir à aider les blessés. L’homme ne se fait pas prier pour aller chercher d’abord un récipient servant de bassine, et de l’eau. Il revient assez rapidement, essayant soigneusement de ne pas renverser l’eau du récipient qu’il a trouvé. Après l’avoir posé au sol délicatement, il demande ce qu’il peut faire de plus pour aider.

Je vois aussi une autre femme, qui semble beaucoup plus jeune que Shaé, tenter de raviver le feu à sa demande. Elle y jette un petit palmier mort qui se tient près d’elle et je peux déjà apercevoir le feu le dévorer. C’est beau à regarder. J’aime bien les feux de camps ! Sauf quand c’est dans un camp de crash d’avion.
La jeune femme demande à Shaé si ce qu’elle a fait pour le feu lui suffira. On dirait qu’elle a l’air de mauvais poil, comme ma mère le matin. Mais quelques secondes après sa question, je la vois qui regarde Gaël, en train de gazouiller gentiment dans la tente aux côtés d’Emy et d’Eleanor. On dirait que cela l’apaise un peu de voir ce petit bébé innocent et mignon.

- Tu t’es fait mal pendant le crash ? Demande-je naïvement à la jeune femme.
Tiine

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par Tiine »

Voilà enfin ma réponse de Sacha, je m'excuse du retard et de mon absence depuis la rentrée. La reprise des RPG a été un peu compliquée pour moi ^^ j'espère qu'elle vous plaira, et désolée @Morgane_Chase si Sacha ne parle pas trop avec Esteban, mais je pense que comme on est à 4 pour le RP, la conversation peut vite partir entre adultes ahah donc je ricocherais sur votre discussion !
Elsa-Vercellino

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par Elsa-Vercellino »

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• BILLIE MENDEZ •
EN VIE | barely | 17 ANS | with Anaïs (Lumione)

L'avantage, quand on pleure, c'est que les larmes salées mouillent vos yeux : il n'est plus nécessaire de cligner des paupières pour les garder humides. Je ne sais pas, c'est toujours quelque chose que j'ai trouvé cool, depuis toute petite, quelque chose auquel je prêtais bien plus d'attention que nécessaire lorsque mes crises de larmes devenaient suffisamment importantes pour arriver à ce stade. Peut-être que c'est un moyen de détourner mes pensées des vrais sujets qui fâchent et qui m'attristent, sur quelque chose de plus mécanique et contrôlable. En tous les cas, je garde mes paupières ouvertes, refusant de cligner des yeux et de laisser échapper les précieuses gouttes d'eau dans le sable - ce n'est pas comme si je n'avais pas déjà gaspillé au moins l'équivalent d'une petite tasse d'eau potable avec mes pleurs. Le liquide lacrymal s'entasse sur la surface, et bientôt, je vois flou. Les vagues bleues, l'écume blanche, le ciel d'un cyan éclatant, le doré du sable, le marron des quelques branches à la dérive qui traînent sur la plage, toutes les couleurs se confondent pour ne former qu'un tableau illusoire. Un tableau illusoire mobile, qui plus est, avec le liquide qui se déplace d'un coin à l'autre de mon œil. La concentration intense que je dédie à l'observation de ce spectacle me permet de me calmer. Je ne le réalise pas vraiment, mais ma respiration est moins hachée que quelques minutes auparavant, et les larmes qui ont réussi à s'évader de la prison de mes yeux commencent à sécher sur mes joues. Une brise tiède commence à souffler sur la plage, dérangeant un petit peu de sable, qui vient se reloger dans les plis de mes vêtements.

J'aime bien ce sable, celui des plages, qui est fin, chaud et doux. C'est un sable universel, que l'on trouve sur toutes les plages du monde, qu'il soit jaune, doré, orange, blanc, gris ou noir. Pas un sable de désert, plutôt un sable raffiné par la mer, l'océan, les vagues et le ressac.

Je suis encore en train de divaguer sur le sable, sur le tableau liquide qui se construit à l'intérieur de mes yeux, lorsqu'un cri de pure tristesse me coupe férocement de ma transe. Je sursaute, cligne des yeux - deux nouvelles coulées de larmes apparaissent aussitôt sur mes joues, rejoignant rapidement le sable avec leurs consœurs disparues - avant de tourner la tête vers la droite, vers la source de ce cri, le cœur battant légèrement plus vite que précédemment. Une petite fille se trouve à genoux, à moins de deux mètres de ma position, elle ne me regarde pas. Elle a encore le bras tendu en avant, comme si elle avait balancé quelque chose dans l'océan (une poignée de sable ? je théorise, en remarquant que les petites mains de l'inconnue sont recouvertes par de petits grains humides). Elle aussi, a des coulées de larmes sur les joues, formant une rivière qui ne semble pas vouloir s'arrêter. Mais le pire, l'élément le plus triste du personnage principal de ce nouveau tableau, c'est son regard. Je ne dirai pas que son regard est vide. Il ne l'est pas. Il est empli de tristesse, de colère, d'angoisse, d'une rage sourde, mais avant tout de fatigue. D'une immense fatigue. Comment peut-on être aussi fatigué, tout en étant
aussi jeune ?

En survivant à un crash. En perdant des êtres chers. En se retrouvant bloquée sur une île sans aucun moyen de contacter le monde extérieur. En étant obligée de vivre avec un groupe d'inconnus, qui n'était pas forcément composé d'individus bienveillants. Tout ça à la fois, réalisais-je avec un pincement au cœur, tout ce que j'avais également du mal à supporter (alors que j'étais - encore - entourée de mes deux meilleurs amis) depuis notre arrivée sur l'île. La même pression, la même fatigue, la même peur que je portais sur mes épaules, allaient aussi sur celles - qui me paraissaient bien plus fragiles - de la petite fille sur la plage. Sauf qu'elle était encore plus jeune que moi - trop jeune. Et peut-être était-elle seule depuis le crash, sans aucun adulte pour s'en préoccuper. J'avais bien remarqué la petite tribu que formait Shaé et ses enfants - je ne crois pas en Dieu, mais c'est bien un miracle qu'ils aient tous pu en réchapper. J'avais également observé une autre petite fille sur l'île, avec des cheveux crépus et une peau mate. Quelques enfants, donc, mais certainement pas assez d'adultes responsables - ou suffisamment bienveillants - pour prendre à leur charge des gamins supplémentaires. Me redressant sur mes deux jambes, je glissai la photographie dans le sac, avant de le jucher sur mes épaules. La petite n'avait pas bougé suite à mon mouvement, et j'en profitais pour la rejoindre en quelques enjambées. Je m'agenouillai à nouveau, mon visage à peine plus haut que la sien, avant de poser une main hésitante sur son épaule.


« Ca donne soif, de pleurer. » expliquais-je tout en effaçant les dernières traces de pleurs de mes joues. « Ca te dit de m'accompagner chercher des noix de coco ? J'ai vu quelques arbres un peu plus loin, et je suis à peu près certaine qu'on est capable de grimper pour les attraper. »

Bon, je n'avais pas encore de plan pour ouvrir les foutues noix de coco - je n'avais pas une grande connaissance de ces fruits, je savais simplement que j'aimais bien les yaourts et les glaces à la noix de coco à Sydney, et que, d'après un documentaire sur Madagascar d'Arte, le fruit proposait à la fois une source d'hydratation riche avec le lait blanc, mais aussi une source de nourriture solide et grasse avec la paroi interne de la coque. Un trésor alimentaire, en somme, si on était assez malin ou qualifié pour parvenir à ouvrir le fruit à la coque la plus solide du monde. Bah. Nous serions assez de deux pour être créatives une fois que les fruits seraient entre nos mains !

Je n'étais peut-être pas très douée pour réconforter les gens - Santiago s'était pété le poignet en trébuchant, l'année dernière, et je n'avais rien trouvé à dire de mieux que "au moins, tu ne t'ais pas cassé le bras !" - mais j'étais habile pour éviter de penser à mes problèmes, ou à la précarité dans laquelle nous nous retrouvions tous sur l'île. En plus, j'étais capable de rester dans le déni tout en réalisant des tâches potentiellement utile pour notre petite communauté, ou au moins, pour ma personne. Trouver et ramener des noix de coco serait un moyen d'ajouter des denrées alimentaires non-pourrissables à notre réserve. Si nous n'arrivions pas à les ouvrir, ça serait toujours l'occasion de fabriquer une sorte de marteau primitif à l'aide d'une pierre attachée à une branche courte et solide. Bref, je servirais à quelque chose, et je n'aurais plus à songer aux multiples causes de mes larmes. Une pierre, deux coups ! Me relevant, je jetai un dernier coup d'œil à la gamine.


« Tu viens ? » je lui demandais, avant de détourner les talons, sac sur le dos, vers les cocotiers qui se trouvaient encore plus éloignés du camp que nous ne l'étions déjà.
Elsa-Vercellino

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par Elsa-Vercellino »

@Tout le monde : Hola les ouistitis, je vois qu'il n'y a pas vraiment beaucoup d'actions sur ce sujet, mais je voulais juste dire que j'espère que ce second confinement se passe bien pour tout le monde ! Prenez soin de vous, des bisous ! ♥ (et aussi, cette mise à jour Booknode me perturbe fortement XD)
Springbloom

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par Springbloom »

Holà tout le monde !

Je suis désolée de prévenir avec autant de retard par ici, je devrais tenir un peu plus au courant sur mes deux RPG, pas juste un.
La rédaction du RP' de nuit est en cours, il ne sera sans doute composé que d'une unique partie car je ne suis pas très inspirée pour un petit passage avec un Autre et que le côté RP' n'avance pas tant que ça. J'ai encore pas mal de chose à faire et j'aimerais finir une fiche auparavant (rassurez-vous, elle est bientôt terminée) mais avec un peu de chance, un miracle pourrait bien arriver avant la fin de l'année, alors tenez vous prêts pour enfin débattre ! (ou mourir, à voir)

Petit PS cependant : mon amie Nialii qui s'était proposée pour récupérer le rôle de Mattmattou, qui semble inactif, ne pourra finalement pas le reprendre.
Springbloom

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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [RP de Nuit]

Message par Springbloom »

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Maître de l'Île | 1er août 2019 | 8h39 | Maison de Su, Village des Autres




A mesure que les gouttes éclataient sur le plancher du porche, celui-ci se parsemaient de petites taches brunes. Une légère pluie tropicale s’était déclarée aux alentours de huit heures ce matin, venant me cueillir dans mon sommeil. Au fond de ma chaise, le regard dans la vague, je tentais de chasser au loin mes mauvaises pensées . Au cœur de l’averse, rien ne semblait plus réel. Il n’y avait que l’eau, la douce mélodie de celle-ci quand elle heurtait le sol, l’odeur du sol qui absorbait doucement ce que le ciel venait lui offrir. Tout était tellement tranquille, calme, apaisé. Ici, sans personne pour me déranger, j’observais la nature dans sa plus simple apparence. Ce n’était que de l’eau légèrement acide qui tombait du ciel pourtant, mais celle-ci suffisait à nourrir la terre, à donner vie à ces lieux.

Quand on se mettait à y penser, la vie était une chose simple, presque futile. Elle se cachait dans les détails, de ceux que l’on ignorait. Et, pourtant, quand on y prêtait attention, on trouvait une forme de magie à ce que quelque chose d’aussi anodin que la pluie, d’aussi vulnérable qu’un brin d’herbe, d’aussi immobile que le rocher puisse être aussi vital à ce que le monde continue de fonctionner ainsi. Parfois, j’aurais aimé comprendre les multiples facettes de ce monde, de cette réalité qui m’échappait.

C’était face à ce genre de spectacle que je prenais soudainement conscience de la misère de mon existence. Jamais je ne saurai exactement quelle sensation de plénitude apportait le fait de savoir que l’on appartenait à ce cycle de la vie. Jamais je ne mourrai, jamais je ne m’effondrerai sur le sol dans un dernier souffle, jamais mon corps n’entrera en décomposition ni ne viendra alimenter les sous-sols végétaux. Jamais je ne pourrai mourir, pour la simple et bonne raison que jamais je n’avais commencé à vivre.

Le constat était encore plus amer désormais que je sentais mes forces me quitter. Vieillir sans même avoir pris le temps de naître un jour, quelle ironie. Il m’avait fallu près de trente minutes pour trouver la force de me lever et de traverser la maison jusqu’à son porche. Désormais, je sentais mon corps s’éveiller un peu, capable de parcourir de nouveau l’Île comme à son habitude, mais je ne pouvais nier les faits : tôt ou tard, je n’aurais plus d’autres choix que de surveiller cette Île dont je connaissais les moindres recoins de chez moi. Le monde dont j’avais appris à connaître tous les secrets allaient sans doute tôt ou tard s’effacer à son tour lui aussi de ma mémoire. Tout ce à quoi j’avais pu œuvrer finirait par tomber en poussières. Tout comme moi.

Il était huit heures et nous étions le 1er août 2019. Ce matin-là, pour la première fois depuis longtemps, un sentiment perdu dans les limbes du temps venait de refaire surface. L’inquiétude. L’anxiété. Une angoisse qui ne cessait de s’accroître à mesure que les minutes s’écoulaient, sans que je ne parvinsse à comprendre quelle était son origine exacte. Était-ce dû au fait que je me sentais disparaître ? Était-ce par appréhension de ce qui m’attendait moi et les Autres, après ? Par ce qu’il adviendrait du peu de personnes auxquelles je tenais ? Ou bien était-ce simplement de la culpabilité refoulée au plus profond de mon être qui ressortait après bien trop de temps ? Après tout, j’avais envoyé Su en expédition suicide. Et si certes je n’avais pas eu le choix sur le moment, il n’en restait pas moins que la situation de crise dans laquelle nous étions relevait de ma responsabilité. Si j’avais pris conscience plus tôt des signes, je ne serais probablement pas actuellement assis ici, à attendre vainement notre médecin chef qui ne reviendrait pas.

La nuit ne tomberait que dans plusieurs heures, plusieurs heures durant lesquelles je ne serais qu'un vieillard sur sa chaise, attendant qu'un jeune Irlandais ne lui apporte des nouvelles de la plage. Quelques heures seul au village des Autres pour mieux ruminer sur mes propres erreurs et sur le sang que j'avais sur les mains.



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Maître de l'Île | 2 août 2019 | 4h45 | « Camp » des Réfugiés, Sud de l’Île




Ce qui me heurta en premier, ce fut le silence. Un silence lourd, pesant, annonciateur de mauvaises nouvelles.

Pourtant, le silence avait toujours été habituel sur la plage, je n’aurais pas dû en être surpris. A la nuit tombée, la plage devenait toujours étrangement calme. Le vent se taisait, la mer s’apaisait, les oiseaux somnolaient. Que ce soit en temps normal ou en période de Jeux, rien ne venait troubler la sérénité nocturne de la baie. C’était cette tranquillité muette qui venait souhaiter la bienvenue aux Grands Esprits et à leur folie meurtrière.Ce silence-ci, cette nuit, n’avait rien de tranquille. Je n’y devinais que de mauvais présages. C’était comme si ma respiration se faisait aspirer dans le néant sonore. Le souffle court, je redoutais presque ce que je m’apprêtais à découvrir. Le Chef des Traîtres (Infect Père des Loups) était certes mort, mais les Réfugiés (Villageois) n’avaient plus aucun moyen de se protéger : quoi qu’il advienne, il y aurait un mort ce soir.

J’avais trouvé à quoi le silence me faisait penser : celui d’un cimetière. Chacune des tentes du camp des Réfugiés pouvaient à tout moment soudainement devenir une tombe. A me promener entre les sépultures, n’étais-je pas, après tout, telle la Mort en ces lieux, venant y guetter quelles âmes j’allais y cueillir ?

Encore plus que par le passé, je me demandais si tout ceci était bien moral. Aujourd’hui, ce n’était plus seulement pour leur vie qu’ils se battaient, mais pour quelque chose dont ils n’avaient même pas conscience. Accepteraient-ils la responsabilité qu’il leur incomberait s’ils parvenaient à remporter les Jeux ? Je préférais ne pas penser à cette éventualité. Si j’avais décidé de ne rien dire à personne en-dehors de Su, c’est parce que je savais que tôt ou tard Esteban serait mis au courant. Lui avouer que l’Île mourrait, c’était déjà trop, je ne pouvais me résoudre à lui dire l’entière vérité. Quand l’on est immortel, personne ne nous apprend à dire adieu.

Il n’y avait pas un mouvement dans le village. J’en venais presque à regretter l’engouement habituel du Musicien (Joueur de Flûte), et les aboiements incessants du chien du Dompteur (Montreur d’Ours). Personne dans les allées, personne sur la plage, personne d’éveillé. A croire que les Grands Esprits avaient décidé de ne pas agir cette nuit. Echappaient-ils à ce point-là à mon contrôle ?

-Vous sentez ça ?

Comment un être omniscient pouvait-il être surpris sur son propre territoire ?

Je fis volte-face en direction de mon interlocuteur. J’appréhendais tellement l’idée de trouver un cadavre sanglant au détour d’une tente que je n’avais pas pris la peine de faire attention à l’orée de la forêt. J'aurais dû faire plus attention, je n’étais plus aussi invulnérable qu’auparavant, ma confiance en mes capacités risquait tôt ou tard par me jouer un tour.

Glissé entre les ombres des feuilles, une silhouette qui m'étais inconnue se tenait à l’abri des regards. Entièrement vêtu de noir, il semblait se fondre dans la forêt à peine éclairée par la lune. Il n’aurait pas parlé, je n’aurais sans doute même pas remarqué sa présence. J’haussai un sourcil surpris : à son attitude, dissimulé derrière le tronc d’un palmier, bien à l’abri des quelques rayons lunaires qui auraient pu le révéler, il ne semblait pas vouloir qu’on le remarque. Alors pourquoi m’interpeller ainsi ?

-Qui êtes-vous ? lui lançai-je en ignorant complètement sa propre question. Sur mon île, je mène les interrogatoires, pas l’inverse.

Sortant de la pénombre, l’inconnu se révéla à moi. Quelques boucles brunes s’échappaient de son bonnet noir, assez inhabituel à cette latitude pour que je ne pusse m’empêcher de le relever. La moitié basse de son visage était également cachée derrière un épais foulard gris foncé, et je ne pus que me demander comment il parvenait à résister à la chaleur tropicale. Le reste de son accoutrement était du même acabit. Qui que cet homme fût, il ne tenait clairement pas à être reconnu.

-C’est l’odeur du sang. L’air empeste la mort. Je suis surpris que vous ne soyez pas en mesure de la sentir vous-même.

-Répondez à ma question, insistai-je en croisant les bras sur ma poitrine, prêt à user de mon pouvoir si je ne parvenais pas à obtenir ma réponse.

Avec un petit sourire en coin, il ramassa un étui de violon de derrière son tronc d’arbre et le glissa sur son épaule. Dans la lumière du soir, ses yeux sombres brillaient d’une étrange lueur peu rassurante. La présence de l’étui m’amenait à penser qu’il s’agissait là du Musicien, mais je le voyais mal retourner à son instrument de la première nuit après sa transition métalleuse de la vieille. Et, quand bien même, son look ne m’évoquait rien d’aussi extravagant que ce qu’avait déjà bien pu porter mon « fan », pas plus que sa manière de me parler. La seule option que je voyais, c’est qu’il était de nouveau un esprit qui aurait échappé à mon contrôle et qui faisait sa vie. Et le seul que je n’avais pas encore rencontré c’était…

-Vous êtes le Tueur à gages (Chevalier à l’Epée Rouillée).

-Vous voyez, il n’y a pas besoin de poser des questions quand on sait ouvrir l’œil, acquiesça-t-il avec de nouveau ce rictus très désagréable.

-Et donc, pourquoi vous être réveillé ?

-Et pourquoi pas ? s’amusa-t-il en parcourant les mètres qui nous séparaient. J’ai comme eu l’impression que mon heure allait venir tôt ou tard. L’instinct m’a appelé à aller trouver un abri au plus vite au cas où le village serait menacé. Je ne me le suis pas fait dire deux fois.

-Votre instinct est si fiable que ça ?

-Demander cela à un tueur, c’est aussi bête que demander à un chef étoilé si son goût est fiable. Je ne serais plus en vie s’il ne l’était pas.

Discuter avec le Tueur à gages avait quelque chose de déstabilisant. C’était comme s’il savait d’avance ce que je m’apprêtais à dire ou faire, toujours une longueur d’avance que j’étais habituellement le seul à maîtriser. Plus le temps passait, plus je perdais mes moyens, mon contrôle sur les choses, tout ce qui avait toujours rendu mon travail facile. Toute cette situation me plongeait dans une frustration profonde. Je sentais l’épuisement me gagner petit à petit, mes forces me quitter, et tout n’avait commencé que depuis quinze jours…A moins que cela n’ait commencé beaucoup plus tôt et que j’étais trop aveugle pour m’en rendre compte ? Esteban aurait dit que ce n’était pas de la cécité, juste de l’orgueil. Peut-être qu’il avait un peu de ça, mais je ne pouvais pas me résoudre à le reconnaître : ça aurait voulu dire accepter que tout ceci aurait pu être réglé bien auparavant. Peut-être que si j’avais fait plus attention aux signes avant-coureurs, je ne serais actuellement pas en train de me transformer en vieillard impotent, Su ne serait pas porté disparu, l’Île ne serait pas en train de mourir, aucun Jeux n’auraient eu à être organisés et…

Esperanza ne serait pas morte. Admettre avoir agi trop tard, ça aurait été confesser à Nasha le crime de sa seule famille alors qu’elle était encore en deuil. Et, d’une certaine manière, l’avoir éloignée du Village n’était-il pas un moyen de l’éloigner de moi et de toute la culpabilité que je ressentais depuis qu’Esperanza était tombée malade ? Plus que d’une histoire d’orgueil, je croyais bien qu’il s’agissait de moi qui refusait de me rendre à l’évidence : j’étais un meurtrier. A se croire trop invincible, j’avais commis l’irréparable, et la sensation était encore pire que d’avoir mis fin de mes propres mains à un des Autres. Je ne pouvais me résoudre à ce que la situation se reproduise, que je ne disparusse et qu’ils ne décédassent tous un par un. Plus vite les Jeux seraient finis, plus vite la situation serait rétablie les choses redeviendraient normales, pour eux, à défaut qu'il en soit de même pour moi.

-Assez discuté, la nuit avance et nous devons trouver les autres Grands Esprits, finis-je par déclarer alors que le Tueur à Gages et moi-même discutions depuis déjà un bon moment. M’accompagnez-vous ?

-Avec plaisir. Ne m’en voulez pas, je vous laisse passer devant.

-On fait confiance à son instinct quand ça nous arrange, c’est ça ?

-Exactement.

Au moins, je parvenais toujours à faire du sarcasme.

Nous quittâmes tout deux le couvert de la forêt afin de regagner le village, toujours plongé dans son silence irréel. Ouvrant la marche, je n’osais pénétrer dans les tentes que nous croisions, redoutant de tomber sur un massacre comme celui auquel j’avais assisté la veille, et que le Chirurgien (Sorcière) ne pourrait désormais plus effacer. Tout en marchant à petits pas, à l’affût du moindre bruit suspect, je me demandais quel genre de « jobs » mon partenaire pouvait bien avoir réalisés par le passé. Le véritable danger n’était-il pas en réalité juste derrière moi, arme au poing ? Comment pouvait-il vivre aussi sereinement en sachant le nombre de personne qu’il avait tué, alors que la simple idée d’une seule m’effrayait ? Des dizaines de questions concernant la psychologie et le passé du Tueur en gages s'enchaînaient dans ma tête, sans que je ne puisse en tirer autre chose que cette atroce conclusion : je n’étais pas censé perdre le contrôle de ma stabilité émotionnelle ainsi.

-Par ici, me lança-t-il en soulevant une des bâches servant d’ouverture aux tentes de fortune. Le Chirurgien (Sorcière) est à l’intérieur.

-Comment le savez-v…

Je me coupai au milieu de ma phrase. L’instinct, bien sûr, une fois de plus.

Le Chirurgien se trouvait bel et bien à l’intérieur, de retour dans son corps d’homme. J’avais encore du mal à saisir pour quelles raisons les Grands Esprits avaient décidé de jouer ainsi sur leur apparence et leur rôle, mais j’avais abandonné l’idée de comprendre : clairement, leurs décisions ne relevaient plus de mes capacités. Je perdais définitivement le contrôle sur tout, mais peu importait la frustration que je ressentais, l’essentiel n’était pas de comprendre mais de faire mon possible pour que les Jeux se finissent au plus vite. Quand tout ceci serait terminé, tout devrait normalement rentrer dans l’ordre, et je n’aurais plus à me préoccuper de tout ça. Voire même, dans certaines éventualités, je n’aurais plus à me préoccuper de rien du tout.

Il ronflait paisiblement, comme s’il n’avait pas conscience que la nuit avait débuté et qu’il faudrait bientôt qu’il me fasse part de sa décision. Les yeux fermés, recroquevillé sur une vague couverture posée à même le sol, je m’en voulais presque de le réveiller. Il n’avait certes pas été des plus aimables au cours des deux dernières Nuits, mais elle lui avait demandé beaucoup de travail, et, quand bien même les Grands Esprits ne sont pas des êtres matériels, ils finissent eux aussi par ressentir la fatigue. Tout comme moi.

-Chirurgien, appelai-je en posant ma main sur son épaule et en la secouant doucement.

Ses yeux papillonnèrent, et un grognement digne des plus beaux ours canadiens s’échappa du fond de sa gorge. Après s’être frotté les yeux, sans doute comme si cela pouvait effacer ce qu’il y restait de fatigue, il se redressa pour faire face aux deux inconnus qui avaient pénétrés dans la tour. Si je ne ressentais aucune méfiance de sa part vis-à-vis de notre présence, il était néanmoins plus que certains que nous n’étions pas les bienvenus : son regard lançait des éclairs des plus…éclairants.

-Qu’est-ce que vous faites ici ? bougonna-t-il de sa voix caverneuse, de celui qui a encore la gorge trop sèche pour qu’autre chose qu’un râle sorte de sa bouche.

-J’aurais voulu connaître votre décision pour cette nuit.

Il écarquilla les yeux.

-Et c’est pour ça que vous me réveillez ? maugréa-t-il, un peu plus hargneux qu’auparavant. Figurez-vous que je faisais un très beau rêve, et que j’espérais pour une fois ma nuit tranquille. Si ça ne vous gêne pas, je vous prierais de bien vouloir sortir de là et me laisser dormir.

-Dois-je comprendre que vous n’agirai pas ?

-Mais vous êtes bouché ou quoi ? Fichez-moi la paix !

-Parfait, acquiesçai-je avant de quitter la tente et de lâcher un soupir qui en disait long sur mon appréciation du médecin.

-Je sais ce que c’est, on n’a pas toujours un job super épanouissant.

J’haussai les épaules : ça se passait de commentaire. Que le Chirurgien agisse ou non, c’était sa décision. A vrai dire, je préférais même qu’il ne fasse rien : je n’aurai pas à retrouver deux cadavres dans le camp, un seul était déjà bien suffisant. J’avais étrangement peu envie de tomber deux fois sur le spectacle que les Traîtres m’avaient offert hier…

A mes côtés, le Tueur à Gages se redressa brusquement et sa prise se resserra sur son arme. Son ouïe plus fine l’avait prévenue avant moi, mais il n’y avait aucun doute possible : à l’autre bout du Village, quelqu’un était actuellement en train d’être attaqué par les Traîtres (Loups simples). Et à entendre le coup de feu qui cinglait l’air alors que nous nous dirigions dans sa direction, il ou elle n’était clairement pas en train de gagner contre ses adversaires.

Pourquoi fallait-il toujours que les Traîtres parviennent à attaquer alors que j’étais occupé à l’autre bout du camp ? Je me serais bien passé de slalomer entre les différentes habitations de fortune de camp pour arriver sur les lieux du crime. Il n’y avait rien de plus épuisant que de courir dans le sable, de se sentir s’enfoncer un peu plus à chaque pas sans parvenir à rebondir pour faire le suivant. Voir l’aisance avec laquelle mon compagnon assassin se mouvait était d’autant plus frustrant : en temps normal, jamais je n’aurais été dépassé par quiconque, pas même par Ethan qui se revendiquait pourtant comme le meilleur éclaireur de l’Île. Entendre mon cœur tambouriner dans ma poitrine et sentir ma cage thoracique se soulever par à-coup tant elle demandait d’air, cela me donnait déjà envie de vomir, mais ce n’était rien à côté des Traîtres qui redoublaient d’ingéniosité à chacun de leur meurtre.

-Ce n’est pas beau à voir tout ça, constata, non sans humour, le Tueur à Gages.

Je n’avais même pas envie de m’approcher plus de la scène pour identifier la victime. De toute manière, vu le trou béant qui lui servait désormais de visage, difficile de parvenir à savoir de qui il pouvait bien s’agir. Son sang se mêlait à ses cheveux roux vifs, en un mélange dont on pouvait difficilement faire abstraction. Ils avaient sans doute dû la prendre en traître, l’un l’attaquant par devant jusqu’à ce que l’autre ne lui tire une balle à l’arrière du crâne. Je ne savais même pas pourquoi j’étais surpris : ce n’est pas comme s’il fallait s’attendre des Traîtres qu’ils mènent un combat à la loyale.

-Hey, faut pas faire cette tête man, viens te détendre avec nous.

Le Pacifiste (Bouc Emissaire) s’était glissé à nos côtés. A voir l’état de ses pupilles, je doutais seulement qu’il eut remarqué qu’un cadavre se tenait à quelques mètres de nous. Je n’avais honnêtement pas le courage de lui faire savoir, s’il y avait bien une personne sur cette Île avec qui je pouvais effectivement ne pas me prendre la tête, c’était bien lui. J’en tenais pour preuve qu’il était le seul à ne pas changer d’apparence tous les soirs ou à me prendre la tête avec ses pouvoirs - le fait qu’ils soient inexistants aidant sans doute un peu.

-Oh oui, venez m’sieur, venez ! s’exclama derrière lui une voix que je saurais reconnaître partout, quand bien même la personne qui la détenait changeait tous les soirs d’apparence.

Armée de son meilleur sarouel et sa plus belle guitare rythmique, la Musicienne (Joueur de Flûte) me lançait un regard flamboyant, et je me voyais mal refuser une telle invitation. Après avoir passé la journée enfermé chez moi, à ressasser les mêmes idées noires en boucle, un peu de reggaeton ne pourrait me faire que le plus grand bien. Et puis, pour une fois, elle ne semblait pas vraiment se préoccuper de ce que je pourrais lui enseigner, et bien plus du Pacifiste. Enfin, surtout de sa basse et du duo qu’ils pourraient former : j’avais rarement vu les Grands Esprits se lier avec qui que ce soit, et ce encore plus quand ils n’étaient pas du même camp. Avec un léger sourire, j’acceptai, laissant le Tueur à gages seul avec le cadavre, par lequel il semblait de toute façon bien plus intéressé que moi.

Assis en demi-cercle au bord de l’estran, nous étions quatre autour des deux musiciens qui s’étaient lancés dans un petit morceau fort sympathique que je ne connaissais pas. A mes côtés, les deux premiers Charmés ne tardèrent pas à se mettre à danser, profitant de cette symphonie rythmée pour tenter quelques pas assez burlesques. Le troisième Charmé, quant à lui, hésitait à prendre part à cette danse endiablée, préférant observer ses deux comparses en dodelinant de la tête. Mon petit doigt me disait que le charme ne tarderait pas à opérer et qu'il se retrouverait bientôt lui aussi à se trémousser de manière assez comique.

-On a un problème.

Le Tueur à gages me toisait de toute sa hauteur, me faisant clairement comprendre que l’affaire était relativement pressante. Je l’aurais difficilement vu en messager, mais il faut croire que les Jeux réservent parfois de nombreuses surprises. Je n’étais pas du genre à me faire commander ainsi, mais le Tueur à gages n’avait pas spécialement tort de me rappeler à l’ordre : il me restait encore à trouver le Politique (Corbeau) et à identifier la victime, ce dont je me serais bien passé.

-Que se passe-t-il ? demandai-je afin de trouver un moyen de fuir le problème si jamais cela s’avérait possible.

-Le clebs est arrivé, répondit-il simplement, comme si cela allait éclaircir soudainement la situation. Le Dompteur (Montreur d’Ours) est mort.


☽◯☾



-Ah vous ! J’avais justement besoin de vous voir ! Deux Nuits de suite que je ne parviens pas à correctement faire mon travail, je suis certain que vous complotez contre moi !

J’avais à peine eu le temps de revenir sur les lieux du crime que le Politique m’avait déjà sauté dessus. Son visage de cinquantenaire était presque comique tant le rouge lui était monté aux joues de colère, mais je ne pouvais décemment pas me permettre d’afficher un sourire amusé alors qu’un cadavre se tenait à l’arrière-plan de la scène.

-Que vous arrive-t-il donc ? finis-je par dire, non sans avoir au préalable pousser un long soupir, veillant toujours à ne pas m’énerver moi aussi, ce qui ne résoudrait rien à l'affaire

-Il se passe qu’hier je comptais faire savoir à tous mes soupçons sur Aslan Miller (Mayossa) et qu’il avait disparu, et qu’aujourd’hui, je soupçonnais Pippa Foster (Tally) et elle est morte !

-Eh bien, ça résout le problème, non ? Si elle a été tuée, elle ne peut pas être un Traître.

Il y eut un léger silence avec que le Politique ne poursuive, reprenant petit à petit une apparence un peu plus humaine et un peu moins tomate.

-Si ce n’est ni un coureur de jupons, ni la fille d’un parrain de la mafia, qui est-ce alors ?

-Ce n’est pas à moi de vous le dire, vous devrez chercher par vous-mêmes.

-Allez, il doit bien y avoir un moyen que vous m’aiguilliez. Cela fait deux soirs de suite que vous me mettez des bâtons dans les roues.

Il était quelque peu difficile de me retenir de ne pas rouler des yeux face à de tels propos. Quand bien même j’aurais accepté de lui donner les noms – ce qui n’arriverait jamais, les Réfugiés devaient se débrouiller par eux-mêmes – je ne me mêlais plus aux participants des Jeux depuis longtemps et je n’aurais pu être en mesure de lui fournir leurs identités.

-Ecoutez, il y a deux manières de voir les choses. La première, c’est que je fais en sorte que vos soupçons ne tombent à chaque fois que sur des innocents, la seconde, c’est que vous établissez vos théories sur des bases foireuses et qui n’ont rien à voir avec l’enquête que vous devez mener mais qui sont simplement dû à vos préjugés. Selon vous, laquelle est la plus fiable ?

Le Politique ne répondait pas. C’était quelque peu surprenant venant de sa part, lui qui avait toujours le dernier mot sur tout en permanence. Avais-je sans le vouloir influé un peu de mon pouvoir de persuasion dans mes mots ? Si c’était bel et bien le cas, savoir qu’il me restait encore une arme pour me défendre était quelque peu rassurant.

-Mais qui vais-je accuser cette nuit alors ?

Je lui pointai l’horizon du doigt. Au bout de la baie, le ciel se parait des couleurs de l’aurore.

-Ma foi, cette nuit vous n’aurez le temps d’accuser personne d’autre, le jour se lève. Maintenant, veuillez m’excusez, mais j’ai dû travail qui m’attend, tout comme vous d’ailleurs. Votre Maire est mort, à vous de voir si vous pouvez accorder ou non votre confiance à son Adjoint.

Et sur ces mots, je m’éclipsais, en prenant bien garde à éviter le cadavre qui gisait non loin de la forêt.




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❝ Voilà ce que je vais apprendre à cette petite dame : à être un ours de fer ! ❞

✎ DEBORAH SMITH, LA MONTAGNE DE L'OURS


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De Katya Pavlovich, il ne resta bientôt plus que quelques cheveux roux pour la reconnaître, et un chien Laïka, lointain héritage de ses racines russes. Leur cheffe décédée, la menace planant sur les Réfugiés devenait désormais bien plus réelle...



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➥Tally a été attaqué par les Loups. Elle était le Montreur d'Ours
➥ Tally étant décédée, je ne peux pas vous dire si l'Ours a grogné ou non
➥ Le Corbeau a voté contre Tally, mais celle-ci étant morte, personne n'a de double voix automatique
➥ La Sorcière n'a pas agi : il lui reste toujours sa potion de mort
➥ Le Joueur de Flûte a charmé un joueur : il a désormais trois joueurs à son actif
➥ Le maire étant mort, l'adjoint monte en grade : Elsa_Vercellino est désormais maire et doit nommer un nouvel adjoint !
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Re: ☾ Wild Nights 4.0☽ LOST edition [Tour 3 - Nuit]

Message par Springbloom »

Hey, hey, hey, après 4 mois de retard, voilà le fameux RP' de Nuit que vous attendiez tous ! (ou plus, depuis le temps)

N'ayant pas encore conscience de la charge de travail que j'aurai à ce semestre, je ne donne pour l'instant pas de réelles dates de fin pour le Jour, je n'ai pas envie de reproduire la même erreur que pour cette Nuit. A minima, je pense que vous avez jusqu'à fin février pour débattre.


Amusez-vous bien !
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