Ah, ça me tente plutôt pas mal ce petit jeu. Allez, je me lance !
La foule était partout, de tout âge. Il y en avait pour tous les goûts, petits et grands étaient émerveillés.
Il errait sans trop savoir pourquoi il se trouvait ici. La dernière fois qu'il était venu à cette fête foraine - il y a fort longtemps -
elle était avec lui.
Et aujourd'hui, elle était partie.
Il se rappelait de leurs fous rires, de leurs barbes à papa partagées à la tombée de la nuit, de leurs baisers, le premier, échangé au sommet de la grande roue, puis des autres. De sa demande en mariage, au clair de lune, près du carrousel. Des murmures lorsqu'il s'était agenouillé. De l'étonnement sur son visage lorsqu'elle s'était retourné après que les personnes autour se soient tues, des étincelles dans ses yeux quand elle avait compris. De son sourire, de son sublime rire et de son éclatante réponse : oui !
Encore des applaudissements. De l'anneau serti de diamants, de son regard amoureux, de
son regard amoureux. De leurs fiançailles heureuses, de l'annonce de leurs fiançailles - moins heureuses -, de la colère de leurs familles : « Vous êtes trop jeunes », disaient-ils tous, « ça ne durera pas, vous vous ferez souffrir ». De sa soeur, de son frère, de ses parents, de leurs reproches, de son regard plein de doutes, de ses paroles qui se voulaient rassurantes mais qui n'avaient fait que la faire douter encore plus, de sa tristesse, de son baiser. De son retour le lendemain. « J'ai parlé à ma mère », avait-elle dit. Sa mère, qui ne l'avait jamais aimé. « Un amour comme le nôtre fait souffrir. Il est trop puissant, trop passionnel, on se fera du mal ». De son regard abattu, de ses larmes -
de ses larmes ! C'est elle qui l'abandonnait, qui le laissait, qui lui faisait mal. Mal au plus profond de lui-même, jusque dans ses entrailles, ses tripes. Oh, oui, il se souvenait de la douleur. Il la ressentait tous les jours depuis. Elle était partie, le laissant là, le coeur en miette, au bord des lèvres. Il n'avait cessé de penser à elle depuis, même si cela était encore plus douloureux et ne l'aidait pas. Il ne pouvait l'oublier. Elle et son beau visage, si pétillant, si joyeux. Il n'oubliait pas son sourire, son rire tant communicatif par sa force et sa vigueur. Ses yeux verts, son teint de pêche, ses cheveux roux, qui s'échappaient toujours de sa queue de cheval en mèches folles et désordonnées. Un peu comme elle. Pour être folle, elle l'avait été.
Il était ridicule. Voilà où il en était maintenant, dix ans plus tard. Il n'avait rien fait pour la retenir ! Il l'avait laissé s'en aller, lui tourner le dos, lui arracher le cœur au passage,
leur arracher le cœur ! Ridicule, idiot, risible, pathétique. Après dix ans de séparation, dix ans à faire son deuil, à se convaincre qu'il ne la verrait plus jamais, voici qu'il se trouvait ici, dans cette fête foraine - leur point de rendez-vous - au milieu de tous ses souvenirs et qu'il pensait entendre sa voix l'appeler. Elle le suivait. Partout. Il n'en pouvait plus. Il la voulait, elle ou rien. C'était à en devenir fou, elle n'était pas là, ni maintenant ni jamais. Alors pourquoi continuait-il de l'attendre, de l'entendre ? Il faisait chaud, il s'essuya le front. Dieu qu'il souffrait ! Il se retourna, il crût voir son fantôme. Entendre une voix. La sienne. Si belle, toujours si vive mais pourtant marquée par le désespoir, la douleur et la détresse. Le spectre sourit, d'un sourire triste, si semblable au sien et pourtant si différent. Parce qu'il n'était pas lui. Oh, non. Il n'était pas lui et pourtant il était tout. Il était eux. Il était elle.
- Bonjour, Joe.
Il se souvenait de la tristesse, de la douleur, de la peur, de la mort, de tout. De leur amour, de sa haine, de leur joie, de son malheur, de leurs rires, de ses larmes. De leurs baisers, de leurs étreintes, de leur amour, de leur passion, de leur joie, de leur vie. Il ne se souvenait plus de rien. Que du renouveau. Du pardon. De cette chance, attribuée par Dieu.
Un sourire, hésitant. Un autre, heureux. Une étreinte, comblée.
Elle était là.
- Mary.
Deux âmes, guéries.
Fin.
Cette musique, que j'ai trouvé magnifique, m'a pas mal inspirée car je l'ai trouvé joyeuse mais triste à la fois. Et c'est ce que j'ai voulu faire ressentir à travers ces quelques lignes : de la joie et de la tristesse pour l'homme de la nouvelle.
Le début m'a fait pensé au musique de fêtes foraines mais elle a rapidement pris un tournant que j'ai trouvé quelque peu dramatique. C'est ce que j'ai voulu faire ressortir. Le bonheur de l'amour, mais la douleur qu'il peut causer. Les notes finales se font sur un ton que j'ai trouvé plus joyeux. L'inspiration était là.
J'espère que ces lignes vous auront plu, elles me plaisent plutôt bien personnellement, c'est assez rare que ce soit le cas. Laissez-moi votre avis si c'est le cas, ou même si ça ne l'est pas. Toute critique constructive est appréciée.
Si ce challenge parle à d'autres, je vous laisse écrire à partir de la - magnifique - musique suivante :
https://youtu.be/9E6b3swbnWg
JLR.