S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult / Contemporain / Action]

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louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

- Chapitre 4 -



Lundi 9 mai 2022, Californie, États-Unis d’Amérique.


Thalia soupira en observant l’écran de son portable. Elle ne captait rien à l’intérieur de la chambre d’hôtel. Depuis qu’elles étaient arrivées avec sa mère, en milieu de matinée, elle avait dû sortir dans le mini-parc de l’établissement à plusieurs reprises. Son père lui avait envoyé des SMS réguliers pour la tenir informée du trajet.
— Maman ! lança-t-elle en quittant la fenêtre pour se diriger vers la porte. Je sors cinq minutes, pour voir si papa m’a donné des nouvelles.
— OK, reste pas trop longtemps dehors toute seule.
Maria avait levé le nez depuis le bureau où elle s’était installée pour trier des papiers. Thalia lui adressa un sourire rassurant.
— Cinq minutes, maman. Promis.
Thalia enfila sa veste en jeans et claqua la porte derrière elle. Malgré les maigres nuits qu’elle passait depuis quelques temps, elle était emplie d’énergie. Avoir été mise de côté pour l’opération la rendait d’autant plus nerveuse.
L’air frais lui fit du bien. Elle ne se priva pas d’inspirer à longues goulées en contournant l’entrée de l’hôtel pour rejoindre le parc à l’arrière. C’était un établissement minable sur bien des plans, mais Thalia devait reconnaître que la présence du jardin était un plus.
Alors qu’elle prenait garde à ne pas gripper ses collants sur les ronces qui dépassaient sur le chemin de gravillons, son téléphone sonna. Snowball apparut fugacement en fond d’écran avant qu’elle ne déverrouille l’appareil à l’aide de son empreinte. Son père lui avait envoyé un message.
« Toujours OK. On a fait une pause pour manger. Le GPS dit qu’on arrive vers 23h. Bisous »
Thalia ferma les yeux sans répondre dans l’immédiat. Même si les informations que lui communiquait Ethan depuis le début de l’opération étaient positives, elle n’arrivait pas à chasser l’anxiété de son cœur. La mission était en préparation depuis un mois, quand ils avaient appris que son frère sortirait enfin du quartier général de la Ghost Society. À partir de là, ses parents et leurs proches avaient dédié quelques heures par semaine à l’élaboration de son sauvetage. Si Thalia avait pu apporter quelques idées et remarques, son rôle se limitait à soutenir son entourage. Du haut de ses onze ans et sans formation particulière, la fillette avait dû ravaler sa déception. L’évidence était sous ses yeux : elle n’aurait servi à rien aux côtés de son père ou de Janice. Même sa mère n’avait pas participé directement à l’opération. Si Maria s’était mise en colère en apprenant la place qu’on lui avait réservée, elle s’était rapidement ressaisie. Elle était la seule adulte du groupe à ne plus travailler pour S.U.I. Ses compétences et ses réflexes s’étaient indéniablement rouillés au fil des années.
« Génial. Tu crois que maman et moi on peut appeler Jim ? On aimerait lui parler avant ce soir. Bisous »
Thalia garda les yeux rivés à son écran jusqu’à ce qu’il s’éteigne. Elle avait reçu l’appareil en cadeau pour son anniversaire, quatre jours plus tôt. Le jour n’avait pas été propice à la fête, entre le stress de l’opération à venir et l’absence de son frère. Sur le coup, Thalia avait été incapable de se réjouir de sa nouvelle acquisition. À présent, elle remerciait ses parents.
Quand le portable sonna entre ses mains serrées, elle manqua le faire tomber. Son père l’appelait. Les doigts tremblants, la fillette accepta l’appel et porta maladroitement le téléphone à son oreille.
— Allô ?
— Allô ma puce ? C’est papa. Je viens de recevoir ton message.
— OK super, souffla-t-elle d’une voix engourdie d’appréhension. Ça va ?
— Oui, on a pas eu de problèmes sur la route. Mon père conduit là, il a pris le relai de Mike. Ensuite, ce sera mon tour. Je voulais t’appeler avant.
— D’accord. (Comme le silence s’installait, elle embraya en hésitant : ) E-Et Jim ?
— Il est dans l’autre voiture, avec Grace et Jane. Je peux leur envoyer un message pour leur demander de prêter un téléphone à Jeremy. Si tu veux lui parler.
— Oui. Oui, s’il te plaît.
— Très bien, souffla Ethan d’une voix douce. Restez à côté avec maman, pour que vous puissiez lui parler toutes les deux.
— Ça marche. Merci beaucoup papa.
— Je t’en prie, ma puce. On se dit à ce soir ?
— Oui, à ce soir. Bisous.
— Bisous.
Quand l’appel se termina, Thalia resta plantée quelques secondes au milieu du chemin de graviers. Son cœur frappait durement sa cage thoracique. Un peu plus et elle se serait envolée d’impatience et de bonheur.
Lorsqu’elle reprit le chemin en sens inverse pour prévenir sa mère, elle ne prêta guère attention aux ronces mal entretenues qui filèrent ses collants.

Maria repoussa les papiers avec un soupir. Elle y avait passé la journée, essentiellement pour s’occuper l’esprit et les mains. Les papiers d’identité, de scolarité, les dossiers médicaux de son fils se trouvaient sous son nez. Même si c’était froidement pragmatique, elle tenait à ce qu’il les récupère dès que possible. Pour se rappeler qui il était et d’où il venait.
Quand elles l’avaient eu au téléphone plus tôt dans la journée, avec Thalia, la conversation avait été rapide. Ils ne captaient pas bien au milieu des plaines du Nevada et le manque de sommeil de Jim le rendait laconique. Si mère et fille avaient été déçues de ne pas pouvoir échanger plus longtemps, elles s’étaient rapidement rassurées. Jeremy arrivait le soir-même en compagnie des autres. Ce n’était qu’une question d’heures.
Les yeux embrumés après s’être plongée dans la paperasse, Maria se tourna vers le lit double. Thalia avait fini par s’assoupir en lisant, vaincue par la fatigue accumulée au fil des derniers jours. Maria s’étira la nuque, le dos et les bras en se levant. Les yeux rivés sur le visage endormi de sa fille, elle s’allongea de l’autre côté du lit. Un peu de repos ne lui ferait pas de mal non plus, surtout s’il fallait tenir jusqu’au début de la nuit.
Juste une question d’heures.

Penchée à la fenêtre, Maria guettait l’arrivée des voitures. Vingt-trois heures trente venaient de passer. Sur le lit, Thalia tripotait nerveusement son téléphone. Elle n’arrivait pas à se concentrer pour avancer sa lecture sur sa liseuse. Elles échangèrent des coups d’œil fébriles quelques minutes encore avant que Maria bondisse de sa chaise.
— Ils sont là.
Mère et fille enfilèrent manteaux et chaussures en quelques secondes. Maria prit soin de verrouiller la porte derrière elle avant de s’engager dans les escaliers aux côtés de sa fille. Les joues de Thalia s’étaient colorées de rouge sous le coup de l’impatience.
Il n’y avait plus personne à la réception de l’hôtel et seules quelques appliques murales éclairaient faiblement les lieux. Maria tint la porte à sa fille et n’eut pas à cœur de lui dire de faire attention lorsqu’elle courut vers le parking. Les phares des voitures les aveuglèrent brièvement avant de s’éteindre. Maria se dirigea d’office vers la voiture grise. Celle de Mike. Le cœur furieux, elle attendit que les passagers en descendent, mais une exclamation lui fit tourner la tête.
— Thalia !
Sa fille était dans les bras d’un adolescent débraillé. Le cœur de Maria fit une embardée alors qu’elle s’éloignait de la voiture de Mike pour rejoindre ses enfants. Elle ne savait pas pourquoi son fils était monté avec Grace et Jane, mais elle s’en fichait bien.
— Thallie.
La voix rauque de son fils ne lui était pas – plus – familière. Thalia était pétrifiée entre ses bras, réduite à une statue de cire qui osait à peine respirer. Ce n’est que lorsque Jeremy desserra son étreinte pour s’assurer qu’il ne lui faisait pas mal qu’elle recouvra la parole.
— Jim.
Maria vit étinceler un sourire sur le visage de son fils. Les fossettes qui se creusèrent sur ses joues lui pincèrent le cœur. Son sourire, au moins, n’avait pas changé. Sur ce point, il lui ressemblait.
— Jeremy.
Thalia avait remonté les mains le long des bras de son frère. Ses joues avaient viré au rouge à la suite de leur course dans l’hôtel et de l’émotion soudaine. Elles furent bientôt envahies de perles transparentes qui tirèrent une grimace à l’adolescent. Jim prit le visage de sa sœur en coupe pour lui embrasser le front.
— Pleure pas, p’tit clown.
Thalia s’efforçait de ne pas sangloter au milieu des adultes qui s’étaient rassemblés autour d’eux, mais c’était trop dur. Les paumes de son frère étaient chaudes sur sa nuque, tout comme son souffle dans ses cheveux. Et qu’est-ce que ça pouvait bien faire, qu’elle pleure ? Elle retrouvait son grand frère après un an et demi de séparation. Et les témoins de la scène n’étaient que les membres de sa famille ou des proches. Elle ne voulait pas rougir de son émoi.
Bien que secouée par les sanglots, elle jeta de nouveau les bras autour du cou de Jim pour l’étreindre. Il la dépassait d’une tête, mais il courba volontiers le dos pour la serrer en retour.
— Comme t’as grandi, s’étrangla-t-il une fois qu’ils furent de nouveau séparés.
Thalia essuya ses joues en riant d’un air incrédule.
— Parle pour toi.
Un raclement de chaussures incita Jim à se retourner. Les larmes qu’il avait retenues pour ne pas peiner sa sœur s’expulsèrent hors de ses paupières à la vision de sa mère. Il lâcha la veste qu’il retenait au pli du coude pour traverser les deux mètres qui les éloignaient l’un de l’autre. Maria eut le souffle coupé quand son fils l’agrippa à bras-le-corps.
Mamma.
Maria retrouva sa respiration quelques instants plus tard. Le nez levé vers le ciel insondable, elle osa à peine bouger de peur de briser l’être qu’elle serrait contre elle. Comme il avait abandonné sa veste par terre, la chair de poule couvrait les bras de Jeremy. Machinalement, Maria les frictionna pour le réchauffer. Il était impensable que son petit ait froid.
Petit.
Maria remonta les mains vers les épaules de son fils. Comment pouvait-elle le trouver petit alors qu’il était à présent plus grand qu’elle ? Un hoquet souleva sa poitrine. C’était son petit sans être réellement lui.
— Mon trésor, chuchota-t-elle en remontant les mains jusqu’à son visage.
Comme elle l’avait fait pendant des années, elle glissa ses pouces sur les pommettes de son fils pour en sécher les larmes. Ses traits et ses yeux étaient enfoncés par la fatigue, mais c’était lui. Quand Maria lui caressa la joue, il sourit et lui attrapa la main pour s’assurer qu’elle n’arrêterait pas. Il avait oublié à quel point le contact de sa mère lui réchauffait le cœur.
— Maman.
Maria cligna des yeux embués alors que Jeremy l’observait entre des paupières à demi-closes. Ses doigts étaient toujours collés à son visage. En déglutissant, elle s’efforça de baisser le bras. Son fils ne lui lâcha pas le poignet pour autant.
— Mon chéri, lâcha-t-elle dans un souffle saccadé par son cœur déchaîné.
Avant que l’un d’eux ait pu dire quoi que ce soit, Thalia bondit dans leur direction et les enlaça simultanément. Rapprochés par la fillette, mère et fils s’étreignirent de nouveau sans rechigner. Ils inclurent Thalia au creux de leurs bras, qui profita d’être la plus petite pour se recroqueviller entre eux. Le cœur de Maria vibrait dans son dos et le souffle tiède de son frère lui frôlait les joues. Elle se demanda à quand remontait la dernière fois qu’ils s’étaient tous serrés ainsi dans les bras.
Depuis bien trop longtemps.

Quand ils se séparèrent enfin, Maria tint son fils du bout des bras pour l’étudier attentivement. Son visage avait perdu quelques rondeurs de l’enfance. Les arêtes de son nez et de sa mâchoire étaient plus acérées, sa bouche et ses yeux moins boudeurs.
Elle était encore en pleine contemplation quand Ethan se glissa près d’eux. Thalia se pressa aussitôt contre lui. Il passa une main à l’arrière de son crâne sans un mot. Il avait la gorge bien trop nouée pour parler.
— Arrêtez, je vais chialer.
Mike considérait la famille avec une moue agacée. Maria sortit de sa torpeur pour rire tout bas.
— Tu pleures déjà, Mike.
L’intéressé se contenta d’un sourire en coin alors qu’il fouillait sa poche de jeans à la recherche d’un mouchoir. Plus rapide, Ellis lui tendit un paquet complet. Michael le remercia à demi-mot avant de se moucher bruyamment.
— Espèce de bourrin, lui lança Jeremy en lâchant doucement les poignets de sa mère. Tu vas réveiller les gens.
Mike se contenta de faire une grimace à son filleul avant de lui lancer le paquet de mouchoirs.
— Essuie ta morve avant de me faire la morale.
Jim rattrapa le paquet en souriant. Il distribua des mouchoirs à sa mère et à sa sœur avant de sécher ses propres joues. Les larmes lui avaient brûlé le visage et laissé un goût de sel sur ses lèvres.
— Ta voix, lâcha Thalia en le contournant pour se planter devant lui, sourcils froncés. Elle a changé.
Elle avait déjà remarqué ceci lors de leur appel quelques heures plus tôt, mais le téléphone pouvait modifier les tonalités. C’était bien plus perturbant en face-à-face.
— J’ai mué, Thallie.
Perplexe, sa sœur croisa les bras sur la poitrine. Sans autre geste de prévention, elle planta la pointe de de chaussure dans son tibia. Une exclamation aigüe s’échappa de la bouche de son frère. Satisfaite, Thalia le regarder se plier en deux pour se frotter la jambe.
— C’est bon, tout va bien.
— Ça va pas, la tête ?!
— T’avais qu’à pas partir.
L’accusation, marmonnée à demi-mot, figea Jeremy dans ses reproches. Sa sœur avait baissé le nez, les bras toujours croisés autour d’elle dans une attitude de protection. Sa frange brune cachait ses yeux.
— Thalia, je…
Jim se retrouva à court de mots. Quand sa sœur inspira brusquement en décroisant les bras, il s’attendit à une avalanche d’accusations. Avec un sourire penaud, elle se contenta de reculer de quelques pas avant de faire volte-face. Alors qu’elle s’éloignait vers l’entrée de l’hôtel, Jim s’élança à sa suite.
— Thalia !
Maria le rattrapa par le bras au bout de quelques mètres. Elle avait encore les yeux rouges, mais ils luisaient d’apaisement quand elle força son fils à se tourner vers elle.
— Laisse-lui du temps, mon chéri. Ça fait beaucoup d’un coup.
Jim ouvrit la bouche, mais préféra se taire. Ça faisait beaucoup, oui. Pour lui aussi. L’épuisement s’abattit sur ses épaules aussi lourdement qu’une claque amicale de Mike. En remarquant son expression, Maria lui serra l’avant-bras.
— On a réservé une chambre d’hôtel, tu vas pouvoir te reposer.
Il marmonna dans sa barbe avant de se tourner vers le reste du groupe. Son père discutait avec Ellis et Jane. Ils semblèrent arriver à un point d’accord et, quand les deux femmes se dirigèrent vers les voitures, il interrogea sa mère :
— Ils restent pas ?
— Seulement Ethan. Les autres rentrent à Modros, c’est qu’à une heure de route.
Jeremy soupira puis s’avança vers Mike. Son parrain l’enlaça une dernière fois avant de lui souhaiter bonne nuit.
— On se retrouve bientôt, mon p’tit gars. En attendant, profite bien de ta famille.
— Bonne nuit, Mike. Rentrez bien.
Jim salua et remercia les trois autres adultes avant de retrouver ses parents près de la porte d’hôtel. Maria lui indiqua le numéro de chambre et lui souffla de partir devant. Ethan resta silencieux tandis que l’adolescent s’éloignait vers l’ascenseur. Il attendit que les portes de ce dernier soient refermées pour se tourner vers Maria. Elle prit la parole en premier.
— Je voulais simplement te remercier.
Ethan dressa des sourcils étonnés. Même si ses échanges avec Maria s’étaient adoucis au cours de l’année et demie écoulée, ils restaient plutôt formels. Les années de séparation avaient creusé un sillon de gêne et d’accusations mutuelles entre eux.
— T’as pas besoin de me remercier, soupira-t-il après coup. C’est mon fils aussi, Maria.
— Bien sûr, je parlais pas de ça. (Elle pinça les lèvres avant de lever le cou vers son ancien compagnon.) Je te parlais d’avoir trouvé le courage d’affronter les Sybaris.
Déstabilisé, Ethan la dévisagea un instant avant de se détourner. Comme ses mains se mettaient à trembler légèrement, il empoigna fermement ses bras.
— Comme j’ai pas pu participer, ajouta Maria d’un ton amer, j’ai eu l’impression d’abandonner encore une fois Jeremy. Je pense que c’était important que tu sois là dès que possible pour lui. Pour qu’il se rende compte qu’on a jamais arrêté de nous inquiéter pour lui.
— Oui.
Ethan s’en voulut d’avoir grommelé une réponse aussi laconique. Il ne voulait pas que Maria s’imagine qu’il lui en voulait ou regrettait. Il ne pouvait simplement pas s’empêcher d’être blessé par l’indifférence que lui témoignait Jim depuis la veille.
— Alors merci, se contenta de déclarer Maria sans insister. Pour avoir trouvé le courage d’affronter tout ça. Pour avoir ramené notre fils à la maison.
— C’était bien le minimum que je puisse faire, hein ? Après t’avoir trahie.
Dans son dos, Maria écarquilla les yeux en tressaillant. C’était la première fois depuis des années qu’il reconnaissait ce tort. Comme elle ne répondait pas dans l’immédiat, Ethan se tourna vers elle avec une grimace.
— Je sais que Mike prend ma défense et que vous vous engueulez souvent à propos de ça. Mais je suis lucide, Maria. J’avais trop peur, à l’époque. J’ai été lâche et égoïste.
Broyée par les émotions soudaines et bien trop vives qui s’étaient emparées d’elle, Maria se contenta de bredouiller des paroles inintelligibles. Huit ans plus tôt, quand leur fils était sorti de deux ans d’hospitalisation, Maria et Ethan s’étaient donné rendez-vous. Elle lui avait alors proposé de déménager, de fuir la Californie et de partir à l’autre bout des États-Unis si nécessaire. Encore ébranlé par l’incendie qui avait ravagé leur vie, Ethan avait été incapable d’accepter. Les souvenirs et les chaînes que les Sybaris avaient ancrés à son corps étaient trop lourds.
Maria n’avait jamais été capable de lui pardonner. Ils auraient pu tout reconstruire. Souder de nouveau leur famille. Éviter de cheminer seul chacun de leur côté. Élever leurs enfants ensemble.
— Si tu veux rester avec les enfants, ce soir, reprit Ethan après quelques secondes de silence, je peux dormir dans la voit…
— Ethan.
Il se tut, surpris par le regard perçant que Maria avait planté sur lui. Elle grimaça un rictus et s’approcha de lui. Ethan se raidit, prêt à affronter une tempête. Elle le prit simplement dans ses bras. Sans gêne ni insistance.
— Merci. Vraiment.
Trop hébété, il n’eut pas le temps de lui rendre son étreinte. Et le regret s’installa dans sa poitrine dès qu’elle tourna les talons vers l’ascenseur.
— Et raconte pas n’importe quoi, on va se partager les lits.
Ethan la rejoignit sans vraiment s’en rendre compte. Il sentait encore ses bras fermes autour de son torse. Une part de son être s’en voulut un peu moins, ce soir-là, quand il pénétra dans l’ascenseur aux côtés de Maria. 



Suite
Dernière modification par louji le ven. 05 mai, 2023 8:42 pm, modifié 1 fois.
TcmA

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par TcmA »

Et bonzoir~

Bon ben go les feels, hein ;w;
Ca fait du bien, cette réunion ! On l'attendait depuis un bon moment...
Thalia est absolument adorable, je veux lui faire des câlins. Elle est bien la soeur de Jim, quand elle lui balance le coup de pied dans le tibia :lol: (en vrai, c'était mérité)
Maria... Ca pique de la voir se rendre compte du temps passé loin de Jim, et tous les changements qu'il y a eu. (Et puis comment ça il est plus grand qu'elle maintenant ?? Wtf)
Mike est toujours mon kiki d'amour, il est tellement choupi.
Et Ethan... Fêlures-man lui va toujours aussi bien.

Comme d'habitude, j'aime ❤️
J'ai hâte de lire la suite (maybe on va switcher sur le pdv d'Ed et Becca ? Ca risque de picoter sévère).

La bise~
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par louji »

TcmA a écrit : dim. 23 avr., 2023 7:08 pm Et bonzoir~

Bon ben go les feels, hein ;w;
Ca fait du bien, cette réunion ! On l'attendait depuis un bon moment...
Thalia est absolument adorable, je veux lui faire des câlins. Elle est bien la soeur de Jim, quand elle lui balance le coup de pied dans le tibia :lol: (en vrai, c'était mérité)
Maria... Ca pique de la voir se rendre compte du temps passé loin de Jim, et tous les changements qu'il y a eu. (Et puis comment ça il est plus grand qu'elle maintenant ?? Wtf)
Mike est toujours mon kiki d'amour, il est tellement choupi.
Et Ethan... Fêlures-man lui va toujours aussi bien.

Comme d'habitude, j'aime ❤️
J'ai hâte de lire la suite (maybe on va switcher sur le pdv d'Ed et Becca ? Ca risque de picoter sévère).

La bise~
Bonzoiiir

On est là pour les feels 😔
Thallie est la caution cuteness et wholesomeness du récit ♥ (mais oui, ça reste une Wayne. Y'a un petit côté hargneux, on va dire :lol: )
Mdr oui il a grandi le petit chaton 🥹

Mercéééé ♥
Pour Ed et Becca, c'est pas forcément tout de suite, mais on y viendra !

Tchuss
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par louji »

Tiens, une publication un 05/05, ça tombe sur l'anniversaire de Thallie. Happy Birthday lil' clown.


– Chapitre 5 –



Mardi 10 mai 2022, Californie, États-Unis d’Amérique.


Il faisait encore nuit quand Jim ouvrit les yeux. Il s’étonna un instant de ne pas reconnaître sa chambre et se crispa en percevant une respiration près de son visage. Une fois que son cerveau fut moins embrumé, il reconstitua doucement les événements des jours passés. Alors il tendit le bras vers la silhouette avec qui il partageait le lit double. Il frôla des doigts la tempe de sa sœur sans oser la toucher vraiment. Jim ne voulait pas la réveiller.
Une douleur dans le bras l’encouragea à se lever. De l’autre côté de la chambre, ses parents s’étaient attribué les deux lits simples. Jeremy les dépassa en marchant sur la pointe des pieds. La salle de bains dans laquelle il s’engouffra n’était pas bien grande, mais il y avait au moins un lavabo et une douche. L’adolescent siffla un juron lorsqu’il enclencha l’interrupteur et se brûla les rétines. Une fois ses yeux habitués à la lumière blafarde, il inspecta son coude.
— Merde, marmonna-t-il en constatant que sa manche était raidie par un liquide qui avait séché.
D’un geste délicat, il remonta son vêtement jusqu’au-dessus du coude et grimaça. L’un des points de suture avait sauté. Le sang qui s’était échappé de la plaie avait formé une croûte autour. Peut-être avait-il été trop brusque lorsqu’il avait étreint ses proches quelques heures plus tôt.
Hier soir, sa mère lui avait indiqué un sac à dos dans lequel elle avait rangé une trousse de soin. Avant de sortir à sa recherche, Jim prit soin d’éteindre la lumière de la salle de bains. Le bruit de la fermeture éclair sonna douloureusement fort dans le silence de la chambre. Avec des grimaces, Jeremy s’efforça de fouiller le sac sans faire trop de bruits. Il dut pourtant se résigner lorsque la voix de sa mère s’éleva doucement dans le noir :
— Thalia ?
— Non, c’est moi. Désolé, je voulais pas te réveiller.
Le parquet grinça quand sa mère se leva pour le rejoindre à tâtons au milieu de la chambre.
— C’est pas grave, mon chéri. Il y a un problème ?
— L’un de mes points a sauté, faut que je désinfecte et mette un pansement.
— Attends, je vais t’aider. Prends le sac, on va regarder à la salle de bains.
Maria agrippa le bras sain de son fils pour qu’ils se guident mutuellement jusque dans la pièce attenante. Elle jura à son tour quand le plafonnier lui incendia les yeux. Son fils ricana en déposant le sac dans le lavabo afin de récupérer la trousse de soin. Décidément, ils avaient été fabriqués dans le même moule.
— Dis donc, fais gaffe à tes fesses avec tes moqueries, grommela Maria en récupérant du coton et la bouteille de désinfectant.
Son fils s’installa sur la cuvette fermée des toilettes en lui souriant. L’amour vache qu’il entretenait avec sa mère lui avait manqué. Ce n’était sûrement pas avec Edward qu’il se serait permis ce genre de plaisanteries.
— Ça te fait mal ? Je peux te donner un antalgique.
— Un peu, mais ça va. (Il tendit docilement le bras à sa mère pour qu’elle tamponne la plaie.) On fait quoi pour le point qui a sauté ?
— On demandera à ton grand-père de le refaire cet après-midi. On doit le retrouver chez Ethan. On va mettre un pansement en attendant.
Son fils hocha la tête en s’efforçant de garder son bras stable. Maria extirpa de la trousse des sutures adhésives avec un sourire satisfait.
— Tiens, parfait ça.
Elle colla les fines bandelettes à proximité du point manquant afin de resserrer la chair. Une fois sa tâche terminée, elle protégea le tout d’une compresse et ébouriffa les cheveux de son fils.
— Et voilà.
— Merci, m’man.
Maria observa le visage de l’adolescent en rangeant la trousse. Elle apprenait à le reconnaître. À s’habituer à sa silhouette qui tendait plus vers l’adulte que vers l’enfant. À ses traits plus sérieux. La fierté de le voir grandi se disputait à la peine de n’avoir pu y assister directement.
— Tu sais que je t’aime fort, hein ?
Son ton soudain grave tira une moue pensive à son fils. Il se leva de la cuvette pour l’étreindre brièvement. Sa voix tremblota lorsqu’il répondit à son tour :
— Oui, maman. Moi aussi, je t’aime.
Maria ferma les yeux en calant son front contre son épaule. Après quoi, elle lui frotta gentiment le dos puis recula. Ses yeux piquaient.
— Allez, retourne te coucher mon chéri.
L’adolescent la remercia pour son aide avant de sortir. Maria resta un instant seule dans la salle de bains. Elle s’aspergea le visage d’eau froide et expira longuement. C’était la première fois depuis dix ans que leur famille était entièrement réunie. C’était beaucoup d’émotions à gérer. Elle ne voulait pas alourdir les épaules de son fils d’une mélancolie poisseuse. Pourtant, quand elle le voyait, les regrets envahissaient sa gorge et lui coupaient la voix. Elle aurait aimé offrir à son fils une enfance plus apaisée que la sienne.
Elle avait échoué jusqu’ici. Ils avaient échoué, avec Ethan. Même s’ils ne pouvaient pas rattraper le temps perdu, l’avenir était encore à leur portée.

Le trajet du retour vers Modros se déroula sans encombre. Maria se glissa derrière le volant tandis que ses enfants s’installaient sur la banquette arrière. Sur le siège passager, Ethan s’occupa de prévenir leurs proches de leur départ.
Alors qu’ils s’engageaient sur la route de campagne qui les ramènerait chez eux, Thalia se lança dans un résumé énergique et illustré de l’année et demie que son frère avait manquée. Elle se focalisa sur ses propres expériences, estimant que les autres personnes concernées seraient à même d’en discuter avec Jim. L’adolescent fut reconnaissant à sa sœur d’engager la conversation pour meubler le voyage. Même si ses parents avaient doucement abordé le sujet, il ne se sentait pas encore de s’ouvrir. Les mois passés à la Ghost Society auprès des Sybaris étaient trop vifs pour qu’il ne se brûle pas la langue à essayer d’en parler.
Si les premières phrases de Thalia furent incertaines, elle prit rapidement un rythme soutenu. Sa voix claire conta son expérience d’une nouvelle école, de nouveaux amis, des examens et des choses apprises. Sa diction se fit encore plus rapide quand elle aborda le sujet de Snowball. Jeremy resta un instant interdit avant de comprendre de qui elle parlait. Il laissa sa sœur lui montrer une vingtaine de photos de l’intéressé avant de se pencher vers sa mère.
— Eh, j’ai demandé un chien pendant des années et Thalia a droit à un chat ?
— Snowball est chez votre père, pas chez moi, expliqua Maria avec un soupir. Mon chéri, tu sais bien qu’un chien à notre appartement de Sludge, c’était pas possible. J’étais à temps plein et ni toi ni Thalia vous seriez occupés de lui en journée.
— Et Snowball est indépendant, au moins, renchérit Thalia en faisant défiler des photos de son animal de compagnie.
— Veinarde.
Jim se laissa aller dans son siège, le regard rivé à une vidéo du chat blanc qui s’était lancée sur le téléphone de sa sœur. Un an que Snowball logeait chez Ethan, depuis que Thalia l’avait eu pour son dixième anniversaire.
— Et, tout à l’heure, reprit-il d’un air songeur, t’as parlé de candidatures pour des collèges ? Tu vas pas aller dans un collège du centre-ville ?
— Je tente ma chance à l’école de S.U.I.
— Quoi ? s’étrangla son frère en se redressant sur la banquette arrière. Mais pourquoi ?
Surprise par l’expression inquiète qui rongeait les traits de Jim, Thalia haussa les épaules.
— Pourquoi pas ? C’est l’un des meilleurs collège-lycée du nord de la Californie. Pour les universités, c’est bien.
Jim dévisagea sa sœur en déglutissant péniblement. Tout juste onze ans et elle se projetait déjà dans les études supérieures.
— Mais tu vas faire le cursus général, hein ? Pas celui de S.U.I.
— Évidemment, soupira Thalia d’un air exaspéré. Le sport, j’aime pas ça.
Comme Ethan souriait en observant sa fille dans le rétroviseur intérieur, Thalia lui rendit sa mimique.
— Désolée, papa.
Jeremy observa sa sœur et son père tour-à-tour sans comprendre. En remarquant son manège, Thalia lui agrippa le bras pour déclarer avec enthousiasme :
— Ben oui, tu sais pas ! Papa est prof de sport à l’École.
— Quoi ? s’étrangla de nouveau Jim.
— D’EPSA, plus précisément, prit soin de nuancer Ethan d’une voix tranquille.
— Mais…
— À temps plein à partir de la rentrée, ajouta Thalia sans se départir de son sourire. Pour l’instant, c’est que le matin.
Médusé, Jim digéra l’annonce pendant quelques secondes avant de s’enquérir :
— Mais et ton boulot à la A.A ? Avec Mike ?
— Je continue de travailler à la A.A les après-midis. Mais comme l’a dit Thalia, en septembre, je serai à temps plein à l’École. Mike reste à la A.A.
— La vache. OK. (Devant la moue vaguement agacée de sa sœur, il s’éclaircit la gorge.) Euh, c’est cool.
Ethan sourit de son hésitation et déclara :
— J’avais besoin de changement. M. Scott, le directeur, m’a proposé d’assister des profs d’EPSA pendant un temps. Puis j’ai décidé de m’y consacrer pleinement.
Jim ne trouva rien de pertinent à répondre. Il était encore trop surpris. Il imaginait son père à la place de M. Cross, qui occupait le même poste. Un sifflet autour du cou, un filet de ballons aux pieds. L’image le fit sourire vaguement.

Ils arrivèrent à Modros en milieu de matinée. La boule d’appréhension dans l’estomac de Jeremy remonta jusque dans sa trachée lorsqu’ils s’enfoncèrent dans Down-Town. Il n’avait pas passé suffisamment de temps dans le centre-ville pour remarquer d’éventuels changements. Pour autant, la simple idée d’être de retour dans la ville qui l’avait vu naître et grandir le faisait frémir.
Maria les conduisit directement à la résidence où vivait Ethan. Elle-même habitait à Dourney, avec son petit-ami, mais ils avaient prévu de retrouver Ellis et Mike à Down-Town. Une fois la voiture garée à proximité de l’entrée de la résidence, Jim récupéra sa veste puis emboîta le pas à sa sœur. Il avait honte de ne pas reconnaître le chemin. Il n’avait passé que deux semaines chez son père, plus d’un an en arrière, mais il s’en voulait. L’idée qu’il ait pu effacer son ancienne vie en arrivant à la Ghost le minait.
— Jeremy ?
Thalia venait de glisser son bras sous le sien. C’était une habitude qui datait de leur enfance, lorsqu’ils rentraient à pied de leur école de Seludage et voulaient se rassurer mutuellement au milieu des ruelles mal famées. C’était à présent superflu puisqu’ils étaient tous les deux plus grands et placés dans un environnement plus sûr. Pour autant, ni l’un ni l’autre ne chercha à casser l’initiative.
— Tu vas voir ta nouvelle chambre, déclara Thalia dans l’espoir de le rassénérer.
Son frère se crispa à cette mention. Il s’efforça pourtant de suivre l’adolescente sans rechigner jusqu’au portail de la résidence. Trois immeubles de quatre étages s’élevaient au-delà d’une cour de béton ponctuée d’arbres solitaires. En la traversant, Ethan et Thalia saluèrent des voisins de passage. Leur regard curieux posé sur Jim le fit se sentir comme un étranger, un intrus.
Ses parents et sa sœur le précédèrent à l’intérieur de l’immeuble. Chaque marche ajouta une bille de plomb dans son estomac. Trois jours plus tôt, Jeremy se préparait pour un gala de négociation aux côtés des Sybaris. Même si l’espoir de retrouver sa famille ne s’était jamais complètement tari, il ne pouvait pas nier qu’une part de lui-même s’était résignée à vivre avec son oncle. Se retrouver projeté d’un univers à un autre en quelques jours le faisait vaciller.
Au quatrième, il n’y avait que deux appartements. Jim lorgna la plaque des voisins dans la vague idée d’amoindrir son appréhension. Passerait-il la plupart de son temps ici, à présent ? Ou irait-il vivre avec sa mère ?
— Snowball !
L’exclamation enjouée de Thalia le tira de son observation. Jim se décala pour mieux voir l’animal qu’étreignait sa sœur. Comme son nom l’indiquait, c’était une boule de fourrure blanche aux poils mi-longs. Le chat renifla l’air, curieux des nouvelles odeurs qui pénétraient dans son territoire. Jeremy s’approcha avec prudence avant de tendre ses doigts. Snowball huma sa main puis s’en détourna allègrement.
— Super, ton chat, Thallie, grinça-t-il en dépassant l’intéressée pour mieux considérer son environnement.
Même si ses souvenirs de l’appartement étaient flous, Jim était persuadé qu’il y avait eu du changement. Des photos et tableaux décoratifs habillaient les murs du salon-cuisine, le canapé et la table basse avaient été remplacés par des versions plus modernes et colorées. Des livres traînaient sur le guéridon et la console d’entrée croulait sous un étonnant mélange de lettres, clés, stylos et piles usagées.
— Installe-toi tranquillement, intima Maria à son fils en lui frôlant le bras.
Jim hocha la tête en accrochant sa veste au porte-manteau. Un fond de nausée lui piquait la gorge. Tout était si différent du quotidien qu’il avait connu pendant un an et demi. Les odeurs, moins aseptisés. Les couleurs, plus chaleureuses.
— Si vous avez faim, je peux faire des œufs brouillés, proposa Ethan en s’approchant de la cuisine. Mike et mon père arrivent pas avant treize heures, ils doivent apporter les pizzas.
— Pizzas, répéta Thalia d’un air rêveur en déposant Snowball sur le canapé.
— J’dirais pas non aux œufs brouillés.
Jeremy s’était avancé vers son père, lorgnant tour à tour bibelots, meubles et objets du quotidien. Les magnets sur le frigo, un post-it indicatif laissé près du micro-ondes, un mug abandonné dans l’évier. Ces banalités lui rappelaient cruellement son absence, tout en le rassurant. Sa famille était une famille comme les autres, quelque part. Avec ses petites habitudes, ses manies, ses bizarreries. Il ne lui restait plus qu’à les apprendre pour y participer à son tour.
Dans le petit espace cuisine, Ethan s’empara d’une poêle.
— Allons-y pour les œufs. Thalia, tu montres sa chambre à ton frère ?
La jeune fille, qui venait de quitter ses tennis et sa veste, bondit vers la porte du bureau. Du moins, c’était encore le bureau quand Jim avait passé quelques temps chez son père.
— J’imagine que tu as pris mon ancienne chambre, lâcha-t-il en observant le couloir qui donnait sur la salle de bains et les deux autres chambres.
— Oui. (Avant qu’elle puisse ouvrir la porte de l’ancien bureau, Thalia se tourna vers son frère en grimaçant.) Ça te dérange ?
— Non, tu rigoles ! T’en avais plus besoin que moi.
Même si c’était vrai, logique, une part de Jeremy s’emplit d’amertume. Son père n’allait pas déménager juste pour lui et l’ancien bureau pouvait très bien être transformé en chambre. C’est d’ailleurs ce qui s’était passé. Pour autant, être constamment rappelé de son absence des derniers mois enfonçait plus profondément Jim dans le désarroi.
Thalia s’effaça pour le laisser entrer. La pièce, sous les toits, était biscornue. Le plafond s’inclinait vers le bas, au-dessus d’un matelas disposé à même le sol. On avait poussé un bureau neuf près de l’unique fenêtre. Il y avait une petite commode entre le lit et le mur ainsi qu’une armoire étroite pourvue d’un miroir. Des tas de vêtements étaient empilés sur le matelas.
— On a pas osé faire la déco, lui apprit Thalia en se glissant dans la chambre après lui. Tu la feras toi-même.
Sans se préoccuper de ce que dirait son frère, elle se laissa tomber sur le matelas. Une pile de vêtements s’écroula sur elle au passage. Elle en profita pour récupérer un t-shirt gris simple et le montrer à l’adolescent.
— Papa et maman t’ont acheté plein de vêtements. (Comme Jim l’observait sans rien dire, trop hébété pour réfléchir correctement, elle enchaîna d’un ton contrit : ) Ils savaient pas quelle taille tu ferais, alors tu feras le tri de ce qui te va pas.
Maria s’était approchée à son tour. Elle glissa une main sur l’épaule de son fils et demanda :
— Alors ? Ça te va ?
Jeremy quitta sa sœur des yeux pour considérer sa mère. Les réminiscences d’inquiétude sur le visage de Maria étaient petit à petit remplacées par le contentement et le soulagement.
— O-Oui, ça va. Mais… je vais plus vivre avec toi ?
La question resta à moitié bloquée dans la gorge de l’adolescent. Il ne voulait pas avoir l’air d’un petit garçon déboussolé. C’était pourtant ce qu’il ressentait et Maria le perçut sans mal. Elle pâlit puis lui serra le bras avec douceur.
— Je vais tout t’expliquer, mon chéri. Dans un premier temps, il vaut mieux que tu dormes chez papa.
Peine et surprise scellèrent les lèvres de Jim sur les centaines de questions qui gigotaient sous son crâne. Il assaillirait sa mère de ses interrogations plus tard. En attendant, il avait une toute nouvelle chambre à explorer. Des vêtements à trier, des marques à graver.
Un tout nouvel univers à appréhender.



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Dernière modification par louji le ven. 19 mai, 2023 5:13 pm, modifié 1 fois.
TcmA

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par TcmA »

Hiello~

Awww la famille réunie ;w;
Maria et Jim étaient kikis dans ce chap, ça fait plaisir.
Snowball est le meilleur chat de l'année MDRRR
Ahlala, Thallie a grandi trop vite, elle se projette si loin :') Joyeux anniversaire, ma kikignette
J'avoue que j'ai hâte de voir ce que Ethan en prof de sport va donner !
Et puis Jim... Ptit chat anxieux, il va falloir qu'il retrouve ses marques.

J'ai hâte de voir comment il va faire ça (et puis j'attends la réunion/réconciliation avec Ryu !)

La bise
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par louji »

TcmA a écrit : sam. 06 mai, 2023 10:43 am Hiello~

Awww la famille réunie ;w;
Maria et Jim étaient kikis dans ce chap, ça fait plaisir.
Snowball est le meilleur chat de l'année MDRRR
Ahlala, Thallie a grandi trop vite, elle se projette si loin :') Joyeux anniversaire, ma kikignette
J'avoue que j'ai hâte de voir ce que Ethan en prof de sport va donner !
Et puis Jim... Ptit chat anxieux, il va falloir qu'il retrouve ses marques.

J'ai hâte de voir comment il va faire ça (et puis j'attends la réunion/réconciliation avec Ryu !)

La bise
Helloo

Ben oui ils sont kikis 😔
Thalia, elle perd pas le nord c'est clair. Elle est même un peu trop focalisée sur sa boussole parfois 😅
On verra Eth en prof, hehe.

(ça arrive pour Ryu ♥)

Merci encore pour ton commentaire :mrgreen:
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par vampiredelivres »

Hellow !

Bon, ils sont choupis Maria et Jim. À deux doigts de reconsidérer mon pdv sur elle, mais elle me frustre encore beaucoup trop quand elle est avec des adultes (soit 90 % de ses relations, déjà bien restreintes). Anyway, ils sont choupis, ça fait du bien de voir un petit moment mère-fils qui peut raccrocher un peu Jérémy à son environnement actuel.

Thallie, chouchoute, je sais pas comment elle fait pour gérer avec autant de calme une situation aussi capillotractée… surtout que si ça ne reposait que sur elle, je suis certaine que ça aurait été limite mieux géré qu'avec les adultes :lol:
Snowball ! Nos histoires c'est des histoires de chats en fait :lol:
Mdr, Jérémy qui aurait pu se retrouver avec son père en prof, la gêne x) D'ailleurs on parle de Thalia, mais Jim va reprendre le cursus S.U.I. ?

C’était à présent superflu puisqu’ils étaient tous les deux plus grands et placés dans un environnement plus sûr. :arrow: Ouais alors vu l'instabilité latente de la famille proche et éloignée, c'est pas si sûr qu'ils soient dans un environnement plus safe :lol:
la console d’entrée croulait sous un étonnant mélange de lettres, clés, stylos et piles usagées. :arrow: J'me sens visée :roll:

Bon, notre émo-boy est largué, à plutôt juste titre. C'est vrai que se faire balader d'une ambiance à une autre comme ça est particulièrement stressant, surtout que ce n'était pas vraiment par choix. J'aime beaucoup la petite mention du fait qu'après un an et demi, il se soit quasiment résigné à vivre chez Ed… d'autant que, c'est moche à dire, mais Ed l'a beaucoup plus motivé que ses parents pour le moment. Il avait trouvé le bon levier. Pas de la bonne manière, mais il l'avait. Est-ce que Jim saura garder cette drive vers l'avant ?

Beaucoup de questions finalement, mais c'était un très bon chapitre, et les précédents (que j'ai pas commenté, honte à moi) étaient très cool aussi ! C'est calme pour le moment, mais j'aime beaucoup les ambiances que tu poses. Comme toujours, tu arrives à nous plonger droit dans la psychologie des personnages, taper juste dans les sentiments qu'ils ont.

Bon courage dans l'écriture ! :)
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : jeu. 11 mai, 2023 6:04 pm Hellow !

Bon, ils sont choupis Maria et Jim. À deux doigts de reconsidérer mon pdv sur elle, mais elle me frustre encore beaucoup trop quand elle est avec des adultes (soit 90 % de ses relations, déjà bien restreintes). Anyway, ils sont choupis, ça fait du bien de voir un petit moment mère-fils qui peut raccrocher un peu Jérémy à son environnement actuel.

Thallie, chouchoute, je sais pas comment elle fait pour gérer avec autant de calme une situation aussi capillotractée… surtout que si ça ne reposait que sur elle, je suis certaine que ça aurait été limite mieux géré qu'avec les adultes :lol:
Snowball ! Nos histoires c'est des histoires de chats en fait :lol:
Mdr, Jérémy qui aurait pu se retrouver avec son père en prof, la gêne x) D'ailleurs on parle de Thalia, mais Jim va reprendre le cursus S.U.I. ?

C’était à présent superflu puisqu’ils étaient tous les deux plus grands et placés dans un environnement plus sûr. :arrow: Ouais alors vu l'instabilité latente de la famille proche et éloignée, c'est pas si sûr qu'ils soient dans un environnement plus safe :lol:
la console d’entrée croulait sous un étonnant mélange de lettres, clés, stylos et piles usagées. :arrow: J'me sens visée :roll:

Bon, notre émo-boy est largué, à plutôt juste titre. C'est vrai que se faire balader d'une ambiance à une autre comme ça est particulièrement stressant, surtout que ce n'était pas vraiment par choix. J'aime beaucoup la petite mention du fait qu'après un an et demi, il se soit quasiment résigné à vivre chez Ed… d'autant que, c'est moche à dire, mais Ed l'a beaucoup plus motivé que ses parents pour le moment. Il avait trouvé le bon levier. Pas de la bonne manière, mais il l'avait. Est-ce que Jim saura garder cette drive vers l'avant ?

Beaucoup de questions finalement, mais c'était un très bon chapitre, et les précédents (que j'ai pas commenté, honte à moi) étaient très cool aussi ! C'est calme pour le moment, mais j'aime beaucoup les ambiances que tu poses. Comme toujours, tu arrives à nous plonger droit dans la psychologie des personnages, taper juste dans les sentiments qu'ils ont.

Bon courage dans l'écriture ! :)
Hellooo


Oui ils sont choupis 😠 Hehe, pour Maria, je perds pas espoir. Sur ses relations avec d'autres adultes, certaines choses te feront sûrement chier, d'autres te feront plus plaisir. Bref, c'est la vie et les personnages de roman quoi.

Thalia, smoll but mighty comme on dit :lol:
J'ai pensé à tes chats aussi en publiant ce chapitre, je me suis dit que ça allait faire un lien 😏
Mdr sur ce point, y'a encore moyen que ça lui tombe dessus :roll: Et bien sûr il va reprendre l'École (s'il est accepté) !

Effectivement, mais on essaie de comparer avec leur enfance à Sludge :lol:
(on se sent tous visés avec la console d'entrée fourre-tout...)

Yeees il est largué mais il va rapidement choper des repères. L'idée est pas qu'il soit paumé pendant 180k mots quand même :lol:
Une partie de lui s'était complètement résignée. Du moins de pas revoir sa famille avant sa majorité, où il aurait été diplômé et capable de faire ce qu'il veut. Et oui il avait un environnement beaucoup plus propice à la progression personnelle (mais à la régression sur d'autres plans hehe). Mais oui, est-ce qu'il va redevenir un gros tocard ou juste être un tocard potable, telle est la question.

Pas de soucis pour les précédents chapitres ! Ils sont pas forcément hyper longs, donc je comprends la préférence à commenter plusieurs d'un coup =)

Merci pour ton com, tu sais que c'est toujours motivant et plaisant !

A plous
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par louji »

Et on retrouve enfin l'École !


- Chapitre 6 -



Mercredi 11 mai 2022, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Ethan gara sa voiture sur l’une des dernières places réservées aux professeurs. Le parking de l’école de S.U.I était accolé à la face sud de l’établissement. Les toits des véhicules qui les entouraient luisaient sous le soleil matinal. C’était une époque plaisante pour les activités en extérieur ; l’air était doux et les températures encore clémentes. D’ailleurs, on apercevait des groupes d’élèves en plein cours de sport sur le stade d’athlétisme qui jouxtait l’École.
Même s’il avait coupé le moteur, Ethan garda les mains sur le volant. Ça faisait un moment qu’il ne se sentait plus stressé en arrivant ici. Ses premières semaines en tant qu’assistant s’étaient déroulées dans un nuage de brume et de manque de confiance, mais il s’était depuis endurci. Comme aimait lui rappeler le directeur, Ethan avait fait ses preuves et n’avait pas à rougir de quoi que ce soit.
Pourtant, il était à présent figé à son siège. Ce n’était pas vraiment lui qui était dévoré par l’appréhension. Mais son passager était bien trop cher à son cœur pour qu’il ne puisse pas absorber en partie ses émotions.
— On peut revenir cet après-midi, souffla-t-il d’un ton conciliant. Ou demain.
— Ça sera pareil, grinça Jeremy sans cesser d’observer les environs par la vitre.
Il agitait nerveusement la jambe droite et tapotait les doigts de sa main gauche sur sa cuisse. Si elle l’avait vu faire, Rebecca lui aurait sûrement jeté à la figure sa balle anti-stress en forme de cupcake. Une nouvelle pointe acérée s’enfonça dans la poitrine de l’adolescent. Sa cousine n’était pas là ; elle ne risquait pas de le gourmander ou de lui lancer quoi que ce soit à la figure.
— Jem, vraiment, si tu…
Ethan se tut lorsque Jeremy se décida à ouvrir la portière. Il inspira un bon coup avant de faire de même. Officiellement, il était en congés. Lorsque Myrina lui avait communiqué la date du gala, il avait aussitôt prévenu la direction qu’il serait absent pour motifs familiaux. Son collègue serait sûrement surpris de le voir débarquer aujourd’hui, mais ni lui ni son fils ne comptaient gêner le déroulé du cours.
— C’est toujours aussi accueillant, ironisa Jeremy en avisant le poste de contrôle à l’entrée et le grillage qui ceignait l’École.
— Je suis quand même content de savoir que ce dispositif est en place. Surtout si tu retournes à l’École. Edward viendra pas te chercher ici.
Jeremy laissa son père passer devant quand ils se présentèrent à la cabine où des vigiles se relayaient pour surveiller l’entrée. Tandis qu’Ethan sortait sa carte de professeur et les papiers de Jim pour justifier leur présence, ce dernier zieuta vers la cour. L’École, au moins, ne semblait pas avoir changé. Sur la droite s’étendait le Centre, bâtiment de deux étages qui accueillaient l’internat, l’infirmerie ainsi que l’administration. En face, des salles de rangement ou d’entraînement occupaient une structure plus petite. Au-delà de la cour, tout au nord, se dressait une imposante bâtisse. Le soleil faisait jouer mille reflets sur ses multiples fenêtres. Le self et l’épicerie de l’École se partageaient le rez-de-chaussée et les salles de cours le reste du bâtiment.
— Jem ?
L’adolescent revint à son père, qui lui faisait signe de le suivre. Avant qu’ils aient le temps de s’enfoncer dans la cour, où une classe de jeunes élèves s’échauffait, Ethan bifurqua vers la droite. Perplexe, Jim lui emboîta le pas. Ils franchirent l’ouverture du grillage qui donnait sur le terrain d’athlétisme et se postèrent près de la clôture. Deux classes se partageaient l’espace, l’une en train de courir en enchaînant les tours, l’autre divisée en petits groupes d’entraînement.
— C’est ma classe, lâcha Ethan en indiquant les adolescents rassemblés par binômes ou trinômes au milieu. Cursus de S.U.I, 6ème année.
— Un an de plus que moi. (Jim se redressa, les mains serrées autour de la barre de la clôture.) C’est vraiment tes élèves ?
Ethan rit sous cape.
— Oui. Enfin, je suis assistant, donc j’alterne entre eux et une classe de 2ème année.
— Donc ils ont un prof principal d’EPSA et toi tu tournes pour les aider ?
— Exactement. Mais, à la rentrée, j’aurai ma propre classe.
Jeremy observa son père à la dérobée. Son visage s’était apaisé au fil de la discussion. Il avait l’air de prendre son nouveau métier à cœur. L’adolescent était content pour lui, même si l’idée que son père soit prof dans l’établissement où il suivrait sa scolarité le perturbait franchement.
— Regarde ceux qui courent.
Jim obéit et s’efforça de ne pas perdre de vue les adolescents qui s’échauffaient en faisant le tour du terrain. Une grimace compatissante lui froissa les traits. Entre ses deux mois à S.U.I et son année et demie à la Ghost Society, il savait combien c’était rébarbatif.
— Avec Manuel, on emmène nos classes s’entraîner sur ce terrain le mercredi matin. Je savais qu’ils seraient là.
— Manuel ?
— M. Cross.
— Oh bordel, il a un prénom ?
La remarque fit s’esclaffer son père. Il attendit que Jim cesse de faire la moue pour annoncer doucement :
— C’est la classe de Ryu.
Les mains de Jeremy lâchèrent la barrière. Les yeux écarquillés, il chercha frénétiquement son ami. Le brouhaha en provenance du terrain et de la cour derrière lui s’était dissipé. Les silhouettes n’étaient que des amas flous, car elles n’étaient pas son ami.
Ryusuke finit par apparaître dans son champ de vision, alors qu’il entamait le virage qui le ramènerait près d’Ethan et de son fils. Les mois l’avaient fait pousser comme un champignon, sans l’épaissir bien plus qu’il ne l’était quand les garçons avaient été séparés. Sa silhouette longiligne le faisait dépasser la plupart de ses camarades. De loin, son visage paraissait rougi par l’effort, même si la pâleur de ses bras dénudés prouvait qu’il avait toujours autant de mal à bronzer.
L’esprit de Jeremy était piégé dans un voile de coton assourdissant. Sans se soucier de l’appel de son père ou des chuchotis étonnés des élèves, il se glissa sous la barrière et traversa la piste d’athlétisme. Un camarade de Ryu siffla un juron entre ses dents quand il dut se déporter sur le côté pour l’éviter au dernier moment. Leur professeur, qui venait de remarquer le manège, porta un coup puissant dans son sifflet.
— Eh, dégage de là !
Jim observa brièvement M. Cross, ignora son avertissement et s’élança derrière Ryu. Son ami ne l’avait pas remarqué immédiatement, concentré sur sa course. Ryusuke finit par ralentir, alerté par le grabuge dans son dos. La respiration saccadée, ses cheveux noirs plaqués sur sa nuque et ses tempes par la sueur, il dévisagea Jim pendant quelques secondes sans comprendre.
— Ryu.
La voix de Jeremy était aussi fébrile que ses genoux. Il avança pourtant sans s’arrêter, poussé sur le besoin d’approcher le plus près possible pour s’assurer que tout était bien vrai. Que Ryu était bien là, à deux mètres de lui.
Les lèvres de Ryusuke s’entrouvrirent. Pourtant incapable de parler, il se contenta de haleter. La poitrine de Jim s’engourdit quand il parvint à sa hauteur. Ryu avait toujours été plus grand que lui, mais ses changements physiques le frappaient à présent. À même pas quinze ans, son ami n’avait sûrement pas cessé de grandir, mais il atteignait déjà le mètre quatre-vingts. Même s’il avait une silhouette dégingandée, ses épaules s’étaient quelque peu élargies. L’entraînement quotidien de l’École lui avait accordé une certaine stature.
Sous ses mèches rendues folles par la course et la sueur, le visage de Ryu se plissait et se froissait à la recherche d’une expression appropriée. Ses yeux sombres n’avaient jamais semblé insondables chez lui. Quoique généralement calme, son regard avait déjà pris des accents implacables. Il y avait chez Ryu cette douceur subtile qui pouvait virer à une fermeté froidement calculée.
Il n’y avait pourtant, à cet instant, aucun calcul dans les yeux de Ryu. Rien que la plus franche des surprises, la plus sincère des tendresses.
— Jere…
— Bouge de là, Wayne !
Un coup sur le côté déporta Jim et manqua le faire tomber. Ahuri, il balança un regard irrité à l’adolescente qui l’avait bousculé. Elle arrivait tout juste à l’épaule de Ryu, mais considérait Jim comme s’il n’était qu’une vulgaire motte de terre sous son pied. Alors que Jeremy tentait d’associer un prénom à ce visage farouche qui le défiait, deux autres élèves les rejoignirent. La fille du duo, une adolescente à la peau d’un beige doré, ne tarda pas à s’exclamer :
— Jeremy ? J’y crois pas !
L’intéressé sentit ses lèvres se courber. Ce visage, il le reconnaissait.
— Valentina.
Son ancienne camarade le gratifia du sourire éclatant dont elle avait le secret.
— Et moi, tu me reconnais pas ?
La deuxième adolescente était revenue à la charge. Jeremy procéda par élimination pour retrouver son identité parmi les rares élèves qu’il avait côtoyés.
— Kaya. Bordel, t’as changé.
Kaya émit un grognement satisfait. Disparus ses cheveux châtain foncé et ses yeux fuyants. Une tignasse teinte en blond polaire et coupée à la longueur d’une phalange se dressait sur son crâne. Quant à son regard noisette, elle le plantait impitoyablement sur Jim.
— Bon, tu dégages de la piste pour nous laisser faire notre entraînement ou…
— Kaya, l’interrompit le dernier adolescent d’une voix apaisante. Salut, Jeremy. Ça fait un bail.
Jason tendit une main amicale à Jeremy en souriant. Il ressemblait beaucoup à sa mère, avec son visage anguleux et le bleu serein de ses yeux.
— Salut, Jason.
— Bon, lança une voix caverneuse dans leur dos, pas que j’ai envie de casser ce petit instant retrouvailles, mais vous êtes plantés au milieu de la piste bande de dindes.
Jeremy grimaça en se tournant vers son ancien professeur. Son crâne lisse luisait au soleil.
— Pardon, m’sieur. Je voulais pas déranger. C’est juste que…
Il se tourna vers Ryu, qui n’avait toujours pas pipé mot ni quitté son ami du regard. Derrière lui, le lourd soupir du prof faillit soulever les petits cheveux sur sa nuque.
— Hitori, tu es dispensé du cours.
Ryusuke sortit de sa torpeur en clignant rapidement des paupières.
— Pardon ?
— Tu peux quitter l’entraînement. (Face à sa moue sidérée, M. Cross haussa les épaules.) C’est pas tous les jours qu’on retrouve son ami après un an et demi de séparation.
Avant que les adolescents puissent le remercier, il salua l’homme qui s’était approché à son tour.
— Ethan, t’aurais pu le retenir.
— Désolé.
Comme les deux hommes entamaient une discussion à propos des cours, Kaya tapa du pied sur la piste et gronda :
— Bon, on y retourne ! Sauf toi, Ryu.
— On se retrouve plus tard, leur promit Valentina avant de s’élancer à la suite de ses camarades.
Ils laissèrent Jim et Ryu plantés au bord de la piste. Les deux amis échangèrent un regard, un sourire, puis un rire gêné. Comme Jeremy se mettait à balbutier, Ryu proposa :
— On va se poser près du grillage ?
— Carrément.
Ils traversèrent la piste en sens inverse pour rejoindre l’endroit d’où Jim et son père étaient arrivés. Une fois assis en tailleur contre la grille, ils avaient une vision d’ensemble du terrain, de leurs camarades et de leur embarras mutuel.
— Je pensais pas que tu viendrais si tôt, entama Ryu d’une petite voix. Tes parents m’ont dit que l’opération était en cours, le week-end dernier. Mais, depuis, pas vraiment de nouvelles.
— Ben… me voilà.
Jim avait levé les mains pour se désigner. Ryusuke rit doucement avant de secouer la tête.
— Tu me feras le plaisir de récupérer un portable et d’envoyer des foutus messages. Pour les prochaines fois.
— Ouais. Promis.
Les traits de Ryu se détendirent. Jim n’était pas certain d’avoir remarqué jusqu’à présent leur harmonie et la finesse avec laquelle ils étaient tracés sur son visage allongé. Ses lèvres se recourbèrent en sourire songeur alors qu’il rendait à Jeremy son regard inquisiteur.
— T’as changé.
La remarque, bien qu’anodine, alluma des braises de douleur dans l’estomac de Jim.
— Ouais. Toi aussi.
— Je m’en doute. (Ryu tendit le doigt vers la tempe gauche de son ami.) Nouvelle cicatrice.
— Une sale histoire de pots de peinture.
Ryusuke lâcha un éclat de rire désemparé.
— Je crois que t’as plein de choses à me raconter.
— Beaucoup de choses. (De nervosité, Jim arracha quelques touffes d’herbe.) Toi aussi, faudra que tu me racontes tout ce que t’as fait depuis le temps.
Ryusuke acquiesça en silence, concentré sur les mains de son ami. Sous sa peau plus hâlée que la sienne, il observa le jeu de ses os et tendons, le parcours de ses veines, alors qu’il martyrisait le gazon. En se concentrant, il décelait même d’infimes cicatrices d’entailles superficielles.
— Je rêve ou t’as les ongles plus longs à droite ?
Jim dressa le nez, zieuta ses doigts puis hocha du menton.
— Yep, c’est pour la guitare.
— T’as commencé à en jouer ? C’est génial !
Les pommettes de Jim se teintèrent de rose. C’était encore un sujet sur lequel il manquait de confiance. Sa gêne disparut pourtant : il venait de se rappeler que sa guitare, celle que Rebecca lui avait léguée, était restée au centre de formation de la Ghost.
— Je sais pas si je vais continuer. J’ai pas de guitare.
— Demande-en une à tes parents.
Comme Jim ne répondait pas dans l’immédiat, plongé dans les souvenirs doux-amers de ses sessions d’entraînement en compagnie de sa cousine, Ryu lui tapota la cuisse.
— J’aimerais te voir jouer.
Jeremy cessa d’arracher des mottes d’herbe pour sourire à son ami.
— Je vais leur en parler.
Les deux amis laissèrent planer quelques secondes de silence. Leurs camarades avaient repris leur entraînement sans tarder. Si quelques regards curieux s’étaient attardés sur eux au début, la plupart des élèves les ignoraient à présent.
Quand Ryusuke fut certain que personne ne les observait, il pressa son épaule contre celle de son ami, un sourire penaud aux lèvres.
— Tu m’as manqué.
Jeremy tourna le cou pour l’observer. Il avait des centaines de questions à poser à Ryu, sur l’École, sur sa vie, sur Dimitri et sur tant d’autres choses. Il y avait aussi des interrogations plus intimes suspendues en l’air. Des incompréhensions qu’aucun d’entre eux n’avait réglées.
Mais ça attendrait. Un an et demi était passé. Quelques jours pouvaient bien s’écouler, leur équilibre ne s’effondrerait pas.
— Tu m’as manqué aussi, Ryu.
Comme l’intéressait baissait la tête pour masquer ses yeux piquants, Jeremy initia le premier mouvement. Avec des gestes prudents – il ne voulait pas brusquer Ryusuke ni abîmer le nouveau point que son grand-père avait cousu la veille – il enroula les bras autour des épaules de son ami. Un sursaut de douleur secoua la mince cage thoracique de Ryu. Avant que Jim lui échappe une nouvelle fois, il l’agrippa fiévreusement et enfouit le nez dans son épaule.
— Je suis tellement heureux que tu sois là, Jimmy.
— Moi aussi, avoua Jim d’une voix étranglée.
Il sentit les larmes de Ryu couler dans son col, mais il s’en accommoda. Après tout, lui aussi reniflait à l’oreille de son ami. Le malaise qu’il avait éprouvé depuis son retour à Modros se dissipait. Après avoir retrouvé ses parents, son parrain et sa sœur, il retrouvait son frère.
À présent, se tourner vers le lendemain semblait bien plus facile.



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- Chapitre 7 -



Vendredi 13 mai 2022, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Thalia serra fort son Tupperware contre sa poitrine. À l’intérieur, ses cookies aux pépites de chocolat s’entrechoquèrent lorsqu’elle grimpa les marches qui menaient au porche de la maison de banlieue. Avant de s’enfoncer à l’intérieur, elle se tourna pour saluer de la main son père. Ethan lui rendit son geste avant de redémarrer le moteur.
— Alors, tu fais une semaine sur deux ?
Thalia leva le nez vers son frère, qui regardait le véhicule disparaître à l’angle de la rue. Il portait son sac-à-dos et celui de Thalia au bout du bras. Il avait insisté, comme sa sœur était chargée de ses cookies.
— Oui. Au début, je faisais juste un week-end sur deux.
— Ça te va, comme rythme ? T’es pas triste de plus vivre avec maman tout le temps ?
— Nan, ça va, lui assura Thalia en poussant la porte d’entrée. Je m’entends bien avec papa.
Jim lui adressa un petit sourire en retour. Il devait avouer que sa sœur le surprenait. Il aurait été incapable de se rapprocher aussi rapidement d’un homme qu’il ne connaissait pas. Après tout, Thalia n’avait qu’un an lorsqu’ils avaient été séparés de leur père. Contrairement à Jeremy, elle n’avait gardé aucun souvenir d’Ethan.
— Bonsoir, mes chéris.
Maria venait de débouler des escaliers proches du hall d’entrée. Elle avait dû sortir du travail récemment, car elle avait encore sa tenue de fleuriste et des traces de terre sous les ongles. Elle les embrassa tour à tour avant d’indiquer à Thalia où poser ses cookies.
— Je vais te faire visiter la maison, souffla-t-elle à son fils en lui empoignant le bras. Comme je t’ai expliqué, il y a que deux chambres, alors…
— Le matelas gonflable, je sais.
Le regard de Maria se couvrit d’une ombre coupable. Dans le salon, elle invita son fils à déposer ses affaires. Sa voix était plus rauque qu’à l’accoutumée lorsqu’elle reprit :
— C’est pour ça que je voudrais que tu passes plus de temps chez ton père. Tu as une chambre à toi chez lui.
— Il y a vraiment pas moyen de me faire une petite chambre, ici ? Un matelas et un placard, ça me suffit maman.
— Je sais que t’es pas difficile, soupira Maria en se frottant le front. Mais les deux chambres de l’étage sont occupées. Et au rez-de-chaussée c’est que des parties communes.
Perplexe, Jim zieuta la pièce de vie. Sa mère l’avait rapidement prévenu que vivre avec elle serait compliqué. Will, le compagnon chez qui elle avait emménagé, ne possédait que deux chambres dans sa maison. Et celle dont Thalia avait hérité était trop petite pour les accueillir décemment tous les deux.
— Et ça va pas durer longtemps, j’imagine ? s’enquit-il en grommelant.
Il ne voulait pas paraître agacé, mais son amertume parlait pour lui. Après avoir vécu huit ans exclusivement avec sa mère, l’idée de la voir un week-end sur deux lui rongeait le cœur.
— Je peux pas trop te dire, mon chéri. Je dois discuter avec Will, voir s’il peut pas déménager son cabinet de consultation pour le réassocier à la maison.
Face à la réponse évasive, Jeremy se contenta d’un bref hochement de tête. Avant qu’il ait pu changer de sujet, sa sœur déboula de la cuisine. Elle leur donna à chacun un cookie avant d’indiquer la montée d’escaliers à son frère.
— Je te montre ma chambre ?

Thalia et Jeremy aidaient leur mère à préparer le dîner quand William franchit la portée d’entrée. Il travaillait à mi-temps à la clinique privée de S.U.I en tant que médecin généraliste. Il consacrait le reste de son emploi du temps à son cabinet libéral.
— Bonsoir, lança-t-il en s’avançant dans la cuisine.
Il embrassa rapidement Maria et Thalia avant de se tourner vers Jim. L’adolescent lui adressa un sourire crispé sans lâcher le couteau avec lequel il réduisait les tomates en rondelles. Il connaissait déjà l’homme ; c’était son médecin traitant depuis qu’il était petit. Ça ne voulait pas dire qu’ils étaient familiers l’un de l’autre, ni qu’ils s’appréciaient spécialement. Jusqu’ici, leur relation n’avait jamais dépassé le cadre médical.
— Jeremy, j’ai pas vraiment besoin de te dire qui est Will…
Maria s’était détournée de sa casserole où revenaient des oignons dans de l’huile d’olive pour faire les présentations.
— Je suis content de savoir que tu as pu rentrer chez toi.
L’adolescent acquiesça sans oser répondre. C’était une salutation drôlement formelle. Presque froide.
— J’espère que tu pourras retrouver tes repères, ajouta le médecin après coup en remarquant le visage fermé de Jeremy.
— Oui, j’espère aussi.
Avant que le silence s’installe, Thalia tendit sa boîte à cookies vers Will.
— J’ai ramené ça ! On en mangera en dessert.
Les traits tirés de William se décontractèrent un chouïa.
— Merci, Thalia. (En observant le petit monde dans la cuisine, Will haussa les épaules.) Je vous laisse la préparation du repas, je vais mettre la table.
Une fois sorti de la pièce qui embaumait les oignons grillés, le médecin soupira. Il n’avait eu aucun mal à accepter et apprécier Thalia lorsqu’elle était venue s’installer avec Maria. Avec Jeremy, c’était différent. Ça avait toujours été différent. Will avait suivi Maria dès qu’elle avait appris sa grossesse. Il avait assisté à son cheminement mental quant à l’acceptation de cet enfant. Et, bien que Jeremy ait fini par voir le jour au sein d’un foyer aimant, William était resté persuadé qu’il n’avait pas réellement été désiré. Ce constat lui semblait encore plus amer quand il se rappelait tout ce qui avait suivi. Tout ce que Maria avait enduré pour prendre soin de ce fils, tous les sacrifices, les opportunités ratées. Pour un enfant tout juste désiré.
Will fronça les sourcils tandis qu’il empilait les assiettes sur son bras. Maria n’avait pas franchement été aidée avec Jeremy. En tant que médecin, il savait combien les périodes d’hospitalisation de ce dernier et ses différents traitements avaient pesé sur sa mère, tant mentalement que pécuniairement. En comparaison, Thalia n’avait jamais représenté un tel fardeau.
L’homme jeta un œil vers la cuisine en déposant la vaisselle sur la table à manger. Pour l’instant, il était prévu que Jeremy reste chez son père la semaine. Il ne viendrait que le week-end. Et Will s’en accommoderait bien. L’adolescent était un trou noir de mauvais augure. Il attirait les problèmes à lui et avait tendance à les renvoyer au visage de ses proches dans une version plus sombre encore.

Jeremy avait demandé à Thalia de lui laisser sa chambre pour cinq minutes. Assis au bord du lit de sa sœur, éclairé par la lampe de chevet, il fixait l’écran de son téléphone sans oser appuyer sur le bouton. Lui répondrait-elle ? Vu les circonstances de leur séparation, il ne serait pas étonné qu’elle refuse d’entendre sa voix. Il serait déçu, meurtri, mais incapable de lui en vouloir réellement. Alors qu’ils étaient devenus si proches ces derniers moi, il l’avait trahie.
Son pouce enclencha l’appel. Des filaments d’angoisse lui saisirent la gorge alors que retentissait la sonnerie. Il était vingt heures passées ; les élèves du centre devaient tous avoir rejoint leur chambre.
— Oui, allô ?
La voix était hésitante, sûrement perturbée par ce numéro non-enregistré. Jim la reconnut sans mal, même déformée par les ondes électromagnétiques. Une voix grave, un peu sèche, que l’adolescente avait hérité de son père.
— C’est Jeremy.
Il tenait son portable d’une main crispée. L’écran collé à son oreille faisait ressortir l’écho de son cœur contre sa tempe. Comme l’adolescente ne répondait pas dans l’immédiat, Jeremy enchaîna à brûle-pourpoint :
— Je suis désolé, Becca. Vraiment. Je voulais pas partir comme ça, sans te dire au revoir. J’aurais dû…
— Espèce de gros naze.
Jim se figea au milieu de ses explications.
— T’as eu raison de rien me dire, reprit sa cousine d’un ton décidé. Parce si tu m’avais prévenue, je t’aurais pas empêché de partir. Et ça m’aurait mise dans une situation délicate par rapport à la famille.
Comme les larmes montaient aux yeux de Jim, il préféra rester silencieux un moment. Rebecca en profita pour ajouter d’une voix plus douce :
— Tu as pas à t’en vouloir, Jeremy. T’as eu une opportunité et tu l’as prise. T’avais besoin de partir. La Ghost, c’est pas chez toi.
— C’est pas chez toi non plus, renifla Jim d’un ton enroué.
— Oui, mais ma famille est là au moins. Maintenant, tu as retrouvé tes parents et ta sœur.
Elle avait raison. Évidemment qu’elle avait raison. Jeremy se frotta énergiquement les yeux de sa manche sans cesser de renifler.
— Arrête de pleurnicher, gros naze. Je sais pas comment ils se sont débrouillés pour te faire sortir de la soirée, mais beau boulot. T’as intérêt à pas déconner. Cette fois, tu restes auprès d’eux, OK ?
— Oui. (Jim se passa une main dans les cheveux.) Je sais pas. Becca, on pourra plus se voir ?
— Pas tout de suite. Depuis ton départ, ils me surveillent. Papa sait que j’y suis pour rien puisque Myrina a avoué, mais Akos et son fils se méfient.
— Pourquoi ils se méfient si Myrina a avoué ?
— Ils pensent qu’elle a pas pu faire ça toute seule. Que je t’ai sûrement aidé à sortir le jour-J.
— Ils la sous-estiment, ricana Jim malgré lui.
— Évidemment qu’ils la sous-estiment, grogna sa cousine. Depuis toujours.
Ils se turent pour apprécier le ressentiment mutuel qu’ils entretenaient envers les Sybaris.
— J’y pense, enchaîna Rebecca d’un ton perplexe, comment t’as eu mon numéro ? T’avais pas de téléphone au centre de formation.
— Tu te rappelles pas ? je te l’avais demandé. Je l’ai retenu.
— T’es vraiment bizarre.
Ils s’esclaffèrent avant de se taire à nouveau. La distance formait un voile palpale entre eux. Ils ne partageraient plus leurs repas, leurs entraînements, leurs soirées et leurs sorties. Pas tant que Rebecca serait coincée à la Ghost Society sous la surveillance de sa famille.
— Tu vas me manquer, je crois, bredouilla Jim après coup, effrayé à l’idée que les mots n’aient jamais le courage de franchir ses lèvres.
— J’avais oublié comme t’étais fleur bleue, soupira sa cousine avec un sourire dans la voix. Toi aussi, tu vas me manquer.
— Enregistre mon numéro après l’appel, lui intima Jim en se levant du lit pour dégourdir ses jambes. Comme ça, on se donnera des nouvelles.
— Ça marche. (Un silence.) Tout le monde va bien chez toi ?
— Ouais, ça va. Je te raconterai tout plus tard.
— J’espère bien. (Rebecca soupira avant d’ajouter : ) Je t’enverrai un message pour les prochains appels. Faudra que je me cache, pas sûre que mon père apprécie de savoir que je te parle.
Jim marmonna son assentiment du bout des lèvres. Cette situation était grotesque. Ils étaient cousins et les derniers mois les avaient rapprochés plus que jamais. Ils auraient dû pouvoir échanger et se voir sans craindre les foudres de leurs familles respectives.
— Je te laisse, lâcha Jeremy quand sa mère l’appela depuis le rez-de-chaussée. Fais gaffe à toi, Becca.
— Toi aussi, gros naze. Surveille tes arrières. Dès que j’en sais plus sur ce que veut faire mon père, je te le dis.
— Merci. Bonne soirée.
Alors qu’il raccrochait, Jim fit la grimace. Rebecca ne s’était pas montrée alarmiste ; sûrement qu’Edward n’avait pas prévu de se lancer immédiatement à sa poursuite. Pourtant, Jeremy n’était pas dupe. Il doutait que son oncle laisse couler sans tenter quoi que ce soit.
En ouvrant la porte pour retrouver sa mère en bas, il manqua renverser sa sœur. Thalia recula d’un pas précipité avant d’esquisser un mince sourire.
— Thalia, gronda Jim en comprenant qu’elle se trouvait là depuis quelques secondes au moins, t’écoutes aux portes maintenant ?
— Je t’ai entendu pleurer, se justifia sa sœur avec un haussement d’épaules.
Jim soupira en se frottant l’arête du nez. Il ne pouvait pas s’en prendre à elle alors que son intention était aussi sincère. Il aurait fait de même dans la situation inverse.
— C’était qui ? rebondit Thalia avec une moue curieuse. Ta copine ?
Face à l’air éberlué de son frère, elle gonfla les joues pour se retenir de rire.
— T’as pas perdu ton temps au centre de formation.
— Thalia, c’est pas ma copine. C’est Rebecca.
Son air sérieux fit perdre sa bonne humeur à Thalia.
— La fille d’Edward ? (Comme son frère acquiesçait, elle enchaîna d’un ton dubitatif : ) Mais je croyais qu’on était contre les Sybaris ?
— C’est pas aussi simple que ça, Thallie, expliqua Jim à voix basse. Je m’entends très bien avec Becca.
Un éclair de doute traversa le visage de la jeune fille. Elle ne comprenait pas. Ethan lui avait expliqué sa relation avec les Sybaris, notamment avec sa mère et son frère. Il n’avait jamais rencontré sa nièce.
— Peut-être qu’un jour tu la verras, suggéra Jeremy en s’engageant dans les escaliers. Ce serait cool.
Thalia marmotta une vague réponse. Ça ne lui disait rien. Les Sybaris avaient fait bien trop de mal à ses proches. Ils lui avaient enlevé son frère pendant un an et demi. Et elle se demandait même s’ils n’avaient pas enlevé des parts de lui. Le Jeremy qu’elle côtoyait à présent était bien différent de ses souvenirs. Passer des mois et des mois aux côtés de leur famille paternelle n’avait dû lui être bénéfique. Et cette Rebecca avait fait pleurer son frère. Elle devait s’en méfier, quoi qu’il en pense.
Thalia serra son livre sous son bras en suivant Jim des yeux alors qu’il rejoignait leur mère au salon. Elle n’avait jamais craint son frère jusqu’ici. Dans la colère ou l’anxiété, il n’avait jamais rejeté ses émotions au visage de sa sœur. Pas volontairement en tout cas. Mais ce Jim-là avait des creux et des replis plus acérés et sombres qu’avant. Certaines zones s’étaient exposées à la lumière et Thalia ne pouvait qu’en être ravie. Mais le reste, que les Sybaris avaient dû tailler au fil des mois, la troublait. Son regard se faisait plus froid, sa voix plus sèche, son assurance plus mordante.
Elle soupira en entrant dans sa chambre. Son frère y avait laissé son odeur. Quoi qu’il se passe avec Jeremy, elle devrait composer avec. C’était sûrement trop tôt pour espérer le remodeler.



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Message par TcmA »

Heyo~

Bon.


MES P'TITS CHATS SE SONT RETROUVES.


C'est tout pour moi merci.

Plus sérieusement, j'ai lu les 2 chapitres en deux-deux, c'est tellement goodshit.

Chap6 :
Je comprends tellement Eth pour le stress à l'arrivée au boulot :') P'tit kiki, je suis contente qu'il se sente plus à l'aise maintenant.
"Oh bordel, il a un prénom" j'ai TELLEMENT rigolé :lol: incroyable
Ptn Ryu 15 ans 1m80. Ok. Moi j'fais 1m63-64 depuis mes 11 ans. On est pas dans les mêmes catégories. (Il me met une tête et demie, voire deux, j'en reviens pas). Ses descriptions >>> la douceur subtile et la fermeté froidement calculée. Magnifique. Puis on en parle de l'association surprise + tendresse ? J'ai fondu.


ON A UN CÂLIN.

Je suis comblée. Voilà.

Contente de revoir Tina, Kaya et Jason !! Plein de p'tits chats dans ce chap omg ;w;

Chap7:
Will peut gentiment aller se faire foutre avec ses jugements digne du jus de poubelle dans lequel son cerveau baigne. Allez ciao. C'est fou qu'il soit aussi con. C'est les choix de Maria, Jim est un fucking être humain qui a vécu un sacré paquet de merde pour un gamin de 15 ans, et je comprends pas comment on peut être une telle ordure en étant soignant.
BECCAAAAAAAA mon p'tit chat ! Contente de la revoir et qu'ils puissent discuter. "Evidemment qu'ils la sous-estiment" : Myrina queen. Elle est tellement consciente des failles de sa famille à son âge (en même temps, on parle de failles dignes de la fosse des Mariannes donc difficile de les rater). J'espère qu'elle pourra se barrer de la Ghost rapidement.
Thalia. J'veux lui faire des câlins. "Elle se demander même s'ils n'avaient pas enlevé des parts de lui" = meilleure phrase du chapitre. C'est pas à elle de gérer les changements de Jim, mais étant donné que ses parents ont déjà trop à gérer, évidemment qu'elle va le faire. Ptn. Fuck les Sybaris (sauf Becca. Et Myrina. Et, d'une certaine manière, Ed parce qu'il est simplement pété. Mais le reste, fuck 'em).

J'ai teeeeeeellement hâte de lire la suite !!!! Mes ptits chats d'amour ;w;

La bise~
louji

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Message par louji »

TcmA a écrit : dim. 04 juin, 2023 5:47 pm Heyo~

Bon.


MES P'TITS CHATS SE SONT RETROUVES.


C'est tout pour moi merci.

Plus sérieusement, j'ai lu les 2 chapitres en deux-deux, c'est tellement goodshit.

Chap6 :
Je comprends tellement Eth pour le stress à l'arrivée au boulot :') P'tit kiki, je suis contente qu'il se sente plus à l'aise maintenant.
"Oh bordel, il a un prénom" j'ai TELLEMENT rigolé :lol: incroyable
Ptn Ryu 15 ans 1m80. Ok. Moi j'fais 1m63-64 depuis mes 11 ans. On est pas dans les mêmes catégories. (Il me met une tête et demie, voire deux, j'en reviens pas). Ses descriptions >>> la douceur subtile et la fermeté froidement calculée. Magnifique. Puis on en parle de l'association surprise + tendresse ? J'ai fondu.


ON A UN CÂLIN.

Je suis comblée. Voilà.

Contente de revoir Tina, Kaya et Jason !! Plein de p'tits chats dans ce chap omg ;w;

Chap7:
Will peut gentiment aller se faire foutre avec ses jugements digne du jus de poubelle dans lequel son cerveau baigne. Allez ciao. C'est fou qu'il soit aussi con. C'est les choix de Maria, Jim est un fucking être humain qui a vécu un sacré paquet de merde pour un gamin de 15 ans, et je comprends pas comment on peut être une telle ordure en étant soignant.
BECCAAAAAAAA mon p'tit chat ! Contente de la revoir et qu'ils puissent discuter. "Evidemment qu'ils la sous-estiment" : Myrina queen. Elle est tellement consciente des failles de sa famille à son âge (en même temps, on parle de failles dignes de la fosse des Mariannes donc difficile de les rater). J'espère qu'elle pourra se barrer de la Ghost rapidement.
Thalia. J'veux lui faire des câlins. "Elle se demander même s'ils n'avaient pas enlevé des parts de lui" = meilleure phrase du chapitre. C'est pas à elle de gérer les changements de Jim, mais étant donné que ses parents ont déjà trop à gérer, évidemment qu'elle va le faire. Ptn. Fuck les Sybaris (sauf Becca. Et Myrina. Et, d'une certaine manière, Ed parce qu'il est simplement pété. Mais le reste, fuck 'em).

J'ai teeeeeeellement hâte de lire la suite !!!! Mes ptits chats d'amour ;w;

La bise~
Heyooo

OUIIIIIIIIIIIII LES P'TITS CHATS 🐈🥰

Chap 6 :
Oui, petit kiki national 🥹 (mon commentaire sera essentiellement composé d'emoji et de surnoms affectueux débiles)
Il était temps de révéler ce mystère autour de M. Cross..... un jour, peut-être, la raison de sa calvitie....
Ryu est une asperge, d'accord. Et il a pas finiii de grandiiir. Il me met 2 têtes aussi, t'inquiète 😔 (enfin, quand il aura sa taille définitive)

OUI LE CALIN. Y'AVAIT BESOIN.

Plein de petits chats !! Trop contente de les ramener aussi.

Chap 7 :

On a déjà parlé de Will, mais ouais trash-man. Et zé que le début, comme on dit.
Les choix de Maria, il est persuadé que ce sont pas des choix, mais de la résignation et de la manipulation de son entourage (mdr Maria oskur, la personnage qui conteste à peu près le + dans cette histoire). Et il estime en conséquence que Jim est juste un boulet à sa cheville ET une épine dans son pied (au moins ça). Et, puis, oui, Jim a jamais été responsable des choix de ses parents et c'est un fucking gosse mdr
Mdr oui, Will a le servo du soignant, mais définitivement pas le coeur.

Chez les Sybaris, y'a 2 queens : Myrina et Becca 👑 (je les aime trop bordel)
Et ouiii Rebecca est hyper mature (pas trop le choix bichette), mais elle est un peu plus âgée que Jim quand même (17 ans).
Thalia 🥲 Voilà, pas la peine d'en dire plus :lol: Big brain, big feels comme je disais. Et elle veut claiiiiirement tout géééérer dans sa famille. Choupette, t'as 11 ans.

(Ed est pété, mais, oui, on l'aime aussi ♥)

Merci beaucoup, j'ai trop souri en répondant à ton com (et en le lisant) 😌
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Message par TcmA »

louji a écrit : dim. 04 juin, 2023 8:00 pmHeyooo

OUIIIIIIIIIIIII LES P'TITS CHATS 🐈🥰

Chap 6 :
Oui, petit kiki national 🥹 (mon commentaire sera essentiellement composé d'emoji et de surnoms affectueux débiles)
Il était temps de révéler ce mystère autour de M. Cross..... un jour, peut-être, la raison de sa calvitie....
Ryu est une asperge, d'accord. Et il a pas finiii de grandiiir. Il me met 2 têtes aussi, t'inquiète 😔 (enfin, quand il aura sa taille définitive)

OUI LE CALIN. Y'AVAIT BESOIN.

Plein de petits chats !! Trop contente de les ramener aussi.

Chap 7 :

On a déjà parlé de Will, mais ouais trash-man. Et zé que le début, comme on dit.
Les choix de Maria, il est persuadé que ce sont pas des choix, mais de la résignation et de la manipulation de son entourage (mdr Maria oskur, la personnage qui conteste à peu près le + dans cette histoire). Et il estime en conséquence que Jim est juste un boulet à sa cheville ET une épine dans son pied (au moins ça). Et, puis, oui, Jim a jamais été responsable des choix de ses parents et c'est un fucking gosse mdr
Mdr oui, Will a le servo du soignant, mais définitivement pas le coeur.

Chez les Sybaris, y'a 2 queens : Myrina et Becca 👑 (je les aime trop bordel)
Et ouiii Rebecca est hyper mature (pas trop le choix bichette), mais elle est un peu plus âgée que Jim quand même (17 ans).
Thalia 🥲 Voilà, pas la peine d'en dire plus :lol: Big brain, big feels comme je disais. Et elle veut claiiiiirement tout géééérer dans sa famille. Choupette, t'as 11 ans.

(Ed est pété, mais, oui, on l'aime aussi ♥)

Merci beaucoup, j'ai trop souri en répondant à ton com (et en le lisant) 😌


Chap 6: Je suis d'accord pour nommer Ryu à partir d'émojis pipous parce que ça le représente bien.
MDRRRR sa calvitie est peut-être la raison de son aigreur...
Mais koi kommen ça il a pas fini de grandir ??? Aled.

Chap 7: Ouais ben c'est que le début mais j'espère qu'il va se prendre une porte dans pas trop longtemps.
Clairement, Maria est celle qui fait le plus de choix pour elle-même et sa famille dans ce bouquin 💀 Si rien ne se passe, j'viens le poutrer moi-même.

Becca namour.

Les big brain big feels auront notre peau un jour. Mais on les aime pour ça.

(LA THERAPIE, Ed, tu y as déjà pensé? ;w; ou les Sybaris font partie de ces familles qui pensent que consulter c'est soit parce que tu es fou, soit parce que tu as un gros problème ? Fuck les Sybaris quoi. Sauf Becca et Myrina.)

Avec plaisir, je me marrais toute seule en l'écrivant !

La bise~
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Message par louji »

TcmA a écrit : dim. 11 juin, 2023 2:59 pm
Chap 6: Je suis d'accord pour nommer Ryu à partir d'émojis pipous parce que ça le représente bien.
MDRRRR sa calvitie est peut-être la raison de son aigreur...
Mais koi kommen ça il a pas fini de grandir ??? Aled.

Chap 7: Ouais ben c'est que le début mais j'espère qu'il va se prendre une porte dans pas trop longtemps.
Clairement, Maria est celle qui fait le plus de choix pour elle-même et sa famille dans ce bouquin 💀 Si rien ne se passe, j'viens le poutrer moi-même.

Becca namour.

Les big brain big feels auront notre peau un jour. Mais on les aime pour ça.

(LA THERAPIE, Ed, tu y as déjà pensé? ;w; ou les Sybaris font partie de ces familles qui pensent que consulter c'est soit parce que tu es fou, soit parce que tu as un gros problème ? Fuck les Sybaris quoi. Sauf Becca et Myrina.)

Avec plaisir, je me marrais toute seule en l'écrivant !

La bise~
[/size]
Yosss

Mdr le lien entre calvitie et aigreur pourrait-il être vérifié...
Non, il doit encore atteindre le 1,87m, rappelle toi :lol: (du coup je lui enlève 2 cm in fine quand même, faut pas déconner, tu restes un bébé chat Ryu 😤)

Je t'autoriserai à le poutrer avec grand plaisir 👍

(Alors, on peut clairement partir du principe que la thérapie, c'est un grand LOL chez les Sybaris :lol: dans un coin de ma tête, je me dis que Myrina a bien dû aborder le sujet avec Ed, mais qu'il a juste dû rire un demi-seconde avant de retourner bosser aussi sec 😔 Pas le time pour ça, ok ??)

Bisouss
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Message par TcmA »

louji a écrit : dim. 11 juin, 2023 5:18 pm Yosss

Mdr le lien entre calvitie et aigreur pourrait-il être vérifié...
Non, il doit encore atteindre le 1,87m, rappelle toi :lol: (du coup je lui enlève 2 cm in fine quand même, faut pas déconner, tu restes un bébé chat Ryu 😤)

Je t'autoriserai à le poutrer avec grand plaisir 👍

(Alors, on peut clairement partir du principe que la thérapie, c'est un grand LOL chez les Sybaris :lol: dans un coin de ma tête, je me dis que Myrina a bien dû aborder le sujet avec Ed, mais qu'il a juste dû rire un demi-seconde avant de retourner bosser aussi sec 😔 Pas le time pour ça, ok ??)

Bisouss

MDR oui...
Ptn j'avais zappé qu'il était si grand. C'est encore un bébé chat, on va rester là dessus.

Je te remercie.

(MDR je vois. Merci Myrina, quand même :') aled)
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par louji »

Hello.
Un nouveau perso est introduit dans ce chap, je l'aime bien :D Et on retrouve une petite tête de linotte aussi



- Chapitre 8 -



Samedi 28 mai 2022, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


La salle 203 était fermée. Jeremy vérifia l’heure sur son téléphone, de nouveau le numéro de porte puis soupira. L’examen devait commencer dans quinze minutes. Pourtant, il était seul dans le couloir.
Deux minutes plus tard, il jura entre ses dents, fit glisser son sac-à-dos et en sortit la convocation papier que l’École lui avait envoyée une semaine plus tôt. La boule logée entre ses poumons cessa de palpiter en constatant qu’il était au bon endroit à la bonne heure.
— J’espère que je me suis pas levé un samedi à huit heures pour rien, grogna-t-il en refermant son sac.
En se redressant, il avisa une adolescente qui remontait dans sa direction. Elle ralentit à sa hauteur, indiqua la porte d’un coup de menton et demanda :
— C’est ici, pour l’exam d’entrée en 5ème année ?
— Yep. Mais le prof qui doit nous surveiller est en retard.
Elle grommela dans sa barbe avant de s’appuyer contre le mur en face de Jim. Comme elle le jaugeait en silence, il lui adressa un rictus pincé.
— Tu viens d’où ?
— Du coin, répondit-elle d’une voix évasive.
— T’as raté la première session ?
— Non, j’ai envoyé mon dossier pour être Boursière, mais j’ai été refusée. Je viens tenter une deuxième chance avec les exams écrits.
— Oh, OK. (Jim comprit au coup de menton qu’elle donna dans sa direction qu’elle lui renvoyait l’interrogation.) Euh, je suis une Recrue à la base. Mais comme j’ai quitté l’École pendant un moment, je dois repasser des épreuves. Et j’étais pas encore à Modros pour la première session. Donc me voilà maintenant.
— Une Recrue ? C’est quoi ce délire ?
Jeremy pinça brièvement les lèvres.
— Désolé, c’est un truc spécial de cette école. En gros, j’ai été repéré et recruté par un agent de la A.A. Et grâce à ça, j’ai eu le droit de rentrer à l’École sans frais scolaires. Et j’ai pas passé d’exams la première fois non plus.
— Cool. Plus simple que le système des Boursiers.
— J’imagine. Je serais jamais rentré autrement. J’avais un dossier vraiment pourri.
L’adolescente à la peau d’un brun doux étira les lèvres en sourire amusé.
— Comme quoi, le mérite fait pas tout. (Elle décolla l’épaule du mur pour lui tendre la main.) Tess.
— Jeremy.
Maintenant qu’il n’était plus obligé de s’appeler Elias, il reprenait plaisir à utiliser son prénom.

Quand le professeur finit par se présenter pour ouvrir la classe, il s’excusa et les invita à s’installer. Trois heures d’examen théorique les attendaient. Des mathématiques, de la littérature et des bases d’économie. Personne d’autre ne se présenta à cette seconde session, au soulagement de Jim et Tess. Au moins étaient-ils tranquilles avec une salle dédiée rien qu’à eux deux.
À midi, on leur accorda deux heures de pause. Après le repas les attendaient les tests d’aptitude physique. Comme pour les connaissances théoriques, un professeur jaugerait leur condition et leurs compétences sur divers exercices d’entraînement.
Comme c’était samedi et qu’aucun élève – si ce n’étaient les internes qui ne rentraient pas le week-end – ne vaquait dans les environs, Jeremy et Tess s’installèrent ensemble à une table de pique-nique pour manger.
— Alors, l’écrit ? embraya Jim en déballant le sandwich qu’il s’était préparé la veille.
— Ça va, je pense. J’ai un peu galéré sur les maths. Pas trop mon truc.
— Les maths, c’est allé pour moi. La littérature, un peu moins.
Pendant le repas, ils débattirent des réponses que chacun avait donné avant de finalement s’isoler quelques minutes. Tous deux avaient entrepris de s’échauffer et de se préparer pour les tests de l’après-midi.
Tandis qu’il étirait les muscles de ses bras et de ses jambes, Jeremy lorgna vers sa camarade. Il n’était techniquement pas en compétition avec elle, car l’École ouvrait pour la deuxième session que le nombre de places encore disponibles. Pour autant, il souhaitait savoir à quoi s’attendre.
La façon dont Tess préparait son corps le surprit dans un premier temps. Ce n’était pas tout à fait l’ordre et les mouvements qu’on lui avait appris à l’École ou au centre de formation de la Ghost Society. Elle mettait un soin particulier à assouplir ses pieds, ses chevilles et ses poignets. Tout en évitant de se faire attraper en train de la reluquer, Jim commença à courir en rond dans la cour bétonnée de l’École. Tess ne s’était pas éloignée de la table de pique-nique, où elle continuait de réveiller ses muscles en douceur avec des massages.
Quand Jeremy fut de retour près d’elle, il craqua et s’enquit d’un air étonné :
— C’est quoi ces échauffements ?
— Oh, je fais juste ce que je connais. J’ai jamais vraiment suivi des cours comme dans cette école. Je fais de la danse, ajouta-t-elle après coup en remarquant l’éclat de curiosité dans le regard de l’adolescent.
— Cool. (En apercevant une imposante silhouette arriver depuis le Centre, Jim soupira.) Bonne chance.
— À toi aussi.
Jeremy ne put s’empêcher de rentrer légèrement les épaules quand M. Cross traversa la cour pour les rejoindre. Son crâne était toujours aussi lisse. Son air, toujours aussi implacable.
— Vous êtes que deux ? (Comme les adolescents acquiesçaient, il esquissa ce qui devait être une ébauche de sourire.) Tant mieux, je pourrais mieux vous noter.
Sans autre forme de politesse, il s’installa à la table de pique-nique que les adolescents venaient de quitter. Une fois ses feuilles d’observation sorties et son stylo en main, il lança :
— Je vais vous demander de réaliser une série d’exercices. Si vous savez pas ce que c’est, vous me demandez. Si vous y arrivez pas, c’est pas grave, on passe à autre chose. Je vous donne pas de nombre de séries à faire. Vous faites le nombre que vous voulez, mais vous vous arrêtez quand vous sentez que vous fatiguez. Faut que vous soyez en forme pour tenir l’après-midi, OK ? C’est pas du cardio. Pas tout de suite.
M. Cross prit soin d’embrasser de son regard perçant les deux adolescents.
— C’est compris pour tous les deux ? Allez, Baker, tu commences avec des pompes. Wayne, tu fais des tours de terrain.
Tess échangea un regard furtif avec son camarade, l’encouragea silencieusement avant de s’agenouiller. Jim lui souffla « bonne chance » à voix basse en s’élançant.

Deux heures plus tard, M. Cross les emmena dans l’une des salles qu’abritait le bâtiment ouest. Tess comme Jim avaient les jambes lourdes et le souffle court des exercices d’entraînement qu’ils avaient enchaînés. Tandis que le professeur déverrouillait la porte métallique, Jeremy réalisa que c’était la première fois qu’il se rendait dans l’une de ces pièces.
Une fois les lampes suspendues allumées, une salle d’entraînement couverte de tatamis s’offrit à eux. Tess entra juste derrière le prof. Jim s’octroya quelques inspirations à l’air frais avant de les rejoindre.
— La dernière étape, lâcha M. Cross d’un ton sec.
Il trimballait avec lui les feuilles sur lesquelles il avait noté ses observations de l’après-midi. Jeremy sentit sa gorge se nouer alors qu’il retirait ses baskets. Tess se tenait déjà sur les tatamis, son chignon de cheveux frisés tiré en arrière par un bandeau jaune.
— Vous êtes un peu plus nombreux, en temps normal, fit remarquer le professeur en se hissant sur le bord d’une plateforme où étaient rangés des cordes, bâtons et autres outils d’arts martiaux. C’est un peu plus fun pour les élèves. Ça risque d’être rébarbatif pour vous. Tant pis.
Jeremy inclina le cou en plissant les paupières. Ce n’était pas spécialement rassurant.
— Selon plusieurs modalités, vous allez vous affronter, reprit M. Cross en agitant ses feuilles d’observation. Ça prend fin quand l’un de vous a atteint l’objectif demandé.
Tess et Jim se tournèrent l’un vers l’autre dans une même dynamique. Après une première grimace commune, ils se jaugèrent. Jeremy espérait prendre le dessus grâce à ses entraînements réguliers au centre de formation de la Ghost. Si Tess n’avait pas menti en affirmant que sa seule expérience sportive résidait dans la danse, il aurait sûrement plus de chance de la dominer sur les tatamis.
— Première modalité, lança le prof sans se soucier de la tension qui s’était installée entre les deux adolescents, vous devez vous faire tomber sur le tatami, peu importe la manière. Pour gagner, l’adversaire doit toucher les tatamis soit avec les épaules, soit avec les genoux. Pas de coups à la tête ou à l’entrejambe.
— Dommage, commenta Tess avec un sourire narquois.
Jeremy l’ignora pour demander au professeur :
— Comment ça se passe pour la notation ?
— C’est un mélange de critères, expliqua M. Cross en s’emparant d’un stylo bille. La compréhension et le respect des consignes et de l’adversaire. Les stratégies utilisées. La façon dont vous vous servez de vos points forts personnels. Comment vous compensez vos points faibles. Je juge le processus, pas le résultat. Si l’un de vous échoue à chaque exercice, c’est pas dramatique.
— Ce serait quand même nul, soupira Jim avant de se tourner vers son adversaire. Prête ?
— Carrément.
Comme elle ne savait pas quelle position adopter, Tess fléchit les genoux, leva les coudes les mains ouvertes et patienta. Comprenant qu’elle n’initierait pas le premier mouvement, Jeremy se tassa légèrement et bondit. L’air nonchalant qu’il affichait depuis le matin laissait difficilement deviner la nervosité qu’abritait son corps. Tess hoqueta quand il bloqua ses coudes pour lui faucher les jambes.
— Deuxième tour, lança le professeur en griffonnant quelques mots sur sa fiche. Reprenez vos positions.
Encore hébétée, Tess réagit tout juste quand Jeremy l’aida à se relever. Après avoir dégluti péniblement, elle se claqua les joues et calma sa respiration nerveuse. Une fois qu’elle se fut assurée que son adversaire était prêt, elle décida de lancer le jeu elle-même. Elle approcha de l’adolescent sans savoir par quel côté passer. Contrairement à elle, sa posture assurée formait un écran protecteur autour de lui. Ses genoux fléchis et ses coudes relevés promettaient à Tess une correction sévère si elle se laissait attraper.
Avant d’avoir pu le prendre de revers d’un côté ou de l’autre, elle se laissa glisser agilement sur ses talons – ses fesses frôlant le sol sans le toucher – appuya ses paumes sur les tatamis et balaya l’espace autour. Jim, surpris par le mouvement qui ressemblait plus à du hip hop qu’à une technique martiale, grimaça quand leurs chevilles entrèrent en contact. Il tint bon, ajusta son poids pour ne pas basculer, mais Tess s’était déjà relevée. Sans autre forme de stratégie, elle se jeta sur lui pour pousser sur ses épaules.
Les pieds de Jeremy décollèrent du sol pour le laisser pantelant sur les tatamis.
— Troisième tour, ordonna M. Cross sans s’émouvoir de ce qui se déroulait sous son nez.
Jeremy adressa un sourire crispé à son adversaire quand elle lui tendit la main pour le relever.
— Je me méfierai plus des danseuses à l’avenir.
Tess réagit à la blague de bon cœur en lui rendant un rictus moqueur. Quand chacun fut retourné à sa position initiale, Jeremy passa par le côté. Tess s’adapta aussitôt à ses mouvements en reculant. Jim lui faisait penser à un fauve aux épaules basses, prêt à bondir à tout instant. Pourtant, sans qu’il ait approché d’elle à moins de deux mètres, Tess se sentit basculer en arrière et resta debout que grâce à la main du professeur dans son dos.
— Hep là, attention. Baker, tu viens de perdre.
— Mais…
— Sortie de la zone, lui expliqua M. Cross en indiquant les tatamis.
Tess jura tout bas alors que son adversaire souriait de toutes ses dents.
— C’est nul, lui lança-t-elle avec irritation en retournant dans la zone. Et je suis même pas tombée.
— T’as failli.
— Ça suffit, gronda M. Cross. Deuxième modalité : vous devez immobiliser l’autre. De la façon dont vous voulez. Toujours pas de coups à la tête ou à l’entrejambe.
De nouveau, les adolescents se positionnèrent face à face. Ni l’un ni l’autre n’était en pleine forme après une heure et demie d’exercices physiques. Pour autant, leurs corps étaient parcourus d’énergie nerveuse et mordante. Ce n’était pas le moment de lâcher l’affaire.
M. Cross esquissa un sourire en coin quand ils se jetèrent l’un sur l’autre dans l’espoir de l’emporter.

Une heure plus tard, le professeur leur laissa cinq minutes à chacun pour prendre une douche dans les vestiaires qui jouxtaient la salle d’entraînement. M. Cross les entraîna ensuite vers le poste de contrôle, où il les félicita pour leur participation avant de promettre des résultats rapides.
— Bien joué, lança Tess en franchissant l’entrée, son sac de sport en bandoulière. T’as gagné la plupart des matchs.
— Pour quelqu’un qui a jamais eu d’entraînement, tu t’en sors super bien, répliqua Jim avec sincérité. Ça fait presque deux ans que je suis les cours d’écoles comme celle de S.U.I.
Tess le remercia d’un sourire pour son compliment avant d’indiquer l’arrêt de bus à une vingtaine de mètres.
— Je te laisse ici. On se verra peut-être à la rentrée, du coup.
— Yes. À plus.
Elle agita la main en partant. Jim récupéra son portable, prêt à appeler sa mère pour qu’elle vienne le chercher, mais une voix s’éleva dans son dos :
— Jeremy.
L’intéressé se retourna d’un bloc, dévisagea l’homme qui approchait sans vraiment y croire. Malgré tout, l’allure nonchalante, le regard ennuyé et la cigarette coincée entre deux doigts ne mentaient pas.
— Alex.
Alexander Maas, l’agent de la A.A qui l’avait recruté presque deux ans plus tôt, s’arrêta près de lui. Ses yeux noisette rivés à l’adolescent, il fouilla dans une poche de veste pour récupérer un briquet et allumer sa cigarette. Il en tira une bouffée avec fébrilité.
— Toujours aussi accroc.
— Toujours aussi nain, rétorqua aussitôt l’homme avec un sourire en coin.
Jim fronça les sourcils : Alex n’avait que quelques centimètres de plus que lui. D’ici quelques mois, ils feraient probablement la même taille.
— N’importe qu…
— Jeremy, le coupa Alex d’un ton narquois, je te cherche. Et t’es toujours aussi facile à trouver.
L’adolescent se renfrogna, son portable toujours à la main. Depuis trois semaines qu’il était rentré à Modros, il n’avait pas encore eu l’occasion de discuter avec son ancien recruteur. La première semaine avait été bien trop compliquée à gérer pour Jim, qui avait préféré s’isoler auprès de ses proches. Il avait passé la deuxième à rattraper le temps perdu avec Ryu, le retrouvant le soir après l’École pour traîner dans les rues de Dourney à vélo.
Le jour où il s’était décidé à contacter Alex pour organiser une rencontre, il avait appris par Ryusuke que Dimitri et Alexander étaient partis pour une semaine en mission spéciale. Quoique déçu, Jim n’avait pu s’en prendre qu’à lui-même d’avoir repoussé le moment jour après jour.
— Tes parents m’ont dit que tu passais les exams de deuxième session, souffla Alexander en lorgnant les bâtiments de l’École. Je me suis proposé de te récupérer ce soir, qu’on puisse se voir un peu.
L’homme avait affiché une moue embarrassée à ces mots. Jeremy se rassura ; apparemment, parler à cœur ouvert leur était toujours aussi difficile à tous les deux.
— T’as toutes tes affaires ? embraya l’agent en agitant les pieds comme pour se donner contenance.
— Ouais, je te suis.
Alex l’observa du coin de l’œil alors qu’ils remontaient le parking en direction de sa voiture de service. Fondamentalement, c’était le même adolescent aux cheveux ébouriffés et à l’air boudeur. Pourtant, alors qu’Alexander ne l’avait jamais craint jusqu’ici, il pressentait que son ancienne Recrue avait pris en assurance et en férocité. Physiquement, il en imposait plus. Et il se doutait que sa maturité psychologique avait suivi.
— Tu restes qu’un môme, marmonna-t-il en tirant de nouveau sur sa cigarette.
— Hein ?
— Non, rien.
Jeremy fronça les sourcils, mais ne chercha pas à percer le trouble sur le visage de son recruteur. Lui-même se sentait ému, sans être capable de dire à son ancien recruteur la teneur de ses sentiments.

Jim finit par se douter que quelque chose n’allait pas. Il avait beau être revenu récemment à Modros, il avait mémorisé les trajets qui le ramenaient chez sa mère ou chez son père. Il les avait fréquemment suivis à vélo en compagnie de Ryu ces derniers jours.
— On va où, Alex ?
Jeremy serrait son sac contre son ventre. Il aurait dû avoir pleinement confiance en son recruteur. Après tout, Alexander ne s’était jamais mis en travers de son chemin. Grâce à lui, il avait même pu procéder à l’échange de sa mère et de sa sœur, un an et demi en arrière.
Mais c’était plus fort que lui. Plus fort que la maigre relation qu’ils avaient douloureusement bâtie à coups de disputes et de soutien mutuel. Les derniers mois avaient entouré de briques dures la confiance que portait Jim à son entourage.
— J’en étais sûr, marmonna Alexander sans remarquer la méfiance qui tendait le corps de l’adolescent. Je leur ai dit que tu allais t’en rendre compte.
— Me rendre compte de quoi ?
Jim avait dézippé la petite poche de son sac-à-dos. Ses doigts se refermèrent autour de son couteau-suisse. Le métal froid contre sa peau le rassénéra.
— Qu’on prendrait pas le chemin pour rentrer chez toi. Tant pis, c’était censé être une surprise.
Clignant des yeux confus, Jeremy tripota son couteau-suisse sans savoir quoi en faire. Si sa méfiance était fondée, que d’une façon ou d’une autre Alex avait décidé de le trahir, les petites lames qu’abritait son arme de fortune seraient utiles. Mais s’il se fourvoyait, il risquait de blesser – physiquement comme émotionnellement – son recruteur.
— Une surprise ?
— Tes parents. Ils ont organisé un truc pour ton retour. Avec ta famille, tes copains. Dimitri et moi, on est conviés aussi.
Jim se tut, secoué par une tornade intérieure. Depuis qu’il était rentré, il avait passé des moments précieux en compagnie de ses parents, de sa sœur ou de Ryu. S’il était touché par l’intention, il se demandait comment réagir.
— Je crois que y’a une histoire d’anniversaire commun avec ta sœur, aussi ? Même si ça fait presque trois mois que ton anniversaire est passé.
Ces mots tirèrent un sourire dépité à Jeremy, qui se prit le visage entre les mains.
— Ça va pas ?
— Si, si.
Jim ne chercha pas à en souffler plus. Sa gorge était trop nouée. Dire qu’il avait soupçonné Alex, pendant quelques minutes, de chercher à l’enlever. La culpabilité jetait du rouge sur le bleu serein que l’annonce d’Alexander avait provoqué.
À quel point l’enseignement d’Edward Sybaris l’avait-il rongé de l’intérieur ?
— Si ça te dit rien, ajouta son recruteur en remarquant son air abattu, je peux faire demi-tour, te déposer chez toi et tout expliquer à tes parents.
— Non, non ! s’exclama Jeremy en se redressant. C’est juste que… je m’y attendais pas.
Alex le lorgna d’un air dubitatif.
— C’est le principe d’une surprise.
— Oh, la ferme, soupira sa Recrue en se frottant les yeux.
Alexander ne pipa mot tandis qu’il s’enfonçait dans les rues de Down-Town à la recherche du café que lui avaient indiqué Ethan et Maria.
Alors que Jim se détendait perceptiblement sur le siège passager, Alex marmonna :
— Ils vont tous sûrement te prendre dans leurs bras, te dire je t’aime ou d’autres trucs comme ça que font les familles. Peut-être s’excuser, t’offrir des cadeaux ou…
— Alex, ça va plus du tout être une surprise là, le coupa l’adolescent avec un rire gêné.
— Ouais. Pardon. (Son recruteur se racla la gorge avant d’ajouter : ) Ce que je veux dire, c’est que… Avant que les autres la fassent… Ben, je tiens à m’excuser, Jeremy. Pour pas t’avoir soutenu correctement quand t’as débarqué à l’École après la disparition de ta famille. Pour pas t’avoir écouté et cru. Je m’en suis voulu longtemps. J’ai échoué dans mon rôle de recruteur.
Jim ne trouva pas de réponse adéquate. Un an et demi plus tôt, quand le monde semblait s’écrouler autour de lui, il aurait rêvé d’entendre ces paroles. À présent, il n’était plus en colère contre son recruteur. Même si Jeremy reconnaissait que ces paroles étaient un pansement sur son cœur à vif. Une réparation à l’un des nombreux torts que ses proches lui avaient fait subir.
— Si t’es pas trop en colère contre moi, reprit Alex d’une petite voix, j’aimerais essayer de me rattraper.
Jeremy ricana tout bas, les yeux brûlants. Il serra les poings sur les sangles de son sac pour juguler la montée d’émotion, mais sa voix tremblait quand il répondit :
— J’avoue que je flippais un peu de retourner à l’École sans toi. Alors, merde, oui, t’as intérêt à continuer d’être mon recruteur.
Alex sourit tandis que la devanture du café où ils avaient rendez-vous apparaissait. Ce que Lauren, sa fiancée, avait initié des mois plus tôt en le rassurant à propos de Jim était en train de se refermer pour de bon. Il avait le pardon de Jeremy. Son accord pour continuer un bout de chemin ensemble. Un nouveau départ pour tous les deux.



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Dernière modification par louji le ven. 30 juin, 2023 9:37 pm, modifié 1 fois.
TcmA

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par TcmA »

Yo~

Un bon p'tit chap qui permet de retrouver des bébés chats et d'en découvrir d'autres, c'est goodshit ça. Faudra juste dire à l'école que les exams le samedi, c'est criminel.
Tess est bien cool, j'ai bien envie de la connaître plus !
Toujours heureuse de voir plus de Mr Cross et son crâne lisse :lol: Tu m'as bien faite rigoler !
Alex, chaton, t'es dans le mal, mais tu t'excuses, je suis fière de toi ;w;
Jim m'a fait mal au coeur avec sa panique instantanée... P'tit chat brisé. Les émotions, c'est encore beaucoup à gérer, mais il va y arriver.

Dans mon esprit, le prochain chap va être tout kiki, mais dans les faits il le sera moins, d'après ce que tu m'as dit :lol: J'ai hâte !!

La bise~
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par louji »

TcmA a écrit : dim. 18 juin, 2023 1:59 pm Yo~

Un bon p'tit chap qui permet de retrouver des bébés chats et d'en découvrir d'autres, c'est goodshit ça. Faudra juste dire à l'école que les exams le samedi, c'est criminel.
Tess est bien cool, j'ai bien envie de la connaître plus !
Toujours heureuse de voir plus de Mr Cross et son crâne lisse :lol: Tu m'as bien faite rigoler !
Alex, chaton, t'es dans le mal, mais tu t'excuses, je suis fière de toi ;w;
Jim m'a fait mal au coeur avec sa panique instantanée... P'tit chat brisé. Les émotions, c'est encore beaucoup à gérer, mais il va y arriver.

Dans mon esprit, le prochain chap va être tout kiki, mais dans les faits il le sera moins, d'après ce que tu m'as dit :lol: J'ai hâte !!

La bise~
Hellooo

Le samedi matin qui pique là 🥲
Tess est super cool, oui ♥ Ironiquement, y'a tellement de trames et de personnages dans ce T2 que j'ai pas tellement de place à accorder à certains persos secondaires (dont elle), mais le T3 est là pour compenser certains qui sont mis de côté dans le 2 =)

On est tous fiers d'Alex 😤 Grand-bébé-chat fait des progrès
Il est encore un peu pété, faut pas lui en vouloir :roll: C'est que le début, on va dire.

Le prochain chap fait pas directement suite à celui-ci (ça va être le cas de beaucoup de chapitres dans ce T2, pas mal d'événements mentionnés ou "prévus" sont en off. Sinon, ce bouquin aurait fait 300k et c'est juste pas possible :lol: ).
Le prochain va pas tant faire mal. C'est surtout du mal pour du bien ♥

Merci pour ton passage 🥰
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par louji »

J'avais tellement hâte de publier ce chapitre depuis que je l'ai écrit 🥹 Les chatons en avaient besoin.


- Chapitre 9 -



Lundi 20 juin 2022, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Jim suivait Ryusuke dans les couloirs de l’École. Un sac en papier pendait au bout de ses doigts. Ils avaient acheté de quoi se restaurer à l’épicerie. Alors qu’ils grimpaient les escaliers jusqu’au deuxième étage de l’internat, où ils avaient autrefois partagé une chambre pendant quelques semaines, le silence les enveloppa. Le brouhaha en provenance de la cantine et de l’extérieur se fit plus ténu. Peu d’élèves restaient dans le Centre pour déjeuner.
— J’imagine que c’est interdit, lança Jeremy alors qu’ils remontaient le couloir du deuxième étage. De monter sur le toit.
Il zieuta la porte de leur ancienne chambre avec un pincement au cœur quand ils passèrent devant. Il ne s’y attarda pourtant pas, car Ryu traçait son chemin d’un pas résolu. Ses longues jambes avalaient les mètres sans discontinuer.
— Oui. Mais on y est déjà allés, avec Tina. Il y a un cadenas à la base, mais des élèves l’ont forcé et, tirer un bon coup dessus, ça suffit pour l’ouvrir.
Jim se retint de commenter, mais se permit un sourire amusé dans le dos de son ami. Le Ryusuke d’autrefois n’aurait jamais osé enfreindre les règles.
— Vous y allez souvent ?
— Non. On a dû y aller quatre ou cinq fois en un an et demi.
Ryusuke poussa une porte « personnel uniquement » qui n’opposa aucune résistance puis gravit une volée de marches qui donnait sur une deuxième porte avec la mention « interdit ». Comme prévu, un cadenas et une chaînette bloquaient la poignée. Ryu confia le sac de nourriture à son ami avant de forcer l’ouverture. Le cadenas céda dans les secondes qui suivirent. En s’ouvrant, le battant laissa entrer une bouffée d’air tiède.
Le toit du Centre était couvert de petits graviers et de bouches d’aération. Leurs semelles crissèrent quand ils rejoignirent la bordure est. Ce côté du bâtiment donnait sur le stade d’athlétisme et non pas sur la cour. Il y aurait moins de bruits et moins de témoins pour éventuellement les dénoncer.
Ils s’installèrent sur le rebord du toit et se partagèrent le contenu du sac. Jim avait insisté pour payer le repas, car c’était l’anniversaire de Ryusuke. Ils avaient prévu une soirée après les cours avec leurs amis, mais Ryu lui avait spécialement demandé qu’ils se voient avant.
— Alors, entama celui-ci en ouvrant son sachet de chips, vous avez eu vos résultats avec Thalia ? Ça tombait ce matin, non ?
— Yep. (Jeremy sourit par-dessus son wrap.) On est tous les deux admis. Elle en 1ère année de cursus général. Moi en 5ème année de cursus S.U.I.
— Bon, je me faisais pas trop de doutes, vous vous en êtes super bien sortis tous les deux. Mais c’est cool d’avoir la confirmation.
— Clairement. N’empêche, heureusement que la Ghost a de l’avance sur le programme. Je sais pas comment j’aurais fait sinon.
Ryusuke secoua la tête avec amusement.
— Tu aurais révisé, Jimmy. Comme tout le monde.
— Berk.
Jeremy reposa son wrap en se départant de sa moue exagérément dégoûtée.
— Bordel, Thallie entre au collège. J’arrive pas à réaliser.
Ryusuke croqua mollement dans son sandwich. Malgré le beau temps, malgré cette journée spéciale en son honneur, son estomac était noué. Il avait prévenu Jeremy la veille par SMS. Qu’ils devaient se voir. Faire le point sur un sujet qu’ils évitaient soigneusement depuis leurs retrouvailles presque deux mois plus tôt.
— Au fait, ça va se passer comment maintenant pour les binômes ? reprit Jim, guère désireux de laisser le silence s’installer. Comme t’étais avec Valentina et qu’on va se remettre ensemble ?
— Il y a toujours un nombre pair d’élèves. J’imagine que Tina sera avec quelqu’un qui a pas de binôme.
— Hmm. Désolé de casser votre binôme comme ça.
Ryusuke s’arrêta de manger pour dévisager son ami. Mais Jim avait le nez tourné vers l’entrée par laquelle ils étaient arrivés plus tôt.
— Jimmy, reprit-il d’une voix adoucie, tu casses rien du tout. On était en binôme à la base, alors c’est normal qu’on se remette ensemble.
— Je me sens un peu mal quand même, souffla son ami avec un sourire éteint.
Ryusuke laissa couler quelques secondes, la gorge trop serrée pour avaler une nouvelle bouchée de son sandwich. Jim devait se douter du sujet qu’il souhaitait aborder. Mais accepterait-il d’avoir cette discussion ?
— Ryu, lâcha Jeremy alors que l’intéressé se mordillait les lèvres, tu voulais me parler de quelque chose.
Les deux adolescents se toisèrent un moment avant que l’un d’eux finisse par céder. Jim soupira bruyamment, rangea son wrap dans le sac en papier et remonta les jambes sur la bordure du toit.
— C’est à propos de… notre dispute ? Celle qu’on a eue avant que je parte avec mon oncle ?
— C’était pas une dispute, répliqua aussitôt Ryu d’un ton déconfit.
Le visage de Jeremy se crispa. Il serra et desserra les dents avant de siffler :
— On s’est pas parlé pendant des jours après ça, Ryu. T’as fait un truc que t’aurais pas dû faire.
Ryusuke devint aussi livide que le blanc de son t-shirt.
— Jim, je voulais pas… Je sais que…
— Tu voulais pas quoi ? (Jeremy agita les mains dans un élan de colère.) Tu m’as embrassé alors que je voulais pas ! Tu m’as demandé ce que je voulais, moi ?
Ryu ferma les yeux en se détournant. Cette colère, ces accusations, il avait été soulagé de les fuir pendant des mois. Il s’était préparé à les affronter. Avait imaginé des paroles, des explications. Cette préparation perdait toute consistance face à la véhémence de Jeremy.
— Pourquoi tu m’as rien dit ? enchaîna Jim d’un ton rauque. Je comprends toujours pas ce qui s’est passé. Pourquoi t’as fait ça ? T’aurais dû m’en parler. Pas… faire ce que tu as fait.
La colère gonflait le cœur de Jeremy. Rendait ses échos plus douloureux. Il aurait aimé être dans la tête de son ami, pouvoir décortiquer la noirceur vulnérable de son regard, comprendre ce qui avait agité son âme ce fameux jour.
— J’étais quoi pour toi, Ryu ? Je suis quoi ?
Ryusuke inspira, se passa une main dans les cheveux. Sa mâchoire tremblotait sous le coup de la nervosité.
— Tu es mon ami, Jim. Tu le seras toujours.
— Ton ami ? J’embrasse pas mes amis, Ryu.
L’intéressé plissa les paupières, bascula ses doigts sur son visage. Sa cage thoracique lui semblait trop petite pour emmagasiner la honte, les regrets, la culpabilité et sa propre colère.
— Alors ? insista Jim en se penchant vers lui. T’es amoureux de moi ?
— Bordel, cracha Ryusuke en se tendant brusquement vers lui. C’est bien plus que ça, Jeremy. Et non, je suis pas amoureux de toi.
Perplexe, son ami le défia du regard, mais Ryu ne céda pas un centimètre de l’affrontement mental. D’une voix posée, il ajouta :
— Je ne suis plus amoureux de toi. (Comme les traits de Jeremy se plissaient, il précisa : ) J’ai fait le point avec moi-même. T’as été comme un rouage cassé pour moi, Jim. T’as fait sauter une machine qui tournait pas rond. Tu m’as blessé, mais je sais que je peux tourner correctement, maintenant. Et c’est un peu grâce à toi.
— Je comprends rien à ce que tu racontes.
Jim se leva pour évacuer une partie de la frustration qui engourdissait son corps. Sans se soucier de l’air suppliant de son ami, il se déplaça sur le toit les mains dans les poches. Lui-même avait réfléchi lors de ses nombreuses soirées solitaires à la Ghost Society. Réfléchi à ce qui s’était passé, aux signes avant-coureurs, à ce qu’il avait raté.
Réfléchi à ses propres sentiments. Compris que rien n’avait changé pour lui.
— Putain !
L’adolescent accompagna son juron d’un coup dans les graviers. Quelques cailloux s’envolèrent, ricochèrent contre les bouches d’aération avant de retomber. La colère de Jim aussi était retombée. Il s’en voulait. Lui en voulait toujours.
D’une démarche volontaire, Jeremy opéra un demi-tour et se planta face à Ryu.
— Ryusuke, je t’aime, OK ? (Face à l’air ahuri du concerné, il ajouta rapidement : ) Thalia est ma sœur de sang et toi mon frère de cœur. Je t’ai toujours vu comme étant plus qu’un ami, Ryu. Je te fais confiance. Je compte sur toi. Mais… je… je suis désolé, je t’aime pas de… cette manière.
Avec des gestes prudents, Ryusuke se redressa à son tour. Ses yeux brillaient.
— Je sais, Jimmy. Je sais depuis toujours. C’est moi, le problème. Pas toi.
— T’as pas de problème, Ryu, répliqua sèchement Jim en fronçant les sourcils. Mais t’es mon meilleur ami alors j’ai besoin de savoir : pourquoi ? pourquoi d’un coup ? pourquoi moi ?
C’étaient des questions auxquelles il pouvait répondre. Essayer, du moins.
— Pourquoi, je sais pas, Jimmy. Parce que c’était le bordel dans ma vie et dans ma tête. Parce que je venais de perdre mon oncle, toi ta mère et qu’on était… tellement perdus. Je voulais que quelqu’un soit là pour moi. Complètement là.
Remuer ce que Ryusuke avait mis de côté pendant des mois le bousculait de la tête aux pieds.
— Pourquoi d’un coup ? À cause de tout ça, de tous ces changements. Ça m’a fait réfléchir. Voir les choses différemment. Pourquoi toi ?
Ryu plongea les yeux dans ceux de son ami. Aujourd’hui, plus que jamais, leur vision lui comprimait les poumons. Ses iris expressifs, les reflets ambrés dans son œil gauche, le vert plus sombre près de la pupille dans le droit.
— Qui d’autre ? s’étrangla-t-il avec un rire dépité. Y’a un an et demi, t’étais littéralement mon dernier repère. Je me suis accroché à toi, parce que j’en avais besoin et que j’avais pas d’autres choix. Parce que je sentais vraiment quelque chose en moi. Je suis tombé amoureux, Jim, et j’ai pas plus compris que toi, sur le coup.
Son ami resta silencieux un moment, le temps d’encaisser les informations. Lui qui quémandait désespérément des réponses à un sujet qui n’en avait pas n’était qu’à moitié satisfait.
— Alors, reprit Jeremy plus calmement, c’était pas forcément moi, le déclencheur ?
— C’est un mélange de plusieurs choses. Et t’étais au cœur de tout ça.
Sans un mot, Jim se frotta le nez, se rassit au bord du toit et récupéra son wrap. Ryusuke nota la raideur de ses épaules, la tension de sa mâchoire. Il ne tarda pas à l’imiter pour finir son sandwich.
— Donc t’es plus amoureux de moi.
— Non, répondit Ryusuke d’un ton décidé. Vraiment. T’as pas à craindre quoi que ce soit.
— C’est pas ça, Ryu. Enfin, ça m’a fait du mal que tu m’embrasses sans me demander mon avis. Mais je sais que tu recommenceras pas.
Le cœur au bord des lèvres, l’intéressé hocha la tête avec conviction. Il s’en voulait encore, un an et demi après. Malgré la confusion de ses sentiments à cette époque, il ne se pardonnerait pas son geste envers Jeremy.
— Je te dois des excuses pour ça, Jimmy. C’était mal.
— Ouais. (Jeremy se tourna vers son ami et déclara avec embarras : ) Moi aussi, je suis désolé. Pour ce que je t’ai dit, à l’époque. C’était méchant.
— On a tous les deux nos torts, le rassura Ryusuke avec un sourire.
Une fois cette constatation posée, ils échangèrent un regard gêné, mais serein. Jeremy prit le temps de terminer son wrap avant de poser une question qui le taraudait toujours :
— Mais, du coup, tu préfères les garçons ?
— Mmh, pas tout à fait.
Perplexe, Jim fronça les sourcils avant de bredouiller :
— Tu… t’es bi, alors ? T’aimes autant les filles que les mecs ?
Ryusuke cessa de mâchonner pour dévisager son ami. Malgré sa gêne évidente, Jim tenait apparemment à trouver une réponse. Ryu n’était pas spécialement à l’aise à l’idée d’en discuter si profondément avec lui, mais il était touché. Connaissant Jeremy, il avait dû se renseigner avant d’oser aborder le sujet.
— C’est un peu différent, expliqua Ryusuke au bout d’un moment. Globalement, l’idée est là. En fait, je me fiche un peu du genre de la personne en face de moi.
Comme Jeremy gardait la bouche entrouverte, confus, Ryu sourit et ajouta :
— Le genre de la personne dont je pourrais tomber amoureux entre pas dans mes critères, tu vois ? (Comme son ami prenait un air songeur, Ryu ajoute doucement : ) Au fond, chacun se définit un peu comme il veut. Moi, je suis pansexuel, si tu as besoin d’un mot pour le définir.
— Oh, lâcha Jeremy avec une grimace, je voulais pas te forcer à utiliser un mot. C’est juste que… je voulais savoir. Pas par curiosité mal placée, hein !
— Jimmy, je sais que t’es pas comme ça. Et si ça peut t’aider à mieux comprendre, à mieux… me comprendre, ça me va.
— Ok, si ça te va, ça me va.
Ryusuke se passa une main dans les cheveux en riant tout bas. Comment avait-il pu se prendre autant la tête avec quelqu’un dont le fonctionnement était aussi simple ? Sûrement parce que ses sentiments s’en étaient mêlés et que c’était bien plus difficile à gérer qu’une simple discussion.
— Ryu, ça va ?
L’intéressé sortit de ses pensées avec l’impression de s’être délesté d’un manteau en cotte de mailles. Ils avaient tous les deux tant repoussé la discussion. L’avoir menée à bout semblait irréaliste. Ryusuke avait l’impression d’avoir raté une marche sans être tombé pour autant. Il continuait de s’agripper fiévreusement à la barrière de sécurité, même si le plus dur était passé.
— Ça va, souffla-t-il après avoir réfléchi à la question. Ça va mieux.
Face à son aveu, le visage de Jeremy se détendit. Il agrippa l’avant-bras de son ami, le serra doucement.
— Encore désolé, Ryu. Je m’en suis voulu, y’a un an et demi, de plus te parler. De t’avoir rien dit de mon plan par rapport à Edward.
— Tu aurais pas fait ça si je t’avais pas embrassé de force, le rassura Ryusuke. Je m’en suis voulu aussi de pas avoir été à tes côtés quand t’en avais besoin.
Comme ils s’agglutinaient tous deux dans la mélancolie de ces jours sombres de douleur, Jim poussa un grognement agacé et bondit sur ses appuis. Debout à côté de son ami, il lui tapota l’épaule avant de ramasser leurs affaires.
— Bon, on arrête de se cacher des trucs maintenant. Deal ?
— Deal.
En se redressant, Ryusuke profita du bras que lui tendait son ami pour lui faucher les jambes et le propulser au sol. Souffle coupé, Jim le dévisagea bêtement en silence.
— Et toi, t’arrêtes de tout vouloir régler par toi-même. Pigé, foutu imbécile ?
— P-Pigé, bégaya Jeremy avant de rire de la situation. Bordel, on dirait pas comme ça, mais t’as de la force en fait.
Ryusuke dressa un sourcil moqueur en l’aidant à se relever.
— Bon, faut qu’on dégage du toit, on va finir par se faire choper par les profs.
Comme ils s’éloignaient vers la porte d’accès, Jim ralentit pour lorgner la cour de l’École. Une trentaine d’élèves vaquaient entre les paniers de basket et les tables de pique-nique. L’ambiance y était plus désordonnée et bruyante qu’à la Ghost Society. Ses repas en compagnie de Rebecca lui manquaient toujours, deux mois après.
En remarquant que Ryusuke l’attendait près de la porte, il accéléra le pas. La Ghost était derrière lui, à présent. Plus qu’un souvenir, puisqu’il y était devenu quelqu’un de différent, mais pas non plus la chaîne qui l’avait étouffé après son départ. Petit à petit, Jim dénouait les nœuds, modulait ses habitudes et arpentait de nouveau le chemin de la vie qu’il avait choisie.



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louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par louji »

Holaa
Pour info, j'ai mis un petit sondage en ligne, il se trouve en haut du sujet. Si vous pouvez voter, ça me ferait plaisir !



- Chapitre 10 -



Mercredi 31 août 2022, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Thalia avait passé le nez par la fenêtre baissée pour zieuter la foule qui s’était rassemblée devant l’École. Bien qu’il soit presque vide en ce premier jour de cours, son sac pesait une tonne sur ses genoux. Franchir une étape aussi importante que l’arrivée au collège lui causait des tracas. Elle ne savait pourtant pas ce qui l’inquiétait le plus entre la possible difficulté des cours et le simple fait de rejoindre une école aussi prestigieuse que celle de S.U.I.
Son dossier avait été accepté des mois plus tôt. Elle avait passé des examens dans son ancienne école primaire pour être sélectionnée dans divers collèges de Modros. Elle n’avait raté aucun test et s’en était même sortie haut la main. Et pourtant.
Et pourtant Thalia tripotait nerveusement le tissu léger de sa jupe alors que William garait la voiture sur le parking presque rempli. Aucun de ses amis de son école primaire ne l’avait suivie à l’école de S.U.I. Pour la deuxième fois en moins de deux ans, Thalia devrait faire connaissance avec des inconnus et nouer des liens. Combien d’années avant qu’un événement quelconque la coupe de nouveau de son quotidien ?
— Mon cœur ?
La main tiède de sa mère sur son genou la ramena à l’habitacle étouffant du SUV de Will. Ses cheveux relevés en chignon décoiffé, Maria la considérait avec souci.
— Stressée ?
— Oui.
Sa mère lui serra de nouveau le genou avant de donner un coup de tête vers le deuxième passager de la banquette arrière.
— Jim va t’accompagner pour trouver ta classe. (Alors que l’intéressé acquiesçait en silence, Maria ajouta gentiment : ) Et si jamais tu te sens trop perdue, tu vas chercher papa d’accord ?
— Ça va bien se passer, assura Jeremy en ébouriffant les cheveux de sa sœur.
Thalia, qui avait passé plusieurs minutes dans la salle de bain à se faire des tresses plaquées, le repoussa en grommelant. Tout en tapotant sa frange désordonnée, elle jeta un nouveau coup d’œil par la fenêtre. Les nuages qui jouaient avec le soleil plongeaient régulièrement les bâtiments clairs de l’École dans l’ombre. Ils en paraissaient encore plus intimidants.
— Je sais que c’est très stressant d’arriver dans une nouvelle école, surtout au collège, souffla Maria sans cesser de la regarder. Alors je suis très fière de toi. Je sais que tu vas t’en sortir.
— Tu t’en es toujours bien sortie, appuya William en se tournant vers elle.
Thalia le considéra brièvement avant de se détourner. Elle savait les mots sincères, mais l’homme n’était guère expressif. Ses traits sévères, ses yeux d’un bleu nuit froid et ses lèvres minces s’agitaient si rarement que le moindre sourire en devenait surprenant.
— Si ça peut te rassurer, ajouta Jeremy en se penchant vers elle, moi aussi j’suis stressé.
Avec une moue méfiante, l’adolescente lorgna la chevelure désordonnée de son frère et son choix de vêtements douteux. Ce matin, alors qu’elle était déjà prête à partir, il traînait encore sur le canapé. Visiblement, ils ne géraient pas l’anxiété de la même manière.
— Ça va aller, insista Maria en les considérant tour à tour. Jim, tu surveilles ta sœur.
— J’suis pas un bébé, grogna Thalia.
— Et s’il y a le moindre problème, continua Maria sans sourciller, vous trouvez votre père.
Ils hochèrent docilement la tête. Avec un sourire, Maria leur indiqua la foule d’élèves parfois accompagnés de parents qui se pressait au poste de contrôle.
— Allez, mes trésors, c’est l’heure.
Comme Thalia ouvrait sa portière, Maria tendit le bras pour retenir son fils. Une fois la porte de l’adolescente claquée, elle souffla :
— Je sais que tu montres rien devant ta sœur, mais si tu te sens pas d’y aller seul, je peux appeler Ethan pour qu’il vienne vous récupérer à l’entrée.
Jim ouvrit la bouche avant de la refermer en sourire penaud.
— Ça va aller, maman. J’emmène Thalia à sa classe et on se retrouve direct avec Ryu. Je serai pas tout seul. (Il grimaça brièvement en hissant son sac à son épaule.) Puis tu sais ce qu’on a dit par rapport à papa. On évite de montrer qu’on est de la même famille à l’École. Je veux pas d’emmerdes avec ça.
— OK, je te fais confiance. (Maria le lâcha avant de sourire tendrement.) Je suis fière de toi aussi, mon chéri.
— Y’a vraiment de quoi ? intervint Will en haussant vaguement un sourcil.
Jeremy se raidit sur son siège alors que sa mère virait pour dévisager l’homme.
— Et pourquoi pas ?
— Tu m’as mal compris, soupira William en enroulant les doigts autour du volant. Je veux dire, pour Jeremy, c’est pas sa première rentrée à l’École. Contrairement à Thalia, il connaît déjà. Il devrait pas être stressé.
— Ça m’empêche pas de le rassurer. (Maria se tourna de nouveau vers son fils, dont le visage s’était fermé.) File, Jem, vous allez être en retard.
La femme attendit que ses enfants se soient éloignés pour marmonner :
— Will, je t’ai déjà posé une limite claire dans notre relation y’a plusieurs mois. Tu ne te mêles pas de l’éducation de mes enfants.
— Et je respecte ça, gronda-t-il en retour. Même si je pourrais quand même avoir mon mot à dire pour certaines choses. Ta fille vit quand même la moitié du temps chez moi.
— Chez toi ?
— Chez nous.
Maria poussa une exclamation dépitée avant de secouer la tête.
— Et tu refais plus ça. De balancer des piques à mon fils.
— C’est plus un gamin, Maria. Tu as pas besoin de lui tenir la main.
— Je pense le connaître mieux que toi, rétorqua Maria d’une voix glacée. Ça me coûte rien de l’encourager et de lui dire que je suis fière de lui. J’aurais aimé qu’on fasse pareil pour moi.
Will démarra le moteur et entreprit de sortir du parking. Il n’appréciait pas la façon dont sa compagne caressait ses enfants dans le sens du poil sans jamais émettre la moindre critique. Ce n’était pas en choyant sa progéniture qu’on l’aidait à grandir.
— Tu sais bien que c’est pas mon truc, soupira-t-il après coup. De dire des « je t’aime » et des « je suis fier de toi » aux gamins tous les jours. Ça perd son sens.
— Tu te trompes, répliqua Maria d’un ton sans appel. Mais on sera jamais d’accord. Alors on arrête là.
Comme il n’y avait rien à ajouter, Will se tut et se contenta d’un coup d’œil dans le rétro intérieur. Au loin, il reconnut les silhouettes de Thalia et Jeremy. Ses sourcils se froncèrent.

Thalia cessa rapidement de brandir sa fierté et préféra s’emparer du bras de son frère. Son geste se révéla plus qu’utile alors qu’ils avançaient compressés vers la cour de l’École. Comme elle n’avait pas envie d’avoir ses parents dans les basques pour son premier jour de collège, elle leur avait fait promettre de ne pas la suivre. Elle était à présent reconnaissante que son frère soit resté à ses côtés. Elle se sentait comme une petite fille perdue au milieu des adolescents plus grands qu’elle.
— Ah, les première année, c’est là.
Son frère tira sur son bras pour l’entraîner à travers un groupe d’une dizaine d’élèves. Sa gorge se noua alors qu’ils approchaient d’un étendard placé en hauteur. Un simple « 1ère année » était noté dessus avec une flèche. Rapidement, ils se retrouvèrent entourés d’élèves de la taille de Thalia. Jeremy ne détonna pas autant que prévu puisque des parents inquiets avaient accompagné leurs enfants et patientaient en marge.
— On regarde ta classe et je te laisse ici. Ça te va ?
Obnubilée par son observation des dizaines et dizaines de camarades qui l’encerclaient, Thalia ne lui répondit pas. Elle agrippa plus fort le bras de son frère, lorgna les mères et les pères qui avaient suivi leur progéniture. Finalement, elle regretta que ses parents ne soient pas là. Elle aurait aimé que son père et sa mère se réunissent pour un autre événement que son anniversaire.
— Thallie ?
Elle se retrouva soudainement avec le visage de Jim à hauteur du sien. Il avait plié les genoux et posé les mains sur ses épaules. Avec l’été, la peau bronzée de son frère était devenue tannée. Ses cheveux avaient clairci et il avait même quelques taches de rousseur solitaires sur le nez. Thalia prit conscience avec une drôle de peine qu’ils n’avaient pas l’air d’avoir le moindre lien familial à cet instant. D’ailleurs, des parents zieutaient dans leur direction avec une moue perplexe.
— Ça va ?
— Pas trop.
Le menton de Thalia se plissa. Après l’anxiété montait la culpabilité. Pour qui s’était-elle prise, à s’estimer assez grande pour affronter cette épreuve ? Car c’était une épreuve, pour elle. Tout avait changé trop rapidement ces derniers temps. Et ce n’était pas un été passé aux côtés de ses parents et de son frère pour la première fois en dix ans qui allait réparer les plaies qui cicatrisaient mal au fond d’elle.
— P’tit clown.
Le surnom lui fit levez le nez. Une ride creusait les sourcils de son frère. Même s’il avait encore grandi depuis son retour à Modros, Thalia détestait l’idée qu’il paraisse vieilli. Encore plus si c’était sa faute. Elle était son petit clown. L’être attendrissant qui le faisait rire depuis toujours.
— Tu sais que t’es la plus géniale des petites sœurs ?
— C’est stupide, contra-t-elle aussitôt en fronçant les sourcils. T’as qu’une seule sœur. Comment je pourrais être la plus géniale ?
Un sourire fendit les joues de son frère. Le nœud dans la poitrine de l’adolescente se dissipa. Ses fossettes lui rappelaient leur mère. C’était un sourire qui l’avait toujours réconfortée.
— Tu vois, tu continues de réfléchir alors même que tu stresses. (Comme Thalia ne s’en était pas rendu compte, elle haussa mollement les épaules.) C’est pour ça que tu t’es géniale, Thallie. J’en suis incapable.
C’était bien le genre d’argumentation de son frère. Elle aurait aimé qu’il cesse de se dénigrer pour rassurer les autres, mais elle devait avouer qu’elle se sentait flattée. Thalia avait toujours compté sur son esprit calme et observateur pour s’en sortir.
— Bon, soupira Jeremy en se redressant, on trouve ta classe puis je te laisse. Deal ?
— Deal.
Jim se servit de sa taille imposante au milieu de ses cadets de première année pour fendre la foule et s’approcher des tableaux placardés. Après quelques secondes d’exploration, il finit par tomber sur le nom de sa sœur.
— Thalia Wayne Hunt, lut-il à voix haute avant de se tourner vers l’intéressée. Hunt ? Tu portes le nom de notre grand-père ?
— C’est le nom de papa, expliqua sa sœur avec étonnement.
— Oh. Il a changé de nom, comprit Jeremy en laissant tomber son bras. Bon, t’es en 1ère B.
Thalia enregistra l’information en hochant la tête. Jim lui fit chiquenaude sur la joue avant de lui souhaiter bon courage.
Il était soulagé que son père ait changé de nom. À vrai dire, Ethan aurait pu le faire bien plus tôt, alors que les Sybaris lui pourrissaient encore la vie. Peut-être l’élément déclencheur était-il venu quand sa fille avait émis le souhait de porter son nom.
Jeremy se demanda vaguement comment son propre nom sonnerait s’il ajoutait celui de son père à celui de sa mère.

Comme convenu, il retrouva Ryusuke près d’un banc à proximité du panneau « 5ème année ». Ryu s’était coupé les cheveux pour attaquer la nouvelle année, mais il avait gardé en partie sa longueur. Jeremy passa les mains dans ses mèches souples en riant. Il devait avouer que ça lui allait bien.
— Alors ? lâcha Jim en se laissant tomber sur le banc. On est avec Valentina et compagnie ?
— Oui, avec Tina, Jason et Kaya. Ils essaient de pas trop modifier la composition des classes d’une année à l’autre.
— Oh, c’est cool.
— Yep. (Ryusuke grimaça en s’asseyant à côté de son ami.) Bon, ce qui est moins cool, c’est qu’on se tape encore Emily, Hugo et leur bande.
Les traits de Jim s’affaissèrent.
— Bordel, je les avais oubliés.
— T’as mis un coup de tête à Emily, lui rappela Ryusuke avec un sourire incrédule. Comment t’as pu oublier ?
— D’autres emmerdes dans ma vie, marmonna Jim d’un ton bougon. Mais ouais, une belle bande de psychopathes ces Intouchables.
Les deux adolescents profitèrent du silence qui s’installa pour observer les va-et-vient des élèves aux alentours. Les 5ème année étaient plus nombreux que les 1ère année, étonnamment. C’était dû à l’arrivée du cursus de S.U.I à partie de la 3ème année. L’École recrutait alors des élèves en plus, tout en conservant les étudiants qui avaient réussi les examens de 2ème année.
Jeremy poussa une petite exclamation de surprise en apercevant une adolescente à l’écart de leurs camarades de 5ème année. Même si elle n’était pas tournée dans sa direction, Jim la reconnut sans mal. Ses cheveux frisés étaient relevés au sommet de son crâne à cause de la chaleur.
— Tess !
Il dut l’appeler à plusieurs reprises avant qu’elle ne l’entende par-dessus les cris et les discussions des autres étudiants. Tess eut plus de mal à le reconnaître. Pourtant, face à ses gestes répétés, l’adolescente se décida à l’aborder.
— C’est Jeremy ! lança celui-ci avec enthousiasme. Tu te rappelles ? On a passé les tests de deuxième session ensemble.
— Oh, merde, désolée, je te remettais pas. (Elle considéra brièvement Ryusuke avant de revenir à Jim.) C’est cool que t’aies été pris.
— Pareil pour toi. Tu vas être en binôme avec qui, du coup ?
— On m’a attribué un binôme d’office, expliqua Tess en lorgnant le bout de papier qu’elle tenait entre deux doigts. Apparemment le seul élève de 5ème année qui avait pas de partenaire non plus.
Tess approcha la feuille de son nez.
— Valentina Saez. Ça vous dit un truc ?
Les deux amis échangèrent un regard spontané. Ryusuke fut le premier à prendre la parole :
— Carrément. C’est mon ancienne binôme. (Face à la moue surprise de Tess, il ajouta d’un ton enjoué : ) Tu vas voir, elle est top.
Tess posa une main sur sa poitrine en soupirant bruyamment.
— OK, vous me rassurez de fou, là. J’avais peur de tomber avec une conne.
— Oh, c’est pas ce qui manque, malheureusement, grommela Jeremy en lorgnant vers un groupe d’élèves à quelques mètres d’eux.
Comme si elle avait senti le regard mécontent de Jim sur son dos, Emily Hobs se retourna. Ses cheveux auburn tombaient dans son dos malgré l’air chaud. En reconnaissant l’élève qui lui avait autrefois ouvert la lèvre et délogé des dents, elle ouvrit grand les yeux. Son visage se plissa.
— Bonne rentrée, j’imagine, soupira Jeremy en se détournant de l’adolescente pour observer Tess. Bienvenue à l’École, en tout cas.
Tess acquiesça avant de leur adresser un salut. Quand les haut-parleurs se mirent en marche pour exiger que les élèves se rassemblent devant leur classe, Ryusuke glissa à l’oreille de son ami :
— Au fait, t’as regardé qui sont nos profs ?
— Non, je me suis même pas approché du tableau, avoua Jim avec un haussement d’épaules.
— Tu vas avoir une surprise, alors.
— Pitié, pas M. Cross.
Alors que Ryusuke s’esclaffait, ils se dirigèrent côte à côte vers la 5ème A. Ils saluèrent Jason et Kaya, qui patientaient tranquillement à l’arrière du groupe. Pas loin, Tess et Valentina faisaient connaissance.
— Bonjour à tous, lança un professeur près du tableau d’affichage. Je laisse mes collègues en charge des classes de S.U.I commencer. Comme depuis deux ans, votre professeur d’EPSA est également votre enseignant principal.
Comme leur classe était la première par ordre alphabétique, Jim et Ryu tendirent le nez par-dessus les têtes de leurs camarades pour savoir lequel des enseignants rassemblés face à eux allait s’avancer. À la vue de la mine sévère de M. Cross, Jeremy fit la grimace. Ce n’était pas un mauvais enseignant, mais s’il pouvait s’épargner ses comparaisons animalières, ce serait volontiers.
— Bonjour, lança leur professeur principal en s’avançant. Certains me connaissent déjà, mais…
Jim lâcha un petit bruit étranglé venu du fond de la gorge. À sa droite, Ryusuke libéra le rire qu’il retenait depuis plusieurs minutes.
— Je suis M. Hunt. Je serai votre enseignant référant et votre prof d’EPSA pour l’année à venir.
Incapable de quitter son père des yeux, Jim prêta tout juste attention à la suite de ses paroles.
— C’est ma première année en tant que professeur à temps plein. (Ethan adressa un sourire complice à la vingtaine d’élèves qui lui faisait face.) Je compte sur vous pour m’accompagner autant que je vous accompagnerai.
Trop mortifié pour réagir, Jeremy observa à travers un voile flou quelques élèves applaudir la présentation modeste de leur nouveau professeur. Tess et Tina s’étaient rapprochées des garçons après avoir discuté un moment.
Tess hocha la tête et glissa à ses nouveaux camarades :
— Il a l’air cool, ce prof. (Avant qu’ils puissent répondre, elle précisa : ) Même que j’en croquerai bien un bout.
Alors que Valentina s’étranglait d’un rire gêné et que Ryu ouvrait la bouche de surprise, Jim se pressa les tempes entre les mains. Son premier jour de cours n’était même pas entamé qu’il avait déjà l’impression d’avoir traversé tout un semestre.



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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

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Yo~

MES P'TITS CHATS !!! Ils sont tellement choupis tous les deux, j'veux juste les prendre dans mes bras. Je me porte volontaire pour être leur tata si c'est possible.
Thalia tape si fort dans les feels. Je sens qu'il y a une partie de toi qui s'exprime à travers elle (maintenant que j'y réfléchis, c'est celle à qui tu ressembles le plus) et c'est ultra touchant.
J'ai beaucoup rigolé avec la fin du chapitre, entre Ethan papa prof principal (le triple P) et Tess qui lui bave dessus (en même temps, same, girl). Jim va finir par regretter de ne pas avoir notre cher Mr Cross.

Bon, sinon, je constate que Trash-man est toujours là et qu'il continue à faire ses p'tites affaires de poubelle. J'ai juste hâte qu'il se fasse mettre à la benne parce que l'odeur commence à être insoutenable (t'as vu cette belle métaphore filée? C'est fou à quel point détester un personnage améliore mon langage. Bon j'ai aussi envie de lui dire d'aller manger ses morts, "pélo". Faut pas déconner non plus).

J'ai vraiment hâte du prochain chapitre !

La bise~
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par louji »

TcmA a écrit : dim. 16 juil., 2023 12:28 pm Yo~

MES P'TITS CHATS !!! Ils sont tellement choupis tous les deux, j'veux juste les prendre dans mes bras. Je me porte volontaire pour être leur tata si c'est possible.
Thalia tape si fort dans les feels. Je sens qu'il y a une partie de toi qui s'exprime à travers elle (maintenant que j'y réfléchis, c'est celle à qui tu ressembles le plus) et c'est ultra touchant.
J'ai beaucoup rigolé avec la fin du chapitre, entre Ethan papa prof principal (le triple P) et Tess qui lui bave dessus (en même temps, same, girl). Jim va finir par regretter de ne pas avoir notre cher Mr Cross.

Bon, sinon, je constate que Trash-man est toujours là et qu'il continue à faire ses p'tites affaires de poubelle. J'ai juste hâte qu'il se fasse mettre à la benne parce que l'odeur commence à être insoutenable (t'as vu cette belle métaphore filée? C'est fou à quel point détester un personnage améliore mon langage. Bon j'ai aussi envie de lui dire d'aller manger ses morts, "pélo". Faut pas déconner non plus).

J'ai vraiment hâte du prochain chapitre !

La bise~
Yooo

ILS SONT ADORABLES 🥹🐈 Moi aussi je veux les prendre dans mes bras 😔 Chuis un peu leur maman spirituelle, tu peux être la tata.
C'est marrant parce que je me suis fait cette réflexion y'a quelques mois ! Que Thalia était sûrement le personnage dans lequel je me retrouve le plus. On la mélange avec Jim et Ryu et en vrai pouf, me voilà :lol:
Ethan 3P ça lui va très bien (ou Papa-Prof-Peuchère c'est pas mal aussi). Je crois que Jim est à ça 🤏 de regretter Cross ouais

Alors la métaphore filée est incroyable, j'ai souri en la lisant. Très inspiré et très inspirant je mets 💯

Merciiii beaucoup pour ton retour, c'est toujours aussi motivant pour moi 💖

Et y'aura sûrement une surprise d'ici là 🥰

Zoubi
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par louji »

- Illustration des personnages -
Jim & Ryu



Holaaa, j'avais oublié de préciser en sortant le dernier chapitre, mais j'ai une petite surprise 🥰

Je suis @lawrageoff sur Instagram et elle a ouvert quelques commissions avec son compte de graphisme. J'ai sauté sur l'occasion pour lui demander une illustration de Jim et Ryu, bien évidemment 😌

Je lui ai demandé de les montrer proches l'un de l'autre, avec un esprit de cohésion et d'affection, et je trouve qu'on s'en sort bien ! Ils sont ados sur l'illus, on peut imaginer que c'est +/- lors de leurs retrouvailles/début du T2.

Je vous laisse avec le résultat, je les trouve adorables 🥹



Jim & Ryu ♥ - 1000x1000-min.png
Jim & Ryu ♥ - 1000x1000-min.png (748.58 Kio) Consulté 744 fois


Crédits : @lawrageoff / @lawrageart sur Instagram
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par louji »

- Chapitre 11 -



Mercredi 31 août 2022, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Avant de sortir de la salle des profs, Ethan souhaita une bonne soirée à ses collègues. Une fois dans le couloir, il remonta directement en direction des escaliers. Thalia l’attendait accoudée à la balustrade. L’attente avait comme figé ses traits dans de la cire.
— Désolé pour le retard, lança-t-il d’un ton contrit, j’avais pas mal de paperasse comme c’est la rentrée.
— Pas grave, j’avais un livre.
— Et Jeremy ?
— Dehors, il voulait prendre l’air.
Comme ils s’engageaient côte à côte dans les escaliers, Thalia jeta un œil à son père. Elle avait suivi son frère dans sa volonté de ne pas s’exposer trop ouvertement en compagnie d’Ethan. Tous deux craignaient la réputation que l’on accordait aux enfants de professeurs. Si Thalia était toute nouvelle dans l’établissement, ce n’était pas le cas de Jim. Après le mauvais départ qu’il avait pris à l’École deux ans plus tôt, cacher son lien avec son père était une première étape pour éviter d’attirer l’attention. Et Thalia voulait se faire tout aussi discrète.
En dehors des internes qui s’installaient pour la nouvelle année, les élèves avaient quitté l’École. Thalia ne craignit donc pas d’accompagner son père jusqu’à la sortie. Comme convenu, Jeremy attendait sur un banc, des écouteurs dans les oreilles. Tête baissée sur l’écran de son téléphone, il ne remarqua pas immédiatement sa sœur et son père qui approchaient. À quelques mètres, Ethan ralentit le pas. C’était à voix basse et il ne le discernait pas très bien, mais son fils chantait. Il s’arrêta avant que Jim les aperçoive. C’était la première fois qu’il l’entendait chantonner ainsi. Ethan ne connaissait pas la chanson, mais le rythme lui plaisait.
— Il chante bien, remarqua-t-il alors que Thalia lui adressait un regard interrogateur.
— Tu l’avais jamais entendu ? J’ai voulu l’enregistrer, mais il veut jamais.
Ethan nia de la tête sans oser interrompre son fils. Il savait qu’il avait la fibre musicale ; Jeremy avait réclamé une guitare en guise de cadeau d’anniversaire tardif. Avec Maria, ils lui avaient donc offert une guitare acoustique. Ethan lui avait même donné son ancienne électrique après l’avoir retrouvée dans le fouillis de son garage.
Jim se tut brusquement quand il les remarqua enfin. Après avoir arraché ses écouteurs, il bondit du banc en emportant son sac-à-dos.
— Déso, je vous ai pas entendus.
— Pas de soucis. (Ethan le considéra avec un sourire intrigué.) Tu chantais quoi ?
— Rien de spécial, marmonna l’adolescent avant de changer de sujet : alors, ça va, cette rentrée ?
— Ça s’est très bien passé pour moi. Mais donne-moi ton ressenti d’élève : ma présentation était claire ? Je voulais pas vous mettre la pression dès le début d’année, mais il y a quand même pas mal de boulot qui nous attend.
Tout en remontant la cour, Jeremy zieuta les internes qui s’agitaient derrière les fenêtres du Centre. Il n’était pas encore à l’aise avec l’idée que son père soit également son prof.
— Perso, je dirais que ça va. La première fois, on est arrivé une semaine après la rentrée, avec Ryu. Direct jetés dans le bain. On avait pas d’infos, rien. Donc là, ça me paraît bien, oui.
Soulagé, Ethan lui sourit, mais son fils regardait ailleurs, comme souvent.
— Et ça va aller, avec Emily Hobs et Hugo Cowell ? J’ai bien vu la façon dont ils te surveillaient.
— C’est qui ? intervint Thalia avant que son frère ait pu répondre.
Jim grimaça, considéra le visage inquisiteur de sa sœur puis soupira. Après avoir redressé son sac sur son épaule, il expliqua d’un ton morne :
— Des Réguliers avec qui j’ai eu… des soucis. Quand on a été recrutés avec Ryu.
— Des soucis, répéta Ethan d’une voix amère, qui ont failli te faire expulser de l’École.
— Quoi ?!
L’exclamation de Thalia froissa les traits de son frère.
— Ça s’est bien fini, c’est ce qui compte.
Ethan haussa un sourcil en l’examinant d’un air dubitatif.
— Bien fini ? Jem, tu as blessé Emily et tu t’es fait harceler en retour. On peut pas vraiment dire que ce soit fini, ni que ça se soit bien passé. Il faut vraiment que tu fasses attention, avec eux.
— Je sais, grommela l’adolescent alors qu’ils franchissaient le poste de contrôle.
Ethan salua le gardien avant d’emmener ses enfants en direction du parking des profs. Pour fêter la rentrée, Ethan leur avait promis de les amener au restaurant. Jeremy laissa sa sœur monter devant et profita d’être seul sur la banquette arrière pour s’étaler. À peine le moteur démarré, Thalia et Ethan s’embarquèrent dans une discussion approfondie autour de la rentrée. Guère désireux de se mêler à eux, Jim retourna à la vidéo YouTube qu’il avait laissée en plan. Il avait découvert la chanson une semaine plus tôt et s’évertuait depuis à l’apprendre. Même s’il avait commencé à chanter par-dessus sa guitare depuis la Ghost Society, il rencontrait des difficultés pour maîtriser sa voix. Généralement, le rythme lui venait assez facilement, mais moduler les aigus, les graves et la profondeur de son ton était une autre histoire.
— Jim, l’appela sa sœur avec insistance.
L’intéressé retira ses écouteurs en vitesse. Thalia s’était tournée vers lui avec une moue bougonne.
— Pardon, quoi ?
— Pour le restau, italien ça te va ?
— Très bien.
Il renfonça ses écouteurs tout en ignorant l’air agacé de sa sœur. Ils auraient tout le temps de discuter une fois au restaurant.

Moins de dix minutes plus tard, la voiture s’arrêta. En sortant, Jim remarqua le visage fermé de sa sœur. Il s’approcha en enroulant ses écouteurs autour de sa main.
— Ça va ?
— Tu m’as ignorée tout le long et tu me demandes si ça va ?
Surpris par son ton sec, Jim s’arrêta au milieu du trottoir. Comme Thalia ne se départait pas de son expression courroucé, il esquissa un sourire contrit.
— Désolé, Thallie.
— C’est trop facile, rétorqua l’adolescente en s’engageant derrière leur père. Un « désolé » et tu penses que c’est oublié.
— Ça l’est pas ?
La nonchalance de Jeremy jeta un nouvel éclat irrité dans les yeux de sa sœur. Elle enfonça un doigt dans les côtes de son frère et gronda :
— Tu fais ça depuis que t’es rentré. T’étais pas comme ça, avant. C’est trop simple de penser qu’à toi puis de jouer aux gentils pour qu’on te dise que c’est pas grave.
Cette fois-ci, Jim perdit son expression légère et se figea. Il dut remonter à pas rapides les mètres que son père et sa sœur avaient avalés pendant qu’il restait planté sur place.
— Je voulais pas être méchant, Thalia, lui assura-t-il d’une voix rauque. C’est juste que… ben j’ai envie d’être tranquille, parfois. Toi aussi. Les parents aussi. Tout le monde.
Agacée, Thalia le lorgna du coin de l’œil avant de hausser les épaules dans un mouvement las.
— Avant, tu aurais pas fait ça.
De nouveau cet argument. Jim grimaça, s’empêcha de répliquer dans l’immédiat. Les quelques disputes qui les avaient opposés, sa sœur et lui, avaient généralement abouti à une même conclusion amère : la complicité fraternelle qui les liait autrefois s’était effritée. Thalia reprochait à son frère de ne plus avoir la même attention ni la même affection qu’auparavant. Jeremy en voulait à sa sœur de ne pas être capable de plus d’autonomie. Il avait besoin de son espace, elle avait besoin de l’inclure dans le sien.
— Thalia, siffla-t-il d’un ton exaspéré alors qu’ils ralentissaient face à la devanture du restaurant italien, c’est normal que j’aie changé. Toi aussi, t’as changé.
Thalia observa le reflet de son frère dans la vitrine qui donnait sur une salle de restaurant aux pierres apparentes, serra les dents.
— Moi, je suis pas devenue quelqu’un qui pense aux autres que quand ça l’arrange !
Avant que son frère puisse répliquer, elle dépassa leur père et poussa la porte d’un coup d’épaule rageur. Jim s’avança, mais Ethan s’interposa avant qu’il franchisse le seuil.
— Jeremy, calme-toi.
— Je suis calme, gronda-t-il alors que ses joues le brûlaient. C’est à elle que tu devrais dire ça, elle a presque défoncé la porte.
Ethan soupira, mais garda une main sur l’épaule de l’adolescent.
— C’est vrai que tu l’as ignorée pendant tout le trajet.
— Et alors ? J’ai pas le droit d’être tranquille ? Je dois tout le temps vous écouter parler de trucs dont je me fous ?
Le visage d’Ethan s’assombrit et sa main se fit plus ferme alors que son fils tentait de passer malgré le barrage de son corps.
— Ton langage, Jeremy. Je ne te demande pas de participer à toutes les conversations. Mais ta sœur t’a posé plein de questions sur toi et ta rentrée. Elle voulait même pas parler d’elle-même.
Face au regard imperturbable de son père et sa poigne sur son épaule, l’adolescent finit par capituler. Il recula d’un pas, se dégagea de l’emprise de l’homme et zieuta à travers la vitrine. Sa sœur était plantée près du comptoir de réception, les traits à moitié masqués par sa frange brune.
La culpabilité enfonça une barre brûlante en travers de sa gorge, lui coupant l’appétit. La journée avait été longue, entre les réunions, les retrouvailles avec ses camarades, les regards de haine échangés avec certains Réguliers. Si Jim s’était écouté, il aurait évité ce repas en famille pour s’enfoncer sous ses draps et se perdre dans la musique.
— J’ai compris, marmonna-t-il après quelques secondes durant lesquelles Ethan ne l’avait pas quitté des yeux.
— Jem, ajouta son père d’une voix adoucie, essaie de comprendre ta sœur. Tu as changé et, vu tout ce que tu as vécu ces dernières années, c’est normal. Nous avons tous changé. Mais ta sœur t’aime tellement et… je crois qu’elle a peur de ne pas te reconnaître et de te perdre.
— Elle va pas me perdre, répliqua Jeremy en fronçant les sourcils. Y’a pas de raison.
Ethan le considéra d’un air soucieux avant de le laisser entrer. Il comprenait parfaitement Thalia ; il partageait ses inquiétudes à propos de Jeremy. Son fils lui avait échappé trop de fois pour qu’il ne puisse s’empêcher de se demander quand serait la prochaine. Et la distance qu’avait instauré Jim avec ses parents et sa sœur ne rassurait pas. Il leur échappait de nouveau, tout en étant proche d’eux.
Et Ethan avait parfois l’impression que c’était aussi douloureux que lorsqu’il était absent de sa vie.

La nuit était complètement tombée quand ils sortirent du restaurant. La nourriture et une discussion plus légère autour des séries du moment avaient dissipé les dernières tensions.
Thalia remarqua en premier qu’ils ne prenaient pas la direction de la voiture quand Ethan les emmena dans une ruelle.
— On va où ? La voiture est de l’autre côté.
— J’ai une petite surprise de dernière minute.
La curiosité remplaça bien vite la perplexité sur le visage de l’adolescente. Elle accéléra la cadence pour ne pas se laisser distancer par les jambes plus grandes de son père. Sur ses talons, Jim les suivait en faisant la moue. Il aurait aimé retrouver au plus vite sa chambre pour profiter de quelques heures de repos avant de retomber dans la routine des cours.
La ruelle déboucha sur un square éclairé de quelques lampadaires. Des papillons de nuit s’y cognaient inlassablement. Jeremy ne put s’empêcher d’observer nerveusement les environs. Alors qu’il appréciait autrefois déambuler dans Seludage en compagnie de Ryu, traîner dans les rues de la ville lui mettait les nerfs à vif. Passer un an et demi enfermé dans une même zone de quelques kilomètres carré avait bousculé sa notion de l’espace.
Il se raidit instinctivement à la vue de la silhouette imposante installée sur l’un des bancs en bois du square. Ce n’est que lorsqu’il fut suffisamment proche qu’il s’autorisa à se détendre.
— Bonsoir la compagnie.
Thalia rejoignit Michael en courant à moitié. Ils s’étreignirent avec force tandis qu’Ethan et son fils les rejoignaient. Après s’être levé promptement, Mike serra tour à tour son ami et son filleul contre lui.
— Tu as bien fait de m’envoyer un message, sourit Ethan en se calant contre un arbre tout proche. J’avais pas fait gaffe qu’on était aussi proches de ton appart.
— Faut bien que l’un de nous ait un cerveau, Eth’, répliqua tranquillement son ami avant de se pencher vers son sac à dos. J’ai amené à boire !
Il extirpa plusieurs bouteilles de son sac et Ethan plissa les yeux en apercevant le contenu mousseux de l’une d’elles.
— De la bière, Mike ? soupira-t-il à voix basse. Et qu’est-ce qu’on fait si on se fait choper ?
— Berk, fit Thalia en fronçant le nez.
— Pas pour toi, jeune fille, mais j’ai du jus de fruits, la rassura Mike en riant. Et j’ai justement mis l’alcool dans une bouteille toute simple. Je t’ai dit, Eth’, il en faut un avec un cerveau.
Ethan récupéra la bouteille, vague sourire aux lèvres, avant de tendre l’une des briques à sa fille. Thalia les remercia puis s’enfonça dans le banc. Avec la chaleur de la journée concentrée dans le sol, cette petite fin de soirée à l’extérieur lui faisait plaisir.
Michael fronça les sourcils quand il remarqua que Jeremy ne prenait pas la brique qu’il lui proposait. À la place, l’adolescent donna un coup de menton vers la deuxième bouteille de bière que son parrain serrait de l’autre main.
— Je peux goûter ?
Désemparé, Michael ricana puis se tourna vers Ethan. L’homme observait son fils avec une moue surprise.
— Jem, tu as que quinze ans.
— Ethan, il a quinze ans. (Mike haussa des épaules nonchalantes face à l’expression suspicieuse de son ami.) On a pris notre première cuite à son âge.
— Et c’est pas une raison pour le laisser faire la même chose. (Ethan soupira en s’appuyant de nouveau contre l’arbre.) On avait pas de parents pour nous empêcher de faire nos conneries. Je compte bien jouer mon rôle de père tatillon sur ce sujet.
Alors que Jim grommelait dans sa barbe, son père lui tendit sa bouteille.
— Goûte. Je préfère que tu le fasses maintenant, sous mes yeux, que dans une soirée où personne t’arrêtera.
L’adolescent ne se le fit pas dire deux fois. Il récupéra la bouteille et porta le goulot à ses lèvres. Il sentit d’abord la mousse puis les bulles qui roulèrent sur sa langue. Alors l’amertume ripa contre ses gencives. Avec une grimace, il rendit la bière à son père.
— Mais c’est dégueulasse ! Vous vous êtes vraiment bourrés la gueule avec ça ?
Perplexe, Ethan considéra l’adolescent, la bouteille puis son ami. Alors Michael éclata de rire.
— Quand on est jeunes, fauchés et sans autre réelle attente que de s’amuser, c’est très bien.
Ethan se contenta de sourire, secrètement rassuré que son fils n’apprécie pas ça. Il savait très bien ce qu’une ambiance et un effet de groupe pouvaient produire. C’était une crainte en moins au milieu de son océan de peurs.

Comme les deux hommes échangeaient des souvenirs d’adolescence, bières en main, Jeremy et Thalia s’éloignèrent, intrigués par un trio de chats qui jouaient dans les buissons. Ethan profita du départ de ses enfants pour s’installer sur le banc à côté de son ami.
— Alors, cette journée en tant que prof à part entière ? T’as pas trop traumatisé tes élèves ?
— Oh, arrête.
— Je suis sérieux ! Jeremy t’a dit quoi ?
Ethan lorgna ses enfants qui attiraient les chats en tendant les doigts quelques mètres plus loin.
— Pas grand-chose. Il est pas très expansif avec moi. En tout cas, il m’a pas fait de reproches, alors j’imagine que ça s’est pas trop mal passé.
— Mais toi, comment tu le sens ?
— Franchement ? Je suis super content. (Ethan esquissa un sourire en observant le fond de sa bouteille par le trou du goulot.) Ça fait longtemps que je m’étais pas senti comme ça au boulot. C’est motivant, de se dire que ces gamins ont besoin de moi pour progresser. Et l’inverse est tout aussi vrai.
Avant de lui répondre, Mike passa un bras autour des épaules de son ami.
— T’imagines pas combien ça me fait plaisir de t’entendre dire ça, Eth’. Te voir perdre ta famille, ça a été un sacré coup. Te voir dépérir à la A.A, c’était pas drôle non plus. Alors, je pouvais pas espérer mieux que te voir épanoui avec tes enfants et avec un nouveau job.
Ethan pinça les lèvres pour retenir la vague d’émotions – reconnaissance, joie teintée d’amertume, peur d’y croire – qui enfla dans sa poitrine. Comme il était trop remué pour répondre, Michael en profita pour ajouter :
— Je suis pas sûr qu’on te l’ait dit, alors je suis fier de toi, vieux.
— Merde, Mike, soupira Ethan en portant sa bière à ses lèvres tremblantes. Merci. Moi aussi, je suis fier de toi.
L’intéressé ricana, tapota l’épaule de son ami puis retira son bras. Tous deux n’avaient jamais pu compter sur leurs parents. Envers et contre tout, ils étaient devenus l’un pour l’autre des repères de sûreté, de confiance et d’affection.
— Maintenant, j’espère qu’une dernière chose va vraiment s’améliorer pour toi. (Comme Ethan lui jetait un coup d’œil interrogateur, Mike donna un coup de menton vers les adolescents.) Ces deux zigotos, là, c’est pas toujours simple, hein ?
— Comment ça pourrait l’être ? Je vis avec ma fille depuis même pas deux ans. Et je suis certain que Jem me déteste encore un peu.
— Ethan, murmura Michael d’un ton rassurant, je t’ai déjà dit que c’était pas de la haine. Il est plein de colère, surtout après tout ce qui s’est passé avec les Sybaris. Mais je te promets qu’il te déteste pas. Laisse-lui du temps. Laisse-le être en colère. Mais assure-toi que cette colère n’est pas que contre toi. Ce serait pas juste.
— Je sais. Mais j’ai déjà perdu tellement de temps avec lui. C’est égoïste, mais je rêverais qu’on passe à autre chose et qu’on s’entende bien. Qu’on passe du temps ensemble. J’ai l’impression d’avoir construit quelque chose avec Thalia. Mais avec Jeremy ? j’ai juste le sentiment de garder des pots brisés intacts. La moindre secousse et tout s’écroule.
Peiné, Michael considéra les adolescents au loin – qui avaient réussi à convaincre l’un des chats de s’approcher – puis son ami. Ses traits affaissés dans le noir le vieillissaient. D’ailleurs, au cours de ces deux dernières années, ses tempes avaient grisé, les coins de ses yeux s’étaient creusés de pattes d’oie. Mike sourit pour lui-même ; au moins, ils étaient deux.
— Franchement, Ethan, rappelle-toi quand vous vous êtes retrouvés à l’École. Il voulait même pas te regarder. Il arrivait pas à t’appeler papa. Tu te rends compte les progrès depuis ?
Ethan s’empêcha de nier immédiatement. Michael avait raison. Il se remémorait sans mal l’expression de son fils la première fois qu’ils s’étaient revus. Son regard était alors bien plus confus. Son attitude, plus dans le rejet que dans l’échange.
— Je sais qu’il faut que je l’accepte, chuchota Ethan après un instant de silence. Que notre relation n’est pas celle que j’espérais. Qu’il n’est pas le fils auquel j’ai pensé pendant des années. Que je ne suis pas le père qu’il aurait aimé. Mais j’espère quand même que nos pots brisés vont tenir.
Avalant sa fin de bière d’une traite, Mike attendit d’avoir dégluti correctement avant de répondre :
— Je suis sûr qu’ils vont tenir, Eth’. Jem est un bon gamin et il a besoin de toi, quoi qu’il en dise. Et t’es un bon père. Quoi que tu en penses.
Touché, Ethan l’observa à la dérobée. Se sentit de nouveau malade à l’idée de la vie de famille dont la maladie de Mike l’avait privé.
— Haut les cœurs, comme on dit, lâcha ce dernier en se levant du banc. On rentre ?
— Oui. Tu veux venir dormir à la maison ?
La proposition spontanée tira une moue étonnée à Michael.
— Ça fera plaisir aux enfants, précisa Ethan avec une moue penaude. J’ai dit à Thalia qu’on pourrait regarder un film ce soir.
— Bon, si tu me caresses dans le sens du poil… Tu paies le pop-corn ?
Ils s’esclaffèrent de concert en rejoignant les adolescents vers l’entrée du square. À force de patience, ils avaient réussi à attirer les deux autres chats. Ethan dut faire promettre à Thalia de ne pas embarquer l’un d’eux à l’appartement.
Mike et Jim riaient encore lorsqu’ils sortirent tous les quatre du square.



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Dernière modification par louji le ven. 11 août, 2023 7:07 pm, modifié 1 fois.
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- Chapitre 12 -



Vendredi 23 septembre 2022, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Maria enfonça une casquette sur son crâne avant de sortir de la voiture. Le soleil tapait encore fort en cette fin du mois de septembre. Elle ne regrettait pas son t-shirt et son short alors qu’elle se dirigeait vers l’entrée de l’école de S.U.I.
Il y avait plus de monde qu’à l’accoutumée près du poste de contrôle. Rien de surprenant pour un vendredi puisque certains internes rentraient chez eux pour le week-end. Maria se fraya un chemin entre les parents venus récupérer leur progéniture et les élèves déjà sortis. Comme à son habitude, elle se planta près du banc de l’arrêt de bus et patienta.
Jeremy fut le premier à la rejoindre, son sac dangereusement proche de tomber de son épaule. Malgré le soleil généreux, il s’était affublé de ses habituels vêtements sombres.
— Salut, maman.
Maria lui rendit le salut sans chercher à le prendre dans ses bras. Au milieu de cette foule, il refuserait sans aucun doute. Avant que Maria ait pu lui demander s’il avait passé une bonne journée, il donna une pichenette dans sa casquette.
— Sympa, c’est celle que tu avais cet été ?
— Oui, pourquoi ?
— Rien, rien, ça te va bien. (Il observa les adultes qui les entouraient sur plusieurs mètres à la ronde.) J’ai la maman la plus stylée de l’école.
Comme elle ne s’attendait pas à cette remarque, Maria ricana puis enleva sa casquette. Elle la planta sur la tête de son fils avec un sourire.
— Prends-la, je m’en achèterai une autre.
— Nan, tu rigoles ! Garde-la.
Jeremy se hâte de rendre le chapeau à sa mère, qui le remit avec un demi-sourire. Elle ne savait pas ce que son fils pouvait bien lui trouver à cette casquette. Son noir s’était fané sous le soleil des étés successifs. Il n’y avait même pas le moindre logo dessus.
— Et Thalia ?
— Je sais pas, avoua Jim en se tournant vers le poste de contrôle d’où sortait un flot d’élèves pressés d’être en week-end. Elle a peut-être été retenue par son dernier prof ?
Comme il était face à l’entrée de l’École, il eut tout le loisir d’apercevoir Hugo et Emily qui sortaient, secondés de leur groupe de fidèles accompagnateurs. Les deux Réguliers, qui se dirigeaient indéniablement dans sa direction, finirent par le remarquer. Le visage d’Emily s’assombrit, mais elle préféra l’ignorer et se détourner. Quant à Hugo, il ne se gêna pas pour l’observer avec un sourire en coin. Il ne tarda pas à prendre un air effaré et accéléra le pas pour s’éloigner. Jeremy se demanda s’il s’était soudainement retrouvé couvert de matière fécale.
L’adolescent ne comprit qu’en se tournant vers sa mère, qui s’était calée contre l’arrêt de bus, sa casquette toujours bien en place. Elle venait de baisser le bras, mais Jeremy avait eu le temps d’y voir un majeur dressé.
— M-Maman, s’étrangla-t-il en écarquillant les yeux.
— Quoi ?
— Tu peux pas leur faire un doigt d’honneur comme ça ! Ils sont tellement cons qu’ils pourraient nous chercher des emmerdes.
Sa mère haussa les épaules avec un sourire candide.
— Je crois qu’ils m’ont prise pour une dame pas nette à un arrêt de bus devant une école. Sûrement pas pour une innocente maman venue récupérer ses enfants.
Jeremy soupira, mais ne chercha pas plus d’explications. Il devait reconnaître que, passée la surprise, il était reconnaissant à sa mère d’avoir eu l’audace du geste.
— Et puis, ajouta Maria en lui pressant l’épaule, ils mériteraient bien pire pour tout le mal qu’ils t’ont fait.
— Oh, arrête, marmonna Jeremy en secouant la tête, gêné.
Même si la vue des Intouchables provoquait chez lui des élans d’antipathie féroce, une part de Jim s’en voulait toujours d’avoir été violent envers Emily au point de lui avoir délogé des dents.
— Hey !
Maria se tourna de concert avec son fils vers l’adolescent dégingandé qui venait d’apparaître près d’eux. Le sourire de Ryu fut comme une lumière pour les pensées de Jim.
— Qu’est-ce que tu fais là ? s’étonna Maria en s’approchant pour le serrer dans ses bras.
Elle savait que Ryusuke, contrairement à son fils, ne s’accommodait pas des marques d’affection en public. Après lui avoir rendu son étreinte, l’adolescent expliqua :
— Dimitri vient de m’envoyer un message, il va avoir du retard. Ça vous dérange pas que j’attende avec vous ?
— Tu nous dérangeras jamais, Ryu, lui assura Maria avec un clin d’œil.
Blasé par la déclaration exagérément niaise, Jeremy fit signe à Ryu de s’installer à côté de lui sur le banc. Maria observa les deux adolescents pendant quelques secondes. Leur saine complicité lui rappelait ses propres années aux côtés d’Adrián.
Consciente du chagrin qui lui alourdissait soudainement les paupières, Maria annonça à brûle-pourpoint :
— Je me rapproche de l’entrée, pour voir si Thalia arrive.
— Ça roule. À tout, m’man.
La femme s’obligea à inspirer l’air tiède pour se calmer. La mort d’Adrián remontait à quinze ans. C’était une plaie depuis longtemps guérie. Et pourtant…
Tu me manques.

— Maria ?
L’intéressée observa son interlocutrice d’un air confus, encore plongée dans les réminiscences d’une colocation à la cuisine mexicaine. Quand elle eut enfin réintégré pleinement ses esprits, Maria adressa un sourire contrit à son amie.
— Salut, Grace. Désolée, j’étais dans mes pensées.
Le bleu azur qui tapissait les iris de la femme se voila de préoccupation.
— Il y a un souci ?
— Non, souffla Maria avant d’enchaîner rapidement : tu viens chercher Jason ?
Grace hocha la tête en tournant le cou vers le grillage. Même si la plupart des élèves avait à présent quitté l’École, il y avait encore du brouhaha sur le parking.
— Il va encore être en retard, j’imagine. Jeremy est déjà sorti ?
Comme Maria acquiesçait, Grace se frotta le cou avec un sourire pensif.
— Jay doit être avec son groupe. (Face au regard interrogateur de son amie, elle précisa : ) Il a formé un groupe de rock avec des copains depuis ce printemps.
— De rock ? (Maria se tourna brièvement vers Jim, qui discutait toujours avec Ryusuke sur le banc.) Décidément, nos fils sont pas nés à la bonne époque.
— Ils auraient été mieux servis à la nôtre, approuva Grace en observant les bâtiments de l’École, qui se teintaient de doré en cette fin de journée. C’est drôle de se retrouver là, quand on y pense. À attendre nos enfants devant l’école qu’on a nous-mêmes fréquentée.
Maria cala son épaule contre la grille, le regard tourné vers la cour. Des élèves – sûrement des internes – disputaient un match de basket.
— M’en parle pas. Je pensais même jamais avoir de gosses.
— Et sûrement pas avec Ethan, j’imagine.
— Ça, sûrement pas, approuva Maria en riant. Je lui ai jamais parlé de toute ma scolarité.
Grace l’observa du coin de l’œil avec un sourire tendre. Elle avait toujours estimé que ses deux amis s’étaient très bien trouvés. Que chacun avait des exigences adaptées à l’autre. Leur séparation forcée, il y a quelques années, l’avait mortifiée pendant des semaines.
— Et sinon, ça se passe bien ? Le travail, les amours ?
— Le travail, oui. La fleuriste avec qui je bosse est adorable. Elle a soixante-cinq ans, elle commence à penser à la retraite. Elle m’a clairement dit qu’elle était prête à me céder le bail de sa boutique.
Le visage de Grace se couvrit d’un masque enjoué. Entre deux mèches de cheveux blonds qui s’abattaient devant sa bouche à cause du vent, elle lança :
— C’est super ! Tu le mérites vraiment, Maria. Et avec Will ?
— Ça va.
— C’est un petit « ça va » remarqua Grace d’une voix soucieuse.
À la fois agacée et touchée par sa sollicitude, Maria bascula son poids d’une jambe à l’autre.
— Il y a des tensions, finit-elle par souffler d’un ton nerveux. Sur les enfants, leur éducation et notre vie commune. Franchement, je sais pas si c’est parce que les enfants et moi, on a développé une manière de vivre très à nous ou si c’est parce que Will découvre la vie de famille.
— Peut-être un peu les deux. Même si, franchement, je pense pas que vous soyez compliqués à vivre, Thalia, Jeremy et toi.
Maria repoussa de ses yeux les cheveux rendus fous par le vent. Après les avoir coincés au mieux sous sa casquette, elle continua d’une voix engourdie :
— Je me pose plein de questions. Trop. Parfois, j’ai envie de tout remettre en question. Et ça me fait flipper.
— C’est-à-dire ?
— Je remets en question la façon dont j’ai élevé mes enfants, avoua Maria avec un rire amer. Entre les remarques de Will et ce que dit parfois Jeremy…
Réellement inquiète, Grace tendit le bras pour toucher celui de son amie.
— Pour Will, tu m’avais déjà dit que vous aviez des différends sur l’éducation. Mais qu’est-ce qu’il y a avec ton fils ?
— C’est depuis qu’il est revenu, soupira Maria d’un ton las. Avec Ethan, on en a un peu parlé. Il nous balance des remarques quand il est en colère. Il dit que, pour certaines choses, c’était mieux avant, c’était mieux là-bas.
Face à l’expression médusée de Grace, Maria retint un rire dépité.
— Et par avant et là-bas, il veut bien dire avec son oncle. Je sais pas si c’est les Sybaris qui lui ont bourré le crâne ou si c’est moi qui ai foiré des trucs avec lui. (Avant que Grace puisse répondre, elle ajouta d’un ton déconfit : ) Enfin, je sais que j’ai merdé des trucs avec Jem. Beaucoup de choses. Mais, quand même, de là à regretter la prison dans laquelle ces psychopathes de Sybaris l’ont enfermé…
— Maria, lâcha Grace en lui empoignant le bras, je suis certaine que tu n’as jamais merdé au point de faire regretter à ton fils son séjour à la Ghost Society. C’est un ado, Maria. Même Jason me dit des choses complètement stupides, parfois. Pourtant, on s’entend très bien, on a jamais eu de grosses disputes.
Maria serra les mains de Grace en retour, incapable de démêler le nœud de ses réflexions teintées d’émotions confuses. Le pur esprit de contradiction adolescent pouvait avoir joué sur certaines remarques de son fils. Sur d’autres points, Ethan et elle partageaient de véritables craintes. Les repères qu’avaient acquis Jeremy à la Ghost Society avaient de nouveau été bousculés. Pas si étonnant qu’il s’agace de ne pas toujours retrouver la même stabilité.
— Merci pour ton écoute, murmura Maria après quelques secondes. J’ai pas grand-monde à qui me confier, honnêtement. Surtout au sujet des enfants. Ma mère est persuadée que j’ai foutu ma vie en l’air depuis que j’ai eu Jeremy. Will a une dent contre Jem et j’ai du mal à le faire changer d’avis.
Maria jeta un coup d’œil vers la cour dans le vague espoir de repérer la personne à laquelle elle pensait. Il n’était pas en vue.
— Et avec Ethan, pas besoin de te faire un dessin. Parler des enfants avec lui… c’est tellement compliqué.
— À ce point ?
— Oui. J’ai l’impression qu’on sait parfaitement tous les deux ce qui nous aurait évité une telle situation. On le dit pas. Ça m’énerve. J’arrive pas à lui pardonner. Et je m’énerve pour ça, parce que c’est derrière nous et que ça sert à rien de resasser.
Les joues de Maria avaient rougi sous le flot de paroles libératrices.
— Tu parles de la proposition que tu lui as fait, il y a quelques années ? rebondit Grace après quelques secondes de silence. De partir loin, pour oublier les Sybaris et prendre un nouveau départ ?
— Oui. Franchement, t’imagines ? On aurait la paix. (Face à l’air morose de son amie, le front de Maria se plissa.) Désolée, c’est égoïste. J’aurais arraché Ethan à Michael, à toi, à son père.
— Et vous seriez une famille unie. (Grace sourit en tapotant la main que Maria avait enroulé autour des grilles de l’École.) Maria, je sais que tu te disputes avec Mike à ce sujet, mais je pense que ça aurait été une bonne chose, pour votre couple et vos enfants. Je comprends que tu sois encore en colère contre Ethan d’avoir refusé. Il avait évidemment ses raisons, mais il n’aurait pas eu à souffrir toutes ces années.
Le visage de Maria s’assombrit.
— Et toi non plus, ajouta Grace aussitôt avec embarras. Je ne voulais pas dire qu’Ethan a été le seul à souffrir après l’incendie.
— Oh non, la rassura Maria avec un sourire teinté d’amertume, c’est pas pour ça que je… Je pensais juste à lui. À nous. À ce que nous aurions été s’il avait pu assumer cette décision.
Alors que Maria s’attendait à des reproches, un regard chargé de doute ou un silence, Grace esquissa un mince sourire et souffla :
— Ethan a toujours manqué de courage. C’est son plus gros défaut je crois.
Comme Maria la dévisageait avec stupeur, son amie baissa les yeux.
— Pardon, ça doit te sembler brutal que je dise ça. Mais je partage ça avec toi, Maria : j’ai aussi aimé Ethan pendant des années. On était plus jeunes et plus idiots, mais je crois que je portais clairement le courage pour tous les deux. (Grace appuya son front contre la grille, plongée dans les souvenirs du passé.) Le nombre de fois où je l’ai vu se défiler devant une épreuve, un examen ou son propre frère…
Maria tressaillit à ses mots, étudia les traits crispés de son amie.
— On a jamais vraiment parlé d’Edward, souffla Maria après coup. Je regrette tellement aujourd’hui. C’est peut-être mal, mais j’aurais dû le forcer. Ça nous aurait peut-être évité la situation qui nous est tombée dessus y’a un an et demi.
Son ton sec ne surprit pas Grace. Elle se redressa, massa son front marqué par le grillage de l’enceinte et avoua :
— Moi aussi, j’aurais insisté quand on sortait ensemble à l’École, si j’avais su. Je voyais bien qu’il y avait des tensions entre eux. Que chacun voulait mener sa propre vie. Mais de là à ce qu’il y ait cette fracture ensuite ? C’est tellement dommage.
Les deux femmes plongées dans leurs regrets ne remarquèrent pas tout de suite les adolescents qui s’étaient approchés. Jason entreprit finalement de tapoter l’épaule de Grace.
— Maman ?
Grace se redressa subitement, l’air confuse.
— Pardon, Jay. Je discutais avec Maria.
La concernée s’était d’ailleurs tournée vers ses enfants. Ryu avait disparu – Dimitri avait dû arriver entre-temps. En échange, sa fille était enfin sortie de l’école.
— Bonjour, ma puce.
Maria avait encore le goût âcre d’une vie idéalisée, manquée, sur la langue. Elle étreignit sa fille plus fort qu’à l’accoutumée, huma l’odeur de ses cheveux. S’il y avait bien une chose que Maria ne regrettait pas, c’étaient les souvenirs qu’ils s’étaient construits tous les trois. Elle n’était pas parvenue à maintenir leur famille en un seul morceau, ses enfants avaient sûrement des reproches à lui faire, mais Maria avait essayé de faire de son mieux. Même si elle n’avait que partiellement réussi, Jeremy et Thalia avaient aujourd’hui une famille, de sang et de cœur. Des amis. Une chance d’avenir.
Et c’était loin d’être le cas de tous les enfants. Pour Maria qui s’était promis de ne jamais avoir l’indifférence et la déception constante de sa mère, c’était une réussite.
Elle ne devait pas en avoir honte.



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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par louji »

- Récapitulatif des personnages -



Bon, y'a un peu beaucoup de personnages dans cette histoire, et j'avais réalisé un organigramme pour le T1 afin de remettre les liens entre différents personnages dans les grandes lignes.
Me revoilà avec l'organigramme à jour pour ce début de T2 :D

Sont présents les personnages introduits dans le T1 et les nouveaux introduits en début de T2. J'en mettrai un nouveau quand on sera à peu près à la moitié du T2 car il y a avoir de nouveaux personnages entre-temps.


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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par TcmA »

louji a écrit : dim. 13 août, 2023 9:31 pm
- Récapitulatif des personnages -



Bon, y'a un peu beaucoup de personnages dans cette histoire, et j'avais réalisé un organigramme pour le T1 afin de remettre les liens entre différents personnages dans les grandes lignes.
Me revoilà avec l'organigramme à jour pour ce début de T2 :D

Sont présents les personnages introduits dans le T1 et les nouveaux introduits en début de T2. J'en mettrai un nouveau quand on sera à peu près à la moitié du T2 car il y a avoir de nouveaux personnages entre-temps.


Spoilers Tome 2 requis ⚠️
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Y a pas de lien de "ptit chat" :c
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par louji »

TcmA a écrit : dim. 13 août, 2023 9:50 pm
Y a pas de lien de "ptit chat" :c
😭😭 pardonne-moi pour cet affront
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par vampiredelivres »

Bonsoir,

(Oh, une revenante ! Ne faites pas attention, c'est comme si je n'étais jamais partie.)
(Je m'étais arrêtée où dans mes comms ?)

Bon. Je suis à jour. Déjà, yééééééé !!!!
Ensuite, yeeeeesh ces chapitres !

Je t'avais un peu parlé de Ryu et Jim sur Discord à propos de leurs retrouvailles, mais j'aime beaucoup. Je ne suis pas un chamallow non plus, je veux dire, ça reste emo-boy qui remet doucement les pieds dans tous les plats qu'il a fracassés par le passé, mais c'est choupi de voir qu'ils ont vachement bien évolué depuis. ♥ Ses retrouvailles avec les autres aussi sont sympa aussi, et j'aime bien Tess. On va la revoir ? :D

(Aparté pour Alex, bichette, on se rappelle une fois de temps à autre qu'il existe mais le pauuuvre… il doit avoir du mal avec tout ce bordel. Câlin à lui, petit perso oublié. Et Jim jure beaucoup en ce moment.)

(Aparté numéro deux, j'avais pô vu le sondage, mes excuses. Mais je suis triste, on peut pas voter j'adore avec pleiiiiin de "ooooooooo".)

Thaliiiiiiiie. ♥ Mon p'tit chat bagarreur que j'aime du plus profond de mon cœur. :lol: Le J’suis pas un bébé. m'a tellement fait rire, je l'imagine bien sur le ton où mes frangins me diraient ça.
BON.
WILLIAM.
MONSIEUR.
Nan, pas monsieur, connard en fait. Le respect ne t'est pas dû quand tu te comportes comme un sale petit con.
— Et tu refais plus ça. De balancer des piques à mon fils.
— C’est plus un gamin, Maria. Tu as pas besoin de lui tenir la main.
:arrow: C'est pas pour autant que tu dois lui chier dessus, merde. Pardon, je commence à parler comme Jérémy. Il me les brise trèèèès fort.

Mike et Ethan c'est le duo de champions qui me manquait un peu depuis le hors-série, ça fait du bien de les revoir aussi.

P'tite typo au chapitre 12 que je viens de voir passer : Jeremy se hâte => se hâta

Bon, Maria… se rattrape. Je n'en attendais pas tant de sa part.
Honnêtement, c'est agréable de la voir passer un peu outre sa rancœur et reconsidérer les choses d'un point de vue plus réaliste. J'apprécie ce petit moment de calme et de remise au point avec Grace, aussi, ce n'est pas un personnage qu'on a beaucoup vu dans le 1 mais elle était bien plus présente dans le HS déjà, et j'aime bien le fait qu'elle pose les bonnes questions à Maria.
Par contre :
— Maria, lâcha Grace en lui empoignant le bras, je suis certaine que tu n’as jamais merdé au point de faire regretter à ton fils son séjour à la Ghost Society.
Je… ouais. Ouchie. Je ne sais pas si je dois compatir ou pas, parce que si ton gamin te balance ça (et pas juste sur le coup de la colère, qu'il en pense un peu) c'est qu'il y a quand même un truc. Mais c'est vrai qu'à sa manière tordue et dérangée, Edward l'a quand même vachement bien accompagné (Ekrest-style un peu, j'ai l'impression, quoique moins violent :lol: ).
Tout ça pour dire que sans aller jusqu'à apprécier Maria encore, elle a marqué quelques points.

Maintenant, après cinq ou six chapitres d'un coup, je me demande un peu où est-ce que tu nous emmènes avec ce tome en termes d'intrigue de fond. Parce qu'il me semble que tu m'as dit qu'il était quand même assez long, et pour le moment je n'ai pas de notion claire (ou même vague d'ailleurs) de ce qui pourrait advenir dans la suite…

Mais en tout cas, c'est toujours aussi chouette de te lire ! Tes personnages ont vraiment cette petite touche de réalisme où, à chaque fois, je me dis "mince, ça sent le vécu", et c'est assez impressionnant. Dans les bonnes humeurs comme dans les mauvaises, on voit toujours d'où ils viennent et pourquoi ils sont ainsi, c'est beau. Et puis, Thallie ♥

Bref. Au plaisir !
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult/Contemporain/Action]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : jeu. 17 août, 2023 11:00 pm Bonsoir,

(Oh, une revenante ! Ne faites pas attention, c'est comme si je n'étais jamais partie.)
(Je m'étais arrêtée où dans mes comms ?)

Bon. Je suis à jour. Déjà, yééééééé !!!!
Ensuite, yeeeeesh ces chapitres !

Je t'avais un peu parlé de Ryu et Jim sur Discord à propos de leurs retrouvailles, mais j'aime beaucoup. Je ne suis pas un chamallow non plus, je veux dire, ça reste emo-boy qui remet doucement les pieds dans tous les plats qu'il a fracassés par le passé, mais c'est choupi de voir qu'ils ont vachement bien évolué depuis. ♥ Ses retrouvailles avec les autres aussi sont sympa aussi, et j'aime bien Tess. On va la revoir ? :D

(Aparté pour Alex, bichette, on se rappelle une fois de temps à autre qu'il existe mais le pauuuvre… il doit avoir du mal avec tout ce bordel. Câlin à lui, petit perso oublié. Et Jim jure beaucoup en ce moment.)

(Aparté numéro deux, j'avais pô vu le sondage, mes excuses. Mais je suis triste, on peut pas voter j'adore avec pleiiiiin de "ooooooooo".)

Thaliiiiiiiie. ♥ Mon p'tit chat bagarreur que j'aime du plus profond de mon cœur. :lol: Le J’suis pas un bébé. m'a tellement fait rire, je l'imagine bien sur le ton où mes frangins me diraient ça.
BON.
WILLIAM.
MONSIEUR.
Nan, pas monsieur, connard en fait. Le respect ne t'est pas dû quand tu te comportes comme un sale petit con.
— Et tu refais plus ça. De balancer des piques à mon fils.
— C’est plus un gamin, Maria. Tu as pas besoin de lui tenir la main.
:arrow: C'est pas pour autant que tu dois lui chier dessus, merde. Pardon, je commence à parler comme Jérémy. Il me les brise trèèèès fort.

Mike et Ethan c'est le duo de champions qui me manquait un peu depuis le hors-série, ça fait du bien de les revoir aussi.

P'tite typo au chapitre 12 que je viens de voir passer : Jeremy se hâte => se hâta

Bon, Maria… se rattrape. Je n'en attendais pas tant de sa part.
Honnêtement, c'est agréable de la voir passer un peu outre sa rancœur et reconsidérer les choses d'un point de vue plus réaliste. J'apprécie ce petit moment de calme et de remise au point avec Grace, aussi, ce n'est pas un personnage qu'on a beaucoup vu dans le 1 mais elle était bien plus présente dans le HS déjà, et j'aime bien le fait qu'elle pose les bonnes questions à Maria.
Par contre :
— Maria, lâcha Grace en lui empoignant le bras, je suis certaine que tu n’as jamais merdé au point de faire regretter à ton fils son séjour à la Ghost Society.
Je… ouais. Ouchie. Je ne sais pas si je dois compatir ou pas, parce que si ton gamin te balance ça (et pas juste sur le coup de la colère, qu'il en pense un peu) c'est qu'il y a quand même un truc. Mais c'est vrai qu'à sa manière tordue et dérangée, Edward l'a quand même vachement bien accompagné (Ekrest-style un peu, j'ai l'impression, quoique moins violent :lol: ).
Tout ça pour dire que sans aller jusqu'à apprécier Maria encore, elle a marqué quelques points.

Maintenant, après cinq ou six chapitres d'un coup, je me demande un peu où est-ce que tu nous emmènes avec ce tome en termes d'intrigue de fond. Parce qu'il me semble que tu m'as dit qu'il était quand même assez long, et pour le moment je n'ai pas de notion claire (ou même vague d'ailleurs) de ce qui pourrait advenir dans la suite…

Mais en tout cas, c'est toujours aussi chouette de te lire ! Tes personnages ont vraiment cette petite touche de réalisme où, à chaque fois, je me dis "mince, ça sent le vécu", et c'est assez impressionnant. Dans les bonnes humeurs comme dans les mauvaises, on voit toujours d'où ils viennent et pourquoi ils sont ainsi, c'est beau. Et puis, Thallie ♥

Bref. Au plaisir !
Heyyy

Ça me fait plaisir de te revoir par ici ! Ça faisait longtemps :D

Je comprends pour la notion de chamallow :lol: J'en suis une sadly donc va y avoir encore du chamallow-like.
Mais ouais, remettre les pieds dans le plat, c'est ça. Même s'il a pas tout fracassé tout seul, quand même !
On va revoir Tess bien entendu ;)

(Alex a moins de place dans ce tome, j'en conviens. Mais ses interventions auront généralement pas mal de sens.) (Jim jure autant que moi, à peu près 4755/jour quoi)

(Pas de soucis pour le sondage hehe Et merci à toi ♥)

Thallie, la meilleure 😭 Vraiment trop cool de la voir grandir et s'affirmer.
Ouais, Will c'est le bâtard de service dans ce début de tome 🥲 Il en fallait bien un.

Mike-Ethan for the win 🏆 Ils sont géniaux, je les adore.

Merci pour la correction !

Concernant Maria, je me demandais comment tu allais réagir, justement. Elle est clairement, sur tout ce T2, dans une phase de remise en question et de reconsidérations. Sur de nombreux points de sa vie et sur diverses relations. Pour Grace, elle sera présente de façon plus prononcée =)
Jim le pense en partie en le disant, on va pas se mentir :roll: Ça fout ses parents dans le mal. Dans tous les cas, Jim préfère laaargement être auprès de sa famille, mais son séjour à la Ghost lui a permis de solidifier certains choses chez lui (notamment un peu de confiance et d'estime de soi, ses capacités à bosser, etc) (toujours moins violent qu'Ekrest, on s'entend :lol: )
Pour Maria, ravie de l'apprendre. Encore une fois, que tu apprécies le personnage, au fond c'est pas l'important. J'aimerais vraiment qu'on comprenne les choix qu'elle a pu faire (et comprendre que certains d'entre eux n'étaient pas forcément corrects), la façon dont elle s'approprie ses erreurs et comment elle essaie d'aller au-delà (même si ça va prendre plus de chapitres évidemment).

L'intrigue de ce tome est assez vague, je le conçois complètement. L'objectif c'est de parvenir au bout de cette foutue École 😅 Mais en soi les 3 parties du roman sont assez différentes dans leurs thématiques... Disons que clairement ce tome c'est resserrer les trames de chaque personnage pour amorcer le T3 qui sera plus généreux en véritable "scénario" =)

Merci beaucoup ! Les personnages, c'est vraiment le socle de cette histoire, donc j'ai plutôt intérêt à assurer (ou du moins à susciter de l'intérêt). Je te rassure, tout n'est pas du vécu dans l'avalanche de merdes que représente S.U.I :lol: Mais, oui, mon objectif c'est toujours d'apporter des nuances aux personnages et d'essayer de conserver leur essence au fur et à mesure de leur évolution et des événements.

Encire merci pour ton com, ça fait super plaisir 💖
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