S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult / Contemporain / Action]

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louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : mer. 20 oct., 2021 12:56 pm
louji a écrit : ven. 24 sept., 2021 11:32 am


- Transition -



Samedi 29 août 1992, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.

Sa jambe cassée des mois plus tôt s’était parfaitement remise. Il sautillait en observant un bâtiment l’un après l’autre. Le contraste entre les deux, surtout avec ce qu'on sait ce qu'ils sont devenus par la suite, est vachement frappant ici ^^ :arrow: Ouais, la différence est déjà assez notable !

Il avait du mal à croire que sa mère ait créé un tel endroit. Sa mère, qui ne lui avait jamais dit je t’aime, qui troquait les câlins par :arrow: Y'a un truc qui me chiffonne dans "troquer par"… j'aurais plutôt dit "troquer contre/pour"… :ugeek: :arrow: Oui, c'est pour/contre, pas "par" merci ^^ des claques et l’affection par le mépris. L’École était un lieu d’apprentissage, d’évolution, de repères. Alexia Sybaris ne pouvait en être à l’origine.
Et pourtant, c’était bien elle qui avait dirigé la construction de l’établissement quelques années après la naissance de S.U.I. L’ironie de la situation en était encore plus cruelle.

Edward sentait des papillons dans son ventre. Ils remontaient depuis ses intestins, allégeaient son estomac et dégageaient ses poumons. Lui chatouillaient la gorge, lui tiraient les lèvres. Il avait réussi. Gagné. Contre sa mère, contre sa haine.
Son ancienne école avait réussi à les déloger, Ethan et lui, de la poigne d’Alexia. Les démarches avaient pris des mois – le temps de finir l’année scolaire – mais ils étaient parvenus au bout du chemin. Le pouvoir d’Alexia lui avait permis de passer outre les jugements, les accusations. Si Edward en avait pleuré de rage en l’apprenant, il s’était rapidement ressaisi. L’important était devant lui, pas derrière. Impressionnant pour un gamin aussi jeune. :arrow: Ouais, il est d'une maturité assez dingue !
Pour éviter de lâcher les garçons dans la nature et de les confier à des familles d’accueil où ils seraient séparés, Alexia avait accepté qu’on les place au sein de l’école de S.U.I. Un marché obtenu en accord avec les services sociaux, qui s’étaient assurés qu’Ethan et son frère seraient correctement accueillis dans leur nouvel établissement. (Et hors de portée de leur mère.) L’hôpital, la garderie de l’école et un foyer temporaire leur avaient permis de ne plus être en contact avec leur mère le temps que tout soit signé et accepté. C'est déjà ça de pris. :arrow: Oui :?
Ils avaient tout à gagner à l’École : une chambre pour tous les deux à l’internat, des profs particuliers pour leur donner des cours jusqu’à ce qu’ils aient l’âge d’intégrer le cursus de l’École et, surtout, la protection d’une institution. Un établissement dans lequel personne ne les agripperait par le col pour leur flanquer une gifle. Où personne ne leur cracherait à la figure qu’ils n’avaient jamais été désirés. Où personne ne les haïrait. Alors où personne ne les haïrait, peut-être pas, mais enfin bon. :arrow: Bon, en théorie, personne ne les attend la haine au coeur quoi :lol:

— Si ! Si… C’est juste… Je sais pas… Ça te fait pas bizarre, toi ? Ethan qui a du mal à gérer :? :arrow: C'est beaucoup plus difficile pour lui, ui. Il process moins vite.
Edward haussa les épaules, ses yeux voletant d’un objet d’observation à un autre. Les plantes, les tableaux, les tapis, les sofas, les distributeurs, les panneaux d’indication. L’ensemble était chaleureux, réconfortant dans son aménagement aéré. C’était si différent des locaux de S.U.I, froidement efficaces, et de leur maison où… les murs retenaient leurs cris prisonniers, où la moquette gardait les traces de leurs larmes et de leur sang, où leurs draps empestaient la peur. Aya mais t'as fini de maltraiter mon petit kokoro comme ça :cry: :arrow: On se renvoie la balle hein :roll:
Une bande d’adolescents de seize ou dix-sept ans déboula depuis les escaliers à leur gauche. Ils ne prêtèrent pas la moindre attention aux deux gamins assis sur le sofa. Edward, quant à lui, les dévora du regard. Ils avaient une telle assurance, une prestance si contrôlée !
— La classe, souffla-t-il à son jumeau.
Mais Ethan était plongé dans son silence, les yeux perdus dans la contemplation du sac posé sur ses genoux. Ed l’aurait bien secoué par les épaules si leur départ n’avait pas été si récent. Comme d’habitude, Edward avait l’impression d’avancer plus vite, de composer avec les nouvelles variables plus facilement. Il aurait mis sa main au feu que son frère broyait ses souvenirs et mâchonnait sa mélancolie. Il le détestait dans ces moments-là. Allez, hop, premiers signes de la fracture qui arrive. :roll: :arrow: Aya :'c


— Oh, Michael Mickey ! :D, soupira la directrice en allant se planter face à l’intéressé. Tu as encore volé dans les réserves de la cantine ?
Le fautif enfonça la tête dans les épaules, s’essuya la bouche puis bondit du canapé.
— Pas à la cantine, m’dame. Dans la salle des profs. Si jeune et déjà un troll :lol: :arrow: mdr il est intenable ;-;
Valeria écarquilla les yeux, lâcha un rire décontenancé. En retour, Michael croisa les bras sur son ventre rebondi. S’il culpabilité il y avait, il fallait chercher derrière ses prunelles brillantes et son rictus satisfait.
— Je m’occuperai de ton cas plus tard, chenapan, soupira la directrice en agitant un doigt menaçant à l’adresse de son élève. Je dois accueillir les jumeaux avant ça.
— Les…
Ses yeux gris, paillettes argentées et malicieuses, tombèrent sur les deux frères. Michael haussa des sourcils étonnés. Ils devaient avoir son âge. L’un des jumeaux – bon sang qu’ils se ressemblaient ! – s’avança avec un mince sourire.
— Salut. Je m’appelle Edward.
— Micha… Mike. Nan, Miky ou Mickey ^^ :arrow: Dans notre coeur, c'est Mickey :D Je peux t’appeler Ed ? T’as quel âge ?
— Dix ans.
Michael poussa une exclamation enjouée, se tourna vers Valeria.
— M’dame, ils sont avec moi ? On va être en classe ensemble ? On a le même âge ! Yayyyy :mrgreen:
— Michael, tu me casses les oreilles, grommela la directrice en poussant la porte de son bureau.
Considérant que cette absence de réponse constituait une approbation, l’intéressé dressa les bras avec un cri enthousiaste.
— On est trois, maintenant ! Trop chouette ! (Il pivota vers le deuxième frère, dont le visage tiré contrastait avec l’humeur générale.) Et toi, c’est quoi ton nom ?
Il sursauta, recula d’un pas. Perplexe, Michael l’observa avec attention. En fait, il n’était pas exactement pareil que son frère. Ses cheveux bruns étaient coupés plus courts. Et son regard… il paraissait hanté.
— Ethan, finit-il par répondre dans un filet de voix à peine audible. Il me fait de la peine mais en même temps j'ai envie de le secouer comme un prunier… je fais quoi ? :roll: :arrow: mdr bichette, il sort d'un foyer, faut lui le laisser le temps de s'habituer :roll:
Michael fit la moue, se détourna de lui. Il était trop timide à son goût. Il s’amuserait sûrement plus avec l’autre frère. Oh t'as pas encore idée x) Avec un sourire conspirateur, il s’approcha d’Edward.
— Je vais te dire le code du cadenas de Mme Garfi…
— Michael Lohan, encore un mot et tu nettoieras les toilettes de ton étage pendant un mois.
La voix de la directrice, toujours aussi grave, mais bien plus sèche, claqua sur les épaules des garçons. Déçu, Mike ne chercha pas à pousser le bouchon et tapota le bras d’Edward.
— À plus !
Il frôla Ethan en s’enfuyant dans la direction inverse. Se retourna avant de passer l’angle du couloir. Ethan l’observait, ses yeux ambrés obscurcis par des souvenirs indicibles.
Michael cassa l’échange, passa l’angle et s’en alla. Ethan lui faisait penser à… lui. Avant. Avant qu’il intègre l’École un mois plus tôt, avant qu’il découvre ce nouveau foyer où ses bêtises faisaient autant sourire que râler. Quand sa mère crachait du sang dans les mouchoirs en papier, quand il devait appeler les pompiers. T'es vraiment la pire, Co x) NAN MAIS D'OÙ, MOI JE REFUSE. C'EST PAS PERMIS ÇA. Donnez une vie normale à ces peuchères svp. :arrow: mdr ça fait des rimes (en vrai, pardon, mais bon voilà le background de Mickey n'est pas fun non plus :( )
Avant de sortir du Centre – le grand bâtiment qui accueillait l’administration, les dortoirs et l’infirmerie – Michael s’arrêta. Edward n’aurait sûrement pas de mal à s’intégrer, il le pressentait. Mais son frère…
Mike soupira. Mâchouilla sa lèvre encore tachée de chocolat.
— Bon, d’accord, soupira-t-il en posant les mains sur ses hanches. Je veux bien être son copain. Sage décision.
Une fois cette bonne résolution prise, il cavala à l’extérieur en quête d’une future bêtise.



Suite
Bon. Y'a du bon et du déprimant.
Déprimant déjà sur la backstory de Mickey, mais aussi sur Ethan. Pauvre chaton, il prend cher. D'ailleurs, je suis impressionnée par la capacité d'Edward de rebondir… mais après, vu comment il finit, je me demande bien ce qui le fera basculer… :ugeek: Les pouvoirs maléfiques d'Alexia, ou la haine envers Edward ? Ou un peu des deux ?
Sinon la directrice est sympa :roll: Et l'amitié entre Mike et les jumeaux promet x)
Je reviens plus tard (en espérant pas dans un mois et demi) pour commenter la suite ^^

La bise ~
Helloooo ! T'inquiète pas pour le temps, je comprends que y'ait pas la tête à ça ! Profite de ton échange ^^

Ouais, c'est clairement pas le funnyfun absolu :roll: Mais vuélé, ça explique aussi leurs états d'esprit plus tard.
Quant à la déchirure entre Ethan et Edward, ce sera évidemment abordé au fil des nouvelles de cette partie ;)
Les conneries futures de Mike et Ethan promettent :mrgreen:

Yes, pas de soucis, te stresse pas avec ça clairement
La bise, merci pour ton retour !
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

Holaa ! Voilà le nouveau chapitre, accompagné d'un petit casting que j'ai réalisé sur Picrew pour les personnages du recueil ! Ce sera dans un sujet en-dessous ;)
Bonne lecture !




- Implication -



Mardi 9 septembre 1997, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Edward traînait les pieds dans les couloirs du Centre. Le service administratif était quasiment plongé dans le silence. Près de la salle d’attente de la directrice, une vieille boule de feu familière s’alluma dans son ventre. Quand il parvint enfin à la petite pièce qui donnait sur le bureau de Mme Ramirez, il serrait tellement les dents que ses tempes lui en faisaient mal.
Il ne fut guère surpris de trouver Grace assise sur l’un des sofas en vieux cuir. Son carré de fins cheveux blonds adoucissait son visage anguleux. Avec son air déterminé et ses yeux bleus brillants, Ed comprenait sans mal pourquoi son frère avait fini par tomber amoureux.
— Grace, lança-t-il desserrant quelque peu les mâchoires.
Elle le salua en retour d’un hochement de tête avant de retourner à sa discussion. Comme il les voyait de profil, Edward n’avait pas remarqué tout de suite la deuxième adolescente. Sûrement le même âge qu’eux, aussi brune que Grace était blonde, des yeux sombres qui le percutèrent.
— Tu es nouvelle ?
La fille inclina le menton, hocha la tête avec une esquisse de sourire. Ed aurait pris son rictus pour de la moquerie si son regard n’avait pas été si sérieux.
— Je viens d’arriver. J’ai rendez-vous avec la directrice pour faire un point, mais elle est occupée.
Elle avait un accent particulier qu’Ed n’aurait su situer.
— Je crois que mon frère est ce qui l’occupe actuellement, soupira-t-il avec un sourire désolé.
Son interlocutrice jeta un coup d’œil amusé à Grace. Ses yeux sombres pétillaient.
— Tu m’as pas dit que ton copain a un frère. Vous avez le même âge ?
— Oui. On est jumeaux, en fait.
Un « o » se dessina sur les lèvres de l’adolescente. Les taches de rousseur qui constellaient son visage s’en retrouvèrent toutes plissées.
— Je m’appelle Edward, annonça celui-ci en se calant contre un mur. Et toi ?
— Lou. Je viens de Québec.
Edward fit rouler son prénom en silence sur sa langue. Il montait puis dégringolait dans sa bouche. Comme son cœur depuis quelques temps.

Les filles continuèrent de discuter en attendant que la directrice libère Ethan. En retrait, Edward les observa au coin de son champ de vision. Lou allait sûrement atterrir dans leur classe. L’idée ne déplaisait pas à Ed. Tout le monde dans leur groupe le connaissait. Les garçons le trouvaient trop condescendants et les filles l’ignoraient. Après tout, Ethan et Mike étaient deux figures bien plus populaires et amusantes. Eux n’hésitaient pas à crier leur colère, à lever les doigts et à dresser le menton.
Mais Lou ne connaissait rien de tout ça. Elle avait la fraîcheur et la candeur. Edward aurait peut-être une amie. Quelqu’un qui verrait en lui plus que le fils de la fondatrice, le frère d’Ethan, le garçon dans l’ombre de deux lumières.
La porte s’ouvrit sur la silhouette imposante de Valeria Ramirez.
— Jeunes hommes, faites-en sorte qu’il s’écoule au moins une semaine avant que je vous retrouve dans mon bureau.
La colère lasse qui suintait dans sa voix n’en retirait pourtant pas la chaleur.
— Oui, Mme Ramirez… grommela Michael en sortant du bureau derrière Ethan.
Ed roula des yeux ; il aurait dû se douter que ces deux-là se feraient attraper ensemble. Même si, comme lui, Ethan avait bien grandi, il paraissait malingre à côté de Mike. Son binôme n’avait pas l’air décider à arrêter de pousser. Edward n’aurait pas été surpris de le voir atteindre les deux mètres. En réalité, Michael aurait été inquiétant s’il n’avait pas eu son physique un peu rondelet et son air pataud.
Mme Ramirez salua les trois adolescents qui patientaient dans la salle d’attente puis fit signe à Edward d’approcher. En passant près de son frère, il murmura à son attention :
— C’est pour quoi, cette fois ?
— On s’est fait choper en salle des profs, expliqua Ethan avec un haussement d’épaules indifférent. On voulait trouver le sujet du contrôle de maths de vendredi.
Exaspéré, Edward leva les yeux au plafond. Si son frère se concentrait un peu plus sur les études, un peu moins sur ses bêtises, sa copine et sa nouvelle guitare, il s’en sortirait beaucoup mieux. Ed était persuadé qu’il pouvait réussir. Après tout, ils étaient jumeaux et Edward faisait partie des meilleurs de sa classe.
— Ethan, reste ici un instant, ordonna Mme Ramirez avant que l’intéressé disparaisse aux côtés de Mike et Grace. J’aimerais te parler de quelque chose avec Edward.
Comme les jumeaux échangeaient un regard soupçonneux, Valeria se tourna vers Lou avec une moue coupable.
— Je suis désolée, ma grande, je te fais encore patienter. J’en ai pour deux minutes avec les garçons et après je suis à toi.
La Québécoise la rassura en vitesse : ce n’était pas comme si des amis ou des devoirs l’attendaient. Elle était toute nouvelle dans l’établissement et commençait tout juste à prendre ses marques. Rassurée, la directrice lui adressa un clin d’œil avant de refermer la porte. Les frères Sybaris s’étaient installés sur les deux chaises disponibles. De dos, on pouvait les différencier à leurs cheveux de longueurs différentes. Mais Valeria les avait suffisamment fréquentés pour reconnaître Edward à son port de tête fier et Ethan à son allure nonchalante.
— À vrai dire, j’ai quelque chose à vous demander.
Valeria contourna son bureau pour se laisser choir sur son siège. Ethan avait chipé un bonbon dans le bocal en verre mis à disposition des élèves, mais Edward était focalisé sur la directrice.
— Un homme a pris contact avec l’École pour savoir si vous étiez bien scolarisés ici. Comme je n’avais encore jamais entendu parler de lui, j’ai préféré le faire patienter avant de lui confirmer quoi que ce soit. Je voulais vous demander si vous le connaissiez.
Les adolescents froncèrent les sourcils de concert, ce qui amusa Valeria à cause de leur ressemblance. Pourtant, loin de se déconcentrer, elle récupéra le post-il qu’elle s’était mis de côté et l’avança vers ses interlocuteurs.
— Ellis Hunt, lut Edward d’un ton hésitant. C’est censé nous dire quelque chose ?
— À vous me le dire, soupira Valeria en posant son menton sur sa main. Il a appelé le secrétariat tout à l’heure. Il a dit… il voulait savoir si deux élèves répondant aux noms d’Edward et Ethan Sybaris étaient ici.
— Ça me dit rien du tout, marmonna Ethan en agrippant le post-it.
Edward garda les sourcils froncés encore quelques secondes avant de s’enquérir :
— Il a pas dit qui il était ? Je veux dire, en plus de son nom et prénom ?
— Eh bien… Il s’est présenté comme un ancien médecin de S.U.I. Il travaille aujourd’hui dans l’Oregon, apparemment.
Manifestement agacé d’être retenu quelques minutes de plus dans le bureau de la directrice, Ethan se prit de passion pour l’emballage de sa friandise. À ses côtés, son frère affichait une moue circonspecte.
— Une connaissance de notre mère ? supposa-t-il en rendant le post-it à Valeria.
— J’imagine, oui. Mais s’il voulait de vos nouvelles, il serait passé par Alexia Sybaris.
— Elle sait rien de nous, intervint Ethan d’une voix cassante. On a coupé les ponts avec cette folle.
— Ethan, soupira la directrice en lui jetant un regard de reproche qu’à moitié sincère. Je sais ce que cette femme vous a fait subir, mais elle reste la fondatrice de S.U.I. Je ne peux pas te laisser parler d’elle en ces termes.
Un rictus acide plissa les lèvres de l’adolescent. Il soutint le regard de la directrice jusqu’à ce qu’elle soupire.
— Je vais me renseigner sur cet homme. Je vous tiens au courant si j’en sais plus.
Ravi d’être finalement libéré, Ethan bondit de son siège et sortit sans un regard en arrière. Songeur, Edward attendit que son frère se soit éloigné pour souffler d’un ton étouffé :
— Et si… et si c’était notre père ?
Les pupilles noires de Valeria luisirent un instant dans la lumière de fin de journée.
— J’y ai pensé aussi. Je vais mener mes petites recherches, Edward. (Comme il la remerciait à mi-voix, elle ajouta doucement : ) En sortant, tu pourras dire à Lou de venir ?
Grace, Michael et Ethan avaient disparu quand Ed sortit du bureau. Lou était plongée dans la lecture d’un magazine, ses mèches brunes en travers de son visage. Il la contempla un instant, nota les taches de rousseur sur sa pommette gauche, les reflets plus clairs à l’arrière de son crâne.
— Mme Ramirez t’attend, lança-t-il en faisant quelques pas prudents dans sa direction.
Lou se dressa aussitôt, jeta son magazine et remercia Edward d’un sourire. Il l’observa du coin de l’œil quand elle s’engouffra dans le bureau de la directrice. Ce ne fut que lorsque le battant se ferma entre eux deux qu’il réalisa que la boule de feu dans son estomac s’était tarie.

Les doigts d’Edward tremblaient sur la feuille. Il l’avait reçue de la directrice pendant la pause de midi. Ses cours de l’après-midi avaient été interminables, focalisé qu’il était sur les quelques lignes imprimées en noir. La photo d’homme qui agrémentait la feuille dans le coin du haut l’hypnotisait.
Un mois seulement s’était écoulé depuis que la directrice les avait interrogés, son frère et lui, à propos d’un certain Ellis Hunt. Si Edward s’était vaguement questionné à son propos, il n’aurait pas cru obtenir réponse à ses craintes si rapidement. Son instinct avait de nouveau parlé : cet Ellis Hunt, ancien médecin de S.U.I et connaissance de leur mère, était bel et bien leur père.
Edward secoua la tête sans quitter la feuille des yeux. Mme Ramirez avait obtenu le profil de l’homme au sein des bases de données de S.U.I. La photo qui accompagnait les informations personnelles était plus parlante que n’importe quoi d’autre. Si les traits de l’ancien médecin étaient en partie cachés par ses lunettes, ils ne mentaient pas : Edward apercevait ces pommettes, ce nez, cette mâchoire, ce menton chaque matin dans le miroir. Ses cheveux blonds contrastaient avec le brun profond des jumeaux Sybaris, mais ses yeux… ses yeux ambrés, peu communs, étaient les mêmes que les siens, que les leurs.
Certes, Edward n’avait aucune confirmation. Mais la ressemblance parlait. Pire, elle criait. Elle criait que cet homme existait, contrairement à ce qu’ils avaient toujours pensé.
Il devait trouver Ethan.

La tâche se révéla plutôt aisée. Il grimpa jusqu’au deuxième étage de l’internat, où sa chambre et celle de son frère se situaient. Il lui suffit de tendre l’oreille quelques secondes pour s’assurer qu’Ethan se trouvait dans sa chambre. De la musique s’en échappait, criarde, plaintive, instable. Tout comme son frère ces derniers temps.
Comme la porte ne s’ouvrait pas malgré ses coups répétés contre le battant, Ed soupira. Ils ne devaient pas l’entendre. Il finit par actionner la poignée, qui s’ouvrit sans résistance. Heureusement pour lui, ils n’avaient pas verrouillé la serrure. Une odeur de sueur embaumait la chambre malgré la fenêtre entrebâillée.
— Edward ! s’exclama Grace avec surprise.
Elle était assise sur le lit de Mike, un cahier sur les genoux. Elle, au moins, ne perdait pas le nord. Ed la quitta des yeux pour observer son frère, penché sur sa guitare électrique. Il avait pu se la payer cet été, en travaillant pour l’École.
— Tu mets pas souvent les pieds ici, lança Michael par-dessus les notes dissonantes de musique.
— Ethan, faut que je te parle.
Son frère cessa de jouer pour l’observer entre ses cils sombres. Sa bouche pincée et son expression blasée ravivèrent la flamme dans l’estomac d’Edward. Avant que son frère ne se mette à ronchonner, il lui tendit la feuille sous le nez.
— La directrice m’a envoyé ça. Faut que tu voies.
Ethan récupéra la feuille d’un air circonspect. Sa guitare coincée sous un bras, il parcourut rapidement les lignes avant de hausser les sourcils.
— Je fais quoi avec ça, moi ?
— Regarde la photo.
Il s’exécuta en fronçant le nez. Comme Ethan ne réagissait pas, Mike se pencha à son tour sur l’image d’Ellis Hunt. Après quelques secondes, il marmonna :
— Ouais, y’a un truc.
Son ami lui jeta un regard morne.
— Un truc ?
— Ben… il vous ressemble.
Mike se tourna vers Edward en fronçant les sourcils. Pour une fois, ses iris gris n’étaient pas débordant d’étincelles malicieuses. C’était étrange de le voir avec cette moue soucieuse.
— C’est votre père ?
Edward ne s’engagea pas à répondre – il n’avait pas de preuves concrètes après tout.
— Pff, n’importe quoi, cracha Ethan en poussant sa guitare pour se lever.
Il fourra la feuille entre les mains de son jumeau en le toisant.
— C’est n’importe quoi. (Comme ses amis et son frère l’observaient en silence, Ethan sentit la tension s’installer entre ses omoplates.) Quoi ? Même si c’est vrai, on a quinze ans, merde. On s’en fout d’avoir un père maintenant.
Dents serrées, il se détourna pour s’approcher de la fenêtre.
— C’est trop tard.
Devinant sans mal sa douleur dans la raideur de ses épaules et la crispation de ses mâchoires, Grace repoussa son cahier pour le rejoindre à la fenêtre. Elle craignit qu’il la repousse quand elle glissa sa main dans la sienne, mais son copain accepta le contact.
— Ed, viens.
L’intéressé se tourna vers Michael, qui lui faisait signe de le suivre en dehors de la chambre. Quand la porte se fut refermée derrière eux, Mike soupira bruyamment.
— C’est dingue, cette histoire.
— Je sais. Mais il a appelé l’École y’a un mois pour savoir si, Ethan et moi, on était élèves ici.
Les lèvres de Mike formèrent une fine ligne dubitative.
— Tu crois qu’il veut vous rencontrer ? (Comme Ed haussait les épaules d’ignorance, il enchaîna : ) Toi, tu voudrais le voir ?
La boule de feu dans son ventre s’était quelque peu apaisée depuis que son frère était sorti de son champ de vision, mais elle se raviva subitement. Ed observa la feuille entre ses doigts quelques secondes avant de souffler :
— Peut-être. Je sais pas. Je le connais pas. Mais… en même temps…
— Tu dois vouloir savoir.
Les brûlures dans son estomac se faisaient plus vives. Non, il ne voulait pas savoir. Oui, il voulait comprendre. Imaginer, découvrir, connaître.
— Je peux en parler à Eth’, si tu veux, murmura Mike d’une voix calme.
— Je sais pas, soupira Edward avec un rictus pincé. Je vois bien qu’il s’en fout. Tant pis.
Michael se frotta la nuque en plissant les yeux. Il avait l’air de réfléchir à quelque chose. Ed n’était pas spécialement rassuré : c’était dans ses plans à lui que son frère se retrouvait mêlé. Et Michael était indéniablement en train de fomenter quelque chose.
— Je vais essayer quand même. C’est une tête-de-mule, mais il m’écoute.
— Toi, oui, grommela Edward en masquant difficilement la colère peinée et jalouse qu’il ressentait.
Mike n’y prêta pas attention ; ou fit mine de. Avec un sourire taquin, il asséna une claque à l’épaule d’Edward avant de rouvrir la porte de sa chambre.
— Bon, je te laisse, Ed, mais tiens-moi au courant pour ce… Ellis Hunt.
Quand le battant se referma, Edward se laissa aller contre le mur. S’il prenait contact avec l’homme, s’offrirait-il des opportunités ? Ou ne serait-ce qu’un mélange de complications ?
Et puis, est-ce qu’il voulait vraiment de lui dans sa vie ? Est-ce qu’il voulait d’un parent, après l’enfer vécu sous le joug de sa mère ?
Est-ce que ça valait le coup ?



Suite
Dernière modification par louji le ven. 05 nov., 2021 9:45 am, modifié 1 fois.
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

Casting Picrew

(Le modèle utilisé est le suivant : modèle Picrew)
Je me suis amusée sur Picrew pour représenter les personnages (jeunes) introduits dans le recueil de nouvelles ! Pour rappel, il s'agit de représentations, les personnages sont peut-être différents dans votre esprit et c'est très bien ! C'est simplement une esquisse de la façon dont moi je les imagine :D




Edward
Edward - Jeune.png
Edward - Jeune.png (128.1 Kio) Consulté 1072 fois

Ethan
Ethan - Jeune.png
Ethan - Jeune.png (111.61 Kio) Consulté 1072 fois

Michael
Michael - Jeune.png
Michael - Jeune.png (86.29 Kio) Consulté 1072 fois

Maria
Maria - Jeune.png
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Adrián
Adrián - Jeune.png
Adrián - Jeune.png (110.66 Kio) Consulté 1072 fois

Grace
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Lou
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

Hello !
J'ai quelques nouvelles concernant le T2 :D Bon, la nouvelle, c'est essentiellement que je l'ai commencé mdr Il me reste que 5 nouvelles à écrire pour le recueil, je suis sur la dernière ligne droite. Je m'étais dit de terminer le recueil avant d'attaquer le T2, mais j'ai pas tenu x) Ça fait un an déjà que j'ai terminé le T1 alors j'avais vraiment envie d'écrire la suite.
Bref, j'espère que l'écriture sera aussi inspirante et motivante qu'avec le T1 pour pouvoir commencer à poster en 2022. En fonction de mon rythme (et de mes études car j'attaque la fin de mon master donc stage de fin d'étude donc mémoire :evil: ) ce sera soi au printemps soi à l'été 2022 ! Je vous tiendrai au courant de toute manière évidemment.
Le chapitre d'aujourd'hui est un peu plus costaud, mais ils posent les bases solides de la fracture entre Ed et Ethan, notamment !




- Fusion -



Mercredi 7 octobre 1998, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Maria fronça les sourcils lorsqu’Adrián déposa sa carte sur le tas qu’ils avaient formé. C’était un tour qu’elle n’avait encore jamais vu.
— Eh, tu as le droit de faire ça ?
— Évidemment. (Adrián tapa le poignet de son amie pour qu’elle laisse tomber son jeu.) J’ai gagné, pas la peine de chercher. Tu me dois une cannette.
— Qui me dit que tu triches pas ? Comme on change de jeu chaque jour et que tu décides des règles…
Adrián claqua la langue pour mettre fin à ses protestations. Boudeuse, Maria rassembla les cartes pour les ranger dans leur pochette en carton. Même si le jeu était jauni et corné, il avait occupé de nombreuses soirées. Elle qui n’avait jamais joué à quoi que ce soit avec sa mère, elle avait été ravie de découvrir toutes les possibilités qu’offrait un set de cartes.
Assis au bord du toit – un endroit où ils n’avaient parfaitement pas le droit de se trouver – ils profitèrent des derniers rayons de soleil. Depuis plus d’un an qu’ils se fréquentaient, ils avaient appris à respecter les silences de chacun. À apprécier les confessions de l’un, les réussites de l’autre. Leur amitié avait éclos dans l’hésitation, les maladresses et les non-dits. Elle s’était pourtant épanouie sans véritable accroc au fil des mois, s’appuyant sur leurs caractères complémentaires. Leurs quelques similitudes avaient achevé de les lier.
— Ça avance, avec Jack ?
Comme son ami ne daignait pas répondre, Maria se tourna vers lui. Le soleil jetait des reflets dorés dans ses boucles brunes et étincelait sur sa peau dorée. Tout ce miel ne couvrait pourtant pas la peine qui s’était incrustée dans ses traits.
— Il veut laisser tomber.
Dépitée, Maria jura tout bas et balança nerveusement les jambes dans le vide. Si M. Cross la voyait faire… il se contenterait de soupirer fort, sûrement.
— Mais pourquoi ? Ça avait l’air d’être bien entre vous, non ? T’étais content de tomber sur un gars qui a deux ans de plus que nous. Comme tu te plains des gens de notre âge qui sont immatures…
— Je sais bien. Mais, là, c’est Jack qui a dit que j’étais un gamin. Écoute, tant pis pour lui, il passe à côté d’une pépite.
Même si son ton était léger, faussement crâneur, Maria eut la gorge comprimée. Certes, Adrián tenait à afficher une image toujours positive et lumineuse, mais la zone d’ombre qu’il se créait à force de prétendre… Il finirait par s’y noyer, elle en avait peur. Très peur.
— Adrián, je suis vraiment désolée pour toi, reprit-elle en posant une main sur son épaule. Et dégoûtée. Jack avait l’air… cool.
— Cool, oui. Il a pas honte. Il s’affiche à l’École. (L’adolescent ferma les paupières, un sourire blessé aux lèvres.) Pour lui, c’est facile, il est plus âgé, il est populaire. Il voulait pas qu’on se cache, tous les deux. Qu’on soit fiers. Moi, je voulais juste qu’il m’aime.
Maria retira sa main de son épaule pour la coincer entre ses cuisses. Sa position habituelle quand elle ne trouvait pas les gestes ou les paroles adéquats.
— Tu crois qu’il t’aimait pas, en plus ?
— Si, si, je crois. Mais il m’aimait comme un trophée, comme une preuve.
— Quel sale type, siffla son amie en se redressant. Allez, viens, ça caille.
Le soleil avait effectivement disparu à l’horizon. Comme Adrián ne faisait pas mine de bouger, Maria se pencha au-dessus de lui pour souffler dans ses cheveux. Il rit doucement, mais son cœur n’y était pas.
— Je te dois une cannette, tu te rappelles ?
— Ouais, ouais. (Il finit par accepter la main que Maria lui tendait.) On s’achète une pizza pour ce soir ? J’ai vraiment pas envie de cuisiner.
— Carrément. Sans champignons.
— Ah non ! Sans olives.
— Dans tes rêves.
Comme il grondait tout bas, Maria soupira puis jeta les bras au ciel.
— Bon, OK ! Avec champignons et avec olives.
Après une œillade complice, ils partirent vers la porte de secours qui menait au toit. En ouvrant, ils manquèrent renverser deux adolescents qui arrivaient en sens inverse.
— Oh la vache, désolé, s’étrangla Adrián en agrippant la manche de la fille qu’il avait percutée.
— Pas de problèmes, le rassura Lou en souriant. Je savais pas que d’autres personnes allaient sur le toit.
Tandis qu’Adrián expliquait en riant que c’était aussi un refuge pour lui et son amie, Maria fixait le compagnon de la jeune fille. Ethan Sybaris traînait toujours avec Michael Lohan et Grace Empkin, alors ça ne pouvait qu’être…
— Maria Amati, c’est ça ? lança Edward de sa voix sérieuse, désagréablement formelle.
— Wayne, le corrigea-t-elle par automatisme. Ma mère voulait pas que mon nom sonne trop… étranger. Alors j’ai pris celui de mon père.
Même s’il s’est barré depuis un bail, ajouta-t-elle dans une pensée amère.
Ed hocha la tête, la moindre émotion effacée de son visage. Leurs mères respectives travaillaient ensemble à la A.A. Il avait entendu parler de Caterina Amati et sa fille, d’un an sa cadette. C’était pourtant la première fois qu’il lui adressait directement la parole.
Maria ne le quittait plus des yeux. Comment pouvait-il tant ressembler à son frère et être si différent ? En comparaison, Ethan était une bille d’émotions exaltées et exaltantes. On pouvait l’entendre rire avec sa bande dans toute la cour, ses provocations envers les profs alimentaient les ragots quotidiens et ses altercations à la cantine faisaient rire tout le monde.
Mais Edward Sybaris était un fantôme. Discret, invisible et angoissant.

Quand Lou et son compagnon se retrouvèrent seuls sur le toit, ils s’observèrent quelques secondes sans le moindre mot. À présent que le soleil avait disparu, l’air avait fraîchi et l’obscurité tombait sur l’École. Lou distinguait pourtant l’ambre des yeux d’Edward, l’ombre de sourire entre ses deux lèvres.
— Enfin tranquilles, lâcha-t-elle en détournant le regard, les joues chaudes. Y’a toujours des gens qui traînent dans les couloirs et tout. Puis comme on est tous en coloc à l’internat, on peut pas vraiment se caler dans ta chambre ou la mienne.
La nervosité la faisait parler vite et beaucoup. Ce n’était pourtant pas son genre, mais le regard intense et l’apparente passivité d’Ed avaient de quoi perturber. Quand une brise soudaine souleva le pan de sa veste, elle frissonna. Edward fit un pas vers elle, tendit le bras. Saisissant l’opportunité, elle se blottit contre lui.
— Lou, chuchota-t-il, sa bouche dans ses cheveux ébouriffés par le vent.
Elle glissa ses mains jusqu’à son visage, lui attrapa la nuque sans brusquerie. Il n’aimait pas être brusqué, elle l’avait compris depuis un moment. Les gestes devaient être mesurés, les paroles calculées. Leur baiser le fut. Pas trop long, pas trop appuyé, pas trop passionné.
Alors que leurs souffles reprenaient leur indépendance, Edward garda les mains de Lou autour de son cou. Il voulait la sentir plus près de lui. Il avait besoin de savoir qu’elle tenait à lui, qu’elle partageait sa chaleur, sa vie. Lou rouvrit les yeux de surprise quand il plaqua sa bouche sur la sienne. Elle sentait ses doigts trembler autour des siens. Le corps d’Edward tendait vers l’avant, son souffle happait celui de Lou.
Quand l’absence d’oxygène devint une gêne, elle le repoussa. Sans brusquerie. Pourtant, il avait l’air d’un addict en manque : ses yeux hagards, sa respiration crispée, ses traits creusés…
— Ed ?
L’intéressé ferma les yeux. Lou appuya ses pouces contre ses pommettes, caressa sa joue et suivit la ligne de sa mâchoire. Il était beau. Beau et seul, beau et triste. Elle avait essayé d’effacer certains de ces qualificatifs au cours des derniers mois, mais elle seule ne suffisait pas. Lou l’avait compris alors que leur affection réciproque grandissait. Le garçon dont elle était tombée amoureuse avait un trou dans le cœur. Elle s’était efforcée de le combler, mais l’abysse était trop grand. Trop grand pour une seule jeune femme de seize ans.
— Je t’aime, murmura-t-elle sans cesser de frotter de ses pouces le visage de l’adolescent.
Des larmes y coulaient, indicibles, insipides, invisibles.
— Je sais, répondit-il en retour d’une voix rauque, ébranlée. Moi aussi.
Mais ça ne suffit pas.
Ils le savaient tous les deux.

Ethan fronça le nez quand Ed apparut à l’angle du couloir. Il l’attendait depuis cinq bonnes minutes. Une fois que son frère fut à portée de voix, il lança d’un ton bougon :
— Tu foutais quoi ?
Edward se contenta de le lorgner avec dépit. Lui arrivait-il de sourire, en sa présence ?
— J’ai cherché une salle. Ça fait un mois que j’essaie d’organiser la rencontre et j’ai dû me débrouiller tout seul. Alors je fais comme je peux.
Ethan haussa les épaules en se décollant du mur. Il avait accepté la fameuse rencontre seulement parce que son jumeau le harcelait depuis des mois. Il emboîta le pas à Ed à travers plusieurs couloirs. Ethan n’avait jamais mis les pieds aussi loin dans l’administration. Plutôt que de le détendre, la marche fit grossir une boule dans sa gorge.
— Ça se passe bien avec Lou ? Tu m’en parles jamais.
Les traits de son frère se défroissèrent brièvement. Une lueur s’alluma dans ses yeux.
— Oui, ça va.
Un sourire goguenard se dessina sur les lèvres d’Ethan alors qu’il passait un bras autour de ses épaules.
— J’suis content pour toi. Vous avez franchi le pas ?
Ed ralentit, fronça les sourcils. La lueur avait disparu de son regard. Après s’être débarrassé du bras de son frère, il gronda :
— Ça te regarde pas.
— Oh, ça va. On a seize ans, vieux. On parle jamais, toi et moi. J’essaie juste de discuter.
Cette fois-ci, Edward s’arrêta pour de bon. Avant qu’Ethan puisse esquiver, il le plaqua contre le mur. Les mèches trop longues de son frère lui tombaient dans les yeux. Mais elles ne masquaient pas leur animosité.
— C’est toi qui me parles jamais, Ethan. Tu fais exprès de m’esquiver. Tu veux pas avoir ton frère lourdingue dans les pattes.
— Non, Ed, je…
— Et je suis pas ton vieux. Je suis pas Mike, OK ? Alors arrête de te la jouer avec moi.
— Regarde comme tu réagis, maugréa Ethan d’un ton accusateur. On peut jamais rien dire avec toi. La moindre parole de travers et tu t’énerves.
Ed serra plus fort contre la poitrine de son frère. Il sentait son cœur battre, ses poumons se remplir. Cette sensation était à la fois grisante et détestable.
— Tu fais n’importe quoi, Ethan, depuis des années. Tu te fiches de tout, tu écoutes pas ce qu’on te dit. Et tu m’en veux d’être énervé ?
Un rire narquois s’échappa des lèvres du concerné pour s’échouer sur le visage tout proche d’Edward. Son bras plaqué contre le torse d’Ethan commençait à gêner sa respiration.
— Je devrais te suivre comme un bon toutou, Ed ? Je sais que tu te penses meilleur que moi. Tu as de bonnes notes, tu te fais pas remarquer. Bravo, tu veux un cookie ?
Sidéré, Ed relâcha légèrement la pression de son bras.
— Moi, meilleur que toi ? (Il dut déglutir pour contenir les tremblements de sa voix.) Ethan, tu me regardes de haut. Mike, Grace et toi… vous faites tellement parler de vous. Je suis qu’un coincé qui a toujours pas couché avec sa copine, hein ?
— Raconte pas n’importe quoi, siffla Ethan en le repoussant. Personne dit ça.
— Je sais qu’on le pense. Que tu le penses. Ton frère est qu’un gros coincé qui sait pas s’amuser.
Exaspéré, Ethan secoua la tête puis reprit son chemin.
— C’est pas vrai.
Edward serrait si fort les mâchoires qu’elles en étaient douloureuses. Il aurait aimé percer le dos de son frère d’un simple regard. Chercher au plus profond de lui le jumeau qui n’existait plus. Le petit frère qui cherchait son approbation, qui buvait ses mots, l’attrapait par la manche quand il avait peur. Son petit frère. Son jumeau.
— Tu viens ou pas ?
Ethan s’était arrêté quelques mètres plus loin, le visage fermé. Il l’attendait.
— Oui.

Edward resta planté devant la porte sans oser frapper. Ce n’était pas la première fois qu’il le voyait. Mais, jusqu’ici, ils avaient toujours été que tous les deux. Avec Ethan…
— Tu entres ou pas ? marmonna ce dernier à voix basse, sourcils froncés. C’est pour toi que j’suis là, je te rappelle. Alors arrête de me les briser et décide-toi.
Ed ouvrit brusquement la porte pour le faire taire. Une table accompagnée de quatre chaises meublait la salle d’étude. L’unique occupant de la pièce se leva d’un bond.
— Edward. (Il bascula ses yeux cachés derrière des lunettes rondes sur le deuxième adolescent.) Ethan. Bonjour.
Ed répondit du bout des lèvres en s’avançant vers la table. Derrière lui, Ethan s’était figé sur le seuil, sa peau halée soudainement pâle. Il avait vu des photos, entendu les explications de son frère, pourtant…
— B-Bonjour, bredouilla-t-il en avançant d’un pas intimidé.
Ellis Hunt lui adressa un mince sourire. Il avait dû attendre des mois pour que son cadet daigne le rencontrer. S’il était déçu d’avoir perdu encore plus de temps, il n’arrivait pas à lui en vouloir. Les jumeaux avaient découvert son identité après quinze ans d’existence.
— Asseyez-vous.
Edward s’installa en face de son père. Une fois qu’il eut recouvré ses esprits, Ethan les rejoignit sans oser croiser leur regard. La boule dans sa gorge avait doublé de volume.
— Je suis vraiment content de te rencontrer, reprit Ellis en souriant. Edward m’a parlé de toi, m’a montré des photos, mais… c’est différent en vrai.
— J’allais dire la même chose, reconnut Ethan avec un rire embarrassé.
Ses yeux fourmillaient à droite à gauche sans oser s’arrêter plus de quelques secondes sur le visage de l’homme. Ses traits étaient si familiers qu’il en était perturbé. Pourtant, c’était bel et bien la première fois qu’ils se croisaient. Si les jumeaux Sybaris avaient les cheveux sombres et la peau halée de leur mère, ils tenaient le reste de leur père.
— Avant toute chose, je ne veux te forcer à rien. C’est ce que j’ai expliqué à Edward la première fois qu’on s’est rencontrés et je veux te dire la même chose : c’est toi qui choisis, Ethan. Si l’on se rencontre, quand, où, pourquoi…
L’intéressé hocha la tête avec l’impression que la boule dans sa gorge se changeait en acier.
— J’ai appris votre existence très tardivement, ajouta Ellis en se passant une main sur la nuque. Vous deviez avoir dix-onze ans. Je n’ai trouvé le courage de contacter l’administration de S.U.I qu’il y a un an.
— Notre mè… Alexia vous avait caché tout ça ?
Ed tressaillit à la mention de la femme. Ethan ne savait pas si c’était parce que ça ravivait de mauvais souvenirs ou s’il était perturbé par l’usage du prénom, mais il s’en fichait. Il avait choisi d’effacer sa mère de son existence depuis un moment. Alexia Sybaris était la femme qui l’avait mis au monde et c’était tout. Il ne lui devait rien, pas même un devoir de mémoire.
— Oui. Elle ne m’a jamais dit qu’elle était enceinte. J’ai été transféré dans une clinique en Oregon. Comme c’était un poste plus enrichissant et plus proche de ma famille, je n’ai même pas cherché à m’interroger sur les raisons. À présent, je comprends mieux.
Ethan ne sut que faire de l’expression de l’homme en face de lui. Culpabilité, regrets, colère ? Que devait-il, lui, ressentir ?
— C’est… c’est sympa qu’on se soit rencontrés, souffla-t-il d’une voix crispée.
Son cœur aurait aimé mieux connaître cet homme, le connaître au-delà de son identité formelle, mais son cerveau ne voulait que fuir. Fuir cette réalité écrasante, fuir les responsabilités, fuir comme depuis toujours.
La façon dont ses doigts tapotaient la table n’échappa pas à son père. Ellis soupira avant de redresser ses lunettes.
— Ethan, c’est déjà incroyable que nous ayons pu nous rencontrer. Je ne veux pas t’en imposer trop d’un coup.
— Mais il vient juste d’arriver ! s’exclama Edward en les dévisageant tour à tour. Ethan, reste un peu.
L’intéressé enfonça la tête dans les épaules. Il avait du mal à respirer. Le poids que son frère avait enfoncé dans sa poitrine, le poids du regard de son père, le poids de la crainte… de décevoir, d’être déçu.
— On p-pourra peut-être se revoir plus tard, hein ?
La gêne le faisait légèrement bafouiller. Bon sang, ce n’était pas son genre. Avant qu’il ne s’enfonce plus loin dans l’embarras, Ellis se leva pour lui tendre la main.
— Bien sûr. Quand tu le voudras. Prends soin de toi, Ethan.
Ethan craignit d’avoir les mains moites quand il rendit sa poigne à l’homme. Quand il croisa le regard d’Ellis, il s’étonna de l’ambre de ses yeux. Puis une vague de chaleur incongrue lui descendit dans l’estomac.
— Oui, merci. À-à bientôt.
Ils échangèrent un rapide sourire avant qu’Ethan sorte de la pièce. Une fois Ellis rassis, Edward se passa une main sur le visage. Colère.
— Désolé. Je pensais qu’il resterait plus longtemps.
— Ne t’excuse pas, c’est déjà super.
— Il me déçoit.
Ellis plissa les yeux, tendit le bras. Son hésitation ne dura pas trop longtemps : sa main finit par se poser sur l’épaule de son fils. Edward tressaillit, enfouit le nez dans ses mains. Honte.
— Je le comprends plus, avoua-t-il d’une voix trébuchante. Je sais plus qui il est. Je voudrais que mon frère revienne.
— On change, Edward. C’est normal. On change pour s’adapter. Ethan a dû changer quand il est arrivé à l’École. (Ellis retira sa main, se leva de sa chaise pour contourner la table.) Toi aussi, tu as sûrement changé. Ne sois pas trop dur envers lui. Ni envers toi.
Comme Ed ne disait rien, Ellis s’appuya contre la table à côté de lui.
— Edward, je suis vraiment content que tu aies accepté de me rencontrer, il y a un an. J’avais peu d’espoirs, mais… grâce à toi, j’ai pu faire votre connaissance.
Son fils ne répondit rien, son visage toujours posé sur ses mains.
— Vous êtes encore proches, Ethan et toi, non ?
— Je sais pas.
Tracassé, Ellis chercha des paroles réconfortantes. Ou devaient-elles être justes ?
— Je sais plus si c’est mon frère.
Une vis sauta dans la machine. Les paupières d’Edward, bien que serrées, se gonflèrent. Son estomac se plia sur lui-même, l’acide lui emplit la gorge. Faiblesse.
— Edward…
Ellis garda les mains posées sur ses épaules alors que les vis sautaient une à une. Tout partait en vrille. La douleur lui torpillait la poitrine. La sollicitude d’Ellis ne suffit pas à contenir ses tremblements. D’un mouvement sec, il se leva, tourna les talons. Son père l’appela. Il l’ignora.
Dans les couloirs, il accéléra. Dans les escaliers, il sauta les marches deux par deux. La porte de secours ne résista pas, les graviers du toit crissèrent sous ses pas. Au bord du vide, il contempla en contrebas. De l’autre côté de la cour, Ethan riait avec Michael et Grace. Fusion.
Ils l’avaient été, fusionnels. Avant.
Solitude.



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Dernière modification par louji le sam. 20 nov., 2021 10:06 am, modifié 1 fois.
TcmA

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

Yéyo~

C'EST BON SAMER.

Je suis tentée de laisser ça comme ça, mais non. Allez, go.

Adaptation Fiou fiou fiou. On a les débuts du gouffre qui va se creuser entre Eth et Ed. Purée, la sensation d'Ed d'être remplacé par Mike et sa colère qui monte, monte, monte. Le jour où Eth fera déborder le vase avec une dernière goutte, ça va piquer. Très fort.
J'espère qu'Adrián reçoit beaucoup de câlins. Voilà.

Implication Yeeeeesh, la ressemblance entre Ethan et Jim est frappante. C'est fou de voir à quel point leur parcours est similaire (bon, sans Alexia dans le lot... Quoique, ils ont tous les deux du PTSD de sa part, entre les coups et l'incendie. Chouette. Je suis encore plus triste maintenant.)
Bonjour Monsieur Hunt, contente que vous soyez là !
Lou a l'air très choupie elle aussi, je sens la relation avec Ed pointer le bout de son nez.

Casting Il est super chouette ! Les grands yeux de Mike, ohlala ♥ Pfouah, Eth et Ed. Yes. (Coucou Eth, tu as le même regard triste que ton fils). J'aime beaucoup le design de Maria !

Fusion Alors je dois dire que c'est la nouvelle qui m'a le plus marquée et que j'ai le plus aimé. Juste, wow. Le rythme du récit, la tension grimpante entre Ed et Eth, puis ces derniers paragraphes... Edward me brise le cœur. Très fort.
Adrián, baby boy, it's okay, ça va aller (Jack, va chier, merci.). Par contre, faudrait faire sauter la soupape émotionnelle parce que je la sens moyen, ta zone d'ombre... J'ai trouvé ta distinction entre être fier/avoir un trophée et tomber amoureux très chouette. Très fine, très bien, j'aime beaucoup.
Ed... Pouah, il creuse un trou dans la poitrine à la petite cuillère, lui. "Fantôme (COUCOU LA GHOST), discret, invisible, angoissant, seul et triste". Il a un manque affectif, émotionnel et physique (je pense à touch starved, je ne trouve pas comment l'exprimer en français), ce gosse, c'est terrible. Sa relation avec Lou est touchante, sa façon de le comprendre, cette espèce d'amour-désespoir qu'il y a entre eux... Damn, ça fait mal. Et leur baiser... ;^; Très belle description. Comme tu le dis bien dans le récit, il contrôle tout. Mais quand il va exploser... Je veux pas être la personne en face de lui.
Ouchie la relation avec Ethan qui part en vrille sévère... Cette espèce de possessivité toxique qu'il y a chez Edward (très en raccord avec ce qu'on a lorsqu'il est adulte), ça fait tellement sens... Ethan était tout ce qu'il avait. Aller, brb, j'vais pleurer.
C'est intéressant de voir le contraste entre Ed et Eth (et encore une fois, Eth et Jim sont tellement similaires, wow) par rapport à Ellis. Mais vu le récit principal, je me demande ce qui va se passer entre Ed et Ellis (j'imagine que ça va pas être jojo et qu'ils vont pas être en de bons termes encore très longtemps...).
Est-ce que je peux crier haut et fort à quel point j'aime la dernière partie du chapitre ? J'AIME LA DERNIERE PARTIE DU CHAPITRE SI FORT. LE RYTHME. L'ECRITURE. JE. OUI. Là, c'est pareil qu'avec Lokinette : j'ai mal et j'aime ça. Qu'est-ce que vous êtes en train de me faire, toutes les deux? ;^; Humour à part, wow. Bravo.

J'ai bien hâte de lire la prochaine nouvelle ! Et bien contente que le T2 t'inspire ! Je croise les doigts pour que ça reste comme ça x)

Allez, la bise!
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit : jeu. 11 nov., 2021 7:12 pm Yéyo~

C'EST BON SAMER.

Je suis tentée de laisser ça comme ça, mais non. Allez, go.

Adaptation Fiou fiou fiou. On a les débuts du gouffre qui va se creuser entre Eth et Ed. Purée, la sensation d'Ed d'être remplacé par Mike et sa colère qui monte, monte, monte. Le jour où Eth fera déborder le vase avec une dernière goutte, ça va piquer. Très fort.
J'espère qu'Adrián reçoit beaucoup de câlins. Voilà.

Implication Yeeeeesh, la ressemblance entre Ethan et Jim est frappante. C'est fou de voir à quel point leur parcours est similaire (bon, sans Alexia dans le lot... Quoique, ils ont tous les deux du PTSD de sa part, entre les coups et l'incendie. Chouette. Je suis encore plus triste maintenant.)
Bonjour Monsieur Hunt, contente que vous soyez là !
Lou a l'air très choupie elle aussi, je sens la relation avec Ed pointer le bout de son nez.

Casting Il est super chouette ! Les grands yeux de Mike, ohlala ♥ Pfouah, Eth et Ed. Yes. (Coucou Eth, tu as le même regard triste que ton fils). J'aime beaucoup le design de Maria !

Fusion Alors je dois dire que c'est la nouvelle qui m'a le plus marquée et que j'ai le plus aimé. Juste, wow. Le rythme du récit, la tension grimpante entre Ed et Eth, puis ces derniers paragraphes... Edward me brise le cœur. Très fort.
Adrián, baby boy, it's okay, ça va aller (Jack, va chier, merci.). Par contre, faudrait faire sauter la soupape émotionnelle parce que je la sens moyen, ta zone d'ombre... J'ai trouvé ta distinction entre être fier/avoir un trophée et tomber amoureux très chouette. Très fine, très bien, j'aime beaucoup.
Ed... Pouah, il creuse un trou dans la poitrine à la petite cuillère, lui. "Fantôme (COUCOU LA GHOST), discret, invisible, angoissant, seul et triste". Il a un manque affectif, émotionnel et physique (je pense à touch starved, je ne trouve pas comment l'exprimer en français), ce gosse, c'est terrible. Sa relation avec Lou est touchante, sa façon de le comprendre, cette espèce d'amour-désespoir qu'il y a entre eux... Damn, ça fait mal. Et leur baiser... ;^; Très belle description. Comme tu le dis bien dans le récit, il contrôle tout. Mais quand il va exploser... Je veux pas être la personne en face de lui.
Ouchie la relation avec Ethan qui part en vrille sévère... Cette espèce de possessivité toxique qu'il y a chez Edward (très en raccord avec ce qu'on a lorsqu'il est adulte), ça fait tellement sens... Ethan était tout ce qu'il avait. Aller, brb, j'vais pleurer.
C'est intéressant de voir le contraste entre Ed et Eth (et encore une fois, Eth et Jim sont tellement similaires, wow) par rapport à Ellis. Mais vu le récit principal, je me demande ce qui va se passer entre Ed et Ellis (j'imagine que ça va pas être jojo et qu'ils vont pas être en de bons termes encore très longtemps...).
Est-ce que je peux crier haut et fort à quel point j'aime la dernière partie du chapitre ? J'AIME LA DERNIERE PARTIE DU CHAPITRE SI FORT. LE RYTHME. L'ECRITURE. JE. OUI. Là, c'est pareil qu'avec Lokinette : j'ai mal et j'aime ça. Qu'est-ce que vous êtes en train de me faire, toutes les deux? ;^; Humour à part, wow. Bravo.

J'ai bien hâte de lire la prochaine nouvelle ! Et bien contente que le T2 t'inspire ! Je croise les doigts pour que ça reste comme ça x)

Allez, la bise!
Hellooo

Merci beaucoup ♥ On en a déjà discuté sur Discord, mais, vraiment, ça me fait tellement plaisir d'avoir ton retour (et surtout de voir que tu aimes) !

Adaptation : ouep, c'est à partir de là qu'on sent le fossé se creuser vraiment, quoi. Quelque part, leur éloignement est assez naturel et "sain" dans le sens où ils sont pas destinés à rester collés l'un à l'autre comme des petits enfants, mais l'acceptation de la situation passe différemment chez l'un :v Et, oui, cette impression de se faire remplacer par Mike est aussi ce qui explique la difficulté d'Ed à accepter tout ça (et le fait qu'il ait pas trouver d'équivalent à Ethan dans ses amis, aussi).
Oui, plein de câlins pour Adrián ♥

Implication : ah mais ils se ressemblent énormément pour ce qui est du vécu de l'enfant/adolescence, mais disons surtout pas ça à Jim hein (qu'il fasse pas une syncope parce qu'on suggère que son père pourrait le comprendre :roll: ). (mdr c'est si douloureusement accurate l'origine commune du PTSD chez Ethan et Jim :( )
Oui, Lou est choupie, je l'aime beaucoup !

Casting : yes, les grands yeux gris de Mike, il est adorable x) (oui, j'ai essayé de faire ressortir leurs ressemblances !). Contente pour Maria !

Fusion : j'ai adoré l'écrire même si elle m'a évidemment brisé un peu le cœur :lol: (celles qui suivent aussi humhum).
Adrián, il est pas gâté non plus (aucun de mes persos l'est oups). Mais c'est un rayon de soleil et il connaîtra d'autres rayons de soleil ♥
"touch starved" -> je connaissais pas le terme avant, mais je le trouve très représentatif, oui ! On rajoute avec l'affectif et l'émotionnel et tout y est =D (bordel, Ed, viens là qu'on te fasse un câlin). Mais oui sa relation avec Lou est une bouffée d'oxygène, mais c'est comme une recharge d'air dans un espace confiné alors qu'il aurait besoin de sortir complètement :'c
Et oui, tu décris très bien leur relation. Ed cherche à tout prix à le retrouver, quitte à ce que ça ne corresponde plus à l'Ethan actuel. C'est terrible, et il trouve pas d'autres façons de faire. Et c'est clairement resté dans sa façon d'être adulte et de traiter ses proches (bon, y'a pas eu qu'Ethan, mais ça viendra après).
C'est en accord avec leurs comportements qui commencent à s'aiguiser, oui ! (mdr Ethan et Jim, oui oui, les mêmes hein) Pour Ellis et Ed... je te laisse voir au fil des nouvelles. Disons qu'il s'est plus pas passé que passé, mais you shall see
Merci beaucoup :cry: Clairement, j'ai fait sauter mes vis en même temps que celles d'Ed pour la fin :lol:

A bientôt et encore un grand merci pour ton commentaire :D

Bisous
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit : sam. 09 oct., 2021 11:44 am Hello ! 1ère apparition de 3 personnages dans ce chapitre, qui vont nous accompagner encore un moment (dont un personnage inédit pour l'univers de S.U.I, j'espère que vous l'apprécierez !)

Hello ! Comme d'hab, je reviens en touriste vingt ans plus tard. Yay des nouveaux persos !




- Adaptation -



Lundi 4 septembre 1995, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.

Ils avançaient en catimini. Si l’un des professeurs les attrapait dans le coin, ils seraient aussitôt soupçonnés de fomenter une bêtise. Après tout, ils avaient suffisamment fait gronder le personnel de l’École ces trois dernières années pour que leur moindre geste soit suspicieux. Bande de chenapans :lol:
Ethan se pencha à l’angle du mur, inspecta le couloir qui menait à la salle des profs. Dans son dos, Mike triturait les cordons de son sweat à capuche. Ethan était plus doué que lui pour s’assurer que la voie était libre. Ça commençait par le physique : même s’il était en poussée de croissance, Ethan n’atteignait pas encore le mètre quatre-vingts de son ami. Il suffisait parfois à Michael de se pencher pour que ses épaules larges dépassent. Ah les fameuses poussées de l'adolescence x) Je garde des terribles souvenirs de mes potes qui prenaient 10-15 centimètres en un été. Le choc que c'était :lol:
— Rien à signaler, chuchota Ethan en se redressant. T’as bien les clefs ?
— Mais oui, allez, avance.
Ethan ne se fit pas prier. Ils remontèrent le couloir sur la pointe des pieds, jetant régulièrement des coups d’œil par-dessus leurs épaules. Ethan n’entendait presque pas la respiration lourde de son ami dans son dos à cause des battements de son cœur. La rentrée avait eu lieu la semaine dernière et s’ils se faisaient attraper aussi tôt dans l’année…
— T’es sûr que M. Winfrey a pas capté, hein ?
Les iris argentés de Michael se voilèrent d’une ombre d’irritation. Il adressa un geste agacé à son compagnon pour lui faire signe d’avancer.
— Rien du tout. Il matait trop les seins de Mme Kostas pour voir que je fouillais son sac.
— Faut être un foutu dégénéré pour mater Mme Kostas.
Les deux adolescents échangèrent un grognement commun d’écœurement. Leur professeure de grec moderne, stricte et austère, n’était pas très populaire auprès des élèves. Ce genre de profs c'était mes profs préférés en général :lol:
Mike se chargea de déverrouiller la porte. Ils étaient restés dans les couloirs pendant deux heures pour s’assurer que tous les professeurs étaient partis. Les lumières étaient éteintes lorsque Michael poussa le battant. Il échangea un regard complice avec Ethan, qui le suivit sans tarder dans la salle des profs.
Ils refermèrent derrière eux avant d’enclencher l’interrupteur. Les flashs de lumière révélèrent une pièce de la taille de leurs salles de classe. Elle était encombrée de canapés, de tables basses et d’un espace cafétaria. Une table calée contre un mur supportait des flyers et dépliants pour des associations, des universités ou des clubs d’activités extérieurs à l’École. Ethan les parcourut rapidement du regard tandis que Mike s’avançait vers les distributeurs.
— Pouah, ils se mettent bien les profs ! Ils ont vachement plus de choix que nous.
Son ami se tourna vers lui avec un sourire.
— Tu penses qu’à la bouffe, Mike.
— C’est essentiel dans la vie, mon vieux.
Ethan quitta la table de documentation pour s’approcher des casiers. Les profs aussi en possédaient, pour déposer quelques effets personnels. Certains étaient protégés par des cadenas. Des papiers glissés sous des cadrans en plastique indiquaient à qui appartenait le casier. Ethan les parcourut jusqu’à tomber sur celui de Mme Kostas. Il sourit en hélant son ami.
— Mike, viens voir ! On a de la chance, la harpie met pas de cadenas à son casier.
Une fois à sa hauteur, Mike fit glisser son sac à dos de son épaule et l’ouvrit. Une demi-douzaine de pots en plastique étaient entassés à l’intérieur. En les sortant, Michael fit tomber la pince qu’il avait subtilisée à la responsable de l’étage. Elle aurait servi au cas où Mme Kostas possédait un cadenas. Les deux amis se répartirent les pots en plastique avant de s’acharner sur les ouvertures. Ils n’avaient pas forcément l’éternité devant eux pour agir.
— J’espère qu’elle va kiffer, souffla Mike en sortant le contenu du pot pour le déposer à l’intérieur du casier, sur une pile de manuels scolaires.
Ethan ne tarda pas à le rejoindre, Bientôt, l’intérieur du casier fut rempli d’un amas rose sucré et collant. L’avantage de la barbe à papa, c’est qu’elle ne bougerait pas d’un cheveu d’ici le lendemain matin, quand leur professeure viendrait récupérer ses affaires.
— Bien joué, vieux, lança Mike en fermant la porte du casier. T’as eu une idée de folie.
La porte de la salle des professeurs s’ouvrit. Les deux amis sursautèrent avant de se tourner derechef vers l’entrée. Un adolescent au souffle court les dévisageait.
— M. Cross arrive, faut dégager !
Ils ne se firent pas prier. Mike referma son sac avec hâte avant de le jeter sur son épaule. Ethan se dirigea à pas rapides vers la porte.
— Merci, Ed.
Son frère l’observa avec gravité entre ses rangées de cils noirs. Il n’approuvait pas les manigances de son jumeau, encore moins depuis que leurs méfaits prenaient une ampleur pareille.
— Vous allez vous faire renvoyer, gronda-t-il à voix basse tandis que Mike verrouillait la porte avec des doigts tremblants.
Les trois adolescents se hâtèrent vers le couloir le plus proche. Avant de l’atteindre, Michael roula des yeux puis grommela :
— Ils peuvent pas nous renvoyer, on a nulle part d’autre où aller.
Une silhouette imposante, rigide, leur barra le chemin à l’angle. Pataud sur ses grandes jambes auxquelles il n’était pas habitué, Mike lui rentra dedans.
— Aller où, mes colombes ?
Même s’il n’avait pas encore la trentaine entamée, M. Cross avait le crâne lisse et des traits marqués. En remarquant son rictus narquois et son regard tranchant, Mike geignit puis recula derrière les jumeaux.
— Qu’est-ce que vous faites là ? embraya le professeur en les lorgnant tour à tour. Ce couloir mène à la salle des profs et c’est tout.
Comme Ethan et Mike restaient stoïques, blêmes et paniqués, Edward ouvrit la bouche.
— En fait, monsieur, on…
— Ils m’ont rendu service !
Les trois amis et leur professeur se tournèrent vers la jeune fille qui venait d’arriver. Sous ses cheveux blonds en désordre, son expression embarrassée était manifeste.
— Il y a des toilettes au bout du couloir, expliqua-t-elle du bout des lèvres. Je sais qu’on a pas le droit d’y aller, que c’est pour les profs, mais… Y’avait trop de monde pendant la pause entre les cours et j’y suis allée.
— Empkin… murmura Cross en la considérant d’un air soupçonneux.
— Je sais, désolée ! C’était exceptionnel, monsieur, promis.
Le prof chassa ses excuses d’un geste de la main impatient.
— Je m’en fiche, Grace, c’est pas le souci. Je veux savoir ce que ces trois zigotos fabriquaient là-bas.
Alors que les garçons s’étaient détendus après l’arrivée de leur amie, ils se crispèrent de nouveau. Mike tripotait furieusement les cordons de sa capuche.
— Eh bien, justement, reprit l’adolescente en s’approchant du trio. Quand je suis allée aux toilettes, j’ai oublié ma clé de chambre dans la cabine.
Les yeux sombres du professeur se plissèrent, son expression se fit plus acérée.
— Comment c’est possible, ça ?
— Je cherchais des trucs dans mon sac et je l’ai fait tomber, expliqua-t-elle d’un ton sourd. Euh, vous savez, des trucs de filles. Pire meilleure excuse ça. Et j’ai demandé aux garçons d’aller récupérer ma clé, j’avais peur de tomber sur un prof…
M. Cross inspira longuement par le nez avant de soupirer.
— Allez, c’est bon, filez.
Alors que les trois amis contournaient leur professeur pour déguerpir au plus vite, Cross retint la jeune fille par le bras.
— Grace, tu es bonne élève. Et apparemment une bonne amie aussi. Je sais que tu as menti.
Comme elle pâlissait sous sa frange blonde, le professeur desserra sa grippe.
— Je dirai rien. Mais évite de mentir pour eux à l’avenir, ils le méritent pas. Essentiellement vrai.
Cette fois empourprée de honte, Grace se contenta de hocher la tête. Son professeur la regarda partir avec un nouveau soupir.
Une fois que les adolescents furent suffisamment éloignés de leur professeur, Ethan se tourna vers Grace. Un mélange de honte et de dépit le faisait grimacer.
— Grace, c’est sympa, mais t’aurais pu te faire punir par le prof… Ta gueule et dis-lui merci, abruti.
— Un merci suffit, répliqua-t-elle en levant les yeux au plafond. Voilà.
— Merci, chuchota Mike avec une moue penaude.
Edward les considéra avec lassitude. Combien de fois avait-il prévenu son jumeau une poignée de secondes seulement avant que les choses dérapent ? Combien de fois avait-il retrouvé son frère chez la directrice et soupiré de soulagement en apprenant qu’il n’était pas viré ? Combien de fois encore avant la dernière fois ?
— Ethan, Mike, reprit Ed d’un ton rauque, faut arrêter. Les profs sont sympa avec nous, parce que… parce qu’on…
— Ni la directrice ni les profs oseront jamais s’en prendre à vous, le coupa Michael avec un sourire mutin. Les gosses de la fondatrice sont un sacré sésame.
Son partenaire de cachoteries – et de cours – lui asséna un coup de coude inoffensif.
— La ferme.
— Mike a raison, soupira Edward en se calant contre le mur. Mais toi… t’es pas protégé comme nous. Alors tu devrais pas suivre Ethan dans toutes ses bêtises.
— Oh, dans ma grande modestie divine, je dirais que c’est plutôt moi qui mène le jeu, souffla Michael d’un ton exagérément suave. Mais quel abruti.
Les jumeaux roulèrent des yeux tandis que Grace s’esclaffait. Quand chacun eut retrouvé son sérieux, Edward considéra ses interlocuteurs avec une grimace.
— Je suis sérieux, les gars. Je comprends que… ce que vous faites. Chacun sa façon de passer le temps. Mais… abusez pas non plus.
Ethan avait la tête tournée dans la direction opposée, mâchoires crispées. Sa façon de l’ignorer arracha une étincelle de fureur à Ed, qu’il éteignit aussitôt.
— L’École a fait plein de choses pour nous, continua-t-il en dévisageant son frère. C’est pas bien de leur cracher à la gueule.
— On a compris, Edward, grommela Ethan en tournant les talons. Allez, à plus. Je peux taper Ethan ? Ed a entièrement raison, et Eth se comporte comme un abruti arrogant.
Sans chercher à poursuivre la discussion, Mike et Grace lui emboîtèrent le pas. Découragé par leur insouciance, Ed ramena ses mèches longues en arrière. Depuis trois ans qu’ils fréquentaient l’École, rares avaient été les jours où son frère ne s’était pas plaint ou rebellé. Ed avait eu beau lui rappeler leur chance, Ethan s’était entouré de compagnons qui pensaient comme lui. Difficile de le faire changer d’avis dans ces conditions. Sans compter que Michael, derrière ses airs bonne pâte, détenait un aura fédératrice indéniable. C’est lui qui avait entraîné Ethan dans leurs premières bêtises. Si Mike les avait fréquentés autant l’un que l’autre les premiers mois, sa préférence pour Ethan avait fini par devenir évidente. Ravi d’être au cœur de l’attention de quelqu’un, l’intéressé s’était jeté corps et âme dans cette nouvelle amitié. Edward avait rapidement changé de chambre pour laisser sa place à Mike, tout comme il s’était cherché un nouveau binôme pour les cours. Par certains côtés, c’était mieux ainsi, que chacun trace sa route. Il était parfois suffisamment difficile d’être jumeaux, si semblables, pour qu’ils soient en plus indécollables. Et pourtant… Ed se sentait brûler de l’intérieur quand il réalisait à quel point son frère avait changé. À quel point l’École et ses nouvelles fréquentations l’avaient changé.
Le petit frère qui n’osait jamais rien dire ou faire s’était envolé. Et Edward n’était pas complètement certain d’aimer ça. Ayaaaa… J'ai mal pour Ed. Je vois déjà comment le retour auprès de maman-Alexia pourra le ramener dans un environnement où il est au moins reconnu et estimé, si ce n'est apprécié pour qui il est par ses proches. En attendant, Eth est une tête à claques.

La cuisine commune du deuxième étage était bondée. Une demi-douzaine de filles d’une quinzaine d’années s’étaient rassemblées sur les chaises hautes. Deux adolescents de dix-sept ans occupaient les plaques de cuisson. Quant aux plans de travail, ils étaient si encombrés que le peu de place disponible devenait soudain décourageant.
Maria soupira, son sac de légumes à la main. Elle avait eu l’intention de se préparer une salade froide de tomates, carottes et oignons, mais sa chambre serait tout aussi pratique. Bougonne, elle fit demi-tour pour remonter le couloir. On ne lui avait pas encore attribué de colocataire, mais elle appréhendait le jour où Mme Jekins viendrait la voir. Maria craignait de tomber avec une fille invivable. Pourquoi avait-elle accepté de vivre à l’internat, déjà ?
Elle se permit un sourire ironique en enfonçant sa clef dans la serrure. L’année dernière, elle avait suivi les cours tout en vivant avec sa mère, à Down-Town. L’ambiance était devenue si toxique à la maison que mère et fille avaient fini par se mettre d’accord : Maria irait à l’internat de l’école de S.U.I pour sa deuxième année. Ah yes la bonne petite ambiance familiale.
Sa chambre avait le parfum du bouquet de dahlias et de glaïeuls qu’elle s’était constitué le week-end précédent. Le fleuriste qui se trouvait à cinq minutes à pied de l’appartement de sa mère lui donnait régulièrement des plants endommagés ou des fleurs impopulaires. Les pétales multicolores égayaient un tant soit peu la pièce fonctionnelle où elle passait ses nuits. Moi aussi j'ai une plante verte dans ma chambre x) (ouais on n'est pas sur le même niveau elle et moi)
Maria dut pousser quelques cahiers de son bureau pour trouver la place de préparer son dîner. Elle avait prévu un peu de vaisselle pour ce genre d’occasion. Comme la soirée était douce, elle s’installa à la fenêtre pour déguster sa salade. Les cigales chantaient dans le coucher de soleil.
La vaisselle était déjà terminée lorsqu’on frappa à la porte. Perplexe, Maria considéra sa tenue, grimaça, puis se hâta quand les coups redoublèrent. Elle espérait que ça ne soit pas très important, comme elle avait déjà enfilé son pyjama.
Une masse de boucles brunes nimbées par la lumière dorée des appliques murales se dressèrent pour révéler un visage souriant. Muette, Maria considéra le garçon sur son pas de porte, sa silhouette mince et les valises à ses pieds.
— Euh, Maria ? souffla-t-il d’un air hésitant – il avait un accent marqué. Je suis bien à la chambre 206 ?
— Oui.
— Je m’appelle Adrián, je suis ton coloc ! Bonjour Adrián ! :D
Il le déclara d’un ton enjoué, avec un énorme sourire – le plus rayonnant que Maria ait jamais vu. Stupéfaite, elle cligna des yeux avant de trouver le courage de bredouiller :
— M-Mais… t’es un garçon. Bravo championne.
— Apparemment, oui, souffla-t-il en lorgnant son corps de la poitrine aux orteils.
Consciente de l’étrangeté de sa remarque, Maria rougit puis expliqua :
— Je croyais que la mixité était pas possible dans les chambres. C'est vrai que, surtout à son âge, ça m'aurait mis mal à l'aise.
— Oh ! Je sais pas trop. Je suis nouveau. Je devais arriver la semaine dernière, mais j’ai eu un problème d’avion. On m’a dit que je devais dormir dans cette chambre le temps qu’on me trouve une solution.
Soulagée, Maria soupira puis recula d’un pas pour lui ouvrir le passage.
— T’as besoin d’aide ?
— Nan, t’inquiète, j’ai de super biscotos !
Maria considéra les bras maigres de son nouveau colocataire, mais n’osa pas faire la moindre remarque. Elle l’aida quand même à porter un sac avant de refermer la porte. Planté au milieu de la chambre, Adrián considéra les environs sans cesser de sourire. Puis il huma en fermant les yeux derrière ses lunettes à montures noires.
— Ça sent bon.
Maria esquissa un sourire crispé avant de se diriger par la fenêtre. Même si le nouveau venu semblait sympa, elle aimait profiter seule de quelques instants suspendus. Comme respirer l’air frais en regardant le soleil disparaître. Adrián la suivit des yeux avant de demander :
— Les fleurs, c’est toi ?
L’adolescente n’osa pas répondre dans l’immédiat, la gorge nouée. Maria savait ce qu’il allait dire. Qu’avec ses vêtements larges qui camouflaient son corps et ses cheveux coupés à la garçonne, elle n’avait pas l’air d’une fille qui aime les fleurs.
— T’as bien choisi, en tout cas, conclut Adrián sans chercher à la relancer. J’aime bien les fleurs, moi aussi. Là, c’est des dahlias, hein ? Et des… gladiolos ? Comment tu dis en anglais ?
Maria se tourna vers lui bouche bée. Face à son air ahuri, Adrián éclata de rire.
— Ouais, je sais, un garçon, ça s’en fiche des fleurs. Mais moi, j’aime bien. (Avant que Maria ait pu dire quoi que ce soit, il enchaîna d’un ton enjoué : ) D’ailleurs, mon nom de famille, c’est Flores. Ça veut dire « fleurs » en espagnol !
Comme sa nouvelle colocataire ne disait toujours rien, Adrián se calma puis se laissa choir sur le lit. Il observa Maria un moment avant de souffler :
— Désolé, j’ai l’impression que j’arrive en cassant quelque chose chez toi. Je sais pas trop comment l’expliquer. (Il lui tendit la main.) On la refait ? Je m’appelle Adrián Flores. Je suis ton nouveau colocataire temporaire. J'aime bien Adrián. :D
Avec des gestes mesurés, Maria se décolla du rebord de fenêtre avant de se redresser. Elle attrapa la main de Adrián avec un sourire réservé.
— Maria.
Quand ils eurent tous les deux récupéré leurs mains, Adrián souffla :
— Tu as un drôle d’accent. Tu viens d’où ?
— D’ici. Mais mon père est Britannique et j’ai pris un peu son accent. Ma mère est Italienne et on parle qu’italien ensemble, alors ça doit pas aider. Et toi ?
— Mexique. J’ai pu participer à un programme international.
Quoique peu habituée à faire la conversation, Maria était sincèrement intéressée par le parcours de l’adolescent. Les mains coincées entre ses cuisses, elle hocha la tête.
— Bon, je t’embête pas plus, sourit Adrián en se redressant. Tu pourras m’apprendre le nom des fleurs ? Awww, il est choupi.
Maria acquiesça avec vigueur, trop gênée pour parler. C’était bien la première fois qu’on ne se moquait pas d’elle en découvrant sa passion. Avant qu’Adrián puisse s’enfermer dans la salle de bains, elle lança :
— Je te ferai visiter l’École, demain. Si tu veux.
Les yeux bruns d’Adrián s’éclairèrent dans la pénombre. Ses dents blanches ressortaient sur sa peau halée.
— Je veux bien.



Suite
Bon, bon bon…soir :)

J'aime bien ce chapitre du côté de Maria et Adrián, mais Ethan m'a agacée au possible. Je le trouvais ok, fracturé et brisé dans le T1, mais là j'ai juste envie de le frapper. Comme dit Sasa, le gouffre qui commence à se creuser entre les jumeaux fait mal au cœur, et ça va picoter quand ça va leur exploser à la tronche. Mike… pareil, il mérite des baffes.

Par contre, je ne pourrai pas dire que tu n'es pas réaliste au possible. Tu traduis bien l'ambiance adolescente des personnages, les petites vannes entre eux, les comportements généraux… j'ai vraiment l'impression de revoir des gens de mon collège. (Ceux que je ne fréquentais pas tant que ça, bizarrement. :mrgreen: ) Félicitations pour ça, d'autant que ça peut être particulièrement difficile pour nous, maintenant, avec le recul, de mettre en scène des emo-boys relous ou des têtes de mules comme Eth et Mike.

Allez je reviens dans trois mois pour commenter la suite. :lol:
La bise ~
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : sam. 13 nov., 2021 12:59 pm
louji a écrit : sam. 09 oct., 2021 11:44 am

Lundi 4 septembre 1995, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.

Ils avançaient en catimini. Si l’un des professeurs les attrapait dans le coin, ils seraient aussitôt soupçonnés de fomenter une bêtise. Après tout, ils avaient suffisamment fait gronder le personnel de l’École ces trois dernières années pour que leur moindre geste soit suspicieux. Bande de chenapans :lol:
Ethan se pencha à l’angle du mur, inspecta le couloir qui menait à la salle des profs. Dans son dos, Mike triturait les cordons de son sweat à capuche. Ethan était plus doué que lui pour s’assurer que la voie était libre. Ça commençait par le physique : même s’il était en poussée de croissance, Ethan n’atteignait pas encore le mètre quatre-vingts de son ami. Il suffisait parfois à Michael de se pencher pour que ses épaules larges dépassent. Ah les fameuses poussées de l'adolescence x) Je garde des terribles souvenirs de mes potes qui prenaient 10-15 centimètres en un été. Le choc que c'était :lol: :arrow: On est d'accord ? :lol: Tu pars en juin t'es plus grande qu'eux c'est septembre ils te dépassent d'une tête ???
— Rien à signaler, chuchota Ethan en se redressant. T’as bien les clefs ?
— Mais oui, allez, avance.
Ethan ne se fit pas prier. Ils remontèrent le couloir sur la pointe des pieds, jetant régulièrement des coups d’œil par-dessus leurs épaules. Ethan n’entendait presque pas la respiration lourde de son ami dans son dos à cause des battements de son cœur. La rentrée avait eu lieu la semaine dernière et s’ils se faisaient attraper aussi tôt dans l’année…
— T’es sûr que M. Winfrey a pas capté, hein ?
Les iris argentés de Michael se voilèrent d’une ombre d’irritation. Il adressa un geste agacé à son compagnon pour lui faire signe d’avancer.
— Rien du tout. Il matait trop les seins de Mme Kostas pour voir que je fouillais son sac.
— Faut être un foutu dégénéré pour mater Mme Kostas.
Les deux adolescents échangèrent un grognement commun d’écœurement. Leur professeure de grec moderne, stricte et austère, n’était pas très populaire auprès des élèves. Ce genre de profs c'était mes profs préférés en général :lol: :arrow: Je suis pas surprise Lokinette :lol:


Edward les considéra avec lassitude. Combien de fois avait-il prévenu son jumeau une poignée de secondes seulement avant que les choses dérapent ? Combien de fois avait-il retrouvé son frère chez la directrice et soupiré de soulagement en apprenant qu’il n’était pas viré ? Combien de fois encore avant la dernière fois ?
— Ethan, Mike, reprit Ed d’un ton rauque, faut arrêter. Les profs sont sympa avec nous, parce que… parce qu’on…
— Ni la directrice ni les profs oseront jamais s’en prendre à vous, le coupa Michael avec un sourire mutin. Les gosses de la fondatrice sont un sacré sésame.
Son partenaire de cachoteries – et de cours – lui asséna un coup de coude inoffensif.
— La ferme.
— Mike a raison, soupira Edward en se calant contre le mur. Mais toi… t’es pas protégé comme nous. Alors tu devrais pas suivre Ethan dans toutes ses bêtises.
— Oh, dans ma grande modestie divine, je dirais que c’est plutôt moi qui mène le jeu, souffla Michael d’un ton exagérément suave. Mais quel abruti. :arrow: Des têtes-à-claques un peu à cet âge x)
Les jumeaux roulèrent des yeux tandis que Grace s’esclaffait. Quand chacun eut retrouvé son sérieux, Edward considéra ses interlocuteurs avec une grimace.
— Je suis sérieux, les gars. Je comprends que… ce que vous faites. Chacun sa façon de passer le temps. Mais… abusez pas non plus.
Ethan avait la tête tournée dans la direction opposée, mâchoires crispées. Sa façon de l’ignorer arracha une étincelle de fureur à Ed, qu’il éteignit aussitôt.
— L’École a fait plein de choses pour nous, continua-t-il en dévisageant son frère. C’est pas bien de leur cracher à la gueule.
— On a compris, Edward, grommela Ethan en tournant les talons. Allez, à plus. Je peux taper Ethan ? Ed a entièrement raison, et Eth se comporte comme un abruti arrogant. :arrow: Ah oui, Ethan est un vrai bouffon :")
Sans chercher à poursuivre la discussion, Mike et Grace lui emboîtèrent le pas. Découragé par leur insouciance, Ed ramena ses mèches longues en arrière. Depuis trois ans qu’ils fréquentaient l’École, rares avaient été les jours où son frère ne s’était pas plaint ou rebellé. Ed avait eu beau lui rappeler leur chance, Ethan s’était entouré de compagnons qui pensaient comme lui. Difficile de le faire changer d’avis dans ces conditions. Sans compter que Michael, derrière ses airs bonne pâte, détenait un aura fédératrice indéniable. C’est lui qui avait entraîné Ethan dans leurs premières bêtises. Si Mike les avait fréquentés autant l’un que l’autre les premiers mois, sa préférence pour Ethan avait fini par devenir évidente. Ravi d’être au cœur de l’attention de quelqu’un, l’intéressé s’était jeté corps et âme dans cette nouvelle amitié. Edward avait rapidement changé de chambre pour laisser sa place à Mike, tout comme il s’était cherché un nouveau binôme pour les cours. Par certains côtés, c’était mieux ainsi, que chacun trace sa route. Il était parfois suffisamment difficile d’être jumeaux, si semblables, pour qu’ils soient en plus indécollables. Et pourtant… Ed se sentait brûler de l’intérieur quand il réalisait à quel point son frère avait changé. À quel point l’École et ses nouvelles fréquentations l’avaient changé.
Le petit frère qui n’osait jamais rien dire ou faire s’était envolé. Et Edward n’était pas complètement certain d’aimer ça. Ayaaaa… J'ai mal pour Ed. Je vois déjà comment le retour auprès de maman-Alexia pourra le ramener dans un environnement où il est au moins reconnu et estimé, si ce n'est apprécié pour qui il est par ses proches. En attendant, Eth est une tête à claques. :arrow: Yiiis, c'est l'idée.


Sa chambre avait le parfum du bouquet de dahlias et de glaïeuls qu’elle s’était constitué le week-end précédent. Le fleuriste qui se trouvait à cinq minutes à pied de l’appartement de sa mère lui donnait régulièrement des plants endommagés ou des fleurs impopulaires. Les pétales multicolores égayaient un tant soit peu la pièce fonctionnelle où elle passait ses nuits. Moi aussi j'ai une plante verte dans ma chambre x) (ouais on n'est pas sur le même niveau elle et moi) :arrow: C'est bien les p'tites plantes vertes :D Tu lui as donné un nom ?
Maria dut pousser quelques cahiers de son bureau pour trouver la place de préparer son dîner. Elle avait prévu un peu de vaisselle pour ce genre d’occasion. Comme la soirée était douce, elle s’installa à la fenêtre pour déguster sa salade. Les cigales chantaient dans le coucher de soleil.
La vaisselle était déjà terminée lorsqu’on frappa à la porte. Perplexe, Maria considéra sa tenue, grimaça, puis se hâta quand les coups redoublèrent. Elle espérait que ça ne soit pas très important, comme elle avait déjà enfilé son pyjama.
Une masse de boucles brunes nimbées par la lumière dorée des appliques murales se dressèrent pour révéler un visage souriant. Muette, Maria considéra le garçon sur son pas de porte, sa silhouette mince et les valises à ses pieds.
— Euh, Maria ? souffla-t-il d’un air hésitant – il avait un accent marqué. Je suis bien à la chambre 206 ?
— Oui.
— Je m’appelle Adrián, je suis ton coloc ! Bonjour Adrián ! :D :arrow: Il a une trop bonne énergie ce gars :mrgreen:
Il le déclara d’un ton enjoué, avec un énorme sourire – le plus rayonnant que Maria ait jamais vu. Stupéfaite, elle cligna des yeux avant de trouver le courage de bredouiller :
— M-Mais… t’es un garçon. Bravo championne.
— Apparemment, oui, souffla-t-il en lorgnant son corps de la poitrine aux orteils.
Consciente de l’étrangeté de sa remarque, Maria rougit puis expliqua :
— Je croyais que la mixité était pas possible dans les chambres. C'est vrai que, surtout à son âge, ça m'aurait mis mal à l'aise. :arrow: Ui, voilà.
— Oh ! Je sais pas trop. Je suis nouveau. Je devais arriver la semaine dernière, mais j’ai eu un problème d’avion. On m’a dit que je devais dormir dans cette chambre le temps qu’on me trouve une solution.
Soulagée, Maria soupira puis recula d’un pas pour lui ouvrir le passage.
— T’as besoin d’aide ?
— Nan, t’inquiète, j’ai de super biscotos !
Maria considéra les bras maigres de son nouveau colocataire, mais n’osa pas faire la moindre remarque. Elle l’aida quand même à porter un sac avant de refermer la porte. Planté au milieu de la chambre, Adrián considéra les environs sans cesser de sourire. Puis il huma en fermant les yeux derrière ses lunettes à montures noires.
— Ça sent bon.
Maria esquissa un sourire crispé avant de se diriger par la fenêtre. Même si le nouveau venu semblait sympa, elle aimait profiter seule de quelques instants suspendus. Comme respirer l’air frais en regardant le soleil disparaître. Adrián la suivit des yeux avant de demander :
— Les fleurs, c’est toi ?
L’adolescente n’osa pas répondre dans l’immédiat, la gorge nouée. Maria savait ce qu’il allait dire. Qu’avec ses vêtements larges qui camouflaient son corps et ses cheveux coupés à la garçonne, elle n’avait pas l’air d’une fille qui aime les fleurs.
— T’as bien choisi, en tout cas, conclut Adrián sans chercher à la relancer. J’aime bien les fleurs, moi aussi. Là, c’est des dahlias, hein ? Et des… gladiolos ? Comment tu dis en anglais ?
Maria se tourna vers lui bouche bée. Face à son air ahuri, Adrián éclata de rire.
— Ouais, je sais, un garçon, ça s’en fiche des fleurs. Mais moi, j’aime bien. (Avant que Maria ait pu dire quoi que ce soit, il enchaîna d’un ton enjoué : ) D’ailleurs, mon nom de famille, c’est Flores. Ça veut dire « fleurs » en espagnol !
Comme sa nouvelle colocataire ne disait toujours rien, Adrián se calma puis se laissa choir sur le lit. Il observa Maria un moment avant de souffler :
— Désolé, j’ai l’impression que j’arrive en cassant quelque chose chez toi. Je sais pas trop comment l’expliquer. (Il lui tendit la main.) On la refait ? Je m’appelle Adrián Flores. Je suis ton nouveau colocataire temporaire. J'aime bien Adrián. :D
Avec des gestes mesurés, Maria se décolla du rebord de fenêtre avant de se redresser. Elle attrapa la main de Adrián avec un sourire réservé.
— Maria.
Quand ils eurent tous les deux récupéré leurs mains, Adrián souffla :
— Tu as un drôle d’accent. Tu viens d’où ?
— D’ici. Mais mon père est Britannique et j’ai pris un peu son accent. Ma mère est Italienne et on parle qu’italien ensemble, alors ça doit pas aider. Et toi ?
— Mexique. J’ai pu participer à un programme international.
Quoique peu habituée à faire la conversation, Maria était sincèrement intéressée par le parcours de l’adolescent. Les mains coincées entre ses cuisses, elle hocha la tête.
— Bon, je t’embête pas plus, sourit Adrián en se redressant. Tu pourras m’apprendre le nom des fleurs ? Awww, il est choupi. :arrow: Oui :(
Maria acquiesça avec vigueur, trop gênée pour parler. C’était bien la première fois qu’on ne se moquait pas d’elle en découvrant sa passion. Avant qu’Adrián puisse s’enfermer dans la salle de bains, elle lança :
— Je te ferai visiter l’École, demain. Si tu veux.
Les yeux bruns d’Adrián s’éclairèrent dans la pénombre. Ses dents blanches ressortaient sur sa peau halée.
— Je veux bien.



Suite
Bon, bon bon…soir :)

J'aime bien ce chapitre du côté de Maria et Adrián, mais Ethan m'a agacée au possible. Je le trouvais ok, fracturé et brisé dans le T1, mais là j'ai juste envie de le frapper. Comme dit Sasa, le gouffre qui commence à se creuser entre les jumeaux fait mal au cœur, et ça va picoter quand ça va leur exploser à la tronche. Mike… pareil, il mérite des baffes.

Par contre, je ne pourrai pas dire que tu n'es pas réaliste au possible. Tu traduis bien l'ambiance adolescente des personnages, les petites vannes entre eux, les comportements généraux… j'ai vraiment l'impression de revoir des gens de mon collège. (Ceux que je ne fréquentais pas tant que ça, bizarrement. :mrgreen: ) Félicitations pour ça, d'autant que ça peut être particulièrement difficile pour nous, maintenant, avec le recul, de mettre en scène des emo-boys relous ou des têtes de mules comme Eth et Mike.

Allez je reviens dans trois mois pour commenter la suite. :lol:
La bise ~
Heyo !

Ethan et Mike ils sont insupportables ensemble à cet âge-là x) Des ados de 13 ans qui veulent à tout prix se faire remarquer et amuse la galerie quoi. Et c'est l'incompréhension totale du côté d'Ed vis-à-vis de ce comportement effectivement. Lui, il creuse sa place et "réussit" à l'école pour remonter la pente de son enfance. Ethan et Mike ont besoin d'attirer les regards et l'attention et de s'amuser pour compenser tout le reste.
Et oui pour le coup j'ai juste à me replonger au collège (ça laisse ses marques on va dire mdr) pour dessiner les profils-types des collégiens haha

Reviens quand tu peux, y'a pas de soucis :D

Merci pour ton retour, la bise !
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

Hellooo ! Un chapitre/nouvelle bien draaama comme il faut aujourd'hui :roll: On approche de la fin de la partie 2 d'ailleurs.



- Scission -



Vendredi 10 décembre 1999, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Edward resta immobile quand l’annonce tomba. L’infirmière porteuse de la mauvaise nouvelle entreprit de le serrer dans ses bras, mais il recula. Le médecin vint le voir, mais il l’ignora. Les mots glissaient sur lui, les gestes de réconfort le faisaient fuir. Il ne pouvait pas être réconforté. Il venait de la perdre.
Lou était morte.

Un bruit de canette qui tombe le réveilla. Edward émergea en sursaut de son sommeil. Une douleur sourde palpita dans son flanc lorsqu’il se redressa. Les chaises en plastique de la salle d’attente de l’infirmerie ne constituaient pas le meilleur couchage.
Le regard vitreux, il considéra la haute silhouette qui s’était installée en face de lui.
— Mme Ramirez.
— Edward. Je ne voulais pas te réveiller.
La directrice de l’École avala une goulée de son soda. C’était le soir, l’éclairage dans l’infirmerie était au minimum. L’adolescent distinguait pourtant sans mal la tristesse et la fatigue sur les traits de la femme.
— J’ai dormi longtemps ?
— Trois heures. Quand on t’a annoncé le décès de Lou, tu… le médecin et l’infirmière ont dû t’administrer un calmant. Ils avaient peur que tu tournes de l’œil au milieu des couloirs. Tu as crié encore un moment. Puis tu es venu t’écrouler sur ces chaises.
Edward prit son visage entre ses mains. Le monde était cotonneux. Ses sens émoussés. Le calmant, qui agissait encore ? Ou son cerveau en mode survie ? La deuxième option le confortait étonnamment.
— Tu as dû entendre parler de M. Stone, n’est-ce pas ? (Valeria n’attendit pas qu’il acquiesce pour enchaîner : ) Je peux te prendre rendez-vous avec lui dès lundi.
— Non, c’est bon.
— Edward, tu viens de perdre Lou.
Carillon dans l’esprit. Ouragan dans le cœur. Bouffée d’oxygène brûlante.
— Nan, je…
— Edward.
La directrice s’était levée. Sa canette en main, elle vint s’installer à côté de son élève. Avec précaution, elle posa une main sur son épaule.
— Parler avec le psychologue te fera du bien.
— Ça changera rien, répliqua-t-il d’une voix atone.
— Ça ne ramènera pas Lou, nous sommes d’accord. Mais M. Stone pourra t’aider. Tu pourras aller de l’avant.
Les lèvres d’Ed tremblèrent. Il ne réalisait même pas ; comment aurait-il pu aller de l’avant ? Pour progresser, il fallait se rendre compte des obstacles. Mais l’obstacle était si grand qu’Ed n’en voyait même pas le sommet. Et l’imaginer le rendait malade : la longueur de la chute à venir était étourdissante.
— Tu devrais aller te coucher, l’incita la directrice d’une voix apaisante. Demain, je viendrai à l’École et nous reparlerons de tout ça. En attendant, tu dois te reposer.
S’il avait été moins ébranlé, Ed aurait refusé que la directrice vienne sur ces jours de repos juste pour lui. Mais il était hors de lui, hors de son corps et de son esprit.
— Je peux pas dormir.
— Rester dans ton lit, ce sera déjà bien.
Valeria l’empoigna de sa main libre pour l’aider à se lever. Les muscles d’Edward étaient en fonction automatique. Des courants de chaud et de froid le faisaient frissonner. Il y avait pourtant du chauffage à l’infirmerie.
Ils de dirigèrent vers la sortie. L’infirmerie était calme, silencieuse, angoissante. Lou y était morte quelques heures plus tôt. L’ambulance était arrivée, pas à temps pour la sauver. Ils avaient tout de même récupéré le corps pour l’emmener en chambre froide.
L’image d’une blouse noire, de son corps blafard, dans une salle de métal. Ed planta les talons, échappa à la poigne de la directrice. Il tourna sur lui-même, chercha une échappatoire. Des murs, des portes, des écriteaux. En lui, c’était le foutoir. Pas la moindre porte de sortie non plus.
Valeria l’appeler, cria, somma qu’on lui vienne en aide. L’agent de sécurité affecté à la surveillance nocturne s’élança à la poursuite de l’adolescent. Edward fracassa les portes, frappa l’asphalte et battit l’air. Il aurait voulu extirper le trou dans son corps. Effacer ses souvenirs et gommer ses sentiments. Refroidir la brûlure de la peine, combler le vide vertigineux.
L’agent de sécurité finit par le retrouver. Edward s’était laissé choir sur un banc. Épuisé, éteint. Il ne prêta pas attention aux remontrances. On le conduisit à l’internat puis dans sa chambre. On le laissa planté au milieu de la pièce, dans le noir.
Enfermé.

L’adolescent vit le soleil apparaître derrière le grillage qui ceignait l’École. Ce serait une belle journée de décembre malgré l’air frais. Lou était-elle toujours dans une blouse hermétique ? Ses parents avaient-ils déjà pris l’avion depuis le Canada pour la voir ? Où serait-elle enterrée ? Dans ses terres natales ou aux États-Unis ? Edward aurait-il l’occasion de lui dire adieu ?
On frappa à sa porte. Il cligna des yeux, jeta un coup d’œil au réveil. Neuf heures dix. Il s’était assoupi sur son lit encore fait. La bouche pâteuse, Ed trouva la force de se lever. Derrière le battant, Mme Ramirez esquissa un pâle sourire.
— Bonjour, Edward.
Elle n’attendit pas qu’il la salue en retour ou qu’il engage la conversation. Sans un mot, elle glissa dans la pièce avec des mouvements fluides avant de refermer.
— J’ai amené le petit-déjeuner.
— J’ai pas faim.
— Très bien.
Valeria s’installa au bureau en lorgnant son sac de petits pains d’un air lointain.
— Ça ne te dérange pas si je mange ?
— Allez-y.
Valeria entama son repas sans quitter son élève des yeux. Il s’était éteint. Edward n’avait jamais été réellement vif. Réservé et en retrait, c’était un adolescent au sourire rare et au cœur bien gardé. Valeria l’avait pourtant vu, vraiment vu, à diverses occasions. Lorsqu’il réalisait du tutorat pour les élèves plus jeunes, se baladait avec Lou à travers la cour, ou commentait tout bas sa lecture du moment. Il n’avait pas les étincelles énergiques de son jumeau, mais une lueur de passion se consommait doucement au fond de ses yeux dorés.
Cette lueur avait été soufflée.
— Edward, ma proposition de rendez-vous avec M. Stone tient toujours. Je peux l’appeler aujourd’hui, son secrétariat devrait être ouve…
— Je veux voir mon frère.
La demande la coupa dans sa lancée. Valeria reposa le pain qu’elle avait entamé, croisa les jambes. Ed avait le menton baissé, les mains entrelacées sur les cuisses. Une position de vulnérabilité, de soumission. S’il partageait bien quelque chose avec Ethan, c’était de ne jamais montrer ses failles. Le désarroi se fit plus douloureux dans la gorge de Valeria.
— À part toi et les élèves qui ont assisté à l’accident, personne n’est au courant pour le décès de Lou. Une annonce officielle sera faite lundi auprès de l’ensemble de l’École, évidemment, mais…
— J’ai besoin de le voir.
Edward décroisa les mains pour les poser sur son visage.
— Je peux aller le chercher, lui expliquer la situation et lui demander de te voir, si tu veux.
Il se contenta de hocher la tête. Sans attendre, Valeria sortit de la pièce. Elle dut faire un tour par le bureau de Mme Jekins, la responsable de l’étage, pour vérifier le bon numéro de chambre.
— Ethan, Michael, c’est Mme Ramirez, ouvrez-moi.
Son poing battait fermement la porte. Les connaissant, ils avaient dû profiter de leur samedi pour faire la grasse matinée. Valeria n’éprouva guère de remords à les tirer du lit. Pas alors qu’un élève se mourrait de la disparition de son aimée.
Quand la porte daigna s’ouvrir, une odeur peu ragoûtante picota les narines de la directrice. Elle plissa les yeux face au visage déconfit qui la dévisageait bêtement.
— Michael Lohan, va réveiller ton partenaire. Et ouvre cette fenêtre pour aérer, tu veux ? Votre chambre sent l’écurie.
Mike tressaillit avant de passer à l’action. Il secoua l’épaule de son ami en bredouillant quelques paroles endormies puis poussa les volets. La lumière inonda la pièce en arrachant un grognement à Ethan.
— Mike, bordel, ferme…
— Ethan, debout.
L’ordre de la directrice claqua dans la chambre imbibée de sommeil et des rayons de soleil. L’intéressé se redressa dans son lit avec un air de merlan frit.
— J’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer, les garçons.
Michael s’était laissé choir sur son couchage, les yeux rougis par le réveil brutal.
— Lou est décédée hier lors d’un entraînement. (Trop choqués pour réagir, elle se servit de leur silence pour embrayer d’une voix sèche : ) Pour l’instant, il n’y a que les élèves qui ont assisté à l’accident et Edward qui sont au courant. Je compte sur votre discrétion.
— M-Mais, bredouilla Mike en se levant, il s’est passé quoi ?
— Lou et sa classe étaient à l’extérieur pour un entraînement de terrain. Le centre de simulation où ils se sont rendus ne devait pas être aux normes. Une passerelle s’est effondrée sous Lou et elle est morte sur le coup.
Les genoux de Mike lâchèrent. Son lit émit un grincement sinistre.
— Oh putain, lâcha Ethan en repoussant sa couette.
Valeria ne le réprimanda pas pour son langage. C’étaient des mots à la hauteur de la tragédie qui avait arraché la vie à une élève la veille.
— Et Edward ?
— Je suis venue pour ça, soupira Valeria en s’approchant d’Ethan. Il a besoin de toi.
L’annonce arracha une grimace consternée à l’adolescent. Ed, besoin de lui ?
— J’aimerais que tu ailles le voir dans sa chambre et que tu le soutiennes, Ethan.
— Mais… mais… je…
— Il m’a clairement dit qu’il voulait te voir. S’il te plaît.
Le regard impérieux de la directrice fit se ratatiner l’adolescent. Ce n’était pas à lui de gérer ça, de gérer une telle secousse, de gérer son frère.
— Mais, madame, je…
— Ethan, vas-y maintenant s’il te plaît.
Le concerné la dévisagea un instant, comprit qu’elle ne partirait pas avant qu’il se lève. Une brève étincelle de rébellion crépita dans sa poitrine avant de s’éteindre. Il n’oserait pas tenir tête à la directrice alors que Lou était décédée quelques heures plus tôt…
— OK.
Mécaniquement, il remplaça son pyjama par des vêtements décents et sortit. Les talons de Valeria claquaient dans son dos, rappels de l’obligation qu’elle avait enroulée autour de son cou. Ethan n’était pas suffisamment réveillé pour affronter pareille situation. Il n’était même pas certain de le vouloir. Edward avait beau être son frère, la fracture qui s’était opérée entre eux ces dernières années était tangible. Aussi tangible que la mort de Lou. Une crevasse douloureuse, honteuse, qu’on évitait de regarder de trop près.
— Je te laisse ici, l’informa la directrice une fois la chambre d’Edward atteinte. Essaie de le réconforter, Ethan. Ou de le soutenir. Essaie un minimum.
Sans lui laisser l’opportunité de répliquer, Valeria s’éloigna.

Edward était toujours recroquevillé au bord de son lit quand on frappa de nouveau à sa porte. Il incita l’inconnu à entrer avant de se rendre compte que sa voix ne portait plus. Il était comme aphone. Réduit au silence.
Sa main trembla sur la poignée. En ouvrant, il réalisa trop tard qu’il serait dans de beaux draps si ce n’était pas la directrice. Comment pourrait-il expliquer ses yeux hagards et son air dévasté ?
— Ed.
Le filet de voix stupéfait qui glissa jusqu’à lui le rassura momentanément. Ce n’était qu’Ethan. Pas un inconnu qui le jugerait sur son état momentané. C’était Ethan.
Edward percuta enfin. Il recula précipitamment, se cogna contre le mur dans son dos. Son frère se tenait face à lui, les bras ballants, hébété. Ethan. Mais pourquoi avait-il demander à la directrice de l’appeler ? Qu’est-ce qui lui était passé par la tête ? Il devait immédiatement se reprendre, avant que son frère ne saisisse l’entièreté de sa douleur…
— Ed, bordel.
Ethan était entré dans sa chambre. Dans sa bulle, dans son intimité. Il ferma derrière lui, se laissa aller contre la porte. Les deux frères ne pouvaient se soustraire l’un à l’autre. Ils ne pouvaient plus ignorer la souffrance qui suintait entre eux. Crevasse honteuse, crevasse purulente.
Avaient-ils un jour été les deux pans d’une même âme meurtrie ?
— La directrice m’a dit pour Lou.
Six mots. C’était beaucoup, par rapport aux « bonjour » étouffés qu’ils avaient échangés ces dernières semaines. C’était trop, par rapport à la tornade qu’Edward maintenait enfermée en lui.
— Je suis désolé pour toi.
Edward observa son frère. Les quelques poils mal rasés sur son menton. Ses cheveux courts ébouriffés par sa nuit de sommeil. Ses yeux gonflés et perdus. Sa compassion immédiate. Qui serait rapidement remplacée par la froide ignorance, par la moquerie acide, qu’il lui témoignait habituellement.
Quand il ouvrit la bouche, Ed comprit que sa voix n’était toujours pas revenue. Pire, qu’elle s’était engouffrée en lui pour taire sa souffrance. Que son corps n’avait plus vraiment d’autres solutions pour libérer la tornade enchaînée.
Edward pleura. Devant son frère. Ça n’était pas arrivé depuis des années. Ils ne se confiaient plus l’un à l’autre depuis un moment. Ils ne se murmuraient plus leurs secrets à l’oreille depuis leur enfance. La vie, l’École, les amis, leurs différences les avaient éloignés. Leur rancœur personnelle, leur haine commune pour un membre de leur famille, n’avaient pas constitué un lien suffisant.
Et Ed pleurait. Devant son jumeau.
— Edward…
Ethan leva le bras, le tendit, crispa les doigts. Sa main n’atteignit pas l’épaule de son frère. La crevasse béait entre eux et la mort de Lou n’était pas assez dense pour la combler.
Il n’y avait peut-être rien d’assez dense pour la combler.
— Ed, je…
Ethan s’étrangla sur son propre souffle. Émergé au-dessus des remords, de la jalousie, de la rancœur et de la honte, son amour pour Edward remplissait son corps de graviers. Le poids de cet amour, qui aurait dû être bon, être pur, le tirait vers le bas. Cet amour d’enfant incommensurable, irrationnel, le terrifiait. C’était trop grand, trop ancien et trop intense.
L’ancien Ethan, celui qui n’avait jamais osé, jamais parlé, jamais contré, avait son frère comme centre de l’univers. En grandissant, il avait rapidement pris conscience de cette menace. Si son frère tombait, alors lui aussi. Le nouvel Ethan avait construit ses propres attaches, ses propres ceintures de sécurité. Il avait éloigné ce frère qui, après le joug de leur mère, avait détenu les rênes de son existence.
La scission était née de son fait, Ethan ne pouvait pas le nier. Et Edward ne l’avait jamais acceptée. La fracture avait été trop soudaine, trop brutale.
Les deux frères se faisaient face. Trop tard.
— Encore désolé, Ed.
Ethan garda le visage baissé, ne sécha pas les larmes qui coulaient sur celui de son jumeau. Son amour d’enfant, inconditionnel, glaçant, était de nouveau enfoui.
Il laissa son frère seul dans sa chambre.



Suite
Dernière modification par louji le ven. 03 déc., 2021 6:51 pm, modifié 1 fois.
TcmA

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

Yéyo~

Damn. Dire que je pensais que c'était déjà assez dur pour Ed comme ça. Maintenant, Lou. (Ce qui rappelle douloureusement qu'il perd aussi sa femme plus tard, je qdfmqfblgjqbg).

Le "En lui, c’était le foutoir." m'a fracassée. (Toute la nouvelle m'a détruite ;w; )

C'est terrible, ce premier réflexe, de vouloir voir Eth, c'est tellement naturel, normal, mais tellement impossible avec ce gouffre entre eux. Bon sang, que j'ai eu envie de claquer Ethan, mais c'est tellement bien écrit, et ses raisons sont tellement valides. Fuck merde samer.

Plus ça avance, mieux c'est, eahalgjmdfgqzk. Bravooo ! Si on démarre avec ce niveau d'écriture pour le T2, je vais claquer au milieu du livre tellement c'est bon. (Si je claque pas avec le reste des nouvelles MDR)

J'ai hâte de lire la suite (weeee plus de drama, plus de trauma et plus de LARMES YES) !

La bise~
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit : dim. 21 nov., 2021 8:22 pm Yéyo~

Damn. Dire que je pensais que c'était déjà assez dur pour Ed comme ça. Maintenant, Lou. (Ce qui rappelle douloureusement qu'il perd aussi sa femme plus tard, je qdfmqfblgjqbg).

Le "En lui, c’était le foutoir." m'a fracassée. (Toute la nouvelle m'a détruite ;w; )

C'est terrible, ce premier réflexe, de vouloir voir Eth, c'est tellement naturel, normal, mais tellement impossible avec ce gouffre entre eux. Bon sang, que j'ai eu envie de claquer Ethan, mais c'est tellement bien écrit, et ses raisons sont tellement valides. Fuck merde samer.

Plus ça avance, mieux c'est, eahalgjmdfgqzk. Bravooo ! Si on démarre avec ce niveau d'écriture pour le T2, je vais claquer au milieu du livre tellement c'est bon. (Si je claque pas avec le reste des nouvelles MDR)

J'ai hâte de lire la suite (weeee plus de drama, plus de trauma et plus de LARMES YES) !

La bise~
Heyo !

Oui, c'est horrible, désolée :cry: (et, yes, il a littéralement perdu les 2 femmes qu'il a aimées, géniaaal)

(elle m'a un peu détruite à l'écriture pour être honnête)

Mais oui :cry: Quelque part, y'a toujours cette compréhension mutuelle, cette confiance aveugle, mais les années ont passé et y'a ce gros trou entre eux (et en eux snif). Ethan je comprends qu'il puisse frustrer, franchement. Mais c'était tellement vital pour lui et pour aller mieux de prendre son propre envol. Même si yes, pour se sauver, il a abandonné son frère.

Le T2 sera plus "léger" je pense au début, mais y'aura toujours du drama et du trauma, yéééé :mrgreen:

Merci beaucoup pour ton commentaire 0/

Bisous
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

louji a écrit : dim. 21 nov., 2021 8:38 pm Heyo !

Oui, c'est horrible, désolée :cry: (et, yes, il a littéralement perdu les 2 femmes qu'il a aimées, géniaaal)

(elle m'a un peu détruite à l'écriture pour être honnête)

Mais oui :cry: Quelque part, y'a toujours cette compréhension mutuelle, cette confiance aveugle, mais les années ont passé et y'a ce gros trou entre eux (et en eux snif). Ethan je comprends qu'il puisse frustrer, franchement. Mais c'était tellement vital pour lui et pour aller mieux de prendre son propre envol. Même si yes, pour se sauver, il a abandonné son frère.

Le T2 sera plus "léger" je pense au début, mais y'aura toujours du drama et du trauma, yéééé :mrgreen:

Merci beaucoup pour ton commentaire 0/

Bisous

(Mais oui ;^; Ptn il fait mal au cœur)
(J'imagine bien ;A; )
Mais oui, puis de toute manière, il avait besoin de s'éloigner de cette relation trop fusionnelle (Edward et les problèmes d'attachement... Dayum) Vu le trauma qu'ils se sont tapés dans la tronche tous les deux, ça se comprend. C'est frustrant, mais ça se comprend tellement.
MDRRRR non mais j'en attends pas moins ! S.U.I. sans trauma, c'est pas S.U.I. :lol:
Toujours avec plaisir !!
La bise~
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

Bonjour ! Dernière nouvelle de la partie 2. Toujours pas très fun, mais faut passer par là :roll:



- Éclosion -



Vendredi 7 juillet 2000, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


L’École n’accueillait presque plus d’élèves en ce début d’été, mais elle était pourtant en liesse. Les dernières année fêtaient leur diplôme, la fin du lycée, le début de leur vie d’adulte. On avait rassemblé les tables du réfectoire dans la cour intérieure et monté une scène contre l’épicerie. Des groupes d’adolescents survoltés s’y succédaient pour chanter et jouer plus ou moins juste. Jus de fruits, sodas, limonade et eau fraîche éclaboussaient les t-shirts et les cheveux. Les professeurs avaient bien essayé de rappeler à l’ordre leurs élèves, mais le cœur n’y était pas. C’était leur dernière journée au sein de l’établissement, la consécration de plusieurs années loin d’être évidentes. Ils pouvaient bien s’arroser et se courir après le temps de quelques heures.
Au deuxième étage des dortoirs, Maria observait le chaos depuis sa fenêtre. L’air tiède qui s’engouffrait dans la pièce agitait les rideaux et sifflait dans les interstices des portes. Adrián était parti pour son Mexique natal depuis quelques jours et leur chambre commune sonnait du vide de son absence. Les lits nus et le bureau épousseté barbouillaient de gris maussade l’esprit de l’adolescente. Ses cours étaient terminés depuis une semaine, mais elle était restée à l’internat le plus longtemps possible. Le départ d’Adrián avait affecté son humeur, mais la perspective de rentrer chez elle était d’une autre ampleur. Elle devrait côtoyer sa mère tout l’été. Elle devrait prétendre former une famille avec cette femme qui ne lui avait jamais dit « je t’aime ». Elle devrait détourner les yeux des photos, des bibelots, de tous ces faux-semblants de vie réussie et épanouie. Sa chambre d’enfance serait tout aussi vide que celle qu’elle quittait à l’École le temps de deux mois. Un lit à l’odeur de renfermé, des jouets dont elle s’était détournée depuis des années, de vieilles affaires de classe. Le stéthoscope que son père lui avait offert alors qu’elle n’avait même pas dix ans, espérant qu’un jour sa fille suive ses traces. Andrew Wayne, dont elle avait hérité le nom à défaut du rêve professionnel, avait quitté leur foyer un an plus tard, avant l’entrée de Maria à l’École.
Il a rencontré quelqu’un, en Angleterre, lui avait dit sa mère sans chercher une seule seconde à lui mentir. Si Maria lui avait été reconnaissante plus tard pour son honnêteté, l’annonce avait été un missile dans sa poitrine de fillette. Son père, qu’elle ne voyait déjà pas beaucoup entre son travail de médecin et ses allers-retours au Royaume-Uni, était parti. Parti. Sans explications, sans justifications, sans excuses, sans promesses. Inconcevable à l’époque, pour la Maria de onze ans à peine. Mais, aujourd’hui, la Maria de dix-sept ans en était soulagée. Qu’aurait-elle fait, qu’aurait-elle dit, à ce père qui partait ? Rien ne l’aurait retenu. La femme pour laquelle il n’avait plus de sentiments n’avait pas cherché à le garder auprès d’elle, mais demeurait l’enfant qu’ils avaient eue ensemble. Cette enfant n’avait pas signifié assez pour Andrew Wayne. Il était parti.
Maria se détourna de la fenêtre pour jeter un coup d’œil à ses valises. Sa mère venait la récupérer vers midi. Caterina l’accueillerait sûrement avec ses politesses habituelles : pas de baiser, pas de sourire, pas de fierté. Simplement cette froide et fonctionnelle curiosité parentale : chambre bien nettoyée avant le départ ? bulletin de notes correct ? pas de remarques dépréciatrices des professeurs ?
Maria n’avait jamais vraiment su ce qu’elle signifiait pour sa mère. Un espoir éteint de vie de famille, de vie réussie ? Un regret amer, qu’elle s’efforçait de masquer ? Une simple relation qu’elle était obligée d’entretenir, jusqu’à la majorité de Maria du moins ?
L’adolescente ferma sa fenêtre, hissa son sac-à-dos sur son épaule et agrippa la poignée de sa valise. Il était temps de quitter sa chambre pour les vacances. Elle reviendrait dans moins de deux mois. Alors tout irait mieux, tout irait comme ava nt. Adrián serait de retour, avec ses paquets de cartes cornés, son bronzage impeccable et ses anecdotes de vacances. Peut-être même qu’il rencontrerait un amoureux d’été et qu’il soupirerait auprès de Maria dès la rentrée.

Les couloirs étaient silencieux. Le brouhaha en provenance de l’extérieur peinait à traverser la muraille mentale d’Edward. Affalé sur un sofa en face du bureau de Mme Jekins, la responsable du deuxième étage de l’internat, Ed contemplait le bout de papier entre ses doigts. Son diplôme de fin de lycée. Son diplôme de l’École de S.U.I, qui lui offrait une voie toute tracée pour intégrer l’entreprise éponyme.
Dehors, ses camarades de promotion fêtaient l’événement. Fêtaient en criant, en buvant, en mangeant, en jouant, en courant, en dansant. Avec joie, soulagement et fierté. Ed ne ressentait rien de cela. Il se sentait au bord du précipice. Le précipice de la vie d’adulte, celui qu’il était obligé d’affronter. Le précipice qui lui imposait d’être heureux, d’être apaisé, d’être fier. Edward se noyait pourtant dans le découragement, dans la peur et la mélancolie. Dix-huit ans et des regrets. Des souvenirs. La conscience aigüe, douloureuse, que les années derrière lui ne reviendraient pas. Sa complicité avec Ethan ne reviendrait pas, son affection pour Lou ne reviendrait pas, son amitié pour quelques camarades non plus.
Comment pouvait-il se sentir apaisé, fier, heureux avec son diplôme entre les mains ? Major de promotion, félicitations de l’équipe pédagogique, héritage maternel indéniable. Edward Sybaris faisait honneur à son nom. Edward Sybaris contrebalançait parfaitement la nonchalance insouciante de son frère. Edward Sybaris réussissait tout.
Un bruit caractéristique de valise qui roule lui fit lever le nez. Edward fronça les sourcils, mais ne pipa mot quand une adolescente à la silhouette androgyne le dépassa sans un regard.
— Maria Wayne ?
L’intéressée se figea, braqua ses yeux perçants sur lui.
— Edward Sybaris. (Elle avisa ce qu’il tenait à la main, inclina le menton.) Bravo. Tu dois être content de partir.
Il se contenta de hausser les épaules. Ed ne la connaissait que de vue, ce n’était pas le genre de personne auprès de qui il voulait s’épancher. Elle avait l’air pressée, en plus.
— Bonnes vacances. Dans un an, tu seras à ma place.
Plus heureuse, j’espère.
Maria lui adressa un sourire fugace avant de reprendre son chemin.

Elle était partie depuis deux minutes à peine que des pas provenaient de nouveau des escaliers. Edward leva brièvement les yeux, s’attendant à un nouvel élève retardataire. Malgré la petite taille de la silhouette en haut des escaliers, il s’aperçut rapidement que c’était une femme adulte. À la posture rigide, au menton haut et fier.
Une vrille perça le cœur d’Edward. C’était impossible. Il ne l’avait pas vue depuis huit ans. Quand Alexia Sybaris entreprit de se diriger vers lui, la vrille se transforma en lierre. Des picots de métal crevèrent ses poumons, ses entrailles et sa peau. Tout se resserrait, l’étouffait.
— La directrice m’a dit que je te trouverais ici.
C’étaient les premiers mots d’Alexia Sybaris pour son fils en huit ans. Ed s’aperçut que, s’il avait oublié le son de sa voix, il n’avait pas oublié sa dureté ni le tranchant du grec moderne dans sa bouche. Il n’avait plus parlé cette langue en dehors des cours depuis qu’il avait quitté le domicile maternel.
— Mère.
Elle avait vieilli, un peu. Du gris dans le brun presque noir de ses cheveux. Des traits plus marqués, quelques ridules au coin de ses yeux implacables. Edward oublia momentanément les vrilles d’épines autour de ses organes et se leva. Il était grand, mais pas excessivement. Alexia Sybaris n’était ni grande ni forte. À présent debout face à face, Edward réalisa qu’il dépassait sa mère d’une tête. Qu’il aurait pu agripper son cou, enrouler ses mains autour de sa trachée, de ses jugulaires, et tout stopper. Comment une femme qui l’avait terrorisé, maltraité et brisé pouvait-elle lui sembler aussi vulnérable ?
Parce qu’elle ne l’était pas. Ses yeux sombres l’avaient capturé dans une étreinte encore plus mortelle que les vrilles de l’angoisse. Ses lèvres plissées ne pourraient pas la trahir. Elle resterait cette froide statue de marbre animée par un esprit tordu.
— Tu as grandi, mon fils.
C’était une remarque si informelle, si anodine, qu’elle tira une plainte ahurie à l’intéressé. Une mère disait ça à son fils quand elle le revoyait après un séjour chez les grands-parents, en colonie de vacances ou en internat.
— Tu… ça fait…
Les mots trahissaient Edward, refusaient de coopérer, de s’assembler pour former une bribe de ce qu’il ressentait. Alexia ne lui laissa guère le temps de trier ses sentiments ou ses pensées puisqu’elle enchaîna :
— Je me devais de venir te voir en ce jour spécial, Edward. J’avais interdiction de t’approcher jusqu’à ta sortie de l’École. À présent que tu es majeur et diplômé, je tenais à reprendre contact avec toi.
Ethan en voulait à son frère d’être un monstre de contrôle, mais Ed ne contrôlait plus rien. Cette femme était l’ennemie qu’il n’avait jamais vaincue, l’équation qu’il n’avait jamais résolue. La source et le sujet de ses cauchemars.
— Même si je ne pouvais pas te voir directement, j’ai suivi ta scolarité toutes ces années, Edward. Quand tu as rejoint l’École, je n’étais pas certaine que tu réussisses.
Une ombre creusa le pli de ses lèvres, une ombre qu’Ed fut incapable de nommer.
— Et, pourtant, tu fais partie des meilleurs élèves de ta promotion.
C’était surréaliste. Ed n’avait pas le bagage nécessaire pour réagir à pareille situation. Y’avait-il des réactions préétablies, de toute manière ? Que faire face à sa mère maltraitante réapparue huit ans plus tard pour le féliciter ?
— Tu as eu un parcours brillant, Edward. J’ai reçu chacune de tes notes, chaque retour de tes professeurs. Un élève sérieux, appliqué, rigoureux, calme et moteur pour la classe.
Les mains de l’adolescent tremblaient sur son diplôme. Pour les oraux, les présentations ou les travaux de groupe, il n’avait jamais craint de prendre la parole, d’exposer ses idées et ses raisonnements. Mais face à elle, face à sa mère…
— Je pourrais te le dire, à présent...
Alexia laissa sa phrase en suspens. Il y eut une brève lueur dans son regard, un moment d’égarement ou d’hésitation. Sa mâchoire se contracta et ce qu’elle voulait dire resta bloqué, tu à tout jamais. Subjugué, Edward s’en aperçut à peine. Alexia finit par reculer d’un pas, s’installa sur le sofa dans un mouvement contrôlé. Elle tapota l’assise à côté d’elle. Ed resta debout.
— J’aimerais te proposer quelque chose. Quelque chose d’important. (Alexia vrilla ses yeux noirs dans ceux ambrés de son fils.) Tu as eu un parcours brillant, mais je sais aussi que tu as souffert de ton entourage. J’ai appris que tu avais perdu une proche amie, Lou Tremblay.
La confusion rendait la vue d’Edward trouble. Comment ? Comment sa mère savait-elle tout ça ? L’École lui avait-elle fait des retours par obligation ? Y’avait-il un membre du personnel qui l’avait surveillé de près toutes ces années ?
Ça n’avait pas d’importance, au fond. Alexia savait.
— Edward, tu dois avoir besoin de prendre un nouveau départ. De t’éloigner de tout ce qui t’a fait souffrir ici.
Il faillit en rire. Elle était le premier et le principal être qui l’ait fait souffrir sur Terre. Comment pouvait-elle se dresser face à lui avec cette assurance tranquille, cette sérénité bouffie de suffisance ?
— Modros n’est pas faite pour toi.
— Qu’est-ce qui est fait pour moi, alors ? cracha-t-il d’une voix mordante.
Alexia sembla surprise de l’entendre enchaîner plus de deux mots. Elle se recomposa rapidement une façade, lui fit de nouveau signe de s’asseoir.
— J’ai une proposition à te faire, je te l’ai dit. J’ai besoin que tu m’écoutes sans m’interrompre.
— Et quoi encore ? Je te dois rien.
Les paupières d’Alexia se plissèrent. Elle afficha un rictus désabusé. Edward comprit qu’il avait creusé une fissure dans le masque poli de sa mère.
— Rien ? Tu me dois tout, Edward. Ta vie, ta scolarité, ton avenir. J’aurais pu vous répugner, ton frère et toi. Refuser que vous portiez mon nom, vous donner celui de votre incapable de père. (Elle inclina la tête vers le sofa.) Assieds-toi.
Edward supporta son regard jusqu’à une épine glacée lui remonte le dos. Il ne pouvait pas lui résister. Pas encore. Les souvenirs, les marques, étaient trop récents pour que le petit garçon en lui ne se mette à trembler.
À deux doigts de vomir son maigre petit-déjeuner, il s’installa à côté de celle qui lui avait donné la vie. Mais celle qui ne lui avait rien offert d’autre que de la souffrance, il en était certain.
— Tu n’as personne qui tient à toi à Modros.
L’annonce lui coupa toute envie de répliquer. C’était complètement faux. Il avait Ethan, Grace, Michael et ses camarades de classe.
C’était donc vrai. Il n’avait personne.
Edward se détourna pour masquer ses yeux soudain brûlants. Même son père ne se trouvait pas à Modros. Cette prise de conscience était douloureuse. Non, vertigineuse. Une douleur pouvait se soigner. Une chute causait forcément un mal plus grand.
La main d’Alexia sur son bras le ramena aux couloirs de l’École.
— Mais tu n’es pas seul, Edward. Une vie t’attend auprès de moi et de ta famille. Tu es digne de nous rejoindre.
— Où-où ça ? Quelle famille ?
Le visage d’Alexia se détendit perceptiblement. C’était déroutant de la voir avec une expression presque sereine.
— Les Sybaris. Mon père, mon frère et sa famille travaillent dans le Nevada, à la Ghost Society. Ton cousin et ta cousine sont aussi formés là-bas.
Des cousins, un oncle ? Edward n’avait jamais entendu parler d’eux. La Ghost Society ? Il savait qu’il s’agissait de la société-mère de S.U.I, le groupe qui avait permis à Alexia de fonder son entreprise. Mais ce n’étaient que des informations. Rien de tangible.
— À présent que tu es diplômé de l’École de S.U.I, tu peux candidater à la Ghost. Devenir Fantôme t’ouvrira de nombreuses portes. Tu pourras rencontrer de nouvelles personnes et faire une croix sur ton passé à Modros.
Ed était trop hébété pour songer à répondre. Pourquoi sa mère s’intéressait-elle soudainement à lui ? Pourquoi lui faire une telle proposition ?
— Mais… commença-t-il d’une voix hésitante, pourquoi ? Pourquoi moi ? Et Ethan ? Je croyais que tu nous… que tu nous…
Tu nous détestais.
Un soupir affaissa la poitrine mince de la femme. Son regard se fit distant, mais elle n’avait toujours pas retiré sa main du bras de son fils. Edward n’avait pas la force – ou l’envie – de la retirer. Ce constat le plongea plus profondément dans son abyme de questions sans réponses.
— Je vais être honnête avec toi, Edward. Tu n’étais pas prévu. Je suis tombée enceinte alors que je pensais contrôler ma vie et mon corps. Quand ton frère et toi êtes nés… j’ai eu l’impression qu’une partie de moi mourrait. (Comme le malaise emplissait Ed, sa mère lui étreignit plus fort le bras.) Je pense que j’aurais pu m’en sortir s’il n’y avait eu que toi. Mais ton frère est né après et c’est… c’était trop.
Edward fronça les sourcils, glissa un regard jusqu’à sa mère.
— Mais… Ethan et moi sommes jumeaux.
— Mmh. Il n’empêche que tu es né en premier. J’aurais aimé ne garder que toi. Tu suffisais.
La vérité était trop simple. Trop horrible. Il aurait suffi qu’Ed soit fils unique pour être accepté, aimé, choyé ? Il n’arrivait pas à y croire. Pas alors que des cicatrices blanches tapissaient encore son corps, que des pensées noires s’agitaient toujours sous son crâne.
— Si j’avais déjà du mal avec toi, je n’ai jamais accepté Ethan. Il est et a toujours été en trop. (Comme Ed ouvrait la bouche pour prendre instinctivement la défense de son frère, elle le devança d’une voix acidulée : ) La preuve dans son dossier scolaire. Il a été un cancre pendant des années. Il a eu des notes tout juste passables pour ne pas redoubler. Et j’ai fini par cesser de compter les remarques des professeurs et de l’administration sur son comportement.
Un étau glacé remonta jusque sous la mâchoire d’Ed. Il ne pouvait pas la contredire. C’étaient encore une fois des faits, aisément vérifiables. Edward lui-même s’était disputé plus d’une fois avec son jumeau à propos de son attitude.
— Tu devrais donc comprendre pourquoi je m’intéresse à toi, Edward. Tu es un Sybaris digne de ce nom. Tu es brillant et engagé. Prêt à certains sacrifices pour atteindre tes objectifs. Pour moi, tu es une fierté, mon digne héritier. (Elle lâcha brusquement Edward pour croiser les bras.) Pas ton frère.
Alexia se leva, tendit la main à son fils. Ed comprit alors ce qu’était l’ombre sur le pli de ses lèvres. C’était un sourire.
C’était la première fois qu’il la voyait sourire.
— Viens avec moi, Edward.
Ed resta campé sur le sofa, pâle et figé.
— Je… je dois réfléchir.
Alexia abaissa la main sans cesser de sourire. Elle s’y était attendue.
— Prends le temps dont tu as besoin, Edward. Je t’attendrai.

En contrebas dans la cour, Ethan finissait de boire sa limonade, avachi sur un banc. Devant lui, entouré d’une bande d’adolescents excités, Michael engloutissait d’une traite une bouteille de soda. Avec sa taille et sa corpulence, il n’avait guère de mal à avaler une quantité de liquide qui aurait rendu Ethan instantanément malade.
Grace vint se glisser sur le banc à ses côtés. Ethan se redressa en la contemplant avec surprise. Ils s’étaient séparés d’un accord commun trois mois plus tôt. Depuis, ils avaient instauré une séparation tacite afin de conserver au mieux leur amitié et de ne pas réveiller les souvenirs passés.
— J’ai pas vu Edward de la matinée, lui confia-t-elle en balayant la cour de son regard azur.
— Il aime pas les fêtes. Il a peut-être préféré passer un moment avec ses potes.
Grace lui coula un regard peiné.
— Ethan, il a pas vraiment d’amis. Depuis la mort de Lou, il s’est isolé de plus en plus.
Ethan serra ses mains ensemble, la gorge nouée. Il le savait. Mais c’était plus simple de prétendre que non. De prétendre que son jumeau allait bien, continuait sa vie, malgré la différence de chemins empruntés.
— J’espère surtout que ça va aller pour lui, soupira Gr ace en ramenant une mèche de cheveux derrière son oreille. Je sais que tu t’entends pas bien avec lui, mais il est sympa. Ça m’a fait tellement de peine, l’année où il a perdu Lou.
— Oui. Moi aussi.
Grace observa le visage de son ex-petit-ami puis grimaça.
— Tu lui avais dit ? Que tu t’inquiétais pour lui ?
Ethan ne répondit pas, serra les dents. Grace poussa un soupir sonore, se prit le front entre les mains.
— Vous êtes des cas désespérés. Tu devrais aller le voir, Ethan. Avant qu’il parte de son côté.
L’adolescent jura tout bas, écrasa son gobelet de limonade entre ses mains puis se leva.
— Je vais voir s’il est dans sa chambre.
Une étincelle éclaira les yeux de Grace.
— Peut-être que t’es pas si désespérant que ça.
Ethan fit la moue puis s’engagea vers le Centre. Il n’y avait que Grace et Mike pour l’influencer ainsi. C’était en partie par réelle inquiétude pour son frère et en partie par peur de décevoir Grace. Bien qu’ils ne soient plus ensemble, il conservait pour elle de l’affection et de l’admiration. Il comptait bien rester en bons termes avec elle.
Il enjamba deux par deux les marches des escaliers. Le silence dans les couloirs était d’autant plus remarquable qu’il provenait de la cour assourdissante. Une chappe d’appréhension le fit ralentir à hauteur du deuxième étage. Que pourrait-il dire à son frère ?
Ethan n’eut pas besoin de remonter jusqu’à la chambre de son jumeau. Edward était avachi sur un sofa en face du bureau de Mme Jekins, les épaules tombantes. Passée la surprise, Ethan comprit que le bruit étranglé qu’il percevait était celui des sanglots d’Edward.
— Ed ? lança-t-il d’un ton soucieux en approchant d’un pas rapide.
Son frère dressa le nez, le considéra avec stupéfaction. Leur dernier véritable échange remontait à ce jour où Ethan l’avait laissé en pleurs dans sa chambre. La similitude leur sauta tous les deux aux yeux.
— Ethan, qu’est-ce que fais là ? Pourquoi t’es pas avec Mike et Grace ?
— Je… je te cherchais.
Edward écarquilla brièvement les yeux, renifla, pinça les lèvres.
— Tu me veux quoi ?
La sécheresse de sa question tira une grimace agacée à Ethan.
— Je voulais savoir… tu… tu vas faire quoi maintenant ? Après l’École, je veux dire.
Edward prit le temps de réfléchir. Son frère se tenait là, soucieux de son avenir. Le même frère qui l’avait abandonné année après année, avait refusé sa présence dans sa vie au motif d’une soi-disant indépendance. Ce frère qui avait préféré détourner les yeux de la souffrance d’Ed que de lui tendre la main pour le sortir de la boue.
Une autre personne lui avait tendu la main, aujourd’hui. Et Ed réalisa qu’il détestait à présent moins cette personne que son propre jumeau.
— Je m’en vais, Ethan. Loin de toi, comme tu l’as toujours souhaité.
L’intéressé ouvrit grand les paupières, afficha un air consterné quand son frère se leva et le dépassa sans un regard.
— Quoi ? Mais tu pars où ? Tout de suite ? Tu pars seul ? Edward !
Ethan dut se lancer après lui.
— Tu peux pas partir. Et tes amis ?
— J’ai pas d’amis, Ethan. Pas comme tu en as.
— Mais... mais, tu… Ed, tu pars où ? Tu vas faire quoi ?
La détresse d’Ethan aurait pu tirer un sourire satisfait à Ed s’il n’avait pas eu si mal. Oui, il détestait son frère. Il détestait l’être qu’il était devenu. Mais il l’aimait encore, il l’aimait si fort. Son petit frère, la deuxième face de son âme.
— Laisse-moi tranquille. Je rejoins quelqu’un qui pense vraiment à moi.
Edward réalisa qu’il pleurait encore. Il pleurerait sûrement d’autres fois. Puis son cœur finirait par se durcir, pas cesser d’être si docile face aux émotions. Il serait un vrai Sybaris, comme l’affirmait sa mère. Il serait digne, fier et complet.
— Au revoir, Ethan.
Ethan le regarda partir. Planté en haut des escaliers, il garda les yeux rivés à ce dos qui l’avait si souvent protégé de leur mère. Qui avait supporté trop tout seul. Un dos dont il s’était détourné pour tracer son propre chemin.
Avait-il été si cruel dans ses choix ? Avait-il abandonné son frère pour sa liberté ?
Ethan s’installa au bord de la marche. Le silence l’enveloppait d’un cocon angoissant et apaisant. Edward était parti.



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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

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- Partie 3 -
2002 - 2007


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Holaaa ! On attaque la 3e partie, plutôt dédiée à la vie de jeune adulte des personnages. C'est la plus longue, mais elle est un chouïa moins drama que les autres 8-)



- Bière -



Vendredi 17 mai 2002, Down-Town, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Ethan se hissa sur l’une des chaises hautes à dossier qui ceignaient le comptoir en bois lustré. De l’autre côté, deux barmen s’efforçaient de servir la vingtaine de clients qui avaient envahi le bar en cette fin de journée. Quand Michael le rejoignit à sa droite, l’un des pieds du tabouret émit un grincement funèbre.
— Je vais peut-être me contenter d’eau et pas de bière ce soir, marmonna Mike en gesticulant sur l’assise pour tester sa fiabilité.
— À ta décharge, tu fais presque deux mètres. Ces pauvres tabourets ont pas l’air faits pour des carrures… comme la tienne.
— Je vais prendre ça comme un compliment. (Mike héla un barman qui passait devant à pas rapides.) Deux bières, s’il vous plaît !
Comme le serveur hochait rapidement la tête, un ricanement s’éleva à la gauche d’Ethan.
— La décision de pas boire de bière a pas résisté longtemps.
Les deux amis se tournèrent vers le jeune homme qui leur souriait d’un air narquois. Alors qu’Ethan fronçait les sourcils – de quoi cet inconnu se mêlait-il ? – Mike s’esclaffa :
— J’ai pas beaucoup de volonté, faut croire.
Alors qu’il allait reprendre la parole, une jeune femme se glissa près de lui en grommelant :
— Adrián, mêle-toi de tes oignons.
Ethan contempla la nouvelle venue d’un air circonspect – il avait l’impression de l’avoir déjà vue. Quant à Mike, il afficha une grimace penaude.
— Tous les gars de S.U.I se retrouvent ici ou quoi ?
Le dénommé Adrián haussa les épaules en posant son menton sur sa main.
— C’est vendredi soir et le bar se trouve à deux minutes des bureaux. Rien d’étonnant.
— Vous buvez de l’alcool ?
La question surprise de la jeune femme attira l’attention sur elle. Ethan fronça de nouveau les sourcils, incapable de remettre un nom sur ce visage à la moue boudeuse. Lorsque les yeux verts de la jeune femme percèrent les siens, il se gratta la joue.
— On était ensemble à l’École, non ?
Mike lâcha un « T’es sérieux » dépité tandis que Maria adressait un sourire acide à Ethan.
— On est collègues.
Ethan s’empourpra, glissa les yeux vers le comptoir à la recherche d’une échappatoire.
— J’imagine que retenir le prénom de ses coéquipiers est trop difficile pour Ethan Sybaris.
L’accusation remplaça sa honte fugace par une irritation électrique.
— On est plus d’une cinquantaine d’agents, je peux pas retenir tout le monde.
— Ethan, elle a raison, marmonna Mike en passant une main dans ses cheveux châtains. Adrián et Maria ont un an de moins que nous. On les croise presque tous les jours au boulot.
Adrián glissa la main sous le bras de Maria pour l’inciter à s’asseoir et à se calmer. Elle ne cessa pourtant pas de toiser son collègue d’un air mauvais.
— Et pour répondre à ta question, Maria, oui on boit de l’alcool, reprit Michael en lui adressant un clin d’œil.
Elle ignora la vague tentative de charme pour faire la moue.
— Aux dernières nouvelles, il vous manque encore un an avant l’âge légal.
— T’es dure, se lamenta Michael avant de remercier d’un sourire le barman qui venait de pousser deux pintes dans leur direction. Ce soir, on fête quelque chose, alors on peut bien se permettre de se faire passer plus âgés qu’on l’est vraiment.
Coincé au milieu de la discussion, encore honteux et irrité, Ethan plongea le nez dans son verre. Même s’ils avaient effectivement croisé Maria et Adrián plus d’une fois depuis un an, ils n’avaient encore jamais eu de mission commune. Sans compter que Maria avait bien changé depuis l’École. Il se la rappelait vaguement comme une adolescente distante, aux cheveux courts et à la silhouette maigrichonne.
— On vient d’être promus agents de la A.A, annonça Michael sans masquer sa fierté.
— Félicitations ! Quelle section ?
Dans l’enthousiasme, Adrián s’était penché et avait manqué de près de renverser la bière d’Ethan. Ce dernier le cingla d’un regard noir, mais son interlocuteur était trop concentré pour le remarquer.
— Section criminalité et lutte contre le crime organisé.
Adrián applaudit bruyamment, sourire étincelant aux lèvres. Pris au jeu, Mike quitta son tabouret pour exécuter quelques courbettes exagérées. Ethan finit par lever le nez de sa boisson pour sourire. Son partenaire ne ratait jamais une occasion de faire le pitre.
— Et vous ? les lança Mike en englobant Adrián et sa partenaire d’un regard pétillant. Vous avez des vues sur l’une des sections de la A.A ?
— Pour l’instant, on se trouve bien à S.U.I. C’est moins excitant et moins bien payé qu’à la A.A, mais on est qu’au début de notre carrière.
Maria approuva les paroles d’un hochement de tête pensif. Pour être honnête, elle se demandait si leur promotion rapide – deux ans seulement qu’Ethan et Mike travaillaient à S.U.I – n’était pas en partie due au nom d’Ethan. On parlait quand même du fils de la fondatrice.
Elle garda ces pensées pour elle-même, sans pouvoir s’empêcher de lorgner vers Ethan. Il croisa son regard, plissa les paupières. La jeune femme se contenta de lui adresser un rictus provocateur.
— Il y a un souci ? finit-il par souffler d’une voix sourde.
Maria pinça les lèvres, croisa le regard vaguement soucieux d’Adrián. Son partenaire se fâcherait sûrement s’il savait quelles accusations flottaient dans son crâne. Tant pis.
— En fait, je me demande sincèrement comment vous en êtes arrivés là. (Mike et Ethan se figèrent, suspendus à ses lèvres.) Je me souviens de vous à l’École et c’était pas glorieux. Les profs passaient leur temps à vous gueuler dessus et vous étiez souvent dans le bureau de Mme Ramirez.
— On était des ados, marmonna Mike d’un ton boudeur.
— On bosse bien, voilà comment on a été promus, siffla Ethan en sentant ses trapèzes se contracter.
— Ah, donc j’imagine que ton lien avec Alexia Sybaris y est pour rien ?
Un éclair de rage dansa dans ses yeux dorés, descendit le long de sa mâchoire puis de son cou. Maria ne cilla pas face aux muscles crispés, inclina le menton. S’il voulait en découvre ici-même, elle au moins était sobre.
— Eh, on se calme, lança Mike en s’interposant entre les deux.
— Tu sais rien de moi, cracha Ethan en fusillant sa collègue du regard par-dessus le bras de Michael. C’est grâce à nos efforts, à Mike et moi, qu’on en est là.
Maria se contenta de hausser les épaules.
— Au moins, tu as l’air plus bosseur qu’à l’École. Tant mieux pour toi.
Sans plus attendre, elle s’éloigna du comptoir pour s’installer à une table vide en fond de salle. Adrián esquissa un pâle sourire en remontant ses lunettes sur son nez.
— Désolé, elle est toujours aussi impulsive.
— Ils sont deux, soupira Mike en tapotant l’épaule de son ami. Allez, Ethan, laisse tomber.
L’intéressé avait suivi sa collègue du regard, incapable d’effacer de son esprit le rictus narquois qu’elle avait affiché.
— Ses doutes sont fondés, en plus, marmonna Michael en se rasseyant.
Son coéquipier vira à cent-quatre-vingts vers lui, bouche bée.
— T’es sérieux, toi aussi ?
— Ethan, réfléchis. La plupart des agents actuels proviennent du réseau de la Ghost Society ou des autres sociétés-filles. Maria elle-même est la fille d’une responsable de S.U.I. Le réseau est encore très important, on peut pas lui en vouloir de se demander si le fils de la fondatrice a pas été un peu favorisé.
Sur l’instant, Ethan sentit la brûlure de la trahison remonter sa gorge. Puis les iris gris de Michael, emplis de bienveillance, l’apaisèrent.
— Peut-être, lâcha-t-il au bout de quelques secondes. Mais… ça me rend dingue qu’on puisse s’imaginer que je profite de mon nom, d’un pseudo héritage que cette femme m’aurait laissé.
Ses jointures blanchirent quand il serra les doigts autour de son verre.
— Tout ce qu’elle m’a laissé, c’est des…
Sa voix s’étrangla, la chair de poule couvrit ses flancs. Comme la plupart se trouvait dans son dos, il voyait rarement les petites cicatrices blanches. Mais il les savait là, cachées sous le tissu de son t-shirt, ancrées dans sa chair pour toujours.
La grosse main de Michael s’enroula autour de son épaule. Son contact, chaud et lourd, calma les frissons qui le secouaient.
— Je sais, Ethan. (Mike termina sa bière d’une rasade avant d’ajouter : ) Au pire, tu auras qu’à expliquer à Maria en quoi tu dois rien à ta mère.
— Mmh, elle avait pas l’air prête à entendre la vérité.
Mike gratta les poils mal rasés de sa joue, tapota le bras de son partenaire.
— Tu devrais quand même lui dire. Si elle le pense, d’autres doivent le penser. Faut faire passer le message, Ethan. Faut pas les laisser te marcher dessus.
Ethan soupira dans son verre, jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Maria sirotait une limonade, un sourire vague aux lèvres alors qu’Adrián lui racontait quelque chose.
— D’ailleurs, ils sont en couple, ces deux-là ? Je sais qu’ils forment un binôme au boulot, mais ils traînent toujours ensemble.
Mike suivit la direction indiquée par le coup de menton de son partenaire. Il dévisagea Ethan, s’assura qu’il était bien sérieux. Puis éclata de rire.
— Oh, Ethan, s’étrangla Mike entre deux hoquets nerveux. Maria a quand même eu raison de se sentir vexée. Tu fais vraiment pas gaffe à ton entourage.
Son ami se renfrogna, vexé. Puis lui asséna une petite tape pour qu’il arrête de pouffer.
— Allez, dis-moi !
— Ethan, bordel, Adrián est gay. Maria et lui sont amis depuis l’École, ils sont colocataires aujourd’hui. Normal qu’ils traînent ensemble.
Les yeux encore humides de rire, Mike passa un bras autour des épaules de son ami.
— Tu crois que les gens se demandent si on sort ensemble, du coup ?
Ethan le repoussa aussitôt, à la fois amusé et agacé.
— C’est bon, j’ai compris. (Ethan jeta un dernier coup d’œil en direction de ses collègues.) Et comment tu sais qu’ils sont coloc’ ?
— Je discute avec les gens, figure-toi. J’utilise ma bouche, ma langue, mes dents. Je forme des mots, pose des questions, tout ça. C’est un truc de malade.
Excédé, Ethan leva les yeux au plafond puis fouilla sa poche pour jeter des billets sur le comptoir.
— J’ai compris, je suis une merde en relations sociales. Allez, je rentre.
— Quoi ? Mais non ! Allez, Eth’, encore un verre.
— On se retrouve à l’appart’, Mike.
L’intéressé s’accouda au bar en soupirant. Son ami avait déjà traversé le bar pour rejoindre la sortie. Ils ne seraient pas séparés longtemps ; ils étaient eux-mêmes colocataires. Mike profita de son départ pour lorgner sans gêne ses collègues. Même s’il n’avait jamais entretenu de réelle amitié avec Adrián ou Maria, il avait déjà eu l’occasion de partager un café ou un entraînement en leur compagnie. Adrián avait le même sens de l’humour et la spontanéité de Maria lui plaisait. Avec eux, pas de faux-semblants, pas de ragots à tout va, pas de compliments hypocrites. Adrián pouvait facilement vexer, avec ses piques bien placées. Quant à Maria, sa franchise avait parfois de quoi déconcerter. Michael les appréciait justement pour ces traits de caractère. Il regrettait qu’il y ait cette tension entre son partenaire et la jeune femme. Des soirées en leur compagnie lui auraient bien fait plaisir.
Michael sourit pour lui-même. Un sourire de velours sur ses lèvres, le sourire de voyou comme disait Ethan. Un sourire de connivence, de malice. Le sourire de tous ses plans. Il était certain de pouvoir les rabibocher.
Il s’en faisait la promesse.



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Dernière modification par louji le ven. 31 déc., 2021 7:11 pm, modifié 1 fois.
danielpages

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par danielpages »

Ouch ! je suis complètement perdu, je ne retrouve plus où j'en étais...
Mais ça va venir !
En attendant Bon Noël et bonne fin d'année à toi chouette écrivaine !
Gros bisous
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

danielpages a écrit : ven. 24 déc., 2021 4:44 pm Ouch ! je suis complètement perdu, je ne retrouve plus où j'en étais...
Mais ça va venir !
En attendant Bon Noël et bonne fin d'année à toi chouette écrivaine !
Gros bisous
Coucou Danou !
Pas de soucis, fais bien comme tu le sens pour la lecture ;)
Bon réveillon, bisous !
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

Joyeux Réveillon à tous !



- Café -



Mercredi 16 octobre 2002, Down-Town, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Penchée sur son rapport de mission depuis deux heures, Maria soupira puis se leva. Elle méritait bien un café. Et une pause. Adrián était en arrêt maladie pour deux semaines après s’être blessé au cours de leur dernière sortie sur le terrain. Depuis, les journées étaient inhabituellement longues. Ne s’étant pas fait spécialement d’amis parmi les jeunes recrues de S.U.I, Maria prenait ses repas seule et remontait le chemin de son appartement sans les plaisanteries de son ami. Le monde était bien silencieux et morne sans Adrián.
Des salles de repos ponctuaient les locaux de S.U.I. S’il n’y en avait pas à tous les étages, elles se trouvaient en nombre suffisant pour qu’il y ait rarement la queue. Son stylo encore en main, Maria s’engouffra dans la première salle commune qu’elle rencontra et se hâta vers la machine à café. Elle choisit le plus corsé de tous – sa mère Italienne lui avait transmis son goût des cafés noirs – avant de lorgner le distributeur de snacks. Sa dose d’exercices physiques hebdomadaires lui permettait des écarts dont elle était loin de se priver. Tandis que le café coulait dans un gobelet en carton, elle commanda une barre chocolatée qui ne tarda pas à craquer sous ses dents. Même si le temps s’était rafraîchi depuis deux jours, le soleil se paraît de ses meilleurs éclats dans le ciel d’un bleu cinglant. Maria se colla à la baie vitrée, gobelet en main et friandise en bouche, pour profiter de la chaleur des vitres.
Des voix troublèrent le silence dans son dos. Deux collègues entrèrent dans la salle de repos. Au moins un homme, jugea Maria à la lourdeur de ses pas. D’un coup d’œil par-dessus son épaule, elle s’avisa que la deuxième personne était aussi de la gent masculine. Sa présence lui tira une moue renfrognée.
— Oh, salut, Maria, lança le plus grand des deux hommes avec un geste de la main.
— Salut, Mike. (Elle tourna la tête vers son partenaire, hocha le menton.) Ethan.
Comme souvent au sein des locaux de S.U.I, les deux jeunes hommes avançaient d’un pas assuré, les mentons hauts et les regards imperturbables. Maria leur enviait leur assurance. Elle aussi aurait aimé arpenter les couloirs comme s’ils lui appartenaient.
Avec un sourire crispé, elle se rappela que c’était en partie vrai pour l’un des deux hommes.
— On te dérange pas, j’espère, ajouta Michael en lorgnant sa collègue.
— Pas du tout. La salle m’appartient pas, hein.
Elle ne put s’empêcher de zieuter vers Ethan. Il capta son coup d’œil, fronça les sourcils.
— J’ai vu qu’Adrián était pas là. Malade ? entama Mike avant que le silence s’installe pour de bon.
— Entorse de la cheville. Entre l’attelle et le renforcement, il en a bien pour deux semaines avant de pouvoir repartir sur le terrain. En attendant, je remplis de la paperasse et j’aide d’autres unités.
— Oh, d’accord ! Tu lui souhaiteras bon rétablissement de ma part.
Maria hocha la tête, retourna à la contemplation de l’horizon citadin. Les immeubles avaient poussé sans obstacles au cœur de Modros. Down-Town étendait ses bras vers les quartiers limitrophes sans que ceux-ci le surpassent en densité de population ou d’immeubles. Pour autant, chacun entretenait ses spécificités : Mona attirait les familles aisées, Seludage leur exact opposé.
Dans son dos, ses collègues s’agitèrent.
— Je file aux toilettes, Ethan.
— Ça marche, à tout.
Maria profita du départ de Michael pour se prendre un nouveau café. Ethan la dévisagea sans gêne, l’air suspicieux.
— Tu m’aimes pas beaucoup, hein ?
— C’est pas tant toi que ce que tu représentes, Ethan.
L’intéressé fronça les sourcils, incapable de comprendre où elle venait en venir. Avant qu’il puisse la relancer, Maria indiqua le distributeur.
— Tu veux un café ? J’ai encore du solde.
Ethan observa tour-à-tour la machine et sa collègue. Les yeux verts le perçaient et le pressaient.
— Va pour un café, marmonna-t-il en fouillant sa poche à la recherche des piécettes qui complèteraient la somme.
Maria s’écarta pour qu’il puisse finaliser sa commande. Elle s’étonna de son odeur de miel, glissa les yeux le long de sa silhouette élancée. Ses manches étaient élimées, l’arrière de son jeans troué aux genoux. Quant à ses sneakers, leur blancheur n’était plus d’actualité. Maria ne jugea pas la négligence de sa tenue – elle-même accordait assez peu d’attention à ses vêtements – mais ajouta cette interrogation à son esprit. Elle s’était imaginé que le fils de la fondatrice se baladerait avec des tenues de qualité. Et, à y regarder de plus près, non seulement l’accoutrement d’Ethan n’était pas de la dernière fraîcheur, mais ses cheveux étaient aussi désordonnés que ses joues mal rasées.
Cette constatation fit sourire Maria dans son coin. Ethan Sybaris, fils de la fondatrice de S.U.I et récent agent de la A.A, avait l’air de sauter du lit en urgence le matin.

Ethan observait la boisson sombre au fond de son gobelet. La nausée lui remonta fugacement la gorge. Il déglutit péniblement pour la chasser, leva les yeux pour s’assurer que Maria n’avait pas remarqué son dégoût passager. Il détestait le café. Son truc, c’était le thé. Pas cette immonde boisson amère qui lui tordait les intestins. Mais, sous le joug du regard inquisiteur de Maria, il avait cédé. Ses cinq pauvres heures de sommeil lui réclamaient aussi un excitant. Il n’aurait jamais dû céder aux supplications de Mike et jouer jusqu’à deux heures du matin. Contrairement à lui, Michael se remettait bien des nuits courtes. Et il aimait le café.
— C’est trop chaud ?
La question de Maria fit frémir le silence et l’estomac d’Ethan. Il se fit pourtant violence pour secouer la tête et tremper les lèvres dans la boisson. Le café fumant lui brûla la langue et l’œsophage. Il toussa, renversa à moitié son gobelet et afficha une grimace consternée.
— C’est dégueulasse.
Hébétée, Maria contemplait les taches de boisson sur le t-shirt de son collègue.
— Je suis d’accord pour dire que c’est beaucoup moins bon que du café fait chez soi, mais de là à se le cracher dessus…
Tandis qu’Ethan secouait son col pour faire sécher le liquide, Mike fit son retour. Il engloba la scène d’un regard, plissa les paupières puis s’approcha.
— Eth’, tu fais quoi ?
Le concerné, qui avait reposé son gobelet de dégoût, tira la grimace.
— J’ai voulu boire un café.
— Mais… tu aimes pas ça.
Ethan cingla son partenaire du regard.
— Je sais.
Mike le dévisagea d’un air stupéfait, interrogea Maria d’un haussement de sourcils.
— OK, je veux pas savoir, capitula-t-il en levant les mains.
Alors qu’il récupérait le gobelet de son partenaire pour éviter le gâchis, Maria s’approcha d’Ethan.
— Pourquoi tu en as pris si t’aimais pas ?
— J’avais besoin de me réveiller. Petite nuit.
Maria hocha la tête, compatissante. Les cernes sous les yeux de son collègue présentaient en effet une teinte sombre caractéristique.
— Je préfère le thé, en fait.
Maria ne put s’empêcher de sourire de surprise. Face à son expression, Ethan se renfrogna.
— Quoi ?
— Rien, je m’attendais pas à ça venant de toi.
Saisissant l’opportunité qui se présentait à lui, Ethan planta un regard sévère dans celui de sa collègue.
— Tu as l’air d’avoir quelques aprioris sur moi.
— Seulement « quelques » ? répliqua Maria avec un sourire en coin. Pour être honnête, je te pensais aussi… plus propre sur toi.
— Je t’ai dit, petite nuit, grommela l’intéressé.
Il était vexé qu’elle ait remarqué la négligence de son apparence.
— Et puis, ajouta-t-il en redressant le menton, t’es pas non plus une figure d’apparence soignée.
Maria porta un regard jaugeur à sa tenue – t-shirt serré, legging de sport – avant de hausser les épaules. Elle préférait les tenues décontractées à celles plus sophistiquées. Ça avait toujours été le cas, bien qu’elle s’essaie de temps en temps à des choses différentes.
— Je sais que tu te rappelles pas de moi quand on était à l’École de S.U.I ensemble, mais mon style était encore pire.
Une lueur dansa brièvement dans les prunelles ambrées d’Ethan.
— Je me rappelle un peu de toi, quand même. Avec Adrián, vous passiez votre temps à jouer aux cartes et à boire des sodas.
— Je démens pas, soupira Maria en levant des mains innocentes. Au moins, les profs m’aimaient bien.
Un rictus étira les lèvres de son collègue.
— C’est un coup bas, ça.
Comme Mike venait de terminer le café abandonné par Ethan, il lui fit signe avant d’indiquer la porte.
— On te laisse, Maria, les super rapports de mission nous attendent.
Calée contre le canapé, l’intéressée les salua d’un hochement de tête.
— Courage, le mien m’attend aussi.
Michael attendit qu’ils soient dans les couloirs pour tapoter son partenaire entre les omoplates.
— C’était quand même pas bien malin cette histoire de café. Tout ça pour pas perdre la face devant Maria ?
Ethan fronça les sourcils avant de répliquer fermement :
— C’était pour essayer de rattraper la soirée que tu m’as forcé à passer devant les jeux vidéo que j’ai bu du café.
— Comme si je pouvais vraiment te forcer à jouer. T’as pas besoin de moi pour ça. Mais, bien joué, je crois que tu as eu ta première véritable discussion avec Maria.
Ethan lui adressa un regard perplexe que Mike ignora. Il ne voyait pas ce qu’il y avait de remarquable là-dedans.
Mais Michael souriait dans sa barbe. Mission réussie.



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TcmA

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

Yéyo~
Eclosion : Bon bon bon, t'as pas menti, c'était pas jojo ;w; Pouah, Caterina était pas tendre dans le T1, mais la nouvelle la montre pas sous un meilleur jour. Jim a de sacrées grand-mères.
Ahlala, Edward... Il me fait mal au cœur. Alexia l'a clairement manipulé (l'emprise qu'elle a sur lui est déprimante ptn). Ca me dégoûte. Je pensais pas qu'elle pouvait me dégoûter plus que je ne l'étais déjà, mais HELLO. Elle est pourrie jusqu'à la moelle, bordel. Le culot qu'elle a de se pointer comme une fleur. Son "J'aurais aimé ne garder que toi. Tu suffisais" je. Y a les gyrophares qui se sont déclenchés dans ma tête en hurlant "NUMBER ONE BULLSHIT GURL". Yerk.

Bière : Miiiiikee, quel petit entremetteur, il me fait planer :lol: En tout cas, on ne peut pas dire que Maria n'y va pas franco :v C'est pas au goût de tout le monde, mais au moins elle a le mérite d'être franche. Et Eth est perdu pour la science, jpp.

Café : j'ai bien rigolé, entre Ethan qui fait son dur et qui capte même pas pourquoi il fait les choses, Mike qui le grille à 2 km et le petit rapprochement avec Maria.

C'est toujours autant super !
La bise~
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit : dim. 09 janv., 2022 6:21 pm Yéyo~
Eclosion : Bon bon bon, t'as pas menti, c'était pas jojo ;w; Pouah, Caterina était pas tendre dans le T1, mais la nouvelle la montre pas sous un meilleur jour. Jim a de sacrées grand-mères.
Ahlala, Edward... Il me fait mal au cœur. Alexia l'a clairement manipulé (l'emprise qu'elle a sur lui est déprimante ptn). Ca me dégoûte. Je pensais pas qu'elle pouvait me dégoûter plus que je ne l'étais déjà, mais HELLO. Elle est pourrie jusqu'à la moelle, bordel. Le culot qu'elle a de se pointer comme une fleur. Son "J'aurais aimé ne garder que toi. Tu suffisais" je. Y a les gyrophares qui se sont déclenchés dans ma tête en hurlant "NUMBER ONE BULLSHIT GURL". Yerk.

Bière : Miiiiikee, quel petit entremetteur, il me fait planer :lol: En tout cas, on ne peut pas dire que Maria n'y va pas franco :v C'est pas au goût de tout le monde, mais au moins elle a le mérite d'être franche. Et Eth est perdu pour la science, jpp.

Café : j'ai bien rigolé, entre Ethan qui fait son dur et qui capte même pas pourquoi il fait les choses, Mike qui le grille à 2 km et le petit rapprochement avec Maria.

C'est toujours autant super !
La bise~
Hola !!

Mdr oui niveau grand-mères il est franchement pas servi :roll: (à vrai dire niveau grands-parents y'a qu'Ellis qui tient à peu près la route).
Edwou bébou :""c C'était pas hyper fun à écrire, même si ça m'a permis de "compléter" quelque part le cercle vicieux dans lequel ce personnage s'est enfoncé au cours des années. Mais ouais c'est un chacal cette femme. Vraiment la relation intéressée et conditionnelle dans toute sa splendeur

Oui Mike ce filou là :"D Toujours une idée en tête. Maria a pas trop de filtres sociaux (on se demande de qui Jim tient), mais j'aime bien la dynamique toute pétée que ça crée avec Mike et Ethan du coup

Merci encore pour ta lecture et ton com ♥
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

Hello, je sais même pas si je l'ai dit ici, mais le recueil est terminé depuis décembre de mon côté ! Et le tome 2 tranquillement en cours ^^



- Chocolat chaud -



Vendredi 20 décembre 2002, Down-Town, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Les bureaux de S.U.I comprenaient diverses salles de réunion et, parmi celles-ci, une pièce assez spacieuse pour accueillir le banquet de fin d’année. Sur inscription, l’ensemble du personnel de S.U.I, des secrétaires administratifs aux agents de la A.A, pouvait prendre part à la soirée. Buffets sucrés et salés, jus de fruits frais, cocktails et alcools doux envahissaient les tables habituellement destinées aux rapports et dossiers. Les enceintes qui permettaient d’amplifier les voix lors des discours diffusaient un fond sonore suffisamment bas pour laisser place aux discussions. Si la pièce était tristement formelle avec son mobilier de plastique transformé et ses plafonniers blafards, les bénévoles en charge de l’organisation avaient réussi à l’égayer. Banderoles aux couleurs de l’entreprise, logo imprimé sur des tote-bags distribués à l’entrée et affiches rétro de Noël habillaient les lieux.
Maria se détourna d’une banderole parée d’un papillon sphinx à tête de mort – le charmant logo de la A.A qui accompagnait celui plus sobre de S.U.I – pour marmonner :
— Je m’ennuie déjà.
Adrián lui asséna un coup de coude inoffensif en indiquant le centre de la salle où quelques collègues courageux – ou suffisamment alcoolisés – avaient entamé un slow.
— Je peux t’inviter à danser, si tu le souhaites, Mlle Amati.
L’intéressée leva les yeux au plafond, termina son gobelet de jus de pomme d’une traite.
— Si ma mère t’entendait m’appeler comme ça, elle serait folle.
— Que tu portes son nom ?
— Que je m’intègre pas assez. (Devant l’air dubitatif de son partenaire, elle haussa les épaules.) Oui, pour elle, prendre le nom anglophone de mon père parti depuis des lustres est plus malin que d’afficher ouvertement mes origines.
Elle ricana en se servant un nouveau verre de jus de fruits.
— Et tu parles d’origines. L’Italie. C’est pas nous que les États-Unis détestent.
À côté d’elle, Adrián lorgnait toujours les danseurs au milieu de la piste.
— Va te chercher un partenaire, lui souffla Maria avec un sourire entendu. Tu sais que je suis pas douée pour ça, mais y’a sûrement un gars à peu près doué avec ses pieds dans le coin ?
— Un gars qui accepterait de danser avec un autre gars ?
La réplique douce-amère chassa le sourire sur les lèvres de Maria. Dépitée, elle dévisagea les couples sur la piste de danse puis remarqua deux hommes à la périphérie.
— Eh, ces deux-là, regarde. Peut-être qu’ils accepteraient de… oh.
Les deux hommes venaient de se séparer et riaient aux éclats.
— Je savais pas que Mike et Ethan venaient ce soir.
— Moi non plus. Ça m’étonne d’eux, d’ailleurs, ils ont pas trop l’air de courir ce genre de fêtes.
Avant que Maria puisse répondre, Adrián s’avança et leur fit signe. À moitié essoufflés par la danse absurde et idiote qu’ils avaient menée à côté des slows pudiques, les deux partenaires se plantèrent face à leurs cadets en riant.
— Je suis étonné de vous voir là, lança Michael au milieu de deux respirations hachées.
— La surprise est partagée. (Adrián passa un bras autour des épaules de Maria.) On voulait être corporate, ce soir.
Ethan avisa la chemise colorée à motifs de papillons qu’arborait son collègue et pouffa.
— Ça, c’est corporate.
Maria profita de l’ambiance décontractée pour glisser :
— Y’a pas un volontaire pour accompagner Adrián sur la piste ? Moi, je suis vraiment pas douée, mais je vous ai vus danser et…
— Mais viens avec moi ! la coupa Michael avec enthousiasme.
Avant qu’Adrián puisse répliquer – ou fusiller son amie du regard – Mike l’agrippa par le bras pour l’entraîner avec lui. La musique avait changé pour laisser place à une horrible chanson de Noël. Mike fut tout de même assez inspiré pour entraîner Adrián dans une chorégraphie de trois ou quatre mouvements.
— Quel énergumène, on en fait pas deux comme lui.
— C’est sûr, sourit Ethan avant de se tourner vers sa collègue. Ton partenaire est pas mal aussi, dans son genre.
— C’est surtout qu’il a goût vestimentaire hyper douteux.
Ethan n’étant pas en mesure de la contredire, il se tourna vers les buffets. Guère inspiré par les jus de fruits ou les sodas, il s’approcha d’un distributeur de boisson chaude. Après avoir enclenché toutes les cases proposant du thé ou de l’infusion, il dut accepter que d’autres amateurs étaient passés en nombre avant lui.
— Tu as plus de monnaie ?
Ethan se tourna vers Maria, qui venait de le rejoindre près de la machine.
— Non, non, c’est juste qu’il y a plus de thé. Tant pis, je vais prendre un chocolat chaud.
Avec une petite exclamation, Maria fouilla dans la sacoche qu’elle portait en bandoulière pour en extirper un porte-monnaie.
— Tu peux m’en prendre un aussi, s’il te plaît ?
Avec un hochement de tête, Ethan récupéra les pièces qu’elle lui tendait. Une fois leurs gobelets respectifs en main, Maria se pencha vers son collègue.
— Je te laisse ici, je vais prendre un peu l’air.

Maria soupira de soulagement lorsque la porte étouffa soudainement sons et lumières. Adrián l’avait traînée à cette soirée, car il n’aimait pas la voir maronner trop souvent à l’appartement, mais ce n’était définitivement pas sa passion. Trop de bruits, trop de gens. Des sourires polis à tout va, des conversations sur la météo à chaque buffet. Peu de choses la mettaient aussi peu à l’aise.
La jeune femme remonta le couloir en soufflant sur son chocolat encore brûlant. Elle avait opté pour un pantalon habillé plutôt qu’une robe et ne regrettait pas. Ses jambes étaient bien au chaud lorsqu’elle poussa l’un des battants qui donnaient sur les balcons. Les lumières de Down-Town étaient trop vives pour apercevoir les étoiles et formaient un halo opaque sous les nuages épars qui traversaient le ciel d’encre. Elle aurait aimé se retrouver sur une montagne isolée pour pouvoir les admirer.
La porte grinça derrière elle. Le nez plongé dans son gobelet, elle suivit des yeux la silhouette avant d’afficher une moue compatissante.
— Trop, trop, trop, hein ?
— Oui, soupira Ethan sans quitter son chocolat des yeux. C’est la première fois qu’on vient, avec Mike. Il m’a… convaincu. Mais je regrette.
Maria ne sut quoi dire face à la rancœur qui avait jailli entre ses dents comme une mauvaise boisson acre. Elle ne l’avait jamais vu avec cette expression. Frustrée, colérique, dépitée.
— Tous ces gens, reprit-il sans remarquer la moue perplexe de sa collègue, qui me traitent avec cette espèce de… déférence. Tout ça parce que…
— Ta mère ?
— Alexia.
La dureté du prénom entre ses dents soutira un mouvement de recul à Maria.
— Dis donc, ça a pas l’air d’être l’amour fou.
Sa tentative maladroite d’alléger la tension se solda par un regard noir de la part de son collègue. Maria posa son gobelet sur la rambarde pour lever des mains innocentes.
— Désolée.
— Non, c’est moi. Tu pouvais pas savoir.
— Trop de pression maternelle ?
— Aucune pression directe venant d’elle, en fait. (Ethan termina sa boisson d’une traite avant d’écraser le verre en carton dans sa paume.) De la part de tout le reste de S.U.I, par contre ? un enfer.
Maria récupéra son gobelet pour réchauffer ses doigts gourds. La lassitude épaisse qui recouvrait les épaules de son collègue d’un manteau invisible lui nouait l’estomac.
— J’ai pas été cool avec toi, Ethan, ces derniers mois. Je sais que je t’ai balancé des remarques désobligeantes. Je suis désolée.
— On se connaît pas, je comprends que tu te sois arrêtée à ce que je… suis pour les autres. Moi non plus, je te connais pas. J’ai pas été tendre non plus. Je t’ai même pas reconnue cet été, au bar. Ça me fait pourtant plaisir de pouvoir discuter de temps en temps avec toi.
— Plaisir partagé.
Maria patienta une longue minute avant de s’enquérir :
— Un jour, je t’ai dit que j’avais du mal avec ce que tu représentais. Mais je sais que tu le représentes pas. Alors pourquoi tu suis pas le même chemin que les autres personnes dans ton cas ?
— Pour être honnête, Maria, je comprends rien à ce que tu racontes. Qui je suis censé représenter, en fait ?
— Oh. (Elle se pressa le visage dans les mains avant d’enchaîner sans accrocs : ) Tu le sais mieux que moi, mais S.U.I dépend encore beaucoup du pistonnage. C’est normal, quand on y réfléchit, puisque la Ghost a fourni beaucoup d’agents au début et que pas mal de choses se sont mises en place par le bouche-à-oreille. Pour notre génération, ce système commence à changer et on est de plus en plus recrutés pour nos compétences et motivations, mais…
Maria tapota la rambarde en se redressant.
— Toi et moi sommes des cas vivants, nos mères respectives travaillent ou ont travaillé ici. On peut pas nier le fait que ça a sûrement influencé notre recrutement. Et… autant je sais pour ma part que j’ai jamais abusé de ça, du fait que ma mère bosse ici. Mais je sais que d’autres se gênent pas pour rappeler combien leur famille ou leurs amis ont apporté à la société. Je te croyais de ce groupe-là. Le fier fils de la fondatrice.
Ethan comprenait mieux. C’était la raison pour laquelle Maria s’était méfiée de lui dès le début et n’avait pas hésité à lui lancer quelques piques de provocation. Pourtant, elle se trompait. Lourdement.
— Je vais pas te dire que les torts sont à cent-pour-cent de ton côté. Tu m’as jugé trop vite, c’est vrai. Mais Mike m’a aussi fait comprendre que, de l’extérieur, notre promotion à la A.A en si peu d’années avait de quoi faire douter. Indirectement, c’est possible que mon nom ait joué en notre faveur. Mais, dans ce cas, ça a été fait contre mon gré et sans me prévenir. (Il observa le gobelet écrasé entre ses doigts et ajouta plus fermement : ) Mike et moi bossons comme des dingues depuis notre arrivée. Notre promotion est méritée.
— Méritée, répéta Maria avec un sourire mi-figue mi-raisin.
— Avec l’aide probable de la bonne appréciation que l’administration a de moi, finit par reconnaître Ethan après quelques secondes. Mais je te promets qu’on bosse beaucoup. Pas trop le choix, de toute façon. Faut bien payer le loyer et la bouffe.
Étonnée, elle termina son chocolat chaud avant de demander :
— L’héritier de la fondatrice a des soucis d’argent ?
Un muscle de crispa dans la joue d’Ethan. Il bascula les yeux vers Maria, sourit.
— Je vais être honnête, car je crois que je peux l’être avec toi. Ma mère est une salope, Maria. Elle a de mère que le nom. Elle m’a mis au monde et le reste a été… que de la merde. Quand j’ai été diplômé, je me suis littéralement retrouvé à la rue. Pas un rond, pas une nouvelle de cette femme.
Trop hébétée pour réagir autrement qu’avec des paupières écarquillées, Maria resta silencieuse.
— Mike était autant dans la merde que moi à la sortie de l’École. Père inconnu et mère décédée d’un cancer alors qu’on était en dernière année. Un héritage minable. Heureusement que mon père a proposé de payer notre premier loyer, le temps qu’on reçoive nos payes.
De longues secondes égrenèrent leurs respirations avant que Maria lâche dans un souffle crispé :
— Ben merde.
— Tu l’as dit.
Maria observa son collègue à la dérobée. Posa une main compatissante sur son bras. Ethan garda le regard braqué sur l’horizon, mais il la remercia d’un pâle sourire.
— Bon, on ferait mieux d’aller retrouver les deux pitres.
Ethan s’était redressé, le visage de nouveau détendu. Maria retira sa main avec hâte, hocha la tête.
— Encore désolée.
— Désolé aussi, marmonna Ethan en tirant le battant. Pour pas t’avoir reconnue alors qu’on est collègues.
— Je sais que j’ai beaucoup changé depuis l’École. Alors je t’en veux pas complètement.
— Pas complètement ? répéta Ethan en lui tenant la porte. Trop d’honneur.
Maria ne releva pas et le précéda dans les couloirs. Il finit par lancer d’un ton léger :
— J’espère que notre relation en restera pas à qui dit le plus de fois « désolé ».
Ethan fronça les sourcils après coup, incertain sur la portée réelle de sa phrase, mais Maria s’était déjà engouffrée dans la salle de fête provisoire. Avait-elle au moins entendu ?
Un morceau de rock énergique le tira de ses pensées. En se rapprochant de quelques mètres, il finit par repérer Mike et Adrián en milieu de salle. Ils dansaient comme des beaux diables, mouvements improbables et fous-rires mélangés.
Ethan remplaça les nuages gris qui avaient envahi son esprit suite à sa discussion avec Maria par les rayons de fierté que lui procurait Mike. Sa prestation extravagante et peu discrète en compagnie d’Adrián avait attiré plus d’un regard – minoritairement approbateur. Et, pourtant, il virevoltait au milieu de leurs collègues sans se soucier des murmures. Ethan lui enviait cette indifférence tranquille et assurée.
Il avait eu beau affirmer à Maria que sa filiation avec Alexia n’avait pas de poids conséquent sur sa carrière, il se savait doté d’œillères. Il souffrait chaque jour de sa filiation avec la fondatrice. Haïssait les héritages physiques qu’elle lui avait laissés, les héritages professionnels qu’il refusait au sein de S.U.I. Ethan détournait les yeux des miroirs lorsque son corps y passait furtivement. Fuyait les vestiaires ou les douches communes. Les blessures récentes, les plaies fraîches n’effrayaient pas son cœur. Mais les petites taches blanches et les plis de peaux qui constellaient son corps enveloppaient son esprit d’éclairs et de lumière assourdissante.
Oh oui, Alexia Sybaris lui avait laissé un héritage. Sa haine, inscrite dans la chair de son fils, le poursuivait jusqu’au travail. On lui serrait la main, on lui souriait, on le félicitait pour l’importance croissante des Sybaris au sein du réseau de la Ghost Society. Un fardeau quotidien, puisque sa mère l’avait déshérité depuis bien des années.
Elle ne lui avait rien laissé. Juste la haine.



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Dernière modification par louji le ven. 28 janv., 2022 9:52 pm, modifié 1 fois.
TcmA

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

Heyooo !

Ca me fait plaisir de lire que le T2 avance ! Tu as réussi à trouver quelque chose qui te va mieux ? ;)

Aish, cette nouvelle ;w;
Mon p'tit Eth, tu morfles... Ca me fait vraiment mal au cœur qu'il n'arrive pas à se regarder dans le miroir et qu'il soit dégoûté par son corps. Pouah... Même sans l'avoir sur le dos, il reste sous l'emprise d'Alexia. C'est vraiment un démon cette femme.
Jusqu'ici, j'ai l'impression qu'on s'est beaucoup focus sur Ed (et à juste titre, c'est important de le comprendre), ce qui n'était pas pour me déplaire ! Est-ce que dans cette partie du recueil, on passe plus du côté d'Eth ?
Encore une fois, on retrouve Jim dans Eth et Maria, c'est génial !
J'aime Mike si fort, ohlala 'le paragraphe de fin, quel bonheur!). Est-ce que j'ai raison de voir quelque chose entre Mike et Adrián ?? c:

Quand je lis ce que tu écris, les descriptions me font l'effet d'un nuage bien fluffy dans lequel je m'enfonce, c'est tellement doux et bien apporté, j'adore !

La bise~
danielpages

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par danielpages »

Toujours aussi agréable à lire.
Un bon chocolat chaud bien crémeux par ces temps de gel et de givre. Ouais je dis ça, parce que j'avais juste cette idée et que je vais m'en faire un.
Je viens de marcher une heure, ça craque sous les pieds, et à une certaine hauteur sur les pentes, les arbres sont tous givrés... Après une bonne semaine au soleil au bord de la mer et 10° de plus, ça fait bizarre !
Je sais pas pourquoi je me suis mis à lire sur BN, mais je suis content de te retrouver.

Une question que je me pose subitement : le jour où tu en fais un vrai livre, tu vas intégrer ces textes au roman ?
(tu remarqueras que je n'ai pas dit "si un jour tu en fais un vrai livre..." :lol: )

J'espère que tu vas bien. Bonne année avec plein de nouveaux chapitres... Gros bisoux !
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit : mer. 26 janv., 2022 10:23 pm Heyooo !

Ca me fait plaisir de lire que le T2 avance ! Tu as réussi à trouver quelque chose qui te va mieux ? ;)

Aish, cette nouvelle ;w;
Mon p'tit Eth, tu morfles... Ca me fait vraiment mal au cœur qu'il n'arrive pas à se regarder dans le miroir et qu'il soit dégoûté par son corps. Pouah... Même sans l'avoir sur le dos, il reste sous l'emprise d'Alexia. C'est vraiment un démon cette femme.
Jusqu'ici, j'ai l'impression qu'on s'est beaucoup focus sur Ed (et à juste titre, c'est important de le comprendre), ce qui n'était pas pour me déplaire ! Est-ce que dans cette partie du recueil, on passe plus du côté d'Eth ?
Encore une fois, on retrouve Jim dans Eth et Maria, c'est génial !
J'aime Mike si fort, ohlala 'le paragraphe de fin, quel bonheur!). Est-ce que j'ai raison de voir quelque chose entre Mike et Adrián ?? c:

Quand je lis ce que tu écris, les descriptions me font l'effet d'un nuage bien fluffy dans lequel je m'enfonce, c'est tellement doux et bien apporté, j'adore !

La bise~
Heyo !

Je sais pas encore pour le T2, on verra bien le moment venu comment je me débrouille mdr

Ethan a clairement une image brisée de lui-même, sous différents angles. Et même sa mère loin de lui, elle continue de lui faire du mal x)
Effectivement dans la partie précédente y'avait un focus sur Ed car on va beaucoup moins le voir maintenant. Cette partie c'est surtout Ethan et Maria en fait ^^
Eh oui Mike la caution bonne humeur :D Sinon tu verras pour Mike et Adrián !

Moh merci beaucoup ♥

Bisous !



danielpages a écrit : ven. 28 janv., 2022 4:22 pm Toujours aussi agréable à lire.
Un bon chocolat chaud bien crémeux par ces temps de gel et de givre. Ouais je dis ça, parce que j'avais juste cette idée et que je vais m'en faire un.
Je viens de marcher une heure, ça craque sous les pieds, et à une certaine hauteur sur les pentes, les arbres sont tous givrés... Après une bonne semaine au soleil au bord de la mer et 10° de plus, ça fait bizarre !
Je sais pas pourquoi je me suis mis à lire sur BN, mais je suis content de te retrouver.

Une question que je me pose subitement : le jour où tu en fais un vrai livre, tu vas intégrer ces textes au roman ?
(tu remarqueras que je n'ai pas dit "si un jour tu en fais un vrai livre..." :lol: )

J'espère que tu vas bien. Bonne année avec plein de nouveaux chapitres... Gros bisoux !
Coucou Danou !

Merci beaucoup pour ton commentaire, il me fait bien plaisir !
Bah pareil chez moi, il fait trop froid pour neiger... Donc du givre toute la journée mais pas de neige.

Tu parles des nouvelles ? ;) Si oui, je pense les imprimer en bouquin comme je l'ai fait pour le T1 =)

J'espère qu'il y aura d'autres chapitres, oui !

Bisouz !
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

Pas grand-chose à dire par ici, mais j'espère que vous allez bien !



- Thé -



Lundi 30 décembre 2002, Down-Town, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Face au désordre qui lui restait encore à ranger dans l’appartement, Maria se passa une main sur le visage. Adrián chantait sous la douche, insouciant et guilleret. C’est lui qui avait organisé cette soirée au dernier moment. Sans réellement se soucier de l’état des lieux. Et Maria commençait à paniquer à la vue de son salon. Vêtements abandonnés, romans à l’eau de rose à moitié entamés, bols de chips depuis longtemps vidés traînaient sur le canapé et la table basse.
— Adrián, bouge ! cria-t-elle depuis le salon-cuisine, les mains sur les hanches.
Incapable de rester les bras croisés, elle s’empara d’un sac poubelle et entreprit de jeter emballages, mouchoirs, déchets et miettes. Elle sortait d’un déjeuner avec sa mère quand Adrián lui avait appris par SMS qu’il invitait Mike et Ethan pour la soirée. Il restait à peine deux heures avant leur arrivée.
— Je sors bientôt, l’informa son colocataire depuis la salle de bains.
Maria se contenta de grogner, accroupie près de la table avec un chiffon. Elle aussi rêvait d’une bonne douche chaude.
Le salon était de nouveau fréquentable quand Adrián daigna faire son apparition. À la vue de sa chemise ouverte jusqu’au milieu de la poitrine et son jeans slim, Maria pouffa.
— Quelle dégaine.
Bien décidé à prétendre qu’elle le complimentait, Adrián tourna sur lui-même en agitant ses boucles savamment coiffées. Son parfum musqué avait flotté jusqu’au salon, où Maria plissa le nez.
— Bon, je file sous la douche. Tu as dit que tu te chargeais du repas, hein ?
— Oui, ma douce.
Maria roula des yeux en passant à côté de lui. Adrián n’avait pas trouvé meilleur surnom pour sa fidèle amie. Il aimait lui rappeler combien il trouvait son comportement trop franc et ses manières trop directes.
— Tu pourras nous faire ton super gâteau au chocolat ?
— Ça va pas suffire, tout ce que tu vas préparer ?
Adrián ôta ses lunettes pour lui adresser son plus beau regard de biche.
— Bon, OK.
Avant qu’Adrián puisse lui quémander autre chose, elle claqua la porte de la salle de bains.

Adrián jeta un coup d’œil au miroir, fit des grimaces jusqu’à se sentir à l’aise puis recula pour englober son reflet. L’École de S.U.I puis son travail d’agent avaient sculpté son corps autrefois maigrichon. Sa silhouette conservait une minceur longiligne, mais il avait appris à la mettre en valeur avec des vêtements près du corps. Il se trouvait même charmant, ce soir. Ses boucles brunes s’étaient joliment formées et les bracelets dorés attiraient l’attention sur ses mains de pianiste.
Il remonta ses manches de chemise sans tarder. La préparation des tacos et des enchiladas lui prendrait du temps. Maria l’avait précédé en préparant les légumes et la viande, mais le plus gros l’attendait. Bien qu’il ait quitté son Mexique natal dès ses douze ans, il n’avait pas oublié la cuisine de son enfance. Sa mère l’avait rapidement choisi comme assistant de cuisine parmi ses frères et sœurs et le garçon avait grandi au milieu des pâtes à travailler, des épices à sélectionner et des ingrédients à assembler.
Plongé dans ses travaux culinaires, il ne remarqua Maria que lorsqu’elle entreprit de sortir bols, couverts et assiettes. Adrián la toisa de la tête aux pieds avant de soupirer :
— Maria, tu veux pas faire un petit effort vestimentaire pour une fois ?
La remarque la fit évidemment tiquer. Avec un rictus, elle se retourna vers son ami et contempla son jeans noir et son pull rouge.
— Un problème ?
— Pourquoi tu mettrais pas la robe noire que tu as achetée l’autre jour ? Elle est longue en plus, t’auras pas trop froid.
Perplexe, Maria sortit quatre verres en grommelant :
— Adrián, c’est une foutue soirée entre potes. Pas un dîner de Noël.
— Oh, Maria. C’est plus que ça.
— Comment ça ?
Adrián repéra la crainte légère derrière son regard dubitatif.
— Ma douce, tu as pas compris ? Je l’ai pas joué innocent en invitant Mike et Ethan. Disons que la soirée est une sorte de… double date ?
Sa colocataire le dévisagea en silence. Adrián haussa des épaules amusées.
— Maria, sérieusement ? Je ferais pas tout ça non plus si c’était juste une soirée à faire des jeux de carte débiles et à boire de l’alcool dégueulasse.
Son amie vira à l’écarlate.
— Mais Adrián ? T’es malade ? Je comprends pas, on parle bien de Michael Lohan et d’Ethan Sybaris, là ?
Adrián s’esclaffa en guise de réponse.
— Mais… tu… Adrián, je comprends vraiment pas.
— Oh, je vois bien, soupira-t-il avec un sourire penaud.
Il lâcha son couteau de cuisine pour s’approcher de son amie.
— Écoute, il y a clairement de bonnes ondes entre nous quatre.
— D’accord, mais y’a une différence entre rigoler ensemble à une soirée et…
Elle mima un geste vague qui pouvait tout et rien dire. Adrián décida de s’approprier l’une des possibles définitions.
— Maria, pour être honnête, j’ai bien l’intention de mettre Mike dans mon lit.
Maria resta pétrifiée un instant, étira les lèvres en sourire incrédule puis secoua la tête.
— OK, j’étais pas prête pour ça. (Alors qu’Adrián éclatait de rire, elle enchaîna : ) Attends, donc l’idée c’est qu’Ethan et moi on vous tienne la chandelle ? Tu aurais dû l’inviter à une soirée ciné ou je sais pas qu…
— Maria, j’ai dit un double date.
Le rouge disparut de ses joues pour y laisser un fard blanc.
— Ah non. Non, non, non.
— Ethan t’a jamais vue autrement qu’avec un jeans ou un t-shirt. Quand t’as essayé ta robe l’autre jour, je t’ai entendu dire pour la première fois que tu te trouvais jolie. Alors mets-la pour…
— Adrián, c’est quoi ce mauvais plan ?
L’intéressé se cala contre la table de la cuisine, bras croisés.
— Je crois qu’il y a un bon feeling entre lui et toi.
— Sérieusement ? Ça fait dix jours qu’on se parle normalement sans se regarder de travers.
— Oui et ça fait dix jours que vous vous dévorez mutuellement des yeux, rétorqua son ami avec son impitoyable sourire rayonnant.
Maria fronça les sourcils, garda la bouche close. Elle ne pouvait pas nier qu’elle s’était plus rapprochée d’Ethan au cours des dix derniers jours que lors des huit dernières années. Ce qu’il lui avait expliqué le soir de la fête d’entreprise, à propos de sa mère et de son héritage invisible, avait jeté un pont entre eux. Pour autant, ils n’avaient jamais flirté.
— Je sais même pas si je suis attirée, Adrián. Et tu sais pas pour Ethan non plus.
— Quand l’un est aveugle, l’autre est parfaitement clairvoyant, se contenta de souffler Adrián d’un air énigmatique.
Avec un clin d’œil, il retourna à la préparation de ses plats mexicains.

Plantée devant sa commode, Maria se froissait les méninges. Adrián avait jeté doutes, honte, espoir et peur en elle. Était-elle réellement aveugle comme il le prétendait ? Avait-elle laissé penser à Ethan qu’il l’intéressait ? Bon sang, comment aurait-elle pu faire une chose pareille alors qu’elle le considérait comme un collègue plutôt sympa ?
Les doigts sur le tissu doux de sa fameuse robe noire, elle plissa les yeux. Elle ne pouvait pas nier le charme qu’elle lui trouvait. Il était beau garçon et ses camarades de l’École comme leurs collègues en avaient souvent parlé. Pour autant, c’était un gouffre entier qui séparait l’appréciation commune du physique d’un presque inconnu et la possibilité d’une relation.
La jeune femme siffla entre ses dents, déplia sa robe. Si, comme Adrián le prévoyait, Mike et lui se draguaient toute la soirée, elle ne comptait pas faire office de plante verte. Soit elle quittait l’appartement ce soir pour laisser son colocataire s’amuser, soit elle jouait le jeu du double date. Ayant déjà passé une heure à faire le ménage et la cuisine, Maria escomptait bien profiter de la soirée.
Elle se tortilla pour retirer jeans et pull. La dernière fois qu’elle avait enfilé la robe, c’était dans la cabine d’essayage du magasin. Les lumières tamisées de la chambre rendaient le vêtement encore plus joli. Maria tourna sur elle-même, lissa les quelques plis au niveau de ses hanches puis pinça les lèvres. La coupe était classique et la couleur sans prise de risque, mais elle s’y sentait à l’aise. Et c’était le principal.

Les deux colocataires venaient de disposer les plateaux de chips et de tacos quand la sonnette retentit. Adrián s’élança comme une fusée pour ouvrir avant de serrer Mike dans ses bras. Surpris, l’intéressé s’esclaffa puis tapota généreusement le dos de son hôte.
— Ça fait plaisir de te revoir, lança-t-il avant de tendre un paquet au jeune homme. Petit cadeau pour vous remercier de l’invitation.
Des chocolats de Noël. Adrián ne tarda pas à les exhiber sous le nez de Maria, qui échangea un check enthousiaste avec Michael.
— T’es le meilleur !
Une fois l’entrée libérée de la carrure imposante de Mike, Ethan put refermer derrière lui. Il adressa un sourire penaud à ses hôtes. Il n’avait su que sur le chemin la nature de la soirée. De peur qu’il refuse de venir, Michael l’avait prévenu au dernier moment. Comme il avait vu son ami en chemise, Ethan l’avait imité. Pour autant, c’était une chemise décontractée et il portait un simple jeans – même si celui-ci n’était pas troué.
— Désolé pour la tenue, souffla-t-il à Maria alors qu’Adrián et son compère s’installaient au salon. Mike m’a prévenu en chemin.
Son interlocutrice secoua la tête, agacée.
— Adrián m’a fait le coup aussi. Désolée.
Conscient qu’ils remettaient les excuses sur la table, ils échangèrent un regard complice.
— Je croyais qu’on devait arrêter.
— On va essayer, la rassura Ethan avant de hausser les épaules. Toi, au moins, tu as enfilé de beaux vêtements.
Maria le remercia d’un sourire avant de l’inviter à prendre place. Elle espérait que le peu de maquillage qu’elle portait masquait sa gêne. Elle n’avait jamais eu de copain. N’avait jamais cherché à en avoir. Sa vie de célibataire ne l’avait jusqu’ici jamais dérangée outre mesure.
Alors qu’Ethan se glissait sur le canapé à côté de Michael, un éclair de doute la traversa. Et si Ethan était venu par pure formalité ? Après tout, il avait peut-être déjà quelqu’un dans sa vie. Elle savait qu’il n’était plus avec Grace, sa petite-amie de l’École, car leur séparation avait fait le tour des discussions en terminale. Pour autant, il s’était écoulé plusieurs années depuis. Largement le temps de s’installer dans une nouvelle relation.
— Maria, ça va ?
Ethan lui tendait le bol de chips. Elle se ressaisit sans tarder, refusa la nourriture avec un sourire poli. Les portes de curiosité et d’intérêt qu’avait ouvert Adrián avec cette soirée s’étaient refermées. Pour qui se prenait-elle ? Dix jours qu’Ethan et elle se comportaient ensemble de façon civilisée. Ils ne savaient décidément rien l’un de l’autre.
En lançant une discussion à propos des meilleures épices, Adrián et Mike accaparèrent l’attention d’Ethan. Maria découvrit avec surprise qu’il s’y connaissait plutôt bien. Apparemment, après son emménagement avec Michael, il avait entrepris d’être le cuisinier de la colocation. Maria les écouta encore un moment puis se leva. Malheureusement, la cuisine et elle faisaient deux. Les seuls plats qu’elle réussissait jusqu’au bout sans les faire brûler, c’était son fameux gâteau au chocolat et les spaghettis. Guère intéressée par la discussion des trois hommes, elle s’éloigna vers la cuisine. Après s’être versé un verre de rhum, elle y trempa les lèvres et en savoura le parfum de vanille. Elle ne buvait pas beaucoup – car elle tenait très mal l’alcool – mais un verre de rhum en soirée lui déplaisait rarement.
Son verre était presque terminé quand Ethan la rejoignit dans la cuisine.
— Désolé, je me suis laissé emporter par cette histoire d’épices. Je voulais pas que tu te sentes mise de côté.
— Non, c’est moi. J’avais juste besoin de m’isoler un moment.
Il n’y avait que la lumière de la hotte et celle éloignée du salon pour éclairer la pièce. Calée contre un plan de travail, Maria observait l’immeuble en face. Si elle avait craint plus tôt d’être maladroite dans une possible tentative de drague, elle n’y pensait même plus. Ce n’était pas le sujet de la soirée. Les doutes et la honte au creux de ses méninges avaient remplacé le reste. Maria n’était qu’une idiote. D’ailleurs, sa mère le lui avait encore rappelé à midi.
— Tu bois quoi ?
— Du rhum. (Elle fit glisser la bouteille vers son invité.) Sers-toi, je t’en prie.
Après avoir ôté le bouchon et humé l’arôme, Ethan se remplit un verre. La vanille les enveloppa tous deux, séparés par l’évier et une soirée mal organisée.
— Je me suis rendu compte que je sais rien de toi, Maria.
Le ton sérieux de sa voix tira Maria de sa contemplation. La lumière faible ne l’aidait pas à devenir l’expression de son visage. La dernière fois qu’elle l’avait vu aussi grave, c’était lors de la soirée d’entreprise. Ce n’était pas spécialement un bon souvenir ; Ethan lui avait semblé cassé ce jour-là.
— Pareil pour moi. Tu as corrigé les idées que j’avais de toi, expliqua Maria en reposant son verre, mais je sais pas qui tu es vraiment.
Ethan lui adressa un sourire dépité en agitant le rhum entre ses doigts.
— Mike et Adrián ont pas assuré sur ce coup.
— Au moins, ça a l’air de bien se passer pour eux.
Maria s’était tournée vers le salon, où leurs deux amis étaient penchés l’un vers l’autre. Ils parlaient à voix basse, mais leurs sourires n’étaient pas des secrets.
— Je savais pas, pour Mike.
— Savais quoi ? s’étonna Ethan en avalant une gorgée d’alcool.
— Qu’il aimait les hommes.
Ethan sourit, pencha son verre dans la direction de Michael.
— Il est aussi sorti avec des femmes. Je le soupçonnais depuis un moment d’être aussi attiré par les hommes, mais Adrián est le premier à le mettre suffisamment en confiance pour qu’il puisse y penser vraiment.
— C’est son super-pouvoir, acquiesça Maria avec un regard tendre pour son ami.
— Ils sont tous les deux géniaux, approuva Ethan avec un rire léger. On se sent bien banals à côté.
Avec une moue perplexe, Maria se tourna vers lui. Ethan Sybaris, banal ? Elle voyait difficilement ce qu’il pouvait avoir de banal. Son nom de famille était connu dans toute la ville, ses exploits passés de l’École couraient encore sur les lèvres des anciens élèves et les rumeurs chuchotaient sur le nombre de partenaires que son physique avantageux avait pu lui octroyer.
Maria préféra ne rien dire. Elle ne le connaissait pas. Leur discussion de la dernière fois en avait été la preuve la plus évidente. Ethan avait l’air rempli de coins cachés et de surfaces à gratter. Il y avait ces petites surprises qui tiraient des sourires : sa passion pour la cuisine, sa gêne face à une tenue peu soignée. Puis des vérités qui faisaient grimacer, comme sa relation avec Alexia Sybaris.

Ils ne disaient plus rien. Maria était retournée à sa contemplation de l’immeuble. Ethan déchiffrait l’étiquette du rhum. Le silence de la cuisine n’était pas tendu pour autant. Ils avaient tous les deux accepté l’étrangeté de cette soirée.
— Tu aurais du thé ?
La demande tira un rire incrédule à Maria.
— Du thé à vingt-deux heures ? Après du rhum ? (Tout en tirant le tiroir où elle rangeait les boîtes de thé et d’infusion, elle marmonna : ) Et ça se dit banal.
Amusé, Ethan remplit la bouilloire d’eau puis choisit un mug dans le placard que venait de lui indiquer Mari a. Un chat affublé d’une paire de lunettes de soleil était gravé dessus.
— Banal, hein ?
Maria haussa les épaules, sortit les boîtes de thés pour qu’il choisisse. Une fois sa boisson chaude en main, Ethan ferma les yeux et s’efforça au calme. La fin d’année n’était pas très drôle pour Mike et lui. Ils n’avaient plus de famille. Ils passaient les fêtes ensemble, mais c’était difficile d’ignorer le bonheur des personnes qui les entouraient.
— Au fait, tu as parlé de ton père l’autre jour. Tu le vois encore ?
— De temps en temps. (Ethan contempla son thé, soupira.) Rarement, en fait. Une fois par an grand max. Généralement pour mon anniversaire, en janvier. Avec mon frère, on a appris son existence qu’à quinze ans.
Si l’explication sur le père d’Ethan le peina, Maria tiqua avant tout à la mention de son frère.
— D’ailleurs, il devient quoi Edward ? Je pensais qu’il allait venir à S.U.I comme toi.
— Moi aussi. Mais il a préféré aller bosser ailleurs.
Comme la voix d’Ethan s’était durcie, Maria ne chercha pas à creuser plus. Il y avait définitivement un tas de point à déterrer chez Ethan. Mais elle devait y aller en douceur au risque d’enfoncer une brèche et de tout faire foirer.
— Et toi ? souffla Ethan d’un ton plus avenant après quelques secondes. Tu dis pas grand-chose sur toi, Maria.
L’intéressée joua avec la bouteille de rhum pour calmer sa nervosité.
— Moi, je suis vraiment banale, Ethan.
Le jeune homme était persuadé qu’elle avait pourtant des choses à raconter. Si elle ne voulait pas le faire ce soir, il attendrait. Ils avaient mis huit ans à engager la conversation. Ils pouvaient bien patienter quelques semaines de plus avant un échange plus profond.
— Je trouve ça plutôt bien, murmura-t-il après coup. Une petite vie rangée, ça me déplairait pas au fond.
— Sérieux ?
La stupéfaction de Maria lui tira une grimace embarrassée.
— J’ai toujours été entouré de tellement de problèmes, d’emmerdes et compagnie que… ben l’idée d’avoir une vie à moi, que je mène comme je l’entends, même si c’est simple, me dit bien.
Maria s’approcha de lui pour lui tapoter le bras.
— T’as bien raison. (Avec une œillade malicieuse, elle ajouta :) Même si l’Ethan que j’ai connu à l’École et l’Ethan d’aujourd’hui ont pas l’air d’être les mêmes.
— J’ai toujours mon côté un peu contestataire parfois, avoua-t-il du bout des lèvres.
— Ça nous fait un petit point commun.
Maria l’avait lâché d’un ton anodin, mais Ethan la contempla sans sourire. Crispée par son changement d’attitude, elle recula d’un pas.
— Désolée. Je… je voulais pas te mettre mal à l’aise. Je suis pas très douée pour ça.
— Non, non, Maria, c’est pas ça.
Ethan laissa mourir la suite de ses pensées. Que pensait-il au juste ? Qu’éprouvait-il pour cette collègue qu’il connaissait à peine ? Une curiosité certaine, bien sûr, de l’amusement pour ses conventions peu sociales, de l’enthousiasme pour une éventuelle nouvelle amitié.
Il avait encore l’arôme du rhum à la vanille dans la bouche, mélangé au thé noir de sa boisson. Les goûts disparurent pourtant de son palet alors qu’il observait Maria en toute impunité.
— Oui ?
Ethan remarqua finalement le rouge de ses joues. Cette fois, il l’avait gênée.
— Maria, tu as quelqu’un ?
Elle cligna plusieurs fois des yeux avant de comprendre qu’il était sincèrement curieux.
— Non.
Elle inspira, posa la question sans vraiment y réfléchir :
— Et toi ?
— Non plus. (Ethan reposa sa tasse à demi-vide, enchaîna : ) Tu as des baskets ?
— Évidemment, ricana-t-elle, soulagée que la question dissipe le froid dans sa poitrine.
— Tu aimerais faire un tour ?
Maria considéra sa robe, grogna.
— Je me change. (Elle leva le nez, osa regarder Ethan dans les yeux pour la première fois de la soirée.) Et j’arrive.
Elle avait oublié qu’il avait les yeux ambrés. Cette pensée la troubla alors qu’elle se dirigeait vers sa chambre. Adrián et Mike avaient déserté le salon. Elle les entendait discuter tranquillement dans la chambre de son colocataire.
Cette soirée n’était peut-être pas si désastreuse.



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Message par louji »

Hello ! Ça progresse lentement mais sûrement entre Ethan et Maria :ugeek:



- Vin -



Vendredi 14 février 2003, Down-Town, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Ethan regrettait le soleil de la veille. Planté en bas de l’immeuble, il bataillait avec son parapluie, la bouteille de vin et le bouquet de fleurs. Les touches de l’interphone semblaient minuscules sous ses doigts gourds. Quand enfin son index trouva sa cible, il ferma brièvement les paupières. Pourvu que ce soit le bon numéro qu’il ait enclenché.
— Oui, allô ?
La voix de Maria grésilla entre les gouttes de pluie.
— C’est Ethan. Je te dérange pas ?
Comme elle ne répondait pas dans l’immédiat, il comprit que si. Avec une grimace, il s’apprêta à s’excuser, mais Maria reprit en bredouillant :
— N-Non, du tout. Je t’ouvre.
Ethan prit le temps de fermer son parapluie avant d’attaquer la montée d’escaliers. Ses chaussures comme ses épaules étaient trempées et son humeur refroidie. Quel imbécile, de débarquer à l’improviste. Maria n’était pas venue au travail aujourd’hui, alors il s’était imaginé qu’elle devait fêter son anniversaire dignement. Mais sa surprise et sa voix enrouée l’emmenaient vers une autre explication.
Arrivé devant la porte de l’appartement, Ethan se sentit d’autant plus stupide qu’Adrián était peut-être là. Il vivait dans cet appart lui aussi, après tout. Avec une inspiration fébrile, il tapa le culot de la bouteille contre la porte. Les fleurs dans son autre main s’étaient affaissées à cause de la pluie.
Conformément à ses attentes, Maria avait une mine affreuse. Teint blafard, yeux enfoncés et gonflés, joues creusées. Elle resserra les pans de son peignoir sans oser dire un mot.
— Joyeux anniversaire, souffla Ethan d’un ton hésitant. Je suis désolé, j’aurais pas dû…
— Tu pouvais pas savoir que j’étais malade, le rassura Maria avec un sourire dépité.
Elle remarqua alors la bouteille de vin et les fleurs. Ethan recula d’un pas, prêt à déguerpir, mort de honte, mais Maria leva la main.
— C’est adorable, merci.
Il avait choisi ses fleurs d’hiver préférées : des hamamélis d’un orangé doré, quelques hellébores blancs et des camélias d’un rose tendre. Elles étaient secondées par des plantes hors-saison pour étoffer le bouquet.
— Je pensais pas que tu retiendrais tout ça, avoua-t-elle en acceptant le présent.
Après tout, peu de monde s’intéressait sincèrement aux fleurs. Adrián et Maria pouvaient débattre des heures durant des meilleures compositions florales. Malgré ça, elle avait conscience que c’était un centre d’intérêt peu commun.
— Je suis pas sûr que t’aies envie de boire un verre de vin.
Maria considéra la bouteille que lui présentait Ethan puis grimaça.
— Je vais éviter l’alcool. Mais je peux préparer un super thé au miel.
— Alors je peux entrer ?
Maria roula des yeux en se décalant sur le côté.
— Évidemment.
Quand il franchit le seuil, Ethan apporta avec lui l’odeur de la pluie et des fleurs. Il était revenu quelques fois à l’appartement après la soirée organisée par Adrián en décembre. Aujourd’hui, les mouchoirs abandonnés et la luminosité faible ne le mettaient pas en valeur.
— Adrián est pas là ?
— Il est parti pour une semaine au Mexique voir sa famille.
Maria se dirigea vers sa chambre, toussa puis grommela :
— J’enfile des vêtements décents et j’arrive.
— Mais non, reste en peignoir ! Je vais pas tarder, comme tu es malade.
La jeune femme le remercia d’un pâle sourire puis rejoignit la cuisine. Avec ses gestes lents et sa peau blême, elle avait l’air d’un fantôme en couleurs. Elle trouva un vase pour le bouquet de fleurs et lança la bouilloire.
— J’espère que ça ira mieux d’ici le début de semaine, souffla Ethan en la couvant d’un regard compatissant. Des saloperies, ces rhumes.
Ils s’installèrent à table en attendant que l’eau bout. Maria déchiffrait l’étiquette de la bouteille de vin et Ethan la regardait faire. En l’espace de deux mois, ils s’étaient organisé trois sorties en tête-à-tête. Tout s’était bien passé à chaque fois. Pourtant, aucun d’entre eux n’avait encore trouvé le courage du premier pas. Cette constatation flottait comme une chappe humide au-dessus de la petite table de l’appartement.
— Quand ça ira mieux, lança Ethan après un silence, tu voudras qu’on se fasse un ciné ?
Maria, qui avait terminé de déchiffrer l’étiquette de la bouteille, se leva en souriant.
— Carrément. Tu aimes bien quoi comme genre de film ?
— Oh, je suis pas compliqué.
La jeune femme plissa les lèvres en versant l’eau de la bouilloire dans deux mugs. Les sachets de thé ne tardèrent pas à colorer l’eau d’un noir délavé.
— Tu m’accompagnerais voir une comédie romantique alors ?
Elle vit passer l’éclair d’horreur dans le regard de son interlocuteur et accentua son sourire innocent. Maria avait remarqué ça chez Ethan : il commençait par proposer une solution souple qui ne lui convenait pas forcément avant d’avouer ses véritables envies.
— Bon, je vais être honnête, marmonna-t-il après coup. J’ai tendance à m’endormir devant les films. Surtout au cinéma.
Maria, qui avait pressenti une révélation de ce genre, rit par-dessus sa tasse de thé.
— Pourquoi tu proposes, alors ?
— Je sais pas trop. Une sortie au ciné, c’est un classique, non ? C’est romantique.
— Pas très romantique si tu t’endors au bout de dix minutes.
— Certes, marmotta Ethan avec un rictus embarrassé.
Après avoir ingurgité quelques gorgées, Maria proposa :
— Une petite randonnée, ça te dirait ? J’ai l’impression qu’on est pas très doués pour rester assis quelque part à se regarder dans le blanc des yeux.
— On pourrait attendre mars, acquiesça Ethan d’un ton songeur, pour qu’il y ait moins de neige.
— On regardera ensemble les trajets qu’il y à faire dans le coin.
Satisfaits d’avoir trouvé une idée pertinente, ils échangèrent un sourire complice. L’un comme l’autre se sentaient moins oppressés par l’idée d’un moment en plein air plutôt que par un rendez-vous galant planifié et codifié. Sur ce point, leur ressemblance était un réel soulagement.

Une fois les tasses vidées et un brin de conversation consommée, Ethan se prépara à partir. Maria s’était mise à trembloter de fatigue et il ne voulait surtout pas la déranger plus longtemps. Sur le seuil de la porte, il s’excusa de nouveau pour le dérangement occasionné.
— On y arrivera peut-être un jour, déclara-t-elle d’une voix rauque. À arrêter de s’excuser.
Son parapluie au bout du bras, le jeune homme la considéra d’un air penaud. Il lui avait laissé la bouteille de vin. Maria lui avait fait promettre de revenir la boire en sa compagnie quand elle irait mieux.
— Encore bon anniversaire.
— Merci. Rentre bien.
Il hocha la tête avec un sourire discret et lui fit signe de la main avant de disparaître dans les escaliers. Maria attendit quelques secondes avant de claquer la porte de son appartement et de se diriger vers sa chambre.
Elle avait été heureuse de le revoir. Émue qu’il lui rende visite pour son anniversaire. Touchée par le soin qu’il avait accordé au choix des fleurs.
Mais elle était surtout ravie de retrouver son lit. L’amour pouvait bien attendre qu’elle ne soit plus malade.



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TcmA

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

Holà~
Mhooo, elles sont mignonnes tout plein, ces nouvelles, j'arrête pas de sourire comme une patate.
J'adore vraiment tes personnages ;w; Adrian me fait bien rire, j'ai un gros faible pour lui et pour lui et Mike, ils sont si chous ! Surtout avec "Adrián est le premier à le mettre suffisamment en confiance pour qu’il puisse y penser vraiment", j'ai un peu fondu en lisant ça.
Maria et Ethan sont dupers, c'est si mignon. J'aime vraiment leur rythme, c'est doux, franchement chapeau ! Leur développement est super chouette.
J'ai bien hâte de lire la prochaine nouvelle !
La bise~
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit : sam. 19 févr., 2022 3:52 pm Holà~
Mhooo, elles sont mignonnes tout plein, ces nouvelles, j'arrête pas de sourire comme une patate.
J'adore vraiment tes personnages ;w; Adrian me fait bien rire, j'ai un gros faible pour lui et pour lui et Mike, ils sont si chous ! Surtout avec "Adrián est le premier à le mettre suffisamment en confiance pour qu’il puisse y penser vraiment", j'ai un peu fondu en lisant ça.
Maria et Ethan sont dupers, c'est si mignon. J'aime vraiment leur rythme, c'est doux, franchement chapeau ! Leur développement est super chouette.
J'ai bien hâte de lire la prochaine nouvelle !
La bise~
Hello !
Oui, faut bien un peu de joie après le drama des autres nouvelles x)
Yes, Mike et Adrian ils sont adorables :'c
Maria et Ethan je bégaie un peu avec eux, mais ils sont chou aussi

Merci beaucoup pour ton passage ♥
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

Bonne lecture !



- Rhum -



Mercredi 22 juin 2005, Down-Town, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


— Traînée.
Maria tressaillit, planta les talons au milieu du couloir et se retourna. Trois femmes, des collègues au sein des unités de S.U.I, la jaugèrent du regard avant de disparaître à un angle. Le visage crispé par la colère, Maria envisagea cent scénarios dans lesquels elle les humiliait à son tour. La poitrine animée par un souffle agité, la jeune femme s’efforça au calme. Elle avait déjà pris un avertissement disciplinaire une semaine plus tôt lors d’une rixe dans les vestiaires. Comme souvent depuis un an, un agent de S.U.I – dont elle ne connaissait même pas le nom – s’était permis de l’insulter. Il l’avait payé de deux dents cassées. Pour des événements similaires, elle avait été convoquée chez ses supérieurs une dizaine de fois au cours de l’année qui s’était écoulée.
Tout ça pour un foutu baiser. Parce que quelqu’un les avait surpris, Ethan et elle, en train de s’embrasser dans un couloir des archives. Leur relation avait été ébruitée et les rumeurs étaient nées. S’étaient transformées au fil des bouches, modifiées au creux des esprits. Ethan et elle avaient rapidement officialisé les choses – ils n’avaient plus rien à cacher – mais ça n’avait pas suffi. Les rumeurs entre jeunes agents de S.U.I avaient enflé pour se faufiler jusque dans les murmures de leurs aînés puis dans les oreilles de la direction. Ethan et Maria avaient été convoqués tour à tour. Ils devaient faire preuve de plus de décence et de tenue. Limiter les contacts physiques inappropriés. Maria avait ri amer en retrouvant plus tard son compagnon. Un foutu baiser.
Ethan n’avait pas cherché la petite bête. Son dossier faisait mention du comportement exécrable qu’il avait adopté à l’École. Après son entrée à S.U.I puis sa promotion à la A.A, il tenait à faire profil bas. Il avait convaincu Maria qu’ils cessent leurs échanges pendant les pauses. Malgré ça, malgré les regards affectueux qu’ils n’osaient même plus se lancer, les murmures étaient restés.
Maria reprit son chemin, une boule de feu gelé dans la gorge. La situation serait plus simple à vivre si les conséquences de cette relation ébruitée étaient équitablement réparties. Malheureusement, on imputait à Maria toutes sortes de fantaisies qui minaient son moral mois après mois. Celle qui courrait le plus de lèvres en lèvres impliquait qu’elle manipule Ethan et se serve de lui pour grimper les échelons.
Quelle bande de gros cons, cracha-t-elle mentalement en se dirigeant vers les ascenseurs.
Ethan avait été promu agent de la A.A depuis moins de trois ans. Même si l’unité qu’il formait avec Michael avait bonne réputation, ils n’étaient sûrement pas les favoris de la société. Quant à Maria, elle avait déjà reçu des propositions de formations complémentaires afin de rejoindre les rangs de la A.A. Satisfaite de son travail de terrain aux côtés d’Adrián, elle les avait refusées. Une partie d’elle regrettait à présent. Si elle-même avait été agent de la A.A, peut-être les soupçons qui pesaient sur elle auraient été moindres.

Le roulis de l’ascenseur n’apaisa pas sa conscience meurtrie. Que s’imaginaient ses collègues ? Qu’elle sortait avec Ethan pour se faire bien voir ? Qu’elle espérait s’attirer les faveurs de la direction, car c’était un agent en pleine progression ?
Avec un soupir, Maria se cala contre l’un des murs de l’ascenseur. Elle savait très bien ce que soufflaient généralement les rumeurs sur son couple. Même si Ethan ne le mentionnait jamais directement, son statut au sein de la A.A était protégé d’un cocon doré. Il était le fils d’Alexia Sybaris, de la fondatrice. Sa présence au sein de la société était une force, un avantage. Ça rassurait la direction, dont une partie avait connu sa mère, et les actionnaires appréciaient qu’un membre de la famille Sybaris travaille au sein de l’entreprise.
Maria avait suivi le même parcours que son compagnon, réussi mieux que lui aux contrôles de l’École et aux examens de positionnement de S.U.I. Les duels qu’ils enchaînaient pendant les séances d’entraînement terminaient à quatre-vingts-pour-cent de victoire pour Maria. Certes, Ethan était plus doué qu’elle pour le maniement des armes à feu et pour l’assemblage des pistes et des preuves. Son unité s’était d’ailleurs spécialisée dans la lutte contre la criminalité. Mais Maria refusait de rougir face à son petit-ami. Elle s’estimait aussi viable et efficace que lui, même si c’était sur des domaines différents.
Ses collègues ne le pensaient pas. Ils ne voyaient en elle qu’une agente de de S.U.I coincée dans son poste, dont l’anonymat et le manque de progression professionnelle lui dévoraient les entrailles. Tout ce qui dévorait les entrailles de Maria était une faim mordante quand elle rentrait après une longue journée. Sûrement pas de la jalousie pour ses collègues ou un ressentiment contre son employeur. Elle s’estimait même trop simple pour éprouver ce genre de choses.
Pourtant, elle avait à présent une réputation de manipulatrice, d’intéressée, d’opportuniste et de petite traînée qui profitait des sentiments naïfs de l’héritier Sybaris. Si Maria s’en amusait le soir en y songeant, lovée dans les bras du concerné, l’image qu’on lui avait fabriquée lui pesait de plus en plus.

Le hall d’accueil des bureaux de S.U.I était climatisé. Son sac de sport sous le bras, elle traça son chemin sans prêter attention aux conversations. Ethan et Mike étaient en mission à San Francisco depuis une semaine et ne revenaient pas avant quelques jours. Comme Maria vivait à présent avec Ethan et qu’Adrián menait une vie de jeune adulte insouciant dans leur ancien appartement, ils avaient beaucoup moins l’occasion de se retrouver en dehors de leur job. Ils s’étaient promis de profiter de l’absence des deux hommes pour s’organiser des sorties entre meilleurs amis.
Une bouffée d’air chaud lui sauta au visage quand elle franchit les portes automatiques. Le mois de juin s’était partagé entre d’affreux jours pluvieux et d’affreux jours étouffants. Parfois les deux. Avec un grognement, Maria dézippa la fermeture éclair de son sac pour en tirer sa casquette noire. Elle la vissa sur son crâne puis reprit sa marche énergique. Comme elle évitait les vestiaires depuis sa confrontation et son avertissement disciplinaire, elle était obligée de se doucher chez elle. Certes, l’appartement qu’elle partageait avec Ethan ne se trouvait qu’à un quart d’heure à pied, mais ces allers-retours finissaient par être une épine en plus dans sa vie.
Une fois lavée et habillée de vêtements convenables, Maria retrouva Adrián devant un cinéma du centre-ville. Avec la chaleur, il avait opté pour une chemise bicolore à manches courtes assortie d’un bermuda qui présentait les mêmes couleurs, mais selon un motif inversé. Des Converse montantes blanches aux lacets rouges habillaient ses chevilles.
— Tu avais cette tenue sur toi ou tu es repassé par ton appart après le boulot ? s’étonna-t-elle en le rejoignant devant l’entrée.
— Tu rigoles, jamais j’aurais mis mes affaires dans mon sac, elles auraient été froissées.
Maria roula des yeux en souriant, mais ne fit aucun commentaire. Si elle trouvait Adrián extravagant et abusif dans son rapport aux vêtements, elle savait qu’elle tendait à l’inverse. Pour elle, une tenue confortable était primordiale. Le choix des couleurs, des motifs, des imprimés et des coupes venait bien après.
Ils s’étaient déjà mis d’accord pour le choix du film. Une comédie romantique. Adrián, bien que lassé par l’hétérosexualité navrante de cent-pour-cent des protagonistes de ce genre de cinéma, accompagnait fidèlement son amie. Maria était maladroite et brute dans ses relations – encore plus en amour – mais elle raffolait de tout ce qui comportait de la romance. Films, séries, musiques et livres n’échappaient pas à son radar.
Les publicités d’avant-film leur permirent de discuter quelques minutes. Entre les rapports, les entraînements, les réunions, les rendez-vous et les déplacements sur le terrain, les deux amis n’avaient pas le temps de converser sérieusement. Leurs discussions pendant le travail étaient superficielles et parfois frustrantes de brièveté.
Quand le film commença, ils s’accordèrent pour terminer la soirée dans un bar et se raconter leur vie de bout en bout. L’idée d’un peu d’alcool pour les accompagner ne leur déplaisait pas non plus.

Adrián pouffa pendant la moitié du film. Incapable de lui en vouloir, Maria finit par le rejoindre et les remarques des autres spectateurs les firent sortir de salle. Ils se mirent aussitôt en quête du bar où ils avaient pris leurs habitudes. Une dizaine de minutes plus tard, Adrián sourit en indiquant le comptoir où étaient déjà installés une demi-douzaine de clients.
— N’empêche, c’est ici qu’on a renoué contact avec Mike et Ethan.
Maria jeta à peine un coup d’œil au bar en demi-lune alors qu’ils traversaient la salle pour s’installer plus au calme.
— Je me rappelle surtout que ce gros nigaud avait oublié mon nom.
— Et trois ans après, tu sors avec lui.
— Seulement parce que c’est le fils d’Alexia Sybaris, ricana Maria en se laissant choir à une table pour deux.
Adrián la considérait d’un air préoccupé en la rejoignant. Il était au courant pour les rumeurs qui pourrissaient la vie de son amie. Et il se sentait tout aussi impuissant qu’elle.
— Je me suis encore fait insulter, aujourd’hui.
Un serveur apparut avant qu’Adrián puisse répondre. Maria commanda deux bières.
— Je vais plutôt prendre un verre de vin, souffla le jeune homme.
— Oh, les deux bières sont pour moi, grommela son amie avec un sourire mutin.
Adrián attendit que le serveur se soit éloigné pour se pencher vers Maria.
— Encore ces nanas de la section de surveillance ?
— Oui. (Maria joua avec le bracelet de sa montre sous le coup de la nervosité.) Si encore elles me regardaient en face, ces abruties. Je comprends pas qu’on puisse penser ça d’autres femmes, en plus. Elles savent pas combien c’est galère de progresser professionnellement ?
— C’est justement pour ça qu’elles t’accusent de manipuler Ethan.
— Pauvre bichon, je suis vraiment une vilaine sorcière.
Avec un sourire peiné, Adrián s’accouda au bord de la fenêtre près de laquelle ils étaient installés.
— Avec le temps, tu crois pas que ça va s’arranger ?
— Peut-être. Mais… imagine que ça fonctionne pas, finalement. J’aurais toujours cette réputation aux fesses.
— Maria, vous vivez ensemble depuis un an. Et vous êtes adorables, tous les deux. Pourquoi ça changerait ?
— Je sais pas. Tout ça… ça me fait flipper, Adrián. J’en viens à me demander si c’était vraiment une bonne idée.
— Pourquoi ce serait pas bien ? Il t’aime, tu l’aimes, c’est simple, non ?
— Pas avec Ethan Sybaris, on dirait.
Adrián ne pipa mot tandis que le serveur revenait vers leur table avec la commande. Une fois le verre de vin et les deux bouteilles de bière à disposition, le jeune homme reprit :
— Il en dit quoi, lui ?
— Il veut pas qu’on fasse d’esclandres. Je comprends, moi non plus j’ai pas envie de ruiner ma carrière. Mais… j’ai l’impression qu’il se voile un peu la face. Peut-être parce qu’il reçoit moitié moins d’insultes que moi.
— Possible, acquiesça son partenaire avec une grimace. Il te soutient, quand même ?
— Évidemment ! Mais y’a un blocage chez lui, Adrián. Dès que je mentionne sa famille, sa mère ou même son frère… Il se ferme comme une huître. On peut pas discuter de ça. Sauf que c’est bel et bien cette famille en question qui pourrit notre vie et notre couple actuellement.
— En même temps, Maria, tu connais comme moi son histoire…
— Bien sûr, le coupa-t-elle d’un ton las, mais ça fait des années qu’on les fréquente. Trois ans que je sors avec lui. J’ai peut-être le droit d’aborder le sujet. Surtout si ce fameux sujet est en train de dresser des murailles autour de nous.
— Je suis d’accord, Maria. Mais essaie d’y aller en douceur. Toi, tu parles sans mal de ta famille. C’est pas vraiment le cas d’Ethan.
— Je sais. Mais, parfois, j’aimerais que ce soit plus simple. Égoïstement, j’aimerais qu’Ethan puisse avancer sans traîner ces boulets aux chevilles. Sans l’ombre de sa mère au-dessus de la tête. C’est son épée de Damoclès.
— T’as pas encore avalé une goutte d’alcool et tu utilises déjà des expressions pareilles, remarqua Adrián en portant son verre de vin à ses lèvres. J’ose pas imaginer dans deux heures.
— Oh, arrête, râla Maria en avalant sa première gorgée de bière.
Elle considéra sa bouteille, fit une grimace face au reflet déformé d’elle-même sur le verre.
— On va pas trinquer à Alexia Sybaris, ce soir. Qu’elle aille se faire mettre en enfer, celle-là.
— À l’enfer ! s’exclama Adrián en tendant sa coupe.
Maria cogna sa propre bouteille avec un large sourire. Avant de le perdre aussitôt.
— N’empêche, il a de ces marques. Ça me fout la chair de poule quand je les vois. Comment on peut… frapper un enfant au point de lui laisser des cicatrices ? Son propre enfant ?
— Je sais pas, Maria. J’ai peut-être même pas envie de savoir.
Dépitée, la jeune femme avala une nouvelle gorgée d’alcool. Elle n’arrivait pas à s’enlever ces images de la tête. Ces taches blanches, cicatrices anciennes, mais pourtant indélébiles, qui constellaient le torse d’Ethan. Sur son dos et ses flancs, principalement. Des zones que l’on n’apercevait pas tous les jours. La façon dont il se crispait quand elle glissait les doigts dessus par inadvertance. Comme si sa peau lui rappelait les coups qui avaient autrefois porté.
— Je crois que je vais prendre un rhum, déclara Maria après un silence. Je crois que j’ai besoin d’un trou noir dans ma tête, là.
Incapable de lui refuser cette échappatoire – qui se finirait sûrement en gueule de bois sur le canapé d’Adrián – son partenaire soupira doucement.
— J’appelle le serveur.



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Dernière modification par louji le ven. 11 mars, 2022 7:05 pm, modifié 1 fois.
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

Heyo~

Yeesh, quelle horreur. J'aurais pas dit mieux que "Quelle bande de gros cons" (ou alors, j'aurais été plus vulgaire). Quel fardeau à porter, c'est tellement frustrant.
On comprend mieux la façon d'être de Maria dans l'histoire principale, et là, le pire n'est pas encore arrivé. Pfouah.
"Égoïstement, j’aimerais qu’Ethan puisse avancer sans traîner ces boulets aux chevilles. Sans l’ombre de sa mère au-dessus de la tête. C’est son épée de Damoclès." On est tous d'accord là-dessus ;w;
"Qu’elle aille se faire mettre en enfer, celle-là." Et encore plus là-dessus.
Très chouette, cette nouvelle, malgré le goût amer qu'elle laisse !
J'ai bien hâte de lire la suite c:

PS : J'adore toujours autant Adrian :lol:

La bise~
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit : dim. 27 févr., 2022 3:33 pm Heyo~

Yeesh, quelle horreur. J'aurais pas dit mieux que "Quelle bande de gros cons" (ou alors, j'aurais été plus vulgaire). Quel fardeau à porter, c'est tellement frustrant.
On comprend mieux la façon d'être de Maria dans l'histoire principale, et là, le pire n'est pas encore arrivé. Pfouah.
"Égoïstement, j’aimerais qu’Ethan puisse avancer sans traîner ces boulets aux chevilles. Sans l’ombre de sa mère au-dessus de la tête. C’est son épée de Damoclès." On est tous d'accord là-dessus ;w;
"Qu’elle aille se faire mettre en enfer, celle-là." Et encore plus là-dessus.
Très chouette, cette nouvelle, malgré le goût amer qu'elle laisse !
J'ai bien hâte de lire la suite c:

PS : J'adore toujours autant Adrian :lol:

La bise~
Heyo !

Yes, elle se prend clairement une vague de haine pas méritée (même si certains pensent qu'elle est justifiée). C'est l'une des raisons pour lesquelles elle a tellement la hargne oui (dans le T1) et l'une des raisons insidieuses de sa rancoeur envers Ethan et les Sybaris (même si y'a des raisons plus obvious sur lesquelles je reviens dans le T2). Et le pire n'est pas arrivé :roll: Je vous ai trouvé durs envers Maria dans le T1, mais après vous aviez pas toutes les clés en main non plus pour comprendre sa propre vision des choses ^^
Merci ! Totalement amère, parce qu'on retourne vers des nouvelles pas forcément fifou-drôles là :'c

Adrian c'est bébou ♥
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