S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult / Contemporain / Action]

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TcmA

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

louji a écrit : dim. 07 févr., 2021 9:04 pm Coucou !

Chap 55 : Ouais, c'est sympa entre eux deux, hein :roll:
Pas de soucis ! On le voit pas énormément avant et le chap 55 sous-entend l'évolution qu'il y a eue entre Maria et lui donc c'est pas évident non plus ^^ Mais ouais, Will, c'est un sacré cas aussi... Rdv au T2, je dis ça, je dis rien :lol:
Yaaas, les Amazones, idem, on en saura plus au T2 !
Mais oui, Thalia commence à servir de pigeon voyageur entre ses parents sauf que... non , les gars x') Et oui c'est un amour, bordel. C'est encore plus dégueux qu'elle a une famille... comme ça quoi :v

Chap 56 : t'es pas la seule je crois :lol:
Yes, Rebecca c'était cool de plonger un peu dans sa tête ^^ Mais, ouais, il peut se passer un tas de choses... You'll see 8-)

Chap 57 : ah, c'est bien, ces bonnes manières 8-)
Ouais, le changement pro d'Eth', c'est totalement inédit à la V2, il se passait pas ça du tout dans la V1 !
Alex, concrètement, tant qu'il aura pas eu Jim sous les yeux... il pourra pas se pardonner. Y'a du travail à faire, malgré le soutien de Dimi et Lauren :v
Ethan c'est une cocotte minute, oui :s Il a pas mal changé de tempérament avec les années et les événements persos et il est bien plus posé maintenant, mais y'a toujours un petit fond impulsif chez lui =D

Yaas, vous me direz de toute façon, votre ressenti sur la fin :D Elle arrive soon, oui, concrètement c'est du chap 59 au chap 62 !
Meeeeerci pour ton com, comme toujours ♥

Chap55: Yes, je me souvenais qu'ils s'étaient rapprochés, mais je me souvenais plus qu'il en savait autant sur elle ! C'est juste parce que j'ai un cerveau à trous :lol:
Ouais, c'est un sacré cas... Je me demande bien ce que tu vas nous faire avec ce tome 2 !
Clairement, c'est pas génial. Elle est pas tombée dans la bonne famille ;w;

D'ailleurs, tu penses prendre une petite pause après avoir posté le T1, histoire de pouvoir avancer dans le T2 et la réécriture ?

Chap56: so I will C:

Chap57: Je ne me permettrais pas de ne pas en avoir. Les perdre pendant un instant, c'est déjà une faute grave.
Okay pour Eef (il t'avait manqué celui-là) et je vois pour Alex ! En même temps, je n'aimerais pas me retrouver dans sa situation :?
En même temps, avec une famille pareille, ça m'aurait étonnée qu'il soit un mec totalement passif et qui ne réagit pas.

Yaaas of course! Nyohoh, j'ai hâte alors ! Damn, 1 tome en 1 an et quelques (je prends en compte le 1er post de SUI!), c'est noice, bravo à toi (encore)!
Wiz plézur, az olwaïz 8-)

La bise~
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit : mer. 10 févr., 2021 8:24 pm
Chap55: Yes, je me souvenais qu'ils s'étaient rapprochés, mais je me souvenais plus qu'il en savait autant sur elle ! C'est juste parce que j'ai un cerveau à trous :lol:
Ouais, c'est un sacré cas... Je me demande bien ce que tu vas nous faire avec ce tome 2 !
Clairement, c'est pas génial. Elle est pas tombée dans la bonne famille ;w;

D'ailleurs, tu penses prendre une petite pause après avoir posté le T1, histoire de pouvoir avancer dans le T2 et la réécriture ?

Chap56: so I will C:

Chap57: Je ne me permettrais pas de ne pas en avoir. Les perdre pendant un instant, c'est déjà une faute grave.
Okay pour Eef (il t'avait manqué celui-là) et je vois pour Alex ! En même temps, je n'aimerais pas me retrouver dans sa situation :?
En même temps, avec une famille pareille, ça m'aurait étonnée qu'il soit un mec totalement passif et qui ne réagit pas.

Yaaas of course! Nyohoh, j'ai hâte alors ! Damn, 1 tome en 1 an et quelques (je prends en compte le 1er post de SUI!), c'est noice, bravo à toi (encore)!
Wiz plézur, az olwaïz 8-)

La bise~[/size]
Une fois que j'aurai terminé de poster le tome 1 il y aura le recueil déjà qui fera office de transition entre le T1 et le T2 ^^ Pour l'instant, j'ai écrit qu'un seul OS (sur une vingtaine) donc autant dire que ça va y aller doucement :lol: Je commencerai peut-être pas le T2 avant 2022 ! On verra bien, je suis dans un mood écriture depuis le début d'année x')

Ouais, le T1 je l'ai écrit assez rapidement, j'étais bien inspirée !
Encore merci à toi !
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

Heyo ! J'espère que vous allez bien ^^
Pas grand-chose à dire si ce n'est qu'on attaque la dernière ligne droite !




- Chapitre 59 -



Samedi 3 mars 2022, Parc national du Grand Bassin, Nevada, États-Unis d’Amérique.


Yeux au plafond, Jim jonglait avec sa balle anti-stress en forme de cupcake. Quelques jours plus tôt, il s’était retrouvé tétanisé par une crise d’angoisse au milieu des couloirs. Rebecca, qui l’accompagnait sur le chemin du self, l’avait aussitôt emmené dans sa chambre. Elle avait récupéré une boîte d’anxiolytiques qu’elle conservait – au cas où – dans sa pharmacie et lui avait fait prendre une pilule. Pendant que Jeremy évacuait doucement, allongé dans le lit de sa cousine, Rebecca avait fouillé les recoins sombres de ses placards. Elle avait lancé la balle anti-stress directement sur le visage de son cousin, lui tirant une plainte indignée.
Toujours le nez levé vers la plafond, Jim sourit pour lui-même. Il n’y avait que Rebecca pour balancer une balle en forme de cupcake au visage d’un proche pour le soutenir.
Lassé de son petit jeu, il laissa la balle retomber sur sa poitrine et resta sans bouger. Sa chambre était plongée dans l’obscurité et le silence. C’était samedi et il pouvait en profiter pour s’octroyer quelques minutes de pause. Bientôt, les devoirs, les cours, les exercices, les leçons, les réunions reviendraient au grand galop.
Jeremy se tourna sur le flanc en grognant, perclus de douleur. Son dernier entraînement d’art martial avait été rude. Il avait des hématomes sur les côtes et les omoplates. Sans compter que ses genoux le lançaient régulièrement à cause de la poussée de croissance. Peut-être qu’il irait voir le Dr Mann pour lui demander des analgésiques.
Un livre de Stephen King à moitié entamé traînait sur sa table de chevet. Ryu aurait été fier de lui, fier de son étagère à présent bien remplie. La lecture avait toujours été son fort. Mais sans console ni ordinateur, Jim avait dû se rabattre sur d’autres passe-temps. Si la musique prenait la majorité de son temps libre, il aimait aussi grignoter quelques pages de roman noir avant de s’endormir.
Sa gorge se noua alors qu’il laissait ses doigts effleurer la couverture du livre. Est-ce que Ryusuke lisait toujours autant ? Et sa sœur ? Elle aussi dévorait des romans sur sa liseuse pendant des heures. Elle recevrait sûrement une pile de livres pour son anniversaire.
La pensée laissa Jim pantois. Dans deux mois, Thalia fêterait ses onze ans. Onze ans. Bientôt le collège. L’adolescent ramena les mains vers son oreiller pour l’écraser sur son visage. Ses larmes étaient plus faciles à retenir ainsi. Il n’arrivait même pas à imager à quoi pouvait ressembler Thalia maintenant. Un an et demi de séparation avait dû être significatif pour son changement physique. Et que dire du mental ? Était-elle épanouie malgré la situation ?
Le coussin sur la tête, Jeremy resta sans bouger pendant quelques secondes. Il se sentait déconnecté, déraciné. Où était sa maison ? L’appartement de Sludge avait été vidé alors qu’il était encore à l’École. Il avait à peine passé deux semaines chez son père, pas de quoi se sentir chez lui. Et le siège de la Ghost ne serait jamais son foyer ; il s’était fait cette promesse.
La pensée empoisonnée qu’il ne trouverait jamais de chez-lui grignotait ses maigres espoirs. Même s’il retournait un jour à Modros, que trouverait-il ? Et qui ?

Jeremy ne dégagea l’oreiller de sa tête que lorsqu’on frappa à sa porte. Il soupira d’être dérangé, grogna de douleur en posant les pieds sur le faux parquet et claudiqua sur le peu de mètres qu’il avait à parcourir.
— Salut, gros naze, déclara Rebecca en le lorgnant entre ses rangées de cils sombres. Ça pue toujours ici.
Jim dévisagea sa cousine d’un air mauvais. Même s’il la dépassait de quelques centimètres à présent, elle avait toujours cette faculté de le prendre de haut en toute circonstance. C’était évidemment un rituel moqueur entre eux, mais Jeremy ne manquait jamais de s’offusquer pour la forme.
— Je vais aérer, grommela-t-il en traversant sa chambre pour ouvrir l’unique fenêtre.
Elle était en hauteur – le centre de formation était semi-enterré – et grillagée. Pas de quoi faire un point d’observation agréable. Mais cette ouverture se révéla fort utile pour dissiper l’odeur de renfermé – chacal affirmait Rebecca – qui polluait la pièce.
— Je vais peut-être pouvoir respirer, acquiesça-t-elle du bout des lèvres.
Elle jeta un coup d’œil désapprobateur aux tas de vêtements éparpillés, aux livres rangés de façon aléatoire sur l’étagère, aux draps défaits. Puis sourit en constatant que son ancienne guitare était glissée sur son pied et éloignée du bazar général.
— Tu devrais demander une nouvelle guitare, lança-t-elle en se laissant choir au bord du lit. Celle-ci finira par te limiter.
— Ça fait qu’un an que j’en joue, s’étonna son cousin en venant frôler le manche de l’instrument. Elle me convient très bien.
Rebecca l’observa en silence, s’amusant de ses cheveux en pétard et de la trace d’oreiller qu’il portait sur la joue. Avec sa silhouette élancée et finement musclée, il était à des kilomètres de l’ado malingre et intimidé qu’elle avait rencontré des mois plus tôt.
— Bon, tu sais quel jour on est.
Jim se tourna vers elle, les yeux plissés. À vrai dire, il avait tendance à perdre le décompte des jours. Il savait que mars venait de débuter, mais…
— Oh merde.
Une mimique narquoise étira les lèvres de Rebecca. Elle rabattit sa queue-de-cheval brune derrière son épaule et fouilla la poche de sa veste en jeans. Elle en sortit une simple enveloppe pliée en quatre.
— Qu’est-ce que tu m’as prévu, encore ? marmonna Jim en s’asseyant à côté d’elle.
— Un truc qui nous mettra tous les deux profondément dans la merde si on se fait chopper, souffla-t-elle en déposant la lettre pliée dans la paume de son cousin.
Méfiant, Jeremy ouvrit l’enveloppe en serrent les dents. Peut-être que ce n’était qu’une farce, qu’une multitude de confettis lui sauterait au visage d’une seconde à l’autre. Dans la lettre, il n’y avait pas trace de confettis. Mais une simple clé magnétique.
— C’est quoi ça ? chuchota Jim en sentant son ventre se nouer. Y’a que les profs et les Fantômes qui en ont sur eux.
— Je sais bien. C’est une clé d’accès aux salles informatiques du centre de formation.
— Hein ? lâcha Jeremy en écarquillant les yeux. Euh… OK. Je fais quoi avec ça, moi ?
— Laisse-moi finir, abruti. Salle 112. Sur l’ordi tout à droite quand tu rentres dans la pièce, j’ai associé ma session personnelle. Je t’ai écrit les codes d’accès à l’intérieur de l’enveloppe. Sur ta session, plein de trucs sont bloqués, comme la messagerie ou des sites de chat. Sur la mienne, j’ai pas non plus accès à tout, mais… déjà à plus de trucs. (Elle lui adressa un sourire en coin.) Comme les plateformes de téléchargement de films ou de jeux vidéo.
Jeremy rit doucement en observant la clé magnétique entre ses doigts.
— Bordel, j’ai pas vu de films ou de séries depuis un bail. Et je te parle même pas de jouer. (Il cessa de sourire pour demander prudemment : ) J’imagine qu’essayer de contacter mes parents, c’est mort ?
— Essaie même pas, siffla Rebecca d’un ton cassant. Nos sessions sont publiques sur l’intranet du siège. Les systèmes de contrôle et de sécurité filtrent tous les messages. Faudrait avoir une session privée et de haut-gradé pour passer cette barrière.
— Fais chier, se contenta de répondre Jeremy.
Il s’efforça à ne pas paraître trop découragé face à sa cousine. Elle s’était déjà mise en danger pour lui offrir cette clé et des instants de divertissement vidéo-ludique.
— Et si tu pouvais éviter de nous mettre dans la merde tous les deux, ça m’arrangerait, insista Rebecca en lui saisissant le poignet.
— Oui, t’inquiète pas, la rassura l’adolescent en glissant la clé dans son enveloppe. Je contacterai pas mes parents. Je veux pas risquer de… de me retrouver encore plus isolé en me faisant choper. (Il adressa un petit sourire embarrassé à sa cousine.) Ni te mettre dans la mouise.
— T’as intérêt, gronda Rebecca en lui assénant une taloche à l’arrière du crâne. Bon anniversaire, gros naze.
— Tu peux pas t’empêcher d’être violente, hein, se plaignit-il en frottant sa tête.
— Et non, sombre demeuré.
— De pire en pire, marmonna Jim en se laissant tomber dans son lit.
Il profita d’avoir laissé la balle cupcake à proximité pour la lancer sur sa cousine. Elle l’atteignit à l’arrière du crâne et retomba sur le lit. Les yeux de Rebecca ressemblaient à de l’or glacé quand elle se tourna vers lui.
— Simple vengeance, expliqua Jim en levant les mains pour se dédouaner.
— Tu vas le regretter, chacal, s’exclama Rebecca en bondissant sur le lit.

Edward toqua à la porte, attendit, puis fronça les sourcils. Alors que le couloir était plongé dans le silence, des cris et grognements s’échappaient de la pièce. Inquiet, il finit par utiliser sa clé magnétique pour déverrouiller le battant. Il entra d’un pas rapide, la main sur la crosse de son Glock 23 qui ne quittait jamais sa ceinture. La vue de sa fille et de son neveu en train de se mordre et de se tirer les cheveux le laissa médusé. Passé la surprise, il hésita entre un rire nerveux et un tir de sommation pour mettre fin à leur dispute puérile. Mais il ne voulait pas perdre de balle inutilement ni approuver leur petite bataille.
Il se contenta de donner trois coups secs contre la porte, la mâchoire tendue. Rebecca pâlit en le voyant, lâcha les cheveux de son cousin et se redressa. Jim vira quant à lui au cramoisi.
— Papa, lança Rebecca d’une voix blanche.
— Ma fille, soupira Ed en s’avançant dans la pièce. Je pensais qu’à presque dix-sept ans, ce genre de comportement te serait passé. (Il glissa les yeux vers son neveu, qui observait un pan de mur avec insistance.) Il en va de même pour toi, Elias. Quinze ans, c’est pas cinq. Si tu pouvais éviter de mordre ta sœur à l’avenir.
Jeremy quitta son point de repère des yeux pour dévisager son oncle. L’anniversaire d’Elias Sybaris était en mai, pas en mars. Edward avait-il fait cette erreur volontairement ?
— Je sais très bien quel jour on est, précisa son oncle avec un rictus devant son air perplexe.
Sans plus d’explications, il s’avança près du lit. Il avait remarqué l’enveloppe pliée qui s’y trouvait. Jim fit un pas, ouvrit la bouche, mais Rebecca le devança :
— C’est à moi, c’est la clé que Mme Ladrian m’avait donnée pendant mon stage.
— Et qu’est-ce que ça fiche ici ? s’enquit son père d’un ton lourd de menaces en récupérant la lettre. Tu n’es plus en stage depuis des mois.
— Je l’avais mise de côté et j’ai oublié, expliqua sa fille avec une grimace contrite. Je me rendais justement dans la section administrative pour la rendre. Je suis passée devant la chambre d’Elias et je me suis rappelé que c’était son annivers… que c’était un jour spécial pour lui.
Edward rendit l’enveloppe à sa fille avec un pincement sévère des lèvres. Il savait parfaitement ce que ce genre de clé pouvait octroyer comme droits. Se rendre au cœur du siège, se connecter à un ordinateur et, avec les bons identifiants, contacter des personnes extérieures.
La clé en question n’était pas celle de Mme Ladrian, mais une simple clé d’accès aux salles informatiques. Rebecca n’aurait jamais pris le risque de piquer une clé plus importante. Mais même un accès à une salle d’ordinateurs lui aurait valu une sacrée punition si son père avait appris son vol.
— Va rendre la clé, ordonna Ed d’un ton las en faisant un signe de la tête vers la porte. Je dois discuter avec ton frère.
Rebecca acquiesça promptement, jeta un coup d’œil désolé à son cousin puis disparut dans le couloir.
Le cœur de Jeremy frappait ses côtes avant tant d’acharnement qu’il en avait mal. Sa pâleur et ses traits tirés arrachèrent un froncement des sourcils à son oncle.
— Tout va bien ? Tu as encore mal aux genoux ?
— O-Oui, bredouilla Jim en se redressant tant bien que mal. Je vais aller voir le Dr Mann.
Ed acquiesça du menton en silence, songeur. Jeremy avait beau avoir grandi en lui ressemblant encore plus, l’homme ne voyait que leurs différences. Toutes ces petites choses qui lui rappelaient qu’il n’était pas de son sang. La forme de ses yeux et de ses lèvres, la pointe de son nez, sa tignasse rebelle… il tenait tout ça de Maria. Même certaines de ses mimiques semblaient être des copié-collé de celles de ses parents.
— Je pense qu’il est temps de te présenter à mes supérieurs, déclara Edward de tac-au-tac. Tu travailles bien, tu te tiens de mieux en mieux pendant les réunions familiales… (Il considéra l’air débraillé de l’adolescent d’un air las.) … et je vais prétendre n’avoir rien vu de ta petite bataille avec Rebecca.
Soulagé, Jim déglutit puis hocha la tête. Il s’était attendu à essuyer un savon plus sévère. Après tout, son oncle était entré dans sa chambre avec la main sur son arme et des yeux féroces.
— Je vais commencer à t’amener aux rencontres avec la haute-administration de la Ghost.
Jeremy encaissa la nouvelle en blêmissant, son cœur toujours plus furieux dans sa poitrine. Il regretta de ne pas avoir sa balle anti-stress à proximité pour l’écraser de ses doigts nerveux. Rebecca et lui l’avaient fait tomber pendant leur bataille.
— Tu seras toujours avec Rebecca, pas la peine de t’angoisser, ajouta Edward en s’approchant de lui. Le Dr Mann m’a dit que tu étais encore très stressé sur certaines choses. Tu as pris en confiance depuis que tu es arrivé, mais… (Il observa son neveu de la tête aux pieds, l’ombre d’un sourire aux lèvres.) On ne peut pas être parfaits, je sais. J’ai conscience que tu as fait beaucoup d’efforts depuis un an et…
Une boule se coinça en haut de la gorge d’Edward. Même à quarante ans, c’était si dur de prononcer des mots qu’on n’avait jamais reçus à son tour.
— Et je suis fier de toi.
La déclaration abaissa légèrement la muraille que l’adolescent érigeait perpétuellement en présence de l’homme. Ed devina au fond de ses yeux vairons un mélange de surprise, de méfiance et de reconnaissance. Il se sentit étrangement troublé par l’idée que Jim puisse ressentir autre chose que de la haine à son égard.
— Je te tiens au courant de la prochaine rencontre qui vaudra le coup, reprit Edward en redressant les épaules. Prépare-toi en attendant.
Avant de partir, Ed fit quelques pas vers son neveu. Jeremy redressa aussitôt sa barrière et se raidit de la tête aux pieds. Son oncle lui adressa un sourire espiègle.
— Et la prochaine fois que tu veux te raser, demande-moi de te montrer. Tu vas finir par te trancher la gorge, doué comme tu es.
Avant que Jim puisse dire quoi que ce soit, son oncle tourna les talons et s’en alla sans un regard en arrière. Vexé, l’adolescent se rendit d’un pas furieux dans la salle de bains. La dernière fois qu’il avait rasé les quelques poils solitaires qui poussaient sur son menton et au-dessus de sa lèvre, il avait été satisfait du résultat. Il ne s’était coupé que quatre fois. Bien mieux que sa première tentative, où il s’était carrément entaillé la narine et avait saigné pendant une demi-journée.
Dans le miroir, les minuscules coupures – récentes comme anciennes – constellaient le bas de son visage. Ce n’était effectivement pas bien beau à voir.
— Fais chier, marmonna Jim en jetant un regard noir au miroir. C’est toi qui es naze, pas moi.
Son reflet lui affirma exactement la même chose.



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Dernière modification par louji le mer. 28 juil., 2021 5:42 pm, modifié 2 fois.
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

Hey !
La réécriture (1ère tournée) est terminée 8-) Maintenant, j'attends de poster la fin pour voir ce que vous en pensez et d'avoir quelques retours avant de me dire que le point final du T1 est posé ^^
PS : Alexos est devenu Lazos, y'avait trop de prénoms en "Alex" 8-)




- Chapitre 60 -



Samedi 7 mai 2022, Parc national du Grand Bassin, Nevada, États-Unis d’Amérique.


Myrina s’approcha d’un pas feutré, sa robe ondulant au rythme de sa démarche féline. Ses yeux sombres étaient réhaussés de poudre dorée et ses lèvres maquillées de rouge mat. Personne dans la pièce n’égalait son élégance ni sa prestance. Avec un sourire en coin, elle s’assit sur l’une des chaises en bois. Sa tenue d’or était sublimée par le miel des boiseries qui l’entouraient.
Les Sybaris s’étaient rassemblés dans le chalet de leur famille pour une petite mise au point. Bien qu’à une dizaine de minutes seulement du siège de la Ghost, cette maison leur permettait de se retrouver sans être dérangés. Deux heures de route les attendaient ensuite pour l’événement du soir. La Ghost Society avait loué une salle des fêtes tout spécialement.
— Bonsoir, Elias.
La voix doucereuse de Myrina fit lever les yeux à l’intéressé. Au milieu de ses oncles et cousins, il préférait faire profil bas. Il s’était éloigné le plus possible d’Akos, son grand-oncle, qui présidait la réunion. Rebecca étant à sa droite, Myrina s’était glissée sur le siège à sa gauche. Vraisemblablement, elle aussi n’était guère intéressée par les détails stratégiques de la présentation.
— Vous devriez pas être devant avec les autres ? la questionna Jeremy sans masquer sa perplexité.
— J’ai déjà lu le brief de la soirée, le rassura-t-elle avec un clin d’œil. Edward t’a enfin montré comment te raser correctement ?
Jim piqua un fard et se détourna. Myrina avait un sens de l’observation chevronné. Les entailles qu’avait arborées Jim lors des réunions précédentes ne lui avaient pas échappé.
— Je ne te vois pas souvent en chemise. C’est vrai que tu lui ressembles beaucoup comme ça.
Gêné, Jeremy garda les yeux rivés au PowerPoint. Lui… Ed ou son vrai père ?
Peu importe, réalisa-t-il après coup avec un sourire amer. Ils sont jumeaux.
— Pas trop stressé ?
— Grâce aux anxiolytiques, pas trop, répondit Jim d’un ton plus mordant qu’il le souhaitait.
Myrina ne s’offusqua pas de l’irone agressive de son interlocuteur.
— Ed t’a dit que tu pouvais rester avec Becky non ? Elle a déjà participé à deux ou trois rencontres de ce genre.
— Vous parlez d’une rencontre, marmonna Jeremy d’un ton bougon. C’est un foutu gala.
Sa voisine s’esclaffa puis posa sur lui ses yeux brillant de malice.
— Ce n’est qu’une forme de rencontre. Réunion professionnelle, gala, dîner au restaurant, randonnées en montagnes… il y a un millier de possibilités. L’avantage de cette soirée, c’est qu’on peut se pomponner sans honte.
À ces mots, Jeremy se renfrogna un peu plus. Il se fichait bien de se pomponner. D’ailleurs, quelques épis commençaient à rebiquer sur son crâne malgré le gel. Et le costume qu’Edward avait commandé pour lui le gênait dans le moindre de ses mouvements. Jim aurait mille fois préféré une pyjama-party. Même s’il imaginait mal les Sybaris en pantoufles et robes de chambre.
— Ça va le faire, Jeremy, chuchota Myrina après coup en lui serrant le poignet.
Clignant des yeux, persuadé d’avoir mal entendu, Jim dévisagea la femme. Elle ne l’observait déjà plus, l’attention rivée à l’écran face à eux. De crainte d’être raillé, l’adolescent ravala ses questions et croisa les bras sur la table.

Jim avait écouté d’une oreille seulement. Il avait retenu le principal de la réunion : ils se rendaient tous – sauf Alexia qui n’appréciait guère ces manifestations et Lazos qui était trop jeune – à une soirée organisée par la Ghost Society. Les invités : la haute-administration de plusieurs sociétés-filles, des représentants de groupes partenaires, des associés du ministère de la Défense… que des grandes pompes que Jim avait hâte de fuir. Ce genre de réunion n’avait pas lieu tous les mois ; elles étaient plutôt organisées une à deux fois par an. Et Edward avait estimé que c’était l’occasion idéale de présenter son fils et potentiel héritier.
— Dis, Rebecca, souffla Jim en se penchant vers sa cousine. C’est comment, ce genre de fête ?
— Une fête ? répéta l’intéressée d’un air désabusé. Mon pauvre, rêve pas. C’est une foutue rencontre professionnelle avec des accords écrits sur des serviettes en papier. Champagne, petits fours, robes et costumes… tout ça pour parler que du boulot. Tu parles d’un gâchis.
— T’as pas l’air du genre de fille à faire la fête, de toute manière, la railla Jeremy en observant son visage crispé de frustration.
— Toi non plus, rétorqua Rebecca de but-en-blanc. T’as l’air encore plus naze que d’habitude avec ta chemise et ton nœud pap’.
— Je t’emmerde. Toi, on dirait que t’as pissé dans ta culotte tellement tu gigotes dans ta robe.
Rebecca le toisa avec humeur. Jim lui rendit la pareille. Puis, après avoir momentanément grommelé dans leur coin, ils échangèrent un regard amusé.
— Tu restes plus que naze que moi, ajouta Rebecca d’un ton qui ne souffrait d’aucune répartie.
— Vous allez finir par vous faire disputer, leur souffla Myrina avec un sourire complice.
Akos, qui arrivait au bout de sa présentation, s’arrêta au milieu de sa phrase pour jeter un regard irrité vers l’arrière de la salle.
— Myrina, les enfants… Vous pouvez vous concentrer plus de cinq minutes ?
Il s’adressait à eux en grec. Si le reste de la famille le parlait quotidiennement, Jim avait encore du mal. Il suivait des leçons depuis son arrivée à la Ghost, mais était loin de le maîtriser comme l’anglais ou l’italien.
— Il a dit quoi ? chuchota Jeremy à l’oreille de sa cousine. Un truc avec cinq minutes et se concentrer ?
— Il a dit que seuls les gros nazes pouvaient pas se concentrer plus de cinq minutes.
Jeremy lui adressa un regard blasé.
— Tu peux pas t’en empêcher, c’est clair.
— L’amour vache, c’est beau, approuva Myrina sans même leur jeter un coup d’œil.
Alors que la dernière slide défilait, Akos se tourna vers eux.
— Bon sang, Myrina, si tu te mets à donner le mauvais exemple…
Elle se contenta de hausser les épaules, l’air indifférent. Comme Jim et sa cousine l’observaient avec un mélange d’admiration et d’amusement, elle murmura :
— Je suis là juste pour le champagne et les petits-fours.
En vérité, elle participait depuis des années au rayonnement de la Ghost Society en signant des contrats commerciaux avec des partenaires du domaine de l’armée, du renseignement et de la défense. Son charme désarmant et son esprit rusé lui avaient permis de gagner une position respectée dans la hiérarchie de la Ghost.
Comme de nombreuses femmes, elle cachait simplement bien son jeu.

Myrina s’était glissée dans la voiture d’Edward pour le trajet. L’agent Colms était passée derrière le volant, aussi silencieuse et rigide que d’habitude. Elle serait la garde du corps personnelle d’Ed pour la soirée. Même si le gala réunissait, en théorie, uniquement des alliés et partenaires de la Ghost, les risques n’étaient pas à ignorer.
— Je t’ai connu plus bavard, murmura Myrina en croisant les jambes, le siège passager avancé devant elle pour lui laisser de la place.
— Je réfléchis, c’est tout. Je risque de ne pas d’être de très bonne compagnie pour le trajet.
— Je ne t’en veux pas, le rassura sa cousine en lui adressant un clin d’œil malicieux.
Comme Ed replongeait dans ses pensées, elle en profita pour l’observer. Il avait quelques mèches longues qu’il plaquait sur le haut de son crâne pour dégager son visage. Ses pommettes hautes, son front volontaire, sa mâchoire bien dessinée en ressortaient d’autant plus. Il était bel homme et vieillissait bien. Pourtant, Myrina ne l’avait plus jamais vu sourire à une femme comme il avait pu sourire à Brooke. Était-la seule à avoir remarqué la solitude constante qui entourait Edward ? La façon dont il s’assurait toujours de ne pas s’impliquer complètement dans ses relations ?
— Comment va ta fille ?
En fin de compte, Myrina préférait ne pas le laisser s’embourber dans les rouages tordus de son cerveau. Ed ne répondit pas dans l’immédiat, les sourcils froncés.
— Elle est plus distante qu’avant, finit-il par déclarer d’un ton soucieux. Il y a deux ans, quand elle a commencé à s’éloigner, j’ai mis ça sur le compte de l’adolescence. Mais… elle a que dix-sept ans, après tout, peut-être qu’elle continue sa crise d’ado.
— Je ne pense pas que Becky soit de ce genre, souffla Myrina avec un sourire en coin. Je pense que ta fille est du genre à faire passer ses messages indirectement. Elle t’en met un gros sous le nez depuis des mois, Ed.
Elle le sentit se crisper à ses côtés. Il ne devait pas être habitué à recevoir des leçons d’éducation. Pourtant, Myrina n’était pas seulement une brillante négociatrice. Elle avait elle-même deux enfants qu’elle retrouvait le week-end une semaine sur deux. De toute la famille, elle était persuadée d’être celle qui comprenait et écoutait le mieux sa descendance.
— Tu bosses comme un acharné depuis qu’on t’a nommé directeur-adjoint il y a trois ans. Tu étais déjà pas le père le plus présent qui soit, avant. Rebecca a dû se débrouiller sans toi. Tu as fait peser toujours plus de pression sur elle en parallèle. (Myrina croisa les bras en soupirant.) Et je ne mentionne même pas ta mère. Ça se voit qu’elle s’est adoucie avec Rebecca, mais elle reste… ta mère. Brute, intransigeante, cruelle dans sa froideur. Et elle attend de Becky autant que de toi.
Cette fois, Edward s’était tourné vers elle. Ses yeux ambrés semblaient noirs dans la pénombre de l’habitacle. Même s’il n’avait pas les traits de sa mère, il lui ressemblait à cet instant. La fermeté de sa bouche, la sévérité de son regard, la fierté de son port de tête.
Sa difficulté à accepter les critiques.
— Alors Rebecca s’éloigne de moi pour me punir ?
— Elle s’éloigne pour son propre bien. Tu es son dernier parent, son plus proche interlocuteur dans la famille, et tu la repousses pour travailler plus. Elle prend ses distances pour assurer ses arrières, Ed.
Le visage encore plus crispé qu’au début du voyage, Edward retourna à la contemplation de la route. Les paroles de Myrina pesaient lourd sur sa conscience. Et sur son cœur.
— Elle est encore plus distante depuis qu’elle a intégré le groupe 16-18, soupira Ed d’une voix morose. Les cours sont aussi un prétexte pour qu’on passe moins de temps ensemble.
— Peu importent les prétextes, marmonna Myrina en lui empoignant le bras. Edward, tu es en train de la perdre. C’est ce que je veux te dire. Tu la perds, comme tu as perdu d’autres être chers. (Il écarquilla les yeux, ouvrit les lèvres, mais elle le devança : ) Tu n’es pas comme ta mère. Tu n’as pas son insensibilité. Et Rebecca est encore moins comme vous. Elle n’a pas votre ambition. Tu t’es tellement aveuglé de tes propres espoirs que tu as oublié ses rêves à elle.
Quelques secondes de silence permirent à Edward de se recomposer une façade.
— Elle connaît sa place et son rôle, finit-il par asséner d’un ton péremptoire.
Un éclat désolé luisit dans les prunelles sombres de Myrina.
— Oh, Ed… (Myrina secoua la tête, l’air déçue.) Tu me demandes souvent pourquoi je n’ai jamais demandé à être mutée directrice-adjointe. J’en ai les compétences, je sais bien.
— Évidemment, grinça Ed en serrant les dents – le sujet le frustrait plus que Myrina elle-même. Bon sang, tu es la meilleure négociatrice de la Ghost. Tout le monde boit tes paroles dès que tu ouvres la bouche. Tu as un charisme fou, Myrina.
— Mais je m’en fiche, Ed. C’est pas ce que je veux. Et c’est ce qui compte, au final. Ce que je veux. (Elle observa son ongle peint en noir, implacable.) Tu sais, avec mes enfants… je suis déjà une mère qui s’en veut énormément. Je voulais pas devenir une mère sans enfants. Car c’est ce que je serais devenue si j’avais accepté de devenir directrice-adjointe. Je n’aurais jamais eu de temps pour eux. Ni pour moi. (Elle roula des yeux.) Tu parles d’une vie.
Même s’il comprenait les motivations de sa cousine, Edward secoua légèrement la tête.
— Tu aurais pu concilier tout ça.
— Pour être à la fois une mauvaise directrice et une mauvaise mère ? (Elle lâcha un rire gras qui résonna dans l’habitacle.) Non merci.
Comme Edward se détournait de nouveau, elle se pencha vers lui, l’air grave.
— Ed, encore une fois, ce que je veux te faire comprendre… c’est que Becky veut voler de ses propres ailes. Elle ne veut pas celles qu’Alexia et toi lui proposez. Elle veut construire son propre harnais et faire le bond d’elle-même, au-dessus du ravin qui lui conviendra. (Elle enfonça ses ongles dans le poignet dénudé d’Ed.) Tu comprends ?
Ses mâchoires étaient si contractées qu’il aurait pu casser du verre entre ses dents. Il comprenait. Mais il refusait. Il refusait comme sa mère avait refusé pour son frère des années plus tôt. Refusé qu’il ait embrassé sa propre voie.

Le silence pesait lourd entre Myrina et Edward. Elle était aussi agacée qu’il était frustré. Quand l’agent Colms leur annonça que la destination n’était plus qu’à cinq minutes, Myrina se dérida.
— Et Elias ? Comment ça se passe ?
Son cousin attendit si longtemps avant de répondre qu’elle le crut fâché pour de bon. Mais, d’une voix étrangement rauque, il finit par maugréer :
— Ça pourrait être pire, ça pourrait être mieux.
— Je trouve qu’il a bien mûri. Il ne participe toujours pas pendant les réunions familiales, mais il a l’air de suivre ce qu’on dit, au moins.
— Oui, il a mûri. Mais il lui manque tellement de choses. Il a encore un côté… si gamin.
— Ed, il vient juste d’avoir quinze ans, soupira Myrina. C’est un gamin. Je faisais de ces conneries, à son âge. Il est relativement sage, en réalité.
— Il me pose pas de problème, c’est vrai, reconnut Ed en s’efforçant d’apaiser le mélange de honte et de remords qui brûlait au fond de sa bouche. Depuis quelques mois, il fait des efforts remarquables. Il majore en maths, en histoire et en économie dans son groupe. Il est plutôt bon pendant les entraînements, même s’il a du mal avec la conception et la stratégie.
— Mais c’est qu’il est même devenu doué, le p’tiot d’Ethan.
La déclaration n’était pas un lapsus et eut l’effet escompté : Edward se tourna vivement vers elle, expression furieuse vissée au visage. Myrina lui adressa une moue narquoise en retour.
— Si tu penses que ton frère va rester tranquille pendant des années, tu te fourres le doigt dans le nez, Ed.
Le visage de ce dernier s’assombrit jusqu’à faire disparaître l’éclat doré de ses yeux et le charme de ses traits. Myrina n’aurait su dire si sa rage était plus forte que sa haine.
— Myrina, ne joue pas à ce petit jeu. Je connais les risques.
— Et tu exposes Jeremy en plein milieu d’un gala ? rétorqua Myrina avec hargne.
— C’est Elias son prénom, bordel.
— Oh, toi aussi, ne joue pas à ce jeu avec moi.
Ils se toisèrent en silence pendant quelques secondes, dents serrées, prêts à cracher leur venin d’une seconde à l’autre. Profitant de l’absence de réplique, l’agent Colms déclara d’un ton formel :
— Nous sommes arrivés.
Avec l’impression d’avoir été écorché à vif, Edward ouvrit la portière et sortit abruptement. Sa poitrine laissait échapper toute sa colère, ses regrets, sa peur en vagues brûlantes.
Dans la voiture, Myrina le suivit des yeux, lèvres pincées d’exaspération. Son cœur martelait ses côtes. Appréhension, espoir réprimé et culpabilité lui enserraient les tripes.
Ils avaient tous des choses à accomplir ce soir.



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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

Bon, je l'ai pas précisé au précédent chapitre, mais c'est la fin là... Celui-ci compris, il reste 3 chapitres 8-)
Y'a un nouveau perso aussi qui est introduit dans ce chap, et que j'aime beaucoup. Mais on la verra surtout au T2



- Chapitre 61 -



Samedi 7 mai 2022, Nevada, États-Unis d’Amérique.


Une soixantaine de convives évoluait autour des buffets et des tables dressées en blanc et corail. Ils formaient des amas de groupes disséminés çà et là au gré des négociations. Si les tenues de combat ou de travail avaient laissé place aux robes et aux costumes, rares étaient ceux qui n’étaient pas venus armés. Tout le monde connaissait les enjeux d’une telle soirée. Et ses dangers.
Au milieu des négociateurs, directeurs, agents et autres représentants, une dizaine de serveurs allait et venait dans la salle des fêtes. Ils étaient reconnaissables à leur uniforme unisexe d’un noir sobre et à leur jeu de jambes efficace. Les coupes de champagne scintillaient entre deux plateaux de soufflés encore chauds. La Ghost Society avait fait appel à un organisateur d’événements qui proposait les services d’un traiteur en plus de la salle des fêtes.
Edward observait son environnement. Ces petites soirées l’amusaient. Lui permettaient d’apercevoir d’autres visages que ceux aigris de sa famille ou ceux trop familiers de ses collègues. Sa mère n’était pas non plus là pour lui reprocher le moindre de ses faits et gestes. Alexia aurait dû prendre sa retraite, mais elle repoussait toujours plus l’échéance. Ed la soupçonnait de craindre plus que tout une vie sans objectifs, sans réunions, sans rapports. Que deviendrait la femme qui avait fondé S.U.I et aidé sa famille à s’incorporer dans la Ghost Society ? Une femme incapable de prendre du temps pour elle-même ? Elle ne serait rien de plus qu’un fantôme du passé aigri, oublié, déboussolé.
Lorsqu’un plateau de coupes remplies de liquide ambré passa près de lui, Edward attrapa habilement l’une des flûtes. Comme la serveuse s’apprêtait à servir un groupe plus éloigné, elle lui adressa un regard mauvais. Elle faisait facilement la taille d’Edward. Sous ses cheveux d’un blond jauni peu naturel, son air exaspéré finit par laisser place à de la surprise gênée.
— E-Excusez-moi, bredouilla-t-elle d’une voix rauque qui allait de pair avec son visage de rapace.
Son plateau à la main, elle s’éloigna promptement vers un autre groupe pour les servir en champagne. L’alcool pétillant sur les lèvres d’Edward lui fit oublier le désagrément. Il devait commencer à se faire une bonne place pour que les serveurs s’écrasent en le reconnaissant. L’idée lui tira une moue satisfaite.
— Edward ?
Un homme à mi-chemin de la cinquantaine, visage buriné et cheveux poivre et sel, approchait d’un pas assuré. La largeur de ses épaules accentuait le vide qui se trouvait à la place de son bras gauche. Ed se tourna complètement vers le nouveau-venu, sourire aux lèvres.
— Lorenzo, le salua-t-il en inclinant sa coupe de champagne. Je suis étonné de te voir ici.
— Il faut bien rappeler son existence aux têtes penseuses, soupira son interlocuteur avec un sourire de connivence. Puisque la A.A refuse toujours mes propositions, peut-être que la Ghost pourra faire pression.
Le rire désabusé d’Edward rejeta légèrement ses épaules en arrière.
— À qui le dis-tu. David Horn et Elisabeth Allan se plantent une épine dans le pied en refusant les services de la Costello Corporation. Vous êtes la meilleure solution de gestion des armes en Californie du nord.
— C’est pour ça qu’on vient tenter notre chance ce soir. (Lorenzo se tourna pour laisser place à une adolescente d’une quinzaine d’années.) Je te présente ma fille, Ivana.
Même si elle n’avait pas la peau mate de son père ni ses cheveux sombres, ses yeux marron luisant d’intelligence étaient tout à fait ceux de Lorenzo. Ed tendit la main à la jeune fille.
— Edward Sybaris. Sous-directeur de la Ghost Society.
— Je sais qui vous êtes, sourit l’adolescente en lui retournant sa poigne avec fermeté. Ivana Costello. La future dirigeante de la C&C. Quand mon père acceptera de me laisser la place.
Lorenzo leva les yeux au ciel puis sourit à sa fille. Agréablement séduit par l’assurance qui se dégageait de son visage encore juvénile, Ed rit doucement.
— J’aimerais que ma propre fille soit aussi confiante. (Il parcourut la foule des yeux sans repérer Rebecca dans l’immédiat.) Je parie qu’elle se cache avec son frère derrière des petits-fours.
— Tu as un fils ? s’étonna Lorenzo en dressant des sourcils épais.
Edward mima sans grande difficulté un petit sourire embarrassé.
— Je l’ai appris il y a peu de temps. Un enfant que j’ai eu lors… d’une aventure à l’étranger. Comme sa mère n’était plus en mesure de s’occuper de lui, je l’ai pris sous mon aile.
— Quelle histoire, s’exclama Lorenzo en vidant sa flûte de champagne d’une traite. Il a quel âge ?
— Quinze ans. (Comme Ivana haussait des sourcils surpris, exactement comme son père, Ed lui adressa un clin d’œil.) Toi aussi, je suppose ?
Avec un sourire, elle acquiesça. Edward aurait apprécié que Jeremy soit aussi mature.
— Je vais vous laisser, souffla-t-il en déposant sa coupe sur un plateau vide à proximité. Je dois retrouver mes enfants.
Lorenzo attendit qu’il se soit éloigné pour perdre sa moue affable. Mâchoires serrées, il baissa légèrement le cou et murmura à l’attention de sa fille :
— C’est une vipère, Iva. La même engeance que sa mère. Ne lui fais jamais confiance.
Sa fille leva un regard hésitant dans sa direction, ses lèvres charnues pincées d’appréhension.
— J’ai fait quelque chose de travers ?
— Non, tesoruccia.
Soulagée, Ivana hocha la tête sans détourner le regard du dos d’Edward. Une boule de colère froide lui enserrait la gorge.
— Les Sybaris ne sont pas nos alliés.
— Non, ce sont même plutôt nos ennemis, soupira Lorenzo en échangeant un regard pensif avec sa fille. Ta grand-mère a échoué face à Alexia Sybaris et en a payé le prix toute sa vie.
Paupières plissées, Ivana serra les dents. Elle manqua verser une partie de sa limonade sur ses escarpins rouges sous le coup de la colère. Nerveuse, elle s’efforça à respirer. Sa robe bustier ne l’aidait pas à maîtriser son souffle. C’était sa première participation à un rassemblement de cette importance. Malgré ses entraînements, son anxiété perçait parfois la surface de son masque poli et souriant. La main chaude de son père sur son épaule la força à se détendre.
— Respire, Iva. Tu te débrouilles très bien jusqu’ici. Mamie ne pourrait pas rêver mieux.
L’adolescente prit une longue inspiration puis adressa un regard déterminé à son père.
— On peut retourner aux négociations.

Rebecca et Jeremy ne se quittaient pas d’une semelle, angoissés à l’idée de se retrouver seul au milieu de la foule. Installés en tête-à-tête à une table chargée de jus de fruits et de parts de gâteau à moitié entamées – Jim avait eu les yeux plus gros que le ventre – ils osaient à peine discuter de peur d’attirer l’attention.
Edward ne tarda pourtant pas à les retrouver. Il s’approcha des adolescents avec une moue dépitée, les bras croisés. Rebecca pinça les lèvres quand il s’arrêta à leur hauteur.
— Ma fille, mon fils.
— Papa.
Jeremy jugea plus sage de ne faire aucun commentaire. Ed les observait tour à tour sans masquer sa déception.
— Je viens de croiser une jeune fille de votre âge qui se préparait pour la succession familiale. Pourquoi vous ne pouvez pas faire pareil ?
— J’ai mal au ventre, expliqua Jim d’un ton bas comme si le sujet était très grave.
Ed l’ignora pour se concentrer sur sa fille. Rebecca lui rendit son regard, mâchoire crispée.
— Papa, je t’ai déjà expliqué que je détestais ce genre de réunion. Je m’en fiche de rencontrer tes supérieurs, de faire connaissance avec nos partenaires.
Un rictus acide plissa la bouche d’Edward.
— Tu t’en fiches ? Bon sang, Rebecca, tu vas devenir un Fantôme. Un agent de la Ghost. Tu ne peux pas t’en ficher. (Comme elle détournait la tête en fronçant les sourcils, il fit un pas dans sa direction.) Tu es mon héritière. Tu vas reprendre la suite après mamie et moi. Tu dois être prête.
La colère montait des deux côtés. Edward refusait de croire que Myrina ait raison à propos de sa fille. Il ne voulait pas penser aux conséquences d’un tel refus. Des années de travail, d’investissements, d’efforts pour… rien ? Pour que tout le sang et la sueur qu’Alexia et son fils avaient versé n’aient aucun aboutissement ?
Rebecca ne pouvait pas tout lâcher simplement par mauvaise volonté. Ed ne le permettrait pas.
— Écoute, gronda-t-il en saisissant le poignet de sa fille. Je comprends que tu te rebelles, Becky. Je sais que ce que j’exige de toi n’est pas facile. Mais tu dois faire des efforts. Pour toi. Pour mamie. Pour moi.
— Tu te trompes, siffla-t-elle en retour en se dégageant. Tu te trompes depuis toujours !
Alors qu’Edward levait de nouveau la main, Jim se redressa d’un coup.
— On va faire des efforts. Mais laissez-nous du temps.
Les mots s’étaient échappés tout seul de ses lèvres. Médusé par ses propos, Jim n’osa plus affronter son oncle. Ce dernier garda le bras levé un instant puis baissa les épaules. Il semblait dépité.
— Montrez-moi que vous en faites, imbéciles. Présentez-vous auprès de mes collègues de la Ghost. Échangez avec les autres jeunes. Faites quelque chose, bon sang.
— On va essayer, le rassura Rebecca en se redressant à son tour. Désolée, papa. Je sais que… tu fais des efforts pour nous.
— Oui. (Il observa sa fille à la dérobée, les traits enfoncés par la fatigue.) Je vous fais confiance.
Ed les laissa sur place pour rejoindre une autre table.
Rebecca et son cousin échangèrent un regard embarrassé. Ils ne pouvaient pas dire qu’ils avaient fait beaucoup pour contenter Edward.
— Bon, j’y vais, déclara Rebecca en terminant son verre d’une traite. À tout, gros naze.
Jeremy lui adressa une grimace narquoise en guise de réponse.
— Fais gaffe à pas te trémousser sur place.
Quand il se retrouva seul, Jim se rassit lentement sur sa chaise. Contrairement à sa cousine, il ne sentait pas d’attaque à sociabiliser. Il ne connaissait personne en dehors de sa famille. Rebecca était déjà plus habituée que lui à évoluer dans les sphères de la Ghost et de leurs alliés. Mais lui… c’était sa première participation à un tel événement et ça lui fichait une boule de feu dans l’estomac.
— Du champagne ?
Tiré de ses pensées, Jim dévisagea la serveuse aux cheveux d’un blond jauni. Elle était si grande qu’elle lui masquait la lumière des plafonniers.
— Euh, je suis mineur.
Elle roula des yeux comme si la justification était insignifiante et rapprocha un peu plus le plateau de l’adolescent.
— Je bois pas, merci, insista-t-il d’un ton irrité en constatant que la serveuse n’avait pas bougé.
La femme lui jeta un regard cinglant, agrippa l’une des coupes de champagne et la déposa férocement sous son nez. Des gouttelettes de l’alcool ambré éclaboussèrent les mains de Jim.
— Eh, s’indigna-t-il en agrippant une serviette en papier. C’est quoi votre problè…
La serveuse s’était déjà éloignée. Excédé, Jim essuya ses doigts et les gouttes qui tachaient à présent sa chemise blanche. Comme du champagne avait glissé le long de la flûte, il la souleva pour éponger la nape. Un bout de papier humide resta collé au pied du verre.
Perplexe, Jeremy le récupéra et le déplia. Quelques mots y étaient grossièrement inscrits :
« RDV 5 MIN CUISINES »

À une dizaine de mètres, Myrina suivit du regard la serveuse qui s’éloignait dans la zone de service. Quand elle se concentra de nouveau sur Jim, un sourire afflua à ses lèvres. Il tenait quelque chose entre ses mains et observait d’un air consterné la porte derrière laquelle la femme avait disparu.
Le contact était établi.



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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

Avant-dernier chapitré, yé.
J'ai créé un sondage pour les points que vous verriez être plus travaillés dans le T2 (sachant que j'ai déjà prévu pas mal de choses évidemment) !



- Chapitre 62 -



Samedi 7 mai 2022, Nevada, États-Unis d’Amérique.


Il faisait soudain plus chaud. Grimaçant, Jim tira sur le col de sa chemise, batailla avec son nœud papillon pour le défaire. Il vida un verre de jus de fruits avant de relire le message. Les quatre mots pesaient lourds dans sa paume.
C’est quoi ce bordel, maugréa-t-il en refermant les doigts autour du papier mouillé.
Méfiant, il observa les tables voisines, sans apercevoir autre chose que des convives en pleine discussion ou des serveurs affairés. La serveuse qui lui avait apporté le message était-elle la personne que Jim devait rencontrer ? Ou n’était-elle qu’un intermédiaire ? Il était persuadé de ne l’avoir jamais vue.
Avec une grande inspiration, il s’efforça au calme. Le Dr Mann lui avait proposé plus d’un exercice de relaxation et méditation pour l’aider à contrôler ses accès d’angoisse. Jeremy n’avait pas toujours des anxiolytiques sur lui ni même l’envie de se bourrer de médicaments.
Après deux longues minutes de respiration profonde, il rouvrit les paupières et jeta un coup d’œil à la foule. Il aperçut Rebecca aux côtés de son père une dizaine de mètres sur la droite. Ils échangeaient avec deux hommes aux crânes dégarnis. Sa cousine baissait le menton, manifestement embarrassée par la conversation. Jim lui adressa un regard compatissant puis se décida. D’un mouvement fluide, il saisit un couteau posé sur la table et se leva. La porte d’accès aux cuisines se trouvait sur la gauche.
Son rythme cardiaque accéléra tandis qu’il traversait la pièce d’un pas faussement assuré. Peut-être un test d’Edward ? Cherchait-il à vérifier sa loyauté, sa fiabilité ? À s’assurer que l’adolescent était capable de réagir à une situation de crise ? Ou était-ce une erreur ? La serveuse s’était peut-être trompée de cible.
Les toilettes se trouvaient juste à côté de la porte de service. Jeremy s’y engouffra sans un regard pour le convive qu’il croisa et alla se pencher au-dessus du lavabo. Ses joues étaient encore rouges de la montée d’adrénaline. Profitant de se laver les mains, il mouilla le papier jusqu’à le transformer en bouillie blanche puis le jeta à la poubelle. Qui l’attendait vraiment près des cuisines ?
Les possibles réponses faisaient trembler ses jambes. Si ce n’était qu’un test d’Ed, il le saurait vite. Et si c’était autre chose… Un an et demi. Un an et demi qu’il incarnait le fils perdu puis retrouvé d’Edward Sybaris. Un an et demi qu’il avait rejoint la Ghost Society et évoluait en son sein. Un an et demi depuis qu’il avait menti à ses proches pour sauver sa mère et sa sœur. La culpabilité, la honte et les regrets n’étaient plus aussi vifs. Mais ils enflaient dans sa poitrine quand Jeremy se laissait aller au découragement. Il se maudissait d’avoir agi sans l’aval de ses proches. Il les maudissait eux pour n’avoir pu l’empêcher de se rendre.
Et il les avait maudits pendant un an et demi de l’avoir abandonné à son sort.

Le ventre si noué qu’il craignait de rendre son repas, Jeremy sortit des toilettes et poussa la porte de service. Son geste avait été fluide. Il se retrouva dans un couloir encombré de chariots, de caisses et d’empilements de plateaux. Une serveuse lui adressa un regard étonné en sortant d’une pièce de rangement.
— Je cherche les cuisiniers, souffla-t-il en prenant un ton nerveux. Je suis allergique aux crevettes et je crois qu’il y en avait dans un beignet que j’ai mangé.
Un air désolé se peignit sur le visage de la jeune femme. Elle indiqua une bifurcation quelques mètres plus haut.
— Je suis vraiment navrée, monsieur. J’espère que vous ne serez pas malade.
— J’espère, moi aussi, acquiesça Jeremy en adressant une grimace de lamentation à son interlocutrice.
Les mains plaquées sur le ventre, il reprit son chemin d’un pas traînant. Il conserva son allure jusqu’à l’angle que lui avait indiqué la jeune femme. Un autre serveur manqua renverser une carafe d’eau sur ses pieds en bondissant hors des cuisines. Ils s’excusèrent simultanément puis reprirent leurs chemins respectifs. Jim jeta un coup d’œil dans la pièce vivement éclairée et envahie d’odeurs savoureuses. Des cuisiniers s’affairaient au-dessus des marmites, lavabos et autres plaques de cuisson. Aucune trace de la serveuse qui lui avait fait passer le message.
— Je peux vous aider ?
Jim reprit son masque souffrant en se tournant vers la femme qui s’était adressée à lui. Le mélange d’odeurs qui assaillait ses narines soulevait un estomac déjà noué. L’adolescent n’eut donc pas à faire beaucoup d’efforts pour feindre une grimace nauséeuse. Il expliqua son problème à la cuisinière d’une voix geignarde. Elle finit par lâcher sa douille, les joues creusées par l’appréhension.
— Oh, je crois bien qu’on a préparé des beignets à la crevette. Vous êtes très allergique ? Il faut appeler un médecin ?
Alors que Jim allait lui assurer qu’il survivrait vaillamment à l’épreuve, une main s’enroula autour de son épaule. Il sursauta, la poitrine envahie par un pic glacé, puis se redressa. La serveuse aux cheveux blonds le lorgnait de haut, l’air maussade.
— Monsieur, je peux vous faire prendre l’air si vous le souhaitez ?
Jeremy la dévisagea sous tous les angles avant de hocher la tête. Il accentua le rond de son dos, émit un petit hoquet puis se retint au bras de la femme. Elle était musclée.
— J’ai des hauts-le-cœur, gémit-il en agrippant les plis de sa chemise.
Il était tellement angoissé que le blanc de son visage n’était pas que de la feinte.
— Suivez-moi, lança la serveuse de sa voix nasillarde en l’entraînant à travers les cuisines.
Le personnel s’écarta pour les laisser passer. Jim eut le temps de humer un mélange de chocolat, de carotte, de muscade et de viande saisie à la poêle avant de se retrouver face à une issue de secours. La femme poussa le battant sans un instant d’hésitation, sa poigne de plus en plus ferme autour du poignet de l’adolescent. Ils déboulèrent sur un parking éclairé d’un unique lampadaire. Des insectes bruissaient dans l’air tiède du début de soirée. Plusieurs fourgonnettes au nom de la société du traiteur – Wallace&Merry’s – étaient alignées sur la droite.
Dès que la porte fut refermée derrière eux, Jim se redressa, enfonça la main dans la poche de son pantalon et en sortit le couteau qu’il avait récupéré à sa table quelques minutes plus tôt. D’un ton glacé, il cracha :
— Qui êtes-vous ?
La femme haussa un sourcil, lorgna la lame qui luisait à quelques centimètres de son nez puis s’esclaffa. Elle avait un rire désagréable, comme venu du fond de sa gorge.
— Gamin, bordel. Si je te dis que t’as pas de chance de ressembler à ton père, car ta mère est bien plus jolie, tu baisses ton couteau ?
Mâchoire tendue, Jeremy ne bougea pas d’un cil. Et sa main se mouva presque d’elle-même quand la serveuse dirigea le bras vers le haut. Ses doigts s’étaient refermés sur ses cheveux – une perruque. La pointe du couteau avait eu le temps de lui entailler la pommette. Elle grogna, recula d’un pas et foudroya l’adolescent du regard. Sa tête vidée de perruque dévoila une crâne rasé à l’exception d’une mèche violette qui lui tombait dans le dos.
— Petit bouffon insolent, siffla-t-elle sans élever la voix. On va finir par s’apercevoir de ton départ. Tu tiens vraiment à ce que ton oncle taré parte à ta recherche ?
— Mon oncle ? Qui ça ?
La femme fronça les sourcils d’un air désabusé.
— Mais t’es demeuré ou quoi ? Tes parents auraient pu prévenir.
— Qui. Est. Mon. Oncle ? répéta Jeremy d’une voix mordante.
Son couteau menaçait toujours dangereusement l’œil de l’inconnue. Était-ce réellement un test d’Edward. S’il acceptait de suivre l’inconnue, serait-il considéré comme déloyal ? Combien de sermons, de leçons, devrait-il ensuite subir pour retrouver la confiance de sa famille ?
Avec une grimace irritée, la fausse serveuse fit un geste vague de la main.
— Ben Edward Machin-Truc. Tu vas pas me demander la couleur de son slip, aussi ?
Jim la dévisagea encore quelques secondes avant d’abaisser le bras. Constatant son expression interdite, l’inconnue roula des yeux puis tourna les talons.
— Bouge tes miches, faut qu’on mette le plus de distance possible entre ces fous-furieux et nous.
Muet, Jeremy la regarda s’éloigner à travers le parking. Des insectes tournoyaient furieusement autour du lampadaire. La silhouette longiligne de la femme finit par s’arrêter près d’une fourgonnette. En avait-elle les clefs ? Edward avait-il passé un accord avec la société de traiteur ?
— Eh, gamin, je suis pas payée pour ce que je fais. Je mets ma foutue vie en danger pour sauver la tienne. Alors, par pitié, complique pas les choses.
Lèvres pincées, Jim resta campé sur place. Son cœur lui hurlait de courir après l’inconnue pour la rejoindre. Sa raison, un peu plus sage, lui murmurait d’assurer ses arrières.
— Qui êtes-vous ?
— On s’est jamais croisés, gamin, ça changerait rien que je te donne mon nom.
Excédé, Jeremy jeta les bras au ciel et s’exclama :
— Dites-moi comment je peux vous faire confiance !
Éclairée par derrière, l’inconnue au crâne rasé avait l’air plus intimidante que bienveillante. Elle renifla bruyamment, lâcha un juron à faire rougir l’adolescent, puis gronda :
— Je sais pas, moi ! Je suis là pour te sauver, pas philosopher.
— Qui vous envoie, alors ?
Même à une dizaine de mètres d’elle, Jeremy aperçut le roulement de ses yeux.
— T’es pas le couteau le plus affûté du tiroir, toi. Toute la cervelle est allée à ta sœur ?
Songer à Thalia enroula une langue de feu autour de son cou. En tant qu’Elias, il avait aussi une sœur. Alors qui envoyait cette femme ? Edward, pour le piéger ? Sa vraie famille, venue le récupérer ? Ou d’autres entités impliquées dans ce jeu vicieux ?
Après avoir dégluti péniblement, Jim avança de quelques mètres puis s’arrêta. D’un ton incertain, presque rêveur, il demanda :
— Vous êtes venue… pour moi ? Pour me sauver ?
— Et je suis à deux doigts de te laisser ici, râla l’inconnue en fouillant sa poche. Quelle merde, sérieux.
Un tintement de clés ramena Jim au parking mal éclairé. Un porte-clés Wallace&Merry’s pendouillait au bout des doigts de l’inconnue. Elle se dirigea vers l’une des camionnettes puis la déverrouilla. Une brise légère ébouriffa les cheveux de Jim et la natte effilée de la femme.
— Tu montes, gamin ? Dernière chance.
Le cœur de Jeremy battait si fort qu’il masquait presque le bruit des insectes. Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, avisa les lumières qui filtraient sous la porte de service. Il songea à Rebecca, enchaînée à l’ombre de son père, aussi à l’aise que lui au milieu de tous ces faux-semblants.
Pardon, Becca. Qui que ce soit derrière tout ça, soit je te laisse tomber, soit je te déçois.
— Eh, l’interpella la fausse serveuse d’un ton ennuyé, je crois que ta mère m’a parlé d’un truc. Peut-être que ça prouvera mes bonnes intentions. (Jim redressa le nez, intrigué, et attendit la suite les dents serrées.) Y’a une histoire de… pendentif ? Un truc que ta sœur devait avoir pour cadeau, mais que t’as finalement récupéré ?
Jeremy entrouvrit la bouche. Thalia n’avait que sept ans le jour où elle avait piqué une crise pour échanger son cadeau avec celui de son frère. Ce collier, que Jeremy avait caché sous le col de sa chemise, était l’un des rares effets personnels qu’Edward l’avait autorisé à conserver.
La mâchoire tremblotante, Jeremy se tourna de nouveau vers la porte de service. Si Rebecca en avait fini par les discussions de son père, elle devait le chercher. S’interroger sur sa subite disparition. Prévenir Edward. Ils s’élanceraient à sa recherche.
Bordel de merde.
Il ferma les yeux, grinça des dents. Puis murmura :
— Désolé…
La poitrine comprimée, il s’élança vers la camionnette.



Suite
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louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

Etttt zééé la fin. Du tome 1, y'a encore un paquet de m*rdes à venir :lol:
Plus sérieusement, ça fait toujours bizarre de poster un dernier chapitre, même si j'ai fini l'écriture de mon côté il y a plus de quatre mois déjà. La 1ère réécriture est finie aussi, j'attends d'avoir des retours sur la fin et la cohérence du tome complet pour me dire que c'est fini, fini, pour de bon ce tome 1.
Je vais faire un petit mot après ce chapitre pour faire un point sur la suite et poser des questions aux lecteurs éventuels de cette histoire (je n'ai aucune idée si des personnes lisent en plus des Booknautes avec qui je discute régulièrement) sur leurs ressentis du tome 1 :D
Bon, j'arrête de parler, bonne lecture !




- Chapitre 63 -



Samedi 7 mai 2022, Nevada, États-Unis d’Amérique.


Derrière le volant, l’inconnue ne tarda pas à défaire les premiers boutons de son uniforme noir. Une fois plus à l’aise sur le large siège de la camionnette, elle soupira de contentement. Ils avaient quitté le parking de la salle des fêtes une dizaine de minutes plus tôt. À présent engagés sur une large voie double, la fausse serveuse ne tarda pas à faire vrombir le moteur.
— Vous pouvez me dire comment vous vous appelez, au moins ? souffla Jim en l’observant.
Son interlocutrice jouait avec la longue mèche de cheveux prune qui tombait de l’arrière de son crâne. Elle quitta brièvement la route des yeux pour lui adresser un rictus.
— Janice Gordon. (Elle haussa ses épaules malingres sans cesser d’écraser l’accélérateur.) Appelle-moi Jane.
Rassuré par son attitude nonchalante, Jeremy se laissa aller dans son siège, regard perdu sur l’horizon obscur.
— Jeremy Wayne, souffla-t-il à son tour en souriant face à la sonorité devenue étrangère. Vous pouvez m’appeler Jim.
Jane ricana, mais n’émit aucun commentaire. Alors qu’elle redescendait progressivement à une vitesse qui ne leur vaudrait pas d’être poursuivi par la police névadaine, elle jura bruyamment. Surpris, Jeremy se redressa, mais elle secoua la tête pour le rassurer.
— J’ai oublié de te filer ça, gronda Janice en fouillant nerveusement sa poche.
Elle en extirpa deux cachets blancs qui arrachèrent aussitôt une grimace à Jim.
— Un sédatif et un analgésique, expliqua-t-elle d’une voix rauque.
Son interlocuteur haussa un sourcil suspicieux avant de rire nerveusement.
— Vous croyez vraiment que je vais avaler ça sans plus d’infos ?
Jane le fusilla du regard puis déposa de force les deux pilules sur la cuisse de l’adolescent. Jim les empêcha de tomber par pur réflexe.
— Si tu les prends pas, c’est pas mon problème. Mais tu risques de regretter.
Perplexe, Jim considéra les pilules au creux de sa paume puis soupira.
— Et c’est pour quoi faire ?
— Ça risque d’être utile quand ils vont te charcuter le bras.
Cette fois, Jim laissa tomber les deux pilules entre ses pieds. Il jura tout bas, se contorsionna pour les récupérer puis jeta un regard stupéfait à Jane.
— C’est quoi ce bordel ?
— Ferme-la et avale ces foutus médocs’, maugréa-t-elle en tapant sur son volant. Je dois m’arrêter à la prochaine sortie. On doit pas perdre une minute. Les effets auront pas le temps d’agir si tu traînes trop.
Jeremy observa tour-à-tour les pilules et la femme en rogne. Il ne savait pas qui des deux l’inquiétait le plus. Il finit par lâcher un rire jaune. Au point où il en était… Il récupéra une bouteille d’eau abandonnée entre les deux sièges, déposa les cachets sur sa langue et les fit descendre d’une grande rasade.
— Bon garçon, le railla Jane avec un sourire cynique.
L’adolescent l’ignora en revissant le bouchon. Cette femme connaissait personnellement ses parents et était même au courant de l’histoire du pendentif… Si elle lui voulait vraiment du mal, elle l’aurait déjà fait.
Comme promis, Jane s’engagea dans la première sortie qu’ils croisèrent. Elle ralentit à hauteur d’un carrefour, inspecta son rétroviseur intérieur, puis prit sur la droite. Jim observait les champs plongés dans la nuit en silence. Il n’avait aucune idée de l’endroit où ils se trouvaient ni de leur destination finale.
— On va où, au fait ? trouva-t-il bon de demander après quelques minutes.
— Récupérer de quoi te charcuter le bras.
Sourcils froncés, Jeremy n’osa pas demander plus de détails. Il avait fini par accepter de ne plus rien contrôler. Les cachets commençaient d’ailleurs à agir : son esprit autant que son corps peinaient à analyser leur environnement. Les champs et les collines lointaines n’étaient que des amas flous de l’autre côté de la vitre.

L’horloge électronique du véhicule avait avancé de quelques minutes lorsque Janice ralentit à hauteur d’un motel. Jim prêta à peine attention à l’enseigne : c’en était une parmi tant d’autres au milieu des plaines américaines. Une fois garés, Janice coupa le moteur puis martela :
— Tu bouges pas et tu la fermes. Je reviens dans deux minutes.
L’esprit embrumé, Jim ne trouva rien à redire. Les épaules affaissées, il décompta les minutes sur l’horloge mécanique. Deux minutes s’étaient écoulées. Son cœur s’était apaisé, ses pensées s’étaient effilées. Un papillon de nuit vint s’écraser sur le barre-brise et le fit sursauter. Cinq minutes. Puis des coups contre la vitrine de sa portière lui arrachèrent un cri de frayeur.
Le visage plissé de Jane lui adressait une mimique narquoise derrière la fenêtre. Un air parfumé de relent d’essence accueillit l’adolescent quand elle ouvrit la portière en grand.
— Descends, gamin.
Les jambes molles, Jim manqua se ratatiner sur l’asphalte. Jane le rattrapa en jurant avant de le redresser. À présent, même la vue de l’adolescent était floutée. Il se laissa mener jusqu’à l’arrière de la fourgonnette et s’y appuya quand Janice poussa un l’un des battants entrouverts. Une odeur d’antiseptique picota les narines de Jim.
— Allez, monte.
Les idées en vrac, il accepta la main de Janice et grimpa sur le marchepied. L’intérieur de la camionnette était sombre, faiblement éclairé par une unique ampoule. Aucune trace d’éventuels condiments en provenance des entrepôts de Wallace&Merry’s.
Jeremy avisa une pochette d’outils médicaux ouverte, plissa les lèvres. Focalisé sur la poche à instruments, il manqua le deuxième marchepied et partit en arrière. Une main le rattrapa de justesse et l’attira à l’intérieur. Jeremy étouffa un grognement de douleur en se réceptionnant sur le sol métallique du véhicule.
— Doucement, papa…
La voix pincée était familière à Jim. Sa gorge se noua alors qu’il remontait les coudes pour se redresser. Deux bras l’aidèrent à se relever à genoux. Les yeux plissés, Jim dévisagea ses interlocuteurs. Deux hommes, d’âges différents.
La vague de découragement qui le submergea lui arracha un hoquet étranglé. Il avait échoué. C’était un test après tout. C’était Edward – et un inconnu – qui étaient plantés sous son nez.
— Jane, referme vite, ordonna le plus jeune des hommes d’un ton fébrile.
Elle s’exécuta, enfermant Jim avec l’inconnu et son oncle. Comment avait-elle su pour le pendentif ? Et son oncle ? Comment…
— Jemmy.
La voix de son oncle était étrange. Moins moqueuse que d’habitude. Plus soucieuse. Il se pencha vers lui, posa une main sur son épaule. Pour une fois, elle n’envoya pas de décharge nerveuse dans tout le corps de l’adolescent.
— Jemmy, je… j’imagine…
— Laisse-moi faire, intervint d’un ton ferme le deuxième homme, plus âgé. Jeremy, je me doute que le mélange de médicaments t’embrouille l’esprit. Et que tu puisses être en état de choc. Mais il faut que tu nous écoutes, que tu nous fasses confiance. Notre mission est vouée à l’échec si on n’obtient pas ta coopération.
Sur ces paroles, l’inconnu lui empoigna le bras pour le redresser. Confus, terriblement déçu, Jim força sur ses genoux tremblants et se laissa choir sur une couchette. Edward s’était redressé lui aussi et le dévisageait avec insistance. Il avait l’air plus mortifié qu’irrité.
— Je sais, croassa Jeremy en baissant le nez.
Les deux adultes échangèrent un regard étonné. Puis l’inconnu posa sa main sur le poignet de Jim pour attirer son attention.
— Jeremy, qu’est-ce que tu sais ?
— Que j’ai échoué, souffla-t-il en masquant difficilement sa peine. Je sais que… je vous ai déçu.
Le moteur du véhicule les détourna momentanément de leur discussion. Edward attendit que la camionnette ait démarré avant de s’asseoir à côté de lui.
— Tu ne m’as pas déçu, Jemmy. (La voix d’Ed était étonnamment mélancolique, sourde de douleur.) Jamais.
L’autre homme lorgna Edward d’un air impatient avant d’agripper le coude de Jim.
— Jeremy, on a dû t’implanter une balise GPS quand tu as rejoint la Ghost Society. Si tu connais son emplacement, j’ai besoin de savoir maintenant.
Perplexe, l’adolescent leva le nez pour confronter l’inconnu du regard. La soixantaine bien entamée, il avait un nuage de cheveux blancs sur le crâne et un visage anguleux. Son regard sérieux perçait derrière les verres de ses lunettes.
— Elle est ici, murmura Jeremy en tapotant faiblement l’intérieur de son coude droit. Mais vous le savez déjà, pourquoi vous…
— Jem, tu délires, mon grand, souffla Ed en passant une main sur sa nuque.
— Il est complètement à l’ouest à cause des médicaments, expliqua le deuxième homme en se tournant vers sa pochette d’instruments médicaux. Et c’est ce qu’il nous faut pour l’opérer. Tu veux bien couper la manche de sa chemise ?
Edward récupéra la paire de ciseaux qu’on lui tendait. De plus en plus hébété, Jim le regarda découper le tissu blanc de son vêtement. L’adolescent n’était pas spécialement attaché à cette chemise, mais, quand même, elle était neuve…
Le froid du désinfectant sur la peau sensible de son coude envoya un pic de conscience entre deux brumes médicamenteuses. Il recula sur la couchette, tâtonnant l’espace à la recherche de son couteau. L’avait-il laissé sur le siège avant de la camionnette ? Edward lui agrippa le poignet au moment où Jeremy s’emparait d’un scalpel posé à sa droite. Ils échangèrent un long regard.
— Jem, murmura l’homme d’une voix prudente, il faut que tu me le donnes.
— Tu comptes faire quoi avec ? répliqua l’adolescent en plissant les paupières.
Des taches noires et blanches envahissaient sa champ de vision, brouillant les traits d’Edward, effaçant son rictus narquois pour le remplacer par des lèvres plissées d’angoisse. Chassant l’éclat calculateur de ses yeux pour y déposer l’étincelle d’affection que Jim n’avait jamais su déceler.
— On doit enlever la balise, expliqua-t-il en refermant avec délicatesse ses doigts autour de ceux de l’adolescent. Pour qu’on puisse fuir sans risquer d’être suivis. Mike et Grace nous attendent à trois cents kilomètres d’ici. Ils doivent assurer le relai.
L’odeur de l’antiseptique était toujours aussi forte. Elle ne masqua pourtant pas complètement le parfum de l’homme quand il se pencha vers Jeremy pour le serrer dans ses bras. Et il la reconnut.
— On rentre à la maison, mon grand.
Atterré, Jim lâcha le scalpel. Il résonna sur le sol métallique de la camionnette dans un tintement désagréable. Mais il n’entendait plus que son cœur qui cavalait furieusement dans sa poitrine. Ça ne se pouvait pas… Il rêvait. Les médicaments le faisaient délirer.
— Ethan, il faut qu’on…
— Je sais, papa, soupira l’intéressé en lâchant Jim à contrecœur. Serre les dents, Jemmy.
Tandis que Jeremy observait son père la bouche entrouverte, la lame du scalpel s’enfonça dans le creux de son coude. Il tressaillit, voulut reculer, mais Ethan le retint fermement par les épaules.
— Désolé, mon grand, chuchota-t-il dans ses cheveux. Désolé.
Le sang se mit à suinter, sombre, épais. Un haut-le-cœur secoua l’adolescent et lui fit monter les larmes aux yeux. Même si la douleur était amoindrie par l’analgésique, la pince qui rentra dans son coude lui arracha râle de souffrance. Son bras le brûlait jusqu’à l’épaule.
— Stop, stop, haleta-t-il en tirant sur son coude.
L’étreinte d’Ethan combinée à la grippe du médecin eurent pourtant raison de sa rébellion. Il enfonça les doigts dans le bras de son père, carra les mâchoires et inspira profondément.
— Tu la trouves ? s’enquit Ethan d’une voix tendue.
Ellis ne lui répondit pas immédiatement, concentré sur son œuvre. Il arracha une nouvelle plainte à son petit-fils avant d’extraire doucement une puce électronique pas plus grosse qu’un pois. Il la déposa dans un flacon, attrapa énergiquement une compresse préalablement imbibée de désinfectant et la pressa sur la plaie.
L’esprit cotonneux, Jeremy laissa son front glisser jusqu’à l’épaule de son père. Son coude pulsait de douleur, envoyait des vagues de froid bouillonnant jusqu’à son cœur. Pourtant, cette souffrance n’enlevait rien à la plénitude qui s’était emparé de lui. Ils étaient là. Vraiment là.
Sa famille. Son père, Mike… ils étaient venus. Pour lui, pour le sauver.
— Merci, murmura-t-il en laissant couler les larmes qu’il retenait depuis si longtemps. Merci.
Ethan l’étreignit plus fort contre lui, les paupières fermées. Il avait peur de le lâcher, de le voir partir de nouveau. Il ne pourrait pas supporter de perdre son fils une troisième fois.
— On rentre, lui assura-t-il d’une voix apaisée. On va retrouver maman et Thallie.
Pour la première fois depuis dix ans, Jeremy songea à sa famille réunie. Il sourit, s’esclaffa au milieu de ses larmes, agrippa plus fort le bras de son père s’assurer qu’il ne rêvait pas.
— Je t’aime, Jemmy, chuchota Ethan en embrassant ses cheveux. C’est fini, on rentre à la maison.
L’adolescent ne savait pas où exactement se trouvait sa maison, mais il était persuadé que son foyer prenait naissance dans l’idée de retrouver sa famille.
— Merci, papa.
Ethan ne répondit rien, concentré sur le cœur qui battait contre le sien. Lui aussi venait de retrouver la part manquante de son foyer.

L’air qui rentrait dans les poumons de Rebecca lui glaçait la poitrine. La soirée névadaise n’était pourtant pas froide. Il n’empêche que des frissons incontrôlables lui remontaient le dos et les flancs. Les bras croisés, elle resta en retrait du champ dans lequel son père et l’agent Colms s’étaient enfoncés. Les lumières de leurs portables éclairaient une terre fraîchement labourée. Une vingtaine de mètres derrière eux, une enseigne publicitaire pour des tacos clignotait faiblement.
— On est sûrs que c’est ici ? s’enquit Edward en revenant sur ses pas.
L’agent Colms consulta l’écran de son portable. Ses traits semblaient s’enfoncer sous la lumière blafarde de l’appareil.
— Oui, monsieur. La balise émet à moins de cinq mètres de notre position.
Ed se contenta d’observer les alentours plongés dans l’obscurité. Rebecca se mâchouilla plus violemment la lèvre. C’était elle qui avait remarqué en premier l’absence de Jeremy. Elle qui avait prévenu son père. Edward n’avait pas attendu longtemps avant de lui ordonner de le suivre et de prévenir l’agent Colms. Le Fantôme avait pris le volant et suivi la direction de la balise GPS.
Qui se trouvait probablement au milieu du champ. Sans trace de son cousin, évidemment.
— Ils ont extrait la balise, annonça Edward d’un ton badin, parfaitement conscient de la situation. Elias n’aurait pas pu faire ça seul. Quelqu’un m’a trahi.
Rebecca baissa le nez sur ses chaussures à talons. Le malaise et l’appréhension lui engourdissaient les membres. Qu’allait penser son père ? Où était parti Jeremy ? Avec qui ?
— Tu veux ma veste ?
L’adolescente jeta un regard désemparé à son père. Puis elle acquiesça faiblement. Visage fermé, Ed ôta sa veste de costume et la drapa autour des épaules de sa fille.
— C’est pas moi, papa, lâcha-t-elle d’un ton rapide, pincé. Promis.
— Je sais, ma chérie.
Étonnée, elle le suivit des yeux tandis qu’il retournait vers la voiture. Ses épaules s’étaient affaissées. L’agent Colms ne tarda pas à suivre, lèvres pincées de colère retenue. Elle devait s’estimer responsable de la fuite de l’adolescent. Pourtant, Rebecca savait que ni l’une ni l’autre n’avaient d’implication là-dedans.
— On rentre, Becky, déclara Ed en lui ouvrant la portière. C’est trop tard.
Ébahie, elle traîna les pieds jusqu’à la voiture et s’y laissa tomber lourdement. C’était tout ? Tant d’efforts, tant de mois passés sur cette question d’héritier pour… ne même pas essayer de le poursuivre ?
Devant son air déconfit, Ed pinça amèrement les lèvres.
— Sans la balise, c’est inutile de les poursuivre. Je ne sais pas quel contact a permis à Elias de s’enfuir. Dans tous les cas, il sera plus simple de déterminer où il va rentrer plutôt que de chercher les routes qu’il va emprunter. On verra ça quand on sera rentrés au siège.
La tête tournée vers la fenêtre, il marqua une pause avant de souffler à voix basse, presque pour lui-même :
— Il est parti.
Rebecca eut un pincement au cœur en constatant qu’il avait l’air plus attristé que déçu.
Et le vide de sa poitrine s’accentua quand elle se rendit compte qu’elle ressentait la même chose.
Dernière modification par louji le mer. 28 juil., 2021 6:04 pm, modifié 1 fois.
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

Mot de la fin



Bon, c'est toujours bizarre les mot de la fin. Mais en voilà un autre, déjà le 3e pour moi sur ce forum !
Comme d'hab, j'ai envie de remercier Daniel, parce qu'il m'a clairement encouragée à rester sur ce fowfow et qu'il m'a donné plein de conseils avisés sur l'écriture, pour le fond ou la forme (les tirets cadratins, 4ever :lol: ). Ensuite, je voudrais évidemment remercier Sarah et Sasa (nos noms sont bien assortis en plus) qui auront été enthousiastes et de bon conseil du début à la fin :mrgreen: Surtout que j'avais beaucoup de doutes en publiant SUI (autant que lorsque j'ai posté pour la 1e fois sur le forum), car c'est l'histoire qui sonne le plus personnellement en moi. Heureusement, tout s'est bien passé, l'écriture a été facile pour moi, inspirante et inspirée. Je suis super contente d'avoir donné une 2nde chance à cette histoire que j'avais abandonnée dans mon disque dur et super reconnaissante à toutes les personnes ici ou ailleurs qui m'ont encouragée dans l'écriture.
Et merci aux autres lecteurs ponctuels qui ont pu laisser un ou plusieurs commentaires, ça fait toujours super chaud au cœur de savoir qu'on est lus. C'est un peu perturbant, car je vois les chiffres de consultation monter sur mes histoires, mais je ne sais pas si ce sont des clics malencontreux ou des lecteurs curieux. Alors, s'il y a bien d'autres lecteurs de SUI par ici, je vous remercie de l'intérêt porté à mon histoire ! C'est vrai que je suis un peu triste de ne pas pouvoir discuter avec vous, mais je ne vous jette pas la pierre (j'ai moi-même été lectrice fantôme de ce forum il y a quelques années :roll: ). Dans tous les cas, n'hésitez pas à vous manifester (ici ou en MP, aucun souci) si vous en avez l'envie et, si non, il y a toujours les sondages que je poste régulièrement pour m'aider à progresser ou donner votre avis sur l'histoire =)

Bon, maintenant, qu'est-ce qu'il va se passer ?
- je vais terminer la 2e réécriture une fois que j'aurai plus d'indices sur les choses à améliorer
- je mettrai à jour les chapitres publiés sur le forum
- je vais vous tenir au jus pour le recueil et le tome 2 évidemment :D

Alors, c'est quoi ce recueil ? :arrow: C'est un assemblage de one-shot/nouvelles (même taille environ qu'un chapitre de SUI dans l'idée) qui retracent les prémisses de l'univers et des personnages adultes qu'on rencontre dans le tome 1. Il y en a une vingtaine de prévus, qui remontent des années 70 jusqu'en 2013. C'est pas obligé de le lire pour comprendre l'histoire (et le T2 à venir), mais si l'univers (de la A.A, de la Ghost Society) et le passé de certains personnages (Alexia, Maria, Mike, Ethan & Edward, etc) vous intéressent, c'est à prendre :)

Pour le tome 2 ? :arrow: je ne l'ai pas encore commencé, notamment car il faut que je choisisse ce dont je parle et comment j'en parle :roll: J'ai pas mal de sujets et événements à aborder dans ce volume, mais je voudrais pas faire un pavé de 1000 pages, ce serait chiant et redondant. Alors je laisse ça maturer dans un coin de mon esprit, ça me permet de songer à l'évolution des persos et l'ordre des événements. La trame narrative principale est ancrée, les sous-intrigues bien amorcées, mais l'ensemble encore instable. Alors je travaille, je songe, j'élimine et j'ajoute puis après j'écrirai 8-)

Le recueil me servira de transition entre T1 et T2 d'ailleurs et je commencerai à publier... je sais pas quand 8-) Pour de vrai, j'aimerais avoir une dizaine de nouvelles d'avance (j'en ai écrit 4) avant de commencer à poster. Peut-être cet été !

Voilà, ce message est déjà beaucoup trop long, aled. Je vais en faire un autre pour vous poser des questions je crois :roll: (juste ici !)

Mais bon le principal est là : merci d'avoir lu, si vous avez lu, merci d'avoir commenté, si vous avez commenté et merci pour votre curiosité à l'égard de S.U.I !
Dernière modification par louji le ven. 12 mars, 2021 3:45 pm, modifié 1 fois.
vampiredelivres

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par vampiredelivres »

Heyo !
Je passe en très speed, mais juste pour dire :
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Je lis tout ça dès que je peux !
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

Petites questions aux lecteurs



Me revoilà (chuis bien trop bavarde aled)
Mais bon, je suis aussi assez curieuse de votre ressenti global sur mon histoire, ses personnages, etc. J'ai pensé à quelques questions, si vous avez l'envie et le temps d'y répondre, ça me ferait super plaisir évidemment :mrgreen: (et ça m'aiderait éventuellement pour des pistes à exploiter pour la suite).


Autour des personnages :

Classique, mais quel(s) personnages vous avez le plus apprécié(s) ? 8-) Et à l'inverse, le plus détesté(s) ?
Quel(s) personnage(s) vous semblent bien cohérent(s) et ont évolué de façon progressive et significative dans le récit ? A l'inverse, certains personnages nous semblent injustement mis de côté (ne trop prendre les persos secondaires en compte, il reste 2 tomes pour apercevoir toutes leurs facettes... donc je pense plutôt aux persos principaux pour le coup (Jeremy, sa famille proche, et Ryusuke)) ?
Quel(s) personnage(s) vous a/ont laissé(e) de marbre ? Y'a une raison ? :D
Quel(s) personnage(s) avez-vous très envie de revoir/de voir plus sur le devant de la scène ?
Pour un peu de fun : vous avez des ships ? 8-)


Autour de l'intrigue :

Vous a-t-elle semblé intéressante ? Plutôt classique ? Plutôt ennuyante ?
Avez-vous préféré la partie 1 (découverte de l'École, introduction des élèves et du personnel de S.U.I, mise en place des discordes entre Jim et Ryu, entre les élèves de l'École...) ou la partie 2 (arrivée de Jim à la GS, introduction des Sybaris, évolution des persos secondaires en arrière-plan...) ?
Y'a-t-il une scène/ un passage / un moment de l'intrigue qui vous a plus marqué ?
Des passages qui vous ont semblé trop longs/chiants/redondants ?


Autour de l'univers :

Vous avez apprécié l'univers mis en place (S.U.I/A.A & Ghost Society et leurs infrastructures (l'École, le centre de formation)) ? Vous l'avez trouvé clair, bien expliqué, bien amené ? Vous avez envie d'en savoir plus, ou pas forcément ?
Vous trouvez que les enjeux autour de la ville de Modros (et des dynamiques opposées entre ses quartiers) sont clairs, porteurs d'intrigues pour la suite ?


Autour de l'écriture :

Vous avez plutôt bien aimé le style ou ça vous a empêché de lire ?
Vous avez l'impression que c'était souvent le même genre de dynamiques entre les personnages ou ça allait ?
Ça manquait de descriptions (des lieux et/ou des persos), d'explications sur l'univers ?


Voilà, si vous avez envie de répondre à certaines questions, je suis tout ouïe (ici ou en MP) :mrgreen:
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : ven. 12 mars, 2021 11:56 am Heyo !
Je passe en très speed, mais juste pour dire :
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Je lis tout ça dès que je peux !
Héhé, merci Lokinette ! :mrgreen:
DanielPagés

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par DanielPagés »

hello !
Je savais que j'avais quelques chapitres à lire et là, je m'aperçois que ça fait 7 ou 8... C'est à ce moment là que je me dis que j'ai été très occupé depuis le début de l'année (c'est vrai, j'ai vécu pas mal d'aventures)... ou que je commence à perdre la tête... (c'est ça, quand t'es né au temps de la préhistoire... :roll: )

Donc à lire depuis le 56 hasta el final ! (85 000 signes seulement :o ) et puis quelques chapitres précédents pour retrouver le fil. je vais m'y mettre : c'est ma prochaine lecture !

En ce qui concerne tes remerciements... ben j'ai pas fait grand chose sur ce texte, à peine quelques remarques, très peu. Je n'ai jamais rien corrigé, en me disant que ce n'était pas un problème pour toi, tes quelques erreurs, qu'on corrigerait tout ça quand tu aurais fini tes réréréécritures :lol: C'est pas comme si ça rendait l'histoire pénible à lire (hélas il y en a sur BN et souvent je fuis lâchement plutôt que d'aider... :oops: ) Alors j'ai essayé d'être juste présent avec un panneau à la main qui crie : Vas-y ! fonce ! tu vaux beaucoup mieux que ce que tu crois ! et de temps en temps, un autre disant : Je suis là si t'as besoin !

Je me répète, mais je suis assez admiratif sur ta capacité de travail... t'es incroyable ! :o ❤❤❤
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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

DanielPagés a écrit : mar. 16 mars, 2021 6:39 pm hello !
Je savais que j'avais quelques chapitres à lire et là, je m'aperçois que ça fait 7 ou 8... C'est à ce moment là que je me dis que j'ai été très occupé depuis le début de l'année (c'est vrai, j'ai vécu pas mal d'aventures)... ou que je commence à perdre la tête... (c'est ça, quand t'es né au temps de la préhistoire... :roll: )

Donc à lire depuis le 56 hasta el final ! (85 000 signes seulement :o ) et puis quelques chapitres précédents pour retrouver le fil. je vais m'y mettre : c'est ma prochaine lecture !

En ce qui concerne tes remerciements... ben j'ai pas fait grand chose sur ce texte, à peine quelques remarques, très peu. Je n'ai jamais rien corrigé, en me disant que ce n'était pas un problème pour toi, tes quelques erreurs, qu'on corrigerait tout ça quand tu aurais fini tes réréréécritures :lol: C'est pas comme si ça rendait l'histoire pénible à lire (hélas il y en a sur BN et souvent je fuis lâchement plutôt que d'aider... :oops: ) Alors j'ai essayé d'être juste présent avec un panneau à la main qui crie : Vas-y ! fonce ! tu vaux beaucoup mieux que ce que tu crois ! et de temps en temps, un autre disant : Je suis là si t'as besoin !

Je me répète, mais je suis assez admiratif sur ta capacité de travail... t'es incroyable ! :o ❤❤❤
Coucou Danou !

Héhé, oui, ça va vite avec un chap/semaine :roll:
Bah tu as pas mal voyagé et pratiqué des activités (écriture ou autre) de ton côté et tu as bien raison ;) Avec cette période, faut s'occuper et prendre du temps pour soi autrement on devient dingues :?

Tu as peut-être pas fait grand-chose pour ce texte, mais tous les conseils, discussions et échanges qu'il y a eus en amont ou pendant ont contribué à la confiance que j'ai placée en l'écriture et au courage pour poster cette histoire !
Et ton panneau fonctionne très bien écoute, ça me fait toujours plaisir d'avoir un message de toi par ici, même si c'est pas en lien direct avec l'écriture ;)

Tu travailles énormément toi aussi, Danou, je peux te redonner la pareille :o

Bisous !
DanielPagés

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par DanielPagés »

Je suis en train de lire...
(semaine à caréner et bricoler sur le bateau avec le copain Stef, bien sûr j'ai pas eu le temps d'ouvrir ma liseuse. :?

Un petit truc que j'ai remarqué : Lorsqu'il est question d'un personnage dans un paragraphe et que tu as besoin de le nommer plusieurs fois, inutile de te tordre la cervelle pour utiliser plusieurs fois son prénom en évitant la répétition et en employant tous ses diminutifs. Genre : Jim récupéra son sac et le balança dans le coffre de la voiture grand ouvert. Le parking était toujours vide. Jeremy s'installa ensuite sur le siège arrière et attendit patiemment que son oncle arrive. C'est pas un véritable morceau de ton texte, mais c'est ce genre-là. Tu utiliserais il, quand il n'y a pas de confusion possible, ça allègerait le texte.
J'en ai encore un bon morceau à lire, j'ai relu pas mal de chapitres précédents... C'est toujours agréable de te lire.❤
Bisoux
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

DanielPagés a écrit : lun. 29 mars, 2021 12:08 pm Je suis en train de lire...
(semaine à caréner et bricoler sur le bateau avec le copain Stef, bien sûr j'ai pas eu le temps d'ouvrir ma liseuse. :?

Un petit truc que j'ai remarqué : Lorsqu'il est question d'un personnage dans un paragraphe et que tu as besoin de le nommer plusieurs fois, inutile de te tordre la cervelle pour utiliser plusieurs fois son prénom en évitant la répétition et en employant tous ses diminutifs. Genre : Jim récupéra son sac et le balança dans le coffre de la voiture grand ouvert. Le parking était toujours vide. Jeremy s'installa ensuite sur le siège arrière et attendit patiemment que son oncle arrive. C'est pas un véritable morceau de ton texte, mais c'est ce genre-là. Tu utiliserais il, quand il n'y a pas de confusion possible, ça allègerait le texte.
J'en ai encore un bon morceau à lire, j'ai relu pas mal de chapitres précédents... C'est toujours agréable de te lire.❤
Bisoux
Coucou Danou !
(Prends ton temps pour les activités qui te plaisent ! la lecture doit rester un plaisir et non pas une obligation :D )

Oui, tu as parfaitement raison et je l'ai pas mal remarqué sur la fin du tome notamment ! Je vais faire plus attention à l'avenir !

Bisous, profite-bien du soleil ;)
DanielPagés

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par DanielPagés »

J'ai terminé et j'ai aimé la fin :lol: Disons que je m'attendais à ce que la falaise s'écroule au moment où j'avais le pied au bord et, ouf! je me suis détendu. Bien sûr on imagine que ça va pas être de tout repos dans le T2 pour nos héros...
J'ai aimé le duo Jeremy-Jessica et j'ai été un peu triste de la voir abandonnée à la fin. De même j'apprécie bien Ryu-Valentina... Dès qu'il y a des filles, ça devient... plus... humain, on dirait ! (ah ! mon amour pour les héroïnes !)

Dans l'ensemble du roman (faudrait que je le relise en entier à la suite pour dire quelque chose de cohérent et d'intéressant :D) Il me semble que sur la période entre l'entrée à l'école et la dispute Ryu-Jim, il y a quelques longueurs. C'est l'impression qui m'est restée, mais le fait de lire par morceaux y est peut-être pour quelque chose...

Il y a quelques maladresses et erreurs, mais comme tu le corriges derrière, je n'ai rien noté. Juste fais attention au verbe confronter : on ne confronte pas quelqu'un. On confronte quelqu'un à quelque chose (à la rude vie de marin par ex.) ou à quelqu'un d'autre, on confronte souvent deux personnes (un témoin et l'accusé par ex.)

Que dire... Continue ! Et je suis pas loin si t'as besoin ;)
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

DanielPagés a écrit : mer. 31 mars, 2021 12:25 pm J'ai terminé et j'ai aimé la fin :lol: Disons que je m'attendais à ce que la falaise s'écroule au moment où j'avais le pied au bord et, ouf! je me suis détendu. Bien sûr on imagine que ça va pas être de tout repos dans le T2 pour nos héros...
J'ai aimé le duo Jeremy-Jessica et j'ai été un peu triste de la voir abandonnée à la fin. De même j'apprécie bien Ryu-Valentina... Dès qu'il y a des filles, ça devient... plus... humain, on dirait ! (ah ! mon amour pour les héroïnes !)

Dans l'ensemble du roman (faudrait que je le relise en entier à la suite pour dire quelque chose de cohérent et d'intéressant :D) Il me semble que sur la période entre l'entrée à l'école et la dispute Ryu-Jim, il y a quelques longueurs. C'est l'impression qui m'est restée, mais le fait de lire par morceaux y est peut-être pour quelque chose...

Il y a quelques maladresses et erreurs, mais comme tu le corriges derrière, je n'ai rien noté. Juste fais attention au verbe confronter : on ne confronte pas quelqu'un. On confronte quelqu'un à quelque chose (à la rude vie de marin par ex.) ou à quelqu'un d'autre, on confronte souvent deux personnes (un témoin et l'accusé par ex.)

Que dire... Continue ! Et je suis pas loin si t'as besoin ;)
Coucou Danou !

Super, je suis ravie que tu aies terminé l'histoire, ça me fait super plaisir !!
Mais oui, je suis gentille moi :mrgreen: Effectivement ce sera pas forcément évident au T2, mais on y croit :roll:

Le duo Rebecca-Jeremy je suppose ? :D Oui, moi aussi j'aime beaucoup leurs dynamiques, ça devait se sentir d'ailleurs ! Et les filles n'étaient clairement pas au centre du T1, mais je me rattrape au T2 c'est prévu 8-)

Je vois bien ce que tu veux dire, c'est vrai que c'est la moitié où des choses se répètent un peu donc ça peut faire long...

Pour les corrections, c'est toujours en cours et j'ai des amis sur le coup, ils me montrent celles que je loupe =)
Et pour le verbe confronter... je n'y arriverai sûrement jamais :cry:
J'ai une question du coup (j'espère quand même y arriver au fond :lol: ) : je ne peux pas dire "X doit se confronter à Y" ? Je dois dire "X et Y doivent se confronter" ? C'est triste, je perds le sens de la phrase du coup (dans l'idée, c'est souvent une personne qui va au-devant du problème/de la personne :geek: ) Je crois que je vais chercher des synonymes hein :lol:

Encore un grand merci pour ton soutien et ta curiosité Daniel :D
Besos !
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Message par DanielPagés »

J'ai une question du coup (j'espère quand même y arriver au fond :lol: ) : je ne peux pas dire "X doit se confronter à Y" ? Je dois dire "X et Y doivent se confronter" ? C'est triste, je perds le sens de la phrase du coup (dans l'idée, c'est souvent une personne qui va au-devant du problème/de la personne :geek: ) Je crois que je vais chercher des synonymes hein :lol:
Tu peux dire "Jim doit se confronter à Edward" ou "Jim doit se confronter à la rude vie de l'agent" mais pas "Jim doit se confronter" ou "je confronte Jim". On se confronte toujours à... quelqu'un, quelque chose, ou on confronte plusieurs individus entre eux ou à quelque chose, ou on est confronté à... Il y a toujours deux éléments au moins. Tu vois ce que je veux dire ? ;)
Je me fais pas de souci tu vas y arriver ! :lol:

Tiens... con tus "besos" despertaste la envidia de unas líneas de poesía.
Esas son de Gabriela Mistral, con título Dame la mano. Una cancioncita muy bonita ! :D

Dame la mano y danzaremos;
dame la mano y me amarás.
Como una sola flor seremos,
como una flor, y nada más...

El mismo verso cantaremos,
al mismo paso bailarás.
Como una espiga ondularemos,
como una espiga, y nada más.

Te llamas Rosa y yo Esperanza;
pero tu nombre olvidarás,
porque seremos una danza
en la colina y nada más...
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

DanielPagés a écrit : ven. 02 avr., 2021 12:20 am
Tu peux dire "Jim doit se confronter à Edward" ou "Jim doit se confronter à la rude vie de l'agent" mais pas "Jim doit se confronter" ou "je confronte Jim". On se confronte toujours à... quelqu'un, quelque chose, ou on confronte plusieurs individus entre eux ou à quelque chose, ou on est confronté à... Il y a toujours deux éléments au moins. Tu vois ce que je veux dire ? ;)
Je me fais pas de souci tu vas y arriver ! :lol:

Tiens... con tus "besos" despertaste la envidia de unas líneas de poesía.
Esas son de Gabriela Mistral, con título Dame la mano. Una cancioncita muy bonita ! :D

Dame la mano y danzaremos;
dame la mano y me amarás.
Como una sola flor seremos,
como una flor, y nada más...

El mismo verso cantaremos,
al mismo paso bailarás.
Como una espiga ondularemos,
como una espiga, y nada más.

Te llamas Rosa y yo Esperanza;
pero tu nombre olvidarás,
porque seremos una danza
en la colina y nada más...
OK, merci, je comprends mieux ! J'imagine que j'oubliais des petits mots ou que je tournais mal mes phrases alors ça devait pas le faire... :?

Elle est super jolie cette chanson/poésie =o Je connaissais juste pas le mot "espiga" ... et j'ai trouvé plusieurs traductions, mais elles me paraissent bizarres :geek:
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Message par DanielPagés »

Elle est super jolie cette chanson/poésie =o Je connaissais juste pas le mot "espiga" ... et j'ai trouvé plusieurs traductions, mais elles me paraissent bizarres :geek:
Una espiga : un épi (espiga de trigo, épi de blé)
Tu vois le champ de blé avec les épis qui ondulent comme des vagues dans le vent de juin (c'est bientôt ! :lol: ) ? : Como una espiga ondularemos,
J'adore faire mon prof ! :lol:
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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par vampiredelivres »

DanielPagés a écrit : sam. 03 avr., 2021 6:31 pm
Elle est super jolie cette chanson/poésie =o Je connaissais juste pas le mot "espiga" ... et j'ai trouvé plusieurs traductions, mais elles me paraissent bizarres :geek:
Una espiga : un épi (espiga de trigo, épi de blé)
Tu vois le champ de blé avec les épis qui ondulent comme des vagues dans le vent de juin (c'est bientôt ! :lol: ) ? : Como una espiga ondularemos,
J'adore faire mon prof ! :lol:
J'apprécie aussi les leçons de vocabulaire espagnol, ça fait suuuuuper longtemps que je n'ai pas parlé. Merci ! :)
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Message par TcmA »

Hiello ~

Je suis enfin de retour (enfin, j'ai dit ça la dernière fois et j'ai disparu depuis... AHEM) !
Je ne vais pas commenter les derniers chaps, tu as déjà eu mon retour sur Discord ;)

Mot de la fin :
Wow, le troisième ! Encore bravo pour tout ton travail et ton écriture, c’était un plaisir d’avancer avec toi au fil des posts sur le forum ! J’ai déjà beaucoup blablaté sur Discord avec toi, je vais pas tour réécrire, mais ça mérite quand même un BLEUARGH JADOR (enthousiasme gang).
Comme d’habitude, j’ai toujours hâte d’en apprendre plus sur ton univers et sur tes personnages ! Si tu as besoin de relecture après la 2ème réécriture, n’hésite pas ! :D J’attends avec plaisir (ça se dit ? Eh, j’ai décidé que oui) le recueil de nouvelles (mazette, je sens que ça va être génial) !
Merci à toi d’avoir partagé tout ça avec nous et d’avoir repris ce projet ! Encore bravo ! Je suis vraiment très impressionnée par tout ce que tu fais !

Les p'tites questions:
Autour des personnages :
Thalia ❤ Ethan ❤ Mike ❤ Ryu ❤ et of course, my queen, Myrina ❤ Mention spéciale à Tina, aussi ❤ Pour ce qui est des persos que je n’ai pas apprécié, comment ne pas mentionner Hugo, Emily et Lazos, ces petits cons. Et je dois avouer que je mets Maria dans le lot, le courant n’est pas passé entre elle et moi.
Je dirais Ryu, parce que chaton d’amour. Et Jim, parce qu’il revient de loin le pauvre (hâte de continuer à le voir évoluer d’ailleurs !). Niveau mis de côté… Peut-être Alex ? J’aimerai en apprendre plus de lui, surtout qu’il donne l’impression d’être un mec qui s’en bat les noix complet au début, pour finir en auto-flagellation (avec raison, certes) vers la fin. Après, sa culpabilité est bien expliquée, mais je me demande s’il y a quelque chose en plus dans son histoire qui fait qu’il réagit comme ça :v
Maybe Grace… On a juste pas assez d’infos sur elle, même si je pense que tu exploreras peut-être ça plus dans le T2 avec Jason etc. 😉
Edward ❤ Je le trouve super intéressant, il a clairement des failles (merci maman Alexia) et un fonctionnement pas très sain on va plutôt parler de dysfonctionnement mdr) et j’ai hâte de voir les répercussions du sauvetage de Jim sur lui (coucou maman Alexia et toute la famille Sybaris qui a l’air fifoufun…). Et Myrina, pour voir comment ils vont naviguer dans cet océan de tensions, et pour en savoir un peu plus sur elle et comment elle est entrée en contact avec Ethan et compagnie pour organiser tout ça.
OF COURSE VOYONS POUR QUI TU ME PRENDS. Ryu x affection, joie et bonheur. Jim x câlins, famille normal (ptdr on peut toujours courir). Myrina x moi (marions-nous). Plus sérieusement, déso pas déso, mais Mike/Ethan, ça a du potentiel. Et Ryu/Jim I guess même si je sais que c’est peine perdue :cry:.

Autour de l’intrigue :
J’ai beaucoup aimé ! J’ai trouvé intéressant qu’on reste au niveau de Jim et Ryu, des enfants, et que même s’ils apprennent à manier des armes, à se battre etc. on a pas de combat pan pan boum boum avec guns-a-blazing de partout (ce que je pourrais reprocher à d’autres livres qui jouent +++ sur l’aspect organisation formant des enfants, utilisons les parce que why not nyohoh). Là tout est justifié et à sa place, me gusta !
Je pense que j’ai aimé les deux parties ! Déjà, tu commences le tome avec de sacrés bons chapitres qui happent l’attention, c’est pas une mince affaire. Et après, tu sais garder le lecteur en haleine, c’est noice. Globalement, tout se lit très bien.
Encore une fois, les premiers chapitres avec Kurt Dert m’ont bien marqués ! Sinon, la première rencontre entre Ethan et Thalia m’a fendu le cœur (et tous leurs passages ensemble après ça), pareil pour tous les passages où Ryu et Dimi s’ouvrent l’un à l’autre, la rencontre et la dernière réunion (dans le tome) avec la bonne mif Sybaris étaient bien cools.
Je pense pas !

Autour de l’univers :
Y E S J’AIME. J’ai eu parfois un peu de mal à comprendre qui était la société-mère et la société-fille entre la Ghost et la A.A. par contre. Un organigramme de S.U.I/A.A. ne ferait pas de mal non plus, je pense ! Et of course que j’en veux plus !
Ca pourrait être intéressant si c’était plus impliqué dans l’intrigue (je ne sais pas si je m’exprime bien), si tu arrives à articuler tout ça. Pour l’instant… Je sais pas, j’ai plus l’impression que tu te concentres sur A.A. (Californie) VS Ghost (Nevada) et que c’est ces deux lieux qui portent l’intrigue, et moins sur Modros en elle-même !

Autour de l’écriture :
LOVED IT. WANT MORE.
J’avoue qu’à la longue, la guéguerre Réguliers-Boursiers/Recrues me fatigue, mais c’est parce que c’est des engueulades de collégiens (j’ai bien envie de tous les attraper par l’oreille, leur coller le cul sur une chaise et leur expliquer le comment du pourquoi ça va pas, tout ça), mais je sais que ça peut potentiellement changer ! Mais sinon, non, franchement, les dynamiques entre les persos étaient assez variées et tu laisses la place à l’évolution.
Niveau descriptions, je pense que ça allait !

Voili voilou, des bisous !
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

DanielPagés a écrit : sam. 03 avr., 2021 6:31 pm
Elle est super jolie cette chanson/poésie =o Je connaissais juste pas le mot "espiga" ... et j'ai trouvé plusieurs traductions, mais elles me paraissent bizarres :geek:
Una espiga : un épi (espiga de trigo, épi de blé)
Tu vois le champ de blé avec les épis qui ondulent comme des vagues dans le vent de juin (c'est bientôt ! :lol: ) ? : Como una espiga ondularemos,
J'adore faire mon prof ! :lol:
Ah, oui, OK j'étais bien tombée sur "épi"' mais tout seul je voyais pas trop l'idée... Calé dans la phrase, ça fait plus de sens évidemment :mrgreen:
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit : jeu. 08 avr., 2021 9:50 pm Hiello ~

Je suis enfin de retour (enfin, j'ai dit ça la dernière fois et j'ai disparu depuis... AHEM) !
Je ne vais pas commenter les derniers chaps, tu as déjà eu mon retour sur Discord ;)

Mot de la fin :
Wow, le troisième ! Encore bravo pour tout ton travail et ton écriture, c’était un plaisir d’avancer avec toi au fil des posts sur le forum ! J’ai déjà beaucoup blablaté sur Discord avec toi, je vais pas tour réécrire, mais ça mérite quand même un BLEUARGH JADOR (enthousiasme gang).
Comme d’habitude, j’ai toujours hâte d’en apprendre plus sur ton univers et sur tes personnages ! Si tu as besoin de relecture après la 2ème réécriture, n’hésite pas ! :D J’attends avec plaisir (ça se dit ? Eh, j’ai décidé que oui) le recueil de nouvelles (mazette, je sens que ça va être génial) !
Merci à toi d’avoir partagé tout ça avec nous et d’avoir repris ce projet ! Encore bravo ! Je suis vraiment très impressionnée par tout ce que tu fais !

Les p'tites questions:
Autour des personnages :
Thalia ❤ Ethan ❤ Mike ❤ Ryu ❤ et of course, my queen, Myrina ❤ Mention spéciale à Tina, aussi ❤ Pour ce qui est des persos que je n’ai pas apprécié, comment ne pas mentionner Hugo, Emily et Lazos, ces petits cons. Et je dois avouer que je mets Maria dans le lot, le courant n’est pas passé entre elle et moi.
Je dirais Ryu, parce que chaton d’amour. Et Jim, parce qu’il revient de loin le pauvre (hâte de continuer à le voir évoluer d’ailleurs !). Niveau mis de côté… Peut-être Alex ? J’aimerai en apprendre plus de lui, surtout qu’il donne l’impression d’être un mec qui s’en bat les noix complet au début, pour finir en auto-flagellation (avec raison, certes) vers la fin. Après, sa culpabilité est bien expliquée, mais je me demande s’il y a quelque chose en plus dans son histoire qui fait qu’il réagit comme ça :v
Maybe Grace… On a juste pas assez d’infos sur elle, même si je pense que tu exploreras peut-être ça plus dans le T2 avec Jason etc. 😉
Edward ❤ Je le trouve super intéressant, il a clairement des failles (merci maman Alexia) et un fonctionnement pas très sain on va plutôt parler de dysfonctionnement mdr) et j’ai hâte de voir les répercussions du sauvetage de Jim sur lui (coucou maman Alexia et toute la famille Sybaris qui a l’air fifoufun…). Et Myrina, pour voir comment ils vont naviguer dans cet océan de tensions, et pour en savoir un peu plus sur elle et comment elle est entrée en contact avec Ethan et compagnie pour organiser tout ça.
OF COURSE VOYONS POUR QUI TU ME PRENDS. Ryu x affection, joie et bonheur. Jim x câlins, famille normal (ptdr on peut toujours courir). Myrina x moi (marions-nous). Plus sérieusement, déso pas déso, mais Mike/Ethan, ça a du potentiel. Et Ryu/Jim I guess même si je sais que c’est peine perdue :cry:.

Autour de l’intrigue :
J’ai beaucoup aimé ! J’ai trouvé intéressant qu’on reste au niveau de Jim et Ryu, des enfants, et que même s’ils apprennent à manier des armes, à se battre etc. on a pas de combat pan pan boum boum avec guns-a-blazing de partout (ce que je pourrais reprocher à d’autres livres qui jouent +++ sur l’aspect organisation formant des enfants, utilisons les parce que why not nyohoh). Là tout est justifié et à sa place, me gusta !
Je pense que j’ai aimé les deux parties ! Déjà, tu commences le tome avec de sacrés bons chapitres qui happent l’attention, c’est pas une mince affaire. Et après, tu sais garder le lecteur en haleine, c’est noice. Globalement, tout se lit très bien.
Encore une fois, les premiers chapitres avec Kurt Dert m’ont bien marqués ! Sinon, la première rencontre entre Ethan et Thalia m’a fendu le cœur (et tous leurs passages ensemble après ça), pareil pour tous les passages où Ryu et Dimi s’ouvrent l’un à l’autre, la rencontre et la dernière réunion (dans le tome) avec la bonne mif Sybaris étaient bien cools.
Je pense pas !

Autour de l’univers :
Y E S J’AIME. J’ai eu parfois un peu de mal à comprendre qui était la société-mère et la société-fille entre la Ghost et la A.A. par contre. Un organigramme de S.U.I/A.A. ne ferait pas de mal non plus, je pense ! Et of course que j’en veux plus !
Ca pourrait être intéressant si c’était plus impliqué dans l’intrigue (je ne sais pas si je m’exprime bien), si tu arrives à articuler tout ça. Pour l’instant… Je sais pas, j’ai plus l’impression que tu te concentres sur A.A. (Californie) VS Ghost (Nevada) et que c’est ces deux lieux qui portent l’intrigue, et moins sur Modros en elle-même !

Autour de l’écriture :
LOVED IT. WANT MORE.
J’avoue qu’à la longue, la guéguerre Réguliers-Boursiers/Recrues me fatigue, mais c’est parce que c’est des engueulades de collégiens (j’ai bien envie de tous les attraper par l’oreille, leur coller le cul sur une chaise et leur expliquer le comment du pourquoi ça va pas, tout ça), mais je sais que ça peut potentiellement changer ! Mais sinon, non, franchement, les dynamiques entre les persos étaient assez variées et tu laisses la place à l’évolution.
Niveau descriptions, je pense que ça allait !

Voili voilou, des bisous !
Héhé, on a discuté sur Discord à côté, donc y'a pas de soucis si tu étais pas sur le fowfow !

Merci encore pour toutes nos discussion, d'ailleurs ! Franchement, j'aurais eu beaucoup plus de doutes si tu avais pas été si enthousiaste pour cette histoire ^^
Pour la relecture, ça devrait être bon, j'attends peut-être de voir si des gens me font des remarques (sur la fin notamment) puis après je bouclerai le T1 ! Et oui ça se dite "attendre avec plaisir" :D et je te remercie, j'espère que les nouvelles vous plairont évidemment 8-)

Pour les questions :

Personnages : oh oui, tout plein de coeurs :lol: Bon, en vrai, je savais déjà qui tu allais mentionner, mais c'est toujours cool de savoir à qui tu t'es le plus attachée ! (oui Myrina ♥ même si elle arrive tardivement...). Bon, pour Emily, Hugo et Lazos, je m'en doutais :lol: Quant à Maria... je suis pas si étonnée en soi. Je sais qu'elle est très difficile à appréhender dans ce tome.
Ouais, Jim et Ryu c'est assez logique ! Mais on va pas en rester là les concernant, ils ont encore du chemin à faire et c'est normal. Alex est prévu au programme du T2 8-) Grace, pareil, y'aura une partie la concernant avec Jason !
On va revoir Edward, of course :mrgreen: (ce serait pas drôle autrement). Myrina aussi ! Globalement, y'aura quand même une vision sur les conséquences du départ de Jim sur Ed & co.
MDR j'aurais dû m'y attendre :lol: Malheureusement le plus probable de tous ces ships c'est Myrina x toi je crois... :?

Intrigue : oui, en réalité pour un roman que je qualifie d'action... y'a pas beaucoup d'actions :lol: Mais clairement je me voyais pas faire dans le boum-boum-bang le plus total, surtout au T1 avec des gamins de 13 ans... :v
Maaarci =D
Ouais les 1er chapitres sont assez costauds même si ça s'apaise après ! Mais oui, Ethan-Thalia, l'un des best duo :(

Univers : Oui, je comprends pour les histoires de société mère-fille ! C'est bel et bien la GS la plus ancienne (ça prendra plus sens avec le recueil aussi), mais un organigramme c'est vraiment pas bête !
Ouais, je vois ce que tu veux dire ! Le T1 effectivement est vachement porté sur l'opposition A.A/Ghost, donc Modros est pas mal en arrière-plan.

Ecriture : ♥
Je comprends bien... x') Risque d'y en avoir encore un peu, mais ce sera beaucoup moins présent qu'au tome 1.
OK, top, merci beaucoup !

Encore un grand merci pour ton soutien et pour avoir pris le temps de répondre aux questions, ça m'aide beaucoup ! :D
Bizouz
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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit : ven. 22 janv., 2021 4:51 pm Hello !
Je vous souhaite une bonne lecture ;)




- Chapitre 55 -



Dimanche 4 juillet 2021, Down-Town, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Maria fit glisser les tasses de café devant chaque invité puis déposa au milieu de la table le gâteau au chocolat que Thalia et elle avaient cuisiné plus tôt. Michael avait accepté de les recevoir dans son trois-pièces en ce jour de fête nationale. Le soleil dardait ses rayons dans le salon, des images de feux d’artifice et de parades passaient à la télé, des cris retentissaient à l’extérieur de l’appartement.
Aucun d’entre eux ne souriait.
— Servez-vous, déclara mécaniquement Maria en tapotant la pelle à tarte posée sur le gâteau.
Bien décidé à réchauffer l’ambiance gelée, Mike entreprit de servir tout le monde. Ethan était installé à sa gauche, suivi de Thalia puis de Will. Maria fermait le cercle, la mine sombre.
— Alors c’est tout ce que tu nous proposes ? Ça dépend de ce qu'il propose…
Ethan observa la feuille qu’il avait mise à disposition de son ex-compagne. Il y était noté les informations cruciales qu’il avait obtenues sur la situation de leur fils. Peu de données, en somme, et qui ne leur permettaient pas d’établir un plan précis.
— Jane nous a communiqué tout ce qu’elle a pu voir ou entendre, expliqua Ethan en s’efforçant de ne pas paraître trop abattu devant Thalia. Elle a pas pu apprendre grand-chose. Quelle surprise, en même temps.
Maria ne pipa mot, la bouche aplatie en une mince ligne. Elle avait compté sur Ethan, qui travaillait encore à la A.A, pour mener les recherches concernant leur fils. Face au peu d’informations que contenait la feuille de son ex-compagnon, elle ne pouvait qu’être déçue. Que pouvaient-ils faire concrètement à partir de si peu de pistes ? Heu… rappelle-moi, t'as fait quoi, toi, exactement ?
— Pourquoi il veut en faire son héritier ? Il a pas déjà une fille ? grogna Will en observant le feuillet récapitulatif.
— Une histoire de famille et de société, comme toujours. D’après lui, la Ghost Society n’est pas assez ouverte à la parité. Elle n’offre pas suffisamment de postes à responsabilités pour les femmes. Il a peur que Rebecca finisse comme sa mère.
Comme le médecin haussait un sourcil inquisiteur, Maria précisa :
— Brooke, la compagne d’Edward, est morte sur le terrain, en mission. (Avec un rictus tordu, elle ajouta dans un murmure : ) Comme Leo.
Ethan lui adressa un regard compatissant. Il avait été à ses côtés quand Maria avait perdu son partenaire. Il se rappelait encore ses sanglots, ses cris, son impuissance. Leur impuissance.
Comme le silence s’installait, Ethan reprit lentement :
— En adoptant Jeremy, il conserve les faveurs de ses supérieurs à son égard. Il a fils sur qui compter pour récupérer ses avantages une fois qu’il aura pris sa retraite.
— C’est vraiment un truc qui m’échappe, marmonna William en faisant tournoyer le café dans sa tasse. Ces avantages familiaux, ces questions d’héritage… à croire que le réseau de la Ghost a des siècles de retard.
— Toutes les sociétés-filles ne sont pas comme ça, le rassura Maria en posant le menton sur sa main. Il y a qu’à voir les Amazones.
— Tu parles d’un exemple. Oh, ça ne présage rien de bon, ça non plus :D
Comme le visage de Maria se plissait, il posa une main sur la sienne.
— Désolé. C’est juste que… c’est le groupe le plus marginal du réseau.
Maria souleva sa main pour l’embrasser discrètement, lui signifiant au passage qu’il était pardonné. Will lui sourit en retour puis fronça les sourcils devant la moue déroutée d’Ethan.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
— Je… ne savais pas que vous étiez ensemble.
— Tu n’étais pas au courant ? Thalia ne t’a rien dit ?
— Non, déclara Ethan dans un souffle. Je… tant mieux pour vous.
Alors que William ouvrait la bouche, Maria intervint abruptement :
— Ma relation avec Will n’est absolument pas la raison pour laquelle nous sommes là. Et si tu pouvais te taire, la discussion avancerait peut-être un peu plus vite. :roll: (Elle m'irrite, c'est grave.) (Elle lâcha la main de son compagnon pour agripper la feuille.) Ethan, concrètement, comment on arrache Jem des griffes de ton frère ?
— Ni toi ni moi ne pouvons mettre les pieds au siège de la Ghost. Ma famille nous en empêchera, ils refuseront nos demandes de visite. On peut aussi faire une croix sur Michael et Grace ; Edward les connaît.
— Jane ? proposa Maria d’un ton de plus en plus crispé.
— C’est le moins risqué. Mais elle était présente au siège de la Ghost quand j’ai appelé Edward, il a dû faire le rapprochement. Si on compte sur elle, faudra être prudent.
Maria reposa la feuille en jurant en italien. Thalia baissa le nez, consciente de la colère et de la peine de sa mère. Pour occuper ses mains tremblotantes, elle rassembla les miettes de sa part de gâteau dans un coin de son assiette. Quand elle releva le cou, Mike l’observait du coin de l’œil avec un petit sourire. Il était le seul à se rappeler son existence quand ses parents s’inquiétaient du sort de Jeremy. J'ai tellement mal pour elle…
— Alors quoi ? grommela William en vidant sa tasse de ses dernières gouttes de café. On attend un miracle ? Que ton frère décide de ne plus être la pire crevure de l’univers ?
— C’est pas la pire crevure de l’univers, crois-moi, rétorqua Ethan d’un air sombre. Et, non, on n’attend pas un miracle. On attend une opportunité, une ouverture.
L’air désabusé de Will fit grimacer l’agent. Il se redressa pour se donner contenance et expliqua :
— Edward ne peut pas garder Jeremy enfermé pendant des années et des années. Il faudra bien qu’il le fasse sortir du siège à un moment donné. Pour un entraînement, un voyage, un événement de la Ghost Society… n’importe quoi.
— Mais ça peut arriver quand, ce genre d’opportunité ? souffla Maria sans dissimuler sa nervosité croissante. Il peut s’écouler des mois, hein ?
Son ex-compagnon ne chercha pas à lui mentir. Il serra les dents en plongeant les yeux dans ceux brouillés de Maria. Puis il hocha la tête.
— Des mois, oui. Un an. Si Edward pousse le bouchon encore plus loin, deux, trois ans…
Les traits de Maria se figèrent pendant une seconde. Elle expira difficilement, carra les mâchoires, inspira de nouveau puis acquiesça. Si son port de tête était stable, son regard ferme, tout le reste de son corps tremblait.
— Alors on peut qu’attendre, résuma Michael en se resservant du gâteau. Attendre qu’Ed se décide à sortir notre p’tit gars de sa prison. Déterminer l’endroit où il l’emmènera, établir un plan et récupérer Jeremy.
— C’est ça, chuchota Ethan en se prenant le visage entre les mains.
Alors que le silence et le noir envahissaient son esprit, une petite tape sur la cuisse lui fit baisser les yeux. Thalia lui adressait un sourire incertain, sa cuillère toujours dans une main. Une bouffée d’amour enserra Ethan jusqu’au cou.
— Merci, ma puce, murmura-t-il en lui serrant la main en retour.
Elle était l’un des derniers rayons de soleil dans son ciel gris personnel.

Thalia observait la maison à étage par la fenêtre de la voiture. Elle était banale, ressemblait à ses voisines de banlieue familiale. Seule la plaque indiquant le cabinet de consultation de Will la différenciait du reste de la rue.
— C’est gentil de nous accueillir pour quelques jours, souffla Maria en serrant la bride de son sac d’affaires.
William lui adressa un mince sourire en coupant le moteur. Ce n’était pas le genre d’homme à être constamment affable ou blagueur. Thalia ne l’avait d’ailleurs jamais entendu rire. Après des mois passés chez Michael, la différence entre les deux hommes l’enveloppait d’appréhension.
— On te dérangera pas toute la semaine, ajouta sa mère en ouvrant la portière. C’est tes congés, on va te laisser respirer tranquillement.
Comme Will ouvrait la porte à Thalia pour la laisser sortir, elle perçut sans mal le soulagement dans la voix de l’homme :
— Mais non, Maria, vous me dérangez pas. Au contraire. Je vis tout seul, ça me fera du bien un peu de compagnie.
Thalia se rapprocha de sa mère tandis qu’ils remontaient l’allée de dalles. L’accès au cabinet se trouvait sur la droite, simple, formel. L’entrée de la maison n’était pas bien plus chaleureuse : pas de décorations, pas de fleurs, à peine le nom du médecin.
Les bras de Maria et de Will se frôlèrent quand ils rentrèrent. Son sac serré contre la poitrine, Thalia les suivit sans un mot. Elle s’était habituée à vivre chez Mike. Elle partageait la chambre d’amis avec sa mère et retournait à l’école depuis quelques mois. Elle s’était même fait une amie. Pourquoi devait-elle déménager encore ? Parce que ta mère est une… ouais non, je vais m'arrêter ici.
— C’est assez simple, s’excusa Will en traversant le salon pour se rendre dans la cuisine. Vous voulez boire quelque chose ?
Tandis que Maria le rejoignait pour se servir un verre d’eau, Thalia resta campée près de l’entrée. C’était un salon sans fioritures, sans bibelots inutiles, sans vêtements oubliés. Si loin de l’appartement de Sludge ou de celui de Mike. L’estomac de la fillette se noua.
— Maman, l’appela-t-elle en traversant la pièce d’un pas nerveux.
Maria lui jeta un coup d’œil étonné puis fronça les sourcils.
— Tes chaussures. Tu vas tout salir.
Thalia bredouilla des excuses avant de se pencher pour retirer ses tennis. Quand elle se redressa, sa mère discutait de nouveau avec Will. Voilà, ils l’oubliaient encore. Elle aurait aimé que son frère soit là. Il parvenait à se faire discret comme à attirer l’attention. Plus d’une fois, il avait aidé Thalia à parler à leur mère lorsqu’elle n’avait pas eu le courage de la tirer d’une occupation ou d’une humeur sombre.
— Maman. Maman ?
Will baissa les yeux en premier sur la fillette, l’air inquisiteur. Aaaah, Maria. Ton instinct maternel m'épatera encore, je le sens.
— Je… on va rester longtemps ?
Sa question brute fit grimacer Maria. Elle tendit le bras pour se resservir un verre d’eau puis souffla :
— Quelques jours. Will a une chambre d’amis, lui aussi, alors tu auras ton propre lit, t’inquiète pas.
Ce n’était pas ce qui l’inquiétait. J'aime beaucoup ces petites réflexions internes, c'est tellement bien fait !
— Et Mike ? On retourne pas chez lui ?
— Mon cœur, Michael peut pas nous héberger pour toujours. Il faut qu’on trouve notre propre maison.
Même si elle savait que l’inverse n’aurait jamais été possible, la fillette fit une moue déçue. Elle aimait Mike : il la soulevait dans ses bras pour la faire tournoyer, lui adressait des grimaces puériles quand Maria avait le dos tourné, racontait des blagues à chaque repas et lui servait des chocolats chauds sur le canapé. William n’avait pas l’air d’accepter les repas devant la télé ni les concours d’histoires drôles.
— Et puis, ajouta Maria avec un petit sourire, tu sais que Will et moi on est ensemble maintenant. (Elle acquiesça brièvement du menton.) Eh bien… ça pourrait être sympa de vivre ici, non ? Non. D'autres questions débiles ? En plus, Will m’a dit que le fleuriste du quartier recherchait de l’aide. Je pourrai travailler rapidement.
Comme Thalia se mettait à mâchouiller sa lèvre inférieure, sa mère tendit le bras pour lui caresser la joue. La fillette se fit violence pour ne pas reculer. Elle ne voulait pas que Maria perçoive son trouble.
— On peut essayer, dans un premier temps ? Passer la semaine chez Mike pour que tu puisses aller à l’école et retourner chez Will le week-end ?
Thalia considéra la proposition en serrant plus fort son sac contre elle. Ça lui semblait plutôt honnête comme essai. Elle s’apprêtait à hocher la tête quand elle réalisa à voix haute :
— Et papa ?
Maria se redressa légèrement, étonnée. Quant à William, il ne masqua pas son exaspération.
— Je vais plus aller chez lui ?
— Mon cœur… si tu veux allez chez ton pè…
— Oui, la coupa abruptement Thalia, le visage tiré de colère. Je veux le voir le week-end.
Songeuse, sa mère échangea une œillade rapide avec Will avant de hausser les épaules.
— On peut continuer à faire une semaine sur deux ?
— OK.
Maria acquiesça en souriant, soulagée d’avoir trouvé une solution qui convenait à sa fille. Elle s’avança pour la serrer dans ses bras, mais Thalia se déroba et fila dans le salon. Cheh !
— Elle risque de bouder un peu, soupira Maria en se tournant vers son compagnon. Le temps qu’elle s’adapte.
— Pas de soucis. Je comprends qu’elle soit chamboulée.
— Merci encore, Will. Mike a été adorable avec nous, mais il me faisait même pas payer une partie du loyer. Je me sentais trop coupable et ça me bouffait. Ah mais je peux pas, les gens comme ça, ça me rend folle. Elle me frustre.
— Si tu veux absolument participer aux dépenses, tu pourras, la rassura William en passant une main dans ses cheveux. On va y aller doucement pour la transition. Si Thalia peut être à la maison en semaine d’ici la rentrée, ce serait super. En plus, j’ai repéré son école à Down-Town. Je pourrais l’y emmener.
La culpabilité était moins brûlante dans la gorge de Maria. Elle ferma les yeux et laissa les caresses de Will la détendre jusqu’aux os.
— Et Jeremy ? On fera comment une fois qu’il sera revenu ?
Les gestes tendres de Will ralentirent puis cessèrent complètement. Surprise par la rigidité de ses bras, Maria se décolla de son épaule pour le dévisager.
— Tu as qu’une chambre d’amis et elle est pas bien grande, expliqua la femme d’un air soucieux.
— Il… tu veux vraiment qu’il vienne à la maison ?
L’étonnement de Maria vira à la perplexité méfiante.
— Pourquoi pas ?
— Maria… aussi dur que ce soit à entendre… Tu crois pas que Jeremy ferait aussi bien de rester auprès d’Edward et sa famille ? Pendant deux secondes mon cerveau a fait l'amalgame entre Edward et Ethan et j'ai pas compris. DAMN. En soi, je serais presque pour, mais bon, c'est pas une raison pour poser ça comme ça en plein milieu de la discussion. :lol:
Brutalement refroidie, elle recula d’un pas et croisa les bras. Ses yeux plissés toisaient Will avec irritation.
— Tu me parlais jamais de lui Qui ça ?, chuchota la femme en secouant la tête. Je comprends mieux. C’est mon fils, Will. Je l’abandonnerai pas.
— Je dis pas ça, soupira le médecin en repoussant ses mèches noires en arrière. Simplement… j’ai peur qu’il amène le danger avec lui s’il revient. Les Sybaris le veulent de leur côté. S’il retourne à Modros, les emmerdes suivront.
Ahurie par les propos de son compagnon, Maria déglutit péniblement avant de siffler :
— William, j’ai passé huit ans dans le mensonge et la crainte que cette tarée d’Alexia Sybaris découvre le pot aux roses. Je peux le refaire de nouveau.
La placidité des traits de Will se fissura d’un coup. Ses yeux bleus étincelaient de colère libérée.
— Tu ferais ça pour un gosse qui a déjà foutu ta vie en l’air ? Alors.
Que je t'explique ça en deux mots clairs et simples.
TA.
GUEULE.

— Jeremy est absolument pas responsable de ça, asséna-t-elle en retour d’un ton sec.
— Ah oui ? Pour un gamin que tu voulais même pas, il aura quand même bouffé un bon paquet des réussites de ta vie.
Maria ne répondit rien, les lèvres écrasées l’une contre l’autre. Elle avait peur de se mettre à l’insulter copieusement si elle entrouvrait la bouche. Oh je ne me serais ni retenue, ni gênée pour le faire, à sa place. Elle garda les bras fermement croisés sur la poitrine – là aussi, elle craignait de le gifler Idem. – et susurra :
— William, tu étais à mes côtés quand j’étais enceinte de Jeremy, alors, oui, tu sais que ça m’a foutu dans un état pas possible. Pourtant, tu sais aussi que…
— Maria, je te rappelle que tu es venue me voir pour avorter, répliqua l’homme avec sidération.
Elle haussa les sourcils, le dévisagea dans un silence glacé puis sourit.
— Tu veux jouer aux connards ? Très bien. J’en ai eu ma pelle, un de plus, un de moins…
Avec des gestes furieux, elle ramassa son sac et retourna dans le salon. William la rattrapa par le bras avant de déclarer avec hâte :
— Je suis désolé, Maria. (Elle lui adressa un sourire acide en réponse.) Vraiment, je… Je sais que tu le désirais, finalement. C'est un peu léger, comme réponse. C’est juste que…
— Will, j’ai besoin de soutien, d’encouragement, d’affection. Je veux pas d’un homme donneur de leçon. Mes décisions concernant mes enfants ne regardent que leur père et moi. Je veux que ce soit clair.
— C’est clair, murmura Will après quelques secondes de silence. Je suis désolé.
Maria soupira en constatant combien ça lui avait coûté de dire ces trois mots.
— J’espère que tu cuisines bien, marmonna-t-elle du bout des lèvres. Pour te faire pardonner.
— Je vais faire de mon mieux, lui promit-il. Sur tous les plans.
Peinée, Maria soupira puis hocha la tête. Elle était sincèrement soulagée que William soit rapidement revenu sur ses déclarations. Un peu trop rapidement pour que ce soit honnête, chérie. M'enfin, j'ai du mal à compatir, vu comment tu te comportes. Elle n’aurait pas eu la force de subir une énième déception.



Suite
Boooonn. Je reprends un peu mes commentaires. Et, comment dire.
Le courant ne passe pas entre Maria et moi. Et je doute qu'il passe un jour. Mais bon, pour ce qui est de la case "dynamiques de famille pourries", je pense qu'elle est bel et bien cochée jusqu'à la fin de SUI. Ce chapitre commence à expliquer les raisons de la haine du côté maternel de la famille envers Jeremy, mais ça picote quand même un peu (beaucoup).
J'attaque la suite soon, mais ça fait du bien de reprendre déjà !
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : sam. 10 avr., 2021 4:40 pm
louji a écrit : ven. 22 janv., 2021 4:51 pm Hello !
Je vous souhaite une bonne lecture ;)




- Chapitre 55 -



Dimanche 4 juillet 2021, Down-Town, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Maria fit glisser les tasses de café devant chaque invité puis déposa au milieu de la table le gâteau au chocolat que Thalia et elle avaient cuisiné plus tôt. Michael avait accepté de les recevoir dans son trois-pièces en ce jour de fête nationale. Le soleil dardait ses rayons dans le salon, des images de feux d’artifice et de parades passaient à la télé, des cris retentissaient à l’extérieur de l’appartement.
Aucun d’entre eux ne souriait.
— Servez-vous, déclara mécaniquement Maria en tapotant la pelle à tarte posée sur le gâteau.
Bien décidé à réchauffer l’ambiance gelée, Mike entreprit de servir tout le monde. Ethan était installé à sa gauche, suivi de Thalia puis de Will. Maria fermait le cercle, la mine sombre.
— Alors c’est tout ce que tu nous proposes ? Ça dépend de ce qu'il propose…
Ethan observa la feuille qu’il avait mise à disposition de son ex-compagne. Il y était noté les informations cruciales qu’il avait obtenues sur la situation de leur fils. Peu de données, en somme, et qui ne leur permettaient pas d’établir un plan précis.
— Jane nous a communiqué tout ce qu’elle a pu voir ou entendre, expliqua Ethan en s’efforçant de ne pas paraître trop abattu devant Thalia. Elle a pas pu apprendre grand-chose. Quelle surprise, en même temps.
Maria ne pipa mot, la bouche aplatie en une mince ligne. Elle avait compté sur Ethan, qui travaillait encore à la A.A, pour mener les recherches concernant leur fils. Face au peu d’informations que contenait la feuille de son ex-compagnon, elle ne pouvait qu’être déçue. Que pouvaient-ils faire concrètement à partir de si peu de pistes ? Heu… rappelle-moi, t'as fait quoi, toi, exactement ? :arrow: Mdr j'ai vu que tu l'avais dans ton viseur Maria, c'est salé :lol:
— Pourquoi il veut en faire son héritier ? Il a pas déjà une fille ? grogna Will en observant le feuillet récapitulatif.
— Une histoire de famille et de société, comme toujours. D’après lui, la Ghost Society n’est pas assez ouverte à la parité. Elle n’offre pas suffisamment de postes à responsabilités pour les femmes. Il a peur que Rebecca finisse comme sa mère.
Comme le médecin haussait un sourcil inquisiteur, Maria précisa :
— Brooke, la compagne d’Edward, est morte sur le terrain, en mission. (Avec un rictus tordu, elle ajouta dans un murmure : ) Comme Leo.
Ethan lui adressa un regard compatissant. Il avait été à ses côtés quand Maria avait perdu son partenaire. Il se rappelait encore ses sanglots, ses cris, son impuissance. Leur impuissance.
Comme le silence s’installait, Ethan reprit lentement :
— En adoptant Jeremy, il conserve les faveurs de ses supérieurs à son égard. Il a fils sur qui compter pour récupérer ses avantages une fois qu’il aura pris sa retraite.
— C’est vraiment un truc qui m’échappe, marmonna William en faisant tournoyer le café dans sa tasse. Ces avantages familiaux, ces questions d’héritage… à croire que le réseau de la Ghost a des siècles de retard.
— Toutes les sociétés-filles ne sont pas comme ça, le rassura Maria en posant le menton sur sa main. Il y a qu’à voir les Amazones.
— Tu parles d’un exemple. Oh, ça ne présage rien de bon, ça non plus :D :arrow: On va en entendre de nouveau parler au T2 8-)
Comme le visage de Maria se plissait, il posa une main sur la sienne.
— Désolé. C’est juste que… c’est le groupe le plus marginal du réseau.
Maria souleva sa main pour l’embrasser discrètement, lui signifiant au passage qu’il était pardonné. Will lui sourit en retour puis fronça les sourcils devant la moue déroutée d’Ethan.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
— Je… ne savais pas que vous étiez ensemble.
— Tu n’étais pas au courant ? Thalia ne t’a rien dit ?
— Non, déclara Ethan dans un souffle. Je… tant mieux pour vous.
Alors que William ouvrait la bouche, Maria intervint abruptement :
— Ma relation avec Will n’est absolument pas la raison pour laquelle nous sommes là. Et si tu pouvais te taire, la discussion avancerait peut-être un peu plus vite. :roll: (Elle m'irrite, c'est grave.) :arrow: mdr pour le coup c'est même elle qui veut pas en parler, bichette :lol: (Elle lâcha la main de son compagnon pour agripper la feuille.) Ethan, concrètement, comment on arrache Jem des griffes de ton frère ?
— Ni toi ni moi ne pouvons mettre les pieds au siège de la Ghost. Ma famille nous en empêchera, ils refuseront nos demandes de visite. On peut aussi faire une croix sur Michael et Grace ; Edward les connaît.
— Jane ? proposa Maria d’un ton de plus en plus crispé.
— C’est le moins risqué. Mais elle était présente au siège de la Ghost quand j’ai appelé Edward, il a dû faire le rapprochement. Si on compte sur elle, faudra être prudent.
Maria reposa la feuille en jurant en italien. Thalia baissa le nez, consciente de la colère et de la peine de sa mère. Pour occuper ses mains tremblotantes, elle rassembla les miettes de sa part de gâteau dans un coin de son assiette. Quand elle releva le cou, Mike l’observait du coin de l’œil avec un petit sourire. Il était le seul à se rappeler son existence quand ses parents s’inquiétaient du sort de Jeremy. J'ai tellement mal pour elle… :arrow: Clairement le dommage collatéral par excellence... :?


Comme Will ouvrait la porte à Thalia pour la laisser sortir, elle perçut sans mal le soulagement dans la voix de l’homme :
— Mais non, Maria, vous me dérangez pas. Au contraire. Je vis tout seul, ça me fera du bien un peu de compagnie.
Thalia se rapprocha de sa mère tandis qu’ils remontaient l’allée de dalles. L’accès au cabinet se trouvait sur la droite, simple, formel. L’entrée de la maison n’était pas bien plus chaleureuse : pas de décorations, pas de fleurs, à peine le nom du médecin.
Les bras de Maria et de Will se frôlèrent quand ils rentrèrent. Son sac serré contre la poitrine, Thalia les suivit sans un mot. Elle s’était habituée à vivre chez Mike. Elle partageait la chambre d’amis avec sa mère et retournait à l’école depuis quelques mois. Elle s’était même fait une amie. Pourquoi devait-elle déménager encore ? Parce que ta mère est une… ouais non, je vais m'arrêter ici. :arrow: mdr mais :lol:
— C’est assez simple, s’excusa Will en traversant le salon pour se rendre dans la cuisine. Vous voulez boire quelque chose ?
Tandis que Maria le rejoignait pour se servir un verre d’eau, Thalia resta campée près de l’entrée. C’était un salon sans fioritures, sans bibelots inutiles, sans vêtements oubliés. Si loin de l’appartement de Sludge ou de celui de Mike. L’estomac de la fillette se noua.
— Maman, l’appela-t-elle en traversant la pièce d’un pas nerveux.
Maria lui jeta un coup d’œil étonné puis fronça les sourcils.
— Tes chaussures. Tu vas tout salir.
Thalia bredouilla des excuses avant de se pencher pour retirer ses tennis. Quand elle se redressa, sa mère discutait de nouveau avec Will. Voilà, ils l’oubliaient encore. Elle aurait aimé que son frère soit là. Il parvenait à se faire discret comme à attirer l’attention. Plus d’une fois, il avait aidé Thalia à parler à leur mère lorsqu’elle n’avait pas eu le courage de la tirer d’une occupation ou d’une humeur sombre.
— Maman. Maman ?
Will baissa les yeux en premier sur la fillette, l’air inquisiteur. Aaaah, Maria. Ton instinct maternel m'épatera encore, je le sens.
— Je… on va rester longtemps ?
Sa question brute fit grimacer Maria. Elle tendit le bras pour se resservir un verre d’eau puis souffla :
— Quelques jours. Will a une chambre d’amis, lui aussi, alors tu auras ton propre lit, t’inquiète pas.
Ce n’était pas ce qui l’inquiétait. J'aime beaucoup ces petites réflexions internes, c'est tellement bien fait ! :arrow: Merci !

Maria acquiesça en souriant, soulagée d’avoir trouvé une solution qui convenait à sa fille. Elle s’avança pour la serrer dans ses bras, mais Thalia se déroba et fila dans le salon. Cheh ! :arrow: Ah oui, t'as vraiment une dent contre elle :lol:
— Elle risque de bouder un peu, soupira Maria en se tournant vers son compagnon. Le temps qu’elle s’adapte.
— Pas de soucis. Je comprends qu’elle soit chamboulée.
— Merci encore, Will. Mike a été adorable avec nous, mais il me faisait même pas payer une partie du loyer. Je me sentais trop coupable et ça me bouffait. Ah mais je peux pas, les gens comme ça, ça me rend folle. Elle me frustre. :arrow: Bah, y'a toute son histoire perso derrière, mais je comprends parfaitement la vision que vous avez d'elle et la frustration qu'elle provoque :roll:
— Si tu veux absolument participer aux dépenses, tu pourras, la rassura William en passant une main dans ses cheveux. On va y aller doucement pour la transition. Si Thalia peut être à la maison en semaine d’ici la rentrée, ce serait super. En plus, j’ai repéré son école à Down-Town. Je pourrais l’y emmener.
La culpabilité était moins brûlante dans la gorge de Maria. Elle ferma les yeux et laissa les caresses de Will la détendre jusqu’aux os.
— Et Jeremy ? On fera comment une fois qu’il sera revenu ?
Les gestes tendres de Will ralentirent puis cessèrent complètement. Surprise par la rigidité de ses bras, Maria se décolla de son épaule pour le dévisager.
— Tu as qu’une chambre d’amis et elle est pas bien grande, expliqua la femme d’un air soucieux.
— Il… tu veux vraiment qu’il vienne à la maison ?
L’étonnement de Maria vira à la perplexité méfiante.
— Pourquoi pas ?
— Maria… aussi dur que ce soit à entendre… Tu crois pas que Jeremy ferait aussi bien de rester auprès d’Edward et sa famille ? Pendant deux secondes mon cerveau a fait l'amalgame entre Edward et Ethan et j'ai pas compris. DAMN. En soi, je serais presque pour, mais bon, c'est pas une raison pour poser ça comme ça en plein milieu de la discussion. :lol: :arrow: Ouais bon Will... ouais x)
Brutalement refroidie, elle recula d’un pas et croisa les bras. Ses yeux plissés toisaient Will avec irritation.
— Tu me parlais jamais de lui Qui ça ?, chuchota la femme en secouant la tête. Je comprends mieux. C’est mon fils, Will. Je l’abandonnerai pas.
— Je dis pas ça, soupira le médecin en repoussant ses mèches noires en arrière. Simplement… j’ai peur qu’il amène le danger avec lui s’il revient. Les Sybaris le veulent de leur côté. S’il retourne à Modros, les emmerdes suivront.
Ahurie par les propos de son compagnon, Maria déglutit péniblement avant de siffler :
— William, j’ai passé huit ans dans le mensonge et la crainte que cette tarée d’Alexia Sybaris découvre le pot aux roses. Je peux le refaire de nouveau.
La placidité des traits de Will se fissura d’un coup. Ses yeux bleus étincelaient de colère libérée.
— Tu ferais ça pour un gosse qui a déjà foutu ta vie en l’air ? Alors.
Que je t'explique ça en deux mots clairs et simples.
TA.
GUEULE.
:arrow: Le sel is back :lol:
— Jeremy est absolument pas responsable de ça, asséna-t-elle en retour d’un ton sec.
— Ah oui ? Pour un gamin que tu voulais même pas, il aura quand même bouffé un bon paquet des réussites de ta vie.
Maria ne répondit rien, les lèvres écrasées l’une contre l’autre. Elle avait peur de se mettre à l’insulter copieusement si elle entrouvrait la bouche. Oh je ne me serais ni retenue, ni gênée pour le faire, à sa place. Elle garda les bras fermement croisés sur la poitrine – là aussi, elle craignait de le gifler Idem. – et susurra :
— William, tu étais à mes côtés quand j’étais enceinte de Jeremy, alors, oui, tu sais que ça m’a foutu dans un état pas possible. Pourtant, tu sais aussi que…
— Maria, je te rappelle que tu es venue me voir pour avorter, répliqua l’homme avec sidération.
Elle haussa les sourcils, le dévisagea dans un silence glacé puis sourit.
— Tu veux jouer aux connards ? Très bien. J’en ai eu ma pelle, un de plus, un de moins…
Avec des gestes furieux, elle ramassa son sac et retourna dans le salon. William la rattrapa par le bras avant de déclarer avec hâte :
— Je suis désolé, Maria. (Elle lui adressa un sourire acide en réponse.) Vraiment, je… Je sais que tu le désirais, finalement. C'est un peu léger, comme réponse. C’est juste que…
— Will, j’ai besoin de soutien, d’encouragement, d’affection. Je veux pas d’un homme donneur de leçon. Mes décisions concernant mes enfants ne regardent que leur père et moi. Je veux que ce soit clair.
— C’est clair, murmura Will après quelques secondes de silence. Je suis désolé.
Maria soupira en constatant combien ça lui avait coûté de dire ces trois mots.
— J’espère que tu cuisines bien, marmonna-t-elle du bout des lèvres. Pour te faire pardonner.
— Je vais faire de mon mieux, lui promit-il. Sur tous les plans.
Peinée, Maria soupira puis hocha la tête. Elle était sincèrement soulagée que William soit rapidement revenu sur ses déclarations. Un peu trop rapidement pour que ce soit honnête, chérie. M'enfin, j'ai du mal à compatir, vu comment tu te comportes. :arrow: :? yé it's true Elle n’aurait pas eu la force de subir une énième déception.



Suite
Boooonn. Je reprends un peu mes commentaires. Et, comment dire.
Le courant ne passe pas entre Maria et moi. Et je doute qu'il passe un jour. Mais bon, pour ce qui est de la case "dynamiques de famille pourries", je pense qu'elle est bel et bien cochée jusqu'à la fin de SUI. Ce chapitre commence à expliquer les raisons de la haine du côté maternel de la famille envers Jeremy, mais ça picote quand même un peu (beaucoup).
J'attaque la suite soon, mais ça fait du bien de reprendre déjà !
Heyo ravie de te revoir !

J'ai vu ça :lol: Sasa non plus l'aime pas trop ! Autant, je m'attendais pas à ce qu'on la place dans les personnages préférés, autant je pensais pas qu'elle basculerait carrément de l'autre côté :lol: C'est quoi qui passe pas chez elle ? :)
Arf, c'est dur de lui cocher la case jusqu'au bout, elle a encore 2 tomes pour se dévoiler :mrgreen: (vous êtes dures envers elle, bichette Maria :lol: je vois éventuellement ce qui peut coincer chez elle, m'enfin elle a pas tous les torts non plus !)
Pas de soucis, prends ton temps ! Et te sens pas obligée de commenter l'entièreté des chapitres non plus, hein, ça prend pas mal de temps aussi !

En tout cas, merci pour ton passage ;)
A bientôt !
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

Annonce recueil



Hellooo. J'espère que vous passez un bon été (malgré le temps pas toujours foufou).
Je viens par ici pour annoncer 2 choses :
1) l'ensemble des chapitres du tome 1 a été mis à jour !
2) le recueil de nouvelles va bientôt débarquer !

Je vais commencer à publier le recueil de nouvelles vendredi, à raison d'une publication toutes les 2 semaines.
Pour rappel, ce recueil se situe dans le passé (par rapport au T1) et fait un focus sur les personnages "adultes" apparus dans le T1 (Mike, Maria, Ethan, Edward, Alexia, Grace, etc). Il n'est pas obligatoire du tout de le lire pour comprendre l'histoire. Ce recueil sert surtout à combler les pièces de puzzle disséminées au fil du T1 sur le passé commun des persos adultes. Je conseille de le lire entre le T1 et le T2 (ce T2 risque pas d'arriver avant mi-2022 donc pas d'inquiétude héhé).

Voilà, je vous dis à vendredi (pour les personnes intéressées par le recueil) :D
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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

louji a écrit : mer. 28 juil., 2021 6:10 pm
Annonce recueil



Hellooo. J'espère que vous passez un bon été (malgré le temps pas toujours foufou).
Je viens par ici pour annoncer 2 choses :
1) l'ensemble des chapitres du tome 1 a été mis à jour !
2) le recueil de nouvelles va bientôt débarquer !

Je vais commencer à publier le recueil de nouvelles vendredi, à raison d'une publication toutes les 2 semaines.
Pour rappel, ce recueil se situe dans le passé (par rapport au T1) et fait un focus sur les personnages "adultes" apparus dans le T1 (Mike, Maria, Ethan, Edward, Alexia, Grace, etc). Il n'est pas obligatoire du tout de le lire pour comprendre l'histoire. Ce recueil sert surtout à combler les pièces de puzzle disséminées au fil du T1 sur le passé commun des persos adultes. Je conseille de le lire entre le T1 et le T2 (ce T2 risque pas d'arriver avant mi-2022 donc pas d'inquiétude héhé).

Voilà, je vous dis à vendredi (pour les personnes intéressées par le recueil) :D
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A VENDREDI
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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit : jeu. 29 juil., 2021 10:13 am
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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

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- RECUEIL -

LOVE & LEGACY




Résumé :
Ce recueil de nouvelles se situe dans l'univers de S.U.I, Special Units of Intervention. Il fait un focus sur les personnages "adultes" apparus dans le T1 (Maria, Michael, Ethan, Edward, Grace, etc) et plonge dans le passé. L'enfance, l'adolescence et le début de vie d'adulte de ces personnages sont mis en scène à travers une vingtaine de nouvelles. Le recueil permet de combler les pièces manquantes du puzzle dévoilé dans le T1. Pour autant, la lecture des nouvelles n'est pas obligatoire pour comprendre l'histoire du T2 à venir. En revanche, il est conseillé d'avoir lu le T1 pour saisir l'ensemble des enjeux, clins d'œil et indices.


[CW]
- Violences familiales, violences infantiles
- Violences verbales & physiques



Sommaire :

Partie 1 : 1974-1991
Nouvelle 1 : Indépendantes
Nouvelle 2 : Acherontia Atropos
Nouvelle 3 : Fardeaux
Nouvelle 4 : Jumeaux
Partie 2 : 1992-2000
Nouvelle 5 : Transition
Nouvelle 6 : Adaptation
Nouvelle 7 : Implication
Nouvelle 8 : Fusion
Nouvelle 9 : Scission
Nouvelle 10 : Éclosion
Partie 3 : 2002-2007
Nouvelle 11 : Bière
Nouvelle 12 : Café
Nouvelle 13 : Chocolat chaud
Nouvelle 14 : Thé
Nouvelle 15 : Vin
Nouvelle 16 : Rhum
Nouvelle 17 : Eau
Nouvelle 18 : Sang
Partie 4 : 2009-2013
Nouvelle 19 : Enfants
Nouvelle 20 : Famille
Nouvelle 21 : Foyer

Bonus :
Récapitulatif des personnages (chap 34 - T1 requis)
Anniversaire des 7 ans
Casting Picrew (recueil)


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Tout plagiat est évidemment interdit. Merci pour votre compréhension.
Dernière modification par louji le ven. 06 mai, 2022 9:11 pm, modifié 22 fois.
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