S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult / Contemporain / Action]

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louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

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- Partie 1 -
1974 - 1991


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Heyo ! Ce recueil de nouvelles se situe dans l'univers de S.U.I, Special Units of Intervention. Il fait un focus sur les personnages "adultes" apparus dans le T1 (Maria, Michael, Ethan, Edward, Grace, etc) et plonge dans le passé. L'enfance, l'adolescence et le début de vie d'adulte de ces personnages sont mis en scène à travers une vingtaine de nouvelles. Le recueil permet de combler les pièces manquantes du puzzle dévoilé dans le T1. Pour autant, la lecture des nouvelles n'est pas obligatoire pour comprendre l'histoire du T2 à venir. En revanche, il est conseillé d'avoir lu le T1 pour saisir l'ensemble des enjeux, clins d'œil et indices. Il faut lire par ordre chronologique (par ordre de publication).



- Indépendantes -



Lundi 4 mars 1974, Parc national du Grand Bassin, Nevada, États-Unis d’Amérique.


Les murs étaient blancs, le sol en lino noir et les panneaux d’indication en plastique gris. Des couleurs plutôt étonnantes pour leur époque. Alexia Sybaris ne s’y attarda pourtant pas. Sa chemise en carton serrée sous le bras, elle remontait les couloirs d’un pas affirmé. Elle jetait des coups d’œil réguliers aux horloges électroniques installées à chaque croisement. Une demi-heure d’avance. Dix heures dix. Le milieu de matinée avait poussé les employés de la Ghost Society hors de leurs bureaux pour un café ou un bref échange. Ils observèrent Alexia lorsqu’elle passa à travers différents départements pour rejoindre son objectif.
Ce n’était pas commun de voir une femme – si jeune qui plus est – arpenter les couloirs de la Ghost. Alexia n’avait pas un physique remarquable, c’était une jeune femme menue à la peau halée et aux cheveux sombres parfaitement noués. Mais son port de tête altier et sa démarche rigide accrochaient les regards des employés qu’elle croisait. Ses yeux d’un brun presque noir ne daignaient jamais se poser sur eux.
Tout son esprit était concentré sur l’entretien qu’elle s’apprêtait à passer.

L’angoisse fusait dans ses veines, contractait son ventre, durcissait les muscles de ses jambes. Pourtant, elle n’avait pas peur. Elle était impatiente, déterminée. Prête à en découdre.
Le directeur de la Ghost Society et ses deux adjoints se préparaient à la recevoir. Du haut de ses vingt ans, Alexia avait été désignée pour représenter sa famille. Chanceuse d’être l’aînée et d’avoir un père qui croyait en elle, la jeune femme s’apprêtait à défendre le projet des Sybaris pour l’appel d’offres lancé par la Ghost Society un an plus tôt.
Un peu plus de vingt ans après sa création, le corpuscule gouvernemental spécialisé dans les renseignements avait évolué en société paramilitaire et ambitionnait d’étendre son réseau dans l’Ouest américain. Si les relations internationales restaient tendues et la politique extérieure incertaine, le rôle de la Ghost dans le traitement des informations en contexte de Guerre Froide s’était amoindri. À présent, les stratégies se concentraient sur le territoire américain.
Dans la partie nord de la Vallée Centrale de Californie grandissait Modros, ville autrefois anonyme qui avait subi un fort exode rural. Avec l’accroissement de la population et les immigrations avait implosé le crime organisé. C’était pour reprendre le contrôle de ce territoire pivot de Californie que la Ghost Society avait lancé un appel d’offres à des particuliers. Le projet consistait notamment en la création d’une société-fille de défense civile pour lutter contre la criminalité.
Thanos Sybaris, le père d’Alexia, avait autrefois mis ses compétences au service de la Ghost Society et ses enfants étaient plus que familiers de son travail. C’est pourquoi il avait soufflé à sa propre fille de se renseigner sur cet appel d’offres gouvernemental et de tenter sa chance. La famille Sybaris, bien qu’ayant quitté leur Grèce originaire où ils avaient fait fortune dans l’import-export, avait des ressources financières non négligeables.
Alexia avait préparé sa candidature pendant des mois. Étudié les ambitions de la Ghost pour le territoire de Modros, évalué les apports financiers et organisationnels à sa disposition, estimé les ressources temporelles et humaines dont elle aurait besoin pour mener le projet à bout.
Au milieu de son rictus implacable frémissait un sourire de satisfaction. Elle ne pouvait pas échouer. Elle était trop bien préparée pour cela. Parfaitement apprêtée à la mission qui l’attendait. Alexia Sybaris se voyait déjà signer son contrat avec la Ghost Society. Ce n’était qu’une question de minutes.

La salle d’attente de la haute-administration était agrémentée de quelques touches de couleur au milieu du blanc, du gris et du noir. Pots de plantes d’un rouge sanguin, tableaux décoratifs multicolores, tables basses bleu pétrole.
Mais Alexia n’y prêta pas plus d’attention qu’elle n’en avait donné le reste de son trajet. Après avoir observé les trois portes qui donnaient sur les bureaux du directeur et sur ceux de ses adjoints, elle remarqua le deuxième candidat. Assis à l’autre bout de la salle, jambes croisées, veste ajustée et pantalon noir de costume.
Leurs regards se croisèrent. Alexia réprima un sourire de connivence. Si elle savait que seulement deux candidatures avaient été retenues, elle avait été incapable d’obtenir des informations sur son adversaire.
Et elle devait reconnaître qu’elle ne s’attendait pas à tomber sur une autre femme, tout aussi jeune qu’elle. Sans une hésitation, Alexia s’avança et se planta face à elle.
— Enchantée. Alexia Sybaris.
Son adversaire se leva, lui serra la main en retour avec un sourire entendu.
— Giulia Costello. Enchantée.
Elle avait des yeux d’un marron profond, intelligent, étincelant. Loin des iris presque noirs, implacables, d’Alexia. Une fois assises l’une en face de l’autre, Alexia reprit la parole :
— C’est un accent italien que j’ai entendu ?
— Bonne oreille.
Alexia baissa légèrement le menton sans quitter son adversaire des yeux. Avec ses cheveux bruns délicatement ondulés, ses yeux bien maquillés et son expression avenante, Giulia n’avait pas l’air d’être à sa place. Et c’était sûrement là que résidait sa force.
Les minutes finirent par s’égrener. Alexia faisait courir ses doigts sur la chemise en carton sur ses cuisses, sans jamais l’ouvrir. Son CV, son projet pour Modros et l’intitulé de l’appel d’offres pesaient une tonne sur ses jambes.
— Je suis quand même un peu surprise.
Agacée d’avoir été coupée dans ses réflexions à propos de l’entretien, Alexia releva à peine le cou. Giulia ne s’en formalisa pas et entonna d’une voix distincte :
— Je ne m’attendais pas à tomber sur une autre candidate aussi jeune. J’imaginais que j’avais été retenue pour la fantaisie de mon profil. Une jeune femme étrangère de même pas trente ans.
— La surprise est partagée, finit par reconnaître Alexia. Peut-être qu’ils comprennent enfin à quel point il est stupide et contre-productif d’éloigner les femmes des affaires d’intelligence économique et de renseignements. Nous sommes au cœur de l’espionnage depuis la nuit des temps.
Une étincelle s’alluma dans les prunelles de Giulia. C’était le genre de femme à apparaître sur un magazine de consommation : « Le classement des dix meilleurs aspirateurs pour appartement ». Son air jovial, ses yeux expressifs, son grand sourire peint de rouge. Ses mains délicates aux ongles brillants, son cou gracile décoré d’un collier en or, la montre à la dernière mode sur son poignet.
Alexia s’en méfia plus que jamais. Ce n’était pas une idiote. Son apparence était là pour désarmer, pour déstabiliser. Afin de mieux attaquer.

À dix-heures quarante, l’une des trois portes s’ouvrit. Un homme bedonnant aux cheveux poivre et sel s’avança dans leur direction. Son costume beige taillé sur mesure ressortait particulièrement bien sur sa peau noire. Il invita les deux jeunes femmes à le suivre d’un signe de tête. Une fois proches de lui, il leur serra tour à tour la main.
— Mme Costello, Mme Sybaris.
Se faire appeler « madame » et non « mademoiselle » malgré l’absence d’anneaux à leurs annulaires gauches ne déplut pas à Alexia.
— Inan Mubarek. Mes collègues nous attendent dans mon bureau.
Même si Alexia avait déjà étudié le profil de Mubarek, le rencontrer en face-à-face était une tout autre expérience. Le directeur actuel de la Ghost Society traînait légèrement la jambe gauche et dégageait un air serein. Difficile de croire qu’il dirigeait une agence de renseignements.
Alexia s’efforça à ne rien laisser paraître de son angoisse en franchissant le seuil à la suite de Giulia Costello. Un large bureau en demi-lune lui faisait face. Deux autres hommes y étaient déjà installés. Sczepański à gauche, Herez García à droite. Les deux directeurs-adjoints.
— Bienvenue, leur lança ce dernier en se levant.
Alexia observa brièvement les lieux avant de diriger de nouveau son attention vers ses interlocuteurs. L’espace était globalement fonctionnel, mais Mubarek y avait ajouté quelques touches personnelles. Cadres photos sur le bureau, tapis aux couleurs flashy, décorations orientales sur les murs et bibelots sur les étagères.
Ils souhaitaient apparemment commencer avec un entretien en duo. Peu importe, elle s’y était préparée aussi.
— Asseyez-vous, leur intima Mubarek en rejoignant son bureau de sa démarche inégale.
Une fois assises, elles patientèrent le temps que les directeurs adjoints brandissent les dossiers qu’elles avaient déjà envoyés par fax. Giulia se crispa légèrement en constatant que sa proposition comportait bien moins de feuillets que sa voisine. Alexia ne montra rien de la pointe de satisfaction que ceci lui procura.
— Mme Sybaris, je vous en prie, commencez.

Alexia ne se tut qu’une demi-heure plus tard, la gorge irritée d’avoir trop parlé sans boire. Mubarek et ses deux adjoints avaient encore le nez plongé dans les feuillets de sa candidature. Surprise, approbation, méfiance, satisfaction et ambition avaient tour à tour brouillé leurs traits.
Les trois hommes restèrent pourtant silencieux avant de se tourner vers la deuxième candidate.
— Mme Costello, c’est à votre tour.
Alexia se laissa aller dans son siège tandis que son adversaire entamait sa présentation. Si l’expérience des Costello dans la lutte contre le crime organisé remontait à plus d’années – ils étaient en guerre contre la mafia sicilienne depuis plusieurs décennies – leurs moyens étaient moindres. Alexia pouvait avancer davantage de fonds, mobiliser plus de ressources organisationnelles. Elle se sentait confiante.
— Voilà pour ma proposition, conclut Giulia Costello en s’affaissant légèrement dans sa chaise.
Sa présentation semblait l’avoir vidée de ses forces. Sa veste de costume paraissait trop grande pour ses épaules. Alexia durcit son cœur et détourna le regard. Elle respectait son adversaire, car leurs situations se rapprochaient grandement. Il n’empêchait que Costello était sa rivale et elle se refusait à tomber dans l'empathie pour elle.
Les trois haut-gradés de la Ghost Society demandèrent à Giulia de sortir. L’heure des questions plus personnelles était venue. Alexia serra les dents tandis que la deuxième candidate refermait la porte derrière elle.
— Mme Sybaris, entama Mubarek en rassemblant les feuillets qui constituaient son dossier. Je ne vous cache pas que votre projet est ambitieux. Nous n’avions pas pensé à créer un centre de formation affilié à la future société-fille. C’est complètement inédit.
— Une école permettra de se rapprocher de la population, acquiesça Alexia avec un sourire de velours. Sans compter que les problématiques de recrutement en seront amoindries. Non seulement cet établissement pourra fournir des agents à la société-fille de Modros, mais aussi à d’autres sociétés-filles réparties sur le territoire.
Les deux directeurs-adjoints échangèrent un regard. L’idée semblait les séduire. Sczepański se pencha au-dessus du bureau avant que l’un de ses collègues ne prenne la parole.
— Mme Sybaris, je reconnais que votre proposition est intéressante. Toutefois, je me demande si vous aurez les épaules pour l’assumer.
L’insinuation jeta un froid dans la pièce. Mubarek jeta un coup d’œil étonné à son associé, mais n’intervint pas. Il devait estimer l’interrogation légitime.
— Je pensais que ma proposition financière était claire.
Sczepański soupira puis secoua la tête. Lèvres pincées, il précisa :
— Je parlais plutôt de vous-mêmes. Vous êtes une femme très jeune.
— Et qu’est-ce qui pose problème ? Le fait que je sois jeune ou que je sois une femme ?
Alexia avait fait du son mieux pour masquer le fiel de sa voix.
— Nous n’avez pas beaucoup d’expérience dans le domaine, intervint Mubarek dans une tentative de désamorcer la tension.
Alexia ne se détendit pas d’un chouïa. La langue lourde d’amertume, elle s’efforça à répondre sans perdre mon masque professionnel :
— J’en suis consciente. C’est pourquoi j’ai aussi suggéré dans ma proposition de m’octroyer des ressources humaines pour m’accompagner dans le lancement de projet.
Herez García, le deuxième directeur-adjoint, gratifia ses collègues d’une œillade appréciatrice. Il appréciait le mordant d’Alexia.
— Vous aurez les ressources nécessaires fournies par la Ghost au besoin, Mme Sybaris.
L’intéressée dressa légèrement le menton en confrontant du regard Mubarek et Sczepański. Si le dernier conserva un air dubitatif, le premier finit par hocher le menton.
— Quelques dernières questions et nous vous laisserons tranquille.
La jeune femme croisa les mains sur son giron. Elle croyait en son projet, en ses forces, en sa prestance. La fin des épreuves lui semblait plus proche que jamais. Ce n’étaient pas quelques interrogations qui allaient la miner.
Avec un pli satisfait sur les lèvres, Alexia les invita à la questionner.

Giulia Costello grinçait des dents tandis que son gobelet en plastique se remplissait d’eau. Elle étancha sa soif d’une grande rasade puis se tourna vers le couloir. Alexia Sybaris était en pleine discussion avec Inan Mubarek. Le directeur de la Ghost Society parlait avec enthousiasme, ses grands bras allant et venant au rythme de ses paroles.
Giulia les observa à la dérobée quelques secondes de plus. Il n’y avait pas réellement de triomphe sur le visage de son adversaire. Une simple satisfaction, comme si elle venait d’achever une tâche un peu contraignante.
Avec un soupir, elle se détourna. Alexia aurait pu fanfaronner que ça n’aurait rien changé à leur destinée commune. L’une était la gagnante, l’autre la perdante. Les trois haut-gradés de la Ghost Society leur avaient annoncé les résultats au bout de deux heures seulement. Comme quoi, le choix n’avait pas dû être cornélien.
Glacée jusqu’aux os, Giulia récupéra sa chemise en carton, la glissa sous son coude et s’éloigna. Aujourd’hui, elle était perdante.
Mais elle n’avait pas abandonné.



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Dernière modification par louji le mar. 31 août, 2021 2:11 pm, modifié 2 fois.
TcmA

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

Hiellooooo~

Mais quel bonheur de replonger dans S.U.I.
Tu me connais, j'aime toujours avoir plus d'informations et d'histoires sur tes univers et pfouah, je suis servie ! Tu commences le recueil fort, j'ai adoré.
Alexia fait peur et inspire le respect, mama. Je l'aime toujours pas, hein, faut pas déconner non plus. Mais on la comprend un peu plus. Puis ton style d'écriture, jfgljehlthjdffez oui.
Bravo et bon retour ! J'ai hâte de lire la prochaine nouvelle ;)

La bise~
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit : mar. 03 août, 2021 11:19 am Hiellooooo~

Mais quel bonheur de replonger dans S.U.I.
Tu me connais, j'aime toujours avoir plus d'informations et d'histoires sur tes univers et pfouah, je suis servie ! Tu commences le recueil fort, j'ai adoré.
Alexia fait peur et inspire le respect, mama. Je l'aime toujours pas, hein, faut pas déconner non plus. Mais on la comprend un peu plus. Puis ton style d'écriture, jfgljehlthjdffez oui.
Bravo et bon retour ! J'ai hâte de lire la prochaine nouvelle ;)

La bise~
Heyo!

Merci beaucoup pour ton enthousiasme, ça fait super plaisir !
Yes la 1ere partie (surtout les 2 premières nouvelles en fait) est assez informative, mais après on se concentre sur les personnages :)

Ouais Alexia c'est... quelque chose :"D Clairement je cherche pas à attirer la sympathie à elle. Mais j'aimerais qu'on ait quelques clés de compréhension vis-à-vis de ses agissements et de sa mentalité. Même si elle reste un être cassé sur plusieurs aspects.

Merci à toi pour ton com, ça me motive !
Bizouz :mrgreen:
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

Yoss ! J'ai oublié de préciser lors de la 1ère nouvelle, mais je déconseille la lecture de S.U.I (autant la nouvelle que le T1) aux personnes de moins de 14 ans et/ou sensibles à des formes diverses de violence. Pour rappel, vous pouvez trouver les thèmes sensibles qui seront traités, de près ou de loin, dans l'histoire sur la page de garde.



- Acherontia Atropos -



Mardi 10 janvier 1978, Down-Town, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Le soleil d’hiver traversait les baies vitrées sans réchauffer pour autant l’atmosphère. Alexia resserra les doigts autour de son gobelet de café brûlant. En contrebas, des échafaudages et des grues annonçaient les futurs locaux d’entreprises et grands immeubles qui côtoieraient S.U.I.
Ses lèvres frémirent de ce qui devait être un sourire. Le siège de sa société-fille avait poussé au cœur de Down-Town, le quartier historique de Modros en rénovation depuis une dizaine d’années. Du haut du dernier étage, où se trouvait le bureau de la directrice, la réussite de S.U.I en était remarquable.
Les unités spéciales d’intervention. Le directeur des relations presse avait réalisé un travail appréciable pour sensibiliser les habitants à l’arrivée d’une nouvelle forme de protection civile. D’ici quelques mois, S.U.I enverrait ses premiers agents de terrain. Dourney était leur cible principale. Le quartier connaissait une explosion démographique qui apportait avec elle son lot de troubleurs de l’ordre. La police peinait à se tenir sur tous les fronts, avec la drogue et la contrebande qui pullulaient à tous les coins de rues. Sans compter que les élus locaux les avaient prévenus de l’émergence d’une zone encore plus instable au sud-est. Les stupéfiants y naviguaient sans personne pour les arrêter, des habitations non déclarées apparaissaient au milieu des champs réquisitionnés par la ville. Ce quartier était d’ailleurs surnommé Sludge, boue, à cause de la terre humide où étaient installés les points de vente de drogue.
Même si la situation était urgente, Alexia ne voulait pas se précipiter. Le recrutement des premiers agents était en cours. La Ghost Society lui avait déjà proposé d’envoyer de la main d’œuvre le temps de lancer le processus. En complément, une équipe de recrutement se chargeait de repérer les potentiels auprès des autres agences gouvernementales ou dans les réseaux spécialisés.
En plus des agents de terrain, elle avait aussi fait passer des entretiens à différents jeunes talents en provenance de l’étranger. Elle-même d’origine grecque, Alexia espérait bien trouver de futurs collaborateurs au sein des immigrés qui étaient arrivés ces dernières années à Modros.

Quand le café eut complètement disparu de son gobelet, Alexia soupira et sortit de son bureau. Cet étage était consacré à la haute-administration. Les inférieurs accueillaient les bureaux des futurs agents de la A.A – ceux de S.U.I n’étaient pas destinés à en avoir individuellement – les salles d’entraînement et informatiques, la cafétaria et l’infirmerie. Tout n’était pas en place, un étage était encore en plein chantier, mais ça avançait. Et c’était ce qui comptait pour Alexia : que rien ne stagne.
Elle manqua renverser sa secrétaire en sortant de son bureau. Paula – qu’elle avait recrutée alors qu’elle était menacée d’expulsion du territoire – s’excusa en bredouillant avant de prendre la parole avec un accent brésilien prononcé :
— Mme Sybaris, l’équipe de recrutement m’a fait savoir qu’ils avaient plusieurs profils à vous soumettre. (Elle se tourna vers un homme qui était resté en retrait de leur conversation.) Ce monsieur a réussi à parvenir jusqu’ici. M. Hunt souhaite discuter avec vous, il est étudiant à l’université de Californie et il… Il vous expliquera mieux que moi.
La secrétaire se retira tandis qu’Alexia la remerciait pour les informations. De son pas rigide, elle approcha de l’inconnu et lui tendit la main. Il la serra tranquillement.
— Mlle Sybaris, c’est un plaisir.
Avec ses cheveux blonds trop longs et ses lunettes à monture ronde, il ressemblait aux jeunes de Dourney qui fumaient des joints dans les parcs en jouant de la guitare mal accordée. Alexia s’efforça de passer outre son accoutrement.
— M. Hunt, si j’ai bien compris ? Paula m’a dit que vous étiez étudiant.
— En médecine, acquiesça-t-il avec un sourire. J’entame ma spécialisation en psychiatrie.
Alexia hocha du menton sans le quitter des yeux. Qu’attendait-il d’elle ? De S.U.I ?
— J’étudie à San Francisco, mais je suis originaire de l’Oregon. J’ai entendu dire que vous recrutiez et alliez avoir besoin de personnel médical.
Modros se trouvait à mi-chemin de ses deux lieux de vie, ce serait idéal pour lui.
— Oui, répondit Alexia. À plus long terme, nous envisageons de construire une clinique sur Dourney pour apporter un centre hospitalier dans le quartier, mais ça ne sera pas avant plusieurs années. Et l’infirmerie vient de trouver son médecin.
— Il est spécialisé ?
Comme Alexia niait de la tête, l’étudiant esquissa un sourire.
— Eh bien, vous aurez sûrement besoin d’un psychiatre quand S.U.I se sera mieux développée non ? Dans un premier temps pour accompagner nos agents sur le plan psychologique et dans un deuxième temps pour rejoindre la clinique.
Étonnée par son culot, Alexia ne réagit pas tout de suite. Elle ne condamnait pas son comportement, au contraire. Elle appréciait qu’il la démarche en amont de sa recherche d’emploi pour espérer entrer dans ses bons papiers.
— Et qu’avez-nous à nous proposer en attendant ? Si S.U.I vous fait une promesse d’embauche, il me faudrait un investissement en retour.
— Rien de plus normal, approuva l’étudiant en hochant la tête. Je pourrais commencer par assurer des permanences d’écoute et de soutien psychologique pour vos agents dès que les missions auront commencé.
— Ça me semble intéressant.
Visiblement satisfait de la tournure de l’échange, l’étudiant redressa les épaules. Des rayons de soleil lui frappèrent le visage, éclairant au passage ses yeux d’une étonnante couleur ambrée. Derrière le verre de ses lunettes et ses mèches blondes, Alexia les avait crus noisette.
— Nous en discuterons plus en détails avant de prendre la moindre décision, crut bon d’ajouter Alexia dans l’espoir de modérer la satisfaction qui suintait de son interlocuteur. Prenez rendez-vous avec Paula, ma secrétaire.
— Avec grand plaisir. Merci pour votre temps, Mlle Sybaris.
Avant qu’il se dirige vers le bureau de sa secrétaire, Alexia l’arrêta.
— Au fait, M. Hunt, c’est Madame Sybaris, pas Mademoiselle.
Il la dévisagea en silence quelques secondes avant de s’empourprer.
— Bien sûr, Madame.
Instinctivement, il jeta un coup d’œil à sa main gauche, afficha un air perplexe face à ses doigts nus, mais ne fit aucune commentaire. Alexia lui adressa une mimique moqueuse.
— Pas besoin de bague pour demander le respect, M. Hunt. Je vous dis à bientôt.
Elle le planta sans un mot de plus.

Deux étages plus bas, Alexia retrouva dans un salon détente la dernière personne qu’elle avait recrutée. La jeune femme était occupée à se servir un café. Pas bien plus grande qu’Alexia, elles avaient en commun une peau halée et des cheveux sombres.
— Mme Amati.
Caterina leva le nez de sa cafetière pour la saluer d’un hochement de tête. Alexia l’appréciait pour sa franchise et son efficacité. Les rares fois où elle s’exprimait, c’était toujours pour faire une remarque pertinente.
— J’espère que votre installation se passe bien.
Caterina hocha de nouveau la tête, ses yeux bruns flottant par-dessus l’épaule d’Alexia. Celle-ci se retourna pour se retrouver face à un homme d’une trentaine d’années. Il était entré dans la pièce juste après elle.
— M. Wayne, vous tombez bien. (Alexia se tourna de nouveau vers leur nouvelle collaboratrice.) Mme Amati, je vous présente le médecin que la Ghost Society nous a envoyé pour assurer le suivi médical des agents.
— Andrew Wayne, se présenta-t-il en tendant une main à Caterina. Enchanté.
Il avait un accent britannique à faire frémir du thé. Ses yeux verts quittèrent difficilement Caterina lorsqu’elle déclina son identité.
— Mme Amati est en charge des équipements textiles, expliqua Alexia en croisant les bras. Nous n’avons pas d’uniforme à proprement parler, mais certains tissus sont à privilégier en fonction des milieux et des besoins de mouvements. Mme Amati est ici pour réfléchir à tout ça et pour fournir aux agents un équipement de qualité.
Caterina resta neutre, malgré le plaisir reconnaissant que suscitèrent les paroles d’Alexia en elle. Elle avait quitté sa Toscane natale où ses parents avaient dû fermer leur manufacture textile. Quitter sa famille pour espérer un meilleur avenir était peut-être la norme de beaucoup de personnes, mais ça n’en faisait pas quelque chose d’anodin pour autant. Le voyage avait été rude et l’arrivée encore plus. L’opportunité de travail que lui avait offerte Alexia lui permettait de payer le loyer de son modeste appartement et de s’organiser des sorties.
C’était plus qu’elle n’avait espéré, mais Caterina ne voulait pas non plus s’émerveiller. S.U.I était peut-être une société mixte qui travaillait pour l’État, il n’empêchait que les choses étaient loin d’être terminées avant sa mise en route définitive. Avec la toxicité qui régnait à l’international, Caterina craignait de mauvaises annonces du gouvernement. Son boulot pouvait lui être arraché du jour au lendemain.
Alors les galères recommenceraient.

Alexia laissa Andrew Wayne et Caterina Amati faire connaissance. Si l’équipe était encore réduite, elle pressentait sa croissance imminente. Une fois les premières unités de S.U.I sur le terrain, tout accélèrerait. Alors elle pourrait vraiment tester ses capacités.
Jusqu’ici, elle avait mis en œuvre le plan de lancement qu’elle avait exposé à Inan Mubarek et ses associés quatre ans plus tôt. Il y avait eu des déconvenues, de mauvaises surprises et des retardements. Comme tout bon projet. Mais rien d’alarmant. La Ghost Society était satisfaite de l’implantation de cette société-fille à Modros. Le système des agents de terrain polyvalents, les unités de S.U.I, et des agents spécialisés, ceux de la sous-branche Acherontia Atropos, semblait plaire à la Ghost. Ils avaient donc accepté de considérer un projet de financement pour la construction de l’école de formation.
Alexia avait poussé de côté cette possibilité en se consacrant à la création de son entreprise. C’était trop compliqué de se pencher sur le cas de l’école de S.U.I avec tout le reste à gérer à côté. Mais à présent que le plus pénible était passé et que son équipe s’agrandissait de mois en mois, elle aurait le temps de réfléchir à ce projet. Ça lui tenait à cœur, de faire de sa société un environnement polyvalent. L’école, l’entreprise, la clinique… S.U.I finirait par s’installer pour de bon à Modros afin d’en devenir le bouclier et l’épée.
L’école de S.U.I ne serait pas un simple centre de formation. Elle désirait en faire un établissement de renom qui pourrait ouvrir les portes des universités aux élèves brillants, qu’ils désirent travailler pour S.U.I ou pas. Il fallait que les habitants prennent conscience de l’importance de la société, qu’ils finissent par en tirer une fierté locale. Si Alexia parvenait à faire de ce projet une réalité, elle comptait aussi attraper dans son filet les classes bourgeoises de la ville. Réfugié au nord-ouest de Modros, à l’opposé exact de Sludge, le quartier de Mona grandissait lui aussi sous l’apport des dollars. Si ces familles plaçaient leurs enfants à l’école de S.U.I, la renommée de l’établissement grandirait d’elle-même.
Sans compter que la Ghost Society trouverait elle aussi un intérêt dans ce centre de formation. La Ghost ne possédait pas de système semblable, ni aucune de ses sociétés-filles existantes. Avec l’école de S.U.I, la société pourrait fournir de jeunes diplômés aux diverses entités réparties sur le territoire.
Comme bien souvent lorsque les idées fourmillaient dans son crâne, Alexia marchait d’un pas énergique. Ses jambes l’avaient emmenée jusqu’à un balcon. Elle poussa un lourd soupir pour se vider la poitrine d’une boule d’appréhension impatiente. Sur le balcon, le soleil lui fit plisser les yeux tandis qu’une brise froide balayait ses joues.
Elle réussissait. Comme son père l’avait prédit, comme elle-même l’avait compris au fil du temps. Plus jeune, elle avait eu du mal à y croire, à croire en elle. Il n’y avait pas beaucoup de modèles pour Alexia Sybaris, vingt-quatre ans, femme cheffe d’entreprise de renseignement et de protection civile. À vrai dire, il n’y en avait aucun à sa connaissance.
L’idée qu’elle puisse inspirer des jeunes filles à l’avenir lui réchauffa la poitrine.
Pourtant, ce qui transforma son frémissement des lèvres en sourire fut le rappel bref de sa rencontre avec l’étudiant. Elle fronça les sourcils, serra les mains autour de la rambarde.
Elle n’était pas certaine d’aimer cette sensation au fond de sa gorge. Une brûlure, un sentiment d’urgence. Ses tripes nouées.
Alexia réussissait trop bien pour que le moindre échec se dresse sur sa route.



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Dernière modification par louji le ven. 27 août, 2021 8:53 pm, modifié 2 fois.
TcmA

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

Hiello~

Nyohoh Mr Hunt ~

C'est fou, avec Alexia : dès que je pense qu'elle fait les choses pour de bonnes raisons, ses pensées me prouvent le contraire. Enfin, ses raisons sont bonnes, et nécessaires à toute création d'entreprise, mais ça manque d'altruisme tout ça. Tu vas me dire, y en a quand ça décrit les personnes qu'elle a embauché et quand elle parle d'inspirer les jeunes filles maiiiiis... Tout est calculé dans le moindres détails, avec rationalité et efficacité... Bwouarf. Je la comprends, mais c'est tellement froid. Dans tous les cas, elle force le respect : elle est ambitieuse, préparée, forte.
Malgré tout mon ressentiment envers elle sur le plan humain (bonjour madame, vous êtes horrible), je suis impressionnée par la femme d'affaire qu'elle est. (Mais pas la mère :'D)

C'est super sympa de voir les persos de l'histoire principale qui poppent à un certains moments ! C'est le but de ces nouvelles, vi, mais bon, ça me fait sourire :D

J'ai hâte de lire la prochaine !

La bise~
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par vampiredelivres »

Alors bonjour.

J'ai fini la version papier de S.U.I. il y a un moment (d'ailleurs elle est magnifique, franchement rien à dire, le papier est nickel, le bouquin est beau… bref, je suis fan !), et je viens aux nouvelles. Et pile poil pour le recueil. Quel timing ! Mais trêve de blabla, je vais plutôt élaborer sur la fin du tome 1 puisque je m’étais arrêtée un peu avant le grand dîner où tout part en sucette.

Déjà, j’en suis venue à apprécier notre Emo-boy Jérémy, finalement. C’était pourtant pas gagné au début de l’histoire, mais il a su se rattraper. Et puis, je me rappelle régulièrement que c’est juste un ado paumé qui s’est fait arracher à sa famille et à son seul ami, donc bon, pour un départ aussi pourri, il s’en sort plutôt bien.

Un autre personnage que j’ai beaucoup apprécié (spoiler, en fait, je les aime presque tous sauf Alexia et Maria), c’est Myrina. Je l’ai trouvée très juste, droite et honnête avec elle-même dans ses contacts avec Jérémy, dans ses discussions avec Edward, dans son analyse de Rebecca. J’aime notamment tout le passage où elle explique pourquoi elle a refusé le poste de directrice adjointe

Becky, j’avoue que j’ai un peu peur de ce qu’elle va devenir, trahie par Jérémy, avec seulement son père et sa psychotique famille vers qui se tourner. J’espère qu’elle trouvera au moins un peu de soutien du côté de Myrina, mais je crains un peu pour elle, ses rêves et ses espoirs. En plus, ils avaient prévu de s’échapper ensemble, et Jérémy l’a larguée comme ça en plein milieu d’une soirée… c’est moche. J’espère qu’elle va pas virer à l’antagoniste à long terme, sa relation avec Jeremy était vraiment touchante et saine (enfin, dans la mesure où le contexte le permettait). Bref je l’aime bien Becky !

Ray c’est un crève-cœur, le pauvre chouchou. Heureusement qu’il y a Dimitri pour sauver la donne avec lui, parce qu’il mérite bien un peu d’amour après tout ce qu’il a enduré.

Mais je pense que dans l’ensemble, je préfère tes personnages adultes. Certes c’est de la YA/ado, et c’est les ados qui dominent dans ce tome, mais les adultes ne sont pas absents et leur caractérisation est vraiment intéressante et bien développée. J’ai parlé de Myrina parce que c’est elle que je retiens le plus des dernières parties, mais ils sont tous marquants. (Même Maria, au combien j’aie envie de la frapper. Elle mérite vraiment des claques.) J’ai particulièrement aimé Ed (étonnant, hein x) ), Alex et Dimitri, je tolère même Alexia. Ouais. (En fait je crois que je l’aime bien parce qu’elle n’est pas souvent là. :roll: )

Au niveau du rythme, rien a dire franchement, les derniers chapitres sont denses, tendax, on sent qu’il y a une douille mais on ne sait pas d’où elle va venir. Puis Jeremy retrouve enfin sa liberté, ça fait du bien !

De manière générale, félicitations pour S.U.I., c’est vraiment une belle histoire, bien aboutie et bien construite. Je suis vraiment très contente de l’avoir lu (et d’avoir une version papier mouahaha les privilèges 8-) ), j’ai adoré me plonger dedans. Les personnages ont tous de beaux parcours, ils sont recherchés, profonds et humains, faillibles et appréciables, même pour les pires d’entre eux. Je te le dis souvent, mais pour moi, tes personnages sont vraiment la grande force de tes récits, je les adore, ou alors j'adore les détester, mais dans tous les cas, ils ne me laissent jamais totalement indifférente. L'univers est au top, l'histoire est supra cool… je sais pas quoi te dire de plus à part
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Maintenant je vais aller lire les nouvelles !
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit : lun. 16 août, 2021 2:50 am Hiello~

Nyohoh Mr Hunt ~

C'est fou, avec Alexia : dès que je pense qu'elle fait les choses pour de bonnes raisons, ses pensées me prouvent le contraire. Enfin, ses raisons sont bonnes, et nécessaires à toute création d'entreprise, mais ça manque d'altruisme tout ça. Tu vas me dire, y en a quand ça décrit les personnes qu'elle a embauché et quand elle parle d'inspirer les jeunes filles maiiiiis... Tout est calculé dans le moindres détails, avec rationalité et efficacité... Bwouarf. Je la comprends, mais c'est tellement froid. Dans tous les cas, elle force le respect : elle est ambitieuse, préparée, forte.
Malgré tout mon ressentiment envers elle sur le plan humain (bonjour madame, vous êtes horrible), je suis impressionnée par la femme d'affaire qu'elle est. (Mais pas la mère :'D)

C'est super sympa de voir les persos de l'histoire principale qui poppent à un certains moments ! C'est le but de ces nouvelles, vi, mais bon, ça me fait sourire :D

J'ai hâte de lire la prochaine !

La bise~
Heyo !

Eh oui, M. Hunt :roll:

Haha, Alexia, haha : ). Nan mais clairement, chacune de ses actions, pensées, engagement a un but. Elle entreprend jamais quelque chose dans la seule volonté de faire :v C'est clairement capitalisme-girl :lol: Elle est extrêmement froide, oui :c

Yas, c'est bien le but de ces petites nouvelles, ça me fait plaisir aussi de les placer comme ça !

Bizouz
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : lun. 16 août, 2021 11:30 am Alors bonjour.

J'ai fini la version papier de S.U.I. il y a un moment (d'ailleurs elle est magnifique, franchement rien à dire, le papier est nickel, le bouquin est beau… bref, je suis fan !), et je viens aux nouvelles. Et pile poil pour le recueil. Quel timing ! Mais trêve de blabla, je vais plutôt élaborer sur la fin du tome 1 puisque je m’étais arrêtée un peu avant le grand dîner où tout part en sucette.

Déjà, j’en suis venue à apprécier notre Emo-boy Jérémy, finalement. C’était pourtant pas gagné au début de l’histoire, mais il a su se rattraper. Et puis, je me rappelle régulièrement que c’est juste un ado paumé qui s’est fait arracher à sa famille et à son seul ami, donc bon, pour un départ aussi pourri, il s’en sort plutôt bien.

Un autre personnage que j’ai beaucoup apprécié (spoiler, en fait, je les aime presque tous sauf Alexia et Maria), c’est Myrina. Je l’ai trouvée très juste, droite et honnête avec elle-même dans ses contacts avec Jérémy, dans ses discussions avec Edward, dans son analyse de Rebecca. J’aime notamment tout le passage où elle explique pourquoi elle a refusé le poste de directrice adjointe

Becky, j’avoue que j’ai un peu peur de ce qu’elle va devenir, trahie par Jérémy, avec seulement son père et sa psychotique famille vers qui se tourner. J’espère qu’elle trouvera au moins un peu de soutien du côté de Myrina, mais je crains un peu pour elle, ses rêves et ses espoirs. En plus, ils avaient prévu de s’échapper ensemble, et Jérémy l’a larguée comme ça en plein milieu d’une soirée… c’est moche. J’espère qu’elle va pas virer à l’antagoniste à long terme, sa relation avec Jeremy était vraiment touchante et saine (enfin, dans la mesure où le contexte le permettait). Bref je l’aime bien Becky !

Ray c’est un crève-cœur, le pauvre chouchou. Heureusement qu’il y a Dimitri pour sauver la donne avec lui, parce qu’il mérite bien un peu d’amour après tout ce qu’il a enduré.

Mais je pense que dans l’ensemble, je préfère tes personnages adultes. Certes c’est de la YA/ado, et c’est les ados qui dominent dans ce tome, mais les adultes ne sont pas absents et leur caractérisation est vraiment intéressante et bien développée. J’ai parlé de Myrina parce que c’est elle que je retiens le plus des dernières parties, mais ils sont tous marquants. (Même Maria, au combien j’aie envie de la frapper. Elle mérite vraiment des claques.) J’ai particulièrement aimé Ed (étonnant, hein x) ), Alex et Dimitri, je tolère même Alexia. Ouais. (En fait je crois que je l’aime bien parce qu’elle n’est pas souvent là. :roll: )

Au niveau du rythme, rien a dire franchement, les derniers chapitres sont denses, tendax, on sent qu’il y a une douille mais on ne sait pas d’où elle va venir. Puis Jeremy retrouve enfin sa liberté, ça fait du bien !

De manière générale, félicitations pour S.U.I., c’est vraiment une belle histoire, bien aboutie et bien construite. Je suis vraiment très contente de l’avoir lu (et d’avoir une version papier mouahaha les privilèges 8-) ), j’ai adoré me plonger dedans. Les personnages ont tous de beaux parcours, ils sont recherchés, profonds et humains, faillibles et appréciables, même pour les pires d’entre eux. Je te le dis souvent, mais pour moi, tes personnages sont vraiment la grande force de tes récits, je les adore, ou alors j'adore les détester, mais dans tous les cas, ils ne me laissent jamais totalement indifférente. L'univers est au top, l'histoire est supra cool… je sais pas quoi te dire de plus à part


Maintenant je vais aller lire les nouvelles !
Déjà, merci beaucoup, ça fait super plaisir :cry:

Merci pour la version physique, il y a 2-3 détails qui me chagrinent mais tant pis (la couverture :evil: :evil: ).

Je suis franchement contente pour Jeremy, parce que ce serait quand même con que le protag principal parvienne pas à vous toucher :roll: Mais oui, il a que 13 ans au début, donc il est immature. Mais faut lui laisser le temps de grandir, il a plein de choses à prouver !

Myrina, on est trois à l'aimer (Sasa, toi et moi) :mrgreen: Pour moi aussi, c'est une surprise, car c'est un personnage qui est né lors de la V2 et je n'avais pas prévu qu'elle s'incruste ainsi dans le récit (elle était censée être un vague nom ou juste un perso qui apparaît une fois). Mais je suis pas mécontente, j'adore les sujets que j'aborde avec elle et les dynamiques qu'elle me permet d'installer ^^

Becky, c'est l'un des persos où, effectivement, son évolution risque de relever de l'improvisation 8-) Je sais déjà ce qu'elle va devenir, mais certains détails sont encore en réflexion.

Ryu, oui ♥ Notre petite peuchère

Je comprends parfaitement, que tu préfères les persos adultes ! La bande d'ados que l'on suit est quand même bien plus jeune que nous, alors on est un peu éloignés de leurs soucis, de leur mentalité... c'est normal ! Puis je m'amuse plus avec les persos adultes pour ce qui est ambivalences et échanges. Le T2 devrait être plus fun pour les persos jeunes, puisqu'ils vont bien grandir (l'idée, c'est qu'ils soient majeurs à la fin du T2 :) ). J'espère qu'ils seront plus cools à suivre à ce moment-là ^^
Ed, on va le revoir :mrgreen: Pour Maria, je crois que tu vas la détester encore un petit moment, mais... arf, j'espère que la tournure de certaines choses parviendront à réduire ton antipathie pour elle !

Et encore merci beaucoup, car je sais que S.U.I est une drôle d'histoire. Pas vraiment du roman ado, pas vraiment du YA (dans les thèmes), pas vraiment du contemporain, pas vraiment du roman d'action... Alors, oui, les personnages en sont le moteur et c'est clairement quelque chose que je recherche. Mais forcément ça me met dans le doute, dans la peur de pas avoir d'histoire très fun à suivre (le scénario c'est clairement pas la force de S.U.I :lol: ). Alors savoir que vous avez quand même passé de bons moments de lecture, ça me fait super plaisir.

Encore un grand merci à toi aussi, pour tes remarques sur les éventuelles incohérences, sur les erreurs/coquilles, sur le psyché des personnages, etc. Sasa et toi avez clairement été mes moteurs depuis le début de la publication, vous m'avez beaucoup motivée et rassurée ^^

La bise !
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit : mar. 17 août, 2021 11:21 pm Déjà, merci beaucoup, ça fait super plaisir :cry:

Merci pour la version physique, il y a 2-3 détails qui me chagrinent mais tant pis (la couverture :evil: :evil: ).

Je suis franchement contente pour Jeremy, parce que ce serait quand même con que le protag principal parvienne pas à vous toucher :roll: Mais oui, il a que 13 ans au début, donc il est immature. Mais faut lui laisser le temps de grandir, il a plein de choses à prouver !

Myrina, on est trois à l'aimer (Sasa, toi et moi) :mrgreen: Pour moi aussi, c'est une surprise, car c'est un personnage qui est né lors de la V2 et je n'avais pas prévu qu'elle s'incruste ainsi dans le récit (elle était censée être un vague nom ou juste un perso qui apparaît une fois). Mais je suis pas mécontente, j'adore les sujets que j'aborde avec elle et les dynamiques qu'elle me permet d'installer ^^

Becky, c'est l'un des persos où, effectivement, son évolution risque de relever de l'improvisation 8-) Je sais déjà ce qu'elle va devenir, mais certains détails sont encore en réflexion.

Ryu, oui ♥ Notre petite peuchère

Je comprends parfaitement, que tu préfères les persos adultes ! La bande d'ados que l'on suit est quand même bien plus jeune que nous, alors on est un peu éloignés de leurs soucis, de leur mentalité... c'est normal ! Puis je m'amuse plus avec les persos adultes pour ce qui est ambivalences et échanges. Le T2 devrait être plus fun pour les persos jeunes, puisqu'ils vont bien grandir (l'idée, c'est qu'ils soient majeurs à la fin du T2 :) ). J'espère qu'ils seront plus cools à suivre à ce moment-là ^^
Ed, on va le revoir :mrgreen: Pour Maria, je crois que tu vas la détester encore un petit moment, mais... arf, j'espère que la tournure de certaines choses parviendront à réduire ton antipathie pour elle !

Et encore merci beaucoup, car je sais que S.U.I est une drôle d'histoire. Pas vraiment du roman ado, pas vraiment du YA (dans les thèmes), pas vraiment du contemporain, pas vraiment du roman d'action... Alors, oui, les personnages en sont le moteur et c'est clairement quelque chose que je recherche. Mais forcément ça me met dans le doute, dans la peur de pas avoir d'histoire très fun à suivre (le scénario c'est clairement pas la force de S.U.I :lol: ). Alors savoir que vous avez quand même passé de bons moments de lecture, ça me fait super plaisir.

Encore un grand merci à toi aussi, pour tes remarques sur les éventuelles incohérences, sur les erreurs/coquilles, sur le psyché des personnages, etc. Sasa et toi avez clairement été mes moteurs depuis le début de la publication, vous m'avez beaucoup motivée et rassurée ^^

La bise !
J'ai mis du temps à arriver avec mon comm mais je suis enfin là x)
La couverture :cry: (Mais en tout cas le rouge sur noir rend super bien !)

Ce serait bête que Jeremy nous casse les pieds de bout en bout quand même. J'ai hâte de voir dans quelle direction il va évoluer.

Eh, c'est toujours les meilleurs personnages, ceux qui apparaissent comme ça en pseudo-secondaires et qui commencent à prendre de l'importance au fil de l'écriture. Les sujets que tu abordes avec elle et les dynamiques sont vraiment top !

Oui, ça commence à faire loin les 13-14 ans pour nous ^^ Après je me rappelle que je devais être au moins aussi chiante que Jim sur certains points, mais le souvenir ne fait pas nécessairement plaisir :lol: Oh, grosse évolution d'âge dans le T2, j'ai hâte ! :D
Écoute on verra bien pour Maria. Pour l'instant, je ne promets rien.

C'est aussi son ambivalence dans les thèmes et les personnages que j'aime beaucoup, les thèmes adultes pour des persos aussi jeunes, c'est supra intéressant. Puis la trame est franchement pas mauvaise, même si elle ne laisse pas énormément de place à l'action, elle ne bloque pas non plus le récit et n'est pas trop sur-utilisée dans les romans actuels ^^

Pas de souci, c'est toujours avec grand plaisir :)
La bise ~
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : jeu. 19 août, 2021 1:09 pm
J'ai mis du temps à arriver avec mon comm mais je suis enfin là x)
La couverture :cry: (Mais en tout cas le rouge sur noir rend super bien !)

Ce serait bête que Jeremy nous casse les pieds de bout en bout quand même. J'ai hâte de voir dans quelle direction il va évoluer.

Eh, c'est toujours les meilleurs personnages, ceux qui apparaissent comme ça en pseudo-secondaires et qui commencent à prendre de l'importance au fil de l'écriture. Les sujets que tu abordes avec elle et les dynamiques sont vraiment top !

Oui, ça commence à faire loin les 13-14 ans pour nous ^^ Après je me rappelle que je devais être au moins aussi chiante que Jim sur certains points, mais le souvenir ne fait pas nécessairement plaisir :lol: Oh, grosse évolution d'âge dans le T2, j'ai hâte ! :D
Écoute on verra bien pour Maria. Pour l'instant, je ne promets rien.

C'est aussi son ambivalence dans les thèmes et les personnages que j'aime beaucoup, les thèmes adultes pour des persos aussi jeunes, c'est supra intéressant. Puis la trame est franchement pas mauvaise, même si elle ne laisse pas énormément de place à l'action, elle ne bloque pas non plus le récit et n'est pas trop sur-utilisée dans les romans actuels ^^

Pas de souci, c'est toujours avec grand plaisir :)
La bise ~
Oui, le rouge et noir, toujours un bon combo 8-) (je pense à Dynasties)

Ah mais clairement, ils font plaisir ces personnages !

Mdr oui, on était de gros relous ados, même en étant plutôt "cools" si on faisait pas trop directement chier nos parents. Mais des ados restent des ados et... c'est pas toujours très malin ni stable quwé

A plous !
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

Helloooo ! On attaque le "sérieux" des relations "familiales" de la famille Sybaris. Enjoy (ou pas) ~



- Fardeaux -



Vendredi 7 janvier 1983, Down-Town, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Caterina Amati patientait en feuilletant un magazine de cuisine. La salle d’attente de l’infirmerie n’était pas bien grande, mais elle était fonctionnelle et plutôt agréable. Chaises rembourrées, distributeurs de boissons chaudes ou froides, plantes en pots et affiches de santé parsemaient la pièce aux murs gris clair.
Son ventre rebondi par huit mois de grossesse se révélait être un support utile pour tourner les pages du magazine. Elle était arrêtée depuis un mois et demi, mais avait promis à Andrew de le rejoindre au siège de la A.A à la fin de sa journée. Même s’il passait le plus clair de son temps à la clinique privée fondée il y a un an, il officiait encore de temps à autre à l’infirmerie de S.U.I.
Caterina fronça le nez lorsqu’elle tomba sur une recette de pâtes à l’italienne. Elle n’eut pas besoin de la parcourir intégralement pour comprendre qu’on insultait des générations de gastronomie italienne. Elle n’était pas très attachée à la cuisine, mais les souvenirs de son enfance en Toscane en étaient indignés.
La porte de la salle d’auscultation s’ouvrit avec un grincement discret. Caterina rejeta son magazine en levant le nez. La tignasse châtain-roux d’Andrew s’était ébouriffée au fil de la journée. Il aurait eu l’air négligé si ses épaules n’avaient pas conservé une certaine raideur.
— Tu as pas trop attendu, j’espère, grimaça-t-il en verrouillant le cabinet derrière lui.
— Non, cinq minutes. Ça va ? tu as l’air fatigué.
Andrew lui embrassa le front avant de pincer la bouche de lassitude.
— Longue journée. Et toi ? La petite t’a pas trop dérangée ?
Tout en secouant la tête, Caterina s’engagea à ses côtés dans le couloir. En journée, le bébé était plutôt calme. C’était la nuit qu’elle décidait de faire la fête dans son utérus.
— Toujours partante pour dîner ?
— Et impatiente, acquiesça Caterina en prenant conscience de la faim qui lui mordait les entrailles.
Andrew sourit, lui caressa le dos de la main puis appela l’ascenseur une fois au bout du couloir. Les portes s’ouvrirent en dévoilant un intérieur vide. Bonne nouvelle ; Caterina ne serait pas embarrassée par son ventre proéminant.
L’accueil de S.U.I était calme en ce vendredi soir. Une secrétaire assurait une permanence, installée derrière un comptoir rectangulaire d’un blanc nacré. Un sol de larges dalles gris clair renvoyait la luminosité en journée. À cette heure-ci, seuls les halos des lampadaires et les phares de voitures franchissaient les baies vitrées du hall d’entrée.
Une femme à la silhouette rigide discutait avec deux hommes près d’un triangle de sofas. Ses interlocuteurs s’en allèrent au moment où Andrew et sa compagne passaient près d’elle. Ses féroces yeux noirs les happèrent aussitôt.
— Mme Amati, M. Wayne.
Les concernés ralentirent le pas jusqu’à l’arrêt complet. Quand la fondatrice prenait la peine de vous interpeler, c’était qu’elle avait quelque chose à vous annoncer. Caterina nota qu’elle continuait à l’appeler par son nom de jeune fille. Certes, Andrew et elle n’avaient pas encore officialisé leur union, mais ils étaient déjà fiancés.
— Mme Sybaris, la saluèrent-ils de concert.
Alexia glissa rapidement le regard vers le ventre de son interlocutrice. Un vague de malaise parcourut Caterina de la tête aux pieds. Elle était habituée à toutes sortes de regards, venant d’hommes ou de femmes : compassion, jalousie, pitié, admiration ou mélancolie.
Mais jamais encore elle n’avait vu tant de dégoût et de colère. Les iris sombres de sa supérieure ne l’avaient effleurée qu’une demi-seconde. Ça avait suffi pour rendre Caterina nerveuse. Pendant un instant, elle craignit qu’Alexia lui reproche son congé maternité et le retard que ça induisait pour l’équipe textile.
— Je voulais simplement vous féliciter pour…
Alexia laissa la suite en suspens, mais elle fit un geste vers le ventre de Caterina avec un sourire entendu. Secouée par la vague de soulagement qui descendit le long de son corps, Caterina n’eut pas la présence d’esprit de répondre dans l’immédiat. Andrew s’en chargea en lâchant un petit rire embarrassé.
— Je vous remercie.
Alexia hocha la tête puis leur souhaita une bonne soirée. Encore hébétée, Caterina la suivit des yeux avant de déglutir péniblement. Son ventre semblait peser des tonnes. Elle n’avait pas imaginé ce regard. Cette rage indicible, cette rancœur infinie.
Alexia Sybaris lui en voulait-elle ? La jalousait-elle ? Regrettait-elle une vie de famille qu’elle n’était pas en mesure d’obtenir ?
— Cattie ?
La main d’Andrew lui toucha l’épaule. Comme Caterina ne se départait pas de son expression troublée, son compagnon se pencha vers elle.
— Ça va ?
La bouche pâteuse, Caterina s’efforça à hocher la tête avant de saisir la main d’Andrew. Le hall de S.U.I ne lui semblait plus aussi accueillant. Elle devait sortir d’ici, inspirer une goulée d’air frais. Mettre de la distance entre Alexia Sybaris et elle.

Où étaient les toilettes les plus proches ? Au rez-de-chaussée, près des escaliers. Combien de secondes avant qu’elle les atteigne ? Suffisamment pour qu’elle retienne ses nausées. Sa main poussa brusquement la porte. Les plafonniers clignotèrent avant de stabiliser une lumière crue. Alexia ne s’en soucia pas, elle fonça vers la première cabine.
Le trou des toilettes lui parut énorme. Ses jambes tremblaient dans ses chaussures à talons carrés. Ses tripes se nouèrent un peu plus, ce qui la fit pencher au-dessus de la cuvette. Elle se félicita d’avoir attaché ses cheveux en chignon bas ; pas de risque qu’ils lui tombent devant les yeux en vomissant.
Elle revit son ventre. Ce n’était plus Caterina, c’était un ventre. Disproportionné, absurde, encombrant. Le sourire d’Andrew. L’expression embarrassée de Caterina. Deux futurs parents. Heureux.
Le haut-le-cœur escalada son système digestif à une vitesse de pointe. Avec un hoquet, Alexia se retrouva pliée en deux. Son déjeuner disparut en même temps que la boule de nerfs au creux de son ventre. Son ventre.
Elle posa les mains dessus. Inspira, expira. Plus de nausées.
Puis elle les entendit. Ses doigts se crispèrent, s’enfoncèrent dans son abdomen. Ah, si elle avait pu arracher ses organes… Ses cris, leurs cris.
Insupportables.
Les jumeaux.
C’était un terme bien trop fort, avec une connotation de liens indéfectibles, pour décrire les fardeaux qui l’attendaient chez elle. Deux êtres, deux organismes vivants, qui la rendaient malade quotidiennement depuis un an.
Merde.
Alexia plissa les paupières, serra les dents, repoussa la vague de dégoût.
De haine, de tendresse, de désespoir, de colère, de regret, de honte.
Erreurs.
Une erreur humaine.
Merde, merde.
La chasse d’eau fit un bruit tonitruant dans le silence des toilettes. Son visage était blafard, creusé, inanimé, sous la lumière fade. Ses yeux injectés de sang, trop noirs, trop durs. Ils n’avaient pas ses yeux.
Ils avaient les siens. Noisette dans la pénombre, ambrés en journée et dorés, si dorés, quand la lumière passait sur leurs visages.
Si beaux, si expressifs.
Non.
Elle se rinça le visage. Quand Alexia sortit des toilettes, elle était de nouveau une professionnelle.
Pas d’erreur.

Janna était penchée sur le journal du jour, confortablement installée dans le fauteuil de l’angle du salon, quand elle rentra. Alexia retira ses chaussures sans se presser, déposa ses clefs puis son sac à main.
— Bonsoir, madame !
Alexia s’arrêta au seuil du salon avec un vague sourire. Il y avait plusieurs raisons pour lesquelles elle avait choisi Janna. D’abord, elle habitait le quartier et ne mettait que dix minutes pour faire le trajet entre leurs maisons. Ensuite, c’était une jeune femme avec de grosses difficultés de lecture et d’écriture. Elle ne risquait donc pas de compromettre d’éventuels documents sensibles de la A.A. Enfin, elle manquait cruellement d’ambition et de culot. Ce dont Alexia avait besoin pour garder le secret de ses fardeaux.
— Ils dorment, madame.
Alexia ne lui avait rien demandé. Constatant son expression fermée, Janna se raidit puis baissa les yeux. Voilà, elle manquait de culot. Une autre nourrice se serait targuée d’être douée. Pas elle.
— Très bien, tu peux rentrer chez toi.
Janna sourit, hocha la tête. Alexia lui tendit sa rémunération du jour – cinquante dollars. Une misère pour elle. Une fortune pour l’autre. Payée au noir, Janna aurait pu exiger bien plus de son employeuse. Mais elle manquait d’ambition.
Quant à Alexia, ne pas déclarer les dépenses quotidiennes qu’elle faisait en garde d’enfants l’arrangeait bien. Pour une femme qui se targuait de vivre seule, ça aurait fait tache.

Elle attendit que Janna soit sortie. Elle commença par se verser un verre de rhum – c’était vendredi, elle pouvait se le permettre – puis ouvrit le frigo. Les restes de la soupe conviendraient parfaitement.
Quand son verre fut vide, elle se décida. Se planta en bas des escaliers, leva le nez vers l’obscurité. Son index frémit lorsqu’elle actionna l’interrupteur. Ses jambes prirent un kilo à chaque marche franchie. Lorsqu’elle atteignit enfin le pallier, les trois portes fermées crispèrent sa colonne vertébrale. Celle de gauche ne l’inquiétait pas, ce n’était que la salle de bains. Mais les deux autres, celles qui se faisaient face… comme une cruelle ironie du sort, une confrontation interminable entre elle et eux, entre son erreur et les conséquences…
Erreur humaine.
Alexia fonça vers sa chambre, dézippa sa jupe-tailleur et jeta sa veste. En sous-vêtements, simples, noirs, fonctionnels, elle se tourna vers le miroir. Elle avait toujours été mince, d’une minceur sèche et nerveuse. C’est pourquoi lorsque son corps avait dû accueillir non pas un, mais deux êtres, les conséquences en avaient été sévères.
Alexia était parvenue à cacher sa grossesse le plus longtemps possible. En ajustant ses vêtements, en ne mangeant que le strict minimum, en élargissant les ceintures au fil des mois. Quand, enfin, son ventre s’était tendu de manière provocatrice, la directrice de la A.A avait prétexté des séminaires de formation à l’étranger. Pendant quatre mois, elle avait disparu du siège de S.U.I et n’y avait remis les pieds que lorsqu’elle pouvait assumer sa silhouette.
Alexia avait rapidement perdu du poids. Trop rapidement. Sa peau devenue élastique laissait à présent voir des vergetures en zigzag. Elle adressa un rictus sarcastique à son reflet. Elle n’avait jamais compté sur son physique pour progresser dans la vie. Elle était trop banale, trop intello.
Pourtant, elle ne pouvait ignorer le mal-être qui la saisissait à chaque fois qu’elle se voyait dans le miroir. Elle n’avait jamais voulu. Jamais voulu de ce ventre plat, puis rond, puis presque plat. De ces cicatrices, de ces preuves.
Elle n’avait jamais voulu cette grossesse.

La chambre était plongée dans le noir. Alexia resserra la ceinture de sa chambre de nuit, fit un pas en avant. La pièce sentait bon. Ça l’agaça. Janna faisait du bon travail. Elle se débrouillait toujours pour que les odeurs de vomis, de pipi et de caca aient disparu pour le retour d’Alexia.
La veilleuse était en marche. Une montgolfière accrochée au mur, qui s’envolait vers le ciel. Le plafond, plutôt. Son halo orangé éclairait tout juste les deux berceaux installés à un mètre cinquante de distance. Elle aperçut les deux formes sombres, immobiles.
Elle les avait appelés Edward, pour l’aîné, et Ethan, pour le cadet. C’était un peu idiot, de parler d’aîné et de cadet pour des jumeaux. Nés à treize minutes d’écart… Mais ils finiraient par vouloir le savoir, elle s’y attendait. Ils portaient les prénoms de l’infirmier et du médecin qui l’avaient accueillie le jour où elle avait accouché. Alexia n’ayant jamais voulu ces enfants, elle n’avait pas prévu de les nommer. Les deux hommes du personnel médical s’étaient sentis honorés. Touchés par la dévotion de cette mère célibataire.
Idiots. Si idiots.
Ses pieds nus glissèrent sans bruits sur la moquette épaisse. La chambre était faiblement meublée – le strict nécessaire – et sûrement pas décorée. Elle se pencha sur le berceau de gauche. Edward.
La façon dont elle les distinguait sans difficulté, malgré leurs traits similaires, l’irritait. Ils étaient jumeaux homozygotes, des frères semblables génétiquement et pas assez vieux pour se différencier grâce au caractère. Et, pourtant… elle savait. Edward riait en secouant les mains, Ethan le faisait en plissant les yeux. Edward dormait avec le bras sur la poitrine, Ethan fronçait le menton.
En apercevant quelque chose sur le visage de son aîné, elle fronça les sourcils. Janna l’avait-elle mal nettoyé après le repas ? Avant qu’elle puisse atteindre la joue ronde du bébé, Alexia se figea. Elle n’aimait pas leur contact, leur poids, leur peau, leurs bruits.
Alexia sourit. Elle avait peur d’un bébé. Elle n’avait pas failli face aux responsables de la Ghost Society. Alors, qu’elle se mette à trembler devant un minuscule bout de chair…
Elle enfonça son doigt dans la joue d’Edward. Un liquide chaud et poisseux lui couvrait la bouche et le menton. Elle fronça les sourcils, porta sa main à son nez. Aucune odeur de fer.
Elle huma quelques secondes de plus puis soupira. De la salive. Oui, Janna l’avait prévenue. Ils faisaient leurs dents. Tant qu’ils ne la réveillaient pas cette nuit, ils pouvaient bien baver tout leur saoul.

De retour dans sa chambre, Alexia se laissa tomber sur son lit. Son grand lit double, avec un matelas épais, des draps de qualité, un oreiller à mémoire de forme. Un grand lit double qu’elle s’était jurée de garder pour elle seule. Elle refusait qu’un nouvel homme s’y allonge.
Pas après Ellis. Pas après l’enfer de ce test de grossesse positif.
Elle était tombée enceinte malgré sa contraception. Elle était tombée enceinte malgré ses rares rapports avec son collaborateur. Un collaborateur à qui elle avait rapidement suggéré de se trouver des opportunités professionnelles en dehors de la ville. Ellis n’avait pas dit non, il était retourné en Oregon, auprès de sa famille.
Sans se douter un seul instant qu’il laissait deux fils derrière lui. Les lèvres d’Alexia formèrent un rictus. Un énième privilège masculin. Ils ne prenaient pas de contraception, malgré leur fertilité quasi-éternelle. Ils couchaient, jouissaient, sans se soucier de rien. Alexia avait été fertile deux jours dans un mois. Sa contraception était quotidienne, mais elle n’avait pas suffi. Puis neuf mois s’étaient succédé. Pure solitude, pure souffrance. Purs neuf mois.
Alexia tourna la tête vers la place libre de son lit, décida de se décaler pour en occuper le centre.
Dix-sept ans de privations l’attendaient.



Suite
Dernière modification par louji le ven. 10 sept., 2021 10:55 am, modifié 1 fois.
DanielPagés

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par DanielPagés »

J'ai un peu abandonné (pas oublié !) BN depuis le début de l'été, mais je m'y remets, Promis ! :D
DanielPagés

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par DanielPagés »

louji a écrit : ven. 30 juil., 2021 3:07 pm
~~~

- Partie 1 -
1974 - 1991

~~~


Heyo ! Ce recueil de nouvelles se situe dans l'univers de S.U.I, Special Units of Intervention. Il fait un focus sur les personnages "adultes" apparus dans le T1 (Maria, Michael, Ethan, Edward, Grace, etc) et plonge dans le passé. L'enfance, l'adolescence et le début de vie d'adulte de ces personnages sont mis en scène à travers une vingtaine de nouvelles. Le recueil permet de combler les pièces manquantes du puzzle dévoilé dans le T1. Pour autant, la lecture des nouvelles n'est pas obligatoire pour comprendre l'histoire du T2 à venir. En revanche, il est conseillé d'avoir lu le T1 pour saisir l'ensemble des enjeux, clins d'œil et indices. Il faut lire par ordre chronologique (par ordre de publication).

- Indépendantes -


Mais elle n’avait pas abandonné.[/size]

Suite
Juste en ce qui concerne ce premier texte.
Bravo Coline ! Bien écrit, bien mené ! ça coule tout seul... J'espère que tu te rends compte que tu as fait des progrès, beaucoup de progrès ! Un grand plaisir de lecture.

Il reste quelques maladresses, mais bon... peu, et ça n'efface pas le plaisir de te lire.

* Alexia pouvait avancer plus de sommes - avancer davantage de fonds ou d'argent frais...
* Sa présentation semblait l’avoir sapée de ses forces. - "avoir sapé ses forces" ou "l'avoir vidée de ses forces"
* elle se refusait à tomber en empathie - ressemble à la tournure québécoise "tomber en amour" mais c'est pas français... on dit "tomber dans l'empathie", ici.
* carra la mâchoire - hum... on utilise "carrer" pour les épaules ou la posture, mais jamais vu pour la mâchoire


Bon, à la suivante ! :D
Gros bisous
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

DanielPagés a écrit : mar. 31 août, 2021 12:11 pm Juste en ce qui concerne ce premier texte.
Bravo Coline ! Bien écrit, bien mené ! ça coule tout seul... J'espère que tu te rends compte que tu as fait des progrès, beaucoup de progrès ! Un grand plaisir de lecture.

Il reste quelques maladresses, mais bon... peu, et ça n'efface pas le plaisir de te lire.

* Alexia pouvait avancer plus de sommes - avancer davantage de fonds ou d'argent frais...
* Sa présentation semblait l’avoir sapée de ses forces. - "avoir sapé ses forces" ou "l'avoir vidée de ses forces"
* elle se refusait à tomber en empathie - ressemble à la tournure québécoise "tomber en amour" mais c'est pas français... on dit "tomber dans l'empathie", ici.
* carra la mâchoire - hum... on utilise "carrer" pour les épaules ou la posture, mais jamais vu pour la mâchoire


Bon, à la suivante ! :D
Gros bisous
Coucou Danou !

Merci beaucoup pour ton passage, ça me fait super plaisir :D

Je corrige les maladresses, merci encore ;)

Bisous !!
TcmA

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

Heyo~

Pfouah, c'est une sacrée claque dans le visage cette nouvelle.

J'avoue que je me retrouve dans les sentiments d'Alexia par rapport à la grossesse, ce corps qui change, se déforme, la pensée qu'un être (ou plusieurs) se développent en toi, brr ça me fout des frissons de dégoût et d'horreur. :v
Et le contexte autour de sa grossesse... Je la comprends mieux. Je cautionne toujours pas ce qu'elle a fait, elle reste glaçante dans ses actions, sa façon de penser et de parler. Mais je la comprends mieux. Et les noms qu'elle a choisi pour Ed et Eth (ou plutôt qu'elle n'a pas choisi)... Bordel, c'est froid.

Coucou les parents de Maria ! Accrochez-vous, parce que ça va partir en steak avec vos petits-enfants (vous pouvez remercier la belle famille dès maintenant) :'D D'ailleurs, je ne me souviens plus du tout de si tu parles d'Andrew dans SUI ?

Damn, en tout cas, c'est toujours aussi cool.

J'ai hâte de lire la prochaine !

La bise~
vampiredelivres

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par vampiredelivres »

Holà !

Je débarque enfin sur les nouvelles, même si ça fait théoriquement un moment que je les ai lues.
Déjà, un gros bravo à toi, parce qu'une vingtaine de nouvelles, c'est énorme, d'autant que la qualité est vraiment au rendez-vous ! :shock: Félicitations à toi pour ça ♥

Indépendantes
Ah, les années 70… une excellente époque pour être une femme dans le milieu des affaires ! :roll: Plus sérieusement, des premières lignes, j'en viens à apprécier davantage Alexia. Sa détermination, son sérieux, sa volonté et sa sauvagerie.
Costello… Je suis sûre qu'on l'a déjà vue quelque part… ah, attends ! Wait. Je cherche. Ok c'est la mamie de Ivana, que tu avais introduite dans les quelques derniers chapitres, j'ai. Aya, on sait déjà comment ça va finir pour elle, mais je suis dépitée quand même parce qu'elle a l'air cool. Vicieuse, elle aussi, mais cool.
En tout cas j'aime beaucoup tes descriptions de Giulia et Alexia. Leur disparité n'en ressort que davantage, mais c'est très très cool de les voir aussi différentes et pourtant respectueuses l'une de l'autre, même si la compétition est sauvage entre elles.
Maintenant je suis curieuse de voir ce que Giulia a prévu pour lutter contre Alexia, puisqu'elle dit qu'elle n'abandonne pas… :ugeek:

J'ai remarqué deux petits trucs :
"— Je parlais plutôt de vous-mêmes." => vous-même, plutôt, non ? Il me semble que ça ne prend pas de s quand c'est le vouvoiement d'une seule personne ?
"— Nous n’avez pas beaucoup d'expérience dans le domaine" => "nous n'avez" ;)
"pour m’accompagner dans le lancement de projet" => j'aurais plutôt mis "du projet", c'est plus spécifique

Cette première nouvelle est décidément fort sympathique, elle décrit bien Alexia, elle la fait apparaître peut-être un peu plus humaine et vivante qu'elle ne l'était sous l'œil de Jeremy dans le T1. Elle est pleine d'énergie, enthousiaste, motivée… :roll: :lol: En vrai, j'aime bien le personnage, je ne sais plus trop ce que j'en avais dit à son sujet avant. Elle est plus accessible, comme ça.

Acherontia Atropos
En fait c'est à Marseille qu'il faudrait implémenter la SUI… :lol: Pardon je dérive.
Ah, les débuts de Sludge et de son charme intemporel… décidément.
J'aime bien sa mentalité "que rien ne stagne", c'est un bon motto pour avancer.
Tiens, M. Hunt… il était mentionné dans SUI lui ? Je ne sais plus. En tout cas on sent où ça va aller avec lui 8-)
C'est "Madame" Sybaris… elle commence à prendre goût à son petit mode de vie. :lol:
Oh, M. Wayne, coucouuuuu ! Du coup je suppose que Mme Amati sera la maman de Maria ? Cette sale peste qui lui demandait si c'était vraiment la peine de faire un effort pour un gamin qu'elle ne désirait pas au début ? Yesss, j'allais l'apprécier puis je me suis rappelée de ça et je ne l'aime plus :roll: :lol:
Alexia qui aurait eu des phases de doute sur elle-même ? Étonnant. Sans sarcasme, en vrai, elle a toujours l'air trop… trop focus. Trop sûre de ce qu'elle fait. La petite note de fin sur le fait qu'elle puisse inspirer d'autres filles est mignonne, mais je ne sais pas, je la vois encore mal comme quelqu'un qui pourrait se préoccuper d'inspirer d'autres personnes ou de se préoccuper des avis externes. Je sais pas.
Ahaha, le sentimentalisme (ou est-ce seulement une réaction physique ?) qui gagne du terrain… héhé, M. Hunt va pas tarder à dégager je sens, elle n'est pas du genre à laisser ce genre de choses perturber sa vie.

Fardeaux
Ah yes le titre déjà, pourquoi je sens qu'on va attaquer la partie fun où Ed et Eth apparaissent ?
Le ventre support de magasine, je valide :lol:
Coucou mini-Maria. Même pas née et déjà pénible x)
Oui bah si vous ne vous êtes pas encore mariés, c'est normal qu'elle t'appelle par ton nom de jeune fille, non ? J'veux dire, elle ne va pas dire "M. Wayne, future Mme Wayne" ?
Ouh la haine et la rage d'Alexia tapent fort. Mais non choupette, ce n'est pas qu'elle regrette une vie de famille qu'elle ne peut pas obtenir, c'est qu'elle haït celle qu'elle a déjà.
"Le haut-le-cœur escalada son système digestif à une vitesse de pointe." => c'est un détail mais j'aime beaucoup cette phrase :)
Ayaaaa. J'ai mal pour elle. Honnêtement. C'est si dur, pour le coup, si violent, si honnête… C'est monstrueux, pourtant, aussi, mais je peux comprendre. Et puis les conséquences physiques… aiche. Je ne sais pas quoi dire de plus, c'est si vrai et vivant que je ne peux pas m'empêcher de compatir.
Et puis mine de rien, elle remarque les petites différences, les détails…

Une petite remarque ici :
"Caterina ne serait pas embarrassée par son ventre proéminant." => proéminent ;)

Ok j'ai mal. Cette nouvelle a vraiment piqué. On sait ce qu'elle fait plus tard à ses enfants, quelles conséquences ça aura sur leur enfance et leur évolution, mais… merde quoi, ça pique.
Bref. Bravo. C'était incroyable !

Maintenant j'ai hâte de voir ce qui va suivre. Est-ce qu'on va suivre Ethan, Edward et Maria ?

Allez, la bise ~
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit : jeu. 02 sept., 2021 10:12 am Heyo~

Pfouah, c'est une sacrée claque dans le visage cette nouvelle.

J'avoue que je me retrouve dans les sentiments d'Alexia par rapport à la grossesse, ce corps qui change, se déforme, la pensée qu'un être (ou plusieurs) se développent en toi, brr ça me fout des frissons de dégoût et d'horreur. :v
Et le contexte autour de sa grossesse... Je la comprends mieux. Je cautionne toujours pas ce qu'elle a fait, elle reste glaçante dans ses actions, sa façon de penser et de parler. Mais je la comprends mieux. Et les noms qu'elle a choisi pour Ed et Eth (ou plutôt qu'elle n'a pas choisi)... Bordel, c'est froid.

Coucou les parents de Maria ! Accrochez-vous, parce que ça va partir en steak avec vos petits-enfants (vous pouvez remercier la belle famille dès maintenant) :'D D'ailleurs, je ne me souviens plus du tout de si tu parles d'Andrew dans SUI ?

Damn, en tout cas, c'est toujours aussi cool.

J'ai hâte de lire la prochaine !

La bise~
Hellooo

Ouais, elle est pas hyper fun (celle qui arrive non plus... bon, peu de nouvelles dans ce recueil sont funs :geek: )

Bon, si le dégoût, l'amertume et le malaise d'Alexia transparaissent bien, objectif réussi !
Ah, ouais, je suis clairement pas là pour cautionner ses actions (œuvrer pour détruire ta famille, c'pas ouf, surtout quand elle t'a fondamentalement rien fait). Mais je voulais essayer "d'expliquer" un minimum comment elle en est arrivé à cet état d'esprit (et la partie 2 du recueil continuera d'expliquer tout ça).
Et cette femme est un glaçon (fait à partir d'eau empoisonnée évidemment).

Alors, pour les parents de Maria, on en entend moins parler dans le T1 en effet. On croise Caterina lors d'un chapitre (où elle crache sur Jem, yes :''D), mais Andrew... est même jamais mentionné je crois. Y'a évidemment une raison et ce sera dans la partie 2 ^^

Merci beaucoup en tout cas, ça me fait plaisir de voir comment vous réceptionnez ces nouvelles ! :D
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : ven. 03 sept., 2021 7:37 am Holà !

Je débarque enfin sur les nouvelles, même si ça fait théoriquement un moment que je les ai lues.
Déjà, un gros bravo à toi, parce qu'une vingtaine de nouvelles, c'est énorme, d'autant que la qualité est vraiment au rendez-vous ! :shock: Félicitations à toi pour ça ♥

Indépendantes
Ah, les années 70… une excellente époque pour être une femme dans le milieu des affaires ! :roll: Plus sérieusement, des premières lignes, j'en viens à apprécier davantage Alexia. Sa détermination, son sérieux, sa volonté et sa sauvagerie.
Costello… Je suis sûre qu'on l'a déjà vue quelque part… ah, attends ! Wait. Je cherche. Ok c'est la mamie de Ivana, que tu avais introduite dans les quelques derniers chapitres, j'ai. Aya, on sait déjà comment ça va finir pour elle, mais je suis dépitée quand même parce qu'elle a l'air cool. Vicieuse, elle aussi, mais cool.
En tout cas j'aime beaucoup tes descriptions de Giulia et Alexia. Leur disparité n'en ressort que davantage, mais c'est très très cool de les voir aussi différentes et pourtant respectueuses l'une de l'autre, même si la compétition est sauvage entre elles.
Maintenant je suis curieuse de voir ce que Giulia a prévu pour lutter contre Alexia, puisqu'elle dit qu'elle n'abandonne pas… :ugeek:

J'ai remarqué deux petits trucs :
"— Je parlais plutôt de vous-mêmes." => vous-même, plutôt, non ? Il me semble que ça ne prend pas de s quand c'est le vouvoiement d'une seule personne ?
"— Nous n’avez pas beaucoup d'expérience dans le domaine" => "nous n'avez" ;)
"pour m’accompagner dans le lancement de projet" => j'aurais plutôt mis "du projet", c'est plus spécifique

Cette première nouvelle est décidément fort sympathique, elle décrit bien Alexia, elle la fait apparaître peut-être un peu plus humaine et vivante qu'elle ne l'était sous l'œil de Jeremy dans le T1. Elle est pleine d'énergie, enthousiaste, motivée… :roll: :lol: En vrai, j'aime bien le personnage, je ne sais plus trop ce que j'en avais dit à son sujet avant. Elle est plus accessible, comme ça.

Acherontia Atropos
En fait c'est à Marseille qu'il faudrait implémenter la SUI… :lol: Pardon je dérive.
Ah, les débuts de Sludge et de son charme intemporel… décidément.
J'aime bien sa mentalité "que rien ne stagne", c'est un bon motto pour avancer.
Tiens, M. Hunt… il était mentionné dans SUI lui ? Je ne sais plus. En tout cas on sent où ça va aller avec lui 8-)
C'est "Madame" Sybaris… elle commence à prendre goût à son petit mode de vie. :lol:
Oh, M. Wayne, coucouuuuu ! Du coup je suppose que Mme Amati sera la maman de Maria ? Cette sale peste qui lui demandait si c'était vraiment la peine de faire un effort pour un gamin qu'elle ne désirait pas au début ? Yesss, j'allais l'apprécier puis je me suis rappelée de ça et je ne l'aime plus :roll: :lol:
Alexia qui aurait eu des phases de doute sur elle-même ? Étonnant. Sans sarcasme, en vrai, elle a toujours l'air trop… trop focus. Trop sûre de ce qu'elle fait. La petite note de fin sur le fait qu'elle puisse inspirer d'autres filles est mignonne, mais je ne sais pas, je la vois encore mal comme quelqu'un qui pourrait se préoccuper d'inspirer d'autres personnes ou de se préoccuper des avis externes. Je sais pas.
Ahaha, le sentimentalisme (ou est-ce seulement une réaction physique ?) qui gagne du terrain… héhé, M. Hunt va pas tarder à dégager je sens, elle n'est pas du genre à laisser ce genre de choses perturber sa vie.

Fardeaux
Ah yes le titre déjà, pourquoi je sens qu'on va attaquer la partie fun où Ed et Eth apparaissent ?
Le ventre support de magasine, je valide :lol:
Coucou mini-Maria. Même pas née et déjà pénible x)
Oui bah si vous ne vous êtes pas encore mariés, c'est normal qu'elle t'appelle par ton nom de jeune fille, non ? J'veux dire, elle ne va pas dire "M. Wayne, future Mme Wayne" ?
Ouh la haine et la rage d'Alexia tapent fort. Mais non choupette, ce n'est pas qu'elle regrette une vie de famille qu'elle ne peut pas obtenir, c'est qu'elle haït celle qu'elle a déjà.
"Le haut-le-cœur escalada son système digestif à une vitesse de pointe." => c'est un détail mais j'aime beaucoup cette phrase :)
Ayaaaa. J'ai mal pour elle. Honnêtement. C'est si dur, pour le coup, si violent, si honnête… C'est monstrueux, pourtant, aussi, mais je peux comprendre. Et puis les conséquences physiques… aiche. Je ne sais pas quoi dire de plus, c'est si vrai et vivant que je ne peux pas m'empêcher de compatir.
Et puis mine de rien, elle remarque les petites différences, les détails…

Une petite remarque ici :
"Caterina ne serait pas embarrassée par son ventre proéminant." => proéminent ;)

Ok j'ai mal. Cette nouvelle a vraiment piqué. On sait ce qu'elle fait plus tard à ses enfants, quelles conséquences ça aura sur leur enfance et leur évolution, mais… merde quoi, ça pique.
Bref. Bravo. C'était incroyable !

Maintenant j'ai hâte de voir ce qui va suivre. Est-ce qu'on va suivre Ethan, Edward et Maria ?

Allez, la bise ~
Ah oui, je comprends mieux le bloc dont tu parlais :lol:
Merci beaucoup pour ton avis ♥

Indépendantes
Ah oui, pour ce qui est de creuser son trou, Alexia se démerde très bien. Humainement parlant, c'est autre chose :roll:
Yas, bonne intuition, les Costello on va les revoir encore un peu :D Oui, Giulia elle est plus "fun" qu'Alexia, mais pas moins déterminée ! Je la préfère à Alexia évidemment.
Alors, c'est vaguement mentionné dans le fameux chapitre avec Ivana et son père ;) A défaut de fonder une société-fille à Modros, ils se sont démerdés pour y rester tout en ayant un pied dans l'aide aux sociétés (para)militaires.

Oui le "vous-même" c'est une faute merci !
Et thx pour les 2 autres, c'est corrigé.

Dans le T1, Alexia c'est clairement pas la joie (elle est plus aigrie à ce moment-là que dans les premières nouvelles du recueil d'ailleurs). Pour défendre Jim, elle est quand même responsable (à priori) de l'incendie de sa maison et donc de la séparation de sa famille, de son hospitalisation et des années de merde qui ont suivi :v (et elle lui a généreusement proposer de lui coller une balle entre les deux yeux s'il aimait pas sa nouvelle situation à la Ghost Society :lol: )

AA
M. Hunt est mentionné et présent dans le T1, yep ! C'est le papi de Thalia et Jeremy quoi :lol: (accessoirement il accompagne Ethan dans la fin du T1 et le sauvetage du pauvre protagoniste inutile).
Alexia, elle est clairement au top à ce moment-là. Elle gère sa vie et sa carrière, y'a rien pour l'entacher (soon soon, Alexia, déso pas déso).
"Cette sale peste qui lui demandait si c'était vraiment la peine de faire un effort pour un gamin qu'elle ne désirait pas au début ?" :arrow: exaaactement elle :roll: Y'a clairement une différence de traitement de sa part entre ses deux petits-enfants, notamment expliquée par "l'arrivée" de Jim dans la famille. Pas foufou, mais on y viendra.
Je pense qu'Alexia pourrait vraiment se sentir touchée par l'idée d'inspirer d'autres personnes dans son cas ou qui ont suivi un chemin de vie similaire. Mais elle laisse pas vraiment les gens entrer dans son cercle de vie perso, donc elle a ce côté inaccessible qui la rend froide.
Concernant M. Hunt, c'est quelque chose d'assez physique avant tout (pas vraiment une sentimentale indeed). Mais eh, rdv prochaine nouvelle, hein, tu vas bien vu :roll:

Fardeaux
Surprise, hein :lol:
Mooh, pauvre Maria ! Mais oui, elle gigote un peu
Oui, j'ai pas réalisé sur le coup (concernant le nom de jeune fille), les fiançailles amènent pas le changement de nom. Je vais dire qu'ils sont mariés, ce sera plus logique :'')
Mdr oui, c'est exactement ça :?
Je suis clairement freestyle complet avec la grossesse non désirée d'Alexia, puisque c'est pas du tout un sujet dont je suis familière, mais j'ai essayé de me mettre à sa place et... je pense que c'est clairement la tempête intérieure. Physiquement, psychologiquement. Gros bordel. L'instinct animal à pas s'en prendre à des petits de ton espèce (surtout quand ils sont sortis de ton bide yes), mais en même temps t'en veux pas, tu les détestes et arf x)

Mais merci beaucoup, ça bouscule un peu de rentrer dans la tête d'Alexia. De compatir au bordel qu'elle vit, tout en sachant ce qui suit derrière pour ses fils :v

Il reste une dernière nouvelle pour la partie 1 et la partie 2 sera focus sur les jumeaux, Maria, Mike et d'autres !

Et merci beaucoup pour ton pavé, il fait super plaisir !! :mrgreen:
TcmA

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

louji a écrit : jeu. 09 sept., 2021 11:01 am Hellooo

Ouais, elle est pas hyper fun (celle qui arrive non plus... bon, peu de nouvelles dans ce recueil sont funs :geek: )

Bon, si le dégoût, l'amertume et le malaise d'Alexia transparaissent bien, objectif réussi !
Ah, ouais, je suis clairement pas là pour cautionner ses actions (œuvrer pour détruire ta famille, c'pas ouf, surtout quand elle t'a fondamentalement rien fait). Mais je voulais essayer "d'expliquer" un minimum comment elle en est arrivé à cet état d'esprit (et la partie 2 du recueil continuera d'expliquer tout ça).
Et cette femme est un glaçon (fait à partir d'eau empoisonnée évidemment).

Alors, pour les parents de Maria, on en entend moins parler dans le T1 en effet. On croise Caterina lors d'un chapitre (où elle crache sur Jem, yes :''D), mais Andrew... est même jamais mentionné je crois. Y'a évidemment une raison et ce sera dans la partie 2 ^^

Merci beaucoup en tout cas, ça me fait plaisir de voir comment vous réceptionnez ces nouvelles ! :D

Beeeh, écoute, c'est la vie hein. Quand on regarde, l'histoire de Jim n'est pas fun non plus, c'est de famille (si on fait des analyses génétiques, on va trouver un gène de la poisse, sérieux).

Oui, on est bien d'accord (oh bah, c'pas grand-chose au final). Je comprends totalement ce que tu as voulu faire.
(PTDR ALORS. Franchement, ils fumaient quoi les Vikings.)

Ah, Caterina, je m'en souvenais (comment oublier cette charmante femme). Nyohoh, j'ai hâte de lire ça alors~

:D

La bise~
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit : jeu. 09 sept., 2021 8:01 pm
Beeeh, écoute, c'est la vie hein. Quand on regarde, l'histoire de Jim n'est pas fun non plus, c'est de famille (si on fait des analyses génétiques, on va trouver un gène de la poisse, sérieux).

Oui, on est bien d'accord (oh bah, c'pas grand-chose au final). Je comprends totalement ce que tu as voulu faire.
(PTDR ALORS. Franchement, ils fumaient quoi les Vikings.)

Ah, Caterina, je m'en souvenais (comment oublier cette charmante femme). Nyohoh, j'ai hâte de lire ça alors~

:D

La bise~[/size]
Mdr le gène de la poisse, c'est tout à fait ça :lol:

Oui, cette charmante madame...

A plous !
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

Hello ! Je tiens à dire que la nouvelle d'aujourd'hui est très violente dans les actes et paroles portés à l'encontre d'enfants. Si ça ne vous met pas à l'aise, ne la lisez pas ! Ça ne vous empêchera pas de comprendre le reste des nouvelles (puisque le sujet abordé dans la nouvelle d'aujourd'hui a déjà été mentionné dans le T1).



- Jumeaux -



Jeudi 5 décembre 1991, Mona, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Edward corna la page du livre. Lorsqu’il se rendit compte de son geste, il jura entre ses dents puis déplia la page. Depuis qu’il était rentré de l’école une heure plus tôt, Ed ne tenait pas en place. Il avait passé ses nerfs sur sa lecture sans même s’en rendre compte.
— Ed ?
La voix hésitante de son frère lui fit tourner la tête. Ethan était installé sur le sol entre leurs deux lits, des briques de construction entre les mains. Il ne savait pas ce qu’Edward avait fait à l’école aujourd’hui, mais il s’en doutait. En rentrant, il avait essayé de l’interroger… en vain. Quand il le voulait, Ed pouvait être une vraie bourrique.
— Tu veux vraiment pas me dire ?
Edward referma son livre, le jeta à l’autre bout de son lit. C’était difficile de résister à la pression de son frère. À son expression soucieuse, ses yeux inquiets. En même temps, il finirait par le savoir… Surtout si l’école agissait dès ce soir.
— Je… j’ai dit à…
Ed pinça les lèvres, tira sa couette contre lui. Même s’il avait bafouillé et gémi, il avait réussi à en parler aux adultes de son école. Alors pourquoi pas à son propre frère jumeau ? Peut-être parce qu’ils vivaient exactement la même chose, mais qu’ils n’avaient jamais nommé cette chose ?
— Ed ?
Ethan lâcha ses briques pour s’asseoir sur le lit de son frère. Il portait un pull un peu large au col. Edward remarqua sans mal le bleu qui remontait depuis son omoplate. Son ventre se souleva. Il écarta Ethan sans douceur, se jeta au bas du lit et rendit un maigre filet de bile.
Un silence perplexe tomba dans la chambre. Les coudes d’Edward tremblaient, menaçant de le faire basculer dans son propre vomi d’une seconde à l’autre. Ethan intervint à temps et l’aida à se redresser. Une bouffée de culpabilité étreignit Ed et le fit bégayer quelques paroles décousues. C’était lui l’aîné, lui le grand frère, lui le protecteur. Il s’en était toujours targué.
— On va nettoyer.
Edward cligna des paupières, dévisagea son frère. Ethan lui adressa un mince sourire, lâcha son épaule puis se leva. Ses pieds nus frôlèrent la moquette dans un chuchotement étouffé. Il boitillait de la jambe droite. Une chute dans les escaliers, quand il avait pris une claque à la place de son frère deux jours plus tôt.
Un nouveau haut-le-cœur agrippa l’estomac d’Edward. Il chercha un récipient avec hâte et ne trouva rien de mieux qu’une casquette abandonnée sur la table de chevet. Une fois ses nausées calmées, il réalisa avec une grimace que c’était le chapeau de son frère.
Ethan était de retour. Sur le seuil de la chambre, il afficha une grimace involontaire en constatant ce qu’il était advenu de sa casquette. Il ravala sa plainte et s’approcha, une bassine d’eau et une éponge entre les mains. Assis à côté de son frère, Ethan entreprit de frotter la moquette.
— Laisse-moi faire, c’est moi…
— T’aurais fait pareil pour moi.
Edward ouvrit la bouche, mais laissa tomber sa réplique. Oui, c’était vrai. Et, aujourd’hui, il avait même fait plus. Plus qu’Ethan n’avait jamais eu le courage de faire.
— T’es malade ? La gastro ?
— Nan. Je crois pas.
Ethan lui jeta un regard perplexe – d’où provenaient ces vomissements, dans ce cas ? – mais n’émit aucun commentaire. Edward avait été pâle et anxieux toute la journée, les nausées en étaient peut-être les conséquences. Mais qu’en étaient les raisons ?
— T’as eu une mauvaise note ?
Il avait chuchoté dans l’oreille de son jumeau comme si leur mère était dans les parages. Elle ne rentrerait pourtant pas avant plusieurs heures. L’habitude de la peur, de la crainte, du secret.
— Nan. C’est pas ça.
L’incompréhension était de plus en plus prégnante sur le visage de son jumeau. Tant pis, ce n’était qu’une question d’heures avant qu’il finisse par prendre conscience de la situation. Ed se frotta la bouche et grimaça face à sa lèvre encore enflée du dernier coup de sa mère.
— T’en as sur ton t-shirt, lui apprit Ethan en pointant du doigt les vomissures qui tachaient son haut.
Edward le remercia d’un pâle sourire, sortit un vêtement propre de la commode qu’il partageait avec Ethan et fila à la salle de bains. Il s’était promis de ne plus se changer en présence de son frère. Il ne voulait pas qu’Ethan voie les bleus, les meurtrissures, les éraflures et les contusions. Son jumeau pouvait en compter assez sur son propre corps pour qu’il dénombre les blessures d’Edward. Ils se ressemblaient suffisamment comme ça ; ils n’avaient pas besoin d’un miroir de leur être meurtri en plus.

Ethan était retourné à sa construction de briques quand la porte d’entrée s’ouvrit. Comme chaque soir, son cœur se recroquevilla, ses doigts se crispèrent sur ses jouets, son souffle se pinça. C’était épidermique, instinctif, incontrôlable. Par habitude, il chercha son frère des yeux, mais Edward n’était pas revenu dans la chambre. Peut-être s’était-il installé dans le salon pour lire au calme. Il croiserait leur mère en premier. Un soulagement immédiat s’empara d’Ethan, rapidement suivi d’une pique de honte. Le premier coup serait pour Ed. Le suivant pour lui.
Sa cheville droite l’élança lorsqu’il se redressa. Fichus escaliers… Avec une moue crispée, il se dirigea vers le couloir. Il était surpris de ne pas avoir déjà entendu de bruits. Sa mère, ou une claque, siffler.
— Vous êtes où ?
La voix d’Alexia traversa les murs et les étages. Elle fit reculer d’Ethan d’un pas dans sa chambre, les tripes en vrac. Ce n’était qu’une voix… des mots… et…
Il geignit, retourna s’asseoir sur son lit. Ses mains tremblaient, il avait une horrible envie de faire pipi. Le poids dans son ventre, la terreur dans son cœur.
— Edward !
Ethan ferma les yeux, serra les dents, dans l’attente du coup. Il se sentait déjà sursauter au bruit de la chair contre la chair. Paume contre joue. Mère contre fils. Pourtant, rien. Pas un bruit, pas une claque.
— Edward, où es-tu ?
Alexia s’adressait à eux en grec. Elle refusait qu’ils parlent anglais à la maison, mais Ed et Ethan se chuchotaient à l’oreille dans cette langue, car c’était celle de l’école, de leurs amis et non celle de la femme qui leur faisait du mal.
Il y eut finalement quelques sons en provenance du rez-de-chaussée : cliquetis, masse qui s’affaisse, parquet qui grince. Puis le bruit des marches.
— Edward ! Je dois te parler.
Ethan fronça les sourcils. Pourquoi sa mère montait-elle ? Ed n’était pas au salon ?
— L’école m’a appelée tout à l’heure.
Sa voix n’était pas comme d’habitude. La voix d’Alexia avait toujours été un morceau de métal : froid, aiguisé, coupant. Mais une forme de sidération outrée la rendait particulièrement acérée aujourd’hui. Ethan se demanda si ses coups seraient plus acérés, eux aussi.
— Il faut qu’on discute.
Le ton était sans appel. C’était toujours sans appel. Une rébellion, un reproche, et une marque apparaissait. Dans le dos, sur les jambes ou les bras, parfois sur le ventre et plus rarement sur le visage. Le visage était vraiment trop voyant.
Des pas précipités finirent par se faire entendre. Ethan bondit de son lit quand Edward débarqua dans leur chambre en claquant la porte derrière lui.
— Edw…
— Edward ! rugit Alexia en accélérant dans les escaliers.
— Ethan !
L’intéressé sursauta, écarquilla les yeux en remarquant les ciseaux dans la main de son frère. Les draps en lambeaux sur son autre bras.
— Aide-moi, Ethan !
Ed poussait leur coffre à jouets contre la porte. Sans vraiment réfléchir, Ethan le rejoignit pour terminer la manœuvre. Edward accourut ensuite vers la fenêtre, la fit glisser en hauteur. Une bourrasque d’air froid leur éclata au visage.
— Faut que tu me tiennes, Ethan.
Des coups féroces contre la porte les firent sursauter. Une lueur d’effroi passa dans les yeux d’Edward. Il inspira brusquement, grimpa sur la table de chevet. Alors qu’Ethan se rapprochait de lui – surtout pour s’éloigner du battant qui tremblait sous les poings de leur mère – son frère lui jeta un bout de drap.
— Je vais descendre, annonça Ed en s’asseyant sur le rebord de fenêtre. Mais faut que tu me retiennes.
— Descendre ?
— Oui. Mère va… elle va… (Edward renonça à s’expliquer, planta ses yeux ambrés dans ceux de son frère.) Tiens-moi, Ethan.
Celui-ci resserra sa prise sur son extrémité de drap. Ça ne suffirait pas à retenir le poids de son frère, si ? Et puis pourquoi passait-il par la fenêtre, d’abord ? Il faisait un froid de canard dehors…
— Ouvrez cette porte !
Les hurlements de leur mère étaient aussi virulents que ses coups contre la porte. Ethan jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, mortifié.
— Allez, Ethan, j’y vais.
Edward bascula une jambe dans le vide, un bout de drap entre les doigts. Presque trois mètres le séparaient du sol. Il s’obligea à ne pas regarder en bas, le fit quand même. Son deuxième genou dérapa contre le rebord de fenêtre. Les deux garçons crièrent simultanément quand la gravité les fit tous deux basculer. Le choc dans les poignets d’Edward lui arracha un cri, rapidement couvert par les appels houleux de leur mère. Quant à Ethan, il bloqua in extremis ses appuis contre le mur afin de ne pas lâcher le drap. Ses coudes et ses genoux se mirent instantanément à trembler.
— Ethan ! vociféra Alexia derrière le battant. Ouvre immédiatement ! Je dois parler à ton frère.
L’intéressé ferma les paupières, serra les dents. Edward se balançait dans le vide de l’autre côté de la fenêtre et…
Un choc sourd puis un claquement. Des pas lourds, furieux. Un craquement, quand un talon réduisit en morceau une brique de construction. Une main sur son épaule pour le pousser de côté, une autre pour agripper le drap.
— Edward !
Alexia avait rugi de nouveau. Si Ethan n’avait pas été terrorisé de la savoir si près de lui, il aurait peut-être décelé le soupçon d’inquiétude dans la voix de sa mère. La férocité amoindrie de ses yeux sombres.
— Pousse-toi, Ethan ! cracha-t-elle en constatant qu’elle ne pouvait pas tenir le drap correctement.
Les tremblements de douleur du garçon se muèrent en frissons de peur. S’il cédait son bout à Alexia, elle laisserait tomber Edward…
— Non, geignit-il alors qu’elle le fusillait du regard. Tu vas le lâcher.
Sa mère retoussa les lèvres comme une louve furieuse, se servit de sa main libre pour le gifler. Il avait encaissé suffisamment de coups pour réaliser que celui-ci ne le ferait pas céder. Alexia le comprit en même temps. Avec une exclamation de rage impatiente, elle le repoussa, agrippa les doigts qui empêchaient Edward de sombrer.
— Ethan, je ne vais pas lâcher ton frère ! Je veux le remonter, mais tu me bloques.
La mâchoire d’Ethan se mit à claquer. La force de ses bras s’amenuisait seconde après seconde ; il ne tiendrait pas beaucoup plus. Sans compter qu’Alexia s’efforçait de lui voler son bout de drap. Ses ongles laissèrent des éraflures sanguinolentes sur les jointures de son fils.
— Ethan, bon sang !
À l’autre bout du drap, Edward s’était plus ou moins stabilisé en calant ses pieds contre le mur. Un mètre à peine sous la fenêtre, il percevait sans mal l’échange entre Alexia et Ethan.
— Mère, laisse-le tranquille !
Excédée, Alexia asséna une nouvelle claque à Ethan. Sa main gauche céda tandis que le sang affluait à ses tempes. Edward se briserait les jambes s’il le laissait tomber.
— Edward, accroche-toi.
À présent qu’Alexia avait plus de place, elle commença à remonter le drap. Mais quelles idées avaient bien pu lui passer par la tête ? Edward avait toujours été le plus rebelle des deux. Elle avait mis ça sur le compte du rôle d’aîné qu’il se targuait de tenir, mais pour en arriver à ce point…
— Quel imbécile, siffla-t-elle tout bas en forçant sur les muscles de ses bras.
Elle dut soudainement contracter les abdos quand Ethan lâcha et qu’elle se retrouva seule face à la fenêtre. D’un coup d’œil, elle avisa son cadet, qui tenait son poignet droit en grimaçant. Décidément, comment avait-elle pu engendrer deux écervelés pareils ?
— Allez, Edward, je te remonte.
L’intéressé écarquilla des yeux médusés en constatant que sa mère était la seule à le tracter. Ses pieds râpèrent le mur, il tira frénétiquement sur le drap dans l’espoir de déséquilibrer Alexia.
— Arrête, ordonna-t-elle d’une voix venimeuse. Tu vas tomber.
Edward cessa momentanément de bouger. Le visage tordu au-dessus de lui le terrifiait encore plus que le sol sous ses pieds. Avant qu’il ait pu prendre une décision, sa mère fut projetée sur le côté. Le drap glissa, Ed chuta d’un mètre avant d’être de nouveau retenu. Souffle coupé, il ne put qu’entendre les cris enragés de sa mère, les accusations qu’elle assénait à son frère.
Il y eut d’autres exclamations, d’autres coups, puis plus rien ne retint Edward.

Le cœur d’Alexia descendit dans son estomac quand Edward tomba. Il ne réalisa pas assez vite pour se permettre de crier ou de tendre les bras. Ses jambes plièrent puis cédèrent quand il toucha terre. Le craquement des os envoya une sueur glacée dans la nuque d’Alexia. Pourvu qu’il…
— Edward !
Le cri d’Ethan l’arracha à sa stupeur. Il l’avait de nouveau bousculée pour se pencher à la fenêtre. Un geignement animal s’éleva de sa gorge quand il aperçut la silhouette affaissée de son frère. La brise froide jouait avec ses mèches brunes.
Alexia n’avait plus grand-chose d’humaine quand elle l’agrippa par le col de son pull. Avec des mouvements vifs, secs, durs, elle le projeta en arrière. Son haut à moitié remonté exposa un ventre nu qu’Alexia s’empressa de marquer d’un coup de talon.
— Espèce de petit con. (Ethan n’eut pas le temps de s’arrêter sur le premier impact, un deuxième dans les côtes lui coupa toute réplique.) Tu es fier de toi, Ethan ?
Même si Alexia n’était ni grande ni forte ni musclée, elle parvint à le redresser par le col. L’aiguille de colère irradiante dans son abdomen lui donnait la force nécessaire. Implacable, elle força son fils à se pencher par la fenêtre.
— Regarde, Ethan, regarde ce que tu as fait. J’ai lâché le drap par ta faute. Ton frère est tombé à cause de toi.
Ethan était trop sonné pour répliquer quoi que ce soit. Même lorsqu’Alexia céda sa prise sur son haut, il resta accoudé à la fenêtre, pétrifié par la vision en contrebas. Ses lèvres s’entrouvrirent.
— Edward…
Obnubilé par la silhouette immobile de son frère, Ethan ne remarqua pas les gestes de sa mère dans son dos. Elle connaissait bien leur chambre, savait où ils rangeaient leurs affaires. La ceinture s’enroula autour de sa main, là où le drap avait lâché quelques instants plus tôt.
Une partie du choc fut amoindri par le vêtement d’Ethan. Le reste envoya une décharge de souffrance écarlate dans son corps. Il se recroquevilla sur la fenêtre, enfonça la tête entre les épaules. Ce n’étaient pas les premiers coups de ceinture.
— C’est ta faute, lui rappela Alexia derrière lui d’un ton apaisé.
Le deuxième coup fit bouger son t-shirt, exposa une mince bande de peau. Ethan n’eut pas le temps de redescendre son haut, une troisième volée lui tomba dessus. La boucle en métal mordit la chair.
Ses genoux cédèrent. Après s’être tapé le menton contre le rebord de fenêtre, il s’affaissa à côté de la table de chevet et ne bougea plus. Il ne se rappelait plus avoir crié, mais il eut parfaitement conscience du liquide tiède qui se répandit entre ses jambes.
— Oh, bon sang, soupira Alexia lorsque l’odeur d’urine atteignit ses narines.
Elle jeta la ceinture de côté, tourna les talons et descendit les escaliers. Visage fermé, elle se dirigea vers l’extérieur. La brise froide termina d’apaiser la flamme de rage dans sa poitrine. Sa bouche se plissa quand elle tourna à l’angle de la maison.
Edward était toujours immobile.
Alexia plissa les yeux, accéléra le pas. Elle avait entendu le craquement ; ses jambes avaient pris la majeure partie des dégâts. Le reste devait être sauf.
— Edward.
Elle l’appela comme par habitude. Comme il ne répondait pas, une colère instinctive se réveilla en elle. Pourquoi avait-il entrepris quelque chose d’aussi stupide ? Alexia comprenait qu’il ait cherché à fuir, mais pourquoi ne l’avait-il pas fait plus tôt, avant qu’elle rentre du travail ? Elle connaissait aussi la réponse. Pas sans son frère. Or Ethan était trop trouillard pour partir d’ici, Alexia comme Edward le savaient tous les deux.
Alexia pinça les lèvres en arrivant à hauteur d’Edward. Elle s’était attendue à une certaine alchimie entre ses fils, mais la réalité dépassait ses attentes. Une réalité qui la plongeait dans une mer de questionnements. Même si elle avait peu d’écart avec son petit frère Akos, elle n’avait jamais éprouvé le moindre désir de protection à son égard. Quant à l’affection qu’elle avait pu nourrir pour lui… elle s’était éteinte avec le temps et la distance. C’était aujourd’hui un collègue de travail, rien de plus.
— Edward.
Elle s’accroupit à côté de lui, posa deux doigts sur son cou. Elle devait s’en assurer.
Soupir, battements de cœur. Il était en vie.
Alexia observa son visage impassible, sa poitrine qui se soulevait. Sa jambe droite se tordait dans un angle impossible. Peut-être un léger trauma crânien.
— Imbécile.
Bouche amère, elle se redressa et retourna à l’intérieur. La maison était plongée dans le silence. Un silence assourdissant après les cris échangés plus tôt. Ses doigts tapèrent le numéro sur le téléphone mural avec hésitation. Elle les condamnerait tous les trois en faisant ça.
Un rire bref lui échappa. Edward les avait déjà tous condamnés quand il avait parlé à l’école.
Quand l’école l’avait appelée. Pour l’accuser de maltraitance infantile.
Alexia agrippa le combiné, le porta à son oreille. Les ambulances ne tarderaient pas à arriver. Qu’importe, avec les bons contacts et des liasses suffisamment généreuses, elle pourrait étouffer tout ça. Étouffer les années qui avaient glissé sur cette maison, sur cette famille.
Alexia aurait pu leur offrir un avenir, une carrière. Edward avait craché dessus, très bien.
Il s’en mordrait les doigts.



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Dernière modification par louji le ven. 24 sept., 2021 11:33 am, modifié 1 fois.
vampiredelivres

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par vampiredelivres »

Heyo,

Ayaaaa… Ed choupi… Eth choupi… nan franchement, ça pique. Déjà j'aime beaucoup la manière dont ils se soutiennent mutuellement.
Il en a parlé aux profs ? De leurs traitements, je veux dire ? Hug, mon bébé, tu le mérites bien.
"Ils se ressemblaient suffisamment comme ça ; ils n’avaient pas besoin d’un miroir de leur être meurtri en plus." Je… Kolïn. T'as pas le droit. :cry:
C'est horrible, vraiment. Je sais pas quoi dire. J'ai juste envie de vomir.

Je argh. J'allais commencer à l'apprécier. J'allais. Les dernières nouvelles avaient presque réussi. Mais elle est insupportable. x)
Du coup maintenant, c'est Ethan qui va morfler avec la pression monstre qu'elle va lui imposer au détriment d'Edward. Yessss.

Nan franchement, j'ai vraiment rien à dire. Alexia pourra toujours crever en enfer que je ne lèverai plus le petit doigt pour elle.
Ceci dit, bravo, parce que j'ai tellement la haine que je ne peux que saluer le travail de pro sur cette nouvelle, j'ai vraiment juste envie de prendre la tête d'Alexia et de l'éclater contre un mur. :lol: En plus ce n'est vraiment pas un sujet facile à traiter du pdv des enfants.


Image


Tiens question bête peut-être, mais d'où l'école les laisse retourner avec leur mère ? Surtout si elle a un passif de maltraitance constaté, que en plus ils prévoient de l'appeler, donc d'exposer les enfants à de nouvelles maltraitances… ils sont pas censés appeler les services sociaux ou la police dans ces moments-là, soustraire les gamins à l'environnement à risque justement, ou au moins déjà faire remonter l'info à une autorité plus compétente ? Je sais qu'en France, on a des organismes qui sont habilités à prendre des décisions immédiates pour l'enfant.

Allez, la bise ~
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : mer. 15 sept., 2021 3:20 am Heyo,

Ayaaaa… Ed choupi… Eth choupi… nan franchement, ça pique. Déjà j'aime beaucoup la manière dont ils se soutiennent mutuellement.
Il en a parlé aux profs ? De leurs traitements, je veux dire ? Hug, mon bébé, tu le mérites bien.
"Ils se ressemblaient suffisamment comme ça ; ils n’avaient pas besoin d’un miroir de leur être meurtri en plus." Je… Kolïn. T'as pas le droit. :cry:
C'est horrible, vraiment. Je sais pas quoi dire. J'ai juste envie de vomir.

Je argh. J'allais commencer à l'apprécier. J'allais. Les dernières nouvelles avaient presque réussi. Mais elle est insupportable. x)
Du coup maintenant, c'est Ethan qui va morfler avec la pression monstre qu'elle va lui imposer au détriment d'Edward. Yessss.

Nan franchement, j'ai vraiment rien à dire. Alexia pourra toujours crever en enfer que je ne lèverai plus le petit doigt pour elle.
Ceci dit, bravo, parce que j'ai tellement la haine que je ne peux que saluer le travail de pro sur cette nouvelle, j'ai vraiment juste envie de prendre la tête d'Alexia et de l'éclater contre un mur. :lol: En plus ce n'est vraiment pas un sujet facile à traiter du pdv des enfants.



Tiens question bête peut-être, mais d'où l'école les laisse retourner avec leur mère ? Surtout si elle a un passif de maltraitance constaté, que en plus ils prévoient de l'appeler, donc d'exposer les enfants à de nouvelles maltraitances… ils sont pas censés appeler les services sociaux ou la police dans ces moments-là, soustraire les gamins à l'environnement à risque justement, ou au moins déjà faire remonter l'info à une autorité plus compétente ? Je sais qu'en France, on a des organismes qui sont habilités à prendre des décisions immédiates pour l'enfant.

Allez, la bise ~
Yoss !

Ouais, c'pas très fun, j'ai prévenu :vvv
Et oui, Ed a trouvé le courage de parler de leur situation à du personnel de son école.

Malheureusement, je suis pas là pour servir la cause Alexia, clairement :? Je voulais que ayez en main les clés de compréhension de ses agissements, mais en aucun cas l'appréciation... Because ouais les parents violents envers leurs enfants non merci :DDD

Par rapport à l'avenir entre Alexia-Ethan et Alexia-Edward, ce sera évidemment abordé :?

Éclatons ensemble la tête d'Alexia contre un mur, avec grand plaisir.
Et clairement prendre la place des enfants... mmmh... pas drôle du tout à écrire

Oh qu'est-ce que j'ai raconté dans la nouvelle ?? Comme j'ai mis le recueil en pause à un moment, la 1ère partie remonte pas mal. J'avais dans la tête que les jumeaux avaient été en foyer provisoire le temps d'intégrer l'École. J'vais aller voir tout ça :(
TcmA

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

Hiello~

Pfouah.

Je sais pas quoi dire. Enfin si : Alexia, va pourrir très loin de tes enfants et très profond sous terre. Merci. Sauf qu'on sait tous que ça ne se passe pas comme ça.

Ptain.

Comme disait Ellana, y avait un début de compréhension/d'appréciation avec les autres nouvelles. Mais là. Quel immonde déchet. Je suis vraiment impressionnée par ton écriture et ton travail sur les persos, en tout cas, cette nouvelle est tellement bien écrite.
Puis y a rien à dire, "Ils se ressemblaient suffisamment comme ça ; ils n’avaient pas besoin d’un miroir de leur être meurtri en plus.", ça fait mal, c'est beau et puis c'est tout.

Ed... Eth... Ils me font tellement mal au cœur. Puis ça me tue, parce qu'on sait qu'Alexia va tout étouffer et qu'ils vont rester avec elle. (Edit : Ah non, p't'être pas, avec ce que tu dis en rép au comme d'Ellana!)
Pauvre bébou Ed... Comme pour les persos d'Ellana, j'ai les papiers des Hug Squads, l'intervention est immédiate, je les récupère et on va faire des câlins ;w;
Maintenant, je me demande : Alexia décrit Ed comme étant le plus rebelle des deux, mais au final, c'est lui qui est resté à la Ghost et qui essaie d'adhérer le plus à sa mère (même s'il fait des choses dans son dos). Est-ce que ce sont les événements de cette nouvelle qui ont changé la donne pour lui (aka le moment où il s'est dit que, quoi qu'il fasse, quoi qu'il dise à qui que ce soit, elle serait toujours là pour le rattraper et lui faire mal) ?
Et y a aussi la question du pourquoi/comment Ed a fini par détester Eth : parce qu'Eth a réussi à s'enfuir, se """"libérer"""" de l'emprise d'Alexia (du moins, du pdv d'Ed et sans parler du prix qu'Eth a dû payer pour cette pseudo-liberté qui n'en est même pas une au final...) là où Ed n'a pas réussi à le faire ? Ou alors parce qu'Alexia lui a tellement retourné le cerveau avec l'abus qu'il a fini par penser comme elle et donc que toute rébellion serait vécu comme elle (colère, haine, rejet, coups, dégoût, avec une totale adhérence à son mode de pensée...) ?

En tout cas, ça donne matière à réfléchir. Quelle horreur... On avait parlé d'un gène de la poisse, mais là... ;w;

La bise~
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit : mer. 15 sept., 2021 6:14 pm Hiello~

Pfouah.

Je sais pas quoi dire. Enfin si : Alexia, va pourrir très loin de tes enfants et très profond sous terre. Merci. Sauf qu'on sait tous que ça ne se passe pas comme ça.

Ptain.

Comme disait Ellana, y avait un début de compréhension/d'appréciation avec les autres nouvelles. Mais là. Quel immonde déchet. Je suis vraiment impressionnée par ton écriture et ton travail sur les persos, en tout cas, cette nouvelle est tellement bien écrite.
Puis y a rien à dire, "Ils se ressemblaient suffisamment comme ça ; ils n’avaient pas besoin d’un miroir de leur être meurtri en plus.", ça fait mal, c'est beau et puis c'est tout.

Ed... Eth... Ils me font tellement mal au cœur. Puis ça me tue, parce qu'on sait qu'Alexia va tout étouffer et qu'ils vont rester avec elle. (Edit : Ah non, p't'être pas, avec ce que tu dis en rép au comme d'Ellana!)
Pauvre bébou Ed... Comme pour les persos d'Ellana, j'ai les papiers des Hug Squads, l'intervention est immédiate, je les récupère et on va faire des câlins ;w;
Maintenant, je me demande : Alexia décrit Ed comme étant le plus rebelle des deux, mais au final, c'est lui qui est resté à la Ghost et qui essaie d'adhérer le plus à sa mère (même s'il fait des choses dans son dos). Est-ce que ce sont les événements de cette nouvelle qui ont changé la donne pour lui (aka le moment où il s'est dit que, quoi qu'il fasse, quoi qu'il dise à qui que ce soit, elle serait toujours là pour le rattraper et lui faire mal) ?
Et y a aussi la question du pourquoi/comment Ed a fini par détester Eth : parce qu'Eth a réussi à s'enfuir, se """"libérer"""" de l'emprise d'Alexia (du moins, du pdv d'Ed et sans parler du prix qu'Eth a dû payer pour cette pseudo-liberté qui n'en est même pas une au final...) là où Ed n'a pas réussi à le faire ? Ou alors parce qu'Alexia lui a tellement retourné le cerveau avec l'abus qu'il a fini par penser comme elle et donc que toute rébellion serait vécu comme elle (colère, haine, rejet, coups, dégoût, avec une totale adhérence à son mode de pensée...) ?

En tout cas, ça donne matière à réfléchir. Quelle horreur... On avait parlé d'un gène de la poisse, mais là... ;w;

La bise~
Allons enterrer ensemble Alexia ♥

Merci beaucoup... C'est une scène qui existe depuis longtemps, je l'avais déjà +/- écrite dans la V1 (y'avait une "partie 0" qui faisait office de recueil exactement comme celui en cours) alors ça fait un moment que mon esprit la travaille. Ça m'a permis de pas prendre en pleine face tout le bordel de ce chapitre :v

Pour le coup, ils vont pas rester avec elle en effet ! Tu verras dès la prochaine nouvelle ce qui se passe en détails... ! (et je réalise au passage que j'ai confondu cette nouvelle et la prochaine dans ma réponse à Ellana et que je n'ai pas encore mentionné ce qui se passe pour les jumeaux suite à la prise de parole d'Edward... mais ils vont plus vivre avec Alexia, évidemment).

Ils ont clairement besoin de câlins tous les deux... ♥
Bon, t'as repéré une partie des problèmes :lol: En effet, c'est Ed qui est aux côtés d'Alexia dans le T1. Idem pour la relation assez pétée d'Ethan et Edward dans leur vie d'adulte. Et la partie 2 (qui commence avec la prochaine nouvelle) expliquera tout çaaaa (la relation Ethan-Ed, pourquoi Ed s'est de nouveau retrouvé près de sa mère...).

À côté, Jim et Thallie s'en sont bien sortis, ouais :'''D Au moins leurs parents les aiment :roll:

La bise !
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

~~~


- Partie 2 -
1992 - 2000


~~~






Et c'est déjà la 2ème partie ! Contrairement au T1, j'ai pas recherché à les équilibrer spécialement, elles correspondent plutôt à des périodes de vie (d'où les dates comme titre) des protagonistes. Pour être honnête, je pense que cette partie 2 est celle que j'ai préféré écrire. J'espère que ça vous plaira !



- Transition -



Samedi 29 août 1992, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


La chappe d’angoisse dans l’estomac d’Ethan ressemblait à du miel acidulé. C’était une appréhension plutôt encourageante pour lui, puisqu’elle signifiait la fin d’un calvaire. Une idée plutôt douce. Mais elle piquait. Elle piquait, car il avait encore des bleus sur les bras, l’amertume dans la gorge et la solitude dans le cœur.
— Eth’, viens !
L’intéressé quitta le grillage des yeux. L’enceinte de l’école de S.U.I était haute de trois mètres et intimidait aussi bien les élèves à l’intérieur que les badauds à l’extérieur. L’asphalte sous ses tennis était encore chaud de cette belle journée d’août. Devant lui, Edward observait les environs avec un air guilleret. Ses mèches brunes dansaient follement autour de sa tête, masquaient son sourire à demi-édenté puis le révélaient de nouveau. Sa jambe cassée des mois plus tôt s’était parfaitement remise. Il sautillait en observant un bâtiment l’un après l’autre.
— C’est super grand !
L’exclamation d’Edward fut ponctuée d’un sifflement admiratif quand ils arrivèrent à l’entrée du long bâtiment qui s’étendait du côté est. Les portes vitrées entrouvertes laissaient passer brises d’air et élèves impatients. Ethan recula d’un pas lorsque deux filles un peu plus âgées bondirent sous son nez avant de détaler en courant.
Il avait du mal à croire que sa mère ait créé un tel endroit. Sa mère, qui ne lui avait jamais dit je t’aime, qui troquait les câlins par des claques et l’affection par le mépris. L’École était un lieu d’apprentissage, d’évolution, de repères. Alexia Sybaris ne pouvait en être à l’origine.
Et pourtant, c’était bien elle qui avait dirigé la construction de l’établissement quelques années après la naissance de S.U.I. L’ironie de la situation en était encore plus cruelle.

Edward sentait des papillons dans son ventre. Ils remontaient depuis ses intestins, allégeaient son estomac et dégageaient ses poumons. Lui chatouillaient la gorge, lui tiraient les lèvres. Il avait réussi. Gagné. Contre sa mère, contre sa haine.
Son ancienne école avait réussi à les déloger, Ethan et lui, de la poigne d’Alexia. Les démarches avaient pris des mois – le temps de finir l’année scolaire – mais ils étaient parvenus au bout du chemin. Le pouvoir d’Alexia lui avait permis de passer outre les jugements, les accusations. Si Edward en avait pleuré de rage en l’apprenant, il s’était rapidement ressaisi. L’important était devant lui, pas derrière.
Pour éviter de lâcher les garçons dans la nature et de les confier à des familles d’accueil où ils seraient séparés, Alexia avait accepté qu’on les place au sein de l’école de S.U.I. Un marché obtenu en accord avec les services sociaux, qui s’étaient assurés qu’Ethan et son frère seraient correctement accueillis dans leur nouvel établissement. L’hôpital, la garderie de l’école et un foyer temporaire leur avaient permis de ne plus être en contact avec leur mère le temps que tout soit signé et accepté.
Ils avaient tout à gagner à l’École : une chambre pour tous les deux à l’internat, des profs particuliers pour leur donner des cours jusqu’à ce qu’ils aient l’âge d’intégrer le cursus de l’École et, surtout, la protection d’une institution. Un établissement dans lequel personne ne les agripperait par le col pour leur flanquer une gifle. Où personne ne leur cracherait à la figure qu’ils n’avaient jamais été désirés. Où personne ne les haïrait.

Les jumeaux portaient tous les deux un cartable ainsi qu’un sac d’affaires. Ils n’avaient pas pu tout emmener, mais ce serait suffisant dans un premier temps. Un éducateur de leur foyer temporaire les avait conduits à leur nouveau lieu d’accueil.
Les garçons n’avaient pas eu beaucoup d’informations concernant leur nouvelle vie. Ils savaient avant tout qu’ils devaient attendre encore un an avant de rejoindre les rangs de l’École – après tout, ils n’avaient que dix ans. Un programme spécial où ils seraient encadrés par des professeurs et des éducateurs.
À l’entrée du grand bâtiment, une secrétaire aux cheveux bouclés leur adressa un sourire avenant. Elle avait dû être prévenue de leur arrivée, car elle se redressa et lança :
— Edward, Ethan, bienvenue. Je vais appeler la directrice, elle va venir vous chercher et vous expliquer un peu la situation.
— Oui, madame. (L’intéressée porta un regard attendri à Edward, qui l’observait tout sourire.) Merci, madame.
La secrétaire ne tarda pas à décrocher son téléphone pour joindre la directrice en interne. Une fois l’appel passé, elle intima aux garçons de s’installer sur l’un des sofas en cuir noir pour patienter. Edward obéit dans la seconde, secondé par un Ethan plus dubitatif.
— Qu’est-ce qui’y’a ? marmonna Ed à son frère une fois qu’ils furent assis côte à côte. T’es pas content ?
— Si ! Si… C’est juste… Je sais pas… Ça te fait pas bizarre, toi ?
Edward haussa les épaules, ses yeux voletant d’un objet d’observation à un autre. Les plantes, les tableaux, les tapis, les sofas, les distributeurs, les panneaux d’indication. L’ensemble était chaleureux, réconfortant dans son aménagement aéré. C’était si différent des locaux de S.U.I, froidement efficaces, et de leur maison où… les murs retenaient leurs cris prisonniers, où la moquette gardait les traces de leurs larmes et de leur sang, où leurs draps empestaient la peur.
Une bande d’adolescents de seize ou dix-sept ans déboula depuis les escaliers à leur gauche. Ils ne prêtèrent pas la moindre attention aux deux gamins assis sur le sofa. Edward, quant à lui, les dévora du regard. Ils avaient une telle assurance, une prestance si contrôlée !
— La classe, souffla-t-il à son jumeau.
Mais Ethan était plongé dans son silence, les yeux perdus dans la contemplation du sac posé sur ses genoux. Ed l’aurait bien secoué par les épaules si leur départ n’avait pas été si récent. Comme d’habitude, Edward avait l’impression d’avancer plus vite, de composer avec les nouvelles variables plus facilement. Il aurait mis sa main au feu que son frère broyait ses souvenirs et mâchonnait sa mélancolie. Il le détestait dans ces moments-là.
— Ethan, Edward !
Ce dernier dressa le nez au son de la voix, féminine et grave, chaleureuse et apaisante. Il oublia instantanément sa rancœur envers son frère et se leva. Une femme approchait. Il ne pouvait s’agir que de la directrice : les lieux semblaient être son domaine. Elle se coula avec une simplicité évidente entre les meubles, effleurant là un bouquet de fleurs pour s’assurer qu’elles avaient assez d’eau, adressant ici un signe de la main à un collègue de passage.
Edward la contempla avec admiration. Quelle femme ! Si éloignée de sa mère : sa peau sombre, noire, chaude, sa haute stature pleine de tranquillité, de confiance, ses cheveux crépus libérés de toute entrave.
Une fois à leur hauteur, un sourire étira ses lèvres pleines. Promesse de stabilité.
— Bienvenue chez vous, les garçons.

Ethan se faisait tout petit. La directrice l’impressionnait… un peu trop. Il était intimidé par sa taille, ses longues jambes, son sourire large, ses yeux profonds. Elle semblait absorber son environnement. Les regards déviaient vers elle, les sons se répercutaient sur sa silhouette, la lumière glissait sur sa peau sombre. Tellement contraire à Alexia, qui rejetait tout.
— On va discuter un peu dans mon bureau, expliqua-t-elle de sa voix grave, posée.
— On doit vous appeler comment, madame ?
Ethan écarquilla les yeux face à l’audace de son frère. Il s’attendit presque à voir une claque partir, mais la femme se contenta de répondre :
— Je m’appelle Valeria Ramirez. Certains élèves m’appellent Valeria, d’autres Mme Ramirez. Appelez-moi de la façon qui vous met le plus à l’aise.
Edward sembla satisfait de l’explication, mais Ethan pinça les lèvres. Dans quel genre d’établissement pouvait-on appeler un membre de l’administration par son prénom ?
Ils longèrent quelques couloirs avant d’atteindre une salle d’attente. Ethan n’eut pas le temps d’englober l’espace dans son ensemble qu’un visage se dressa subitement face à lui. Alexia. Ses yeux froids. Son port de tête fier. Le miel acidulé dans son estomac tourna au vinaigre glacé.
Une respiration plus tard, il réalisa que sa mère n’était pas là. Que le visage était un portrait, dans un cadre, sur le mur. Respiration. Odeur d’orange et de chocolat. Ethan chercha des yeux la source des effluves. Des peaux de fruits étaient abandonnées sur la table basse qui séparait un canapé et des chaises en plastique.
Quant au chocolat… un élève qui patientait sur le sofa en avait plein le visage.
— Oh, Michael, soupira la directrice en allant se planter face à l’intéressé. Tu as encore volé dans les réserves de la cantine ?
Le fautif enfonça la tête dans les épaules, s’essuya la bouche puis bondit du canapé.
— Pas à la cantine, m’dame. Dans la salle des profs.
Valeria écarquilla les yeux, lâcha un rire décontenancé. En retour, Michael croisa les bras sur son ventre rebondi. S’il culpabilité il y avait, il fallait chercher derrière ses prunelles brillantes et son rictus satisfait.
— Je m’occuperai de ton cas plus tard, chenapan, soupira la directrice en agitant un doigt menaçant à l’adresse de son élève. Je dois accueillir les jumeaux avant ça.
— Les…
Ses yeux gris, paillettes argentées et malicieuses, tombèrent sur les deux frères. Michael haussa des sourcils étonnés. Ils devaient avoir son âge. L’un des jumeaux – bon sang qu’ils se ressemblaient ! – s’avança avec un mince sourire.
— Salut. Je m’appelle Edward.
— Micha… Mike. Je peux t’appeler Ed ? T’as quel âge ?
— Dix ans.
Michael poussa une exclamation enjouée, se tourna vers Valeria.
— M’dame, ils sont avec moi ? On va être en classe ensemble ? On a le même âge !
— Michael, tu me casses les oreilles, grommela la directrice en poussant la porte de son bureau.
Considérant que cette absence de réponse constituait une approbation, l’intéressé dressa les bras avec un cri enthousiaste.
— On est trois, maintenant ! Trop chouette ! (Il pivota vers le deuxième frère, dont le visage tiré contrastait avec l’humeur générale.) Et toi, c’est quoi ton nom ?
Il sursauta, recula d’un pas. Perplexe, Michael l’observa avec attention. En fait, il n’était pas exactement pareil que son frère. Ses cheveux bruns étaient coupés plus courts. Et son regard… il paraissait hanté.
— Ethan, finit-il par répondre dans un filet de voix à peine audible.
Michael fit la moue, se détourna de lui. Il était trop timide à son goût. Il s’amuserait sûrement plus avec l’autre frère. Avec un sourire conspirateur, il s’approcha d’Edward.
— Je vais te dire le code du cadenas de Mme Garfi…
— Michael Lohan, encore un mot et tu nettoieras les toilettes de ton étage pendant un mois.
La voix de la directrice, toujours aussi grave, mais bien plus sèche, claqua sur les épaules des garçons. Déçu, Mike ne chercha pas à pousser le bouchon et tapota le bras d’Edward.
— À plus !
Il frôla Ethan en s’enfuyant dans la direction inverse. Se retourna avant de passer l’angle du couloir. Ethan l’observait, ses yeux ambrés obscurcis par des souvenirs indicibles.
Michael cassa l’échange, passa l’angle et s’en alla. Ethan lui faisait penser à… lui. Avant. Avant qu’il intègre l’École un mois plus tôt, avant qu’il découvre ce nouveau foyer où ses bêtises faisaient autant sourire que râler. Quand sa mère crachait du sang dans les mouchoirs en papier, quand il devait appeler les pompiers.
Avant de sortir du Centre – le grand bâtiment qui accueillait l’administration, les dortoirs et l’infirmerie – Michael s’arrêta. Edward n’aurait sûrement pas de mal à s’intégrer, il le pressentait. Mais son frère…
Mike soupira. Mâchouilla sa lèvre encore tachée de chocolat.
— Bon, d’accord, soupira-t-il en posant les mains sur ses hanches. Je veux bien être son copain.
Une fois cette bonne résolution prise, il cavala à l’extérieur en quête d’une future bêtise.



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Dernière modification par louji le sam. 09 oct., 2021 11:44 am, modifié 1 fois.
TcmA

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

Heyoooo~
Yessss une nouvelle partie, une nouvelle vie pour les jumeaux (combien de temps est-ce que ça va durer, ça, tu nous le diras :') )... J'adore !
Bébé Mike est ADORABLE je veux lui faire des papouilles, ce petit chenapan :lol:
Bébou Ethan, il fait trop mal au cœur... J'espère que la prochaine fois qu'on le verra, il sera un peu moins hanté (même HAHAHAHAHAHAHAHAHAHA ON COMPREND MIEUX POURQUOI C'EST UNE PEUCHERE, HEIN ALEXIA. C'est la pire.). Avec Mike, ça devrait le faire.
Et Ed... Aïe aïe aïe, sa haine envers Eth commence à se dessiner et ça pique. J'ai hâte de lire la prochaine nouvelle !
J'aime toujours autant lire S.U.I., c'est un bonheur !
La bise~
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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit : dim. 26 sept., 2021 5:33 pm Heyoooo~
Yessss une nouvelle partie, une nouvelle vie pour les jumeaux (combien de temps est-ce que ça va durer, ça, tu nous le diras :') )... J'adore !
Bébé Mike est ADORABLE je veux lui faire des papouilles, ce petit chenapan :lol:
Bébou Ethan, il fait trop mal au cœur... J'espère que la prochaine fois qu'on le verra, il sera un peu moins hanté (même HAHAHAHAHAHAHAHAHAHA ON COMPREND MIEUX POURQUOI C'EST UNE PEUCHERE, HEIN ALEXIA. C'est la pire.). Avec Mike, ça devrait le faire.
Et Ed... Aïe aïe aïe, sa haine envers Eth commence à se dessiner et ça pique. J'ai hâte de lire la prochaine nouvelle !
J'aime toujours autant lire S.U.I., c'est un bonheur !
La bise~
Holaaa ! Déso pour le retard de réponse

Oui bébou Mike est tout choupinou :'''c C'est Mikey quoi ♥
Bébou Ethan aussi il fait de la peine :'c (et mdr oui c'est une peuchère)
Je parlerais pas encore de haine entre Ed et Eth mais y'a clairement une ligne qui se trace entre eux et la naissance des premiers ressentiments !

Merci à toi, je suis contente que ça te plaise toujours ♥
louji

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par louji »

Hello ! 1ère apparition de 3 personnages dans ce chapitre, qui vont nous accompagner encore un moment (dont un personnage inédit pour l'univers de S.U.I, j'espère que vous l'apprécierez !)



- Adaptation -



Lundi 4 septembre 1995, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.

Ils avançaient en catimini. Si l’un des professeurs les attrapait dans le coin, ils seraient aussitôt soupçonnés de fomenter une bêtise. Après tout, ils avaient suffisamment fait gronder le personnel de l’École ces trois dernières années pour que leur moindre geste soit suspicieux.
Ethan se pencha à l’angle du mur, inspecta le couloir qui menait à la salle des profs. Dans son dos, Mike triturait les cordons de son sweat à capuche. Ethan était plus doué que lui pour s’assurer que la voie était libre. Ça commençait par le physique : même s’il était en poussée de croissance, Ethan n’atteignait pas encore le mètre quatre-vingts de son ami. Il suffisait parfois à Michael de se pencher pour que ses épaules larges dépassent.
— Rien à signaler, chuchota Ethan en se redressant. T’as bien les clefs ?
— Mais oui, allez, avance.
Ethan ne se fit pas prier. Ils remontèrent le couloir sur la pointe des pieds, jetant régulièrement des coups d’œil par-dessus leurs épaules. Ethan n’entendait presque pas la respiration lourde de son ami dans son dos à cause des battements de son cœur. La rentrée avait eu lieu la semaine dernière et s’ils se faisaient attraper aussi tôt dans l’année…
— T’es sûr que M. Winfrey a pas capté, hein ?
Les iris argentés de Michael se voilèrent d’une ombre d’irritation. Il adressa un geste agacé à son compagnon pour lui faire signe d’avancer.
— Rien du tout. Il matait trop les seins de Mme Kostas pour voir que je fouillais son sac.
— Faut être un foutu dégénéré pour mater Mme Kostas.
Les deux adolescents échangèrent un grognement commun d’écœurement. Leur professeure de grec moderne, stricte et austère, n’était pas très populaire auprès des élèves.
Mike se chargea de déverrouiller la porte. Ils étaient restés dans les couloirs pendant deux heures pour s’assurer que tous les professeurs étaient partis. Les lumières étaient éteintes lorsque Michael poussa le battant. Il échangea un regard complice avec Ethan, qui le suivit sans tarder dans la salle des profs.
Ils refermèrent derrière eux avant d’enclencher l’interrupteur. Les flashs de lumière révélèrent une pièce de la taille de leurs salles de classe. Elle était encombrée de canapés, de tables basses et d’un espace cafétaria. Une table calée contre un mur supportait des flyers et dépliants pour des associations, des universités ou des clubs d’activités extérieurs à l’École. Ethan les parcourut rapidement du regard tandis que Mike s’avançait vers les distributeurs.
— Pouah, ils se mettent bien les profs ! Ils ont vachement plus de choix que nous.
Son ami se tourna vers lui avec un sourire.
— Tu penses qu’à la bouffe, Mike.
— C’est essentiel dans la vie, mon vieux.
Ethan quitta la table de documentation pour s’approcher des casiers. Les profs aussi en possédaient, pour déposer quelques effets personnels. Certains étaient protégés par des cadenas. Des papiers glissés sous des cadrans en plastique indiquaient à qui appartenait le casier. Ethan les parcourut jusqu’à tomber sur celui de Mme Kostas. Il sourit en hélant son ami.
— Mike, viens voir ! On a de la chance, la harpie met pas de cadenas à son casier.
Une fois à sa hauteur, Mike fit glisser son sac à dos de son épaule et l’ouvrit. Une demi-douzaine de pots en plastique étaient entassés à l’intérieur. En les sortant, Michael fit tomber la pince qu’il avait subtilisée à la responsable de l’étage. Elle aurait servi au cas où Mme Kostas possédait un cadenas. Les deux amis se répartirent les pots en plastique avant de s’acharner sur les ouvertures. Ils n’avaient pas forcément l’éternité devant eux pour agir.
— J’espère qu’elle va kiffer, souffla Mike en sortant le contenu du pot pour le déposer à l’intérieur du casier, sur une pile de manuels scolaires.
Ethan ne tarda pas à le rejoindre, Bientôt, l’intérieur du casier fut rempli d’un amas rose sucré et collant. L’avantage de la barbe à papa, c’est qu’elle ne bougerait pas d’un cheveu d’ici le lendemain matin, quand leur professeure viendrait récupérer ses affaires.
— Bien joué, vieux, lança Mike en fermant la porte du casier. T’as eu une idée de folie.
La porte de la salle des professeurs s’ouvrit. Les deux amis sursautèrent avant de se tourner derechef vers l’entrée. Un adolescent au souffle court les dévisageait.
— M. Cross arrive, faut dégager !
Ils ne se firent pas prier. Mike referma son sac avec hâte avant de le jeter sur son épaule. Ethan se dirigea à pas rapides vers la porte.
— Merci, Ed.
Son frère l’observa avec gravité entre ses rangées de cils noirs. Il n’approuvait pas les manigances de son jumeau, encore moins depuis que leurs méfaits prenaient une ampleur pareille.
— Vous allez vous faire renvoyer, gronda-t-il à voix basse tandis que Mike verrouillait la porte avec des doigts tremblants.
Les trois adolescents se hâtèrent vers le couloir le plus proche. Avant de l’atteindre, Michael roula des yeux puis grommela :
— Ils peuvent pas nous renvoyer, on a nulle part d’autre où aller.
Une silhouette imposante, rigide, leur barra le chemin à l’angle. Pataud sur ses grandes jambes auxquelles il n’était pas habitué, Mike lui rentra dedans.
— Aller où, mes colombes ?
Même s’il n’avait pas encore la trentaine entamée, M. Cross avait le crâne lisse et des traits marqués. En remarquant son rictus narquois et son regard tranchant, Mike geignit puis recula derrière les jumeaux.
— Qu’est-ce que vous faites là ? embraya le professeur en les lorgnant tour à tour. Ce couloir mène à la salle des profs et c’est tout.
Comme Ethan et Mike restaient stoïques, blêmes et paniqués, Edward ouvrit la bouche.
— En fait, monsieur, on…
— Ils m’ont rendu service !
Les trois amis et leur professeur se tournèrent vers la jeune fille qui venait d’arriver. Sous ses cheveux blonds en désordre, son expression embarrassée était manifeste.
— Il y a des toilettes au bout du couloir, expliqua-t-elle du bout des lèvres. Je sais qu’on a pas le droit d’y aller, que c’est pour les profs, mais… Y’avait trop de monde pendant la pause entre les cours et j’y suis allée.
— Empkin… murmura Cross en la considérant d’un air soupçonneux.
— Je sais, désolée ! C’était exceptionnel, monsieur, promis.
Le prof chassa ses excuses d’un geste de la main impatient.
— Je m’en fiche, Grace, c’est pas le souci. Je veux savoir ce que ces trois zigotos fabriquaient là-bas.
Alors que les garçons s’étaient détendus après l’arrivée de leur amie, ils se crispèrent de nouveau. Mike tripotait furieusement les cordons de sa capuche.
— Eh bien, justement, reprit l’adolescente en s’approchant du trio. Quand je suis allée aux toilettes, j’ai oublié ma clé de chambre dans la cabine.
Les yeux sombres du professeur se plissèrent, son expression se fit plus acérée.
— Comment c’est possible, ça ?
— Je cherchais des trucs dans mon sac et je l’ai fait tomber, expliqua-t-elle d’un ton sourd. Euh, vous savez, des trucs de filles. Et j’ai demandé aux garçons d’aller récupérer ma clé, j’avais peur de tomber sur un prof…
M. Cross inspira longuement par le nez avant de soupirer.
— Allez, c’est bon, filez.
Alors que les trois amis contournaient leur professeur pour déguerpir au plus vite, Cross retint la jeune fille par le bras.
— Grace, tu es bonne élève. Et apparemment une bonne amie aussi. Je sais que tu as menti.
Comme elle pâlissait sous sa frange blonde, le professeur desserra sa grippe.
— Je dirai rien. Mais évite de mentir pour eux à l’avenir, ils le méritent pas.
Cette fois empourprée de honte, Grace se contenta de hocher la tête. Son professeur la regarda partir avec un nouveau soupir.
Une fois que les adolescents furent suffisamment éloignés de leur professeur, Ethan se tourna vers Grace. Un mélange de honte et de dépit le faisait grimacer.
— Grace, c’est sympa, mais t’aurais pu te faire punir par le prof…
— Un merci suffit, répliqua-t-elle en levant les yeux au plafond.
— Merci, chuchota Mike avec une moue penaude.
Edward les considéra avec lassitude. Combien de fois avait-il prévenu son jumeau une poignée de secondes seulement avant que les choses dérapent ? Combien de fois avait-il retrouvé son frère chez la directrice et soupiré de soulagement en apprenant qu’il n’était pas viré ? Combien de fois encore avant la dernière fois ?
— Ethan, Mike, reprit Ed d’un ton rauque, faut arrêter. Les profs sont sympa avec nous, parce que… parce qu’on…
— Ni la directrice ni les profs oseront jamais s’en prendre à vous, le coupa Michael avec un sourire mutin. Les gosses de la fondatrice sont un sacré sésame.
Son partenaire de cachoteries – et de cours – lui asséna un coup de coude inoffensif.
— La ferme.
— Mike a raison, soupira Edward en se calant contre le mur. Mais toi… t’es pas protégé comme nous. Alors tu devrais pas suivre Ethan dans toutes ses bêtises.
— Oh, dans ma grande modestie divine, je dirais que c’est plutôt moi qui mène le jeu, souffla Michael d’un ton exagérément suave.
Les jumeaux roulèrent des yeux tandis que Grace s’esclaffait. Quand chacun eut retrouvé son sérieux, Edward considéra ses interlocuteurs avec une grimace.
— Je suis sérieux, les gars. Je comprends que… ce que vous faites. Chacun sa façon de passer le temps. Mais… abusez pas non plus.
Ethan avait la tête tournée dans la direction opposée, mâchoires crispées. Sa façon de l’ignorer arracha une étincelle de fureur à Ed, qu’il éteignit aussitôt.
— L’École a fait plein de choses pour nous, continua-t-il en dévisageant son frère. C’est pas bien de leur cracher à la gueule.
— On a compris, Edward, grommela Ethan en tournant les talons. Allez, à plus.
Sans chercher à poursuivre la discussion, Mike et Grace lui emboîtèrent le pas. Découragé par leur insouciance, Ed ramena ses mèches longues en arrière. Depuis trois ans qu’ils fréquentaient l’École, rares avaient été les jours où son frère ne s’était pas plaint ou rebellé. Ed avait eu beau lui rappeler leur chance, Ethan s’était entouré de compagnons qui pensaient comme lui. Difficile de le faire changer d’avis dans ces conditions. Sans compter que Michael, derrière ses airs bonne pâte, détenait un aura fédératrice indéniable. C’est lui qui avait entraîné Ethan dans leurs premières bêtises. Si Mike les avait fréquentés autant l’un que l’autre les premiers mois, sa préférence pour Ethan avait fini par devenir évidente. Ravi d’être au cœur de l’attention de quelqu’un, l’intéressé s’était jeté corps et âme dans cette nouvelle amitié. Edward avait rapidement changé de chambre pour laisser sa place à Mike, tout comme il s’était cherché un nouveau binôme pour les cours. Par certains côtés, c’était mieux ainsi, que chacun trace sa route. Il était parfois suffisamment difficile d’être jumeaux, si semblables, pour qu’ils soient en plus indécollables. Et pourtant… Ed se sentait brûler de l’intérieur quand il réalisait à quel point son frère avait changé. À quel point l’École et ses nouvelles fréquentations l’avaient changé.
Le petit frère qui n’osait jamais rien dire ou faire s’était envolé. Et Edward n’était pas complètement certain d’aimer ça.

La cuisine commune du deuxième étage était bondée. Une demi-douzaine de filles d’une quinzaine d’années s’étaient rassemblées sur les chaises hautes. Deux adolescents de dix-sept ans occupaient les plaques de cuisson. Quant aux plans de travail, ils étaient si encombrés que le peu de place disponible devenait soudain décourageant.
Maria soupira, son sac de légumes à la main. Elle avait eu l’intention de se préparer une salade froide de tomates, carottes et oignons, mais sa chambre serait tout aussi pratique. Bougonne, elle fit demi-tour pour remonter le couloir. On ne lui avait pas encore attribué de colocataire, mais elle appréhendait le jour où Mme Jekins viendrait la voir. Maria craignait de tomber avec une fille invivable. Pourquoi avait-elle accepté de vivre à l’internat, déjà ?
Elle se permit un sourire ironique en enfonçant sa clef dans la serrure. L’année dernière, elle avait suivi les cours tout en vivant avec sa mère, à Down-Town. L’ambiance était devenue si toxique à la maison que mère et fille avaient fini par se mettre d’accord : Maria irait à l’internat de l’école de S.U.I pour sa deuxième année.
Sa chambre avait le parfum du bouquet de dahlias et de glaïeuls qu’elle s’était constitué le week-end précédent. Le fleuriste qui se trouvait à cinq minutes à pied de l’appartement de sa mère lui donnait régulièrement des plants endommagés ou des fleurs impopulaires. Les pétales multicolores égayaient un tant soit peu la pièce fonctionnelle où elle passait ses nuits.
Maria dut pousser quelques cahiers de son bureau pour trouver la place de préparer son dîner. Elle avait prévu un peu de vaisselle pour ce genre d’occasion. Comme la soirée était douce, elle s’installa à la fenêtre pour déguster sa salade. Les cigales chantaient dans le coucher de soleil.
La vaisselle était déjà terminée lorsqu’on frappa à la porte. Perplexe, Maria considéra sa tenue, grimaça, puis se hâta quand les coups redoublèrent. Elle espérait que ça ne soit pas très important, comme elle avait déjà enfilé son pyjama.
Une masse de boucles brunes nimbées par la lumière dorée des appliques murales se dressèrent pour révéler un visage souriant. Muette, Maria considéra le garçon sur son pas de porte, sa silhouette mince et les valises à ses pieds.
— Euh, Maria ? souffla-t-il d’un air hésitant – il avait un accent marqué. Je suis bien à la chambre 206 ?
— Oui.
— Je m’appelle Adrián, je suis ton coloc !
Il le déclara d’un ton enjoué, avec un énorme sourire – le plus rayonnant que Maria ait jamais vu. Stupéfaite, elle cligna des yeux avant de trouver le courage de bredouiller :
— M-Mais… t’es un garçon.
— Apparemment, oui, souffla-t-il en lorgnant son corps de la poitrine aux orteils.
Consciente de l’étrangeté de sa remarque, Maria rougit puis expliqua :
— Je croyais que la mixité était pas possible dans les chambres.
— Oh ! Je sais pas trop. Je suis nouveau. Je devais arriver la semaine dernière, mais j’ai eu un problème d’avion. On m’a dit que je devais dormir dans cette chambre le temps qu’on me trouve une solution.
Soulagée, Maria soupira puis recula d’un pas pour lui ouvrir le passage.
— T’as besoin d’aide ?
— Nan, t’inquiète, j’ai de super biscotos !
Maria considéra les bras maigres de son nouveau colocataire, mais n’osa pas faire la moindre remarque. Elle l’aida quand même à porter un sac avant de refermer la porte. Planté au milieu de la chambre, Adrián considéra les environs sans cesser de sourire. Puis il huma en fermant les yeux derrière ses lunettes à montures noires.
— Ça sent bon.
Maria esquissa un sourire crispé avant de se diriger par la fenêtre. Même si le nouveau venu semblait sympa, elle aimait profiter seule de quelques instants suspendus. Comme respirer l’air frais en regardant le soleil disparaître. Adrián la suivit des yeux avant de demander :
— Les fleurs, c’est toi ?
L’adolescente n’osa pas répondre dans l’immédiat, la gorge nouée. Maria savait ce qu’il allait dire. Qu’avec ses vêtements larges qui camouflaient son corps et ses cheveux coupés à la garçonne, elle n’avait pas l’air d’une fille qui aime les fleurs.
— T’as bien choisi, en tout cas, conclut Adrián sans chercher à la relancer. J’aime bien les fleurs, moi aussi. Là, c’est des dahlias, hein ? Et des… gladiolos ? Comment tu dis en anglais ?
Maria se tourna vers lui bouche bée. Face à son air ahuri, Adrián éclata de rire.
— Ouais, je sais, un garçon, ça s’en fiche des fleurs. Mais moi, j’aime bien. (Avant que Maria ait pu dire quoi que ce soit, il enchaîna d’un ton enjoué : ) D’ailleurs, mon nom de famille, c’est Flores. Ça veut dire « fleurs » en espagnol !
Comme sa nouvelle colocataire ne disait toujours rien, Adrián se calma puis se laissa choir sur le lit. Il observa Maria un moment avant de souffler :
— Désolé, j’ai l’impression que j’arrive en cassant quelque chose chez toi. Je sais pas trop comment l’expliquer. (Il lui tendit la main.) On la refait ? Je m’appelle Adrián Flores. Je suis ton nouveau colocataire temporaire.
Avec des gestes mesurés, Maria se décolla du rebord de fenêtre avant de se redresser. Elle attrapa la main de Adrián avec un sourire réservé.
— Maria.
Quand ils eurent tous les deux récupéré leurs mains, Adrián souffla :
— Tu as un drôle d’accent. Tu viens d’où ?
— D’ici. Mais mon père est Britannique et j’ai pris un peu son accent. Ma mère est Italienne et on parle qu’italien ensemble, alors ça doit pas aider. Et toi ?
— Mexique. J’ai pu participer à un programme international.
Quoique peu habituée à faire la conversation, Maria était sincèrement intéressée par le parcours de l’adolescent. Les mains coincées entre ses cuisses, elle hocha la tête.
— Bon, je t’embête pas plus, sourit Adrián en se redressant. Tu pourras m’apprendre le nom des fleurs ?
Maria acquiesça avec vigueur, trop gênée pour parler. C’était bien la première fois qu’on ne se moquait pas d’elle en découvrant sa passion. Avant qu’Adrián puisse s’enfermer dans la salle de bains, elle lança :
— Je te ferai visiter l’École, demain. Si tu veux.
Les yeux bruns d’Adrián s’éclairèrent dans la pénombre. Ses dents blanches ressortaient sur sa peau halée.
— Je veux bien.



Suite
Dernière modification par louji le sam. 23 oct., 2021 7:21 pm, modifié 1 fois.
vampiredelivres

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Re: S.U.I - Special Units of Intervention [Action / Young Adult]

Message par vampiredelivres »

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Hiello ~~,
On ne va pas parler du temps que je mets à répondre en ce moment, on va juste prétendre que tout va bien :roll: :lol:

louji a écrit : ven. 24 sept., 2021 11:32 am
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- Partie 2 -
1992 - 2000


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Et c'est déjà la 2ème partie ! Contrairement au T1, j'ai pas recherché à les équilibrer spécialement, elles correspondent plutôt à des périodes de vie (d'où les dates comme titre) des protagonistes. Pour être honnête, je pense que cette partie 2 est celle que j'ai préféré écrire. J'espère que ça vous plaira ! Les parties ont pas besoin d'être équilibrées, surtout si tu n'as pas beaucoup de choses à raconter dans l'une d'entre elles ^^ Allez j'attaque !



- Transition -



Samedi 29 août 1992, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


La chappe d’angoisse dans l’estomac d’Ethan ressemblait à du miel acidulé. C’était une appréhension plutôt encourageante pour lui, puisqu’elle signifiait la fin d’un calvaire. Une idée plutôt douce. Mais elle piquait. Elle piquait, car il avait encore des bleus sur les bras, l’amertume dans la gorge et la solitude dans le cœur. Chaton :(
— Eth’, viens !
L’intéressé quitta le grillage des yeux. L’enceinte de l’école de S.U.I était haute de trois mètres et intimidait aussi bien les élèves à l’intérieur que les badauds à l’extérieur. L’asphalte sous ses tennis était encore chaud de cette belle journée d’août. Devant lui, Edward observait les environs avec un air guilleret. Ses mèches brunes dansaient follement autour de sa tête, masquaient son sourire à demi-édenté puis le révélaient de nouveau. Sa jambe cassée des mois plus tôt s’était parfaitement remise. Il sautillait en observant un bâtiment l’un après l’autre. Le contraste entre les deux, surtout avec ce qu'on sait ce qu'ils sont devenus par la suite, est vachement frappant ici ^^
— C’est super grand !
L’exclamation d’Edward fut ponctuée d’un sifflement admiratif quand ils arrivèrent à l’entrée du long bâtiment qui s’étendait du côté est. Les portes vitrées entrouvertes laissaient passer brises d’air et élèves impatients. Ethan recula d’un pas lorsque deux filles un peu plus âgées bondirent sous son nez avant de détaler en courant.
Il avait du mal à croire que sa mère ait créé un tel endroit. Sa mère, qui ne lui avait jamais dit je t’aime, qui troquait les câlins par :arrow: Y'a un truc qui me chiffonne dans "troquer par"… j'aurais plutôt dit "troquer contre/pour"… :ugeek: des claques et l’affection par le mépris. L’École était un lieu d’apprentissage, d’évolution, de repères. Alexia Sybaris ne pouvait en être à l’origine.
Et pourtant, c’était bien elle qui avait dirigé la construction de l’établissement quelques années après la naissance de S.U.I. L’ironie de la situation en était encore plus cruelle.

Edward sentait des papillons dans son ventre. Ils remontaient depuis ses intestins, allégeaient son estomac et dégageaient ses poumons. Lui chatouillaient la gorge, lui tiraient les lèvres. Il avait réussi. Gagné. Contre sa mère, contre sa haine.
Son ancienne école avait réussi à les déloger, Ethan et lui, de la poigne d’Alexia. Les démarches avaient pris des mois – le temps de finir l’année scolaire – mais ils étaient parvenus au bout du chemin. Le pouvoir d’Alexia lui avait permis de passer outre les jugements, les accusations. Si Edward en avait pleuré de rage en l’apprenant, il s’était rapidement ressaisi. L’important était devant lui, pas derrière. Impressionnant pour un gamin aussi jeune.
Pour éviter de lâcher les garçons dans la nature et de les confier à des familles d’accueil où ils seraient séparés, Alexia avait accepté qu’on les place au sein de l’école de S.U.I. Un marché obtenu en accord avec les services sociaux, qui s’étaient assurés qu’Ethan et son frère seraient correctement accueillis dans leur nouvel établissement. (Et hors de portée de leur mère.) L’hôpital, la garderie de l’école et un foyer temporaire leur avaient permis de ne plus être en contact avec leur mère le temps que tout soit signé et accepté. C'est déjà ça de pris.
Ils avaient tout à gagner à l’École : une chambre pour tous les deux à l’internat, des profs particuliers pour leur donner des cours jusqu’à ce qu’ils aient l’âge d’intégrer le cursus de l’École et, surtout, la protection d’une institution. Un établissement dans lequel personne ne les agripperait par le col pour leur flanquer une gifle. Où personne ne leur cracherait à la figure qu’ils n’avaient jamais été désirés. Où personne ne les haïrait. Alors où personne ne les haïrait, peut-être pas, mais enfin bon.

Les jumeaux portaient tous les deux un cartable ainsi qu’un sac d’affaires. Ils n’avaient pas pu tout emmener, mais ce serait suffisant dans un premier temps. Un éducateur de leur foyer temporaire les avait conduits à leur nouveau lieu d’accueil.
Les garçons n’avaient pas eu beaucoup d’informations concernant leur nouvelle vie. Ils savaient avant tout qu’ils devaient attendre encore un an avant de rejoindre les rangs de l’École – après tout, ils n’avaient que dix ans. Un programme spécial où ils seraient encadrés par des professeurs et des éducateurs.
À l’entrée du grand bâtiment, une secrétaire aux cheveux bouclés leur adressa un sourire avenant. Elle avait dû être prévenue de leur arrivée, car elle se redressa et lança :
— Edward, Ethan, bienvenue. Je vais appeler la directrice, elle va venir vous chercher et vous expliquer un peu la situation.
— Oui, madame. (L’intéressée porta un regard attendri à Edward, qui l’observait tout sourire.) Merci, madame.
La secrétaire ne tarda pas à décrocher son téléphone pour joindre la directrice en interne. Une fois l’appel passé, elle intima aux garçons de s’installer sur l’un des sofas en cuir noir pour patienter. Edward obéit dans la seconde, secondé par un Ethan plus dubitatif.
— Qu’est-ce qui’y’a ? marmonna Ed à son frère une fois qu’ils furent assis côte à côte. T’es pas content ?
— Si ! Si… C’est juste… Je sais pas… Ça te fait pas bizarre, toi ? Ethan qui a du mal à gérer :?
Edward haussa les épaules, ses yeux voletant d’un objet d’observation à un autre. Les plantes, les tableaux, les tapis, les sofas, les distributeurs, les panneaux d’indication. L’ensemble était chaleureux, réconfortant dans son aménagement aéré. C’était si différent des locaux de S.U.I, froidement efficaces, et de leur maison où… les murs retenaient leurs cris prisonniers, où la moquette gardait les traces de leurs larmes et de leur sang, où leurs draps empestaient la peur. Aya mais t'as fini de maltraiter mon petit kokoro comme ça :cry:
Une bande d’adolescents de seize ou dix-sept ans déboula depuis les escaliers à leur gauche. Ils ne prêtèrent pas la moindre attention aux deux gamins assis sur le sofa. Edward, quant à lui, les dévora du regard. Ils avaient une telle assurance, une prestance si contrôlée !
— La classe, souffla-t-il à son jumeau.
Mais Ethan était plongé dans son silence, les yeux perdus dans la contemplation du sac posé sur ses genoux. Ed l’aurait bien secoué par les épaules si leur départ n’avait pas été si récent. Comme d’habitude, Edward avait l’impression d’avancer plus vite, de composer avec les nouvelles variables plus facilement. Il aurait mis sa main au feu que son frère broyait ses souvenirs et mâchonnait sa mélancolie. Il le détestait dans ces moments-là. Allez, hop, premiers signes de la fracture qui arrive. :roll:
— Ethan, Edward !
Ce dernier dressa le nez au son de la voix, féminine et grave, chaleureuse et apaisante. Il oublia instantanément sa rancœur envers son frère et se leva. Une femme approchait. Il ne pouvait s’agir que de la directrice : les lieux semblaient être son domaine. Elle se coula avec une simplicité évidente entre les meubles, effleurant là un bouquet de fleurs pour s’assurer qu’elles avaient assez d’eau, adressant ici un signe de la main à un collègue de passage.
Edward la contempla avec admiration. Quelle femme ! Si éloignée de sa mère : sa peau sombre, noire, chaude, sa haute stature pleine de tranquillité, de confiance, ses cheveux crépus libérés de toute entrave.
Une fois à leur hauteur, un sourire étira ses lèvres pleines. Promesse de stabilité.
— Bienvenue chez vous, les garçons.

Ethan se faisait tout petit. La directrice l’impressionnait… un peu trop. Il était intimidé par sa taille, ses longues jambes, son sourire large, ses yeux profonds. Elle semblait absorber son environnement. Les regards déviaient vers elle, les sons se répercutaient sur sa silhouette, la lumière glissait sur sa peau sombre. Tellement contraire à Alexia, qui rejetait tout.
— On va discuter un peu dans mon bureau, expliqua-t-elle de sa voix grave, posée.
— On doit vous appeler comment, madame ?
Ethan écarquilla les yeux face à l’audace de son frère. Il s’attendit presque à voir une claque partir, mais la femme se contenta de répondre :
— Je m’appelle Valeria Ramirez. Certains élèves m’appellent Valeria, d’autres Mme Ramirez. Appelez-moi de la façon qui vous met le plus à l’aise.
Edward sembla satisfait de l’explication, mais Ethan pinça les lèvres. Dans quel genre d’établissement pouvait-on appeler un membre de l’administration par son prénom ?
Ils longèrent quelques couloirs avant d’atteindre une salle d’attente. Ethan n’eut pas le temps d’englober l’espace dans son ensemble qu’un visage se dressa subitement face à lui. Alexia. Ses yeux froids. Son port de tête fier. Le miel acidulé dans son estomac tourna au vinaigre glacé.
Une respiration plus tard, il réalisa que sa mère n’était pas là. Que le visage était un portrait, dans un cadre, sur le mur. Respiration. Odeur d’orange et de chocolat. Ethan chercha des yeux la source des effluves. Des peaux de fruits étaient abandonnées sur la table basse qui séparait un canapé et des chaises en plastique.
Quant au chocolat… un élève qui patientait sur le sofa en avait plein le visage.
— Oh, Michael Mickey ! :D, soupira la directrice en allant se planter face à l’intéressé. Tu as encore volé dans les réserves de la cantine ?
Le fautif enfonça la tête dans les épaules, s’essuya la bouche puis bondit du canapé.
— Pas à la cantine, m’dame. Dans la salle des profs. Si jeune et déjà un troll :lol:
Valeria écarquilla les yeux, lâcha un rire décontenancé. En retour, Michael croisa les bras sur son ventre rebondi. S’il culpabilité il y avait, il fallait chercher derrière ses prunelles brillantes et son rictus satisfait.
— Je m’occuperai de ton cas plus tard, chenapan, soupira la directrice en agitant un doigt menaçant à l’adresse de son élève. Je dois accueillir les jumeaux avant ça.
— Les…
Ses yeux gris, paillettes argentées et malicieuses, tombèrent sur les deux frères. Michael haussa des sourcils étonnés. Ils devaient avoir son âge. L’un des jumeaux – bon sang qu’ils se ressemblaient ! – s’avança avec un mince sourire.
— Salut. Je m’appelle Edward.
— Micha… Mike. Nan, Miky ou Mickey ^^ Je peux t’appeler Ed ? T’as quel âge ?
— Dix ans.
Michael poussa une exclamation enjouée, se tourna vers Valeria.
— M’dame, ils sont avec moi ? On va être en classe ensemble ? On a le même âge ! Yayyyy :mrgreen:
— Michael, tu me casses les oreilles, grommela la directrice en poussant la porte de son bureau.
Considérant que cette absence de réponse constituait une approbation, l’intéressé dressa les bras avec un cri enthousiaste.
— On est trois, maintenant ! Trop chouette ! (Il pivota vers le deuxième frère, dont le visage tiré contrastait avec l’humeur générale.) Et toi, c’est quoi ton nom ?
Il sursauta, recula d’un pas. Perplexe, Michael l’observa avec attention. En fait, il n’était pas exactement pareil que son frère. Ses cheveux bruns étaient coupés plus courts. Et son regard… il paraissait hanté.
— Ethan, finit-il par répondre dans un filet de voix à peine audible. Il me fait de la peine mais en même temps j'ai envie de le secouer comme un prunier… je fais quoi ? :roll:
Michael fit la moue, se détourna de lui. Il était trop timide à son goût. Il s’amuserait sûrement plus avec l’autre frère. Oh t'as pas encore idée x) Avec un sourire conspirateur, il s’approcha d’Edward.
— Je vais te dire le code du cadenas de Mme Garfi…
— Michael Lohan, encore un mot et tu nettoieras les toilettes de ton étage pendant un mois.
La voix de la directrice, toujours aussi grave, mais bien plus sèche, claqua sur les épaules des garçons. Déçu, Mike ne chercha pas à pousser le bouchon et tapota le bras d’Edward.
— À plus !
Il frôla Ethan en s’enfuyant dans la direction inverse. Se retourna avant de passer l’angle du couloir. Ethan l’observait, ses yeux ambrés obscurcis par des souvenirs indicibles.
Michael cassa l’échange, passa l’angle et s’en alla. Ethan lui faisait penser à… lui. Avant. Avant qu’il intègre l’École un mois plus tôt, avant qu’il découvre ce nouveau foyer où ses bêtises faisaient autant sourire que râler. Quand sa mère crachait du sang dans les mouchoirs en papier, quand il devait appeler les pompiers. T'es vraiment la pire, Co x) NAN MAIS D'OÙ, MOI JE REFUSE. C'EST PAS PERMIS ÇA. Donnez une vie normale à ces peuchères svp.
Avant de sortir du Centre – le grand bâtiment qui accueillait l’administration, les dortoirs et l’infirmerie – Michael s’arrêta. Edward n’aurait sûrement pas de mal à s’intégrer, il le pressentait. Mais son frère…
Mike soupira. Mâchouilla sa lèvre encore tachée de chocolat.
— Bon, d’accord, soupira-t-il en posant les mains sur ses hanches. Je veux bien être son copain. Sage décision.
Une fois cette bonne résolution prise, il cavala à l’extérieur en quête d’une future bêtise.



Suite
Bon. Y'a du bon et du déprimant.
Déprimant déjà sur la backstory de Mickey, mais aussi sur Ethan. Pauvre chaton, il prend cher. D'ailleurs, je suis impressionnée par la capacité d'Edward de rebondir… mais après, vu comment il finit, je me demande bien ce qui le fera basculer… :ugeek: Les pouvoirs maléfiques d'Alexia, ou la haine envers Edward ? Ou un peu des deux ?
Sinon la directrice est sympa :roll: Et l'amitié entre Mike et les jumeaux promet x)
Je reviens plus tard (en espérant pas dans un mois et demi) pour commenter la suite ^^

La bise ~
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