Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

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x-Key

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Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par x-Key »

Bonjour à tous !

Choisi par elenwe, lauréate du concours de janvier, le thème du concours de mars est : Dans le noir ! Laissez libre court à votre imagination !

Image


Le lauréat de ce mois de mars sera dévoilé entre le 15 et le 31 avril. Il aura la charge de choisir le thème du concours du mois de mai !
Pour rappel :

♦ Vous avez tout le mois (et pas plus !) pour poster votre texte sur le sujet, nous n'accepterons pas les retardataires.
♦ Un jury composé de plusieurs personnes lira ensuite vos créations littéraires et désignera le texte vainqueur. Le gagnant sera récompensé d'un badge spécial et d'une petite surprise.
♦ Tous les types de textes sont acceptés (fiction, histoire vraie, nouvelle, essai, en vers, en prose) du moment qu'ils collent au thème !
♦ Il n'y a pas de limites minimum de caractères. En terme de taille, le format d'une nouvelle de 15 000 signes (environ 7 pages) est le maximum qui sera accepté.
♦ Faites attention à votre expression et à votre orthographe, il est toujours plus agréable de lire des textes écrits dans un français correct ;)
♦ Les textes écrits avant le concours ne seront pas acceptés. Vos textes doivent avoir été écrits spécifiquement dans le cadre du concours.
♦ Attention : Seuls les membres de Booknode dont le profit sera un minimum complété (quelques livres en biblio et infos sur le profil) pourront participer, peu importe votre date d'inscription. Vous pouvez très bien vous être inscrits la veille, il n'y a aucun soucis, tant qu'il est clair que vous ne vous êtes pas inscrits sur le site juste pour participer et ne jamais y revenir ;)

Bonne chance à tous ! :)
Millie36

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par Millie36 »

Dans le noir
Il croyait vraiment que j’allais accepter de sortir avec lui ?! On dirait de la pâtée pour chats ! Il est taré ce mec !
Furieuse, je me jetais sur mon lit et commençais mes devoirs, trop énervée pour dormir. Soudain ma mère m’appela.
« Kira tu veux bien sortir les poubelles ?
-Oui maman ! »
Je me dirigeais vers la cuisine, prenais les sacs que ma mère avait déposé près de la porte et sortais dehors. Je m’apprêtais à rentrer quand j’aperçus un objet brillant sur la route. Intriguée, je m’avançais au milieu de celle-ci et me rendit compte que l’objet n’était qu’un simple éclat de miroir. Je m’apprêtais à le ramasser quand une douleur fulgurante dans tout mon corps me fit tomber à la renverse. Puis, plus rien.
***
J’ouvris lentement les yeux dans l’intention de découvrir où je me trouvais. Pourtant je ne vis rien mais entendit clairement la voix de ma mère à mes côtés.
« Ma chérie ! Comment vas-tu ma puce ? Tu as mal quelque part, des vertiges ? »
Sa voix tremblait, comme si elle était en train de pleurer.
« Maman ? Je ne vois rien ! Que s’est-il passé ? Où suis-je ?
-Tu est à l’hôpital ma puce, une voiture t’a percutée ? Tu as perdu beaucoup de sang…
-Mais pourquoi je ne vois plus rien ?!
-Lors de l’accident tu es mal tombée et tu t’es abimée les yeux… Les médecins peuvent le soigner mais tes yeux doivent d’abord cicatriser… Ils ne pourront te rendre la vue que dans deux mois… »
Je suis…aveugle… ?
Des larmes silencieuses se mirent à couler lentement sur mes joues et je sombrais.
Au bout d’une petite semaine ma mère m’annonça que j’aillais retourner à l’école dès le lendemain. Elle m’avait acheté une canne et avait prévenu les professeurs.
« Mais comment je vais me débrouiller sans toi maman ?
-Ne t’inquiète pas, les autres enfants vont t’aider. Allez maintenant tu vas attendre ici que tes amies arrivent d’accord ?
-D’accord… »
Quelques minutes après son départ j’entendis des pas autour de moi. Une fille dont je reconnu la voix parla.
« Alors comme ça tu ne vas rien voir pendant deux mois ?
-Emma c’est toi ?
-Oui c’est moi l’aveugle.
-Mais pourquoi tu es méchante ?
-Ont ne veut pas de toi l’aveugle, dans notre groupe il n’y a de place que pour les gens normaux !
-Mais…
-Tait toi ! »
Je sentis une main s’abattre sur mon crâne et sous le choc, je tombais. Les pas s’éloignèrent et, désespérée, je laissais libre cours à ma tristesse. Je pleurais à chaud de larmes les bras enroulées autour de mes jambes et la tête entre les genoux. J’étais assise là depuis une dizaine de minutes quand je sentis une main se poser sur mon épaule.
Paniquée, je me relevais brusquement, oubliant soudain que je ne pouvais pas voir autour de moi. Inévitablement, lorsque je fus debout, je basculais en arrière. Je me préparais au choc mais celui-ci ne vint pas. Je me décontractais et me rendis compte que quelqu’un m’avait rattrapée avant que je ne touche le sol.
« Merci ! »
J’avais voulu parler d’une voix claire mais hélas mon merci ressemblait à un couinement de souris. L’inconnu me lâcha et dit :
« De rien Kira. »
La voix ne me disait rien et tout ce que je déduisais de cette phrase était que mon « sauveur » était un garçon, de mon âge probablement.
« Tu vas bien, tu as un bleu sur le front ?!
-C’est ma…ma…
-Kira qui t’as fait ça ? »
Je fondais à nouveau en larmes.
« C’est… Emma… Mon ancienne meilleure amie…
-Quoi, mais pourquoi ?!
-Parce que… Je suis a…aveugle… »
Le garçon m’enlaça gentiment et je lui rendis son étreinte. La cloche sonna mais je ne bougeais pas, m’accrochant à la seule personne m’ayant réconforté.
Comprenant le message, il prit son téléphone d’une main et se mit à parler. Je n’entendis que la fin de la conversation.
« Oui monsieur le proviseur nous seront là pour midi mais pour le moment elle n’est pas encore prête. Au revoir monsieur et merci. »
Il rangea son téléphone et me prit dans ses bras pour aller m’asseoir sur le banc le plus proche. Il me déposa doucement et passa un bras autour de mes épaules.
« Ça va aller ?
-Ou…Oui
-Essaye de te reposer un peu d’accord ? Ont doit être en cours dans deux heures. »
Je hochai la tête et, docile, je fermais les yeux et sombrais dans le sommeil.
***
« Kira réveille toi il faut aller en cours. »
Je me redressais et me levais, lentement cette fois. Le garçon me prit la main et m’entraîna dans les couloirs de l’école. Il m’aida à trouver ma place et s’assit à côté de moi.
Il m’aidait chaque jour. Quand je tombais il me rattrapait, il me lisait mes histoires préférées, me récitait les textes à étudier, m’aidait pour mes devoirs et était toujours là pour me réconforter.
Soudain, mon univers vacillant avait trouvé un point d’encrage et je savais que je ne pourrais plus jamais me passer de lui. Sans l’avoir jamais vu, sans même connaître son nom, je savais qu’il serait à jamais auprès de moi.
***
« Je vais vraiment retrouver la vue ?
-Mais oui idiote ! »
J’éclatais de rire et serrais mon sauveur dans mes bras. Il m’avait promis d’être là à mon réveil. Je ne souhaitais voir aucun autre visage que le sien lorsque j’ouvrirais les yeux.
Je m’allongeais sur la table d’opération et serrais fort sa main. Le médecin me fit une piqure et je m’endormis quelques secondes après.
***
Peu à peu ? les sensations me revenaient et je pris conscience que lorsque j’ouvrirais les yeux, je découvrirais enfin le visage de mon seul et unique amour.
« Avant que je n’ouvre les yeux, peut tu enfin me dire ton nom ?
-Tu est réveillée ! Je m’appelle… Liam…
-C’est magnifique… »
Lentement, très lentement j’ouvris les yeux et béait d’hébétude. Devant moi se trouvait un jeune garçon au cheveux brun et aux magnifiques yeux vert. Pourtant deux mois plutôt, ces yeux je les trouvait laid et terne. Je me rappelais avec précisions que la soirée où j’avais perdu la vue, il était venu m’avouer ses sentiments.
Liam eu un sourire contrit et me dit d’une petite voix.
« Je suppose que maintenant tu vas me haïr mais avant j’aimerais te poser une question même si je pense que la réponse est non. Veux-tu être ma petite amie Kira ? »
Je restais immobile, trop choquée pour bouger puis soudain je me jetais à son cou et l’embrassait fiévreusement. Il m’enlaça, surpris mais heureux et me rendit mon baiser. Les larmes roulèrent sur mes joues pendant que je comprenais que toute mon existence, j’avais été aveugle, dans le noir.
David342

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par David342 »

pas mal du tout, quoi que le style d'écriture est assez simple, mais c'est pas mal, bravo !
Micum

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par Micum »

Je propose ci-dessous ma participation de mars !
Espérant qu'elle plaise, Micum


Nous survolons à travers la tempête,
Avec nos puissantes ailes noires
Notre plumage porte notre immortel espoir.
Écartant fusils et avettes,

Née d’une plumandière de la géhenne,
Nous nous rassemblons en meute, telles des hyènes.
Jusqu’à ce que la force nous abonne,
Devant l’assembleur de nuages ou les nonnes.

Unité est force,
Force est puissance,
Le meilleur au meilleur,
Les corneilles prennent tout.

Lapidées par la douleur,
Partout nous réussissons avec aisance.

Illunées, notre plumage reflète la noirceur de nos mânes.
Pour nous, aucune dérade !
Nos ailes flagrent ces nuits de glace, insanes,
Allons sans nous retourner, passé vale !

Nous chassons les ronge-maille.
Les belles âmes liliales,
Se mussent sous la lame,
Les sylves perdent l’abri de Phebus.

Notre parcourt va, jamais ne s’arrête,
Notre victoire, leur défaite, c’est notre fête.
Toute sagette esquive nos têtes,
Tout bec trouve sa proie herbette.

Bientôt notre ombre inondera la Terre,
Inférence de l’errance,
Pource que le Noir recouvre la poussinière,
Apporte aux lampadaires éternels l’achevance.
Dernière modification par Micum le mar. 10 mars, 2020 6:21 pm, modifié 1 fois.
lacrystal

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par lacrystal »

Bonsoir ! Voici mon texte pour le concours
Bonne lecture :)

A tous ceux qui apportent de l'espoir dans ce monde, ce texte est pour vous.

Dans le noir


Dans le noir. Cela fait des années, que notre monde est plongé dans l'obscurité la plus complète.

Nous errons, sans nous parler. Parfois, il fait tellement noir qu'on peut rentrer dans une personne et en général, soit ça dégénère en bagarre, soit une des deux personnes reste au sol, tétanisée des représailles. Nous essayons de garder une vie normale, un travail, des loisirs, malgré la pénombre. Mais chacune de ces tâches est faite sans plaisir, sans sourire.

Nous errons, tête baissée, à essayer de distinguer où nous posons nos pieds. Les crimes sont devenus impunis, car c'est à peine si nous les voyons dans cette obscurité. L'espoir a peu à peu disparu, remplaçant les rires par de la peur constante.
Et moi, je suis là, dans cette marée humaine ou dans ce désert sans vie, comment le saurais-je ? Je ne les vois pas. Comme tout le monde, je marche, tête baissée, essayant de trouver mon chemin vers mon lieu de travail ou mon logement. Plus de chez-soi douillet, plus de belles robes d'été, juste un noir complet à longueur de journée.

Je marche tête baissée, dans une rue ou un pré, je ne saurais le dire. Je marche, sans but, sans joie, sans conviction. Et mon pied entre en contact avec quelque chose. Aveugle, je me penche pour le tâter. Mes doigts entrent en contact avec des cordes tendues. J'appuie dessus, mais ça ne fait rien. Je tire dessus, et la relâche. Un son cristallin perce le silence de l'environnement qui m'entoure. Surprise, je m'éloigne d'un pas. Mais la curiosité surpasse vite ma peur et je saisis l'objet entre mes mains. Je tire et relâche une autre corde. Un son, plus aigüe, perce à nouveau le silence, suivie d'une traînée de lumière. Je suis estomaquée. C'est la première fois de ma vie que j'aperçois de la lumière. Mes yeux ne sont pas certains de voir cette lumière, mais mon cœur, lui en est persuadé. Cette magnifique traînée de poussière lumineuse qui perce à travers l'obscurité ne peut être qu'une lumière.

Je pince une corde à nouveau, et une seconde traînée de lumière s'en échappe, éclairant l'objet avant de disparaître à nouveau. Pour la première fois de ma vie, un sourire se dessine sur mes lèvres et du plus profond de mon cœur, une petite sphère lumineuse en émerge et se pose sur ma poitrine, éclairant ce qui se trouve autour de moi. Au sol, là où j'ai trouvé cet étrange objet sonore, se trouve un petit bâton. Je m'en saisis et remarque une surface douce.

Me laissant entraîner par ce que souffle mon cœur, je pose le bâton sur les cordes de l'objet que j'ai coincé instinctivement entre mon épaule et mon menton. Je bouge la baguette, et des notes de musique retentissent, illuminant l'instrument avant de disparaître. Mais je veux plus, je veux que cette lumière reste, je ne veux plus vivre dans le noir. Alors je continue à bouger l'archet, et j'entends de la musique pour la première fois de ma vie. Elle semble entrer dans toutes les cellules de mon corps et guide chacun de mes mouvements. Bientôt, la lumière qui est apparue sur ma poitrine grossie et mes vêtements se colorent. Chacune des notes qui s 'échappent de l'instrument éclaire un peu plus longtemps ce qui m'entoure.
Comme par magie, je me mets à bouger en même temps que le violon me guide. Plus je joue, plus je danse, plus la lumière s'intensifie.

Une évidence me frappe. J'ai créé de la lumière. Assez de lumière pour percer l'obscurité dix mètres autour de moi. Des gens se retournent vers moi, et eux aussi, pour la première fois, relèvent leurs lèvres en un sourire. Et au fur et à mesure que les gens sourient, une lumière apparaît sur leurs poitrines.

Une chose formidable se produit, alors. Une personne se met à danser, créant assez de lumière pour qu'elle éclaire toute la rue autour de nous. Une autre aide quelqu'un qui est tombé au sol à se relever, créant assez de lumière pour éclairer le carrefour. Une troisième se met à chanter au son de mon violon, éclairant le quartier. Plus loin, un enfant donne son jouet à un autre qui semble en avoir plus besoin que lui, chassant l'obscurité de la ville. Et dans une autre ville, à la vue de cette lumière grandissante, une personne se met à conter des récits merveilleux, pleins de lumière et d'espoir, éclairant sa ville à son tour.

Dans tout le pays, des gens se mettent à combattre le crime, à faire rêver leurs amis en chantant, dansant, écrivant, des personnes aident d'autre en les soignant, ou parfois seulement en leur tenant la porte ouverte. Et chacun, nous nous mettons à créer de la lumière. Et plus jamais nous ne vivrons dans le noir.

A toi, le musicien, le chanteur, l'acteur, l'écrivain, la maman, le papa, l'ami toujours prêt à aider ton prochain, le professeur, le médecin, le militant pour les bonnes causes, toi, qui tient la porte ouverte pour aider la personne derrière toi, qui préfère donner que recevoir, et à tous les autres, merci de créer de l'espoir, merci de créer de la lumière.

Ensemble, nous illuminerons l'univers.
Dernière modification par lacrystal le sam. 14 mars, 2020 7:41 pm, modifié 2 fois.
BeeJu

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par BeeJu »

Bonjour, je souhaite participais à ce concour et j’ai donc écrit un petit quelque chose hier soir. Je me demande seulement s’il y a des règles (censure) sur certain style d'écriture peut être un peu Dark ?
sapho

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par sapho »

jujuequidu04 a écrit :Bonjour, je souhaite participais à ce concour et j’ai donc écrit un petit quelque chose hier soir. Je me demande seulement s’il y a des règles (censure) sur certain style d'écriture peut être un peu Dark ?
Les seules règles existantes sont celles énoncées dans le 1er message de x-Key.
Je pense que cette règle devrait répondre à ta question : "Tous les types de textes sont acceptés (fiction, histoire vraie, nouvelle, essai, en vers, en prose) du moment qu'ils collent au thème !"

Bonne journée :)
elenwe

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par elenwe »

Bonjour tout le monde, :)

Voilà ma participation pour Mars, bonne lecture :


Le vent hurlait. Il malmenait les branches des cimes, les buissons au ras du sol et l’ombre solitaire qui arpentait cette forêt décharnée.
L’homme n’était pas un trouillard, il ne se considérait pas comme quelqu’un de courageux non plus. Il était. C’était déjà quelque chose. Un début. Un début qui rapproche forcément de la fin. Il en était conscient. Dans cette nuit sans lune avec un ciel hivernal nuageux, il ne voyait rien. Pas qu’il y ait eu vraiment grand-chose à voir, mais savoir où il posait les pieds lui aurait apporté un semblant de réconfort. Un rempart contre la peur insidieuse qui rampait sous sa peau. Elle avait commencé à se nicher dans son cœur une paire de jours plus tôt. Il l’avait accueilli, car ce que ces années d’existence lui avaient appris c’est qu’on ne luttait pas contre sa venue. On l’acceptait, mais on se battait. On combattait contre soi. Tout comme on se dressait au milieu d’une tempête. Céder c’était la fin. La mort. Le noir.
Il avait apprécié le noir et la solitude toute sa vie. Il n’avait jamais eu de réelle compagnie, n’avait jamais ri, n’avait jamais aimé. Il était sur Terre. Il s’en contentait. À l’aboutissement de chaque journée, il avait l’impression d’avoir fait ce qui devait l’être, c’était presque un plaisir. Un sentiment d’équilibre. Mais cette périlleuse traversée mettait toute ses certitudes à l’épreuve et le forçait à raviser son jugement.
Le froid mordait sa chair et était presque aussi douloureux que le poids de cette solitude, de ce noir. Tout et n’importe quoi pouvaient être embusqués près de lui. Les bourrasques faisaient siffler les branches rendant son ouïe tout aussi inutile que sa vue. Il se demandait si c’était cela la mort, se perdre dans un dédale sans horizon, sans ciel, sans percevoir la vie. Seul. Une âme errante ébranlée qui en oubliait son objectif, qui en oubliait son passé. Une existence prête à s’effacer.
Dans le noir il franchissait tout ça. Il tremblait de trouille même s’il se jurerait que c’était à cause du froid.
Il avait déjà traversé ces bois dans ce qui lui paraissait une autre vie. Il était mercenaire alors et il s’était fait embaucher pour escorter une messagère. Une femme taciturne qui ne semblait pas ravie de sa présence. Il était jeune et présomptueux alors, il avait souhaité à chaque instant finir sa mission et ne plus supporter cette personne. Mais à l’heure actuelle, la coursière lui manquait.
Il y avait toutes sortes de monstres dans cette immensité d’arbres moribonds. Des animaux sauvages aussi, mais il n’avait eu d’autres choix que de foncer tête baissée, mal équipé dans cette folle fuite en avant.
Il avait tué un magistrat très haut placé et depuis sa tête était mise à prix. Une patrouille avec un excellent pisteur avait failli le coincer, alors il s’était résolu et avait pris le risque de se précipiter dans le Noirbois.
Des craquements le firent sursauter, il s’immobilisa avant de forcer l’allure, car danger ou non, rester statique en pleine nuit dans ce traquenard aurait signé son arrêt de mort.
Il avançait s’accrochant à des branches et à des ronces sans freiner. Les petites plaies le lançaient, mais il aurait pu bénir cette sensation qui le détournait de la terreur viscérale qui était en train de le gagner.
Il avait toujours eu un excellent instinct et si ce dernier s’était réveillé il était certain que ce n’était pas pour rien. Ses doigts serrant frénétiquement le manche d’un de ses poignards il fonçait droit devant.
D’autres bruits par-devers lui continuaient de se propager dans ce paysage de mort. Il était traqué et ce n’était pas humain. Et ça n’avait cure d’être discret. Dieu seul savait à quel point il aurait préféré que des hommes mènent la battue dont il était la proie.
L’intensité des sons se rapprocha, il perdu tout sang-froid et trébucha quelques fois. Jusqu’à ce qu’il n’ose plus bouger, des respirations profondes et roques se trouvaient tout autour de lui.
Il n’y voyait pas, mais il n’en avait pas besoin pour deviner que les bêtes étaient énormes. Un grondement sourd fit vibrer son corps. Ce dernier réagit instantanément : son cœur se mit à cogner beaucoup plus fort et sa vessie se relâcha.
La chaleur de son urine se dissipa rapidement et ajouta aux flots de mal-être qu’il ressentait. Il déglutit, le son se répercuta et rebondit dans l’espace en un écho infini. Avec ses ultimes bribes de courage, il tendit sa lame dans sa poigne tremblante… Et les monstres s’élancèrent.
La douleur éclata, déchirante et insupportable.
Vite remplacée par une obscurité chaude et rassurante. Il n’avait peut-être pas eu tant tort que ça en aimant le noir après tout.
Dernière modification par elenwe le mar. 07 avr., 2020 1:27 am, modifié 2 fois.
Alexia_Dan

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par Alexia_Dan »

Le visage dissimulé par la capuche noire qu'il portait, un homme s'enfonça dans l'obscurité. Il ne voyait rien malgré tous ses efforts pour percer les ténèbres. Pourtant, il ne s'éclairait pas. Il savait qu'allumer une lumière revenait à signer son arrêt de mort. Il avança donc en se fiant à son seul instinct.
Il arriva enfin à destination. La pièce était plongée dans l'obscurité mais, bizarrement, il arrivait à voir. Il se trouvait dans une pièce ronde aux parois de pierre. Au centre était dessiné un grand pentacle recouvrant l'intégralité du sol. L'homme commença à psalmodier doucement:
"Arra tan lu sir fa ad sorex mozac till"
Une autre personne apparut dans la pièce. Le Dieu n'était pas très grand mais il se dégageait de lui une puissance qui forçait le respect. Il était vêtu d'un manteau pourpre par-dessus une armure de combat. L'homme s'agenouilla aussitôt. Il n'y avait aucune peur dans ses gestes, seulement une sorte de soumission mêlés de détermination. Le Dieu posa ses yeux rouges sang sur lui.
"Lequel de mes serviteurs dois-je remercier pour ce court répit ? demanda-t-il.
-Liran, répondit l'homme. Liran Grimm."
L'homme enleva sa capuche. Un visage jeune, des yeux de la teinte d'un ciel d'orage et des cheveux bruns. Quiconque ne s'y connaissait pas en magie pouvait le prendre pour un apprenti mage. On ne pouvait pas leur en vouloir: les Adeptes, les mages vénérant Halass, le Dieu du Chaos avaient rarement des apparences aussi présentable.
"Fils de Morgyd Grimm, Gardien de la Magie Ancestrale, bénit par Célestus, affirma Halass. Que me vaut cette honneur ?
-Je demande votre bénédiction, annonça Liran. Je veux participer à votre Réveil."
Le Dieu éclata de rire. Le son se répercuta sur les murs de la caverne.
"Pourquoi donnerai-je ma bénédiction à un Grimm ?
-Je ne suis pas mon père, répondit calmement le mage. Je suis un mage noir, l'un des plus puissants d'après mes professeurs."
Halass le fixa quelques instant comme pour sonder son âme. Finalement il hocha la tête.
"Pardonne-moi, fils des ombres. J'étais trop concentré par ton sang pour voir ta puissance.
-Alors ?
-Je ne peux pas te donner ma bénédiction, pas avant d'avoir retrouvé des forces. Le sang doit couler.

Liran ne pensait pas revenir un jour dans cette maison, mais les instructions d'Halass était claire: il avait besoin d'un sacrifice. Quoi de mieux que le sang du plus puissant mage.
Il prit une profonde inspiration et entra. L'intérieur n'avait pas changé. Le salon ressemblait parfaitement à ses souvenirs. Dans un coin, assis sur un fauteuil, se tenait un vieil homme au visage ridé arborant les mêmes yeux d'orage que lui. Il se leva en l'entendant entrer.
"Liran ?
-Bonjour, Père."
Morgyd se leva pour l'examiner. Il le regarda longuement, son visage passant de la joie à un profond sentiment d'inquiétude teinté de déception.
"Tu es allé lui parler.
-Oui. Dès qu'il recevra un peu de sang, il me donnera sa bénédiction.
-Et je suppose que tu as déjà choisi ta cible.
-En effet."
Il se mit en position et commença son incantation quand un éclair l'envoya contre le mur. Il leva les yeux et vit son père, son bâton en main. Les cristaux qui flottaient autour du bout, tournoyaient doucement.
"Je peux encore me défendre, Fils. Tu n'as tout de même pas cru que je vais te laisser me tuer"
Liran ne répondit pas. Il lança une pluie de sorts vers son adversaire, incantant à toute vitesse. Le vieux mage les arrêta tous sauf le dernier. Celui-ci se retourna contre le lanceur et le jeune mage noir cogna de nouveau le mur.
"Après tout ce temps, tu canalises toujours ton énergie sur l'offensive, déclara Morgyd. C'est décevant."
Son fils lui lança un regard noir. Il détestait quand son père jouait les professeurs comme quand il était enfant. Puis, à court de sorts, il se jeta sur le Gardien, lui arracha son bâton et le lança plus loin. Celui-ci, surpris n'eût pas le temps de réagir.
"Très bien, Liran, tu m'as attrapé. Que comptes-tu faire à présent ? Si tu me tues, Célestus te détruira avant que tu puisses faire quoique se soit.
-Je n'étais jamais venu pour te tuer, Père. Ton sang sera parfaitement suffisant."
Sur ses mots, il sortit le couteau attaché à sa ceinture et le plongea de le bras de son père, lequel grimaça de douleur. La lame se teinta immédiatement de rouge.
"Ne fais pas ça, Liran. Tu peux encore changer de chemin. Ne t'engage pas sur la route des ténèbres, fit le Gardien."
Son fils eut un sourire sinistre.
"Tu es toujours aussi faible, déclara-t-il. Je ne suis pas idiot. Je sais que je n'aurai pas pu vaincre le Gardien de la Magie Ancestrale, qui est en plus bénit par le Dieu des Dieux, aussi facilement. Seulement tu refuses d'utiliser toutes tes capacités contre moi. Tu te retiens."
Le mage noir enfonça le couteau dans le sol pour que le sang pénètre dans le lieu où se trouvait son Dieu.
"Non !" s'écria son père.

La terre trembla. Morgyd entendit très distinctement la voix du Dieu du Chaos dans sa tête:
"C'est trop tard, vieillard, affirma-t-il. Il a choisi son camp, mon camp. Ton heure viendra."
Il accompagna ces dernières paroles par un rire:
"Bienvenue dans le noir !"
Et l'obscurité s'abattit sur la maison.
Dernière modification par Alexia_Dan le jeu. 19 mars, 2020 11:50 pm, modifié 3 fois.
Beille

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par Beille »

Alors voici.
Comment stupide et idiote ai-je pu être? Je m'appelle Beille et j'ai dix-sept ans. J'ai une longue chevelure brune, épaisse, soyeuse et lisse. J'ai les yeu bruns en amande, de longs cils, un petit nez et de belles lèvres pulpeuses. J'ai des trous aux orreilles et le seul bijou que je porte est des boucles d'oreilles en diamant, un cadeau de Noël offert par ma grand-mère maternelle. Je suis de courte taille et un peu grasouillette. Je suis une jeune fille économe, déterminée, musicale, persévérante, débrouillarde, réaliste, brillante, romantique et enthousiasme. Je me sens un peu vantarde, mais j'ai aussi des défauts. Je suis une personne qui n'a pas beaucoup de patience, qui manque de confiance en soi et qui est un peu paresseuse. Je suis née avec une maladie rare, le syndrome d'Alström. Dans le monde, il n'y a qu'un mille personnes qui ont cette maladie. C'est une maladie dont les symptômes varient beaucoup d'un cas à l'autre pouvant affecter plusieurs systèmes. Les symptômes qui peuvent être retrouvés sont une rétine pigmentaire à cônes, une obésité, une surdité de transition progressive, une cardiomyopathie dilatée, un diabète de type 2, un retard mental, des anomalies endocriniennes et une insuffisance rénale. J'ai une perte totale de vision depuis l'âge de six ans et une perte oditive depuis l'âge de huit ans, mais elle n'a pas progressé. Je vois des perceptions lumineuses, mais sinon c'est le noir. À quatorze ans, j'ai eu un gros coup de foudre pour un garçon, mais c'étais une histoire d'amour impossible et j'aurais dû le savoir dès le début. L'été suivant, j'ai fait un camp pour personne ayant une perte visuelle avec un garçon magnifique. Un jeune garçon de dix-sept ans qui est inquiet, car il est en douzième année et il ne sait pas encore ce qu'il veut faire de sa vie et qui est déprimé, car il ne peut pas avoir son permis de conduire, ce qui lui enlève toute son indépendance dans le village où il vit. Je ne savais pas pourquoi à cette époque, mais je sympathisais avec lui. J'étais amoureuse de lui, mais je ne le voyais pas, car j'étais trop aveuglée par celui dont notre histoire était impossible. Pendant l'année qui suivi, je pensais à mon ami ici et là. Je m'ennuyais de lui comme je me serais ennuyé d'un ami cher et je souhaitais le revoir l'été suivant. Je le revis au même camp que nous avions fait l'anéée précédente. Cette fois, je savais que j'étais amoureuse de lui, mais sortir avec lui désobéissait à la règle que je m'imposais. Ne pas sortir avec un garçon aveugle, car nous serons tous les deux dépendant dans une petite ville. Or, pendant ce camp, je m'amuse beaucoup avec lui. J'ai plus de plaisir que j'en ai eu dans toute la dernière année. Il me fait rire avec ses imitations d'autrui, il me donne de petits noms, il me fait faire des folies, n'importe quoi pour avoir du plaisir. Ce que j'aime tant chez lui, c'est qu'il est capable de rire et d'avoir du plaisir, mais il est aussi capable d'être sérieux quand il le faut. Après avoir bien réfléchi, je pense que je voulais lui dire que pour moi il était plus qu'un ami. L'avant-dernière journée du camps, il a dit qu'il allait se laver. Quand il a dit cela, j'étais dans la lune et je ne l'écoutais qu'à moitié. j'ai simplement compris qu'il allait en quelque part, mais je n'ai pas compris où il allait, alors j'ai dis que j'allais avec lui. Une situation très embarassante, mais bon. Je pense que cela veut dire beaucoup de choses, car j'étais prête à le suivre presque n'importe où, mais certainement pas dans sa douche. Dans ces camps, nous avions la permission d'aller prendre une marche dans les allentours du camp à condition que nous ne soyons pas seul et que nous avertissions les monitrices. Je pense que s'il m'avait proposé d,y aller ce jour-là, je lui aurais enfin avoué mes sentiments, mais nous ne nous sommes pas retrovés seule à seul ou avec peu d'autre gens autour de nous du reste du camp et je n'ai pas eu le courrage de rien dire. Je n'ai pas ses coordonées et je ne sais même pas ce qu'il est devenu. Aujourd'hui j'ai dix-sept ans. Cela fait un an et huit mois que je ne l'ai pas vu. Je suis toujours amoureuse de lui. J'ai fait un camp il y a sept mois et il n'y était pas. Nous somes censés avoir un camp dans deux mois, mais avec le Coronavirus, il se pourait que se soit anulé. Je me croise les doigts pour que ce camp ne soit pas annulé et pour qu'il y soit. Si jamais je le revois, que j'éprouve encore ces sentiments pour lui et que je suis encore célibataire, je lui avouerai les sentiments que j'éprouve à son égard pour qu'il me délivre du noir dans lequel je suis à présent.
lilicecilie

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par lilicecilie »

Voici ma participation pour ce mois-ci ! J'espère qu'il sera à la hauteur:)

La première sensation qui me vient, la première pensée qui me traverse l’esprit, est que j’ai froid, totalement froid, si froid que je n’arrive pas à bouger mes jambes, lever les mains ou même ouvrir les yeux. De nombreuses images surgissent dans le brouillard qui encombre mon cerveau… Du sang, des visages, des cris, un trou noir…
Un frisson me parcourt le corps et j’ouvre brusquement les yeux, sur une pièce sombre et vide, où ma respiration est le seul et unique bruit. Je recule et heurte un mur, assez violemment pour retomber sur le béton gelé qui accueille mon corps pétrifié et gelé. Mon arcade me lance et me fait tourner la tête tandis que j’essaye de m’adapter à l’obscurité ambiante.
Après quelques secondes à ouvrir et fermer les paupières, j’aperçois enfin les coins de la pièce, qui est, maintenant que je peux le distinguer, dépourvue de meuble ou de fenêtre. Seule une porte en acier décore le mur en face de moi.
Mon corps rampe sur le sol, lentement, douloureusement, s’aplatit complètement pour laisser mes yeux tenter de voir en dessous de cette mystérieuse porte. Sans résultat, il y fait aussi noir que là où je suis. Je reste de nombreuses minutes comme ça, affalée sur le béton froid, sans savoir ce que je suis censée faire. Crier ou pleurer ne servirait à rien, je n’entends même pas de bruit de voitures, s’il est intelligent il m’a sûrement emmené le plus loin possible de la ville.
Je n’arrive pas à croire que j’ai réussi à me laisser berner aussi facilement par son jeu d’acteur, que j’ai réussi à gober ses mensonges, toutes ses belles paroles… Ou alors je voulais y croire, au-delà de ce que ma conscience me hurlait lorsqu’il m’a assuré qu’il était désolé. Mais maintenant, je ne ressens plus que de la haine, enfermée dans cette putain de pièce plongée dans le noir complet, et j’ai juste envie de lui écraser mon poing dans sa sale tête de traître.
Je retourne dans le coin au fond de la pièce, en essayant tant bien que mal de tirer le tee-shirt qui me couvre la poitrine sur mes cuisses. Ce salaud m’a même déshabillé !
C’est peut-être la rage qui m’habite qui me fait pleurer actuellement. J’ai l’impression de cracher toute l’eau de mon corps, avant de sombrer à nouveau dans le néant.

La tête qui tourne. Le sol froid. La porte qui me nargue. La bouche pâteuse et les yeux en feu. Le corps toujours aussi gelé.
Tu ne peux pas sortir. Tu vas rester croupir ici. N’attends pas qu’il revienne. Tu ne comptes même pas un peu pour lui.
C’est faux… Il m’a dit qu’il m’aimait !
Puis il a compris qui tu étais vraiment. Ce que tu valais. Tu n’es qu’une moins que rien qui ne mérite qu’une mort lente et douloureuse. Tu vas dépérir lentement et ton cadavre se décomposera dans cette pièce. Et personne, surtout pas lui, ne s’en souciera.
LA FERME !!!!!!
J’ouvre les yeux et pendant un instant je suis chez moi, sur le tapis devant la cheminée, avec ma mère et les deux chiens que l’on avait. On est heureuse, on est vivantes, ensemble. Et l’instant d’après je suis à nouveau dans cette pièce sombre et froide, qui sera bientôt mon tombeau.
Qui l’est peut-être déjà.
charly09

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par charly09 »

Dans le noir

D’abord, renoncer à la lumière.

Ce faisceau timide qui s’agite, croit guider nos pas… il prend toute l’attention, et ne permet ni à l’œil, ni à l’esprit de s’en affranchir pour appréhender l’espace autrement. Eteindre la torche. Poser un premier pas hésitant, avec ce fond d’angoisse, s’accrocher à des repères qu’on a perdus. Sur quel caillou, quelle flaque, quel obstacle ? J’ai peur de butter, de tomber, de me perdre peut-être ?

Eteindre la torche. Se poser. Respirer.

Découvrir que la nuit n’est jamais noire. Respirer. Le temps pour l’œil de s’adapter à un autre regard. Ecouter. Il y a la lune, les étoiles. Une chouette qui hulule, un grognement peut-être, des frissons dans l’air et dans l’herbe qui m’inquiètent un peu. Mais la brise est légère, douce, à peine fraîche. Vivifiante. Rassurante.

La terre cède un peu sous mon poids, je sens son grain qui s’échappe ; une branche s’agrippe à mon pied, me délivre au second pas. J’avance mal assurée peut-être, et je lâche prise. Est-ce si grave si je m’éclabousse ? ce point sombre un peu plus, je l’évite. Maintenant je devine le monde dans ses contrastes, la pénombre dessine des formes qui se précisent. Je ne cherche plus à reconnaître les arbres, je les sens autour de moi. Je ne regarde pas le sentier, j’avance. Mon pas se fait léger, je n’ai pas besoin de porter la vue sur l’horizon. Simplement poursuivre ma route. Un caillou roule sous mon pied, qu’importe. Chacun suit son chemin ! Si ma cheville se tord à peine, d’un petit bond gracieux je la libère et j’avance. Je découvre que la course est un moment en suspens… là où le regard préparait à la chute, mon ignorance confiante me permet de sauter d’un pas sur l’autre : je ne trébuche plus, je vole un instant et me pose pour rebondir et courir au pas suivant. La fraîcheur du soir est tombée et je presse mon pas, peut-être un peu plus quand je crois discerner comme en écho une course discrète, du bois qui craque, une forme rapide qui traverse loin de moi, la caresse d’un flanc indistinct dans la broussaille. Mais j’ai ma propre lumière qui me guide et j’avance. Je sais que je ne risque rien.

Comme les bêtes je me fonds dans l’obscurité et m’efface ; et chacun suit sa route et m’évite.

Une lampe m’aurait ralentie : j’aurais cherché à regarder, à reconnaître. Je me serais accrochée à des paysages que je n’aurais pas pu voir. J’aurai vérifié chaque écueil sur le chemin pour l’éviter. Mais la vue s’adapte pour faire confiance à mon pied qui s’assure dans l’ombre, se plie au terrain, le devine, le dépasse. Il s’accommode de cette incertitude et invente son propre chemin. Il emprunte peut-être un passage que sa vue aurait ignoré. Sans peur.

Puis je retrouve la lumière. Le village éclairé à la sortie du petit bois. J’accélère, je cours, je fuis presque pour m’enfermer derrière une porte close. Je m’essouffle. Avec la lumière je retrouve mes habitudes, mes certitudes, mes terreurs nocturnes… Curieux paradoxe.

Peut-être faut-il parfois renoncer à la lumière qui nous aveugle, expérimenter d’autre voies pour ouvrir enfin les yeux sur une autre pensée, pour s’ouvrir au monde. Je ne sais pas.


Charly, Mars 2020
lilou-lilou

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par lilou-lilou »

bonjour à tous, voici mon petit texte.

Avancer dans cet univers inconnu,
à tâtons, mains tendues
s'agiter, se poser
improviser.
Avancer lentement ou en criant
ou les deux, ma foi
pourquoi pas
éviter les pièges,
savoir jongler entre
le jour, la nuit
lorsque plus rien n'est permis
que nos frontières sont redéfinies.
C'est la peur qui nous colle
à la peau
nous entame, nous entaille,
C'est le rêve enfoui
qui revient à petits pas
chuchoter à l'oreille.
Je suis dans le noir
Si je ne pose mon regard
qu'à l'extérieur.
normalement

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par normalement »

Le ciel n'avait pas été aussi limpide depuis bien longtemps. Il fallait qu'elle en profite. Cela faisait six mois qu'elle n'avait pas eut de weekend de libre, bien trop occupée par ses études et son travail. Béryl savait depuis des semaines ce qu'elle ferait de ces deux jours de liberté : elle partirait dans la montagne faire une grande randonnée. Elle aurait de la route à faire, elle le savait. Mais cela ne la dérangeait pas : depuis qu'elle avait eu son permis, elle se languissait de prendre la route, de partir à l'aventure. Elle avait soigneusement préparé son sac : une toile de tente, quelques vêtements de rechange pour parer au temps changeant de la montagne et de quoi se nourrir deux jours durant, complètement seule, au milieu de nul part.
C'est ce qu'elle recherchait : la solitude. S'éloigner du monde de la ville, du bruit de la route et de l'aide des autres. Béryl voulait se mettre à l'épreuve. Elle voulait se prouver qu'elle était capable de se débrouiller seule, sans l'aide de ses parents, de ses frères ou de ses amis.
Ce weekend lui servirait également d'entrainement pour son projet estival : partir trois semaines en totale autonomie dans les montagnes norvégiennes. C'était un rêve d'enfance : contempler le soleil se lever au dessus des paysages scandinaves. Le projet était presque terminé et Béryl se languissait de partir là-bas.
Pour l'instant, elle chantait à tue-tête dans sa voiture. Elle était presque arrivée à destination. Béryl s'engageait désormais sur de petites routes traversant des villages éloignés où personne ne venait hors saison. La route longeait le flanc de la montagne, littéralement creusée dans la roche.
La jeune fille ralentit : il vallait mieux être prudente sur ces routes étroites. Elle baissa le volume de la musique pour mieux se concentrer sur les lacets du bitume.
Au détour d'un virage, Béryl apercut un tunnel plus loin sur la route. Pas d'autre véhicule à l'horizon. Tant mieux : cela la rendait nerveuse de devoir croiser une autre voiture sur ce type d'itinéraire.
La jeune fille continua doucement, prenant garde de garder sa trajectoire. Elle apercut brièvement une pancarte indiquant sa destination «  Lac de Trohay - 3km ». Bientot arrivé !
Béryl approchait du tunnel : il était plus long de ce qu'elle avait imaginée. A peine à l'intérieur, elle fut engloutit par la roche sombre de la montagne. Il faisait parfaitement noir. Elle alluma ses phares et guetta la lumière au bout du tunnel. Elle commencait à avoir mal aux jambes : bientôt deux heures qu'elle conduisait. Elle avait hâte de sortir de cet habitacle pour profiter du grand air.

Béryl ne reverra pas la lumière du jour. Elle ne profitera pas du soleil printanier en sortant de sa voiture tout comme elle ne verra pas le lac de Trohay. Elle ne contemplera jamais l'aube se lever sur les crêtes des montagnes norvégiennees.
Béryl restera à jamais dans le noir. Ses phares furent brusquement détruit par le chhoc. Elle ne vit rien. Elle entendit cependant. D'abord le bruit du métal contre le métal puis, du métal contre la roche.
Ensuite elle ressentit. Une vive douleur. Bien trop vive pour hurler, bien trop vive pour être supportée. Béryl se laissa engloutir par les ténèbres. Elles lui promettaient du calme, de la douceur. Elles lui promettaient la chaleur du soleil printanier et la caresse de la brise dans ses cheveux. Avec elles venaient les aventures comme Béryl en avait toujours révée.
Elle ne ressenti plus rien. Elle n'entendit plus rien, ne vit plus rien. Béryl délaissa la lumière du bout du tunnel, une promesse jamais honorée pour s'offrir aux accueillantes proposition des ténèbres.
Dernière modification par normalement le lun. 30 mars, 2020 12:23 am, modifié 1 fois.
viaoli

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par viaoli »

Dans le noir


Hey salut! Moi c'est Cate' et bienvenu dans mon monde! Ici c'est le noir absolu et je suis complètement seule! En fait, je suis dans le coma... Et ça fait un moment que ça dure, j'ai arrêté d'essayer de compter quand j'ai entendu que ça faisait une semaine et que j'avais loupé la sortie du nouvel opus de "Cœur ensanglanté" au cinéma. Pourtant je l'attendais avec impatience avant mon accident. Mais bon c'est la vie... Enfin je ne sais pas tout à fait si je suis encore en vie dans cet endroit bizarre. Vous voyez quand je touche là, je ressens quelque chose sous mes doigts mais la surface ne se froisse pas. Mais qu'est ce que je m'ennuie!
Ah attendez... Chut taisez-vous, j'ai une visite! Les questions ça sera pour plus tard!
Un bruit de porte qui claque se fait entendre, des pas léger se déplace dans la pièce.
Je sais qui sait! C'est Bleu...
Une voix féminine se fit entendre.
- Bonjour, ma chérie. Je sais que je suis en retard, excuse moi... Il y avait beaucoup de monde sur la route et j'ai eu du mal à trouver une place de parking. Je t'ai acheté un nouveau pull, un comme tu les aimes. Je sais que tu as souvent froid ici alors je me suis dit qu'il te plairait...
La voix continua de parler pendant un court instant puis ne se fit plus entendre.
Pourquoi tu l'appelles Bleu ?
Parce que c'est la couleur dont je la vois... Elle apparaît et disparaît à chaque fois que j'entends sa voix. Cate' semblait moins gaie depuis que Bleu ne parlait plus. Je ne sais plus son prénom... Mais elle vient souvent et je sens au fond, elle avait posé sa main sur son coeur, juste là que je l'aime beaucoup. Quand je l'entends, je suis toujours heureuse puis quand elle se tait... Tout est triste.
Et moi de quelle couleur je suis ?
Toi tu es Orange... C'est beau Orange c'est chaud comme... un coucher de soleil. Avec toi, je me s...
Des petits pas mi-sautillant mi-traînant traversèrent la pièce. Un sourire tendre se plaqua sur le visage de notre hôte.
Oh Rose! Regarde c'est Rose qui est venu! Ça faisait longtemps!
Rose mâchouillait en parlant.
- Chalut, t'as toujours pas bouché! Fauchdrait pencher à arrêter de faire la belle au bois dormancht!
Bleu rouspéta gentiment Rose.
- Soit gentil avec ta sœur! C'est pas comme ça que tu vas lui donner envie de se réveiller!
- Chi elle che réveille pas demain, je pourrais récupérer son caméschope? Dit oui Maman cheu te plaît!
- Tu entends ça ? Si tu te réveilles pas demain c'est lui qui l'aura! Alors t'as intérêt de te réveiller!
- Nonch continue à dormir!
La conversation se poursuivis, ils finirent par souhaiter une bonne nuit à Cate' et se turent.
Comme j'aimerais pouvoir leur répondre... Si tu savais. Je crois qu'ils me manquent, leur visage... je ne sais plus à quoi ils ressemblent.
Parfois, j'ai des flash de mon accident... Il me hante. Je revois quelqu'un dans la voiture avec moi, il n'a pas de couleur. Il ne parle pas, non plus... Je sens que je resterai ici tant que je ne saurai pas... pas ce qu'il s'est passé ce soir là.
Qu'est ce que tu vois, dans ces ... flashs?
Je vois une forme. Je vois Transparent, j'entends mon rire. A cet instant, je sais que je le regarde...
La porte claqua avec force les pas étaient précipités. Cate' senti une pression sur son épaule, elle y porta sa main et l'agrippa de toutes ses forces en grimaçant.
N'écoute pas ce que va dire Rouge! N'écoute pas!
- J'espère que tu vas bientôt crever! Sale garce!
Non, non, non.... Ne dis pas ça! Pourquoi tu dis toujours ça! Qu'est ce que je t'ai fais de mal?
Elle commença à pleurer à chaude larme.
- Tout ça c'est de ta faute! T'aurais dû crever aussi! Vous formez la paire, bande de sale faux cul!
Cate' regarde moi! Concentre toi sur moi!
Je n'ai pas fait exprès... Je ne voulais pas... Pardonne-moi...
- T'as intérêt de jamais te réveiller!
Le silence s'installa puis des pas lourd rejoignirent Rouge
Cate' lâcha dans un murmure Vert...
-Merci d'être venue... Il vaut mieux que tu t'en ailles maintenant. Je pense que c'est dur pour toi aussi... même si tu tiens à elle vaut mieux que tu te reposes Caterina.
- Courage à vous Monsieur Pierston... Ça m'a fait plaisir de la voir un peu... Rouge avait pris une voix douce pour lui répondre.
Rouge s'appelle Caterina?
Cate' avait les yeux exorbités, sa bouche formait un O interloqué.
Alors Cate' n'est pas mon prénom. Mais qui suis-je alors ?
Elle sentie quelque chose touché délicatement son front.
- Ma puce ce n'est pas de ta faute, tu sais. Tu n'y es pour rien. Revient parmi nous ma chérie. Ma chérie, ici personne ne t'en veux! Je ne suis pas fâchée, on veut juste que tu reviennes à la maison... sa voix flancha à ces mots.
Quelque chose d'humide toucha son visage, elle voulu l'essuyer mais ne réussit qu'à étendre la main.
- Oui c'est papa...Continue à te battre, tu vas y arriver... Tu vas t'en sortir. Les médecins disent que tu nous entends que ça peut t'aider. Alors, je t'en prie et je te le demande... Réveille toi que je puisse réentendre ton rire.
Elle avait fermé les yeux. Elle voulait s'imprégner de ces mots. Elle aurait voulu avoir sa force et sa détermination.
C'est drôle, en fait je crois que j'ai peur d'ouvrir les yeux de nouveau. De revenir dans leur monde, de comprendre... Ici c'est comme un rêve... C'est noir mais pas effrayant, ça me rassure presque. Après tout le noir c'est une couleur comme les autres...
Amok66

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par Amok66 »

Mon sommeil s'interrompt brutalement. J'ai entendu un bruit. Mes yeux s'ouvrent en grand. Mes pupilles se dilatent. Mon instinct de survie prend le dessus. Le noir est total dans la pièce, impossible d'y voir quoi que ce soit. Quelle heure est-il ? Quel jour sommes nous ? Je n'en sais rien. Depuis le temps que dure le confinement, j'ai perdu tous mes repères. L'épidémie n'était pas le pire, le pire était ce qui allait suivre. Je n'étais pas préparé à ça. Me voilà cloîtré dans ma chambre, seul, dans le noir, et j'ai peur. J'ai peur parce que je pense qu'ils savent que je suis là. Ils m'ont trouvé.
Je peux apercevoir de la lumière sous la porte. Une ombre traverse la lumière, puis une autre. Cette fois c'est sûr, ils sont là. Je me cache entièrement sous la couette. Je me met en position fœtale. Je ferme les yeux de toute mes forces, comme si ça allait les faire disparaître. J'entends de légers bruits, comme des chuchotements. Je prie pour qu'ils n'essaient pas d'entrer. Soudain, une sonnerie retentit. Je me jette vers la table de nuit pour éteindre le réveil de mon téléphone.
« Merde ! Merde ! Merde ! Quel con ! J'ai oublié d'éteindre ce putain de réveil ! »
Je me cogne le front du poing en m'insultant en silence. Mon regard se tourne à nouveau vers la porte. Je commence à distinguer la poignée dans la pénombre. Je crois qu'elle bouge. Tétanisé, je la vois se baisser lentement. Le grincement du ressort de la poignée m'électrise soudain. Je me jette à nouveau sous la couette. Surtout ne pas bouger, retenir sa respiration, rester calme, tenter de disparaître...
J'entends la porte s'ouvrir. Des pas. Ils s'approchent de moi. Lentement, la couette se soulève. L'obscurité dans laquelle je m'étais réfugié disparaît et laisse place à une clarté éblouissante. Je peine à distinguer leurs visages. L'un d'eux prend la parole.
- Papa il est 9h46 tu nous fais le petit déj ?
Merde. Ils m'ont trouvé.
charly09

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par charly09 »

:lol: :lol: :lol: C''est dur le confinement avec les gosses, Amok66 ?
LovelyGinny

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par LovelyGinny »

Dans le noir

Il y eu d’abord un bruit, à peine perceptible. Puis une odeur, légère, familière. Enfin une sensation, celle d’être, non pas observée, mais attendue. Mes yeux sont hermétiquement clos mais je sais que je ne suis pas seule.
La branche du chêne, trop près de la maison, griffe les murs en pierre. L’air de la campagne s’engouffre dans la chambre. Les draps, légèrement râpeux, de ma mère me grattent. Je me retourne et je l’entends :

- Rendors toi.

La voix me tire définitivement du sommeil. Tous mes sens sont en alerte. Il y a quelqu’un, quelqu’un qui ne devrait pas être là. Pourtant je ne suis pas effrayée. Simplement curieuse.
Je me redresse. Il faut que je sache, que j’en ai le cœur net.

- Non, ne bouge pas. Tu es en sécurité ici.

Je n’écoute pas. Je ne me sens pas en danger. Je repousse les draps et me lève. Le bois du parquet est chaud sous mes pieds et légèrement rugueux. Une chouette hulule dans le lointain et couvre le cliquetis du loquet lorsque j’ouvre la porte.
La lune, jouant à cache cache avec les nuages, ne suffit pas à éclairer mes pas. Mais peu importe. Je connais par cœur chaque recoin de cette maison. Mon esprit voit ce que mes yeux ne peuvent discerner.
Ma main trouve sans mal la rampe d’escalier et je descends les marches une à une. J’atteins le salon et me dirige vers l’entrée. Je sais que la réponse est là, tout près.

- Ne sors pas, tu sais que c’est dangereux dehors.

Dehors… Je sais ce qu’il y a dehors. Le jardin de mes parents. Et plus loin, la campagne dans laquelle j’ai grandi. Aucun danger là dedans.
J’ignore la mise en garde. J’ouvre la porte et traverse la terrasse puis le jardin. L’herbe est fraîche sous mes pieds et légèrement humide. Chaque parfum, pourtant si familier, est une découverte. Je me gorge de cette nature si vivante, si apaisante. Mais je ne dois pas m’attarder, je sais que j’ai encore du chemin à parcourir avant d’arriver au but. Je passe le portail et emprunte le sentier qui mène en contrebas.

- Pourquoi tu fais ça ? Tu ne comprends donc pas ?

Non, je ne comprends pas, effectivement. Je sais juste qu’il faut que je le fasse. J’en ai besoin. Et après tout, ce n’est pas la première fois, n’est ce pas ?
Le gravier sur le chemin me blesse les pieds mais je ne m’arrête pas. Le but du trajet est au bout du chemin, je dois continuer coûte que coûte.

- Fais demi-tour, tu sais bien où tout ça va te mener. Tu ne pourras pas en revenir.

La voix finit par m’agacer. Je sais parfaitement où je vais, je n’ai pas peur. Plus maintenant.
Je quitte le chemin anguleux et traverse un champ bordé de coquelicots. J’y suis presque. Je devine la bordure des arbres dans le lointain et je commence à percevoir le clapotis de la rivière. L’excitation me fait accélérer le pas. C’est là que je dois aller.
Alors que j’atteins la rive, je ralentis enfin, comme intimidée d’arriver enfin à ma destination.

- Approche, maintenant que tu es là.

Je ne vois rien. La nuit est d’un noir d’encre. Je m’approche de la rivière jusqu’à sentir l’eau glaciale sur mes orteils. Je m’accroupis doucement, me penche en avant. Je la vois enfin. Au travers de l’eau, une petite fille me regarder. Ses cheveux châtains foncées sont similaires aux miens. Nous partageons le même menton volontaire, le même nez fin et droit, et ces yeux... Nos yeux. Des yeux qui posent sur moi un regard sévère.

- Tu ne m’as pas écoutée. Tu es sortie. Et te revoilà ici. Comment vas-tu rentrer maintenant ?
- A tout hasard, je dirais... en rebroussant chemin…
- Tu es vraiment très drôle. Moi, ça ne m’amuse pas. Qui va venir t’aider maintenant ?
- Je suis une adulte, je n’ai pas besoin d’aide, je sais me débrouiller.
- Mais moi j’ai peur, me répond le visage buté.

Je ris doucement. Cette peur, je la connais, je me souviens de cette scène. J’étais sortie en pleine nuit pour descendre à la rivière, persuadée qu’en pleine nuit, j’y trouverais des fées. Arrivée à destination, la déception avait précédée la peur. Pas de fée, et aucune chance de retrouver mon chemin seule dans le noir. Mes pleurs ne s’étaient taris qu’à l’arrivée de ma mère, aussi effrayée que moi de me trouver dehors. C’était sans doute l’une des aventures les plus effrayantes de ma vie d’enfant !

- Tu as peur parce que tu es une enfant, tu as peur parce que tu crois que tu ne peux pas y arriver seule, que tu auras toujours besoin d’elle. Mais tu ne sais pas encore qu’elle sera toujours là, avec toi.
- C’est pas vrai, tu mens, elle est partie…

Et c’était vrai, d’une certaine manière… Deux ans plus tôt, le cancer avait eu raison d’elle et la femme que j’étais devenue croyait ne jamais pouvoir se remettre d’une telle perte. Jusqu’à aujourd’hui.
Un immense sentiment de reconnaissance grandit en moi. Alors que je vois des larmes apparaître dans les yeux effrayés de la fillette, je sens des larmes de joie et de gratitude couler sur mes joues.
Le désespoir semble l’anéantir. Je comprends sa douleur, son désarroi. J’ai ressenti tout cela quand elle est partie. Aujourd’hui seulement je me rends compte qu’elle ne m’a jamais quittée.

- Un jour, elle s'en rendra compte aussi.

Je me redresse brusquement. Elle est là, à mon coté, comme elle l’a toujours été.

- Maman…

Je sais que c’est impossible. Elle ne peut pas être là, cela ne peut pas être réel. Mais soudain je comprends qu’elle n’est pas là pour moi, mais pour la petite fille que j’étais et qui a encore tellement besoin d’elle.

Elle me sourit, heureuse que je comprenne enfin que je suis arrivée au bout de ma quête. Son visage s’efface doucement. Puis le sentier, le clapotis de l’eau, l’ombre des arbres. Je me tourne vers la petite fille mais je ne vois que mon reflet dans l’eau qui peu à peu disparaît lui aussi.

Je me réveille brusquement. Il fait noir.
quoi-de-neuf-docteur

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par quoi-de-neuf-docteur »

Bonjour,
Voici ma participation pour ce mois-ci.

Dans le noir.

Ce matin je me suis réveillée.
J'ai câliné en jaune-orangé mon labrador Uskha. Je me suis douchée en bleu, lavée en blanc et habillée en marron.
Puis, Uskha et moi avons mangé en pourpre pour enfin partir en beige.
Mais pendant tout ce temps, il faisait noir.

Nous sommes toutes deux montées dans le bus en orange, puis dans le tramway en sanguine.
Finalement, c'est en bleu azur que nous arrivons à "l'école".
Il fait toujours noir.

J'ai dit bonjour à Tim en jaune citron et à Lilly en rose pâle.
Enfin, en épicéa, assise à mon bureau, j'ai attendu que les "élèves" arrivent.
J'ai entendu leurs pas se rapprocher chacun sa couleur, quelques variations en fonction de l'humeur. Gris pour Antoine, le nouveau. Bleu marine pour Sébastien, toujours serein. Magenta pour Emma pour elle c'est l'occasion de revoir Sylvain qui arrivait amoureux en jaune d'or. Et enfin kaki pour Elise qui restait mitigée entre me détester ou m'apprécier. Bien, ils étaient tous là.
Et eux aussi, ils vivent dans le noir.

Ma mission est de leur apprendre à accepter leur nouvelle condition dans chaque geste du quotidien.
Je m'appelle Eleonore, je suis aveugle depuis 10 ans maintenant.
En quelques semaine, je suis passée d'un monde plein de formes et de couleurs à un monde fait de textures, de sons, d'odeurs et de goûts aussi variés qu'inattendus.
Je vis dans le noir mais mes sens font renaître les nuances et les silhouettes qu'à l'époque, je pensais perdues.

Mon métier : apprendre aux "nouveaux" à vivre avec leur cécité. A renouveler leur mode de vie en se servant d'autres sens que la vue pour discerner le jaune du rouge, le plastique du PVC etc...
Mon but : leur apprendre à aimer leur canne et leur chien d'aveugle. Leur apprendre toutes les astuces que Tim, Lilly et moi avons trouvé pour nous simplifier la vie.
J'ai envie de leur montrer que vivre dans le noir n'est pas vivre sans espoir.
Roxane10th

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par Roxane10th »

Hello !!!

Voici ma participation pour ce mois-ci !

Rêve éternelle :


Depuis que je suis toute petite, j’ai peur du noir, et surtout je redoute l’heure d’aller me coucher. De ce fait, je suis donc sujette a beaucoup d’insomnie, et je retard sans cesse le moment d’aller au lit. Et malgré mes 28 ans, je dors encore avec une petite veilleuse en forme de lapin.

La raison est assez simple : Toute les nuits, je fais le même cauchemar :

Je suis dans ma chambre, et tout est beau et coloré, la lumière du jour illumine toute la pièce. Puis, tout à coup, sans que rien ne laisse l’envisager : Le soleil disparaît tout d’un coup. Faisant place à une obscurité morbide.
Je cours alors vers l’interrupteur pour allumer la lumière : rien. Je martèle tout les interrupteurs et lampes de la pièce : rien y fait : Je suis prisonnière de l’obscurité. Je vais alors à la fenêtre, pour au moins essayer d’avoir la douce lumière de la lune. Elle n’est même pas dans le ciel, ni aucune étoile d’ailleurs : Rien d’autre qu’une noirceur glaçante.

Je quitte alors ma chambre essayant de trouver une quelconque source de lumière, tandis que mon pouls s’accélère, à tel point que je pourrait sentir mon cœur s’arracher à ma poitrine. Au moins, je pourrais me réveiller. D’Ailleurs, les rares fois où je réalise que ce n’est qu’un cauchemar, je n’arrive ni à le modifier, ni à m’en échapper. Je dois attendre, patiemment qu’il s’arrête de lui même.


Je vais dans toute les pièces, et tente d’allumer toute les lumières, toujours rien. Je n’arrive pas à avoir de clarté. Pourtant, étrangement, j’arrive à voir ce qu’il y a autour de moi. La magie de la nuit peut être ?
Je me dirige alors vers ma cuisine, et prend un briquet, ou une boite d’allumette, pour au moins crée une source de chaleur de lumière. Tenter en vains de me battre contre cette noirceur terrifiante.

C’est alors que je l’entends. Cette voix. Cette horrible voix. Une voix grave et rocailleuse, qui se voudrait rassurante, et qui pourtant, me donne des frissons à chaque syllabes

« Tu ne m’échapperas jamais. Tu ne pourras jamais me fuir. Tu es à moi. Peu importe ce que tu feras, tu seras toujours à moi. Je serais toujours là. Et ta réalité ne te sauvera pas. »

« Ta réalité ne te sauvera pas. » Ce morceau de phrase, en plus d’animé des cauchemars, hante mes jours depuis des années. Sans que je n’ose me l’avouer vraiment.


Sa voix résonne en moi comme une mélodie apocalyptique. Et j’ai beau fuir de la maison, de l’appartement, de la vielle même parfois, elle toujours là. Sa source est dans ma tête.

Au début, je ne pouvait pas voir à quoi ressemblait le propriétaire de cette voix. Au fond de moi, j’était persuadée que c’était celle d’un démon. Puis, toujours pendant l’un de ces horribles cauchemars, j’ai couru dans ma salle de bain, pour me prostré devant notre grand miroir. Ce que je vis me glaça le sang : En plus de voir mon visage et ensanglanté et a moitié brulé, je vis le démon qui me suivait depuis tant de nuits : Il n’était en réalité qu’une masse noire. Informe et semblant lointaine, comme enfumée. Et dans cette masse, se distinguait malgré tout deux grand yeux blanc, et un sourire carnassier tout aussi pâle.
J’avais alors poussé un cri d’effrois, avant de me réveiller, ou du moins avant de passer à la seconde partie de mon rêve, qui est pour moi, la partie la plus angoissante :

Je me réveille donc, attablé dans une grande salle à manger que je ne reconnais pas, mais qui est tout aussi lugubre que le reste de mon rêve. L’obscurité règne dans toute la pièce, éclairé simplement et faiblement par la mince lueur des bougies mis sur la table. Tout les gens que j’aimes sont présents. Nous soupons tous ensemble, quand je vois ma grand mère tomber lourdement sur la table.
Aucune autre personne autour de la table ne semble s’en préoccupé à part moi, et lorsque je tente de faire une remarque, les autres m’ignorent, ou change de sujet.
Puis viens au tour de mon grand-père, encore une fois, personne ne semble y porter une réelle attention. Puis je vois les cheveux de ma tante tomber, avant que ça ne soit elle qui tombe sur table. Je vois ensuite mon frère boire son vin, avant de, lui aussi, laisser son corps atterrir lourdement sur la table.

Puis le moment le plus angoissant pour moi arrive alors :
Mon petit ami, me prend par la main, me demande si je suis prête, et tombe violement de sa chaise, m’emportant avec lui.

C’est à ce moment là, que le noir total apparait, me laissant seule avec … ce démon.
Ce démon au yeux livide et au sourire carnassier.
Il me redit alors une nouvelle sinistre phrase « Ce n’est qu’une question de temps, mon amour »

Je me réveille alors. Enfin.

Ce qui est le plus effrayant, c’est que ces cauchemars continuent dans la vie réelle.
Je me souviens que le jour où, dans mon cauchemar, j’ai pu voir le visage de ce monstre dans le miroir : Ce fameux miroir était cassé.
Je ne crois plus aux coïncidences. Je ne peux pas croire à ce genre de coïncidence.
Peut être que le fait que je vois ce démon dans un miroir en cauchemars, et le fait qu’il se soit réellement brisé à mon réveil, n’est peut-être qu’un hasard. Je sais pourtant très bien que se serais me bercée d’illusions que de le croire.

« Ta réalité ne te sauvera pas » Sans que je le contrôle, cette phrase apparait dans mon esprit, quasiment tout les jours.

Le pire reste encore à venir. Car cette histoire de miroir, n’est pas la seule chose qui reis ma réalité et mon cauchemar. Le premier décès, auquel j’ai dû faire face dans ma vie, à été celui de ma grand-mère. Puis celui de mon grand père. Jusque là, tout est relativement normal, après tout, les personnes âgées sont généralement les première à partir.
Puis quand j’ai vu ma tante partir, emportée par le cancer, je savais que mon frère serait le prochain. Et ensuite…

Mon frère est mort l’été dernier. Il à fait un arrêt respiratoire, suite à un coma éthylique pendant une soirée trop arrosée avec ses potes…

Logiquement, le prochain à partir est mon petit-ami. (FAIR APPARTÉ : LE COPAIN) Ce que je ne comprends pas, ou alors ce que je refuse de comprendre, c’est pourquoi le rêve s’arrête quand lui part ? Peut être est-ce lui mon démon ? Et qu’en partant/quittant ce monde, mes cauchemars partirait avec lui, et je pourrais avoir de beaux rêves ?

D’ailleurs, ces cauchemars on un seul mérite : Je connaissais le visage de mon mari, avant même de l’avoir rencontré, car je l’avais déjà vu, aux baux milieu d’un cauchemars.
C’est la seule chose de poétique dans ce monde de rêves à mes yeux.

Nous sommes maintenant dans la voiture avec mon époux. C’est lui qui est au volant, Nous roulons vers la route des vacances comme on dit, nous allons sur une jolie plage anglaise, ou, contrairement aux idée reçu, il fait très chaud et ou le sable est doux.
Nous discutons et philosophons sur la vie et sur notre séjour à venir, quand tout bascule :

Un camion percute la voiture, côté conducteur. La voiture fait un tonneau, roule sur elle même, et se fracasse pour finalement atterrir dans un ravin. (((Pendant ses roulements, j’entendais une voix « Ta réalité ne te sauvera pas »))) Puis, la voiture enfin immobile, je remarque avec horreur, qu’une branche d’arbuste à traversée la gorge de mon mari. Il n’a aucune chance qu’il soit encore en vie.

Je tente de retenir mes larmes en portant une main à mon visage, et remarque que celui ci est complètement ensanglanté. Je m’en sors avec seulement une grosse blessure à la tête.
Je remarque que la voiture, dans l’incident, Est légèrement enflammé sur le devant.

Je jette alors un coup d’œil au rétroviseur central et mon sang se fige.
Je ne dors pas, et pourtant, je le vois. Il est là, derrière moi. Le démon qui me poursuit en rêve et brise ma vie. Je revois son sourire carnassier et ses yeux trop clairs.

Son sourire est plus large que jamais.
Je n’ose pas me retournée pour l’affronter, il s’approche alors de moi, et de sa voix que je ne connais que trop bien maintenant. Plus réel que je ne l’aurai voulu, trop bien réel il me dit :

« Enfin… Ma promise. »

C’est alors que je remarque enfin l’odeur envahissante d’essence ...



Merci d'avoir lu ! ;)
x-Key

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par x-Key »

Voici les vainqueurs du concours de mars ! En première position ex-aequo, on retrouve Charly09 et Amok66 ! Ils sont suivis en deuxième place par elenwe et en troisième par lacrystal. Bravo à tous pour vos textes, nombreux ce mois-ci :)



Dans le noir de Charly09

D’abord, renoncer à la lumière.

Ce faisceau timide qui s’agite, croit guider nos pas… il prend toute l’attention, et ne permet ni à l’œil, ni à l’esprit de s’en affranchir pour appréhender l’espace autrement. Eteindre la torche. Poser un premier pas hésitant, avec ce fond d’angoisse, s’accrocher à des repères qu’on a perdus. Sur quel caillou, quelle flaque, quel obstacle ? J’ai peur de butter, de tomber, de me perdre peut-être ?

Eteindre la torche. Se poser. Respirer.

Découvrir que la nuit n’est jamais noire. Respirer. Le temps pour l’œil de s’adapter à un autre regard. Ecouter. Il y a la lune, les étoiles. Une chouette qui hulule, un grognement peut-être, des frissons dans l’air et dans l’herbe qui m’inquiètent un peu. Mais la brise est légère, douce, à peine fraîche. Vivifiante. Rassurante.

La terre cède un peu sous mon poids, je sens son grain qui s’échappe ; une branche s’agrippe à mon pied, me délivre au second pas. J’avance mal assurée peut-être, et je lâche prise. Est-ce si grave si je m’éclabousse ? ce point sombre un peu plus, je l’évite. Maintenant je devine le monde dans ses contrastes, la pénombre dessine des formes qui se précisent. Je ne cherche plus à reconnaître les arbres, je les sens autour de moi. Je ne regarde pas le sentier, j’avance. Mon pas se fait léger, je n’ai pas besoin de porter la vue sur l’horizon. Simplement poursuivre ma route. Un caillou roule sous mon pied, qu’importe. Chacun suit son chemin ! Si ma cheville se tord à peine, d’un petit bond gracieux je la libère et j’avance. Je découvre que la course est un moment en suspens… là où le regard préparait à la chute, mon ignorance confiante me permet de sauter d’un pas sur l’autre : je ne trébuche plus, je vole un instant et me pose pour rebondir et courir au pas suivant. La fraîcheur du soir est tombée et je presse mon pas, peut-être un peu plus quand je crois discerner comme en écho une course discrète, du bois qui craque, une forme rapide qui traverse loin de moi, la caresse d’un flanc indistinct dans la broussaille. Mais j’ai ma propre lumière qui me guide et j’avance. Je sais que je ne risque rien.

Comme les bêtes je me fonds dans l’obscurité et m’efface ; et chacun suit sa route et m’évite.

Une lampe m’aurait ralentie : j’aurais cherché à regarder, à reconnaître. Je me serais accrochée à des paysages que je n’aurais pas pu voir. J’aurai vérifié chaque écueil sur le chemin pour l’éviter. Mais la vue s’adapte pour faire confiance à mon pied qui s’assure dans l’ombre, se plie au terrain, le devine, le dépasse. Il s’accommode de cette incertitude et invente son propre chemin. Il emprunte peut-être un passage que sa vue aurait ignoré. Sans peur.

Puis je retrouve la lumière. Le village éclairé à la sortie du petit bois. J’accélère, je cours, je fuis presque pour m’enfermer derrière une porte close. Je m’essouffle. Avec la lumière je retrouve mes habitudes, mes certitudes, mes terreurs nocturnes… Curieux paradoxe.

Peut-être faut-il parfois renoncer à la lumière qui nous aveugle, expérimenter d’autre voies pour ouvrir enfin les yeux sur une autre pensée, pour s’ouvrir au monde. Je ne sais pas.

______________________________________



Texte d'Amok66

Mon sommeil s'interrompt brutalement. J'ai entendu un bruit. Mes yeux s'ouvrent en grand. Mes pupilles se dilatent. Mon instinct de survie prend le dessus. Le noir est total dans la pièce, impossible d'y voir quoi que ce soit. Quelle heure est-il ? Quel jour sommes nous ? Je n'en sais rien. Depuis le temps que dure le confinement, j'ai perdu tous mes repères. L'épidémie n'était pas le pire, le pire était ce qui allait suivre. Je n'étais pas préparé à ça. Me voilà cloîtré dans ma chambre, seul, dans le noir, et j'ai peur. J'ai peur parce que je pense qu'ils savent que je suis là. Ils m'ont trouvé.
Je peux apercevoir de la lumière sous la porte. Une ombre traverse la lumière, puis une autre. Cette fois c'est sûr, ils sont là. Je me cache entièrement sous la couette. Je me met en position fœtale. Je ferme les yeux de toute mes forces, comme si ça allait les faire disparaître. J'entends de légers bruits, comme des chuchotements. Je prie pour qu'ils n'essaient pas d'entrer. Soudain, une sonnerie retentit. Je me jette vers la table de nuit pour éteindre le réveil de mon téléphone.
« Merde ! Merde ! Merde ! Quel con ! J'ai oublié d'éteindre ce putain de réveil ! »
Je me cogne le front du poing en m'insultant en silence. Mon regard se tourne à nouveau vers la porte. Je commence à distinguer la poignée dans la pénombre. Je crois qu'elle bouge. Tétanisé, je la vois se baisser lentement. Le grincement du ressort de la poignée m'électrise soudain. Je me jette à nouveau sous la couette. Surtout ne pas bouger, retenir sa respiration, rester calme, tenter de disparaître...
J'entends la porte s'ouvrir. Des pas. Ils s'approchent de moi. Lentement, la couette se soulève. L'obscurité dans laquelle je m'étais réfugié disparaît et laisse place à une clarté éblouissante. Je peine à distinguer leurs visages. L'un d'eux prend la parole.
- Papa il est 9h46 tu nous fais le petit déj ?
Merde. Ils m'ont trouvé.
charly09

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par charly09 »

Oh et bien ! Merci beaucoup !... j'avoue que ça me fait très plaisir : j'étais assez contente de mon texte (mais à la lumière de cette nouvelle lecture, je vois cependant une grosse faute d'orthographe... oups ! un double "t" qui n'a rien à faire là... :oops:) et je suis ravie qu'il vous ait plu.
J'avoue pourtant que je suis tout aussi ravie de partager la vedette avec Amok66 qui m'a valu un bel éclat de rire quand je l'ai découvert ! :lol:

Du coup, pour le thème de mai. Qui propose la prochaine idée ?
Gilles51

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par Gilles51 »

Félicitations aux gagnants et aux participants !
Ce mois-ci, les textes étaient à la fois nombreux et de très bonne qualité : les membres du jury ont dû avoir du mal à les départager ! :D
J'attends avec impatience le thème de mai... :)
Bonne semaine !
Amok66

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par Amok66 »

Merci et félicitations aux autres participantes et participants.
lacrystal

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Re: Concours d'écriture - Mars 2020 : Dans le noir

Message par lacrystal »

Je suis contente d'être tout de même sur le podium merci ! :D
Bravo aux premiers et à le/la deuxième ^^
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