Le nouveau monde | Ouvert | Event : souffle nocturne

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Octasecret

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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par Octasecret »

glamour123 a écrit :

Octa : Bien sûr, tu peux faire un second personnage si tu le souhaites. J'attends ton message ;)

D'accord merci. Du coup, je t'envoie le message dans environ 30 minutes (c'est précis :lol:)
Octasecret

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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par Octasecret »

Octasecret a écrit :
glamour123 a écrit :
Octa : Bien sûr, tu peux faire un second personnage si tu le souhaites. J'attends ton message ;)
D'accord merci. Du coup, je t'envoie le message dans environ 30 minutes (c'est précis :lol:)
MP envoyé :D
Springbloom

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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par Springbloom »

Si ça peut aider, j'ai un personnage en semi-brouillon que je pourrais faire participer. C'est pas réellement une fiche à recycler, plus une fille qui était censée participer aux Chasseurs de Vie et qui n'a jamais vu le jour parce qu'au final on a eu besoin d'un gars et j'ai changé le sexe de mon perso (pour le mieux puisque Kasper a vu le jour <3)

Enfin bref, si ça te tente Glam' j'ai un deuxième personnage potentiel, mais c'est une fille et sa fiche n'est pas achevée et je n'ai aucune idée de quand je pourrais la poster parce que j'ai un gros devoir à rendre pour la fac et mes deux RPG à gérer aussi :/

Je ferais mon possible en tout cas
Florance

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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par Florance »

Très marrant comme concept de jeu. Il y aurait bien un personnage que j'adorerai rejouer. Par contre c'est un personnage de JdR "papier" et surtout là je vais essayer de pas plus m'éparpiller que ça. Mais s'il y a une saison deux j'espère que je pourrais y participer.
glamour123

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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par glamour123 »

Morgane : Eh bien garde l'idée dans un coin de ta tête, si jamais tu trouves le temps, ce nouveau personnage sera le bienvenu. Même s'il arrive après le début du lancement, je devrais pouvoir trouver une raison valable de le téléporter sur la nouvelle planète :D

Florance : Merci, je ne sais pas s'il va y avoir une saison 2. Au plaisir peut-être ;)
Springbloom

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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par Springbloom »

glamour123 a écrit :Morgane : Eh bien garde l'idée dans un coin de ta tête, si jamais tu trouves le temps, ce nouveau personnage sera le bienvenu. Même s'il arrive après le début du lancement, je devrais pouvoir trouver une raison valable de le téléporter sur la nouvelle planète :D
Tu veux que je t'envoie sa présentation rapide en Mp' ?
Dernière modification par Springbloom le mar. 31 mars, 2020 8:30 pm, modifié 1 fois.
glamour123

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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par glamour123 »

Morgane_Chase a écrit :
glamour123 a écrit :Morgane : Eh bien garde l'idée dans un coin de ta tête, si jamais tu trouves le temps, ce nouveau personnage sera le bienvenu. Même s'il arrive après le début du lancement, je devrais pouvoir trouver une raison valable de le téléporter sur la nouvelle planète :D
Tu veux que je t'envoie sa présentation rapide en Mp' ?
J'attends ton message !
LSGI

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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par LSGI »

J'ai lu vos fiches et je les ai toutes appréciées (notamment le triton même si j'ai peur qu'il essaie de manger des personnages :lol: )
cristalkamigami

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Re: EDEL St JERNERS ┼ PARTIE I

Message par cristalkamigami »

Oubliez les fautes, oubliez tout. ENJOY


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TRUST THE TIMING OF YOUR LIFE.

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REMISE EN CONTEXTE

Les fées ont toujours fait parti de la vie, de l'existence, de l'univers - de mon univers. Ce sont des êtres vivant dans un monde à part, une autre dimension si vous voulez mais reliée au monde des humains. Seuls les initiés peuvent passer d'une dimension à l'autre et il se peut que les dimensions les refusent. Le monde des fées, ou Töfrandi, accepte seulement les êtres dignes. Dignes d'y entrer et d'y sortir. Le Töfrandi est ce que l'on peut - le plus facilement - comparer à un havre de paix. Du moins lorsqu'on connait ses subtilités. Là bas, tout est vivant. Vous n'y verrez rien d'inerte - même les morts ne restent pas inertes. Les arbres peuvent sembler immobiles mais ce n'est qu'une façade; leurs racines s'étendent dans toute la totalité de sol, elles se déplacent à une vitesse féérique - halucinante, en d'autres termes. La reine des älva utilisent les arbres comme des sentinelles - toujours éveillées, omniprésentes et omniscientes. En plus d'être partout, les arbres ont des oreilles. Ils entendent tout ce que le vivant peut dire, souffler et même penser. Pas seulement les êtres doués de paroles "humaines", ils comprennent aussi les abeilles, les fleurs, les roches, l'eau, les astres... Les arbres sont l'essence de ce monde, sans eux Töfrandi n'aurait jamais vu le jour. Cela remonte à des années de ma temporalité - peut-être est-ce moindre pour vous. Ainsi, il y a environ 1927 ans, le Töfrandi a trouvé un passager digne de le découvrir - en réalité,le premier depuis la fin du néant. Ce passager, ou plutôt passasjer a été le premier à fouler le Töfrandi, passajer a découvert l'irréalité de ce monde ainsi que sa féerie. Tant celle du Töfrandi que sa propre féerie. Lorsque passasjer est entré par l'unique passage à l'époque, il s'est vu sa vraie nature se réveler : son älva. On peut dire qu'il a évolué, qu'il a transcendé sa condition humaine pour devenir le ou la première älva - ou fée dans la langue des humains, mennesker dans la langue des älva signifie humain. Il est vrai que le genre du premier passasjer est devenu un mystère au cours des siècles. Chez les älva du désert, il semble que passasjer soit une femme tandis que les älva des fôrets optent pour une version malsculine. En réalité, ce détail a peu d'importance, ce qui importe vraiment est le fait que grâce à passasjer les älva sont nées. Des êtres extraordinaires. À l'apparence humaine mais aussi féerique. Il est impossible de confondre un humain et une älva lorsqu'elle vous montre sa vraie forme. Les älva ne changent pas de formes, disons qu'elles ont des attribus qu'elles peuvent plus ou moins dissimiler - des tâches de naissances pouvant s'apparenter à des tatouages pour les mennesker ou des couleurs inconnues des mennesker et de tout autre être, il me semble. Ainsi, croyez-moi quand je dis que si un jour vous voyez une älva même si vous n'en avez jamais vu, vous comprendrez aisément qu'elle est une créature à part. De plus, pourvous éviter de commettre l'irréparable, ne sous-entendez jamais qu'une älva ressemble à une humaine. Il n'est peut-être pas évident de faire la différence quand elle se dissimule, mais une älva déteste toujours qu'on lui dise qu'elle n'a rien de plus qu'une humaine. À l'origine, comme je vous l'ai dit, passasjer I a transcendé son humanité pour devenir älva. Redevenir humain - même dans les pensées de quelqu'un - est la pire pénitence qu'une älva peut subir; ça touche son intégrité même. Et même si les älva peuvent sembler être des êtres bienveillants, il ne faut pas se laisser berner par leur apparence féerique. Non, il faut se méfier des älva car même si elles disent toujours la vérité - il leur est litéralement impossible de mentir -, elles savent manier la vérité avec fourberie et de plus, les älva sont connues pour leur sournoiserie. Si vous pouvez éviter une fête d'alva, faites le. Vous risqueriez de devenir leur souffre-douleur pour la soirée et souvent les réunions comme celles-ci causent plus de tord que de joie - sauf pour les älva. Cependant, toute les älva ne sont pas comme cela. Leur région d'origine détermine beaucoup sur leur éducation, sur leur personalité et leur comportement. Quand passasjer I est arrivé dans Töfrandi, il a très vite remarqué les différences entre ce nouveau monde et son ancien monde - le monde des mennesker. Pour commencer, Töfandir est beaucoup plus petit que la Terre mais la végétation y est multipliée par 20. Les arbres sont l'âme de Töfrandi. Ensuite, sur Terre, il y a des saisons : l'hiver, l'automne, l'été et le printemps. Dans Töfandir, les saisons ne s'enchaînent pas, elles sont présentes tout le temps et jamais à la fois - tout dépend du point de vue. Pour vous éclairer, Töfrandi se découpe en régions et peuples. Il y a les älva du désert où on peut retrouver l'été continuellement, les älva des forêts ce qui ressemble le plus à l'été avec les arbres en fleurs... Les älva des lacs où l'automne règne dans leur région et enfin les älva du Nord où vous l'aurez compris l'hiver est la saison. Mais ce qui est les plus troublant dans tout ça, c'est que la délitation entre les territoires est nette. Vous pouvez passer d'une plaine enneigée à une forêt verdoyante en ne faisant qu'un pas. Au moins, il n'y a pas de tensions par rapport aux frontières de chaque région. Et pour finir, le palais royal - kungliga palatset - se situe au milieu de Töfrandi et on y trouve les quatres saisons dans ses jardins. Töfrandi est en effet une "monarchie" mais elle est dans son entièreté opposée à celle des mennesker. En effet, le pouvoir ne se transmet pas de père en fils mais de passasjer en passasjer et deux passasjer ne se trouvent que très rarement dans la même famille. C'est effectivement cette capacité de passer d'un monde à l'autre qui permet de déterminer les passasjer. Ensuite, ils doivent subir des épreuves, des tests pour prouver leur dévotion au bien commun, leur foi, leur détermination au Töfrandi. Ce n'est qu'ensuite qu'ils sont acceptés ou non à la gouvernance. Vous aurez remarqué que j'ai utilisé le pluriel. Il se peut que si plusieurs passasjer réussissent les épreuves, ils accèdent à la tête de Töfrandi. Vous l'aurez peut-être compris mais passasjer I a été le premier roi des älva. Pendant des années cependant il été seul dans Töfrandi. Il avait pris des millénaires au Töfrandi pour trouver le premier initié alors il était absurde de penser qu'un autre initié apparaitrait prochainement. Mais passasjer I avait foi en le Töfrandi et il avait l'éternité devant lui - une des spécificités des älva est l'immortalité, enfin les älva peuvent mourir mais toutefois pas de vieillesse - alors il se mit à explorer ce nouvel univers et il trouva à lui seul presque tous les passages entre les deux mondes. Ainsi, la solitude était un peu moins importante, mais il se hâtait de partager ce monde avec quelqu'un d'autre, peut-être son âme soeur ce qui lui permettrait de créer une nouvelle civilisation, là bas, d'être féerique et non initié - enfin ça il ne pouvait pas le savoir. Malheureusement pour lui, le Töfrandi avait autre chose en tête pour lui, la dure loi du pouvoir : passasler I ne devait pas aimer quelqu'un plus que le Töfrandi... Ainsi lorsque de nouveaux initiés ont fait leur apparition, le sort semblait s'acharner contre passasjer I car personne le lui convenait. C'est alors qu'il s'est fait une raison. Il n'aimerait peut-être jamais une älva mais cela ne l'empêchait pas de tous les chérir. Il a donc fait le serment de ne jamais aimer un ou une des älva plus que les autres - on ne parle pas ici de polyamour. Le premier roi ou la première reine des älva était né(e), une personne plaçant toute sa communauté sur un pied d'égalité, une communauté dont chaque membre est connu et respecté pour ce qu'il est, initié ou non, passasjer ou non.


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PROGRESS, NOT PERFECTION.

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AIDE À LA COMPRÉHENSION

älva : créature féerique qui résiste au temps possédant des attribus pouvant ou non être dissimulés, qui ne peut pas mentir mais qui sait contourner la vérité. Les älva peuvent être sournoises et succeptibles tout dépend de leur région d'origine. (les älva des fôrets sont les pires)
initié(e) : älva capable de passer d'un monde à un autre.
passasjer : initié(e) qui peut prétendre au titre de roi ou reine des älva grâce à sa capacité à communiquer avec les autres. Ils sont comme les arbres du Töfrandi, ils peuvent tout entendre, sont capables de communiquer par la pensée et de lire dans les esprits des autres que ce soit des älva, des animaux ou des végétaux.
Töfrandi : monde des älva regorgeant de végétaux. C'est un monde dangereux pour ceux qui ne connaissent pas tous les recoins, c'est pour cela que les älva se promènent toujours en groupe.
mennesker : mot désignant les humains.
passasjer I : le premier être féerique qui a accédé au Töfrandi, il a aussi été le premier roi ou la première reine des älva. On le désigne par passasjer I car personne ne sait si c'était un ou une älva. Personne ne sait non plus si passasjer I est mort ou non, l'histoire ne le précise pas mais personne ne veut croire qu'il est mort cependant personne non plus ne pensent qu'il a pu abandonner les älva. Une légende raconte qu'il aurait fusionné avec les arbres.


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YOU ARE ALWAYS ONE DECISION AWAY
FROM A TOTALLY DIFFERENT LIFE.


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LA PASSASJER DU NORD

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" - Dis-moi Edel, comment t-es tu rendue compte que tu étais une passasjer ? Pourquoi est-ce que cela t'a pris autant de temps pour comprendre qui tu es vraiment ? Ou peut-être que tu le savais depuis longtemps et que tu n'as rien dit... Mais dans ce cas là, pourquoi le cacher ? Tu sais qu'être passasjer t'offre des privilèges mais aussi son lot de risques et de dangers. Tu ne survivras pas si on ne t'apprend pas à maîtriser tes capacités. L'hyper-communication est un don qui a détruit bien des älva... Connaître les pensées de tout ce qui t'entoure n'est pas une chose aisée. Tu dois apprendre à compartimenter ces pensées, à décider quand tu veux les entendre et celles que tu veux entendre. Si tu n'y arrives pas, tu te trouveras rapidement dans un brouhaha constant...
- Mais ce n'est pas ce qui m'arrive... Je n'entends presque rien... À part les fleurs, les Edelweiss !
- C'est justement pour ça que tu dois venir avec moi... Pour que je t'apprenne à écouter et à réguler ces pensées. Tu es dotée d'un don incroyable, Edel. Tu ne sais pas encore à quel point, il est important pour toute les älva que tu le maîtrises. Tu dois être digne de ce que le Töfrandi t'a offert. Montre-lui que tu es une petite älva dévouée qui accepte son cadeau. Il est très important que tu en sois digne... Le Töfrandi ne t'a pas choisi sans raison, tout comme il n'a pas choisi passasjer I. Tu dois faire honneur à la lignée qui est maintenant la tienne, celle des passasjer. Une petite älva timide et apeurée, ne sera jamais digne de réussir les épreuves, ne sera jamais digne de devenir Reine des älva. Dis-moi Edel, est-ce que tu veux être une älva comme cela ou tu es prête à tout pour devenir une grande et digne passasjer ? Si j'étais à ta place, je montrerais au Töfrandi que je fais parti de la deuxième catégorie. Alors, Edel, vas-tu me suivre ? Tu sais tes parents seront très fiers de toi si tu deviens une grande passasjer. Pour ça il faut que tu prennes tes responsabilités. Et que tu me suives. On y va ?
- Je peux prendre mon Edelweiss ?
- Bien sûr, je viens avec toi et on y va, après.
- D'accord... "


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ALL WE HAVE IS NOW.

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L'HYPER-COMMUNICATION

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" - Edel, tu m'entends ? Je vais prendre ce hochement de tête comme un oui. Très bien, alors tu fais comme la dernière fois. Tu te souviens ? Tu inspires, tu expires et tu te concentres. Imagine-toi ton esprit, tes cellules, tes vibrations qui se propagent dans toutes les directions. Tu peux fermer les yeux si cela t'aide. Lorsque ton être a rempli toute la pièce, tu te concentre sur cette pierre, d'accord. Souviens-toi de la pierre que je t'ai montré toute à l'heure. Ton esprit ne doit faire plus qu'un avec elle, tu dois ressentir ce qu'elle ressent, tu dois voir ce qu'elle voit, tu dois entendre ce qu'elle te souffle. Tu entends ce petit bruit en fond ? C'est elle qui te parle. Concentre-toi sur ce chuchotement, focalise-toi dessus et oubli tout le reste. Maintenant, tu écoutes attentivement ce qu'elle te chuchote à l'oreille. Qu'est-ce qu'elle dit ? Est-ce que tu comprends ce qu'elle te fait savoir ? Est-ce que tu peux me le répéter ? Edel, tu es avec moi? Edel, re...
- Oh... Comme c'est intéressant... Je n'avais encore jamais discuté avec une älva du Nord... À croire qu'il y avait une malédiction sur les älva du Nord. Tu sais, tu es la première. Pour ça, tu es unique. Le plus drôle dans tout cela, c'est que tu n'as pas de problème d'hyper-communication trop forte... Non, toi, tu n'y arrives pas comme les autres... Le silence t'angoisse et pourtant tu sembles plongée dedans... La question est pourquoi. Pourquoi, tu n'arrives pas à communiquer avec les autres ? Pourquoi, tu sembles ne pas être une Passasjer ? Ou alors, tu n'es pas une véritable passasjer... Aurais-tu menti ? Oh, mais non... C'est vrai, vous les älva, vous ne mentez pas... Mais je sais, que vous savez utiliser la vérité à votre avantage. Mais est-ce toi qui l'utilise ou l'autre passasjer ?
- L'autre passasjer ?
- Tu parles ? Tu n'es peut-être pas aussi inutile que je le pensais... De plus en plus intéressant. Oui, il y a un autre passasjer comme toi. Il s'entraine dans la pièce d'à côté. Et il semble être submergé par les voix, par les pensées... Vous êtes bien différents tous les deux. Je sens que vous aurez besoin l'un de l'autre pour mieux comprendre qui vous êtes vraiment...
- Comment sais-tu ce qui se passe dans la pièce d'à côté ?
-Voyons... Tu es bien en retard sur ton apprentissage... L'älva ne te l'a pas dit ? Je vais devoir le faire... Nous, les roches, savons tout. Ma petite, tu vis dans un monde qui regorge d'êtres omniscients... Et c'est les älva comme toi, les passasjer qui doivent utiliser tout ce savoir, tu dois le décrypter, le comprendre, le ressentir... Comme tu veux, mais sans ça... Votre civilisation d'älva ne pourrait pas survivre longtemps dans le Töfrandi. Pourquoi crois-tu que le premier visiteur avait ce don ? Il n'aurait jamais pu résister une journée sinon... Mais bon, je ne suis pas là pour te parler de ça. Mon travail est de montrer le chemin vers ce qui te permettra de devenir une véritable passasjer.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Enfin, ce n'est pas à moi de te le dire... Enfin, je l'ai peut-être déjà fait... J'ai été un peu trop bavarde, alors dis-toi que c'était un conseil venant d'une amie... Maintenant, il est temps que tu partes.
- Comment je
fais ?
- Tu es déjà en train de le faire... Et voilà, tu es par...

- Alors, Edel ? Tu as communiqué avec la roche ? Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? Comment vas-tu devenir une véritable passasjer ? Edel, dis le moi.
- L'autre passasjer.
- L'autre passasjer ? Comment ça l'autre passasjer ? Il y a un autre passasjer ? Non... C'est impossible... Tu es la première passasjer que nous détectons depuis des années... Mais la roche n'a pas pour but de te mentir... Cependant, elle le peut ? Serait-ce un mensonge, ou un subterfuge ? Cela devient bien plus compliqué que prévu de te former... Et dire, que c'est toi qui reprendra la nation en main... Enfin seulement, si tu passes les épreuves. Quand je pense que cela fait déjà dix que je t'entraine et que tu ne contrôles toujours pas l'hyper-communication... Normalement, à quinze ans, tu devrais déjà être allée t'entraîner chez les mennesker... Être allée à la rechercher de nouveaux potentiels initiés... Je crois que le fin des initiés est proche...
- Je croyais qu'il y avait beaucoup d'initiés ?
- Non, Edel... Il n'y pas beaucoup d'initiés. Nous avons remarqué que le depuis quelques décennies, le nombre d'initiés diminue... Nous ne comprenons pas pourquoi le Töfrandi fait-il cela... Peut-être qu'il nous juge inapte à vivre dans les deux mondes... Bon, je crois que la séance est terminée pour aujourd'hui. Nous allons nous renseigner sur un passasjer que nous n'aurions pas encore détecté. Repose-toi Edel et essaye de comprendre pourquoi tu ne contrôles toujours pas l'hyper-communication... Le Töfrandi a parfois des plans étranges concernant les passasjer... À croire qu'il se moque de nous... Un autre passasjer inconnu ? Je n'y crois pas... L'avenir des initiés dépendrait de cette personne... inconnue ? Edel ? Tu es encore là ? Va t-en, s'il te plaît, cela ne te concerne plus.


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SOMETIMES TWO PEOPLE FIND EACH
OTHER WITH BOTH BROKEN FOUNDATIONS, AND
THEY BUILD TOGETHER AS A TEAM TO MAKE A
FOUNDATION THAT IS INDESTRUCTIBLE.
SOMETIMES NOT.


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LA DÉCOUVERTE DES MENNESKER

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" - Edel, si tu n'arrêtes pas de regarder autour de toi, il est évident que l'on va nous remarquer... Je sais que c'est très différent du Töfrandi mais le but est de ne pas porter l'attention sur nous. C'est justement pour ça qu'on dissimule nos marques mais si tu continues d'avoir l'air de n'être jamais sortie dans la rue et de tout découvrir comme une enfant de dix ans, il est sûr qu'on ne nous confondra pas avec les mennesker. Alors fais un effort et concentre-toi sur la mission du jour. Tu te rappelles de ce que c'est ?
- Oui.
- Et ? Edel, il faut vraiment que je te rapelle que c'est très important ? Tu devrais être impliquée à 100% et tu ne l'es pas... Je pensais qu'on avait réglé ton problème d'implication mais apparemment non... Je ne comprends vraiment pas ce qu'il te faut pour de plus pour que tu te décides à agir... J'en ai marre de m'occuper de toi comme d'une petite älva. Tu as vingt-et-un Edel, il est temps que tu comportes comme telle. Edel ? Où vas-tu ? Tu pourrais au moins m'attendre... Oh, tu as effectivement trouvé le café que l'on recherchait. Comment as-tu fait ? Je pensais que tu n'étais jamais venue. La première fois que je suis venu dans cette ville de mannesker qu'ils appellent New York, je ne savais même pas me repérer. En même temps, c'est si différent du Töfrandi. Alors... Edel, tu es déjà venue ici sans que personne ne le sache ? Tu sais ce n'est pas raisonnable, c'est dangereux quand tu ne connais pas ce monde. Je te l'ai peut-être pas assez dit mais tu ne dois pas te promener seule tant ici que dans le Töfrandi...
- Je ne l'ai pas fait.
- Ah bon ? Pourtant...
- J'ai vu le panneau du café au loin.
- Oui bien sûr, je me disais bien qu'il était impossible que tu sois venue ici toute seule mais bon je te le redis, ne reviens jamais seule. Tu as compris ? Parfait, si c'est clair dans ton esprit, on peut commencer. On va rentrer dans ce café, s'asseoir à une table puis tu vas aller commander et essayer de trouver dans l'esprit du serveur le plus d'information sur lui. Évidemment, il ne faut pas qu'il s'en rende compte. Donc tu dois rester naturelle. Pour t'aider, je vais te dire ce que tu dois trouver. On peut commencer par son prénom. Oui ce serait un bon début... Tu as compris Edel, trouves son prénom grâce à l'hyper-communication. Je t'attends. Oh et je veux une limonade, merci.
- Il s'appelle Tim.
- Q-Quoi ? Mais comment tu as fait ? Tu ne t'es même pas levée... Maitriserais-tu aussi bien tes capacités ? Je sais que tu as fait de réels progrès mais tout de même tu ne m'as pas habitué à ça... C'est vraiment réjouissant pour la suite. Peut-être que la fin sera plus simple que tes débuts...
- C'était écrit sur son badge. Je l'ai vu toute à l'heure quand il nous a ouvert la porte.
- Oh... Ce n'était donc pas grâce à l'hyper-communication.
- Non.
- Qu'est-ce que je vais faire de toi ? Bon, passons. Tu vas utiliser l'hyper-communication que tu le veuilles ou non. Allez, maintenant, tu vas le voir et tu rentres dans ses pensées et sois naturelle. C'est primordial."


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" - Edel, allons-y. Nous devons retourner au passage avant qu'il ne soit trop tard. Cette journée s'est plutôt bien passée alors il serait dommage de tout gâcher. Il est temps de se mettre en route. Edel ? Pourquoi tu ne viens pas ? Nous n'avons pas le temps de jouer à ça... Edel, lève-toi.
- Non.
- Non ? Non ? Pourquoi non ?
- Écoutez, vous n'avez jamais trouvé l'autre passasjer dont la roche parlait. Il n'est pas mentionné que les mennesker ne puissent pas être des passasjer. Si le dernier passasjer n'est pas dans le Töfrandi peut-être qu'il est ici. Nous devons le trouver.
- Un passasjer mennesker ? Non, c'est impossible... Enfin, ce n'est jamais arrivé auparavant. Cependant il est vrai qu'aucune älva du Nord n'avait été passasjer et te voilà... De plus, on dirait que le Töfrandi a changé sa conception des choses ces temps-ci alors tout ce qui semblait impossible ne l'est peut-être plus... Mais de là à donner à un mennesker l'hyper-communication, ce serait de la folie... Il ne serait pas capable de le contrôler.
- Je ne pense pas que ce soit un mennesker.
- Comment ça ? Pas un mennesker... Cela voudrait dire qu'une älva vit ici... Enfin, ce serait un ou une initié(e)... Peut-être même plus... Mais c'est impossible... Deux initiés ne peuvent donner naissance à un autre initié. Cependant, si on part du principe que deux initiés seraient rester chez les mennesker même si cette idée dépasse l'entendement, ils auraient donner naissance à des mennesker... Si le bébé ne vit pas ses premières années dans le Töfrandi, il devient mennesker comme le reste de l'humanité. Pourtant, au fond de lui, il aurait une part féérique qui plus tard quand lui même se serait reproduit aurait donné naissance à des mennesker porteurs de féérie et il aurait suffit qu'un jour, le Töfrandi ait trouvé un mennesker de cette lignée digne de devenir initié ou dans notre cas passasjer pour que nous nous retrouvions dans cette situation... Ça se tient. Ce serait comme pour passasjer I à quelques différences près. Cependant, il y a une chose que je ne comprends pas. Pourquoi n'est-il pas déjà venu dans le Töfrandi. Les passasjer sont appelés par le Töfrandi et de toute façon, il est invivable pour eux de rester chez les mennesker plus de deux jours ou trois. Alors encore plus, si il ne comprend pas qui il est et comment l'hyper-communication fonctionne. En supposant qu'il ne soit pas comme toi Edel... Supposons qu'il entende beaucoup de choses, cela devrait être infernal pour lui. Tu as une idée Edel ?
- Il a vécu comme mennesker toute sa vie. Il ne sait pas ce qu'est une älva, ni le Töfrandi. Les mennesker sont plutôt rationnels. Il doit se dire qu'il est fou ou un messi d'une divinité des mennesker. Il ne doit pas se douter une seconde de sa nature profonde.
- Mais oui, c'est ça ! Évidemment, il a peur de qui il est... Qui n'aurait pas peur ?
- Il n'a pas conscience de ce qu'il est. Je dois le trouver.
- Oui, nous allons le trouver Edel... Attends, pourquoi tu dois le trouver ? Moi, c'est mon rôle de trouver les passasjer et de leur montrer la voie du Töfrandi mais toi ? Je ne comprends pas ce que tu gagnes là dedans... Si tu vois ça comme un moyen de substitution, tu te trompes. Je ne te lâcherais pas pour l'aider lui... Tu es condamnée à rester avec moi. C'est une bonne punition non ?
- Non.
- Non ?
- Non, je ne le considère pas comme un moyen d'échanger nos vies. La roche m'a expliqué que c'est grâce à lui que je trouverais la voie du Töfrandi, comme vous dîtes. Et que c'est grâce à moi, qu'il trouverait la sienne à son tour.
- Vraiment ? C'est lui qui va t'aider ? Impossible... J'essaye depuis dix-sept ans sans y parvenir comment pourait-il le faire ? À moins que... Non, ce serait extrêmement rare. Quoique, plus rien ne me surprend avec toi. Edel, on doit vraiment y aller. Je te promets qu'on le trouvera mais pas aujourd'hui. Je dois aussi en parler à la Reine des älva pour savoir si il faut le ramener dans le Töfrandi. C'est parti, en route Edel.
- Pourquoi : " si il faut le ramener " ? Vous ne pensez quand même pas le laisser chez les mennesker. Je pensais qu'on avait besoin surtout en ce moment de passasjer.
- C'est vrai, on en a besoin. Mais tu dois comprendre que pour l'instant, il est plus mennesker que passasjer. Et réveler notre existence aux mennesker est impensable. Donc si il refuse de venir avec nous, nous ne pourrons pas le laisser en sachant ça... C'est pour cela qu'il est important d'étudier toutes les possibilités de cas peu ordinaire.
- Il faudrait peut-être que quelqu'un aille tater le terrain auprès de lui pour savoir ce qu'il ressent dans ce monde.
- Oui, Edel, c'est une option. Mais ce n'est pas ici ni maintenant que l'on va en décider. Maintenant, stop et avance. "


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YOU DO NOT JUST WAKE UP
AND BECOME THE BUTTERFLY


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LA DÉCISION

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" - Edel, nous n'aurions pas dû faire ça... Elle n'acceptera jamais... Et moi, pour quoi je vais passer ? Je n'avais vraiment pas besoin de me discréditer encore plus... Déjà, qu'elle me reproche de ne pas avoir réussir à te faire contrôler ton hyper-communication, alors maintenant elle va me dire que je faiblis, que je me laisse entrainer dans des plans farfelus même pour une älva, c'est complètement fou... Non, non, non... Je n'aurais jamais dû te laisser me convaincre. C'est trop risqué, trop dangereux et vraiment trop bête... Je sais que tu penses être la personne idéale pour ça mais tu te trompes... On aurait très bien pu envoyer des initiés, cela aurait été la même chose... Enfin pas exactement, mais un peu quand même. De toute façon, tu n'iras pas... Elle ne te laissera jamais y aller... C'est trop risqué, trop dangereux... Trop tout. Tu es pour l'instant la dernière passasjer qui est en mesure de devenir Reine... Enfin, il faut encore qu'on y travaille mais j'ai foi en toi et en le choix de Töfrandi. Il ne fait rien au hasard donc il est évident que tu as un grand rôle à jouer comme tous les passasjer d'ailleurs... Attends, oui un grand rôle mais justement c'est pour ça qu'elle ne te laissera risquer ta vie, notre futur, notre survie même pour une chose aussi importante... Oui, quelqu'un d'autre peut s'en charger... Quelqu'un de moins important... Enfin moins... Nécessaire. Tu comprends Edel ? C'est pour toutes ces raisons qu'elle ne te laisseras pas y aller. Et aussi parce que l'idée la plus absurde que je n'ai jamais entendu... Comment j'ai pu me laisser convaincre que cela pouvait marcher ? Est-ce que tu m'as fait quelque chose pour que j'accepte de venir ici ? Tu ne m'aurais pas drogué ? Tu ne serais pas aussi sournoise, si ?
- Non. Vous avez dit oui en étant bien conscient.
- Ah ça non ! Je n'étais pas conscient des conséquences que cette demande engendrait... Mais elle va dire non, j'en suis sûr. Si elle ne dit pas non, c'est qu'elle n'a plus toute sa tête et la Reine est complètement lucide. C'est même la personne la plus terre à terre que je connaisse. Donc elle dira non... C'est ça, elle dira non. Je m'inquiète pour rien. La Reine est une personne que je connais bien, elle ne te laisseras jamais y aller. C'est tout bonnement impossible.
- Vous êtes sûr ?
- Oui ! Enfin je crois... Non, j'en suis s-
- Si vous voulez bien vous levez, la Reine va vous recevoir pour vous donner son verdict.
- Allez, Edel, on y va. Mais je voulais juste te dire de ne pas en vouloir à la Reine parce qu'elle refusera ta demande... Elle le fait pour ton bien. Crois-moi, tu comprendras plus tard. Tu es encore très jeune...
- S'il-vous-plaît, il faut y aller. Je vous demanderais de suivre la jeune passasler, monsieur.
- Monsieur ? Mais je ne suis pas aussi vieux ! Non, je ne fais pas vieux... "


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" - Tu vois, Edel, je te l'avais dit...
- Non. Vous disiez le contraire toute à l'heure.
- Non Edel, c'était pour ne pas te faire espérer si au final la Reine décidait de refuser ta demande mais, au fond de moi, comme tout bon initié, je savais que la Reine accepterait. C'était évident depuis le début, je voulais juste de faire stresser un peu. Est-ce que j'avais réussi mon coup ? Quoiqu'il était évident que tu n'étais pas dans ton asiette quand nous sommes entrés... Ça ne pouvait être que le stress.
- Vous êtiez plus stressé que moi. Moi, je ne l'étais pas.
- Bon... Passons. Il va falloir qu'on s'entraîne sans relâche ! Enfin, toi plus que moi... Ce n'est pas moi qui vait chez les mennesker pour approccher le passajer mennesker.
- Ce n'est pas un mennesker. Ne l'appelez pas comme ça.
- Enfin... Edel, tu m'as très bien compris. Je sais qu'il n'est pas mennesker mais il vit comme eux, il pense être l'un d'eux. Alors... On peut faire cette association... Ce n'est pas insulte si c'est ce qu'il ressent. Bref, tu sais comment tu vas l'approcher ? Nous avons réussi à le détecter grâce à nos incroyables initiés éclaireurs, dont je fais parti d'ailleurs ! Donc, je te rappelle son profil : Harry Wright, professeur de Psychologie à la New York University, 39 années humaines, soit une apparence 29 ans, il doit avoir des marques qu'il apparente à des marques de naissances. Nous n'en savons pas plus sur lui, à part qu'on a trouvé une photo de lui. Tiens, regarde. Mémorise-la car tu ne pourras pas l'emmener.
- Pourquoi ?
- Euh... Aucune idée mais la Reine nous a demandé de conserver tous les documents concernant de près ou de lui le passasjer. Ton but est de l'approcher, de découvrir quelle est la puissance de son hyper-communication, si il arrive à la contrôler, comment il sent chez les mennesker, qui sont ses parents. Essaye de trouver le maximum d'informations sur lui. Ensuite, tu retournes au passage et reviens dans le Töfrandi. De plus, essaye de ne pas te faire remarquer par quiconque de suspect. Donc évite les bars des mennesker, leurs boîtes de nuit ou tout ce qui peut parraître louche. Quand tu seras au passage, tu vérifiras que personne ne t'a suivi. Si quelqu'un t'a suivi tu le sèmes puis tu reviens ici. Tu n'utilises pas la passage devant un mennesker. C'est compris ?
- Oui.
- Ok. Tu as le choix entre plusieurs passages. Il y a celui à l'intérieur de Central Park ou celui au niveau de Times Square. Pour l'aller, tu prendras celui de Central Park, c'est celui le plus proche de l'université. Pour le retour, tu fais au plus proche. Tu partiras dans trois jours, donc allons t'entraîner à maitriser l'hyper-communication. Le monde des mennesker est rempli de pensées en tout genre qui peuvent t'aggresser si tu ne contrôles pas. Alors même si, ton incapacité à utiliser ton hyper-communication correctement est ce qui t'a permis d'y aller, on ne sait jamais ce qui peut se passer là-bas. Alors autant bien se préparer. Trois jours, c'est court mais c'est tout ce qu'on a. Pas de temps à perdre, non pas de temps à perdre. Action, réaction Edel ! "


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TRAVEL FAR ENOUGH TO MEET YOURSELF

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L'ÉQUILIBRE

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" - Ça va ? Tu sembles un peu perdue, je peux peut-être t'aider. Tu cherches quelque chose ?
- Oui.
- Et c'est quoi ?
- Harry Wright.
- Mr Wright ?
- Je dois assister à son cours aujourd'hui et je ne sais pas où c'est.
- Ah d'accord ! Tu es nouvelle ? Ne t'inquiète pas, j'assiste aussi à ce cours donc on peut faire le chemin ensemble si tu veux. Ça te dit ?
- Oui. Merci.
- Ah en fait, je m'appelle Nico. Et toi ?
- Edel.
- Enchanté Edel. C'est de quelle origine ? En tout cas, c'est pas commun à New York !
- On peut dire que ça se rapproche du Norvégien.
- Tu es Norvégienne ?
- Pas tout à fait mais ça ressemble beaucoup.
- Ok, c'est vrai que tu as un petit accent. J'aurais dû le deviner tout seul. Et du coup, ça fait longtemps que tu es ici, à New York ?
- Je suis arrivée aujourd'hui.
- Aujourd'hui ? Et tu vas déjà à l'université ? Tu dois être motivée ! En même temps, je te comprends. Les cours de Mr Wright sont uniques en leur genre. C'est vraiment un super prof, tu vas voir. C'est bon, on est arrivé. C'est dans cet amphithéâtre.
- Merci.
- De rien, on se retrouve à l'intérieur alors. Je termine ma clope et j'arrive.
- D'accord. Bonne clope... ?
- Merci ! "


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" - Te voilà, Edel. J'ai cru que je n'arriverais pas à te retrouver. Il s'est rempli en un rien de temps cet amphi... En même, les cours de Mr Wright sont tous si spéciaux... C'est normal que ça attire les gens.
- Quand tu dis "spéciaux", tu veux dire quoi exactement ?
- Et bien, c'est assez difficile à expliquer si tu ne l'as jamais vu faire... Mais Mr Wright tombe toujours juste dans ses suppositions. Il y a une rumeur qui court qui dit qu'il serait en fait télépathe... Et que c'est pour ça, qu'il est aussi bon psychologue et qu'il sait tout.
- Télépathe...
- Oui, je sais... Certaines rumeurs sont plus folles les unes des autres ! Il ne faut pas toutes les croire. Personnellement, je pense qu'il est juste fin observateur et très doué dans son domaine. Il doit remarquer les petits détails qui font toute la différence. En tout cas, c'est plus plausible que la télépathie... Tu en penses quoi, toi ?
- Je dirais que l'on ne sait pas ce dont le monde regorge. Télépathie, Mentalisme... Qui sait ?
- Hum... C'est pas faux. Ça ne devrait pas tarder à commencer. Ah bah justement, tiens le
voilà ! Que le spectacle commen...
- Alors, de quoi le cours va parler aujourd'hui ?
- Han... Tu as vu, il a pas de mis de veste aujourd'hui ! Je te l'avais bien dit qu'il fallait venir, dès qu'il y a du soleil, il sort la chemise !
- Bon, c'est vrai qu'elle est pas très normale mais elle a l'air intéressante cette Edel. J'ai bien fait d'aller lui parler même si elle semblait sortie de nulle part...
- Tiens, c'est bizarre... Mr Wright a l'air surpris.
- Pourquoi il serait surpris ? C'est comme d'habitude, il n'y a rien de plus que normalement !
- Peut-être que c'est encore un de ses exercices un peu tordu ?
- Eh, tu feras attention, tu as de la bave qui coule !
- Pfff, tais-toi ! Tu sais pas de quoi tu parles.
- J'arrive pas à croire que des gens aussi bêtes aient pu être accepter dans ce cours... Toujours là, à faire autant de bruit.
- Elle a pas l'air d'aller très bien... On dirait qu'elle fait une crise d'angoisse... Qu'est-ce que je fais ? J'ai jamais géré une crise d'angoisse moi ! Bon, Nico, reprends-toi et aide-la !

- Edel ? Edel, tu vas bien ? On dirait que tu fais une crise d'angoisse... Tu peux sortir si tu veux... Mr Wright ne le prendra pas mal. Je peux t'accompagner aussi si tu as besoin. J'ai des amis qui me passeront leurs notes.
- Non, reste là. Je vais sortir. Toi ne loupes pas ton cours...
- Ah... Très bien d'accord fais attention à toi en re
montant. Ne tombe pas...
- Mais c'est qui celle là ? Je ne l'avais jamais vu...
- Qu'est-ce qu'elle a ? Elle a pas l'air bien...
- Tiens, on dirait bien qu'il y encore une fille qui s'est trompée cours... Je vais commencer à croire qu'elles le font exprès pour Mr Wright les remarque.
- Nico, t'es vraiment trop bête... Elle voulait sûrement rester discrète et toi, tu lui dis de sortir... Putain, je suis trop con !
- Pourquoi ils sont aussi étranges aujourd'hui ? Entre Mr Wright qui semble étourdit ou surpris par je ne sais quoi et elle qui... Qui part en courant sans raison... En plus, on l'a jamais vu cette fille ! Trop chelou... Vive
ment que je me casse de cett...

- Vous allez bien mademoiselle ?
- Oui... Ça peut aller.


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" - Parfait, tu es encore là ! Je suis allé voir Mr Wright à la fin du cours et je lui ai expliqué ta situation. Il a été assez compréhensif, du coup, là il t'attend dans l'amphi. Il voulait te parler vu que tu es nouvelle et tout... Il va falloir que je file mais tu crois que tu pourrais me passer ton numéro de téléphone pour qu'on puisse rester en contact ?
- Je n'ai pas de téléphone.
- Tu n'as pas de téléphone ? Sérieux ? Ah ouais... Tu n'es pas comme tout le monde toi ! Bon, tu sais quoi je te note mon numéro et lorsque tu auras un téléphone tu pourras me contacter. Allez, ne fais pas plus attendre Mr Wright et j'ai hâte de te revoir. Au plaisir, Edel !
- Oui, passe une bonne journée.
- Merci toi aussi !
- Merci... "


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" - Vous voilà. Votre ami m'a dit que vous étiez nouvelle mais pourtant on ne m'a pas prévenu... Alors, je me pose tout de même la question de savoir si vous avez réellement le droit d'être ici. Vous avez troublé mon cours ainsi que... Enfin, que faîtes-vous ici ?
- Je suis ici pour vous.
- C'est-à-dire ? Si vous êtes là, pour me dire que vous m'aimez, je vous arrête tout de suite. Vous êtes bien plus jeune que moi. Je ne sais pas vous devez avoir vingt-deux...
- Vingt-trois.
- Et moi trente-neuf et de toute façon, je ne sors avec des étudiantes.
- Je ne suis pas étudiante.
- Ça ne change rien, je vais être obligé de rejeter vos sentiments. Je suis désolé.
- Pourquoi être désolé ?
- Et bien, je suppose que ce n'est pas très agréable de se faire éconduire et mon but n'est pas de vous blesser... Surtout, que vous assez sensible au vu de ce qui s'est passé en début de cours. D'ailleurs j'aimerais savoir ce qui s'est passé. Vous avez fait une crise d'angoisse car vous saviez que vous n'aviez rien à faire ici ou parce que vous êtes, je ne sais pas... Agoraphobe ?
- Non. Il y avait trop de bruit, trop de murmures, trop de pensées...
- Vraiment ? Pourtant...
- Vous les avez entendues ?
- Comment ça ?
- Avez-vous entendu les pensées des gens ?
- Quoi ? Vous faites référence à cette rumeur de télépathe ? Combien de fois va-t-il falloir que je démonte cette rumeur ?
- Pour la première fois, je les ai entendues. Elles étaient beaucoup, elles résonnaient dans ma tête... C'était un brouhaha incessant. Je ne controlais plus rien. Avant que vous entriez dans l'amphithéâtre, tout était silencieux puis d'un coup ça a été... Invivable. Vous n'avez rien entendu ?
- Non rien... Et c'est justement ça qui est étrange. D'habitude, j'entends toute sorte de choses mais dès que je suis rentré tout s'est arrêté. C'était si paisible. Est-ce que cela à un rapport avec vous ?
- Oui. Je suis comme vous et vous êtes comme moi.
- C'est-à-dire ? Fou ?
- Non. Ça n'a rien à voir avec la folie. Nous avons un don. Je l'appelle l'hyper-communication.
- L'hyper-communication ? Vraiment ? C'est quoi ça ?
- Vous avez la capacité de communiquer avec tous les êtres qui vous entourent, de l'arbre à la goutte d'eau. Cependant, il est normal que vous n'y arriviez pas. Communiquer avec un être d'une autre nature que soi est bien plus dur qu'on ne le croit. C'est pour cela que vous arrivez à entendre les pensées des gens.
- Et tu l'as aussi ce don ?
- Oui. Mais chez moi, c'est un peu différent. Disons que je n'arrive pas à le contrôler tout comme vous mais au lieu d'entendre tout je n'entends rien... À part, une variété de fleur précise. Pour que j'utilise l'hyper-communication, il faut que je me concentre vraiment et que je puise au fond de moi pour trouver l'énergie et la force nécessaire.
- Et moi c'est le contraire... Pour avoir un peu de silence, cela me demande un vrai effort. Cependant, lorsque vous êtes avec moi, ça se calme. Enfin, toute à l'heure, en cours, pour la première fois de ma vie alors que j'étais en présence de personnes je n'entendais pas leurs pensées... C'était silencieux. Mais, une question persiste : comment en savez-vous autant ?
- Je ne pense pas que ce soit l'endroit parfait pour en parler. Il faudrait sûrement en parler en privé.
- Si j'ai bien compris, vous n'êtes pas mon élève. Donc, chez moi, ce serait bon ? Je vis seul donc pas d'oreilles indiscrètes.
- C'est loin chez vous ?
- Non, il faut faire cinq station de métro et on y est.
- Ça veut dire sortir affronter les pensées des gens...
- Oh... C'est vrai que j'ai fini par m'y habituer mais pour vous, c'est tout nouveau... Vous voulez qu'on se retrouve chez moi ?
- Non. Je ne connais pas la ville et je dois rester avec vous si je veux devenir digne.
- Digne ?
- Oui, je vous expliquerais tout une fois chez vous.
- Très bien, en fait je ne vous ai pas demandé votre nom. Moi c'est Harry.
- Je sais. Edel.
- Alors allons-y Edel, on évitera l'heure de pointe si on part tout de suite. "


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I WRITE BECAUSE IT MAKES ME
FEEL LIKE SOMEONE IS LISTENING.
- OR AM I FINALLY LISTENING TO MYSELF ?


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LE TÖFRANDI

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" - Edel, si j'ai bien compris, tu viens de dire que tu es une fée...
- Une älva.
- Ok, une älva qui vit dans un monde relié à mon monde mais qui est totalement différent du mien. Et que seules quelques älva, des initié(e)s peuvent passer d'un monde à l'autre par des passages dissimulés un peu partout dans mon monde. Seulement c'est la divinité de ton monde qui choisit qui devient initié ou non.
- Le Töfrandi. Et ce n'est pas une divinité de mon monde, c'est mon monde.
- D'accord... Et nous, nous sommes des initiés qui avons le don d'hyper-communication, donc cela fait de nous des passasjer.
- Exactement. Et c'est justement grâce à ce don et si on réussit les épreuves du Töfrandi que nous pourrons accéder à la gouvernance des älva.
- Est-ce que je suis une älva ?
- On dirait un älva dans ton cas. Mais non, tu n'es pas un älva. Pour être älva, il faut avoir grandit dans le Töfrandi. Et toi tu as grandit chez les mennesker ce qui faisait de toi un mennesker avec des gênes féériques car ta lignée découle de l'union de deux initiés qui sont restés sur Terre pour élever leur bébé. Enfin, c'est ce que nous supposons.
- Donc avant j'étais humain, mennesker mais le Töfrandi a décidé que j'étais digne de devenir passasjer.
- Oui c'est ce qui est le plus probable. Surtout que tu m'as dit que ton hyper-communication ne s'était déclenchée que vers tes vingt ans.
- Il y a d'autre chose que je dois savoir sur les älva et sur moi ?
- Les älva ne peuvent pas mentir et résistent au temps. Notre enveloppe charnelle arrête de vieillir à un moment de notre vie et nous restons comme cela jusqu'à notre mort. Toi, tu as vingt-neuf ans physiquement.
- Vingt-neuf ? Et toi ?
- On estime que mon enveloppe charnelle arrêtera de vieillir vers mes vingt-sept ans.
- Donc ton corps vieillit encore. Est-ce qu'il est possible d'être très jeune ou très vieux... Physiquement évidemment ?
- Oui c'est possible. Par exemple la reine actuelle a une enveloppe charnelle de soixante-trois ans.
- J'ai de la chance alors... Tu as dit que les älva ne pouvaient pas mentir. Mais moi je peux. Tandis que toi tu ne peux pas alors que nous sommes tous les deux des passasjer... Pourquoi ?
- Être passasjer change beaucoup de choses mais cela n'enlève pas le fait que tu étais un mennesker. Les bienfaits du Töfrandi n'ont pas pu t'affecter et ainsi te rendre incapable de mentir. Normalement, tu aurais dû continuer de vieillir mais comme tu es devenu passasjer cela a réveillé ta partie féerique et a stoppé ton vieillissement.
- Edel, pourquoi moi ?
- Si seulement on savait. Le Töfrandi choisit ses élus car il les considère dignes d'appartenir aux deux mondes. Nous sommes les gardiens du Töfrandi en quelques sortes. La seule chose que l'on sait sur la volonté du Töfrandi est qu'il ne choisit personne par hasard et que les passasjer ont toujours de grands rôles à jouer.
- Je comprends mieux pourquoi tu es si différente des autres. Mais est-ce que le fait que lorsque nous sommes ensemble nos hyper-communications "s'échangent", signifie quelque chose à propos de nous ? On serait comme relié ?
- Aucune idée. Tout ce que je sais c'est que grâce à toi, je trouverais la clef de mon hyper-communication et que grâce à moi tu trouveras la tienne. Ainsi, nous serons dignes du Töfrandi. Nous pourrons sûrement réussir les épreuves et accéder au pouvoir.
- Tu veux devenir reine ?
- Je n'ai pas le choix. Sans passasjer pour communiquer avec le Töfrandi, les älva ne survivront pas. À l'origine, seuls les initiés pouvaient rester dans Töfrandi mais les choses en entrainant d'autres, le premier bébé d'initié est né et il n'était pas initié alors ils ont dû rester dans le Töfrandi. C'est grâce à passasjer. Oui, il aurait promis au Töfrandi de ne jamais aimer quelqu'un plus que le Töfrandi. C'est comme cela que les älva ont pu voir le jour. Enfin, c'est une légende, ce n'est peut-être pas vrai. Qui sait ? Donc, pour la survie des älva, il faut que je devienne reine. Mais toi, qu'en penses-tu ?
- Être roi d'un monde que je connais pas ? Je ne sais pas... Ce n'est pas une décision qu'on prend à la légère. Tu as eu vingt-trois ans pour la prendre. Je ne sais que qui je suis depuis seulement trois heures. Mais tu sais, si comme tu le dis les älva résistent au temps et que ta reine est encore en vie, je ne vois pas en quoi tu es obligée de devenir reine... Et avec un peu de chance, un autre passasjer fera son apparition et ainsi tu auras le choix. Et qu'entends-tu par "ne jamais aimer quelqu'un plus que le Töfrandi" ?
- Et bien, la reine ou le roi doit un amour inconditionnel et total au Töfrandi. De plus, il ne doit pas faire de préférence entre ses sujets, c'est pour cela que lorsque la reine ou le roi gouverne tout amour lui ait interdit. C'est aussi pour cette raison, qu'une personne n'ait jamais reine ou roi toute sa vie, sauf si il meurt pendant son règne. Après leur règne, cette loi ne s'applique plus et il peut construire une vie à deux, voire une famille.
- Mais il se peut que son âme-soeur ait fait sa vie de son côté...
- Cela signifierait que ce n'était pas son âme-soeur. Et nous ne croyons pas aux âmes-soeurs... Mais j'ai compris ce que tu voulais dire. C'est un risque à prendre mais la gouvernance est une chose qu'on ne peut pas refuser... C'est un immense privilège. Et pour revenir sur ce que tu as dit, il est vrai que ma reine est encore en vie, mais il y a toujours un risqu que son amour pour le Töfrandi ne soit plus assez fort, le Töfrandi ressent ce genre de choses, et qu'elle ne puisse plus gouverner... De plus, le nombre de passasjer diminue d'années en années. Nous sommes les deux derniers, pour l'instant, qui pouvont prétendre au trône.
- Donc c'est soit toi soit moi.
- Non. Nous pouvons tous les deux régner ensemble.
- C'est-à-dire tous les deux renoncer à l'amour... Du moins pendant notre règne.
- Tu as l'air de beaucoup tenir à l'amour.
- C'est que... Je ne me vois pas vivre en sachant qu'il m'est impossible d'aimer qui je veux.
- De toute façon, ne t'inquiètes pas. Ce choix fait parti des épreuves du Töfrandi. Tu as d'autres questions ?
- Pas pour l'instant mais j'ai une demande à te faire.
- Est-ce que je pourrais aller dans le Töfrandi ?
- Évidemment Harry, tu es fait pour ça. Tu en es digne. Personne ne peut t'empêcher d'y aller si tu le veux. Ça te dirait de découvrir ce dont nous sommes capable ensemble ?
- Tu parles de l'hyper-communication ?
- Oui.
- Ok ça me va. Edel, merci de m'avoir tout dit. Tu aurais très bien pu me laisser dans l'ignorance mais tu ne l'as pas fait. Je e suis toujours demandé si je n'étais pas un peu fou au fond mais non... Je suis juste un passasjer.
- Tu n'es pas juste un passasjer, tu sais. Tu es le deuxième passasjer à être découvert dans le monde des mennesker. Le premier était passasjer I. Tu es unique, Harry. "


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" - Allo ?
- C'est bien Nico ?
- Oui et vous êtes ?
- Edel.
- E-Edel ? Je ne pensais pas que tu m'appelerais, je pensais que tu avais dit que tu n'avais pas de téléphone pour me faire comprendre subtilement que tu voulais pas être mon amie...
- Je n'avais vraiment pas de téléphone. Mais si tu pensais que je te contacterais pas, pourquoi m'avoir donner ton numéro dans ce cas ?
- Oh... J'espèrais peut-être que tu changerais d'avis.
- Tu as bien fait de me donner ton numéro.
- Vraiment ?
- Oui.
- Mais du coup pourquoi tu as un téléphone tout à coup ?
- Et bien, il a fallu que j'en achète un pour rester en contact avec certaines personnes.
- Et j'en fais parti ?
- On dirait bien vu que je t'appelle.
- Pas faux. Alors, nous, les certaines personnes, sommes au nombre de combien ?
- Vous êtes deux.
- Deux ? Haha, tu es vraiment précise dans tes choix. Et bien, sache que je suis bien content de faire parti de ce cercle très select !
- On ne peut pas vraiment appeler ça un cercle. Deux personnes ne sont pas assez pour former un cercle... Si on devait donner une forme, j'opterais plus pour un oval... Ça colle un peu plus avec le chiffre deux.
- Tu as raison. Et puis de toute façon, les cercles sont surcotés. Dis-moi, je peux savoir qui est la deuxième personne de cet oval très select ?
- Pourquoi ?
- Euh... Sans raison particulière... Pour savoir. Je me demandais juste qui pouvait être le ou la deuxième élu(e)... Sans arrières pensées !
- C'est Harry Wright.
- Le professeur de spychologie de l'université ?
- Je n'en connais pas d'autre.
- Mais... C'est ton professeur et tu es son élève. Tu ne devrais pas avoir son numéro...
- Justement... À propos de ça. Je ne suis pas son élève.
- Comment ça ?
- Et bien, ce matin quand tu es venu me parler, tu as cru que j'étais nouvelle mais ce n'est pas le cas. Je cherchais juste Harry. Et je me suis dit que tu trouverais sûrement ça bizarre... Donc je ne t'ai pas dit que je n'étais pas étudiante... Désolé.
- Quoi ? Ne t'excuse pas, c'est pas grave. C'était un petit quiproquo de rien du tout ! Mais, pourquoi tu cherchais Mr Wright ?
- C'est un peu compliqué à expliquer mais c'était pour une question d'origine.
- C'est ton père ?
- Quoi ? Non. Ce n'est pas mon père. Il n'est pas assez vieux. Disons qu'on s'est rendu compte que nos ancêtres appartenaient au même peuple et j'avais besoin de discuter de ça avec lui.
- Ça a un rapport avec la Norvège ?
- Oui voilà, c'est à peu près ça.
- Si tu n'es pas étudiante... Tu restes combien de temps à New York ?
- Normalement, je devais rester qu'une journée mais comme il est tard, Harry a proposé que je reste dormir chez lui. Donc je repars demain dès que possible pour ne pas que inquiéter les autres.
- Demain ? Ah oui... Tu repars en Norvège. C'est loin. On pourra pas se revoir avant longtemps.
- Je vais faire plusieurs aller-retour pour voir Harry donc je pourrais aussi venir te voir.
- Vraiment ?
- Oui. À part si tu ne veux pas.
- Ah si si, je veux... Enfin, oui ça pourrait être cool de se revoir. Tu reviens quand la prochaine fois ?
- Je ne sais pas encore, il faut que j'en discute avec mes supérieurs.
- Tes supérieurs ?
- Oui je ne peux pas m'absenter comme ça. J'ai des obligations que je ne peux pas reporter.
- Tu travailles dans quoi ?
- Euh... Ce n'est pas vraiment un travail mais ça a à voir avec la communication et la politique.
- Ah oui... La politique s'est toujours un peu sensible.
- Mais je sais aussi prendre du temps pour moi... En tout cas, je vais en prendre plus.
- Dis-moi, tu fais quelques choses en ce moment ?
- Non, pourquoi ?
- Et bien... Comme on risque de ne pas se voir avant longtemps, je me suis qu'on pourrait peut-être se voir ce soir. Vu que ce matin, on a pas pu vraiment discuté... Je suis dans un bar avec des amis de l'université, tu veux nous rejoindre ?
- Un bar ?
- Oui, attend je t'envoie l'adresse. Alors, ça te dit ?
- Oui, je me mets en route.
- Dis moi quand tu seras pas loin, je viendrais te retrouver sur le chemin !
- D'accord. À tout de suite, alors.
- Yes, à bientôt ! "


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IT IS OKAY.
YOU JUST FORGOT WHO YOU ARE.
WELCOME BACK.


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cristalkamigami

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Re: EDEL St JERNERS ┼ PARTIE II

Message par cristalkamigami »

LES ÉPREUVES

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" - Edel, tout va bien se passer. C'est ce pourquoi tu as été entrainée pendant des années, la raison qui t'a poussé à venir me chercher chez les humains. Les älva ont besoin de toi, de nous. Tu m'as convaicu que c'était la chose à faire, il y a deux ans. Tu n'as pas arrêté de perfectionner notre hyper-communication. Tu nous as permi de mieux comprendre nos capacités. Tu nous as fait comprendre qu'il y avait une raison à l'équilibre et au déséquilibre de nos hyper-communication. Tu as su exploité nos faiblesses pour en faire des avantages. Grâce à toi, les älva ont de nouveau confiance en nous. Et ce n'était pas gagné. Quand la Reine a été rejeté par le Töfrandi sans raison, on a cru que le Töfrandi ne voulait plus des älva et pourtant tu n'as pas baissé les bras. Tu as montré à tous que nous pourions devenir à notre tour, le roi et la reine des älva. Tu leur as montré une autre image de nous : tu es passée de la passasjer qui n'entend rien à la passasjer qui peut survivre chez les mennesker comme vous dites et moi, je suis passé du passasjer mennesker au passasjer hyper-entendant. Et lorsque nous sommes ensemble, nous sommes d'autant plus forts. Je suis persuadé que c'est la volonté de Töfrandi depuis toujours. Qu'il a rejeté la Reine dès le moment où il nous a su prêts. Edel, nous sommes prêts. Tous les deux, nous serons jugé dignes du Töfrandi et nous pourrons permettre à ton peuple... À notre peuple de survivre.
- Tu as raison. Nous allons réussir ces épreuves haut la main.
- Nous sommes déjà du Töfrandi. Et puis, nous pourrons toujours aller chez les humains lorsque nous serons devenus roi et reine. Ne t'inquiète pas, c'est nous qui définirons les règles. Et je saurais convaincre le Töfrandi de choisir de nouveaux passasjer pour qu'ils aient le temps d'être bien formés. Nous n'aurons pas à vivre jusqu'à notre mort comme roi et reine.
- Tu sais, ça ne me dérangerait pas. Si c'est pour le bien des notres, je pourrais tout endurer. Et il y a pire que d'être Reine.
- Vraiment ? Tu ne regretterais rien si nous resterions roi et reine pendant des décennies voire des siècles ? Rien ? Personne ?
- Ça ne me dérangerait pas. Mais évidemment qu'il y a des choses qui me manquerait... Et des gens. Pas toi ?
- Moi, tu sais très bien que je le fais pour toi.
- Seulement pour moi ?
- Il est vrai que je commence à apprécier d'être considérer comme unique. J'ai un rôle bien plus grand à jouer ici que chez les humains. C'est toi même qui me l'a dit.
- Les grands rôles ne sont pas fait pour tout le monde. Cependant, je sens que tu en es capable.
- Tout comme toi, Edel.
- Merci, de me redonner confiance en ce que je crois.
- C'est normal, Edel. Il arrive de ne plus savoir où on en est lorsque le grand jour arrive. Et pour c'est demain. Maintenant, dors-bien pour justement être en forme demain.
- Toi aussi, Harry. "


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" - Edel, viens à moi. Je t'en prie, sois la bienvenue. J'aimerais communiquer avec toi pour apprendre à mieux te connaître.
- Bien sûr.
- C'est très bien Edel. Je vois que tu maîtrises ton hyper-communication à merveille dorénavant que vous avez trouvé votre équilibre avec Harry. Je suis bien content que vous vous soyez trouvés même si cela à quelque peu accélérer mes plans. Je n'avais pas prévu que vous vous présentiez devant moi aussi vite. Mais il semble que j'ai sous-estimé votre puissance quand vous êtes ensemble. Cependant, dis-moi que préfères-tu ? Le silence que tu as toujours connu depuis ta naissance ou l'hyper-communication qui te permet de t'infiltrer dans tous les esprits ?
- Je me suis toujours sentie mal à l'aise de pouvoir peut-être entendre les pensées des gens et des êtres vivants alors je dois l'avouer que cela m'arrangeait de ne pas entendre tout cela. En réalité, l'intimité des choses. Cependant, j'ai compris que je devais accepter ce que vous m'aviez offert et j'ai essayé de m'en sortir avec mon hyper-communication. Néanmoins, nous savons que entrer dans les esprits me demandait beaucoup de concentration et d'énergie. J'ai eu le sentiment que vous regretiez votre choix et que c'est pour cela que je n'entendais pas. Mais lorsque j'ai communiqué avec la roche, j'ai compris que votre intention était tout autre. J'ai supposé que vous vouliez que je trouve l'autre passasjer, Harry. Et, il se fut que ce soit l'une des meilleures décisions de ma vie. En effet, j'ai non seulement été capable de contrôler l'hyper-communication avec un peu d'entrainement mais j'ai aussi rencontré de formidables personnes lors de mes séjours chez les mennesker. J'ai beaucoup appris d'eux et essayé au mieux de m'en inspirer pour faire du Töfrandi un monde encore plus savant. Tandis que Harry communiquait avec vous pour découvrir l'immense possibilité de son hyper-communication explosive. Alors, pour répondre à votre question : je n'ai pas préférence, ce n'est pas comparable, mais je dirais que je suis très bien comme je suis en ce moment comme je sais que j'aurais aussi apprécié ma vie silencieuse.
- Il est vrai que vous m'avez beaucoup apporté tous les deux. Sache aussi que même lorsque tu pensais que tu n'étais pas digne de ton hyper-communication, tu es la seule qui n'a jamais été aussi proche de moi et digne du Töfrandi. Tu as su comprendre ce que j'attendais de toi sans même avoir besoin de communiquer avec moi. C'est une grande qualité que je recherche depuis longtemps chez les älva. J'ai essayé d'innover et il semblerait que cela ait plutôt bien marché. Entre la passasjer du Nord qui a une hyper-communication silencieuse et le passasjer des mennesker qui a une hyper-communication explosive, je pense avoir réussi à chambouler le commun des älva. Tu m'es très importante Edel tout comme Harry, c'est pour cela que j'aimerais savoir à quel point je te suis important. Serais capable de tout abandonner pour moi ? De tout oublier pour moi ? De ne plus aimer pour moi ?
- Je vais être honnête avec vous. Si vous voulez, une dévotion sans faille et à toute épreuve, c'est à Harry qu'il faut demander si vous souhaitez une réponse positive. J'ai déjà abandonné beaucoup de chose pour vous. Je n'ai pas vu mes parents depuis mes cinq ans, j'ai supporté des années d'entrainement qui ne menait à rien, j'ai risqué ma vie en allant chez les mennesker à maintes reprises qui se sont avérées plus tard innofensives pour moi. J'ai mis de côté ce que je pensais car je le devais pour le bien des miens. Je me suis toujours refusé tout amour pour ne pas échouer devant vous. Je n'ai rien à me reprocher et vous le savez tout comme moi. Cependant, je préfère être entièrement transparente avec vous. Je ne sais pas de quoi ait fait mon avenir et je ne sais pas si ma dévotion pour vous sera sans faille et à tout épreuve, je n'ai pas de dévotion aveugle envers vous. Ce que je ressens pour vous est un profond respect, de l'admiration et de la conviction envers ce que vous faîtes. Je ne cherche pas à vous prouver que je suis digne de vous, je le sais. Vous m'avez choisi, il y a de cela des années et je me trouve aujourd'hui devant vous pour vous dire que vous avez bien fait. C'est ce que je pense devoir faire. Vous montrez que je suis d'accord avec ce que vous dîtes ou faîtes quand je le suis et vous montrez quand je ne le suis pas. Les älva besoin d'une reine qui est capable de défendre les siens pas d'une reine qui suit ce que le Töfrandi du doigt à l'oeil.
- Tu veux être mon égale ?
- Non. Je sais que c'est impossible. Je n'ai ni votre puissance ni votre influence. Je sais quelles sont les règles pour être Reine et je les accepte sans problème. Ce que je veux dire est que ce partenariat que nous pourrions prendre si vous le voulez pourra être basé sur la confiance et le respect plutôt que sur l'admiration sans faille et le loyauté aveugle. Je vous serais fidèle bien évidemment mais je resterais moi-même. Par exemple, les älva ont besoin de nouveaux passasjer et je saurais vous montrer que choisir plus d'älva est la bonne chose à faire. J'aimerais pouvoir vous offrir mes conseils.
- Bien, il me semble que nous soyons d'accord que c'est peu commun et que jamais je ne me serais attendu à cela venant de toi. Mais il semblerait pourtant que ce soit exactement pour ces raisons que je t'ai choisie comme une évidence que je n'avais pas ressentie depuis longtemps. Alors Edel, j'ai l'honner et le privilège de t'annoncer que tu as passé les épreuves avec succès. Une dernière question avant que l'on ne se "reparle" pour que tu donnes tes conseils avisés ?
- Envisagez-vous de faire, comme pour passasjer I, d'un mennesker un passasjer ou un initié une nouvelle fois ?
- Et bien, je ne suis pas contre l'idée si le mennesker ait digne de se transcender en älva. Ou si il en a la force. Au revoir Edel.
- À bientôt. "


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" - Alors Edel ? Tu as eu cette promotion dans ton travail ? Tu as su montrer à ton patron que tu étais la meilleure pour se poste ?
- Il n'avait pas besoin que je lui montre, il le savait depuis longtemps déjà. C'était juste le bon timing.
- Mais c'est super Edel ! Je suis content pour toi que tu ais eu ce poste. Je sais que tu en rêvais depuis toute petite. C'est un juste retour des choses pour tout ce que tu as sacrifié.
- Merci, Nico. Mais ça veut aussi dire que l'on se verra un peu moins.
- Dois-je te rappeler que ce qu'on utilise en ce moment marchera tout aussi bien si on l'utilise un peu plus souvent. On pourra faire plus de face-time aussi. Ça rééquilibrera les fois où on se voit.
- Tu as raison.
- Comme toujours, Edel.
- Ne prends pas trop confiance. Avoir raison une fois sur cinq ne veut pas dire toujours chez moi.
- Une fois sur cinq ? J'aurais plutôt dit que j'ai faux une fois sur cinq !
- Dire que tu as faux signifie que tu n'as pas toujours raison.
- Bien joué, Edel, mais ce n'est que partie remise. J'aurais ma vengeance.
- Je n'ai absoluement pas peur. Tu es adorable, tu ne pourrais pas te venger.
- Oui... Et merci, haha.
- Oh, je ne t'ai pas demandé et toi ? Ta thèse de psychologie ?
- À priori, je dois un peu la retravailler mais il se pourrait que cela devienne un petit bijou. Alors on dirait que la chance nous a sourit à tout les deux !
- Ça n'a rien à voir avec la chance, Nico. Tu es l'une des personnes qui travaille le plus de toutes mes connaissance. C'est entièrement mérité ce qui t'arrive.
- Merci, Edel. Tu sais, je suis vraiment heureux de te connaître. Tu m'as beaucoup aidé pour ma thèse tant pour m'encourager tant pour me servir d'exemple.
- Et bien, de rien.
- C'est un compliment je t'assure !
- Je sais Nico. Je vais devoir te laisser... Il ne faudrait pas que cela dure trop longtemps. Le devoir m'appelle.
- D'accord, fais attention à toi.
- Toi aussi. "


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ONE DAY OR DAY ONE.
IT IS YOUR CHOICE.


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QUI EST EDEL ?

" - Edel ? Et bien, je dois avouer que je la considère un peu comme ma fille. Je l'ai entrainé pour qu'elle devienne une passasjer digne du Töfrandi depuis ces cinq ans donc pour elle comme depuis toujours. Je suis sûr qu'elle me considère aussi comme sa figure paternel et j'ajouterais même, rêvée. Il est évident que je suis le meilleur modèle qu'elle ait jamais eu. Enfin, pour en revenir à ce qu'on demande. Edel, ne parle pas beaucoup. Enfin, ce n'est pas pour me lancer des fleurs mais avec le temps j'ai réussi à dompter la bête et elle s'est peu à peu ouverte à moi et aux autres. Avec le temps, Edel pourrait sûrement devenir sociable... Non, peut-être pas... Je dirais plus qu'elle ne serait pas fermée à la découverte. Mais il est vrai qu'au début, elle ne parle vraiment mais vraiment pas beaucoup. C'est quelque peu déroutant. Elle vous répond mais le strict minimum. Et si vous voulez éviter qu'un silence gênant s'installe vous devez meubler tout seul la conversation. En réalité quand j'y repense, c'est pour cela que je parle beaucoup. Pour éviter qu'elle ne soit gênée par le silence. Vous voyez, je suis vraiment un chic type et un "père" formidable. Je sais que vous auriez adoré que je sois le votre mais c'est Edel qui a cette chance. Elle est vraiment chanceuse ! Sinon... Ah si ! Le seul moment où on ne peu plus arrêter Edel, c'est quand il s'agit de raconter l'histoire des älva, de passasjer I et du Töfrandi. Un vrai moulin à parole à ce moment-là. Enfin, son discours reste quand même organisé et peu chaleureux mais elle parle ! C'est un vrai changement. Sinon, c'est à peu près tout sur Edel... Mais vous ne voulez pas apprendre à me connaître à la place ? Il y a plus de choses à dire. Beaucoup plus. "

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" - Edel a une place importante dans ma vie. C'est elle qui m'a apporté la pièce manquante de mon existence. Grâce à elle, j'ai enfin su qui j'étais et ce que je devais faire. Je n'étais plus le professeur de psychologie mais je suis devenu le Roi des älva. Alors, je lui dois beaucoup. Edel est quelqu'un de très généreux. Elle veut toujours faire du mieux qu'elle peut pour ne pas rendre les gens malheureux. Selon, c'est pour cela qu'elle n'a jamais rien dit à son entraineur. Elle ne voulait pas qu'il soit triste d'apprendre qu'il lui tapait sur les nerfs. Mais au final, je crois qu'elle a commencé à l'apprécier. Comme quoi la persévérance sert toujours. Edel ferait tout ce qu'elle peut pour devenir la meilleure version d'elle même. Elle s'est démené jours et nuits pour prouver aux älva qu'on a la carrure d'un Roi et d'un Reine. Comme elle joue très bien avec la vérité, elle dit qu'elle est persévérante mais je sais très bien que c'est plus de l'entêtement que de la persévérance. Quand quelque chose la contrarit, elle ne le montre pas mais elle fera tout pour démontrer que vous aviez tord ou que vous n'aviez pas tout à fait juste. Cependant, il lui quelques fois de reconnaître quand elle est en tord. C'est ce qui fait une personne de confiance. Elle s'est prendre du recul sur elle-même et puis elle ne pas mentir... Donc elle est honnête même si je vous le rappelle, les älva sont très douées pour tourner la vérité à leur avantage. Ne l'oubliez pas. Mais Edel est très souvent franche sauf avec Nico, où elle est obligé d'omettre quelques détails car elle y est obligée. Il nous est interdit de révéler qui nous sommes aux humains. C'est la seule exeption à sa franchise. "

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" - Edel ? Elle est magique, haha ! Quoique, je dirais plus qu'elle a quelque chose de féérique ! "

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" EDELWEISS, EDELWEISS,
EVERY MORNING YOU GREET ME,
SMALL AND WHITE,
CLEAN AND BRIGHT,
YOU LOOK HAPPY TO MEET ME.
BLOSSOM OF SNOW
MAY YOU BLOOM AND GROW,
BLOOM AND GROW FOREVER.
EDELWEISS, EDELWEISS,
BLESS MY HOME-LAND FOREVER. "
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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par cristalkamigami »

Voilà ma fiche, j'espère qu'elle vous plaira ! Je sais, elle est longue alors je ne vous en voudrais pas si vous ne la lisez pas entièrement... ;)
Lumione

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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par Lumione »

J'ai tout lu et franchement bravo ! Je sais pas si c'est toi qui a inventé l'univers mais si c'est le cas, c'est l'un des mieux construits que j'ai rencontré, ca mériterait un livre complet !
cristalkamigami

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Message par cristalkamigami »

Lumione a écrit :J'ai tout lu et franchement bravo ! Je sais pas si c'est toi qui a inventé l'univers mais si c'est le cas, c'est l'un des mieux construits que j'ai rencontré, ca mériterait un livre complet !
Merci beaucoup ! Je me suis un peu inspirée de ShadowHunters avec l'univers des fées et le fait qu'elles ne puissent pas mentir et la Reine des fées mais pour tout le reste, ça sort de ma tête ! ( J'ai beaucoup de choses en tête, oui :D )
J'avais peur qu'on ne comprenne pas bien l'univers mais à priori ce n'est pas le cas donc je suis rassurée. (Ouff)
C'est vrai qu'en écrivant la fiche d'Edel, j'ai eu du mal à m'arrêter. ( Mais il falait bien, sinon Glam allait me tuer... xD) Après je ne sais pas si j'aurais eu assez de contenu pour un livre mais pour un RPG ça devrait le faire ;)

En tout cas, ça me fait très plaisir que tu ais aimé car j'y ai passé un temps fou... ( et aussi parce que j'adore Edel !)
Lumione

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Message par Lumione »

cristalkamigami a écrit :
Lumione a écrit :J'ai tout lu et franchement bravo ! Je sais pas si c'est toi qui a inventé l'univers mais si c'est le cas, c'est l'un des mieux construits que j'ai rencontré, ca mériterait un livre complet !
Merci beaucoup ! Je me suis un peu inspirée de ShadowHunters avec l'univers des fées et le fait qu'elles ne puissent pas mentir et la Reine des fées mais pour tout le reste, ça sort de ma tête ! ( J'ai beaucoup de choses en tête, oui :D )
J'avais peur qu'on ne comprenne pas bien l'univers mais à priori ce n'est pas le cas donc je suis rassurée. (Ouff)
C'est vrai qu'en écrivant la fiche d'Edel, j'ai eu du mal à m'arrêter. ( Mais il falait bien, sinon Glam allait me tuer... xD) Après je ne sais pas si j'aurais eu assez de contenu pour un livre mais pour un RPG ça devrait le faire ;)

En tout cas, ça me fait très plaisir que tu ais aimé car j'y ai passé un temps fou... ( et aussi parce que j'adore Edel !)
Je m'en suis doutée pour Shadowhunters ;)
Par contre je pense vraiment que si t'as le temps tu pourrais réfléchir à des aventures qui pourraient leur arriver (désolée d'insister c'est juste que ton monde est vraiment cool) !
cristalkamigami

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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par cristalkamigami »

Lumione a écrit :
cristalkamigami a écrit :
Lumione a écrit :J'ai tout lu et franchement bravo ! Je sais pas si c'est toi qui a inventé l'univers mais si c'est le cas, c'est l'un des mieux construits que j'ai rencontré, ca mériterait un livre complet !
Merci beaucoup ! Je me suis un peu inspirée de ShadowHunters avec l'univers des fées et le fait qu'elles ne puissent pas mentir et la Reine des fées mais pour tout le reste, ça sort de ma tête ! ( J'ai beaucoup de choses en tête, oui :D )
J'avais peur qu'on ne comprenne pas bien l'univers mais à priori ce n'est pas le cas donc je suis rassurée. (Ouff)
C'est vrai qu'en écrivant la fiche d'Edel, j'ai eu du mal à m'arrêter. ( Mais il falait bien, sinon Glam allait me tuer... xD) Après je ne sais pas si j'aurais eu assez de contenu pour un livre mais pour un RPG ça devrait le faire ;)

En tout cas, ça me fait très plaisir que tu ais aimé car j'y ai passé un temps fou... ( et aussi parce que j'adore Edel !)
Je m'en suis doutée pour Shadowhunters ;)
Par contre je pense vraiment que si t'as le temps tu pourrais réfléchir à des aventures qui pourraient leur arriver (désolée d'insister c'est juste que ton monde est vraiment cool) !
Shadowhunters, la base de tout :D
Je verrais si des idées fusent dans mon cerveau, je les noterais et j'en ferais sûrement quelque chose. Et encore merci !
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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par glamour123 »

Cris : Bon, bah, tu sais déjà ce que je pense d'Edel :D Encore une fois, très belle fiche. Il va falloir que je finalise Ona moi maintenant, je n'ai plus aucune excuse...
Daim2

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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par Daim2 »

Lsgi : Bah en même temps il y a que dans Disney que les sirènes sont mignonnes et pas dangereuses.. Mais promis je toucherais pas au perso jouer, je me contenterais de manger des biches ou quoi ;)

Cristalkamigami : J'adore ta fiche ! Et ton style d'écriture aussi, une fois prise dans l'histoire j'ai même pas vu la longueur, vraiment top !
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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par cristalkamigami »

Glam : J'ai hâte de pourvoir relire Ona... Alors grouille-toi ! ;)

Daim : Merci beaucoup ! Oui je me suis dit que ne faire que des dialogues serait plus simple à lire (et à écrire xD).
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Re: Le nouveau monde | Kasper

Message par Springbloom »

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Petit mise en contexte : Le monde tel que nous le connaissions n'existe plus, ravagé par une épidémie voilà 150 ans. Personne ne l'avait vu venir, personne n'avait su l'endiguer. En l'espace de quelques mois, les gouvernements s'étaient effondrés malgré la fermeture des frontières. Mais il n'y a pas de raison de perdre espoir. Pas tant qu'il y aura des hommes pour se battre. Tels des phénix, l'humanité s'est relevée de ses cendres. De celles-ci ont émergé un monde nouveau, une nouvelle terre pour ceux qui avaient survécu : New Union.
Mais comment parvenir à redémarrer quand tout s'est arrêté ? Prendre des décisions pour une poignée d'êtres humains errants, quand l'on connait son passé glorieux, ça n'a rien d'aisé. Et New Union a fait de nombreuses erreurs. De sa volonté démocratique originelle, cette nouvelle société est tombée dans une oligarchie à la solde d'une élite économique qui avait su tirer son épingle du jeu de l'apocalypse.
Afin de s'assurer un contrôle total de la population, cette élite a supprimé toute forme de médias, excepté la télévision. Des centaines de chaines qui pouvaient exister auparavant, les quelques restantes sont contrôlées, véhiculant propagande et fausses nouvelles, servant pleinement la classe la plus aisée du pays. Les opposants ? Jetés en prison. La liberté d'expression s'est envolée. Le bas peuple trime tandis que la nouvelle aristocratie s'enrichit et profite de ses possessions sans que personne ne cherche à la déloger de son piédestal doré.
Comme toujours, l'espoir vit toujours entre les hommes : tant qu'il y aura des hommes pour penser, pour vivre, il sera présent. Et ainsi Nihil, une nouvelle chaîne de télévision, a vu le jour, indépendante du gouvernement. Comment ? Nul ne le sait. La chaîne a tout misé sur une émission dont les modalités sont floues. Tout ce que l'on sait, c'est que tout le monde peut y participer, tout le monde a la possibilité de remplir le formulaire et de tenter sa chance : élite, reclus, délinquant, criminel, simple passant ou boulanger. N'importe qui peut participer et obtenir la réalisation de tous ses plus grands souhaits : gloire, richesse, pouvoir, postérité...Et peut-être même, au bout de tout ça, pouvoir enfin renverser le système afin d'y installer l'utopie tant rêvée par tous.



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HATE ME WHEN I'M GONE, I'LL MAKE IT WORTH WHILE I'M SUCCESSFULL
BUT WHEN I'M HERE I NEED YOUR KINDNESS 'CAUSE THE CLIMB IS ALWAYS STRESSFULL
CLUMSILY GAS MYSELF BY THINKING I'LL BE BETTER OFF ALONE
I'LL LEAVE MY PEACE IN PIECES ALL AROUND THE DECENT PEOPLE BACK AT HOME

'CAUSE I'M A BIG BOY, AN ADULT NOW OR NEARLY
IF I PULL THE WOOL BACK FROM MY EYES I CAN SEE CLEARLY
THE WORLD IS AT MY FEET AND I AM STANDING ON THE CEILING
AND I FALL, FALL, FALL, WHEN IT ALL COMES DOWN
AND I WON'T BE CRUSHED BY THE WEIGHT OF THIS TOWN
I FALL FROM THE SKY BUT I WON'T FALL FOREVER
I FALL BUT WHEN I RISE I'LL BE STRONGER THAN EVER

OFFICIAL MAN, DELUSIONS GRAND AND NOW I'M A FREE AGENT
I'M HERE TO MAKE A STAND FOR CAUSES I DON'T UNDERSTAND AND MAKE A STATEMENT
I FALL SHORT ON KNOWLEDGE, I DON'T EVEN WATCH THE NEWS
CAN'T BE ARSED WITH COLLEGE, IT'S NOTHING BUT A HUMAN ZOO

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I'M NOT DEFEATED, I BELIEVE THAT I CAN TURN THIS SHIP AROUND
DESTROY THE STATUS QUO UNTIL I KNOW I FOUND A COMMON GROUND
I'M NOT ALONE, I'M JUST FOCUSED IN MY ZONE, THIS IS EASY
I'M FINE, I JUST NEED TIME TO TURN THIS INTO HOME, I'M GOOD, BELIEVE ME
BELIEVE ME WHEN I SAY I'M GONNA BE

BIG EXPLOSIONS CRACK THROUGH THUNDEROUS MOUNTAINS
HEARTS EXPLODING, MINDS, VOLCANOES POP AND BLOW
I'M NOT ALONE, I'M NOT ALONE
WHO AM I KIDDING ? I'M SAD, NO IDEAS COMING
IT'S DRIVING ME MAD AND I'M FIGHTING IT
IT'S TURNING ME BAD, I'M LOADED, RAGE IS TAKING ME OVER
I JUST WANNA BE HOME WITH ALL MY FRIENDS AND FAMILY
MUM AND DAD, IT'S CLOSING IN ON ME, I NEED RECOVERY, COMING HOME
I'M COMING HOME AND I NEED CLOSURE, I NEED CLOSURE

'CAUSE I'M A BIG BOY, AN ADULT NOW OR NEARLY
IF I PULL THE WOOL BACK FROM MY EYES I CAN SEE CLEARLY
THE WORLD IS AT MY FEET AND I AM STANDING ON THE CEILING
AND I FALL, FALL, FALL, WHEN IT ALL COMES DOWN
AND I WON'T BE CRUSHED BY THE WEIGHT OF THIS TOWN
I FALL FROM THE SKY BUT I WON'T FALL FOREVER
I FALL BUT WHEN I RISE I'LL BE STRONGER THAN EVER


(Copyright : Raleigh Ritchie)


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KASPER, le gardien d'un mystérieux trésor, celui qui se cache au plus profond de mon imagination, et que seules les barrières hissées par mon fort intérieur pourront protéger, n'ayant jamais eu les moyens ni les capacités pour le faire pour de vrai

JOZEF, en souvenir de notre ancien pays, dont un certain Józef Piłsudski aurait permis l'indépendance ; Maman me rappelle souvent que bien que ce soit un honneur de porter son nom, de nombreuses personnes ont porté le nom de Józef sans le mériter, et que c'est la raison pour laquelle je ne dois jamais me reposer sur mes lauriers

SEWERYN, notre nom de famille, notre héritage polonais, et pour l'instant le seul nom de famille que je connaisse qui soit polonais ; Papa dit qu'il aurait des siècles et des siècles, qu'il daterait de l'époque où la Pologne était encore le Royaume des Deux Nations, quand notre famille était parmi les plus puissantes de Cracovie, reconnue pour son sérieux et sa rigueur dans les affaires judiciaires




3 JANVIER 2149 en plein milieu de l'hiver gallois, dans une chaumière recouverte d'une épaisse couche de neige, une forte odeur de feu de cheminée dans l'air

20 ANS a déambuler comme une ombre partout où je vais en espérant un jour trouver ma place ici bas

HÉMOPHILE, enfermé, prisonnier, à jamais considérer comme inapte et faible, réduit à ne jamais pouvoir réaliser mes plus grands rêves

GALLOIS et POLONAIS, curieux et improbable mélange sur ces terres, et pourtant bien réel

BISEXUEL bien que plus amoureux de mes comparses que de mes compagnes

AMBIDEXTRE parce qu'au fil des transfusions, il a bien fallu que j'apprenne à me servir de ma seconde main




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« Homme de verre, Éclat de verre, Fragile, Faible,
Kasper le gosse différent

Kasper le paria
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Fragments d'Exposition
Mouton noir et échappatoire





And these children that you spit on
As they try to change the world
Are immune to your consultations
They're quite aware of what they're going through

~ Bowie ~



Quand l'épidémie était apparue, il y a plusieurs décennies de ça, les aïeuls de Kasper Seweryn se trouvaient d'ores et déjà à l'abri de ce qui allait devenir New Union des années plus tard, quand le reste aurait disparu. Ses représentants les plus âgés, Roman et Liowska, avaient 4 enfants, tous des garçons, dont ils étaient on ne peut plus fiers. L'aîné de la famille, Henryk, en reprenant l'entreprise familiale de textile, a également pris femme. Persuadé de ses capacités à gérer les affaires, il en avait oublié un détail, celui que la mort peut venir nous frapper à tout moment : mort très jeune d'un accident, il ne connut jamais son fils, Narcyz, qui plus tard se débattit corps et âme pour récupérer l'entreprise face à son oncle qui a fait main basse dessus, jugeant cet héritage légitime. L'histoire tumultueuse entre les frères aînés Seweryn pourrait durer longtemps, mélange de nombreuses tensions et de coup bas peu habituels au sein d'une famille par le passé si unie, mais, en réalité, c'est le cadet de la famille, le jeune Mikołaj, qui est l'ancêtre de Kasper. Contrairement à ses frères qui préféraient le gris de la ville et les richesses que pouvaient apporter l'usine Seweryn, Mikołaj préférait la paix et le ciel de la campagne, même si celui-ci était aussi gris.

Dans sa petite bourgade du pays de Galles, éloignée de tout conflit familial, il ne gardait contact qu'avec ses parents, n'ayant jamais apprécié ses frères, et fonda sa propre famille, à l'écart des déboires Seweryn. Il transmit à ses enfants sa passion pour les arts, quels qu'ils soient, et aussi pour la contemplation du monde. Sa première fille devint une des premières poètes de ce nouvel Etat qu'était New Union, la seconde préféra s'enfoncer encore plus profond dans l'isolement, se mariant définitivement avec la nature en devenant une des bûcherons les plus douées de tout le pays de Galles. Quant à son seul et unique fils, Orest, il choisit de rester à la maison paternelle et de se lancer dans un mélange d'arboriculture et d'horticulture sur le vaste terrain vague qui se trouvait non loin.

Ce qu'Orest ignorait en épousant Cécilia, c'est qu'elle amènerait la maladie génétique au sein de sa famille, porteuse d'un gêne dont elle ne savait l'existence elle-même. Ils n'eurent ensemble qu'un seul et unique enfant, et ils le chérirent du mieux qu'ils le purent avec leurs quelques revenus. Ce n'était pas une vie toujours de tout repos, mais aucun d'eux ne s'était jamais plaint de leur train de vie. Orest mourut bien avant Cécilia, sans n'avoir jamais pu rencontrer son petit-fils. Il adressa en revanche ses dernières paroles à Rosa, alors enceinte de son fils Tómas : Meilleurs voeux et qu'il soit heureux, fier d'être un Seweryn.

Il n'a pas fallu longtemps au monde pour se rendre compte que quelque chose clochait avec le fils des Seweryn. Rien qu'à la naissance, il est apparu évident que le jeune Kasper ne serait pas comme les autres enfants. En dehors de son teint très pâle qui venait de ses gênes parentaux et de ses yeux bien plus clairs que la moyenne, le nouveau-né dont venait d'accoucher Mme. Rosa Seweryn était surtout extrêmement chétif, la peau couverte de tâches bleu-violet. Ce qui étonna le plus les infirmières, en-dehors de ces deux éléments, c'était l'absence de réactions de l'enfant face à son entrée dans le nouveau monde. N'importe quel bébé aurait crié, pleuré, se serait débattu, mais pas Kasper, qui semblait impassible, immobile. Et pour cause : à peine arrivé dans le monde des vivants, celui-ci était déjà prêt à revenir au néant.

Il fallu attendre encore près d'un mois d'examens pour que Rosa et Tómas Seweryn puissent enfin ramener leur fils dans son foyer. Entre temps, celui-ci avait une grande source de préoccupations pour le personnel médical, constamment sous surveillance et sous test. Kasper, bien qu'atteint d'hémophilie, avait été jugé apte à pouvoir vivre auprès de ses parents. Bien entendu, il paraissait évident pour quiconque qu'il ne pourrait pas indéfiniment se passer des services hospitaliers, mais le savoir à leur côté était déjà un grand soulagement pour ses parents. Eux, qui avaient toujours voulu avoir un enfant, ne voyait pas en lui une source de problème comme bon nombre d'infirmiers l'avaient laissé entendre, mais une source de joie : peu importe ce qu'on leur dirait sur leur enfant, il resterait à leurs yeux l'être parfait.

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Les premières années de la vie de Kasper ne furent pas de tout repos, entre les miles précautions que devaient prendre ses parents en plus de celles concernant les besoins d'un nourrisson. Plusieurs fois, ils durent retourner précipitamment à l'hôpital, le bambin ayant malheureusement heurté un des pieds de son lit, entraînant une hémorragie interne. Mais tout cela importait peu, les parents se relayant au chevet de leur enfant chaque fois qu'il se devait de se faire transfuser. Néanmoins, les problèmes rencontrés durant ces 4 premières années de vie ne furent rien face à ce que rencontra le jeune Kasper lorsqu'il découvrit le milieu scolaire. On avait pourtant prévenu les parents que le lieu n'était probablement pas adapté pour leur fils et que l'école ne l'accepterait peut être pas en raison des responsabilités et risques que cela impliquaient, mais ceux-ci avaient insisté pour que Kasper grandisse comme tout le monde, parce qu'il n'était pas différent des autres enfants.

Oh, oui, Kasper n'était pas différent. Et justement, tous les considéraient comme un des leurs : c'est bien cela qui fut à l'origine des ennuis qu'ils subiraient par la suite. Pourtant, Tómas et Rosa avaient bien prévenu leur fils que ce seraient une mauvaise idée que de faire les quatre cents coups, qu'il fallait qu'il reste calme et qu'il évite toute activité qui pourrait causer des dommages. Les enseignants étaient au courant, et Kasper était toujours sous surveillance : il ne pouvait n'y faire de sport, ni assister au récréation, ni jouer au ballon. Au début, il ne comprenait pas vraiment pourquoi la maîtresse restait dans la salle avec lui alors que ses autres camarades courraient jouer dehors, sur les balançoires et toboggans dont on lui avait interdit l'accès mais, petit à petit, de voir tous ces gens s'amuser ensemble, sans lui, rire et sourire alors qu'il restait à faire du coloriage a fait naître en lui un sentiment nouveau : l'envie.

Il est des sentiments qui peuvent amener à faire de terribles choses. Difficile de décrire ce qui pouvait bien se passer dans l'esprit de Kasper, qui avait pourtant bien retenu la leçon de ses parents, et il serait lui-même incapable car trop jeune pour réellement se souvenir. Quoiqu'il en fut, il arrivait parfois à la maîtresse de s'éclipser durant sa pause pour se soulager, toujours après avoir bien recommandé à Kasper, le nez entre ses crayons, de ne pas bouger. Mais, en ce lundi matin de mars, le petit enfant n'obéit pas : lorsque son enseignante eut disparu au petit coin, il s'échappa en courant de la salle ouverte. Il n'avait que très rarement l'occasion de courir, et pourtant, il adorait ça. Sa mère répétait sans cesse que c'était dangereux et qu'il ne devait pas, mais sentir le vent dans ses cheveux, ses jambes voler, c'était plus fort que lui : c'était jouissif. De facto, lorsqu'il arriva dans la cour de récréation en pleine ébullition, son coeur battait la chamade, plein d’allégresse et d'adrénaline ; la prof découvrirait d'un instant à l'autre qu'il s'était échappé, et il fallait qu'il en profite maintenant.

Et, pour la première fois de sa vie, il put jouer avec les autres dans la cour, courant pour attraper les autres et pour ne pas faire toucher. Il était heureux comme jamais, bien plus qu'il ne l'était, enfermé dans la classe presque toute la journée. Les autres enfants, qu'ils soient ses camarades de classes ou non, n'avaient pas hésité un seul instant à l'accueillir comme s'il avait toujours été des leurs, et Kasper comprenait enfin que la joie qu'il voyait chez eux par la fenêtre n'était rien comparée à ce qu'il ressentait une fois parmi eux. En fait, ce fut la première fois qu'il prit conscience d'à quel point il était seul dans la salle de classe. Là, entouré de tous les autres qu'ils côtoyaient lorsqu'il s'agissait de faire du découpage mais jamais de faire de l'escalade ou de glisser sur un toboggan, c'était totalement différent.

En fait, c'était la première fois que son esprit enfantin se sentait heureux. Bien entendu, il l'avait déjà été avec ses parents, dans leur petite maison de la banlieue d'Aberystwyth, mais là, la situation n'avait pas de rapport. S'il connaissait déjà certains noms, il parvint ici à savoir de quels enfants il était le plus proche et quels étaient ceux qui l'appréciaient du plus, ou, du moins, ceux qui étaient le plus en mesure de l'apprécier. Et puis, dans une course effrénée pour fuir un camarade devenu désormais chat et un Kasper insouciant désormais devenu souris, la chute arriva. Elle n'avait rien de bien violent, rien de bien soudain. Le pied de Kasper avait simplement rencontré une des grilles d'évacuation des eaux de pluie et n'avait pas su s'en échapper, laissant le petit enfant de quatre ans s'écraser de tout son long sur le sol un mètre plus loin. Certains lancèrent des regards fascinés face au vol plané que venait de faire Kasper, tandis que d'autres couraient chercher un quelconque adulte pour venir aider le garçon en larmes.

Kasper, lui, pleurait pour de multiples raisons, mais personne ne s'en souciait. La seule chose qui importait, sur l'instant, c'était que le jeune hémophile s'était écorché les deux genoux car sa maîtresse n'avait pas été attentive, et que le sang qui s'en échappait ne semblait pas vouloir s'arrêter de couler. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, Kasper fuit arraché à ses quelques secondes de bonheur, à la cour, à ses camarades de classes et peut-être ses amis d'une récréation. En quelques instants, le cours des choses venaient de s'inverser : maintenant que tout le monde connaissait le problème du garçon à la peau pâle et au prénom bizarre, plus rien ne serait jamais pareil.

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L'enseignante avait été virée de l'école. A son retour, deux semaines plus tard, les regards s'étaient levés sur le passage de Kasper. On l'avait toujours trouvé un peu bizarre, sans pour autant jamais l'exclure des groupes, mais désormais, il était devenu un mouton noir, la chose qu'on ne peut ignorer et que tout le monde refuse d'approcher. Isolé à l'arrière de la classe, isolé durant les récrés, désormais étroitement surveillé par deux personnes qui se relayaient, il était désespérément seul en permanence. Parfois, on daignait bien jouer avec lui, mais c'était toujours à contrecœur et sur les ordres de l'enseignant. Une fois chez lui, les parents de Kasper restaient avec lui, faisant du mieux qu'ils pouvaient pour qu'il oublie sa solitude quotidienne : eux qui avaient toujours voulu voir leurs enfants grandir comme les autres, ils prenaient petit à petit conscience de l'utopie de ce souhait.

Abandonné dans un coin, sujet aux regards pleins de sous-entendus, Kasper cherchait un moyen de s'échapper de son quotidien morose. Un jour qu'il était encore seul dans la classe, à faire un coloriage sur un quelconque dessin-animé, un crayon bleu dans le main, l'idée lui vint. Il retourna subitement sa feuille sur la face vierge de toute encre et laissa sa main aller et venir comme il le sentait. Le résultat n'était pas totalement celui qu'il avait espéré, mais cela n'empêcha pas Mme. Fleurette de venir le complimenter à propos du dessin de chevalier. Kasper, lui, n'était pas satisfait et se jura qu'il recommencerait et qu'il s'améliorerait.

A la fin de l'année, début juin, le soleil rayonnait tant dehors que Mme. Fleurette n'avait pas réellement le coeur à rester à l'intérieur de la salle. Jugeant que Kasper ne reproduirait plus les événements de trois mois plus tôt, toujours calme au-dessus d'une montagnes de feuilles noircies ou découpées, et qu'elle se reposerait mieux dehors, elle se décida à l'emmener dans la cour de récréation, en le gardant bien sous sa surveillance. Il ne cacha pas un seul instant sa joie : à peine eut-il reçu la nouvelle qu'il s'empara de trois feuilles et quelques crayons avant de se précipiter derrière sa prof. Désormais, il ne cherchait plus à voir les autres et à courir avec eux, mais simplement à trouver le meilleur coin de la cour qui pourrait stimuler son imaginaire.

Bien vite, il se rendit compte que, en-dehors du plaisir que cela lui procurait d'être enfin dehors et de pouvoir profiter de l'extérieur pour s'inspirer de nouveaux dessins, la cour de récréation avait la capacité de devenir une scène bien plus grande que celle délimitée par les bords de ses feuilles. Bientôt, les feuilles et les crayons laissèrent juste place à un enfant et à son imagination qui, incapable de réellement défaire un dragon, trouvait dans la branche morte d'un des platanes de la cour l'épée invincible qui pourrait terrasser le moindre monstre qu'il rencontrerait. Dans un coin retranché de la cour, à l'abri des plus grands bruits mais toujours visible par sa professeur, Kasper rayonnait, seul. Au sein de son imagination, les bancs devenaient des corniches infranchissables, les arbres des créatures monstrueuses, et le moindre rebord un château hanté.

Les autres enfants regardaient mal le petit énergumène s'agiter dans son coin, sans se mélanger aux autres, mais ils continuaient de l'ignorer. Mme. Fleurette, elle, appréciait énormément le jeune enfant, qu'elle prenait un peu en pitié pour sa situation non-désirée et sa manière de s'en dépêtre en autodidacte, qu'elle trouvait plus que courageuse. Au cours des deux années suivantes, elle permit à Kasper d'aller avec les autres en récréation, toujours sous sa surveillance, se prêtant quelques rares fois à ses jeux. Voyant sa passion pour les mondes imaginaires et sa créativité débordante, elle finit par lui apprendre à lire, ce que Kasper fit avec joie. Son apprentissage se fit rapidement, et il se mit ainsi à lire les livres qui se trouvaient sur les étagères de la maison Seweryn, passionné par leur contenu, qu'il soit des plus réalistes, des plus abrutissants ou totalement abracadabrantesques. Les mots dansaient devant ses yeux, et c'était tout ce qui importait.

Enfin, la maternelle prit fin, et Kasper dut quitter Mme. Fleurette et ses enseignements supplémentaires pour la primaire. L'école n'avait rien à voir, et Kasper le comprit bien vite : pour autant, il ne changea pas son comportement. De la même manière que dès l'instant où il rentrait chez lui il se lançait dans des histoires extravagantes où il allait délivrer un dragon des mains d'une terrible princesse, il poursuivait ses histoires durant les pauses, solitaire petit garçon que personne ne comprenait. Dans ce nouveau lieu où personne ne le connaissait, Kasper ne cherchait pas à connaître quiconque, et on lui rendait bien. On ignorait sa maladie, on ignorait tout si ce n'est son nom, et on s'en fichait. Pour tous, c'était l'enfant bizarre qui prononçait des mots incompréhensibles, se persuadant qu'il s'agissait d'incantations de magicien, rien de plus que ça : et ça ne gênait en rien Kasper, qui pouvait continuer de lire et de vivre ses propres aventures.

Mais les rumeurs vont vite bon train, et les enfants sont bien rapidement méchant entre eux, que ce soit sans s'en rendre compte ou bien par défi qu'ils regretteront. Qui fut la source de la rumeur n'était pas le plus important, mais il vint aux oreilles de deux enfants que le gosse bizarre avait un sang particulier car infini. Il ne s'agit pas là de dire que les enfants on bêtes et qu'ils croient tout ce qu'on leur dit : les enfants sont des enfants avant d'être autre chose, et croit en la magie de la vie, prenant conscience au fil des désillusions que celle-ci n'existe pas. Dans le cas de Kasper et de ces deux futurs agresseurs, la magie existait encore, et tout était possible. Après qu'il lui est ouvert la main pour voir effectivement le sang s'en écoulé indéfiniment, il fut décidé que Kasper n'était réellement pas fait pour le milieu scolaire et la vie avec les autres : désormais, il serait élevé à l'hôpital avec les autres enfants qui s'y trouvaient.

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I'D RATHER SIT ALONE AND SIT WITH A BEER
FIND MYSELF A CORNER, YOU FIND ME UP HERE
WON'T YOU LIKE TO DANCE ?
SHOW ME HOW TO DANCE, AND I'M IN
HOLY SHIT IT'S FUN JUST TO JUMP UP AND DOWN
PICK ME UP AND I'LL SWING YOU AROUND
I TOUGHT YOU COULDN'T DANCE. TAKE A CHANCE

SO KAYLA WON'T YOU HOLD ON TO ME
YOU KEEP ON LOOKING AROUND THE ROOM
I'M FINE WITH NOTHING MORE THAN WHAT I SEE
IT SENDS ME SPINNING AROUND THE ROOM

I REACH ACROSS THE ROOM, YOU ALREADY KNEW
YOU CRACK A LITTLE JOKE AS THE FIRE GREW
THE WIND BLOWS IT AWAY
WILL I SEE YOU AGAIN ?

I DON'T KNOW WHAT THIS IS
WHAT COULD IT BE ?
I'M NOT LOOKING FOR LOVE
BUT LOVE'S LOOKIN FOR ME
AND IT'LL DO WHAT IT MIGHT
BUT THIS IS JUST FOR TONIGHT

SO KAYLA WON'T YOU HOLD ON TO ME
YOU KEEP ON LOOKING AROUND THE ROOM
I'M FINE WITH NOTHING MORE THAN WHAT I SEE
IT SENDS ME SPINNING AROUND THE ROOM
SPINNING AROUND THE ROOM


(Copyright : MyKey)


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Fragments d'Inspiration
Harold et Thundera





I love her
Not for the way she danced with angels
But for the way the sound of her name
Could silence my demons

~ Pointdexter ~


Kasper avait failli mourir. Si ça n'avait pas été grâce à un professeur qui passait non loin de l'expérience en cours, il se serait vidé de tout son sang sur le bitume de la cour. Dans son lit d'hôpital, le jeune enfant s'ennuyait à mourir, sans livre ni feuille pour s'occuper l'esprit, et incapable de se lever pour combattre l'air, encore faible. Sa mère et son père venaient souvent le voir durant sa convalescence, amenant avec eux quelques occupations et quelques conversations et anecdotes joyeuses. Néanmoins, Kasper ne souriait que très rarement : en fait il craignait que sa nouvelle future vie soit aux antipodes de celle qu'il vivait avant. Comment pourrait-il continuer de vivre des aventures épiques au sein d'une chambre aussi petite ? Et même, quand serait-il de l'école ?

Ses parents, entre deux silences comprenaient bien son désarroi : le petit enfant voulait plus que tout retrouver les grands espaces, peu importe le danger qu'ils pouvaient bien représenter pour lui et sa maladie. Après une discussion houleuse, il fut décidé qu'il irait dans une école adaptée, à proximité de l'hôpital, mais qu'il rentrerait vivre chez ses parents le reste du temps. Tout le monde s'en satisfaisait, Kasper comprit. Il ne lui restait plus qu'une seule semaine à passer dans cette chambre et il serait libre d'aller où il voulait dans son jardin.

Elle fit son apparition le troisième soir. Alors que Kasper somnolait, un vent avait soulevé les rideaux qui entouraient son lit, le sortant de sa transe. En se redressant pour voir ce qu'il se passait, il avait entendu du bruit de l'autre côté. Il lui était encore fortement déconseillé de se lever en absence d'un infirmier, mais il s'était tout de même glisser en-dehors de ses draps pour voir de quoi il s'agissait. Une fenêtre avait été ouverte, et c'était de là que venait le courant d'air, du moins c'était ce qu'il croyait, jusqu'à ce qu'il voit, de l'autre côté de la pièce, celle qui regardait le ciel nocturne. Elle devait avoir a peu près son âge, une chevelure rousse flamboyante descendant le long de ses côtes amaigries, tranchant totalement avec son visage pâle aux regards vitreux. On aurait presque dit qu'un fantôme aux cheveux de feux venait d'apparaître en fauteuil roulant dans la pièce.

- Qui es-tu ?, lui demanda Kasper, surpris par cette intrusion dans son petit dortoir habituellement toujours vide.

Elle ne répondit pas, se contentant de fixer un point dans le ciel, sans doute une étoile. Kasper ne comprenait rien à celle qui lui faisait face. Il avait vu de nombreuses personnes avoir des comportements étranges ici, quelque soit leur âge, mais il semblait toujours avoir conscience du lieu où il se trouvait : là, l'inconnue semblait ailleurs, dans une sorte de transe incompréhensible, et elle ignorait complètement Kasper, si seulement elle l'avait vu. Il réitéra sa question : sans succès. Elle ne bougeait pas un cil, figée, paralysée dans le temps. Une brise glaciale s'engouffra dans la pièce, et Kasper claqua des dents avant de fermer la fenêtre.

- Tu penses que, lorsqu'on meure, on devient une étoile, et que, lorsque celle-ci s'efface, c'est qu'on nous a totalement oublié ?

Elle n'avait pas fait un seul mouvement : seules ses lèvres avaient bougé pour laisser échapper ce son rauque, grave et étonnant venant d'une aussi jeune fille. Du haut de ses presque huit ans, Kasper était surpris par les propos qu'elle tenait : on aurait dit qu'ils sortaient tout droit d'un des livres qu'ils lisaient sans vraiment trop en comprendre le contenu moral et philosophique. Elle, en comprenait elle le sens ? Voyant que Kasper ne réagissait pas à sa question, à laquelle elle n'attendait pas vraiment de réponse, elle continua.

- Si je meurs demain, aucune nouvelle étoile n'apparaîtra dans le ciel. J'ai toujours rêvé de devenir une étoile, de briller aux yeux du monde entier, de devenir un être que l'on ne peut détester, aimer de tout ceux qui me verrait. Tu penses que tu pourrais m'aider à devenir une étoile ?

Elle s'était enfin tournée vers lui, détachant pour la première fois son regard de la vitre désormais refermée. Kasper ne put s'empêcher d'avoir un mouvement de recul lorsqu'il aperçut les deux iris gris tempête l'implorant d'accepter, deux yeux rougis par des larmes qu'elle avait dû effacé avant qu'il ne la voie. Il acquiesça, sans vraiment savoir ce qu'il pourrait bien y faire.

- Je suis Kasper. Comme le fantôme.

- Je suis Kayla. Et j'en serais bientôt un.

Et, comme elle était apparu, elle disparut, faisant légèrement grincer les roues de son fauteuil en faisant demi-tour. Kasper resta planté là, à regarder l'endroit où elle s'était tenue, n'ayant pas le courage de la suivre.

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Au vu de son âge, il s'était attendu à la retrouver dans la cour de l'école le jour de la rentrée, mais elle n'y était pas. Il n'avait parlé à personne de sa rencontre avec Kayla, parce que même lui n'était pas certain que ce ne fusse pas un rêve et qu'on se moquerait de lui si on apprenait qu'il confondait rêve et réalité. Qui plus est, le fait qu'elle ne fusse pas là le jour de la rentrée tenait à confirmer l'hypothèse qu'il avait probablement rêvé. Ou même, mais il ne préférait pas y penser, que Kayla était partie à tout jamais.

Même en retenant cette hypothèse, Kasper n'avait pas pu s'empêcher, le soir venu, de se glisser en-dehors de chez lui pour contempler la voûte à la recherche d'une nouvelle étoile. Il lui était arrivé quelque fois de contempler le ciel nocturne, mais discerner quelque chose dans cet amas était bien trop difficile pour lui. Alors il avait fermé les yeux, se concentrant, ne répétant en boucle tout ce qu'il savait d'elle : son prénom. Kayla, cinq lettres, deux syllabes, un doux son qui n'évoquait en lui rien d'autre que ce regard implorant. Il ne savait pas vraiment s'il l'avait pris en pitié, mais, ce qui 'était certain, c'était qu'elle l'avait prise au dépourvue et qu'elle lui rappelait son rôle imaginaire de chevalier télékinésiste qui se doit de sauver quiconque le demande. Quand il rouvrait les yeux, aucune étoile n'apparaissait ou ne brillait plus que les autres : il ne savait pas quoi en penser.

A l'école, tout se passait mieux. La plupart des autres élèves semblaient normaux, comme lui, mais d'autres étaient difformes, en fauteuil, parfois chauves. A mesure du temps qu'il passait là, il découvrit qu'il faisait parti des rares chanceux qui avaient encore ses deux parents et/ou qui n'avaient pas été abandonnés par eux. En revanche, après plusieurs mois restés sur place, dans son coin habituel à ne pas se mélanger aux autres, spectateurs des autres vies et acteur de celle qu'il avait inventé pour lui, il remarqua que de nombreux enfants partaient de l'école et n'en revenaient pas, tandis qu'ils découvraient parfois de nouveaux visages et de nouveaux prénoms. Il avait fini par questionner son professeur à ce sujet, et il s'était brouillé en explication : Kasper comprit seulement que certains enfants guérissaient et que d'autres tombaient malades et venaient donc un temps dans l'école. Malgré ses explications maladroites, Kasper n'était pas bête, notamment parce que ses parents lui répétaient souvent : lui ne guérirait pas.

Peu de temps après ces réponses, il ne put s'empêcher de se demander si Kayla avait guéri elle aussi. La jeune fille ne parvenait pas à quitter ses pensées, l'hantant comme un fantôme pouvait vous hanter. Elle ne lui était apparu qu'une seule fois, mais, au vu du peu de contact social qu'il avait avec autrui, elle lui avait fait l'effet d'une bourrasque inoubliable. Si elle était guérie, se sentait-elle mieux là où elle était ? Peut-être qu'au moins, quelqu'un se souviendrait réellement d'elle et elle pourrait devenir une étoile...Plus d'une fois, il était arrivé à Kasper de sortir observer le ciel nocturne, allongé dans l'herbe. C'était presque un fait quotidien, à vrai dire : Kayla l'obnubilait. Ces quelques mots qu'elle avait prononcés étaient comme gravés dans son esprit. A maintes reprises, il s'était lui aussi demandé s'il pourrait devenir une étoile s'il venait à mourir, et qui se souviendrait de lui une fois ses parents morts. Kayla peut-être. Elle se souviendrait de lui comme le fantôme qui ne faisait peur à personne comme lui se souvenait d'elle comme celle qui en deviendrait peut-être un.

Une année, puis quatre se sont écoulées, sans aucun heur dans la vie de Kasper. Celle-ci n'était pas des plus trépidantes par ailleurs, mais il se satisfaisait de sa solitude, des regards de soutiens de autres élèves et enseignants : il faisait parti des rares qui ne partiraient jamais, après tout. Au cours des dernières années, son trait s'était amélioré et il était devenu un talent rare dans le dessin : sa mère ne cessait de dire que ses dessins prenaient vie sous la mine de son crayon et qu'il devrait arrêter de griffonner ses pattes de mouches autour, qui gâchaient selon elle ses chefs-d'oeuvre. Kasper ignorait ses remarques : ses "pattes de mouches" c'était ses pensées les plus profondes, ses rêves, toutes les histoires qu'ils imaginaient pour les personnages qu'il créait. Des histoires sans fin, des histoires fantastiques, celles qu'ils ne pourraient jamais réellement vivre mais qui, pourtant, sur le papier, vivaient, elle.

- Harold le chasseur de géants ? Il ne s'appelle pas Jack dans l'histoire du haricot magique ?

Comme elle avait disparut, elle était revenue. Un jour où Kasper avait dû passer un examen de contrôle, elle s'était glissée dans sa chambre et s'était posée juste à côté de son lit, avant de s'emparer du dessin qu'il était en train de faire. Elle avait grandi : ses cheveux étaient désormais plus courts, et un des mèches était tressée, adoucissant le rouge flamboyant qu'elles dégageaient. Son regard gris n'exprimaient plus aucune tristesse ni crainte, mais une grande force de caractère et une détermination sans faille. Kayla tranchait complètement avec celle qu'il avait autrefois aperçu, et la seule qui rappelait bien à Kasper à qui il faisait face, c'était les roues sur son fauteuil.

- Harold a rien à voir avec cette histoire pour les enfants, grommela Kasper en lui retirant le dessin des mains. Où t'étais passée ? T'es pas censé avoir cours avec nous ?

- Mouais, minauda-t-elle en faisant rouler les rayons pour se placer en face de lui, au bout du lit dans lequel il était assis. J'étais ici et là, un peu partout à la fois, je suppose. Et j'avais pas le temps pour les cours.

- Qu'est-ce que tu peux bien avoir à faire à douze ans pour ne pas avoir à étudier ? Tout le monde se doit d'aller à l'école, c'est obligatoire.

- Pas moi, fit-elle en haussant les épaules. Il faut que j'apprenne à mourir avant que le jour n'advienne, sinon j'ai trop peur de rater mon seul moment. Imagine si je meurs dans une position ou une situation défavorable, en faisant une grimace ou aux toilettes...Horrible. Je me dois d'être un minimum présentable pour le seul moment que l'on retiendra de moi.

Elle était à l'opposé de ce dont Kasper se souvenait. Il y avait toujours le même ton pessimisme, mais plus du tout le même comportement. On aurait dit qu'elle essayait de combattre la fillette apeurée qu'il avait rencontré. Qu'elle essayait de combattre la peur de la mort. Ou même...la mort elle-même. Tout son corps ne répondait qu'à ce seul but, cet unique objectif, de vaincre la Mort. Et cela donnait des idées à Kasper. Elle ne cessait de proliférer dans son esprit.

- Kayla ?

Elle semblait surprise qu'il souvienne de son nom.

- Je pense que je sais comment t'aider à trouver la plus belle de toutes les morts. Tu serais en mesure de revenir la semaine prochaine ? J'ai un autre examen à passer, je serais de nouveau à l'hôpital.

Intriguée par la proposition, elle acquiesça avant de sourire. Un sourire que Kasper n'avait jamais vu de personne, suivie de cette même voix grave et puissante, qui se mariait merveilleusement bien aux deux prunelles orageuses de sa porteuse.

Je savais que j'avais bien fait de venir dans ta chambre. Tu es vraiment un fantôme gentil, petit Kasper.

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Kayla est revenue la semaine suivante pour découvrir Thundera. Thundera était forte, indépendante, libre et sauvage ; elle avait surpassé son handicap en apprenant à léviter. Tout le monde la connaissait et la respectait, à telle point que la Mort lui avait accordé la possibilité de vivre plusieurs fois, certaine qu'elle saurait faire bonne usage de ces capacités. A eux deux, Thundera et Harold parcourait la terre entière pour amener la justice là où elle avait disparut. Thundera la guerrière aux cent vies, capable de voler, et Harold le chevalier magicien prêt à tout pour défendre ses valeurs. Il formait un duo invincible, unis dans l'adversité, dans la défaite tout autant que dans la victoire.

Elle avait adoré le personnage. Le croquis de départ que je lui avais fait, celui d'une jeune femme au regard et à la chevelure de braise, s'est amélioré grâce à ces conseils. Tous les deux, nous avons construit nos deux personnages durant toute l'après-midi, les faisant naître aussi bien dans nos esprits que sur une dizaine de feuilles que j'avais amenée. Je voyais déjà les aventures que les deux personnages vivraient, presque indestructibles, et je nous imaginais les vivre ici, par des mots et des silences complices. Le regard déterminé et froid de la semaine dernière s'était adoucit et brillait désormais d'un nouvel éclat, une lueur de joie et d'espoir.

- Kayla, je te promets que je reviendrais te voir, lui juré-je à la fin de la journée, conscient que mes prochains examens seraient dans longtemps et que je n'avais aucune raison d'aller à l'hôpital pour la revoir en dehors de ce temps.

Après réflexion, il n'y avait qu'un seul moyen de s'assurer que Kasper soit envoyé à l'hôpital. Il avait bien conscience que ce serait une source d'inquiétude pour ses parents, un danger pour lui même et que, en réalité, il pourrait attendre le prochain examen pour revoir Kayla. Il avait bien vécu des années sans elle, avec juste son jardin et sa solitude pour faire vivre les histoires qui naissaient dans son esprit : pendant plus d'une demi-douzaine d'années, Harold n'avait jamais eu besoin de personne à ses côtés pour combattre le mal. Mais, sans Thundera, Harold perdait de sa vivacité, et, sans Kayla, Kasper perdait de son inspiration : les aventures d'Harold étaient beaucoup plus ternes et ne le passionnaient plus comme avant. Cependant, il fallait qu'il trouve une véritable manière de se blesser, une raison valable qui passe pour un accident et pas pour un acte délibéré.

Deux jours plus tard, il était relié à une intraveineuse dans son lit d'hôpital, la paume de sa main droite complètement bandée. Au milieu de la nuit, il avait réveillé ses parents, la main ensanglantée par une coupure due au livre qu'il lisait : le papier était tâché de gouttes rouges. Il avait souffert et était extrêmement affaibli, mais il ne pouvait se défaire du sourire sur son visage. Lorsque son infirmier disparut, elle fit son apparition, ses roues couinant sur le carrelage tout juste lavé. Elle dégageait une énergie nouvelle, tout comme Kasper, à vrai dire : ils avaient tous les deux hâte de reprendre l'aventure.

Trois années s'écoulèrent ainsi, Kasper venant régulièrement rejoindre Kayla grâce à des blessures infimes pour n'importe qui, mais potentiellement mortelles pour n'importe qui d'autre. Elle avait bien conscience qu'il mettait sa vie en danger pour elle et que c'était débile qu'il fasse ça pour une future morte. Un jour, elle avait fini par lui avouer qu'elle n'atteindrait jamais la majorité, avec un regard triste qu'il n'avait plus vu depuis le soir où il l'avait rencontré. Elle souffrait de plus en plus de sa maladie à mesure que le temps passait, et, malgré ses sourires chaque fois qu'elle voyait Kasper, il s'apercevait bien qu'elle agonisait, lentement mais sûrement. D'une pâleur presque cadavérique, elle en avait aussi les traits, fatigués et tirés. Elle n'avait pas seize ans que son visage était déjà émacié.

- Kasper, j'ai pris ma décision. J'en ai marre d'attendre la mort, et de ne voir que la douleur me répéter qu'elle ne tardera pas. J'ai décidé de partir moi à même à sa recherche, déclara-t-elle avant de marquer un temps d'arrêt et de poursuivre : j'espère que je pourrais un peu danser avec les étoiles...

Pour dire vrai, la nouvelle ne l'étonnait qu'à peine. Il s'était préparé à l'éventualité, comme s'il savait que le jour viendrait, et il était persuadé que l'information ne lui ferait rien. Le hic, c'était qu'il s'était persuadé tout seul qu'il ne resterait neutre face à la nouvelle. Peut-être était-ce parce que Thundera venait de donner sa quatre-vingts dix-neuvième vies pour sauver celle d'Harold, encore, et qu'elle était désormais vulnérable à toute attaque, mais il ne put s'empêcher de laisser une larme perler sur sa joue pâle.

Kasper avait tendue sa main à celle de la jeune fille, lui murmurant doucement "et si tu dansais plutôt maintenant". Baignant dans l'incompréhension, elle l'avait prise, avant de se sentir soulevée par les bras de Kasper ; il n'était pas spécialement musclé, mais le corps de Kayla était aussi léger qu'une plume : on aurait dit que ses os s'entrechoquaient entre eux dans le peu d'espace qu'ils avaient. Elle n'avait plus quitté son siège depuis des années, en-dehors des nuits passée seule dans sa chambre, et ne plus sentir le métal froid sous ses bras lui faisaient tout étrange. Kasper, un bras sous ses épaules et l'autre sous ses genoux, la porta jusqu'en dehors de l'hôpital, après quelques pirouettes stupides qui la firent rire aux éclats. Elle ne se souvenait pas de la dernière fois qu'elle avait pu profité des rues calmes d'Aberystwyth, toujours maintenue dans les environs de l'hôpital.

Après plusieurs minutes de marche crépusculaire, ils s'étaient tout deux posés dans une prairie de la banlieue est, où un vilain air marin parvenait. Kayla était plus que jamais aux anges : c'était la plus belle danse qu'on ne lui ai jamais proposé. Elle qui avait toujours été persuadée qu'elle ne pourrait plus jamais faire un seul pas, elle venait d'en faire à la veille de son entrée dans l'au-delà. Et pas des moindres : elle était allongée dans l'herbe la plus verte à ses yeux, contemplant, fascinée, son dernier coucher de soleil, le plus beau sur terre à ses yeux.

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I DON'T EVEN KNOW MYSELF AT ALL
I THOUGHT I WOULD BE HAPPY BY NOW
THE MORE I TRY TO PUSH IT I REALIZE
GOTTA LET GO OF CONTROL

GOTTA LET IT HAPPEN
SO LET IT HAPPEN

IT'S JUST A SPARK
BUT IT'S ENOUGH
TO KEEP ME GOING
AND WHEN IT'S DARK OUT
NO ONE'S AROUND
IT KEEPS GLOWING

EVERY NIGHT I TRY MY BEST TO DREAM
TOMORROW MAKES IT BETTER
AND I WAKE UP TO THE COLD REALITY
NOT A THING HAS CHANGED

BUT IT WILL HAPPEN
GOTTA LET IT HAPPEN

AND THE SALT IN MY WOUNDS
ISN'T BURNING ANYMORE THAN IT USED
IT'S NOT THAT I DON'T FEEL THE PAIN
IT'S JUST I'M NOT AFRAID OF HURTING ANYMORE

AND THE BLOOD IN THESE VEINS
ISN'T PUMPING ANY LESS THAN IT EVER HAS
AND THAT'S THE HOPE I HAVE
THE ONLY THING I KNOW IS KEEPING ME ALIVE
ALIVE

IT'S JUST A SPARK
BUT IT'S ENOUGH
TO KEEP ME GOING
SO IF LET GO OF CONTROL
NOW I CAN BE STRONG
AND WHEN IT'S DARK OUT
NO ONE'S AROUND
IT KEEPS GLOWING

IT'S JUST A SPARK
BUT IT'S ENOUGH
TO KEEP ME GOING
SO IF I KEEP MY EYES CLOSE
WITH THE BLIND HOPE
AND WHEN IT'S DARK OUT
NO ONE'S AROUND
IT KEEPS GLOWING


(Copyright : Paramore)


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Springbloom

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Re: Le nouveau monde | Kasper Part. 2

Message par Springbloom »

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Fragments d'avenir
Je serais le forgeron de ma propre vie



L'avenir est là ; il nous appelle,
ou plutôt il nous tire à lui :
cette traction ininterrompue,
qui nous fait avancer sur la route du temps,
est cause aussi que nous agissons continuellement

~ Bergson ~
- Il y a une chose que je voulais te demander avant qu'on en rentre, Kasper. J'ai demandé à être incinéré demain, et je voudrais que tu disperses les cendres. Tu pourrais faire ça, pour moi ?

La nuit était tombée, et aucun des deux n'était plus en mesure de voir l'autre, ce qui n'empêcha pas Kasper d'acquiescer et Kayla de deviner le geste. Les lueurs orangées de la fin du crépuscule avaient laissé place à une voûte céleste scintillante, et Kasper se demandait si une nouvelle étoile y verrait le jour demain ; Kayla, elle, se demandait si elle brillerait aussi longtemps que Kasper vivrait : tous deux avaient déjà accepté de se quitter à jamais.

- Il y a une chose que je ne t'ai jamais demandée, Kasper. Quand je serais morte, qui te permettra d'être une étoile à ton tour ?

Ce fut la dernière question que Kayla lui posa, sur le chemin du retour, et il fut pas en mesure de répondre. La nuit, il ne put dormir, conscient que son amie vivait ses derniers instants. Qui se souviendrait de lui quand il serait mort, qui le ferait briller ? Et même, lorsqu'il serait mort, qui ferait briller Kayla ? Toutes ces questions le hantaient, le taraudaient et ne cessaient de le faire douter et le remettre en question : la fatigue ne parvint même pas à l'atteindre.

Il n'avait versé aucune larme. Lorsqu'il se rendit à l'accueil, le lendemain, prêt à exaucer le dernier souhait de Kayla, à savoir le même que Thundera, être dispersée sur une prairie mitoyenne de la mer, il n'arborait aucune autre expression que celle à laquelle il avait habitué tous les infirmiers : une neutralité des plus totales, une blasitude horripilante. Il ne voulait pas qu'on sache qu'il était touché, vulnérable : il en avait marre d'être toujours perçu ainsi, comme celui qu'on devait prendre en pitié.

- Kayla m'a demandé de disperser ses cendres.

Il ne s'était pas aperçu que sa voix avait mué au cours de l'année de ses quinze ans. A l'approche de ses seize années d'existence, sa voix était devenue presque aussi rauque et grave que celle de Kayla dans ses derniers jours.

Le responsable de l'accueil haussa un sourcil circonspect avant de taper sur son clavier, ce qui semblait durer une éternité. A mesure qu'il cliquait sur les touches, ses sourcils semblaient de plus en plus se froncer, son regard allant de l'écran à l'adolescent qui lui faisait face.

- Ecoute, petit, j'ai pas que ça à faire de répondre aux blagues des jeunes qui passent dans le coin. Ici, on cherche à sauver des vies, on s'amuse pas. La fille que tu cherches, là, Kayla, elle existe pas. On a jamais eu de Kayla, ni ici, ni à la morgue, depuis la création de New Union. Nada dans les archives, alors fous le camp, j'aime pas les enfants comme toi.

Kasper ne bougea pas pour autant, ce qui sembla agacer l'interne derrière le bureau, préoccupé par d'autres affaires. Il devait être nouveau, parce que tout le monde où presque le connaissait. Peut-être simplement que c'était lui qui se payait sa tête parce qu'il avait l'air d'un adolescent débile, avec son acné qui parsemait son visage. Kasper réitéra la demande. L'interne l'ignora avec un roulement d'yeux exaspéré. Kasper n'en démordit pas et répéta une nouvelle fois la question, précisant qu'il était certain que la patiente se trouvait dans cet hôpital puisqu'il l'avait côtoyé pendant sept ans. L'interne haussa un sourcil et lui demanda son nom, qu'il tapa sur l'ordinateur.

Kasper ignorait ce que l'interne lisait sur son écran, mais ses sourcils ne cessaient de se mouvoir, se haussant et se fronçant toutes les secondes. Bien qu'essayant de rester stoïque, un profond malaise commençait à envahir le jeune homme qui ne comprenait pas ce qu'il se passait. Si Kayla n'était pas inscrite dans les registres, que faisait-elle dans l'hôpital ? Et puis, même, si elle traînait simplement dans l'établissement depuis le début, qui avait organisé sa mort et avait transporté son corps à l'incinérateur ? Tout ça n'avait aucun sens, et Kasper commençait à avoir mal à la tête. Le visage blême de l'interne n'aidait en rien à améliorer son état.

- Veuillez patienter quelques secondes, Monsieur Seweryn, je vous prie.

Il décrocha son téléphone et pianota sur le clavier. Avant que son interlocuteur n'ait pu répondre, Kasper sentit ses mains se mettre à trembler, et il croisa les bras pour les dissimuler. Il se sentait soudainement terriblement mal, presque sur le point de défaillir. Une violente migraine s'emparait de lui, et il n'était pas en mesure de suivre la conversation téléphonique face à lui. Il s'effondra sur le sol.

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- Réveille-toi, Kasper. Il faut qu'on parle.

Enième consultation, énième même phrase répétée en boucle. Kasper pourrait penser chacun des mots qu'il allait dire avant même qu'il ne les prononce. N'est-ce pas étonnant après presque quatre ans de consultations deux fois par semaine ? Il soupira, croise les bras et fixe le plafond crème du cabinet : au moins, l'appui-tête était confortable. Aujourd'hui encore, comme à son habitude, il allait sans doute lui prescrire les mêmes médocs inutiles que les fois précédentes, et il ne les prendrait pas. Il était majeur depuis bientôt deux ans, il avait passé l'âge d'obéir à ses parents qui lui recommandaient de faire attention, paniqués à l'idée que leur unique fils déjà malade physiquement ne le devienne également mentalement.

- Comprends bien, Kasper, reprit le psychologue pour le vent, il faut que tu acceptes que Kayla est le fruit de ton imagination, que tu l'as inventé pour passer outre ta maladie et ta solitude. Elle n'a jamais existé ailleurs que dans ton esprit. Tant que tu ne l'auras pas affirmé, nous ne pourrons pas aller plus loin dans ta thérapie.

Au fur et à mesure des années, il lui était arrivé de plus en plus souvent de ne plus faire preuve de délicatesse avec Kasper, lui annonçant de but en blanc qu'il avait passé sept ans de sa vie avec pour seule amie une hallucination. Peut-être qu'il devait changer de psychiatre, en fait. Se faire rabrouer toutes les semaines que votre enfance n'a rien eu de normal n'est en général pas des plus faciles à admettre. Et, pourtant, Kasper encaissait sans rien dire, et ce à chaque fois. Le psychiatre semblait ne rien comprendre à son état, sain d'esprit et de corps alors qu'aucun des deux ne devraient normalement aller bien. Il avait bien essayé plusieurs fois d'étudier le comportement de Kasper en état d'hypnose, mais c'était peine perdue, Kasper restait muet comme une tombe.

Kasper admirait néanmoins sa persévérance. Bien qu'il n'en ait que de très vagues souvenirs, le psychiatre et lui-même s'étaient déjà vus avant le fameux jour de la mort de Kayla, mais depuis celui-ci, Georges Hemmings (puisque c'était son nom) était fasciné par le cas Seweryn et voulait absolument poursuivre jusqu'au bout avec le patient. Il l'avait dit : il n'en démordrait pas. Et Kasper l'avait assuré : lui non plus ne cracherait jamais ses sentiments vis-à-vis de la non-existence de Kayla ou les aventures qu'ils avaient vécu ensemble. Moins Georges en savait, plus en sécurité Kasper se sentait : la moindre information qu'il apprendrait suffirait à Kasper pour avoir l'impression que sa bulle de protection, en place depuis bientôt vingt ans, explose et ne soit plus rien face au monde extérieur.

Peut-être bien que ce jour-là, Kasper en avait eu marre de mentir à Georges, de lui cacher la vérité. Il avait, depuis le lendemain de sa " mort ", accepté que Kayla ne fusse qu'un rêve qu'il s'était construit, de la même manière qu'ils avaient bâti Harold et Thundera tous les deux et c'était même ce qui avait causé sa première crise de panique qui l'avait fait s'effondrer sur le carrelage glacial du hall d'accueil de l'hôpital. Mais il avait accepté, avec difficultés certes, que Kayla n'était qu'une image. Kasper n'était pas fou et en avait conscience, et il n'avait aucunement besoin de l'aide d'un quelconque psychiatre pour s'avouer ses hallucinations et en chercher l'origine.

Car Kasper avait fini par comprendre pourquoi il s'était bâti cette amie, pourquoi il avaient passé autant de temps ensemble, pourquoi elle était aussi spéciale, différente, aussi dure de caractère et aussi philosophique. Et sans jamais requérir l'aide de personne, parce qu'il n'en avait pas besoin. Peu importe les diplômes de George, il ne suffirait pas à ce qu'il comprenne ce que Kasper allait faire, et, surtout, durant toutes ces années, il avait craint qu'on ne l'en empêche : c'était probablement pour ça d'ailleurs qu'il s'était toujours tu. Mais, maintenant, il pouvait tout dire. Il était trop tard pour revenir en arrière.

- Dites, Georges, je vous ai déjà dit quels avaient été les derniers mots de Kayla ?

- Dis les moi donc, fit-il, surpris par la remarque, en tournant son calepin pour arriver sur une feuille vierge : cela faisait longtemps que Kasper ne lui avais rien dit, et ça se voyait dans ses yeux qu'il brûlait d'envie de comprendre mieux le jeune homme.

- Elle m'a dit " Quand je serais morte, qui te permettra d'être une étoile à ton tour ? ". C'était une référence à la première discussion que nous ayons eu, le soir de notre rencontre. Elle était persuadée qu'elle mourrait dans peu de temps ce jour-là, et elle s'inquiétait de son avenir post-mortem.

Georges notait tout, mais comme celui qui cherchera un sens plus tard, ne comprenant pas maintenant. Kasper avait beau être heureux de faire autant d'impression, il ne cherchait plus à continuer la thérapie et voulait définitivement mettre un terme à toute cette histoire : il ne laisserait pas le temps à Georges de se questionner, il lui donnerait toutes les clés et lui pointerait les serrures, à lui de voir s'il voulait voir au-delà.

- J'aimerais vous dire qu'il m'aura fallu de longues années pour comprendre ce que signifiait cette phrase, mais je crois que c'est l'interne qui, de par le simple " il n'y pas de Kayla dans tout New Union, et ce depuis sa création " qui m'a permis de savoir ce qu'il m'était arrivé. Ne vous vexez pas, je suis sûr que vous êtes très bon psychiatre, mais je n'ai rien d'un fou qui ne saurait différencier rêve et réalité, plus d'un vieil érudit qui aurait testé des champignons hallucinogènes et se demanderait si ses visions ont eu un sens. Je l'ai donc trouvé, et oeuvre à celui-ci depuis que Kayla a disparu. J'attendais mon opportunité, et maintenant, elle m'est tombée entre les mains.

Les réactions de Georges feraient presque rire Kasper tant elles sont comiques. Lui, qui doit au moins avoir quinze de plus que le jeune homme, semble totalement décontenancé par son comportement soudainement très franc. D'une certaine manière, il rappelle un peu à Kasper lui quand il essayait de rester le plus neutre possible face à toute information pouvant le déstabiliser, mais en échouant lamentablement. Jugeant que le suspens ne durait que trop, Kasper continua son monologue.

- D'après vous, pourquoi Kayla se demanderait si elle deviendrait une étoile ?

Georges haussa les épaules, sans que Kasper ne puisse déterminer s'il souhaitait juste le laisser continuer ou s'il n'avait aucune idée de la réponse. Dans tous les cas, sa question n'attendait pas spécialement de réponse.

- Elle voulait vivre. Incapable de pouvoir être celle qu'elle voudrait être, elle espérait pouvoir vivre, subsister quelque part dans les esprits des autres, vivre grâce à eux cette vie rêvée. Et moi, contrairement à elle, je suis en mesure d'être celui que je veux, l'espace d'un instant. J'ai tout donné pour pouvoir le Kasper que vous ne vouliez pas que je sois, et désormais je l'ai atteint et je me fiche de savoir si je mets ma vie en danger ou non. A partir d'aujourd'hui, quoi qu'il advienne, je n'aurais aucun doute, contrairement à Kayla : je sais que j'aurais vécu en sachant qui j'étais et que je mourrais en étant ce que j'ai toujours voulu être, avant devenir un étoile à mon tour. Regardez moi bien briller !

Et, sur cette dernière phrase, il était sorti de la pièce, bien décidé à ne plus y remettre les pieds.

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- Oh mon dieu, Kasper, ne me dis pas que tu as fait ça !

Ses deux parents étaient en état de choc. Aucun des deux ne reconnaissaient leur fils, pas dans cette attitude. Son psychiatre, le Dr. Hemmings, les avait cependant prévenus dans l'après-midi que Kasper s'apprêtait très probablement à faire quelque chose de grave, potentiellement mortel, mais ils n'avaient jamais imaginé que ce fusse également le cas des quatre dernières années.

- Je ne veux pas le croire, je ne veux pas le croire...ne cessait de répéter sa mère. Tu aurais pu mourir, es-tu complètement inconscient ?

- Et alors, tu vois bien que je suis toujours en vie, que j'ai réussi à m'en sortir sans problème ? Il est vrai que j'ai eu quelques blessures mineures, que j'ai eu quelques bleus et autres coupures qui m'ont ramené à Aberystwyth, mais elles n'ont jamais semblé vous déranger plus que les précédentes.

Il n'en revenait pas que ses propres parents ne le soutiennent pas dans ces projets. Eux qui avaient si souvent répétés qu'ils désiraient plus que tout au monde que Kasper grandisse comme tous les autres et qu'il ne soit pas considéré comme différent, les voilà à s'inquiéter de lui, sur le chemin de l'âge adulte, et à vouloir lui tracer toute sa vie ? Et pourquoi, en plus ? Pour qu'il passe le reste de son temps enfermé entre les murs de l'hôpital, à l'abri du danger ? Il en était hors de question.

- Oui mais...

- Oui mais quoi ? répliqua Kasper à son père. Je ne suis plus un " enfant comme les autres ", c'est ça ? C'est différent parce que vous venez de l'apprendre ? A quoi est-ce que vous vous attendiez de ma part, bon sang, j'allais pas rester toute ma vie docilement assis derrière une feuille ! Avouez, vous priiez pour que je ne quitte jamais ma soif artistique pour que je reste toute ma vie sagement assis derrière un bureau, solitaire, mais sauf !

Kasper était rouge de colère et écumait de rage. Toute celle qu'il avait contenu à chaque fois qu'il s'était entraîné, seul, chaque fois qu'il s'était dit qu'il pourrait le faire, que ce n'était qu'un autre hématome et qu'il aurait la volonté d'oublier la convalescence et de partir d'aplomb une fois guéri. Toujours plus exigeant avec lui même, seul face au monde et à lui-même, il s'était dépassé jour après jour, semaine après semaine, année après année afin de devenir un véritable athlète, à l'opposé de ce dont on rêvait pour lui. Et, lorsque, enfin, il demandait à ses parents de croire en lui, il l'abandonnait ? C'était inimaginable.

Ils essayaient de protester, mais aucun de leur argument ou bafouille n'étaient valable, ne faisant qu'augmenter le courroux de leur fils.

- Oui, je me suis inscris à Nihil. Que je sois pris ou pas ne change rien. Je trouverais un nouveau moment, une nouvelle opportunité de prouver ma valeur. Je n'y vais pas pour gagner, j'y vais pour prouver que je peux être indépendant et réussir là où tout le monde pensait que j'échouerais. J'étais convaincu que vous comprendriez. Je suis plus que déçu de voir que non.

Ses parents restaient immobiles, se lançant des regards paniqués sans qu'aucun son ne franchisse leurs lèvres. Kasper soupira : il était temps pour lui de faire ses preuves. Il allait tracer sa propre route vers les étoiles, aux yeux du monde entier, et, enfin, on reconnaîtrait que sa différence ne fait en rien de lui un paria.

- Je suis ce que vous avez fait de moi, lança-t-il à ses parents en guise d'adieu. Ne l'oubliez pas.

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Intelligence without ambitions
Is like a bird without wings

~Dali ~
" Je suis ce que vous avez fait de moi "

Très ironique comme phrase, sachant que Kasper ne l'est pas du tout, en apparence, non ? Il l'adore et ne se lasse pas de la répéter à tout ce qui l'ont connu avant et qui ne comprennent pas ses changements des dernières années.

Au fond, bien sûr, Kasper est et sera toujours le gosse rêveur qu'il a toujours été, au talent artistique indéniable, aussi bien en terme de plume que de crayon (Kasper n'a jamais vraiment eu l'oreille musicale) et il n'a jamais cherché à démentir cette partie de lui : c'est même pour lui les fondements de son être, l'origine à laquelle il revient toujours, la base certaine qu'il ne peut remettre en question. Il ne pourrait pas se passer de son imagination, en quête permanente d'inspiration et de nouvelles expériences. Toute sa vie est guidée par son désir perpétuel de nouvelles aventures, de nouvelles découvertes. Sa curiosité sans faille aide sans doute à le pousser à aller toujours de l'avant et à se dépasser, à chercher plus loin.

Bien que solitaire et peu participatif à l'oral en cours, Kasper a donc toujours été un bon élève. Ce qu'on lui apprenait ne lui suffisait jamais, il avait toujours soif de savoir plus et partait de lui-même à la recherche d'informations, parfois superflues. S'il avait eu des amis, peut-être que ceux-ci l'aurait trouvé agaçant de par ses anecdotes qui n'intéressaient personne, mais il n'en avait pas. Comprenez bien : de toute son enfance, il n'avait jamais rien eu d'autres à faire que d'apprendre et créer, parce que c'était sans danger et que ça lui permettait de développer son intelligence.

Effectivement, Kasper est intelligent, en théorie (bien qu'il ait essayé de mettre en pratique quelques unes de ses compétences, avec plus ou moins de succès). Son aptitude à emmagasiner un savoir illimité ont fait de lui une source de vocabulaire hors norme, quitte à être un peu vieillot, ce qui colle bien à son style. Sa mémoire est abondante de souvenirs plus ou moins utiles, mais vous pouvez comptez sur lui pour vous rappelez ce que vous étiez censé faire. Il sait analyser le comportement des autres, leur gestuelle, pour mieux chercher à les déstabiliser, ce qui l'affaiblit sur un point : quand on le déstabilise lui, ça l'horripile.

Car Kasper a clairement le sang chaud, parfois impulsif et pas toujours très réfléchi, ce qui est très amusant vu les qualités intellectuelles qu'ils possèdent. Il a conscience de ce défaut et tente comme il le peut de le corriger, mais c'est plus fort que lui : il a tellement tout donné pour en arriver là, à la sueur de son front et à l'agonie de ses veines, il a donné toute son énergie pour s'améliorer, pour prouver aux autres qu'il n'est pas un moins que rien.

A l'origine, comme la plupart des autres enfants, Kasper ne faisait pas attention à la manière dont on le regardait. Et puis, au fil du temps, les regards ont commencé à être lourd, pesant, et les remarques et précieux conseils parentaux sont devenus des lois à transgresser, insupportables barrières que Kasper ne voulait que franchir. Enfant, Kasper n'avait pas toujours cherché à devenir Harold : c'était un fantasme débile, un homme surpuissant et indestructible, totalement irréaliste. Et puis, avec le temps, Harold s'était assagi, était devenu plus réaliste, moins invincible et victorieux sur tous les champs de bataille, mais toujours respecté par les autres, qu'importe ses défauts, tout comme Thundera et son handicap qu'elle avait su dépassé.

La vérité, ce n'est pas que Kasper est un gosse capricieux, orgueilleux ou égoïste, petit prétentieux qui cherche à faire le malin en mettant sa vie en danger en prétendant se foutre de mourir, c'est que Kasper a pris conscience que tous ceux qu'il avait rencontré au cours de sa vie, y compris ses parents, et qui avaient prétendus ou non qu'il était normal, ne l'avait en réalité jamais pris pour tel. Toujours, dans leur cerveau, le fait qu'il fusse hémophile restait gravé, comme une marque indélébile. Kasper était la petite chose fragile, vulnérable, qu'il fallait à tout prix garder protégé et sauf. Personne ne l'avait jamais vu lui, n'avait jamais voulu voir son potentiel, ce qu'il rêvait de faire, de devenir. Et le garçon de vingt ans ne cesse de rêver et d'espérer qu'un jour, lorsqu'il prouvera aux autres qu'il peut faire comme tout le monde, dépasser sa maladie et s'en sortir en vie, il sera enfin reconnu comme tous. Parce que, tout se que cherche le garçon rêveur qu'est Kasper est ce qu'à déjà acquis Harold : le respect et, au-delà de ça, l'amour d'autrui.

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But people are like oceans, she shrugged
You cannot know them by their surfaces.
Kasper croit bien n'avoir jamais reçu aucune remarque comme quoi il était une perle de beauté rare. En revanche, on l'a de nombreuses fois fait remarquer qu'il passait difficilement inaperçu au milieu d'une foule. Il ignore cependant s'il s'agissait là d'un compliment ou non, ou simplement d'une remarque sur le fait qu'une fois de plus, il faisait tâche. Comme si le fait de traîner presque en permanence à proximité de l'hôpital ne suffisait pas à lui rappeler qu'il était malade, il avait hérité d'un physique qui le rappelait à tous.

Une peau très pâle qui ne brunit jamais au soleil, aussi blanche qu'un galet exposé aux rayons diurnes, marquée çà et là par de nombreuses cicatrices qui ne disparaîtront pas. Si déjà avoir le teint d'un malade qui n'a plus côtoyé le jour depuis des mois ne suffisait pas, Kasper a en permanence deux grands cernes sous les yeux, presque ineffaçables, comme s'ils témoignaient en permanence de son état de fatigue aussi bien physique que psychologique.

Sa mère lui répétait souvent que ceux-ci renforçaient son regard, tout comme le violent contraste entre ses yeux et sa peau. Elle décrivait souvent son visage d'enfant comme une étendue de sable désertique où on apercevrait deux oasis rédempteurs, ce qui le faisait sourire, et lui dire que ce n'était que des mirages, ses iris disparaissant dès l'instant où ses joues se soulevaient pour témoigner de sa joie. Si personne ne l'avait jamais décrit dans l'ensemble comme extrêmement beau, il avait en revanche reçu des compliments à ne plus quoi savoir en faire sur le bleu de ses yeux. Pourtant, il n'est pas rare de croiser deux iris azur à New Union, mais d'aucuns jurent que ceux de Kasper renvoient quelque chose de particulier, qu'on ne saurait y distinguer le ciel s'il s'y reflétait tant ils sont clairs. Personnellement, parfois, ceux-ci lui font un peu peur. Quand il voit mon reflet, c'est comme la seule chose qu'il remarque, ces deux yeux qui lui font face, qui le fixent, si clairs qu'il croit y distingue son âme : le jeune garçon a l'impression d'être mis complètement à nu dès qu'on cherche à soutenir son regard.

Parlant de chose remarquable, en-dehors de ses yeux, c'est sa manière de se tenir qui marque les gens. Pas sa peau pâle à laquelle les gens on finit par s'habituer, ou ses cheveux tantôt bruns, tantôt blonds en fonction du soleil, adepte de la position qui va le mieux avec le vent, mais bien son comportement en société. Il ignore bien pourquoi d'ailleurs. Il a conscience d'être souvent quelqu'un de très délicat dans ses gestes, comme en témoigne ses mains qui ne ressemblent pas du tout à celle que pourrait avoir le fils d'un homme qui cultive, mais ce fait est dû au fait qu'on lui a enseigné à faire attention au moindre de ses mouvements.

Anecdote amusante - si jamais vous chercher de l'amusement en ces quelques mots - malgré sa taille moyenne, dans le mètre soixante-quinze, Kasper parait souvent plus grand aux gens parce qu'il porte de très longs manteaux. D'ailleurs, son style vestimentaire lui vaut souvent d'être qualifié comme rétro : pas mal de ses vêtements sont un héritage lointain d'avant New Union, voire même de bien avant l'épidémie, alors ça rajoute un peu à la tâche qu'il est déjà dans ce décor.

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Springbloom

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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par Springbloom »

@cristal : comme on se retrouve après tant de temps ! J'ai cru lire entre les lignes que ta fiche ne provenait pas d'un ancien RPG et que tu aurais inventé le contexte, et je dois t'avouer que, comme Lumione, je suis impressionnée du résultat : on croirait à un scénario de roman fantasy, à base de pouvoir, d'élu et de destinée. Je dois t'avouer que de Shadowhunters, je n'ai lu que les Origines et je n'en ai qu'un vague souvenir, donc dans ma tête ça restera un univers que tu as pleinement inventé. Je plussoie Lumione sur le fait que tu devrais en rédiger un roman, ne serait-ce qu'une nouvelle, histoire de combler les espaces entre les dialogues et que l'on sache plus clairement ce qu'il advient de Nico et d'Harry (et d'Edel aussi, by the way). Je me demande ce que ça va donner avec nos persos et le fait qu'elle lise les pensées...Je ferais gaffe à ce que j'écris hors dialogue :lol:

PS : gros coup de coeur pour ton choix de faceclaim, Ana de Armas c'est bae 8-)
PPS : J'ai oublié de le préciser, mais Edelweiss est un si beau prénom. Avec un de mes amis, c'est notre fleur préférée, d'une certain manière c'est même notre fleur à nous..., so je valide entièrement :D
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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par MikoAsuna »

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Chéri, chéri, tu es un idiot.
Tu sautes de toit en toit, tu essayes de trouver
le Nord en te dirigeant au Sud comme un imbécile.
On te fais mal, plaie ouverte, blessure jamais pansé,
mais tu oublies de jouer au blessé comme un imbécile.
Et même si on te tue, comme un imbécile, tu
oublierais de mourir.
Parce que tu es un idiot.


Ali m'appelait Ash. Maman Marion et Papa Seiji m'appelait Ash. Sage m'appelait Ash. Suzie m'appelle Ash aussi. J'entends plus que Ash de sa bouche à lui. Les autres, leurs voix ils ce sont éteints. C'est triste mais on y peu rien. Y'a des jours ou je voudrais les entendre encore que ce soit pour me sermonner ou me dire "je t'aime", puis, la nuit me rappelle au présent et je fini par secouer la tête.
C'est pas grave. Si tu me demandes mon prénom, je te dirais: appelle moi Ash.
Ca les remplacera pas.
Mais c'est pas grave. Mon vrai prénom de toute façon c'est pas ça. C'est Ashton Aleksander Okumura. C'est trop formel mais c'est important de s'en souvenir.
Pour toujours.
Que je porte le nom de Suzie.
Même si je suis un flemmard et un idiot. Un imbécile pas beaucoup plus heureux que l'idiot d'en face depuis a peu près 20 ans et quelques poussière de mois qu'on ne compte plus.


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La première fois que j’ai vu un feu d’artifice je devais avoir 7 ans. C’est Ali qui a pointé le ciel de son doigts fin en me disant « regarde », c’est encore lui qui m’a obligé à monter sur le toit de l’immeuble en protestant qu’il fallait impérativement voir ça. J’ai râlé pendant tout le trajet, il a dit qu’il ne fallait pas prendre l’ascenseur que ça ferait du bruit, alors on a pris les escaliers, avec nos petites jambes on a sauté comme si on les dévalait les marches, alors qu’on l’est montée. Il était tout enthousiaste Ali, il sautillait partout, trois ou quatre mètres en avance sur moi, il m’a criait dessus, il a dit « dépêche-toi » plein de fois. C’était le fouillis dans ma tête. Et si le concierge nous surprenait le haut ? Ou pire, si maman Marion voyait qu’on avait déguerpit du lit ? Ou pire que pire, si papa Seiji entendait que le silence dansait dans notre chambre, alors que tous les soirs, lancés d’une main d’enfant à une autre, le nez des peluches faisait un bruit d’enfer contre le parquet une fois mal rattrapé. Ali avait l’air de s’en ficher. Mais pas moi.
-Ali, viens, redescendu., j’ai dit, et face à Ali, dire ça, ça demandait énormément de courage, tout le courage du monde j’avais l’impression.
Il n’a pas répondu. Il m’a regardé avec cette air ahuri, et il m’a souri, franchement, comme quand il voulait qu’on reproduise un truc qu’on avait vu à la télé. J’avais pas le cœur pour le convaincre, ni le temps d’ailleurs, une petite partie de moi, voulait le voir aussi ce fameux artifice.
Une fois sur le toit, l’air frais c’est engouffrés entre nos fines chevilles et nos orteils recroquevillé. J’ai frissonné, Ali m’a dit que c’était pas encore le moment pour ça et on s’est avancé prêt de la rambarde. Je l’ai fixée d’un œil bizarre, pas très convaincu, si j’aimais le danger et si m’assoir les pieds dans le vide au dessus d’un immense étant me dérangeait pas, le nouveau m’effrayait. L’inconnu aussi. Le nouveau et l’inconnu c’est presque pareil au fond. Et les feux d’artifices j’en avais jamais observé. Ali si. Une fois comme il avait clamé à table. Ali il avait fait plein de choses que moi j’avais pas fait, alors qu’on avait le même âge, à un an prêt. Il était le plus grand, alors qu’en taille physique je l’ai toujours surpassé.
Un bruit sourd, un coup de canon lancé au hasard dans le ciel. A cette première détonation, j’ai voulu déguerpir immédiatement. J’en ai même sursauté subitement. Les poils hérissés, les yeux exorbités braqué sur Ali, le cœur aux aguets. Ma main droite s’est mise un trembler instinctivement. Il a posé un doigt sur ses lèvres pour m’intimer de me taire, ce fameux sourire sur ses lèvres qui vous donnerai envie de vendre votre âme au diable rien que pour en rêver toutes les nuits mêmes du haut de 7 ans d’existence. Et il a pointé le ciel de son doigts qui m’avait intimé de me taire, et mes yeux, tout doucement ont glissé vers cette étendu qui semblait naitre sous des milliers de couleurs et de bruits différents. Et je l’ai vu, je te jure, je l’ai vu, ce spectacle. C’est ce que j’ai fait regarder, je crois que c’était la première fois que mes yeux étaient si grands ouverts. Les couleurs menaient une guerre, mais, leur guerre elle était magnifique, presque majestueuse, sans que je comprenne un tiers des mots qu’ils disaient, j’ai voulu tendre les bras pour en attraper au moins une. J’ai frissonné. Il a souri, satisfait, je l’ai senti dans mon dos en même temps que le frisson qui picotait ma peau tout du long de ma colonne vertébrale. Tout d’un coup, je me suis mis à m’en foutre des faux parents qui se prenaient pour les miens, j’ai juste contemplé ça, ce truc, ce truc qui m’a fait ressentir tout plein d’autre truc dans le ventre que jamais j’ai pu définir par des mots. Des mots j’en ai jamais eu assez, j’en ai jamais appris assez pour raconter ce genre de choses qui vous traverse, vous bouleverse et reparte en laissant ce bouleversement et toutes les conséquences qu’il entraine. Sans que je comprenne pourquoi, ça m’a rendu nostalgique, j’ai percuté après, dans mon lit, ça m’a rendu triste, mais après ça, même cette tristesse tendre semblait jolie tapi au fond de moi.
-Tu aimes ? a demandé Ali tout contre mon oreille, en m’obligeant à m’assoir.
J’ai hoché la tête, sans pouvoir me détacher de ce qui se trouvait au-dessus de nos deux petites têtes. Il a ri de bon cœur, il riait toujours de bon cœur, puis il a calé sa joue contre mon épaule.
-Tu ressembles à un chat, tu as peur, t’as envie de disparaitre, puis la seconde suivant tu te rends compte de la beauté du truc et tu ouvres les yeux plus grands que n’importe qui. Tu es drôle., il a soufflé.
J’ai rougi. J’aurais voulu dire quelque chose. Que non c’était pas vrai. Qu’il disait n’importe quoi. Mais ça m’aurait forcé à louper une seul petite lumière qui s’allumait dans le ciel, et ça je pouvais pas, alors j’ai rien dit, je me suis contenté d’avoir les joues rouges écarlates avec cette moue faussement vexé mais ces yeux, dieu, qui brulaient, qui se consumaient littéralement d’envie.
Cette nuit-là c’est à peine si j’ai fermé l’œil. Mes yeux étaient restés grand ouvert. Le lendemain personne ne nous a grondait, personne savait aussi. Qui aurait pu comprendre que ça avait changé quelque chose en moi ? Pas même Ali a compris. C’était le cas pourtant. Ce feu d’artifice m’avait fait idolâtrer la nuit, belle ou blanche.
J’en ai pas vu des tonnes dans ma vie des feux d’artifices, surtout pas avec Ali d’ailleurs, mais, la nuit, tous les soirs qui ont suivi je l’ai vu, en face même. Ali n’a jamais compris mon obsession pour la nuit. Ni pour le toit. Parce que, maintenant que j’y avais été une fois, fallait que j’y retourne. Peu à peu, on a plus touchait aux peluches que pour les serrer fort contre sois, pas pour se les lancer en cherchant à tuer l’ennui. Dans la nuit, pleine lune ou pas, l’ennui il était jamais là. J’avais cette folle impression d’être là où je devais être quand les étoiles et le ciel devenaient alliés. Ali comprenait pas. C’était pas bien grave. Il restait ce qu’il était même sans comprendre ça. Ali, c'était le seul pilier de mon monde. Ali, c'était mon monde. Ali, il était mon cœur, son cœur c'était le mien et il battait pour nous deux. Ali, c'était un amas de bonté, de douceur et de tendresse. Tout en lui m'impressionnait. Son sourire et son regard pâle, sa lenteur, son parfum chaleureux, même cette chaleur paraissait lente. Il prenait toujours son temps. Il n'y avait que douceur en lui, vraiment. Et quand il me regardait, qu'un sourire étirait ses fines lèvres, je sentais mon organe faire boum boum violemment comme pour me réchauffer. Il me l'a soufflé un soir: l'un en face de l'autre, même si l'un de nous deux tourne la tête, jamais nous nous perdrons de vue. Chaque mot d'Ali avait le gout d'une promesse. Mais parfois c'était amer, parce que, des choses déchirées il y en avait en moi, bien plus que de raison. Et ca, moi-même je le comprenais pas. Avant de le connaitre, j’avais vécu, mais je me souvenais de rien. Les cinq ans passait loin de lui, comme si peu important s’était volatilisé de ma mémoire. Pendant très longtemps j’ai nié l’importance que ça avait pour moi. J’étais du genre à me dire que si je devais écrire l’histoire de ma vie, le prénom d’Ali il ressurgirait des milliers de fois, que ça serait tout. Ali ça résumait ma vie, et c’était doux comme résumé, je l’aimais bien.
J’avais aussi 7 ans lorsque la première crise est survenue. Mes joues rouges et mes yeux larmoyants avaient disparu, il n’y avait plus que la fureur, celle qu’on n’enlève pas, qu’on n’extrait pas du fond des yeux quand elle s’y installe même si c’est pour quelque seconde. Ce jour-là, je te jure, je voulais pas faire grand-chose de mal. Mais, y’a un truc en moi qui a explosé, et ça s’explique pas vraiment, c’est comme ça. Encore aujourd’hui je l’explique pas, j’en suis incapable, ridiculement incapable. Quand je les ai vu ces deux gars s’approcher d’Ali, j’ai su de suite que ça allait mal se passer, pour eux, pour moi, c’était l’instinct, je l’avais sentis. Et quand j’ai vu les fines lèvres d’Ali trembler, qu’une première larme à jaillit de ses yeux, j’ai compris que j’allais pas me contenir. J’avais l’impression de conduire un train, et qu’il déversait en moi une énergie qui me submergeait tel un énorme raz de marée avec son rugissement, sa majesté, sa vitesse vertigineuse dont les trépidations se répercutaient dans mes mains, gagnaient mes bras puis ma poitrine, sa puissance était telle que mon corps ne la contenait plus. C’était ça, j’avais un train de cent tonne entre les mains et il prenait la forme de mon cœur et je pouvais pas l’arrêter. Si l’envie m’en prenait, si mes sentiments faisaient des siennes, je pouvais l’entrainer hors des rails ce train, l’emmener galoper loin dans les champs de batailles et détruire plein de choses au passage. Et mes sentiments, il faisait tout plein de zig zag entre les cadavres. J’ai frappé. Je me suis blessé. J’ai pas compris. Je hurlai. Mes petits poings me faisaient mal. Un élancement jusqu’à dans mon épaule. On le touchait pas. On lui faisait pas de mal. On le touchait pas. C’était simple sous mon crâne même si ça bourdonnait affreusement. Je me souviens pas des détails à part que je me suis battu comme un lion pour qu’ils me laissent continuer.
Aussi loin que je m'en souvienne à partir de ce moment-là j'ai toujours était un enfant à problème. C'était pas forcément écrit, je crois pas au destin, ce sont des conneries ça. Les gens, ils se racontent ça parce qu'ils sont pas foutus d'apprendre de leur peur, ils se donnent des excuses, ils rejettent la faute sur un truc qu'ils sont incapables de contrôler. C'est plus facile comme ça. Moi, je crois pas que je peux dire que c'est de la faute des autres, de ces gamins ingrats qui vous regarde l'air de dire qu'ils joueront jamais avec vous pour des raisons que vous comprendrez jamais. C'était ma faute. C'est comme ça que je vois les choses. Ça a toujours été ma faute. Je peux remonter dans le temps, aussi loin que mes souvenir me le permettent, la sale bête c'était Ash, pas les autres, le fautif c'était Ash, toujours Ash, jamais les autres. Pendant très longtemps, on a tous appelé ça des "accidents" même les maîtresses, surtout les maîtresses en fait. Accident ou crise, du pareil au même.
Il parlait de ça, il parlait de moi avec cette croyance d'avoir la vérité absolu dans leur bouche. Ouais, j'étais intenable, c'était vrai, je ne le nie pas, mais ce n'avait rien d'accidents. Absolument rien. J'aurais donné tout pour qu'ils me croient, les adultes, même si jeune, j'aurais vendu mon corps au diable pour qu'ils me croient, le seul souci c'est que je savais pas comment le faire, comment donner pour recevoir. Alors, ils continuaient de ne pas me croire, mes paroles n'avaient aucun effet, mes hurlements non plus d'ailleurs, ni mes cris, ni mes pleurs, ni mes débattements. Comme ils continuaient moi je continuais aussi. Je prenais des objets lourds et je les lançais contre les fenêtres, ça faisais un bruit d'enfer, l'impact. Je balançais les pots à crayons, les pots de peintures, je tapais des pieds, les poings serrés, la gueule ouverte pour laisser passer les gémissements. Ça ressemblait à ça mes stupides accidents. Maman Marion les nommés aussi comme ça, souvent elle me disait qu’elle était fatigué, que c’était mal ce que je faisais, me battre, que c’était pas ce qu’elle voulait même si elle était pas ma vrai maman. Elle m’a fait des sermons, tout plein, je les comptes plus tous les mots qu’elle a sorti pour me faire la morale. Parfois elle demandait à papa Seiji de l’aider, tout ce qu’il répondait c’était « ce n’est pas bien grave, c’est l’âge pour les conneries, si tu veux en faire, c’est le moment ou jamais » et je riais pour détendre l’atmosphère et Marion me lancé un regard sévère avant de soupirer et de jeter l’éponge. Il semblait qu’il n’y avait que Ali pour me comprendre, il avait peut-être aussi un bout de ma tête qui sait.
-Pourquoi tu fais ça ?, il a demandé une fois, un de ces soirs sur le toit.
J’ai haussé les épaules, un peu bête de ne pas avoir vraiment écouté sa question. J’étais trop occupé à regarder l’horizon que je savais l’impression de n’atteindre qu’ici.
Il a répété sa question après avoir donné un grand coup derrière ma tête avec sa main. Je me suis indigné en gesticulant de façon exagéré.
-Pour toi, crétin. j’ai lâché entre mes dents.
Il a insisté du regard, en me fixant, bien dans le blanc de mes yeux. Mes épaules ce sont affaissais.
-Je veux pas que les gens t’embêtent Ali. Les gens sont méchants et toi t’es gentil. Les méchants on les
Cognes, les gentil on les réconforte en cognant les méchants. Si je fais pas ça, tu vas croire que je t’aime pas et te sentir seul et tu vas te gourer complétement.
Sa main a refait des siennes, j’ai grogné cette fois.
-C’est toi qui te goure complétement Ash ! Tu te mets le doigt dans l’œil ! A me dire ça tu vas me faire culpabiliser et si je culpabilise, c’est que tu n’as pas fait ce qu’il fallait.
-Et tu culpabilise ?, j’ai demandé tout doucement, en murmurant presque.
Il a secoué la tête avec une petite moue désolée.
- Non, Ash, je ne culpabilise pas. Parce que j’aime bien quand tu prends ma défense. Même si je suis plus grand et que ça devrait être à moi de te défendre. Tu vois, quand tu fais ça, dans ma tête je me dis que je suis important. Et c’est super important de se sentir important. Tu comprends ? La solitude c’est pas jolie. Ça s’appelle de l’égoïsme, mais c’est pas si grave, hein ?
Je comprenais pas trop ce qu’il disait. J’ai incliné la tête. Je me suis approché.
- Explique-moi Ali. Explique-moi tout. Je comprends pas !
Il a encore secoué la tête, je me suis rapproché encore un peu, un grand sourire sur les lèvres. Il a senti le truc venir et il m’a repoussé de son bras. Alors je lui ai sauté dessus, et on est tombé tout les deux.
-Ash ! Tu m’écrases, pousse toi de mon dos, allez !
- Explique-moi ! Explique-moi ! Explique-moi !
-Sale chat obèse, dégage !
Au final il m’a pas expliqué, nos rires ont emplis la nuit et c’était vraiment merveilleux. Dans la nuit nos rires ils sonnaient vraiment bien, comme une douce mélodie qui serait chanté jusqu’au matin. Et qui le jour serait juste murmuré. Maman Marion nous a grondait le lendemain matin parce qu’on était encore parti sur le toit. Elle nous a fait la morale, intérieurement, ça nous a fait rire, elle savait pas ce que ça faisait d’être sur le toit, de croire qu’on contrôle le monde juste parce qu’on est sur le toit.
-Ali ! Ali !
Ma voix a résonné dans tout l’appartement.
-Oui Ash ? Assis toi à côté de moi.
Il a calé sa tête contre mon épaule, tout doucement.
-Que veux-tu, Ash ?
J'ai souri, fier, un grand sourire.
-Je t'ai défendu Ali ! Je te jure, je t'ai défendu !
-Non, non, non. Ash. Maman avait dit qu'il fallait plus te battre. Une fois, c'est une fois de trop comme elle a dit.
-Mais, deux fois, c'est rien, puis, ils t'ont fait du mal. Puis, c'est pas grave je suis presque pas blessé en plus !
Il a secoué la tête, le regard grave et s'est décale pour me faire face.
-Ash, ce n'est pas bon pour toi, fais voir ou tu as mal.
J'ai hésité, j'ai regardé mes mains tremblantes et j'ai fini par lui tendre la droite. Elle était un peu bleue. Tout doucement encore une fois il me l'a prise.
-Tu as cognés fort Ash.
J'ai haussé les épaules.
-Non pas tant que ça.
-Tu as cognés qui, Ash ?
-Un gens.
-Qui d'autre ?
Pas de réponse. Je me suis renfermé.
-Qui d'autre ?
-Le mur.
Son regard s'est fait triste, j'ai tourné le mien, baissé la tête aussi.
Ali il me soignait toujours. Il savait comment faire avec les bandages, les crèmes, les désinfectants et tout. Médecin il voulait faire, ou infirmier, je sais plus trop. Quand il me demandait ce que je voulais faire, je savais pas quoi dire, alors je déblayais tout un tas de métier et il finissait par me murmurer tout contre mon oreille que c'était pas grave si je savais pas, que j'avais encore le temps. Puis il me donnait une pichenette sur le front comme le faisait Marion quand elle était en colère l'air de dire que j'étais un sombre idiot. Ali, je voulais bien qu'il me traite d'idiot, d'imbécile, de crétin, d'attardé, d'abruti, d'andouille et même de trou du cul. Ça me dérangeait pas. Ali il avait le droit de faire ce qu'il voulait. Ali je l'aimais trop.
-Tu devrais arrêter de te blesser, tu vas finir tout seul à force de rejeter tout le monde avec cette mine.
Je répliquais toujours en râlant.
-Je suis pas tout seul rien que parce que tu es la, puis, c'est si intéressant d'arracher les bruns d'herbes ? Tu t'es jamais dit qu'ils pouvaient avoir mal ? Les bruns d'herbes.
Et il rougissait. On formait un drôle de duo. Moi et mon sourire trois fois de grand qui masqué toutes les petites plaies sur mes genoux et mes coudes, qui masquait aussi les bosses sur la tête. Lui et son calme renversant, tous ses gestes pleins de douceurs et sa petite mine discrète. On traînait toujours ensemble, ou plutôt je lui collais aux basques. Au fond c'était un remède contre la solitude, et ça plaisait plutôt à Marion qu'en s'entende si bien. Souvent, on trottinait comme deux chiens errants dans les rues. Y'avait lui, moi et la solitude. La solitude elle avait trouvé anneau à la taille de nos cœurs. On avait trouvé le bon équilibre.

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Seulement, le fil sur lequel nous perchions, à jouer aux funambules à finit par s’écourter. Sans prévenir. Le temps n’a pas arrangé ce qui n’arrivait à se consumer en moi. A chaque regards de travers, je déraillé, je restais jamais sur le bon chemin. Je finissais blessé, la main ensanglanté, les genoux écorchés, les coudes éraflés, l’arcade ouvert, le sang, il glissait sur ma peau, il finissait sur le sol en de fine gouttelettes. Mais tu sais, au sang on s’y fait, comme on se fait à la violence. Ça revient à la même chose. De saigner ou frapper. Ça fait mal. Plus j’aimais la personne, plus tout ce qui lui adressait me rendait fou, et je crois que j’aimais Ali plus que n’importe qui, plus que la nuit elle-même. A l’école, sur le trottoir, dans le parc, dans le supermarché, partout pareil, les gens m’énervaient. Que ce soit les deux adolescents qui ont lancés un pétard sur ce vieux monsieur qui attendait, qui ne demandait rien à personne. Ouais ces deux adolescents qui m’ont roués de coup et laissé là, par terre, la joue contre le bitume à sangloter tout ça parce que j’avais dit « arrêtez ». Que ce soit cet homme à la caisse qui ne voulait pas faire passer cette femme enceinte devant lui, qui m’a lancé un regard noir devant mes yeux curieux. Que ce soit ces gamins à l’école qui pointés du doigt, accusateur et bourreau, ces gamins qui ont fini par me pointer du doigt moi. Les m’énervaient. Le monde m’énervait. Le mal qu’on pouvait faire me m’étais hors de moi. J’aurais pu faire semblant. Fermé les yeux, cligner assez lentement pour ne rien voir. J’aurais pu, vivre heureux, vivre simplement sans que les nuits me rappelle que je ne savais rien d’où je venais. J’aurais pu. C’était comme ça. Je supportais pas les autres, leurs chaînes à leurs cou je les entendais traîner dans leur dos, et je supportais pas. J’ai pas supporté ce jour là non plus. Comme le jour d’avant.
-Quand est-ce que tu grandiras un jour Ash ? Regarde-toi. Tu es couvert de saleté, tes vêtements sont déchirés et je ne parle pas de ton visage et ta peau complètement boueux à telle point que je ne peux pas voir les blessures que tu t’es faite.
Maman Marion a laissé un soupire s’échapper. Exaspéré, perdu, gratuit. Mes yeux me piquaient. La gorge trop nouée pour parler.
-Qui t’as fait ça ?
Les larmes ont dévalés mes joues sans retenu. Je sentais bien que Ali était là, coulé derrière la porte à écouter sagement, pour me réconforter après. Je savais qu’il allait avoir les grand yeux, ces yeux qui disent un « je suis désolé Ash » et un « tu es un idiot Ash » mais aussi un « je t’aime Ash »
-Tu ne veux pas me dire ? Arrête de pleurer.
Il a touché mes bras qui s’entachaient à essuyer mes larmes minables. J’ai sursauté. Sauvage. Et j’ai croisé l’amende de ses iris, la lueur aimante d’une mère qui n’était pas la mienne.
-Ils ont torturés un pigeon., j’ai dit au bord de la syncope.
-Pour un pigeon ? Tu t’es battu pour un pigeon Ash ? Tu te fiches de qui la ? Oh un pigeon. Mais bordel Ash.
J’ai secoué la tête vivement, violemment. Non pas pour un pigeon. C’était pas ça. Pas le souci. Pour un être vivant, un cœur qui bat, une larme qui coule et un souffle qui s’échappe. Pas pour un pigeon. Pour moi. Égoïstement. C’était idiot comme parole. Je croyais pas ce qui sortait de sa bouche. Ni ses sourcils froncés pas d’inquiétude mais d’ennui. Ni son sourire trop faux et ce sillon terrible sur son front. Non non non. Furieusement, j’ai donné un coup dans sa jambe et je me suis échappé. Essoufflé par les maux qui se promenait sur mon corps j’ai montait les marches, les mains tremblantes, le cœur qui battait plus qu’il ne fallait, les sentiments en alerte, plus que de raisons. Elle avait pas compris. Moi-même j’avais pas saisi la folle idée qui m’était venu. Je n’avais rien à voir avec eux. Ni avec cette vie. J’avais 11 ans, c’était le jour de mon anniversaire et je m’étais posé une question qui m’avait effrayé comme jamais rien ne m’a effrayé. Qui j’étais ? Je savais pas. Je savais pas. Alors j’ai couru dans les escaliers, j’ai sauté, j’avais surement l’air d’un attardé, ou d’un petit chat errant et perdu avec mes joues humides, mes yeux rouges et gonflés, encore plus quand je me suis installé à l’ombre, recroquevillé sur le toit à peine assez à l’aise pour regarder cet horizon impressionnant.
Il m’a rejoint peu de temps après mon cœur, ou Ali. Il s’est tout doucement installé à côté de moi. Il a pas parlé au début, il reniflait juste de temps en temps, en espérant que je l’imite comme toujours. Mais j’ai rien fait. Je me suis contenté en silence de désespérer.
-Tu sais, j’ai un demi frère. Il est plus grand que moi, je sais pas grand-chose. Quand j’essaye de questionner papa, il me répond pas ou il change de sujet. Il habite au japon avec ma mère. Parfois, j’aimerais beaucoup le connaître, voir ce petit bout de famille qui semble creuser un petit trou dans mon cœur. Je me ravise vite fait quand j’ai cette pensé-là. Je ferme les yeux et oublie. J’ai peur de ce qu’il pourrait être. Papa dit que la génétique joue beaucoup sur le comportement, alors, si je l’aime pas, je découvrirais peut être un truc chez moi dont j’aurais horreur.
Cette fois ci j’ai reniflé, et j’ai basculé la tête vers lui, la moue défaite complètement.
-Je comprends rien à ce que tu me dis.
Il a ri, de bon cœur.
-C’est pas grave Ash. Ce que je veux te dire, c’est que je crois pas papa, je pense qu’il dit n’importe quoi. Que d’où tu viens et quel sang tu as, ça fais pas de toi ce que tu es. Que si on me proposait de le rencontrer mon demi frère, je donnerai tout mon temps pour ça. Tout l’argent de poche que j’économise.
J’ai haussé les sourcils. Ouvert la bouche. Sans percuter un mot de ce qu’il me disait.
-Sauf toi, bien sur, je te donnerai pas, même pour voir un bout de ce que mon demi frère est à l’autre bout du monde. Toi, t’es plus important. T’es le gars le plus important du monde pour moi.
J’ai rougi sans pouvoir m’en empêcher et j’ai enfoui mon visage dans mes genoux. Il a posé sa tête sur mon épaule. Et je me suis réconforté un peu comme ça, à côté de lui, comme ci il était tout mon monde. Et ça avait une part de vérité. Ali il était la seule chose que je voulais dans mon monde.
Mais ça a pas duré, ce jour-là, quand j’ai entendu les pas dans l’escalier, j’ai été pris de vertige, mes jambes ont commencé à vaciller, je me suis remis à trembler, à frémir et j’ai murmuré que non, je voulais voir personne, alors, j’ai voulu courir. Courir loin et fort. Mais je pouvais pas courir pour me jeter du toit. Ce n’était pas possible. Ali tournait autours de moi, incapable de me contenir. Je bouillais, mon cœur semblait faire ses ongles sur sa cage et ça faisais un bruit insupportable. Je n’ai jamais aimé le bruit. Le bruit me fait tourner la tête beaucoup trop. Le bruit me siffle aux oreilles de partout. Et là, à cette idée, que mon cœur fasse un bruit du tonnerre j’ai paniqué. Un faux pas et je tombais. J’avais la sensation d’être foutu, de partout, d’absolument partout, de l’intérieur et de l’extérieur.
J’étais incapable d’aligner deux idées cohérentes. Avec ce fracas qui m’assaillait, j’avais de quoi devenir fou. On aurait dit que l’enveloppe charnelle qui me séparait du reste du monde avait subitement disparu et que je me trouvais aspiré dans un tourbillon tonitruant qui me déchirait en deux.
-Ash, calme toi ! S’il te plait.
J’ai frappait contre la porte, j’ai hurlait qu’elle s’ouvre, je suis même pas sure d’avoir eu conscience que j’hurlais. Et une fois ouverte, j’ai regardais Marion, complètement déboussolé. Elle a voulu me prendre dans ses bras mais j’ai encore frappé. Non ! Je me suis mis pour la première fois à les dévaler à toutes vitesses ces marches que je descendais aussi lentement que mes jambes me le permettait. Ali s’est faufilé jusqu’à moi, il m’a attrapé le bras, il m’a imploré. Je me suis débattu.
-Ashton je t’en prie.
Mon nom complet m’a fait l’effet d’un électrochoc. C’est ce que j’ai vu en dernier, ces grands yeux verts dans lequel je m’étais perdu un millier de fois.
Ali. Ali, désolé.
Sa main dans la mienne, notre cœur en harmonie. Et ses grands yeux braqués sur moi. Je les ai vus.
On est passé par-dessus la rambarde. On a chuté de 12 étages. Le fil qui s’est écourté à fait ce bruit douloureux et amer. Alors qu’il était presque inaudible, et surement que nous avons été que deux à l’entendre. Ses lèvres ont prononcés quelque chose avant qu’on s’écrase. Quelque chose que j’ai pas pu retenir. Dieu, si j’avais pu.
Je me suis réveillé une fois avant de me réveiller pour de bon. Ca tanguait de tous les côtés, et j’avais atrocement mal, ci et là. Autour de moi, ça bougeait, y’avait des ombres et des silhouettes qui semblaient danser. Et des bruits, d’affreux bruit. Des paroles, des respirations, des cling cling, des boum boum, des ah ah aussi. Partout du bruit.
Quand il a ouvert les yeux une deuxième fois, le gamin, c’était sur un plafond blanc. Immaculé d’un blanc qui lui était pas du tout familier. Il était allongé dans un lit, plus propre que jamais, avec deux grands phares au milieu de sa tête qui brillaient d’un bleu électrique plus profond que le bleu des tréfonds de l’océan. Il était allongé dans un lit qui n’étais pas le sale. Ses cheveux noirs aux quelques mèches bouclés planté dru sur son large et beau front. Au bout de quelques minutes, on l’a débranché du respirateur et on lui a retiré un tube de ses voies respiratoire. Il avait la bouche pâteuse, les yeux lourds et un drôle d’élancement dans la poitrine. Il était incapable de se poser des questions, incapable de se remémorer, alors il a refermé les yeux.
Ce n’est qu’à la troisième fois où il a ouvert les yeux qu’il a laissé la peur enclenché les portes dans son corps. Ce gosse il a donné à la peur tout son corps en une seconde, et son corps s’est trouvé dévoré, déchiqueté et bouffé. Ce gosse c’était pas Ali. C’était moi. Et moi je savais pas où était Ali.
Mes mains se sont frottées contre les draps nerveusement. Les sanglots ravalés, j’ai regardé vaguement les trois ombres devant l’entrée de la chambre. Je m’attendais à beaucoup de choses, je me suis fait en l’espace de quelques secondes une centaine de scénario dans ma tête. Mais à ça je ne m’y attendais pas. A ce qu’il à m’a dit, cette étrange monsieur au couleur des murs et du plafond.
-Bonjour Ashton. Tu ne me connais pas, bien sûr, je suis chirurgien, j’ai préféré que ce soit moi qui vienne te parler.
Il choisissait ses mots délicatement, il les mâchait prudemment. Mes ongles se sont légèrement enfoncés dans les tissus.
-Tu t’en souviens, tu es tombés, avec ton frère, Ali.
A son prénom j’ai retenu un gémissement douloureux. La première perle a roulé doucement sur ma joue.
-Vous étiez tous les deux condamnés, Ali a subit une mort cérébrale sur le coup, ses fonctions du cerveau ont cessés de remplir leurs dites fonctions. Son système, tous les boutons de son cerveau ce sont éteint dès lors ou sa tête à heurté le sol. Quant à toi, tu avais le cœur gravement endommagé, aucun des deux n’étaient destinés à survivre.
Ma respiration s’est emballé, elle allait de plus en plus vide, dans des saccades incontrôlées.
-Légalement je n’aurais pas dû, mais j’ai fait un rapide test sur le corps d’Ali et il se trouve que vous aviez le même groupe sanguin et que par conséquent, on pouvait te greffer son cœur pour que tu vives.
Ses mots se mélangeaient, prenaient des sens saugrenus. Les syllabes sonnaient pas bien, les lettres tournaient et dansaient aussi bourré que mon crâne. Mes mains ont ce sont serrés, poings fixe et serré, oui. Une deuxième perle est tombée, j’ai voulu la faire partir, mais je n’ai pas pu.
-Ca veut dire que ce qui bat la, ce que j’entends à mes tempes, c’est son cœur ?, j’ai bafouillai ridiculement, la voix chargé, les yeux remplis, notre cœur déchiré, brisé, piétiné, tout, tout amoché.
-Oui. C’est cela.
Boum boum.
-Vous l’avez tué pour me sauver ?
Boum boum.
-Non. Il était déjà mort, pas de la même façon que si ton cœur s’était arrêté subitement, mais il était bien mort.
Boum boum.
-Alors je le reverrais plus ?
Boum boum.
-Non.
Crac.
Les jours suivants je les ai passé à sangloter, tout doucement, aussi doucement qu’il aurait sangloté. Maman Marion à essayer de me réconforter, mais, c’était facile de sentir dans sa voix à quel point elle était dévasté. Elle aurait préféré que ce soit Ali qui est mon cœur et moi aussi secrètement, même si je doute qu’il est mérité un si petit et fragile cœur que le mien, celui qui est mort. Au bout de quelques semaines on m’a transféré dans un autre établissement de rééducation. Quand ils changeaient mes pansements, j’aimais bien frôler la cicatrice qui démarrait du haut de mon torse et qui barré mon corps jusqu’à mon nombril. C’est ce qu’aurait fait Ali, passer ses doigts sur ma blessure. Je réfléchissais comme ça. Qu’est ce qu’aurait fait Ali dans ces circonstances ? Qu’est ce qu’aurait fait Ali devant ses paroles ? Qu’est ce qu’aurait fait Ali tout court ?
C’est la bas que j’ai rencontré Robin.
Robin aux mêmes iris bleus électriques que les miens soulevé d’interminables cils, plus long que les miens. Il a aussi se nez légèrement retroussé, et ces lèvres ni trop fines, ni trop grosses, parfaitement dessiné. Il a aussi ses cheveux moins sombres que les miens, mais aussi indomptables que les miens, avec ses quelques mèches bouclés et ses autres mèches lisses qui selon le temps monté sur sa tête ou tombé sur son large front.
-Salut Ashton, il a dit (et ça paraissait très simple comment il l’a dit) t’es dans un sale état frérot (et ça encore plus simple).
Il avait des cernes toutes bleus qui creusés ses orbites avec violence. Ses joues étaient aussi creuse que ses yeux, et il avait cette tendance à se frotter le visage toutes les cinq minutes comme pour effacer une fatigue que j’aurais pu voir même sur un inconnu. Quoiqu’il était déjà un inconnu.
Il a déballé tout un tas de conneries et c’était effrayant la façon dont je bloquais sur son physique. Quand je serais grand, c’est obligé que je lui ressemble, on dirait moi, moi et quelques années en plus.
-Ça t’arrive de ne pas te jeter dans le vide ? La dernière fois que j’ai vu ta bouille, tu venais aussi d’être jeté par la fenêtre. Enfin, t’es pas tombé vu que je t’ai rattrapé in extremis par les pieds.
Il avait aussi ce tic que j’ai de secouer nerveusement ma main droite. Il a allumé une clope, je lui ai dit qu’on avait pas le droit mais il en a eu rien à faire.
-Putain. Aaaaah. Tu te rends compte qu’il faut que tu chutes du douzième étage pour que je te retrouve ? Après que tu es étais jeté par la fenêtre, j’ai décidé de me débarrasser de toi. Enfin, pas me débarrasser, te donner, enfin non, te confier à des gens. Tu vois le genre ?
Il a compté sur ses mains maladroitement.
-Putain de merde, j’avais 14 ans Ashton, putain, tu te rends compte ? Non forcément, t’avais à peine 5 ans. Tu te souviens de moi ou pas ?
J’ai dit non de la tête, j’ai pris le verre sur la table et je l’ai écrasé juste à ses pieds, le bruit du verre qui s’est brisé à résonnait dans toute la sale. Il n’a même pas sursauté. J’en ai été bouché bée.
-Tu faisais quand tu étais petit. T’étais violent. Comme maman. Putain. Donc, tu ne te rappelles pas de moi ?
Et non, je me rappelais pas de lui, ni de ma vrai mère, ni du reste.
-Je t’aime pas., j’ai lâché à l’instinct. Parce que c’était vrai. J’aimais que Ali.
-Ouais, ça je sais. Mais moi, je t’aime à en crever alors c’est pas toi qui décide, je viendrais te voir de temps en temps, entre deux clopes pour respirer le grand air auprès de ma seule famille. Bref. Euh…
Il se perdait, dans ses explications, il bégayait horriblement et quand c’était pas sa main qui s’agitait, c’était sa jambe. Il avait rien à voir avec Ali (personne aurait pu l’égaler) en fait, il avait rien à voir avec tous les gens que j’avais vu, même les méchants. Je doutais qu’il soit méchant. Il m’a jamais expliqué les circonstances de ma naissance, mais il m’a expliqué comment elle avait déraillé après ça, ma vrai mère, je me sentais bien avec Robin malgré que parfois j’avais l’impression qu’il allait craquer entre mes maigres bras. J’ai vite compris que c’était un drogué, un drogué condamné. Mais il était attachant au fond. Puis, j’avais besoin d’être loin de ce que j’avais toujours connu. Même si je savais bien, que c’était pas ma place à côté de lui.
Quand je suis sorti définitivement des hôpitaux, je me suis mis à m’en foutre d’à peu près tout. J’ai noyé mon chagrin dans la violence. Le collège ça m’a pas vraiment arrangé. Si Ali était partit, il avait laissé la solitude, et la solitude elle était terrible. Je regardais les gens de loin, envieux, qui m’évitait soigneusement pour une histoire de mauvaise réputation idiote. J’ai commencé à m’y faire à ma solitude, comme on s’y fais aux inlassables bleus et hématomes qui recouvre ma peau, à ses coquarts qui s’en suivent de quelques jours, a ses blessures qui saignent qu’on gratte et qui ressaignent. Puis, j’étais pas totalement tout seul, j’avais la Nuit, et Prunelle aussi. C’était un chat, tout petit, le cadeau d’anniversaire qu’Ali avait prévu de m’offrir. Il l’avait laissé avec un petit écriteau qui finissait souvent imbibés de mes larmes ou froissé contre moi.
« Parce que tu es la prunelle de mes yeux et que je soignerai tes blessures même quand elles seront invisibles. »
Puis y’a eu ce message que j’ai reçu :

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De : suzakuokumura@google.com
A : ashtonokumura@google.com
Objet : Famille éloignée!
Salut,
Je m'appelle Suzaku Okumura, et je viens du Japon (tu pardonneras mes fautes d'anglais, je me suis relu quinze fois). Mon père est parti de chez nous pour aller vivre aux Etats-Unis quand j'avais trois ans, avec une femme enceinte. Depuis un moment, je cherche ce bout de famille et mon éventuel demi-frère. Tout ce que je sais, c'est que si tu es bien ce garçon, tu dois avoir trois ans de moins que moi (donc douze ou treize ans, je viens d'avoir seize ans), et que ton père s'appelle Seiji Okumura et viens de Fukushima.
Tu pourrais me redire si c'est bien toi? Et éventuellement qu'on garde contact? Ça fait un moment que je cherche ce morceau de famille, alors redis-moi!
Amicalement,
Suzaku.


C’était le demi frère dont Ali m’avait parlé. J’ai pas hésité longtemps et je lui ai répondu, spontanément.

De : ashtonokumura@google.com
A : suzakuokumura@google.com
Objet : Famille éloignée
Salut,
Ouais, mon père c’est Seiji, mais on n’a aucun lien de sang et je n’ai pas une tête de japonais. Le demi-frère que tu cherches s’appelle surement Ali Okumura, il est mort y’a 4 ans. Je ne suis pas cette personne, je ne porte de cette famille que le nom, désolé.
Amicalement,
Ashton.
Presque un mois s’est écoulé avant qu’il réponde.

De : suzakuokumura@google.com
A : ashtonokumura@google.com
Objet : Famille éloignée
Oh.
Merde. (Le seul juron que je connais en anglais, je ne sais pas si c'est approprié, mais tu vois le genre de truc que je veux faire passer, non?)
Je suis désolé. Vraiment.
C'est indiscret de demander comment ça s'est passé? Ou au moins d'avoir des infos sur mon père?
Je ne voudrais pas que tu te forces à parler de ça.
En tout cas, merci quand même.
Sincèrement,
Suzaku.

Je sais pas pourquoi mais ça m’a énervé. Sa façon de parler. De dire ça comme si ça ne le concernait pas. Alors qu’Ali aurait tout donné pour le rencontrer. Absolument tout. Sauf moi.

De : ashtonokumura@google.com
A : suzakuokumura@google.com
Objet : Famille éloignée
C’était ton demi-frère non ? Même à des kilomètres, tu dois bien ressentir quelque chose pour lui, non ? Même mort, hein ? Je n’ai surement pas le droit de te dire que c’est indiscret ! T’es con ma parole, et d’ailleurs, ce juron n’est absolument pas approprié !
C’est pas une mort tragique ni rien, il a juste trébuché avec moi, et il est tombé du douzième étages, il est mort sur le coup. C’est tout. Ils ont mêmes pas essayé de le réanimer. Et pour ton père, c’est un mec cool, sincèrement, un peu pervers et idiot, mais il est un bon père, je suppose.
Ash.

Ça s’est arrêté là. J’ai rien reçu d’autre. Et j’ai déprimé quelque semaines à attendre avant de me dire que de toute façon ca servait à rien d’être aussi déçu. J’ai continué ma vie sous les engueulades perpétuelles de Marion qui me disait de pas faire ça, de pas faire ci. Bientôt je me suis mis à dormir dehors parfois, à fuguer quelques jours et revenir plus tard l’air de rien. Ils se sont habitués. Comme je me suis habitué à la violence, au sang et à la solitude. J’errais. Idiot et con.
C’est lorsque dans le métro une gentille grand-mère m’a laissé sa place sur son siège parce que je tenais à peine debout, que j’ai su, que j’étais beaucoup trop amoché, bien trop. Ali me manquait cruellement. Et la solitude me torturait un peu plus tous les jours. Je me suis mis à sécher les cours. A divaguer dans les rues avec ces mitaines, ces pulls sombres XXL souvent déchirés par endroit, ses jeans eux aussi déchirés par endroits, parfois aux genoux ou aux ourlets, parfois tout juste sous les fesses. Je titubais dans les rues les pieds nus, à essayer d’escalader les toits et d’éviter désespérément les ennuis, même si je finissais toujours à cogner. C’était comme ça. Rage était là, et Rage répondait aux moindres trucs. Ali la contenait Rage. Mais Ali n’était pas là. Et je lui en voulais terriblement de me laisser avec tout ce monde qui m’avait jamais désiré. Ça me bouffait de voir les gens rires, alors que moi je passais ma vie à fuir et faire la sieste sur les toits. Vaincre la solitude, j’ai jamais essayé. On la combat pas. Elle est trop forte. Trop puissante. Implacable.
Je zigzaguer entre un matin fait d’engueulades avec Seiji et Marion, un après midi à sécher les cours ou dormir, et une soirée avec Robin, à le regarder me dévorer du regard comme ci j’étais tout ce qu’il possédait. J’avais pas d’avenir, c’est à peine si je savais bien parler, j’étais doué qu’à dormir et comprendre un fichu chat. Y’a qu’en cuisine que je me débrouille comme il se doit. Que je fous pas tout en l’air. Parce que, que je te le dise, j’ai tout foutu en l’air, j’aurais pu remonter un peu la pente, faire honneur à Ali, un peu. Mais plus le temps passaient, plus j’avais honte, honte de ce que je rendais à son cœur.
-Y’en a marre Ashton, putain, je compte plus tout les bleus sur ton corps. A chaque fois que je te vois, tu réapparais avec une nouvelle blessure.
-Robin, moi je ne compte pas toutes les clopes que tu t’enfiles à la journée alors lâche moi. Ni les aiguilles que tu te plantes dans le bras.
Je foutais tout en l’air. Et j’ai eu atrocement mal quand Robien m’a avoué qu’il avait le sida. Tout en l’air. Ça avait plus d’importance. Personne ne voulait plus de moi. A part Prunelle bien sûr. La vie m’avait fatigué et j’entendais la chaine à mon cou trainait sur le sol derrière moi.
Jusqu’à que je reçoive un nouveau message de Suzaku, j’ai été un peu surpris de ce qu’il disait ce message, et d’un coup, j’ai voulu sourire, sourire de toutes mes dents parce que bon sang, j’avais pas d’avenir, j’étais une merde, mais je n’étais pas contaminé ni par le sida comme Robin, ni par la radioactivité.

De : suzakuokumura@google.com
A : ashtonokumura@google.com
Objet : Fukushima
Salut.
J'ai amélioré mon anglais depuis la dernière fois. Alors bon, je suis désolé de ne pas avoir répondu, mais je ne savais pas quoi te dire.
Je n'attends pas de réponse.
Mais voilà, je veux en parler à quelqu'un d'extérieur.
Je viens de Fukushima. Pas la ville, la préfecture. Je viens de la campagne de Fukushima, et j'ai grandi au milieu des rizières de mon oncle. Je ne sais pas si vous en avez entendu parler, mais après le séisme du 11 mars dernier, il y a eu un tsunami, et des salles de la centrale nucléaire ont explosé. Depuis, les gens en dehors de Fukushima semblent avoir tout oublié. Mais nous, on vit toujours dans des baraquements montés à la va-vite. Je ne reverrais sans doute jamais ma maison. Je porte autour du cou un truc vert ridicule qui mesure la radioactivité ambiante, et je crains la pluie comme si elle pouvait me tuer. C'est peut-être même le cas. La terre est polluée. L'eau aussi. Les fiançailles de la soeur de mon ami Shô avec un homme de Tokyo ont été annulées parce qu'elle vient de Fukushima. Il ne veut plus la toucher. Nous sommes devenus des monstres. Mon oncle a voulu vendre son riz il y a peu. On l'a traité d'assassin parce qu'il vendait du riz de Fukushima.
Pourtant, le monde entier a l'air de nous avoir oubliés. Qu'ils meurent vite et bien, les irradiés. Loin de nous. Est-ce que c'est ce qu'on pense par chez toi? Ou alors vous ne nous évoquez même pas?
Il y a un an, mon plus gros problème était de savoir si j'allais finalement répondre à ton mail, et si oui, par quoi, pour ne pas t'énerver.
Aujourd'hui, je me demande de quoi je vais mourir, et si c'est pour bientôt.
Désolé pour ce mail. J'avais juste besoin d'écrire quelque chose à quelqu'un qui n'entend pas parler de ça toutes les deux secondes.
Amicalement,
Suzaku.


J’ai voulu être sincère avec lui, alors j’ai répondu peu de temps après :

De : ashtonokumura@google.com
A : suzakuokumura@google.com
Objet : Fukushima
Ca va ? Ne me mens pas, j’arrive pas à savoir quand quelqu’un ment, puis, je suis quelqu’un de l’extérieur, alors, tu n’as pas besoin de mentir je suppose. Puis même à des km, c’est pas indiscret hein, moi je t’ai parlé de ton demi frère alors tu peux bien me parler de toi.

De : suzakuokumura@google.com
A : ashtonokumura@google.com
Objet : Fukushima
Non.
Non, ça ne va pas.
Ma mère et mon cousin sont morts. Coincés sous les débris de la maison. Ma mère gardait Takeshi, et lui se reposait parce qu'il était malade. S'il était venu au lycée, il serait en vie.
Ici, on ne peut pas pleurer sa famille à haute voix, parce que celui à côté de vous à peut-être perdu son fils, son frère, toute sa famille.
On ne peut plus rien manger qui vient de chez nous. On ne peut plus boire l'eau. Les enfants ne peuvent plus sortir jouer dehors. On n'ouvre plus les fenêtres. On vit avec des masques, et même en été, on porte des pulls pour protéger sa peau.
Non, ça ne va pas. Je ne sais pas où je vais, ce que je veux faire de ma vie maintenant. Partir pour me protéger, ou rester avec ma famille qui tient à défendre Fukushima?
Je ne passe pas une journée sans entendre des pleurs.
Avant l'accident, je ne savais même pas où se situait la centrale nucléaire.
Maintenant, elle m'a pourrie la vie.
Un de mes meilleurs amis est parti. L'autre a peur de tout. Il a sans doute raison. Je passe mes soirées à cultiver le riz de mon oncle ou à aider les ouvriers à débarrasser les débris. Je suis en train de me pourrir la santé en m'irradiant, mais qu'est-ce que je peux faire d'autre sans me sentir inutile?
Concrètement, non, ça ne va pas. Le gouvernement fait l'autruche et ne nous aide pas à nous relever. On ne sait plus quoi faire.

J’arrivais pas à comprendre pourquoi il déprimait tant que ça, alors qu’il était en vie, et qu’être en vie c’était déjà énorme. On a continué notre correspondance. Et je crois que si il avait su qui j’étais vraiment, jamais il m’aurait adressé la parole. Mais c’était mieux ainsi, qu’on se parle via un écran, plus simple. Mieux. Je lui ai avoué une fois qu’Ali aurait tout fait pour le retrouver et lui dire rien qu’un bonjour. A ce message là il a mis plus de temps à répondre. Toutes les semaines j’avais un mail de lui. A chaque fois il parlait d’un détail de la vie la bas. Il usait d’un calme qui me désarmait complétement. Mais ce qui m’a le plus frustré surement, c’était qu’il avait un anglais bien meilleur que le mien. S’en était déprimant. Il me rendait jaloux sans que je comprenne ce sentiment. Comme quand je voulais devenir aussi doux que Ali pareil. Sauf qu’il était pas Ali. Chacun de notre côté on continuait nos vies. Moi comme ci Ali battait dans ma poitrine. Lui comme ci tout autour de lui s’effondrait un peu plus chaque jour. Et un bon jour, il m’a dit qu’il partait. J’étais au lycée. J’avais à peine 16 ans. Mais comme il me l’a demandé je me suis trouvé à l’aéroport. Ca me donnait pour une fois un prétexte de sécher les cours.
Je me suis mis à arrêter toutes les personnes qui pouvait lui ressembler, toutes les personnes un peu bridé à la gueule de japonais. J’ai fait ça une dizaine de minutes, les yeux grands ouverts, et là, il a dit mon prénom. J’ai posé mon regard électrique sur lui, et j’ai cru que notre cœur allait lâcher. Je sentais que j’étais heureux pour la première fois depuis cette chute, ou plutôt depuis que Robin m’avait dit que j’étais tout ce qu’il lui restait.
Je me suis précipité vers lui, avec des grands gestes exagérés et une fois proche je lui ai littéralement sauté dessus en lui disant que je l’imaginais moins bridé. Il m’a repoussé, et je me suis mis à lui tourner autours, à l’analyser de la tête au pied. Pendant ce temps il m’expliquait comment il s’était organisé, et je suis resté clairement bête devant ça.
"T'as pensé à tout ça?
- Tu croyais que j'allais débarquer les mains dans les poches? ai-je demandé en haussant un sourcil, sceptique.
- Ben j'y aurais pas pensé, moi.
- Toi, tu aurais été dans la m*rde, à ma place, c'est tout."
Je me suis gratté la tête et j’ai souris, de toutes mes dents, l’air plus idiot qu’a l’habitude. J’étais tellement content de le rencontrer. Tellement. Il arrivait qu’il soit la seule personne à qui je parlais pendant plusieurs jours. Alors forcément. Dehors, avec lui ou pas à mes côtés, j’ai fait comme d’habitude. Épaules avachi, pieds traînant, mains dans les poches, gueule de voyous alors que lui, il avait le dos droit, l’expression grave et les vêtements impeccables. J’étais plus le seul chiot du coin, parce que quoi qu’on dise lui aussi il ressemblait à un chiot blessé. Il finissait toujours par me réprimander, il me reprenait sur absolument tout, sur la politesse, le respect, mes vêtements, ma manie à sécher les cours, à m’en foutre de l’avenir, ma manie à fouiller ses maigres affaires, à squatter chez lui-même quand il était pas là. Très vite on a commencé à me le reprocher, à le dire tout bas, et tout de suite les rumeurs arrivé j’ai cogné, plus qu’a l’habitude la aussi. On parlait pas de Suzie. On parlait de moi si on voulait. Mais pas de Suzie. Pas de Ali non plus. Ali plus personne disait son nom.
On était comme deux frères incapables de se regarder en face plus deux cinq minutes sans crier, mais dès que l’on ne sentait plus la présence de l’autre on paniquait. C’est ce qui m’arrivait souvent de débarquer complétement paniqué et nerveux dans sa chambre pour le secouer come un prunier avant de rire soulagé. La première fois où il a levé la voix pour mes blessures continuelles, j’ai levé la mienne aussi, en tentant de lui expliquer que j’étais pas le délinquant qui voulait devenir braqueur de banque. Je voulais pas qu’il me voit comme ça, je ne savais juste pas comment faire face à tout ça. Tout ce qui se profilait dehors. Ce soir-là, je me suis réfugié j’ai Robin, enfant capricieux et susceptible. On a fini par s’accepter tous les deux, et plus vite que je l’aurais jamais songé, je me suis attaché à lui, et si il venait à disparaitre j’aurais perdu tout, genre tout. Même les feux d’artifices j’ai été d’accord pour les partager avec lui, je crois qu’il a halluciné quand il a vu mon regard émerveillé devant les lumières qui dansaient dans le ciel. On était étrangers au fond, dos à dos, sauf que c’était presque impressionnant à quelle point on pouvait être fusionnelle. Mon histoire se résumait au prénom d’Ali, mais maintenant, juste en dessous, délicatement (il faut le dire, il avait bien des airs d’Ali mon petit Suzie) y’aurait eu son prénom : Suzaku.
Puis, c’est arrivé, vite, sans crier garde. Quand Suzie m’a appelé en riant, j’ai ris aussi, mais pour tout dire j’étais pas rassuré, parce que Maman Marion était pas rassuré elle. On pensé pas que ça allait venir jusqu’ici et j’ai prié Dieu que ça ne vienne pas jusqu’ici sauf que, ce fut le cas, ça a débarqué ici, le virus. Dès les premiers cas, Marion et Seiji ce sont affolés, ils m’ont dit que fallait que je déguerpisse d’ici, vite, et que j’aille loin. J’ai préparé mes affaires, vidé mon sac de cours, j’ai enfouis deux trois trucs importants et j’ai attaché Prunelle dessus, enfouis tremblant et nerveux, je l’avais vu, la fatigue dans les yeux de Marion, aussi cette lueur, cette fièvre, tout. J’ai demandé pour Robin, comme seul réponse ils m’ont dit que les drogués s’en sortent toujours. Je suis arrivé chez Suzie, plus nerveux que tous les autres jours de la semaine, je frottais mes mains contre mon pull et ma jambe tremblait. Je lui ai transmis toutes mon angoisse parce que au bout de quelques minutes, ses doigts remplissaient tremblants eux aussi son sac.
Les rues étaient agités, tous affolaient, complètement dingues. Tous. J’ai proposé qu’on vole une voiture, Suzie a dit qu’on passait à la gendarmerie avant et je l’ai supplié de voler une voiture après. Ensuite on a roulé, c’était simple rouler, penser c’était autre chose, en tant que passager c’était encore autre chose. J’avais la certitude qu’ils y étaient restés. J’en avais la certitude. Une fois à cours d’essence, j’ai essayé de trouver du réconfort vers Suzie mais il a confirmé mes dires : on irait buter du zombie, Prunelle sur mon dos. Je savais qu’il voulait le bouffer, mais Prunelle c’était tout ce qui me restait de tout ça.
Et les deux ans les plus longues de ma vie ont défilés. Mais n’empêche, que je me suis jamais senti aussi proche de quelqu’un que pendant cette folle course. J’avais tendance à vouloir toujours protéger Suzie, pour te dire, j’étais terrifié, autant que Prunelle. Sauf que moi, j’avais pas son calme, ni son expérience, tout ce que j’avais fait dans ma vie c’était m’emporter impulsivement. Là encore tout ce que je demandais c’était buter des zombies. Buter aussi deux trois mecs louches. Comme ça que j’évacuais, en éclatant la cervelle des crevards. Parce que si je dis la vérité, j’étais triste, je me sentais pas seule, j’étais juste triste d’avoir perdu les parents de notre cœur. Et ça Suzie l’avait vu. Suzie il flairait tout. Il restait plus que lui, moi, Prunelle et la solitude. Ca nous allait comme un gant la solitude. Je chouchoutais Prunelle et m’engueulait avec Suzie. Je crois, qu’au fond, c’est ce qui nous a tenus en vie, ces engueulades perpétuelles. Ces levés par le col et ces regards noirs, puis ces heures de raleries et d’insultes. C’est ce qui nous a tenu debout, et je te jure, que c’était énorme de tenir debout. Suzie est devenu insupportablement rigide et moi atrocement grognons. J’avais plus mes siestes, et lui avait le monde à protégeait. On s’exaspérait mutuellement. Mais on se débrouillait bien, même mal lotie, mal nourris, déglingués et cabossés. Il s’est mis à me soigner, et ça m’a rappelait Ali et grand dieu, la première fois qu’il m’a fait un garrot que j’étais le plus heureux du monde.
Puis est venu Alexandria. Alexandria alias le paradis.
Le souci étant que Suzie était étranger et que moi j’étais étranger aussi, pas de la même manière, mais je l’étais aussi. Et on avait donc aucun sens de l’orientation et aucune connaissance du sol humain. On a fini par arriver devant cette porte immense.
-Tu es blessé, Suzie? Tu es sûr que tu n'es pas blessé?
- Bon sang, je suis sûr. Je vais bien Ash. Tu me saoules avec ça. Un zombie derrière, Ash.
Coup de feu.
- Qu'est-ce que j'en sais, moi hein, que tu n'es pas blessé, même quand tu l'es tu ne me le dis pas! Tu ne me fais pas confiance ou quoi?
- Et toi tu crois que c'est me faire confiance que de vouloir me tenir derrière toi tout le temps, Ashton Okumura?
Les gens de la bas n’en sont sûrement pas revenu de notre attitudes. On en avait de l’énergie à revendre. Une énergie folle et dansante. Une énergie protectrice et fatigante mais agréable. La vie a, à peu près repris son cours, j’ai juste repris mes siestes en fait.


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La première chose que l'on remarque chez moi, c'est mes yeux d'un bleu électrique surmontaient de longs cils. Ensuite, sans doute que ce sont mes cicatrices dû à ma chute. Au visage, j'en ai deux visibles, une qui fend ma lèvre supérieur, et une autre qui s'étend du haut de mon front au milieu de ma joue, côté droit. J'ai aussi bien sur ma cicatrice qui s’étend du haut de ma poitrine jusqu'à mon nombril, étant peu pudique, il m'arrive souvent de me mettre torse nu, donc ma cicatrice n'est un secret pour personne.
Pour revenir à mon visage, je souris énormément dévoilant une dentition imposante, de canines naturellement pointu. Mon sourire dévoile aussi deux terribles fossettes. J'ai des cheveux noirs qui s'enroule en de petites bouclettes sur mon front dessinant ainsi mon regard. Une tignasse que je ne coiffe que très rarement. On a tendance à me dire que j'ai un visage enfantin, et un regard malicieux. Mon nez d'ordinaire droit est maintenant tordu.
Globalement, je mesure 1m78 pour une corpulence normale. Avec l'endurance dont je fais preuve, j'ai une musculature relativement correct sans avoir une carrure imposante.
Je porte généralement de longs sweat à capuche et des shorts. Autrement, je déteste particulièrement les chaussures et je n'en porte pratiquement jamais. J'ai tout le temps des égratignures et des hématomes partout. Mes ongles sont cassés et mes mains abîmés. Mon allure est un désastre complet selon Suzie, je traîne des pieds, les mains dans les poches, l'air égaré. Et si vous voulez me reconnaître, je suis toujours en compagnie de Prunelle bien sur, une petite boule de poil noir.
MikoAsuna

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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par MikoAsuna »

Le contexte: c'était un rpg de Zombie qui s'appelait Survival Instinct, et normalement Suzie c'était le perso d'une autre fille. Voila, à part les zombies, y'a pas grand chose à retenir.
glamour123

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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par glamour123 »

Bonjours à tous,

Désolée pour cette coupure de communication, je suis pas mal occupée par le boulot. Nous avons presque toutes les fiches donc j'espère pouvoir commencer le RPG dans la semaine, ce week-end ce serait sympa. Je vous redis :mrgreen:

Morgane : J'aime beaucoup Kasper, je ne m'attendais pas à ce qu'il ait une telle histoire ! J'ai apprécié le ton que tu as donné à ta fiche mais j'aurais voulu avoir encore plus le je de Kasper, il a l'air d'avoir un caractère bien à lui. Bah, je le découvrirai au fur et à mesure des RP :lol:

Miko : J'ai vraiment redécouvert Ash de a à z, c'était un plaisir. Je me demande comment tous nos personnages vont évoluer...
Octasecret

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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par Octasecret »

Hey :D J'ai enfin lu toute vos fiche donc je vais enfin pouvoir vous dire ce que j'en pense:^^

Morgane: J'aime beaucoup Raven, ainsi que son avatar :) Comme tu me l'as dit en lisant la fiche San, je le confirme, Raven et San vont avoir du mal à s'entendre ainsi que pour parler :? A vrai dire maintenant que j'y pense San va pas parlé avec beaucoup de monde vu son caractère^^'
Après peux être que Raven pourra mieux s'entendre avec mon autre personnage, enfin on verra bien.

Glam: (je peux t'appeler comme ça?) J'aime beaucoup Cuicui, je trouve son histoire très jolie et je trouve que ta façon d'écrire vraiment belle. Hâte de voir ce qu'il donnera dans le RPG :D

LSGI: Déjà, un gros coup de cœur pour l'actrice que tu as choisi, j'adore Marie Avgeropoulos. ;) J'aime bien Kristen, après, pas sûre qu'elle est San s'entende beaucoup :roll:

Lumione: Tu sais déjà ce que je pense d'Ashley, c'est à dire que je l'aime bien. J'ai hâte de voir ce qu'elle donnera entre tout ces personnages qui ne sont pas mort :D

Miko: Déjà est ce que je peux t'appeler comme ça? J'aime beaucoup Raphaël, je trouve son histoire triste mais ta façon de l'avoir écrite la rend vraiment belle et j'aime aussi beaucoup ta façon d'écrire :)

Daim: J'aime beaucoup l'avatar que tu as choisi pour Nami et ensuite j'ai particulièrement hâte de voir ton triton avec tout ces humains et ces créatures surnaturelles :lol: En espérant qu'il n'essaye pas de manger tout le monde

ReLumione: Sacré personnage ce Alvar. Alors autant j'ai des doutes pour les autres personnages mais autant là j'en suis sure, San et Alvar ne vont pas s'entendre :lol: Je sens déjà que San va avoir envie de le frapper à cause de son caractère... En espérant qu'elle ne le fasse pas par contre^^'

Kami: Waouh, j'aime énormément ton personnage ainsi que l'univers. Je rejoins Morgane et Lumione sur le fait que cela ferais un super livre, ou bien un RPG^^ Et j'aime beaucoup ta façon d'écrire que je trouve belle; je l'avais déjà beaucoup aimé en lisant la fiche de Seth sur Angel Academy (il me semble que c'était toi qui l'avait écrite, j'espère ne pas me tromper de personne) donc vraiment, j'aime beaucoup. Et je trouve ton avatar très jolie ;)

ReMorgane: Hoooo, Kasper :o Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de te le dire sur "Les Chasseur de Vie" mais j'aime énormément Kasper. Son histoire m'a tellement touché :( En bref, un gros coup de cœur pour ton personnage et je suis vraiment contente de le voir ici :D

ReMiko: J'aime aussi beaucoup ton personnage Ash et sa fiche que je trouve très belle :)

En bref, j'aime tout vos personnage, j'ai hâte de pouvoir RP avec eux :D Bon, sur ce, moi il va falloir que je m'y mette pour mon deuxième personnage :?
cristalkamigami

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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par cristalkamigami »

Morgane : Oui, c'est vrai que ça fait longtemps ! (Je crois, 1 ou 2 ans que je ne suis pas revenue...) Je suis vraiment contente de pouvoir revenir et de rp à nouveau. Oui, mes anciennes fiches ne me plaisaient plus trop et je n'ai pas trouvé de perso qui pourrait coller selon moi au RPG donc j'en ai fait un nouveau (et je dois avouer que c'était plutôt une bonne idée x) !) Merci pour tous ces compliments (qui sont vraiment incroyables). C'est vrai qu'il reste beaucoup de choses à exploiter dans l'histoire d'Edel... (je compte en garder un peu pour le RPG) Ne serait-ce que sa relation avec ses parents dont on n'entend pas parler... (ou très peu). J'ai tendance à croire que je n'ai pas la patience pour écrire un roman mais une nouvelle, l'idée me plaît ! Développer les passages entre les dialogues pourrait permettre de comprendre un peu mieux les choses que je n'ai pas pu approfondir clairement. (Plein de choses ne se disent pas à voix haute.) Je garde donc cette idée dans un coin de ma tête ! x)
J'adore le fait que tu veuilles en savoir plus sur Nico et Harry. Surtout sur Nico. C'est vrai qu'il peut parraître comme un élément du décor mais dans mon esprit en tout cas, il est beaucoup plus important. Pour Harry, j'ai déjà quelques idées en tête ! Haha, je vais replonger dedans plus tôt que prévu :D !

Je me le demande aussi ! Je n'ai pas encore lu toutes les fiches, je l'avoue, mais je le ferais d'ici le début du RPG (je dois dire pour ma défense que grâce à ma merveilleuse soeur, j'ai découvert une nouvelle saga de romans, et je suis tombée amoureuse d'eux... ^^) Après ne t'inquiète pas pour l'hyper-communication d'Edel : elle a beaucoup de mal à l'utiliser sans Harry... Elle le peut mais ça lui demande beaucoup d'énergie et de concentration, donc elle ne le fait qu'en cas d'extrême urgence... Et puis, Edel n'est pas trop du genre à s'immiscer dans la vie privé des gens donc les pensées de Kasper seront sauves. ( Mais on n'est jamais à l'abri tout le temps ;) )

Oui j'ai découvert Ana de Armas en cherchant un physique pour Edel et elle est vraiment magnifique et tout et tout ! Enfin c'est mon avis, mais je suis entièrement d'accord avec toi, c'est bae.
Pour une fée, je ne me voyais pas ne pas lui donner un nom de fleur (c'est un peu cliché, mais j'aime bien les clichés) et comme elle vient du Nord, l'Edelweiss est la fleur parfaite pour Edel et en plus, ça donne un prénom que j'aime vraiment beaucoup ! Je suis vraiment contente que ma fiche te plaise, alors encore merci pour tout ce que tu as dit.




Octa : Merci beaucoup ! (J'ai l'impression de ne pas remercier assez les personnes qui aiment ce que j'écris mais je suis vraiment, mais genre vraiment, touchée par tous les compliments que j'ai reçu.) Quand j'ai écris le contexte, je me suis aussi dis que ça pourrait faire un bon univers de RPG : il pourrait se passer quelque chose d'horrible avec le Töfrandi qui mènerait à un RPG... (peut-être) Mais je ne suis pas une bonne gérante de RPG ! :lol:

Oui, c'est bien moi qui avait créé Seth (tu as bonne mémoire ;) ). J'ai relu la fiche de Seth quand je me suis inscrite sur ce RPG et je l'ai redécouverte avec plaisir. J'y avais aussi passé du temps sur sa fiche ! Alors, ça fait vraiment plaisir de savoir que mes deux fiches t'ont plu, merci. Ana de Armas est vraiment belle et puis le blond lui va très bien ! Parfaite pour Edel !
glamour123

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Re: Le nouveau monde | Nouveau : inscriptions ouvertes

Message par glamour123 »

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⊱JE SUIS UNE FILLE. J'AIME LE ROSE. C'EST CLICHÉ ?⊰

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Ma petite pute,

Désolée de t'appeler ainsi, mais tout le monde le dit. Je le pense aussi. Tu es cruelle, impitoyable, douloureuse et j'en passe. Cela va faire seulement vingt années que je te connais mais je peux affirmer que tu l'es. Du haut de mon petit mètre cinquante-cinq, j'en ai vécu des choses. Cependant, je n'arrive pas à me plaindre. Parce que certaines personnes t'ont rendu moins sauvage, plus rose comme on dit. Tu n'es pas rose. A la rigueur, rosie, mais pas rose. Tu es et tu resteras froide éternellement.
Mais bon, c'est la vie.
Enfin, c'est toi quoi.


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ATTENTION !
Si vous lisez ce journal et que vous me connaissez déjà, votre vision de moi va radicalement changer. Dans le cas contraire, vous découvrirez l'histoire plus ou moins rose d'une jeune fille un peu tordue mais relativement silencieuse. Vous me connaîtrez entièrement mise à nue, sans pudeur, avec tous mes défauts mais aussi mes qualités. Souriez. Pleurez. Ressentez. Arrêtez de prêter attention aux rumeurs et enfin, le plus important, vivez ! Avec un peu de musique, c'est mieux :

⊱RUNAWAY⊰


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Cher Toi,

Aujourd'hui, c'est mon anniversaire. C'est maman et papa qui viennent de m'offrir ce journal intime. Je ne sais pas trop quoi écrire, c'est la première fois que j'en tiens un. Cependant, je vais tout faire pour te maintenir à jour régulièrement et te garder soigné. C'est la moindre des choses.
Pour commencer, je vais te présenter ma petite famille chérie. Mon papa est éclairagiste depuis qu'il a commencé à travailler. C'est pour te dire à quel point il aime son métier. C'est long une vie ! Il fait toujours la même chose ! Régler des boutons, vérifier que les lumières ne vont pas tomber en plein milieu de la scène... Et il ne s'ennuie pas ! Mais comme il aime ça alors ça va. Surtout qu'il peut travailler avec maman. D'ailleurs, mon papa commence à se faire vieux ! Tout à l'heure encore, j'ai trouvé un cheveu blanc ! Il a aussi plusieurs rides mais ça, il n'aime pas que l'on lui dise. Alors je me contente de faire la remarque à ma maman qui elle, n'hésite pas à taquiner papa. Qui aime bien châtie bien comme on dit.
Au tour de maman. Maman est technicienne. C'est encore plus compliqué que le boulot de papa ! Je comprends rien du tout ! Mais comme papa, elle aime son travail. Tous les deux, ils travaillent sur les mêmes chantiers ou devrais-je dire, les mêmes scènes. Et oui ! Notre petite famille ADORE la musique. Aimer est trop faible. La musique rythme notre vie quotidiennement. La maison aussi. Dans le salon, derrière le meuble de la télé, y a une énorme bibliothèque. Mais pas de livre. Juste des CD. Que des CD. Papa et maman écoutent principalement du rock et du hard rock. Toutes les pièces sont à cette image. Sauf ma chambre. Mais c'est un cas un peu à part. C'est ma chambre, rien qu'à moi, mon petit monde, mon repère. Elle est toute rose. Les murs, les tapis, les draps, les rideaux... Tout est rose ! C'est joli le rose ! J'aime beaucoup !
Bon, c'est à tata d'entrer en scène. Elle ne vit pas avec nous, mais dans la maison juste à côté. On reste proches comme ça. Ma tata, je l'aime très très très fort ! Comme mes parents ! Quand je passe l'après-midi avec elle, elle m'achète toujours une glace vanille-fraise. C'est le meilleur. C'est trop bon. Elle est toujours là pour moi ma tata. J'espère qu'elle restera à jamais à mes côtés !
Puis il y a moi. Je viens d'avoir neuf ans. Je suis déjà grande tu as vu ? Enfin, mentalement parlant parce que niveau taille, ça va pas fort... Je suis tout petite ! Quand je m'assois sur le grand siège, mes pieds ne touchent pas la petite barre. Papa dit que ça viendra avec le temps alors je ne m'inquiète pas trop. Mais je n'aimerais pas rester minuscule toute ma vie ! Je vois les choses en grand moi ! Tata m'a offert des rubans aujourd'hui. Rose évidement ! Du coup maman m'a coiffée. Maman aime bien me coiffer. Je joue souvent à la poupée, je trouve ça drôle. Je crois que je vais garder ces couettes pour dormir. C'est mon anniversaire, papa ne peut rien me dire !
Une dernière chose assez importe, je suis sourde. Totalement et irréversiblement. Aucun médecin ou appareil ne pourra m'aider à entendre un jour. C'est difficile de ne rien pouvoir entendre, tu sais. Surtout moi qui adore la musique. Mais je vis avec, je n'ai pas trop le choix. Même si je n'entends rien, j'écoute un maximum de musique. Elle me met de bonne humeur. Je danse tout le temps dessus, comme une folle, souvent, car je ne connais pas le rythme. Et quand je danse, tout le monde sourit ! Ce tout le monde, je ne peux pas leur parler. Non, je ne suis pas muette en plus d'être sourde, mais ce qui sort de ma bouche ne veut souvent rien dire. Alors, pour communiquer avec les autres, j'utilise mon petit cahier. J'ai appris très tôt à écrire. Dès que je le pouvais en fait. C'est tata qui me l'a appris. Elle m'a aussi appris à lire sur les lèvres et la langue des signes. Je ne connais pas tout parfaitement mais je me débrouille ! Il faut bien. Mes parents ont aussi appris la langue mais je préfère qu'ils parlent un maximum. Quand on peut parler, il ne faut pas se priver ! Je préfère les voir parler que de les voir muets.
Et oui petit journal, je suis différente. J'aimerais bien être normale, juste une fois, et pouvoir entendre les sons, les voix, les cris, les bruits. Mais c'est la vie. Je ne suis pas triste ! Du moins pas trop. J'ai des personnes que j'aime pour me soutenir et me redonner le sourire. Donc : Tout va bien !
Je te dis à demain, bisous !!!
⊱Samedi 1 Décembre 2007⊰

❀❀❀


Cher Toi,

Papa et maman viennent de partir pour aller travailler. Du coup, c'est tata qui me garde. En ce moment même, elle me prépare mon petit-déjeuner. Je lui ai bien dit que je pouvais le faire moi-même comme un grande mais elle a insisté. Elle a dit que ça lui faisait plaisir. Alors je lui ai laissé ce petit bonheur. La journée va être animée ! Comme tata était institutrice - j'ai oublié de te le dire -, c'est elle qui me fait les cours ! Ça m'évite d'aller dans une classe spécialisée à l'autre bout du pays ! Et puis, tata est une très bonne maîtresse. Elle est patiente et attentive avec moi. Le matin elle me fait travailler la langue des signes et l'après-midi tout le reste. Et pour me récompenser de tous mes efforts, elle m'offre cette fameuse glace vanille-fraise. Oh ! Je dois te laisser, je t'écris ce soir, promis. Tata arrive avec mes pains au lait garnis de confiture à la fraise ! Bisous !
⊱Vendredi 14 Décembre 2007⊰

❀❀❀


Cher Toi adoré,

J'ai trop mal à la main ! Dans le coude aussi ! Il ne faut pas oublier l'épaule ! Je crois que c'est la première fois que j'écris autant. Et tu sais combien j'écris. Tata a été méchante sur ce coup mais je l'aime quand même. J'ai eu une double dose de glace en prime ! Sauf qu'à la fin j'ai eu froid à la langue, c'était pas agréable du tout. Pour me consoler de cette dure journée j'ai regardé en boucle Bambi. C'est mon film préféré. Je connais les répliques par coeur ! Heureusement que les films avec sous-titres existent ! Celui qui l'a inventé est un génie ! Un grand merci à toi, génie inconnu.
Ensuite, tata est rentrée chez elle après m'avoir embrassée le front parce que maman et papa sont rentrés. Ils m'ont prise dans leurs bras et m'ont annoncée la bonne nouvelle. Ils ont obtenu des places pour un concert ! Je suis toute excitée à l'idée de revoir une scène ! Ça va faire longtemps ! J'ai hâte d'y être mais pour l'instant, je suis fatiguée. Je te laisse, je vais dormir. Bisous.
⊱Lundi 17 Décembre 2007⊰

❀❀❀


Cher Toi,

Le concert était mortel ! Non, je rigole, je ne suis pas encore morte, mais tu m'as comprise. Je crois qu'il était encore mieux que le précédent. Il y avait une super grande scène et beaucoup de monde ! Une vraie marée humaine ! Mais je comprends ces gens, participer à un concert c'est toujours émoustillant. La musique était top ! Enfin, je crois. Mais tout le monde bougeait dans tous les sens, mes parents également alors, elle devait bien l'être. Le chanteur a bien animé la foule. Il s'est défoulé sur la scène. Il n'a pas sauté dans la foule, dommage. J'aurais bien aimé voir ça. J'espère que mes parents auront vite de nouvelles places ! Avec leur travail, ça devrait le faire !
Sinon, c'est bientôt noël ! Dans quatre jours exactement ! Je sais déjà que Papa va se déguiser en père noël pendant toute la soirée et maman va se mettre à la cuisine ! Enfin, elle va essayer ! Elle va surtout aider tata, je crois. Il y aura de la musique, le grand sapin que je dois décorer avec papa demain, des décorations et des lumières ! Je me demande s'il va neiger cette année. J'aimerais bien ! Je pourrais refaire une bataille de boules de neige ! Il faudra aussi que je pense à dire à papa et maman que je ne crois plus au père noël. J'ai découvert le secret l'année dernière quand je me suis relevée en pleine nuit pour l'espionner. A moins que le père noël soit le jumeau caché de papa, il n'existe pas physiquement. Personnellement, je pense qu'il existe mais sous une autre forme qu'un vieux barbu vêtu de rouge. Le père noël, c'est l'émerveillement.
⊱Jeudi 20 Décembre 2007⊰
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Cher Toi,

Ce soir, papa est revenu avec une énorme surprise ! Quand je l'ai eu dans mes mains, j'étais tellement heureuse ! Je le suis toujours. Je l'ai posé dans ma chambre, sur la commode à côté d'une photo de toute la famille. Il est bien à sa place là-bas. J'arrive à le voir de mon lit. Il n'est pas rose mais ce n'est grave. Ça apporte une autre couleur à ma chambre, ce n'est pas plus mal. Son nom dit qu'il est rouge, mais il n'est pas rouge. Un peu comme la boite noire des avions orange. Il est blanc avec des taches orangées. Il est super beau !
Tu l'as deviné, mon papa m'a ramené un poisson rouge pas rouge ! Il a aussi acheté une aquarium rond et un peu de sable, pour le fond. Je dois le nourrir matin et soir. Deux petites boules, pas plus, pas moins.
Je l'ai appelé Requin. Et oui ! Je vois les choses en grand moi ! Mais tu le sais déjà ça ! Donc, BIENVENUE DANS LA FAMILLE Requin ! Je vais prendre soin de toi, tu vas voir !
⊱Mercredi 9 Avril 2008⊰

❀❀❀


Cher Toi,

Je viens de passer une journée effrayante. La mère de maman, soit ma grand-mère, est dans une maison de retraite. Aujourd'hui a été le premier jour où je l'ai vue en vrai. Quand je suis rentrée dans l'établissement, j'ai eu de suite une mauvaise impression. Ça sentait pas très bon. Je ne sais pas quel est le parfum qu'ils utilisent mais je ne veux pas le connaitre. C'est un mélange de vieux et de produit pour toilettes. J'ai tenu bon et je suis rentrée dans la chambre de ma grand mère. Heureusement, la fenêtre était ouverte alors ça sentait moins. Je me suis assise sur une chaise pendant que maman et grand-mère parlaient. Je ne sais pas de quoi elles ont parlé, mais ça a duré longtemps. Je n'ai pas bougé, je me suis contentée de fixer la télévision qui marchait.
Finalement, maman m'a fait signe d'approcher, ce que j'ai fait. Je me suis posée de l'autre côté du lit de grand-mère. Cette dernière de m'a pas posé de question, elle m'a juste souri. J'ai fait de même, en tenant sa main frêle. De longues minutes sont passées puis nous avons pris le chemin du retour. A la maison, j'ai posé des tonnes de questions à maman sur la condition de grand-mère.
Elle m'a expliqué ce qu'était la vie.
Elle m'a expliqué ce qu'était la mort.
Je sais qu'on y est pour rien, que la vie est faite ainsi. Que toute personne qui naît devra un jour mourir. Mais je trouve ça assez effrayant.
⊱Mercredi 23 Avril 2008⊰
❀❀❀


Cher Toi,

Comme à mon habitude, j'ai nourri requin ce matin. Je crois qu'il s'habitue à moi, lui aussi. Quand je me suis approchée de son bocal, il est venu à la surface faire des bulles. Tu crois qu'il me reconnait ? Il a probablement juste faim. C'est aussi ça la vie. Aujourd'hui, tata est partie voir tonton pour le week-end. Ils n'habitent pas ensemble mais s'aiment très fort. Comme papa et maman ! C'est magique tu ne trouves pas ? Malgré la distance, ils continuent de s'aimer à la folie. Je trouve ça beau. Et ça m'arrange ! Parce que du coup, je n'ai pas cours avec elle ! Héhé ! Je suis un peu fainéante quand ça parle de mathématiques ! Ce matin, maman et moi avons de nouveau joué à la poupée. Elle m'a fait deux jolies nattes avec les rubans que tata m'a offert l'an dernier. Le midi, nous sommes allés au fast-food. J'ai pris le menu enfant avec le jouet fille, tu sais. A la fin, j'avais du ketchup plein les doigts ! Maman a voulu jouer avec papa en lui mettant un peu de moutarde sur la joue. Tu aurais vu la tête qu'il a fait ! Nous avons bien ris en tout cas. L'après-midi, je l'ai passé avec papa comme maman est partie voir une amie. Je me suis assise sur ses genoux et nous avons écouté des musiques sur son ordinateur. Comme il a mis les sous-titres, j'ai pu comprendre les paroles. Papa a bien aimé les chansons car il n'a pas arrêté de battre la mesure avec son pied droit. J'avais l'impression de faire du cheval ! Aussi, les clips étaient trop beaux ! Les chanteuses étaient belles ! Il y en avait une avec les cheveux bleus ! Ça m'a rappelé l'océan. J'aimerais bien y aller un jour ! Ça doit être tellement beau. Il parait que l'eau est froide. Et salée. C'est normal ça, du sel dans l'océan ? Enfin, tout ça n'est qu'un rêve. On peut pas y aller. Certaines familles peuvent se payer des vacances sur les bords de mer, d'autres préfèrent dépenser dans des concerts, dans une passion. Ma famille fait partie du dernier cas de figure. La vie est longue, je ne désespère pas ! Tu sais, quand on veut, on peut !
La fille aux cheveux bleus m'a donné une idée. Et si je me faisais aussi une couleur ? Pendant les concerts, on voit beaucoup de personnes aux cheveux teintés. Jaune, vert, multicolore... Il y a de tout ! Pas de doute pour moi, j'aimerais les avoir rose ! Avec ça, je vais me fondre encore un peu plus dans le décor. Je vais paraitre encore plus normale. Oui, j'en ai vraiment envie ! Je le demanderai à mes parents demain. J'espère qu'ils vont accepter !
Dis-moi, tu penses que ça m'ira bien ?
⊱Vendredi 2 Mai 2008⊰

❀❀❀


Cher Toi rosi,

Ça y est ! C'est le grand jour. Après une brève discussion avec mes parents, ils ont accepté. J'ai été surprise qu'ils le fassent aussi rapidement. J'imaginais un minimum de contre-arguments. Rien. Ils ont lu ma lettre que j'avais soigneusement écrite, m'ont regardée droit dans les yeux avant de dire oui. Ça m'arrange !
Le coiffeur a été très sympathique, bien qu'un peu surpris qu'une fille de mon âge veuille déjà une couleur. En fond, il y avait de la musique. Et surtout, il n'a pas arrêté de parler. J'ai souri durant tout son long monologue. J'aime beaucoup les gens comme ça, plein de vie. Le plus long a été le temps de l'imprégnation. Il est parti s'occuper d'une autre cliente et je me suis retrouvée seule sur mon siège. Maman devait venir me chercher à la fin de la séance, pour l'effet de surprise. Je n'avais rien d'autre à faire donc j'ai dansé sur mon siège, comme j'ai l'habitude de le faire, un peu bizarrement quoi.
Sans rigoler, le résultat est MA-GNI-FI-QUE. Maman est restée un long moment la bouche grande ouverte à me regarder.
Là, je suis dans la voiture. Papa m'attend impatiemment. J'espère qu'il va aimer autant que j'aime. Je ne me fais pas trop de soucis.
BISOUS !
⊱Dimanche 4 Mai 2008⊰


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Cher Toi,

Je pensais que la mort faisait peur, mais je me rends compte maintenant qu'elle fait juste mal. Elle arrive du jour au lendemain, rapidement, tel un rapace se jetant sur sa proie. J'ai un trou au cœur. Comment les gens font-ils pour supporter ce sentiment ? C'est horrible ! C'est trop triste, trop... Déchirant. Je ne veux plus JAMAIS ressentir ça.
Requin est mort ce matin.
Je l'ai découvert ce matin en me levant. Je suis arrivée devant son bocal et je l'ai trouvé sur le ventre inerte. Je l'ai quand même nourri de ses deux petites boules, pensant qu'il dormait. Bah oui, chacun à sa position préférée pour dormir. Pourquoi pas les poissons ? Il n'a pas bougé d'un pouce. J'ai essayé de le réveiller mais rien n'y faisait. Il restait immobile. J'ai alors pris le bocal entre mes mains et j'ai descendu les marches, paniquée. Je me suis précipitée dans le salon pour trouver papa et maman. Je leur ai dit que Requin était malade, qu'il avait besoin d'être emmené à l'hôpital. Maman s'est rapprochée de moi et a regardé mon poisson. Après quelques secondes d'observation, elle a vite tiré une conclusion. Il était mort. Mon premier poisson n'était plus de ce monde. Je ne reverrai plus jamais sa petite bouille de poisson rouge pas rouge. Maman m'a pris le bocal en forçant un peu. Je ne voulais pas le lâcher car le lâcher, signifier l'abandonner, définitivement. Elle a posé le bocal loin de moi, comme pour être sûre que je n'irai pas le récupérer. Papa s'est levé et m'a prise dans ses bras. J'en avais vraiment besoin alors je l'ai serré très fort.
C'est trop cruel.
A la fin de notre étreinte, mon père m'a dit qu'on pourrait toujours en racheter un, si je le voulais. Je ne sais pas ce qui m'a pris, je me suis mise en colère, je ne le fais que très rarement. C'était peut-être la première fois, même. Je ne pouvais pas accepter ça. Comment pouvait-il croire un instant qu'un autre poisson pourrait remplacer requin ?! J'ai voulu exprimer le fond de ma pensée mais je n'ai pas pu. Des mots couchés sur un papier ou des gestes ne me permettraient pas de faire comprendre ce que je ressentais. J'aurais aimé pouvoir parler. Crier. Me mettre en colère vraiment. Et cette impuissance m'a encore plus énervée. Je suis montée comme une furie dans ma chambre et je me suis enfermée dedans. Je me suis jetée sur mon lit rose, la tête la première dans mon oreiller. Je voulais pleurer, me vider complétement.
Je n'ai pas pu.
Et je m'en suis encore plus voulu.
J'avais trop la rage.
Alors, j'ai choisi un disque au hasard et j'ai allumé mon lecteur. J'ai tourné le bouton du son au maximum. Ça m'a tout de suite calmée. Je me suis sentie un peu moins en colère. Sauf que maman a déboulé dans ma chambre pour baisser le volume. J'ai pas entendu la différence, normal. On a eu une discussion elle et moi, encore. On a parlé du cœur, des souvenirs, des douleurs, de la mort, une nouvelle fois. Quand on avait fini, je m'étais totalement calmée. Et avec maman j'ai dansé. J'ai laissé mes pensées tourbillonner en moi. J'ai commencé mon deuil, à ma manière.
C'était une danse funèbre.
Mais elle m'a fait du bien.
⊱Jeudi 30 Juillet 2009⊰

❀❀❀


Cher Toi,

A partir de maintenant, tout ne sera plus pareil. Ma vie ressemble à une nouvelle à chute ou à un virage de quatre-vingt dix degrés. Je viens de dire au revoir à tata. Oui, cette même tata qui m'offrait des glaces après m'avoir fait étudier. Celle qui m'a offert mes précieux rubans, celle qui me supportait, celle qui me conseillait. Aujourd'hui a été ma dernière journée de cours avec elle. J'ai acquis un bon niveau malgré mes petites faiblesses en mathématiques mais que veux-tu, les maths, c'est dur ! Tata va rejoindre tonton au Canada. Elle va retrouver son amoureux. Que c'est romantique ! Même si je suis triste de devoir la quitter, je suis heureuse pour elle. Elle m'a donné tout son amour, il est temps qu'elle reçoive de plus près celui de tonton. J'espère qu'il prendra soin d'elle ou je la garde pour moi !
Au moment de partir, elle m'a serrée très très fort et m'a souhaité d'être heureuse. Donc je le serai ! C'est promis tata !
Je m'accorde une petite pause pour t'écrire avant de commencer mes cartons. Et oui, papa a mis la maison en vente ! Comme tata ne peut plus me faire suivre ses cours, nous allons finalement déménager à l'autre bout du pays. Tout ça pour que j'aille étudier dans la classe spécialisée. Ça me rend un peu triste tout ça. J'ai mes repères ici, ma chambre, mon petit royaume, mon jardin. J'aimerais beaucoup les emmener avec moi mais maman dit que ce n'est pas possible. C'est tellement dommage !
Je dois te l'avouer, ça me fait un peu peur. Je vais débarquer dans une ville inconnue et intégrer un collège ! C'est tout nouveau pour moi ! J'espère que mes futurs camarades de classe vont m'accepter et ne pas me trouver trop bizarre. On verra bien. Je croise les doigts.
Je t'embrasse.
⊱Mardi 4 Août 2009⊰

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Cher Toi chamboulé,

Désolée de ne pas t'avoir écrit pendant la semaine qui vient de s'écouler. J'étais K.O. Je n'ai pas eu une minute à moi, c'est pour dire ! Je parle comme Maman ! Nous avons finalement emménagé dans notre nouvel appartement. Le déménagement en lui-même n'a pas été le plus long. Nous avons envoyé nos meubles par avion quelques jours avant le grand départ et ils sont arrivés sur place avant nous. Puis, ça a été notre tour de prendre l'avion. C'était magique ! C'était la première fois que j'en prenais un mais je n'ai pas eu peur. C'était même plutôt stimulant ! Par contre, qu'est-ce que c'est long ! J'ai cru que ça n'allait jamais se terminer. Quand nous sommes enfin arrivés à l'aéroport, nous avons pris un taxi. Il n'était pas jaune, j'étais déçue.
Contrairement à notre maison, l'appartement est beaucoup plus petit ! Ma chambre est tout ruiquiqui et même pas rose ! La déception ultime ! Mais papa m'a dit que nous pourrions la repeindre plus tard alors ça va. Comme ça, sans décoration, l'appartement ressemble à une habitation normale. Il faudra vite y remédier ! Je veux retrouver notre petit univers rempli de musique.
Hier, nous sommes allés visiter mon futur établissement scolaire pour m'y inscrire. Il est super grand ! Heureusement qu'il y a beaucoup d'indication. La directrice a été très gentille avec moi. Elle a pris le temps de me faire visiter le collège. C'est pratique, mon unique salle de cours est juste à côté des toilettes. Elle m'a expliqué le fonctionnement de l'école. C'est un établissement mixte, je veux dire par là pour sourds et non-sourds. Il parait que ça va faciliter notre intégration dans la vie de tous les jours. J'ai des doutes. J'ai juste peur d'être encore plus mise à l'écart. Mais je ne serai pas seule, il y aura mes camarades de classe. C'est déjà ça. Nous sommes partis après avoir rempli les papiers nécessaires. Sur le chemin du retour j'ai découvert un glacier. Je sais pas pourquoi mais je sens que je vais souvent m'y arrêter. Vieille habitude.
Je dois aussi te parler d'une chose top secrète ! Tu vois la boîte qui me servait à ranger mon bazar, dans un coin de mon ancienne armoire ? Eh bien, je lui ai donné une autre utilité. Elle s'appelle maintenant la boite des souvenirs ! C'est joli, tu ne trouves pas ? Elle me sert de petit coffre au trésor. J'y range tout ce qui est précieux pour moi. Par exemple, j'y ai mis mes deux rubans rose et un peu de sable dans une petite bouteille de Requin. Ainsi, ils seront toujours avec moi.
C'est poétique, tu ne trouves pas ?
⊱Lundi 24 Août 2009⊰

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Cher Toi,

Comme je stressais au pas possible, j'ai demandé à maman de me raconter ses années de collège avant de m'endormir. Ce qu'elle a fait. Si j'en crois ce qu'elle dit, l'école est quelque chose d'assez amusant ! Enfin, si on oublie le fait qu'on est censé travailler là-bas. Elle m'a expliqué qu'elle était tombée dans une classe bruyante où des petits " zigotos " s'amusaient à faire les fous. Et comme elle s'ennuyait de pied ferme, elle rigolait avec eux. Elle faisait même des bêtises. En fait, elle était un peu une zigoto à l'époque, elle aussi. Elle jetait des petits bouts de gomme en essayant de viser le pot de stylos du prof. Elle s'amusait à jouer au basket avec des feuilles blanches froissées en ballon. Cependant, son meilleur souvenir reste celui du poisson d'Avril. Toute la classe s'était lancée un challenge, celui d'arriver à coller un poisson dans le dos du prof. C'est elle qui l'a réussi et apparemment, l'enseignant l'a gardé tout le reste de la journée ! Pour finir, elle à terminer son récit en me disant d'être plus sage qu'elle, que les études sont importantes.
Elle reste ma mère.
Ça m'a largement rassurée. Je crois que j'avais une vision trop noire des choses. Ce n'est peut-être pas si terrible que ça.
Selon maman, papa a des histoires encore plus drôles de ses années de collège. Je voulais les entendre mais il était trop tard pour cela. Elle m'a juste laissé le temps de t'écrire un petit bout de paragraphe. Ouf !
Allez, je te raconterai demain cette grande journée !
Bisous.
⊱Mardi 1 Septembre 2009⊰
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Cher Toi,

La journée a très mal commencé. Je voulais mettre mon haut blanc, celui sans manche, mais je me suis rendue compte qu'il était à laver. Du coup, j'ai passé trop de temps devant ma penderie sans savoir quoi mettre. Je sais, c'est un peu stupide de s'attarder sur ce genre de détails mais je voulais vraiment faire bonne impression. La peur d'être rejetée probablement. Enfin, je pense qu'ils ne se seraient même pas attardés sur mon vêtement. A peine suis-je rentrée dans la cour qu'on me regardait bizarrement. Voir tous ces gens avec des habits normaux, pas déchirés, pas rock, et des cheveux tout ce qu'il y a de plus banal... Ça m'a fait un choc. Je crois que je viens d'un monde bien trop différent d'eux. J'ai beau donner mon maximum pour être le plus normale, ça ne marche pas. Au contraire, je m'enfonce de plus en plus dans cette différence. Quand ils vont apprendre que je suis sourde, ça va être la cerise sur la gâteau.
J'ai stressé, à en avoir mal au ventre.
Les cours ont débuté rapidement après mon arrivée. J'ai retrouvé sans problème la salle que la directrice m'avait montrée.
1,2,3,4,5,6,7,8,9,10.
Je suis la onzième de la classe, ça fait beaucoup. Onze personnes privées d'un des cinq sens.
A côté de notre classe, les autres élèves se dépêchaient de regagner leur classe. Tout en marchant, ils parlaient, chahutaient, rigolaient. Tout le contraire de mes camardes, silencieux, droits comme des piquets. La prof nous a finalement ouvert la porte et nous sommes rentrés. J'ai pris place sur une chaise ni trop proche du tableau ni trop éloignée. Enfin, j'ai pas trop eu le choix, y avait pas beaucoup de chaises.
Et là, le supplice a commencé. L'heure ne s'est absolument pas déroulée comme à l'époque de maman. Personne ne bougeait. Personne ne souriait. Personne ne s'amusait. J'étais là, sur ma chaise, à me demander dans quoi j'étais tombée, à regretter les cours de tata, nettement plus sympathiques.
La classe était silencieuse, trop silencieuse. D'accord, je n'ai pas la capacité d'entendre mais ce silence-là, contrairement aux autres, était bien trop pesant. Alors, quand est venu le temps de la pause, j'étais soulagée. Je suis sortie dans la cour, je me suis trouvée un petit coin d'herbe fort confortable et je me suis assise. J'ai regardé les autres jouer et discuter. Je me suis sentie mieux. Seulement, j'étais seule. Les élèves de ma classe ont préféré rester dans la salle pour ne pas se mélanger. Je ne sais pas comment ils ont fait, une minute de plus et j'explosais.
Malheureusement, la fin de la récréation a sonné, tout le monde est rentré dans l'établissement et moi, j'ai subi de nouveau le silence pesant.
⊱Mercredi 2 Septembre 2009⊰
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Cher Toi,

Pendant toute la matinée, j'ai fait la rencontre de Mme Martin, celle qui supervisera notre suivi psychologique. Et ouais, apparemment, on a besoin d'un soutien. Je comprends pas trop bien pourquoi. Presque onze ans que je fais sans, pourquoi j'en aurais besoin maintenant ? C'est donc à reculons que je suis entrée dans son bureau. Il est vachement grand ! Y a même un sofa ! Je crois qu'elle se la joue psy dans une série. Pourquoi pas après tout. Elle est bien libre de faire ce qu'elle veut. Elle m'a souri gentiment et je me suis assise sur une chaine, à côté de son bureau. Elle a commencé par se présenter avant que je fasse de même. Puis, elle m'a posé une série de questions et j'y ai répondu sincèrement.
A la fin de l'entretien, elle m'a demandé si j'avais une demande particulière à formuler. J'ai répondu oui et j'ai demandé si on aurait des cours de musique. Maman en avait bien à son époque et c'est pas parce que nous sommes sourds que nous ne pouvons pas en avoir, si ? Son visage a pris une expression bizarre. Je sais pas trop à quoi elle a pensé mais je crois qu'elle a eu un peu pitié de moi. Du coup, elle m'a de nouveau posé une série de questions sur la musique. Pourquoi j'aime ça ? Qu'est-ce que j'entends par cours de musique ? Si ne pas pouvoir entendre me pèse fortement sur la conscience etc etc etc.
C'était ennuyeux.
Surtout qu'elle ne comprenait pas mon point de vue. Elle n'arrivait pas à se dire qu'une sourde puisse aimer les sons si elle ne les avait jamais entendu. Elle n'a pas arrêté de renfoncer un peu plus le couteau dans la plaie.
Je ne veux plus la revoir. Même si elle fait tout pour essayer de m'aider, au final, elle me blesse plus qu'autre chose.
Dis-moi, Toi, c'est si incohérent qu'une sourde puisse aimer la musique ?
⊱Jeudi 3 Septembre 2009⊰
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Cher Toi,

Je goûte enfin au plaisir des vacances. Ce sont mes toutes premières. Avec tata, je n'en ai pas eu car je n'avais pas d'horaires fixes. Les cours du collège sont largement plus rythmés et soutenus. " Le programme est long alors que l'année est courte, il faut se dépêcher ! " C'est le discours que nous tienne nos professeurs. J'aurais préféré naître à l'époque de maman. Ses cours étaient cool ! L'ambiance de la classe n'a pas changé par rapport à la rentrée scolaire. Mon seul plaisir est ma petit balade du retour où je me prends une glace vanille-fraise chez le glacier que j'avais repéré. A force, il me reconnait et je n'ai même plus à brandir mon cahier avec ma demande pour qu'il me serve ce que je veux ! Mais bon, je suppose que mémoriser une sourde aux cheveux roses ne doit pas être très compliqué. Il est gentil le glacier. Il me sourit tout le temps de ses belles dents blanches. Je crois qu'il va un peu me manquer durant ces vacances.
J'irai peut-être faire un tour, on ne sait jamais.
Enfin, je ne vais pas perdre ma bonne humeur ! Aujourd'hui, pour mon premier jour, papa et maman m'ont emmenée à la fête foraine, dans la ville d'à côté. Elle est gigantesque ! J'ai tenu la main de papa très fort pour ne pas me perdre. Imagine l'horreur ! Moi, toute seule, dans un lieu que je ne connais pas, au milieu de toute cette foule ! Et oui ! Il y en avait du monde ! Pire qu'à un concert ! Bien que les ménages sont drôles, je préfère nettement les concerts.
Nous sommes passés devant une attraction, il y avait une de ces queux ! Le gars qui tenait le stand a dû faire une très bonne recette ! Je ne suis pas montée dans ce manège, il faisait peur ! Le bras mécanique bougeait dans tous les sens en même temps qu'il montait ! J'aurais vomi, je pense. Nan, je me suis contentée de faire le pousse-pousse, ou les chaises volantes. J'avais l'impression de voler, c'était sympa !
Pour finir la journée, papa et maman m'ont donné deux euros pour que je puisse aller m'acheter une barbe à papa. Fraise, évidemment. J'ai préparé ma demande sur mon cahier et je suis allée voir la vendeuse avec un sourire collé aux lèvres. Elle a bugué un moment avant de me sourire aimablement et de préparer ma barbe à papa. J'ai regardé la scène avec des étoiles dans les yeux. C'est super intéressant de voir se transformer du sucre en plusieurs fils aérés. Elle m'a tendu la confiserie et m'a dit, souriante :
-Je te l'offre. J'aime beaucoup la couleur de tes cheveux.
Je te jure ! Elle m'a offert la barbe à papa juste parce que j'avais la même couleur que la friandise !
Et elle a aimé.
J'étais aux anges, complétement.
⊱Samedi 24 Octobre 2009⊰
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Cher Toi,

Au cours de cette année, j'ai pratiqué trois sports. Le tennis de table, le badminton et l'athlétisme. Malheureusement, je n'ai pas eu le temps d'apprécier ce dernier sport car je me suis cassée la cheville au deuxième cours. Du coup, j'ai passé toutes mes séances sur le banc à regarder une autre classe faire du football. Ce jeu de passes à l'air vraiment amusant. Dommage que nous ne soyons pas assez pour le faire.
Au fil des semaines, j'ai remarqué qu'un garçon restait constamment sur le banc, comme moi. J'ai commencé par penser qu'il était blessé mais j'ai vite compris que ce n'étais pas le cas. Surtout quand il a sauté de la barrière à la fin d'un cours. La semaine qui a suivi, je l'ai surpris en train de faire semblant d'être blessé alors qu'il n'avait rien du tout. Il fait preuve d'une grande imagination. Et quand son professeur le dispense, un léger sourire vient sur ses lèvres et il part s'assoir sur sa barrière. Je n'ai jamais osé l'approcher car il est captivé par l'écran de son téléphone. Je crois que son portable est l'équivalent de la musique pour moi. Sauf que contrairement à la musique, je n'aime pas les téléphones. J'en ai un pour envoyer des messages à mes parents, pour les rassurer, mais ça se limite à ça. Je préfère mon petit cahier pour communiquer.
La semaine prochaine, j'essayerai quand même d'aller le voir. On ne sait jamais. Et puis c'est bientôt les grandes vacances, je n'ai à rien à perdre.
⊱Vendredi 25 Juin 2010⊰
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QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ENTRE LES YEUX QUI ONT UN REGARD ET CEUX QUI N'EN ONT PAS ?
CETTE DIFFÉRENCE A UN NOM:
C'EST LA VIE.
En espérant que cette petite phrase te fasse réfléchir, je t'embrasse fort.
Tata.
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Cher Toi,

Les grandes vacances sont passées trop rapidement. J'ai allumé mon lecteur de disque, j'ai écouté une musique et les vacances se sont terminées. Je n'étais pas pressée de retrouver la cour trop grande du collège mais j'ai quand même dû y mettre les pieds. L'herbe de mon petit coin est devenue jaune, sèche, raide, morte. Personne ne l'a entretenue pendant ces deux courts mois. La journée de ma rentrée de cinquième s'est passée comme celle de sixième, c'est-à-dire, décevante. Un espoir dans ma tête m'avait chuchoté que, peut-être, ils allaient se décoincer et essayer de profiter de la vie, mais non, rien de ça. Du coup, je me suis assise sur l'herbe devenue foin et j'ai attendu que la journée défile. Le temps passe lentement sans musique.
Le lendemain, je suis levée avec une résolution en tête. Si personne ne voulait se bouger le popotin pour vivre, j'allais le faire. J'ai enfilé ma tenue de rock noire offerte par papa au précédent noël et je me suis maquillée. Un gros trait d'eye-liner noir, trop noir pour une enfant d'onze ans. Maman m'a laissé partir après une petite explication de mes projets. Je crois qu'elle est fière de moi parce qu'un sourire a étiré ses traits.
Sur le chemin, je suis passée volontairement par le glacier. Je n'ai pas acheté de glace mais je lui ai juste dit bonjour. Il m'a souri de son sourire lumineux et on a commencé à discuter. Lui de sa voix, moi de ma belle écriture arrondie. Au bout d'une quinzaine de minutes, minutes qui ont passé bien trop vite à mon goût, il m'a demandé si je n'avais pas cours. J'ai répondu que si, mais que je voulais vivre avant.
Il a fouillé dans sa poche et m'a offert une sucette.
Je suis finalement arrivée en cours avec vingt minutes du retard. Dès que j'ai sonné au portail, la CPE m'est tombée dessus avec une démarche respirant l'autorité. Je lui ai souri avant de royalement l’ignorer et d'aller en classe. Dans un couloir, j'ai rencontré une fille, aux cheveux blonds attachés en queue de cheval. Elle m'a regardé passer, pas méchamment, et m'a souri. J'ai encore souri.
Ça fait du bien de vivre.
J'ai frappé trois fois à la porte parce que deux coups n'étaient pas suffisant dans ma tête. La prof m'a ouverte et est restée ébahie devant ma tenue. La CPE, hors d'allène après le course qu'elle a fait pour me rattraper, m'a finalement mis la main dessus devant la porte. Inutile de te dire que j'ai direct fait un tour chez Mme Martin. Je lui ai alors fait un discours comme quoi je ne faisais pas ma rebelle, que j'étais juste en train de vivre ma vie comme je le souhaitais. J'avais envie d'aller parler au glacier alors je l'ai fait. J'avais envie de porter ces vêtements alors je l'ai fait.
Alors, vous allez me punir de vivre ?
⊱Jeudi 2 Septembre 2010⊰
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Cher Toi,

Te souviens-tu de la fille du couloir ? Celle avec la couette. Eh bien, elle s'appelle Nina. Elle est une petite toupie qui n'arrête pas de tourner, encore et encore. Un vrai ouragan, je te dis. Sauf qu'au lieu de nous apporter le malheur, il nous offre le bonheur avec les deux mains. C'est une pipelette souriante, une vraie de vraie. Je ne savais pas qu'une personne pouvait débiter autant d'informations en si peu de temps. J'ai eu un peu de mal à la suivre au début.
Ensuite, il y a Barthélémy. C'est l'ami d'enfance de Nina. Ils sont dans ensemble depuis le jardin d'enfance. J'éprouve une profonde admiration envers lui. Il arrive à calmer la girouette qu'est Nina en posant juste ses deux yeux bleus sur elle. Il est beaucoup plus calme qu'elle mais tout aussi adorable. A eux deux, ils forment un duo assez spectaculaire.
Je les aime bien.
Nina est venue me voir le lendemain de notre rencontre, à la récréation. Elle m'a repéré dans mon petit coin à un kilomètre grâce à mes cheveux. Elle a couru comme une folle et s'est plantée devant moi dans un saut. Barthélémy est arrivé quelques instants plus tard, les mains dans les poches, tranquillement. Je n'ai pas eu le temps de me poser des questions que la petite toupie m'a attaquée d'un monologue essoufflant. J'ai cligné des yeux, abasourdie. Voyant ma détresse, Barthélémy l'a coupée et s'est présenté calmement. J'ai pris mon stylo noir et j'ai écrit une seule phrase. Une petite phrase toute simple qui a marqué le début de quelque chose.
-Enchanté, moi c'est Ona.
Depuis, je ne les quitte plus. Et même si j'étais amenée à le faire, je ne pense pas que Nina laisserait couler, comme si de rien n'était. Nous sommes devenus proches, très proches en si peu de temps, c'est irréel. Des fois je me demande ce qui se serait passé si tata ne m'avait pas envoyé sa petite note.
Nina ne serait jamais venue me voir. Barthélémy ne l'aurait jamais calmé devant moi. La CPE ne nous aurait pas confisqué l'enceinte qu'a ramenée Nina. On ne serait jamais rentrés en douce dans son bureau pour la récupérer. On n'aurait jamais fait les cent coups ensemble. Je serais peut-être encore assise sur l'herbe en me demandant quand est-ce que quelqu'un va se bouger alors qu'il suffisait juste que ce quelqu'un soit moi.
Merci tata.
⊱Vendredi 12 Novembre 2010⊰
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Cher Toi,

Cet après-midi, je suis sortie avec Barthélémy et Nina au parc, à côté de la grande statue de bronze. Nous nous sommes installés dans les pâquerettes et nous avons bien rigolé. A un moment, Nina a mis sa musique et a commencé à danser. Tu t'en doutes, je n'ai pas résisté longtemps avant de l'accompagner. Je danse plus souvent à deux maintenant. Barthélémy a arrêté de confectionner sa couronne de pâquerettes pour nous regarder quelqu'un instant. Il a un beau sourire, unique. Nina a bien essayé de l'entraîner avec nous mais il a refusé et est reparti dans son travail. C'est quelqu'un de très appliqué dans tout ce qu'il entreprend. Il veut devenir prof plus tard, comme tata. Je lui donne tout mon courage afin qu'il réussisse.
Quand j'ai eu le souffle court, je me suis rassise et j'ai profité des rayons du soleil sur ma peau. Nina s'est allongée sur mon ventre et a fait de même.
J'étais bien.
Barthélémy a finalement terminé sa couronne et me l'a offerte. J'ai souri, touchée par cette attention inattendue. Jalouse, Nina en a demandé une également et son ami a plié, s'attelant une nouvelle fois à la tâche. Elle est ensuite partie nous acheter une glace chez un petit vendeur ambulant au coin de la rue. Je suis allée cueillir des fleurs pour aider Barthélémy et ainsi le remercier de nouveau. Quand Nina est revenue, il avait fini sa couronne. Nous avons dégusté nos glaces avant de nous rallonger dans l'herbe, tous les trois à côté. Nina à ma droite et Barthélémy à gauche.
J'ai fermé les yeux.
⊱Dimanche 15 Mai 2011⊰
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Cher Toi,

Pendant les grandes vacances, je suis allée faire un tour avec maman dans le centre commercial. Je voulais offrir un petit quelque chose à Barthélémy et Nina pour la rentrée, pour célébrer notre année d'amitié. J'ai longuement hésité sur l'objet en question à acheter et j'ai finalement jeté mon dévolu sur un paquet de billes pour Barthélémy, parce que je sais qu'il les collectionne, et un paquet de toupies pour Nina, parce que ça lui ressemble bien. J'ai eu un peur qu'elle n'apprécie pas mais maman m'a réconfortée en me disant que c'était une bonne idée. Il faudra juste que je lui donne quelques explications.
Ma rentrée en quatrième a fini par arriver. J'étais pour la première fois heureuse de retrouver la grande cour du collège. Nina m'a sautée dessus directement et m'a étouffée par le biais de ses bras. Barthélémy s'est rejoint à notre étreinte avec son calme habituel. J'étais contente de les retrouver.
Vraiment.
Je leurs ai donné leurs cadeaux, toute souriante, attendant de voir leur réaction. J'ai directement annoncé la couleur à Nina pour qu'elle ne soit pas trop dégoutée à la fin. A ma grande surprise, elle a adoré le présent et a, en effet, trouvé que ça lui correspondait bien. Barthélémy était content aussi, mais je n'étais pas trop inquiète. Ils se sont soudain sentis gênés parce qu'ils n'avaient rien pour moi. J'ai ri. L'idée de recevoir quelque chose ne m'avait même pas effleuré l'esprit. Je voulais juste leur faire plaisir.
Nina a ouvert son paquet de toupies et m'en a donné une bleue. Barthélémy en a reçu une rouge. Il a alors ouvert son cadeau et a donné trois billes à Nina et moi. Trois billes pour nous trois. Trois billes pour une amitié.
Juste avant de t'écrire, j'ai rangé mes précieux cadeaux dans ma petite boite.
C'était une belle rentrée.
⊱Jeudi 1 Septembre 2011⊰
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Cher Toi,

Je ne sais pas ce que j'imaginais mais en tout cas, je n'aurais jamais pensé que ce jour arriverait. La différence m'a tellement déchiré le cerveau, la chair, le cœur que j'en suis venue à me voir comme un alien avec des cheveux roses. Non, décidément, ce n'était pas du tout prévu au programme.
Pourtant ça l'est. Ces tremblements, ces palpitations, ces papillons sont bien réels. Quand vont-ils s'arrêter ? Non, peuvent-ils s'arrêter ? J'ai maintenant quatorze ans, presque quinze, je vais rentrer au lycée mais dans la matière, je ne suis qu'un petit embryon qui va découvrir le monde. Je vais t'expliquer.
C'était jeudi dernier. Barthélémy et Nina m'ont fait la surprise d'assister à un petit concert en m'emmenant dans un bar, pas loin de chez nous. Le groupe était composés de quatre lycéens, de terminales peut-être. On s'est assis sur un banc libre, disposé la spécialement pour l'événement. Barthélémy a commandé des boissons pour trois et nous avons attendu le début, qu'y n'a pas tardé. J'ai regardé attentivement chaque détail, chaque mouvement, chaque sourire. Nina se trémoussait sur place et Barthélémy, pour une fois, faisait de même. Quand le chanteur a commencé à parler, je n'ai pas détaché mes yeux de son visage, pour comprendre les paroles. C'est plus facile de le faire quand le chanteur n'est pas à cinquante mètres de vous, sur une grande scène. Cependant, l'ambiance est totalement différente dans un gros concert.
A la fin du show, j'avais mémorisé malgré moi chaque trait du visage du chanteur. J'ai applaudi le groupe, avec le sourire, heureuse d'être là. Nous avons fini nos consommations puis nous sommes repartis chacun de notre côté. Bon, ok, je l'avoue, j'ai quand même pris au passage la petite carte du groupe.
Le soir même, j'ai fait un rêve assez étrange. Il était sur une table du lycée, dans une salle de classe vide et il jouait de sa guitare. Je suis passée par là et quand je l'ai aperçue, je me suis planquée derrière la porte pour l'observer discrètement, telle une psychopathe en fait. Il a fini son morceau et avant qu'il puisse se rendre compte d'une quelconque présence, je me suis enfuis, l'air de rien. Et je me suis réveillée le lendemain, un peu bouleversée, un peu perdue. Je me suis levée et j'ai attrapé la carte que j'avais prise la veille. J'ai donné une pichenette sur la photo du chanteur, comme pour lui dire de sortir de mes rêves. J'ai alors retourné la feuille cartonnée et c'est là que j'ai lu pour la première fois son prénom. Guillaume.
Il s'appelle Guillaume.
⊱Dimanche 1 Septembre 2013⊰
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Cher Toi,

Le lycée, c'est pas mal. J'ai retrouvé les mêmes camarades de classe qu'au collège, sauf une, Erina, parce qu'elle a déménagé pendant les vacances. Mis à part ce léger changement, c'est pareil. Les cours en tout cas. Dans la cour, contrairement au collège, on ne me dévisage plus quand je marche dans un couloir. Les surveillants me laissent porter les vêtements que je veux et me maquiller comme je le souhaite. J'ai l'impression de ne plus être juger. Est-ce un rêve ? Il faut croire que non parce que le lendemain, c'était pareil. Et les jours qui ont suivi. Nina et Barthélémy sont une nouvelle fois tombés dans la même classe. Si le destin ne leurs est pas favorable, alors c'est un véritable complot de leur part. Peut-être un peu des deux aussi.
En me baladant récemment dans les couloirs du lycée, j'ai croisé LE Guillaume. Il était avec ses potes et rigolait tranquillement. Je suis passée à côté rapidement, le cœur un peu trop tremblant à mon gout et j'ai fini dans les toilettes, la porte la plus proche.
Les jours ont continué de défiler de cette façon. Dès qu'il était dans les parages, mes yeux se posaient avec fascination sur mes pieds. Nina a fini par se rendre compte de quelque chose car elle m'a interrogée durant une récréation, quand Barthélémy n'était pas là. Je me suis dit qu'elle allait peut-être éclairer ma lanterne alors j'ai tout dit. Ses yeux sont devenus de plus en plus brillants au fur et à mesure de mon récit, à croire qu'elle n'attendait que ça. Elle a alors répété en boucle que sa petite Ona s'intéresse enfin aux garçons. Inutile de nier, c'est la pure vérité, aussi inédite qu'elle soit. Barthélémy est revenu quelques minutes plus tard et a dévisagé un instant Nina. Quand l'information est montée tout en haut de son cerveau, il m'a souri tendrement.
Il s'est ensuite passé une chose hallucinante. Ledit Guillaume est passé pas loin de nous et Nina en furie qu'elle est, l'a complétement agressé. Elle a crié son prénom avant de se ruer vers lui. Il a eu la même réaction que moi il y a plusieurs années et j'ai légèrement ri à cette pensée. Ce rire a vite disparu parce que j'ai commencé à stresser de tout mon être. Qu'est-ce qu'elle est en train de lui dire ? Que va-t-il penser de tout ça ? Je n'ai pas une tête affreuse au moins ?
Barthélémy, en grand sauveur, a posé ses deux mains sur mes épaules et a commencé à me masser. Je me suis automatiquement détendu. Je l'ai remercié d'un petit signe de tête quand Nina a pointé son doigt droit sur moi. Les yeux de Guillaume ont suivi la direction de son doigt et ont fini leur chemin droit dans les miens. La seule chose que j'ai réussi à faire sur le moment a été de sourire, un peu timidement. Nina l'a salué et m'a sauté dans les bras. Je n'ai pas osé regarder dans la direction du groupe, tellement j'avais chaud aux joues.
La tension descendue, Nina m'a fait un topo de tout ce qu'elle a appris. Pas grand chose, mais selon elle, ce n'est qu'un début.
Il s'appelle Guillaume.
Il est célibataire.
Et ils m'ont invitée à leur prochain concert.
⊱Lundi 9 Septembre 2013⊰
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Cher Toi,

Barthélémy n'a pas pu venir au concert donc j'y suis allée seule avec Nina. Guillaume devait jouer dans un bar encore plus grand que le précédent. Ils ont vraiment du succès. C'est prometteur. Cette fois-ci, aucun banc n'était disposé dans la salle, pour favoriser la danse. Nina a totalement enflammé le dancefloor. J'ai bien dansé un peu, pour me défouler, pour faire plaisir à mon amie, mais je me suis vite reposée contre un mur. J'ai alors regardé Guillaume qui chantait de toute son âme. Même s'il a repris les mêmes chansons que la dernière fois, mes yeux ne se sont pas détachés de la belle peau pâle qui couvre son visage. Quand son regard a accidentellement croisé le mien, j'ai eu un coup de chaud et je suis partie aller acheter une boisson. Tu te rends compte ? Je me comporte comme une vraie gamine incapable de gérer ce qu'elle ressent ! J'en ai pourtant déjà vecu des vertes et des pas mures que j'ai contrôlé ! Mais non, un garçon, un Guillaume et paf ! Tout s'envole.
Nina m'a retrouvé à la fin du concert, un peu transpirante de s'être autant déchaîné. Elle a longuement hésité entre prendre une boisson gazeuse ou une boisson plate. Je la soupçonne de l'avoir fait exprès juste pour gagner du temps. Parce qu'évidemment, qui est venu commander quelque chose au bar après ? Le groupe de Guillaume ! Nina s'est rapidement décidée après. Elle a pris de l'eau. Tout ça, pour de l'eau. Je devrais la remercier je sais. Elle n'a fait que m'aider et c'est gentil comme tout. Le batteur de groupe, Gauthier si je me souviens bien, s'est approché de nous et nous a demandé comment nous avons trouvé le concert. Nina a répondu à toutes ses questions, ne me laissant pas le temps d'écrire un petit mot. Devant la tête de Gauthier, je n'ai pas pu m'empêcher de lâcher un petit rire. je crois que Nina fait toujours le même effet, peu importe la personne qui se trouve en face d'elle.
De mon côté, j'ai décidé de prendre les choses en main. Je n'allais pas rester une enfant toute ma vie ! Je suis allée voir ce pour quoi j'étais là, avec un petit " salut " marquée sur mon cahier. C'était un peu naze comme première phrase d'accroche mais je n'avais pas trouvé mieux. Il a eu la gentillesse de ne pas me mettre un royal vent et c'est ainsi que la conversation a débuté. Elle a commencé par être timide, gênante et de fil en aiguille, on s'est détendus. On a surtout discuter musique mais la conversation était très intéressante.
Il joue de la musique depuis tout petit.
Et il sent bon.
⊱Dimanche 15 Septembre 2013⊰
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Cher Toi,

Aux yeux de tous, je suis juste une amie du groupe. Aux yeux de Guillaume, je crois que c'est la même chose. Il n'y a qu'aux yeux de Nina que je suis sur la bonne voie. Barthélémy, lui, ne se prononce pas mais surtout parce qu'il ne voit que Nina. Faut qu'il arrêter de se cacher, s'est écrit en gros sur son front. Tout le monde le sait, sauf Nina évidement, et un peu Gauthier qui n'arrête pas de la draguer. En gros, nous sommes devenus une grosse bande de potes où reine des conflits sentimentaux. C'est un peu compliqué tout ça. Et dans tout ça, moi, je commence à désespérer. J'en ai mal au crâne de me prendre la tête avec tous mes ressentis. Mais je crois que c'est trop tard pour revenir en arrière.
Hier, je les ai tous invité chez moi, dans le sanctuaire de la musique, comme ils s'amusent à dire. J'ai rangé l'appartement de fond en comble. Il ne restait plus un grain de poussière ! Comme mes parents ont été appelés pour des réglages sur une scène, j'ai eu l'appartement pour moi toute seule !
Nina et Barthélémy sont arrivés les premiers, suivis de près par Guillaume et le reste de la bande. Je leur ai offert de quoi se raffraichir et remplir leurs estomacs. Thibault et Léo sont restés scotchés un moment devant la bibliothèque de disques. Ils ont rapidement compris qu'on ne rigolait pas avec la musique. Ça m'a fait sourire. Je leurs ai montré encore deux-trois trucs avant que la génération X reprenne les rennes. Gauthier a voulu jouer à Guitare Hero alors tout le monde s'y est mis. Et tu sais quoi ? Grâce aux conseils de Guillaume et les encouragements de Nina, j'ai réussi à battre Gauthier ! Je suis trop fière ! Bon, après, Léo m'a mis la pâté alors je me suis retirée dignement.
L'après-midi est passé tellement vite que s'est maman qui a dû mettre un terme à notre jeu. Ils sont tous rentrés chez eux, ravis. Je l'étais aussi. Le moment fatidique est ensuite arrivé. Maman m'a prise sur ses genoux, comme quand j'étais petite. Sous ses yeux de fauves, je n'ai pu faire qu'une chose : plier. J'ai alors tout raconté ce que supportait mon petit cœur depuis plusieurs semaines déjà. Elle a souri tout le long de mon récit et à la fin de ce dernier, elle m'a longuement embrassée sur la joue. Elle m'a conseillée de l'inviter une nouvelle fois à l'appartement mais cette fois-ci, seul. Ainsi, je verrai ce qu'il en est.
Le lendemain, j'en ai parlé avec Barthélémy et Nina. Ma petite toupie était encore une fois toute excitée. Elle a trouvé que c'était une très bonne idée et que je n'avais pas hésité. Je crois qu'elle exagère un peu beaucoup. Il va peut-être dire non, après tout. Nina est ensuite partie " soulager sa petite vessie " aux toilettes. J'en ai profité pour expliquer à Barthélémy qu'il serait temps qu'il se bouge les fesses sinon il risquerait bien de la voir lui filer sous le nez.
J'aime bien Gauthier, hein, il est pas méchant. Mais bon, je soutiens d'abord Barthélémy.
Et moi, il faut que j'aille inviter Guillaume. Voilà que je stresse de nouveau. C'est sans fin.
⊱Lundi 18 Novembre 2013⊰
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Cher petit Toi,

Je l'ai fait. Je l'ai invité. Il a accepté. Il n'a même pas hésité. Il est donc venu ce week-end. Mes parents n'avaient pas de boulot alors ils étaient à l'appartement. Maman était contente et papa stressait plus que moi. Je crois qu'il avait du mal à se dire que sa petite fille grandissait. C'est comme ça avec tous les papas, non ? Guillaume est arrivé en début d'après-midi. Dès que mon père a aperçu la guitare qu'il avait emmené, Guillaume est devenu son genre idéal. Ils se sont installés tous les deux dans la salon après que papa ait retrouvé son ancienne guitare. Maman a arrêté de faire la vaisselle juste pour assiter à la scène. Ca faisait un bail que papa n'avait pas joué ! Ils ont joué ensemble une partition et j'ai serré mon coussin très fort. C'était un spectacle plus émouvant que je ne l'aurais pensé. Au bout d'un moment, papa a mis de côté sa guitare pour laisser Guillaume seul sous la lumière du lampadaire. Ce n'était pas sa meilleure scène mais ça a été mon concert préféré. Si on peut appeler ça un concert.
A la fin, nous l'avons tous applaudi et papa n'a fait que de le complimenter en disant qu'il avait un grand avenir devant lui. Puis, maman nous a proposés de nous apporter des gâteaux dans ma chambre. J'ai bien compris à son petit clin d'oeil qu'elle voulait juste nous laisser seule. C'est comme ça qu'il a découvert mes murs fraîchement repeint de rose. Je crois que Guillaume s'attendait à quelque chose dans ce genre parce qu'il n'a même pas paru surpris. En même temps, il est facile de deviner que ma couleur favorite est le rose. Il a posé sa guitare dans un coin de la pièce et a pris Pingouin dans ses mains, ma peluche. Il a souri et nous avons discuter de diverses sujets. Des fois, je me demande si on ne s'ennuie pas avec moi. Tout le monde avec qui je parle sont obligés d'attendre que j'aie fini d'écrire pour me répondre. Et si ça a gêné Guillaume, il ne me l'a jamais fait remarqué. Il fait preuve d'une patiente à tout épreuve.
Maman est finalement entrée, nous apportant le plateau qu'elle a préparée. Deux jus d'oranges et des petits gâteaux aux fruits, mon pêché mignon. C'est trop bon. Puis elle est repartie après m'avoir souri, comme un coup de vent. Nous avons mangé tranquillement et quand nous avons terminé le plateau, j'ai mis la musique. C'est alors que Guillaume m'a demandé si je voulais danser ! J'ai cru à une blague mais non ! Il était bien sérieux. J'ai accepté même si je ne savais pas comment on allait se débrouiller. Il a enlevé ses chaussures et m'a prié de faire de même. J'ai obéi, de plus en plus curieuse. Il s'est rapproché de moi et m'a posée sur ses pieds, souriant. C'était la première fois que je dansais comme ça ! J'avais peur de lui faire mal, moi ! Il n'a rien dit et a commencé à danser en rythme avec la musique. Intérieurement, je me suis sentie toute chose. Autant de par ma soudaine proximité avec Guillaume, que parce que c'était la première fois que je connaissais le rythme d'une chanson. Je ne connaissais que les paroles. Maintenant je peux connaître le rythme. J'ai tellement profité de cette sensation ! Si seulement ça pouvait durer toute une éternité ! Voire deux même ! Je ne suis pas contre.
Sauf que dans la réalité, une musique finit toujours par se terminer. En moyenne, elle dure trois minutes et trente secondes. Pourtant, celle qui était en train de passer à dure au moins cinq minutes ! La chance ! J'ai pu en profiter encore plus. Enfin, tout s'est arrêté. Guillaume s'est stoppé, preuve que la musique a fini de tourner. Mes pieds ont de nouveau touché le sol. J'ai voulu le remercier en langue des signes sauf qu'il a attrapé ma main, m'a tirée vers lui pour m'embrasser. Je n'y ai pas cru tout de suite mais la douceur de ses lèvres m'a bien prouvé que j'étais encore sur Terre.
Tu sais, je commence à penser qu'être sourde n'est pas une fatalité.
⊱Samedi 23 Novembre 2013⊰
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Cher Toi heureux,

Nina a hurlé de tous ses poumons pendant un temps qui m'est apparu interminable. J'ai cru qu'elle allait mourir sous le choc. Ma petite toupie a encore fait des siennes. Barthélémy s'est contenté de me serrer dans ses bras et de me féliciter. Simple mais efficace. Du Barthélémy tout craché, quoi. En parlant de lui, il a fait sa déclaration à Nina !! Et tu sais ce qu'elle a dit ? "Oh. Euh. Laisse-moi un peu de temps pour réfléchir s'il-te-plait. Ça implique beaucoup de choses." Ahlalala... J'espère qu'elle va réfléchir vite car pendant ce temps, Barthélémy n'arrête pas de jouer avec ses doigts, preuve qu'il stresse. Et moi je suis là, entre les deux, croisant les doigts pour qu'elle dise oui, tout en ayant peur des changements. Je ne suis certaine de rien, mis à part que beaucoup de choses vont changer, peu importe la réponse qu'elle fournira. Et ça fait peur.
Puis y a Guillaume. Des choses ont changé aussi, sur ce niveau. L'hypothèse d'une simple amitié a été balayée par tout le monde dès qu'il m'a prise dans ses bras, en plein milieu de la cours, sous les yeux curieux et surpris des autres. Seul Léo, Thibault et Gauthier ont souri, pas du tout étonnés. Ils étaient probablement au courant de beaucoup plus de trucs que moi. Petits cachotiers.
Dernièrement, à la sortie des cours, Guillaume vient me chercher devant la porte de ma salle de cours pour me ramener chez moi. Il le fait de plus en plus souvent, et le chemin me parait moins long. La dernière fois, nous nous sommes arrêtés à mon petit glacier chéri et sans que je ne lui indique quoi prendre, il m'a acheté une glace, vanille-fraise. C'est peut-être qu'un simple coup de bol mais je m'amuse à penser qu'il savait que c'était mon parfum préféré.
Enfin bref, ça va bien, plus que bien. C'est comme si le brouillard qui obscurcissait mon chemin s'était volatilisé. Pas d'un coup, non, mais progressivement, doucement, au fil de mes rencontres.
Je viens de remarquer que je ne t'embrassais plus à la fin de mes petites histoires que je t'écris. Il faut remédier à ça.
Bisous.
⊱Mercredi 18 Décembre 2013⊰

❀❀❀


Cher Toi,

Mme Martin n'est pas si mauvaise, tout compte fait. Je me suis peut-être trompée sur ce point. Elle peut être utile quand elle veut. Elle m'a fait une belle surprise, la semaine dernière. Elle m'a expliquée que sa sœur qui est prof de musique voulait bien me consacrer un peu de temps, pour me donner des cours. J'ai eu du mal à y croire alors je me suis pincée longuement la peau du poignet gauche. Ça fait vachement mal ! Je suis repartie de son bureau, la tête dans les nuages, m'imaginant plein de scénarios.
Le lendemain soir, à la fin de lycée, je me suis rendue chez la sœur de Mme Martin. Elle m'avait indiquée l'adresse en détaillant l'itinéraire donc je ne me suis paumé en route. Elle a une jolie maisonnette, Aurélie. Parce que oui, elle s'appelle Aurélie. Elle m'a demandé de l'appeler par son prénom pour faire moins conventionnel.
Au début, nous avons principalement parlé des genres que j'aime, puis des groupes pour finir par les chansons et les instruments. Elle n'a pas été un instant gêné de parler musique avec une sourde et ça m'a plus, beaucoup. Surtout qu'elle n'a pas remis en question mon point de vue, contrairement à sa sœur. Finalement, elle m'a fait une proposition en or, inespérée. Tiens-toi bien, elle m'a demandé si je voulais apprendre à chanter ! Rien de trop compliqué, juste des notes. Devant mon doute, elle m'a expliqué que si on m’apprenait à placer correctement mes lèvres, ma langue, je pourrai y arriver. Je n'ai pas hésité, j'ai sauté sur l'occasion. Je n'avais rien à perdre, de toute manière.
Depuis, je me rends chez elle tous les soirs et elle m'apprend. Elle est patiente avec moi, elle répète autant de fois que j'en ai besoin sans s'énerver. Alors même si je finis avec les lèvres en compote et un mal de gorge dû à mes cordes vocales trop peu utilisées auparavant, je m'amuse et je persévère. C'est dur, il ne faut pas imaginer le contraire. Au bout d'une semaine, je n'ai pas réussi à prononcer la simple note " la " correctement. Mais je continue. Les efforts finissent bien par payer un jour ou l'autre.
Et ils ont fini par le faire ! Après une semaine et six jours à travailler comme des malades, j'ai réussi à dire " la ". Enfin, c'est ce que m'a dit Aurélie, je ne le saurai jamais. J'ai répété des tonnes de fois le mouvement que j'avais fait pour ne pas perdre la note. Quand je suis rentrée chez moi, je me suis précipitée dans la cuisine afin de dire ce que j'ai appris. Et oui, maintenant je peux enfin écrire que j'ai dit quelque chose en le pensant vraiment ! Maman a pleuré sous l'émotion. Elle est très sensible. Papa m'a décoiffée tout en souriant.
Le lundi suivant, j'ai appris la bonne nouvelle a Guillaume, Nina et Barthélémy. J'ai chanté pendant toute la journée ma note et je suis quand même allée remercier Mme Martin. Tout ça est grâce à elle.
La, la, la, la~
⊱Lundi 17 Février 2014⊰

❀❀❀


Cher Toi,

Le lycée, les changements, les cours c'est bien mais les vacances, c'est mieux ! Surtout quand un certain Guillaume te fait la surprise de t'emmener en camping ! Papa et maman ont un peu résisté en apprenant la nouvelle mais devant mes yeux de chiens battus, ils ont accepté ! Je suis donc partie avec Guillaume, sa grande sœur et leur caravane au camping ! C'était encore une première, à croire que je les accumule en ce moment. Avant de partir, Guillaume ne m'a pas dit notre lieu de destination pour me faire une surprise et quelle surprise ! Le camping se situait à deux cent mètres de la côte, de l'océan. L'océan !! Celui dont j'ai toujours rêvé. J'allais pouvoir le voir !! J'ai appris un peu plus tard que c'était un complot de mes parents et de Guillaume pour m'offrir de belles vacances. J'ai des parents et un copain en or !
J'ai eu du mal à contenir mon excitation face à la future étendue d'eau que j'allais enfin pouvoir contempler de mes propres yeux. Comme quoi les rêves peuvent finir par se réaliser. J'ai quand même pris le temps de ranger nos affaires et de manger mon sandwich. Après, Myriam, la sœur de Guillaume, est partie faire des courses, nous laissant le plaisir de faire ce qu'on voulait. Il a préféré rester jouer de sa guitare alors je suis allée à la plage toute seule. Je suis allée réaliser mon rêve. Je l'avoue, j'ai un peu stressé, je sais pas pourquoi. J'ai couru comme une folle et quand mes pieds ont enfin touché le sable fin, mon esprit était déjà ailleurs. Je me suis précipitée vers l'eau, manquant de tomber à chaque foulée. Mes orteils ont frissonné quand ils sont entrés en contact avec le liquide froid. J'ai inspiré une grande goulée d'air à m'en exploser les poumons. Mes yeux ont capturé un million de fois le bleu du ciel qui se confond avec celui de l'océan en une ligne parfaite, l'horizon.
Je suis restée ainsi, pendant de très longues minutes, jusqu'au moment où j'ai craqué. Je me suis mise à verser toutes les larmes de mon corps, comme si l'océan ne contenait pas assez d'eau. J'ai pleuré à m'en fendre l'âme, dévastée. Je me suis rendue compte que le film qui était en train de se jouer devant moi n'avait pas d'importance si je ne pouvais entendre. Je voulais entendre les vagues s'entrechoquant entre elles. Je voulais entendre les mouettes et leurs cris. Je voulais entendre ce petit garçon qui jouait dans l'eau, le sourire aux lèvres.
Je voulais entendre.
Et ce film que j'ai tant désiré est en fait terriblement fade lorsqu'il est muet.
Je ne suis pas restée plus longtemps. J'ai rebroussé chemin, lentement. Chaque pas me demandait un cruel effort. Je n'étais pas blessée physiquement mais mentalement, à l'âme. Et cette blessure mettrait beaucoup plus de temps à guérir qu'une simple coupure. Je suis entrée dans la petite caravane et devant ma mine déconfite, Guillaume a stoppé net son activité. Dans un réflexe, il a allumé la radio et ma prise dans ses bras, sur ses pieds, pour me faire danser, comme dans ma chambre. Le rythme était lent cette fois, pareillement à mon état d'âme. Au creux de ses bras, je me suis progressivement calmée, même si la blessure était toujours là. Il ne s'est arrêté que quand je ne reniflais plus. Cette fois, il ne m'a pas embrassé, il a fait bien mieux, bien pire. Il a prononcé les trois mots que je voulais le plus entendre. Juste ceux-là. Même ça c'est impossible. Et je me suis remise à pleurer, m'étonnant de contenir autant d'eau en moi.
Trop beau, trop magnifique, trop irréel, trop utopique. Quand ai-je commencé à croire en la vie ? Je me suis trompée. Elle est bien cruelle.
⊱Mardi 15 Juillet 2014⊰

❀❀❀


Cher Toi,

Ça y est, Nina et Barthélémy sortent ensemble. Ce dernier est venu me l'annoncer personnellement il y a cinq minutes. Ça me fait un peur. Je sais bien qu'ils ne vont pas me laisser toute seule et me faire tenir trop la chandelle. Ce n'est pas ça qui me stresse. Mais que va-t-il se passer si un jour ils se disputent ? Voire même se séparent ? Est-ce que les choses pourront réellement redevenir comme avant ? J'ai beaucoup de mal à y croire. Je ne veux pas devoir choisir entre l'un ou l'autre, je ne pourrai pas. Barthélémy ne m'imposera jamais un choix pareil mais du côté de Nina, je n'en sais rien. Je les ai toujours connus célibataires et Dieu sait qu'une rupture douloureuse peut nous amener à faire. Je croise les doigts pour que tout se passe bien et qu'ils soient heureux. C'est la seule chose que je puisse faire.
De l'autre côté de la barrière, il y a moi qui s'entraine comme une folle dans un seul but : Celui d'arriver à prononcer à mon tour ces mots si précieux. Barthélémy prend sur son temps personnel pour m'aider. Ça lui fait un bon entrainement pour son futur métier. Il ne m'a jamais fait autant de déclarations ! Heureusement que Nina n'est pas dans les parages quand je m'exerce ou bien elle serait jalouse, je la connais ma petite toupie.
A côté de mon entrainement avec Barthélémy, les cours d'Aurélie, c'était de la rigolade ! C'est tellement plus compliqué ! Tu vas me dire, en même temps, j'ai trois mots au lieu d'un. C'est beaucoup pour une personne qui n'a pas l'habitude de parler. Mais je persévère, ce n'est pas un rêve brisé en mille morceau qui va me changer ! Je reste la petite Ona qui ne lâche rien ! Malheureusement, le temps presse. C'est bientôt la fin des grandes vacances et je me suis fixée pour objectif de tout lui dire avant la rentrée ! Déjà la première, j'ai du mal à le réaliser.
⊱Jeudi 21 Août 2014⊰

❀❀❀


Cher Toi,

J'ai vu Guillaume pour la fin des vacances, comme je me l'étais fixée. Nous avons passé toute l'après-midi ensemble et elle était fort sympathique ! Il m'a fait une énorme surprise ! J'ai eu du mal à le croire sur le coup. Même quand il a pris sa guitare pour commencer à jouer, j'ai cru qu'il rigolait. Faut me comprendre, on ne voit ça que dans les films à l'eau de rose ! Sauf que non, c'était bien la réalité. Il m'a bien écrit une chanson ! Si, si, je te jure ! J'aurais tellement aimé avoir une super mémoire pour me souvenir de toutes les paroles ! Il a bien réussi à les apprendre par coeur, lui ! Et pour couronner, le tout, pour que cette chanson ne reste pas qu'un vague souvenir, il m'a donné les partitions. Je les ai posées à côté de mon lit, sur ma table de chevet, de façon à toujours les avoirs près de moi.
Cette journée restera à jamais gravée dans un petit coin de ma tête. Elle était tout simplement parfaite. Même quand j'ai renversé mon verre de limonade sur moi. Surtout quand j'ai renversé ma boisson. Guillaume m'a prêté un de ses tee-shirts pour que je puisse me changer. Il m'a dit de lui rendre la prochaine fois qu'on se verrait. J'en prendrai soin. Tu as vu comment c'est trop cliché ? N'empêche que j'ai adoré. Suis-je trop fleur bleue ?
Puis le moment crucial est arrivé. Ma déclaration était terrible, catastrophique, foireuse et surtout incompréhensible. Cependant, je crois qu'il a compris où je voulais en venir parce qu'il m'a chuchoté à son tour ces mots avant de me laisser sur le seuil de mon appartement.
Je dois remercier Nina de tout mon coeur. Tout ce qui s'est passé est un peu grâce à elle. Si elle n'était pas une toupie infatigable, elle ne serait jamais allée parler à Guillaume. Il ne m'aurait jamais remarqué. Je n'aurais jamais connu ce sentiment dévorant. Ahhh... Il faut que j'arrête d'avoir des pensées négatives ! A ce moment, tout va bien et c'est tout ce qui compte.
Bon, je vais aller me prendre une glace, la dernière des vacances probablement.
⊱Samedi 30 Août 2014⊰


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Ona, ma douce Ona,

Peu de temps avant les vacances, j'ai déposé ma candidature pour intégrer une école de musique. Au moment où je t'ai écrit cette lettre, l'académie vient juste de me donner une réponse positive. C'est pour ça que je pars Ona. Je déménage en France, loin de ma famille, loin de toi. Je sais que tu comprendras parce que toi aussi tu veux réaliser tes rêves et c'est ce que je vais faire en prenant cet avion. Je pars réaliser mon rêve. Gauthier et Léo viennent également avec moi mais Thibault reste. Je lui ai demandé de garder un oeil sur toi même si je sais très bien que tu peux te débrouiller toute seule. Tu es forte Ona. Peut-être bien plus que tu ne le penses.
Il y a un an, tu es venu pour la première fois à un de mes concerts, avec ton tee-shirt fétiche vanille-fraise. Tu t'en souviens ? Tu m'as longuement fixé et je dois t'avoue que c'était un peu perturbant. Et oui, on remarque facilement une fille aux beaux cheveux rose dans une foule remplie de gens identiques les uns aux autres. Je pensais que ça aller s'arrêter là et que je ne te reverrai jamais. Sauf que je t'ai recroisée plusieurs fois dans les couloirs du lycée. Le rouge de tes jours m'a fait sourie. Enfin, Nina est venue me voir. Je l'ai prise pour une folle à me sauter dessus comme ça. On a parlé, un peu de moi, mais surtout de toi. Tu as un beau sourire Ona. La suite, tu la connais, certainement mieux que moi d'ailleurs. Les mois passés à tes côtés, avec toi, ont été les meilleurs de ma scolarité au lycée.
Je suis le genre de mec un peu romantique, qui croit à la femme de sa vie. Cependant, je suis persuadé qu'un seul homme peut en avoir plusieurs. Celle qu'il n'a jamais connu, celle qu'il regrette, celle avec qui ça n'a pas pu marcher, celle avec qui il mourra... Tu comprends ?
Voilà, je peux l'affirmer, Ona, tu as été l'une de ses femmes et tu resteras à jamais graver dans une paroi de mon cœur.
Je t'aime.
Guillaume.

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Cher Toi,

Tout est flou. Mon esprit, mon cœur, mes yeux... Tout s'est embrumé en quelques secondes à peine. Guillaume est parti. Je ne le reverrai probablement jamais. La France. C'est loin la France. Tout me semble plus clair maintenant. La chanson, le tee-shirt... Cette journée était en vérité des adieux. Et dire que je le trouvais magnifique !
Je suis restée dans mon bain de longues minutes, perdue, pensive. L'eau tout d'abord chaude est devenue froide avec les temps mais je n'ai pas bougé d'un pouce. Elle me prouvait que les événements qui étaient en train de se passer étaient bien réels. Je n'ai pas pleuré mais toutes les gouttes qui roulaient sur ma peau l'ont fait pour moi. Ma mère est rentrée dans la salle de bain et m'a trouvée perdue dans le vide. C'est là qu'elle m'a sorti une phrase un peu tordue. Tu as le téton d'une blonde Ona. J'ai irrémédiablement regardé mon sein. C'est quoi un téton de blonde au juste ? Je Ne savais même pas qu'il y en avait des différents ! Maman a bien réussi son coup. Mon esprit s'est focalisé sur sa remarque que sur Guillaume. Ou du moins, le temps que je sorte de mon bain.
J'ai sorti ma petite boîte. J'ai rassemblé les souvenirs que j'avais de Guillaume et j'ai tout mis dedans. Je trouve qu'il y beaucoup trop de choses dans cette boîte.
La porte de ma chambre s'est ouverte et je me suis empressée de ranger mon petit secret sur son étagère. C'était Nina. Maman ou papa l'avait surement appelée pour me consoler. La simple présence de ma petite toupie adorée dans cette chambre, m'a fait chaud au cœur. J'ai passé le reste de l'après-midi avec elle, le soir aussi. Nous avons dormi dans le même lit. J'étais un peu à l'étroit mais cette proximité avec elle m'a fait du bien.
Le lendemain, j'ai préparé à la va-vite mon sac pour la rentrée. Déjà la première. Nina était déjà prête quand je suis apparue près de la porte d'entrée. J'ai embrassé papa et maman un peu plus longuement que d'habitude et nous sommes sortis. Devine qui j'ai vu sur son vélo en bas de l'immeuble ? Barthélémy ? Même pas ! Thibault. Il était là, en attitude de beau gosse, un écouteur dans l'oreille, les deux mains dans les poches de son manteau. Quand il m'a vu arrivée, il a laissé de côté son vélo et m'a prise dans ses bras. Je suis restée surprise les premières secondes puis je me suis laissé éteindre tendrement. Thibault prend à la lettre sa mission. C'est mignon. Guillaume devait avoir une confiance totale en lui.
Une larme silencieuse et brûlante s'est arrachée à mon œil droit. Qu'est-ce que ça fait mal.
Le lycée m'est paru bien ennuyant. Je me suis surprise à chercher du regard une tête brune aux beaux yeux marron. J'ai pas pu m'en empêcher. Ça m'a fait encore plus mal.
⊱Lundi 1 Septembre 2014⊰

❀❀❀


Cher Toi,

Le réveillon d'hier soir était énorme ! Ma famille, celle de Nina et celle de Barthélémy se sont tous réunis pour célébrer noël en ensemble. C'était une vraie pagaille ! Surtout que la famille de Nina est gigantesque ! Je ne savais pas qu'elle avait autant de cousins et cousines. Comme ils étaient encore petits, on a dû s'occuper d'eux, enfin on a essayé. Ils n'ont pas arrêté de courir partout dans la maison. J'ai cru plusieurs fois qu'un d'entre eux aller se faire mal, mais non, il s'est à chaque fois rattrapé. Les enfants sont pleins de ressources. Étais-je comme ça à l'époque ? J'espère bien que non ! Sinon je plains mes pauvres parents. Nous avons tous triché parce que nous avons ouvert nos cadeaux le vingt-quatre au soir. J'ai reçu en premier le cadeau de la famille de Nina, puis celle de Barthélémy pour finir par mes propres parents. J'aurais aimé que tata puisse venir faire la fête avec nous, mais elle veille sur tonton qui est un peu malade. Je lui ai envoyé une carte pour lui souhaiter mes meilleurs vœux. Quand papa m'a remis mon paquet cadeau, j'ai de suite su ce que j'allais avoir. En même temps, je n'avais commandé qu'une seule chose: un harmonica. Oui, oui, un instrument. J'ai demandé un petit truc, pas quelque chose de trop cher pour des raisons qui sont évidentes. J'en ai joué devant tout le monde mais j'ai bien compris à leur petits sourires que c'était du n'importe quoi. Ce n'était pas grave, j'étais heureuse de jouer, c'est le principal. Nous sommes restés encore deux heures debout avant de retrouver nos lits respectifs.
Je me suis endormie en me demande à quoi ressemblerait les noël qui suivraient. Je sais déjà qu'ils seront tous différents les uns des autres ! On les apprécie plus de cette manière je trouve, pas toi ?
⊱Jeudi 25 Décembre 2014⊰

❀❀❀


Cette fiche n'est pas terminée. Je n'ai jamais pris le temps de le faire.
Néanmoins, le personnage d'Ona est, à mon sens, assez explicite pour que je la poste ainsi.
A savoir, elle est également issue d'un RPG de zombies. La fin du monde bouleverse sa vie, elle perd beaucoup de proches.
La suite sera à construire ensemble.
glamour123

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Message par glamour123 »

Ona voit enfin le jour après quatre ans à moisir parmi mes brouillons. Quatre ans ! La fiche est donc dans son jus, avec ses fautes d'orthographe, ses syllabes manquantes et une écriture plus qu'approximative :lol:
Lumione

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Message par Lumione »

J'adore Ona ! Tellement ! Elle est super touchante et la façon dont tu as raconté son histoire est super belle aussi. J'ai beaucoup de peine pour elle et j'ai envie de lui faire un gros calin ! Elle est tellement mignonne qu'à chaque nouveau chapitre j'avais peur qu'il lui arrive quelque chose de mauvais. T'écris vraiment super bien et j'ai bien fait de m'accrocher et de lire jusqu'au bout parce que ça vaut vraiment la peine !
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