Chapitre 45 :
J'affirme ma prise sur Victor, prise par un élan maternelle, quand je vois le docteur qui à fais un pas en avant sortir une seringue de sa poche. Le petit garçon porte un coup de pied dans mon ventre, ne comprenant pas la situation. Je pousse un gémissement et me penche pour lui murmurer :
- Arrête ! Je vais te sauver. Promis.
Rien que lui à entendu ce que je lui ais dit, à mes côtés Jane me regarde, une lueur de reproche dans les yeux, et je m'en veux. Si elle en est là, c'est de ma faute. J'espère seulement qu'il ne lui arrivera rien. Mais espérer, à ce stade là, c'est comme penser que l'oiseau en cage arrivera à voler à travers les barreaux.
Les hommes en blouse qui ont déboulés dans la chambre noue regardent cruellement, me glaçant le sang. Je n'ai pas peur d'eux, mais j'ai peur de ce qu'ils pourraient faire.
Victor semble avoir capituler car il se détend dans mes bras et tourne sa petite tête fournis en boucles vers les docteurs. Je voudrais lui dire de rester en dehors de tout ça, de ne pas se montrer, mais ça paraît inutile par rapport à tout ce qu'il à déjà vécu.
- Arrêtez !, ordonne t-il de sa voix fluette à la horde d'infirmiers et de mecs en blouses blanches.
Je retiens ma respiration alors que Victor enfouit sa tête dans l'angle que forme mon cou et mon épaule. Je le sers contre moi comme le ferait une grande sœur pour son jeune frère. Mes yeux lancent des éclairs aux docteurs corrompus. Le pire, c'est qu'au contraire de Ben, ils n'ont pas l'air de regretter leurs actes, d'être rongés de culpabilité, ou au moins d'être désolés. Celui qui tient la seringue affiche un sourire satisfait qui me donne envie de vomir. Je sens le doute de Jane derrière moi.
Sans doute est – elle en train de se rendre compte qu'il se passe des choses bizarres, ici...
Ils doivent être au moins 10, alors qu'ils avancent lentement vers nous, à pas silencieux, comme pour nous mettre la pression.
Nous angoisser.
Eh bien pour marcher, ça...
Tout d'un coup, le premier, celui qui tient la seringue et qui n'est plus qu'a trois mètre de moi, pousse un cri déchirant. Ce cri fait tellement mal, tellement peur, que mes mains veulent me boucher les oreilles d'elles – mêmes, cependant je tiens bon et ne lâche pas Victor qui s'est mis à pleurer sur ma robe de chambre. J'entends claquer des dents Jane, et je lui prends la main dans un geste de réconfort, ne portant l'enfant qu'avec une seule main. Nous sommes là, nous trois, collés l'un à l'autre, se rattachant à l'espoir, alors que le monde entier semble nous en vouloir.
Je n'ai jamais eu aussi peur de mourir.
Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas.
La bouche de l'homme forme un cercle parfait alors que des rugissements qui se muent en grognements continuent de sortir de sa bouche par flots, m'arrachant une grimace de dégoût et de douleur. Mes oreilles saignent. Je ferme les yeux un moment, mais quand je les rouvre, je manque de tomber, d'effroi.
Ce ne sont plus des docteurs. Ça n'a jamais été des docteurs. Depuis longtemps déjà les Griffeurs avaient pris possession du corps de ces pauvres gens. Pas tous, mais au moins tout ceux qui se trouvent devant nous. Une bonne dizaine.
Ils sont toujours aussi horribles que la première fois que j'en ai vu. Leurs yeux sont blancs, sans aucunes pupilles, et ça suffit à me clouer sur place. Le blanc est injecté de sang. Je sens Victor gémir et sangloter. Je devine que Jane retient sa respiration, sa main me broie, prise par la peur.
Je lui presse aussi la main, sentant un vide se former au niveau de mon cœur, et un froid s'y installer...
Leur peau grise est craquelée, comme de la terre séchée. Ça me replonge dans ce cauchemar... Je voudrais tellement pouvoir m'enfuir. Mais même si j'y pense de toute mes forces, ça ne marchera pas.
Leur bouche sans lèvres, incrustés de dents pointus et blanches qui poussent les unes sur les autres, dans cette gueule grande ouverte, me dégoûte assez pour que je vomisse, là tout de suite. De la bave coule sur leur menton. Leur crâne est chauve.
Leur corps nus, maigres et anguleux, avec cette peau grise fissurée, me donne un haut le cœur. Leurs griffes tranchantes sont pointées dans ma direction.
Je me penche par terre et une gerbe de vomis se déverse sur le sol. Je sens le liquide chaud me brûler les lèvres, son goût âpre et dégoûtant, mes larmes coulent aussi, se mêlant à la masse. Je n'ai pas mangé depuis longtemps, et c'est en partit de la bile. Je me redresse, les yeux vides, la bouche sale. Jane viens prés de moi, tremblante, pour me soutenir.
Je ne sens pas sa présence, comme je ne sens pas celle du petit garçon dans mes bras. Je ne sens plus rien. Je suis vidée. J'ai juste ce froid, logé dans mon cœur, qui me donne envie de baisser les bras.
Le Griffeur en tête du groupe s'approche, un filet de bave tombe sur son menton et dégouline sur son corps. Ses yeux tournent dans leurs orbites avec un rythme rapide et inhumain. Ils fait cliqueter ses griffes, ce qui produit des sons métalliques.
Mes oreilles, mortes, entendent le son que de très loin. Comme si j'étais au bout du tunnel, et que tout le reste se trouvait de l'autre côté.
J'ai juste la place pour me dire que c'est fini. Mes genoux ploient sous mon corps, je tombe à terre. Victor serre mon cou avec peur, et je sens Jane le prendre dans ses bras.
Je me sens mal, très mal. Revoir les Griffeurs, ça éveille toute ma terreur.
Ne perds pas espoir, Davie !
Mes larmes s'écrasent sur le sol alors que le Griffeur arrive devant moi de sa démarche boiteuse. Mon corps est glacé, j'ai mal à la tête, comme si une boule de douleur s'était installée dans mon cerveau.
Davie. Tu as un don, ne l'oublie pas, me chuchote ma voix intérieure, celle qui à du courage. Celle qui ne laisserait pas tomber Invi.
J'ai envie d'écraser cette voix sous ma chaussure.
Davie. Tu es forte. Tu peux t'en sortir.
Non, je ne peux pas ! C'est sans espoir.
Davie. Fais le. Je t'en supplie. Tu le regretteras, sinon.
Arrête.
Pense à ta mère. À Senna ! À Invi ! À Silver, Adély, Spencer et Leis ! Miles ! Et Jede ! Ils croient en toi. Fais le pour eux. Et sauve Victor et Jane ! C'est toi qui les a entraînés là dedans.
J'ai beau me tenir la tête à deux mains avec force, au point de me blanchir les jointures, refouler cette voix, crier, me libérer de l'emprise de ce chuchotement, de cette pensée, je n'y peux rien. Elle fait partie de moi.
Je sens bien que devant moi, les Griffeurs se sont figés, comme subjugués par ma crise de folie. Et je sais que c'est ma chance de me lever, et de courir. Mais le désespoir me serre le cœur, si à peine j'en ai encore un, et je ne fais que penser à ma mort imminente.
Je n'y arriverais pas. Ça aurait dû être Jede à ma place. Il aurait su quoi faire. Il aurait su, lui. Pas moi. Moi, il y à quelques mois, j'étais à Seattle, à faire les magasins avec Senna et d'autres filles folles de shopping qui ont une vie hyper facile, à fixer Miles d'un air amoureux et à embrasser les garçons sur les posters dans ma chambre. J'étais pas là, dans une situation aussi horrible que celle – ci, à devenir cinglée et à faire face à dix monstres griffus.
Jede à toujours baigné dans ce monde. Il est né dans le chaos, en pleine fuite, trimballé de villes en villes pour échapper aux Griffeurs, il à du se résigner à sa vie, sa mère est morte alors qu'il n'étais qu'un enfant.
Je me souviens de sa cicatrice sur son torse. Cette cicatrice rouge de sang, qui lui à été faite par un Griffeur. J'imagine cette monstruosité pourfendre le ventre de Jede, et ça me donne envie de vomir une nouvelle fois. Mais je n'ai plus rien à vomir.
Davie. Si tu les sauves, si tu te sauves, ça n'aura pas été vain. Fais – le. Sauve – les, répète la voix dans ma tête.
Je t'en prie. Il faut que tu le fasses. Je te jure que tu peux y arriver.
Je suis en train de devenir folle ! Des voix dans ma tête, à présent ! Eh ben !
Soudain, une main me serre l'épaule. Comme réveillée, je saute sur mes pieds. Jane se tient devant moi, farouchement, le regard effrayé mais sur. Victor est derrière moi, tremblant de tous ses membres, accroché à ma robe comme son seul recours.
Tous mes doutes volent en éclats dés que je voix son air apeuré et ses yeux bleus me regarder avec cette lueur.
Je le prend dans mes bras alors que du coin de l'oeil, je vois le Griffeur avancer, maintenant face à Jane. Horrifiée, je tente de la pousser hors de sa porté, mais soudain, le monstre ouvre sa bouche, des filets de bave éclaboussent la tête de l'infirmière impuissante. Sa gueule est rouge sang, sauf ses dent, petites et pointues, remplissant sa bouche de plusieurs rangées.
Tout se passe très vite.
Il lève son bras au dessus du corps de Jane, alors que celle – ci se met à pleurer et à murmurer : « que le cauchemar s'arrête... que le cauchemars s'arrête... », comme une prière floue. Mes yeux s'écarquillent, je pose ma main sur les yeux du petit garçon. Je transpire de tout mon corps.
En moins de cinq secondes, sa main griffu s'abaisse vers Jane, et d'un seul coup, il lui plante une griffe de 20 centimètres dans la tête. Aussitôt, Jane tombe à terre, secouée de violents spasmes. Ses yeux deviennent alors blancs. Une gerbe de sang sors de son crâne, le griffeur retire la griffe brusquement.
Elle est allongée sur le sol, sans vie. Ses spasmes se sont arrêtés. Je la regarde, sans en croire mes yeux. Il y à du sang partout, souillant son visage, coulant dans sa bouche grande ouverte. Ses cheveux bruns en sont enduits. Autour d'elle, une flaque se forme, s'agrandit, s'étire. Du sang. Du sang partout.
Elle est morte.
Mon cri se bloque dans ma poitrine, comprimant mes muscles, me filant la nausée. Je sens mes jambes flageoler.
J'entends à peine le Griffeur parler à un autre dans une langue inconnue, qui ressemble à des gargouillis.
Je devine que je suis très pâle, que mes poils sont hérissés, que mes yeux sont dégoûtés. Je ne peux pas y croire... C'est impossible, c'est révulsant, c'est...
Ma colère est si forte, que je sens que je peux utiliser mon don pour nous sauver tout les deux, maintenant que ma force est ravivé par ma rage et ma révolte. J'aimerais tous les tuer, tous ces Griffeurs de merde. Je jette un dernier regard au corps de Jane que je ne reconnais pas. Je n'y vois qu'un cadavre rouge.
Un trou dans le mur. Il va y avoir un trou dans le mur. Un trou qui mènera à l'extérieur de la salle.
Jamais je n'ai utilisée comme ça mon pouvoir. Il faut que ça marche. Il le faut.
Un trou dans le mur.
Rhaaaaaaaaaaaaa !!!
Il va y avoir un trou dans le mur. Un trou qui mènera à l'extérieur de la salle.
Putain de merde, il va y avoir un trou dans le mur !!!!!
Mon cerveau crépite, je sais que mon don est là, je le sens. Mes mains me brûlent, mais ma tête est froide et dur comme de la pierre. Un point semble être touché quand je répète Un trou dans le mur, et sans même me retourner, je sais que ça à marcher.
Alors, je resserre mon étreinte sur le garçonnet, et file à ma gauche, passant devant le nez des monstres. Mes jambes sont endolories et douloureuses, mais ma volonté et ma peur sont assez fortes.
Devant moi, dans le mur, s'est créée une crevasse. Tellement large que je peux y passer, tellement profonde que je peux passer dans le couloir. Je saute dans le trou sans regarder en arrière, même si je sens un horrible froid dans mon dos. Une fois dans le trou, je ne m'arrête pas, et saute de l'autre côté du mur.
Je regarde à droite, à gauche, prise par une nouvelle force en moi. Sans réfléchir, je tourne à gauche, mes pieds frappent le sol avec rapidité, je vais le plus vite possible, sans un regard par dessus mon épaule. Victor est accroché à mon cou, ses boucles me chatouillent le menton. Je monte une escalier, tourne encore, sans savoir ou aller. Cet hôpital est un labyrinthe. Alors que j'entends des bruits de pas, lourds et cadencés, derrière moi, j'aperçois une armoire coulissante dans le couloir. Je cours vers elle, ouvre la porte. Tout est si rapide. Il faut que ce soit rapide.
Il y à des produits, des flacons, des blouses... Et assez de places pour Victor. Bon. C'est ma seule option pour lui.
Je le mets dedans, entre un uniforme de médecins et une valise de papiers volants. Il essaye de sortir, épouvanté.
- Non, reste là ! Écoute, il faut pas que tu bouges d'ici. Je reviendrais te chercher, promis, dis – je d'un voix enrouée. Mais pour l'instant, reste là. Ne fais pas de bruit.
- Promis ?, demande t-il d'une toute petite voix, méfiant.
- Promis ! Mais ne sors pas ! Et...
Mais je n'est pas le temps de poursuivre ma mise en garde, car les bruits se font plus proches. Je referme d'un coup sec l'armoire et me remet à courir pour échapper aux monstres.
Je ne sais plus depuis combien de temps je cours, mais c'est trop.
Je finis par m'effondrer de fatigue, de faim et de peur, ma tête cognant le sol avec violence.
***
Bonjour ! J'espère que ce chapitre vous a plu ! Sachez qu'avec les vacances, j'ai moins le temps d'écrire, je suis donc désolée si les chapitres vont être plus lents à sortir... Merci d'avoir lu