L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

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annabethfan

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Salut ! Chapitre en retard sorry ^^ J'espère que vous l'aimerez !

Sinon, info capitale de ma semaine : Spider-Man No Way Home est juste dingue ! Mais foncez le voir si c'est pas déjà fait, franchement j'ai adoré et la salle a hurlé pendant 2h30 c'était une ambiance de malade haha !

Pour la citation du jour, c'est une chanson de Hoshi que j'écoute en boucle depuis un moment. Elle est juste sublime, je recommande si vous ne connaissez pas. Je lui emprunte le titre au passage.

Bonne lecture ^^

************************************


Chapitre 32 : Amour censure


« Au placard, mes sentiments

Surtout ne rien dire et faire semblant

[...]

Travestir qui je suis vraiment

Faire taire la rumeur

Les mots sont tranchants »

- Hoshi -


// 20 janvier 1980 //

Sans surprise, il s'avéra que Noah était très doué pour l'éviter.

Julian aurait dû anticiper ce talent qu'avait Noah de s'infiltrer dans sa vie et de s'en retirer tout aussi vite, comme de la fumée impossible à attraper avec les mains. Depuis la veille, il tentait d'accrocher son regard dès qu'ils étaient dans le dortoir pour qu'il s'attarde alors que les autres sortaient, mais Noah était le premier à filer au petit déjeuner et le dernier à rentrer le soir. Dans la journée, il n'était jamais seul. Soit ils étaient en cours – et encore ils ne les avaient pas tous en commun – soit il restait accroché à Othilia – cette dernière semblait ravie de l'attention subite que lui portait son petit ami – soit ils étaient tous ensemble à travailler sur le moyen de briser le Rituel d'Ancrage.

Les autres ne paraissaient pas vraiment avoir remarqué de changement, mais Julian ne pouvait pas leur en vouloir. A leurs yeux, Noah et lui ne devaient pas être si proches que ça mis à part leur lien par le dessin et tous leurs moments avaient eu lieu à deux, sans personne autour. La seule qui semblait suspicieuse était Aileen. Depuis son anniversaire – et le baiser sous le rocher – elle lui jetait des coups d'œil étrange et Julian était sur les nerfs. Il se demandait si elle savait... Mais c'était impossible. A moins que Noah lui en ait parlé – il ne voyait pas pourquoi – elle n'avait aucun moyen de savoir : ils avaient été seuls ce jour-là. Surtout, si elle savait, elle serait sans doute venue lui dire quelque chose. Il le redoutait, mais Aileen ne disait rien. Elle se contentait de le fixer, interdite, avant de se remettre à agir normalement, même si son sourire joviale avait souvent l'air forcé.

Malheureusement, Aileen n'arrivait pas à chasser ses autres inquiétudes de son esprit. En fait, il avait tellement qu'il n'arrivait plus à les dénouer et ses émotions ne formaient plus qu'un énorme nœud douloureux partout dans son corps. Son ventre, sa gorge, sa tête... Il avait mal partout, comme si son angoisse s'infiltrait jusque dans ses organes et dans ses muscles. Il avait besoin de parler à Noah. Il avait besoin de savoir ce qu'il pensait, ce que ce baiser avait signifié pour lui... Au fond, Julian ne savait même pas ce qu'il voulait. Que Noah lui dise que tout ça n'avait été qu'un malentendu et qu'ils pouvaient l'oublier ? Ou au contraire que ce qu'ils avaient partagé était réel ?

La veille, après sa discussion avec Charlotte sur la soi-disant malédiction des Douzebranches, il avait passé une heure assis sur son lit à relire le paragraphe de son cours de Droit qui le hantait : « 1950 : Dépénalisation des pratiques sexuelles déviantes, aussi connues sous le terme Loi des Mauvaises Mœurs. L'homosexualité est désormais considérée comme un trouble mental par le Conseil National des Guérimages ». Cette Loi des Mauvaises Mœurs faisait écho à celle des Bonnes Mœurs qui pénalisait purement et simplement les relations déviantes. Julian supposait que c'était une amélioration : il ne risquait plus la prison, simplement l'internement psychiatrique et le jugement de toute la communauté sorcière.

Il ravala la boule chauffée à blanc dans sa gorge. Non, ce n'était pas amélioration. C'était juste terrifiant. Il aurait aimé pouvoir en parler à quelqu'un... Matthew, Leonidas, son père, Charlotte... Même Théa, Aileen ou Liam. Mais l'idée même de devoir avouer quelque chose comme ça le pétrifiait autant qu'un regard de basilic. C'était impossible. La seule personne avec qui il pouvait espérer en parler, c'était Noah lui-même.

Et sa chance se présenta juste après le déjeuner.

Techniquement, il avait cours de Sortilèges à cette heure-ci, mais il avait demandé à Aileen de l'excuser auprès du professeur Fleming, prétextant un mal de tête. Ce qui n'était pas totalement faux : Noah était devenu sa migraine personnelle. Inquiète, Aileen avait voulu l'emmener à l'infirmerie, mais il lui avait assuré qu'il avait simplement besoin de dormir un peu et qu'il irait se reposer dans le dortoir. Elle n'avait pas paru extrêmement convaincu et lui avait jeté un nouveau regard suspicieux avant d'abandonner. Et il était donc rentré au dortoir.

Quand il poussa la porte, il découvrit cependant qu'il n'avait pas été le seul à avoir cette idée. Noah était assis à son bureau, un genou replié contre son torse, et dessinait distraitement. Dès qu'il entendit la porte s'ouvrir, il releva les yeux. Et il se crispa. Ouais, bienvenu au club, songea Julian avec ironie. Il ne voyait pas pourquoi il devait être le seul à être à vif à cause de la situation.

Un silence inconfortable s'étira de longues secondes sans aucun d'eux n'ose le briser, puis Noah se râcla la gorge.

- Hey... souffla-t-il.

- Salut...

« Salut ». Julian eu envie de s'enterrer sous le château. Il n'avait rien trouver de mieux. Noah lui-même parut surpris, puis un sourire amusé se dessina sur ses lèvres.

- Respire, Jules. J'ai l'impression que tu vas me faire une crise cardiaque.

Il sentit le rouge lui monter aux joues. Instinctivement, il inspira profondément et l'étau qui enserrait sa poitrine se détendit. Respirer... C'était aussi le conseil que Noah lui avait donné quand il lui avait pris la main pendant le match. Ce moment paraissait presque insignifiant maintenant face à ce qui s'était passé sous le rocher.

- Non, non, ça va, dit-il d'une voix rauque. Hum, je m'attendais juste pas à ce que tu sois là aussi...

- Quoi ? A sécher le cours de Fleming ? C'est moi qui m'attendait pas à te trouver là.

Julian lui accorda le point. Des deux, il supposait qu'il était effectivement le moins susceptible de sécher les cours, ce qui ne lui était jamais arrivé au passage.

- J'avais mal à la tête, se justifia-t-il malgré tout.

Noah ne parut pas convaincu. Il baissa à nouveau les yeux sur son dessin.

- Si tu le dis...

- Et... et toi ? Pourquoi t'es resté là ?

- Pour t'éviter ? lança Noah sur le ton de l'évidence.

La pique, aussi mordante que réaliste, traversa Julian douloureusement. Le fait que Noah ne prenait même pas la peine de le regarder était pire que s'il lui avait accordé son attention et il se retrouva figé sur place sans savoir comment réagir. Il aurait dû se préparer psychologiquement avant de l'affronter, mais il avait été pris par surprise. Il tenta de se recomposer un visage neutre.

- M'éviter ne pas va faire grand-chose, on partage un dortoir, on se voit tous les jours... Va bien falloir parler à un moment ou un autre, plaida-t-il.

- Et bien un autre alors. Je suis occupé là.

Comme si ce n'était pas assez évident, il leva son crayon au-dessus de sa tête en l'agitant dans un geste équivoque. Julian se retint de lui arracher des mains.

- Je pense que notre discussion est plus importante que ça, tu crois pas ? s'exaspéra-t-il.

- Ca dépend du point de vue. Est-ce qu'on a beaucoup de choses à dire ?

- Moi j'en ai en tout cas.

D'un coup de baguette, il veilla à fermer la porte, puis jeta un Assurdiato par acquis de conscience. Noah haussa un sourcil.

- T'es sûr que tu veux parler là ou t'essayes de me dire quelque chose ? dit-il d'un ton suggestif.

Pris au dépourvu, Julian rougit immédiatement, puis soupira avec agacement.

- Arrête... Je suis sérieux.

- Comme d'habitude ! (Noah reposa son crayon en le jetant négligemment sur le bureau). C'était quoi le sort que tu viens de jeter ? Ca évite qu'on nous entende ?

- Assurdiato ? Oh oui... Hum, c'est un sort que j'ai entendu à Pourdlard. Un élève plus âgé l'a lancé un jour à côté de moi à la bibliothèque et j'ai eu les oreilles qui bourdonnaient après. J'ai essayé de le reproduire et j'ai réussi. Je pense qu'il a dû l'inventer...

Avec le recul, il se trouvait irresponsable, surtout que l'élève en question était Severus Rogue, un Serpentard de l'année des Maraudeurs à l'air toujours sombre et brumeux et que le sort aurait pu mal tourné. Mais Julian aimait les défis, surtout ceux qui concernaient les sortilèges, et il avait eu envie de le reproduire : il avait réussi du premier coup. Fort de sa découverte, il l'utilisait quand il en avait besoin avec parcimonie, juste au cas où, mais une discussion comme celle qui allait suivre était une situation d'urgence.

Dans les yeux de Noah, il lut malgré tout une pointe d'admiration et son orgueil s'en trouva flatté, même s'il ne l'aurait jamais reconnu. Défait, Noah parut toutefois considéré que les risques étaient écartés et il hocha la tête.

- Ok, très bien, on va parler, céda-t-il. Hum...

Pendant une seconde, il sembla déstabilisé lui aussi. Julian fit pianoter ses doigts le long de sa jambe.

- On peut peut-être s'asseoir ? suggéra-t-il finalement. Pour mieux... parler ?

- Je suppose...

A nouveau, il y eu un moment de flottement. Ils regardèrent tous les deux leur lit respectif et Julian s sentit soudain mal à l'aise à l'idée de s'assoir avec Noah dessus, puis ils avisèrent leur chaise de bureau, si formelle, avant qu'il ne désigne le sol en une proposition muette.

- Ouais, très bien, marmonna Noah.

Il s'assit en tailleur, le corps tendu comme s'il était prêt à se relever d'un bond, et Julian l'imita. Le problème, c'était que maintenant qu'il avait Noah en face de lui, il ne savait plus par quoi commencer. Trop de choses se bousculaient dans sa tête.

- Je croyais que t'avais plein de choses à dire ? lança Noah, impatient.

- Je croyais aussi...

- Jules, sérieux, est-ce qu'on peut juste... ?

- Non, je ne peux pas oublier. J'ai essayé et ça fait deux jours que j'y pense. Je veux... je veux savoir ce que tu penses toi aussi...

- Est-ce que ça importe même ?

Julian le dévisagea. Sa réponse jaillit avant qu'il ait songé à faire semblant :

- Oui ! Evidemment que oui, je veux dire...

- Mais qu'est-ce que ça peut te faire ? coupa Noah. Ça nous donnera pas un choix pour autant. Ce qu'on a fait... (il détourna les yeux). C'est illégal. Ça l'était il y a deux jours, ça l'est encore aujourd'hui, et ça le sera demain. Alors de quoi tu veux qu'on parle ? De quel hôpital psychiatrique on va partager ?

Les mots, cruels de vérité, l'atteignirent en pleine poitrine. Il inspira douloureusement. La menace d'être considéré comme déviants par le Conseil National des Guérimages aux Etats-Unis, mais aussi par tous les Médicomages anglais de l'autre côté de l'Atlantique, lui pesait aussi.

Julian ne trouva rien à répondre pendant plusieurs secondes, le temps pour Noah de remplacer son crayon par une cigarette. Il réussit à refaire fonctionner sa voix quand il l'alluma.

- Donc quoi... ? dit-il, perdu. C'était juste comme ça, un moment d'égarement... ?

- Je ne sais pas, Jules... Vois ça comme un jeu si tu veux.

Un jeu. A nouveau, le mot lui tordit le vendre. Noah devait avoir raison. Au moins avec un jeu, il n'y avait pas de réelles conséquences. Rien ne pouvait arriver tant que vous respectiez les règles d'un jeu. Mais justement, Julian n'était pas sûr qu'ils aient respecté les règles, c'était même tout l'inverse, et il se mordit l'intérieur de la joue devant cette constatation.

- Tu veux arrêter deux secondes d'être évasif ? s'agaça-t-il. On dirait que tu te défiles ! Alors que c'est toi qui... enfin tu sais !

- Moi ? répéta Noah en haussant un sourcil. Non, je ne sais pas, mais vas-y éclaire ma baguette.

Visiblement, il avait décidé de continuer à se dérober. Ou peut-être continuer à jouer. Julian retint un juron.

- Merlin, bien sûr que si tu sais. Depuis que je suis arrivé à Ilvermorny, tu lances des remarques, des regards, des sous-entendus... Et avant-hier sous le rocher, c'est toi qui a... Enfin c'est toi qui m'a embrassé !

Voilà, le mot tabou était lâché. Il lui brûla les lèvres aussi sûrement que celles de Noah l'avaient fait au cœur de la source d'eau chaude et il détourna les yeux à son tour. L'odeur âcre du tabac s'enroulait autour de lui, renforçant sa nausée, mais il n'osa pas demander à Noah d'éteindre sa cigarette. Si ça pouvait lui calmer les nerfs à lui...

- Alors pourquoi... ? reprit-il d'une voix horriblement plaintive qu'il détesta. Je veux juste savoir pourquoi... Si c'est un jeu, je ne comprends pas ce que tu voulais...

- Je ne sais pas non plus, admit Noah, mal à l'aise. Pour voir, j'imagine. Pour voir ce que ça faisait avec un mec, c'est tout. Pas besoin de te prendre autant la tête, Jules.

- Mais...

- Mais quoi ?

Le ton sec de Noah le piqua. Sa colère se heurtait maintenant à sa peur pour se transformer en vague de frustration submergeant le reste. Noah avait peut-être le droit d'être imbuvable comme ça avec les autres, mais il estimait qu'il lui devait une explication et il n'allait le laisser se cacher derrière ses remarques acerbes comme il semblait en avoir l'habitude.

- Dans la grotte, t'as dit... tu as dit que t'aimais briser les règles parce que c'était justement interdit, mais que là ça avait peut-être aussi un rapport avec moi. (Il accentua le dernier mot pur faire bonne mesure). Que toi aussi t'avais senti qu'il « se passait quelque chose » entre nous ?

- T'as vraiment tout retenu bon sang...

- Esprit de Serdaigle.

Noah secoua la tête, désabusé.

- Tu m'accuses de quoi là, Jules ? D'être comme Zack Ledwell ? cingla-t-il finalement. Quelqu'un t'as parlé des rumeurs qui avaient circulé sur lui et moi ? Parce que c'était faux et...

- Quoi ? Quelles rumeurs ? Comment ça Zack et toi... ?

Pris complètement au dépourvu, il dévisagea Noah qui le regarda avec suspicion, comme s'il se demandait s'il se moquait de lui ou non, mais son cerveau se contenta de se figer. Il revit Manfred Sullitzer penché au-dessus de Zack Ledwell, les poings en sang, alors qu'il lui jetait « espèce de pédé » à la figure. Il avait mieux observé les attitudes de ses camarades depuis et il avait remarqué que certains jetaient des coup d'œil de travers vers le capitaine de Quidditch malgré son groupe d'amis soudés. Certains ne se cachaient même pas et chuchotaient sur le passage de Zack, imitaient ses manières pour s'en moquer, ou changeaient de place au Réfectoire. Personne n'avait jamais eu les mêmes réactions envers Noah, mais si Julian avait appris quelque chose depuis son arrivée, c'était qu'il ne savait pas tout ce qui s'était passé par le passé.

Finalement, Noah parut réaliser son erreur et il tira nerveusement sur sa cigarette.

- Rien, laisse tomber, marmonna-t-il.

- Non, non, attends qu'est-ce que... ?

- Rien, on était juste amis et les gens se sont mis à parler, c'est tout. Et c'est ce qui va arriver avec nous si on n'est pas prudents.

Julian devina qu'il ne lui disait pas tout. Il aurait voulu insister, mais Noah avait soulevé un autre point important et il se concentra dessus, le cœur battant.

- Prudents... ? Tu veux dire que des gens pensent que... ? Toi et moi ?

- Non, pas que je sache. Mais ça pourrait arriver. Et c'est hors de question, d'accord ?

- Donc on oublie ? Ce qui s'est passé ?

- Jules... Qu'est-ce que tu veux que je te dises ? Que j'ai envie que ce qui s'est passé se reproduise ? Que je pensais ce que je disais quand j'ai dit que j'étais prêt à enfreindre les règles pour toi ? Que je voudrais continuer le jeu ? Je peux te le dire, mais ça nous avancerait à quoi puisque tu vas ressortir de ce dortoir en me disant que tu ne veux plus me parler ?

Une expression de contrariété tomba sur le visage de Noah dès qu'il se tut, comme s'il se fustigeait déjà d'avoir laissé échapper ces paroles, mais Julian sentit son cœur battre un peu plus irrégulièrement. Il commençait doucement à comprendre le personnage de Noah Douzebranches, surtout sa peur de l'instabilité et de l'abandon. Pas étonnant avec une mère qui était déjà partie tant de fois et ne cessait de revenir et de partir. Et s'il arrivait à lire entre les lignes à cet instant, c'est exactement ce que Noah redoutait à l'heure actuelle.

- Qui a dit que je ne te parlerai plus ? souffla-t-il. Je ne fais que ça de vouloir parler ! J'ai besoin de comprendre, d'accord ?

- Justement, t'as toujours besoin de comprendre sauf que parfois... c'est juste comme ça. On s'est embrassés pour voir ce que ça faisait et maintenant on passe à autre chose.

- Mais...

- Jules, t'as l'air de croire que si on en parle pour comprendre ce qui s'est passé, ça rendra le baiser moins interdit. T'as l'air de croire que ça ferait pas de nous des... tu sais quoi, dit Noah avec un vague mouvement de main avant de tirer une nouvelle bouffée de sa cigarette. Ça ne changera rien. Je ne suis pas comme Zack, ok ?

Julian déglutit. Merlin, il avait l'impression de se prendre coups sur coups, les oreilles bourdonnantes, comme s'il était lui-même sous l'emprise de l'Assurdiato. Il repensa soudainement à ce que Zack avait dit lorsqu'il l'avait trouvé après son agression : « Ca n'a jamais été des rumeurs, McCallum, tu le sais. Je n'ai jamais voulu me cacher non plus ». Elle était peut-être la clé, la différence... Il releva les yeux pour fixer Noah, une nouvelle détermination au creux du ventre.

- Moi non plus je ne suis pas comme Zack, affirma-t-il, incertain. Mais c'est ce que t'as dit, non ? C'est en jeu sans conséquence ? Donc ce n'est pas la même chose que lui ?

- Oui, je suppose... dit Noah, soudain intéressé.

Incapable d'exprimer plus loin sa pensée, Julian se contenta de le fixer avec intensité. S'il le fixait en pensant assez fort, peut-être que Noah allait réussir à comprendre ce qu'il voulait dire. Et par miracle, ce fut le cas. Du moins, une lueur équivoque s'alluma dans les yeux bleus de Noah. Tête penchée sur le côté, il paraissait réfléchir à toute vitesse et Julian suivit le mouvement de ses boucles dès qu'il bougeait, nerveux.

- Non, t'as raison, ce n'est pas la même chose. C'est une sorte... d'expérience.

- D'expérience ?

- Ouais, tu dois aimer ça, toi, les expériences ? C'est un truc d'intello, non ?

Il fronça le nez devant le terme.

- Si on peut dire...

- Et donc une expérience doit être menée sur la durée, tu ne penses pas ?

- Hum, je suppose... accorda-t-il, bien conscient de la direction vers laquelle Noah était en train de les amener.

Une expérience, des limites dépassées, un jeu, des règles brisées... Ce qu'ils étaient en train de faire avait d'un coup beaucoup de noms pour qualifier la même chose : une envie qui se lovait au creux de sa poitrine et dont il ne savait pas quoi faire, qu'il n'avait même jamais ressentie, et certainement pas avec Hanna. Penser à elle lui fit l'effet d'un nouveau coup.

- Et Hanna ? murmura-t-il. Othilia ? Tu... tu lui as parlé ?

Noah parut brusquement alarmé.

- Non, bien sûr que non ! s'exclama-t-il. T'es fou ? On ne peut pas en parler ! A personne. Tu m'entends, Jules ? (Il écrasa sa cigarette contre la colonne en bois du lit d'Enjolras). T'as rien dit à personne, pas vrai ?

- Non, évidemment... Je n'ai rien dit non plus. Mais... Othilia et Hanna, ce n'est pas juste... ?

- Elles n'ont pas besoin de savoir, ce n'est pas grave. Je veux dire, ce n'est pas pareil entre nous et avec elles. Ça ne compte pas.

A la mention d'un « nous », Julian sentit son cœur remonter un peu plus dans sa gorge. Il essayait de ne rien laisser paraître pour que Noah ne se rende pas compte de ce que ces mots provoquaient chez lui, mais son expression lui faisait comprendre qu'il n'arrivait pas si bien que ça à donner le change. Il songea quelques secondes à ce que Noah venait de dire. « Ce n'est pas pareil avec elles ». Peut-être, oui... Hanna avait toujours été son amie et il culpabilisait de lui cacher des choses, mais il n'avait effectivement jamais ressenti ce qu'il était en train d'expérimenter à l'heure actuelle.

- Mais avec Othilia... Enfin, t'es avec elle depuis deux ans...

- Calme-toi, je n'ai pas dit que j'allais la quitter, c'est hors de question. On n'est pas comme Zack, rappelle-toi.

- Alors ça veut dire que... ?

- Que tu restes avec Hanna, je reste avec Othilia, et tout le monde sera content. C'est juste différent entre nous, c'est tout.

Julian hocha la tête. Il était mal à l'aise face à ce plan et il voyait bien que Noah, malgré sa façade assurée, l'était aussi. Même si les choses étaient différentes entre eux, il en savait assez sur les relations amoureuses pour savoir que ni Hanna et ni Othilia n'approuveraient ce qu'ils étaient en train d'élaborer. En réalité, Julian commençait même à se demander précisément ce qu'ils étaient en train d'élaborer tant les choses lui paraissaient peu claires.

Pourtant, Noah semblait avoir trouvé la brèche qu'il voulait et il s'y engouffrait plus profondément. Sa réserve était moins prégnante. Comme preuve, il poussa l'audace à se rapprocher jusqu'à venir s'assoir face à lui, si proches que leurs genoux s'entrechoquèrent une seconde et Julian se crispa. Ils n'étaient plus dans l'obscurité de la grotte, loin des regards. Ils étaient dans leur dortoir avec la lumière du soleil qui les éclairait pleinement et il pouvait distinguer chaque traits de Noah, chacune de ses boucles noirs, chacun de ses regards un peu trop insistants qui se perdaient vers ses lèvres. Il fit un effort pour se rappeler que la pièce était fermée et insonorisée.

Juste toi et moi... songea-t-il en se rappelant des mots de Noah sur le toit d'Ilvermorny.

Peut-être qu'il avait raison. Peut-être qu'ils étaient différents mais à leur manière, pas à celle de Zack Ledwell, et que ce qui se passait entre eux n'était qu'un jeu et une expérience à tenter. Si ce n'était que ça, ce n'était pas bien grave. Ça n'en avait pas l'air du moins, mais Julian ne savait plus s'il tentait de se persuader lui-même ou si c'était la vérité...

- Juste différent, répéta-t-il avec conviction en ignorant sa voix mal assurée. Ça me va...

- Vraiment ?

- Oui, je crois...

Noah plissa les yeux. Il se pencha jusqu'à envahir son espace personnel et dit fermement :

- Je veux que tu sois sûr, Jules. C'est toi et moi ou rien. Personne ne doit savoir, personne ! Ni Liam, ni Aileen, ni Hanna, ni Matthew. On n'est pas ensemble, on n'est pas comme Zack. C'est juste un jeu, voir ce que ça fait... Tu comprends ?

Incapable d'articuler le moindre son, Julian hocha la tête. Noah le regardait comme s'il le mettait maintenant au défi de reculer ou de désamorcer ce qu'il avait lui-même entamé. Parce qu'il le savait : il était venu de lui-même demander des comptes à Noah, il le voulait autant que lui, mais il n'avait pas sa personnalité effrontée pour aller jusqu'au bout de leurs négociations étranges. Il admira un peu plus Noah pour ça.

Julian aimait son assurance. Sûrement parce qu'il ne la ressentait pas lui-même. Mais l'assurance de Noah était réconfortante. S'il osait poser les termes de leur contrat – de leur relation qui n'en était pas une – c'était que quelque chose était quand même possible. Ils n'avaient pas besoin d'être comme Zack pour cela. Ce que Noah lui offrait, c'était une voie détournée et Julian était trop soulagé de pouvoir l'emprunter pour s'attarder sur les détails.

- Donc on est d'accord ? s'assura Noah, à nouveau habité par une énergie nerveuse. C'est juste une expérience ?

- Une expérience, oui... Juste toi et moi, personne ne doit être au courant, et on fait comme si de rien était en dehors de...

« Nos moments ? » termina-t-il dans sa tête avec incertitude. Il ne savait pas bien comment expliquer, mais Noah parut comprendre car il acquiesça à chacun des points. Julian déglutit. Il avait conscience que leur accord comportait une zone d'ombre : expérimenter sous-entendait un aspect physique qui l'attirait et l'effrayait en même temps, mais le terme excluait au contraire l'aspect des sentiments. Et Julian ne savait pas quoi faire de ça. Il ne connaissait pas Noah si bien que ça, pas encore. Il continuait à le découvrir chaque jour et parler de sentiments serait excessif, mais il ressentait une forte d'attirance et de fascination pour ce garçon qui ne se laissait pas restreindre par ses peurs et les rumeurs... Il venait de le lui prouver après tout.

Mais peut-être que Noah avait ignoré la question de leurs sentiments sciemment parce que pour lui cette question ne se posait justement pas. Peut-être que ce que Julian n'arrivait pas à ressentir pour Hanna, Noah le ressentait pour Othilia. Rien qu'à cette idée, son ventre se serra un peu plus, mais il garda le silence. Il ne pouvait rien dire. Leur pacte reposait sur cette dynamique, il ne pouvait pas le remettre en cause maintenant qu'il avait accepté.

Et alors que Noah se penchait vers lui, toujours si proche – toujours plus proche – Julian mit un point d'honneur à ignorer le sentiment de triomphe en demi-teinte qui s'agitait en lui.

Ce second baiser n'avait rien à voir avec le premier. Celui sous le rocher, il avait eu le corps saturé de sensations à cause de l'eau et du besoin de rester accroché au bord en pierre pour se maintenir à flot. A cet instant, il pouvait se concentrer uniquement sur Noah. C'était une sensation dévorante qui n'apaisait en rien la douleur de son ventre ou la boule dans sa gorge, mais qui répondait à un tiraillement et à une envie cachée au fond de lui. Ou du moins qui avait été cachée. Il supposait que c'était de moins en moins vrai. Dans tous les cas, dès que leurs lèvres se rencontrèrent, il eut l'impression de perdre l'équilibre et il posa ses mains sur les genoux de Noah pour avoir un ancrage concret. Un souffle qu'il retenait depuis plusieurs secondes lui échappa... Il se mit à mouvoir ses lèvres contre celles de Noah dont l'eau de Cologne lui emplissait les sens. C'était incroyable ce qu'un acte si physique pouvait avoir comme symbolique.

« Toi et moi ».

Ce n'était pas grand-chose, mais à cet instant la phrase résonnait profondément en lui. Son corps se calquait sur les réactions de celui de Noah, c'étaient deux entités en miroir qui se répondaient. Il voulait faire battre le cœur de Noah aussi fort que le sien battait, il voulait lui voler sa respiration aussi sûrement qu'il lui coupait la sienne, il voulait l'embrasser avec autant d'ardeur que celle qu'il ressentait dans la pression que Noah mettait contre ses lèvres.

Il ne regretta soudain pas sa promesse de ne rien dire à personne. Il n'en avait aucune envie. Ce qu'ils vivaient n'appartenait qu'à eux. Aucun guérimage ni aucun élève n'avait de droit dessus. La peur ne s'effaçait de toute façon pas. Il savait que dès qu'il reculerait et détacherait ses lèvres de Noah, la peur allait revenir le saisir dans ses griffes, mais pour l'instant il voulait en profiter. Il appuya un peu plus ses paumes contre les genoux de Noah pour se donner un appui et approfondit le baiser, ce qui lui valut de tirer un bruit sourd de la gorge de Noah qui lui envoya un frisson le long de l'échine. Un baiser avec Hanna n'avait jamais été aussi physique dans le bon sens du terme... Ce n'étaient pas juste des lèvres qui se touchaient, insipides, c'était tout son corps qui ressentait.

Quand il recula enfin, le souffle court, il lut la même chose dans les yeux de Noah. Il sut qu'il n'était pas le seul à ressentir ce qu'il était en train de ressentir, mais surtout Noah n'avait pas peur. C'était sans doute leur différence : maintenant que Noah avait réalisé qu'il n'était plus seul à ressentir ce désir étrange, il traitait cette expérience sans peur, avec audace. Julian n'était pas certain d'en être encore à ce point...

Mais après tout, Noah était l'héritier d'un nom maudit, d'une mère absente et d'un père inconnu. Il avait le poids de tout cet héritage en lui et pourtant il paraissait défier la terre entière d'un seul regard. Alors ce n'était peut-être pas étonnant qu'il réagisse ainsi.

Les lèvres encore piquantes de la sensation du baiser, Julian inspira un souffle tremblant.

- Merlin... dit-il en rétractant ses mains, les joues rouges.

Noah eut un vague sourire amusé et haussa un sourcil.

- Je crois qu'on peut dire que c'est une expérience concluante, non ? nargua-t-il.

**

*

- Bon sang, où est-ce que vous étiez ? attaqua immédiatement Liam dès qu'ils passèrent la porte d'Alberta, leur salle de travail.

Noah se glissa derrière Julian, tendu. Les cours du matin étaient terminées depuis un moment, mais ils n'avaient pas vu le temps passé à cause de leur discussion et de leur... expérience. Et évidemment, il avait complètement oublié que le groupe devait se réunir pendant le déjeuner. Décidant de jouer sa carte habituelle avec Liam, il répondit sur le même ton mordant :

- Ca te concerne, Cooper ? Tu ne peux pas bosser tout seul ?

- Je n'étais pas seul, j'étais coincé avec la moitié de la clique royale, rétorqua-t-il en désignant tour à tour Théa et Othilia, chacune plongée dans leur tâche. Et ça fait trente minutes qu'on y est. (Il se tourna vers Julian). Je m'attendais à plus de ponctualité de toi, l'intello. Tu ne peux pas encore blâmer le décalage horaire.

- Désolé, j'avais mal à la tête, j'ai traîné au dortoir... Mais on va s'y mettre, t'inquiète pas. Où est Aileen ?

Soulagé que Julian arrive à mentir sans que ça ne soit trop évident, Noah remarqua seulement maintenant l'absence de la Représentante canadienne. Il tourna sur lui-même comme si elle allait apparaître.

- Aucune idée, dit Liam en haussant les épaules. Elle m'a planté à la fin du cours de Sortilèges. D'ailleurs, Fleming vous demande à tous les deux une justification pour votre absence.

Noah grogna. Contrairement à beaucoup de professeurs, Fleming ne laissait passer aucune de ses absences et lui demandait toujours un justificatif. Il devait reconnaître que c'était peut-être pour ça qu'il séchait moins son cours que ceux des autres, mais il n'avait pas eu envie aujourd'hui de devoir affronter Julian pendant deux heures. L'univers avait de l'humour puisqu'il n'avait finalement pas réussi à lui échapper, même s'il supposait que c'était pour le mieux.

Il n'arrivait toujours pas à croire que Julian ait accepté son accord. Il l'avait proposé sans y croire lui-même, persuadé que son camarade de dortoir allait s'énerver ou le repousser après ce qui s'était passé le jour de son anniversaire sous le rocher. Mais il fallait croire que Julian était plus audacieux qu'il ne le laissait paraître.

- Je te passerai mes notes, lui promit Othilia en relevant la tête de son nécessaire à potions.

- Merci...

Noah la rejoignit près de son chaudron. Il la regarda, tentant d'identifier comment il se sentait vis-à-vis d'elle après son baiser avec Julian. Elle lui paraissait toujours la même : cette fille au carré blond, au profil volontaire, aux idées arrêtées qui prenait la peine de le supporter depuis deux ans. Il ne mentait pas lorsqu'il avait dit qu'il ne voulait pas perdre Othilia. Elle était devenue une constance dans sa vie et il savait que si elle soupçonnait ce qui passait – si elle savait qu'il était sans doute aussi détraqué que Zack Ledwell – il la perdrait.

Sur une inspiration soudaine, il passa un bras autour de sa taille et l'attira contre lui jusqu'à ce que son dos rencontre son torse. Elle laissa échapper un rire surpris, suspendant son couteau au-dessus de ses racines qu'elle était en train de couper.

- Eh tu vas bien ? dit-elle avec un sourire dans la voix. Je croyais que tu m'avais oublié aujourd'hui...

- Non, je suis resté dans le dortoir pour dessiner. C'était juste pour la matinée.

- Oh le dessin évidemment. Et moi qui croyais que tu révisais.

- Lia...

- Je sais, je sais, soupira-t-elle. J'arrête de faire ma Hilda. C'est juste que...

Elle hésita et promena son regard sur le reste de la pièce pour voir si quelqu'un les écoutait, mais Théa et Liam s'étaient remis au travail et Julian feuilletait négligemment le carnet de Marta Steward même si Noah le soupçonnait d'être plus alerte qu'il n'en donnait l'air.

- Que ? encouragea-t-il en déposant un baiser à la base de sa nuque.

L'attention parut libérer sa parole.

- Que je ne te vois plus ces derniers temps, avoua Othilia. Ou que je ne sais pas, t'es distant...

- Mais non...

- Si, je te jure. Soit t'es occupé à dessiner avec Julian, soit on aide avec le contre rituel, et on ne se voit plus tous les deux. Même pendant les vacances...

- Ma mère est venue pendant les vacances... se justifia-t-il.

- Seulement pendant deux jours, Noah, tu ne...

La voix d'Othilia fut couverte par la porte qui se rouvrit un peu trop brusquement et ils tournèrent la tête pour voir Aileen entrer, essoufflée. Liam avisa son amie, moqueur.

- T'as couru depuis la bibliothèque ou quoi ? lança-t-il. Respire, t'es plus rouge qu'un bol de fraises !

- J'ai trouvé quelque chose ! s'écria-t-elle en ignorant Liam. Je pense... je pense que ça un lien avec le Rituel d'Ancrage !

- Quoi ?

Liam s'était avancé vers elle, sourire évanoui, et Noah attrapa la main d'Othilia pour l'entraîner au milieu de la pièce, curieux. Au début, il avait rejoint le groupe d'apprentis détectives pour ne pas être mis à l'écart, mais il devait avouer qu'au fil des semaines il avait voulu en apprendre plus, surtout si ça permettait de retrouver Emilia Cooper. Alors qu'ils se plantaient tous devant Aileen, il ne manqua pas les yeux de Julian qui dévia une seconde sur sa main enlacée à celle d'Othilia et il lui jeta un regard d'avertissement. Julian se détourna immédiatement.

- Qu'est-ce que t'as trouvé ? demanda-t-il à Aileen comme si de rien était.

- J'ai été à la bibliothèque, haleta-t-elle, une main pressée contre son flanc. Maintenant qu'on sait que le rituel qu'on cherche à contrer est un Rituel d'Ancrage, je me suis dis que ça sera plus simple de trouver des informations et j'avais raison. En plus du carnet de Martha qui mentionne exactement notre rituel, j'ai trouvé deux autres ouvrages théoriques sur les Rituels d'Ancrage en général.

- Et ils sont utiles ?

- Pas vraiment. En tout cas, ils ne disent rien de plus que ce que Julian nous avait déjà dessus.

- Il bat même la bibliothèque, fit mine d'admirer Théa.

Julian lui donna un coup de coude.

- Oui, oui, l'intello est hyper impressionnant, dit Liam avec impatience. Mais si les livres ne nous apprennent rien de plus, alors qu'est-ce que t'as appris ?

- En fait, j'ai eu l'idée de regarder les personnes qui avaient emprunté les trois livres avant nous dans les registres. Je n'y croyais pas trop, mais je me disais que ça ne coûtait de rien de vérifier... Si le rituel concerne quelque chose de cacher à Ilvermorny, ce n'était pas impossible qu'on ne soit pas les premiers à chercher. La bibliothécaire a accepté que j'y jette un œil quand j'ai prétexté que ma sœur m'avait demandé de lui ramener des livres qu'elle avait lu pendant ses études et que je voulais m'assurer que c'était bien ceux-là.

- T'as pas de sœur...

- On s'en fiche, la bibliothécaire ne le sait pas ! répliqua Théa. Bon McCallum, crache le morceau ! Qui avait emprunté les livres ?

Aileen se mordit la lèvre. Elle sortit de sa poche un bout de parchemin plié et le leur tendit. Noah eut un mauvais pressentiment en sentant son regard peser sur lui avant de se tourner vers Julian et Théa respectivement. Il attrapa le papier avant que les autres puissent le faire.

- Il y avaient plusieurs personnes qui revenaient, expliqua Aileen avant qu'il ne l'ouvre. J'ai noté leurs noms. Les livres n'ont pratiquement pas été emprunté ou vraiment très peu ces dernières années, mais il y a un pique pour l'année scolaire 1949-1950... Les trois livres ont été empruntés plus de dix fois en quelques mois, toujours par les mêmes personnes qui tournaient entre elles pour le prendre.

- Allez Noah, ouvre, dit Othilia à côté de lui.

Il s'exécuta. Sur le parchemin, Aileen avait noté cinq noms de son écriture arrondie :

Barenne Perrot

Heather Douzebranches

Diego Calderon

Aurelia Grims

Cordelia Grims


*******************************

Ta ta ta... To be continued. Sinon verdict ? N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ^^

Prochain post : lundi 3 janvier - chapitre 33

Bonnes vacances !!
mythik

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par mythik »

Oh my God !! Mais qu'est-ce qu'il s'est passé à l'époque ?? Si ça se trouve, ils ont essayé le contre-rituel, un des geens de la bande est mort et c'est pour ça que Aurelia a fui...
Et Noah et Ju'... Je fangirl intérieurement là ils sont troooop chou <3
Bon par contre, ça va être dur pour eux de se cacher tout le temps mais si c'est pour finir à l'hôpital psychiatrique... En tout cas, bien trouvé l'excuse de l'expérience, j'achète !! :mrgreen:

Bonnes fêtes à tous !!
Scandium

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par Scandium »

J'avais commencé un comm super long le jour de la sortie du chapitre mais j'ai fait une fausse manip et tout s'est effacé. Les mots me manquent pour dire à quel point je suis dèg.
Bon bein je vais reprendre ton chapitre chronologiquement, j'espère que tout va me revenir, j'avais dit des trucs un peu intéressants en plus, ton chapitre m'avait trop inspiré...

Incroyable, la phrase sur la fumée impossible à attraper avec les mains, j'adore !!
Oh c'est vrai, Aileen qui les regarde mal ! Ça j'aime moyen ! Je croyais en toi Aileen ! S'il te plaît, ne me déçois pas !
Ptdr, le fait qu'ils sèchent vraiment en même temps, c'est encore plus suspicieux, ils vont se cramer tous seuls là, les intuitions d'Aileen vont décupler !

Je souligne leur créativité pour éviter de dire les mots gay ou homo : « être comme Zack Ledwell », « ce qu'on a fait », « tu sais quoi » … Homosexuality is the new Voldemort !

Oh, j'aurais bien voulu que tu creuses avec Zack, Julius ! Ça m'intrigue.
En vrai, je pense que là, pour Julian et Noah, on est pas du tout dans une storyline de s'assumer au grand jour, coming-out tout ça tout ça, vu l'époque, leur jeune âge, leur entourage, la situation c'est bien trop compliqué, c'est du suicide. Bon après je suis persuadé qu'ils vont se faire outer donc ça va finir par arriver, ce parcours pour assumer devant les gens, mais sans ça, je les aurais plus vus comme deux gars qui seraient restés au placard pendant des années, qui continuent à se fréquenter malgré leurs mariages et voila. C'est plus simple et moins dangereux de rester cacher quoi, je comprends.
Leur cheminement intérieur, ça serait juste, à la rigueur, qu'ils apprennent à avoir moins honte, être moins dégoûtés d'eux mêmes. J'aimerai bien qu'ils finissent par trouver certains gays un peu stylés, histoire qu'ils aient moins honte de l'être eux même (ils sont peut être bi aussi d'ailleurs, je parle sans savoir). Mais voilà Zack aurait peut être un rôle à jouer la dedans, dans l'acceptation de l'idée que les gays, c'est pas des gens dérangés, il y a des gens badass dans le lot quand même, ils peuvent être fiers de faire partie de cette communauté. Peut-être que Julian peut découvrir que Dumbledore l'était par exemple. Enfin je sais pas, c'est pas moi l'autrice je m'emballe un peu, j'ai trop pris la confiance mdr.

En tout cas, je trouve vraiment que la solution que tu as choisi pour leur relation est vraiment la plus réaliste. Ce truc de jeu, d'expérience, qu'ils partagent en secret, malgré leurs copines respectives, c'est vraiment le truc le plus logique. Parce qu'ils arrivent pas ignorer leur attraction mutuelle mais ils peuvent pas l'assumer devant tout le monde non plus, ils peuvent pas rompre avec leurs copines sans raisons, ça me semble donc évident qu'il choisisse ce mode de fonctionnement. En plus, comme c'est surtout physique pour l'instant entre eux, ça repousse la question des sentiments pour plus tard et ils peuvent continuer de s'auto-convaincre qu'ils aiment Othilia et Hanna, vrmt c'est brillant !
D'ailleurs encore bravo à Julian qui a encore une fois réussit à bien gérer la conversation pour que ce soit Noah qui prenne toutes les initiatives comme d'habitude ! Quel génie ! Il utilise vraiment l'assurance de Noah à son avantage, je trouve Julian super intelligent même dans ses interactions avec Noah !

Ah tiens, Julian admet qu'il a plus de sentiments pour Noah que Hanna ! Interesting ! Mais pauvre chou pk à mon avis, il va pas lâcher Othilia facilement ce bougre !

Et la conclusion, oh la la c'était incroyable ! Ça s’éclaircit un peu dans ma tête au niveau de l'intrigue, ça fait du bien  ! Perrot, ça me dit quelque chose, on la déjà vu ? C'est le nom d'un prof, non ? Ou alors je confonds avec un de mes profs, monsieur Perret mdr ! Autant pour moi.

Ah au fait, j'avais oublié d'en parlé dans mes théories de la dernière fois, mais il y a bien un truc qui se prépare entre Théa et Liam, non ? Avec leurs parties d'échecs là, la reine et le fou du roi, la glace et le feu … J'ai hâte de voir comment ça va évoluer.

Aussi, je me pose une question, vu que Julian et Noah adorent dessiner, est ce qu'on va avoir droit à la fameuse scène à la Titanic « Paint me like one of your French girl » ?. Perso j'en crève d'enviiie. C'est cliché, et je l'ai vu dans mes pleins de fanfictions, des scènes avec des nus pour un dessin entre deux personnes qui sont attirées l'une par l'autre mais je sais pas, y a tellement moyen de faire un truc cool. Dans un manga que j'avais lu (Blue Period, la base comme d'hab), y a deux personnages qui font chacun leur autoportrait nu dans la même pièce, chacun avec un miroir (mais séparé par un paravent) et ils discutent en même temps, l'exercice c'est pour qu'ils apprennent à se voir vraiment « tels qu'ils sont », comprendre que le résultat obtenu les renseigne sur la vision qu'ils ont de eux-même (le nu étant en plus un exercice technique de base en art, pour apprendre les proportions et tout). Bien après, qqun leur demande si ils se sont montrés leurs dessins à la fin. Et comme la réponse est non la personne dit un truc du style « Quel intérêt alors. Si tu te met à nu dans une œuvre et que t'es pas capable de le montrer après, tu ne peux pas prétendre faire de l'art ». J'extrapole un peu mais cette scène m'avait marqué, voila déso, je ramène tout à ce manga, y a plein de thématiques qui m’intéresse dedans comme l'art, l'identité, la différence …
Mais comme ici le dessin est un truc qui les réunit j'imaginais bien une scène dans ce genre là ! Ou avec de la peinture comme dans J'ai tué ma mère de Xavier Dolan, ou Skam France. Ou alors un truc avec des tatouages, ça pourrait être mignon aussi. Noah qui se tatoue un dessin de Julian, c'est sont genre les trucs un peu rebels !! Oh la la, j'ai plus d'idées pour ta fic pour ce que j'écris, triste vie !

Bon, j'arrête de parler dans le vide ! A la prochaine, j'ai hâte de savoir la suite !!
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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par annabethfan »

BONNE ANNEE ! Oui j'aurais dû poster ce chapitre depuis une semaine mais j'ai eu la flemme...

Un grand merci à Chloé pour ton commentaire, il était super ! Franchement le fait que tu relèves tous les détails et que tu t'investisses autant me fait plaisir à un point que tu ne peux pas imaginer. Surtout, et ça c'est tellement rare que je te remercie mille fois, mais tu prends le temps de vraiment analyser et ça me donne des idées, des réflexions, c'est juste génial. D'ailleurs, grâce à toi j'ai décidé que Noah aurait dans le futur un tatouage voilà :lol:
Merci d'avoir saluer mes efforts pour tourner autour du "mot interdit", c'était hyper galère haha ! Cette conversation était l'incarnation de "tourner autour du pot" on est d'accord :lol:
En ce qui concerne Julian et Noah, tu as parfaitement compris l'esprit de leur relation. Je voulais traduire une époque et malheureusement celle-ci fait qu'un coming-out n'est pas du tout envisageable, ils en sont vraiment au stade de la découverte et d'essayer de vivre avec ce qu'ils sont vis-à-vis d'eux-mêmes. J'ai d'ailleurs effectivement prévu une conversation potentiel avec Dumbledore mais ça ne serait pas avant le tome 3 donc dans longtemps :lol:
Quant à tes théories.... La scène en mode Titanic n'est pas à exclure, j'en ai prévu une dans ce genre bien évidement mouahahaha! :lol:

En ce qui concerne ce chapitre, il est un peu plus court que d'habitude sorry.
Bonne lecture ! ;)

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Chapitre 33 : Les couloirs du temps


« Les amères leçons du passé doivent être réapprises sans cesse »

- Albert Einstein -


// 2 février 1980 //

Isolt Sayre : une vie fondatrice

Isolt est née aux alentours de 1603, en Irlande, de l'union de William Sayre, descendant de la sorcière Morgane, et de Rionach Gaunt, descendante de Salazar Serpentard, l'un des fondateurs de Poudlard. Élevée dans un cottage nommé Ilvermorny dans la vallée de Coomloughra, ses parents lui apprennent à vivre en paix avec les moldus et à les respecter.

Alors qu'Isolt n'a que cinq ans, le cottage des Sayre est attaqué. William et Rionach ne survivent pas et Isolt est sauvée des flammes par sa tante, Gormlaith Gaunt, qui l'élève dans la vallée de Coomcallee aussi appelée Vallée des Harpies. Au fil des années, Isolt se rend compte que Gormlaith est en réalité la meurtrière de ses parents et qu'elle la retient contre son gré. Ainsi, pendant douze ans, la tante d'Isolt tente de lui inculquer les valeurs et les principes de l'idéologie de la suprématie des sang-purs. Dans cette perspective, elle prend plaisir à lancer des sorts aux moldus et aux animaux qui s'approchent de leur maison, salissant la réputation d'Isolt que tout le monde se met à éviter et à rejeter. Aussi, considérant l'école comme corrompue puisqu'elle accueillait des « sang-de-bourbe » selon ses propres termes, Gormlaith ne laisse pas Isolt intégrer l'école de sorcellerie Poudlard, ce qui est pour la jeune fille une véritable déception : sa tante lui avait beaucoup parlé de la célèbre école car elle y avait été elle-même élève. En 1620, Isolt finit par prendre son courage à deux mains et vole la baguette de sa tante avant de s'enfuir. Conçue par Salazar Serpentard en personne, cette baguette est faite en bois d'amourette et contient une corne de Basilic en guise de cœur. Ce cœur particulier a permis à son créateur d'enseigner à sa baguette à s'endormir lorsque l'ordre lui en est donné en Fourchelang, ce qui la rend alors aussi inoffensive qu'un vulgaire bout de bois. La baguette peut ensuite se réveiller en lui donnant l'ordre contraire, toujours en Fourchelang.

Isolt part pour l'Angleterre, mais elle est rapidement retrouvée par sa tante. Résignée à lui échapper une bonne fois pour toute, elle se coupe les cheveux et se fait passer pour un homme moldu, sous le pseudonyme d'Elias Story. Elle embarque à bord du Mayflower à destination du Nouveau Monde. À son arrivée, elle fait croire aux Non-Maj qu'elle est décédée durant l'hiver, ayant compris qu'elle ne serait pas la bienvenue parmi eux et ayant peur que Gormlaith la retrouve. Elle s'enfuit alors dans les montagnes.

Après plusieurs semaines passées seule, Isolt tombe sur deux créatures magiques dont elle ignorait jusque alors l'existence : un Dissimuleur, qui tenait en otage un puckwoodgenie. Souhaitant aider ce dernier qui ne pouvait pas s'en sortir seul, elle le libère ne sachant pas que les puckwoodgenies n'apprécient pas du tout la compagnie des humains. Il décide cependant de rester avec Isolt, considérant qu'il a une dette envers elle, bien que cela soit une grande humiliation pour lui. C'est d'ailleurs pour cela qu'il refuse de dévoiler son nom et qu'Isolt le nomme William, en mémoire de son père. Une amitié finit cependant par les lier, fait unique dans l'histoire des deux espèces. William familiarise Isolt avec son environnement et lui apprend tout ce qu'il peut. Ils finissent par tomber sur un serpent cornu, créature à la tête sertie d'une pierre précieuse, redoutée par William. Bien qu'il prévienne Isolt, le reptile et la sorcière semblent liés, celle-ci pouvant lui parler. Elle lui rend souvent visite, sans le dire au puckwoodgenie, et le reptile lui répète inlassablement : « Tant que je ne ferai pas partie des tiens, ta famille sera condamnée ». Isolt ne fait pas très attention à ce message, n'ayant pas de famille hormis Gormlaith en Irlande.

Alors qu'ils furetaient dans les bois, Isolt et William entendent un bruit inquiétant au loin. Souhaitant la protéger, il intime à Isolt de rester où elle est et part s'occuper du danger avec ses flèches empoisonnées. Ne l'écoutant pas, elle le suit et ils tombent ensemble sur le Dissimuleur qui avait essayé de s'emparer de William. Se débarrassant rapidement de la créature, ils découvrent les cadavres de deux humains, un homme et une femme, et deux enfants gravement blessés. Alors que William s'en va simplement en les ignorant, Isolt, furieuse, lui ordonne de l'aider à les transporter jusqu'à chez elle pour les soigner, après quoi il pourrait partir, considérant sa dette comme payée. Il transporte donc Chadwick, l'aîné des frères, tandis qu'Isolt transporte Webster, le cadet, et s'en va après avoir fusillé la sorcière du regard.

À la plus grande surprise d'Isolt, les frères Boot survivent et se rétablissent. Déçue de ne pas avoir pu enterrer ses parents et d'avoir laissé ceux de Chadwick et Webster gésir dans la forêt, elle retourne sur le lieu du drame pour leur offrir une sépulture décente. Dans les bois, elle tombe sur un Non-Maj, James Steward, ami de la famille Boot, parti à leur recherche. Il avait retrouvé leurs corps et les enterrait. Sous les yeux d'Isolt, il ramasse la baguette du père, dont il ne reste pas grand-chose, mais celle-ci se rebelle et le projette au loin. Il est recueilli par Isolt.

Isolt ne cache pas à James son statut de sorcière et prépare des potions en utilisant sa baguette magique non loin de lui. James, qui n'est au début pas rassuré, s'y fait rapidement. Toutefois, Isolt se jure d'effacer sa mémoire chaque jour. Cependant, elle trouve agréable d'avoir un adulte à qui parler et qui puisse l'aider à soigner les enfants. James, qui avait été tailleur de pierres, dessine les plans d'une maison, construite par Isolt. Ils finissent par admettre qu'ils sont amoureux, se marient et adoptent Chadwick et Webster. Ils les élèvent comme leurs propres fils et Isolt leur parle de Poudlard que les garçons se mettent à rêver d'intégrer. Malheureusement, malgré leurs nombreuses relances, leur mère adoptive ne leur permet pas de retourner en Irlande pour y recevoir leur lettre d'admission. De peur de les effrayer, Isolt ne leur parle pas de Gormlaith, et leur dit que, en contrepartie, ils auraient, à leur onze ans, une baguette magique et qu'ils ouvriraient une école de magie dans leur propre maison, sur le mont Greylock.

L'idée de l'école se fraie un chemin dans l'esprit des garçons qui, se basant sur le modèle de Poudlard, demande la création de quatre maisons - une pour chaque membre de la famille - dont les noms seraient ceux de leurs animaux magiques préférés. C'est ainsi qu'Isolt fonde la maison du Serpent Cornu.

Alors que les onze ans de Chadwick approchent, Isolt ne sait toujours pas comment se procurer une baguette à lui offrir. Les seules baguettes qu'elle avait en sa possession étaient celle qu'elle avait volée à sa tante et celles des parents Boot, dont les cœurs étaient désormais desséchés. La veille de l'anniversaire de son fils adoptif, elle fait un rêve dans lequel elle se voit rendre visite au serpent cornu qu'elle a appris à connaître pour que celui-ci lui offre un fragment de sa corne. Isolt se réveille alors et se rend au ruisseau dans lequel le reptile habite. Il l'attendait bien. Il incline sa tête pour que la sorcière prélève un morceau de sa corne et, grâce aux talents de sculpteur de James, Chadwick trouve une baguette en bois de frêne épineux contenant une corne de Serpent cornu à son réveil.

Deux ans plus tard, la réputation de l'école a grandi. Isolt et James fabriquent des baguettes magiques à leurs nouveaux élèves et utilisent d'autres cœurs. L'école s'accroît au fil des années, devenant un véritable château. Entre temps, Isolt et James donnent naissance à des jumelles, Martha et Rionach. La bonne réputation de l'école et son évolution extraordinaire sont un vrai bonheur pour Isolt et James, qui en sont les directeurs, et Chadwick et Webster, qui voient leur rêve se réaliser.

Cependant, cette réputation prestigieuse va entrainer des conséquences néfastes auxquelles Isolt n'avait pas pensé : sa tante Gormlaith entend parler de l'école Ilvermorny, qui porte le même nom que le cottage dans lequel vivaient sa soeur et son beau-frère avant qu'elle ne les assassine. Elle quitte alors l'Irlande à bord du Bonaventure pour atteindre la Virginie, en se déguisant en homme, tout comme l'avait fait sa nièce, sous le nom de William Sayre. Gormlaith arrive à Ilvermorny lors d'une nuit d'hiver dans l'espoir de tuer Isolt et d'emmener avec elle ses petites-nièces pour les élever comme elle le désirait dans la tradition sang-pure. Lorsqu'elle atteint le château, elle lance un puissant sortilège de sommeil à l'encontre d'Isolt et James. Lorsque celle-ci se réveille, alertée par les pleurs et les cris de ses filles, elle se précipite en direction de l'attaque.

Elle découvre alors Gormlaith en train de combattre en duel ses deux fils adoptifs, Chadwick et Webster, dont Gormlaith ignorait l'existence. Essayant de l'attaquer à son tour, Isolt découvre que sa baguette ne fonctionne pas, ayant été endormie par Gormlaith grâce à un ordre en Fourchelang. Battant en retraite, la famille se retrouve coincée dans la chambre des deux jumelles, encore enfants, protégées par James. Dans un ultime cri de désespoir, Isolt appelle son père décédé, William. C'est finalement le puckwoodgenie, qu'elle avait sauvé et nommé en l'honneur de son père, qui intervient, sa silhouette se dessinant au clair de la lune dans l'embrasure de la fenêtre. Après avoir encoché l'une de ses flèches empoisonnées, il la tire dans le cœur de Gormlaith qui, avant même de s'en rendre compte, ne devient qu'un tas de cendres près des restes d'une baguette détruite.

Au fur et à mesure que les années passent, la réputation d'Ilvermorny grandit et des générations de sorciers y font leurs études, choisissant à leur arrivée une maison et recevant une baguette magique. Isolt et James, considérés par la majorité des élèves comme des parents, vivent jusqu'à plus de cent ans et voient ainsi leur école prospérer.

- Ce n'est qu'un brouillon... Enfin, mes notes sur Isolt Sayre, si vous trouvez ça assez complet...

- Assez complet ? Par Morgane, Julian, on vous a déjà dit que vous ne faisiez pas les choses à moitié ?

Le professeur Perrot reposa les feuilles de parchemin qu'il tenait à la main et enleva ses lunettes, l'air sincèrement satisfait. Assis en face de lui de l'autre côté du bureau, Julian n'arriva pas à ressentir le sentiment de fierté qui le prenait d'habitude devant les compliments. Il n'arrivait tout simplement plus à voir son professeur d'histoire de la même façon depuis plus de deux semaines. Depuis qu'ils avaient fait la découverte de la liste de noms ayant emprunté les livres sur le Rituel d'Ancrage en en 1950.

Il avait l'impression de voir un homme complètement différent. Pourtant, de l'extérieur, Perrot n'avait pas changé. Il avait toujours ses cheveux châtains un peu trop longs au niveau des oreilles, son gilet en tweed, ses lunettes rectangles et sa barbe de trois jours. Le reste avait changé. Il avait cessé d'être un professeur comme les autres à l'image de Fleming ou de Fontaine : il était devenu une pièce du puzzle. Et une pièce importante potentiellement reliée à sa mère.

Barenne Perrot

Heather Douzebranches

Diego Calderon

Aurelia Grims

Cordelia Grims


Il connaissait presque tout les noms sur cette maudite liste. Le seul dont il n'avait jamais entendu parler était Diego Calderon, mais aucun des membres du groupe n'avait pu chercher d'informations car les journaux disponibles à la bibliothèque ne remontaient pas plus loin que quinze ans en arrière, soit 1965, ce qui était déjà exceptionnel. Julian soupçonnait la bibliothécaire de n'avoir simplement pas le courage de s'y étaler et de laisser les numéros s'empiler.

Le mystère de Diego Calderon n'effaçait cependant pas celui des autres. Tante Cordelia, Heather Douzebranches, le professeur Perrot... Sa propre mère. Ils avaient tous en lien. Peut-être le même lien qui l'unissait actuellement à Liam, Aileen, Théa, Noah et Othilia. L'idée lui donnait le vertige.

- Ce sont des notes très précises, apprécia à nouveau Perrot, inconscient de son trouble. Tout est rassemblé en ordre chronologique, ça vous aidera à structurer votre production finale. J'aime l'attention que vous avez porté aux détails. On sent l'influence de votre mère je pense.

Julian se figea. Sans le savoir, Perrot venait de lui rappeler encore une fois que sa familiarité à l'égard de sa mère n'était pas normale. Un instant, il hésita à le confronter, puis il songea à ses amis qui l'attendaient certainement dans le couloir et il se mit à pianoter du bout des doigts contre son genou sous le bureau. Liam comptait sur lui. Il avait vu l'espoir dans ses yeux ce matin quand il avait mentionné son rendez-vous avec son professeur d'histoire après des semaines à piétiner sur l'énigme des « 5 de la génération 1950 » comme les avait baptisés Aileen.

- Professeur... Ne le prenez pas mal, mais... Quand vous dites que vous sentez l'influence de ma mère dans mon travail... ?

Perrot, en train de faire tourner ses lunettes mécaniquement, suspendit son geste et ses yeux reflétèrent une certaine gêne.

- Pardon, je vous ais mis mal à l'aise ? regretta-t-il. Je voulais simplement parler d'un point de vue intellectuel de recherches historiques, mais évidemment pour vous, au vue des circonstances, je comprends que... enfin vous voyez.

- Justement, professeur, je ne suis pas sûr que vous parliez complètement d'un point de vue intellectuel. Du moins, c'est mon impression.

Le cœur battant, il avisa la réaction décontenancée de Perrot. Il ne s'était jamais permis de parler de la sorte à un professeur, mais Liam lui avait dit de « lui rentrer dedans frontal » et il obtempérait.

- Et quelle est votre impression dans ce cas, Julian ?

- Que vous connaissiez ma mère, asséna-t-il en tentant de maîtriser le tremblement de ses mains. Au premier cours, vous l'avez appelé par son nom de jeune fille alors même que tous ses travaux de chercheuse depuis son mariage en 1959 sont signés Aurélia Shelton. Elle détestait qu'on lui rappelle qu'elle était une Grims. (Il déglutit pour se donner une seconde de répit avant de reprendre). Vous m'avez aussi demandé si je connaissais Plymouth, comme si vous vous attendiez à ce que ça soit le cas. Le problème, c'est ce que je n'y suis jamais allé. Ma mère, en revanche, aimait y passer ses vacances quand elle est arrivée en Angleterre au début. Je m'en suis rappelée après coup.

- Julian...

- J'ai fait le calcul. Ma mère a étudié à Ilvermorny entre 1945 et 1952. Et d'après votre parcours indiqué en préambule des livres que vous avez écrit... vous aussi. Ou du moins vous êtes arrivés depuis la France parce que votre famille se partage entre les deux pays depuis des siècles. Ça, je le tiens de ma cousine, elle a étudié la généalogie. Et vous m'avez justement dit qu'une amie vous avait aidé à vous intégrer à Ilvermorny. Cette amie... ?

Perrot soupira, défait.

- Était bien votre mère, oui, souffla-t-il.

L'aveu, si attendu et pourtant si surprenant, se suspendit entre eux aussi sûrement que si l'atmosphère s'était soudain figée. Julian sentit son esprit se vider. Il oublia momentanément pourquoi il était là en train de questionner Perrot : l'enquête sur le Rituel d'Ancrage et Emilia Cooper n'avait plus d'importance. Même le sourire énigmatique de la Joconde blonde ne faisait pas le poids face à ce lien qui se dessinait par-delà la mort et le reliait d'une nouvelle façon à sa mère. Il eut l'impression d'avoir le corps saturé d'émotions contradictoires en même temps. Soulagement, colère, perdition. L'homme en face de lui avait connu sa mère autrement que lui. Il avait connu sa version jeune, américaine, fille de grande famille. Tout le contraire de l'image qu'il gardait d'elle et les deux versions se heurtaient dans son esprit tandis qu'il continuait à fixer Barenne Perrot, le cœur affolé.

- Pourquoi vous ne m'avez rien dit ? demanda-t-il, la voix vibrante d'une colère mal contenue. Ça fait des mois... Toutes les remarques, tous les sous-entendus...

- J'essayais justement de ne pas en laisser échapper, mais je n'ai pas réussi aussi bien que je l'aurais voulu. C'est juste que... Vous lui ressemblez. Physiquement bien sûr en partie, mais surtout dans votre façon d'être. C'est assez perturbant à voir après tout ce temps.

- Tout ce temps ?

- Environ quinze ans. Depuis le départ d'Aurélia pour l'Angleterre. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais elle a en quelque sorte coupé les ponts avec tout ce qu'elle laissait derrière elle. Moi compris.

- Si, je sais... Mon parrain m'a raconté.

Un éclat de reconnaissance s'alluma dans les yeux bruns profonds de Perrot.

- Ah oui, Leonidas. Le cousin. C'est lui qui m'a annoncé votre naissance, Aurélia ne l'avait pas fait. Elle avait gardé contact un minimum auparavant, j'étais même venu à Londres pour lui rendre visible, mais à partir du moment où elle est devenue mère... (il laissa planer un léger silence équivoque). Enfin disons que la parole ne passait plus dans le conduit de cheminée pour reprendre une expression typiquement américaine.

C'était la première fois que Julian l'entendait. Mécaniquement, il la plaça dans un coin de sa mémoire pour pouvoir la ressortir et faire rire Liam à cause de son accent anglais. Il ne comprenait pas pourquoi il pensait à ça maintenant. C'était trivial, voire sans importance, mais ça lui permettait de s'accrocher à quelque chose de tangible. Le reste ne l'était pas : c'était même toute sa réalité qui tanguait.

- Racontez-moi, exigea-t-il, conscient d'être en train de donner un ordre à un professeur. Je veux savoir. Je veux savoir qui était ma mère.

- Vous le savez certainement mieux que moi.

Il secoua la tête immédiatement.

- Non... Ou alors je n'en ai plus l'impression. Depuis que je suis arrivé ici, je n'arrête pas de découvrir des choses. (Il fit un grand geste censé englober le pan entier de la vie de sa mère qu'il s'était pris en pleine face en quelques mois et Perrot n'eut pas l'air surpris, ce qui renforça sa frustration). Elle n'avait jamais parlé de sa famille et je découvre tout un clan, une des plus vieilles familles des Etats-Unis, commença-t-il à énumérer. Elle n'avait jamais eu de problèmes avec quelqu'un et là j'apprends qu'elle détestait Ronan Graves, le mari de sa propre sœur. D'ailleurs elle ne s'entendait apparemment pas plus avec Cordelia.

- Leurs rapports étaient complexes, nuança Perrot.

Mais Julian ne se laissa pas interrompre. Il avait besoin de s'exprimer. Personne – à part peut-être Leonidas – n'avait l'air de comprendre qu'il avait besoin de réponses. Il en avait besoin pour la simple raison qu'il ne pouvait plus poser les questions à sa mère. Or ne pas savoir revenait justement à ne pas réussir à la laisser partir.

- Oui, complexe semble être le bon pour résumer la vie de ma mère, mais je m'en rends compte seulement aujourd'hui. J'ai l'impression de ne plus la connaître pour être honnête, tout ça parce qu'elle avait voulu fuir quelque chose il y a vingt ans. Et je sais que vous étiez son ami. Elle vous a aidé à vous intégrer dans un nouveau monde à l'époque et aujourd'hui je vous demande de faire pareil avec moi. Je veux savoir.

- Julian, écoutez... Je ne pense pas être celui qui...

- Ma mère est morte, professeur, coupa-t-il. Ce n'est pas elle qui me donnera mes réponses.

Les mots s'étaient échappés avant qu'il ait pu réellement les appréhender et il ne prit conscience de la dureté de son ton qu'en voyant l'expression du professeur Perrot, figé de l'autre côté du bureau dans un immobilisme de marbre. Sa respiration s'accéléra. Il sentait son cœur battre trop vite et toute sa cage thoracique était prise dans un étau qui le poussait presque hors de corps. Morte. Merlin, ce mot ne cesserait jamais de lui paraître irréel.

Finalement, au bout de plusieurs secondes étouffantes, Perrot soupira. Il se passa une main sur le visage, las, et fit un geste de résignation avec ses lunettes encore au creux de sa paume.

- Très bien, très bien, céda-t-il. Je suppose que vous avez raison, vous avez le droit de savoir. Mais sachez qu'il n'y a pas grand-chose. Aurélia et moi étions camarades et amis d'école, la vie nous a ensuite séparé. Je l'appréciais beaucoup, mais il est difficile de maintenir la teneur des souvenirs avec le temps...

- Je veux quand même votre version. Je veux savoir comment était ma mère à Ilvermorny... Leonidas ne m'a pas dit grand-chose.

- C'est normal, il avait un an de moins que nous. Ce n'est pas beaucoup, certes, mais ça suffisait pour avoir des cercles d'amis différents.

- Mais mon parrain m'a justement dit que vous étiez souvent avec des élèves plus âgés... Hum, Cordelia et Heather Douzebranches notamment. Et un certain... Diego ?

Cette fois, il retint son souffle. C'était un coup de bluff délibéré élaboré par Théa et Othilia qui lui avaient conseillé de l'utiliser dès que l'opportunité se présenterait. Seulement, même s'il voulait en savoir plus sur les « 5 de la génération 1950 », il aurait voulu que sa conversation avec Perrot ne soit pas entachée par l'enquête. Au fond de lui, il savait pourtant que c'était égoïste – Liam attendait des réponses, les autres n'avaient pas cessé de travailler dur pour avancer sur le contre rituel – mais il n'arrivait pas à se défaire de la sensation qu'il gâchait sa chance d'avoir enfin une discussion sincère au sujet de sa mère.

Perrot parut d'ailleurs surpris de cette entrée en matière et ses sourcils se froncèrent tandis qu'il se remettait à jouer nerveusement avec ses lunettes. Julian pensa à sa sœur qui faisait la même chose avec son collier. Au moins, il n'était pas le seul à être tendu.

- Leonidas vous a parlé de ça ? s'étonna-t-il.

- Il l'a juste évoqué, mentit-il, anxieux que Perrot ne voit clair dans son jeu. Je ne sais plus pourquoi, je crois que je lui demandais comment il connaissait Hilda Douzebranches...

- Tout le monde connait Hilda grâce à son café au Village.

- Je sais, oui. Mais il a laissé échapper que ma mère connaissait aussi Heather alors... j'ai juste posé des questions.

- Vous me semblez en effet doué pour ça.

Immédiatement, il se sentit rougir et Perrot s'empressa de faire un geste d'excuse.

- Désolé, je ne voulais pas dire... Enfin, je comprends pourquoi vous le faites. Votre mère n'est pas... n'était pas une femme facile à cerner. J'avoue avoir beaucoup de questions également. J'ai toujours pensé que Cordelia était celle qui détenait les réponses.

- Pourquoi ?

- Parce que même si le départ de votre mère était sûrement dû à plusieurs facteurs, je n'ai jamais réussi à comprendre celui qui a fini par être déterminant. Et la raison à cela ne peut qu'être parce qu'elle a eu lieu là où personne d'extérieur ne pouvait entrer : le « Sarana ».

- Le manoir des Grims, traduisit Julian.

- Le huis-clos des Grims, plutôt. Pour être parfaitement honnête, je viens moi aussi d'une famille sang-pur et assez ancienne, mais les Grims étaient d'un autre niveau. On parle d'une vieille aristocratie américaine figée dans ses traditions. Il n'y a qu'à voir comment le divorce a été refusé à Cordelia alors même que son mari... enfin je... vous savez...

Visiblement, le professeur Perrot ne savait plus comment achever sa phrase, incertain de ses connaissances sur le cas Ronan Graves. Il s'empressa de le rassurer, l'esprit embrumé.

- Je suis au courant pour son emprisonnement, ne vous en faites pas, dit-il, les mains moites. Il a voulu faire évader Grindelwald.

- C'est ça...

- Mais quel rapport avec ma mère ?

- Honnêtement ? C'est juste un sentiment, mais je connaissais Aurélia. Elle était ma meilleure amie. Alors je pense pouvoir affirmer avec certitude qu'elle détestait la magie noire. Elle a dû la percevoir chez Ronan... Ce n'était pas dur à voir en réalité. Et un jour elle ne l'a plus supporté, je pense.

Le ton de Perrot était prudent, comme s'il pesait et contre pesait soudain chaque information, et Julian se pencha en avant.

- Quand vous dites que ce n'était pas dur à voir... Vous connaissiez Ronan ?

- Je l'ai fréquenté quelque peu à travers Aurélia et Cordelia, se contenta-t-il de répondre. Vous vouliez savoir une chose à son sujet ?

Tellement de choses, pensa-t-il alors que sa frustration reprenait le dessus contre sa peur et ce sentiment de vertige interne qui l'avait paralysé plus tôt. Il aurait aimé savoir ce qui s'était passé entre lui, Cordelia et sa mère pour que cette dernière refuse de leur parler à nouveau ou pour qu'elle se retrouve avec des marques sur le cou le soir où elle avait demandé à Leonidas de lui faire quitter le pays. Mais il ne devait pas s'éparpiller. Il était en train de dévier de la voie qu'il s'était fixé, à savoir les cinq noms de la liste. Pourquoi les « 5 de la génération 1950 » avaient-ils cherchés à travailler sur le Rituel d'Ancrage ?

- Non, rien en particulier... Comme je vous disais, je veux simplement apprendre à connaître ma mère quand elle était plus jeune. Elle était amie avec Heather, Cordelia, Diego et vous alors ? A l'époque d'Ilvermorny ?

A nouveau, les noms firent tressaillir Perrot.

- Amie est sans doute un peu fort. Je parlerais plutôt de connaissances ou de camarades, corrigea-t-il. Heather et Aurélia se sont connues au Comité des Elèves. Elles revendiquaient que les filles puissent intégrer les équipes de Quodpot, ce qui n'était pas permis à l'époque. Maintenant que j'y repense, je crois que c'étaient elles qui avaient organisé une sorte de manifestation dans le hall avec plein de pancartes qu'Aurélia avait fait. Elle dessinait très bien.

Julian ravala le « je sais » qui lui montait aux lèvres. Ce n'était pas Perrot qui allait lui apprendre que sa mère était une artiste de talent : au moins cette partie d'elle lui appartenait. Pourtant, il resta sans voix face à la vision qui se forma dans son esprit. Il s'imagina sa mère, jeune et révoltée avec une pancarte à la main, accompagnée d'Heather Douzebranches dont il calqua les traits sur ceux de Noah et Hilda, tout en folles boucles noires et air défieur. Le portrait était si vivace, si coloré... Il aurait presque pu regarder un film dont on avait coupé le son alors qu'il se représentait une foule d'élèves anonymes et sans visage dans le Grand Hall sous la coupole de verre.

- Heather connaissait Cordelia car elles étaient dans la même année, continua Perrot, maintenant plongé dans ses souvenirs. Pour nous, deux ans d'écart faisaient d'elles des Seniors expérimentées, mais je pense qu'elles étaient impressionnées par la détermination d'Aurélia. Votre mère avait simplement une façon de capter l'attention que peu de personnes peuvent se targuer de posséder.

- Cordelia aussi participait à la manifestation ?

Perrot eut un rire amusé.

- N'ayez pas l'air si choqué, Julian. Je sais que votre tante n'a pas l'âme d'une révolutionnaire, mais c'était une cause importante pour toutes les jeunes filles à Ilvermorny cette année-là.

- Seulement les jeunes filles ?

- Non, vous faites bien de me reprendre. J'étais dans la manifestation, bien sûr. Ce qui est un comble parce que je n'ai jamais vraiment joué au Quodpot. Mais Aurélia non plus cela dit. Seule Heather y avait joué un peu dans son enfance et Diego également...

Sur le nom de Diego Calderon, la voix de son professeur s'éteignit. Julian crispa ses poings contre ses genoux. Son cœur se remit à s'affoler presque douloureusement. Il se sentait déjà épuisé à force de sentir son rythme cardiaque changer en une seconde si brutalement et de se prendre des vagues de souvenirs qui manquaient de le submerger.

- Je n'ai jamais entendu parler de lui, dit-il avec prudence. Diego.

- Un simple ami de lycée, éluda Perrot.

- Mais vous étiez tous proches, non ? Mon parrain me l'a dit.

Encore une fois, Leonidas se trouvait être une bonne excuse.

- Oui, évidemment nous étions proches... J'imagine que vous n'osez pas parler du drame mais que votre parrain l'a évoqué, c'est cela ?

Julian retint une expiration victorieuse. Théa et Othilia avaient eu raison : Perrot était tombé dans le piège de penser qu'il savait déjà et venait de laisser échapper un élément sensible.

- Il a évoqué quelque chose comme ça, oui... Mais je ne sais pas trop... ?

- Oh... Dans ce cas... Je suppose que je peux vous le dire...

Mal à l'aise, Perrot se mit cette fois à jouer avec les bords des parchemins toujours posés devant lui et Julian vit son écriture se tordre au rythme des gestes nerveux de son professeur.

- Diego Calderon était un élève d'origine mexicaine. Il était en sixième année cette année-là, soit une classe entre Aurélia et moi et Heather et Cordelia. Il faisait un peu le lien. C'était un garçon charmeur issu d'une famille ancestrale au Mexique qui voulait faire une année à l'étranger et naturellement il était venu à Ilvermorny. Diego a assez vite rejoint l'idée de notre manifestation, même si je pense que c'était plus pour les charmes féminins de notre groupe que par réelles convictions.

L'agacement dans la voix de Perrot n'était pas loin de la surface et suffisamment prégnante pour que Julian la perçoive. Il se retint de commenter. Par « charmes féminins », il se demanda si Perrot pensait à une fille du groupe en particulier. Est-ce que Diego Calderon avait eu un coup de cœur pour sa mère ? L'idée même le prenait au dépourvu. C'était sans doute idiot en plus... Ses parents s'étaient rencontrés en début de vingtaine. Il était probable que sa mère ait eu d'autres histoires d'amour avant son arrivée en Angleterre.

- Notre groupe s'est assez vide soudé, raconta Perrot. Nous aimions les mêmes choses, nous venions tous du même milieu. Avec le recul, je réalise à quel point nous étions enfermés dans un entre-soi étrange.

- Quand vous dites « les mêmes choses », c'est-à-dire ? Qu'est-ce que ma mère aimait ?

Même si sa question était poussée par une curiosité sincère, il ne put s'empêcher de penser avec ironie qu'il était peu probable que Perrot lui réponde « les Rituels d'Ancrage » en toute simplicité.

- Beaucoup de choses : l'art, l'histoire, la culture sur toutes ces formes... Nous étions tous passionnés par l'histoire d'Isolt Sayre justement, ajouta son professeur en désignant son devoir. Il faut dire que c'est une des plus grandes figures historiques du pays. Justement, c'est peut-être ce qui a causé la perte de Diego...

- Quoi ?

Perrot baissa les yeux. Il prit une seconde pour reprendre contenance avant de relever la tête et Julian entrevit une myriade d'émotions inscrites sur le visage de cet homme pourtant toujours si flegmatique.

- Diego avait une âme aventureuse, voyez-vous. Il aimait explorer le château, ce qui est normal. Pour lui, tout paraissait nouveau et excitant, tandis que pour nous Ilvermorny était simplement une école. Mais il nous a emporté dans sa passion. Après tout, Ilvermorny était la mémoire vivante d'Isolt Sayre. Nous nous sommes mis à lui montrer des endroits plus confidentiels comme le rocher sous lequel s'enfonce le cours d'eau dans le parc ou les sous-sols. En tant que professeur, je ne devrais pas vous dire ça évidemment...

Mais Julian n'en avait rien à faire que Perrot et ses amis aient un jour enfreint le règlement. Il se concentra surtout sur sa tentative de ne pas rougir à la mention du rocher dans le parc alors que son esprit conjurait l'image de la grotte et de son baiser avec Noah.

- Malheureusement, un jour, Diego a voulu vivre l'aventure de trop. Il n'a prévenu personne et a voulu explorer la Sylve d'Argent autour d'Ilvermorny, là même où Isolt avait rencontré James Steward et ses fils adoptifs. Mais ce n'est pas un hasard si ces bois sont considérés comme dangereux. (La voix de Perrot flancha une seconde). Il est tombé sur un Dissimuleur.

- La créature qui a tué les parents biologiques de Chadwick et Webster ? Je n'ai pas eu le temps de me renseigner dessus. Qu'est-ce que c'est exactement ? On n'en a pas en Angleterre.

- C'est un croisement entre un Demiguise et une Goule qui vit presque exclusivement dans les forêts du Massachussetts, une créature très dangereuse car elle a la capacité de se cacher derrière n'importe quoi. Ses proie de prédilection sont les humains et disons qu'elle est assez... sanguinaire. Vous ne la voyez pas arriver avant qu'elle se jette sur vous.

Le professeur Perrot avait pâli à mesure que les mots lui échappaient et Julian comprit soudain, parcouru d'un frisson horrifié.

- Diego a été tué par Dissimuleur...

- Malheureusement, oui... Son corps a été retrouvé le lendemain lacéré, presque méconnaissable. Excusez-moi, je n'aime pas en parler...

- Désolé, je ne voulais pas...

- Ce n'est rien, ce n'est rien. Simplement, ça a été très compliqué. Pour tout vous dire... C'est nous qui avons retrouvé le corps.

Julian se figea, pareil à une statue de sel. Le sang lui battit les tempes et il ne réussit pas à articuler le moindre son, choqué, alors que Perrot déglutissait avec difficulté avant de reprendre comme s'il débittait un discours appris par cœur.

- Nous nous inquiétions de ne pas le voir revenir au matin et nous sommes partis à sa recherche. Nous savions que nous n'avions pas le droit de sortir de l'école, mais Heather connaissait un passage dans le mur d'enceinte. La découverte a été un véritable choc, bien sûr. Heather n'a plus jamais été la même après ça... Je pense que son esprit n'a pas supporté l'horreur de la scène.

Soudain, une nouvelle pièce du puzzle s'assembla. L'instabilité d'Heather Douzebranches que tout le monde croyait folle à cause de la malédiction de sa famille avait en réalité un ancrage bien réel, une tragédie tombée dans l'oubli. Ce n'était pas étonnant qu'elle soit devenue instable émotionnellement après avoir été témoin d'une horreur pareille.

- Evidemment, le MACUSA a voulu étouffer l'affaire et les journaux en ont très peu parlé. Il fallait éviter un incident diplomatique avec le Mexique alors même que l'héritier des Calderon venait de mourir à Ilvermorny... Nous l'avons tous assez mal vécu et notre groupe a peu à peu explosé. Cordelia et Heather ont été diplômées et je suis resté seul avec Aurélia. (Perrot soupira). Désolé, ce n'était sans doute pas le récit que vous vouliez entendre... Je ne sais pas pourquoi je me suis laissé emporté vers ce chemin. La prochaine fois, si vous voulez toujours en apprendre plus, je peux vous raconter des souvenirs plus joyeux.

- La prochaine fois ?

- Maintenant que vous connaissez le lien qui m'unissait à Aurélia, je serais ravi de vous parler d'elle. Quelque chose me dit que vous en avez besoin. Bien sûr, je reste votre professeur, entendons-nous bien... Mais je suppose que je peux prendre de mon temps pour parler au fils d'Aurélia ne serait-ce que pour honorer la mémoire d'une amie chère.

Julian ravala la boule chauffée à blanc au creux de sa gorge. Il avait l'impression d'avoir reçu trop d'informations, trop de pression, trop d'émotions. Perrot avait tort. Il n'était pas sûr de vouloir parler de sa mère. Il venait de le faire pour en savoir plus sur l'enquête qu'ils étaient tous en train de mener, mais ça allait faire des mois qu'il n'arrivait justement pas à parler d'elle. Ce n'était pas faute d'avoir eu des propositions pourtant : Aileen, Liam, Noah, Othilia, Leonidas... Tout le monde lui proposait de parler. Et s'il arrivait à peu près à écouter les anecdotes et les histoires qui lui permettaient de reconstituer pièce par pièce le mystère qu'avait été le départ précipité de sa mère, il n'arrivait toujours pas à lui-même prendre la parole pour évoquer ses souvenirs avec d'autres personnes.

A croire que les couloirs du temps ne se remontaient qu'en sens unique...

*****************************************

J'ai conscience que j'accélère un peu le rythme de l'histoire, mais je me disais que j'en avais besoin. On est déjà au chapitre 33 et je me suis dis que Julian avait besoin d'avancer, ce n'était pas la peine de faire durer le suspens sur les cinq noms de la liste. Evidemment, tout n'est pas encore révélé, bien au contraire... Votre avis ?

ELEMENTS TIRES DU CANON :

- Tout le passage au début sur Isolt Sayre est repris de Pottermore.


Prochain post : chapitre 34 - lundi 17 janvier
Scandium

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par Scandium »

Bonne année de même !

De rien, de rien ! En vrai, c'est moi qui dois te remercier, si je suis inspiré pour écrire des longs com's c'est juste grâce à toi, à ton histoire ! Il y a plein de détails intéressants, c'est normal que je veuille en parler ! Ah tant mieux si je te donne des idées, c'est ma caractéristique principale ça, avoir plein d'idées mais la grosse flemme de les réaliser, au moins mon énergie créatrice sert à quelque chose pour une fois, mdr ! Je suis contente que ça te fasse plaisir, perso moi aussi j'adore avoir des retours très détaillés. En plus comme en ce moment j'ai plus trop le temps d'écrire, ça me fait du bien de juste me poser une heure pour retrouver Julian, Noah, Aileen, Liam et les autres et juste de délivrer mes pensées et les partager, histoire que ce soit juste pas dans ma tête et que ça serve un peu à quelque chose ! Trop bien que tu gardes l'idée du tatouage, je me demande ce que tu vas faire du coup. Soit un truc avec l'art je dirais, ou une citation d'un artiste … Perso, j'aurai fait un aigle royal. Pour symboliser un peu la liberté, Julian (le Serdaigle), et puis ça a un côté prédateur dangereux à la Noah !
On est d'accord, pour tourner autour du pot, c'est les champions en la matière !
Quoi mais on va avoir trois tomes, tout ça ! Trop cool, je savais pas, t'as refait ma journée ! Et trop bien la discussion avec Dumbledore, j'ai hâte !
Mouahaha, quel rire diabolique je me demande ce que tu nous a préparé !
Mince, si il est court, j'espère que j'aurai quand même suffisamment de choses à commenter ! On y voit qu'une scène mais il y a beaucoup d'informations si je me rappelle bien ! (j'avoue je l'avais survolé plus tôt sur Wattpad mais j'attendais qu'il sorte sur Booknode pour le lire sérieusement et le commenter, c'est plus pratique pour les com).


Alors, la vie d'Isolt Sayre est très intéressante, t'en avais déjà brièvement parler mais c'était pas clair dans mon esprit, merci d'avoir réactualiser. L'ascendance d'Isolt avec Serpentard, Willliam le puckwoodgenie etc c'était des choses que j'avais oublié.

Ah le professeur Perrot, il existait bien !! Je l'avais complètement oublié, je me rappelait de Fontaine, Fleming mais Perrot était sorti de ma tête ! Repmlacer par Mr Perret, mon prof à l'iut.
Les liens entre les 5 de la génération 1950 et les 6 autres sont quand même plutôt fort, c'est étonnant :
Heather = Noah
Cordelia = Théa
Aurelia = Julian
Barenne = Othilia (pk c'est un prof et Othilia est une fille de prof … Bon oui, c'est pas ouf comme lien, mais dans ma tête ça fait sens)
Diego Alderon = Aileen, pk c'est tous les deux des étudiants étrangers.
Et Liam, il est concerné par rapport à Emilia ! Que j'ai du mal à relier au reste de l'intrigue mais là, tu m'as donné envie de survoler tous les passages liés à l'incident, le conte avec les animaux, tout ce qu'on sait sur la disparition d’Emilia, le rituel d'ancrage etc, je veux y voir plus clair. Peut-être qu'ils étaient pas que 5 mais qu'il y avait aussi Ronan dans le groupe qui tirait le ficelles ! Et qui voulait la baguette pour lui tout seul ? Et du coup Liam et lié à Ronan.

Ils ne peuvent pas se servir d'articles de plus de 15 ans pour leurs études ? Mon prof d'archivistique est en sueur mdr.
Dis donc, Julius est capable d’avoir de l'aplomb, quand il veut ! Ça m'a étonné, il hésitait pas à parler d'un ton un peu dur au prof. Pas agressif mais presque accusateur ! Il se rebelle, l'intello ? Quelqu'un aurait-il une mauvaise influence sur toi ^^ ? Et puis comment il arrive à bien diriger la conversation pour l'amener sur le terrain qu'il veut, vraiment trop fort ! Leonidas et sa grande gueule = la bonne excuse pour extorquer les infos, vraiment c'est brillant !
Oh ! C'est vrai, Diego avait une histoire avec soit Aurelia soit Heather, Cordélia fréquentait déjà Ronan à Illvermony non ?

« Des passionés de l'histoire d'Isolt Sayre ? Y a que moi qui trouve ce passe temps carrément louche ? Qu'est ce qu'ils ont foutus ?
Ah le fameux rocher qui va être important pour la suite, décidément on va en ré-entendre parler ! Que ce soit pour l'intrigue principale ou l'intrigue amoureuse !
Comme par hasard, c'est ces compagnons/ partenaires de crimes, qui ont retrouvé le corps de Diego ! Très louche ! Je crois qu'il y a un flashback dans les premiers chapitres qui parle de ça, faut que je le relise. Merde alors, ça veut dire que Heather n'est pas foncièrement dérangée ou une mère indigne, elle a juste vécu un fucking traumatisme dont elle s'est jamais remise et personne est au courant ?? C'est injuste ! Déjà je l'aimais bien, maintenant je l'aime encore plus !

Ah si, Julius, t'as intérêt de continuer à parler avec Perrot! Il y a encore des histoires louches à creuser du côté des Grims ! Mais bon, le pauvre, c'est plus facile à dire qu'à faire, ça a l'air trop douloureux pour lui d'en parler pour le moment!

D'ailleurs là je survole les chapitres précédents sur Wattpad (là c'est plus pratique que sur Booknode pour le coup) et je découvre les petits memes de Noel où la page des présentations des personnages stylés ! Il y a des phrases qui spoilent un peu d'ailleurs pour les citations des personnages, je m'y attendait pas !
Ah ! Déjà le premier chapitre nous dit qu'Aurelia a fui dès qu'elle a eu son diplôme, je savais pas que c'était aussi tôt. Donc ça peut carrément être à cause de l'incident avec Diego. Mais après c'est dit qu'elle fuyait qqun. Ronan précisément ! Apparemment c'est la seule qui avait flairer le danger ! Oh tiens, Barenne était là dès le prologue !
Mais je rédécoure des trucs, c'est fou ! Il avait un ptit crush sur Sirius, Julian !!Que c'est chou !
Ah et j'ai retrouvé le conte d'Aurélia avec les animaux, ça m'a conforté dans mes idées mais je vois toujours pas le lien avec Emilia ! Ils vont halluciner quand ils vont se rendre compte que Julian avait les réponses juste sous le nez avec ce conte ! Je vais m'arrêter là, j'ai un partiel d'Archivistique à réviser mais ce n'est que partie remise !
A bientôt !
Cazolie

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par Cazolie »

bon du coup je suis méga à la bourre, j'avais pas du tout capté le moment où tu as posté le chapitre 32 mais bon
Je devais skier haha
J'ai pas fait assez de lentilles et j'ai faim, voilà
Depuis la veille, il tentait d'accrocher son regard dès qu'ils étaient dans le dortoir pour qu'il s'attarde alors que les autres sortaient, mais Noah était le premier à filer au petit déjeuner et le dernier à rentrer le soir.
Mais quel POLTRON
soit il restait accroché à Othilia – cette dernière semblait ravie de l'attention subite que lui portait son petit ami
Mais quel CONNARD
Elle se contentait de le fixer, interdite, avant de se remettre à agir normalement, même si son sourire joviale avait souvent l'air forcé.
Mmmh je suis intriguée
En fait, il avait tellement qu'il n'arrivait plus à les dénouer et ses émotions ne formaient plus qu'un énorme nœud douloureux partout dans son corps. Son ventre, sa gorge, sa tête...
Fais du yoga bro
Bonnes Mœurs
J'ai lu "Bones Moeurs" j'aipas compris ce que SImon faisait là
Noah était devenu sa migraine personnelle.
Hahahah j'adore cette phrase
Quand il poussa la porte, il découvrit cependant qu'il n'avait pas été le seul à avoir cette idée. Noah était assis à son bureau
Yeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeees
- Hey... souffla-t-il.

- Salut...
Les trois petits points qui veulent tout dire
Respirer...
Bien ce que je disais : YO-GA
La pique, aussi mordante que réaliste, traversa Julian douloureusement.
Tel le bateau du prince Eric qui éperonne Ursula
- Et bien un autre alors. Je suis occupé là.
Mais quel PETIT MERDEUX
- T'es sûr que tu veux parler là ou t'essayes de me dire quelque chose ? dit-il d'un ton suggestif.
Tout de suite ça l'intéresse plus, le saligot (saligaud ?J'ai écrit le premier comme de l'aligot qui est sale)
un Serpentard de l'année des Maraudeurs à l'air toujours sombre et brumeux
Je l'ai imaginé avec des nuages autour de la tête
De quel hôpital psychiatrique on va partager ?
Je sais qu'il a raison mais il est affreux haha
Vois ça comme un jeu si tu veux.
Ah bah sympa
L'odeur âcre du tabac s'enroulait autour de lui, renforçant sa nausée, mais il n'osa pas demander à Noah d'éteindre sa cigarette.
C'est sûr que vomir sur Noah arrangera les choses
Je peux te le dire, mais ça nous avancerait à quoi puisque tu vas ressortir de ce dortoir en me disant que tu ne veux plus me parler ?
Mooow mais bichon
- Moi non plus je ne suis pas comme Zack, affirma-t-il, incertain. Mais c'est ce que t'as dit, non ? C'est en jeu sans conséquence ? Donc ce n'est pas la même chose que lui ?
Ca sent la logique tordue pour pouvoir le pécho encore
S'il le fixait en pensant assez fort, peut-être que Noah allait réussir à comprendre ce qu'il voulait dire.
Non mais ça marche pas ça :lol:
- Et donc une expérience doit être menée sur la durée, tu ne penses pas ?
Ils se voilent tellement la face, j'ai envie de les taper :lol:
- Elles n'ont pas besoin de savoir, ce n'est pas grave. Je veux dire, ce n'est pas pareil entre nous et avec elles. Ça ne compte pas.
Ah bah SU-PER
CA S APPELLE TROMPER QUAND MEME
Enfin bon, je suis toujours pas sûre que Julian soit en couple avec Hanna donc à la limite :lol:
- Que tu restes avec Hanna, je reste avec Othilia, et tout le monde sera content. C'est juste différent entre nous, c'est tout.
C'est malsain comme situation ça me met mal à laise

Trop de tensiooon
Et fort joli passage, toute la réflexion de Julian autour du baiser !
- Je crois qu'on peut dire que c'est une expérience concluante, non ? nargua-t-il.
Il m'éneeeeeeeeeerve :lol: Il me rappelle mes 4e
il répondit sur le même ton mordant :

- Ca te concerne, Cooper ? Tu ne peux pas bosser tout seul ?
J'avais pas capté qu'on était passé au pdv de Noah et j'étais très étonnée que Julian lui parle comme ça haha
- Aucune idée, dit Liam en haussant les épaules. Elle m'a planté à la fin du cours de Sortilèges.
C'est bizarre cette histoire d'Aileen hmmm
- J'ai trouvé quelque chose ! s'écria-t-elle en ignorant Liam. Je pense... je pense que ça un lien avec le Rituel d'Ancrage !
Cette Hermione américaine
Bon McCallum, crache le morceau ! Qui avait emprunté les livres ?
J'avoue, elle fait tellement durer le suspens :lol:
Barenne Perrot

Heather Douzebranches

Diego Calderon

Aurelia Grims

Cordelia Grims
Mais NOOOOOOOOOOOOOOON
Mais qu'est-ce qu'ils ont trafiqué !
Ma curiosité est piquée


Fort bon chapitre, avec des avancées sur tous les fronts donc c'était cool ! C'est vrai que Julian est surprenant dans sa relation à Noah mais j'imagine que ça va de toute manière avec sa prise de conscience sur l'homosexualité
et cette FIN
Je suis interloquée
annabethfan

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par annabethfan »

J'ai 3 chapitres de retard... Shame on me

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Chapitre 34 : La boîte des sentiments

« La vie c'est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber »

- Forrest Gump -

// 14 février 1980 //


- T'en tires une tête !

- Bonjour à toi aussi, Matt, toujours un plaisir de s'entendre dire ça dès le matin.

Matthew s'assit en face d'Hanna avec une grimace. Il reconnaissait qu'il venait sans doute de manquer de tact, mais à sa décharge, Hanna tirait vraiment une tête de six pieds de long et il n'était même pas encore huit heure et demie du matin. Elle avait rassemblé sa folle chevelure indisciplinée en un vague chignon à l'arrière de sa tête et sa cravate aux couleurs bleu et bronze était même de travers, signe de trouble. Il connaissait suffisamment Hanna pour savoir quand elle n'était simplement pas réveillée et quand elle était contrariée.

- Je ne fais qu'énoncer une vérité, se défendit-il en se servant un verre de jus de citrouille. Qu'est-ce qui se passe ? T'as cassé ton télescope ou quoi ?

- Non... Je pensais juste que je ne te verrai pas aujourd'hui.

- Et pourquoi ça ? On a cours ensemble toute la matinée. A moins que tu veuilles annoncer à McGonagall que tu sèches et là je m'inquiéterai pour ta santé mentale, Faucett.

- Justement, je croyais que tu serais celui qui sècherai comme on n'a pas cours cette après-midi... Tu sais, histoire d'avoir ta journée de libre avec Charity.

Au nom de sa potentielle petite amie – ils n'avaient pas vraiment eu la fameuse conversation pour savoir ce qu'ils étaient – Matthew comprit soudain. Il délaissa son petit déjeuner pour promener son regard le long de la Grande Salle, animée d'une certaine excitation et fébrilité propre à la date du jour. C'était la même chose chaque année. Le 14 février, la Saint-Valentin, la fête de l'amour. Pour l'occasion, des petits angelots qui ressemblaient suspicieusement à des gnomes de jardins affublés d'ailes peintes et de langes blancs voletaient autour des élèves pour chanter des ritournelles. Un peu plus loin, Adrian Connelly en visait d'ailleurs un avec des bouts de toast que l'angelot avalait tout rond, bouche ouverte ; tandis qu'à la table des Serdaigle Artemisia Meadowes enlevait une à une les pétales d'une rose rouge. Techniquement, Hanna aurait dû s'y trouver aussi, mais le petit déjeuner était le seul repas où les professeurs laissaient les élèves se mélanger et ils en profitaient.

- Je verrais Charity cette aprèm, c'est largement suffisant, dit-il, même si une boule d'impatience et de nervosité s'agitait en lui. Je lui ai même acheté une boite de chocolat chez Honeydukes la semaine dernière !

- Elle va être ravie... marmonna Hanna en plantant sa fourchette rageusement dans sa saucisse. Et moi je n'aurais qu'à me morfondre dans mon dortoir.

- Je suis sûr que tes amies de Serdaigle seront ravies de te distraire, arrête.

- Je le sais, elles me l'ont proposé. Apparemment, le fait que mon copain soit de l'autre côté de l'Atlantique me laisse le droit d'infiltrer leur journée « entre célibataires heureuses de l'être ». On va manger des bonbons et faire des jeux toute l'après-midi.

Matthew lui envoya un regard hésitant.

- Ca m'a l'air un bon programme, non ?

- Hum...

Il retint un soupire. En vérité, il comprenait la morosité d'Hanna. Elle était coincée dans un entre-deux avec Julian depuis des mois et aucun des deux n'avait eu vraiment le courage de mettre des mots sur leur relation qui souffrait de la distance et de l'incertitude quant à la durée de son séjour en Amérique. Seulement, il semblait évident que la guerre n'allait pas s'arrêter demain et que la situation n'allait pas évoluer toute seule.

Il prit le temps de mâchonner un bout de toast, songeur, puis avança avec prudence :

- Eh... Tu crois pas que tu devrais lui parler ? A Julian ? Genre, essayer de voir où vous en êtes ?

- Tu crois que je n'ai pas essayé dans mes lettres ? fit-t-elle, poing contre la joue. Il évite la question. Il répète que je lui manque et qu'il a hâte de revenir en Angleterre, mais il ne parle pas vraiment de « nous », tu vois ? En fait, il répond à tout, sauf à ça. Alors je n'ose plus insister...

- Mais peut-être justement qu'il faudrait. Ça te bouffe le cerveau, Hanna ! Déjà qu'une relation à distance c'est pas facile, s'il n'y met pas un peu du sien...

Surprise, Hanna cilla. Elle avait l'air plus résigné qu'autre chose et il eut soudain envie de la faire réagir, frustré.

- Je croyais que les mecs se soutenaient quoiqu'il arrive ? dit-elle, une trace d'amusement dans la voix comme pour dédramatiser. Je pensais que tu serais de son côté.

- Je n'ai pas de côté. Je comprends Julian, ça doit être difficile de garder des liens à un océan d'écart, mais il y arrive très bien pour le reste avec toi et moi donc je ne vois pas pourquoi il n'en serait pas capable pour votre relation. Merlin, rentre-lui dedans ! Vas-y !

- Matt... soupira-t-elle. Bon sang, parfois tu peux être tellement... Gryffondor !

Matthew eut un mouvement de recul, piqué au vif. Il ne s'attendait pas à ce qu'Hanna réplique en s'en prenant à sa maison et il pointa sa fourchette sur elle.

- Quoi « Gryffondor » ? Tu te languis depuis des mois, ma vieille, et moi je te regarde faire. Alors en tant qu'ami des deux partis impliqués, j'essaye d'aider.

- Très altruiste, mais tu crois que je n'y ai pas déjà songé moi-même hum ? riposta-t-elle avec son air de Serdaigle sage et réfléchie. Tu crois que je n'ai pas pensé à lui « rentrer dedans » comme tu dis ? J'ai tenté plusieurs tons, mais... Il évite. Je crois que parler de notre relation par lettre serait étrange en plus, et puis surtout...

- Oui ?

- Je n'ai pas envie d'être méchante avec lui ou de lui prendre la tête...

Le pire, c'est qu'elle avait l'air sincèrement coupable et Matthew resta perplexe une seconde. Il ne voyait pas en quoi demander des explications méritées revenaient à être trop dure avec Julian. Il ne voulait pas non plus les voir s'engueuler, bien au contraire. Mais justement, il redoutait que si la situation continue à s'éterniser, ils finiraient par se disputer pour de vrai parce que tout exploserait tôt ou tard et il ne voulait absolument pas devoir choisir un camp à ce moment-là. Intérieurement, il savait en plus lequel il choisirait... Il aimait Hanna, vraiment, elle était une de ses meilleures amies ici à Poudlard mais avec Julian c'était juste différent. C'était le type d'amitié qui survivait à tout et dépassait les autres. Julian, c'était l'ami d'enfance, celui qu'il invitait à la maison à chaque vacances, celui à qui il avait confié des choses personnelles comme ses parents absents, son inquiétude pour Spencer, ou même son béguin à douze ans pour Dorcas Meadowes. Alors s'il fallait prendre parti, il savait déjà qu'il soutiendrait davantage Julian, même s'il n'en pensait pas moins.

- Tu ne veux pas lui prendre la tête ? répéta-t-il, sceptique, avant de se servir un nouveau verre de jus de citrouille. Mais c'est toi qui te la prend, ma vieille. Pourquoi tu... ?

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Quelque chose parut soudain craquer en Hanna et elle donna un coup sur la table du plat de la main et son verre vacilla.

- Matt, il a perdu sa mère ! s'exaspéra-t-elle. Arrête !

Il suspendit son geste, surpris d'avoir enfin réussi à la faire réagir, et plusieurs personnes se tournèrent vers eux à l'entente du coup d'éclat avant de se reconcentrer sur leur petit déjeuner. Hanna rentra la tête dans les épaules, mais elle ne put se cacher derrière sa tignasse frisée puisqu'elle était pour une fois attachée.

- Il a perdu sa mère, reprit-elle dans un chuchotement furieux, les yeux rivés sur son assiette vide. Tu crois vraiment qu'il a besoin que j'en rajoute en ce moment alors que son monde a été complètement bouleversé ? Entre sa mère, le déménagement, sa famille maternelle... Je ne veux pas lui ajouter une charge en plus.

- Hanna...

- Non, Matt. Je sais, je ne peux pas toujours pensé à lui et m'effacer dans cette relation, mais je pense qu'il a juste besoin d'un peu de temps. Si je peux au moins l'aider en lui accordant ça alors... (Elle déglutit, habitée par une certaine mélancolie qui imprégnait tout le monde depuis plus de deux ans et le début de la guerre). Il a un deuil à faire, souffla-t-elle après quelques secondes, et toi comme moi savons qu'il n'a pas vraiment commencé à le faire...

Un poids dans la poitrine, Matthew considéra les mots d'Hanna. Il savait qu'elle avait raison. Il l'avait vu tout l'été avant le départ de Julian. A l'annonce de la mort d'Aurélia Shelton, il s'était attendu à voir son meilleur s'effondrer et il s'était préparé à le soutenir, appréhendant déjà les phrases creuses et vides qu'il allait devoir débiter ou la façon dont Julian allait réagir, mais ça ne s'était pas passé comme ça. Etrangement, Matthew avait réussi à trouver les bons mots dans le silence : il avait été présent et avait surtout laisser la possibilité à Julian de parler parce qu'il savait qu'un deuil passait souvent par le récit de souvenirs. Il en avait fait l'expérience à la mort de ses grands-parents. Le problème, c'est que Julian s'était muré derrière une façade dont il avait le secret. Il n'avait pas parlé, il avait agi. Il s'était jeté à corps perdu dans la paperasse et dans le gestion de sa famille pour tenir. Même à l'enterrement, Matthew ne l'avait pas vu pleurer. Il se rappelait avoir fixer sa nuque, un rang derrière lui, mais Julian avait gardé la tête haute et un masque figé sur ses traits tandis que Charlotte s'accrochait à lui, le visage ravagée par les pleurs. Le plus dur avait sans doute été d'assister à la détresse de monsieur Shelton, plongé dans un état hébété. Au moment où le cercueil vide avait été mis en terre, pourtant, il s'était mis à pleurer silencieusement. Ces larmes qui traçaient des sillons de désespoir sur le visage de monsieur Shelton, Matthew ne les oublierait jamais. Après cela, Julian ne s'était pas arrêté pour faire son deuil. Il avait continué à s'agiter, à gérer le déménagement et la location de l'appartement, et Matthew n'avait pas osé intervenir. Il n'aurait de toute façon pas su comment... A bien y réfléchir, il ne l'avait même jamais vu pleurer.

Pendant toute cette période, Hanna avait été absente, partie en Grèce avec ses parents. Mais si même elle percevait l'incapacité de Julian à faire son deuil, ça voulait dire que le problème était peut-être plus grave qu'il ne l'avait cru.

- Tu l'as remarqué aussi alors ? marmonna-t-il.

- J'ai mis un peu de temps mais oui... A travers ses lettres, les choses qu'il ne dit pas surtout. Il parle beaucoup de sa sœur et de sa famille, mais jamais de lui par rapport à sa mère. C'est flagrant quand tu commences à le remarquer.

- Ca va lui exploser à la figure à un moment.

- Sûrement. Et on sera là pour lui, assura-t-elle, déterminée, avant de se mettre à jouer avec son bracelet aux breloques en forme d'étoiles que Julian lui avait offert pour noël. Tu comprends maintenant pourquoi je ne veux pas lui mettre la pression ? Ce n'est juste pas le moment.

- Mais...

- Mais ça viendra, promis. Je sais bien qu'on ne peut pas continuer comme ça.

Elle pressa ses paumes contre ses yeux, l'air fatigué.

- Rah j'aimerais pouvoir le voir en vrai... ça serait tellement plus simple !

- Tu peux payer un appel par cheminée internationale ?

- Je pourrais, mais j'ai le pressentiment que je vais me ruiner pour pas grand-chose... Non, il faudrait vraiment qu'on parle en face à face.

Matthew lui donna raison intérieurement. Julian avait un certain don pour l'esquive quand il le voulait, mais il était aussi pragmatique : si Hanna se tenait devant lui et exigeait d'avoir une conversation sérieuse, il ne se déroberait pas.

- On pourrait aller le voir aux vacances d'avril si les frontières rouvrent, suggéra-t-il sans conviction.

- Elles ne rouvriront pas... A part si Tu-Sais-Qui disparaît miraculeusement ou est arrêté mais...

Mais Hanna n'y croyait pas, pas plus que lui ni personne. La mascarade du Ministère commençait à se fissurer et la communauté sorcière savait pertinemment que tout n'allait pas bien et que rien n'était « sous contrôle » comme Harold Minchum, le Ministre de la Magie, l'avait affirmé à de nombreuses reprises. Les meurtres s'enchainaient, les disparitions aussi, la Gazette n'était plus indépendante depuis des mois – si elle l'avait jamais été – et pire les mangemorts ne se cachaient plus, signe de l'effondrement du système judiciaire que son père tentait de maintenir à la force de ses convictions.

- Je peux toujours demander à Leonidas s'il arriverait à nous faire passer les frontières...

- Ton oncle ? L'ambassadeur ?

- Ouais, le parrain de Ju'. On a rien à perdre.

Hanna haussa les épaules.

- Je suppose que non. En tout cas... merci de m'avoir écouté, Matt. Et désolée d'avoir fait la tête dès le petit déj.

- Oh t'en fais pas, Faucett, rassura-t-il d'un ton léger. Toujours là pour écouter tes peines de cœur. Ça se trouve, d'ici ce soir c'est toi qui écoutera les miennes.

Immédiatement, Hanna se rebiffa.

- Certainement pas ! T'as intérêt à faire passer à Charity la meilleure St-Valentin de sa vie !

- J'aime cette injonction, lança une voix dans son dos. J'espère que tu l'as bien noté, Bones ?

Matthew manqua de sursauter et se retourna si vite qu'il manqua de tomber du banc. Apparemment, Charity s'était glissée dans son dos sans qu'il s'en aperçoive. Il se sentit rougir alors que Hanna riait sous cape sans discrétion. Avec un éclat de rire, elle posa ses mains sur ses épaules et se pencha pour lui claquer un baiser sur sa joue.

- Salut, miss Burbage, sourit-il. Alors prête pour cette Saint-Valentin ?

- Surtout rassurée que ça ne tombe pas sur une sortie à Pré-au-Lard. Au moins, je suis certaine que je finirai pas dans un salon de thé rose bonbon.

- Parce que tu crois que je t'aurais emmené là-dedans ? Pour qui tu me prends ? Je suis un homme de goût, moi madame !

Charity rit à nouveau et enroula ses bras autour de son cou, le corps pressé contre lui. Il fit semblant de ne pas sentir son ventre faire un soubresaut et enfourna un nouveau bout de toast sous le regard attentif d'Hanna.

- Pardon, je retire, se rétracta Charity. Alors éclaire-moi : qu'est-ce que t'as prévu ?

- Qu'est-ce que tu voulais faire ? répliqua-t-il.

- Non, non, c'est de la triche ça. Allez, Bones, surprends-moi ! Fais-moi miroiter une après-midi de rêve pour supporter McGonagall toute la matinée.

Matthew se creusa la tête pour trouver quelque chose – d'un coup sa balade dans le parc lui semblait un peu trop banale – mais il vit soudain les yeux d'Hanna s'écarquiller et elle rougit avant de plonger son nez dans son assiette, l'air paniqué.

- Quoi ?

- Supporter, miss Burbage ? fit brusquement une voix derrière lui. C'est ainsi que vous qualifiez l'enseignement que je tente de vous prodiguer ?

Contre son dos, il sentit Charity se raidir et il se figea lui-même, son estomac se contractant cette fois pour une tout autre raison. Lentement – horriblement lentement – Charity se retourna et Matthew l'imita pour faire face à McGonagall. Leur professeure de métamorphose se tenait dans l'allée entre la table de Gryffondor et celle de Serdaigle, les traits sévères et les lèvres pincés en un pli réprobateur. Un exemplaire de la Gazette dépassait de sous son bras.

- Je... je suis désolée, professeure... balbutia Charity, mortifiée. Je... je ne vous avais pas vu.

- Et si ça avait été le cas, vous vous seriez sans doute retenue d'être impertinente ?

Charity ne trouva rien à répondre. Sa belle assurance habituelle s'était envolée, mais il ne pouvait pas lui reprocher : McGonagall elle les toisait de toute sa hauteur qui n'était pourtant pas bien grande mais son aura et son chapeau de sorcière la faisait paraître aussi impressionnante que Dumbledore dans un style moins loufoque et plus strict.

- Je vous prierais d'être plus respectueuse, miss Burbage. C'est une leçon de vie à retenir.

- Oui, professeure...

- Pour la peine, vous viendrez en retenu cette après-midi, juste après le déjeuner. J'ai des dossiers qui demandent à être trier depuis un moment dans mon bureau.

- Quoi ? Mais professeure, non, vous ne pouvez pas... !

- Et je vous demanderais de ne pas aggraver votre cas en protestant, miss Burbage.

Poings serrés contre ses flancs, Charity serra les dents. Son visage aux rondeurs équivoques étaient contractés en une expression farouche que Matthew lui avait vu plusieurs fois et il intervint avant de se dire que c'était sûrement une mauvaise idée.

- Professeure, c'était juste une façon de parler, elle ne voulait pas vous manquer de respect. S'il vous plaît !

- Monsieur Bones, je ne crois pas que avoir sollicité votre avis.

- Mais c'est exagéré ! Vous n'allez pas la coller juste pour ça !

Sous la table, Hanna lui donna un coup de pied d'avertissement et il vit soudain les ailes du nez de McGonagall frémir de colère. Visiblement, elle n'était pas dans un bon jour.

- Bones, je fais encore ce que je veux en matière de punition et j'estime que la sévérité dont je fais preuve aujourd'hui aura le mérite de vous rester en mémoire. Mais si vous êtes si indigné que vous l'affirmer, rien ne vous empêche de rejoindre miss Burbage pendant son heure de colle.

Matthew croisa le regard de Charity. La provocation de McGonagall, destinée à le faire enfin taire et ne plus s'en mêler, fit au contraire germer une tout autre idée dans son esprit et Charity lui fit les gros yeux comme si elle avait deviné ce qu'il pensait avant même qu'il n'ouvre la bouche.

- Matt, non...

- J'accepte ! lança-t-il.

- Je vous demande pardon ? s'exclama McGonagall.

- Je proteste contre son heure de colle en acceptant de la faire avec elle, clarifia-t-il, menton relevé.

- Oh Merlin, déplora Hanna.

McGonagall resta sans répondre quelques secondes, prise au dépourvu, puis un la commissure de ses lèvres se relevèrent légèrement. Peut-être qu'elle avait parié sur leur couple et voyait une occasion d'arrondir ses fins de mois grâce à une retenue commune. Elle secoua la tête.

- Vous savez quoi ? Très bien, si ça vous fait plaisir. Ma pile de dossier sera rangée plus vite ainsi. Je vous veux tous les deux dans mon bureau à 14h tapantes.

- Bien professeure.

- Et ne vous avisez pas d'arriver en retard à mon cours. A tout à l'heure.

Sur ces mots, elle repartit d'un pas sec, son chignon bien droit sur sa tête. Dès qu'elle fut hors de portée, Charity se retourna vers lui et lui asséna un violent coup de poing dans l'épaule.

- Aïe ! Espèce de harpie !

- Non mais qu'est-ce qui t'as pris ? Je n'avais pas besoin que tu joues au chevalier sacrificiel, Bones ! C'était une simple heure de retenue !

- Justement, ce n'était pas un chaudron à boire, se justifia-t-il en massant son épaule endolorie. En plus tu me demandais ce qu'on faisait pour la Saint-Valentin ? Et bah voilà ! Tu voulais un rendez-vous original, tu l'as !

La colère de Charity se changea en incrédulité aussitôt et il ressentit une certaine satisfaction et fierté à réussir cet exploit. Goguenard, il poussa le vice jusqu'à la regarder presque avec arrogance, amusé, en continuant à manger son toast. Il aimait surprendre Charity, elle dont émanait un esprit aventureux et curieux qui décontenançait justement en entourage, comme si elle se refusait à apparaître comme le modèle de la fille normale et normée. Un peu plus loin, Adrian Connelly – qui avait visiblement suivi l'échange avec leur directrice de maison – siffla d'admiration.

- Bien joué, capitaine ! Ca c'est une preuve d'amour digne du jour !

Matthew accepta le compliment avec style : il enfila son bonnet orange – celui que Julian lui avait offert – et fit mine de le tirer vers Adrian en guise de salut respectueux. Son attrapeur éclata de rire.

- C'est bon, c'est bon, grommela Charity. Il va encore falloir rendre cette heure de colle mémorable, Bones. Ne crie pas victoire trop vite.

- Pas d'inquiétude, miss Burbage, ça le sera.

Hanna roula des yeux en face de lui.

- Finalement, je suis plutôt contente de passer la journée seule, commenta-t-elle.

**

*

Dès qu'il entra dans le bureau de McGonagall après le déjeuner, Matthew se rendit compte qu'il avait peut-être sous-estimé la « pile de dossiers » dont sa directrice de maison avait parlé. Tout une partie de la pièce était encombrée par des feuilles dans des pochettes marrons entreposées pour le moment dans des grands cartons et l'étagère derrière le bureau de McGonagall avait été vidée d'une partie de ses iconiques trophées et médailles.

A ses côtés, Charity s'arrêta sur le seuil, et ses yeux s'agrandirent sous le coup de la surprise.

- Hum professeure... Vous déménagez ? lâcha-t-elle.

- Contrairement aux apparences, non, miss Burbage, répondit McGonagall en entrant à leur suite. Je réarrange pourrions-nous dire. Vous voyez ces récompenses dans ces cartons ?

- Oui ?

- Elles vont malheureusement devoir, elles, déménager. Je ne peux les garder qu'un temps dans mon bureau avant qu'elles ne soit entreposées dans la Salle des Trophées avec le reste.

- Mais... mais il y a notre Coupe de Quidditch gagnée avec Potter ! protesta Matthew. Et celle du Tournoi de Poudlard !

- Je le sais bien, Bones, mais ces récompenses appartiennent autant à la maison Gryffondor qu'à Poudlard et il est temps pour elles de laisser la place. Vous n'avez qu'à gagner la Coupe de Quidditch cette année pour remplacer le vide.

Même si le ton de McGonagall était léger – signe que sa colère matinale était retombée – il entendit bien qu'elle prenait le sujet au sérieux et le poids de la mission qui pesait sur lui se fit soudain sentir. La défaire contre Serpentard l'année dernière lui restait douloureusement en mémoire, tout comme les larmes de Mary McDonald quand elle avait dû aller serrer la main de Regulus Black qui venait de mener son équipe à la victoire en attrapant le vif d'or avec panache. Et même s'il savait que, contrairement à elle, il aurait encore l'année prochaine pour tenter de remporter le titre, il espérait être à la hauteur de son brassard de capitaine dès cette année.

- Bien, reprit McGonagall, toujours est-il que cette étagère à trophée va devoir bouger puisque je voudrais installer celle de mes dossiers à côté ; ce n'est juste pas pratique de faire des allers-retours en Salle des professeurs. (Elle désigna les cartons remplis des fameux dossiers). Malheureusement, ils ont tous été mélangés pendant le trajet et je vous demanderais donc de me mettre de côté tous ceux qui datent de moins de cinq ans. Le reste, vous pouvez le confier à un elfe de maison pour que ça soit mis aux archives.

- On a des archives dans le château ?

- Archives est sans doute un bien grand mot. Disons une pièce de stockage pour le corps enseignant.

Matthew hocha la tête. Ce n'était pas une tâche bien compliquée, simplement rébarbative.

- Vous avez une heure pour trier le maximum de choses, rappela McGonagall. Et sans magie, bien évidemment. Bon courage.

Quand la porte du bureau claqua, Matthew se fit la réflexion que ce n'était sans doute pas de courage dont il avait besoin mais de motivation. Charity devait se dire la même chose car elle poussa un soupire dépitée en contemplant les cartons.

- Et joyeuse Saint-Valentin surtout, grommela-t-elle. Tout ça pour une remarque même pas sérieuse... Elle y a été dure.

- Je sais. Mais je crois que c'est l'annonce de l'échec du Ministère dans la Gazette qui l'a mis de mauvaise humeur ce matin.

Ils s'assirent à même le sol pour commencer à trier les dossiers.

- Tu crois ? fit Charity.

- C'est juste une supposition, mais ouais... Mon père m'a dit cet hiver que McGonagall faisait partie de ces personnes qui croyaient que le Ministère pouvait encore lutter légalement contre les mangemorts, mais la désillusion est impossible à ignorer à ce stade.

Il passa sous silence l'alternative au Ministère, le fameux Ordre du Phénix dont il n'arrêtait pas d'entendre parler et dans lequel il était désormais persuadé que son père était impliqué. Son nom était plus ou moins connu de la société sorcière depuis son intervention lors des attentats des Archives Magiques en juin dernier – il évita de songer à Aurélia Shelton et son corps enseveli – mais il n'osait pas en parler frontalement devant Charity tant l'existence même de ce groupe de résistants était illégale. Pas besoin d'attirer l'attention dessus. Si les gens savaient qu'Edgar Bones, figure de la justice aussi bien par son nom de famille que par le prénom qu'il s'était fait au Magenmagot, enfreignait la loi en combattant les mangemorts sans aucun contrôle légal du Ministère, c'était le scandale assuré.

- Parfois, j'ai dû mal à me rendre compte qu'il y a vraiment une guerre dehors, avoua Charity en feuilletant un dossier pour en trouver la date. Je veux dire, je vois vite fait les attaques et les disparitions dans la Gazette, mais... ici on dirait que tout va bien.

- « Les murs de Poudlard sont le meilleur des remparts », cita-t-il d'un ton docte.

Charity haussa un sourcil.

- Qui a dit ça ?

Il déglutit. Visiblement, il n'était pas doué pour éviter de penser à quelque chose.

- Aurelia Shelton, dit-il dans un souffle. Elle avait écrit un article sur Poudlard en temps de guerre à travers l'histoire et je l'avais lu en troisième année parce qu'elle voulait savoir si c'était assez accessible pour être mis dans un manuel d'histoire. Elle travaillait en collaboration avec Bathilda Tourdesac, tu sais ? Bref, cette phrase m'a marqué, je sais pas pourquoi...

Il avait beau avoir la tête baissée sur un dossier qu'il venait de sortir du carton devant lui, il sentait les yeux de Charity fixés sur lui.

- C'est une belle phrase, admit-elle finalement. Et Aurelia Shelton avait l'air d'être une belle personne.

- Oui, je suppose... Pour moi, elle était surtout la mère de Julian, mais elle a toujours été... sympa avec moi. Dès que je venais chez eux pour les vacances, elle était là. On faisait des gâteaux parfois quand on était plus jeunes, vers douze ans.

Il se revoyait dans la petite cuisine de l'appartement londonien des Shelton avec Aurélia qui les menait, Julian et lui, d'une spatule brandie pour qu'ils réussissent à faire des cookies. Quelque chose que sa propre mère n'aurait jamais eu le temps de faire, trop absorbée par son travail. Elle était aussi une piètre cuisinière maintenant qu'il y pensait.

Amer, il jeta presque le dossier qu'il tenait avec un peu trop de force sur la pile des dossiers obsolètes et décida de changer de sujet. Il n'était pas prêt à parler de sa famille à Charity.

- C'est de ça dont tu parlais avec Hanna ce matin ? demanda-t-elle alors, curieuse. J'ai juste entendu quelques mots avant de vous rejoindre, mais j'ai cru comprendre que vous parliez du deuil de Julian ?

- Oh ça... Ouais en quelque sorte, admit-il. On se disait qu'il n'arrivait justement pas à le faire, son deuil. C'est compliqué.

- C'était sa mère.

- Je sais, je sais... En fait, si tu veux tout savoir, Hanna n'ose pas le brusquer à cause de ça. Disons qu'il est parti aux Etats-Unis sans vraiment mettre les choses au clair avec elle et maintenant elle a peur de le confronter. (Il piocha un nouveau dossier dans le carton devant lui). Elle lui a demandé par lettres, mais il évite la question.

Charity haussa un sourcil et afficha une moue pleine de jugement qui ne lui échappa pas. Il releva la tête vers elle.

- Un commentaire ?

- Non...

Tout dans sa voix et sa posture criait l'inverse.

- Allez, parle, t'en meurs d'envie, l'encouragea-t-il.

- Ce sont tes amis, je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas.

- Depuis quand t'as des scrupules sur ça ?

En réponse, elle fit exprès de donner un coup dans le carton qui lui frappa la jambe. Il glapit de surprise et de douleur.

- Ah les garçons, dit-elle comme s'il s'agissait d'une insulte.

- Quoi encore ?

- Rien, vous ne comprenez simplement jamais.

- Parce que tu comprends Hanna, toi, peut-être ?

Charity redressa le menton, fière.

- Bien sûr, affirma-t-elle. Enfin, Matt, si elle a déjà relancé Julian plusieurs fois sans réponse, je comprends qu'elle ne veuille plus le faire. Au-delà même de la question de son deuil difficile !

- Mais pourquoi ?

- Mais parce que ce n'est pas à elle de le faire ! Elle a peur de passer pour la fille qui s'accroche, qui va finir par avoir l'air pathétique à force de harceler son copain ! Ce qui est faux, elle aurait raison de le secouer pour avoir des réponses, mais dès qu'elle le fera, tu peux être sûr que tout le monde va la qualifier d'hystérique. Toi compris.

Piqué au vif, Matthew réagit d'instinct :

- N'importe quoi ! s'insurgea-t-il. Pourquoi je ferai ça ? C'est moi qui lui ai conseillé de lui rentrer dedans !

- Et dès que Julian viendra s'en plaindre auprès de toi, tu prendras son parti parce qu'il aura forcément une bonne raison de repousser cette conversation avec Hanna. Et tu te diras qu'elle en aura trop fait parce que c'est comme ça que tout le monde perçoit les filles qui s'accrochent trop à leur copain.

Charity termina sa prise de position par un regard teinté de défi et il tenta de se remettre en question. N'avait-il pas pensé au petit déjeuner que s'il devait effectivement prendre parti il prendrait celui de Julian ? Mais ça n'avait rien à voir avec une perception genrée ou une quelconque guerre des sexes... C'est juste que Julian était son meilleur ami. Pourtant, Charity venait d'insinuer le doute en lui.

Mal à l'aise, il décida d'adopter ironiquement la posture de Julian : l'esquive.

- Et toi alors ? Tes amis ? relança-t-il pour dévier le sujet. J'ai toujours l'impression de te voir toute seule quand on n'est pas ensemble.

- Te flatte pas trop, Bones, tu n'es pas le centre de ma vie.

- Oh allez, ce n'est pas ce que je voulais dire.

Charity se contenta d'hausser les épaules.

- Je ne sais pas trop... Je m'entends bien avec les filles de mon dortoir, mais elles ont surtout un groupe à trois et on n'a pas vraiment les mêmes intérêts.

- Pourquoi ? C'est quoi tes intérêts ?

- T'as rien retenu de notre sortie avant noël ?

Il fit jaillir le souvenir de sa mémoire, se remémorant la silhouette de Charity dans son long manteau qui faisait crisser la neige sous ses pas avant de l'entraîner dans le métro puis une boutique de jouets anciens.

- Les moldus ? se rappela-t-il.

- Prends pas cet air si étonné, j'étais sérieuse quand je disais que je m'y intéressais vraiment.

Le dernier mot avait un accent de défi, comme si elle s'attendait à ce qu'il se moque d'elle, et il fit attention à mieux maîtriser son expression.

- Non, non, désolé, je trouve ça cool en vrai ! Enfin je m'y connais pas trop, mais je trouve ça génial que t'aies une passion comme ça !

- C'est gentil, sourit-elle, même si elle restait sur ses gardes. (Elle écarta un nouveau dossier, puis se pencha vers lui, les deux mains à plats sur le sol). Et toi, Matt ?

- Moi ?

- Ta passion ?

Il ne manqua pas la façon dont elle détournait l'attention d'elle-même. Peut-être qu'elle n'était pas encore à l'aise pour partager sa passion des moldus avec lui, tout comme il n'était pas prêt à lui parler de sa famille. Deux choses intimes. Pourtant, il tenta de réfléchir honnêtement à sa question. Quelle passion le caractérisait ? Le Quidditch ? Il était plutôt doué et il aimait son poste de gardien et de capitaine, mais il savait que d'autres joueurs – comme Artemisia Meadowes – étaient bien plus mordus que lui. Le scrabble ? Non, il aimait y jouer, mais il ne pouvait pas qualifier ça de passion. Il se creusa la tête. Hanna avait bien l'astronomie, Julian le dessin, mais lui...

Pris au dépourvu par l'immensité du vide et des possibilités qui s'ouvraient devant lui, il préféra bifurquer vers ce qu'il maîtrisait mieux : l'humour et le flirt.

- Et si je te dis que c'est toi ma passion ? répondit-il d'une voix qu'il tenta de rendre suave.

La réaction de Charity fut instantanée. Elle éclata de rire et le repoussa d'une pression sur son torse.

- T'es un imbécile, Bones, s'esclaffa-t-elle.

- Quoi ? Tu ne me crois pas ?

- Non. Tu vas devoir le prouver...

Cette fois, ce fut au tour de la voix de Charity de prendre une teinte aguicheuse et elle le regarda sous ses cils, presque mutine. C'était le sourire qu'il préférait chez elle, celui qui annonçait qu'elle entrait dans son jeu et qu'elle le draguait autant qu'il la draguait. Peut-être qu'ils n'étaient pas prêts à avoir des conversations sérieuses... Mais Matthew n'allait pas s'en plaindre, pas alors que Charity le regardait comme si elle n'attendait qu'une chose : qu'il fasse le premier pas. Ça aussi, il l'avait remarqué. Son âme aventureuse avait des limites et elle était souvent rattrapée par une certaine timidité au moment d'agir.

Conscient de leur proximité, il amorça un geste lentement et vint poser sa main sur sa cuisse, juste en dessous du bord de sa jupe d'uniforme. Il lui sembla qu'elle retint sa respiration plusieurs secondes tandis qu'il sentait la chaleur de sa peau à travers ses collants et il poussa l'audace jusqu'à se rapprocher un peu plus. Elle inclina la tête.

Matthew n'eut pas besoin de plus. Il fondit sur ses lèvres, avide, et se mit l'embrasser avec plaisir. La sensation lui était devenue de plus en plus familière au fil des semaines, mais rien que la conscience d'avoir sa main posée sur la cuisse de Charity – il se forçait à la laisser immobile – changeait toutes ses perceptions.

De son autre main, il repoussa la pile de dossiers près de lui et fit levier pour se rapprocher encore un peu plus. Charity, elle, se redressa sur ses genoux pour suivre le mouvement et approfondir le baiser. Il dû enlever la main de sa cuisse, l'esprit embrumé, mais elle la lui reprit à l'aveugle pour venir la placer sous la courbure de sa poitrine. Il laissa échapper un soupire profond.

Les longs cheveux blonds de Charity qui lui arrivaient presque à la taille le gênaient et il les repoussa pour dégager aussi bien son visage que son corps. Il avait l'impression de ne plus réussir à aligner deux pensées cohérentes, trop saisi par les lèvres de Charity qui se mouvaient contre les siennes, s'entre-ouvrant un peu plus à chaque fois. Au bout de plusieurs secondes, il osa glisser sa langue un peu plus loin et remonter sa main un peu plus haut.

- Matthew...

Le murmure de Charity perça brusquement la brume.

Il se rappela alors où il se trouvait. Bon sang, il ne pouvait pas continuer dans cette voie... Pas dans le bureau de McGonagall ! A contre cœur, il s'arracha à elle, étourdi. Elle ne chercha pas à le retenir, mais le dévisagea en une question muette, les pupilles réduites à une tête d'épingle et le souffle haché.

- Ce qu'on était en train de faire ? dit-il d'une voix rauque. Je veux que tu le gardes à l'esprit pour tout à l'heure, ok ?

- Ok...

Un sourire visiblement impossible à endiguer lui barrait les lèvres – les mêmes qu'il venait d'embrasser – et elle cacha son visage rougissant entre ses mains. Il se mit à rire.

- Rah Merlin, miss Burbage, t'es la seule à rendre une heure de colle si agréable.

- Ravie, marmonna-t-elle, amusée.

- Eh, mais ne crois pas que je ne suis pas un gentleman ! Regarde !

Reconnaissant envers lui-même pour cette diversion, il rampa presque pour attraper son sac sous le rire de Charity et il plongea la main dedans avant de brandir fièrement son cadeau.

- Tiens ! Pour toi ! annonça-t-il d'un air cérémonieux.

- Une boîte de chocolats ?

- Joyeuse Saint-Valentin, miss Burbage !

Le sourire de Charity valait toutes les retenues du monde.

**

*

- Sérieusement ? Des chocolats ?

Noah perçut le ton railleur qu'il avait employé, mais il était trop tard pour le ravaler et il contempla le visage d'Othilia qui se crispa un instant avant qu'elle ne fasse preuve de bonne volonté en affichant un sourire artificiel.

- J'ai trouvé que ça serait marrant, juste pour marquer le coup... se justifia-t-elle.

- Mais étouffe-toi avec, Douzebranches, ça me fera des vacances, commenta Théa à côté d'elle, imperturbable.

Il se contenta de lui faire un signe grossier de la main pour toute réponse. Cette Saint-Valentin était une mascarade de toute façon, il l'avait toujours pensé : une fête aussi artificielle que le sourire d'Othilia il y a quelque secondes, même s'il méritait sans doute ce dernier. Il avait simplement été pris par surprise. Pendant la pause déjeuner, il était parti s'isoler dans son dortoir pour dessiner et se vider la tête avant de se rappeler brusquement qu'il devait retrouver Othilia dans le Grand Hall. Ils n'avaient pas cours avant quinze heures à cause de Fleming, exceptionnellement absente, et ils avaient décidé de passer du temps ensemble pour la Saint-Valentin. Quand il était arrivé du Hall, Othilia n'y était cependant déjà plus et il venait de la retrouver dans le Réfectoire, assise avec Théa qui terminait de manger son dessert, blasée. Et évidemment, il n'avait pas réussi à feindre une réaction correcte face à la boîte de chocolats qu'Othilia avait visiblement pris le temps d'acheter pour lui offrir...

- Désolé, marmonna-t-il. Merci, c'est sympa. (Il risqua l'audace d'ouvrir la boîte et de piocher un chocolat avant de la tendre vers Théa. Celle-ci ne se fit par prier pour en piquer un). T'es prête ?

- Depuis vingt minutes contrairement à toi.

Et sans un regard, elle se leva et partit d'un pas vif, son carré blond s'agitant sous la force de son mouvement. Il grogna, agacé, et Théa le contempla depuis le fond de sa chaise, presque méprisante.

- Rattrape-là, espèce d'idiot. Et montre-lui que tu tiens à elle pour changer. S'il y faut, imagine qu'elle est un crayon, ça t'aidera.

- La ferme, Grims.

- Jamais. Tu vas les manger, ces chocolats ?

A nouveau, il ne lui répondit pas, mais il jeta la boîte sur la table devant elle sans cérémonie avant de s'élancer à la poursuite d'Othilia. Alors qu'il remontait vers les grands portes, il repéra Liam, Aileen et Julian qui finissaient eux aussi de déjeuner à leur table habituelle. Dès que Julian l'aperçut, une ombre passa sur son visage. Il avait dû voir Othilia passer.

Noah n'était pas idiot contrairement à ce que Théa aimait affirmer. Il voyait bien que Julian était mal à l'aise avec Othilia depuis leur pacte passé quelque jours après leur baiser... Morgane, encore une situation impossible. En vérité, il comprenait la gêne de Julian, il la ressentait aussi. Malgré ce qu'il avait affirmé, il savait pertinemment que ce qu'ils faisaient était mal. Peut-être que les guérimages avaient raison. Peut-être que la loi qui interdisait ce genre de relation avait été mise en place pour une raison.

Pourtant, il lui suffisait de repenser à la sensation qu'embrasser Julian Shelton avait éveillé chez lui pour faire taire sa conscience. C'était différent. Tout était différent avec Julian. Il était un garçon, ça ne comptait pas... Julian était Julian, il était le prodige en dessin, le responsable du groupe, le génie en sortilèges. Si Julian s'était laissé embarqué dans leur histoire, c'était qu'elle n'était pas si grave que ça. Il ne pouvait peut-être pas se faire confiance à lui-même, mais il pouvait faire confiance à Julian.

En sortant du Réfectoire, il redoubla sa foulée.

- Othilia ! appela-t-il. Attends-moi !

- Cours plus vite !

- Lia !

Sa voix porta à travers le Hall. Résignée, Othilia finit par ralentir et il arriva enfin à sa hauteur.

- Ecoute, Noah, je sais bien que notre relation n'est plus ta priorité en ce moment, mais tu pourrais au moins faire semblant aujourd'hui.

- Sérieux ? Tu n'aimes même pas la Saint-Valentin ! On trouve tous les deux que c'est une fête à la con, pourquoi est-ce que tu me prends la tête d'un coup ?

- Parce que pour une fois j'avais envie de la fêter ! J'avais envie d'être comme les autres filles juste pour une journée, c'était trop demandé ?

- Et alors quoi ? Je devais lire dans ton esprit ? s'agaça-t-il.

- Non, juste être à l'heure comme on l'avait dit.

L'avantage d'avoir grandi avec Hilda, c'était qu'il était presque immunisé à la froideur que les gens mettaient dans leur voix pour le faire réagir et Othilia ne faisait pas exception. Las, il tenta de protester pour la forme :

- Arrête, bien sûr que notre relation est une priorité...

- Toi arrête, je ne suis pas aveugle. Je sais bien qu'avec le Rituel d'Ancrage on est tous occupés, mais je dois en plus te partager avec le dessin, avec les cours, avec tes problèmes... énuméra-t-elle en comptant sur ses doigts. C'est épuisant !

- Qu'est-ce que tu veux que je fasses pour les cours ? Que j'aille demander à Hicks de me filer mon diplôme juste par charité ?

- Noah...

- Et le dessin je te l'ai déjà dit, si je veux intégrer une école d'art, je...

La façade maîtrisée d'Othilia se brisa soudain et elle ne le laissa même pas finir sa phrase.

- Arrête avec ton école d'art ! s'exaspéra-t-elle. Noah, sérieux, tu ne peux pas te lancer là-dedans, on en a déjà parlé ! Tu vas droit dans le mur !

Son manque de confiance le heurta plus violemment qu'il ne s'y attendait. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'elle lui tenait ce discours, mais c'était peut-être la première fois qu'il avait la sensation qu'elle y croyait vraiment. Hilda, c'était une chose. Il s'y attendait : elle était dans son rôle de gardien responsable et femme de bonne famille. Il avait cru – stupidement – qu'Othilia finirait par se ranger de son côté, mais ce n'était visiblement pas le cas.

- Ravi de voir que j'ai ton soutien, railla-t-il, venimeux.

- Noah, je...

- Laisse tomber.

Mâchoire crispée, il détourna la tête. Il n'avait aucune envie de s'étendre sur le sujet. Sur le visage d'Othilia, il vit osciller plusieurs émotions comme le remord et la colère. Les deux se battaient pour prendre l'ascendant, la réduisant au silence, et il fut soudain traversé par une prise de conscience brutale.

Un jour, Othilia craquerait.

Un jour, elle réaliserait qu'il ne valait pas son énergie ni son temps et elle partirait... Peut-être que l'idée lui traversait l'esprit à ce moment-même. C'était une vision étrange à envisager. Othilia était devenue une constance dans sa vie depuis deux ans, peut-être même avant. Elle était la béquille sur laquelle il pouvait toujours s'appuyer, mais surtout elle était sa police d'assurance. Tant qu'il était avec elle, personne ne songerait sérieusement aux rumeurs qui avaient circulé l'année dernière sur lui et Zack Ledwell. Personne ne songerait à en répandre à nouveau sur lui et Julian.

Mû par une peur instinctive, il observa Othilia. Il l'observa vraiment. Elle se tenait toujours devant lui et il se souvint brusquement la raison pour laquelle il l'aimait. Peut-être pas de la bonne façon, mais il l'aimait. Il l'aimait parce que justement elle était toujours là. Il en faudrait plus pour faire craquer Othilia et il admira sa force de caractère.

- Lia... ? souffla-t-il.

- Quoi ?

- Tu veux passer la Saint-Valentin avec moi ? S'il te plait ?

Ce n'étaient peut-être pas des excuses, mais c'était ce qu'il avait de mieux. Une lueur surprise brilla dans les yeux d'Othilia et elle porta le poing contre sa gorge, le dévisageant longuement. Il ne saurait sans doute jamais ce qu'elle vit en lui à ce moment, mais elle hocha la tête imperceptiblement.

Et alors il glissa sa main dans la sienne.

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Verdict ?

J'ai bien aimé écrire ce chapitre, c'était fun ! J'attends vos réactions avec impatience ^^
annabethfan

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Heyyy ! Rien de particulier à dire pour aujourd'hui, à part que j'ai survécu au dentiste haha! Et j'attends trop les JO si vous saviez !!

Merci à Perri pour sa relecture sur ce chapitre, je ne serais rien sans elle *keur*

Comme d'hab, n'hésitez pas à commenter à fond, c'est toujours ce qui fait plaisir. En vrai j'ai remarqué que vous commentiez plus ici que sur ATDM, chose que j'aurais pas cru possible et vraiment un énorme merci ça me touche énormément !

Bonne lecture !!

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Chapitre 35 : Maître Corbeau

« On ne chante pas à la place de l'oiseau »

- Mariette Navarro -


// 3 mars 1980 //


- Vous êtes sûrs qu'on a besoin de reposer des questions à Leonidas ?

- Julian, on ne va pas en débattre trente fois, s'exaspéra Liam. Si t'y vas pas, je débarque moi-même dans son Ambassade !

- Un incident diplomatique avec l'Angleterre, c'est tout ce qui nous manquait... marmonna Théa en émiettant un toast dans son assiette.

Julian s'enfonça dans sa chaise, sa tasse de thé en train de refroidir devant lui. C'était la première fois que tout leur groupe prenait leur petit déjeuner dans la salle Alberta, signe que leur mission prenait de l'ampleur, mais il s'en serait bien passé. Le bouillonnement des chaudrons à sa droite faisait un peu trop écho à son ventre qui réagissait avec appréhension. Assise sur le canapé que Liam avait ramené d'une brocante aux dernières vacances, Aileen l'observa intensément et, comme d'habitude, il lui sembla qu'elle arrivait à capter ses émotions.

- Je peux t'accompagner, proposa-t-elle. Ça sera peut-être plus facile si on est deux face à lui ?

- Et on justifie ton implication comment ? objecta Othilia, concentrée à déchiffrer des runes pour entamer une nouvelle préparation de potion. Je veux dire, tu ne peux pas juste te pointer devant Leonidas Grims avec Julian et commencer à poser des questions sur Diego Calderon ou sur les autres de la « Génération 1950 ». Comment on justifie même que vous soyez au courant ?

- Elle n'a pas tort, il va finir par se demander ce qu'on fabrique si on n'arrête pas de poser des questions...

- Mais on a besoin des réponses ! protesta Liam.

- Et bah t'as qu'à aller les poser toi-même au lieu d'envoyer les autres faire le boulot, marmonna Noah.

Julian tourna la tête. Il en aurait presque oublié sa présence. Presque... C'était impossible de vraiment ignorer Noah lorsqu'il était dans la même pièce que lui. Retranché dans un coin de la pièce, il avait son carnet à dessin sur les genoux et dessinait depuis plusieurs minutes, apparemment peu désireux de participer, mais envoyer une pique à Liam avait dû être trop tentant. Surtout que ce dernier réagit évidemment en un tour de baguette.

- Rappelles-nous ce que tu fous là déjà ? dit-il, agressif. Parce qu'à part squatter la salle et dessiner, je ne te vois pas participer à l'enquête. Je ne vois même pas pourquoi vous l'avez amené ! ajouta-t-il dans leur direction.

Théa appuya sa joue contre son poing, l'air blasé et agacé à la fois.

- On ne l'a pas ramené, il s'est ramené, nuance.

- Et Noah m'aide, rappela Aileen, apaisante. Il m'aide à éplucher les carnets d'Isolt. On a terminé ceux de Martha hier, il va falloir qu'on se penche du côté de Rionach. Peut-être qu'elle savait des choses sur le Rituel d'Ancrage. (Elle repoussa ses cheveux roux et se massa les tempes). Revenons sur Leonidas. Vous êtes sûrs qu'il pourrait nous en dire plus que Perrot ?

Julian soupira.

- C'est probable, admit-il. Je veux dire, je sentais bien que Perrot ne disait pas tout, soit parce qu'il avait quelque chose à cacher, soit parce que je suis son élève. Avec mon parrain, ça devrait être différent. Il me dira peut-être plus de choses sur le groupe de ma mère.

- Et de la mienne, marmonna Théa.

Noah, lui, se contenta de lever son crayon comme pour dire « moi aussi ». Après son entretien avec Perrot, Julian avait hésité à révéler à Noah que l'instabilité de sa mère était en partie dû à la découverte du corps de Diego, mais il n'avait pas réussi à lui cacher. Il avait le sentiment que même s'il avait essayé, Noah l'aurait su. Et s'il y a bien une chose qu'il préférait éviter, c'est d'avoir Noah contre lui si jamais il lui en voulait.

- De toute façon, on ne perd rien à essayer, conclut Aileen. Allez, on y va tous les deux !

Stressé, Julian se contenta de se lever à la suite d'Aileen. Pendant une seconde, il croisa le regard de Noah et espéra qu'il arrive à comprendre ce qu'il tentait de lui faire passer, à savoir qu'il aurait préféré que ça soit lui qui l'accompagne. Mais Noah resta désespérément assis, la main crispée autour de son crayon et les yeux obstinément tournés vers Othilia. Il se résolut à partir.

Dans les escaliers qui menaient au Hall, ils croisèrent plusieurs élèves pressés de se rendre au Village. Il repéra notamment Enjolras, talonné de près par Clémence Laveau comme à son habitude, et la carrure imposante de Wilde entre les sœurs Qualetaga, Sora et Winona. Il se fit la réflexion que chacun d'eux était devenu un visage familier au cours des derniers mois. Ilvermorny ne lui faisait plus l'impression d'être une pâle copie de Poudlard : elle avait gagné une identité et ses élèves n'y étaient pas pour rien.

Malheureusement, ses camarades ne lui offrirent qu'une distraction temporaire. Dès qu'ils sortirent de l'enceinte du château, Julian se retrouva à nouveau seul avec ses pensées et il retint l'impulsion de pianoter du bout des doigts contre sa jambe en marchant. A croire que ses retrouvailles avec Leonidas ne pouvaient jamais échapper au spectre de sa mère...

A nouveau, il dût mal réussir à cacher ce qu'il ressentait car Aileen coula un regard vers lui.

- Ca va bien se passer, le rassura-t-elle d'un ton tranquille. Tu verras.

D'un point de vue rationnel, il savait qu'elle avait raison. Il n'avait aucune crainte à avoir avec Leonidas. Simplement, il avait l'impression que c'était l'énième entretien avec son parrain qu'il allait avoir au sujet de sa mère, comme si les secrets qui hantaient sa vie s'accumulaient sans cesse. Comme s'il avait ouvert une boîte de Pandore sans fond.

- Je sais, je sais, se contenta-t-il de répondre, les yeux dans le vague.

- Tu dis ça pour me faire plaisir et tu n'en penses pas un mot, c'est ça ?

- Quoi ?

Il tourna la tête vers elle, déstabilisé, et capta son sourire entendu. Ses cheveux roux se déployaient sur ses frêles épaules et elle avait une démarche bondissante, tout à l'opposé de lui-même.

- Je ne sais pas, ça fait plusieurs semaines que je te sens un peu ailleurs, avoua-t-elle. Alors je profites qu'on soit seulement tous les deux pour une fois... T'es sûr que ça va ? Parfois, je demande si ce qu'on est en train de faire n'est pas « trop », tu sais...

Touché, il chercha ses mots avant de répondre. Peu de personne s'était soucié – ou se souciait – de ce qu'il ressentait comme Aileen le faisait. Il supposait que c'était compréhensible. Au décès de sa mère, le peine de Charlotte et de son père avaient plus évidentes, plus extérieures. Tout le monde avait voulu être là pour eux. Lui, il était celui qui tenait le coup. Celui qui forçait le respect. Celui dont on disait « moi je n'aurais pas été capable d'en faire autant ». Seulement, Aileen n'était pas tout le monde et elle lui prouvait encore aujourd'hui en lui offrant son soutien sans faille.

Pendant une seconde, il considéra d'accepter cette sollicitude, mais il songea ensuite aux personnes qui l'attendaient au château.

- Non, ça va, marmonna-t-il finalement. Si ça doit être « trop » pour quelqu'un, c'est pour Liam. C'est sa sœur qui a disparu et est visiblement retenue par un psychopathe.

Aileen grimaça.

- Certes... reconnut-elle. Mais je m'occupe de Liam. Tout le monde s'occupe de Liam, même Théa, c'est dire. Pour l'instant, c'est toi qui m'inquiète.

- Mais ça va, c'est juste perturbant c'est tout...

- Je me doute. Je ne sais pas comment j'aurais réagi si ma mère avait été sur cette liste...

Julian leva la tête vers le ciel, l'esprit embrumé. La Génération 1950. Bon sang, sa mère avait à peine quinze ans à l'époque. Qu'est-ce qu'elle avait bien pu faire pour se retrouver mêlée à un Rituel d'Ancrage ? Quel était son lien à Diego Calderon, Heather Douzebranches, tante Cordelia et le professeur Perrot ? Est-ce qu'elle avait fini par découvrir ce que lui-même était en train de chercher désespérément ? Quel était le secret d'Ilvermorny ? Quel objet pouvait bien être caché dans ses tréfonds depuis l'époque d'Isolt Sayre ?

Et s'il n'y avait que ça... Il n'oubliait pas l'autre tempête contre laquelle il se débattait. Une tempête qui se nommait Noah Douzebranches. Même maintenant, plusieurs semaines après leur pacte, il ne comprenait pas comment il s'était embarqué dans cette histoire d'expérience étrange.

Il dû dériver un peu trop loin dans ses pensées car Aileen le ramena sur terre d'un geste doux. Il sentit le contact sur son bras et sursauta. Dès qu'elle se rendit compte qu'elle avait récupéré son attention, elle recula comme si elle s'était brûlée.

- Désolé, marmonna-t-il, gêné. Tu disais... ?

- Ce n'est pas seulement à cause de ta mère, pas vrai ?

Surpris, il cilla et ralentit le pas. Ils étaient sur le chemin qui coupait à travers la Sylve d'Argent et descendait vers le Village, mais il avait presque l'impression d'être scruté par les arbres tant le regard d'Aileen était intense.

- Quoi ?

- C'est un tout, non ? Les Etats-Unis, l'enquête, le groupe... (Elle fronça le nez, un tic qu'elle avait quand elle rassemblait ses pensées et hésitait à parler). Ecoute, je sais que ce n'est pas facile. Je sais qu'on n'est pas facile plutôt, mais ce n'est pas contre toi. Ça fait longtemps que c'est tendu entre nous.

- Nous ? La « clique royale » et « les justiciers journalistes » ?

Elle eut un sourire dépité.

- Tu traînes trop avec Noah, dit-elle en roulant des yeux.

Il tenta de retenir la flambée qui colora certainement ses joues.

- Je partage son dortoir, se justifia-t-il.

- Hum...

Mais Aileen avait un sourire énigmatique au coin des lèvres. Elle garda le silence un moment, songeuse, et il se mit à paniquer. Que savait vraiment Aileen derrière ses éclairs de clairvoyance et ses phrases cryptique sur tous ceux qui l'entouraient ? Noah et lui avaient veillé à être prudent. Ils ne parlaient jamais de leur pacte à moins d'être seuls, mais Ilvermorny n'était pas différente de Poudlard : on ne pouvait jamais être certain que quelqu'un n'était pas au coin du mur à tendre l'oreille. Le cœur affolé, il ravala une boule d'angoisse avant qu'elle ne reprenne :

- Je sais que Liam peut sembler avoir raison sur Noah, tu sais Il n'est pas simple à suivre ni à apprécier, mais il a bon cœur dans le fond. Si t'arrives à le comprendre pour Théa, je pense que tu peux y arriver avec lui, surtout que vous avez le dessin en commun. (Elle marqua une pause puis ajouta). Parfois, je me dis que c'est le vrai langage de Noah.

Aileen ne se doutait sûrement pas d'à quel point elle avait raison. Noah ne s'exprimait jamais avec autant de sincérité que lorsqu'il avait un crayon à la main. Il avait assez été témoin de son talent pour le savoir.

- Je sais, dit-il avec une certaine condescendance, mais parfois il peut être...

- Cassant ? Lointain ? Cruel ?

- Ouais...

Mal à l'aise, il resserra son écharpe de Serdaigle autour de son cou.

- C'est tout le mystère de Noah Douzebranches, soupira Aileen, compréhensive. Mais dis-toi qu'il est avec les autres comme la vie l'a traité, on va dire.

- A cause de sa mère ?

- T'es au courant ?

Il voyait bien qu'Aileen était prudente, soucieuse de ne rien révéler et de ne pas colporter de ragots. Il supposait qu'il ne pouvait pas lui en vouloir. Wilde Wilkinson avait bien fini avec un nez cassé pour moins que ça.

- Elle l'a enlevé quand il était en première année et a pris la fuite avec lui et son frère, oui, résuma-t-il en passant sous silence l'histoire où Heather et Hilda avaient demandé aux enfants de choisir entre elles. Je sais aussi que son père n'a jamais vraiment été là...

- C'est ça. Noah s'est un peu construit sur cette instabilité. Il est terrifié de l'abandon, je dirais, et c'est pour ça qu'il demande autant dans ses relations aux autres. Avec lui, c'est tout ou rien.

- Parce que si tu n'es pas prêt à tout donner, ça veut dire que tu ne tiens pas à lui ?

A nouveau, Aileen acquiesça et donna un coup du bout du pied dans un caillou qui alla rouler plus loin. Julian le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse dans les hautes herbes sur le bord du chemin.

- Ce n'est pas pour rien que Théa et lui se ressemblent sans arriver à s'entendre, marmonna-t-il. Othilia avait raison. Ils sont pareils.

- Mais un peu différents, nuança Aileen, les yeux rivés devant elle. Théa a perdu des gens qu'elle aimait. Son frère, son père... sa mère d'une certaine façon vu comment leur relation s'est dégradée. Elle a besoin de se sentir protégée. (Elle expira un nuage de fumée). Noah... Comme je disais, Noah est plus intransigeant.

- Vu de cette façon, tu m'étonnes que tu ne l'aimes pas...

- Oh mais j'aime bien Noah. On était amis, je te rappelles. C'est juste que... c'était difficile parfois pour moi de gérer ses émotions excessives.

Julian n'avait pas le mal à l'imaginer. Il avait rarement rencontré quelqu'un d'aussi sensible à l'âme humaine qu'Aileen et il comprenait qu'elle avait dû se sentir vite dépassée par le trop-plein qu'était Noah. Lui-même le ressentait parfois. Noah était volatile, dur à suivre, impossible à canaliser. Il suffisait de voir la façon dont il s'était tour à tour dérobé après leur baiser – alors qu'il avait été celui à combler la distance entre eux – avant de mettre en place leur jeu expérimental.

Il dû garder le silence un peu trop longtemps ou faire une drôle d'expression car Aileen reprit, défensive :

- Après, Noah a plein de qualités aussi quand il veut bien les montrer. On ne peut pas lui enlever qu'il est intéressé par plein de choses et est doué en dessin. C'est aussi pour ça qu'il s'est intéressé si vite à toi, je pense.

- Moi ? Pour le dessin ?

- Evidemment. Il n'avait personne pour partager ça, à part Zack Ledwell je crois. Mais ils ne s'entendent pas très bien.

Au nom du capitaine de Quidditch, Julian manqua de s'arrêter de net, mais ses jambes continuèrent à fonctionner pour lui. Il le revit, prostré dans les vestiaires du stade, le nez en sang alors que Noah refusait de l'aider. Il se souvint aussi que Noah avait évoqué des rumeurs sur lui et Zack avant de dévier le sujet. Avant qu'il n'ait eu le courage d'interroger Aileen dessus – les mots restèrent coincés douloureusement dans sa gorge – elle poursuivit :

- Et puis, je pense que ton opinion compte beaucoup pour Noah, même s'il ne veut pas le montrer.

- Noah ? Non, il n'en fait qu'à sa tête, peu importe ce que je dis.

Aileen eut un sourire amusée, comme si elle se moquait de sa naïveté.

- C'est ce qu'il veut te faire croire. Mais tu es doué, ça compte pour lui. Noah est un Oiseau Tonnerre pur et dur : il aime l'aventure, il aime les challenges. Le fait que tu sois meilleur que lui en dessin, ç'en est un pour lui. Mais c'est bien, il a besoin d'un égal pour une fois.

- Je ne suis pas meilleur que lui en dessin, protesta-t-il, gêné. On a un style trop différent pour comparer...

- Si tu le dis.

Pourtant, Aileen ne se départit toujours pas de son petit sourire entendu, signe qu'elle ne croyait pas un mot de ce qu'il disait. Il se renferma dans le silence, son esprit tournant à plein régime. Il n'avait jamais été à l'aise avec le terme de prodige que tout le monde lui collait depuis son entrée à Poudlard. Il avait une affinité avec les sortilèges certes indéniable, mais ça tenait plus d'une sensibilité magique qu'autre chose. Son talent pour le dessin, en revanche, il l'avait toujours considéré à part. Pourtant, ce dernier lui était venu avec autant de facilité. Il avait juste été doué à partir du moment où sa mère lui avait mis un crayon dans les mains. Evidemment, il ne s'était pas perfectionné sans effort, mais comme avec les sortilèges il se laissait souvent guidé par son instinct, un peu comme les musiciens doués de l'oreille absolue. Noah s'en rapprochait aussi à sa manière, même s'il aimait davantage prendre des chemins inattendus et laissait sa créativité l'emporter au risque de se perdre. C'est ce qui rendait sans doute leurs séances de dessin si intéressantes.

Sans qu'il sache bien comment, son esprit conjura une image de papillon de nuit. Ils avaient comparé Théa et Noah il y a quelques minutes : chacun représentait un élément de l'image. Théa était la lumière agressive, celle qui réclamait qu'on la regarde, mais qui pouvait être aussi dangereuse. Elle n'avait pas été répartie dans le maison des guerriers pour rien. Noah, lui, était le papillon curieux, incapable de se retenir d'aller vers ce qu'il trouvait brillant... au risque de se brûler.

Plongé dans ses pensées, il continua à marcher mécaniquement, insensible au silence qui s'était tissé entre lui et Aileen. Elle avait dû percevoir qu'il n'avait plus envie de s'étendre car elle ne chercha pas à relancer la conversion et, tous les deux, ils arrivèrent au Village une dizaine de minutes plus tard.

La rue principale était bondée d'élèves et de passants engoncés dans des capes d'hiver. Julian avança vers le café qu'il connaissait désormais bien, celui des Deux Souafles tenu par Hilda Douzebranches en personne. Ce fut elle qu'il repéra en premier. Elle se tenait sur sa terrasse, face à un client, son plateau sous le bras. Elle avait toujours cette même silhouette sèche et ce visage ciselé, légèrement ridé, mais ses boucles brunes coupées courts étaient impeccables à l'arrière de sa nuque.

- Tu vois ton parrain ?

- Il ne doit pas être loin...

Julian scruta la foule et repéra au bout de quelque secondes Leonidas, habillé de son éternel costume. Il était à l'intérieur du café, à côté de la vitrine, et sa mâchoire carrée découpait son profil reconnaissable. Mais un détail lui attira l'œil... Son parrain n'était pas seul. Une femme était assise en face de lui. Une femme qui n'avait nullement la chevelure noire et le port altier de Lysandra.

- Qui... ? commença-t-il, sourcils froncés.

- Ce n'est pas Fleming avec lui ? s'exclama Aileen.

Comme d'habitude, elle avait raison. Julian reconnut avec stupeur et un temps de retard sa prof de Sortilèges. Il ne l'avait pas identifié sur le coup à cause de ses cheveux châtains déployés sur ses épaules contrairement à sa coupe quotidienne, soignée et relevée, mais c'était bien elle qui riait en face de son parrain.

- Qu'est-ce qu'elle fait là ?

- Aucune idée, dit Aileen, décontenancée. Viens, un seul moyen de le savoir.

Elle ouvrit le chemin et traversa la terrasse avant de s'engouffrer dans l'établissement. Il la suivit, les doigts crispés autour de son écharpe bleue et bronze, et son corps accueilli avec soulagement l'ambiance chaleureuse du café. Il en avait plus qu'assez du froid montagnard qui durait depuis des mois. Même les premiers rayons de soleil du mois de mars ne suffisaient pas encore à lutter contre.

Tête basse, il arriva enfin à la hauteur de la table de Leonidas et Fleming. Ils étaient encore en train de rire et ils mirent quelques secondes à remarquer leur arrivée alors qu'il piétinait sur place avec Aileen, gênés.

- Oh Julian ! s'exclama son parrain. Tu es déjà là, pardon.

- Je n'ai pas vu l'heure passer, je m'excuse, dit Fleming avec embarras. Aileen, Julian, bonjour.

- Professeur... marmonnèrent-ils.

Il remarqua soudain une boîte colorée entre eux sur la table, à côté d'une tasse de café entamée. Il en avait assez vu entre les mains de Charly ou jonchant la chambre de Matthew pour reconnaître la marque.

- Des Dragées Surprises de Bertie Crochue !

Fleming baissa les yeux sur les bonbons.

- Oh ça ? Oui, évidemment vous connaissez ! J'en ai ramené de mon séjour en Angleterre cet été. C'est assez amusant, je dois l'avouer, mais assez traître. Je n'en avais plus mangé depuis une éternité.

- Depuis un certain incident avec des goûts étranges ? intervint Leonidas, amusé.

- Ne fais pas l'innocent, Leo, je sais très bien que toi et Lysa aviez trafiqué ce paquet !

- Moi ? Je m'en défends !

- Comme si Aurélia ou Ethan se serait abaissé à ça. Un jour, il faudra avouer.

Ils échangèrent un nouveau regard complice et Julian eut l'impression que son cerveau se figeait en retour. Pour la dixième fois depuis le début d'année, il n'arrivait pas à appréhender comment le nom de sa mère pouvait encore surgir dans la conversation sans prévenir. Quel pan de sa vie allait-il découvrir cette fois ?

Son trouble devait être perceptible car Aileen se rapprocha de lui en soutien silencieux. Fleming parut elle aussi le remarquer et son sourire s'évanouit. Elle remit en place son masque de professeur, instaurant une soudaine distance, puis se leva.

- Je vais vous laisser. J'ai assez abusé de votre temps. (Elle enfila sa cape). Bonne journée à tous. Aileen, Julian, faites attention au couvre-feu pour le retour.

- Oui professeur...

Figé sur place, il la regarda s'éloigner, puis sortir du café avec un signe de tête en direction d'Hilda Douzebranches. Il n'attendit pas que son parrain lui propose avant de se glisser sur la chaise laissée par sa professeure de Sortilège tandis qu'Aileen en tirait une autre pour se joindre à eux. Leonidas marqua un geste de surprise face à cette invitée surprise.

- Enchanté, miss...

- Bonjour, monsieur Grims, fit-elle, les joues rouges. Je suis désolée de m'imposer mais je me suis dit que Julian aurait besoin d'être... accompagné pour aujourd'hui.

- Vraiment ?

Leonidas eut l'air sincèrement étonné et Julian ne pouvait pas lui en vouloir. Il ne lui avait absolument pas parlé du sujet qu'il voulait aborder avec lui, mais pour l'instant il ne réussit qu'à sortir la question qui le tourmentait :

- Comment tu connais Fleming ?

- Miranda ?

- Parce que tu l'appelles Miranda ?

- Pardon, c'est vrai que ça doit te sembler étrange, convint-il. Oui, il se trouve que je la connais bien. Nous étions amis à une époque, celle où je vivais à temps partiel à Londres.

- Avec ma mère. Avant qu'elle ne coupe les ponts.

Leonidas hocha la tête et sortit de l'intérieur de sa poche de costume son petit boîtier en fer gravé d'un oiseau. Il y piocha une cigarette.

- C'est cela. Miranda passait sa fin d'études à Londres pour valider un stage. Comme ta mère ne connaissait personne, elle était contente de retrouver un visage familier. Elles avaient quelques années d'écart et ne s'étaient pas du tout fréquentées à Ilvermorny, mais elles faisaient toutes les deux de la recherche alors...

Il alluma sa cigarette et en tira une bouffée. Aileen fronça le nez face à l'odeur de la fumée qui tourbillonna, emprisonnée dans l'espace clos du café.

- A vrai dire, je n'avais plus parlé à Miranda depuis des années, mais je l'ai croisé la dernière fois et je lui avais proposé de boire un café en t'attendant. Histoire de parler du bon vieux temps, tu sais.

- Tu ne l'avais pas revu ? Ma mère non plus ?

- Pas à ma connaissance, non. Je te l'ai déjà dit, Aurélia ne parlait plus à personne.

Julian tira sur le bout de son écharpe, perplexe.

- Elle savait que j'aimais dessiner en début d'année, expliqua-t-il en fronçant les sourcils. Elle a dit qu'elle le tenait de mon père parce qu'elle l'avait vu à un congrès.

- Ce n'est pas impossible. Peu probable, mais pas impossible. Elle a longtemps fait de la recherche en Sortilèges comme Ethan avant d'être professeure à Ilvermorny, ce n'est pas étonnant qu'elle connaisse encore des gens dans ce cercle.

Peut-être pas, mais il trouvait ça improbable que sa passion pour le dessin soit venue dans la conversation entre elle et son père, si détaché de toutes pratiques artistiques. Leonidas dû percevoir sa curiosité mal dissimulée et la façon dont Aileen gigotait sur sa chaise car il soupira.

- Je suppose que j'aurais dû voir les questions arriver, marmonna-t-il plus pour lui-même que pour eux. (Il plongea la main dans sa poche de costume). Tiens, regarde si tu veux. Elle l'avait ramené pour se replonger dans nos souvenirs, mais je pense que ça peut t'intéresser.

D'un mouvement fluide, il glissa vers eux une photographie. Julian se pencha pour l'observer. Plusieurs personnes y étaient représentées, un verre à la main et un sourire sur le visage sur ce qui ressemblait à une terrasse dans le centre de Londres. Ce qui le marqua en premier fut les vêtements et les coupes de cheveux.

- Merlin, qu'est-ce que tu portais ? s'exclama-t-il, hilare.

- Sans commentaire. La mode n'était pas la même, j'étais jeune... et je te ferai dire que j'étais à la pointe des tendances avec ça !

- Mais c'est un costume à frange !

Face à l'évidence, Leonidas ne répondit pas et tira sur sa cigarette avec frénésie. Aileen cacha un éclat de rire derrière sa main. A côté de son parrain version jeune hippie, il reconnut aussi sa mère, fidèle à elle-même avec ses longs cheveux blonds. Enceinte jusqu'aux yeux, elle avait passé un bras autour de son père qui la couvait du regard et c'est en le voyant ainsi que Julian se rendait compte à quel point il avait changé depuis plusieurs mois. Même s'il remontait la pente, il n'avait plus vu un sourire pareil sur son visage depuis longtemps. Ethan Shelton était peut-être un homme enfermé dans son monde, un homme d'esprit ; mais il avait aimé sa femme comme si elle avait été la seule chose concrète de son existence, la seule réalité qui avait compté mis à part ses enfants. De l'autre côté de ses parents, il mit quelques secondes à reconnaître les deux dernières femmes de la photo : Lysandra et Miranda Fleming. La première avait de larges lunettes de soleil – le style que les femmes des années 50 portaient – qui lui mangeait le visage et sa longue chevelure, source d'orgueil habituellement, était pour une fois attachée sur le sommet de sa tête en chignon épais entouré d'un foulard. Elle avait l'air prête à fouler un tapis rouge à Cannes ou à partir en cabriolet d'une minute à l'autre. Quant à sa professeure... Elle arborait une coupe à la garçon et un lourd maquillage qu'il ne lui avait jamais vu, perchée sur des talons hauts.

- C'était le nouvel an 1963, expliqua Leonidas. Notre dernière soirée tous ensemble.

Vaguement, Julian se souvint sur son parrain l'avait déjà mentionné.

- Elle avait l'air heureuse, commenta-t-il. Pas prête à couper les ponts avec tout le monde...

- Non, c'est vrai.

Aileen se râcla la gorge. Ils se tournèrent vers elle et elle croisa les mains devant elle, l'air incertaine, mais Julian pouvait voir la détermination dans ses yeux qui avait pris la couleur des châtaignes sous les lueurs de sort du café. Il sut qu'elle allait commencer à mener la mission pour laquelle était venue. Obtenir des réponses sur la Génération 1950.

- Excusez-moi de vous interrompre, monsieur Grims, mais c'est en partie pour cela que nous sommes venus vous voir aujourd'hui... Aurélia n'avait pas l'air prête à couper les ponts sur cette photo, mais...

Mal à l'aise, Aileen marqua une hésitation. Son parrain l'encouragea avec bienveillance.

- Je vous écoute, miss McCallum.

Aileen parut encore plus embarrassée que Leonidas connaisse son nom de famille alors même qu'elle n'avait pas pris la peine de se présenter au début de leur conversation, mais la reconnaissance des familles de sang-pur n'étonnait plus Julian depuis un moment.

- Mais on pense que ce n'est pas la première fois qu'elle le faisait, non ? acheva Aileen sans se laisser démonter. Aurélia n'en était pas à son coup d'essai en matière de briser des liens d'amitié avec tout un groupe, n'est-ce pas ?

- Qu'est-ce que vous entendez par là ?

- Juste qu'après la naissance de Julian, elle a arrêté de parler aux personnes autour d'elle à Londres. Mais elle l'avait fait bien avant en partant de New York, non ? Cordelia, Barenne Perrot...

- Oui, c'est vrai. Elle ne s'entendait plus avec sa sœur et Barenne était son ami d'école si j'ose dire...

- Son meilleur ami, coupa Aileen avec fermeté. C'est étrange de couper les ponts avec lui aussi, vous ne trouvez pas ?

- Sans doute, mais...

- Et avec la plus jeune des sœurs Douzebranches ? Ce n'est pas encore plus étrange ?

La question fit tomber un lourd silence sur leur table. Julian sentit sa cage thoracique comme rétrécir et il s'enfonça contre le dossier de sa chaise, incapable de détacher son regard du visage de son parrain. L'expression de Leonidas s'était figée pareille à une statue de marbre, son imposante mâchoire carrée contractée. Il faisait peser sur Aileen tout le poids de ses yeux bleu cobalt.

- Comment est-ce que vous êtes au courant ?

- Est-ce que c'est important ? répliqua-t-elle.

- Ce qui me semble avoir de l'importance c'est la raison pour laquelle vous semblez croire que cette histoire en a une.

Aileen croisa son regard, incertaine. Ils ne pouvaient pas révéler à Leonidas qu'ils travaillaient sur un Rituel d'Ancrage sur lequel sa mère et ses amis avaient eux-mêmes travaillés trente ans plus tôt.

- Ca n'a peut-être pas d'importance, mentit-il après s'être râclé la gorge. Mais j'aurais voulu savoir. Aileen a raison. Il y a quelque chose qui ne va pas. Maman n'a pas coupé les ponts une fois, elle l'a fait deux fois à plusieurs années d'écart. Ce n'est pas normal...

- Je t'ai déjà dit que je ne savais pas pourquoi...

- Mais vous étiez là, monsieur Grims, insista Aileen. Vous étiez là les deux fois. A Ilvermorny et à Londres. Il doit bien y avoir un dénominateur commun.

Cette fois, l'expression de Leonidas se fit agacée et il croisa les bras, comme sur la défensive. Julian comprenait sa frustration. Il devait avoir l'impression lui aussi de tourner en rond, voire de faire du sur-place. Ils en revenaient après tout toujours à la même chose : les raisons des actes de sa mère, incompréhensibles à la lueur du présent. Pourtant, les réponses devaient bien se cacher quelque part dans le passé et Leonidas en faisait partie.

- Ecoutez, s'il y en a un, je l'ignore, affirma-t-il avec sincérité. Oui, Aurélia était proche de Barenne Perrot. Très proche même, ils étaient meilleurs amis et ça m'a surpris qu'elle arrête de lui parler en partant des Etats-Unis. Pour Cordelia, j'ai deviné qu'il s'était passé quelque chose et que ça concernait sûrement Ronan. Mais pour la soeur Douzebranches...

Les yeux de Leonidas dérivèrent une seconde sur Hilda derrière son comptoir.

- J'avoue être perplexe. Je n'ai jamais vraiment compris cette amitié. Aurélia avait deux ans de moins que Heather. Elles ne se connaissaient pas réellement, elles avaient juste participé à une manifestation ensemble. Et puis un jour... Je les voyais ensemble partout. Une drôle d'amitié qui n'aura juste pas survécu à la sortie d'Ilvermorny d'Heather, c'est tout. Il n'y a pas à chercher plus loin.

- Vous en êtes sûr ?

Son parrain soupira. Julian devait reconnaître que la pugnacité toute journalistique d'Aileen devait être dure à encaisser, mais il la remercia intérieurement. Il n'aurait pas été capable d'insister comme elle le faisait.

- Est-ce que vous avez une vague idée du genre de personne qu'est Heather Douzebranches ? leur demanda-t-il alors.

- A peu près, oui, répondit Julian. Elle n'est pas très stable...

- C'est un euphémisme. Heather ne l'a jamais été. Même adolescente, elle avait tendance à... partir en vrille pour reprendre une expression de mon neveu. Les amitiés avec des personnes comme Heather ne tiennent jamais longtemps ; elle est là votre explication.

- Ce n'est pas un peu simple ?

- On parle d'une femme qui a un jour décidé d'abandonner ses enfants à sa sœur avant de les reprendre et de les kidnapper sur un coup de tête. Il n'y a rien de simple là-dedans, miss McCallum. Juste une triste réalité.

Sur ce constat, Leonidas se renfonça dans son siège, sa cigarette aux coins des lèvres. Julian ressentit la sensation familière au creux de son ventre à chaque fois qu'il songeait à l'inconscience de Heather Douzebranches et des répercussions qu'elle avait eu sur ses fils. Entre un qui visait toujours plus l'excellence, la rejetait, s'accrochait à la figure de la tante qui l'avait véritablement élevé et l'autre qui était en colère contre le monde entier mais ne cessait de croire en sa mère... Oui, elle les avait définitivement marqués. Même l'attitude de Hilda était compréhensible. Après tout, Julian savait ce que c'était d'être le responsable d'une fratrie.

Devant leur expression sûrement déçue, Leonidas se pencha à nouveau vers eux.

- Ecoutez les enfants, je partage votre frustration. J'aimerais avoir les réponses à vos questions, mais je ne les ai pas. Je ne les ai jamais eus. On peut continuer longtemps à s'interroger, surtout que j'ai l'impression que vous ne me dites pas tout... Mais je respecte que tes sentiments vis-à-vis de ta mère soient ambigus, Julian. Tu en as le droit, c'est normal. Et je serai toujours là pour t'écouter. Simplement, je ne peux pas parler pour Aurélia, j'en suis désolé.

La sincérité de Leonidas était palpable dans chacun de ses mots. Ça n'en rendait la situation que plus rageante et, déstabilisé par la soudaine vague d'émotions qui le submergea, Julian lutta contre la boule chauffée à blanc qui lui obstruait la gorge. Son parrain avait raison. Ils étaient arrivés au bout ce qu'il pouvait leur apprendre, ils faisaient du sur-place... Pourtant, il avait espéré que ce rendez-vous serait le bon. Celui qui ramènerait du sens à l'inconnue qu'était devenue sa mère.

Cependant, pour la énième fois, ses espoirs se fracassèrent sur le mur de la réalité. Il n'entendait presque plus le brouhaha du café autour de lui et il aurait justement peut-être dû faire plus attention car, soudain, une ombre tomba sur la table. Ils relevèrent tous la tête vers Hilda, son carnet et son plateau qui attendaient leurs commandes.

- Oh Berthilda ... dit Leonidas avant de se corriger devant son regard sévère. Pardon Hilda, je pourrais vous reprendre un café ? Et un thé pour les deux jeunes gens avec moi ?

- Bien sûr, monsieur Grims, dit-elle alors qu'une plume à papote griffonnait la commande par-dessus son épaule. Je venais juste parce que quelqu'un a laissé ce mot pour vous.

Julian mit une seconde à comprendre qu'Hilda s'adressait à lui et Aileen. Il se tourna vers elle.

- Pour nous ? répéta-t-il.

- C'est ça. (Elle lui tendit un morceau de papier plié en deux). Il m'a demandé de vous le remettre.

- Il ? Qui ça « il » ? s'angoissa Aileen.

Elle s'était à moitié retournée pour balayer le café du regard et Julian l'imita, soudain tendu. N'importe qui pouvait leur faire une blague... Peut-être qu'un élève avait un béguin non avoué pour Aileen et voulait lui faire passer un mot... Pourtant, un pressentiment lourd lui laboura les entrailles alors que ses doigts dépliaient le papier.

D'un même mouvement, ils se penchèrent pour le lire.

Les oisillons chantonnent trop, je les entends piailler d'ici. Et vous savez ce qui arrive aux oisillons qui piaillent et s'éloignent du nid...

Julian se figea. Tous ses muscles semblèrent se raidirent et le pressentiment se mua en terreur pure qui coula dans ses veines. Il avait redouté ce moment sans en avoir conscience, mais il aurait dû l'anticiper. Ils menaient ce projet seuls depuis bien trop longtemps et même s'ils savaient être surveillés, aucun message concret n'avait filtré au cours des moins. Le sang lui battit soudain les tempes alors que ses yeux cherchèrent frénétiquement une silhouette menaçante, un visage plongé dans l'ombre, une présence déplacée... Pourtant, rien ne détonnait dans le café chaleureux d'Hilda. Elle-même attendait toujours près de leur table, perplexe, mais Julian avait l'impression d'avoir perdu sa voix.

Le corbeau les avait retrouvés. Après des mois de silence, il sortait enfin de l'ombre dans laquelle il restait toutefois tapie.

Brusquement, la main d'Aileen lui saisit le poignet. Il manqua de sursauter alors que ses ongles s'enfoncèrent dans sa peau, douloureux, mais cette douleur lui permit de s'ancrer au moment présent. Il plongea ses yeux dans ceux d'Aileen, écarquillés, et il prit sa décision en un battement de cœur frénétique.

- On doit y aller, dit-il d'une voix sourde en se levant précipitamment.

- Quoi ? s'exclama Leonidas. Mais vous venez d'arriver !

- Désolé... Une urgence. On doit... retourner à Ilvermorny. Je t'écrirai.

- Merci pour votre temps, monsieur Grims, ajoura Aileen, tremblante.

Sans laisser la possibilité à son parrain de le retenir, Julian rattrapa la main d'Aileen dans la sienne et la tira dans son sillage. Les tables et les chaises qui se trouvaient sur son chemin lui donnaient l'impression de le retenir, comme si le corbeau tentait de l'agripper ou de l'entraver dans sa fuite. Le souffle court, il poussa la porte du café au bout de ce qu'il lui sembla une éternité et il inspira une goulée d'air glacé.

- Merlin...

Son souffle s'était raccourci et ce simple mot lui écorcha les lèvres. Il avait l'impression d'être totalement engourdi.

- Morgane... frémit à son tour Aileen. Il faut qu'on prévienne Liam, il faut qu'on...

Le reste de sa phrase fut noyé par un cri stridant qui s'arracha de sa gorge. Glacé, Julian l'attira vers lui par réflexe, le poing crispé autour de sa baguette, mais il ne distingua qu'une forme sombre tombée devant eux dans un bruit sourd. Le cœur affolé, il baissa les yeux.

Sur le sol recouvert de givre, la masse noir d'un corbeau le regardait d'un œil vitreux. Le cou de l'oiseau avait été tordu.

Dans ses bras, Aileen se mit à trembler et il raffermit sa prise autour d'elle. Il n'arrivait pas à détacher son regard du spectacle macabre et monochrome à ses pieds. Les plumes ébène du corbeau tranchaient avec la transparence éthérée du verglas... L'angle de son cou lui donnait une aura étrange, presque comme celle qui enveloppait les fantômes des sorcières de Salem. Pendant le bal, ces dernières avaient eu une voix rendue rauque par leur nuque brisée, mais ce corbeau...

Les oisillons chantonnent trop, je les entends piailler d'ici.

Non, ce corbeau n'émettrait plus jamais un son...

**********************************

Moi, un sens du dramatique ? Jamais haha !

Alors verdict ? ^^ Je sais que ce chapitre peut paraître frustrant, l'intrigue patine et on apprend seulement des bébés choses, mais je voulais retranscrire ce sentiment de frustration que ressent Julian chez les lecteurs.
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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Salut tout le monde !

Non aujourd'hui je ne veux pas vous parler de la St-Valentin (aucun intérêt) mais plutôt faire un point patinage parce que - damn - il s'en est passé des choses en une semaine ! Désolée pour celles et ceux que ça n'intéresse pas, vous pouvez passer direct au chapitre haha !

Aloooors... Déjà, Papadakis/Cizeron champions olympiques !!! Allez ! Trop contente ! Franchement, c'est mérité et je remercie une fois de plus Mathilde pour avoir été éveillée à 5h du mat avec moi et avoir vibré de stress et de joie ! (Je viens de me rendre compte que je connaissais pas ton pseudo wattpad, hésite pas à te manifester haha).

Ensuite pour les Hommes... Ca a été le pire. Franchement j'en avais les larmes aux yeux et je crois que je m'en suis toujours pas remis. Yuzuru Hanyu est une légende. Point ! Sa 4e place me brise le coeur, mais il n'avait plus rien à prouver après ses deux titres olympiques alors il a été chercher plus loin... L'Histoire avec un grand H. Premier quadruple axel certifié ! Certes, il est tombé et donc le saut n'est pas ratifié c'est-à-dire "réussi", mais c'est la première fois en compétition qu'est reconnue une tentative de quadruple Axel. Ses larmes et son visage quand il l'a appris un peu plus tard face aux journalistes... Ah ! Mais malgré tout, un grand bravo à Nathan Chen, j'étais tellement heureuse pour lui aussi. Il l'a eu sa rédemption après le fiasco des JO 2018 !

Et demain, ça sera les Femmes. Mon coeur va finir par lâcher haha ! Pour mon anniversaire, je veux Alexandra Trusova médaille d'or ! A voir comment va s'en sortir Kamila Valieva après la débâcle de son affaire de dopage, c'est aberrant qu'elle puisse participer mais bon... Elle a 15 ans, je ne la blâme pas.


Voilà haha ! Sorry, j'avais besoin de parler ^^ Et maintenant place au chapitre !

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Chapitre 36 : Le tourbillon de la fête

« Je me suis soûlé en l'écoutant

L'alcool fait oublier le temps

Je me suis réveillé en sentant

Des baisers sur mon front brûlant »

- Jeanne Moreau -


// 4 mars 1980 //


Le Foyer n'avait jamais aussi bien porté son nom. La pièce commune débordait de vie, d'élèves, et d'alcool, même si le dernier élément n'étonnait pas Noah. Il avait participé à assez de fêtes à Ilvermorny pour le savoir : plus le niveau sonore était élevé, plus l'alcool coulait à flot. Et à présent, alors que minuit approchait, il entendait à peine ce que disait Aileen pourtant assise à côté de lui. Le bruit des conversations se fracassaient contre celui de la musique qui faisait vibrer tout son corps et il cessa d'écouter, transporté. S'il devait être honnête avec lui-même, il commençait à se sentir partir. Il n'avait pas compté le nombre de Whisky Wendigo-jus de citrouille qu'il avait bu, mais il reposa sa bouteille par précaution et attrapa une cigarette à la place pour s'occuper les mains.

Théa fronça le nez avant même qu'il ne l'allume.

- Un problème ? dit-il avec brusquerie. La reine des glaces est indisposée par ses sujets ?

- Non, rétorqua-t-elle sur le même ton. Et tu ne feras croire à personne que tu te considères comme un « sujet » avec l'ego que tu traînes.

- Si seulement je traînais que ça...

D'un geste défieur, il tira sur la cigarette pour l'allumer et prit soin de souffler la fumée dans la direction de Théa. Juste à côté, Othilia agita la main, agacée.

- Noah, bon sang...

- Laisse-le, conseilla Théa froidement. Vu l'état dans lequel il est, ce n'est pas la peine. Qu'est-ce que t'as pris chez Monster's cette fois ? Un Rhum Rougarou ? Une Vodka Vélane ? Oh non laisse-moi deviner ! Une Tequila Troll ?

En réponse, il leva sa bouteille pour montrer la silhouette monstrueuse sous l'étiquette de la célèbre marque et l'agita avec ironie. Théa roula des yeux. En bonne fille de haute famille, elle n'avait pris qu'un verre du punch maison qu'avaient concocté Enjolras et Clémence Laveau. Ils le faisaient pour chaque fête de fin de trimestre. Demain, tout le monde rentrerait chez soi pour les vacances de Pâques et Noah serra les dents en songeant à ses retrouvailles avec Hilda. Il était parti presque sans un mot après noël et il voyait déjà venir les remarques sur son projet d'orientation qui n'avançait pas.

- On doit forcément faire quelque chose ! siffla soudain Liam en face d'eux.

Noah tourna la tête vers lui et Aileen. Il avait tellement occulté la conversation qu'il ne savait plus de quoi ils parlaient. Ses cheveux roux attachés et son visage pour une fois maquillé ; Aileen parut vouloir récupérer l'attention de tout le monde et elle haussa la voix pour être entendu au-dessus du bruit ambiant.

- Et moi je te répètes qu'on est arrivés au bout de ce que Leonidas pouvait nous apprendre. T'aurais dû le voir hier ! Je ne savais plus lequel était le plus frustré entre lui et Julian. Il aurait voulu nous aider, mais il ne sait rien de plus sur l'histoire d'Aurelia Shelton, ni sur la Génération 1950. Son nom n'est même pas sur la liste !

- Mais il était avec eux...

- Et alors ? Charly aussi est avec nous de temps en temps mais elle ne sait pas ce qu'on fait, non ? intervint Théa. Il peut très bien ne pas être au courant.

- Elle a raison, approuva Othilia en jouant avec sa bague en or. Ce qui m'inquiète plus, c'est le corbeau...

Immédiatement, Aileen blêmit et Liam parut sur le point d'être malade. Noah avait beau trouvé ce type agaçant, il ne put s'empêcher de compatir. La découverte macabre de la veille aurait ébranlé n'importe qui, mais pour Liam le spectre de sa sœur flottait derrière. Sans réfléchir, il lui tendit sa bouteille en une invitation muette et Liam ne se fit par prier : il l'attrapa et en bu une grande goulée.

- La solidarité masculine est vraiment un mystère, marmonna Théa.

- Tu dis ça parce que tu es jalouse de ne pas avoir mon Whisky, répliqua-t-il en reprenant sa bouteille.

- Dans tes rêves.

- Mes cauchemars, oui...

- Morgane, vous êtes impossibles ! s'impatienta Aileen. Othilia a raison ! Le message devrait vous inquiéter un peu plus, bon sang.

Noah tira à nouveau sur sa cigarette avant de répondre.

- Pourquoi ? Le message est assez clair. Le corbeau ne veut pas qu'on parle, on arrête de parler. On se concentre sur le Rituel d'Ancrage et basta.

- Si simple, bien sûr, railla Théa. Déjà, ça ne vous angoisse pas qu'il ait su où vous trouver ?

Aileen se mordit la lèvre.

- Il aurait pu nous suivre... supposa-t-elle. Mais ça veut dire qu'il sait que Julian et moi on est impliqués. Sinon, il ne se serait intéressé qu'à Liam.

- Mais il avait dit dans son premier message de n'en parler à personne, non ? rappela Othilia, sourcils froncés. Alors pourquoi se manifester maintenant pour Leonidas et pas quand vous nous avez parlé à nous ? Je veux dire, ça n'a pas de sens !

Noah laissa son regard vagabonder sur la fête, songeur. Elle n'avait pas tort. Ça allait faire des mois que Liam s'angoissait parce qu'il avait révélé qu'un corbeau le faisait chanter à Aileen et Julian, pourtant il ne se manifestait que maintenant... Il devait y avoir une différence entre leur groupe et Leonidas Grims. Ce n'était pourtant pas à cause de ses connaissances. Aileen avait établi il y a quelques minutes qu'il ne savait rien, ni sur la Génération 1950, ni sur le mystère Emilia Cooper. Alors que pouvait bien être la particularité des rencontres avec Leonidas ?

- Elles ont eu lieu à l'extérieur... souffla-t-il soudain, frappé par l'évidence.

Othilia tourna la tête vers lui.

- Quoi ?

- Ca y est ? Noah devient timbré ? grommela Liam. Il parle tout seul ?

La pique l'atteignit plus violemment qu'il ne l'aurait aimé. Une image de sa mère, les yeux bordés de crayon noir mal mis alors qu'elle se mettait à retourner la maison pour trouver les cinq Dragots qu'elle jurait ne pas avoir perdu, surgit soudain dans son esprit. Il avait eu cinq ans à l'époque, mais il se souvenait avoir utilisé ce mot entendu à l'école. « T'es timbrée, maman ! ». Heather s'était figée et l'avait enfermé dans sa chambre à double tour toute l'après-midi jusqu'à ce qu'Hilda passe les voir. Quand elle avait enfin ouvert la porte de sa chambre, il avait la voix cassée à force de s'être égosillé et était recroquevillé dans un coin. Hilda avait pincé les lèvres, immobile dans l'embrasure, avant de traverser la chambre en trois enjambées et de le prendre dans ses bras sans un mot. Il s'était accroché à elle. Il se souvenait mal de ce qui s'était passé ensuite, mais Hilda avait récupéré Raphaël également avant de les emmener chez elle pour les deux jours suivants...

- La ferme, gronda-t-il. C'est toi qu'on essaye d'aider, non ? C'est pour ta sœur qu'on fait ça !

- Noah !

- C'est la vérité ! Y'a un taré qui nous observe et on se met en danger pour Emilia. Pourquoi ? Parce que ce type est incapable de faire quoique ce soit sans qu'Aileen lui tienne la main ou que Julian déchiffre des sortilèges pour lui ! C'est pas de ma faute s'il arrive pas à réfléchir !

En face de lui, le visage de Liam se ferma. C'était presque étrange de voir le contraste entre l'ambiance morose de leur groupe et la joie festive de leurs camarades autour d'eux.

- Arrêtez ! protesta Aileen. Sérieusement, arrêtez ! Noah, surtout toi.

- Evidemment, tu prends sa défense !

- Non. Mais force est de constater que quand tu ne sautes pas à la gorge de Théa, c'est Liam qui prend. Alors avant qu'Othilia et moi on s'en prenne une aussi, tu peux revenir sur ce que tu disais ? « A l'extérieur... » ?

Mâchoire contractée, il hésita à envoyer balader Aileen, mais elle le supplia tellement du regard qu'il se contenta d'écraser sa cigarette avec force.

- Je parlais des rencontres avec Leonidas. Elles ont toutes eu lieu à l'extérieur du château, là où le corbeau pouvait nous surveiller. Ce n'était pas la première qu'on allait le voir, non ?

- Non, c'est vrai... approuva Théa, songeuse. On l'avait déjà vu avant les vacances pour parler de tante Aurelia.

- Et tu n'as vu personne qui vous observait ? demanda Othilia.

- Je ne crois pas... Mais je n'ai pas regardé non plus. Je n'étais même pas au courant à ce moment-là !

- C'est peut-être pour ça que le corbeau ne s'est pas manifesté à l'époque. Les questions étaient encore vagues, mais là... S'il a entendu ce que vous disiez, il a dû comprendre qu'on cherchait des réponses. Il ne pouvait pas en être sûr tant qu'on restait au château, mais là...

- On a été imprudents, se maudit Aileen. Je n'ai pas pensé... Ah !

Elle se frappa le front du plat de la main et Noah se contenta de reprendre une gorge de Whisky Wendigo. Le jus de citrouille qu'il avait ajouté suffisait à peine à contrer la brûlure de l'alcool dans sa gorge. Toute cette histoire lui paraissait presque irréelle. Depuis le début, il avait du mal à la prendre au sérieux de toute façon. Il avait presque l'impression de jouer à l'enquêteur et d'être détaché de tout ce qui se passait. Il n'avait pas eu conscience de la présence menaçante – bien tangible – du corbeau qui tournoyait au-dessus d'eux... Le regard terrifié de Julian et Aileen la veille l'avait quelque peu réveillé.

- Le café d'Hilda est l'endroit parfait pour se fondre dans la masse, dit-il. Et encore, il avait sûrement pris du polynectar s'il voulait être prudent.

Nerveux, Liam posa une main qui se voulait réconfortante sur l'épaule d'Aileen, mais elle se dégagea. Il ne parut même pas s'en vexer et Noah se retint de lever les yeux au ciel. S'il avait fait la même chose, il aurait été épinglé sur place.

- Tu n'as vraiment vu personne près de vous qui aurait pu vous entendre ?

- Non... répondit Aileen en secouant la tête. Mais peut-être qu'on pourrait demander à Hilda à quoi ressemblait la personne qui lui a donné le mot ?

- Encore une fois, c'est utile seulement si le corbeau n'avait pas modifié son apparence.

- Je sais, Noah, je sais... Mais je ne vois pas quoi faire d'autre...

- Déjà, arrêter de parler à d'autres personnes, surtout à l'extérieur, affirma Othilia, déterminée. Ensuite, on ne perd rien à interroger Hilda discrètement.

- Tu te rends compte que c'est contradictoire, hum ? dit-il avec mordant, soudain angoissé d'impliquer Hilda là-dedans.

Liam lui renvoya un regard perçant.

- On n'a pas trop le choix, si t'as pas remarqué. (Il leva la tête et se décrocha soudain le cou pour parcourir le Foyer des yeux). Et Morgane, il est où l'intello ? Il pourrait nous dire s'il a vu un truc hier, non ?

- Il est là-bas, indiqua Othilia.

Noah se retourna et suivit la direction indiquée. Visiblement, Julian n'avait jamais réussi à revenir vers eux après être parti chercher un verre – il avait consenti à boire autre chose que du thé – et s'était fait intercepter par... Zack Ledwell. Il sentit son corps se crisper presque instinctivement.

Le septième année portait son éternel col roulé noir qui lui donnait l'air d'un étudiant en lettres européen torturé et Noah se retint de rouler des yeux en le voyant hocher la tête d'un air intéressé face à Julian. Il ne voyait pas son expression à lui... Il pouvait en revanche presque entendre le « mon chou » que Zack sortait à tout bout de champ à tout le monde.

Liam fut le premier à jurer.

- Morgane ! Qu'est-ce qu'il fout avec ce type ? On lui a déjà dit pourtant...

- Mais laisse-le ! protesta Aileen, agacée. Qu'est-ce que ça peut te faire s'il parle avec Zack ?

- Arrête de faire ta sainte. On sait tous que Zack est... enfin tu sais. (Il fit un vague mouvement de main censée vouloir dire tout et n'importe quoi avant d'ajouter à voix basse). Julian va finir par avoir des ennuis.

- Zack aime l'art contemporain. Ils doivent parler de ça, c'est tout. Pourquoi ça serait mal ?

Cette fois, Noah ne put s'empêcher de laisser échapper un rire méprisant.

- Il a vu trois expos à Washington, j'appelle pas ça être expert en art... marmonna-t-il. Il s'y connait pas vraiment...

- Tu n'es pas le seul à savoir tenir un crayon dans cette école, lui rétorqua Théa.

Il ne prit pas la peine de répondre et fit même exprès de l'ignorer. Théa pouvait parfois avoir des piques aussi acérées que les siennes, mais celle-ci ne l'atteignit pas : il n'était peut-être pas le seul à savoir tenir un crayon, mais il se savait plus doué que Zack et ça lui suffisait. Zack n'y connaissait rien. Il lui avait avoué lui-même : il dessinait mal. Il aimait juste écumer les expositions ou les galeries d'art, ce qui était différent de la pratique. C'était comme si Julian connaissait par cœur ses livres de sortilèges sans savoir en jeter aucun : son statut de prodige en aurait pris un coup.

- Les gens s'en foutent de quoi ils parlent, insista Liam, véhément. Déjà que Julian est...

- Liam, si tu termines cette phrase ! menaça Aileen avec un regard brûlant.

- Julian est quoi ? intervint-il.

Son ton avait dû être plus agressif qu'il ne l'avait anticipé car Liam eut un mouvement de recul.

- Vous savez bien... Je vais pas vous faire un dessin justement. Et attendez, je l'accuse de rien, juste il n'est pas le prototype gars baraqué et sportif à la Wilde Wilkinson, ok ?

- Toi non plus, lui fit remarquer Théa en le détaillant de haut en bas.

Liam s'empourpra. Noah, lui, ne chercha même pas à cacher son rictus face à la pique. Il savait que Liam avait mal vécu les rumeurs qui avaient couru sur lui plus jeune. Chacun son tour, pensa-t-il mesquinement.

- Désolé de ne pas être le chevalier servant que vous méritez, Votre Altesse, répondit-il finalement en une pirouette dont il avait le secret.

Un sourire en coin étira la bouche de Théa. Agacé, Noah tourna à nouveau la tête vers Julian. Il était toujours en pleine conversation et il sentit la curiosité le tirailler. Morgane, il aurait voulu entendre ce qu'ils disaient... D'un coup, comme s'ils avaient senti qu'il pensait à eux, Zack et Julian eurent un regard dans sa direction une seconde. Dès qu'il croisa les yeux de Julian, celui-ci rougit et se détourna.

Un mauvais pressentiment surgit dans son ventre.

Zack savait des choses... Zack pouvait foutre en l'air leur accord. Ce n'est qu'un jeu, une limite à tester...se répéta-t-il. Mais si Julian se rendait compte que la réalité était plus complexe... ? Si Zack se mettait à raconter ce qui s'était passé l'année dernière... ?

Le pressentiment se mua en peur, comme un serpent qui changeait de peau. Serpent qui s'agitait d'ailleurs en lui et s'enroulait autour de ses entrailles. Il entendait le bruit sourd de la musique, des rires et des conversations résonner en lui. Il avait l'impression de vibrer d'une énergie mal contenue.

- Merde... souffla-t-il en voyant que Julian jetait un nouveau coup d'œil par-dessus son épaule.

Et il envoya son poing dans le mur.

**

*

Julian ne savait pas bien comment il s'était retrouvé là à discuter avec Zack Ledwell. Il était en train de revenir vers son groupe, un verre à la main, quand le septième année l'avait arrêté au vol :

- Eh Shelton !

Il se retourna, surpris.

- Moi ?

- Il y en a d'autres ?

- Ma sœur ?

Zack considéra la réponse et lui accorda le point.

- Ah oui, Charly. Non, non, c'est bien toi que j'appelais. T'es peut-être moins doué sur un balai, mais tu t'y connais en dessin et je voulais juste te dire que j'avais adoré tes dernières illustrations dans le journal du mois dernier !

- Oh... merci, dit-il, sincèrement touché. C'est gentil. Hum... Tu dessines ?

- Pas vraiment, mais je m'intéresse à l'art. L'art contemporain, surtout. C'est assez rare de trouver des gens pour en parler.

Julian hocha à nouveau la tête poliment. La vérité, c'était qu'il n'aimait justement pas vraiment l'art contemporain. Il avait toujours été davantage fasciné par la technique de l'art passé, particulièrement l'impressionnisme ou le classicisme selon ses humeurs, mais il roulait juste des yeux devant les tableaux avec un carré bleu et un point blanc que certains appelaient de « l'art ». Pourtant, il avait le sentiment que Zack était justement une de ces personnes alors il évita de le froisser.

- Je ne m'y connais pas très bien, avoua-t-il en une réponse diplomatique. J'aime l'art et la peinture en général, mais je préfère dessiner par moi-même, tu vois ?

- Je vois, ouais. C'est pas grave, je continuerai à en parler à Winona pendant qu'elle fait semblant d'écouter.

D'un geste, il désigna avec la main qui tenait son verre sa camarade. Elle était en pleine conversation avec Wilde et Clémence Laveau qui leur tirait les cartes. Julian se demanda si les sorciers de la réserve indienne croyaient à cette forme de divination ou s'ils avaient leurs propres croyances. C'est en regardant le profil aux traits secs de Winona qu'il réalisa soudain quelque chose... Winona et Zack étaient tous les deux des Senior. Ils étaient en dernière année... tout comme Emilia Cooper.

Sans prendre le temps d'être subtil, il sentit les mots lui échapper :

- Eh Zack... Tu connaissais bien la sœur de Liam ?

Le changement de sujet parut surprendre Zack, mais il répondit tout de même après avoir fait tourner son verre entre ses longs doigts fins quelques secondes.

- Emilia ? Hum, un peu. Elle était dans la même classe que moi, mais chez les Oiseau Tonnerre. On avait quand même pas mal de cours ensemble. (Il lui jeta une œillade entendue). Pourquoi mon chou ? Ca y est, t'es aussi tombé dans l'affaire « Emilia Cooper » comme le reste du pays ?

Il rougit immédiatement sans bien savoir si c'était à cause du surnom ou du sous-entendu de sensationnalisme que portait l'affaire.

- Je m'y intéresse, on va dire, répondit-il évasivement. Pour Liam.

- Ah Cooper... Comment il va d'ailleurs ? Je le connais mal, je voulais pas lui tomber dessus comme tout le monde...

- Ca dépend des jours. Sa sœur lui manque et il s'inquiète.

Zack acquiesça avec compréhension.

- Normal. Je suis fils unique, mais j'ose même pas imaginer ce que ça doit faire, même pour une sœur adoptive.

Julian retint une grimace sur le « même ». Adoptive ou non, Emilia avait fait partie de la famille. Elle avait été aimée par ses parents, elle avait partagé les jeux d'enfants de son frère. Elle n'était pas différente de Charlotte pour lui ou de Théo pour Théa ou de Simon et Spencer pour Matthew. Il ne prit toutefois pas la peine de reprendre Zack. Il avait besoin d'informations.

- Mais tu lui avais déjà parlé ? Tu sais, avant qu'elle disparaisse ?

- Un peu, pour quelques cours. On avait dû faire un exposé ensemble et on s'entendait plutôt bien avant qu'elle me mette totalement à l'écart pour terminer toute seule. (Il haussa les épaules, l'air de ne pas bien comprendre). Je l'ai laissé faire. De toute façon, cette fille n'avait jamais été très sociale, alors j'ai pensé qu'elle voulait prendre ses distances à cause de... enfin à cause de moi.

D'un geste absent, Zack porta la main à son arcade sourcilière, celle-là même qui avait saigné abondement dans les vestiaires après l'attaque de Manfred et sa bande. Julian baissa les yeux, mal à l'aise. Il se souvenait surtout de la façon dont il avait laissé Aileen s'occuper de Zack... Ce dernier laissa échapper un rire sans humour, teinté de cynisme et de lassitude.

- Je veux dire, Emilia n'aurait pas été la première à faire ça...

Julian ne put s'empêcher de prendre le commentaire personnellement. Honteux, il déglutit.

- Zack, je... Pour la dernière fois, je ne voulais pas...

- Oh je ne parlais pas de ça. Tu n'as pas été le premier à partir ce jour-là, si je me rappelle bien.

Non, il avait raison. Le premier avait été Noah. Instinctivement, Julian jeta un coup d'œil derrière lui, là où se trouvaient ses amis rassemblés en cercle. Ils parlaient avec animation : Aileen avait les sourcils froncés, Théa roulait des yeux, mais Noah... Noah avait les siens braqués sur eux, une bouteille d'alcool dans la main. Il se retourna en vitesse pour faire face à Zack à nouveau.

- T'inquiète pas, Shelton. Je n'ai pas été surpris. Comme je te disais, ce n'est pas la première fois que ça m'arrive et ce n'est pas la première fois non plus que Douzebranches me fait le coup.

Pendant une seconde, il tenta de comprendre ce que Zack venait de dire, mais il resta perplexe et fronça les sourcils.

- Quoi ?

- Oh il ne t'en a pas parlé, hum ? Non évidemment, ce n'est pas quelque chose dont il se serait vanté.

- Ledwell, de quoi est-ce que tu parles ?

Il aurait aimé effacer l'urgence dans sa voix, mais la curiosité qui le dévorait au sujet de Noah était dure à endiguer. Il avait entendu des échos ici et là, il avait lu entre les lignes parfois... Il y avait eu des rumeurs entre Noah et Zack. Ce n'était peut-être pas étonnant pour Zack et il supposait que l'histoire familiale et la personnalité de Noah rendaient les choses encore plus sensibles. Seulement, la vérité était rarement dans les rumeurs et c'était précisément la vérité qui l'intéressait. Pas pour le simple fait de savoir, ni même pour contrôler son image, mais pour avoir une clé de compréhension en plus de l'énigme Noah Douzebranches.

- Rien de particulier, finit par lâcher Zack, désabusé. On se parlait un peu, on avait même prévu d'aller faire des galeries d'art ensemble. On s'était juste... rapprochés. Et puis il a fait ce qu'il sait faire de mieux, il s'est barré.

« Rapprochés ». C'était un mot qui pouvait englober des réalités bien différentes et Julian sentit son estomac se tordre sans réussir à définir quel sentiment le provoquait. Zack le contempla un moment, comme s'il hésitait à poursuivre, puis il soupira :

- Juste un conseil, Shelton. Fais attention. Les gars comme Noah Douzebranches, ça n'apporte rien de bien.

- Je... Noah et moi, on...

- Peu importe. Crois-moi, je ne veux rien savoir. J'ai appris ma leçon. (Il vida son verre en une gorgée, la tête renversée en arrière, et reprit). Je dis juste qu'il y a un schéma qui est plutôt clair si on prend la peine de regarder. Liam et Aileen, moi, bientôt Othilia j'en suis sûr... Ce gars est incapable d'accepter l'amour ou l'amitié. Il repousse tout le monde, même son frangin et sa tante. Je ne parle même pas de ce qu'on raconte sur sa mère.

A la mention d'Heather Douzechanches – celle qui incarnait plus que tout le trouble qui rongeait cette famille – il sentit une pointe de colère le traverser.

- Je me fiche de ce qu'on dit ! affirma-t-il.

- Pas Noah, justement. Et sois pas hypocrite, toi non plus.

Le regard de Zack était intense, comme s'il savait pertinemment avec quelles angoisses Julian se battait depuis des jours. Peut-être que, en un sens, Zack était le seul qui pouvait comprendre. Pourtant, ils ne vivaient pas la même chose... Son pacte avec Noah était différent. Ils l'avaient dit : ce n'était qu'un défi, un jeu... Rien de plus.

A nouveau, il osa jeter un regard par-dessus son épaule et il déglutit en constatant que Noah n'avait pas détourné la tête. Il était même tendu, presque en alerte, et Julian eut un mauvais pressentiment. Il se retourna, mais il n'eut pas le temps de dire un mot avant d'entendre un bruit sourd. Zack écarquilla les yeux. Il ferma les siens, résigné.

- Noah... ? devina-t-il.

-... a donné un coup de poing dans le mur.

Avec gravité, Julian rejeta la tête en arrière en un geste teinté de découragement.

- Evidemment, marmonna-t-il.

**

*

- Morgane ! Noah ! sursauta Théa.

Elle le regardait avec de grands yeux, choquée, et Noah mit un temps de retard avant de se rendre compte que son corps avait agi tout seul. La douleur éclata dans sa main et il ramena son bras contre lui en jurant.

- Mais ça va pas ! Qu'est-ce qui t'as pris ? cria Othilia.

- Tu t'es fait mal ? s'inquiéta Aileen.

Liam, lui, émit un éclat de rire incrédule.

- Mec, sérieusement... ?

- Laissez tomber.

- Quoi ? Noah...

- Eh Douzebranches !

Il ignora le cri de Théa, plus fort que les autres, et se remit sur ses pieds. Il avait besoin de prendre l'air. Etonnement stable, il s'engouffra dans la foule en s'interdisant de regarder dans la direction de Julian et Zack. Ça ne servait à rien... Si Zack avait parlé, il était trop tard. Julian comprendrait que ce n'était pas juste une expérience sans conséquence, qu'il y avait vraiment quelque chose de dérangé et instable chez lui...

Morgane, il voulait sortir de la foule. Sortir de cette fête.

Il voulait être seul, il voulait dessiner jusqu'à demain matin... Il voulait arrêter de penser...

Il était presque arrivé devant la porte du dortoir quand quelqu'un se glissa devant lui, l'arrêtant dans sa course. Julian.

- Jules, laisse-moi...

- Bon sang, ta main !

Perplexe, Noah baissa les yeux. Il en aurait presque oublié l'état de sa main, trop aveuglé par la colère. Pourtant, maintenant que l'adrénaline était retombée, la douleur pulsait jusqu'au bout de ses doigts et, quand il essaya de bouger ces derniers, ses jointures ensanglantées manquèrent de lui arracher une grimace.

- Ce n'est rien, mentit-il.

- Bien sûr que si imbécile, répliqua Julian d'un ton presque hautain. Il faut nettoyer les plaies avant que ça ne s'infecte. Viens avec moi.

- Je n'ai pas besoin d'aller à l'infirmerie, sérieusement !

- Qui a parlé d'infirmerie ? T'as vu l'heure ?

- Mais...

- Suis-moi et ferme-la pour une fois !

Noah ne sut pas vraiment ce qui le poussa à obéir, peut-être l'humeur massacrante de Julian ou l'inquiétude qu'il pouvait malgré tout discerner dans ses yeux. Ils sortirent du Foyer et empruntèrent un couloir étroit, désert à cette heure-ci. Il devait être près d'une heure du matin maintenant et seules leurs respirations et le bruit de leur pas brisaient le silence. Ils marchèrent quelques minutes et Noah comprit où Julian l'emmenait au moment où il poussa la porte des toilettes du deuxième étage, près de la salle du club de Sortilèges.

La pièce avait venir d'être nettoyée par les elfes de maison puisqu'une odeur de produit nettoyant flottai encore dans l'air. Un miroir était suspendu au-dessus d'un simple lavabo en carrelage et la boule de lumière de sort du plafond jetait une lumière crue autour d'eux, presque blafarde à cause du rayon de lune qui passait par la fenêtre.

Julian indiqua le lavabo d'un geste autoritaire.

- Assieds-toi là.

A la force du bras, Noah se hissa d'un bond sur le petit rebord, puis il laissa aller sa tête contre le mur. Il était épuisé.

- Jules...

- Tais-toi, coupa-t-il. Tu as en assez fait pour aujourd'hui. Fais-moi voir ta main.

Noah soupira mais obtempéra encore une fois. Etonnement, Julian lui prit la main avec douceur, frôlant du pouce ses jointures abîmées. Il gardait le regard baissé, concentré, et attrapa une pile de serviette en papier qu'il passa sous l'eau du robinet.

- Ça risque de piquer un peu, prévint-t-il.

- Je n'ai plus cinq ans...

- Parfois je me pose la question.

D'un geste précis, il commença à nettoyer le sang séché sur sa peau. Il lui tenait le poignet à la fois fermement et délicatement et Noah haussa un sourcil.

- Où est-ce que tu as appris à faire ça ?

- Ce n'est pas bien compliqué, tu sais, dit-il d'une voix neutre avant d'ajouter tout bas, ma grand-mère était infirmière. Elle s'occupait de moi quand je tombais petit et ma mère aussi. Je suppose que j'ai retenu ce qu'elles faisaient.

- Oh...

Une image de sa propre mère s'imposa à l'esprit de Noah. Non, peu chance qu'elle ait un jour fait la même chose. La connaissant, elle devait être trop occupé à vivre sa vie pour prendre soin de son enfant.

Julian parut remarquer son expression et deviner à quoi il pensait car sa prise s'adoucit. Noah écarta légèrement les jambes pour lui permettre de se rapprocher et ses genoux cognèrent contre ses hanches. A la sensation de leurs corps aussi proche, Julian releva finalement la tête et planta ses yeux dans les siens, les joues rouges.

- Ça t'apprendra à frapper un mur, souffla-t-il, leurs mains entremêlées reposant sur ses genoux.

- C'était de ta faute...

- Moi ? Tu as été d'une humeur massacrante toute la soirée ! Othilia avait presque l'air prête à pleurer...

- Depuis quand est-ce que tu te préoccupes d'elle ?

Le coup était bas, sans doute. Une voix au fond de son esprit lui glissa que, logiquement, ça aurait été à lui de se préoccuper d'Othilia ; mais son esprit embrumé n'arrivait pas à se concentrer sur autre chose que Julian entre ses genoux, là tout de suite. Celui-ci garda le silence encore quelques secondes, puis haussa les épaules.

- Othilia a toujours été sympa avec moi, elle fait partie du groupe c'est tout, dit-il, yeux baissés. Et je ne sais pas...je peux comprendre ce qu'elle ressent parfois.

La phrase n'était pas si explicite, mais Noah n'eut pas besoin de sous-titres. Comme souvent, il arrivait à comprendre la façon de penser de Julian, à déchiffrer ce qu'il voulait vraiment dire derrière ses mots soigneusement choisis. Il se comparait à Othilia. Et cette comparaison était dangereuse. Ils avaient un pacte ensemble qui spécifiait clairement que cette comparaison n'avait pas lieu d'être. Pourtant, la signification de la phrase derrière le non-dit était claire : Julian connaissait les difficultés à être dans l'orbite de quelqu'un comme lui.

- Arrête Jules ! gronda-t-il, soudain effrayé sans savoir bien pourquoi.

Mais Julian, toujours plus en confiance quand ils étaient seuls, insista :

- Quoi ? C'est vrai non ? maintint-il. Aujourd'hui l'a encore prouvé. Tu ne pouvais pas rester calme pour une fois au lieu de frapper ce mur, hum ?

- Et toi tu ne pouvais pas arrêter d'être collé à cet idiot de Zack Ledwell, rétorqua-t-il avant même de réfléchir.

Julian haussa un sourcil. Une lueur s'alluma dans son regard et Noah regretta aussitôt ses paroles.

- Alors c'est ça le problème ? Zack ?

- Jules, ferme-la, sérieux...

- Pourquoi est-ce que Zack serait... ?

Pour le faire taire, il donna un coup de genoux ferme contre la hanche de Julian. Surpris, il tenta de se soustraire à l'emprise de ses jambes, mais Noah le bloqua, résolu à garder un semblant de contrôle.

- Arrête de parler de Zack, s'exaspéra-t-il. Arrête de parler à Zack, même. Les gens vont lancer des rumeurs, je te l'ai dit !

Morgane, il se mettait à parler comme Liam...

- On a discuté littéralement cinq minutes, se défendit Julian. Pourquoi est-ce que les gens diraient quelque chose pour cinq minutes ?

- Parce que les gens sont cons, c'est tout. De quoi vous parliez de toute façon ?

Il tenta de faire passer son inquiétude pour de la colère, mais il fallait croire qu'il n'était pas le seul à comprendre ce que l'autre voulait dire. Julian pencha la tête sur le côté, comme s'il examinait un sortilège particulièrement complexe, et un nouvel éclat passa dans ses yeux verts.

- T'es jaloux ? fit-il soudain, presque amusé.

Aussitôt, Noah sentit son corps se tendre et il lui donna un nouveau coup dans la hanche.

- Dis pas de connerie.

- Tu l'es ! Tu es jaloux ! s'exclama Julian en souriant, l'air fier de lui.

Noah secoua la tête. Il l'avait envoyé baladé quand Jules avait émis des doutes quant à la place qu'auraient Othilia et Hanna dans leur pacte, mais il comprenait maintenant en quoi cette relation qui n'en était pas une allait être difficile à vivre. Ô combien ironique.

Embarrassé, il se força à tourner la tête pour regarder Julian droit dans les yeux. Il n'avait pas l'air de bien comprendre ce qui se jouait à cet instant et ce constat l'apaisa un peu. Pourtant, il n'arriva pas à se résoudre à avouer à Julian que sa réaction n'était pas motivée par la jalousie. Du moins, pas entièrement. Il ne pouvait pas lui avouer qu'il n'était pas le premier garçon avec qui il avait tenté... cette expérience. Que Zack avait été la première étincelle, la première preuve de son esprit dérangé. Et, malgré tout, c'était injuste de comparer les deux expériences. Julian était tellement plus que Zack. C'était presque effrayant...

Soudain, une nouvelle pensée angoissante le traversa. Après tout, Zack était tout ce qu'il n'était pas. Il ne se cachait pas, il n'était pas en couple, il ne traînait de problèmes de famille ni des accès de colère incontrôlés. Si Julian faisait la comparaison entre eux et s'en rendait compte lui aussi... Morgane. Le choix semblait évident.

Il ne pouvait pas voir sa propre expression – le miroir était dans son dos – mais une once de panique dû filtrer sur ses traits car Julian se rapprocha un peu plus jusqu'à heurter le bord du lavabo.

- Eh... Hum, tu n'as aucune raison de l'être tu sais, rassura-t-il doucement, les joues rouges. C'est juste toi et moi.

La familiarité des mots et les sentiments qu'ils portaient en eux firent accélérer le cœur de Noah. C'étaient ceux qu'il avait lui-même prononcé sur le toit d'Ilvermorny, le soir du bal des fantômes. Quelque chose tira dans sa poitrine... Une force qui l'attirait. Sans se laisser de temps de se dire que c'était sûrement une mauvaise idée ou que n'importe qui pouvait entrer et les surprendre, il se pencha en avant et plaqua sa bouche contre celle de Julian. Ce dernier hoqueta, surpris, puis se détendit imperceptiblement. Alors que leurs corps étaient presque collés l'un contre l'autre et qu'il enfermait définitivement Julian entre l'emprise de ses jambes, il approfondit le baiser.

C'était peut-être le plus réel depuis celui dans le lac sous le rocher...

Il émit un gémissement, un bruit de gorge sourd, et glissa sa langue entre les lèvres entrouvertes de Jules. Par Morgane, le sang pulsait dans ses oreilles. Il avait l'impression d'être hypersensible et en même temps isolé du monde, ne plus rien ressentir en dehors de leur bulle, en dehors « d'eux ». Toi et moi.

Sa main remonta le long de son torse pour venir derrière sa nuque, les rapprochant encore plus si possible. Les doigts de Julian se glissèrent dans ses boucles noires alors qu'ils dévoraient sa bouche avec avidité, les yeux fermés. Ses longs cils effleuraient ses pommettes hautes, jetant des ombres sur son visage. Noah ne s'était jamais sentit aussi vivant qu'en embrassant Julian Shelton à une heure du matin perché sur un rebord de lavabo dans une salle de bain obscure.

Il tenta d'ignorer ses poumons qui le brûlaient, réclamant de l'air, mais il finit par reculer. Julian ne bougea pas, leur visage si proche qu'il pouvait sentir son souffle court et haletant contre sa gorge. Les lèvres de Julian étaient rouges et gonflées, ses pupilles réduites à une tête d'épingle. Cette simple vision donnait envie à Noah de l'embrasser à nouveau.

Pendant un instant, il y eu un flottement... Il ne savait plus quoi faire, ni quoi dire. Il avait le sentiment que sa vie pouvait s'arrêter à cet instant. Rien ne pouvait dépasser l'intensité de ce qu'il venait de ressentir, comme s'il venait de se lancer dans le vide. Le Conseil des Guérimages pouvaient venir l'arrêter maintenant.

- Toi et moi, répéta-t-il d'une voix rauque.

********************************************************************

Un peu de Nolian ne fait jamais de mal ^^ Alors verdict ?
Scandium

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par Scandium »

3 chapitres à commenter ! Oh mon dieu, tu veux ma mort ! Bon je les avais déjà lu sur Wattpad mais je vais profiter de BN pour mettre mes ressentis dessus :

Bon, premier chapitre : eh bien, c'est vraiment pas évident d'être dans la position de Hanna, je n'ai aucune idée de ce que je ferai à sa place, sans doute la même en vrai. Attendre LE moment ou Julian décidera enfin d'aborder le sujet et avoir espoir que ça continue même si ça part mal ! Bonne chance à elle en tout cas, elle a l'air adorable et si bienveillante.
Franchement, je m'y connais pas trop en deuil et en psychologie mais est ce que c'est vraiment pas possible de faire son deuil sans avoir à verser des grosses larmes devant tout le monde ? Parce que si c'est vrai, je crois que je devrai bien me remettre en question là dessus, j'ai jamais parler de mon deuil à qqun ou pleurer en public comme ça ... D'ailleurs, en parlant de deuil j'avais complétement zappé que Julian allait bientôt devoir en gérér un autre et pas des moindres, au mon Dieu il me tarde vraiment pas !! Je suis perdue dans les dates, j'espère que c'est pas pour de suite.
Elle a raison Hanna, le mieux là ça serait une conversation face à face ! Mais est ce qu'ils en auront l'occasion ? Je veux dire c'est la guerre en Angleterre là non, ça va être difficile de faire le trajet ... C'est dommage, ça pourrait bien arranger les choses.
Dis donc, elle est bien susceptible McGonagall ! Mais en vrai un date/retenue ça a l'air fun comme concept ! ça fait envie bizarrement !
Oh je suis contente d'avoir eu une toute petite référence à Regulus Black, j'adore ce personnage ! Du coup, une simple mention me rend heureuse mdr.
Charity a bien résumé la situation entre Hanna, Julian et Mat, elle m'a l'air bien intelligente. Mais je peux pas m'empêcher de penser à la manière horrible dont elle va mourrir, j'ai pas envie de m'attacher à elle du coup

Oh la la, j'avais oublié cette transition horrible entre le couple Matthew/Charity et Othilia/Noah, ça fait vraiment mal mis côte à côte. Mat et Charity sont si mignons là, à flirter, plein de passion et à côté on a la froideur de Noah et Othilia au bord de la crise de nerfs, c'est dur.
"Il ne pouvait pas se faire confiance en lui-même mais il pouvait faire confiance à Julian" je l'ai trouve super bien pensée cette phrase pour nous faire comprendre sa psychologie. Il a beau avoir de l'assurance, en vérité, il se deteste et a une mauvaise opinion de lui même et du coup, le fait qu'il prenne les même décisions que Julian qu'il admire beaucoup, que ce soit pour le dessin ou son esprit logique et rationnel (alors que lui même est traité comme un espèce de fou un peu bizarre) ça permet de le rassurer, je trouve ça beau et triste à la fois.
Le fait qu'Othilia le soutienne VRAIMENT pas dans ses projets c'est chaud en vrai, surtout que comme je l'ai dit plus haut, Noah ça a l'air d'être une personne qui a besoin d'être rassuré et qui est vraiment touché par l'avis des autres. En vrai ça peut être un beau motif de rupture si jamais il a envie rompre et de plus culpabiliser à cause de la situation avec Jules.
Ah, mais y a la phrase d'après qui contredit mes hypothèses, il dit que tant qu'il est avec elle, personne se souviendrait des rumeurs avec Zack et qu'il y aurait moins de risques qu'il y en aient des nouvelles entre lui et Jules. Du coup je retire ce que j'ai dit, je pense il va vouloir rester avec elle jusqu'au bout (jusqu'à ce qu'ils se fassent choper plutôt), pour se protéger et pour protéger Julian. Parce qu'en vrai il a raison, dès qu'il sera plus avec elle, si les gens remarquent qu'il agit de façon un peu suspect avec Julian, les gens vont soudainement se rappeler de lui et Zack et ça va recommencer. Surtout si comme Liam le dit plus tard, Julian a pas un profil très "viril" disons.

Allez chapitre 2, je commence à fatiguer, j'espère j'aurais pas grand chose à dire, comme ça je conserve mon énergie pour le chapitre trois, héhé ! Les JO d'hiver, jsp pourquoi ça me laisse de marbre, j'arrive pas à m'y intérésser, rien à voir avec les JO d'été. J'ai eu trop de mauvaises expériences avec le ski, les patins et la luge, je crois ça m'a traumatisée mdr.

3 mars 1980, c'est preque mon annivesaire dis donc ! A 20 ans et 1 jour près ! Oh c'est marrant, je regardais les titres de chapitres de Ombres et Poussières de Perripuce à l'instant (je suis à la recherche d'une date) et il y avait des chapitres qui s'appelaient "La vie c'est comme une bopite de chocolat" ! Encore une petite référence à O&P ou pas fait exprès ? Ah c'est bon j'ai retrouvé ma date ! Ouf, on a encore un peu de répit devant nous, au moins un an en tout cas. A moins qu'il y ait d'autres tragédies qui leur tombe dessus d'ici là (genre Emilia, au hasard !)

Oh, Julian voulait être accompagné de Noah à la place d'Aileen ! Trop chou ! Bon pas très malin, je pense qu'Aileen est bien plus diplomate et efficace que Noah mais on va dire que l'amour rend aveugle, hein ?
La conversation à coeur ouvert avec Aileen, très chouette, je l'avais oublié mais en fait elle est très importante pour cerner la psychologie de Aileen, Julian, Noah, même Théa ! C'était très bien fait.
Ah, on a un nouvel élément susceptible de nous renseigner sur le passé d'Aurélia Shelton, Miranda Fleming ! A voir dans les chapitres suivants ! Mais c'est le seul nouvel élément qu'on a, je suis déçue, on a vraiment rien appris de la conversation avec Leonidas.
Le motde mance est bizarrement formulé je trouve, les mots oisillons et nids ... Et le corbeau étranglé, quel manque de goût franchement, c'est moche et grossier; je me demande ce que ça révèle du maître chanteur (le fameux maitre corbeau)

J'ai une immense flemme de commenter le dernier chapitre tant pis, ce sera pour une prochaine fois.
Cazolie

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par Cazolie »

SHAME en effet !
C'est parti pour la boîte des sentiments

MAIS CEST LA ST VALENTIN, ça promet
- Justement, je croyais que tu serais celui qui sècherai comme on n'a pas cours cette après-midi... Tu sais, histoire d'avoir ta journée de libre avec Charity.
C'est pas très sérieux, ça, Matthew Bones
Pour l'occasion, des petits angelots
DES PUTTI FESSUS
Apparemment, le fait que mon copain soit de l'autre côté de l'Atlantique me laisse le droit d'infiltrer leur journée « entre célibataires heureuses de l'être ». On va manger des bonbons et faire des jeux toute l'après-midi.
Est-ce que ça veut dire que toutes les intellos sont célib ?
Tu ruines mes discussions avec mes collégiens sur le fait que c'est pas parce qu'on n'a pas de mec qu'on est bizarre :lol:
En vérité, il comprenait la morosité d'Hanna. Elle était coincée dans un entre-deux avec Julian depuis des mois et aucun des deux n'avait eu vraiment le courage de mettre des mots sur leur relation qui souffrait de la distance et de l'incertitude quant à la durée de son séjour en Amérique.
Je dis souvent que Julian abuse (et c'est quand même lui qui craint leplus), mais c'est vrai qu'Hanna se défile aussi
Le pire, c'est qu'elle avait l'air sincèrement coupable et Matthew resta perplexe une seconde. Il ne voyait pas en quoi demander des explications méritées revenaient à être trop dure avec Julian
Grave, et s'il répond "sois gentille mamère est morte", c'est vraiment un tocard :lol:
Tu crois vraiment qu'il a besoin que j'en rajoute en ce moment alors que son monde a été complètement bouleversé ? Entre sa mère, le déménagement, sa famille maternelle... Je ne veux pas lui ajouter une charge en plus.
Je parle d'expérience : le chagrin n'est pas une excuse pour être un connard
On a le droit de pas être au top de sa forme mais ça n'empêche pas d'être une personne décente
Le plus dur avait sans doute été d'assister à la détresse de monsieur Shelton, plongé dans un état hébété.
Il me fait vraiment de la peine, on a tellement l'impression qu'Aurelia était son centre de gravité
Et on sera là pour lui, assura-t-elle
Mmmmouaiiis ils seront un peu loin
Je suis en train de me demander comment Noah va gérer ça
Matthew manqua de sursauter et se retourna si vite qu'il manqua de tomber du banc.
Il est ridicule :lol: :lol:
- Supporter, miss Burbage ? fit brusquement une voix derrière lui. C'est ainsi que vous qualifiez l'enseignement que je tente de vous prodiguer ?
Oups :lol: :lol: :lol:
il sentit Charity se raidir et il se figea lui-même, son estomac se contractant cette fois pour une tout autre raison
J'espère bien que McGo lui fait pas le même effet physique que Charity :lol:
- Pour la peine, vous viendrez en retenu cette après-midi, juste après le déjeuner. J'ai des dossiers qui demandent à être trier depuis un moment dans mon bureau.
C'est pour ça que je me fais marcher dessus : j'aurais tellement laissé passer :lol: :lol:
NOOOOOOOON MCGOOOOOO
Mais si vous êtes si indigné que vous l'affirmer, rien ne vous empêche de rejoindre miss Burbage pendant son heure de colle.
Oh allez, tu sais bien que finalement ça va leur convenri :lol:
Peut-être qu'elle avait parié sur leur couple et voyait une occasion d'arrondir ses fins de mois grâce à une retenue commune.
J'y crois 100%
Et bah voilà ! Tu voulais un rendez-vous original, tu l'as !
:lol: :lol: :lol: :lol:
- Je le sais bien, Bones, mais ces récompenses appartiennent autant à la maison Gryffondor qu'à Poudlard et il est temps pour elles de laisser la place. Vous n'avez qu'à gagner la Coupe de Quidditch cette année pour remplacer le vide.
TOUT SIMPLEMENT
Malheureusement, ils ont tous été mélangés pendant le trajet et je vous demanderais donc de me mettre de côté tous ceux qui datent de moins de cinq ans.
1) on se croirait dans une énigme du professeur Layton
2) je me disais bien que c'étiat étonnant qu'elle ait des ^tonnes de dossiers non rangés, pas son genre de laisser s'accumuler haha
Quelque chose que sa propre mère n'aurait jamais eu le temps de faire, trop absorbée par son travail. Elle était aussi une piètre cuisinière maintenant qu'il y pensait.

Amer, il jeta presque le dossier qu'il tenait avec un peu trop de force sur la pile des dossiers obsolètes
Oh bichoooooooooooooon
- Et dès que Julian viendra s'en plaindre auprès de toi, tu prendras son parti parce qu'il aura forcément une bonne raison de repousser cette conversation avec Hanna. Et tu te diras qu'elle en aura trop fait parce que c'est comme ça que tout le monde perçoit les filles qui s'accrochent trop à leur copain.
Meh
Le scrabble ? Non, il aimait y jouer, mais il ne pouvait pas qualifier ça de passion.
Je me serais moquée de lui
- Et si je te dis que c'est toi ma passion ? répondit-il d'une voix qu'il tenta de rendre suave.
Ca sent l'échec
Cette fois, ce fut au tour de la voix de Charity de prendre une teinte aguicheuse et elle le regarda sous ses cils, presque mutine.
Elle a l'air plus douée

Par contre je doute que McGo apprécie ce qu'ils vont faire sur ses dossiers :lol:
Bon sang, il ne pouvait pas continuer dans cette voie... Pas dans le bureau de McGonagall
Bien ce que je disais :lol:
Au bout de plusieurs secondes, il osa glisser sa langue un peu plus loin et remonter sa main un peu plus haut.
J'aime trop l'écho entre "plus loin" et "plus haut", le rythme marche vraiment super bien, voilà haha
Sérieusement ? Des chocolats ?

Noah perçut le ton railleur qu'il avait employé, mais il était trop tard pour le ravaler et il contempla le visage d'Othilia qui se crispa un instant avant qu'elle ne fasse preuve de bonne volonté en affichant un sourire artificiel.
Mais Noah mais
Cette Saint-Valentin était une mascarade de toute façon, il l'avait toujours pensé : une fête aussi artificielle que le sourire d'Othilia il y a quelque secondes, même s'il méritait sans doute ce dernier.
Okaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaay le changement d'ambiance est brutal
Et sans un regard, elle se leva et partit d'un pas vif
Je crois que c'est lapremière fois que je suis autant énervée par Noah, et son pdv vient juste de commencer
- Arrête avec ton école d'art ! s'exaspéra-t-elle. Noah, sérieux, tu ne peux pas te lancer là-dedans, on en a déjà parlé ! Tu vas droit dans le mur !
C'est pas très gentil ça
Elle était la béquille sur laquelle il pouvait toujours s'appuyer, mais surtout elle était sa police d'assurance.
J'ai vraiment de la peine pour Othilia, elle prend vachement plus cher qu'Hanna ...

Question: tu préfères écrire les parties à Poudlard ou à Ilvermorny haha ?
Le changement d'ambiance était brutaaaaaaaaaal, mais ça montre comme tu manies bien la plume <3 Matthew et Charity sont vraiment choux, et je te détesterais presque pour ça
Par contre j'ai envie de tarter Noah, des deux mains
Cazolie

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Coucou, chapitre 35, Maître Corbeau
- Vous êtes sûrs qu'on a besoin de reposer des questions à Leonidas ?
Je viens de le quitter chez Perri, c'est compliqué dans ma tête :lol:
- Et bah t'as qu'à aller les poser toi-même au lieu d'envoyer les autres faire le boulot, marmonna Noah.
Qu'est-ce qu'il m'énerve en ce moment :lol:
Avec mon parrain, ça devrait être différent. Il me dira peut-être plus de choses sur le groupe de ma mère.

- Et de la mienne, marmonna Théa.
Ouais, curiosité légitime
Après son entretien avec Perrot, Julian avait hésité à révéler à Noah que l'instabilité de sa mère était en partie dû à la découverte du corps de Diego, mais il n'avait pas réussi à lui cacher.
Hein ?
Attends j'ai l'impression d'avoir raté un truc là

MEEEEEEEEEEEEEEEERDE
JAVAIS OUBLIE UN CHAPITRE DE JANVIER
je me disais bien que je comprenais rien à leur discussion sur Perrot
Bon, désolée, je vais rattraper le chapitre manquant puis je reviens commenter haha

Okay les choses sont plus claires maintenant hahaha
J'ai trop aimé découvrir l'histoire d'Isolt !
Et le pauvre Diego rolala
Mais Noah resta désespérément assis, la main crispée autour de son crayon et les yeux obstinément tournés vers Othilia
Meh
- Tu dis ça pour me faire plaisir et tu n'en penses pas un mot, c'est ça ?

- Quoi ?
FOCUS Julian !
- Je ne sais pas, ça fait plusieurs semaines que je te sens un peu ailleurs, avoua-t-elle. Alors je profites qu'on soit seulement tous les deux pour une fois... T'es sûr que ça va ? Parfois, je demande si ce qu'on est en train de faire n'est pas « trop », tu sais...
Aileen est tellement gentille <3
Qu'est-ce qu'elle avait bien pu faire pour se retrouver mêlée à un Rituel d'Ancrage ?
Bah quoi, lui-même s'y retrouve mêlé sans avoir fait grand chose :lol:
- Hum...

Mais Aileen avait un sourire énigmatique au coin des lèvres
Oupsy doo
Il voyait bien qu'Aileen était prudente, soucieuse de ne rien révéler et de ne pas colporter de ragots. Il supposait qu'il ne pouvait pas lui en vouloir. Wilde Wilkinson avait bien fini avec un nez cassé pour moins que ça.
Pouahahah j'avoue
Parce que si tu n'es pas prêt à tout donner, ça veut dire que tu ne tiens pas à lui ?
Fais gaffe, bientôt il va ressembler à Hardin :lol:
- Et puis, je pense que ton opinion compte beaucoup pour Noah, même s'il ne veut pas le montrer.
Elle analyse beaucoup trop bien les gens
Noah, lui, était le papillon curieux, incapable de se retenir d'aller vers ce qu'il trouvait brillant... au risque de se brûler.
Jolie image
Elle avait dû percevoir qu'il n'avait plus envie de s'étendre car elle ne chercha pas à relancer la conversion et, tous les deux, ils arrivèrent au Village une dizaine de minutes plus tard.
C'était chouette cette conversation calme et posée !
- Qu'est-ce qu'elle fait là ?

- Aucune idée, dit Aileen, décontenancée. Viens, un seul moyen de le savoir.
Ca va être sympa ce café avec leur prof :lol:
- Merlin, qu'est-ce que tu portais ? s'exclama-t-il, hilare.

- Sans commentaire. La mode n'était pas la même, j'étais jeune... et je te ferai dire que j'étais à la pointe des tendances avec ça !

- Mais c'est un costume à frange !
JE MEURS :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
Même s'il remontait la pente, il n'avait plus vu un sourire pareil sur son visage depuis longtemps.
Mais c'est triiiiste
Elle avait l'air prête à fouler un tapis rouge à Cannes ou à partir en cabriolet d'une minute à l'autre
Hahaha j'adore cette description
Aurélia n'en était pas à son coup d'essai en matière de briser des liens d'amitié avec tout un groupe, n'est-ce pas ?
Je trouve cette phrase terrible parce que ça la fait passer pour une sale personne, un peu
- Sans doute, mais...

- Et avec la plus jeune des sœurs Douzebranches ? Ce n'est pas encore plus étrange ?
Un truc marrant avec les ados dans les romans, c'est qu'ils sont d'un aplomb incroyable :lol: Jamais je parlerais à un adulte comme ça :lol:
Julian devait reconnaître que la pugnacité toute journalistique d'Aileen devait être dure à encaisser
Grave, je l'aime mais je sens le potentiel agaçant haha
Les amitiés avec des personnes comme Heather ne tiennent jamais longtemps ; elle est là votre explication.

- Ce n'est pas un peu simple ?
Je me doute bien qu'il y aquelque chose d'autre, mais en vrai ça pourrait juste s'expliquer comme ça haha, on reste pas tous potes avec les gens du lycée
Pourtant, il avait espéré que ce rendez-vous serait le bon. Celui qui ramènerait du sens à l'inconnue qu'était devenue sa mère.
C'est si triste de se sentir loin comme ça de celui qui a disparu
- Oh Berthilda
Je m'y attendais pas à celle-là :lol: :lol:
Les oisillons chantonnent trop, je les entends piailler d'ici. Et vous savez ce qui arrive aux oisillons qui piaillent et s'éloignent du nid...
OH NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO
Le reste de sa phrase fut noyé par un cri stridant qui s'arracha de sa gorge.
Oh non oh non oh non oh non oh non
Sur le sol recouvert de givre, la masse noir d'un corbeau le regardait d'un œil vitreux. Le cou de l'oiseau avait été tordu.
AH
Bon ça va, c'est personne qu'on connaissait haha

Haha c'est marrant parce que je me disais "c'est chouette l'intrigue avance !" c'est vrai que c'est pas forcément le cas de l'enquête, mais on se rapproche quand même du méchant
cette FIN
J'ai hâte d'en savoir plus !

Bon du coup désolée d'avoir raté un chapitre (un super chapitre en plus !)
C'est toujours chouette de voir Leonidas, et j'étais assez contente qu'on se tienne loin de Noah pour ce chapitre parce que waouh il sait comment plomber une ambiance (ouais, le corbeau mort aussi tu me diras :lol: )
Enfin voilà !
Scandium

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par Scandium »

Et je commente le chapitre que j'avais pas eu le temps ! Le meilleur en plus !

Ah la la, Noah qui nous montre vraiment la panoplie de ses tendances à l'autodestruction, la cigarette, l'alcool, maintenant la douleur physique ... C'est bon, mon chou on a compris que tu étais ténébreux :lol: :lol: Non sans déc, le pauvre quand même, il a vraiment des problèmes de gestion de colère à régler. Si seulement il pouvait évitter d'en vouloir à la Terre aussi, ça pourrait aider ! Zack n'a rien fait de mal (pour l'instant) donc tout doux.

L'anecdote sur la fois où Noah avait traitée sa mère de timbrée est bien trouvé. De manière générale, le fait que sa mère soit toujours jugée par tout le monde parce qu'elle est pas dans les normes et que du coup ça impacte son état d"esprit, sa peur de, justemen,t pas être dans les normes, je trouve ça hyper bien pensé.

Ptdr la jalousie de Noah par contre ! Genre, Julian doit supporter la vision de Noah et Othilia ensemble H24 mais ça y est Zack parle à Julian pendant trente secondes et c'est inadmissible au point de cogner les murs, non mais franchement l'excès ! C'te drama queen, mdr ! Et comment il rabaisse Zack en mode "tout de façon il y connait rien en art, il sait pas tenir un stylo, je suis meilleur que lui gna gna gna ...". Il est tellement in love de Julian, ça se voit à des kilomètres ! Je me demande comment font les autres pour pas le capter !

Mais Julian, est-ce qu'il a un physique efféminé ou il est juste un peu gringalet ? Parce que du coup je me pose des question vu la remarque de Liam ... (Ce qui est très drôle venant de sa part vu que perso dans ma tête j'imagine Liam vraiment comme Louis Tomlinson dans ses jeunes années et du coup, physiquement, on est vraiment sur le cliché ambulant du mec un peu efféminé et extravagant). Ah mais non, Liam aussi a eu des rumeurs ? Punaise, mais ils en ont pas marre là des rumeurs les élèves de Illvermony ? C'est pire que Poudlard on dirait !

Et mercè à Zack ne ne pas avoir outé Noah ! C'est ça la solidarité LGBT ! Par contre, je le remercie pas pour ces "éloigne toi de Noah, il te laissera tomber comme les aurtes avant toi " ... Alors ça, ça va pas le faire ! Punaise ils sont vraiment seuls contre tous le Nolian, ça me rend triste ! Est ce qu'un jour qqun va les encourager ? Ou au moins, être juste content.e pour eux ?
Sinon, enfin qqun qui a conscience de ce qu'il se passe entre eux, j'espère qu'ils finiront par se confier à lui, c'est le seul qui peut comprendre.

J'aime bien quand Julian est autoritaire et Noah l'écoute sans protester, ça change !
Bon je commenterai pas trop la fin, toute façon j'ai rien à dire c'était juste parfait, mignon, intense, comme d'hab. N'empêche, ils doivent être vrmt in love pour s'embasser comme ça à un endroit où n'importe qui peut les surprendre, j'aurai pas pris le risque perso mais j'imagine qu'ils l'ont fait sans trop réfléchir parce qu'ils arrivaient pas à se retenir !
annabethfan

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Cazo et Chloé merci d'être là pour commenter, vraiment je vous aime !

Bon Cazo je t'ai déjà répondu, donc Chloé go ! T'as changé de pseudo non ? Et attends je viens de voir dans ta bio que tu faisais des études pour devenir bibliothécaire c'est dingue parce qu'il se trouve que j'en ai fait aussi et que je suis donc bibliothécaire ! Rah !
Sinon outre ces points communs, merci pour ton com ! Oui Noah est une drama queen qui se veut ténébreux alors qu'en fait c'est juste un ado à problème avec un manque de confiance en soi et dans les autres. La base quoi ^^ Quant à la relation avec Julian, ouais disons que là ça y est elle commence à prendre un tournant d'où le baiser passionné 8-)

Bonne lecture !


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Chapitre 37 : Supprimer la distance


« Supprimer la distance, c'est augmenter la durée du temps. Désormais, on ne vivra pas plus longtemps ; seulement, on vivra plus vite »

- Alexandre Dumas -


// 5 mars 1980 //

Le train approchait de New York. Julian pouvait le deviner grâce à la nature qui cédait la place progressivement aux zones de banlieues et aux immeubles de plus en plus présents. Il trouvait presque leur présence rassurante. Il avait beau adoré vivre loin de tout au château, il aimait retrouver l'agitation familière de la ville. Même à Poudlard, les montagnes écossaises avaient leur charme seulement un temps. A chaque vacances, il retrouvait Londres comme un membre de sa famille : il avait arpenté ses rues animés toute son enfance, il avait joué dans ses squares, il avait passé des dimanches dans des musées et ses magasins avec ses parents – parfois de mauvaise grâce – et c'était cette familiarité qui était réconfortante. Il y a avait toujours quelque chose à faire à Londres. New York n'avait rien à lui envier sur ce plan.

Il n'était pas le seul à observer le paysage. Sur la banquette en face de lui, Liam avait le nez presque collé contre la fenêtre.

- C'est le premier week-end que je vais passer dans la Grosse Pomme, marmonna-t-il en jouant avec le cordon de son appareil photo. J'arrive toujours pas à croire que mes parents aient dit oui...

- Moi non plus, se renfrogna Théa. Dire que je dois te loger chez moi...

Julian lui donna un coup de coude.

- Chez nous, lui rappela-t-il.

- Tu squattes aussi chez moi, ça ne compte pas.

S'il n'avait pas appris à connaitre sa cousine, il aurait sûrement mal pris sa pique. Aujourd'hui, il l'ignora tout simplement et Liam se décolla de la fenêtre pour lui répondre :

- Tiens, tiens... En plus de ne pas avoir d'humour, vous n'avez même pas le sens de l'hospitalité Votre Altesse ?

- On ne commence pas, tous les deux, prévint Aileen, à moitié allongé sur sa banquette à lire un livre. Déjà que je ne peux pas rester avec vous...

- T'es sûre que tes parents ne veulent pas... ?

- Sûre. J'ai demandé au moins trois fois si je pouvais passer le premier week-end à New York, mais ma mère veut qu'on parte ce soir chez mes grands-parents. Je vais passer ma journée à voyager. Heureusement que le MACUSA m'a accordé un portoloin pour rentrer au Canada !

Un silence déçu tomba sur leur compartiment. Julian devait avouer qu'il aurait aimé qu'Aileen puisse rester avec eux, mais ils s'y étaient pris à la dernière minute. Littéralement. Tard hier soir, Noah avait reçu un hibou de sa tante qui lui disait qu'elle devait se rendre à New York pour quelques jours. Une histoire de réunion entre gérants d'établissements sorciers pour obtenir des subventions du MACUSA. Elle ne lui laissait pas le choix : il ne pouvait pas rester seul au Village avec Raphaël, pas alors que les deux frères étaient mineurs. En apprenant la nouvelle, Liam avait suggéré qu'ils essayent tous de passer le week-end à New York pour avancer sur le Rituel d'Ancrage ensemble, hors des murs d'Ilvermorny. La réponse positive de ses parents était arrivée ce matin. Othilia et Aileen n'avaient pas eu cette chance. La première leur avait dit au revoir ce matin : elle restait au Village avec son père et ne prenait donc pas le train.

De toute façon, leur plan était bancal. Ils n'avaient même pas réellement de plan et Julian savait au fond de lui qu'ils avaient plus envie de passer un week-end ensemble hors de l'école qu'autre chose. Finalement, c'était peut-être une bonne idée pour que Liam se change les idées et échappe un peu à l'ambiance étouffante chez lui.

- Et toi ? demanda soudain Théa en se tournant vers Noah, assis en retrait à l'autre bout de leur banquette. Tu vas loger où ?

Il releva la tête de son carnet à dessin. Julian baissa la tête aussitôt. Depuis hier soir, dès qu'il croisait le regard de Noah, il ne pouvait s'empêcher de repenser à leur baiser dans la salle de bain. Il avait passé une partie de la nuit à y penser, comme en témoignait son mal de tête dû au manque de sommeil.

- A l'hôtel Sorcellelit, je crois, dit-il après quelque secondes. Dans le Bronx. C'est un des seuls hôtels sorciers de New York et le mieux dissimulé.

- Oui, je connais, il est bien, approuva sa cousine. Et j'ai pas compris... T'y vas maintenant ou tu viens au manoir avec nous pour qu'on bosse sur le rituel ?

Noah fit tourner son crayon, hésitant.

- Avec vous, je suppose. Pas envie de me retrouver coincé avec Raph' et Hilda.

- Tu veux dire que tu nous préfère, nous ? se moqua Théa. Je suis touchée, Douzebranches.

- Je préférais surtout te planter ça entre les deux yeux.

Théa loucha presque sur la pointe du crayon et l'écarta d'un geste sec. Plus personne ne tenta de parler, pas même Aileen, plongée dans son livre. Julian regarda à nouveau par la fenêtre, mais il n'avait plus rien à observer. Le train venait de rentrer sous le tunnel qui menait au quai désaffecté sous Grand Central, signe de leur arrivée proche. Par pure volonté, il s'entêta à fixer l'obscurité qui se mouvait lentement à mesure que le train ralentissait. Il essayait de capter le moindre éclat de lumière pour éviter de se concentrer sur le reflet évanesçant que renvoyait la vitre. Il pouvait distinguer Noah, juste derrière Théa. Il avait replongé la tête dans son carnet, celui qu'il utilisait la plupart du temps pour dessiner. Julian eu l'image fugace de leur baiser sous forme d'esquisse au fusain en tête : il voyait la fuite du trait qui découpait leur silhouette face à face, à moitié entremêlée tant ils avaient été proches, lui glissé entre les jambes de Noah.

Une vague de chaleur lui monta au visage. Merlin, il était temps qu'ils arrivent.

Dès que le train s'immobilisa enfin, il attrapa sa valise en premier. Plus lent, Liam s'étira et lui bloqua le passage. Il prit son mal en patience. De toute façon, sortir du compartiment ne l'éloignerait pas de Noah : il venait avec eux au Manoir. Nerveusement, il fit jouer ses doigts en haut de sa jambe pour se calmer. La maison des Grims était devenue en environnement presque familier depuis qu'il était arrivé aux Etats-Unis, mais y faire venir Noah lui donnait l'impression de faire entrer deux monde en collision.

- Eh l'intello ? interpella Liam en passant les portes. Tu viens ?

Julian avança par automatisme. Tous les élèves voulaient sortir en même temps et ils se retrouvèrent à piétiner plusieurs minutes. Théa, qui faisait léviter sa valise au-dessus d'eux, manqua de l'envoyer dans la tête de Noah « par accident » à un moment, mais il avait sa baguette à la main et pu la dévier une seconde avant. Sa cousine lui jeta un regard presque agacé qu'il ignora pour fixer son attention sur Aileen. Elle était restée collée contre les portes vitrées de leur compartiment pour éviter la cohue et il se demanda soudain si elle avait peur des foules. Elle avait la même expression pendant le match de Quodpot et à chaque fois qu'ils se retrouvaient dans le Foyer bondé.

Il n'eut pas le temps de lui demander. La file avança soudain et il suivit le mouvement. Sur le quai, il chercha un visage familier et le trouva en la personne de Leonidas contre toute attente.

- Leo !

Son parrain tourna la tête.

- Ah Julian, enfin ! (Il les rejoignit en se frayant un chemin parmi les parents ressemblés). J'avais peur de vous avoir loupé.

- Qu'est-ce que tu fais là ? s'exclama Théa à côté de lui.

Julian remarqua seulement sa sœur à ce moment, juste derrière Leonidas. Elle avait dû sortir avant lui du train et elle se chargea de répondre :

- Il y a une surprise et il ne veut rien dire ! dit-elle, visiblement frustrée.

- Charly, c'est le but d'une surprise, s'amusa Leonidas, cigarette au coin des lèvres. Lysa va déjà me tuer pour avoir vendu la mèche.

- Et quel est le rapport entre la surprise et le fait que tu sois le seul à être venu nous chercher ?

- Tu comprendras assez vite, Théa. Venez, suivez-moi. On va sortir d'ici et discuter après.

D'un signe, il les enjoignit à le suivre. Ils obtempérèrent et Julian fixa avec insistance la nuque de son parrain, comme s'il pouvait deviner la surprise s'il y mettait assez d'effort. Le sourire enjoué et presque malicieux de Leonidas l'intriguait.

Devant l'ascenseur qui permettait de sortir du Sous-Quai, Otis Clavis était fidèle au poste et son visage rubicond s'anima en voyant leur groupe :

- Ah les Grims ! Miss Cordelia n'est pas là aujourd'hui ?

- Malheureusement non, Otis, mais elle vous passe le bonjour.

Théa haussa un sourcil sceptique face au mensonge, mais Julian trouvait toujours autant amusant le béguin que le gardien d'Ilvermorny avait pour sa tante.

- Bon alors ? Quel genre de surprise ? relança Charlotte dès qu'ils furent dans le hall de Grand Central.

- Une surprise qui en restera une jusqu'à ce qu'on arrive, affirma Leonidas en expirant un nuage de fumée. (Il devait avoir conscience d'être entouré de moldus car, pour une fois, elle ne prit aucune forme originale). Mais je n'ai même pas demandé. Qui vient avec nous ?

Ensemble, Liam et Noah levèrent la main.

- Liam Cooper et Noah Douzebranches, c'est ça ? se remémora son parrain. Parfait, montez.

Comme si tout était normal, la diligence des Grims était garée sur l'esplanade de Grand Central. Les moldus la contournaient sans paraître étonnés, même si certains fronçaient les sourcils, et Julian supposa qu'ils devaient se demander comment des travaux et des barrières de chantiers avaient pu apparaître si soudainement. A la suite de sa sœur, il se hissa dans l'habitacle et se retrouva assis entre elle et Noah. Celui-ci se pencha vers lui au moment où les chevaux les faisaient décoller dans un soubresaut.

- Et ton vertige ? dit-il à voix basse.

- Il souffre.

Noah émit un rire étouffé. Julian, lui, se contenta de serrer les dents. Maintenant que la nouveauté de voler à bord d'un véritable fiacre victorien ne le distrayait plus, il refusait de regarder ne serait-ce qu'un peu sur les côtés pour voir le ciel. Autour de lui, tout le monde discutait avec animation, mais il n'arrivait pas à se concentrer sur une conversation en particulier, trop stressé.

- Respire, glissa Noah sans le regarder.

- La prochaine fois que tu me dis ça, je te jure que... articula-t-il à travers ses mâchoires contractées.

A nouveau, Noah retint visiblement un éclat de rire. Simplement, Julian ne comptait plus les fois où Noah lui avait conseillé de respirer. Quand il lui avait pris la main pendant le match de Quodpot, le jour où ils s'étaient expliqués après leur premier baiser... Il se sentit rougir à nouveau rien que d'y penser. L'épaule de Noah contre la sienne ne l'aidait pas non plus, mais il s'accrocha à sa présence physique pour éviter de penser au vide sous lui.

- Eh ! s'exclama brusquement Charly après plus de dix minutes de trajet, manquant de le faire sursauter. On a oublié Archer !

Liam haussa un sourcil.

- Sérieux ? C'est possible ça, d'oublier un cousin ?

- Non, nous n'avons oublié personne. Archer rentrera ce soir, il passe la journée avec Elizabeth.

- Ses parents et grand-mère sont d'accord ? s'étonna Théa.

Leonidas fit mine de regarder par la fenêtre. Il était très mauvais acteur.

- Lysandra et moi avons arrangé... la rencontre, se contenta-t-il de dire.

- Ils ne sont pas au courant, traduit Julian.

- Peut-être bien, j'avoue. Mais que voulez-vous ? J'ai un faible pour les histoires d'amour tragiques et vu comment les choses se sont passées à Noël, nous avons jugé bon... de mettre un peu de distance entre les protagonistes de cette affaire.

- Mais...

- Mais assez parlé d'Archer, nous arrivons, regardez !

Bêtement, Julian suivit l'ordre de son parrain et sentit son estomac se retourner en voyant le sol se rapprocher de manière fulgurante. Il ferma aussitôt les yeux. La pression contre son épaule se fit un peu plus forte et il laissa Noah faire, inspirant et expirant avec concentration. Après quelques secondes, la diligence atterrit enfin.

- Je vais enfin découvrir votre palais, Votre Altesse, fit Liam, enthousiaste. A vous l'honneur.

Il rouvrit les yeux pile à temps pour voir sa cousine descendre en mettant un coup de coude à Liam au passage.

Les jambes tremblantes, il suivit les autres, mais s'attarda en arrière en voyant que Noah traînait. Il s'était arrêté et contemplait la façade du manoir des Grims, la tête légèrement renversée en arrière. Julian, lui, se retrouva à le regarder. Les yeux bleus de Noah tiraient vers le gris grâce à la lumière hivernale et le ciel de plomb au-dessus de sa tête, mais c'étaient ses boucles qui le fascinèrent comme d'habitude. Là où Hilda et Raphaël les avaient disciplinées en les coupant les courtes, celles de Noah se mouvaient avec le vent, sans cesse changeantes. Selon les jours, elles pouvaient être plus ou moins définies, et aujourd'hui elles arboraient une forme fuyante, entourant Noah d'une sorte de halo sombre.

Pour la énième fois depuis leur rencontre, Julian ressentit ce tiraillement dans la poitrine, celui qui le poussait vers Noah Douzebranches contre toute logique, tout bon sens, et toutes les lois. Il aurait traversé la distance entre eux si la voix de Charlotte, postée sur le perron, ne l'avait pas ramené à la réalité.

- Ju' ! s'écria-t-elle d'un ton étrange. Viens voir la surprise !

Il se retourna. Le manoir était toujours aussi imposant et il ne chercha pas à se perdre dans sa contemplation : il rejoignit les autres dans le hall. Théa, qui avait déjà enlevé sa cape, le fixait étrangement.

- Quoi ?

- Rien... Demande-lui, dit-elle en désignant Leonidas d'un coup de menton, énigmatique.

Perplexe, il pivota vers son parrain alors que Noah entrait et refermait la porte derrière eux.

- Qu'est-ce qui se passe... ?

- Avance ! enjoignit sa sœur.

Elle le poussa dans le dos et il obéit, encore plus étonné. Il n'était resté dehors qu'une minute de plus que les autres. Qu'est-ce qu'il pouvait bien y avoir dans la pièce d'à côté pour que tout le monde fasse autant de mystère ? En quelques pas, il dépassa le hall et ralentit prudemment dans l'encadrement du salon. Il repéra son père, grand-mère Isadora, tante Cordelia et Lysandra rassemblés en une ligne étrange devant la cheminée et il haussa un sourcil.

- Merlin, pourquoi vous... ?

- Tourne la tête, idiot.

Il se figea. Dans son dos, il pouvait sentir les autres qui le scrutaient avec attention, mais son esprit sembla se vider en une seconde, incapable de comprendre ce qui se passait. Et enfin, avec lenteur, il se résolut à tourner la tête...

Perché sur le rebord de fenêtre, Matthew Bones en personne eu l'audace lui adresser un sourire moqueur.

- Je t'ai manqué ? lança-t-il.

**

*

Matthew aurait pu passer sa journée à contempler l'expression de Julian quand il réalisa qu'il était vraiment là. Pas à un océan d'écart, mais dans le salon des Grims. Il passa par plusieurs émotions en seulement quelques secondes : perplexité, appréhension, choc, compréhension, émotion. S'il avait tourné la tête de l'autre côté, il aurait repéré Hanna près de la bibliothèque, mais Matthew n'avait pas pu attendre. Il avait parlé. Il avait forcé le destin parce qu'il n'avait jamais été patient et il fut le premier à descendre du rebord de fenêtre en un bond, le corps déjà en mouvement avant qu'il ne touche le sol.

Il ne traversa que la moitié de la distance avant que Julian ne l'atteigne. Ils rentrèrent presque en collision.

Dans un éclat de rire, Matthew se laissa engloutir dans une accolade étouffante. Sous la joie qui bouillonnait dans sa poitrine, il se fit quand même la réflexion que quelque chose avait changé dans cette étreinte. Déjà, Julian et lui avaient peu l'habitude de s'en faire, même avant, et il le dépassait maintenant de quelques centimètres. C'était à la fois déstabilisant et familier. Mais très honnêtement, il n'en avait rien à faire : il venait de retrouver son meilleur ami.

- Merlin, je te déteste... marmonna Julian contre lui.

Il sourit, amusé, et resserra sa prise. Il avait vaguement conscience que quelqu'un prenait une photo du côté des adultes – monsieur Shelton ? – mais il ne se détourna pas.

- Surprise ? se moqua-t-il finalement, faute de mieux.

- Comment... ?

Incapable de former une phrase complète, Julian finit par reculer de quelques pas. Il n'avait pas changé en plus de six mois, du moins presque pas. Ses cheveux étaient peut-être une teinte plus foncée que la dernière qu'il l'avait vu, mais c'était au mois d'août dernier quand le soleil avait fait son effet. Vu le temps hivernal de New York, Matthew doutait que Julian ait beaucoup vu le soleil depuis.

- Je croyais que les frontières étaient fermées !

- Elles le sont. Mais tu me connais, j'ai des contacts, se vanta-t-il.

Tante Lysandra intervint immédiatement :

- Il a demandé à Léo. Ça a mis plus d'un mois, mais on a réussi à leur avoir un visa pour une semaine.

- « Leur » ? répéta Julian à qui rien n'échappait comme d'habitude.

Matthew sentit son sourire s'élargir.

- Tu ne croyais quand même pas que les adultes responsables de moi allaient juger que je pouvais voyager tout seul ?

Sur ces mots, il prit Julian par les épaules et le fit pivoter dans l'autre sens. Il le sentit se tendre de surprise en découvrant Hanna, toujours debout devant la bibliothèque à attendre son tour. Malgré la joie qui illuminait son visage, son sourire se fit presque timide et Matthew se souvint brusquement de ce que Charity lui avait dit sur la situation de Hanna : « elle a peur de passer pour la fille qui s'accroche, qui va finir par avoir l'air pathétique à force de harceler son copain ». Une pointe de pitié pour son amie le traversa et il donna une légère pression pour réveiller Julian, bloqué par la surprise. Ce dernier réagit enfin.

- Hanna !

Comme pour eux deux, il fit un pas en ouvrant les bras et Hanna n'en attendit pas plus. Elle les rejoignit en quelques enjambées et Matthew s'écarta juste au moment où elle se jetait contre Julian. Pendant plusieurs secondes, il n'arriva plus à distinguer leur visage, dissimulé par la tignasse folle de Hanna. En revanche, il entendit son rire incrédule teinté de larmes.

- Tu m'as manqué, souffla-t-elle. J'ai dû supporter Matt toute seule, c'était affreux.

- Eh ! Je t'entends, Faucett !

- Viens-là, toi !

D'un bras, elle l'attrapa par le col et l'entraîna dans leur étreinte. Il lui fut reconnaissant de sacrifier son moment avec Julian pour l'inclure et il se mit à sautiller sur place en riant. Il avait l'impression – juste le temps d'une seconde suspendue – d'avoir onze ans à nouveau.

- Quand est-ce que vous êtes arrivés ? articula Julian, la voix serrée par une émotion mal contenue.

- Il y a une heure ? Même pas ? Tante Lysa et ton père sont venus nous chercher à l'aéroport ! On n'a pas eu le droit à un portoloin transatlantique, mais on voulait arriver avant que tu rentres d'Ilvermorny.

- On est partis dès que le Poudlard Express est arrivé à Londres, raconta Hanna, les yeux rouges. Mes parents m'attendaient et on a tous pris l'avion cette nuit.

- Tes parents sont là aussi ?

- A l'hôtel. Je les ai convaincus de passer des vacances à New York dès que Matt a eu l'idée de venir. Donc... surprise, je suppose ?

Matthew éclata de rire en l'entendant répété ce qu'il avait lui-même dit quelques minutes auparavant. Avec vivacité, Julian se tourna vers Leonidas.

- Tu savais depuis quand qu'ils avaient les visas ?

- Une semaine environ, sourit-il, visiblement fier de lui en passant un bras autour de sa femme.

- Au Village... Tu aurais pu...

- Te le dire ? Non, le but était de voir ta réaction !

Julian secoua la tête, incrédule. Un bras toujours passé autour des épaules de ses amis, Matthew observa soudain les autres personnes dans la pièce. Il avait eu du mal à retenir les noms en arrivant, mais il se rappela que la vieille dame avec un sourire attendrie était la grand-mère Isadora et la femme au chignon auburn la tante Cordelia. Toujours à moitié dans l'entrée, il s'attarda sur les nouveaux venus. Il fut d'abord frappé par Charly. En six mois, elle avait beaucoup plus changé que son frère : elle avait perdu du poids, ses cheveux blonds foncés étaient plus lisses, et elle ressemblait moins à la gamine qu'il avait connu qu'à une jeune fille. Il repéra aussi une autre fille, adossée à l'embrasure en bois, qui les toisait avec amusement au-dessus de son nez en trompette. Il n'eut aucun mal à deviner qu'il s'agissait de la fameuse cousine Théa, celle dont Julian s'était plaint dans ses lettres avant de changer progressivement de discours à son égard. Il ne connaissait en revanche pas les deux autres garçons présents.

La chose polie aurait sûrement été de se présenter ou de leur demander leur nom. Sa mère l'aurait voulu en tout cas. Mais il sentait déjà l'impatience courir dans ses veines, incapable de réfréner l'énergie qui s'était emparée de lui depuis que Julian était entré dans le salon.

- Bon, on a une semaine à passer ensemble ! déclara-t-il avec grandiloquence. Et je ne compte pas perdre une minute. Tu m'emmène voir New York ou quoi ?

- Maintenant ?

- Non, au mois de juin ! Evidemment, maintenant, Ju' !

- Pas si vite, intervint tante Lysandra en levant une main gracile pour l'arrêter dans son élan. Tu crois vraiment que je vais te lâcher dans New York sans supervision ? Et ensuite ? Je me vois déjà appeler Cassie par cheminette pour lui dire que j'ai perdu son premier né.

Matthew roula des yeux.

- Elle en a deux autres pour compenser, t'inquiète pas, rassura-t-il.

- Matt.

- Oh allez ! Juste un tour ! Pour pouvoir parler tous les deux et on revient dans une heure, promis !

Lysandra échangea un long regard avec Leonidas. Celui-ci soupira.

- S'ils veulent vraiment y aller, ma chérie, je suppose qu'on peut les laisser... Ethan ?

- Hum ? Oh oui, bien sûr !

Le père de Julian, l'air toujours un peu hagard malgré les mois passés, hocha la tête avant d'émettre un doute :

- Enfin, si tes amis sont d'accord pour t'attendre ? Les pauvres viennent d'arriver...

- Je m'en occupe, assura Théa. Vous allez adorer rester avec moi, pas vrai ?

- Votre temps nous honore, Votre Altesse... marmonna le garçon à côté d'elle.

Celui avec les boucles brunes se contenta d'hausser les épaules, même si Matthew percevait une certaine tension émaner de lui. Il se demanda même s'il se faisait des idées, mais il avait l'impression qu'il lui jetait un regard chargé d'animosité.

Du coin de l'œil, il remarqua aussi soudain le mouvement de recul de Hanna et son expression crispée. Il se traita mentalement d'idiot. Gêné, il tenta de se rattraper.

- T'inquiète Faucett, je l'accapare une heure et après je te le rends, il garde le meilleur pour la fin comme ça ! Et puis, on pourra parler de toi, il pourra me confier son amour infini pour tes beaux yeux et après je le dépose direct dans ta chambre. Il sera tout à toi !

L'effet ne manqua pas. Hanna s'empourpra en une seconde ; Julian parut vouloir disparaître et lui donna un coup dans les côtes ; Leonidas laissa échapper un rire amusé, ; et plusieurs personnes secouèrent la tête. Le mec aux boucles brunes, lui, se contenta de le fixer avec encore plus d'agacement si possible.

- Merci pour ta considération, Matt, railla Hanna.

Pourtant, elle avait l'air plus détendu et il sut qu'il l'avait rassuré. Enthousiaste, il jeta son bras autour des épaules de Julian et lança :

- Allez ! On a assez traîné ! New York, nous voilà !

**

*

Julian aurait aimé être un guide digne de ce nom, mais la vérité étai décevante. Il avait passé plus de temps à Ilvermorny que chez les Grims et devait connaître New York aussi bien que Matthew. Heureusement, en bon touriste qu'il était, il en fallait peu à son meilleur ami. Des étoiles plein les yeux, Matthew déambulait dans les rues de la ville aux mille gratte-ciels d'une démarche bondissante et Julian n'arrivait toujours pas à croire qu'il soit vraiment là.

Pourtant, Matthew était dur à ignorer. Il n'avait pas perdu sa tendance à parler fort – son accent anglais s'entrechoquait avec celui américain autour d'eux – et il portait l'horrible bonnet orange qu'il lui avait lui-même offert pour Noël.

D'une main, il l'arracha de sa tête alors que son ami regardait de l'autre côté de la rue.

- Eh ! Mon bonnet !

- J'arrive pas à croire que tu le portes vraiment, dit-il avec un éclat de rire. C'était juste pour me venger du pull aux couleurs de Gryffondor, tu sais.

- J'avais deviné oui, répliqua Matthew en lui reprenant le bonnet des mains et en l'enfonçant d'un geste ferme sur ses cheveux auburn. Mais j'ai appris à l'aimer. Simon n'arrête pas de vouloir me le piquer quand je rentre à la maison.

- Donc tu as autant de goût qu'un enfant de trois ans. Félicitations.

Pour toute réponse, Matthew lui donna un coup dans l'épaule et manqua de l'envoyer dans un réverbère. Il éclata de rire à nouveau.

- Comment ils vont d'ailleurs ? demanda-t-il après avoir contourné l'obstacle. Tes frères et tes parents ?

- Bien, je crois. Je ne les vois pas beaucoup. Spencer a dû mal à se faire des amis à l'école, tu sais comment il est...

Julian savait. Il revoyait encore le cadet de la fratrie Bones assis à la longue table de leur salle à manger, yeux rivés sur un puzzle à trois cents pièces avec concentration. Spencer avait de toute façon toujours été un enfant particulier. Enfermé dans son monde, il laissait peu de personne y entrer et avait une vision sur les choses souvent bien à lui. Et il s'était révélé un élève catastrophique pour apprendre à faire du vélo.

Mains dans les poches, Matthew s'arrêta soudain devant la devanture d'un café.

- Eh, ça te tente ? proposa-t-il d'un mouvement de tête. Je gèle. Et j'ai des choses à te raconter.

- Pas de problème.

Il entra en premier, intrigué. Le café était simple, typiquement New Yorkais, et plusieurs clients se réchauffaient autour de chocolats chauds dans un bruit de fond indistinct. Ils n'attendirent même pas qu'un serveur les repèrent et prirent une table de libre contre le mur du fond. Mécaniquement, Julian promena son regard sur les personnes présentes. La dernière fois qu'il était allé dans un café – celui d'Hilda au Village – le corbeau l'avait suivi et il devenait un peu paranoïaque depuis.

- Tu cherches quelqu'un ?

- Hein ? Oh non... Désolé. Tu me parlais ?

Matthew lui envoya un regard étrange, mais laissa couler.

- Non, mais tu me demandais des nouvelles de mes parents...

- Ils vont bien ? s'inquiéta-t-il.

- Oui, oui, ça va. Ma mère a repris le boulot. C'est la vieille McDougal qui s'occupe des petits... Un jour, ça va mal se terminer, je te le dis. Elle est à moitié sénile celle-là. (Il se défoula en tirant sur un fil de laine de son bonnet, posé entre eux sur la table). Mais bon, je crois que ça a fait du bien à maman de sortir de la maison.

- Elle aime l'action.

Si Cassie Bones avait bien quelque chose en commun avec son fils, c'était son tempérament Gryffondor et Julian eut l'image d'une lionne sortant enfin de sa cage. Au-delà de ça, il ressentit un certain malaise. Ça allait faire des mois qu'il n'avait pas eu Matthew en face de lui et la familiarité qui les caractérisait d'habitude semblait s'être distordue avec la distance. Rien d'insurmontable, mais c'était étrange pour eux. Nerveux, il se décida à rester sur le sujet de la guerre, plus neutre. Il suffisait de briser la glace.

- C'est Maugrey qui a dû être content, commenta-t-il alors finalement en se souvenant que Matthew lui avait dit que le patron de sa mère râlait à cause de son absence.

- Sûrement. Ils ont du boulot à revendre. T'as entendu ce qui se passait un peu ?

Immédiatement, Julian sentit son humeur s'assombrir. Une boule dans la gorge, il pianota des doigts contre sa jambe et secoua la tête.

- Pas trop. Les médias américains ne donnent pas de détails et je n'ai pas cherché à... enfin, je me suis dis que s'il arrivait quelque chose à quelqu'un, tu me l'auras dit. (Il déglutit). Tout le monde va bien, pas vrai ?

- Oui, oui, t'inquiète. Personne qu'on connait... Rah, c'est compliqué !

- Je me doute, mais je ne voulais pas... On est venu ici pour tenté d'avoir un nouveau départ, tu comprends ? Je me suis dis que si je me tenais au courant de l'actualité au jour le jour, je n'arriverai pas à...

Il laissa sa phrase en suspens. A quoi ? A oublier, à avancer, à arrêter de faire des cauchemars des Archives Magiques en train de s'écrouler sur sa mère ? Matthew parut comprendre, mal à l'aise, et une ombre tomba sur son visage.

- Eh, c'est normal... Si tu ne veux pas en parler, je...

- Non, non, coupa-t-il, déterminé. Vas-y, dis-moi dans les grandes lignes. Je ne peux pas fermer les yeux pour toujours. Alors ? Qu'est-ce qui se passe ?

Il carra les épaules, près à encaisser, et son meilleur ami hésita seulement une seconde avant d'obtempérer face à son choix. Il avait toujours aimer ça chez Matthew.

- Par où je commence, hum ? T'as entendu parler de l'attaque sur le Chemin de Traverse en novembre ?

- Quoi ?

- Ah, lâcha-t-il. A ce point. (Il tordit un peu plus son bonnet entre ses longs doigts). Une horreur. Mes parents ne m'ont même pas laissé aller du côté sorcier à Noël à cause de ça. Les mangemorts ont débarqué par surprise en plein jour alors que le Chemin était blindé de monde. La Gazette a publié quelques photos : la vitrine d'Ollivander avait explosé, les robes de Madame Guippure traînaient par terre et l'entrée du Chaudron Baveur a pris feu. Un pan de mur s'est même écroulé sur une passante apparemment. Des témoins ont dit qu'elle s'en était sortie, c'est sa jambe qui a pris.

Devant les images horrifiques qui jouaient dans son esprit, Julian sentit la boule grossir dans sa gorge. La situation avait empiré. L'été dernier, lorsqu'il était parti, les mangemort n'hésitaient pas à frapper les lieux fréquenter, mais s'attaquer au Chemin de Traverse relevait d'un autre niveau. C'était le symbole d'une communauté. Le pilier de la société sorcière et de Londres.

- Il y a eu des morts... ? souffla-t-il avec crainte.

- Quatre...

- Merlin...

- Ouais, je sais. Et encore, ça aurait pu être pire. Des... gens sont intervenus.

Julian fronça les sourcils.

- Intervenus ? répéta-t-il.

- Hum... Tu sais, on en avait parlé le jour où t'es venu à Terre-en-Lande me dire au revoir ?

Le souvenir paraissait remonter à une autre vie. Il se revoyait prendre le Magicobus et descendre sous une chaleur étouffante au petit village avant de croiser le pasteur local et sa fille. Il avait retrouvé Matthew dans sa chambre en train de lire un comics, puis ils avaient parlé de la guerre qui grondait. Matthew, comme le stupide Gryffondor qu'il était, voulait se battre. Il voulait agir et Julian se souvint d'avoir craint le feu qui avait brûlé au fond de ses prunelles. Un feu près à consumer ceux dont l'âme devenait trop téméraire.

- Le groupe de résistance de Dumbledore ? se remémora-t-il soudain. C'est lui qui ait intervenu ?

- J'en suis pratiquement sûr, ouais, confirma Matthew avec sérieux. Ça fait des mois que les rumeurs gonflent si on sait écouter. Ils ont même un nom. L'Ordre du Phénix.

L'Ordre du Phénix. De l'avis de Julian, on aurait presque dit le nom d'une légende. Une histoire transmise au coin du feu pour émerveiller les enfants. Mais il n'y avait rien de merveilleux dans ce qui se passait en Angleterre, dans son pays, et il se passa une main sur le visage pour s'éclaircir les idées.

- T'es sûr de toi ? demanda-t-il quand même.

- Plutôt. Je suis pratiquement sûr que papa en fait partie. Des gens viennent à la maison parfois, ça devient suspect. Ma mère fait semblant de fermer les yeux, mais elle sait. Elle ne peut juste pas s'impliquer plus à cause de Simon et Spencer, ça serait trop dangereux.

« Simon, Spencer et toi », ajouta Julian silencieusement. Matthew avait trop tendance à oublier que lui aussi était un enfant. Un enfant sur lequel ses parents veillaient, même s'ils n'étaient pas toujours présents.

- Et ils font quoi ? Les gens du groupe ?

- C'est encore un peu flou, reconnut Matthew, penaud. Je tente de comprendre à chaque vacances en restant attentif, mais à Poudlard c'est assez dur de se tenir au courant.

C'était toute l'ambiguïté de Poudlard. Ses murs étaient à la fois une protection contre le monde extérieur et une séparation trop béante avec celui-ci. « Le meilleur des remparts » avait un jour écrit sa mère dans un de ses articles. Il se demanda quelle vision elle aura posé sur le tour qu'avait pris cette guerre...

- Mais d'après ce que j'ai compris, reprit Matthew, ils essayent d'appréhender les mangemorts, surtout lors des attaques. Mon père veut les faire tomber aussi à la justice magique, mais... bon, on le sait, il y a des noms importants dans le lot. Du genre intouchable.

- Tu veux dire comme Regulus Black ?

Le nom venait de lui revenir brusquement, écho d'une conversation début janvier avec Archer qui venait de recevoir les inquiétudes d'Elizabeth Yaxley par lettre. Matthew le dévisagea.

- Tu sais pour lui ? s'étonna-t-il.

- Vaguement. Il a disparu, non ? Alors qu'il faisait parti des mangemorts ou de leur cercle ?

- Ouais, c'est à peu près ça. Mais aux dernières nouvelles, il est mort. Sa famille l'a enterré en février, sans corps. C'était dans la rubrique nécrologique.

Julian cilla. Il ne savait pas pourquoi, mais l'information lui fit l'effet d'un coup au ventre. Les gens comme Regulus Black ne pouvait pas mourir dans cette guerre. Comme Matthew venait de le dire, ils étaient intouchables.

- Merlin, ça dégénère... marmonna-t-il.

- Je te le fais pas dire. Et attends, pendant les vacances de Noël j'ai entendu mon père parler d'une bataille dans le métro de Londres avec McKinnon.

- Marlène McKinnon ? La blonde de Gryffondor avec les Maraudeurs ?

- Ouais, c'est ça. Je pense que toute la bande en est aussi. J'ai revu Potter à la maison. Apparemment, il va se marier.

- Avec Lily Evans ? s'étrangla Julian, se souvenant de leur couple fard à l'école après sept ans à s'être tapés dessus.

- Je sais, j'ai eu la même réaction.

Ils échangèrent un regard incrédule et complice face au portrait de James et Lily prêts à s'unir pour la vie. C'était le genre de détail qui lui mettait pourtant du baume au cœur. Il n'y avait pas que des tragédies. Des petites étincelles d'espoir venaient percer les ténèbres qui s'étaient abattues sur l'Angleterre. Ou peut-être que les gens avaient peur et se mettaient à vivre plus fort, plus vite...

Vivre plus vite pour battre le fanatisme rampant qui gangrénait la société sorcière.

Il allait demander d'autres détails à Matthew quand le serveur arriva à leur hauteur, son carnet de commande à la main.

- Vous avez choisi ? demanda-t-il d'une voix empressée.

La café s'était effectivement rempli à l'approche des coups de seize heures.

- Euh... Un soda, dit Matthew, pris au dépourvu. Celui avec les bulles là.

- Un coca ?

- Voilà.

Le serveur pinça les lèvres, mais se contenta d'écrire avant de se tourner vers lui.

- Un thé. Un Earl Grey, si vous avez.

- Tout de suite.

Le serveur tourna les talons, mais Julian fut à peu près sûr de l'entendre marmonner dans sa barbe un « encore des anglais ». Matthew eut un rictus amusé.

- Je vois que même les States n'ont pas réussi à te faire changer sur le thé.

- Jamais. Blasphème, Bones.

Ensemble, ils éclatèrent de rire. Merlin, il avait oublié à quel point il aimait rire et parler avec Matthew. Leur amitié était aussi inattendue que forte. Ils n'avaient pas tant de choses en commun, mais ils se retrouvaient sur leur sens de la famille, leur vision du monde, leur envie de réussir. Ils se complétaient bien.

- Bon, rien d'autre sur l'Angleterre ? reprit-il après quelques secondes.

- Rien d'aussi énorme et public que le Chemin de Traverse. Des disparitions évidemment, des coups d'éclats politiques aussi. Minchum va valser avant l'été.

- J'ai lu ça, ils organisent des élections pour le mois de mai, c'est ça ?

Matthew acquiesça.

- Millicent Bagnold est en tête des sondages.

- Ca pourrait être pire, jugea-t-il.

- C'est sûr, mais les gens espèrent encore que Dumbledore va se présenter. Ça serait géant.

- Je ne pense pas qu'il le fera... je veux dire, il aurait pu le faire il y a des années.

- Mais cette fois c'est la guerre. Ce n'est plus comme Grindelwald, c'est juste chez nous. S'il y a quelqu'un qui peut vaincre Tu-Sais-Qui, c'est lui.

Julian était d'accord. Aucun sorcier ne pouvait prétendre atteindre l'aura et la puissance du directeur, mais si Matthew disait vrai, celui-ci s'impliquait déjà autrement dans la lutte contre les mangemorts. L'Ordre du Phénix n'avait pas pu être fondé par n'importe qui.

- En plus, il n'y a pas que les mangemorts, continua Matthew. Ça y est, ça fait quelques mois qu'il a recruté des créatures. On parle de loups-garous dans les campagnes et même de Géants qui descendent des montagnes. Mon père avait une entaille quand je l'ai revu à l'aéroport. Il était venu me dire au revoir avant le voyage. Quand je lui ai demandé ce qui s'était passé, il n'a pas voulu répondre, mais je crois qu'il y a eu une bataille que le Ministère essaye de cacher.

- Pourquoi le Ministère ferait ça ?

- Aucune idée. Pour éviter que tout le monde sache qu'ils sont des incapables et que c'est un groupe de résistance illégal qui risque sa vie pour nous aider ?

Ça se tenait. C'était bancal, mais connaissant Harold Minchum, ça se tenait. En tant que Ministre, il avait construit sa carrière sur la sécurité et la stabilité du Ministère en tant qu'institution. Ce n'était pas étonnant qu'il cherche à étouffer la moindre trace de faiblesse dans la guerre contre les forces du mal.

- Ah tiens, je ne sais pas si tu sais aussi, mais Evan Rosier est mort, lui apprit brusquement Matthew. En janvier. Les Aurors l'ont eu.

Surpris, il encaissa la nouvelle et réalisa qu'elle ne lui faisait pas tant d'effet que ça. Il n'avait jamais aimé ce type de toute façon.

- Merlin... Elizabeth le sait ?

- Aucune idée. C'est toi qui devrait savoir ! J'arrive toujours pas à croire que t'ais passé Noël avec elle et son mioche.

Le ton incrédule de Matthew lui fit monter un rire dans la poitrine. A vrai dire, lui non plus n'en revenait pas.

- Elle n'est pas si mal finalement, la défendit-il. Elle a changé.

- Sûrement... Son dossier est classé d'ailleurs. Ma mère me l'a dit.

- C'est bien. Elle a le droit à une seconde chance, Matt. Je suis sûr qu'elle n'a pas tué Gemma Ackerley. Peut-être qu'on ne sera jamais qui l'a fait, mais Elizabeth a tourné la page. Elle a voulu éloigner son fils de ses erreurs.

Matthew le contempla, songeur. Il voyait bien qu'il avait du mal à croire en la rédemption de celle qui avait été la princesse des Serpentard, mais il avait toujours été intransigeant et buté. Encore une fois, il ne faisait pas partie de la maison or et rouge pour rien. La gloire et le sang, le renom et le sacrifice. Pas de place pour la mesure dans ce tableau.

- Allez, j'ai assez rattrapé sur l'Angleterre. Parle-moi d'autre chose. De Poudlard !

- Toujours pareil, le bon vieux château, dit Matthew en haussant les épaules. Peeves me rend dingue, les entraînements m'épuisent, Slughorn m'invite systématiquement à ses « petites soirées », Hanna manque de se brûler les cheveux à chaque cours de potion et Charity est une teigne mais elle embrasse bien.

- Charity... Elle quoi ?

Il écarquilla les yeux, choqué, et Matthew parut réaliser ce qu'il venait de dire car son long nez et ses pommettes se parèrent d'une couleur écarlate.

- Matthew Bones !

- Julian Shelton, répliqua-t-il d'une voix aigüe. C'est bon, c'est bon, j'allais t'en parler !

- Mais tu vas en parler !

Heureusement pour Matthew, il eut quelques instants de répits grâce au serveur qui revint à cet instant. Il déposa leur commande sur la table et repartit aussi sec. Julian se pencha par-dessus la table, ignorant sa tasse pour le moment brûlante. Le mal l'aise ressenti tout à l'heure s'était évaporé au fil des mots et il ne ressentait plus que la familiarité habituelle entre eux, ce lien unique qu'il n'avait qu'avec son meilleur ami. Il lui donna d'ailleurs un coup de pied léger sous la table.

- Alors ? insista-t-il. Charity Burbage ? Parle !

- Oui, oui... Hum, en vrai c'est compliqué. Disons qu'on s'est un peu rapprochés, elle et moi. (Il joua des sourcils). Enfin, beaucoup rapprochés.

Le ton équivoque leur arracha un nouveau rire.

- Tu sors avec elle ? dit-il, curieux.

- Oui et non ?

Indigné, il leva les mains vers le plafond.

- C'est toi qui devrais savoir !

- Je sais, je sais ! Mais Charity est plutôt dure à suivre, figure-toi. On a commencé à flirter sérieusement après les vacances d'halloween et on a fini par s'embrasser. On a même été acheter nos cadeaux de Noël ensemble cet hiver. C'est elle qui m'a emmené dans la boutique moldue où j'ai acheté ton pull, figure-toi !

C'était sans doute un détail, mais entendre quelqu'un d'autre utiliser le terme « moldu » avec autant de familiarité provoqua en Julian un sentiment de réconfort certain. Il hocha la tête, intéressé, et fit signe à son meilleur ami de continuer.

- Depuis ça, on continue à pas mal se voir. On fait nos devoirs ensemble dans la Salle Commune, on a fêté la St-Valentin tous les deux... en heure de colle.

- Quoi ?

- McGo était dans un mauvais jour, éluda Matthew en balayant l'histoire de la main. Bref, ça se passe plutôt bien donc. Comme je disais, on... s'embrasse pas mal. Mais on n'a pas vraiment eu de conversation pour définir ce qu'on... était. (Embarrassé, il aspira la moitié de son coca avec sa paille et toussa une seconde avant de reprendre). Bon, après, je suppose que ça ne veut pas dire grand-chose. Je veux dire, on est clairement en couple d'une certaine façon. Mais Charity a du mal à s'ouvrir aux autres, tu vois ?

- Je m'en souviens, un peu, oui.

En vérité, il avait dû échanger à peine quelques phrases avec la Gryffondor durant sa scolarité. Charity connaissait mieux Matthew à cause de leur appartenance à la même maison et il l'avait de toute façon toujours trouvé très... fuyante. Charity Burbage avait l'air d'être le genre de fille éprise d'un vent de liberté, toujours à contre-courant des attentes. Une fille qui correspondait bien à Matthew maintenant qu'il y pensait.

- Bref, elle est plutôt cool, on s'entend super bien, mais faudrait sans doute qu'on prenne le temps de parler à un moment.

- Pourquoi vous n'avez pas parlé avant ?

- Je te dis, elle a du mal à avoir des conversations... sérieuses et profondes. Enfin, quand ça la concerne je veux dire. Parce que sinon, elle a des supers avis sur plein de choses ! La culture moldue notamment. Elle en est dingue, un peu comme Hanna et l'astronomie.

- Hum...

Matthew le regarda, incertain, et joua avec son verre.

- En parlant d'Hanna... commença-t-il.

Julian l'avait vu venir. Seulement, il n'était pas encore prêt à lâcher le sujet Charity.

- Plus tard, éluda-t-il. Quand tu dis que tu embrasses beaucoup Burbage... Tu veux dire que... ?

Il n'osa pas terminer sa phrase, mais la question venait de surgir dans son esprit. S'il lisait bien entre les lignes, la relation de Charity et Matthew était axée sur le physique et entrecoupée de moments de complicités. Il ne put s'empêcher de songer à Noah... A leur pacte. Aucun mot sur ce qu'ils étaient, ils n'en avaient pas besoin. Une expérience, rien de plus. Est-ce que dans un monde où ils n'auraient pas risqués l'hôpital psychiatrique, ils auraient été comme Matthew et Charity ?

La question lui donna la nausée et il attrapa sa tasse pour boire une longue gorgée de thé. La brûlure de sa langue l'ancra au moment présent. Il se reconcentra sur son meilleur ami dont les joues avaient repris une couleur proche de son horrible bonnet.

- On n'a pas été plus loin, élabora finalement Matthew d'une voix enraillée. Je ne veux pas... enfin, elle n'a rien dit et... Pendant l'heure de colle ou dans les vestiaires parfois, on a... mais... C'était bien, mais...

Certainement conscient de s'enfoncer dans un trou noir grammatical, il arrêta soudain de parler. Julian le dévisagea longuement, puis cacha un rire derrière ses mains.

- Tais-toi ! réagit immédiatement Matthew. Arrête ! Tu ne peux pas... On es au milieu d'un café bondé, par Merlin !

- Désolé, désolé !

Pour toute réponse, Matthew lui donna un coup avec son bonnet.

- C'est ça. Bon maintenant, Hanna. Allez.

L'effet fut instantané : il arrêta de rire.

- Matt...

- Non. Je veux savoir. Tu n'es pas là avec elle tous les jours, mais moi si. Elle mérite mieux, Ju', dit-il avec une soudaine gravité. Je me doute qu'un océan d'écart est difficile, mais...

Il le coupa d'une voix sourde, le cœur lourd.

- Je ne veux pas lui faire de la peine.

Matthew secoua la tête.

- Elle en a déjà, rétorqua-t-il. Elle ne peut pas rester dans un entre-deux éternellement.

- Je sais, je sais... Laisse-moi le semaine, d'accord ? Voir comment ça se passe entre nous ?

Il ne savait pas d'où l'idée lui venait. Ce n'était sûrement pas une semaine qui allait le faire enfin aimer Hanna comme il devrait, mais il voulait essayer. Noah refusait de quitter Othilia, il ne voulait pas qu'il croit qu'il avait rompu avec sa propre copine juste après leur pacte. Ça aurait paru suspect.

En face de lui, Matthew fit peser un regard lourd sur lui, méfiant. Il voyait bien que son meilleur ami n'était pas dupe, même s'il n'arrivait pas à deviner la vérité. Vaincu, il soupira.

- Ok, comme tu le sens. Mais tu lui parles avant la fin de ses vacances à New York, on est d'accord ?

- Promis !

- Génial. Je serai là pour votre mariage ou pour ramasser les morceaux.

Un rictus aux lèvres, Matthew retrouva son air jovial et Julian se sentit respirer à nouveau. Il se rendit soudain compte de l'heure quand ses yeux tombèrent sur sa montre dont le sable et les ailes noires s'agitaient pour marquer les secondes.

- On devrait rentrer, Lysandra va nous tuer sinon.

- Ouais, je tiens à ma vie. Viens. (Il remit son bonnet sur sa tête et vida son verre en une gorgée). Elle est nouvelle ta montre ? demanda-t-il en lorgnant dessus.

- Hum ? Oh, oui. Un cadeau de mes amis à Ilvermorny.

- Sympa. Pas mieux que le mien, mais sympa. Ils ont l'air cool, d'ailleurs. Enfin, ta cousine et le gars avec l'appareil photo.

- Liam.

- C'est ça. Par contre, celui avec les boucles là, il est un peu bizarre non ?

Julian déglutit. Il se détourna en enfilant son manteau, anxieux. Il avait été trop perturbé tout à l'heure pour observer la réaction de Noah à l'arrivé de ses amis, mais le connaissant il avait encore dû faire des siennes.

- Il faut apprendre à le connaître, éluda-t-il finalement. Prêt ?

Heureusement, Matthew n'insista pas et ils ressortirent dans le froid new-yorkais après avoir payé au comptoir. L'air frais lui éclaira l'esprit. Il avait appris trop de choses en trop peu de temps et la sensation était vertigineuse. Matthew devait ressentir un peu la même chose car, pour une fois, il garda le silence et se perdit dans la contemplation de l'agitation urbaine autour d'eux.

Il repensa soudain à la phrase à laquelle il avait songé tout à l'heure au sujet des personnes en pleine guerre. Vivre plus vite, vitre plus fort. Peut-être que c'était vrai, mais prendre le temps avait ses avantages aussi... Prendre le temps de vivre l'instant présent était aussi fort qu'essayer de courir après la vie.

************************************

Le retour de Matthew Bones ! Alors ? Vous sautez de joie haha ?

Hâte d'avoir vos retours ! Prochain chapitre le lundi 14 mars ^^
Cazolie

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Chapitre 36 !
La pièce commune débordait de vie, d'élèves, et d'alcool, même si le dernier élément n'étonnait pas Noah.
Qu'est-ce qu'on fête ??
Un Rhum Rougarou ? Une Vodka Vélane ? Oh non laisse-moi deviner ! Une Tequila Troll ?
Tu m'as tuée avec tous tes noms là :lol:
Ils le faisaient pour chaque fête de fin de trimestre.
Aaaaaaaaah
- Et alors ? Charly aussi est avec nous de temps en temps mais elle ne sait pas ce qu'on fait, non ? intervint Théa. Il peut très bien ne pas être au courant.
Bon point pour Théa
Sans réfléchir, il lui tendit sa bouteille en une invitation muette et Liam ne se fit par prier : il l'attrapa et en bu une grande goulée.
ALERTE
UN GESTE NON AGRESSIF ENTRE EUX
- Mais il avait dit dans son premier message de n'en parler à personne, non ? rappela Othilia, sourcils froncés. Alors pourquoi se manifester maintenant pour Leonidas et pas quand vous nous avez parlé à nous ? Je veux dire, ça n'a pas de sens !
Parce qu'il a compris que Liam n'y arriverait jamais seul ?
Quand elle avait enfin ouvert la porte de sa chambre, il avait la voix cassée à force de s'être égosillé et était recroquevillé dans un coin
Ca me fait penser à Jane Eyre enfermée dans la chambre rouge chez sa tante
Pauvre bichon
Parce que ce type est incapable de faire quoique ce soit sans qu'Aileen lui tienne la main ou que Julian déchiffre des sortilèges pour lui !
Je retire ce que je viens de dire, ok Liam est pas délicat mais il m'éneeeeerve
- On a été imprudents, se maudit Aileen. Je n'ai pas pensé... Ah !

Elle se frappa le front du plat de la main
J'ai cru qu'elle avait eu une révélation et j'ai lu tout le paragraphe super avidement mais en fait non :lol:

C EST LA PROF LA
FLEMMING
Le septième année portait son éternel col roulé noir qui lui donnait l'air d'un étudiant en lettres européen torturé
Un de mes profs d'agreg s'habillait comme ça et il était hyper beau
Et tellement gentil
bref, revenons à nos moutons :lol:
- Les gens s'en foutent de quoi ils parlent, insista Liam, véhément. Déjà que Julian est...
Tu verrais ma tête là tout de suite
- Vous savez bien... Je vais pas vous faire un dessin justement. Et attendez, je l'accuse de rien, juste il n'est pas le prototype gars baraqué et sportif à la Wilde Wilkinson, ok ?
Je vais tarter Liam maintenant
- Toi non plus, lui fit remarquer Théa en le détaillant de haut en bas.
BIEN CE QU IL ME SEMBLAIT
Mais si Julian se rendait compte que la réalité était plus complexe... ? Si Zack se mettait à raconter ce qui s'était passé l'année dernière... ?
Ouuuh encore des mystères
- Merde... souffla-t-il en voyant que Julian jetait un nouveau coup d'œil par-dessus son épaule.

Et il envoya son poing dans le mur.
Parce que ça va pas DU TOUT paraître suspect
Mais quel bolosse
- Il y en a d'autres ?

- Ma sœur ?
Pouahahahaha
mais il roulait juste des yeux devant les tableaux avec un carré bleu et un point blanc que certains appelaient de « l'art ».
Hahahahahah tope-là
De toute façon, cette fille n'avait jamais été très sociale, alors j'ai pensé qu'elle voulait prendre ses distances à cause de... enfin à cause de moi.
Le pauuuvre
- Oh il ne t'en a pas parlé, hum ? Non évidemment, ce n'est pas quelque chose dont il se serait vanté.

- Ledwell, de quoi est-ce que tu parles ?
Et on va déjà savoir ?? Oh je suis ravie !
Ce gars est incapable d'accepter l'amour ou l'amitié
Et c'est triste
On dirait un Obscurial
- Noah... ? devina-t-il.

-... a donné un coup de poing dans le mur.
C'est vraiment une drama queen, jpp de lui
quand il essaya de bouger ces derniers, ses jointures ensanglantées manquèrent de lui arracher une grimace.
C'est pas comme ça qu'il va dessiner toute la nuit
- Parfois je me pose la question.
Allez BIM
Il a totalement raison en attendant, Noah a la capacité émotionnelle (d'une petite cuillère) (non justement) d'un enfant qui fait des colères
- Et toi tu ne pouvais pas arrêter d'être collé à cet idiot de Zack Ledwell, rétorqua-t-il avant même de réfléchir.
Pouahahahahah GRILLé
Il ne pouvait pas lui avouer qu'il n'était pas le premier garçon avec qui il avait tenté... cette expérience
Ca me paraissait évident, même du peu qu'il a dit à Julian, mais je dois trop surinterpréter par rapport à ce que nous lecteurs on sait :lol:
Il tenta d'ignorer ses poumons qui le brûlaient, réclamant de l'air, mais il finit par reculer
En vrai j'ai jamais compris ça, on peut respirer par le nez quand on s'embrasse :lol: :lol: Les seuls moments où je m'étouffe c'est quand je suis enrhumée :lol:
Le Conseil des Guérimages pouvaient venir l'arrêter maintenant.
Je sais pas pourquoi mais cerre phrase m'a éclatée
Une pointe d'absurde dans cette intensité haha

EH BIEN
Noah m'énerve tellement quand il est avec le groupe, j'ai envie de le baffer en permanence
Il est beaucoup plus tolérable quand il est seul avec Julian haha
Euuuh voilà, effectivement un peu de Nolian ne fait de mal à personne ! Ils se leurrent tellement, ça me tue. Zéro crédibilité les garçons
J'ai hâte d'en savoir plus sur la génération 50 en tout cas !
Cazolie

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Supprimer la distance ? Ca promet
Quel visionnaire ce Dumas, il a tout compris à Internet
Julian pouvait le deviner grâce à la nature qui cédait la place progressivement aux zones de banlieues et aux immeubles de plus en plus présents. Il trouvait presque leur présence rassurante.
Pas moi, je retourne vers les immeubles et ça m'attriste
A chaque vacances, il retrouvait Londres comme un membre de sa famille
Ah oui bon ok c'est un rat des villes au départ
- C'est le premier week-end que je vais passer dans la Grosse Pomme, marmonna-t-il en jouant avec le cordon de son appareil photo. J'arrive toujours pas à croire que mes parents aient dit oui...
OOOOH TROP CHOUETTE
je suis sûre d'avoir appris en cours d'anglais pourquoi on l'appelait la grosse pomme mais je n'en ai aucun souvenir
- Sûre. J'ai demandé au moins trois fois si je pouvais passer le premier week-end à New York, mais ma mère veut qu'on parte ce soir chez mes grands-parents. Je vais passer ma journée à voyager. Heureusement que le MACUSA m'a accordé un portoloin pour rentrer au Canada !
Ah parce qu'ils auraient pu refuser ? Ils sont vraiment pas sympas au MACUSA
En apprenant la nouvelle, Liam avait suggéré qu'ils essayent tous de passer le week-end à New York pour avancer sur le Rituel d'Ancrage ensemble, hors des murs d'Ilvermorny.
Ah, je croyais qu'ils allaient passer un WE sympa entre potes moi :lol:
Est-ce que tu n'avais absolument pas prévu ce développement, tout à coup tu as eu une illumination et tu as dû justifier ce WE comme tu pouvais? :lol: (oui j'aime bien essayer de deviner comment tu as élaboré l'histoire)
Julian savait au fond de lui qu'ils avaient plus envie de passer un week-end ensemble hors de l'école qu'autre chose.
Ah bah voilà
- A l'hôtel Sorcelleli
Ah, ça me rappelle une conversation tiens :lol: :lol:
Julian eu l'image fugace de leur baiser sous forme d'esquisse au fusain en tête : il voyait la fuite du trait qui découpait leur silhouette face à face, à moitié entremêlée tant ils avaient été proches, lui glissé entre les jambes de Noah.
Okay j'ADORE Cette description !
Tous les élèves voulaient sortir en même temps et ils se retrouvèrent à piétiner plusieurs minutes.
Pfff quelle bande de petits joueurs
Il faut se lever avant d'arriver et se planter devant la pote
Elle avait la même expression pendant le match de Quodpot et à chaque fois qu'ils se retrouvaient dans le Foyer bondé.
Ooooh développement intéressant !
Le sourire enjoué et presque malicieux de Leonidas l'intriguait.
Moi aussi jeveux savoir maintenant
La tentation de sauter des paragraphes pour y arriver est grande
Maintenant que la nouveauté de voler à bord d'un véritable fiacre victorien ne le distrayait plus, il refusait de regarder ne serait-ce qu'un peu sur les côtés pour voir le ciel.
En vrai ça va, il est entre quatre murs, c'est vachement moins terrible qu'être en équilibre sur un pauvre balai !
Liam haussa un sourcil.

- Sérieux ? C'est possible ça, d'oublier un cousin ?
Le pauvre :lol: :lol:
Selon les jours, elles pouvaient être plus ou moins définies, et aujourd'hui elles arboraient une forme fuyante, entourant Noah d'une sorte de halo sombre.
On sent l'experte boucles hahaha
- Quoi ?

- Rien... Demande-lui, dit-elle en désignant Leonidas d'un coup de menton, énigmatique.
OOOOH
JE SUIS SURE QUE CEST MATTHEW
!!!!!
- Tourne la tête, idiot.

Il se figea. Dans son dos, il pouvait sentir les autres qui le scrutaient avec attention, mais son esprit sembla se vider en une seconde, incapable de comprendre ce qui se passait. Et enfin, avec lenteur, il se résolut à tourner la tête...

Perché sur le rebord de fenêtre, Matthew Bones en personne eu l'audace lui adresser un sourire moqueur.
OOOOH je souris tellement je suis trop contente !!!!
Noah va être tellement jaloux, misère :lol:
S'il avait tourné la tête de l'autre côté, il aurait repéré Hanna près de la bibliothèque,
Oh merde, Noah va être doublement jaloux
Il le sentit se tendre de surprise en découvrant Hanna, toujours debout devant la bibliothèque à attendre son tour.
J'espère qu'ils vont pas avoir une discussion dès le début parce que sinon Hanna aura pasenvie de rester une semaine

- Au Village... Tu aurais pu...

- Te le dire ? Non, le but était de voir ta réaction !
J'avoue, rater cette scène aurait été extrêmement décevant
Matthew observa soudain les autres personnes dans la pièce.
J'avais oublié qu'on était du pdv de Matthew, j'ai cru que Julian avait ue crise d'amnésie
- Elle en a deux autres pour compenser, t'inquiète pas, rassura-t-il.
J'adore cette réponse même si c'est abominable :lol:
- S'ils veulent vraiment y aller, ma chérie, je suppose qu'on peut les laisser... Ethan ?
La vraie chose irresponsable là-dedans, c'est de laisser seuls Théa, Liam et Noah qui ne vont pas manquer de s'étriper
mais il avait l'impression qu'il lui jetait un regard chargé d'animosité.
Noah je vais te taper
Et puis, on pourra parler de toi, il pourra me confier son amour infini pour tes beaux yeux et après je le dépose direct dans ta chambre
Dans tA ChAmBrE
MATTHEW ENFIN
- Allez ! On a assez traîné ! New York, nous voilà !
Atlantica... Nous voilà !!
- Donc tu as autant de goût qu'un enfant de trois ans. Félicitations.
Pouehehehehhe
Et j'ai des choses à te raconter.
Des choses qui s'appelle Charity
Ça allait faire des mois qu'il n'avait pas eu Matthew en face de lui et la familiarité qui les caractérisait d'habitude semblait s'être distordue avec la distance
Ca va revenir bichon
Des... gens sont intervenus.
Des gens, hmm hmm
Mais aux dernières nouvelles, il est mort. Sa famille l'a enterré en février, sans corps. C'était dans la rubrique nécrologique.
Déjàààààààà
Il tombe tellement vite
- Merlin, ça dégénère... marmonna-t-il.
ça fait mal avec l'actualité
- Ouais, c'est ça. Je pense que toute la bande en est aussi. J'ai revu Potter à la maison. Apparemment, il va se marier.

- Avec Lily Evans ? s'étrangla Julian, se souvenant de leur couple fard à l'école après sept ans à s'être tapés dessus.
Hahahahahahha je les aime tellement
Leur amitié était aussi inattendue que forte. Ils n'avaient pas tant de choses en commun, mais ils se retrouvaient sur leur sens de la famille, leur vision du monde, leur envie de réussir. Ils se complétaient bien.
Aaaaaw ils sont si mignons
- Mais cette fois c'est la guerre. Ce n'est plus comme Grindelwald, c'est juste chez nous. S'il y a quelqu'un qui peut vaincre Tu-Sais-Qui, c'est lui.
J'ai du mal à comprendre là
Grindelwald, c'était la guerre aussi
Quelle est la différence qu'il fait, que c'est une guerre qui neconcerne que le Royaume Uni ?
- Sûrement... Son dossier est classé d'ailleurs. Ma mère me l'a dit.
Yayyy !
Charity est une teigne mais elle embrasse bien.

- Charity... Elle quoi ?
Hahahahahha mais c'est quoi cette façon de l'annoncer
(ok j'ai fait à peu près pareil)
Matthew parut réaliser ce qu'il venait de dire car son long nez et ses pommettes se parèrent d'une couleur écarlate.
Ah il a pas fait exprès, ce bolosse :lol:
- On n'a pas été plus loin, élabora finalement Matthew d'une voix enraillée. Je ne veux pas... enfin, elle n'a rien dit et... Pendant l'heure de colle ou dans les vestiaires parfois, on a... mais... C'était bien, mais...
... "j'allais pas la déshabiller dans le bureau de McGo"
Certainement conscient de s'enfoncer dans un trou noir grammatical
Oh tu m'as tuée :lol: :lol: :lol:
Elle mérite mieux, Ju', dit-il avec une soudaine gravité.
Bravo !
Ça aurait paru suspect.
J'ai envie de tarter Julian maintenant !
- C'est ça. Par contre, celui avec les boucles là, il est un peu bizarre non ?
Pouoahahahahah
- Il faut apprendre à le connaître, éluda-t-il finalement. Prêt ?
C'est ça ouais
Vivre plus vite, vitre plus fort
Je suis désolée mais le "vitre plus fort" ça m'a fait trop rire
Prendre le temps de vivre l'instant présent était aussi fort qu'essayer de courir après la vie.
Une belle leçon de vie :') :')

Un grand merci, commenter tes deux chapitres m'a fait mon trajet de retour à Paris !
Je suis TROP CONTENTE de voir Matthew et je trépigne d'avance à l'idée qu'il observe la relation entre Noah et Julian
J'ai aussi un peu près que Noah le morde
Par contre ça promet des moments gênants avec Hanna aaaaaah
C'était vraiment un chapitre réjouissant en tout cas !
annabethfan

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Chapitre 38 : La spirale des mensonges

« Rien n'est vrai, rien n'est faux ; tout est songe et mensonge, illusion du cœur qu'un vain espoir prolonge. Nos seules vérités, hommes, sont nos douleurs »

- Lamartine -


// 6 mars 1980 //

- Ju' ? fit la voix d'Hanna à sa droite.

Julian releva la tête, affalé dans son fauteuil avec son carnet à dessin sur les genoux. Il découvrit Hanna, vêtue d'un manteau et d'une écharpe qui lui couvrait presque le menton et il lui adressa un sourire.

- Tu pars ? devina-t-il.

- Ouais ! L'Empire State Building n'attend que moi !

- Amuse-toi bien!

- Merci... T'es sûr de préférer vouloir aller à ton expo d'art ?

Il comprit l'invitation muette et son sourire se transforma en grimace d'excuse.

- Elle se termine aujourd'hui, je suis désolé... Mais je peux te rejoindre après si tu veux ! On pourra aller à Central Park puisque tu loupes la visite guidée si incroyable de Leonidas.

- Et quelle tragédie, se moqua-t-elle. Matthew va nous en vouloir à vie de ne pas être allé avec lui.

- Il va rendre notre vie infernale, approuva-t-il avec gravité.

Ils rire ensemble. Plus tôt dans l'après-midi, Leonidas avait proposé à tout le monde de faire une visite de New York, et notamment de Central Park. Julian avait décliné pour son exposition d'art et Hanna, qui avait promis à ses parents d'y aller avec eux pendant leur semaine de vacances, avait donc préféré se rabattre sur une autre activité touristique. Le regard défait de Matthew leur avait bien fait comprendre sa déception quand la porte s'était refermée sur le petit groupe composé de grand-mère Isadora, tante Cordelia, Liam, Théa, Archer, Lysandra, Charly, et son père.

- Bon, je pars alors ! s'exclama Hanna en agitant la main. Ah et juste pour te prévenir, ton ami vient d'arriver pour te voir. L'elfe lui a ouvert. J'ai oublié son prénom, désolée.

- Mon ami ?

Curiosité piquée, il se leva pour la suivre.

- Oui, celui avec les boucles là. Il était avec vous hier en revenant de Grand Central ?

- Noah est là ?

- Voilà, lui !

Il marchait derrière elle et, heureusement, elle ne vit pas son expression. Il avait encore du mal à associer l'idée de Noah et Hanna sur le même continent, mais alors sous le même toit... Une culpabilité sourdre l'habitait depuis hier. Ou, s'il devait être honnête avec lui-même, depuis bien plus longtemps. Mais l'abolition soudaine de la distance entre eux rendait la situation impossible à ignorer. Hier soir, après sa balade avec Matthew, il avait essayé de compenser en passant toute la soirée avec Hanna. La retrouver lui avait fait du bien malgré ses sentiments conflictuels... Il avait oublié à quel point c'était facile de parler avec elle quand il trouvait un sujet commun. Cette fois-ci, ils avaient rattrapé le temps perdu en se racontant leur vie à Poudlard et Ilvermorny et la curiosité naturelle d'Hanna avait alimenté la conversation pendant plusieurs heures. Elle avait quand même dû rentrer à son hôtel en milieu de soirée et ils s'étaient quittés sur un baiser enthousiaste. Julian avait vraiment essayer de s'y abandonner, de faire comprendre à Hanna à quel point elle n'avait rien à se reprocher, mais le sentiment de manque avait demeuré dans sa poitrine même après son départ.

Arrivé dans le hall, il lui tint la porte en une parodie de majordome et elle sortit avec une révérence à riant.

- A tout à l'heure ! lança-t-elle.

Il lui retourna son geste de la main, puis la suivit du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse au coin de la rue. Il avait à peine refermé le battant qu'une nouvelle voix l'apostropha de loin :

- Jules !

- J'arrive !

Pire qu'un enfant. Parfois, il se disait que Noah ne supportait pas de ne pas avoir d'attention et que c'était pour ça qu'il ne s'entendait pas avec Théa et Liam, les seuls capables de lui faire de l'ombre. Amusé, il se dirigea donc vers le salon et trouva Noah Douzebranches en personne, allongé sur le canapé d'un air ennuyé. Ses boucles brunes s'étalaient sous sa tête, ébouriffées, et il sut qu'il avait dû braver le vent new-yorkais pour arriver. Il n'arriva pas à retenir son impulsion : il enroula une boucle autour de son doigt, debout devant lui, et Noah se tordit la nuque pour le regarder. Il ne repoussa pas sa main.

Julian sourit.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? dit-il.

- L'elfe m'a fait entrer.

- Je sais, Hanna m'a dit. Non, je voulais dire ici, chez les Grims.

Noah haussa les épaules, nonchalant.

- Je voulais échapper à Hilda et Raphaël. Après la réunion d'Hilda avec les dirigeants de commerces, ils voulaient aller voir une course sur balai professionnelle. Un ennui.

- J'approuve. (Il relâcha la boucle qui s'enroula à nouveau sur elle-même et il suivit le mouvement, fasciné, avant de se souvenir de continuer à parler). Et tu pensais que j'avais mieux à proposer ?

- J'ai eu raison, non ? rétorqua Noah. Une maison vide pour nous tout seuls, tu frappes fort !

Son rictus équivoque lui fit monter le rouge aux joues. Il n'avait même pas pris conscience que, techniquement, ils avaient effectivement le manoir pour eux tous seuls maintenant que tout le monde était parti se promener. Il ressentit une drôle de sensation au creux du ventre et se râcla la gorge.

- J'avais prévu d'aller à une expo... Sur Picasso. Ça peut t'intéresser, non ? T'aimes plus que moi le style déstructuré...

- Jules, là tout de suite, je me fiche de Picasso même s'il avait peint la Joconde.

D'un mouvement souple, Noah se releva et ils se retrouvèrent face à face, presque sans espace entre eux à cause du canapé qui empêchait Noah de reculer. Julian aurait pu, lui... Mais il se retrouva simplement à rire doucement, incapable de se souvenir pourquoi Picasso lui avait semblé si important la veille encore. La dernière fois qu'il s'était retrouvé seul avec Noah, c'était il y a seulement deux jours dans la petite salle de bain d'Ilvermorny. Julian n'avait pas cessé de penser à leur baiser depuis... Et son corps lui faisait comprendre en ce moment-même. Il ressentait la force désormais familière qui s'exerçait dans sa poitrine comme à chaque fois qu'il était aussi proche de Noah.

Les yeux bleus de celui-ci se fixèrent soudain un peu plus bas et Julian sut qu'il avait envie de l'embrasser autant que lui. Il dévia à son tour son regard sur les lèvres de Noah, comme une réponse muette, et attendit. Il pouvait presque sentir une sorte d'énergie entre eux.

Il craqua en premier, incapable de résister au défi. Pour une fois, il n'en avait rien à faire de perdre. Embrasser Noah debout était une expérience nouvelle, différente des dernières fois où il avait toujours eu une prise sur son corps. Là, il resta un instant sans savoir quoi faire de ses mains, mais Noah était plus expérimenté : il vint placer la sienne autour de sa taille, l'attirant un peu plus contre lui. Julian entrouvrit les lèvres automatiquement, grisé par la distance abolie et la sensation de leur torse qui se touchait presque. Noah avait une odeur de cigarette, de peinture et de parchemin autour de lui. C'était quelque chose qu'il avait fini par lui associer et il aimait ce genre de détail.

Pourtant, la sensation principal qui dominait tout le reste était bien celle des lèvres de Noah, avides contre les siennes. Il allait vite, puis lentement, dans un mouvement incessant qui lui faisait tourner la tête et il suivit le rythme avec plaisir.

Au bout de quelques secondes, ils finirent malgré tout par reculer, cherchant de l'air. Julian sentit ses lèvres le picoter, comme un écho au baiser qui s'attardait sur sa peau brûlante. Il avait envie de recommencer dès maintenant, juste pour courir après cette sensation, mais Noah eut une autre idée. D'un coup, il lui vola le carnet qu'il avait toujours dans la main, celui qu'il avait pris pour descendre avec Hanna, et il se retrouva trop déstabilisé pour réagir.

- J'ai remarqué que t'avais ça, commenta-t-il. Alors qu'est-ce que ton esprit de prodige a dessiné aujourd'hui ?

- Je croyais que t'en avais rien à faire ?

- J'ai dit que j'en avais rien à faire de Picasso. Ne me dis pas que ton ego se compare au maître du cubisme ? Tu ne peux pas être doué à ce point en tout, Jules.

Noah devait être de bonne humeur car il n'y avait même pas le mordant habituel derrière son ton et il se mit à sourire, amusé, même s'il n'oubliait pas son carnet. D'un geste vif, il tenta de le reprendre, mais Noah fut plus rapide. Il le leva au-dessus de sa tête. Julian maudit ses quelques centimètres en moins et se refusa à se hisser sur la pointe des pieds par fierté.

- Noah...

- Quoi ? Je croyais que j'avais un droit de regard sur tes œuvres ?

- Je n'ai jamais dit ça.

- Non, tu me demandes juste mon avis. C'est pareil.

Il s'esclaffa.

- En quoi c'est pareil ? protesta-t-il, lorgnant toujours le carnet.

- Tu ne demandes jamais l'avis des autres.

L'affirmation le prit au dépourvu. Surpris, il fit retomber son regard sur Noah et leurs prunelles s'accrochèrent, bleues contre vertes.

- Quoi ?

- Tu ne demandes jamais l'avis des autres, répéta Noah, sûr de lui. Ni en cours, ni pour le Rituel d'Ancrage, ni pour le journal. C'est un truc que j'ai remarqué. Tu donnes le tiens aux autres, tu expliques des choses, ça oui. Mais jamais l'inverse et certainement pas pour le dessin. (Il pencha la tête sur le côté, songeur, puis corrigea). Enfin, pas au début. Tu le fais maintenant. Depuis...

Il ne termina pas sa phrase, mais Julian comprit. Maintenant qu'il y pensait, il demandait effectivement son avis et son aide à Noah depuis leur premier baiser sous le rocher. C'était inconscient, il s'en rendait compte. S'il ne lui avait pas fait remarquer, il n'y aurait sans doute pas fait attention et il ressentit une certaine satisfaction à se dire que Noah était attentif à ce genre de détails. Gêné, il se força malgré tout à s'expliquer :

- Oui, c'est vrai... mais c'est parce que t'es le seul à comprendre. Pour le dessin, je veux dire...

- Hum ?

- Le style que t'as, j'arrive pas à le refaire, admit-il, frustré. Ça m'énerve.

D'un coup de menton, il désigna son carnet. L'air sincèrement étonné, Noah mit quelques secondes à croire la proposition muette et il abaissa sa main avec lenteur jusqu'à amener le carnet entre eux. Sur les pages qu'il fit alors défiler, ils purent voir s'étaler ses esquisses... Ou du moins ses tentatives. Il avait essayé de reproduire le trait fuyant de Noah maintes fois, certaines de ses caricatures même, mais son style était trop précis, trop académique. C'était une émotion différente qui s'en dégageaient et, même si jusqu'à présent il avait été fier, il recherchait autre chose aujourd'hui.

- C'est pas mal, jugea Noah d'une voix neutre.

Trop neutre pour être honnête et Julian s'en retrouva agacé.

- Un avis sincère ou rien, prévint-il.

- Ouais, compris... (il feuilleta un peu plus le carnet). Y'a de l'idée, mais il manque quelque chose... J'arriverais pas à dire quoi...

- Merci, c'est d'une grande aide.

- La ferme, Jules.

Avec la main qui ne tenait pas le carnet, Noah le repoussa et il s'agrippa à lui pour ne pas tomber en arrière. Le contact soudain fit se contracter son estomac.

Ils ne s'étaient pas éloignés de plus de deux pas l'un de l'autre et l'envie de sentir à nouveau leurs lèvres ensemble se ralluma en lui, fort et étourdissant. Noah chercha son regard, lui aussi déstabilisé, et il fit taire son cerveau le temps de combler la distance pour l'embrasser. Pour une fois, il voulait que l'initiative vienne de lui.

Ce baiser ne dura qu'un court instant, mais ce fut suffisant pour leur faire oublier le carnet. Noah désigna l'étage.

- On monte ? proposa-t-il, la voix rauque.

Julian acquiesça, l'esprit embrumé. Il ne savait pas bien ce qu'il ressentait, mais son corps paraissait branché sur une nouvelle fréquence et il aimait plutôt ça. La main de Noah s'accrocha à la sienne, sans préavis, puis ils se dirigèrent vers les escaliers. A nouveau, il songea au rocher sous-terrain : ils s'étaient tenus la main aussi ce jour-là, tout comme pendant le match de Quodpot. Pourtant, aujourd'hui, leurs mains jointes n'étaient ni cachées par une cape ni par l'obscurité. La vision avait quelque chose de terrifiant et excitant à la fois.

C'étaient précisément ces deux émotions qui se battaient en lui alors qu'ils entrèrent dans sa chambre. L'intimité du lieu – du lit à baldaquin – le frappa soudain. Ce n'était pas comme dans leur dortoir à Ilvermorny où Wilde, Enjolras et Liam étaient presque en permanence. Cette chambre, c'était la sienne. Il ne l'avait partagé qu'avec Charly, le premier jour aux Etats-Unis, mais elle avait préféré ensuite déménagé avec Théa. Il ne l'en blâmait pas. Il prenait conscience qu'il avait été trop sur son dos ces derniers temps et ils avaient passé l'âge de partager une chambre.

Mais y faire entrer Noah était différent... surtout dans le genre de situation où ils se trouvaient. Pourtant, il n'eut pas le temps d'hésiter. Dès que la porte se referma sur eux, il se retrouva happé par un nouveau baiser et se laissa embarquer, grisé par la sensation encore plus vive que tout à l'heure. Sa bouche était plus humide, plus sensible, plus brûlante. Il osa enfin poser ses mains sur les hanches de Noah et la réponse ne se fit pas attendre. Un bruit sourd émana de lui. Merlin, c'était surréaliste.

Il avait l'impression que son corps ne lui appartenait plus, qu'il regardait la scène de l'extérieur et qu'en même temps il était attentif aux moindres détails. Les moments d'absences alternaient avec ceux d'hypersensibilité.

- Jules... murmura Noah contre sa mâchoire alors qu'ils s'avançaient un peu plus dans la pièce.

Il n'avait plus aucun repère de toute façon, trop proche de Noah pour voir autre chose, mais il comprit que le lit était près d'eux un instant avant qu'ils ne se retrouvent allongés dessus. Le changement le saisit avec brusquerie et il ralentit ses gestes, soudain conscient de leur position. Noah tenta de suivre ses lèvres, mais il se recula encore un peu, le souffle court.

- Une seconde... articula-t-il, gêné.

Au-dessus de lui, Noah se figea. Son torse se soulevait aussi avec rapidité, signe qu'il n'était au moins pas le seul à être affecté, et il l'interrogea du regard.

- Trop ?

La question, si basse qu'il faillit ne pas l'entendre, le frappa au cœur. Oui, c'était peut-être ça. Noah était trop, ce qui passait entre eux à l'instant était trop, et il ne savait plus comment suivre. Il aurait surement dû... Embarrassé, il n'arriva pas à répondre, mais son expression devait parler pour lui car Noah se détacha un peu plus et roula sur le côté, toujours proche. Julian expira, libéré d'un poids, même si ses yeux restaient fixés sur le plafond au-dessus de lui avec obstination.

- Jules ?

- Ca va, ça va... Désolé...

- C'est bon, t'inquiète.

Encore une fois, aucun mordant dans la voix de Noah et il l'en remercia. Il n'aurait plus jamais osé le regarder en face si ça avait été le cas. Il se trouvait juste dans un entre-deux étrange, là tout de suite. Il sentait son corps toujours habité par cette énergie dévorante qui le poussait vers Noah et en même temps par un mal l'aise dont il ne savait pas quoi faire. Nerveux, il eut soudain le besoin de se justifier :

- Je... je ne sais pas pourquoi...

- J'ai une idée, admit Noah, presque malicieux.

Il désigna l'ensemble du lit d'un geste vague et Julian se couvrit le visage des mains. Si le matelas pouvait l'avaler... Peut-être qu'il y avait un sort pour ça. A ses côtés, Noah rit.

- Je crois que j'ai ma réponse à la dernière question que j'avais posé au jeu, commenta-t-il.

Le souvenir mit un instant à lui revenir. Il se remémora la pente ardue qu'ils avaient gravi le jour de Thanskgiving pour observer la vue depuis le Mont des Errants et du jeu de question/réponse qui avait suivi. « Jusqu'où t'as été avec Hanna ? ». Merlin...

- Ce n'est pas... enfin, on a...

Il chercha ses mots, mais aucune phrase cohérente ne se forma. Lui-même ne savait pas où il voulait en venir et de toute façon il n'avait sûrement rien à répondre. Noah ne l'accusait de rien, il constatait juste : c'était une nouvelle facette de lui qu'il découvrait, moins intransigeante. Il appréciait. Noah se mit à faire courir sa main le long de son bras et il eut un frisson, surpris. Il fut surtout soulagé de retrouver un contact entre eux. Très vite, ils retombèrent ainsi dans le silence, et Noah se contenta de frôler son bras jusqu'à son épaule pendant plusieurs minutes. Le rythme était apaisant. Un va et vient incessant, prédictible. Il se détendit. Sa respiration s'apaisa. C'était comme flotter et seul le toucher de Noah le retenait.

Ils restèrent ainsi pendant plusieurs minutes jusqu'à ce qu'il ressente à nouveau l'envie de parler et il pesa soigneusement ses mots dans sa tête avant de le faire.

- Tu sais, je pensais ce que je disais tout à l'heure, dit-il à voix basse pour ne pas briser la bulle dans laquelle ils s'étaient enfermés. Tu devrais vraiment t'inscrire à une école d'art avec le style que t'as...

Surpris, Noah releva les yeux vers lui. Il n'avait pas cessé son geste pour autant.

- Tu crois ? Parce que t'es le seul à le dire, marmonna-t-il, amer. Othilia et Hilda n'arrêtent pas de vouloir me faire abandonner l'idée.

- Et elles s'y connaissent en dessin depuis quand ?

Il prit conscience de son ton presque hautain avec un temps de retard et Noah émit à un rire étouffé.

- Pas faux. Mais Hilda sera celle qui payera hypothétiquement cette école donc je ne peux pas vraiment lui balancer ça, tu vois.

- Et une bourse ? T'y as pensé ?

- Hum... C'est sur dossier. Faut envoyer un book pendant la période des inscriptions, mais je ne sais pas si ça suffira...

Julian prit la peine de rouvrir un œil pour lui lancer un coup d'œil incrédule.

- Tu ne le sauras pas si tu ne le fais pas, non ? Je pourrais t'aider à le constituer si tu veux.

- C'est seulement l'année prochaine, Jules.

- Et ? Il y a déjà plein de dessins qu'on pourrait mettre dedans !

Pour toute réponse, Noah eut un léger hochement de tête, même s'il voyait bien qu'il était encore hésitant. Pourtant, il ne manqua pas le demi-sourire qu'il esquissa à la mention du « on » et sa conviction en fut encore plus renforcée. Satisfait, il retomba dans le silence.

Le mouvement que Noah traçait toujours le long de son bras était devenu hypnotique. A un moment, celui-ci poussa même l'audace à remonter vers son cou, traçant la courbe avec son pouce. Julian sentit le tiraillement se manifester à nouveau dans son ventre.

- Refais-le... souffla-t-il avant de réfléchir.

Noah suspendit son geste. Même sans le regarder directement, il pouvait sentir ses yeux bleus peser sur lui, et il pencha la tête un peu plus sur le côté, impatient. Noah repassa son pouce contre sa gorge, du haut de sa clavicule jusqu'à la courbe de sa mâchoire et Julian expira une respiration tremblante. Il y avait quelque chose, là... Le pouce de Noah s'attarda sur son pouls battant et il ferma les yeux. La sensation s'en retrouva décuplée. C'était comme si le petit espace de peau, juste à cet endroit, électrisait tout le reste de son corps et il aimait sentir la peau de Noah contre la sienne. Il traçait des signes alambiqués, aléatoires, sans motif particulier. Il variait la pression de temps en temps... Sa respiration s'accéléra à nouveau.

Soudain, Noah retira sa main et il retint la protestation qui montait à lui.

- Pourquoi tu... ?

- Je peux essayer quelque chose ? Si c'est encore « trop », tu me dis...

Le ton de Noah était étrange. Cette fois, il osa tourner la tête pour chercher dans son regard quelque chose – il ne savait pas quoi – et il y vit cette lueur tellement Oiseau Tonnerre, celle qui reflétait toute la curiosité et l'envie d'aventure qui animaient Noah parfois. Il acquiesça sans réfléchir davantage. Il savait qu'il n'aurait qu'un mot à dire pour tout arrêter... Et il voulait voir ce que Noah avait en tête. Il en avait envie.

Lentement, Noah se pencha vers lui et il crut un instant qu'il allait l'embrasser à nouveau, mais il dévia au dernier moment. Ses lèvres se posèrent sur son cou.

Et Julian sentit son cerveau vriller.

La sensation était tellement plus intense, tellement plus intime... Il sentait le corps de Noah, encore plus proche qu'avant mais pas aussi étouffant qu'au début quand il était au-dessus de lui. Son cœur battait plus vite, comme comprimé par une force qui s'exerçait dans sa poitrine, et tout fut à nouveau « trop » dans le bon sens du terme. Tout le long de son cou, Noah continuait à déposer des baisers, bouche entre-ouverte. Il pouvait sentir son souffle, les variations de pression, la sensation humide et chaude. Pendant plusieurs secondes, ses sensations se réduisirent justement à son cou avant que tout se propage dans le reste de son corps. C'était indescriptible. Et à l'instant où Noah se mit à accentuer la pression et à laisser ses dents frôler sa peau, la mordillant légèrement, le tiraillement au creux de son ventre s'intensifia en retour. Il laissa échapper un espèce de souffle haché, presque un gémissement, et il sentit Noah sourire en retour, amusé.

- Merlin... murmura-t-il.

- Trop ?

- Non...

Il secoua la tête, incapable de former plus de mots, puis il la pencha un peu plus en arrière pour laisser plus d'accès à Noah. Il ne se fit pas prier. Dès que ses lèvres se posèrent à nouveau contre son cou, Julian sut qu'il ne pourrait plus jamais oublier cette sensation, ni ne plus la désirer. Elle viendrait le hanter la nuit. Le mélange entre douleur et plaisir était presque déstabilisant à chaque fois que Noah se décidait à mordiller sa peau et il se concentra sur le tiraillement qu'il ressentait, différent de celui qui animait son bas-ventre, même si les deux semblaient se répondre en écho. Il émit un nouveau bruit, venu du fond de sa gorge.

Le t-shirt qu'il portait paraissait soudain trop sensible, comme s'il était enfermé dedans, et Noah dût avoir le même ressenti car il remonta sa main pour tirer légèrement sur le col, dévoilant le début de son épaule et de sa clavicule. Il s'agita, mal à l'aise.

- Désolé...

Il retira sa main immédiatement. Julian secoua à nouveau la tête, frustré.

- Ce n'est pas ça, je...

Il ne se voyait pas réussir à prononcer les mots. Au lieu de ça, il repoussa Noah et se redressa en position assise. L'air léger de la chambre lui frappa les joues, contraste saisissant vu la chaleur qui l'étreignait. Sans réfléchir, il passa son t-shirt par-dessus sa tête et le laissa tomber à côté de lui. Quand il se rallongea en un geste fluide, il vit l'expression choquée de Noah. Le sang lui monta au visage. Puis, sans prévenir, Noah laissa échapper un éclat de rire et son regard se fit plus intense alors qu'il le parcourait sans retenu.

- Julian Shelton, un paradoxe vivant ... souffla-t-il.

La façon dont il prononça son nom, en étirant les syllabes, fit se contracter sa poitrine une fois de plus. A croire que sa cage thoracique se rétrécissait autour de son cœur ou que ce dernier était en train d'exploser devant toutes ces nouvelles sensations. Le mot « expérience » n'avait jamais eu autant de sens, même s'il lui paraissait terriblement faible à cet instant.

Quand Noah reprit là où il s'était arrêté, il laissa sa main reposée contre son ventre, immobile, et la chaleur que cela provoqua en lui le consuma. Il ferma à nouveau les yeux. Au fond de son esprit, il se dit qu'il devrait sans doute faire quelque chose lui aussi, mais sa volonté l'abandonna alors que les lèvres de Noah continuaient à se mouvoir près de son oreille, révélant un nouveau point sensible. Tout son côté gauche était brûlant désormais. Il aurait presque voulu que Noah se mette à bouger sa main... Presque, parce qu'il n'arrivait à décider s'il était terrifié par la perspective ou impatient.

Il était encore en train de débattre avec lui-même quand, soudain, un bruit sourd résonna depuis le rez-de-chaussée. Ils se figèrent. Toute la chaleur le quitta en un battement de cœur frénétique et ils s'écartèrent avec brusquerie. La porte d'entrée venait de claquer...

- Merde, jura Noah.

- Reste là, ordonna-t-il en remettant son t-shirt en vitesse.

- Jules...

- Je... je m'en occupe, je...

Il était déjà sur ses pieds. Noah suivit le mouvement et l'arrêta d'un geste sec.

- L'escalier au bout du couloir, là-bas, il a bien une fenêtre, pas vrai ?

- Quoi ?

- La fenêtre, elle donne sur le jardin d'hiver, on est d'accord ?

Le fait que Noah se rappelle d'un détail pareil alors qu'il n'était venu au manoir des Grims qu'une seule fois, la veille, le prit au dépourvu. Il hocha la tête mécaniquement.

- Parfait. Alors vas-y.

Et sans s'expliquer, il le poussa vers la porte. Julian ne chercha pas à comprendre et se précipita vers le rez-de-chaussée.

**

*

Charlotte frissonna en passant la porte du manoir. Elle était contente de faire une pause dans sa balade découverte de Central Park. Les autres devaient encore écouter les anecdotes historiques de grand-mère Isadora et de Leonidas. Amusée, elle s'imagina Liam rouler des yeux pour la troisième fois.

Alors qu'elle pendait son manteau à la patère, elle se demanda si Hanna avait pu aller voir l'Empire State Building comme elle l'avait prévu et si Julian ne s'était pas perdu dans le métro pour se rendre au musée d'art dont il lui avait parlé. Pile à cet instant, elle entendit des bruits de pas et elle releva la tête juste à temps pour justement voir son frère dévaler l'escalier, s'arrêtant juste en bas des marches. Il la dévisagea avec une drôle d'expression.

- Qu'est-ce que tu fais là ? dit-il, le souffle court. Je croyais que tu passais l'après-midi à Central Park avec les autres ?

- J'ai oublié mon écharpe et mon appareil photo, expliqua-t-elle. Grand-mère m'a dit que je pouvais revenir le chercher.

- Toute seule ?

Charlotte roula des yeux.

- Non, Tinky m'a déposé. Il m'attend derrière la porte pour transplaner. Je vais juste manger un truc avant de repartir, je meurs de faim. (Elle enleva ses chaussures, la main à plat contre le mur pour garder l'équilibre). T'es déjà rentré du musée ?

- Quoi ?

- Le musée d'art ? Tu devais y aller un peu après qu'on soit partis, non ?

Julian se passa une main dans les cheveux et elle remarqua soudain qu'ils semblaient décoiffés. A tous les coups, il avait oublié son bonnet avant de partir et était mort de froid avant d'avoir pu arriver au musée. Il eut l'air un peu plus perdu face à la question.

- Laisse-moi deviner, tu n'y es jamais arrivé ? se moqua-t-elle.

- Si, bien sûr que si. Mais l'exposition était petite, je suis rentré il y a cinq minutes.

- Ah... Crois-moi, tu n'as rien loupé. Leonidas connait l'histoire de chaque pierre de ce maudit parc, j'ai l'impression. Liam et Matthew traînent les pieds derrière, je veux prendre leur expression en photo !

C'était la seule façon d'envisager cette journée avec un peu d'humour, songea-t-elle. Et pour ça, elle avait besoin de son appareil photo. Julian et Hanna avaient vraiment eu une bonne idée de refuser de venir avec eux.

- Et alors ? reprit-t-elle en se dirigeant vers la cuisine. Tu sais où sont les autres ?

- A Central Park, répondit-il mécaniquement.

- Merci Sherlock ! Je voulais parler de Hanna et Archer, espèce de crétin.

- Eh, un peu de respect !

Il lui donna une tape sur le bras. Charlotte sourit et ouvrit le placard à friandises. Elle aurait rêvé d'un paquet de dragées surprises, là, tout de suite. Au lieu de cela, elle attrapa un gâteau vaguement américain qui avait l'air d'être au chocolat et attrapa une pomme sur la table avant de se hisser dessus. Julian lui jeta un regard de reproche mais ne commenta pas.

- Elle est partie voir Time Square, dit-il finalement. Et Archer doit être avec Elizabeth quelque part.

- Hanna voulait pas voir l'Empire State Building ? s'étonna-t-elle.

- Oh... Oui, c'était peut-être ça.

Charlotte fronça les sourcils. Elle n'aurait pas su dire pourquoi, mais Julian lui paraissait étrange tout d'un coup. Elle l'observa plus attentivement et un carré blanc près de sa nuque attira son attention. Elle éclata de rire.

- Tu sais que ton t-shirt est à l'envers ? fit-elle.

Julian baissa les yeux. Il rougit en constatant qu'elle avait raison et il tenta de cacher l'étiquette qui dépassait de son col en la rabattant à l'intérieur. Elle allait lui demander s'il avait passé toute la journée comme ça lorsqu'autre chose saisit son regard : une tâche rouge au niveau du cou de son frère, là où son col s'était décalé une seconde auparavant.

- Merlin ! s'exclama-t-elle. Qu'est-ce que tu as ?

- Quoi ?

- Dans le cou ! T'as été attaqué par un vampire ou quoi ?

D'un bond, elle descendit de la table pour venir observer de plus près, mais Julian recula précipitamment en couvrant la marque avec sa main. Son teint s'enflamma.

- C'est rien, dit-il. Une allergie.

- Une allergie ? répéta-t-elle, sceptique. (Ses yeux s'écarquillèrent soudain en comprenant et elle éclata de rire). Merlin, Ju' !

- Tais-toi, marmonna-t-il.

Mais Charlotte ne put s'empêcher de l'embêter un peu.

- Est-ce que Hanna aussi est rentrée plus tôt ? dit-elle d'une voix chantante. J'ai interrompu quelque chose ?

- Lottie ! s'étrangla-t-il.

- J'arrive pas à y croire ! Est-ce que t'es au moins allé à ton expo d'art ?

- Charlotte, ça suffit !

- Oh allez, ne t'inquiète pas ! Je ne dirai rien à papa, ni à grand-mère. Matthew par contre...

Julian se passa une main sur le visage, l'air de vouloir la maudire, et elle put mieux voir la marque dans son cou. Elle grimaça. Hanna n'y était pas allée doucement.

- Tu sais quoi ? dit-elle. J'allais faire du thé avant de repartir. Je t'en fais une tasse pour toi et Hanna et ensuite je vous laisse, promis ! Je retarderai même les autres si tu veux.

Elle n'attendit pas la réponse et commença à faire chauffer l'eau. Julian s'agita dans son dos.

- Vraiment Lottie, ce n'est pas la peine...

- Tu sais que je ne vais pas pouvoir regarder Hanna dans les yeux maintenant ? rétorqua-t-elle.

- Lottie, ce n'est pas...

- Oh arrête, coupa-t-elle en riant. Tu vas me dire que tu es tombé sur le cou, c'est ça ?

Julian s'apprêtait à répondre, toujours plus embarrassé, lorsqu'un bruit sourd se fit entendre. Ils se figèrent tous les deux. Charlotte allait demander ce que c'était – elle était sûre que ça ne venait pas de l'étage là où devait être Hanna – mais avant qu'elle ait pu ouvrir la bouche, Noah Douzebranches entra dans la cuisine depuis l'entrée qui donnait sur le jardin d'hiver. Elle le dévisagea, perplexe. Elle savait que Raphaël et son frère étaient en ville – il était revenu de Grand Central hier avec eux après tout – mais elle ne s'attendait pas à le trouver ici aujourd'hui.

- D'où est-ce que tu sors ? s'exclama-t-elle, surprise.

Noah haussa un sourcil.

- Dehors, répondit-il en désignant la porte par laquelle il venait d'entrer. L'elfe m'a laissé entrer pendant que vous étiez partis. Je fumais.

Comme preuve, il leva son paquet de cigarette puis se tourna vers Julian, toujours figé près de la table.

- Tiens, t'es rentré. Alors l'expo d'art ?

- Je crois qu'il n'y est jamais allé, s'amusa immédiatement Charlotte, trop enthousiaste de pouvoir se moquer de Julian pour s'attarder sur la présence de Noah. T'es revenu sans monter à l'étage, pas vrai ?

- Lottie, siffla son frère.

Noah se contenta d'hocher la tête, une drôle d'expression sur le visage, et Charlotte s'empressa de lui expliquer, un rire dans la voix :

- Il était avec Hanna !

- Avec Hanna, hein ?

Pendant une brève seconde, un échange de regard passa entre son frère et Noah, et comme souvent Charlotte eut l'impression qu'ils arrivaient à se parler sans mots.

- Bon ça suffit, s'agaça Julian. Vous devriez aller à Central Park tous les deux, d'accord ?

- Tu veux te débarrasser de moi ? lança Noah. (Il échangea cette fois un regard avec Charlotte). Tragique, non ? Dès qu'il y a une fille, tu ne comptes plus pour tes amis !

- Si tu voyais la marque dans son cou, tu comprendrais pourquoi !

- Lottie bon sang !

Julian pointa un doigt accusateur vers elle, découvrant la marque au passage, et Noah émit un sifflement avant de s'approcher pour mieux voir. Charlotte sourit. Elle aimait avoir Noah de son côté pour se moquer de son frère pour une fois, il était doué pour ça.

- Morgane, Jules, nargua Noah. Tu passais une bonne journée, non ? Hanna a fait ça ?

- Hanna a fait ça, oui, et maintenant je vais la tuer, rétorqua Julian à travers ses dents serrées.

Il tressaillit quand Noah traça le contour de la marque du bout des doigts, l'air fier de lui, et Charlotte retint à nouveau un éclat de rire devant le spectacle.

- La pauvre ! commenta-t-il, sarcastique. Quand est l'enterrement ? J'enverrai des fleurs !

- Dès que je la verrai. (Il repoussa le bras de Noah avec un regard noir). Bon allez, vous vous êtes bien amusés maintenant filez !

Avec un soupir, Charlotte croqua le dernier morceau de sa pomme et décida qu'elle avait assez rit à ses dépens. Elle fila dans l'entrée pour remettre ses chaussures et entendit la bouilloire siffler, mais ne se pressa pas. Julian pouvait s'en occuper. Au lieu de ça, elle attrapa en vitesse son écharpe et son appareil photo oubliés dans le salon, puis retourna une dernière fois en cuisine.

Noah faisait face à Julian, un rictus amusé aux lèvres, tandis que son frère secouait la tête.

- J'y retourne ! lança-t-elle.

- Je viens avec toi ! dit Noah. On va laisser Julian... Il est occupé, je crois. (Il la guida vers l'entrée). Allez viens, bébé Shelton !

Charlotte lui passa même le surnom, trop amusée pour protester.

- Bon après-midi, Jules ! cria-t-il par-dessus son épaule.

Et la porte claqua derrière eux.

**

*

Le cœur encore affolé, Julian se précipita vers le miroir accroché dans le hall d'entrée à la second où la porte se referma derrière sa sœur et Noah. Il tira sur le col de son t-shirt.

- Merlin ! jura-t-il.

Lottie avait eu raison. Une marque rouge, informe et sombre, se détachait nettement sur sa peau. Il ne l'avait même pas senti arriver. Mortifié, il la recouvrit de sa main pour ne plus la voir, ce qui n'empêcha pas tout son visage de s'empourprer. Il n'arrivait pas à croire ce qui venait de se produire... Maintenant qu'il avait l'esprit clair, ça lui semblait surréaliste. Il n'arrivait même à comprendre ce que ça avait signifié. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il avait aimé. Il ne pouvait pas le nier, c'était impossible. Surtout, il avait l'impression de s'être lié à Noah d'une nouvelle manière, ou au moins d'avoir renforcé un lien qui avait commencé à se tisser depuis longtemps maintenant. Et même s'il avait encore du mal à comprendre Noah par moments, il n'avait aucun doute sur le fait que la réciproque était vraie aussi et il en fut terrifié.

Ce lien les avait mis en danger aujourd'hui. Charlotte n'avait juste pas été très observatrice, trop distraite par sa faim et son enthousiasme, mais quelqu'un d'autre aurait pu revenir. Si sa sœur disait quelque chose à Hanna... Il en eut la nausée. Paniqué, il se mit à frotter la marque sur son cou, mais elle refusa de s'effacer. Noah les avait tirés d'affaire un temps, mais ça n'allait peut-être pas suffire et il sentit les larmes presser contre ses paupières rien qu'à cette idée.

Au-dessus de sa tête, le portrait de la grande tante Sarana le toisa, jugeur. Elle avait l'air toujours aussi ridicule avec sa perruque poudrée et ses rangées de perles. Julian lui renvoya un regard noir. Pourtant, en une seconde, une idée le frappa comme la foudre. La perruque poudrée... Il repensa à Théa qui, souvent, se préparait dans leur salle Alberta avant de partir en cours le matin pour gagner du temps et avancer sur les recherches du Contre-Rituel. Elle s'appliquait de la poudre sur le visage. Parfois, elle en envoyait même à la figure de Liam pour l'embêter et il lui disait que le maquillage ne suffirait pas à dissimuler son cœur de glace.

Dix minutes plus tard, il comprenait pourquoi Théa prenait la peine de l'appliquer chaque matin. L'œil nu ne distinguait presque plus la marque qui avait orné son cou et il retint un soupire de soulagement. Maintenant, il ne restait plus qu'à demander à sa sœur de garder le silence... Il pouvait encore rattraper les autres à Central Park.

Heureusement pour lui, Tikky accepta de l'emmener par transplanage et il s'agrippa à l'elfe au moment où ses pieds décollèrent du sol. L'air hivernal de New York le frappa une seconde plus tard. Sa nausée se renforça à la seconde où les couleurs arrêtèrent de tanguer autour de lui et il découvrit alors Central Park pour la première fois. Son inquiétude céda la place à la contemplation. C'était impressionnant, il avait l'impression d'être coupé du reste de la ville, présente par la vue de ses gratte-ciel à plusieurs dizaines de mètres. Seulement, une barrière végétale se dressait entre lui et eux.

- Julian !

Il fit volte-face. Matthew arrivait vers lui, son affreux bonnet orange planté fermement sur sa tête, et il chercha instinctivement sa sœur aux alentours. Il ne la trouva pas.

- Matt, t'as vu Charly ? dit-il, angoissé. Elle devait vous retrouver et...

- T'inquiète, elle vient de repartir avec les autres. Quand Noah l'a ramené, ta grand-mère a dit qu'elle était fatiguée de marcher et ils sont tous rentrés ensemble faire une bataille explosive je crois. J'ai voulu continuer un peu. (Il sourit, l'air extatique). C'est cool que tu sois venu ! T'as vu cet endroit ?

- Hum ? Oui, oui...

Il n'arrivait pas à apprécier Central Park à sa juste valeur. Il était trop rongé par l'inquiétude.

- Matt, désolé, je sais que je viens d'arriver mais... on peut rentrer aussi ? Faut que je parle à Charly.

- Quoi ? Pourquoi ?

- Juste... je t'expliquerai. Plus tard.

Matthew fronça les sourcils. Il voyait bien qu'il était sur le point de protester et il refoula une nouvelle vague de nausée.

- Matt, s'il te plait...

Son meilleur ami dû lire quelque chose sur son expression. Il le dévisagea longuement, l'air face à un problème complexe, et finit par soupirer.

- Ok, ok, on rentre. Allez viens.

Comme Tikky était reparti après l'avoir déposé, ils durent rentrer à pied. Julian avait l'impression de sentir chaque seconde s'écouler avec agonie et il enfonça les mains dans les poches, crispés. A ses côtés, Matthew coulait vers lui des regards peu subtils chargés d'inquiétude. Il était trop préoccupé par la sienne pour s'en soucier maintenant.

Le retour au manoir des Grims ne leur prit qu'une trentaine de minutes. Le soleil commençait à décliner derrière l'horizon quand ils poussèrent la porte et Julian sut que quelque chose n'allait pas à la seconde où Théa, Charly et Liam débarquèrent dans le hall en courant, une drôle d'expression sur le visage. Il avala la boule dans sa gorge.

- Eh... Tout va bien ? fit Matthew, perplexe.

- Oh Morgane, vous êtes rentrés ! Pire partie de Bataille Explosive de l'histoire !

- Quoi ? Pourquoi ?

Théa et Liam échangèrent un long regard. Ce fut finalement sa sœur qui lui répondit :

- Noah s'est embrouillé avec Hanna. C'était pas beau à voir !

Immédiatement, Julian se figea. Une sensation glacée se répandit dans son ventre et il retint l'impulsion de fermer les yeux. Merlin, non... Pitié non... Il ne s'était pas attendu à ça. Evidemment, il fallait que Hanna soit rentrée elle aussi ! Il eut l'impression d'être pris dans une spirale infernale, composée de mensonges et d'illusions. Seule sa douleur, elle, était bien réelle.

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Dernière modification par annabethfan le mar. 29 mars, 2022 9:03 pm, modifié 1 fois.
Scandium

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par Scandium »

Sah quel plaisir ! J'ai passé une semaine nulle à chier, là ça me fait du bien de me pauser !

Bon du coup je réponds au comm d'avant, oui Scandium, c'est bien moi Chloé ! Je viens de découvrir qu'on peut changer de pseudo, mdr j'aurais bien voulu qu'on me le dise plus tôt histoire que je me ridiculise pas plus longtemps ! Scandium c'est un surnom que m'ont donné mes potes, c'est un jeu de mot avec mon nom de famille et ça me permettait de me différencier d'une autre Chloé dans ce même groupe d'amis, bref c'est la première idée qui m'es venu !!

Et je savais pas que tu travaillais en bibliothèque !!! A quelle poste ? T'as un diplome ? Un concours ? T'es en région parisienne je présume ? Si ta bibliothèque cherche quelqu'un en section jeunesse, n'hésite pas à me prévenir aussi :roll: :roll:

Pour le chapitre précédent, je sais plus ce que je voulais dire. A part que j'étais contente que Julius ait l'occasion de s'expliquer avec Hannah, et que je trouvais hilarant le fait que Noah doive gérer 2 rivaux d'un coup, il était pas prêt !

Bon le chapiiitre ! Que j'avais lu en diagonale sur Wattpad et OH MON DIEU !

Bon bein ils sont trop chous, c'est super bien décrits la découverte de ses nouvelles sensations pour Julian. Je ne sais vraiment pas quoi dire, c'est parfait. On s'imagine bien la scène, c'est réaliste et touchant.
Pourquoi il s'enfuit Noah, sa visite est pas un secret, il est arrivé au moment ou Hannah partait ?
Matthew et Liam pourrait bien s'entendre, non ?
D'où Charly est aussi observatrice ??? Oh non, te mêles pas de ça !
Julian, je pense sincèrement que tu devrais appprendre à mentir un peu ! Parfois c'est utile ! Genre, là ! Une allergie, sérieusement !?!
PTDR Noah qui met le suçon sur le dos d'Hannah et qui se fout de sa gueule.
Mais en vrai je suis super inquiète, vu comment Charly est enthousiaste, je vois pas comment elle pourrait ne pas en parler à Hanna...

Une dispute Hanna/Noah ! Si vite ? J'espère vrmt que c'est pour une raison stupide genre les règles de la Bataille Explosive !! C'est trop tôt pour que Hanna ait des soupçons ! Ah j'en peux plus d'attendre la suite !
annabethfan

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par annabethfan »

BONJOUR TOUT LE MONDE C'EST LE PRINTEMPS ! Je suis de super bonne humeur après une balade dans Paris au soleil couchant, ça m'avait manqué, j'aime trop !

Vous l'attendiez, voilà le fameux chapitre ! C'était un des premiers que j'avais en tête en commençant la fanfic et j'avoue que j'en suis contente ^^ Merci à Perri pour la relecture !

Chloé, ah je suis contente de pas avoir halluciner sur le pseudo, belle découverte haha !
Pour ma bibliothèque, on cherche un responsable jeunesse si t'as assez d'expérience ou si les postes d'encadrement t'intéressent ! :D
Sinon merciii pour ton commentaire comme toujours, ça me fait super plaisir !


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Chapitre 39 : Les éclats de la vérité

« Les vérités qu'on ne peut jamais dire parce qu'elles vous étrangleraient au moment de franchir votre gorge »

- Lauren Oliver –


// 6 mars 1980 //

Noah s'est embrouillé avec Hanna.

Cette simple phrase pouvait signifier tant de choses, recouvrir tant de réalités, mais évidemment celles que Julian avait en tête ressemblaient toutes à des scénarios catastrophes. Il sentit une panique familière ronger son corps. Il la ressentait depuis des semaines maintenant, mais peut-être depuis plus longtemps encore. Son pacte – relation ou expérience, peu importe le foutu nom qu'il lui donnait – avec Noah était une source d'angoisse certaine, il ne pouvait pas le nier, mais il avait de toute façon l'impression d'être sur un fil tendu depuis un an. Le souvenir de son espèce de crise d'angoisse pendant le Bal des Fantômes en était la preuve et il ressentit la même pression dans la poitrine à cet instant.

C'était une sensation étrange, comme si son corps devenait trop étroit pour ses émotions. Son estomac se contractait jusqu'à devenir douloureux et surtout l'air avait du mal à circuler en lui. Tétanisé, il chercha son souffle.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? réussit-il à articuler d'une voix sourde.

Du coin de l'œil, il eut conscience du regard étrange que coula Matthew vers lui, mais il l'ignora. Il resta concentré sur Liam, Théa, et Charly, plantés en ligne devant eux dans le hall, mal à l'aise.

- Bon sang, racontez-nous ! Allez !

- Oui, oui... Hum, c'était juste hyper bizarre, avoua Liam, habité d'une énergie nerveuse. On jouait à la bataille explosive, normal, et Hanna a juste fait une plaisanterie du style « il a pas vu sa copine depuis six mois et il préfère aller voir son expo d'art, c'est bien un garçon ». (Il leva les mains, défensif). T'inquiète pas, je t'ai défendu direct, tu t'en doutes ! J'ai dit que c'était juste pour mieux la retrouver après, tu vois ?

Impatient, Julian lui fit signe d'accélérer. Il était certes touché que Liam ait pris sa défense, mais le poids dans sa poitrine commençait à être insupportable.

- Vraiment, on rigolait juste. Elle est plutôt cool d'ailleurs Hanna, jugea Liam avec enthousiaste. Et puis Noah a... comment dire ?

- Il a fait son Noah, complètement Théa, venimeuse.

Il se tourna vers elle. Il savait que si quelqu'un n'aurait scrupule à lui raconter ce qui s'était passé, ça serait sa cousine et il se prépara au pire alors qu'elle commençait à expliquer

- Il lui a balancé que si tu n'étais pas resté, c'était peut-être parce que tu ne voulais pas la voir. Elle n'a pas compris et nous non plus pour être honnête. J'ai essayé de lui dire de la fermer, mais tu sais bien que quand il est comme ça, c'est peine perdu...

- C'était juste méchant, marmonna sa sœur. Hanna a voulu savoir pourquoi il disait ça...

- Et là il a dit « si t'as pas compris avec un océan d'écart qu'il ne voulait plus de toi, remets-toi en question » ou un truc du genre. Je vous fait pas un dessin, on a arrêté de jouer à notre partie à ce moment-là.

Piteusement, Liam leva ses cartes qu'il avait encore à la main. Julian, lui, eut envie de vomir et d'envoyer son poing dans le mur en même temps. Ou la tête de Noah maintenant qu'il y pensait. C'était comme s'il se prenait un train lancé à pleine vitesse, incapable de quitter les rails. Matthew, resté silencieux jusque-là, s'emporta soudain.

- Mais attendez, il est sérieux là ? Il a dit ça à Hanna ?

- Et ce n'est pas terminé, il a mis le coup de grâce pour finir... grogna Théa, fulminante.

- Parce qu'il y a pire ?

Elle hocha sombrement la tête.

- Il lui a dit que tu n'avais juste pas le courage de la quitter... dit-elle en s'adressant à lui. Là, elle a jeté ses cartes sur la table avec une insulte assez imaginé, si vous voyez ce que je veux dire, et elle est montée à l'étage.

Du doigt, elle pointa vers le plafond, et Matthew et lui levèrent la tête par réflexe. Charly se chargea de terminer l'histoire.

- Noah est reparti fumer dans le jardin d'hiver... On n'a pas osé aller lui parler.

- Tu parles, hors de question que j'aille me jeter dans la cage du lion maintenant, se moqua Liam, désabusé. J'ai assez donné.

Les deux filles avaient l'air assez d'accord. Julian, lui, n'osait plus regarder personne en face de toute façon. Il se sentait horrible. Il ne pouvait pas contrôler Noah, mais il était responsable de la situation dans laquelle ils étaient. La soirée avant les vacances l'avait prouvé : si Noah avait pu envoyer son poing dans le mur juste par peur qu'il parle à Zack Ledwell, il aurait dû prévoir un coup d'éclat face à Hanna. En plusieurs mois, il en était venu à comprendre la façon de penser de Noah Douzebranches, toujours si fascinante par moments, et il n'était pas difficile de comprendre que Noah ait craint que la soudaine apparition d'Hanna mette fin à leur expérience...

Julian tenta d'avaler la boule dans sa gorge. Ce terme était tellement stupide. Expérience. Ça n'en avait peut-être jamais été une. Une expérience était scientifique, dépourvu de toute subjectivité, de tout sentiment, et vu l'état dans lequel il se trouvait, c'était loin d'être le cas aujourd'hui.

Une colère brûlante se mêla brusquement à sa peur. Noah n'avait pas le droit de lui faire ça. Pourtant, il ne savait pas quoi faire... Liam avait raison : confronter Noah s'il était encore de cette humeur était suicidaire. Il allait retourner sa verve et ses mots cruels contre lui et il n'était pas sûr de pouvoir les encaisser.

Face à leur manque de réaction, Matthew les dévisagea, incrédule.

- Sérieusement ? s'indigna-t-il, rageur. Vous allez le laisser s'en tirer comme ça ? Mais je vais aller lui remettre les idées en place, moi ! Il est où le jardin d'hiver ?

- Matt, non !

Il stoppa Matthew en l'attrapant par le bras. Le temps se suspendit un instant et ils regardèrent tous les deux ses doigts qui enserraient Matthew à en faire blanchir les jointures.

- Julian, lâche-moi.

Les mots étaient calmes, mais il comprit la tension qu'ils dissimulaient. L'utilisation de son nom complet était déjà un indice en soi et il relâcha Matthew, le cœur battant. Sa voix prit encore quelques secondes en plus à sortir.

- Laisse-moi gérer, s'il te plait, plaida-t-il. Noah... il est compliqué et...

- Compliqué ? C'est comme ça t'appelles comment il vient de traiter Hanna ? Parce que je tape de Noah, tout ce qu'il mérite c'est mon poing dans la figure !

- Je sais, d'accord, je sais ! Je vais aller voir Hanna, je vais lui parler...

L'expression de Matthew se crispa un peu plus et il continua à s'emporter, inflexible :

- Lui parler ? Vraiment lui parler ? défia-t-il.

- Matt...

- Ecoute, j'ai pas insisté au café, mais c'est ma meilleure amie à moi aussi. Alors tu vas te bouger, monter cet escalier et mettre les choses au clair avec elle. Maintenant. Et après tu verras ce que tu fais avec ce gars qui est clairement un con si tu veux mon avis. Moi aussi, je voulais que tu parles à Hanna, mais lui dire les choses comme ça, c'est trop !

Théa se râcla la gorge.

- Avis partagé, marmonna-t-elle.

Il ne savait pas ce qui le frappait vraiment : le ton dur de Matthew, rarement dirigé contre lui, ou le sentiment d'assentiment général qui flottait au-dessus du groupe et qu'il pouvait ressentir de manière criante. Dans tous les cas, sa respiration se bloqua un peu plus. Il ne leur en voulait pas, lui aussi n'était pas loin de partager leur avis...Tendu, il se retint de fermer les yeux, juste pour faire disparaître la réalité le temps d'un battement de cil, mais il savait que les choses ne marchaient pas ainsi. De toute façon, Matthew avait raison. Il avait besoin que quelqu'un le pousse et le moment ne pouvait plus être reculé.

Sans un mot, les autres se détournèrent pour retourner dans le salon. Seule sa sœur s'attarda, mal à l'aise, et finit par lâcher :

- Je ne comprends pas... je croyais que ça allait avec Hanna comme tout à l'heure vous... tu sais...

Elle laissa sa phrase en suspens, visiblement désireuse de ne pas l'accabler, même s'il voyait bien qu'elle était perplexe. Il ravala la boule d'appréhension dans sa gorge et la supplia du regard.

- C'était compliqué, Lottie, éluda-t-il. Mais s'il te plait, est-ce que ça peut rester entre nous ? Ca va être assez difficile comme ça, je ne veux pas en rajouter...

- Oh... Oui, oui, bien sûr, désolée...

- Non, ce n'est pas toi. Mais juste... promets-moi, ok ?

Charlotte hocha la tête avec solennité.

- Promis. Et... bonne chance.

Avec un dernier sourire triste, elle tourna les talons pour rejoindre les autres et il resta seul au pied de l'escalier. Plus personne n'était dupe, même pas lui-même, et il monta les marches avec appréhension. Il espéra intérieurement que les autres mettent effectivement le comportement de Noah sur une tentative de révélation envers Hanna. Pour eux, ça serait d'ailleurs la seule explication et Matthew venait de leur fournir sans que personne ne la remette en cause. A leurs yeux, il n'y avait après tout aucune autre raison au coup d'éclat de Noah : il avait juste voulu, à sa façon très personnelle, avouer la vérité à Hanna en voyant qu'il ne le faisait pas. C'était la seule consolation qu'il pouvait trouver dans cette situation.

La respiration laborieuse, il arriva au premier étage et resta figé sur le palier. Les mots se mélangeaient dans son esprit. Il était incapable d'anticiper ce qu'il allait dire à Hanna et ses pas le guidèrent d'instinct vers sa chambre. Le battant était clos, mais il pouvait entendre sa présence derrière. Elle devait faire les cent pas et il pria pour qu'elle ne soit pas en train de pleurer. Il ne savait pas s'il arriverait à le supporter... A arriver à supporter qu'il était responsable de ses larmes.

C'était étrange, il était presque dans la même situation qu'en août dernier, avant son départ d'Angleterre. Il s'était déjà retrouvé derrière une porte alors que sa sœur pleurait, mais à l'époque il avait celui qui pouvait la réconforter. Il n'était plus sûr de pouvoir endosser ce rôle aujourd'hui malgré tous les efforts qu'il allait déployer.

- Hanna ? appela-t-il avec anxiété. Hanna, je peux entrer ?

Le bruit de pas s'arrêta. Il attendit, incertain, puis le battant s'ouvrit. Il découvrit le visage d'Hanna, pâle et contrarié, et elle eut un mouvement de recul en l'apercevant. Il ne devait pas renvoyer une meilleure image. Face à face, ils restèrent silencieux un moment. Il aurait aimé avoir le courage de Gryffondor de Matthew...

Hanna finit par lâcher un rire désabusé.

- On est ridicules... Allez viens, entre. Je ne vais pas te manger.

- Ouais, c'est vrai...

Elle avait raison. Elle restait son amie et il la connaissait. Pas besoin de s'angoisser. Si son cerveau pouvait avoir le message, tout serait parfait.

Pourtant, malgré son affirmation, ils restèrent encore quelques secondes gênés l'un face à l'autre avant de s'assoir côte à côte sur le lit. Incapable de rencontrer son regard, il baissa les yeux et remarqua que ses pieds ne touchaient même pas le sol. Ce détail réussit à faire naître un faible sourire sur ses lèvres et il lui donna un léger coup dans la cheville, faisant se balancer sa jambe au-dessus du parquet des Grims. Le rire qu'il obtenu en retour lui donna enfin une once de courage.

- Je suis désolé, murmura-t-il brusquement. Tellement désolé...

Hanna garda les yeux rivés droit devant elle.

- Les autres t'ont raconté, c'est ça ? fit-elle d'une voix rauque.

- Ouais... Noah n'aurait pas dû faire ça comme ça. Il n'avait aucun droit et je te promets que j'irai lui parler.

Hanna se mordit la lèvre. Elle aussi avait baissé la tête et elle immobilisa soudain sa jambe avant de répondre :

- C'est un con, clairement, approuva-t-elle. Mais ce qu'il a dit... J'en suis venue à me demander si ce n'est pas vrai, Ju'.

- Hanna...

- Non, attends, laisse-moi t'expliquer. Je sais que ça a été dur pour toi, vraiment. Je n'ose même pas imaginer ce que tu traverses depuis l'attentat et le déménagement, mais... j'ai été patiente. Je ne t'ai jamais rien demandé, même si j'insistais parfois un peu dans mes lettres...

- Et t'avais raison de le faire ! Vraiment, je...

- Je sais que j'avais raison, coupa-t-elle. Mais j'essayais de comprendre ce que tu vivais, où en était tous les deux, et là on se revoit enfin et... Et tu te barres avec Matthew au bout de cinq minutes, Merlin !

Malgré le calme qu'elle aurait sans doute voulu maintenir, il entendit l'accusation mordante dans sa voix. Il comprenait. Il ne pouvait pas juste lui dire pourquoi... Pas honnêtement. Ça avait été une fuite, rien de plus ni moins, tout comme ses lettres évasives. Il n'avait pas cessé de repousser leur conversation et de fuir leur couple.

- Je sais, je sais, reconnut-il, la gorge sèche. Je suis désolé, Hanna, je te jure. Et je sais aussi qu'être désolé n'aidera pas, mais je veux que tu le saches parce que c'est vrai. C'est juste que... je ne suis pas sûr... Enfin, je n'y arrive pas...

Merlin, ce que c'était frustrant. Hanna se replia sur elle-même, défaite.

- On n'y arrive pas, corrigea-t-elle d'une petite voix. C'est ça qu'on devrait se dire, non ?

- Non, non. C'est moi. Tu n'as rien fait de mal. Je ne peux pas m'excusez assez, mais je peux te dire ça : tu n'y ai pour rien. Tu n'as jamais cessé d'essayer pour nous deux !

- Evidemment que j'ai essayé ! Tu es un de mes meilleurs amis, je voulais que ça marche !

Son sourire devait malgré tout être teinté de mélancolie car il le vit se refléter sur le visage d'Hanna, signe qu'elle ressentait la même chose que lui.

- J'avoue, j'avais peut-être peur de comment on allait faire si d'un coup tu te mettais à vraiment vouloir de notre relation, reconnut-elle. J'ai peut-être fait l'autruche moi aussi...

Il ressentit le besoin de la dédouaner immédiatement.

- Je ne te donnais pas beaucoup d'espoir, on va dire. Mais Hanna... Je voulais de notre relation au début. L'année dernière, en haut de la tour d'astronomie... Je ne faisais pas semblant, je te le jure.

Au souvenir de leur premier baiser, la nostalgie qui irradiait d'Hanna se renforça. Elle déglutit.

- Je sais, je sais, affirma-t-elle. Ça allait plutôt bien l'année dernière, on se cherchait, mais on avançait. Et puis ça a changé quand...

Elle n'osa pas terminer. Il le fit à sa place, le cœur lourd.

- Quand ma mère est morte.

- Oui, sans doute, grimaça-t-elle. Et je ne t'accuse pas, pas sur ce point. C'est juste... J'ai l'impression que je ne t'ai jamais retrouvé après ça, tu vois ? Tu t'étais tellement retranché en toi-même, j'arrivais plus à t'atteindre. Je le sentais dans tes lettres, tu parlais de choses tellement vagues, on n'avait plus nos grandes conversations comme avant et tu ne disais rien sur... toi, en fait. Même Matt avait cette impression.

- Parce que vous en avez parlé ?

Il dû avoir un ton un peu trop crispé car Hanna se fit cassante :

- Tu ne peux pas me le reprocher. Il était le seul qui pouvait me donner un semblant de réponse.

La vérité de sa réponse le frappa et il retint une grimace à son tour. « Tu étais tellement retranché en toi-même ». Il ne s'en était pas rendu compte. A l'époque, l'été dernier, il avait eu l'impression que sa propre vie se dérobait sous ses pieds et il avait exclu tout le monde, trop occupé à essayer de maintenir les éclats de sa famille en place. Il n'avait pas eu le temps, ni l'énergie, et sans doute pas le courage pour affronter les attentes des autres.

Il prit soudain conscience que si les Etats-Unis avaient paru l'aider sur ce point ; là aussi ce n'était sans doute qu'une façade. Il avait reporté son énergie sur le Rituel d'Ancrage et l'enquête Emilia Cooper, sur le journal, sur le club de sortilèges. Au moins, il avait relâché la pression sur sa sœur.

- Pardon, t'as raison...

Sa voix craqua, fragile et il détourna la tête. Peut-être que les seuls moments où il ne s'était pas retranché en lui-même avaient été avec Noah... Ce constat lui serra un peu plus le ventre. Avec Noah, tout était différent. Il pouvait se permettre de laisser de côté les attentes que les autres lui avaient imposé sans s'en rendre compte. Il n'avait pas à sauver sa famille en train de couler, ni la sœur de Liam, disparue, ni une relation vouée à l'échec. Noah se débattait avec ses propres problèmes, mais surtout il comprenait les siens. Et c'était peut-être hypocrite de croire que Noah s'en sortait seul, parce que c'était évident que sans lui, Hilda ou Othilia, il se serait retranché sur lui-même depuis longtemps aussi, mais Julian n'avait pas la fausse assurance de Noah à présenter au monde. Et il lui enviait ça, voire il était fasciné par cette capacité. C'était en partie ce qui l'attirait chez lui...

A côté de lui, Hanna soupira.

- Ju'... Je crois qu'il faudrait qu'on arrête... Je veux retrouver mon meilleur ami.

Elle osa enfin le regarder. Il ne vit que de la sincérité sur son visage et, pour la première fois depuis des mois, il fut soulagé. Soulagé et reconnaissant qu'elle lui offre cette porte de sortie.

- Je crois aussi, approuva-t-il avant d'ajouter, les joues rouges. On n'est juste pas fait pour être en couple tous les deux.

- Non... Mais on aura essayé au moins ! Enfin, j'aurais plus essayé que toi, mais...

Il y avait une touche d'humour dans sa voix, même s'il sentait bien que les reproches n'étaient une fois de plus pas loin et il encaissa, compréhensif.

- Tu as le droit à toutes les piques que tu voudras, promit-il. Je suis désolé...

Elle émit un nouveau soupir, un demi-sourire accroché aux lèvres :

- Le pire c'est ce que je sais que tu es sincère. Mais franchement, Ju'... La prochaine fois qu'une fille traverse l'Atlantique pour te voir, tu peux au moins venir avec à l'Empire State Building si elle te le demande.

La honte le brûla de l'intérieur. Elle avait raison, encore une fois. Peut-être qu'il l'aurait finalement accompagné si Noah n'était pas arrivé... Il repensa soudain à ses lèvres contre son cou et la brûlure redoubla. Merlin... Pour éviter de se mettre à pleurer, il ouvrit les bras et attira brusquement Hanna contre lui. Elle ne lutta pas. Elle cala sa tête contre son épaule et un bruit étranglé remonta de sa gorge.

- Je suis désolé, répéta-t-il pour la énième fois, le visage enfoui dans sa tignasse de boucles. Ce n'est pas de ta faute, ok ? Je te le jure...

Il ne pouvait peut-être pas réparer ses erreurs avec elle, mais il voulait être certain qu'elle sache au moins ça. Hanna Faucett aurait dû être la fille parfaite s'il quelque chose n'avait pas cloché chez lui... S'il n'avait pas eu des pensées dérangées...

Hanna s'écarta légèrement, sans enlever son bras de ses épaules.

- Ca fait quand même un peu mal... souffla-t-elle d'une petite voix. Et je ne dis pas que je te pardonne tout, tu vas devoir te rattraper, tu m'entends ? Mais je sais que ça va aller aussi parce que maintenant on peut juste être amis comme avant, pas vrai ?

Il acquiesça. Il ne demandait pas son pardon, ça serait injuste et non mérité. A nouveau, il tenta de ravaler sa culpabilité tout en sachant qu'il ne pourrait pas s'en séparer avant un moment, mais il se força à sourire.

- Ouais, dit-il avec émotion. Et je te jure de t'envoyer des lettres toutes les semaines. Tu pourras me raconter tout ce qui se passe entre Matthew et Charity Burbage.

- Oh Merlin, Ju' ! Si tu le voyais avec elle, il ne sait plus réfléchir d'un coup !

Amusé, il se mit à rire. Hanna avait raison. Amusé, il se mit à rire. Hanna avait raison. Peut-être qu'ils perdaient une relation, mais qu'à terme il regagnait leur amitié, et il préférait ça sans hésiter.

**

*

Assis sur son lit après avoir raccompagné Hanna à son hôtel en fin de soirée, Julian se sentit soudain seul. Le sentiment lui tomba dessus, accompagné d'un lourd silence, et il contempla le mur d'en face vidé de son énergie. Il n'arrivait pas à comprendre tout ce qui s'était passé aujourd'hui. Noah et ses baisers, Charlotte qui les avait presque découvert, le coup d'éclat de Noah, et la rupture avec Hanna... Etrangement, c'était le dernier évènement qui lui apportait le moins d'émotions négatives. Il avait aimé la retrouver – la retrouver vraiment – et briser ce spectre romantique dont ils ne savaient tous les deux pas quoi faire. Libérés de ce poids, ils avaient passé l'après-midi à rire ensemble et à rattraper le temps perdu. Hanna lui avait parlé de son projet de peindre la carte du ciel sur son plafond chez elle à Bristol. Il avait adoré l'idée et il avait esquissé une ébauche sur une feuille pour lui donner des conseils. Quand elle l'avait empoché au moment de partir, l'éclat de son bracelet lui avait saisi l'œil. Touché, il s'était soudain rendu compte qu'elle portait le cadeau qu'il lui avait offert pour Noël, le bracelet aux breloques en forme de soleil, de lune et d'étoiles.

- Je l'adore, merci encore... avait-elle soufflé.

Sur le coup, il avait été heureux de lui avoir faire plaisir. Il n'avait pas besoin d'être son copain pour savoir ce qu'elle aimait, ni pour lui offrir un cadeau comme celui-ci, et elle n'avait pas paru le penser non plus d'après son expression. Ce n'était que maintenant qu'il se rendait compte d'un détail.

A son poignet à lui se trouvait la montre au sablier encadré d'ailes noires. Le cadeau de Noah.

Il ferma les yeux et rejeta la tête contre le mur. Merlin. Il ne méritait pas Hanna. Elle lui avait rendu leur rupture facile alors même qu'il savait que ce n'était pas facile pour elle. Ses reproches n'avaient pas été violents, ni culpabilisateurs. Il espérait que sa propre culpabilité compensait au moins en partie...

Rationnellement, il savait pourtant que le cadeau avait été celui de tout son groupe d'amis, mais son esprit l'associait quand même à Noah. De toute façon, il en venait à se demander quand est-ce que son esprit ne ramenait pas tout à Noah Douzebranches. Il était d'ailleurs frustré de ne pas avoir pu lui parler aujourd'hui, mais Noah avait fait ce qu'il savait le mieux faire et ce qu'il reprochait pourtant aux autres : il avait fui. Il était reparti sans prévenir. Personne n'avait pu lui parler de son invective contre Hanna et Julian sentit la colère gonfler dans son ventre en y repensant. Plus il observait Noah, plus il le comprenait. C'était instinctif dès qu'il s'agissait de lui. Mais pour une fois, il hésitait... Soit Noah avait eu une de ses sautes d'humeur familière et irascible et avait pris Hanna pour cible, soit la raison était plus profonde, plus émotionnelle, comme celle qu'il avait eu contre Zack Ledwell. Julian connaissait le sentiment. Il le ressentait à chaque fois qu'il voyait Othilia et Noah ensemble, mais ça ne donnait aucun droit à ce dernier de réagir comme il l'avait fait.

Pris dans sa tourmente, il manqua de sursauter quand la porte de la chambre s'ouvrit soudain. Matthew s'y engouffra, un livre et du parchemin coincés sous le bras, l'air bougon.

- Tante Lysa m'oblige à commence mes devoirs, marmonna-t-il. J'ai essayé de lui dire que je digérais encore le dîner et que je ne pouvais pas travailler dans ces conditions mais...

- Mais ça n'a pas marché ?

- Ce n'est pas une femme compréhensive, ma tante.

Laconique, Matthew traîna des pieds et vint se jeter sur le lit à côté de lui. Julian se décala pour lui faire de la place, un sourire en coin aux lèvres. Pour se donner un air occupé, il attrapa un des livres qui trainaient sur sa table de chevet – un des nombreux qu'il n'avait en vérité pas le temps de lire – et Matthew ouvrit son manuel pour commencer à travailler. Ils restèrent ainsi tous les deux, enveloppés dans le silence. De temps en temps, Julian coulait un regard vers Matthew. Même à l'envers, il arriva à déchiffrer qu'il bossait sur un devoir de Sortilèges et il retint un sourire en le voyant froncer les sourcils au-dessus son parchemin, l'air concentré.

- Tu confonds le principe de magie élémentaire et de magie primitive, intervint-il, incapable de se retenir. Enfin, si j'en crois ton schéma.

Du bout du pied, il désigna l'espèce de dessin que Matthew avait tracé à la va-vite et celui-ci lui renvoya une œillade agacée.

- Comment tu fais pour toujours tout savoir ? maugréa-t-il.

- Le talent.

Matthew grogna de dépit, même s'il percevait une touche d'amusement derrière.

- Tu sais, je crois que tu manques à Flitwick. Parfois, il regarde ta place avec nostalgie. Il doit traiter ses autres élèves « d'idiots avec un bout de bois » face à toi et à ton souvenir grandiose !

- N'importe quoi.

- Je te jure ! De toute façon, je ne comprends pas à quoi ça sert tout ça... Un sort, c'est censé être concret, servir à quelque chose ! Là, c'est juste...

Visiblement incapable de traduire son idée en mot, Matthew se contenta d'agiter ses mains dans sa vague geste mystique et Julian éclata de rire.

- C'est ça qui est intéressant, argua-t-il. Comprendre comment un sort ou un charme fonctionne, ce qui le compose ! Il y a toujours plusieurs composants et plusieurs couches de magie.

- Toi et moi avons une définition vraiment différente d'intéressant, rétorqua Matthew. En plus, si tu veux mon avis, les devoirs pendant les vacances vont à l'encontre de nos libertés individuelles.

- Pourquoi ça ne m'étonne pas que tu ais trouvé une idée pareille ?

Matthew eut un sourire d'enfant terrible.

- Attends, attends, laisse-moi t'expliquer, d'accord ? plaida-t-il en levant les mains, son devoir oublié sur le côté. Je suis un Bones, la justice ça me connait ! Et je déclare que c'est injuste d'avoir cinq jours de cours et seulement deux de repos, surtout si on nous impose du travail à faire. Donc, je propose une égalité des choses : cinq jours de cours, cinq jours de week-end !

- Un raisonnement à toute épreuve, se moqua-t-il, amusé.

- Pas vrai ?

L'air fier de lui, Matthew se relaissa tomber sur le ventre avec dramaturgie et enfouit sa tête dans le matelas. Il n'avait écrit qu'une dizaine de lignes sur son devoir. Pris de pitié, Julian referma son livre.

- Donne-moi ça, soupira-t-il, je vais essayer de te faire la trame au moins.

En une seconde, la tête de Matthew réapparut et il le fixa avec enthousiasme.

- Ju', t'es le meilleur !

- C'est ça. Au moins, on sait que tu ne feras pas carrière dans les Sortilèges, c'est déjà ça.

D'une main, il attrapa le manuel que Matthew lui tendait et ils inversèrent les rôles : il se retrouva à travailler pendant que lui feuilletait négligemment son roman abandonné. Au fond de son esprit, il se surprit à se demander soudain ce que Matthew envisageait pour son futur... C'était une question qu'ils avaient plus ou moins évité tous les deux, mais la mention de la justice – branche historique des Bones – et des sortilèges venait de lui rappeler que la fin de leurs études n'était plus si loin. Encore une année et quelques mois... C'était effrayant comme ce simple laps de temps paraissait long et court à la fois, mais surtout incertain. Il ne savait pas s'il pourrait revenir en Angleterre d'ici là. C'était une chose de se réfugier aux Etats-Unis le temps que la situation s'améliore, mais une question fatale demeurait suspendue au-dessus de sa tête : et si ça ne s'améliorait jamais ?

Pour éviter de s'attarder sur cette éventualité, il s'apprêta à demander à Matthew s'il avait un projet d'orientation mais un détail l'arrêta quand il releva la tête. Son meilleur ami avait à nouveau froncé les sourcils, mais son expression était différente de tout à l'heure. Plus grave, plus hésitante aussi.

- Matt ? appela-t-il, intrigué. Ça va ?

- Hum ?

- Tu fais une drôle de tête.

- Ah... Non, désolé, je pensais à quelque chose...

A nouveau, il fronça les sourcils sans le regarder tout à fait. Perplexe, Julian le dévisagea. Il hésita à insister une seconde, puis préféra continuer à avancer sur le devoir de Sortilèges pour lui laisser du temps, même si le silence était d'un coup moins paisible. Matthew ne mit d'ailleurs pas longtemps à le rompre :

- Eh Ju'... commença-t-il maladroitement. Je peux te poser une question ?

Surpris qu'il prenne même la peine de demander, Julian tourna la tête vers lui et une pointe d'appréhension le traversa.

- Je t'écoute.

- Ah... Hum...

Matthew semblait lutter contre les mots et son froncement de sourcil s'accentua.

- Le prend pas mal, ok ? reprit-il avec nervosité. C'est juste... enfin c'est juste une question...

- Matt, bon sang, vas-y !

- Oui, oui... Je me demandais juste si... – et j'insinue rien vraiment – mais...

A nouveau, il buta sur ce qu'il voulait dire et sa voix s'éteignit alors qu'il jouait avec sa plume dans un mouvement stressant. Julian se sentit soudain inquiet sans réussir à savoir pourquoi.

- Sérieux Matt, pose ta question.

- Ouais...

Son cœur cognait si fort qu'il faillit ne pas entendre Matthew lorsque les mots s'arrachèrent enfin à ses lèvres :

- C'est quoi le truc entre toi et Noah ? dit-il sans le regarder.

Le temps, qui s'était pourtant étiré de manière douloureuse, se suspendit. Ou du moins, Julian eut l'impression que tout son corps arrêta de fonctionner alors que le monde autour de lui continuait de fonctionner et que Matthew attendait une réponse. C'était une sensation horrible, en décalage douloureux... Son ventre se tordit si violemment qu'il en eut la nausée. Il n'arrivait plus à avoir de prise sur quoique ce soit : la réalité autour de lui prenait des contours flous, son esprit refusait de former une pensée cohérente, et même son souffle lui paraissait lointain, comme s'il se dérobait. Il chercha de l'air.

Son mauvais pressentiment s'était transformé en question concrète. Celle qu'il redoutait depuis des semaines et pourtant il ne s'était pas attendu à ce que ça soit Matthew qui la pose. Matthew n'avait pas été là, il n'avait rien vu... Mais la question était quand même là, suspendue entre eux. « C'est quoi le truc entre toi et Noah » ?

Merlin, il y avait tant de réponses possibles et aucune ne convenait. Ce « truc » n'avait aucune logique, aucune définition et l'impression de perdre le contrôle le saisit avec force. Il inspira une respiration tremblante, incapable de plus... Sa panique se renforça.

- Ju' ? appela Matthew, inquiet.

- Je... j'arrive pas...

Julian se sentit perdre pied. Incapable de rester assis sur le lit, il se leva et se mit à marcher, un sentiment indescriptible au cœur de la poitrine. Il ressentait un mélange de honte et de peur viscérales qui le submergeait et il se déroba au regard de Matthew. Mécaniquement, il se mit à attraper les choses qui traînaient dans sa chambre. Un pull, une écharpe, des crayons et des pages où ses dessins à peine esquissés se devinaient. Il fourra le tout dans sa valise avec un peu trop de force, sans bien savoir pourquoi. Sa soudaine agitation fit se lever Matthew à son tour.

- Eh, eh ! Julian !

Il l'ignora. Il n'arrivait toujours pas à respirer correctement et la pression qui l'écrasait devenait de plus en plus oppressante. Il voulut continuer à remettre les choses en ordre, juste pour se distraire et avoir le contrôle sur quelque chose, mais Matthew se mit en travers de son chemin, l'empêchant de continuer. Il lui agrippa littéralement les poignets pour le faire arrêter.

- Eh, Julian, répéta-t-il avec un peu plus de force et cette fois il releva la tête vers son meilleur ami. Qu'est-ce qui te prend ?

- Rien ! J'ai juste...

Les mots moururent sur ses lèvres. Un éclat de compréhension s'alluma dans les yeux de Matthew.

- Respire avec moi, ordonna-t-il soudain d'un ton autoritaire.

- Non, ça va, je...

- Julian Shelton, essaye d'être moins borné pour une fois ! Je te dis de respirer avec moi !

C'était St-Mangouste qui se foutait de la charité, songea-t-il dans un éclair de lucidité. Matthew était borné comme un hippogriffe quand il s'y mettait. Pourtant, à cet instant, il céda. Avec un hochement de tête sec, il se mit à suivre la respiration de Matthew, expiration après inspiration. Le processus fut lent, mais son cœur se calma progressivement et il sentit son esprit s'éclaircir en retour. La panique, elle, demeura lovée au creux de son corps...

Sa détresse devait être encore évidente car Matthew le fixa avec intensité.

- C'est juste moi, Ju', allez. Je croyais qu'on pouvait parler de tout ça, de tout ce bordel...

Il était sincère, Julian l'entendait bien, mais son instinct lui criait toujours que quelque chose allait de travers... Et ce quelque chose était sûrement lui-même. Anxieux, il tenta de se dégager, mais Matthew raffermit sa prise autour de ses poignets.

- On peut en parler... souffla-t-il. Mais...

Matthew secoua la tête pour l'interrompre.

- Ne me repousse pas, Ju'. Peu importe que ça soit Hanna ou Noah, je peux écouter. Juste... me repousse pas.

La respiration à nouveau presque coincée, Julian ferma les yeux une seconde. Il était tétanisé. Si Matthew savait qu'il avait peur, lui, qu'il le repousse et non l'inverse.

- Ju'... Dis-moi ce qui se passe avec Noah.

Julian déglutit avec difficulté et il se répéta en boucle ne pars pas, ne me laisse pas, ne me repousse pas jusqu'à que les mots se brouillent. Puis, lentement, il acquiesça avant de lâcher si vite que sa réponse s'étrangla, à l'image de toutes les confessions dans l'histoire humaine :

- C'est compliqué... Lui et moi, c'est compliqué, mais... je crois que j'ai fait une connerie, Matt... parce qu'on s'est embrassés. Et il se passe un truc, oui, je crois...

Voilà, ils étaient prononcés, ces mots interdits. Ceux qu'il n'aurait jamais cru réussir à dire à voix haute. La prise autour de son poignet se radoucit. Julian réalisa que Matthew n'avait pas détourné le regard.

Ils se contentèrent de se dévisager, immobiles, et il comprit que Matthew ne savait pas plus que lui comment réagir. Malgré tout, sa respiration s'était stabilisée, comme si la boule qui était coincée dans sa gorge depuis des semaines était enfin sortie. Tremblant, il finit par se dégager. Il avait besoin d'espace, juste une seconde, et il se rassit sur le lit pour éviter de s'effondrer. Contrairement à son souffle, ses pensées étaient toujours erratiques. Il ne comprenait pas comment Matthew avait pu deviner... Il n'était là que depuis quelques jours. Si lui savait, alors qui d'autre ? Qui d'autre à Ilvermorny et dans son groupe d'amis ? Il lutta contre les larmes, hébété.

- Matt... dit-il d'une voix rauque. Comment... ?

Il n'arriva pas à terminer sa question.

- Je n'étais pas sûr en fait... admit Matthew, toujours debout devant lui, l'air désarçonné. Ta réaction a confirmé, c'est tout. Mais j'ai eu des doutes avec tes lettres, tu parlais de lui parfois et c'était différent. Et puis... la scène qu'il a fait à Hanna, la façon dont vous étiez tous les deux, je ne sais pas...

Visiblement, la colère de Matthew était toujours là, sous la surface, mais il l'écarta pour le moment.

- T'en as parlé à quelqu'un ? demanda-t-il, nerveux.

- Quoi ?

- Est-ce que t'en as parlé à quelqu'un, Matt ?

Sa voix s'était faite plus pressante, plus dure, mais il était incapable de se calmer complètement. Matthew parut indigné.

- T'es sérieux ? s'exclama-t-il. Tu crois vraiment que j'aurais pu... Non, Ju', évidemment que non ! Et si ça peut te rassurer, je crois que personne n'a rien remarqué. C'est juste que... je te connais. C'est tout.

« C'est tout ». Peut-être qu'elle était là, la clé. Son amitié avec Matthew avait toujours été d'une simplicité incomparable, une évidence comme seuls les liens noués dans l'enfance pouvaient l'être. Ils s'étaient trouvés dès leur rentrée à Poudlard et il n'avait jamais cessé d'admirer la force de caractère de son ami depuis ce jour. Matthew était tout ce qu'il n'était pas, ils se complétaient : le courage rageur et la réflexion créative. Si le rouge et le bleu s'opposaient, l'or et le bronze les rapprochaient.

D'un coup, il eut envie de parler. Il eut envie de combler le gouffre qui s'était creusé entre lui et les personnes qui l'entouraient depuis que Noah Douzebranches était entré dans sa vie. Matthew parut sentir le changement car, prudemment, il vint le rejoindre et s'assit à côté de lui.

- Je ne sais pas par où commencer, avoua-t-il, yeux baissés. C'est un peu arrivé... comme ça.

- Tu t'es retrouvé à embrasser un gars comme ça ?

L'incrédulité dans la voix de Matthew lui brûla le visage.

- Non, non, il y avait eu des choses avant, mais... Je ne sais pas, c'est différent avec lui. Et je sais que c'est interdit, qu'on ne devrait pas, mais... je te dis, c'est arrivé.

- Ok... je vois. Mais... ça veut dire que tu... ? Enfin, c'est juste avec lui ou... ?

- Je ne sais pas. Pour l'instant c'est juste lui, mais je crois que... ça va au-delà.

Merlin, il avait conscience de ne pas être clair, mais il ne parvenait pas à poser les mots sur la réalité qu'il vivait. Il avait même évité de trop y penser. C'était une chose d'affirmer ne pas être comme Zack Ledwell, de juste tester un peu les limites, et de se rendre compte que les sentiments et les réactions qu'il éprouvait était tellement plus qu'un jeu. A côté de lui, Matthew fronça le nez, l'air d'essayer de comprendre. Il semblait aussi perplexe que face à son devoir de sortilèges.

- Bon, on va tenter de tirer ça au clair, déclara-t-il avec une détermination toute Gryffondor. Désolé d'avance, je risque de poser des questions stupides et je ne dis pas que je ne trouve pas toute l'idée un peu... étrange, mais j'écoute. Promis.

- Si ça peut te rassurer, je trouve ça encore étrange moi aussi la moitié du temps...

Quand il n'était pas avec Noah à vrai dire. Parce que dès qu'ils étaient ensemble, cette impression s'apaisait et il souvenait avoir pensé lors de leur second baiser que personne n'avait le droit de condamner ce qu'ils vivaient tous les deux.

- Alors vas-y ! Qu'est-ce qui passe ? Vous vous êtes vraiment... embrassés ?

- Hum... acquiesça-t-il, honteux. On était sous un rocher dans le parc d'Ilvermorny, c'est une sorte de grotte avec un lac souterrain. Je te passe toute l'histoire, mais je suis tombé dans l'eau.

- Quoi ?

Un éclat de rire échappa à Matthew et il lui donna un coup de coude.

- Hilarant, je sais. Bref, Noah a plongé avec moi, juste pour me prouver qu'il pouvait le faire je pense. On était proches et...

- Et vous vous êtes embrassés, termina Matthew.

- Ouais...

C'était si étrange à prononcer à voix haute. Il n'osa pas regarder l'expression de Matthew à cet instant et, au lieu de ça, il se mit à jouer avec le bout de parchemin qui traînait près de lui. Le schéma sur la magie élémentaire se tordit sous ses doigts.

- Et alors ? Il embrasse bien ?

Il manqua de s'étouffer sous le coup de la surprise.

- Matt !

- Quoi ? se défendit-il. J'essaye de m'adapter, ok ?

- Merlin...

Gêné, il se prit la tête entre les mains et coula enfin un regard vers son meilleur ami.

- Oui, avoua-t-il à mi-voix. (Un sourire impossible à réprimer lui monta aux lèvres). Il embrasse bien.

- Génial, c'est important, jugea Matthew avec une fausse attitude confiante. Et... hum... c'est différent d'Hanna ? Je veux dire, c'était différent ?

Immédiatement, Julian perdit son sourire. Il voyait bien ce que Matthew essayait de faire : il voulait démêler la situation, tenter de la comprendre en posant des comparaisons, s'accrocher à quelque chose de familier. Il lui devait au moins d'être honnête s'ils voulaient arriver quelque part.

- Complètement différent, ouais...

- Sérieux ?

- Hum...

- Pourquoi ?

A sa décharge, Matthew avait l'air sincèrement intéressé. Il sentit son visage s'embraser et il retourna les phrases plusieurs fois dans son esprit avant de tenter d'expliquer :

- Parce que quand j'étais avec Hanna, je n'ai jamais... ce n'était pas pareil... Elle ne m'a jamais...

Il n'osa pas prononcer le mot. La hardiesse de Matthew s'en chargea, même si son teint se colora quand il lâcha :

- Attiré ?

- C'est ça, admit-il, mortifié. Je l'apprécie comme amie, mais physiquement je n'ai jamais voulu... tu vois ? Alors que Noah...

Sans pouvoir s'en empêcher, il repensa à ce matin : Noah et lui, allongés dans ce même lit à s'embrasser ; ses lèvres contre son cou ; son cerveau qui vrillait ; son corps qui répondait au moindre toucher... Cette fois, son visage s'enflamma plus franchement et Matthew eut un rictus moqueur.

- Oh Merlin, Ju', tu ne l'as pas juste embrassé pas vrai ? devina-t-il.

- Matt !

- Ne me sors pas tes « Matt » indignés, je vois clair dans ton jeu. (Il le scruta avec attention, soudain alerte). Attends, vous n'avez pas... enfin vous... Est-ce que deux gars peuvent... ?

- Matthew, arrête de parler.

- Ouais...

Il s'entrechoqua presque les dents entre elles en refermant sa bouche et Julian leva les yeux vers le plafond, priant presque pour qu'une force extérieure vienne interrompre la conversation. Il compta jusqu'à dix dans sa tête, histoire de se recomposer un visage neutre, puis se tourna à nouveau vers Matthew. Celui-ci lui renvoya un regard gêné, preuve qu'il n'était pas aussi à l'aise avec le sujet qu'il voulait bien le faire croire.

- Non, on n'a pas couchés ensemble, réussit-il à articuler au prix d'un effort certain. On n'en est pas du tout là...

- Oh Merlin, merci !

Surpris, il haussa un sourcil. Matthew s'empressa de lever les mains devant lui.

- Pas que je désapprouverais, expliqua-t-il précipitamment. Mais j'ai toujours cru que si un de nous deux devait le faire avant l'autre... tu sais !

En un sens, Julian savait. C'était évident. Pourtant, l'entendre prononcer ainsi – dans ce contexte – le prit tellement au dépourvu qu'il éclata de rire. Au moins, il avait une réponse sur le statut de la relation entre Charity et Matthew.

- Ok, on passe à autre chose, fit ce dernier, mal à l'aise. Ju' arrête de rire !

- Pardon, ouais... Mais Charity alors... ?

- On parlait de Noah, pas de Charity ! Tu crois que je vais m'arrêter là ? Je l'ai entendu te parler, tu sais. Comment il t'a appelé à un moment ? Jules ?

Le surnom, si étrange prononcé par quelqu'un d'autre, coupa court à son amusement. Son expression arracha un cri de triomphe à Matthew et il le pointa du doigt.

- J'ai raison, ce n'est pas juste physique, hum ? affirma-t-il.

La question à mille Gallions.

- C'est compliqué...

- J'avais compris ça. Parle, allez. (Il pencha la tête sur le côté, songeur). Vous êtes... ensemble ?

Julian sentit son cœur cogner contre sa cage thoracique. Comment expliquer le pacte ? Hésitant, il chercha ses mots.

- Non, on n'est pas ensemble. On ne pourrait pas de toute façon... Il y a une loi aux Etats-Unis. La loi des Bonnes Mœurs. C'est interdit. Et en Angleterre, c'est sous-entendu par des vides juridiques de toute façon.

- Oh...

- Mais ça ne change rien dans tous les cas... Noah a une copine, Othilia. Et moi... bah j'avais Hanna, je suppose.

Matthew haussa un sourcil, l'air perdu.

- Justement, vous avez rompu !

Il secoua la tête.

- Oui, mais Noah restera avec Othilia.

- Quoi ?

- On en a parlé, d'accord ? Ce n'est pas comme si on pouvait être ensemble pour de vrai, ça ne servirait à rien. Il n'y a pas de solution, Matt. Et puis... (à nouveau, il tira sur le bord du parchemin), on a fait une sorte de pacte après notre premier baiser. C'est juste pour voir, comme une expérience, tu vois ? Rien de sérieux...

Perplexe, Matthew cilla et ses sourcils se froncèrent une fois de plus.

- Attends, j'ai du mal à suivre. Une expérience ?

- Hum...

- Qui est-ce qui a dit ça ? Toi ou lui ?

Julian sentit son anxiété remonter dans son ventre et il fit un vague mouvement d'épaule pour tenter de paraître nonchalant.

- Lui, admit-il.

- Tiens, comme par hasard... Ok, écoute-moi Ju'. Comme je disais, je ne suis pas sûr de tout comprendre et je n'y connais peut-être pas grand-chose en psychologie féminine, mais l'avantage ici c'est que je sais reconnaître un truc et c'est un gars jaloux. Le coup que Noah a fait à Hanna, c'était pas juste au nom de la vérité. C'est évident !

- Mais...

- Non, laisse-moi parler. Tu veux savoir ce que je pense ? dit-il avec hargne. Noah est comme toi, il est juste terrifié par ce qui se passe entre vous et il veut donner l'illusion que c'est un jeu. Il veut te faire croire que lui est téméraire ou une connerie du même genre. C'est comme ça que tu le décrivais non ? (Julian n'eut le temps que d'hocher la tête, se souvenant vaguement qu'il avait peut-être évoqué dans une lettre la façon dont Noah paraissait défier le monde entier d'un seul regard). Il a tout risqué en t'embrassant et il ne voulait pas faire marche arrière alors il t'a proposé cet espèce de pacte que tu t'es senti obligé d'accepter parce que sinon ça revenait à le perdre. J'ai raison ou pas ?

Tout ou rien, songea-t-il. C'étaient les mots qu'Aileen avait prononcé la dernière fois quand ils en avaient parlé et elle l'avait mis en garde : « si tu n'es pas prêt à tout donner, ça veut dire que tu ne tiens pas à lui ». Oui, c'était souvent la façon dont fonctionnait Noah Douzebranches et Matthew l'avait visiblement compris lui aussi. En écho, il se revit assis face à Noah alors qu'ils discutaient du pacte. Il avait accepté l'accord faute de mieux. Après tout, il était venu chercher une réponse ce jour-là, mais il avait dû se contenter des cases que lui offraient Noah sans qu'aucune ne lui convienne réellement. Sa curiosité l'avait poussé, bien sûr, mais ça allait au-delà et c'était peut-être cela que ni Aileen ni Matthew ne comprenait. Il ressentait un besoin viscérale de comprendre ce que Noah avait réveillé chez lui et de prouver à Noah qu'il pouvait lui faire confiance. Il avait vu ce qu'il avait offrir si on ne doutait pas de lui... Le problème, c'est que ça ne rendait pas moins leur relation déséquilibrée et asymétrique. Et c'était bien ce qu'il détestait sans oser l'avouer : Noah et lui devaient être égaux, les deux faces d'une même pièce. Le contraire ne pouvait pas fonctionner.

Patient, Matthew le laissa intégrer le raisonnement, même s'il voyait bien un feu impatient brûler en lui et il se força à répondre :

- Oui, t'as raison, je crois... C'est juste que... ça paraissait avoir du sens au moment où il le disait, tu vois ?

- Je me doute bien. Ce type a l'air de pouvoir convaincre n'importe qui.

Là encore, Matthew n'avait pas tort : son attirance pour Noah avait commencé par une aura de fascination dont il se détachait à chaque fois qu'il entrevoyait une nouvelle faille chez lui. Et il commençait à prendre conscience d'à quel point elles étaient nombreuses...

- Ecoute, je dis ça, mais je ne sais pas ce que tu peux faire non plus, reprit Matthew avec gravité. Tu le connais mieux que moi alors fais comme tu le sens, mais pour ce que ça vaut... t'as eu raison de rompre avec Hanna. C'était pas juste...

- Je sais, je n'aurais pas dû... mais je ne pouvais rien lui dire non plus.

- Ouais, je suppose... Bordel, c'est compliqué.

Comme pour ponctuer sa remarque, Matthew lui arracha son parchemin des mains avant de le rouler en boule, frustré.

- Eh ! protesta-t-il. J'avais commencé à te faire ton devoir là-dessus.

- Au diable ce foutu devoir, Flitwick peut attendre. Mon meilleur ami a une pseudo relation avec un autre gars, c'est ça l'important !

- Merlin, Matt, parle moins fort !

Paniqué, il jeta un coup d'œil vers la porte. Matthew rentra la tête dans les épaules.

- Pardon, pardon ! Je suis juste... un peu dépassé. Et moi qui croyais que ma relation avec Charity manquait de communication et de clarté...

- Ouais, ça change de perspective quand tu pourrais te faire interner pour avoir brisé une loi, pas vrai ? balança-t-il, acerbe.

L'amertume était sortie toute seule et Matthew lui jeta un regard étonné, mais il se contenta de s'adosser contre le mur, bras croisés. La boule douloureuse dans sa gorge venait de revenir, nourrie par une honte impossible à endiguer.

- Eh Ju'... Tu sais qu'on pourra en parler maintenant, pas vrai ? Je ne veux pas que... enfin je t'ai dit, je peux écouter, je peux faire des efforts... Faut juste que j'appréhende bien le truc, c'est tout.

- Hum...

Il se retrouva une seconde incapable d'en dire plus. Même si Matthew avait toute la bonne volonté du monde, il venait de le dire : il devait faire des efforts, appréhender quelque chose qui n'était pas naturel. A ses yeux, il ne serait sans doute plus jamais normal et cette idée le paralysa à nouveau.

Toutefois, Matthew ne le laissa pas se dérober

- Oh Shelton ! l'invectiva-t-il avant de lui donner un coup de pied léger contre la jambe. Me fais pas ça !

Le changement de ton le prit par surprise.

- Shelton ? Depuis quand tu m'appelles comme ça ?

- Je sais pas, tu préférerais « Jules » ?

Matthew eut l'audace de sourire, goguenard, et il s'empourpra pour la dixième fois au moins.

- Matt, la ferme, grommela-t-il.

- Seulement une fois que j'aurais fait rentrer dans ta tête de prodige agaçant que je suis sincère. T'es toujours le même, Ju'. C'est juste une nouvelle... comment tu disais déjà... composante ? T'es comme un sortilège ! Un peu complexe, différent selon le sorcier qui le lance, et il faut juste que j'apprenne à déchiffrer chaque aspect pour tout comprendre. Simple, non ?

Présenter ainsi, la situation paraissait en effet si simple... Emu, Julian laissa échapper un rire étouffer et les larmes qui pressaient derrière ses paupières eurent soudain une tout autre raison. Il ressentit un élan de reconnaissance sans fin envers Matthew Bones, inébranlable dans ses convictions et sa logique douteuse. Il avait eu besoin d'entendre ça.

- Oh et Ju' ?

- Ouais... ? murmura-t-il.

Matthew le regardait droit dans les yeux à présent et il tenta de maîtriser le tremblement de ses mains.

- On emmerde leur loi des Bonnes Mœurs ! affirma-t-il.

**********************************************

Aloooors ? Verdict ? La rupture peut paraître soft, mais c'est voulu et toute l'histoire n'est pas terminée... La scène avec Matthew, quant à elle, est vraiment une de mes préférées je pense. J'ai voulu y traduire tout l'enjeu de ce que représentait l'homosexualité à l'époque.

A dans deux semaines !
Scandium

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par Scandium »

Je lis la première phrase et j'ai dejà envie de débattre !! Comment ça, ça se réjouit du printemps ??!! C'est la pire saison !! Bientôt tout les jours en PLS à cause des allergies ! :lol: :lol: :lol:

Hihi, bien vu ! Mais non vous cherchez vraiment quelqu'un ? Bah moi j'ai pas encore mon diplome (à la fin de l'année, je suis libérééé ) et on peut pas vraiment dire que j'ai bcp d'expérience. L'année prochaine, je sais pas si je serais capable de direct prendre un poste (ça oui à la rigueur mais je pense pas que les gens voudront m'embaucher vu que j'ai juste un an de formation), peut être je vais commencer par être vacataire le week-end, faire un remplacement ou peut être un service civique à l'étranger, on verra ! Mais en vrai, je serai bien tentée d'essayer de vivre un peu à Paris, voire ce que ça fait ! Mais bon, ça va être compliqué d'un point de vue financier j'imagine.

BREEEEEFF,

"Il préfère voir son expo d'art plutôt que moi, c'est bien un garçon" !! :lol: :lol: Déso Hannah, mais non ça ne fonctionne pas comme ça , je connais très peu de garçons qui préfèrent aller voir des expos tous seuls plutôt que trainer avec des filles ... Rien que ça, ça devrait te mettre la puce à l'oreille, je dis ça, je dis rien ...

Mdr, Noah il s'en balek, zero tact, zero subtibilité, il te lache les pires trucs droit dans la gueule, sans se soucier de comment s'est reçu MAIS AU MOINS IL EST HONNETE et ça, c'est le pire ! Y a que la vérité qui blesse comme on dit. Franchement les gens qui sont tout le temps honnête, ça me fait peur ! Dans certains cas je préfère largement qu'on me mente plutôt qu'on me blesse inutilement ... En tout cas Noah, c'est bien il est honnête et il reste toujours fidèle à ses principes. Souvent c'est poussé à l'extrême chez lui et du coup c'est vu de façon négative par les autres mais en vrai, c'est aussi une qualité. ça montre aussi qu'il est audacieux, et fort et qu'il a pas peur de s'affirmer. Bon, pour l'empathie on repassera mais bon, personne est parfait :D :D .

Ouf, on est passé à côté du bagarre Matthew/Noah ! Pauvre Julian, il aurait fait un arrêt cardiaque ...

Charly qui promet de pas parler du suçon ... Hhm ... A mon avis, elle va en reparler. Pas que je la trouva pas fiable, loin de là, mais je pense la situation l'a rendue trop perplexe donc si jamais, elle se retrouve encore dans des situations ambigues, elle va se souvenir de ça et le remettre sur le tapis.

"Pour eux, ça serait d'ailleurs la seule explication et Matthew venait de leur fournir sans que personne ne la remette en cause. A leurs yeux, il n'y avait après tout aucune autre raison au coup d'éclat de Noah : il avait juste voulu, à sa façon très personnelle, avouer la vérité à Hanna en voyant qu'il ne le faisait pas." --> c'est vrai, je pense pas que les autres verront autre chose, ils sont à 1000 lieu de considérer que c'était une crise de jalousie, du coup ça semble être l'excuse la plus plausible. Merci Mathew, tu viens de sauver la situation, on sait tous que Julian est nul pour inventer des excuses, donc bien joué ...

Très bien faite la conv avec Hannah, on comprend bien leurs point de vue. Il pense bcp à Noah quand même pendant qu'il est en train de rompre avec elle... Ah la la, Julius ... Il me fait de la peine.
Oohh, c'est Hannah qui propose de rompre en première ? Bien joué ma grande, très courageuse ! Tu as raison de prendre les devant ! Toutes façon, la relation était déjà au point mort, il faut que vous passiez à autre chose. Afin il faut que TU passes à autre chose, Julian c'est déjà fait mdr.
Non franchement, il a raison d'avoir honte Juju ... le coup de Hannah qui va voir l'Empire State Building toute seule pendant que lui va "voir son expo d'art" tout seul, c'était clairement abusé.
C'est cool qu'ils restent amis, même si ils sont pas fait pour être en couple, il y a une bonne dynamique entre eux, ça aurait été du gachis qu'ils ne se parlent plus. Le paragraphe d'après vient de confirmer tout ça, ils sont trop mignons.

"Noah avait fait ce qu'il savait le mieux faire et ce qu'il reprochait pourtant aux autres : il avait fui. Il était reparti sans prévenir." --> PTDR j'avoue, Noah il a fuit comme un lâche quand Charly a débarqué et aussi quand tout le monde voulait lui tomber dessus à cause de ce qu'il a dit à Hannah. Bon, si ça lui a permis de se calmer de son côté, tant mieux, hein. Mais après vient pas reprocher ça aux autres alors que t'es le premier à fuire les problèmes au lieu de les affronter, mon chou.

"En plus, si tu veux mon avis, les devoirs pendant les vacances vont à l'encontre de nos libertés individuelles." --> le nombre de fois où j'ai dit cette phrase a peu de choses près :D :D . J'aime bien sa mentalité à Matthew ! C'est cool d'ailleurs cette scène où ils plaisantent ensemble et travaillent tranquillement. On avait pas vraiement eu l'occasion de voir ça avant, c'est cool je visualise mieux leur amitié du coup. J'avais un peu de mal à y croire avant, vu qu'on les voyait jamais ensemble et qu'ils sont si différents. En plus dans le groupe à Ilvermony, Julian c'est le mec sérieux du groupe quoi, celui qui est est pas très fun (bon il vient aussi de perdre sa mère) mais bon, le voir répondre des trucs un peu insolent à Mathew comme "c'est le talent", "un raisonemment à tout épreuve" etc ça fait du bien. ça montre qu'ils sont proches, qu'ils déconnent ensemble, qu'is se connaissent depuis longtemps donc Jul est super à l'aise.

"- C'est quoi le truc entre toi et Noah ? dit-il sans le regarder.",--> évidemment qu'il y avait que lui pour s'en rendre compte du coup, il le connait depuis le plus longtemps. Bien joué Bones, bel esprit d'analyse. Bon après t'es pas obligé d'y aller aussi frontalement mon reuf, c'est déjà assez dur à encaisser pour Julius, pas la peine de le mettre comme ça devant le fait accompli.

St'e Mangouste qui se fout de la charité est une très bonne expression, je valide !!

Honnêtement, je suis moyennement convaincu que Matthew le "force" à en parler, il avait aussi le droit de garder sen sentiments juste pour lui et lui en parler de lui-même qu'une fois qu'il se serait senti prêt. Mais bon, si ça lui permet d'avoir au moins une personne à se confier et qui ne le repousse pas en sachant sa sexualité, c'est toujours ça de gagné, autant passer par là du coup, je suppose.

"- C'est compliqué... Lui et moi, c'est compliqué, mais... je crois que j'ai fait une connerie, Matt... parce qu'on s'est embrassés. Et il se passe un truc, oui, je crois..." --> t'es vraiment trop forte ! Enfin de mon point de vue subjectif. Mais quand même la revélation est bien écrite, en une phrase y a tout : la panique,la peur, le déni, la confusion, la culpabilité, l'acceptation (enfin le début de l'acceptation). Vraiment, c'est parfait, personne aurait pu mieux décrire tout ça en une phrase.
"Ils se contentèrent de se dévisager, immobiles, et il comprit que Matthew ne savait pas plus que lui comment réagir." --> Le fait que Mathew n'ait vrmt aucune idée de comment réagir, je trouve ça réaliste aussi, en accod avec sa personnalité. Perso, quand qqun me fait une révélation j'ai tjs cette phase de "ah d'accord, oh mon dieu, ça a l'air chaud pour toi, qu'est ce que je vais faire maintenant ? qu'est ce que je suis censé faire maintenant que je sais ça ? J'en ai aucune idée, merde, bon d'accord"

"Désolé d'avance, je risque de poser des questions stupides et je ne dis pas que je ne trouve pas toute l'idée un peu... étrange, mais j'écoute. Promis." --> c'est vraiment un bon gars ; il a jamais été confronté à ça avant mais son premier réflexe, c'est pas de rejeter ce qu'il connait pas, lui faire la morale, ou je sais pas quoi il est vraiment en mode "je pars du principe que tu as raison et que tu as le droit de vivre ce que tu vis, je suis juste un peu étonné mais tranquille, tu vas me parler, je vais m'adapter". C'est trop mignon, il le le juge vrmt pas.

"- Et alors ? Il embrasse bien ? /Il manqua de s'étouffer sous le coup de la surprise./- Matt ! /- Quoi ? se défendit-il. J'essaye de m'adapter, ok ?" --> ah, qu'est ce que je disais ! C'était hilarant ! La partie d'après aussi m'a fait rire. Quand Julian arrive pas à formuler le fait que Hannah l'a jamais excité mais que Noah oui, et que Matt arrive très bien à comprendre où il veut en venir :D :D

"- Non, on n'a pas couchés ensemble" --> mais ça ne saurait tarder si tu veux mon avis ! N'empêche, le self control de Julius pour avoir réussi à prononcer cette phrase sans bégayer. Franchement, gg !

En vrai ça m'étonnes que personne d'autres l'appelles "Jules". C'est un surnom courant pour un Julian non ? Ah oui, il l'appelle tous Ju', c'est vrai.

" Le coup que Noah a fait à Hanna, c'était pas juste au nom de la vérité. C'est évident !" --> ENFIN UNE PERSONNE MUNIE DE BON SENS !

Le speech de Matt, j'avais pas trop compris à la première lecture, j'vais l'impression qu'il accusait Jul de se faire embobiner par Noah alors que bon frérot, qu'est ce que t'en sais ? T'es pas avec eux dans les dortoirs que je sache !
Mais là en le relisant, je crois j'ai mieux compris ce que tu voulais dire. En gros, Noah fait croire qu'il est téméraire en prenant les devants ; c'est lui qui l'embrasse le premier, c'est lui qui lui propose en premier d'être une "expérience" mais c'est un faux téméraire (il fuit les conversations, il fuit ses sentiments, il veut rester avec Othilia). Du coup, comme il fait croire qu'il est assuré, c'est lui qui parle en premier, c'est lui qui pose SES conditions et Julius se retrouve comme un con à tout accepter, à accepter des choses auxquelles il est pas forcément d'accord mais il a pas le choix pk il veut pas perdre Noah et que celui-ci ne s'est toujours pas décidé à porter ses couilles ... (bon j'exagère, mais c'est pour mieux illustrer mon idée). En gros pour l'instant c'est Noah qui dicte le rythme de leur relation alors que si c'était Julian qui le faisait, peut-être que ce serait moins compliqué, peut-être qu'ils auraient parlé sentiment, peut-être qu'ils seraient allés plus loin ... Bref, au bon d'un moment, il faut qu'ils prennent conscience que ce qu'ils ont, c'est ce qui arange Noah, c'est pas forcément ce que veut Julian. (il a du mal à le voir avec Othilia par exemple)

"Je me doute bien. Ce type a l'air de pouvoir convaincre n'importe qui." --> et c'est la première fois que Matt émet un jugement sur Noah. En vrai grand prince, il aurait largement pu lui lacher des "que tu sois attirés par des mecs, pourquoi pas, je peux concevoir. Mais pourquoi lui précisement ? Il a l'air bizarre, il est égoiste, il parle mal à Hanna, qu'est ce que tu lui trouves ?". Bref, pour un mec auquel il voulait casser la gueule quelques heures plus tôt, il est franchement tolérant. Bon en même temps, si t'avais fait de Matt Bones un perso relou et intolérant, tous les lecteurs de Ombres et Poussières te serais tombé dessus mdr !

Hé mais je viens de capter que Matt va devoir cacher cette vérité à Hannah ! Ah merde la pauvre, elle va se sentir exclue quand elle l'apprendra.

"Matthew Bones, inébranlable dans ses convictions et sa logique douteuse.", --> plus ça va, plus je me rends compte que je m'identifie beaucoup à Matt, on a un peu le même état d'esprit j'ai l'impression.

Bon, bein super chapitre comme d'hab. Tellement tendu la situation, c'est dur d'attendre deux semaines à chaque fois ! En tout cas bravo, tu maitrises bien ton sujet, ça perd jamais en intensité, c'est clair, c'est cohérent bref, t'es vrmt trop forte, je sais pas quoi dire, merci pour tout.
annabethfan

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par annabethfan »

En retard, je suis en retard ! Mais bon comme personne presque me lit ici :lol:

Heureusement, Chloé est là ! Un énorme merci pour ton super commentaire avec des analyses juste... mais je te jure incroyables n'est même pas le bon mot, j'étais trop heureuse !
Alors on a encore quelques postes dispo mais en septembre je ne sais pas ce que ça donnera... Dans tous les cas, t'inquiète, avec tes études tu peux totalement prétendre à un premier poste et on te formera, c'est un boulot qui s'apprend aussi sur le terrain donc vraiment rassure toi :D
Merci d'avoir si bien compris le personnage de Noah ! C'est un con, mais il est sincère plus ou moins, et c'est ça qui en fait une personnalité complexe. Et je suis contente que t'ai aimé la scène de rupture, même si effectivement Julian pense énormément à Noah et c'était voulu : finalement ça montre que le lien se renforce, que les sentiments sont réels...
Pour le personnage de Julian, c'est vrai qu'il pouvait faire hyper sérieux au début mais c'était vraiment dans une situation stressante, nouvelle, inconnue. Maintenant qu'il est plus installé et que là il retrouve Matthew, je voulais montrer une autre facette de lui ^^
Certes, Matthew le "force" à en parler mas c'était aussi voulu. C'est un Gryffondor, il fonce, il veut une réponse et on est dans une société où le bien être mental est pas vraiment une notion donc Matthew a pas vraiment conscience que c'est limite de faire ça haha !
T'as tout compris pour les reproches à Noah en mode faux téméraire et c'est cool d'avoir pris le temps d'une 2e lecture pour le comprendre ça me touche énormément !
UN ENORME MERCI !!


******************************************************************************************

Chapitre 40 : De mots et de rage

« L'amour supporte mieux l'absence [...] que le doute ou la trahison. »

- André Maurois -


// 11 mars 1980 //

La semaine en compagnie de Matthew et Hanna passa à une vitesse folle. Julian aurait aimé retenir le temps mais les jours lui filaient entre les doigts, implacables. Sans qu'il s'en rende compte, il avait rempli son esprit de souvenirs diverses, de balades new-yorkaises, de rires, de parties de batailles explosives.

Liam était rentré chez lui à la fin du premier week-end et Noah n'était pas revenu chez les Grims depuis son coup d'éclat contre Hanna. Julian avait préféré repousser la scène au fond de sa mémoire : Noah était de toute façon rentrer au Village et avait quitté New-York avec sa ante et son frère, ça ne servait rien de s'attarder sur la question. Pour le moment, il avait du temps à rattraper avec ses amis.

Amie. C'était presque un terme étrange pour qualifier Hanna désormais, mais il ressentait un soulagement incroyable dès qu'il y pensait. La pression s'était enfin soulevée de sa poitrine et ça faisait un bien fou de juste... respirer. Aujourd'hui, il devait passer la voir une dernière fois avant qu'elle ne reparte, une journée avant Matthew avec ses parents. Elle lui avait envoyé un mot ce matin en lui proposant de venir à son hôtel, ce qui lui permettrait de profiter ses derniers moments à New York sans avoir à refaire le chemin chez les Grims et il avait accepté.

En attendant, il aidait Matthew à faire ses valises. Du moins, il tentait... Leur chambre était dans un désordre pas croyable et, pour une fois, Julian se trouva heureux de ne pas avoir eu à partager un dortoir avec lui.

- Rah, mais comment elle fait pour les sorts de pliages... grommelait Matthew en se débattant pour la troisième fois avec un sweat où s'étalait le fameux « I love New York » avec un cœur. Elle va m'arracher les yeux en voyant ma valise dans cet état !

- Ta mère a du talent, répliqua-t-il, amusé.

- Le « contrairement à moi » est sous-entendu c'est ça ?

- Pas si sous-entendu que ça visiblement. Vas-y, donne-moi ça !

Vaincu, Matthew lui envoya le sweat roulé en boule en pleine tête. Il le rattrapa dans un éclat de rire.

- Regarde, c'est une question de tour de poignet au moment de jeter le sort, expliqua-t-il. (Il déploya le vêtement sur le lit devant lui). Il faut être en synchronisation entre le geste et la formule pour effacer les plis.

- Désolé, je maîtrise un autre tour de poignet si tu vois ce que je veux dire.

Trop concentré sur sa tâche, la phrase mit plusieurs secondes à monter à son cerveau et il se redressa enfin, amusé et gêné :

- Matt !

- Ca va, ça va ! (Il leva les mains, un rictus aux lèvres, puis reprit soudain son sérieux). De toute façon, ma mère sera sans doute même pas là quand je rentrerai, ajouta-t-il l'air sombre. Travail, devoir, patrie !

Il fit un salut militaire pour faire bonne mesure, mais Julian sentit malgré tout l'amertume derrière.

- Tu vas retourner à Poudlard, tenta-t-il de le réconforter. Ça ne fera pas une grande différence. Et puis tu reverras Charity.

- Ouais, c'est déjà mieux que de jouer les baby-sitters. Mais je sais que je vais pas y couper. Il restera trois jours de vacances, je vais les passer avec le moustique et le mini-botruc.

- Ils ne seront pas toujours petits tu sais. Un jour, ça ira mieux.

Matthew lui jeta un regard sceptique par-dessus sa valise.

- Dit le gars qui couve encore sa frangine comme si elle avait quatre ans alors même qu'elle en a quinze.

- Eh ! protesta-t-il. Ça va mieux avec Lottie !

- C'est vrai, allez je te l'accorde. Mais quand même... (pensif, il jeta une paire de chaussettes à l'aveugle dans la deuxième malle au sol). Tu sais, parfois je me demande ce que ça donnera vraiment quand ils seront à Poudlard, avoua-t-il. Spencer peut être tellement dans sa bulle et Simon... non en fait, j'arrive même pas à le projeter si loin.

- Il marche à peine, c'est normal. Et puis tu l'as dit, t'as le temps !

C'était une facette de Matthew qui l'avait toujours interloqué. Il aimait prétendre que ses petits frères et son rôle de baby-sitter l'agaçaient, pourtant il savait aussi qu'il ne faisait pas confiance à grand monde pour s'occuper d'eux non plus. Il ne comprenait le sentiment que partiellement. Même si tout le monde s'amusait ou s'énervait selon les situations à souligner à quel point il pouvait être protecteur avec Lottie, il n'avait pas eu à s'occuper vraiment d'elle avant l'année dernière. Ils n'avaient qu'un an et demi d'écart, ce n'était pas énorme, pas comme Matthew dont la naissance n'avait pas été prévu et qui avait dû attendre plusieurs années avant de voir la famille s'agrandir. La dynamique n'était pas la même et, encore aujourd'hui, ils ne pouvaient pas réellement se comparer. Comme l'avait fait remarquer Matthew, Charly avait quinze ans, ce n'était plus une enfant ni un bébé.

Plongé dans ses pensées, il continua à plier mécaniquement les habits qui lui tombaient sous la main et Matthew claqua des doigts devant lui. Le son sec le fit sursauter.

- Quoi ?

- C'est gentil de m'aider, mais tu vas finir par faire attendre Hanna, fit-il remarquer avec un coup de menton vers sa montre. Je pense que tu l'as déjà assez fait, non ?

La pique était peut-être un peu blessante, mais il savait que c'était la façon dont Matthew avait besoin d'extérioriser les dernières traces de colère en lui au sujet de toute la débâcle des derniers jours. En baissant les yeux sur sa montre – celle au sablier et aux ailes noires offertes par Noah – il se rendit compte que la fin d'après-midi approchait effectivement.

- Hum ouais... je vais y aller, marmonna-t-il. Tu peux prévenir ta tante et Leonidas ? Je reviens pour le dîner.

- Pas de problème !

Déjà replongé dans l'art complexe du rangement de valise, Matthew lui fit un signe de la main et il sortit de la chambre en vitesse.

Trente minutes et deux métros plus tard, Julian déambulait dans le Bronx et les haut buildings en pierre le toisaient du haut des nuages. Il avait hâte de pouvoir passer son permis de transplanage cet été. Autour de lui, le bruit familier de la ville emplissait ses sens et il se surprit à ressentir un pincement au cœur en voyant un taxi jaune passer devant lui. Londres commençait à lui manquer... Même si New York était grandiose, il manquait quelque chose à la Grosse Pomme. Quelque chose de typiquement anglais, une âme différente, plus ancienne...

Pour tenter de repousser sa soudaine mélancolie, il enfouit son sentiment au fond de lui en même temps que ses mains dans ses poches et accéléra le pas. Il aurait presque pu piquer son bonnet à Matthew vu le vent aujourd'hui, mais il avait ses limites en matière de mode. Hors de question de sortir avec un truc informe et orange sur la tête. Au lieu de ça, il affronta le froid hivernal. Au moins, contrairement à décembre, le soleil de mars commençait à percer la couche de nuages bas, ce qui rendait la balade plus agréable.

Il tenta de se rappeler les indications d'Hanna. L'hôtel où elle résidait avec ses parents ne devait plus être loin, dissimulé quelque part... Julian le repéra dès qu'il tourna à l'angle. Un vieux bâtiment désaffecté prenait tout une partie du trottoir d'en face et était entouré de barrière de chantier. Il avait tout du charme décrépie d'un ancien hôtel des années 30 avec sa façade percés d'une myriade de fenêtres au verre brisé et au balcon en ferraille. Julian avança, comme attiré par l'aura qui flottait autour alors même que les piétons près de lui semblaient l'éviter d'un grand détour. Un sort repousse-moldu et un autre d'illusion à n'en pas douter.

Quand il arriva enfin face au bâtiment, il remarqua soudain un détail. Le rez-de-chaussée était composé d'une grande porte aux portes tournantes dont le verre avait depuis longtemps disparu, formant une ouverte béante à l'ossature apparente, et juste au-dessus, gravé dans la pierre, on pouvait distinguer une image : une femme endormie dans un lit. Elle avait un chapeau pointue et une baguette à la main.

- Trouvé... souffla Julian à voix basse.

Sans s'attarder, il se glissa entre les barrières de sécurité. Personne ne fit attention à lui et il remonta les quelques marches du perron pour arriver devant l'entrée. Au-delà des portes éventrées, il ne distinguait rien, seulement l'obscurité. Son cœur s'emballa une seconde. Il n'était plus dans les quartiers chics, le Bronx était une autre affaire, et la nuit ne tarderait plus à tomber. Nerveux, il jeta un coup d'œil en l'air. Le symbole de la sorcière dans son lit lui renvoya son regard, presque comme si elle pouvait vraiment le voir et il reprit contenance. C'était forcément ici.

Il avança. D'un pas, il traversa un des volets de la porte tournante, là où aurait dû se trouver la vitre à pousser. Son corps fut parcouru d'un frisson et il cligna des yeux. En une seconde, il n'était plus dehors... Il resta bouche-bée. Il se trouvait dans un vaste hall d'hôtel.

Tout était baigné dans une lueur et des nuances entre le gris et le bleu anthracite. La hauteur sous plafond était phénoménale... et pour cause il n'y en avait pas. A la place, Julian retrouva le ciel chargé de nuages qu'il venait de laisser derrière lui. Quelques plantes et sofas composaient un espace accueillant, puis face à lui se trouvait le comptoir. Un mur entier s'élevait derrière ce dernier, entièrement recouvert de clés dans des petits compartiments annotés d'un numéro. Chaque clé semblait différente : petite et en fer, déformée et en bronze, rouillée, immaculée, attachée à un cordon ou à une chaîne en acier.

Trop époustouflé par le spectacle, il en aurait presque occulté les deux femmes derrière le comptoir.

- Bienvenu à l'hôtel Sorcellelit ! Je peux vous renseigner ? l'accueillit la plus jeune.

Sa voix porta jusqu'à lui malgré la distance et il secoua la tête pour sortir de sa transe. Ses pas résonnèrent dans le vaste hall alors qu'il venait à sa rencontre.

- Hum oui, désolé... Je viens voir quelqu'un. Hanna Faucett, chambre 394.

- 394, répéta-t-elle en feuilletant un énorme registre posé devant elle. Ah oui, nous avions été prévenus. (Elle lui adressa un sourire contrit). Désolée, c'est la nouvelle procédure pour des raisons de... sécurité. Vous savez à cause de... tout ce qui passe en Angleterre.

Pendant une seconde, elle eut l'air gêné et il se demanda si elle avait remarqué son accent. Déjà que Liam s'en moquait habituellement, mais le fait d'avoir traîné avec Matthew et Hanna toute la semaine l'avait presque renforcé. La deuxième réceptionniste, plus âgée, émit un ricanement.

- Oh Holly, ne cherche pas de sens là-dedans. C'est seulement Belva Laker qui tente de calmer les ardeurs de Celestina pour pas se faire piquer sa place. C'est un hôtel ici, pas un repère à mangemort.

Julian se figea. Il en était venu à croire que peu d'américains connaissaient le terme, mais peut-être que ceux en dehors d'Ilvermorny étaient finalement plus informés. Il n'était de toute façon pas mieux puis qu'il mit un temps de retard à se souvenir que Belva Laker était la Présidente du MACUSA et Celestina Rappaport sa grande rivale. C'était à cette dernière que l'Amérique devait ses frontières fermées aux anglais qui auraient voulu fuir la guerre.

La dénommée Holly parut encore plus mortifiée – elle avait définitivement perçu son accent – et se contenta de faire un geste sur sa droite sans rebondir sur la remarque de sa collègue :

- Vous pouvez monter par-là, indiqua-t-elle avec sympathie. Les escaliers vous conduiront au bon étage, il suffit de vous positionner sur la première marche.

- Et de bien s'accrocher, renchérit l'autre, gouailleuse.

- Merci...

Il leur adressa un bref hochement de tête de politesse et tourna les talons. Il dépassa une grande volière remplie de hiboux et de chouettes à moitié endormie dans un coin du hall, puis remonta un couloir pour arriver devant les fameux escalier. Ou du mois, il supposait qu'il s'agissait des escaliers. La vision devant lui était des plus perturbante, même après avoir été entouré par la magie toute sa vie.

Dans l'encadrement d'une ouverture se trouvait du vide et une simple marche. Là où un escalier aurait dû logiquement monter, il n'y avait véritablement qu'une seule marche au niveau du sol et il la contempla une seconde, interdit. Prudemment, il posa le pied dessus. La même sensation qu'il avait ressenti en passant les portes tournantes s'empara de son corps et il monta sur la marche complètement. Aussitôt, le fourmillement s'évanouit et la magie se mit en action. Comme si elle avait subi un sort de démultiplication, une seconde marche surgit de la première et ainsi de suite jusqu'à former un escalier en mouvement. Julian retint un sourire, toujours émerveillé devant ce que la magie était capable de produire. Il aurait aimé avoir le temps de mieux observer le sortilège à l'œuvre, mais Hanna l'attendait.

Sans attendre, il gravit donc les marches qui apparaissaient sous lui. Au bout de quelques secondes, elles se mirent à décrire un virage et le mur sur sa droite coulissa pour laisser l'escalier passer. Il continua à avancer au milieu d'un couloir bordé de portes. Vu les numéros gravés dessus en chiffres dorés, il devait être au troisième étage.

Enfin, l'escalier s'arrêta et il se retrouva devant la porte 394. Il y frappa plusieurs coups secs.

- J'arrive ! hurla la voix de Hanna, étouffée.

Le battant s'ouvrit à la volée quelques secondes plus tard. Sa folle tignasse rassemblée en une demi-queue-de-cheval et vêtue d'une robe de sorcière délavée, Hanna l'accueillit avec une pile de vêtements dans les bras. La vision était familière.

- Problème de valise ? devina-t-il, amusé.

- Oh Merlin, merci d'être venu. Dis-moi que tu sais faire un sort de pliage ? Ma mère va me faire une remarque si je vais lui demander.

- Matthew et toi, vous vous êtes bien trouvés quand même !

Hanna sourit.

- Pourquoi ? Il galère aussi ?

- Disons qu'il se battait avec un sweat quand je suis parti et que le sweat gagnait, dénonça-t-il.

Le sourire d'Hanna se transforma en éclat de rire et il entra dans la chambre. Un lit simple faisait face à la porte, une grande malle ouverte dessus. Près de la fenêtre qui donnait sur le Bronx, une armoire ouverte laissait voir des cintres flottant en ligne et croulant sous des vêtements. Ils semblaient faire la queue pour attendre d'être rangés.

- Mais t'avas vraiment emmené tout ça ? s'étrangla-t-il.

- C'est New York, il fallait que je sois préparée ! Et puis j'ai fait du shopping, j'ai acheté des cadeaux pour mes amies... Bref, va valoir tout faire rentrer !

Il secoua la tête.

- Non, on va faire plus simple. On va lancer un sort d'extension.

Hanna lui jeta un regard plein d'espoir.

- Tu sais faire ?

- Pas toi ?

- Non, on le verra au prochain semestre d'après Flitwick. La dernière fois que j'en ai tenté un, la moitié de mes affaires se sont perdues dans un espèce de puit sans fond ! Il me manque plein de chaussettes depuis ! (Elle leva sa jambe sur le lit). Regarde.

Elle releva le bord de sa robe pour révéler son pied recouvert d'une chaussette blanche, puis le deuxième vêtu quant à lui d'une chaussette rayée bleue et noire. Le geste, tellement spontané, lui rappela pourquoi il aimait tant passer du temps avec Hanna. Il fut pris d'un éclat de rire et se passa une main sur le visage.

- Vous m'épuisez, toi et Matt, lâcha-t-il, amusé.

- T'inquiète, on repart... Tu n'auras plus à nous supporter.

Son ton avait beau être railleur, il entendit la lourdeur qu'elle tentait de cacher et il sentit son sourire s'effacer lentement. Une semaine... ils n'avaient eu droit qu'à une semaine ensemble et même si c'était plus qu'ils ne l'avaient espéré, devoir se séparer à nouveau lui pesait.

Hanna se mordit la lèvre.

- Tu sais, j'espère que tu pourras bientôt rentrer à la maison... souffla-t-il.

La maison. L'Angleterre. Malgré les mois passés en Amérique, il n'arrivait pas à considérer ce pays comme sa maison non plus et il fut reconnaissant à Hanna de l'exprimer. Pourtant, contrairement au mois de septembre, il ressentit un tiraillement douloureux au creux du ventre à l'idée de quitter les Grims, mais surtout Théa, Liam, Aileen, Othilia... Noah. C'était étrange comment les choses pouvaient évoluer...

Incapable de trouver une réponse adéquat pour retranscrire son sentiment, il déglutit.

- Moi aussi... se contenta-t-il de dire finalement, la gorge enrouée. (Il se détourna, puis avisa les affaires à ranger avant d'ajouter avec enthousiasme). Allez, on va rendre ta mère fière de toi !

Hanna rit et il sortit sa baguette. Il se concentra bien – il ne voulait pas faire perdre s es achats new-yorkais à Hanna – puis jeta le sort d'extension. D'un coup, le fond de la malle disparut purement et simplement. Hanna se pencha au-dessus, rentrant presque sa tête à l'intérieur.

- Impressionnant ! jugea-t-elle. C'est parti, passe-moi mes affaires.

Et c'est comme ça qu'il se retrouva à faire une chaîne humaine entre les cintres volants et Hanna. Il repéra le même sweat que Matthew, celui avec l'inscription « I love New York », mais aussi un boa à plumes aux couleurs américaines et même un chapeau statue de la liberté. A chaque fois qu'il tombait sur une nouvelle trouvaille touristique, il jetait un regard équivoque à Hanna qui faisait semblant de ne pas comprendre, même si son sourire la trahissait.

En silence, ils s'attelèrent donc à leur tâche. De temps à autre, il lançait un pull avec un peu de trop de force et Hanna se le prenait en pleine tête. Elle répondait par un coup d'écharpe bien placé. Vers la fin, alors qu'il ne restait plus que des chaussures dans le bas de l'armoire, il remarqua pourtant que le silence était un peu trop prégnant. Il coula un regard vers Hanna. Elle avait les sourcils froncés et une moue étrange s'accrochait à ses lèvres. Il s'approcha d'elle.

- Eh, ça va ? fit-il, déstabilisé. T'as encore perdu une chaussette ?

- Quoi ? Oh non, non... (elle repoussa une mèche de cheveux derrière son oreille). Je pensais, c'est tout, expliqua-t-elle d'un ton étrange.

Surpris, il tenta de déchiffrer son expression et tenta un trait d'humour :

- Fais gaffe, Matthew te dirait que tu vas surchauffer si tu réfléchis trop.

- Ah ah, très drôle, répliqua-t-elle en roulant des yeux. Il dit ça seulement parce qu'il est Gryffondor.

- Les Serdaigle sont supérieurs, approuva-t-il.

- Evidemment.

Sans le regarder, elle leva la main et il vint taper dedans pour marquer leur accord. Malheureusement, ça ne suffit pas à effacer la moue étrange d'Hanna.

- Eh, t'es sûre que ça va ? insista-t-il. C'est le départ qui te déprime ?

Elle mit quelques secondes à répondre, l'air hésitant, puis haussa les épaules.

- Hum... oui, j'imagine, répondit-elle d'une voix qui sonna faux. C'était bien comme vacances, te revoir...

- Hanna...

Cette fois, elle se passa une main sur le visage, tendue. Un mauvais pressentiment germa dans son ventre.

- Eh Ju', je peux te poser une question ? Parce que ça fait plusieurs jours que j'y pense et je crois que j'ai besoin de savoir...

« Plusieurs jours ». Depuis leur rupture ? Le mauvais pressentiment ne fit pas que germer, il fleurit carrément... Il pensait que cette histoire était au moins terminée, mais il aurait sans doute dû s'y attendre.

- Vas-y, ouais... dit-il, compréhensif.

Il pouvait bien faire ça pour elle.

- Génial... hum, je sais pas comment le formuler, mais... J'ai réfléchi aux derniers mois, à notre manque de communication, à tes réponses évasifs souvent et... (Elle fixa son regard sur un point imaginaire, visiblement incapable de le regarder en face). Est-ce que... est-ce qu'il y avait une autre fille ? A Ilvermorny ?

Sa voix s'éteignit sur la fin de sa phrase, presque honteuse, et Julian resta immobile, sonné. Il n'avait pas vu venir cette question. Son expression dû être parlante car Hanna s'empressa d'embrayer :

- Je ne t'accuse pas, d'accord ? Mais ça me bouffe l'esprit ! Parce que même si je comprends que la distance et ton deuil n'aient pas aidé, mais j'ai fait tout mon possible pour que ça marche et je ne vois pas ce que j'ai fait de mal...

- Hanna, je te l'ai dit, coupa-t-il, tu n'as rien fait de mal. Rien !

- Justement ! Ca m'a frappé après ça aussi... T'as pas arrêté de répéter que c'était de ta faute, que je n'avais rien fait... Alors je ne sais pas, je...

Faute de trouver les mots, elle s'interrompit.

Il aura voulu s'insurger. Il aurait voulu pouvoir lui répliquer « tu crois vraiment que je serais capable de faire ça ? » mais la vérité était plus complexe. Parce que d'une certaine façon, oui, il en était capable. Il se revit en train d'embrasser Noah, assis sur le bord d'un lavabo, la veille des vacances. Il se revit s'accrocher à lui dans le lac souterrain, leur corps si proche alors qu'ils s'embrassaient pour la première fois. Il revit aussi leurs mains, cachées sous leur cape d'hiver, entremêlées pendant le match de Quodpot.

Son conflit intérieur dû se lire sur son visage. Celui de Hanna se décomposa.

- Merlin... souffla-t-elle.

- Non attend, Hanna...

Il voulut tendre le bras vers elle, mais elle se dégagea d'un pas en arrière.

- Y'a une autre fille, c'est ça ? dit-elle, la voix tranchante et tremblante à la fois. Je suis une idiote. Oh Merlin, je suis vraiment une idiote !

- Mais arrête, c'est faux !

- Qu'est-ce qui est faux, Julian ? L'autre fille ou moi qui suis une idiote ? (Elle leva un regard brûlant vers lui). Et pour une fois, ne cherche pas à m'éviter ! Je suis fatiguée de devoir courir après des réponses !

- On en a déjà parlé !

- Non ! Je t'ai donné des excuses et je n'ai rien dit, mais... c'est forcément ça, pas vrai ? Ça se voit ! se récria-t-elle. Depuis combien de temps ? Depuis le début ?

- Hanna, laisse-moi parler...

- C'est pour ça que tu m'envoyais à peine quelques lettres ?

Maintenant qu'elle avait commencé à exprimer ses doutes, elle paraissait incapable de s'arrêter et il lutta pour se faire entendre, mains en avant en signe d'apaisement.

- Je ne savais pas comment gérer la distance, ça n'avait rien à voir, plaida-t-il. S'il te plait...

- Ca n'avait rien à voir ? répéta-t-elle, véhémente. Rien à voir avec l'autre fille ?

- Je n'ai pas dit ça, arrête ! Il n'y a pas d'autre fille !

- Ne mens pas, Julian, je te connais !

La phrase avait été asséné avec une certitude que seules des années d'amitié pouvaient convoquées. Il n'avait jamais été doué pour dissimuler ses émotions, pas complètement. Mettre de la distance avec les autres, oui... Mais ça ? Avec tous ses sentiments qui s'agitaient depuis des mois ? Avec son monde qui ne cessait de se retourner et de voler en éclat ? Il n'avait aucune chance face à la sincérité déchirante d'Hanna.

- Tu fais toujours ça, l'accusa-t-elle soudain alors que des plaques rouges fleurissaient sur son cou. A éviter le conflit en croyant que ça s'arrangera alors que ça fait juste des mois que tout le monde te demande de juste parler ! Charly, Matt, moi ! T'as mis un mur entre toi et nous ! A faire croire que tu contrôles tout, que t'es plus mature que nous !

- Mais qu'est-ce que t'en sais ? craqua-t-il soudain. T'étais même pas là ! Ni en juin quand elle est morte, ni pendant presque tout l'été, et encore moins ici ! Tu n'as pas parlé à Lottie, tu n'as pas vu comment était mon père ! (Agité, il sentit sa respiration se bloquer dans une douleur désormais familière et sa voix dérailla un peu plus quand il reprit). Je... Qu'est-ce que tu voulais que je te dise, Hanna ?

- Je voulais que tu sois sincère ! Que tu me dises si ça n'allait pas, si tu ne m'aimais pas comme il fallait !

« Comme il fallait ». Un impératif qui le hantait et encore plus à cet instant. Il inspira et expira difficilement.

- Et si c'est ça le problème ? murmura-t-il. Si je ne pouvais t'aimer comme j'aurais dû... ?

Blessée, Hanna recula et il vit avec horreur des larmes commencer à se former dans ses yeux bruns si expressifs.

- C'est ça alors ? s'étrangla-t-elle. Il n'y avait rien depuis le début, t'as juste voulu me faire plaisir ? Et quand t'as rencontré une autre fille ici t'as décidé que c'était pratique qu'on ait un océan entre nous ?

- Non, non, Hanna... Ce n'est pas ce que je voulais dire...

- Alors quoi ? Parle, bon sang !

C'était bien le problème. Il n'y arrivait pas. Il se sentait acculé, noyé sous la colère d'Hanna qui explosait tout à coup alors qu'elle devait s'imaginer des centaines d'histoires de trahison et de tromperie dans sa tête à cet instant. Les mots s'étranglèrent au travers de sa gorge et son ventre se contracta. Il repensa à Matthew... Lui aussi lui avait demandé de parler et il avait fini par réussir. Le monde ne s'était pas écroulé. Et même s'il avait toujours affirmé que son amitié avec Hanna était différente de celle avec Matt, elle restait un pilier dans sa vie. Peut-être qu'il pouvait lui faire confiance à elle aussi...

- Il n'y avait pas d'autre fille, répéta-t-il alors avec fermeté, tremblant. Je te le promets... c'était juste plus compliqué que ça.

- Compliqué ?

Elle fronça les sourcils.

- Ca n'a rien de compliqué, soit il y avait une autre fille soit il n'y en avait pas ! affirma-t-elle. Arrête d'éviter ma question. Je t'ai donné toute la patience dont j'étais capable, Ju', mais je crois que je commence à être fatiguée...

A nouveau, les larmes lui montèrent aux yeux et elle pressa ses paumes contre ses paupières pour les contenir. Il prit soudain conscience de la position dans laquelle il l'avait mis : un entre-deux sans réponse, un gouffre d'attente, et elle avait encaissé. Toujours souriante, toujours compréhensive. Mais tout le monde avait ses limites et elle avait le droit de savoir. Il eut l'impression de se tenir au bord d'un précipice alors que les mots jaillissaient enfin de ses lèvres, brûlants :

- Je sais, je suis désolé... murmura-t-il. La vérité, c'est que...

- Que quoi ?

- Ce n'était pas une fille, Hanna. Il n'y a jamais eu de fille.

Il n'était pas capable de plus, mais l'accent qu'il mit sur le mot résonna avec un sens aussi lourd que du plomb. Au début, Hanna lui renvoya un regard déboussolé. Puis, lentement, il vit la réalisation se peindre sur ses traits et elle pâlit, incrédule.

- Tu veux dire que... ?

- Oui, dit-il, étouffant presque.

Elle le contempla un long moment.

- Un garçon ? articula-t-elle.

Il était là aussi, cet accent étrange sur le mot, même si chez Hanna il se doublait d'une voix cassée. Julian pouvait presque l'entendre comme du verre brisé. Comme avec Matthew, il fut d'abord incapable de détourner ses yeux : il voulait voir l'expression d'Hanna, la saisir, la comprendre. Il en était terrifié.

Elle avait l'air de ne pas bien concevoir ce qu'il venait de lui dire, ce qu'elle avait pourtant elle-même exprimée à voix haute. Sa bouche, légèrement entre-ouverte, formait le mot silencieusement et ses sourcils se froncèrent un peu plus. Puis, aussi vite qu'un sort jaillissant d'une baguette, elle posa un nouveau regard sur lui. Il le vit dans sa façon de le regarder de haut en bas, de sûrement analyser des mots et des signes dont il n'avait plus de souvenirs, de mettre un peu plus de distance entre eux.

- Tu te moques de moi ? s'exclama-t-elle soudain.

Il sursauta, pris au dépourvu.

- Je... non...

- Oh Merlin... C'est pas possible ! Non...

Comme si elle venait de retrouver brusquement l'habilité de bouger, elle se prit la tête entre les mains et fit les cent pas devant lui. Il resta cloué sur place.

- Hanna, je peux expliquer...

- Expliquer ? Mais comment on explique ça ? C'est... c'est... (elle buta sur les mots et fit un geste vague, perdue). Il faut un médicomage pour ça, non ?

Il tressaillit. La violence du mot – de la réaction – l'atteignit tel un cognard à pleine vitesse. Hanna ne parut rien remarquer et elle continua, de plus en plus agitée :

- Je ne comprends pas ! Toi et moi... Je croyais... C'était à ce point ?

- A ce point quoi ? lâcha-t-il, perplexe, le cœur battant.

- Tu ne ressentais tellement rien, je ne te plaisais tellement pas que... Avec un garçon ?

Visiblement, elle n'osait pas prononcer l'idée à voix haute. Il secoua la tête avant même qu'elle n'ait terminé de parler, la respiration si bloquée qu'il dût déglutir trois fois et que la tête lui tourna.

- Non, non, ça n'a rien à voir. Hanna, arrête.

- Bien sûr que si ça me concerne ! répliqua-t-elle en criant presque désormais. Comment tu peux me faire ça ?

- Je ne voulais pas...

Mais elle ne l'écoutait plus. A nouveau, elle se détourna et tourna sur elle-même, son poing contre la bouche. Peut-être qu'elle se retenait de hurler. Lui, il se retenait surtout de vomir. Hanna n'avait rien du calme franc de Matthew et il regrettait un peu plus à chaque seconde d'avoir osé parler. Les larmes aux yeux, il tenta de lui attraper le bras pour la faire s'arrêter de bouger, mais elle se dégagea sèchement. Une boucle brune lui barrait la joue, accrochée à la peau par ses propres larmes, et elle le fusilla d'une œillade assassine.

- C'est à cause de ta mère, c'est ça ? lança-t-elle alors comme si elle venait d'avoir une brusque révélation. Ça t'a fait perdre les pédales ?

Il eut un mouvement de recul.

- Quoi ?

- Je savais que tu n'allais pas bien, continua-t-elle, mais je ne pensais pas que c'était à ce point...

- Hanna, coupa-t-il froidement. Ça n'a rien à voir avec ma mère !

Elle n'avait pas le droit de faire ça. Il était peut-être perturbé, mais sa mère n'avait rien à voir là-dedans, elle était au-dessus de toute cette histoire immorale. Pourtant, il eut l'impression de parler dans le vide. Les yeux déjà lointains, Hanna semblait assembler un puzzle dont elle seule avait les pièces.

- Mais si, forcément ! insista-t-elle, pressante. Tout allait bien avant, t'étais normal. Et depuis l'attentat... Tout part en vrille, t'es étrange, et maintenant tu commences à... à... avec des garçons...

Un frisson glacé le parcourut. Merlin, ces mots... : « normal », « étrange ». Il eut envie de sortir de cette chambre d'hôtel en courant et pourtant il se sentit obligé de la corriger.

- Un garçon, nuança-t-il, la voix étonnamment ferme.

- Julian, je t'en prie, ça ne change rien !

Elle le repoussa une fois de plus. Oubliée sur le lit, la valise qu'ils avaient fait ensemble il y a plusieurs minutes semblait désormais appartenir à une autre vie.

- Ne m'approche pas ! se récria-t-elle.

- S'il te plait, calme-toi, on peut juste...

- Non ! Non ! T'as besoin de voir un médicomage, on peut essayer de...

- Hanna !

Il dût faire un pas en avant de trop. D'instinct, Hanna leva la main et il vit le mouvement qu'elle amorça avant même de pouvoir réagir. Toute sa colère se catalysa dans cette gifle, mais l'angle la rendit difficile. Julian sentit à peine le plat de sa main contre sa joue. Au lieu de ça, il ressentit une vive douleur au niveau de sa tempe alors que les ongles d'Hanna l'accrochèrent par mégarde et s'enfonçaient dans sa peau.

Immédiatement, il laissa échapper un sifflement de douleur, puis recula brusquement. Hanna retira sa main comme si elle venait de se brûler.

- Oh Merlin ! s'affola-t-elle.

A travers ses yeux à demi-clos, il distingua son expression horrifiée et son cerveau mit encore quelques secondes interminables à comprendre ce qui venait de se passer.

- Je suis désolée ! Je ne voulais pas... Fais-voir.

D'un geste soudain beaucoup plus doux, elle écarta sa main et il pencha la tête sur le côté, sonné. Il était presque surpris qu'elle ose le toucher.

- Alors ? dit-il d'une voix rauque.

- Tu saignes un peu... c'est juste une égratignure. Je... je suis désolée, excuse-moi...

- C'est rien...

Il n'avait pas la force de lui en vouloir. Il n'était même pas sûr d'en avoir le droit. De toute façon, ils restèrent tous les deux figés, démunis ; et aucun mot ne lui venait pour arranger les choses. Ceux d'Hanna emplissaient en revanche tout son esprit : étrange, médicomages, anormal, trahison... Ils se bousculaient à lui en faire mal, bien plus que l'égratignure de ses ongles.

- Je crois que je devrais y aller, souffla-t-il finalement.

- Julian...

- C'est bon, c'est pas grave je te dis. (Il commença à reculer, soudain désireux de s'éloigner d'elle). C'est moi qui suis désolé. Je n'aurais pas dû...

Il ne savait même pas comment terminer sa phrase. Qu'est-ce qu'il n'aurait pas dû faire ? Lui avouer la vérité ? Embrasser Noah et accepter leur pacte ? Continuer leur relation malgré le déménagement ? Il ne savait même plus. Tout était trop chaotique entre tout le monde et il ne savait plus où il en était, ni ce qu'il ressentait.

- S'il te plait, juste... ne dis rien à personne, la supplia-t-il. Fais-le pour moi... Je sais que je n'ai aucun droit de te demander encore quelque chose, mais...

Elle secoua la tête immédiatement.

- J'ai compris, je ne dirais rien, assura-t-elle, mal à l'aise. Personne ne sait... ?

- Seulement Matthew depuis trois jours...

- Matthew ?

Le nom claqua et elle fut soudain à nouveau animée par la verve qui l'avait enflammée plus tôt. Il tenta de la calmer avant qu'elle ne se remette à crier :

- Je ne voulais pas lui dire, c'est lui qui a compris que quelque chose n'allait pas, se justifia-t-il en passant sous silence le nom de Noah que Matthew avait deviné. Mais merci de ne rien dire...

- Pas besoin que les gens sachent, dit-elle avec fermeté. C'est déjà assez... compliqué comme ça.

A cause de la pause qu'elle venait de marquer, il sut que « compliqué » n'était pas le premier choix qui lui avait traversé l'esprit. Son expression le confirmait. Humiliant aurait peut-être été plus juste et il ne pouvait pas l'en blâmer. Si lui-même se sentait déjà honteux, il imaginait bien qu'elle devait redouter la réaction de leurs camarades à Poudlard si la nouvelle venait à être connue. Il risquait peut-être le plus, mais il pouvait entraîner beaucoup de monde dans sa chute s'il n'était pas prudent. Rien que l'idée fit naître une nouvelle vague de nausée dans son ventre.

- Ouais, t'as raison... marmonna-t-il. Je... je vais y aller maintenant...

D'un geste, il désigna la porte. Hanna ne bougea pas un muscle. Son visage était fermé comme une statue vengeresse, ce qui marquait un contraste saisissant avec son sourire solaire de tout à l'heure. Il ne prit pas la peine d'essayer de combler la distance à nouveau.

Tête baissée, il attrapa ses affaires et se dirigea vers la sortie. Au moment de refermer le battant derrière, il se retourna pourtant une dernière fois.

- Hanna... Vraiment, pour que ça vaut, je ne voulais pas que ça se passe comme ça et... je suis désolé.

- Justement, répliqua-t-elle, acerbe. Ça ne vaut rien.

Et sur ce glas, la porte d'hôtel se referma entre eux tel un mur infranchissable.

************************************************
Verdict ? Chapitre compliqué à écrire, vraiment, mais j'espère avoir réussi à faire passer aussi bien le point de vue de Julian que celui de Hanna vis-à-vis d'une situation complexe et dans un contexte socio-historique particulier... Au-delà de ça, je me suis aussi éclatée à inventée l'hôtel sorcier/détail du monde magique américain haha !
Scandium

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par Scandium »

J'avoue, il ne reste plus que moi c'est triste. J'aimais bien le booknode à l'ancienne où il y avait toujours beaucoup de longs commentaires et d'interactions dans le forum. Je sais pas ou je vais publier ma fanfic du coup ... J'aime pas trop Wattpad. N'empeche, du coup j'ai l'impression que tu postes juste pour moi, je me sens privilégiée !!

Oui c'est vrai, puis j'ai déjà fait des stages, ça devrait passer. En vrai, je pense que je vais essayer de profiter de la vie, sans cours pendant un an avant de rentrer dans le mode du travail . J'aimerai bien voyager !
Ah oui t'as vu, je m'étais cassé la tête à analyser tous les comportements des personnages mdr.

Bon j'avais lu ce chapitre en diagonale sur Wattpad et je te cache pas que ma première impression était que j'avais pas autant accroché que la discussion avec Matt ou la rupture avec Hanna. Je saurai pas dire pourquoi, une question de goût je suppose. Je crois que l'image que j'avais d'Hannah correspondait vraiment pas à sa réaction à base de jalousie, intolérance, grosse colère ... Je sais pas ça m'a moins convaincu que les chapitres d'avant. Mais après, je comprends très bien que tu voulais écrire que sur les 2 personnes qui découvrent son homosexualité, il y en a une qui le prends bien et une autre qui le prend mal, faut pas qu'il prenne la confiance Julius, il est quand même bien en danger.
Allez c'est reparti. En prenant mon temps pour lire, j'espère je vais changer d'avis !

Le t-shirt "I love New York" avec un coeur ?? Ah oui, fut un temps c'était à la mode. Bon, j'allais clasher Matt mais c'est pardonné.
Ptdr la blague du tour de poignet je l'ai fait dans ma tête avant de me rendre compte que Matt la disait juste après. Mon double ^^
La chambre 394, c'est une référence à Rogue avec son "ouvrez vos livre à la page 394" ?
N'empêche les Sorciers c'est vraiment des assistés !! Sérieusement, c'est pas compliqué de plier ses affaires non ?
Ah la la, le rangement de valise, les chaussettes ... Ces petites scènes mignonnes qui sont d'autant plus frustrantes maintenat qu'on sait qu'elle va le traiter comme une merde.

Et voilà !
"Est ce qu'il y a une autre fille ?" Punaise, Julian qui perd une occasion en or de répondre 'Non, il n'y avait pas du tout une autre fille, ça m'a jamais travarsé l'esprit". En plus ça aurait même pas été un mensonge. Alors que là, il s'embourbe tout seul dès le départ.
Punaise, mais Julius est trop honnête pour ce monde ! Frérot ! Tu vas devoir passer ton temps à mentir aux gens sur tes relations pour éviter de te faire tabasser ou enfermer. Tu peux pas juste laisser transparaître sur ton visage tout ce que tu ressens. Vrmt, je sais pas combien de fois je l'ai dit mais Julian = pire menteur de l'histoire. Il se fait choper par Matt, il se fait choper par Hanna à cause de ses réaction lors de la rupture et du ton de ses lettres, bientôt ce sera Théa, Liam, Aileen et Othilia, puis Poudlard entier ! C'est pas possible d'être aussi sincère !!! En vrai, je m'attendais vraiment pas à ce qu'il se fasse griller par Hanna aussi tôt, c'est peut être pour ça que j'étais perplexe. J'avais pas envie d'assister à ça mais je l'ai été beaucoup plus tôt que prévu que dans ma tête.

Tu vois la crise de jalousie d''Hanna ?? Peut être que c'est pour ça aussi que ça m'a moyennement convaincu à la première lecture. Je supporte vraiment pas la jalousie en couple, ça me met hors de moi. Du coup, je pense que si Hanna avait des doutes sur une possible tromperie de Julius, j'aurai préféré qu'elle lui parle en mode hyper froid, digne et qu'elle parte sans se retourner en mode badass plutôt qu'assister à ce numéro de " Depuis combien de temps ? Ah c'est pour ça que tu m'envoyais pas de lettres ! Ah, mais tout s'explique ! Arrête de mentir etc ... ". Mais après je suppose que c'est la réaction normale à avoir quand on apprend ce genre de nouvelle, que ça me plaise ou non. Donc sa réaction est plausible même si je la trouve insupportable.

Ce truc aussi : "C'est ça alors ? s'étrangla-t-elle. Il n'y avait rien depuis le début, t'as juste voulu me faire plaisir ? Et quand t'as rencontré une autre fille ici t'as décidé que c'était pratique qu'on ait un océan entre nous ?"
La phrase d'avant elle lui dit "Ne mens pas, je te connais" et après elle lui sort ça alors que si elle le connait vrmt, elle sait que c'est pas du tout son genre de faire ça non ? Remarque, on peut toujours être archi surpris des gens qu'on croît connaître. Elle pouvait pas imaginer qu'il expérimentait avec un mec par exemple. Mais de le voir se faire accuser comme ça, ça me fait trop de la peine.

Punaise, elle lui dit tout le temps de parler mais à chaque fois elle lui couple la parole beaucoup trop tôt, ça me rend ouf !!

- Ce n'était pas une fille, Hanna. Il n'y a jamais eu de fille.
Il n'était pas capable de plus, mais l'accent qu'il mit sur le mot résonna avec un sens aussi lourd que du plomb. Au début, Hanna lui renvoya un regard déboussolé. Puis, lentement, il vit la réalisation se peindre sur ses traits et elle pâlit, incrédule.
- Tu veux dire que... ?
- Oui, dit-il, étouffant presque.

J'aime bien comment tu as écrit ce coming out. J'avais bien aimé celui avec Matt où il état en mode panique bégaiment, "euh je sais pas ce qui m'arrive mais mais, j'ai merdé, on ... s'est embrassé et ... " ou jsp. La c'était plus controlé, c'était pas la première fois qu'il le disait donc il a pas bégayé ou noyé le tout sous une couche de dégoût/incompréhension/panique incontrolable, on voit qu'il s'est un peu habitué à l'idée. Mais il a pas non plus suffisamment assumer explicitement, il le sous entend fortement à Hanna pour qu'elle comprenne toute seule et qu'il ait pas à le formuler, je trouve que c'etait une super idée d'approche que tu as eu.

Bon le truc du médicomage, ça me surprend pas. Le truc de "c'est à cause de moi, c'est ça", mon dieu je deteste tellment ... Je comprends, mais je desteste quand même ... C'est cliché en plus ... Pff. J'aime pas cette conversation. Je deteste toutes les tournures qu'elle prends. J'aurais pas voulu y assister, mdr.
"avant t'étais normal", ouch ! Et le "c'est à cause de a mère, ça t'as fait perdre les pédales" ! "ne m'approche pas" Tu es très forte pour trouver les formules qui blessent dis donc ! Bravo, je suppose :lol: :lol: :lol:
Ah oui, j'avais oublier qu'elle le giflait. Et bien purée !! Bon, après il vient d'avouer qu'il l'avait trompé, donc je suppose que si on ajoute à ça le paramètre "avec un garçon", ça fait beaucoup à encaisser d'un coup pour Hanna ! Mais quand même !! Franchement Hanna, je te voyais pas comme ça.
Bon au moins ça a mis fin à tout son délire de paroles homophobes, tant mieux pour Julian quelque part.

Mais voila ! Du coup le chapitre était bien fait mais bon, perso de voir Hanna se comporter d'une telle façon alors que je l'imaginais pas aussi violente et émotive, ça m'a un peu plombé quoi. C'est clair que c'est pas évident ce genre de situations dans la vie. Forcément sur le coup tu passe un mauvais moment. Et c'était bien décrit les sentiments de Julius comme ceux d'Hanna, je supose que j'ai juste été surprise qu'elle soit si extrême. Je la voyais comme qqun de très doux, et pas forcément capable de péter un câble pour une histoire de coeur. Mais bon c'est vrai, il y a le contexte historique. L'homosexualité, la tromperie ... On était moins dans un climat de "à la cool". Pk là avec la scène de Hanna j'ai l'impression qu'elle va jamais s'en remettre. C'est triste.

J me demande comment va réagir Noah quand il saura que Julian l'a dit à Matt et Hanna du coup maintenant ! Déjà, j'ai juste hâte que le Nolian se retrouve ! Ils ont des comptes à régler : J'espère que ça arrivera dès le chapitre prochain.
Dernière modification par Scandium le lun. 25 avr., 2022 4:45 pm, modifié 1 fois.
HermioneSerdaigle

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Re: L'héritage d'Ilvermorny [Harry Potter]

Message par HermioneSerdaigle »

Salut ! Bon alors je ne sais pas si tu souviens de moi... je commentais il y a pas mal de temps vite fait sur ce forum (j'ai toujours continué à lire, cela va sans dire). donc me revoilà et je me disais que je devrais peut être commenter un de ces quatre donc je crois que ce moment est arrivé !

Alooooooors ce chapitre était génial ! Je trouve ca tellement pas juste la réaction d'Hanna :( , je sais que c'est du à l'époque, mais ca fait quand même très mal au coeur pour Julian...
Sinon pour les sortilèges on voit bien que c'est Jules qui est le plus avancé ;) ! Mais bon peut être qu'a Ilvermorny il apprennent des choses différentes et qu'ils ont un niveau plus avancé...? meh que des suppositions tout ca

Sinon je trouve que Matthew a très bien accepter le Nolian (il a intérêt! :twisted: ) c'est plutot touchant, en plus Matt est vraiment pas le genre de personne, selon moi, qui va juger le gens facilement et encore moins son meilleur ami !

Scandium, je pense que ce forum marche par périodes... ca va revenir, enfin tu le sais sûrement mieux que moi! Sinon je cherche toujours de nouvelles histoires à lire !

Donc voilà je crois que ca sera tout pour cette fois !
PS : je lis toutes tes autres histoires sur wattpad et elles sont géniales !
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