Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Terminé)

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Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 22)

Message par Chlawee »

Bonjour ! :D Voici le chapitre 22 ! Il est un peu plus léger que les autres, on en avait besoin, je crois. :lol: Enfin surtout les personnages !
Bonne lecture !

Chapitre 22

Le trajet du motel jusqu’au lieu de réunion fut assez mouvementé. Nous y étions allés à deux voitures et j’étais ravie de me retrouver sur le siège passager de l’Impala de Dean. J’adorais cette voiture. À l’arrière, Griffin, Celeste et Anjali s’étaient entassés. Les deux premiers pour parler un peu des stratégies à adopter face aux autres chefs de clans et Anjali, pour, je cite « me soutenir dans cette épreuve et mettre un peu d’ambiance ». Alors, même si mes oreilles traînaient pour comprendre la politique des clans, j’étais ravie qu’elle soit là pour me faire rire en me glissant quelques phrases bien placées, puisqu’elle était derrière mon siège. Au final, puisqu’ils n’aimaient pas vraiment parler politique, cette conversation se conclut rapidement et laissa place aux choix musicaux de la lynx, ce qui fit soupirer les autres. Moi, je dansais presque sur mon siège.

Dans l’autre voiture contenant Nabarun, Sadie, Sage et Swann, il devait y avoir moins d’ambiance, j’en étais sûre.

La voiture entra sur un parking et Dean se gara. Plus loin, je pouvais voir un grand bâtiment se dessiner. Des lumières étaient allumées, à l’intérieur, puisque nous étions déjà en fin d’après-midi. Nous entendions également de la musique s’échapper par les fenêtres, ou par la grande porte qui s’ouvrait à intervalles réguliers pour laisser entrer ou sortir des métamorphes.
Personne ne bougea, ni dans notre voiture, ni dans celle des autres, et un silence s’installa. Personne ne voulait y aller.
Je pris une grande inspiration et me lançai :

— On y va pour leur faire fermer leur gueule et si on voit que ça sert à rien parce qu’ils sont trop limités intellectuellement, on se casse, ok ?
Les autres ne relevèrent pas pendant quelques secondes. Puis Celeste se mit à ricaner.
— Bien dit, approuva-t-elle. Combien de temps est-ce qu’on va rester ? Les paris sont ouverts.
— On y va, on se remplit l’estomac, on se bourre la gueule et on s’en va, proposa Anjali. Ça devrait pas prendre plus de deux heures. J’espère qu’ils font les daïquiris.
Je tournai la tête vers Dean, qui avait l’air renfermé. Je pris sa main dans la mienne, entre nos sièges.
— Ça va aller, le rassurai-je.
— Comme l’a dit Lyn, on part dès qu’on en a envie, ajouta Griffin.
L’Alpha soupira.
— Je m’en fous, d’avoir à les supporter. C’est surtout que je déteste le fait qu’ils veuillent te tester, répondit-il.
Je me redressai avec un air déterminé.
— Qu’ils essayent, rétorquai-je avec un sourire en coin.

Il me fixa, puis ses épaules s’affaissèrent petit à petit, signe qu’il se détendait.

— Si je vois qu’ils sont irrespectueux, on s’en va, insista-t-il. Ou alors je leur arrache les dents. Au choix.
Il ouvrit la portière pour sortir. Nous le suivîmes. Je fis une petite grimace en le regardant par-dessus le toit de la voiture.
— On va plutôt opter pour la première solution, décidai-je.
C’était plus prudent.
— Tu es sûre que tu ne préfères pas quelques petits meurtres ? me lança Celeste, amusée.
Je fis semblant de réfléchir.
— Tu as raison. Et le sang ne se verrait pas sur ma robe, commentai-je.

Les filles m’avaient aidé à choisir une tenue, m’assurant que ces réunions tenaient plus d’une soirée que d’un événement sérieux et que certains se préparaient autant que pour un défilé. Elles m’avaient déniché une robe rouge qui m’arrivait aux genoux, chic, mais simple, ce qui avait été un soulagement, pour moi. En revanche, j’étais affublée d’une paire de talons, même s’ils étaient étonnamment confortables. Pour leur défense, je n’avais pas vraiment protesté, je devais avouer que j’aimais bien le résultat.
Et Celeste et Anjali avaient retourné toute la boutique pour trouver cette robe à ma taille, refusant d’abandonner. Je n’allais pas dire « non ».

Et surtout, la tête que Dean avait fait en me voyant me donnait l’impression qu’il allait me dévorer.
Un peu comme tous les jours, au final, mais là, encore plus.

Nous rejoignîmes les autres, avant de nous diriger vers le bâtiment. Lorsque nous entrâmes, la musique heurta mes tympans de plein fouet et une multitude de parfums parvinrent à mes narines. Les odeurs des animaux présents en chaque métamorphe, ainsi que leur eau de toilette, les effluves de nourriture et d’alcool.

La salle était immense. La salle était immense. Les tables exposant la nourriture étaient collées au mur afin de laisser de la place pour danser ; il y avait des canapés et des fauteuils disséminés dans les coins. Des métamorphes étaient rassemblés en petits groupes, pour discuter.
Nous nous immobilisâmes à l’entrée, nul d’entre nous n’osant avancer, alors que de nombreuses têtes se tournaient vers nous.

— C’est parti…, souffla Sadie.

Dean fit finalement un pas en avant, en tant qu’Alpha. Immédiatement, je sentis des yeux me scruter avec méfiance ou curiosité. Je savais que mon histoire avait fait le tour, mais certaines ne semblaient pas être au courant de qui j’étais. Tant mieux, en un sens.
Et certains regards étaient compatissants. J’étais soulagée de voir qu’ils ne semblaient pas tous dégoûtés. J’avais l’impression d’être une bête de foire.

En revanche, ce ne fut pas cela qui m’agaça réellement, mais plutôt de constater que Dean était mal vu. Ainsi que les autres. Là aussi, je me doutais de la raison : le clan était mixte, et notre Alpha avait été enlevé par des chasseurs, deux mois auparavant.
Le regard envieux de certaines femmes, ou de quelques hommes, sur Dean, contribua à faire monter la colère. Au moins, eux, ne le regardaient pas comme s’il était un genre de monstre, mais je n’étais pas ravie non plus de la jalousie que je pouvais percevoir.
Je commençais déjà à m’en vouloir d’avoir voulu venir. Mais je devais prendre sur moi. J’affichai un air confiant, comme si je n’en avais rien à faire de leurs œillades.

Certains métamorphes vinrent tout de même saluer Dean, bien qu’avec réticence, mais firent comme si nous n’existions pas, venant simplement se présenter à l’Alpha.
Eh ben…

— Dean !

Nous tournâmes la tête de concert et vîmes arriver vers nous un homme assez petit, aux courts cheveux roux et des yeux d’un vert très clair. Des taches de rousseur venaient réhausser le tout. Il arborait un sourire joyeux.

— Salut Tony, lui répondit Dean sur un ton amical. Je ne savais pas que tu viendrais.
— Je l’ignorais également jusqu’à hier soir. (Il inclina la tête sur le côté.) Je ne m’attendais pas à te voir ici.

Il engloba tout notre clan d’un regard, puis son sourire s’élargit. En me voyant, il me fit un clin d’œil. Je soupirai, mais en fus amusée.

— Et vous êtes presque au complet, en plus ! ajouta le renard.
— Nous ne pouvions pas manquer la fête, ironisa Celeste.
— Mon serpent préféré ! s’enthousiasma Tony. Comment vas-tu ? J’aurai enfin une chance de voir tes crocs, ce soir, ma belle ?

Je fronçai les sourcils. C’était une technique de drague, ça ?
Celeste ricana, puis passa devant lui mais s’arrêta pour mettre une main sur son épaule.

— Si jamais tu les aperçois un jour, cela voudra malheureusement dire que j’ai l’intention de te tuer. (Elle le lâcha et lui rendit son air malicieux.) Je vais me chercher un verre.
Elle s’éloigna et Tony se tourna pour la regarder partir.
— J’ai hâte ! lança-t-il assez fort pour couvrir le bruit de la musique.
— Où est ton chef ? demanda Griffin.
Tony haussa une épaule.
— Quelque part au fond de la salle, à parler avec les autres grands chefs, répondit-il d’un air théâtral.

Je décelai la pointe de sarcasme dans sa réponse.
Il avisa une personne s’avançant vers nous.

— Ah, une chef ne se trouve pas avec eux, commenta-t-il.

Je portai mon attention sur la nouvelle venue. Ma mâchoire manqua de se décrocher. Elle était sublime. Elle devait avoir un peu plus de la trentaine, et malgré son jeune âge, une grande sagesse émanait d’elle et se reflétait dans ses yeux. Sa démarche était gracieuse et elle avait un doux sourire peint sur les lèvres. Ses longs cheveux d’un châtain foncé retombaient en cascade sur ses épaules et ses yeux jaunes étaient perçants. D’après mon odorat, il s’agissait également d’un oiseau. Elle portait une longue robe émeraude qui la rendait encore plus saisissante.

— Bonsoir ! lança-t-elle. Je suis ravie que vous soyez là.

Je sentis qu’elle était sincère. Sa voix était aussi douce qu’une plume.
Elle tendit la main à Dean et il la lui serra.

— Harmony, la salua-t-il.

Alors c’était elle, la cheffe du clan d’Ashyrel ? J’étais tout de suite plus rassurée : nul doute qu’il était entre de bonnes mains.
Et en pensant à lui, je le vis arriver, derrière elle. Il me sourit et je le lui rendis. Puis son regard passa sur Anjali, qui le salua d’un signe de tête. Elle détourna rapidement les yeux, ce que je trouvai suspect. Je vis les commissures de ses lèvres frémir et ses joues se colorer légèrement.
Mmh, mmh…

Harmony tendit la main à tout le monde, ne réservant pas ce geste uniquement à notre Alpha, comme j’avais pu voir d’autres le faire. Lorsque ce fut mon tour, je serrai sa main avec plaisir, en souriant. Elle me mettait à l’aise et m’était sympathique.
Elle me dévisagea avec une sorte de fascination et de compassion.

— Tu dois être Lyn, me dit-elle.
— C’est exact, opinai-je. Enchantée de te rencontrer.
— De même, c’est un véritable plaisir. J’ai beaucoup entendu parler de toi et j’avais hâte de te voir en personne.

Même si ses paroles auraient pu me crisper, une telle franchise et une telle sérénité émanaient d’elle que je ne pus lui en vouloir une seule seconde d’avoir abordé le sujet. C’était comme si j’avais affaire à une enfant disant ce qui lui passait par la tête, sans filtre, innocemment.

Elle tenait toujours ma main. Cela pouvait paraître étrange, mais je me disais qu’elle était simplement trop absorbée par notre échange pour s’en rendre compte. En revanche, je ne savais pas pourquoi elle était à ce point envoûtée par moi.

— Eh bien, me voici, répondis-je, un peu nerveuse.
Elle me fixa pendant un instant et le silence revint. Puis elle lâcha ma main sans se départir de son sourire.
— Ashyrel ne tarit pas d’éloges à ton sujet, lança-t-elle en jetant un œil à son second.
L’intéressé chassa ses paroles d’un geste de la main.
— Cela ne me ressemble pas, se défendit-il. Et je ne vois pas ce que je pourrais dire de bien à propos de Lyn.

Je lui tirai la langue et il eut un rictus en coin. Je m’en voulais de moins en moins à l’idée de lui avoir jeté de la terre dans la figure, lorsque nous étions enfants.
Elle lui administra une tape sur le bras.

— Ne la taquine pas ainsi, le rabroua-t-elle gentiment.
— Si tu savais ce qu’elle peut dire sur moi, renchérit-il.
Je pris un air angélique.
— Je ne suis pas du tout comme ça, mentis-je.
— À d’autres.

Je retins un sourire amusé.
Harmony finit par tourner la tête vers Dean.

— Joins-toi à nous pour discuter, si tu en as envie, l’invita-t-elle. Tous les chefs sont réunis dans le fond de la salle. Tu es le bienvenu. Même si je me doute que ça ne t’enchante pas, tu es venu pour ça, non ?
Je pinçai les lèvres. Je savais qu’il n’en avait pas la moindre envie. Et elle pût le constater aussi à son hésitation.
— Bien sûr, finit-il par répondre entre ses dents, d’un ton pas du tout convaincu. J’arrive dans un instant.
Harmony hocha la tête, puis regarda Griffin.
— Tu peux également te joindre à nous, ajouta-t-elle avec un sourire lui mangeant presque tout le visage.
L’intéressé hocha la tête.
— Quant à vous, poursuivit-elle en nous regardant à tour de rôle, je serais absolument ravie de discuter avec vous, mais notre conversation interminable ne vous intéressera pas. Du moins, c’est ce que disent les autres. Vous faîtes partie du clan, vous ne devriez pas être tenus à l’écart.

Elle soupira.
Elle n’avait pas tort sur un point : je m’en passerais bien, de cette discussion. Et en même temps, il était vrai que c’était plutôt injuste envers ceux qui auraient voulu participer. J’aurais pu être présente pour soutenir Dean, également.
Anjali mit ses mains sur mes épaules.

— Ne t’en fais pas, Harmony, on va bien s’occuper, en attendant, répondit-elle.

Oh, oh. En me souvenant de son anecdote qu’elle m’avait raconté dans la chambre froide, à propos d’elle, ivre, dans un bar, je redoutais le pire.

— Génial ! conclut Harmony. Je vous laisse, alors. À plus tard !
Elle se retourna mais me lança un dernier coup d’œil avant de s’éloigner. Son absence généra un grand silence entre nous.
— Qu’est-elle ? demandai-je. Je ne suis pas arrivée à deviner.
— Un aigle royal, m’apprit Ash.
— Waouh…, soufflai-je, émerveillée.
— Je crois que tu lui as tapé dans l’œil, enchaîna-t-il.
Sur le coup, je crus avoir mal compris. Je fronçai les sourcils.
— Hein ?
— Elle avait l’air totalement charmée, reprit Sage.
— Carrément, approuva Tony.
— N’importe quoi, protestai-je.
Je jetai un œil à Dean. Il serrait les mâchoires, agacé.
— Ne me dis pas que tu les croies ? lui lançai-je, abasourdie.
Il soupira.
— Je l’ai remarqué aussi, en fait, avoua-t-il.

Alors là…
Tony gloussa.

— Tu devrais faire attention, mon pote, adressa-t-il à Dean. Il ne faudrait pas qu’elle te la vole.

Mon compagnon lui mit une tape derrière la tête.
Mon expression fit rire Ashyrel. Anjali, elle, me chuchota à l’oreille :

— Tu fais craquer tout le monde, plaisanta-t-elle.
Je grognai quelque chose d’inintelligible, ce qui augmenta leur amusement. Je m’approchai de Dean.
— On s’en fout, non ? souris-je.
Il finit par se détendre et il m’embrassa brièvement.
— Tu as raison.
— Et puis, tu as ton fan club, toi aussi, fis-je remarquer.
Je désignai du menton un groupe de femmes qui pensaient l’observer avec discrétion.
— Je les avais oublié, celles-là, grommela-t-il.
Sa réponse me fit rire.
— Nous devons aller retrouver les autres, lâcha-t-il sans entrain.
— Ça va aller ? m’enquis-je. Je pourrais venir si jamais…
Il secoua la tête.
— Ne t’en fais pas, me rassura-t-il. Je préfère largement que tu ailles t’amuser.
Ashyrel se tint à mes côtés. Anjali me prenait déjà la main pour me tirer vers le buffet.
— T’inquiète pas, Dean, on va prendre bien soin d’elle ! répliqua le corbeau.
Dean roula des yeux, mais pour une fois, je le vis sourire – même faiblement – à mon ami.
— Je vous fais confiance pour ça, fit-il avec sarcasme.
— Si j’étais toi, je ne le ferais pas, ricana Nabarun.

Sur ce, on me guida jusqu’à une table recouverte de nourriture et de boissons. Swann, qui était restée en retrait, ainsi que Sage, déposèrent des plats que nous avions concoctés.

Je ne pensais pas que le singe hurleur nous accompagnerait, puisqu’elle était assez renfermée et semblait bien mieux se porter en restant à l’écart des foules, pourtant, elle était bien là. J’avais été étonnée quand elle avait assuré qu’elle viendrait.
Parfois, nos regards se croisaient, et sa proposition concernant son aide pour mon pouvoir me trottait dans la tête. Entre nous, il y avait une certaine tension, l’attente d’une décision.

Celeste nous retrouva. Elle avait un verre contenant un liquide ambré dans la main.

— Enfin ! Je culpabilisais presque d’ouvrir les festivités toute seule, railla-t-elle avant de boire une longue gorgée.

Mes yeux se perdirent dans l’infinité des mets proposés. Rapidement, je me composai une assiette assez variée. Mon estomac criait famine. Heureusement que la musique le cachait.
La cobra passa un bras autour de mes épaules et lança à la ronde :

— Chers membres du clan Sparks, et autres invités. (Elle jeta un regard à Ashyrel et Tony.) J’ai réservé une table afin que nous puissions nous amuser par divers jeux à boire. Qui m’aime me suive !
Je fus perplexe.
— Parce que tu as réussi à réserver une table au milieu de cette cohue ? Juste pour nous ? Alors que tu n’y es même pas pour la garder ?
Elle prit un air pensif pendant quelques secondes.
— Ok, j’ai peut-être formulé quelques menaces bien placées afin qu’on nous foute la paix et qu’on comprenne que cette table est pour nous.

Je ris. Je n’en attendais pas moins d’elle.
Sadie lui tapa dans la main, suivie par son jumeau, ainsi qu’Anjali et Nabarun. Swann soupira doucement en les suivant, Tony fit un clin d’œil à Celeste, Ashyrel avait l’air absolument ravi à la perspective de boire et moi, je mis également un bras autour des épaules de la cobra, mon assiette dans l’autre main.

~


Je commençais à être complètement ivre.

J’avais perdu – mais de peu, je tiens à le préciser – contre Ashyrel au bière-pong, et mon équipe composée d’Anjali, Sadie et Tony avait échoué face à celle de mon meilleur ami, de Celeste, Nabarun et de Sage. Swann nous regardait, mais ne jouait pas avec nous, se contentant de sourire de temps en temps à nos bêtises.

De plus, les jumeaux n'ayant pas l'âge légal pour boire, nous buvions les verres perdus à leur place, quand c’était leur tour. Et puisque c’était Celeste qui s’était occupée de l’alcool, les boissons étaient chargées. Le monde avait commencé à tourner.

C’était pour cela que nous avions décidé de faire un autre jeu, pendant lequel nous pourrions être assis. Mais il n’était pas beaucoup plus intelligent. Nous nous étions donc lancés dans une partie d’action ou vérité. Sauf qu’ici, la cobra ayant récupéré un bol remplit de piments, lorsque nous ne voulions pas répondre ou exécuter l’action, nous devions en manger. Nous avions dû remplir des papiers et nous tirions au sort notre défi. Et évidemment, il fallait que ce soit le plus gênant possible.

À la partie d’avant, je n’avais pas vraiment compris cela, et Celeste avait fini par déclarer avec mes questions « Quel est ton plus grand rêve ? » ou « Qu’est-ce que tu achèterais avec un million de dollars », que mes défis étaient bannis du jeu. Et comme je n’étais pas la seule, nous avions recommencé depuis le début.
Finalement, cela tournait beaucoup autour du sexe. Pour ne pas dire que autour de ça.

Celle qui était la plus à plaindre, pour le moment, était Anjali : puisque son frère était présent, il y avait beaucoup de questions auxquelles elle n’osait pas répondre. Et Celeste le faisait exprès pour qu’elle perde. La dernière en date était « Avec combien de personnes as-tu couché ? ». Elle avait encore les yeux rougis à cause du piment. Mais, l’alcool aidant et sa tolérance au piquant diminuant, elle finit par déclarer qu’elle n’en avait plus rien à faire et qu’elle ne mangerait plus ces trucs.

Nabarun était dans la même situation, mais heureusement pour lui, les questions avaient été moins gênantes, et il s’en était bien sorti avec les actions. Jusqu’à ce qu’Ashyrel pioche un papier pour lui et lise :

— As-tu déjà couché avec plusieurs personnes à la fois ?
Nabarun ne réfléchit même pas et mordit dans un piment, ce qui revenait à un aveu. Les yeux d’Anjali s’écarquillèrent.
— Ah bon ? s’étonna-t-elle.
— Je n’ai pas répondu ! contra son frère, qui grimaçait en mâchant.
— C’est tout comme, rétorqua-t-elle. Tu aurais pu t’épargner le piment, on a tous comprit.
— Swann, t’es sûre que tu veux pas jouer ? demanda Sage.
L’intéressée secoua la tête avec un petit sourire.
— Ok, alors c’est à moi, poursuivit-il.
Il attrapa un papier plié en deux.
— Question pour Sadie. Alors…
Il nous jeta un regard blasé.
— Franchement, elles sont débiles vos questions, grommela-t-il.
— Hé ho, intervint Celeste. Ça te fait bien rire quand ça ne concerne pas ta sœur ou toi.
— C’est écrit quoi ? s’impatienta Sadie.
Tony lui prit le papier des mains et le lut :
— « Quelle est ta position préférée » ?
Je crus que Sage allait s’arracher les cheveux en voyant sa sœur réfléchir. J’éclatai de rire. Finalement, elle prit plutôt un piment.
— Vous êtes pénibles, à jamais répondre, tous ! s’agaça Celeste, qui, elle, n’hésitait pas une seconde à jouer le jeu, à chaque fois.
Sage eut l’air soulagé de ne pas savoir.
— Le prochain est pour Anjali, déclarai-je. (Je pris un papier dans la coupelle et le dépliai. Je manquai de m’étrangler.) Embrasse ton voisin de droite.

Nous les regardâmes tous, son voisin de droite et elle. Il s’agissait d’Ashyrel. Elle me lança un regard accusateur et je tentai de lui faire comprendre par le mien que je n’y étais pour rien. Sachant que je lui avais parlé du corbeau en la soupçonnant d’être attirée par lui, elle devait penser que je le faisais exprès.
L’intéressé haussa un sourcil et tourna son visage vers elle. Il lui fit un sourire en coin.

— Ne te force pas, bien sûr, dit-il.
Elle finit par hausser les épaules.
— Ce n’est qu’un jeu, répondit-elle.

Elle se pencha vers lui et plaqua ses lèvres sur les siennes. En voyant cela, Celeste émit un cri de victoire avant de vider son verre. Elle aussi, elle était bien éméchée.

Cela dura plus longtemps que nécessaire, au point que Nabarun finit par détourner le regard, que Swann cacha mal un sourire et que des ricanements s’élevèrent autour de la table. Nos deux amis semblaient avoir oublié que nous étions là. Je pris une chips afin de me concentrer sur autre chose. Mais cela ne suffit pas.
Je finis par me racler la gorge, sur le point d’exploser de rire.

— On continue ? m’enquis-je.
Ils se séparèrent enfin, revenant à la réalité.
— Pour Lyn, maintenant ! fit Anjali, les joues encore un peu rouges.

Elle se chargea d’attraper un papier, alors que ce n’était pas son tour, pour se donner une contenance. De son côté, Ashyrel agissait comme s’il ne s’était rien passé, mais je plissai les yeux dans sa direction. Il me renvoya un air interrogateur. Mes iris semblèrent dire : « Te fous pas de moi. » Il abandonna notre duel de regards.

— Fais-nous une démonstration de danse du ventre, lut Anjali.
Je me tournai vers elle, les yeux ronds.
— Je ne sais pas faire ça, paniquai-je.
— Tu veux dire que tu manges un piment ? me défia-t-elle, sournoise.

Je grimaçai. Je n’avais pas envie de goûter ça.
Bon.
Je me levai de ma chaise et le monde tangua pendant quelques secondes.

— Sur la table ! s’exclama Celeste.
— J’ai déjà du mal à tenir debout, protestai-je, le ton plaintif.
— C’est deux piments, sinon.
— Tu déconnes ?
— Non. Je modifie exceptionnellement les règles parce que je veux vraiment voir ça.

Je pinçai les lèvres, essayant de réfléchir à une solution. Mais mon esprit pataugeait dans la semoule. Je pouvais peut-être m’enfuir en courant ? Si je n’avais pas peur de tomber à peine un mètre plus loin en me prenant une chaise.
Puis, finalement, mon esprit de compétition se réveilla et je finis par hocher la tête.

— Ok. Aidez-moi à grimper, fis-je.

Des acclamations encourageantes retentirent en réponse. Pour me donner du courage, je vidai mon verre d’un trait. Sur le moment, je pensais vraiment que c’était une bonne idée.

Ils espacèrent les objets sur la table pour me laisser de la place, puis Nabarun et Ashyrel tinrent mes mains afin que j’aie un appui en montant. Arrivée à ma destination, je détachai mes chaussures et les jetai quelque part. Pas loin, en tout cas. Du moins, je l’espérais.

Je levai les bras pour que leurs cris soient plus forts, comme si je ne pouvais pas le faire s’ils n’étaient pas assez enthousiastes. J’étais finalement prise dans l’euphorie du moment. J’en oubliai même que je pouvais tomber de la table à chaque instant.
Une fois stabilisée, je me mis à onduler des hanches et à me trémousser d’une manière très approximative, sous les applaudissements de mes camarades. J’avais à peine conscience que nous venions d’attirer l’attention d’une partie de la salle. Je m’amusais comme une folle, et cela ne m’était encore jamais arrivé.

Je me mis à rire, même si je devais me ridiculiser. J’étais galvanisée par l’enthousiasme qui régnait. Finalement, cette réunion n’était pas si horrible. Du moins, pas pour nous, en tout cas.

Mon pied glissa sur une flaque d’alcool, et je tombai à la renverse dans un cri de panique. Je faisais moins la fière, d’un coup.
Je sentis des bras me réceptionner. Je mis quelques secondes à réaliser que ma tête n’avait pas rencontré le sol et ne le ferait pas. Devant moi, je voyais les autres, levés, prêts à m’aider, mais qui s’étaient arrêtés dans leur élan, en voyant que je n’avais plus besoin d’aide. Ils étaient encore surpris et l’inquiétude avait à peine eu le temps de gagner leur visage. Celeste brisa le silence en se mettant à rire. Elle souleva ensuite son verre bien haut en clamant :

— À notre danseuse !

Consternée, je vis mes amis brandir leurs boissons à leur tour et les vider d’un trait.
Je levai les yeux et vis le visage de Dean au-dessus du mien. Il avait l’air à la fois exaspéré et amusé.

— Oups ? fis-je en retenant un fou rire.
Il laissa échapper un soupir puis secoua la tête, en m’aidant à me remettre sur mes pieds.
— Tu sais que le coup du chevalier servant qui vient secourir la princesse, c’est hyper cliché ? souris-je.
— La prochaine fois je te laisse tomber, alors, répliqua-t-il.
Je lui assénai une tape sur le bras.
— Je t’ai vu monter sur la table et te mettre à danser alors que tu es visiblement… (Il me jaugea du regard.) … saoule. Je craignais pour ta survie, plaisanta-t-il.
Je mis la main sur mon cœur, en un geste théâtral.
— C’est très prévenant de ta part, répondis-je.
Je fis une moue boudeuse.
— Je ne suis pas si bourrée que ça…
Il haussa un sourcil. Je tentai de soutenir son regard, mais j’abandonnai très vite la lutte.
— Ok, t’as gagné. Je le suis. (Je reniflai.) Je n’ai pas battu Ash.
— C’est-à-dire ?
— Il a refusé de perdre au bière-pong.
— J’ai refusé de perdre ? me lança l’intéressé. C’est plutôt que l’idée de marquer ne serait-ce qu’un point ne t’a pas effleurée.
— Mais je ne lui ai laissé que très peu d’avance, fis-je plus fort en m’adressant à Dean, en essayant de couvrir les paroles du corbeau.
— On te croit tous, Lyn, rétorqua mon ami.

J’adressai un doigt d’honneur à Ashyrel, qui se mit à rire.
Je me rassis à ma place et Dean tira une chaise pour se joindre à nous. Anjali m’adressa une moue approbatrice.

— Très bon déhanché, me complimenta-t-elle.

Je n’étais pas sûre que ce soit véridique. Elle était aussi ivre que moi. Voire plus. Néanmoins, je lui renvoyai un sourire ému. C’était plus fort que moi.

— À quoi vous jouez ? s’enquit Dean en avisant les papiers et le bol rempli de piments.
— Tu vas voir, répondit Nabarun. Question pour Celeste : quel est le rôle le plus bizarre que tu aies pu jouer pendant l’acte ?

Nous relevâmes tous la tête en entendant cette interrogation. Je ne savais pas si j’avais envie de savoir ou non. Surtout qu’elle allait forcément répondre.

— Il était branché Pokémon. J’ai accepté de me déguiser en Pikachu.
Je faillis m’étrangler avec ma gorgée de pina colada. Je masquai une quinte de toux derrière ma main. Tony éclata de rire.
— Le contexte était qu’il venait juste de m’attraper dans sa Poké Ball. Sauf que là, la boule c’était plutôt…
— On ne veut pas en savoir plus, la coupa Swann, plus loin.
— Ça devait être marrant, observa Sadie.
— Je pourrais me glisser dans le rôle que tu veux, pour toi, lança Tony pour taquiner Celeste.
Elle lui souffla un baiser en réponse.
— D’accord je vois en quoi consiste ce jeu, lâcha Dean.
— Ashyrel, reprit Sadie. Pourrais-tu coucher avec quelqu’un présent à cette table ?
Je retins mon souffle. Si mes théories s’avéraient vraies, alors il devrait répondre positivement.
— Oui, répondit-il en haussant une épaule, l’air détaché.

Je le savais. Et je savais aussi de qui il parlait. Cette personne, d’ailleurs, masqua légèrement son visage grâce à ses cheveux, afin qu’on ne la voit pas rougir.

— Qui ? l’interrogea Celeste, qui paraissait intéressée par ce qui se disait.
— Ah, on ne m’a pas dit que je devais dire qui, juste oui ou non, la corrigea-t-il en levant les mains.
— Ok alors à mon tour et j’ai une question pour toi, rétorqua-t-elle. Qui ?
— Tu n’as pas pioché de papier ! protesta-t-il.
Elle garda les yeux fixés sur lui et saisit un défi au hasard. Elle ne fit même pas semblant de le lire, puis le reposa.
— Qui ? insista-t-elle.
— Arrête de changer les règles ! grommelai-je. Tu l’as déjà fait avec moi.
— De toute façon je ne répondrai pas, conclut le corbeau avec un sourire en coin.

Anjali parût soulagée. Tiens, tiens.
Celeste s’avoua vaincue et se laissa retomber sur sa chaise, avec un air frustré.

— C’est au tour de Lyn de répondre, d’ailleurs, argua Ashyrel. Celeste, passe-moi le papier dont tu t’es servie pour mentir.

Elle le lui donna en boudant toujours. Les yeux d’Ash parcoururent les mots puis il éclata de rire. Cela ne me disait rien qui vaille. Je me raidis, m’attendant au pire.

— Lyn, je doute que tu répondes à ça. (Il regarda Dean.) Et si tu le fais, ça va être marrant.
Mon compagnon fronça les sourcils.
— Quels sont les fantasmes que tu aimerais le plus réaliser ? asséna-t-il.

Il y eut un grand silence autour de la table, puisqu’ils attendaient tous ma réponse. Pour ma part, je restai bouche-bée. Surtout que j’avais bien conscience que Dean aussi, me regardait. Néanmoins, je ne savais pas s’il avait vraiment envie que je le dise devant tout le monde ou s’il voulait savoir aussi.
Enfin, j’étais certaine qui voudrait le savoir, mais sûrement pas dans ces conditions.

Mes joues se teintèrent de rouge alors que des tas d’images traversaient mon esprit, nous impliquant, Dean et moi, dans diverses situations hautement érotiques.

— Alors ? me taquina Celeste. Tu ne dis rien ?

Ashyrel croisa les bras avec un sourire en coin. De son côté, Tony commençait déjà à pousser le bol de piments dans ma direction. Il avait compris.

— Tu sais ce qu’il faut faire, si tu ne réponds pas, me dit-il.

J’en pris un et le mis dans ma bouche sans hésiter une seconde de plus. Je le mâchai rapidement et l’avalai, mais cela ne servit à rien, puisque la brûlure se fit tout de même ressentir avec une intensité que je n’aurais pas imaginé pour un si petit aliment.
J’eus les larmes aux yeux et commençai à tousser. Je mis ma tête dans mes mains et posai les coudes sur la table, le temps que ça passe.

— Il est débile ce jeu, m’étranglai-je, de mauvaise foi.
Dean frotta mon dos et j’entendis les autres rire.
— La roue tourne ! se réjouit Anjali dans mon malheur.
— Ça va Lyn ? ricana Sage.
— Oui, mentis-je. Je réfléchis, c’est tout.

J’essayais de justifier ma position mais pas besoin d’être un génie pour deviner que je voulais seulement cacher mon visage écarlate.
Il me fallait du lait. Ou du pain. Et très vite. Puisque je n’avais rien de tout cela sous la main, je piochai dans les chips. C’était ça, ou rien.

Les autres poursuivirent le jeu et je finis par relever la tête lorsque je me sentis mieux. Je croisai le regard de Dean, qui pétillait. Avec malice, il se pencha vers moi et me chuchota à l’oreille :

— J’aimerais bien connaître la réponse, moi.
Cette fois, ce ne fut pas à cause du piment que je rougis. Je finis par sourire malgré ma gêne et soufflai :
— Si t’es sage.

---


Chapitre 21
Chapitre 23
Dernière modification par Chlawee le sam. 21 août, 2021 10:54 am, modifié 1 fois.
Pendergast

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 22)

Message par Pendergast »

Hello ! Moi aussi je veux la réponse ! :mrgreen: Un chapitre génial, léger comme une bulle de Champagne.
Juste un détail, tu as voulu dire quoi là ? "De grands banquets étaient collés au mur afin de laisser de la place pour danser". Bon week-end
Yaya2408

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 22)

Message par Yaya2408 »

Oooooh pas mal ce chapitre
J'adore tjr autant les personnages
Bravo bisous
lacrystal

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 22)

Message par lacrystal »

Chloe38200 a écrit : sam. 14 août, 2021 10:56 am Bonjour ! :D Voici le chapitre 22 ! Il est un peu plus léger que les autres, on en avait besoin, je crois. :lol: Enfin surtout les personnages !
En effet :lol: :lol: Te connaissant, ça va pas durer D:

Alors, même si mes oreilles traînaient pour comprendre la politique des clans, j’étais ravie qu’elle soit là pour me faire rire en me glissant quelques phrases bien placées, puisqu’elle était derrière mon siège.
On dirait moi, je le fais tout le temps :lol: :lol: :lol:

— On y va pour leur faire fermer leur gueule et si on voit que ça sert à rien parce qu’ils sont trop limités intellectuellement, on se casse, ok ?
Elle m'a tuée :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:

— Si je vois qu’ils sont irrespectueux, on s’en va, insista-t-il. Ou alors je leur arrache les dents. Au choix.
AH, il est radical Dean :lol:

J'adore la rencontre avec Harmony *-* Elle a l'air vraiment impressionnante. Par contre, les autres ils vont se calmer DIRECT, Dean il est avec Lyn, point final, personne ne touche ni à Lyn ni à Dean. Faites gaffe, je vous surveille plisse les yeux


À la partie d’avant, je n’avais pas vraiment compris cela, et Celeste avait fini par déclarer avec mes questions « Quel est ton plus grand rêve ? » ou « Qu’est-ce que tu achèterais avec un million de dollars », que mes défis étaient bannis du jeu.
:lol: :lol: :lol: Je suis d'accord avec Céleste, le bannissement de ses défis était obligatoire

Celle qui était la plus à plaindre, pour le moment, était Anjali : puisque son frère était présent, il y avait beaucoup de questions auxquelles elle n’osait pas répondre. Et Celeste le faisait exprès pour qu’elle perde. La dernière en date était « Avec combien de personnes as-tu couché ? ». Elle avait encore les yeux rougis à cause du piment. Mais, l’alcool aidant et sa tolérance au piquant diminuant, elle finit par déclarer qu’elle n’en avait plus rien à faire et qu’elle ne mangerait plus ces trucs.
La pauvre :lol: :lol: :lol: Devant son frère, vraiment je la plains là

— C’est tout comme, rétorqua-t-elle. Tu aurais pu t’épargner le piment, on a tous comprit.
J'avous :lol: :lol: :lol: :lol:

Nous les regardâmes tous, son voisin de droite et elle. Il s’agissait d’Ashyrel. Elle me lança un regard accusateur et je tentai de lui faire comprendre par le mien que je n’y étais pour rien. Sachant que je lui avais parlé du corbeau en la soupçonnant d’être attirée par lui, elle devait penser que je le faisais exprès.
L’intéressé haussa un sourcil et tourna son visage vers elle. Il lui fit un sourire en coin.
Ooooh :ugeek:
Elle se pencha vers lui et plaqua ses lèvres sur les siennes. En voyant cela, Celeste émit un cri de victoire avant de vider son verre. Elle aussi, elle était bien éméchée.
Mini danse de la joie

En effet, ce chapitre est nettement plus léger :lol: :lol: Franchement GG à Lyn d'avoir réussi à faire la danse du ventre en étant ivre
— Oups ? fis-je en retenant un fou rire.
Il laissa échapper un soupir puis secoua la tête, en m’aidant à me remettre sur mes pieds.
— Tu sais que le coup du chevalier servant qui vient secourir la princesse, c’est hyper cliché ? souris-je.
J'avoue :lol:
— La prochaine fois je te laisse tomber, alors, répliqua-t-il.
:lol: :lol: :lol:

— Il était branché Pokémon. J’ai accepté de me déguiser en Pikachu.
Je faillis m’étrangler avec ma gorgée de pina colada. Je masquai une quinte de toux derrière ma main. Tony éclata de rire.
— Le contexte était qu’il venait juste de m’attraper dans sa Poké Ball. Sauf que là, la boule c’était plutôt…[/quote]

:lol: :lol: :lol: :lol: :lol: J'suis morte :lol:

Ce chapitre m'a achevée, j'étais morte de rire devant mon écran tout le long :lol: :lol: :lol: Sinon mise à part que maintenant ma famille me prend pour une folle qui rit devant son PC toute seule, j'ai adoré ce chapitre *-* Vraiment, je m'attache de plus en plus aux personnages (je ne savais même pas que c'était possible vu comme de base j'étais tellement attachée à eux)
Je les aime trop *-*
Je sens je vais chialer comme un bébé à la fin (oui j'anticipe, je me prépare mentalement :lol: )
En bref, c'était un super chapitre, comme d'habitude, je ne suis jamais déçue avec tes histoires *-*
A bientôt pour la suite ! :D
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 23)

Message par Chlawee »

Hey ! :D Voici le chapitre 23 !
Merci beaucoup pour vos commentaires ! <3
Pour "de grands banquets étaient collés au mur", en fait je voulais dire, "de grandes tables". :lol:
Bonne lecture !

Chapitre 23


J’évitai de justesse de buter contre des personnes, en essayant d’accéder à la grande baie vitrée du fond de la salle, afin d’aller prendre l’air. Dean avait dû retourner auprès des autres chefs et je commençais à me sentir nauséeuse, à cause de l’alcool.
Les choses s’étaient calmées, autour de la table. Nos jeux avaient cessé après que Celeste, Ashyrel, Anjali et moi nous fûmes lancés dans une course de shots. Ce qui, comme le nom l’indiquait, était loin d’être une bonne idée. Je pouvais juste me consoler en me disant que cette fois, j’avais battu mon ami, puisque j’étais allée plus vite que lui pour venir à bout de mes verres.

Puisque nous n’étions pas loin d’atteindre le point de non-retour, nous avions décidé de manger un peu plus et nous discutions. Sinon nous allions finir par rester allongés sur le sol.

Sur le chemin, je croisai Swann, qui devait sortir des toilettes. Je me stoppai et manquai de lui rentrer dedans.

— Tu passes une bonne soirée ? lui demandai-je, puisque je ne savais pas quoi lui dire d’autre.
Elle eut un pâle sourire.
— Ça pourrait être pire, répondit-elle.

Mais je devinai aisément que ça pourrait être mieux aussi.
Je hochai la tête.
— Je ne pensais pas que tu nous accompagnerais, lâchai-je avec franchise avant de pouvoir m’en empêcher.
J’écarquillai les yeux. Son expression ne bougea pas d’un pouce.
— Euh… Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose, hein ! me rattrapai-je. Simplement je ne m’y attendais pas…
Je mis les poings sur mes hanches et soufflai.
— Je vais me taire avant de m’enfoncer, décidai-je.
Pour la première fois depuis que je l’avais rencontré, je vis ses yeux pétiller. Cela me laissa sans voix.
— Ne t’en fais pas, me rassura-t-elle.
Elle regarda tout autour d’elle, observant les fêtards, puis soupira.
— En fait, je voulais voir si je pouvais m’amuser, me confia-t-elle.
Je haussai les sourcils, surprise.
— Je ne suis pas spécialement venue pour vous épauler auprès des autres clans, admit-elle. Vous n’en avez pas besoin et je ne saurais même pas comment m’y prendre. Mais en voyant ta détermination pour venir après tout ce que tu as vécu, même si tu savais qu’il y avait de grandes chances pour que les autres essayent de te marcher dessus, je me suis demandée si je pouvais me montrer aussi forte.
Je la fixai, le souffle coupé. Elle haussa les épaules avec un sourire triste.
— Ce n’est pas vraiment une réussite, poursuivit-elle. Au final, je suis mal à l’aise et je meurs d’envie de partir. Mais j’ai essayé, au moins. Cela ne peut que s’améliorer. Et quand je te vois t’amuser ainsi… Je me dis que, peut-être, j’y parviendrai à nouveau, un jour.

Avant de me rendre compte moi-même de ce que j’allais faire, et qu’elle ne puisse réagir, je la pris dans mes bras. Elle se raidit mais ne bougea pas.

— Tu es forte, la détrompai-je. Bien plus que tu ne le penses. Ce n’est pas parce que tu n’aimes pas cet environnement que ça fait de toi quelqu’un de faible.

Elle ne répondit rien, mais finit par tapoter doucement mon dos. Je souris en pensant que c’était sa limite, en matière de contacts avec les gens, et qu’elle n’était pas à l’aise avec les étreintes, mais qu’elle voulait me montrer quand même qu’elle essayait.
Je la lâchai afin de ne pas la garder dans une situation inconfortable, et reculai d’un pas.

— Tu veux qu’on s’en aille ? demandai-je.
— Non. Je vais continuer à tous vous observer, tenta-t-elle de plaisanter. Et puis j’ai l’impression que ça vous fait du bien.
— Si jamais tu changes d’avis ou si tu as besoin de parler, n’hésite pas, lui dis-je. Que ce soit ce soir, ou de manière générale.

Elle opina puis s’éloigna rapidement, comme si elle avait peur de montrer trop d’émotions.
Je la regardai partir, puis mes yeux s’arrêtèrent sur notre table, plus loin. Anjali et Ashyrel étaient un peu à l’écart, absorbés par leur conversation. Je souris, attendrie. Après tout ce qu’ils avaient vécu, ils méritaient de se sentir heureux. Encore fallait-il qu’ils s’en rendent compte.
Je finis par reprendre ma route en direction de la baie vitrée.

L’air frais de la nuit me saisit et je soupirai d’aise. Cela me permit de me sentir mieux – au moins un peu. Je marchai le long du chemin de gravier, entouré de pelouse, puis remarquai Nabarun, adossé à un mur, plus loin.
Je le rejoignis et il finit par se rendre compte de ma présence. Je lui adressai un signe de la main et finis par l’atteindre.

— Qu’est-ce que tu fais tout seul ? m’enquis-je.
— Je voulais juste être au calme un moment, répondit-il, les mâchoires serrées.
Je plissai les yeux, suspicieuse.
— Il y a autre chose ? demandai-je.
Il soupira. Je me rappelai qu’il était lui aussi à la table, quelques instants auparavant.
— C’est à cause du rapprochement d’Ash et de ta sœur ? devinai-je.
Il se passa une main sur le visage.
— Je sais que c’est injuste, mais je ne peux pas m’empêcher d’être inquiet pour elle. On a tellement eu l’habitude de veiller l’un sur l’autre, que l’idée de laisser quelqu’un être aussi proche d’elle me terrifie. J’ai peur qu’il ne lui arrive quelque chose, à chaque fois. Qu’on lui fasse du mal.

Je hochai la tête. Je pouvais comprendre. Anjali et lui n’avaient pas eu une vie facile, et Nabarun tenait à sa sœur plus que tout au monde.

— Écoute, ce n’est pas comme si tu l’empêchais de vivre comme elle l’entend, tentai-je de le rassurer. Loin de là. Et c’est normal de s’inquiéter. C’est ta sœur et tu veux la protéger. Je ne te trouve pas injuste, puisque tu n’irais pas les séparer.
Il croisa les bras.
— Tu n’en sais rien, rétorqua-t-il.
Je le fixai, jusqu’à ce qu’il s’avoue vaincu.
— D’accord, tu as raison, je ne le ferais pas. Même si ce n’est pas l’envie qui me manque.
Je lui tapotai le bras.
— Tant que tu n’en fais rien, ça devrait aller, répondis-je.
Il eut l’esquisse d’un sourire. Puis il soupira.
— Je suis désolé, lâcha-t-il.
Je fronçai les sourcils, un peu perdue.
— Désolé de quoi ?
— D’avoir sous-entendu que c’était de ta faute, pour la chambre froide. Ça, c’était injuste.
Je pinçai les lèvres.
— Je ne t’en veux pas et tu n’as pas à t’excuser, fis-je doucement. Je ne sais pas comment j’aurais réagi si ça avait été Dean, Ash ou Eden. Et… je m’en voulais aussi de ne pas avoir fait attention. (Je culpabilisais toujours, d’ailleurs.) J’ai détesté voir Anjali dans cet état alors je n’imagine même pas ce que ça a dû être pour toi.
— Sans doute… Mais ce n’est pas de ta faute, d’accord ? J’aurais dû commencer par là.
— C’est peut-être réellement de la mienne, grommelai-je.
— Peut-être que c’est de la tienne, peut-être que c’est celle d’Anjali, ou celle de Griffin qui n’a pas assez bien vérifié le matériel, énuméra-t-il. On ne le saura jamais et ça ne sert à rien de vous le reprocher.

Je soupirai longuement, puis hochai la tête. Même si au fond, je n’étais pas réellement convaincue. J’avais une drôle d’impression, concernant cet accident.

— Et qu’est-ce que tu viens faire dehors, d’ailleurs ? me demanda-t-il en changeant de sujet.
— La salle commençait à tourner, répliquai-je en regardant droit devant moi.
Il rit.
— Je savais que cette course de shots n’était pas une bonne idée, commenta-t-il.
J’eus une moue boudeuse.
— Comment tu fais pour aller aussi bien, toi ? l’interrogeai-je, presque jalouse.
— L’expérience, ma petite. L’expérience, répéta-t-il.
Il m’ébouriffa les cheveux et je fis mine de râler avant de me recoiffer du bout des doigts.
— Je vais retourner à l’intérieur, annonça-t-il. Tu viens ? Je n’ai pas trop envie que tu restes seule.
Je haussai une épaule.
— Qu’est-ce qui pourrait m’arriver ?
— J’ai un peu peur que tu t’évanouisses, là, me taquina-t-il.
Je lui mis un coup de coude dans les côtes.
— Je ne plaisante pas, poursuivit-il. Tu n’as pas l’habitude de boire.
— C’est bien vrai. Mais ne t’en fais pas, ça va aller.
— Mmh… On ne sait jamais.

Je roulai des yeux mais cela me provoqua un léger vertige. Je ne le ferais plus.
Quelqu’un s’approcha de nous. Ashyrel.

— Tu vois ? Tu peux rentrer, je ne serai pas seule, insistai-je auprès de Nabarun.
— D’accord, je préfère ça, accepta-t-il. À tout à l’heure.
Il s’éloigna et salua Ash en le croisant. Ce dernier me fit un sourire en coin et vint se mettre à côté de moi, le dos contre le mur.
— Tu ne te sens pas bien ? m’interrogea-t-il avec malice.
Je lui tirai la langue.
— C’est ça, moque-toi, râlai-je.
— Loin de moi cette idée. Mais sérieusement, tu vas bien ?
Je souris.
— Oui, je voulais juste prendre l’air.

Je le regardai avec attention, cherchant à discerner son état. Il avait l’air d’être bien loin du mien. J’avais l’impression d’être la seule à ne pas bien tenir l’alcool.
Tout à coup, je me fis une réflexion que je ne me serais probablement pas faite en étant sobre.

— Est-ce que tu te teins les cheveux ? m’enquis-je, suspicieuse en avisant ses longues mèches blanches.
Il haussa un sourcil.
— Pardon ?
— C’est ta couleur naturelle ?
Je vis son front se plisser. Il devait se demander pourquoi je l’interrogeais comme ça.
— Oui, confirma-t-il.
— Mais tu es un corbeau. Noir.
Il ricana.
— C’est ça qui te perturbe ? Oui, je sais. Depuis tout petit on me fait chier avec ça.
— Ah, fis-je d’un air contrit. Désolée.
— Toi, tu as le droit. Et je comprends que ce soit un grand mystère.

Je souris, amusée. Néanmoins, je gardais ça en tête. J’allais guetter des signes de racines noires, sur son crâne. Peut-être que j’avais raison de me méfier.
Je ris de moi-même. J’étais ridicule.

— Qu’est-ce qui te prend ?
— Rien, laisse tomber, lui dis-je. (Je relevai la tête.) Pourquoi tu n’es pas resté avec Anjali ?
— Ça faisait un moment que je ne te voyais plus, j’avais peur que tu te sois attirée des ennuis.
Je levai les bras au ciel.
— Pourquoi est-ce que tout le monde pense ça ? m’offensai-je.
— Tu as failli tomber de la table, je te rappelle.
— Ce n’était pas la même chose.
— Si tu le dis, se moqua-t-il.
Je croisai les bras et secouai la tête. Le silence tomba entre nous. J’inspirai profondément. L’air frais me faisait vraiment du bien.
— Tu devrais lui proposer de danser, finis-je par lâcher.
— À qui ?
— Ne fais pas comme si tu ne savais pas. Anjali, précisai-je.
— Je ne vois pas pourquoi…
— Je ne suis pas aveugle. (Je mis mon poing sur ma hanche et de l’autre main, je pointai un doigt accusateur vers lui.) Elle te plaît. Et puis ce n’est qu’une danse. Je suis sûre que tu en meurs d’envie.
— J’ai peur qu’elle vomisse sur mes chaussures si on tourne trop.
J’éclatai de rire. Je ne m’étais pas attendue à ça.
— Arrête de faire l’idiot.
Il soupira.
— Ok, ok. Mais si ça tourne mal, je t’en tiendrai pour responsable.
— Je te payerai de nouvelles chaussures, le rassurai-je.

Néanmoins, tout comme Nabarun, il ne voulût pas me laisser seule. Je décidai donc de rentrer également. Je pourrais toujours ressortir plus tard.

Je suivis mon ami jusqu’à notre table et il invita Anjali à danser. Celle-ci me jeta un regard interrogateur et je haussai une épaule. Après avoir hésité, elle accepta et se leva. Je les vis s’éloigner puis reportai mon attention sur un bol de cacahuètes. Les autres membres du clan avaient disparu quelque part dans la salle. Mais je n’avais pas la force de les chercher.

— Bonsoir, s’éleva une voix.

Je levai la tête. Un homme qui devait approcher la trentaine, venait de s’assoir à côté de moi. Il avait de courts cheveux blonds et un regard gris perçant. Je ne l’avais encore jamais vu. Il fallait dire qu’il y avait tellement de monde, à cette fête. Enfin, à cette réunion.

— Bonsoir, répondis-je, un peu méfiante.
Je reniflai discrètement. Un loup.
— Qu’est-ce que tu fais toute seule ? me demanda-t-il.

Qu’est-ce que ça peut te faire ?
Je me forçai à me calmer. Cela ne servirait à rien d’être agressive. Il ne m’avait rien fait.

— Les autres ont quitté le navire, répondis-je. Je n’ai pas assez d’énergie pour les suivre.
— Je crois que c’est parce que tu as tout donné pour ta démonstration de danse, fit-il avec un sourire amusé.
Je pouffai, malgré moi.
— J’espère que vous n’êtes pas nombreux à avoir assisté à ça…
— Tu veux la vérité ?
— Non, grommelai-je.
Il se mit à rire. Je devais avouer que c’était contagieux.
— C’était ridicule, repris-je.
— Mais drôle.
— Ce n’est pas pour me rassurer.
J’inclinai la tête sur le côté.
— Tu es venu pour me parler de ce défi stupide ?
— Non. En fait je voulais savoir si tu voudrais danser avec moi, répondit-il.
Je haussai les sourcils, surprise.
— Sans que tu ne tombes d’un meuble, cette fois, enchaîna-t-il, taquin.
Je mis mon coude sur la table et maintins ma tête d’une main.
— Pourquoi ? demandai-je. On ne se connaît même pas.
— Justement, j’aurais voulu apprendre à te connaître.
Oh, oh. On s’engageait en terrain miné.
— Hum… Écoute, j’ai déjà quelqu’un, lui appris-je.
— Je vois. Excuse-moi, alors.
Donc il ne savait pas qui j’étais ? J’avais l’impression que c’était rare, ici.
— Permets-moi de me rattraper, si tu le veux bien, sourit-il. Une danse, sans aucune ambiguïté ?

Je fronçai les sourcils, avec un sourire un peu exaspéré. Il était sympathique et je voyais bien qu’il essayait surtout de se sortir de sa maladresse, mais c’était un peu insistant.

— Je ne pense pas que ça soit une bonne idée, fis-je. Je serais bien incapable de tenir sur mes pieds.
Il hocha la tête.
— D’accord, si jamais tu changes d’avis, je ne suis pas très loin. (Il me désigna une table, à quelques mètres de là.) Ou tu peux demander Chris Davidson.

J’opinai. Je savais que je n’irais pas, mais je n’avais pas envie de le vexer.
Il leva les yeux et je suivis son regard, intrigué. Je souris en voyant Dean approcher. Chris, lui, fit le lien lorsque mon compagnon vint m’embrasser sur la joue, après lui avoir lancé un regard méfiant.

— Salut, Chris, lança Dean.

L’intéressé lui sourit, un peu mal à l’aise, et lui adressa un signe de tête. Je notai la compréhension dans les yeux du nouveau venu. Il venait de comprendre qui j’étais, en voyant l’Alpha. Au final, lui aussi avait entendu parler de moi. Il eut l'air embarrassé, gêné. Nul doute que maintenant, il ne voulait plus danser avec moi. Ce que je ne regrettais pas, d’ailleurs. En revanche, ce que je n’aimais pas, c’était que de nombreux métamorphes avaient envie de me tenir à l’écart à cause de ce qui m’était arrivé. N’était-on pas censé aider les personnes traumatisées, plutôt que de les enfoncer ?

Chris prétexta devoir aller parler à quelqu’un, se leva, puis s’éloigna. Dean prit sa place sur la chaise.

— De quel clan fait-il partie ? demandai-je.
— Du clan Jonas. Leur Alpha est le père d’Elizabeth.

Je grimaçai sans pouvoir me retenir. Cela me faisait d’ailleurs penser que je ne l’avais pas encore vu. Je sentais que ça allait nous exploser à la figure, avant que la soirée ne se termine.
Il me sourit. Il joua avec une mèche de mes cheveux et l’enroula autour de son doigt.

— Comment tu te sens ?
— Je ne boirai plus jamais autant, répondis-je vaguement.
Cela l’amusa.
— Votre discussion s’est bien passée ? m’enquis-je.
Il soupira et son expression fut si comique que je laissai échapper un petit rire.
— À ce point ?
— Tu n’imagines même pas, grommela-t-il. La plupart n’arrive pas à accepter l’idée que nous sommes un clan mixte. Ils n’arrêtent pas d’essayer de me convaincre de séparer les membres de mon clan afin qu’ils soient tous parmi leur espèce. Ils ont dit que ce serait compliqué d’en trouver un à Anjali et Nabarun, ainsi qu’à Swann. Nous ne savons pas où nous pouvons dénicher d’autres singes hurleur et personne ne veut des Khedekar parce qu’ils ne sont pas nés métamorphes.
Je serrai les lèvres, la colère grimpant.
— Ce sont des cons, crachai-je.
— Je suis bien d’accord. De toute façon, je leur ai dit qu’ils pouvaient aller cordialement se faire voir et que les membres du clans ne partiraient que s’ils en avaient envie, pas par obligation. J’ai fini par partir et c’est là que je t’ai vu seule à la table. Enfin, seule
J’eus un sourire en coin.
— Serais-tu jaloux ?

Il fit mine de grogner et je gloussai, avant de l’embrasser brièvement.

— Mais… et pour les loups du clan ? Ils auraient voulu qu’on ne reste qu’entre nous ? (Mon cœur se serra.) Ils voulaient séparer Ezekiel de sa famille ?
Le petit bonhomme étant un lion parmi les loups, cela ne m’aurait pas étonnée.
— L’un d’eux l’a sous-entendu, mais on a cru que Griffin allait le tuer, alors il s’est vite tut. Et non, l’Alpha Jonas a dit qu’il nous laisserait une place dans son clan.
Je ris jaune en serrant les poings.
— Il ne manque pas de cran, observai-je.
— Je lui ai dit que nous étions très bien ainsi, et que même si les autres partaient, nous préférerions être indépendants. Ça ne lui a pas plût. Mais il n’a pas d’autre choix que celui de l’accepter.
J’expirai longuement, puis caressai son bras.
— Espérons qu’ils nous laissent tranquilles, maintenant.
Il prit ma main dans la sienne et la porta à ses lèvres, l’air un peu préoccupé. Je serrai ses doigts.
— Il n’y a pas que ça, pas vrai ? supposai-je.
— Ce n’est rien, ne t’en fais pas. On devrait sans doute partir, d’ailleurs.
Alors ça, ça le rendait encore plus suspect.
— Dis-moi ce qui se passe, exigeai-je.
Il parût hésitant. Je soutins son regard.
— Ils ont essayé d’avoir des informations sur toi, annonça-t-il.
Je soufflai. Cela m’agaçait profondément, mais il fallait s’y attendre.
— Ok. J’imagine que c’est normal qu’ils se posent des questions. Ce sont des chefs de clans et ils se méfient, les justifiai-je. Et puis, on s’en doutait avant de venir.

Vu son expression, je compris qu’il y avait encore plus que cela. Mais je n’eus pas le temps de poser d’autres questions, car Celeste fit son entrée. Elle se laissa tomber sur le siège le plus proche. Elle était furieuse.

— Ça va ? demandai-je alors que je voyais très bien que non.
— Je suis hors-de-moi, rétorqua-t-elle avant de vider sa boisson d’un trait.

D’accord…
Elle reposa son verre avec fracas puis reporta son attention sur Dean.

— Ce sont des gros cons ! fit-elle, sèchement.
Ah. Elle avait donc assisté à la fin de leur réunion.
— Où est Griffin ? m’enquis-je en le cherchant du regard.
— Il est sorti prendre l’air, m’apprit-elle.
— Je suis désolée. Dean m’a expliqué. Ils n’ont vraiment aucun cœur pour essayer de tous nous séparer comme ça, m’agaçai-je.
Elle ne répondit rien et suspendit son geste, alors qu’elle allait attraper un petit four.
— Oh, ça ? On s’en branle. Ça ne serait pas la première fois qu’ils le disent et on a appris à ne plus prendre leur avis en compte, là-dessus.

De plus, je me demandais s’il était aussi simple de trouver d’autres métamorphes cobra, dans le coin. Puisqu’elle n’était pas avec les membres de sa famille, je supposai qu’ils devaient être loin, ou tyranniques. Ou… morts. Mais je n’allais pas lui poser la question maintenant. Cela devait être un sujet douloureux pour elle.

— Donc… c’était à propos de moi ? demandai-je.
Elle soupira, puis hocha la tête.
— Ouais, ils étaient trop curieux. Sans compter qu’ils se mêlent de ce qui ne les regarde pas. Ce sont des crétins terriblement bornés.
— Qu’est-ce qu’ils ont dit ? l’interrogeai-je, même si j’appréhendais la réponse.
Elle échangea un regard hésitant avec Dean. Je croisai les bras.
— Ils voulaient savoir comment ça se passait avec toi au quotidien, ce que tu avais vécu exactement, blablabla. Ils ont demandé à Dean où se trouvait le siège des chasseurs. Mais nul doute qu’ils ont déserté les lieux depuis longtemps.
— Je vois…
Mais j’avais l’impression qu’ils me cachaient quelque chose. Leurs regards étaient fuyants.
— On ferait mieux de partir, lança Celeste.
— C’est ce que j’étais en train de me dire, approuva Dean. Où sont les autres ?

Bon. Je n’allais pas insister. Je demanderais à mon compagnon ce qu’il s’était passé, plus tard. Nous savions que les chefs risquaient de dire de telles choses, c’était pour cette raison que la réaction de mes compagnons me paraissait étrange.

— Je ne sais pas, ils n’étaient plus là quand je suis revenue, répondis-je.
Je me tournai vers Dean.
— On peut au moins danser, non ? lui proposai-je.

D’accord, j’avais bu, mais j’avais vraiment envie de passer un peu de temps avec lui, pendant cette soirée. Quand nous oublions les autres, nous nous amusions. Oui, je n’étais pas certaine que je ne chuterais pas, mais j’avais vraiment envie de danser avec mon Alpha.
Il me lança un regard surprit.

— Tu veux danser ? répéta-t-il.
— Oui, confirmai-je avec un sourire. On les emmerde, ok ? Ils ne nous gâcheront pas la fin de la soirée.

Celeste souriait. Elle me fit un clin d’œil d’encouragement.
Je me rapprochai de Dean et lui coulai un regard suppliant. Il finit par lever les yeux au ciel, mais un sourire le trahit.

— Tu sais que je ne peux rien refuser quand tu me regardes comme ça…
— Super ! Alors on y va ! m’exclamai-je avec enthousiasme, en le prenant par la main.

Je l’entraînai au milieu des autres danseurs. Du coin de l’œil, je repérai Anjali et Ashyrel, qui virevoltaient ensemble. J’étais attendrie. Peu importe à quel point ils le niaient, ils étaient adorables, ensemble.

Je reportai mon attention sur mon cavalier. Je rivai mon regard argenté dans le sien et il mit une main sur ma hanche. L’autre, se saisit de la mienne. Je ne savais même pas quoi faire de mon autre bras. Oui, je voulais danser mais je ne savais absolument pas comment m’y prendre. J’avais de ces idées, moi, des fois…
Il fallait vraiment que j’arrête de boire.

Ma maladresse le fit rire mais il se pencha pour m’embrasser tendrement. Je n’eus même pas l’occasion d’être vexée. Je finis par adopter la même posture que les autres danseuses, et nous commençâmes à tourner. Petit à petit, je me rapprochai jusqu’à mettre ma tête contre son torse. J’étais bien, ainsi, avec lui. Avec la musique en fond.
Au début, j’eus du mal à suivre le rythme et je manquai de lui marcher sur les pieds à plusieurs reprises. Puis, je finis par adopter les bons gestes. Je mentirais si je disais que je n’avais pas eu un sourire de fierté.

Je captai le regard de Chris, plus loin, qui m’envoya un sourire amusé. Je me rappelai qu’il m’avait demandé de danser avec lui, et que j’avais prétexté en être incapable. En réalité, je ne voulais pas le faire avec lui, surtout. Oups.
Au moins, il n’avait pas l’air contrarié. Et il ne paraissait plus aussi mal à l’aise en sachant qui j’étais.

Je finis par oublier la présence des autres métamorphes. Pour moi, nous n’étions que deux, dans cette immense salle. Je n’avais pas envie de revenir à la réalité.
Je soutins ses yeux dorés. Mon cœur se mit à battre un peu plus vite, lorsqu’il mit son front contre le mien.

— Je t’aime.

Ces mots m’échappèrent. J’avais été incapable de les retenir.
Il s’arrêta et nous cessâmes notre danse. Il me fixa avec un mélange de surprise et de tendresse, dans les yeux. Il y avait également quelque chose de plus fort, de plus intense. Est-ce que j’avais dit une connerie ?

— Je… Je suis désolée je n’aurais pas dû le dire maintenant je… Enfin, ce n’est pas idéal et je suis bourrée mais…

Merde. Merde. Merde. Lyn, tais-toi !

— Je l’aurais dit aussi en étant sobre, hein, mais je…
Je me passai une main sur le visage.
— Quelle idiote… Désolée. Laisse tomber.

Je baissai les yeux et sentis mes joues rougir. Dean mit un doigt sous mon menton pour que je le regarde. Puis il mit ses mains sur mes joues et plongea vers moi pour m’embrasser. Avec une telle fougue que j’en eus le souffle coupé.
Il se recula légèrement. Un sourire étirait ses lèvres.

— Je me fiche des circonstances dans lesquelles tu me le dis, tant que tu me le dis. Et que tu le penses, chuchota-t-il.
À ces mots, mon cœur se réchauffa.
— Je t’aime, me déclara-t-il.

J’en eus les larmes aux yeux et je le serrai fort dans mes bras, émue. Je ne m’étais pas rendue compte à quel point j’avais besoin d’entendre cela, avant que ça n’arrive. Désormais, je savais que je ne pourrais plus vivre comme avant, s’il ne me disait plus jamais ces petits mots. Des petits mots, mais qui avaient pourtant une grande puissance, pour moi.

Je nichai mon visage dans son cou et fermai les yeux. Nous nous remîmes à tourner, mais nous allions plus lentement, et nous étions beaucoup plus proches.

Alors que la musique arrivait sur sa fin, je croisai le regard d’une femme, qui se tenait à quelques mètres de là. Elle possédait une longue crinière dorée, et elle dardait sur moi un regard haineux.
Je n’eus pas besoin qu’on me le dise pour comprendre qu’il s’agissait de Betty.

Elle finit par reculer dans la foule et elle disparût de ma vue. Je soupirai de soulagement, en me disant que ça s’arrêterait là et que nous allions partir, de toute façon. Les ennuis n’avaient pas le temps de commencer.

J’avais tort.

---


Chapitre 22
Chapitre 24
Dernière modification par Chlawee le dim. 29 août, 2021 6:05 pm, modifié 1 fois.
lacrystal

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 23)

Message par lacrystal »

Hey ! :D C'est parti pour commenter 8-)
Chloe38200 a écrit : sam. 21 août, 2021 10:53 am — Je ne pensais pas que tu nous accompagnerais, lâchai-je avec franchise avant de pouvoir m’en empêcher.
J’écarquillai les yeux. Son expression ne bougea pas d’un pouce.
— Euh… Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose, hein ! me rattrapai-je. Simplement je ne m’y attendais pas…
Je mis les poings sur mes hanches et soufflai.
— Je vais me taire avant de m’enfoncer, décidai-je.
Les gens : mettent les pieds dans le plat
Lyn : Saute dans le plat

— Ce n’est pas vraiment une réussite, poursuivit-elle. Au final, je suis mal à l’aise et je meurs d’envie de partir. Mais j’ai essayé, au moins. Cela ne peut que s’améliorer. Et quand je te vois t’amuser ainsi… Je me dis que, peut-être, j’y parviendrai à nouveau, un jour.

Avant de me rendre compte moi-même de ce que j’allais faire, et qu’elle ne puisse réagir, je la pris dans mes bras. Elle se raidit mais ne bougea pas.
Ooooh Swann :cry: :cry: :cry: :cry: se joint au câlin

— Tu es forte, la détrompai-je. Bien plus que tu ne le penses. Ce n’est pas parce que tu n’aimes pas cet environnement que ça fait de toi quelqu’un de faible.
Bien dit !

— Je sais que c’est injuste, mais je ne peux pas m’empêcher d’être inquiet pour elle. On a tellement eu l’habitude de veiller l’un sur l’autre, que l’idée de laisser quelqu’un être aussi proche d’elle me terrifie. J’ai peur qu’il ne lui arrive quelque chose, à chaque fois. Qu’on lui fasse du mal.
Moooww *-* Leur relation est adorable <3

Je trouve Nabarun vraiment adorable. C'est super qu'il ait avoué que c'était injuste qu'il accuse directement Lyn pour la chambre froide, tout le monde ne finirait pas par avouer que c'était une erreur de l'accuser donc c'est vraiment un gros point positif.

— Je savais que cette course de shots n’était pas une bonne idée, commenta-t-il.
En effet :lol: :lol: :lol:

— L’expérience, ma petite. L’expérience, répéta-t-il.
Il m’ébouriffa les cheveux et je fis mine de râler avant de me recoiffer du bout des doigts.
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol:

— J’ai peur qu’elle vomisse sur mes chaussures si on tourne trop.
J’éclatai de rire. Je ne m’étais pas attendue à ça.
Moi non plus je m'y attendais tellement pas :lol: :lol: :lol: :lol:

— Bonsoir, répondis-je, un peu méfiante.
Regard méfiant

— Non. En fait je voulais savoir si tu voudrais danser avec moi, répondit-il.
Lol tu vas te calmer direct, elle est déjà prise mon p'tit

— Je suis bien d’accord. De toute façon, je leur ai dit qu’ils pouvaient aller cordialement se faire voir et que les membres du clans ne partiraient que s’ils en avaient envie, pas par obligation. J’ai fini par partir et c’est là que je t’ai vu seule à la table. Enfin, seule
J’eus un sourire en coin.
— Serais-tu jaloux ?
:lol: :lol: :lol:

Certains chefs de clan ont l'air vraiment... comment dire ça avec délicatesse... cons ? :lol: :lol:
— Je t’aime.
OMG... UDEDR8?347SR4D2?R43 erreur 404

— Je me fiche des circonstances dans lesquelles tu me le dis, tant que tu me le dis. Et que tu le penses, chuchota-t-il.
À ces mots, mon cœur se réchauffa.
— Je t’aime, me déclara-t-il.
Oh pu**** :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: I'm not crying, you are
Je vais chialer :cry: :cry: :cry: Je les aime trop lààààààà c'est trop mignon ce passage *-* *-* Je suis totalement fan
Je vais pas m'en remettre je crois

Les ennuis n’avaient pas le temps de commencer.

J’avais tort.
AH
d'accord
Non mais ça annonce bien la couleur du prochain chapitre xDDDDD Toujours se méfier des fêtes, toujours.

A part cette fin qui laisse présager un chapitre qui va nous torturer, j'ai adoré ce chapitre *-* Dean et Lyn sont tellement adorables là :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: Puis même les autres membres du clan, je les aime d'amour <3
Ce serait possible de rejoindre le clan ? C'est pas pour moi, c'est pour une amie :roll:
Encore une fois j'adore ton écriture et j'adore l'histoire de plus en plus *-*
A bientôt pour la suite *-* :*
melaivy

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 23)

Message par melaivy »

la belle alchimie qui se développe entre dean et lyn, et entre lyn et ses betas :)
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 24)

Message par Chlawee »

Bonjour ! :D Je suis en retard again ! :lol: J'ai eu un week-end chargé !
Merci beaucoup pour vos commentaires ! <3
J'espère que ce chapitre vous plaira, il va marquer un sacré tournant, pour la suite ! :D Bonne lecture !


Chapitre 24


J’allais sortir de la cabine des toilettes, lorsque des voix me parvinrent. Je n’en aurais rien eu à faire, si je n’avais pas entendu le nom de Dean dans une de leurs phrases. Je restai donc la main en l’air, alors que j’allais tourner le verrou, mon geste suspendu.

— Ça me dégoûte, soupira l’une des femmes. Je n’arrive pas à croire qu’elle se pavane comme ça au bras de Dean, alors que personne n’est dupe.
— Tu exagères, répondit une autre. Tu ne la connais pas.
— Pas besoin, crois-moi. Et si ce n’est pas ce que je pense, alors elle a profité de la situation pour se retrouver à la tête du clan.
Ma main se serra en un poing. L’agacement me gagna.
— Ce ne sont pas nos problèmes, répondit celle qui me défendait un tant soit peu. Et je préfère que ce soit ça, plutôt que l’autre raison.
L’autre raison ?
— Je suis sûre qu’elle se sert de lui. Ça me débecte.

Ne tenant plus, je poussai la porte des toilettes et me dirigeai calmement jusqu’aux lavabos pour me laver les mains. Je remarquai au passage qu’une des femmes était la blonde, qui me dévisageait, lorsque je dansais avec Dean. Elizabeth.
Comme si de rien n’était, je fis couler l’eau. Le silence était tombé sur la pièce.

— On se rend compte de ce que tu fais, me lança la blonde.
Dans mon esprit, je me voyais presque lui cogner la tête contre la céramique. J’allais éviter de faire ça, c’était disproportionné.
— Que je fais quoi ? relevai-je en la regardant dans les yeux, cette fois.
Je mis toute mon assurance dans ma posture. Je ne voulais pas me laisser impressionner.
— Tu te sers de Dean. Peut-être que l’amour le rend aveugle, mais tu n’es pas bonne pour lui.
Loin de montrer l’étendue de ma colère, je restai stoïque.
— Eh ben ça sera tout de même à lui d’en juger. Bonne soirée.

Sur ce, je sortis des toilettes. La musique parvenant à mes oreilles et ayant retrouvé tout son volume, fut presque une délivrance, alors que j’avais mal à la tête.
Je cherchai les autres du regard mais je ne voyais personne. Mes yeux finirent cependant par tomber sur Anjali, plus loin, qui était près de notre table.

Elle n’eut pas le temps de me remarquer. Je fronçai les sourcils en voyant un homme s’approcher d’elle, avec un visage tout sauf amical. Je la vis soupirer, puis essayer de lui dire quelque chose, mais avec la musique et les conversations des autres métamorphes, je ne parvenais pas à entendre, même avec mon ouïe surdéveloppée. En revanche, je pouvais aisément comprendre que le ton montait. Je me remis en route pour les atteindre.

Mon amie essayait d’être calme, mais en face, l’homme commençait à s’énerver. Ce qui eut le don d’agacer prodigieusement la lynx, qui fit mine de se retourner pour partir. Mais il lui saisit le bras pour la retenir.

Alors là…

Autour d’eux, personne ne réagissait vraiment. La plupart essayaient de les ignorer et d’autres les observaient sans pour autant esquisser un geste.

— Lâche-moi tout de suite ! entendis-je protester mon amie lorsque je fus assez proche.
— Pas avant que tu m’aies dis ce que t’es en train de foutre ! ragea-t-il.
— Je m’amuse et j’en ai tout à fait le droit !

Elle tira sur son bras mais l’emprise du gars ne se relâchait pas. En un rien de temps, je fus aux côtés de mon amie. Je mis une main sur la poigne de l’homme et une autre sur le bras d’Anjali.

— Elle t’a dit de la lâcher, t’es sourd ? l’invectivai-je.

Surtout que je sentais le bras de mon amie trembler sous mes doigts. Elle me lança un regard reconnaissant.
Le visage du gros crétin se teinta de rouge sous la colère.

— T’es qui toi ? cracha-t-il.
— Actuellement, celle qui va t’arracher les yeux si tu n’arrêtes pas, répondis-je.

Voyant que ça ne servait à rien de continuer et qu’il devait s’y prendre autrement – surtout que nous avions un public – il la lâcha mais n’abandonna pas la partie.

— C’est entre Anjali et moi, grommela-t-il.
— Je crois pas, non, contrai-je.
— Dégage, Noah, lança Anjali. Ça fait des semaines que c’est fini entre nous.

Oh. Alors c’était lui, qui lui envoyait des messages, quand nous étions allées faire du shopping. Je me fis la réflexion qu’il avait une sacré tête de con.

— C’est pour cette raison que tu sautes sur le premier venu ? ragea-t-il.
Alors il avait assisté au rapprochement d’Ashyrel et elle.
— Primo, ça ne te regarde absolument pas et deuxio, je fais ce que je veux de ma vie.

Elle se détourna de lui et me fit comprendre d’un regard qu’elle voulait qu’on s’en aille. Je mis une main dans son dos pour la guider jusqu’à la sortie. Mais je me stoppai en entendant :

— Je ne pensais pas que tu étais une telle salope. À la hauteur de ta nature d’impure, tiens.
Lentement, je me retournai. Anjali s’était figée mais était toujours de dos.
— Pardon ? fis-je, faussement calme.
Du coin de l’œil, je vis Ashyrel arriver. Sa longue crinière blanche était reconnaissable dans une foule.
— Et toi, tu penses être mieux ? Une salope et une intruse. Tu aurais dû rester chez les chasseurs. Elle aurait mieux fait de t’accompagner là-bas, tiens, termina-t-il en fixant le dos d’Anjali.

Cette dernière tourna lentement la tête avec un regard noir.
Mais elle n’eut pas le temps de faire quoi que ce soit. Je lâchai un rire nerveux sans pouvoir le retenir, puis, sans hésiter une seule seconde, je mis toute ma force dans un coup de pied se dirigeant tout droit dans ses parties intimes.
Il lâcha un gémissement de douleur et se plia en deux, les mains sur son service trois-pièces.

— La prochaine fois que tu la touches je te défonce la mâchoire, le menaçai-je. C’est clair ?

Il ne pouvait pas me répondre, mais j’étais satisfaite.
Lorsque je me retournai, je vis Ashyrel foncer droit sur nous pour s’assurer que nous allions bien. Il jeta un regard inquiet à Anjali, qui lui adressa un signe de tête pour le rassurer.

— On s’en va, leur chuchotai-je.

Il était plus que temps, maintenant.
Mais je me rendis compte que cette fois, la quasi-totalité de la salle nous observait et un murmure à me donner la chair de poule s’élevait. Ils chuchotaient entre eux en nous regardant. Quoi ? Je venais de frapper un métamorphe important ? Haut placé ? Eh bien qu’il aille se faire foutre quand même. Je ne voyais pas en quoi le pouvoir permettrait de faire du mal en toute impunité.
Mais rapidement, je compris que ce n’était pas ça, la raison de leurs échanges.

— Qu’est-ce qu'il se passe… ? me murmura Anjali.

Je fronçai les sourcils, craignant le pire. Un homme, approchant la cinquantaine d’années, les cheveux grisonnants et à la carrure impressionnante, se détacha de la foule pour me faire face.

— Eh bien, quelle défense, lança-t-il avec un sourire en coin, en avisant Noah.
— Merci ? répondis-je sur un ton qui se fit interrogateur malgré moi.

Qu’est-ce qu’il me veut ?
Il jeta un regard noir aux spectateurs curieux, et ceux-ci firent mine de retourner à leurs occupations.

— Je ne crois pas que nous ayons été présentés, enchaîna-t-il. Sam Jonas.
Le père de Betty. Et l’Alpha de leur clan. Ça ne s’annonçait vraiment pas bon pour moi, là.
— Lyn, répondis-je.

Je n’avais aucune idée du nom de famille que je devais donner. Le vrai, celui de Dean, celui qu’il portait maintenant ou ma fausse identité ? Dans le doute, je ne dis rien de plus.

— Je sais qui tu es, répondit-il.

Subitement, son faux sourire affable s’effaça et son visage se fit plus dur. Je le sentais mal. Du coin de l’œil, je vis Noah se lever et jeter sur moi un regard empli de haine. Mon geste n’allait pourtant pas m’empêcher de dormir.

— Écoute, Lyn, il faut que je te parle, reprit l’Alpha.

J’étais déjà méfiante, mais là, ça venait de grimper. Je devinais le sujet qu’il souhaitait aborder. En revanche, je trouvai ça indigne d’avoir attendu que Dean, Griffin et Celeste ne soient pas dans les parages pour me confronter.
Je décidai cependant de rester la plus calme possible.

— Je vous écoute.
— Nous avons un problème. Nous avons des doutes, te concernant, asséna-t-il.
Derrière lui, d’autres métamorphes à l’aura puissante, semblaient le soutenir. Des chefs de clans, à n’en point douter.
— Nous craignons que tu ne sois pas honnête, lâcha-t-il.
— Que je ne sois pas honnête ? Vous pouvez être plus précis ?

Je croisai les bras, comme si cela me permettrait de me défendre, alors qu’un malaise rampait dans mon corps.
Anjali serra ma main et Ashyrel se mit à mes côtés. De leur côté, les chefs de clans ainsi que le reste des spectateurs qui ne pouvaient pas manquer cette scène, même si Sam leur avait fait signe de se détourner, eurent l’air surpris que j’ose répondre de cette manière.
Je vis le coin de ses lèvres frémir, signe que j’avais dû l’agacer. Mais il fit en sorte de le masquer le plus vite possible.

— Nous avons des raisons de croire que tu pourrais être une espionne.

Tout à coup, ce fut comme si toute la salle avait été plongée dans le silence. Ma gorge s’assécha.
Dans mon esprit, le mot « intruse » qu’avait utilisé Noah, résonna. Les paroles que j’avais surprises dans les toilettes me revinrent en mémoire. Alors c’était ça « l’autre raison » ?

Je me rendis compte que depuis le début de cette soirée, sans que je ne me doute de quoi que ce soit, les gens avaient commencé à répandre des rumeurs. Et j’aurais du mal à croire que les Jonas n’étaient pas à l’origine de tout ça.

— Une espionne ? répéta Anjali, abasourdie. Qu’est-ce que vous racontez ?
Betty se fraya un chemin jusqu’à nous, à son tour. En la voyant, son père soupira.
— Tu es restée chez eux pendant trois ans, cracha-t-elle. Trois ans.
Je déglutis. Ok, alors plus personne ne prenait de gants, donc.
— En trois ans, ils ont très bien pu te rallier à leur cause. Sans compter ton amnésie.
Dans sa bouche, ce mot sonnait comme la pire des insultes.
— Quoi, mon amnésie ? grognai-je, à bout de nerfs.
Je sentis la main d’Ashyrel dans mon dos.
— Laisse tomber, Lyn, on y va, me dit-il.
Betty l’ignora totalement, poursuivant ses accusations :
— Tu ne sais plus qui ont été tes amis. Tu as même oublié Dean. (Chacun de ses mots était comme un coup de couteau. Je sentais la colère monter de plus en plus.) Qu’est-ce qui nous dit qu’ils ne t’ont pas relâchée pour que tu nous livres à eux ?

D’un coup, une sensation de puissance nous entoura. Elle en était presque palpable. Puis un parfum de pins me parvint aux narines. Je reconnaissais cette aura, c’était celle de Dean. Et il était furieux.
Mes amis s’écartèrent un peu pour lui laisser de la place, et il se posta dans mon dos. Il mit ses mains sur mes épaules, en geste de soutien.

— Comment osez-vous ?
Sa voix grave paraissait calme, mais je savais qu’il bouillonnait. D’ailleurs, personne n’était dupe.
— Dean, fit Sam qui ne se laissa pas atteindre par cette démonstration de puissance. Je sais que tu refuses de parler de ça. Mais nous te demandons seulement d’envisager cette possibilité.

Je serrai les lèvres. Alors c’était ça, qui avait décidé Griffin, Dean et Celeste de partir. Ils savaient que sinon, ça se terminerait comme ça.

— On envisage déjà la possibilité que tu es une sombre merde, si tu veux savoir, retentit la voix de Celeste, qui venait d’arriver. Rien de nouveau sous le soleil, donc.

Des exclamations outrées s’élevèrent, dans la foule, ainsi que des rires francs. Je vis même un métamorphe lever son verre à la santé de la jeune femme.

Sam darda sur elle un regard exaspéré, comme s’il avait affaire à une gamine. Malgré son statut, j’estimai que c’était risqué pour lui. La cobra paraissait prête à le manger tout cru. Puis il reporta son attention sur moi.

— Nous ne pouvons pas te faire entièrement confiance, déclara-t-il.

Bizarrement, loin de me peiner, cela m’ôta un poids des épaules. Je n’avais pas tellement envie d’être liée de près ou de loin à cet homme et son clan. En revanche, cela pourrait porter préjudice à Dean.

— Très bien, de toute façon nous n’avons jamais conclu d’accord. Je ne peux pas vous faire confiance non plus, rétorqua Dean.
Bon, clairement, il n’en avait rien à faire non plus.
— Si j’avais voulu vous livrer aux chasseurs, vous ne croyez pas qu’ils seraient déjà là avec une petite armée ? fis-je, les dents serrées. Cela fait plusieurs jours que je sais que la réu-nion devait se dérouler ici. Si j’avais eu un moyen de communiquer avec eux, ils l’auraient su.
— Sans compter qu’elle a elle-même demandé à ce que je vérifie qu’il n’y ait aucun traceur sur elle, quand ils se sont échappés, intervint Tony.

Je tournai la tête. Je ne m’en étais pas rendue compte, mais j’avais tout un comité de soutien, derrière moi. Mes amis, Tony et son clan, d’après les têtes rousses que je pouvais per-cevoir près de lui, ainsi qu’Harmony elle-même. Elle paraissait hors d’elle.

— Vous êtes tombés bien bas, s’agaça-t-elle en avisant les chefs, en face.
— Je l’ai également surveillée, à son arrivée, annonça Celeste.

Surprise, je rivai mes yeux sur elle. Elle eut une petite grimace et m’adressa un regard d’excuse. Les doigts de Dean se crispèrent sur mes épaules. Lui non plus, ne semblait pas être au courant.

— Je n’avais pas le choix, se justifia-t-elle. Il fallait que je sois certaine que tu n’étais pas une menace. (Elle se tourna à nouveau vers Sam.) Tu sais très bien que j’aurais dit quelque chose, si j’avais remarqué qu’elle était un danger. Tu veux juste t’entêter pour que nous finissions par t’obéir.
Elizabeth poussa un long soupir.
— Il pourrait très bien y avoir un autre moyen pour que les chasseurs…
— Ferme-la, s’éleva une autre voix.

Dieu merci. J’étais justement en train de souhaiter qu’elle se taise. En revanche, j’étais surprise d’entendre Swann. Cette dernière avait l’air d’une furie. Je ne l’avais jamais vu comme ça.

— Vous ignorez ce que ça fait, de vivre chez les chasseurs. Alors tant qu’aucun d’entre vous ne saura vraiment le calvaire que c’est, vous serez priés de fermer vos gueules.

J’avais envie de la serrer dans mes bras, là tout de suite.
Il y eut un silence.

— Dean, fit Sam avec un air menaçant en regardant Swann. Tu devrais tirer un peu plus sur les rênes.

Mon compagnon dût sentir que j’allais faire une connerie, car il resserra son emprise pour ne pas que je bouge. Je m’étais à peine rendue compte que j’étais à deux doigts de me ruer sur Sam. J’avais à peine eu le temps d’esquisser un geste qu’il avait réagi.

— Je ne traite pas les membres de mon clan comme des larbins, contrairement à toi. Je ne les empêcherai en aucun cas de s’exprimer. Surtout s’ils ont raison.
Ok, il avait envie de les provoquer quand même.
— Laissez-les tranquilles.

Nous tournâmes tous la tête vers une jeune femme, qui venait de faire irruption. Un homme se tenait derrière elle, une main sur son épaule. Je fronçai les sourcils en les regardant. Une drôle de sensation me saisit.

— Vous avez peur des chasseurs alors vous réagissez très mal, mais ça suffit. Vous avez déjà essayé de nous traiter comme vous le faîtes avec elle, s’énerva-t-elle.
Sam roula des yeux.
— Depuis quand les impurs ont le droit à la parole ? souffla-t-il.

J’avais déjà entendu ce mot, par la bouche de Noah. Décidément, il en avait dit, des conneries. Mais je devinai que cela renvoyait à leur nature. Anjali n’était pas une métamorphe de naissance et je compris que la femme qui venait de parler, non plus.
Je la vis lever le poing et l’homme qui l’accompagnait la retint, puis passa ses bras autour d’elle pour l’éloigner.

— Nous en avons terminé, conclut Dean.

Sans me lâcher, il me guida jusqu’à la sortie. J’étais encore un peu sous le choc après ce que je venais de me prendre dans la figure.

— Même si elle n’est pas leur complice, ils tenteront sûrement de la retrouver ! cria quelqu’un. Elle va tous nous mettre en danger !

Nous ne prîmes pas la peine de nous retourner. Pour ma part, mes yeux me piquaient. Mais un coup de plus ou un coup de moins…
Nous sortîmes enfin et l’air frais se fit mordant. Mais je n’en avais rien à faire. Nous avançâmes en direction du parking, dans le silence.

Les paroles de Sam et Elizabeth tournaient encore et encore dans mon esprit. Soudain, je ressentis le besoin de rassurer les membres du clan. De mon clan. Les Jonas ne pouvaient pas m’enlever ça.

— Jamais je ne vous ferais de mal, lançai-je d’un ton suppliant. (Je souhaitais désespérément qu’ils me croient.) Jamais. Je n’ai plus aucun lien avec les chasseurs.

Sans s’arrêter de marcher, ils tournèrent tous la tête vers moi. Anjali me fit un sourire apaisant. Je remarquai qu’Ashyrel était là lui aussi, puisqu’il mit une main sur mon épaule.

— Nous le savons, répondit doucement Celeste. J’ai peut-être été un peu méfiante au début, mais j’ai rapidement compris que tu n’étais pas une menace.
— Nous ne doutons absolument pas de toi, renchérit Griffin.

Swann m’adressa un clin d’œil. Nabarun et les jumeaux, des regards compatissants. Je soupirai de soulagement.
Je levai les yeux sur Dean.

— Je t’aime, lui chuchotai-je. Je ne pourrais pas te trahir. Je préférerais encore…

… mourir. Mais je ne terminai pas ma phrase. J’en étais absolument convaincue. Je mourrais plutôt que de le livrer aux chasseurs. Et cette conviction-là me semblait étrangement familière.
Il se pencha pour déposer un baiser sur mon front.

— Je le sais, murmura-t-il.
Quand il se recula, je vis ses sourcils se froncer, comme s’il venait seulement de se rendre compte d’une chose.
— Tu préférerais encore quoi ? me relança-t-il, inquiet.

Aïe.
J’ouvris la bouche, sans savoir réellement si je serais capable de fournir une réponse. De toute façon, on m’empêcha de le faire :

— Attendez ! hurla une voix familière.

Nous nous stoppâmes et nous retournâmes. La femme qui venait de nous défendre courait pour nous rejoindre. Derrière elle, son compagnon se dépêcha de la rattraper pour être à son niveau.
Encore une fois, je fus troublée par leur présence.

— Lyn…, souffla-t-elle.

Interdite, je vis des larmes rouler sur ses joues. Elle mit ses mains devant sa bouche, comme si elle avait du mal à réaliser que… j’étais là ? L’homme n’en menait pas large non plus.

— Quand j’ai vu que c’était toi que Sam confrontait, j’ai eu du mal à y croire ! balbutia-t-elle. Mon Dieu…

Mais qu’est-ce que… Je les connaissais ? Je jetai un regard interrogateur à Dean, mais il me fit comprendre qu’il ignorait qui ils étaient.

— C’est… Comment… Comment est-ce que tu as réussis à sortir ? demanda-t-elle, les yeux écarquillés.

Je me raidis et une sueur froide parcourût ma colonne vertébrale.
Ils m’observèrent un moment, puis je vis leur visage se décomposer. Une lueur de compréhension traversa les yeux de la femme.

— Tu ne te souviens pas de nous…, supposa-t-elle. (Elle se frappa le front d’une main.) Évidemment. C’est pour ça qu’ils ont parlé d’amnésie…
— Excusez-moi vous… vous…

Je n’arrivais plus à parler. Parce que j’avais peur de comprendre. Cette impression, que j’avais, c’était parce qu’ils m’étaient familiers.

— D’où est-ce qu’on se connaît ? parvins-je enfin à formuler.

Mais quelque part, je connaissais déjà la réponse. D’ailleurs, je regrettai immédiatement d’avoir posé la question.
Des images de corps tombant, de flaques de sang et de personnes me tendant la main surgirent dans mon esprit et je tentai de les repousser violemment. Mais ils m’avaient pris par surprise. Je crus entendre des hurlements, échos du passé, ainsi que des personnes criant mon nom.

— Nous étions ensemble chez les chasseurs, finit par répondre l’homme après un silence.

Mon esprit se vida. Mes yeux passèrent de lui, à la femme.
Puis tout fut noir.

---


Chapitre 23
Chapitre 25
Dernière modification par Chlawee le dim. 05 sept., 2021 4:53 pm, modifié 1 fois.
lacrystal

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 24)

Message par lacrystal »

Chloe38200 a écrit : dim. 29 août, 2021 6:04 pm — Ça me dégoûte, soupira l’une des femmes. Je n’arrive pas à croire qu’elle se pavane comme ça au bras de Dean, alors que personne n’est dupe.
— Tu exagères, répondit une autre. Tu ne la connais pas.
— Pas besoin, crois-moi. Et si ce n’est pas ce que je pense, alors elle a profité de la situation pour se retrouver à la tête du clan.
Ma main se serra en un poing. L’agacement me gagna.
— Ce ne sont pas nos problèmes, répondit celle qui me défendait un tant soit peu. Et je préfère que ce soit ça, plutôt que l’autre raison.
L’autre raison ?
— Je suis sûre qu’elle se sert de lui. Ça me débecte.
Le chapitre commence bien dites-moi :mrgreen:

— Eh ben ça sera tout de même à lui d’en juger. Bonne soirée.
Ahah allez bim dans ta face

— Lâche-moi tout de suite ! entendis-je protester mon amie lorsque je fus assez proche.
— Pas avant que tu m’aies dis ce que t’es en train de foutre ! ragea-t-il.
— Je m’amuse et j’en ai tout à fait le droit !

Elle tira sur son bras mais l’emprise du gars ne se relâchait pas.
:shock: :shock: il est sérieux ce type ?!

— Actuellement, celle qui va t’arracher les yeux si tu n’arrêtes pas, répondis-je.
:lol: :lol: :lol: :lol: J'aurais pas dit mieux
— Primo, ça ne te regarde absolument pas et deuxio, je fais ce que je veux de ma vie.
Biiiiiiiiim !!! Allez circule avant que j'te bouscule

— Je ne pensais pas que tu étais une telle salope. À la hauteur de ta nature d’impure, tiens.
:shock: :shock: :shock: :shock: :shock: :shock: :shock: :shock:

— Et toi, tu penses être mieux ? Une salope et une intruse. Tu aurais dû rester chez les chasseurs. Elle aurait mieux fait de t’accompagner là-bas, tiens, termina-t-il en fixant le dos d’Anjali.
........ Je vais le trucider

Le père de Betty. Et l’Alpha de leur clan. Ça ne s’annonçait vraiment pas bon pour moi, là.
En effet, ça sens mauvais cette histoire. Plan d'évacuation activé, je répète plan d'évacuation ACTIVE !

— Nous avons des raisons de croire que tu pourrais être une espionne.
OK, alors là, je n'ai pas d'autres mots pour le qualifier si ce n'est "enfoiré"

Non mais dans quel univers avons-nous attérit ? Celui des cons ? Ah on me dit dans l'oreillette que c'est l'univers actuel. Autant pour moi Mais ils vont se calmer direct en fait, parce que ça va pas le faire du tout. J'ai très envie de les déglinguer
— On envisage déjà la possibilité que tu es une sombre merde, si tu veux savoir, retentit la voix de Celeste, qui venait d’arriver. Rien de nouveau sous le soleil, donc.
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: J'adore Céleste
— Vous ignorez ce que ça fait, de vivre chez les chasseurs. Alors tant qu’aucun d’entre vous ne saura vraiment le calvaire que c’est, vous serez priés de fermer vos gueules.
Bien dit Swann 8-) 8-) 8-)
— Dean, fit Sam avec un air menaçant en regardant Swann. Tu devrais tirer un peu plus sur les rênes.
Mais ce gars il est inégalable en fait xDD

— Jamais je ne vous ferais de mal, lançai-je d’un ton suppliant. (Je souhaitais désespérément qu’ils me croient.) Jamais. Je n’ai plus aucun lien avec les chasseurs.
On le sait Lyn <3 <3 <3 <3

— Je t’aime, lui chuchotai-je. Je ne pourrais pas te trahir. Je préférerais encore…

… mourir. Mais je ne terminai pas ma phrase. J’en étais absolument convaincue. Je mourrais plutôt que de le livrer aux chasseurs. Et cette conviction-là me semblait étrangement familière.
Il se pencha pour déposer un baiser sur mon front.

— Je le sais, murmura-t-il.
Quand il se recula, je vis ses sourcils se froncer, comme s’il venait seulement de se rendre compte d’une chose.
— Tu préférerais encore quoi ? me relança-t-il, inquiet.
Je les aime trop là :cry: :cry: :cry: :cry: Lyn me fait vraiment de la peine, ce sont des ****** les autres a l'avoir traitée comme ça alors qu'elle a clairement vécu un calvaire !!!

— Nous étions ensemble chez les chasseurs, finit par répondre l’homme après un silence.

Mon esprit se vida. Mes yeux passèrent de lui, à la femme.
Puis tout fut noir.
:o :o :o :o :o :o


OK Ce chapitre m'a achevée. Bon déjà j'étais très en colère les 3/4 parce que c'est quoi ces gens-là ? Aucune compassion, rien, nada :x :x :x :x :x Et la fin :o :o Comme je suis choquée. Je m'y attendais tellement pas ! Tu ne peux pas finir un chapitre comme ça D: Je proteste !

A part ma petite manifestation contre les fin de chapitres comme ça Non je ne suis pas en train de préparer des banderoles ce chapitre était génial et j'ai vraiment, vraiment VRAIMENT hâte de lire la suite *-*
melaivy

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 24)

Message par melaivy »

chloé, je te déteste (non, je ne déteste pas, mais tu as le chic pour faire faire des montagnes russes à mon coeur).
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 24)

Message par Chlawee »

Hey ! :D
Non je suis pas en retard. :x (Si, totalement.)
Merci pour vos joulis petits comms ! <3 Ils me font toujours autant plaisir !
Bonne lecture ! :D

Chapitre 25


Un mal de tête lancinant enfermait mon crâne dans un étau. Je mis un moment avant de me rappeler pourquoi j’étais dans un état pareil. Ma nausée m’aida à comprendre un peu plus vite. Plus jamais je ne boirais autant. C’était une promesse que je me faisais. Je ne pensais pas que ce serait aussi douloureux. En plus de cela, mon ventre se tordait, comme si une main serrait mes entrailles entre ses doigts.
Je parvins à ouvrir les paupières, péniblement.

— Elle revient à elle, entendis-je.

J’étais allongée sur le côté, sur un canapé, en position latérale de sécurité. Au départ, je me demandai pourquoi. Puis les récents événements me revinrent.
Le procès que Sam avait tenté de me faire, les personnes qui m’avaient défendue… puis l’apparition de la femme et de l’homme, qui avaient vécu la même chose que moi.

« Nous étions ensemble chez les chasseurs. »

Lorsque j’y repensai, j’eus à nouveau un sursaut. Mon Dieu…

— Lyn…

Quand ma vision se fit moins floue, je pus reconnaître Dean, qui s’était accroupi pour être à ma hauteur. Où est-ce que nous étions ? Je ne reconnaissais pas la pièce, qui était un petit salon, autour de nous. Je me souvins m’être évanouie juste devant la salle, à l’extérieur. Il avait dû me ramener à l’intérieur en vitesse.

Derrière lui, le visage inquiet d’Harmony se dessinait. En voyant que j’allais bien, elle soupira de soulagement puis nous annonça qu’elle nous laissait tranquilles. J’entendis la porte s’ouvrir et se refermer. Elle était partie.
Je voulus me redresser. Dean m’aida à ne pas chuter du canapé en essayant de m’asseoir. Une fois assuré que j’étais stabilisée, il s’installa à côté de moi.

— Je suis désolé pour tout ce qu’il s’est passé, me chuchota-t-il.
Je voulus secouer la tête, mais cela augmenta ma migraine.
— Tu n’y es pour rien, le défendis-je. Tu voulais qu’on parte pour m’éviter ça et c’est moi qui ai tenu à rester.
— Tu ne pouvais pas savoir.
Il mit un bras autour de mes épaules et sa joue contre le sommet de mon crâne.
— Est-ce qu’ils… sont encore là ? l’interrogeai-je.

Il devina qui je mentionnais. Je ne savais même pas si j’avais vraiment envie de les voir, ou non. Mais j’avais l’impression que je le regretterais, si je n’essayais pas de leur parler. Après tout, nous étions dans le même bateau.

— Ils sont restés, répondit-il. Ils voulaient s’assurer que tu allais bien. Ils… s’en veulent de t’avoir mis dans un état pareil.
Je me passai une main sur le visage. Oui, il fallait que je m’entretienne avec eux.
— Je dois les voir, déclarai-je d’une petite voix.
— Ce n’est peut-être pas le bon moment, ma louve. Il faut que tu te reposes et tu as eu assez d’émotion pour la soirée.
— Mais… et s’ils partent ?
— Je vais prendre leurs coordonnées, d’accord ? Tu pourras les appeler quand ça ira mieux.
J’acquiesçai.
— Où sommes- nous ?
— Dans un des salons du bâtiment, m’expliqua-t-il. Nous sommes passés par l’arrière pour te mettre au calme.

Je n’imaginais pas le grabuge que ça aurait fait si nous étions passés par la grande salle. Les autres auraient été capables de se montrer encore plus méfiant, juste parce que je m’étais évanouie. Cela n’aurait pas eu de sens, mais ça n’aurait même pas été étonnant.

— On rentre ? demandai-je.

Il hocha la tête et me tendit la main pour m’aider à me lever. Je mis quelques secondes à trouver un équilibre et il me maintint, en attendant. Je le remerciai d’un baiser sur la joue et nous sortîmes dans le couloir.
Là, nous vîmes Harmony, qui attendait. Elle me sourit en me voyant. Elle était vraiment adorable, cette femme.

— Est-ce que tu te sens mieux ? s’enquit-elle.

Mieux ? Bof. J’avais l’impression que je pouvais vomir à tout instant et la pièce tournait un peu, mais je n’allais pas lui dire. Et pour ce qui était du reste… Cela m’avait profondément énervé que les autres clans se soient mêlés de ce qui ne les regardait pas, tout en sachant que je n’étais pas un danger, mais je pouvais très bien me passer d’eux et de leur avis. En revanche, concernant les deux autres captifs des chasseurs… Eh bien, j’imaginais que j’irais mieux lorsque je leur aurais parlé.

— Oui, mentis-je. Merci beaucoup.

Elle hocha la tête puis vins m’étreindre un instant. J’étais si surprise que je n’eus même pas le temps de lui rendre son geste, avant qu’elle ne se recule.

— Prends soin de toi, m’ordonna-t-elle sur un ton doux. Prenez soin de vous deux.

Elle salua Dean d’un signe de tête, puis agita la main pour me dire aurevoir. Elle finit par s’éloigner dans le couloir.
Désireuse de retrouver une atmosphère un peu plus légère, je souris à Dean.

— Ne t’en fais pas, c’est toujours de toi dont je suis amoureuse, raillai-je.

Il leva les yeux au ciel mais un rictus le trahit. Je ne savais pas si Harmony avait vraiment un faible pour moi, mais au moins, la tension fut apaisée.

Nous finîmes par croiser les deux personnes que je souhaitais voir, au détour d’un couloir. Mais en les voyant, je me figeai. J’avais à la fois envie de m’approcher, et de faire demi-tour. Ils s’en rendirent compte en avisant mon expression et n’osèrent pas faire un geste, de peur de me brusquer.
Je pris une grande inspiration, puis finis par m’avancer.

— Je…, commençai-je. Je suis… désolée pour ma réaction. Ça faisait beaucoup en même temps.
La femme secoua la tête avec un air rassurant.
— Tu n’as rien à te reprocher. Je n’aurais pas dû te tomber dessus comme ça.

Elle eut un petit rire nerveux et je parvins à sourire. Mais le couloir tanguait toujours et il fallait que je retourne m’asseoir au plus vite.

— Je ne peux pas… parler maintenant mais peut-être que plus tard…

Elle opina et son compagnon s’avança. Il me tendit une carte de visite provenant d’une boutique d’un antiquaire, sur laquelle était griffonnés deux numéros de téléphone, au dos.

— Appelle-nous quand tu le souhaites, m’invita-t-il. Nous serions ravis de te revoir.

Je le remerciai, puis nous les saluâmes.
Le trajet jusqu’à la voiture, dans cet état, parût durer une éternité. Dean dût me porter sur les derniers mètres. Il faisait encore nuit. Les autres étaient déjà partis. Ils avaient dû s’entasser dans l’autre voiture, ou peut-être qu’Ashyrel en avait ramenés certains au motel, également.

Il m’installa sur le siège passager et boucla ma ceinture, avant de gagner le volant. Je mis ma tête contre la vitre en luttant pour ne pas être malade dans l’habitacle.
Il démarra et je focalisai toute mon attention sur les ronronnements du moteur, afin de ne pas penser à autre chose.

~


Lorsque Dean déverrouilla la porte de notre chambre, au motel, je courus presque jusqu’à la salle de bain. Je soulevai la cuvette des toilettes et un haut-le-cœur eut raison de moi. Je déversai tout l’alcool ingurgité ainsi que la nourriture que j’avais avalé pendant la soirée. Ma gorge fut en feu et des larmes perlèrent aux coins de mes yeux.
Je sentis la présence de Dean derrière moi et il attrapa mes cheveux pour les dégager de mon visage.

— Tu ne devrais pas voir ça, protestai-je faiblement en me disant que j’allais forcément mourir sur le sol de cette salle de bain.

Je me sentais bien trop mal pour m’imaginer aller mieux un jour. Cela me paraissait impossible.
Il eut un léger rire.

— Ce ne serait pas la première fois, tu sais, répondit-il.
Comment ça ?
— Tu m’avais déjà… vu dans cet état… ?
— Tu veux vraiment que je te réponde ? me taquina-t-il.

Alors quelque chose me disait que ça ne devait pas être la première fois non plus que je me promettais d’arrêter de boire. J’espérais que cette fois, je m’y tiendrais.

Cela dura encore un moment, puis je finis par mettre mes bras sur le bord des toilettes, avant de laisser ma tête reposer dessus, le temps de me sentir assez bien pour me relever. Dean caressait mon dos en attendant que ça passe. Plusieurs fois, je lui dis qu’il pouvait aller se coucher, mais il refusa de me laisser.

Ma nausée finit par s’atténuer assez pour que je puisse à nouveau bouger. Avec son aide, je réussis à me nettoyer un minimum, puis nous rejoignîmes le lit. Je me blottis contre lui, mon dos contre son torse, et il passa un bras autour de moi.

— Dean ?
— Mmh ?
— Ça ne risque pas de vous attirer des problèmes, d’être en froid avec Sam Jonas ?
— Rien dont nous devrions avoir peur, répondit-il, et j’entendis son sourire dans sa voix.
J’eus un rictus.
— Tu essayais de le provoquer hein ? lançai-je.
— Je ne pouvais pas m’en empêcher.

Je le savais.

~


J’avais du mal à rester en place. J’avais appelé l’homme et la femme, afin qu’ils viennent au motel. Je devais foutre le tournis à Dean à force de faire les cent pas et je ne pouvais pas rester assise sur le lit à ne rien faire ou à regarder la télévision collée au mur. J’avais donc entrepris de ranger nos affaires afin que nous repartions au chalet le jour-même. Malheureusement, cette tâche fut rapidement terminée.

— Tu ne veux vraiment pas t’asseoir ? me redemanda Dean pour la énième fois.
— Non, je suis trop nerveuse pour ça.
Il se leva et se mit face à moi.
— Détends-toi, me souffla-t-il avec calme. Ça va bien se passer. Et on peut leur demander de partir à tout moment.
Je hochai la tête.
— Mais ça va être… bizarre.
« Bizarre » était un euphémisme.
— Je sais, ma louve. Je sais.
Il passa une main dans mes cheveux.
— Fais-moi penser à autre chose, le priai-je.
Son expression se transforma. Il haussa un sourcil et un sourire en coin naquît sur ses lèvres.
— Tu veux que je t’aide à te détendre ? releva-t-il sur un ton suggestif.
Aussitôt, un frisson me parcourût. Au moins, ça marchait vraiment bien.
— Oui.

Il combla la distance entre nous et ses lèvres se posèrent sur les miennes. Je fermai les yeux et mes mains se nouèrent dans sa nuque. Il me tint par la taille et ses doigts montèrent, puis redescendirent, le long de mes côtes. Je frémis.

Sa langue passa la barrière de mes lèvres et un soupir m’échappa lorsqu’elle s’enroula autour de la mienne. Je finis par attraper son tee-shirt entre mes doigts pour le garder contre moi. C’était fou à quel point il pouvait me faire tout oublier en un instant.
Nous dûmes nous séparer lorsque nous entendîmes frapper. L’espace de quelques secondes, je ne bougeai pas, tournant seulement la tête pour aviser la porte. La nervosité me gagna. Moi qui ne pouvais plus attendre qu’ils arrivent, maintenant, je me disais que j’aurais voulu gagner un peu de temps.

Dean m’embrassa sur le front et alla ouvrir. Je le suivis des yeux.
Nos invités firent leur apparition dans l’encadrement de la porte. Mon compagnon se décala pour les laisser entrer et je leur adressai un salut de la main. Cela les fit sourire. Il y avait tant d’émotion dans leurs yeux que je ressentis une pointe de culpabilité à l’idée de ne pas me souvenir d’eux non plus. En revanche, contrairement à ce que j’avais ressenti pour les autres, là, j’étais également inquiète. Inquiète de savoir ce que je pourrais apprendre.

— Ravie de te revoir, sourit-elle.
— Nous ne nous sommes même pas présentés, reprit l’homme. Je m’appelle Peter, et voici Mary.
— Enchantée, répondis-je.
Par réflexe, je faillis me présenter à mon tour, mais ils me connaissaient déjà.
— Je vous en prie, installez-vous, les invita Dean.

Ils rapprochèrent deux chaises et s’assirent, tandis que l’Alpha et moi prenions place sur le bord du lit. Un silence s’installa. Personne ne savait par quoi commencer. C’était moi, qui avais voulu leur parler, mais j’ignorais ce que je devais dire. Sentant ma détresse, Dean vint à mon secours afin que je gagne quelques secondes :

— Vous avez fait bonne route ?
Je faillis pouffer de nervosité. Oh bon sang, ça allait être compliqué. Nous allions tourner autour du pot un moment.
— Très, merci beaucoup, répondit Mary.

Elle jeta un regard gêné à son compagnon et replaça une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille.
Je triturai mes doigts. Je finis par prendre une inspiration, mais Peter me devança :

— Quand es-tu sortie ?
Je me grattai la nuque, en un tic incontrôlable.
— Depuis deux mois environ.
Ils hochèrent la tête.
— Comment y es-tu parvenue ?
Je baissai les yeux, puis regardai Dean.
— Ils avaient enlevé Dean. Et je… malgré mon amnésie, je l’ai reconnu. Il était mon petit-ami avant que je ne sois enlevée. J’ai eu comme un déclic et puisque les chasseurs ne se méfiaient plus de moi, j’ai réussi à les berner. Je l’ai libéré et nous sommes partis, expliquai-je.
Un ange passa. Je vis leurs yeux s’écarquiller.
— Quoi ? m’étranglai-je.
Puis, horrifiée, je vis une larme rouler sur la joue de Mary. Peter l’embrassa sur la tempe, l’air tout aussi ému.
— Quand nous étions en captivité ensemble, nous avons compris qu’il y avait quelqu’un dans ta vie. Une personne à qui les chasseurs t’avaient arraché. Tu n’as jamais voulu dire son nom de peur qu’ils s’en servent contre lui.

Je ne dis rien, pourtant, je n’étais pas surprise. Je savais que je n’aurais jamais donné cette information aux chasseurs. J’espérais que je n’avais donné aucun nom. Mais j’essayai de me rassurer en me disant que, depuis le temps, ils auraient déjà trouvé mes proches, si ça avait été le cas.

— Nous avons même failli ne rien savoir du tout, tellement tu protégeais ce secret. Mais une nuit tu as… tu as prononcé des mots, en dormant, qui nous ont fait penser que tu avais quelqu’un, expliqua Mary. Un jour, je t’ai dit que tu finirais par retrouver cette personne. Au début, tu as eu peur en comprenant que nous savions, mais tu n’as rien dit pour démentir. Tu étais trop épuisée.

Ma gorge se serra. Dean entrelaça nos doigts.
Elle eut un air désolé.

— Mais peut-être… Peut-être qu’on ne devrait pas parler de tout ça…, se reprit-elle.
Je secouai la tête.
— Non, ne t’en fais pas… Justement, je voulais en savoir plus.
Elle hocha la tête mais n’osa pas reprendre la parole. Peter le fit à sa place :
— Les chasseurs te… torturaient, afin que tu leur dises quelques noms. (J’écarquillai les yeux. Je savais que j’avais été torturée, mais l’entendre, ce n’était pas la même chose.) Tu ne cédais pas. Tu répétais inlassablement que tu n’avais aucun autre proche métamorphe, puisque ta famille vivait à l’écart. Nous nous sommes dit que tu protégeais sûrement d’autres personnes.
Mon sang se glaça.
— Est-ce que vous…
— Non, me coupa-t-il en comprenant où je voulais en venir. Non, nous n’avons rien dis. Tu étais leur priorité. Nous, nous venions d’arriver et ils n’avaient pas commencé à nous faire subir les mêmes choses. Nous… Nous ne sommes pas nés métamorphes. Et il y avait bien un autre homme avec nous, mais ils ne s’intéressaient pas encore à lui non plus. Quant à…

Je vis Mary presser ses doigts. Il se retint de dire quelque chose. Je fronçai les sourcils. Je n’allais pas oublier ça. « Quant à » quoi ? Ou qui ?
Je leur demanderais.

— Mais tu…, reprit-t-il.

Il se fit hésitant. Il se passa une main dans les cheveux, ne sachant pas comment aborder la suite. Je me redressai. Sa femme – d’après l’alliance que je pouvais voir à leurs doigts – hocha la tête, comme pour l’encourager à poursuivre.

— Veux-tu réellement tout savoir ? me demanda-t-il une dernière fois.
— Oui. Il y a pas mal de choses que je sais mais dont j’ignore la cause. Et je me pose des questions.
— Un jour, tu es revenue dans ta cellule dans un état… pire que d’habitude. C’était… On a eu peur. Vraiment. Tu étais livide, à bout de nerfs. Et tu ne cessais de répéter que tu ne voulais « rien dire ».
— Rien dire ?
— Tu ne supportais plus les blessures. (Il y eut un trémolos dans sa voix.) Tu arrivais à ta limite et tu avais peur de finir par donner les noms des métamorphes que tu connaissais pour y échapper.

La poigne de Dean se resserra et de l’autre main, il frotta mon dos. Mais je ne savais pas qui il essayait de réconforter le plus, de nous deux.

— Tu as volé un couteau. Il était assez petit pour passer inaperçu et tu as dû penser qu’ils étaient trop nombreux pour que tu t’en prennes à eux. Tu t’es tranchée les veines.
Il serra les poings, alors que j’étais bouche-bée, incapable de dire quoi que ce soit.
— On…, reprit Mary d’une voix étranglée. On t’a vu te vider de ton sang sans rien pouvoir faire. On voulait hurler pour qu’ils te sauvent et en même temps… On ne voulait pas qu’ils te touchent encore une fois ou te privent d’être en paix. Mais…

Je baissai les yeux sur mes poignets. C’était pour ça…
Moi qui m’étais demandée comment ces cicatrices étaient arrivées-là et pourquoi j’avais voulu en finir, maintenant je le savais. Je ne voulais pas risquer de dévoiler les noms de mes proches sous la torture.

Les mains de Dean se crispèrent et je lui jetai un coup d’œil. Il était pâle. Pour ma part, j’avais l’impression que mon cœur tentait de s’échapper de ma cage thoracique.

— Mais on n’a pas pu… On s’est mis à paniquer. Ils ont fini par nous entendre alors ils sont arrivés…
Peter saisit la main de sa femme dans la sienne, puis reprit :
— Tu as été soignée et ils t’ont laissé tranquille pendant un moment. Puis… une occasion de nous échapper s’est présentée. Nous l’avons saisi et nous avons essayé… Nous avons vraiment essayé. Mais les chasseurs ont commencé à nous rattraper.
Il eut un sourire triste.
— Tu nous as sauvé la vie, Lyn. (Il expira longuement.) Tu as sauvé la vie de Mary et je t’en serai éternellement reconnaissant.
Ma gorge était si sèche que je crus que je ne parviendrais pas à parler, pourtant, je le fis :
— Qu’est-ce que… Comment… ?
— L’un d’eux l’a attrapée. Tu l’as neutralisé. Tu as fait pareil pour m’aider et nous permettre de sortir. Nous approchions du but.
Un goût de bile remonta dans ma gorge.
— Comment ça, neutralisé ? appréhendai-je.

Il ne répondit pas et fuit mon regard. Cela voulait tout dire. J’eus un haut-le-cœur et la main de Dean serra la mienne avec plus de forces.

— Nous sommes désolés pour tout ça, Lyn…, s’excusa Mary. Te laisser derrière nous a été… la chose la plus dure que nous ayons eu à faire.
— Pourquoi est-elle restée là-bas ? fit mon compagnon, sèchement.
— Elle…
Mary ne parvint pas à continuer. Elle mit une main devant sa bouche, tremblante. Je me raidis.
— Elle est retournée en arrière… (Elle me regarda à nouveau.) Tu as voulu aider quelqu’un, qui venait de s’effondrer. Tu nous as hurlé de courir et que tu allais la chercher.
La ? Enfin, nous y arrivions, à cette fameuse personne.
— Mais elle… Elle était morte et…, poursuivit-il avec peine.
Ma poitrine se serra. Une horrible impression de familiarité me saisit.
— On t’a dit de fuir avec nous mais tu refusais et… Ils t’ont tiré dessus. (Voilà d’où venait ma marque, à l’épaule.) Et ils ont essayé d’atteindre Peter alors… Alors je l’ai poussé jusqu’à l’extérieur.
Des larmes commencèrent à rouler sur ses joues. Peter passa un bras autour de ses épaules.
— Je suis vraiment… vraiment désolée…, m’implora-t-elle.
Mais j’étais piégée dans mon esprit. Un souvenir luttait pour remonter à la surface.
— Et je suis désolée pour Ella…

Ella.
Non.
Ella.

Quelque chose remua en moi. Quelque chose de puissant, de redoutable. De dévastateur. Des images ensanglantées s’enchaînaient et je vis également une paire de petits yeux suppliants, apeurés.
Je me levai d’un bond, en furie. Je fis sursauter tout le monde.

— Non ! Non je ne veux pas qu’on parle d’elle ! Je ne veux même pas entendre son nom ! hurlai-je.

Puis, sans réfléchir à ce que je faisais, je me dirigeai vers la salle de bain et claquai la porte derrière moi. Je verrouillai, comme si cela me permettrait de me protéger du reste du monde. Dans l’autre pièce, le silence régnait.
Je ne savais plus qui était Ella. Mais des impressions bien trop violentes pour que je veuille seulement y penser m’avaient saisies. Je fermai les yeux de toutes mes forces et plaquai une main sur ma bouche afin d’étouffer un sanglot.

Disparaissez… Disparaissez…

De mon autre main, je serrai le rebord du lavabo de toutes mes forces. Mes articulations me firent mal, mais je m’en fichai. Je continuai à serrer jusqu’à ce que les images sortent de mon esprit. Je ne voulais pas les voir. Non.
Je finis par me laisser tomber sur le sol, lentement, le dos contre les toilettes. Je tentai de reprendre une respiration normale et inspirai profondément. Puis j’expirai.

Je ne me rendis compte qu’à ce moment-là que Dean frappait doucement à la porte. Sûrement depuis un moment. Je le voyais essayer de tirer sur la poignée.

— Lyn, ouvre-moi je t’en prie… Ils sont partis. Laisse-moi t’aider…
Je fixai la porte, puis finis par me faire violence et par me relever. Je titubai sur mes jambes flageolantes.
— Si tu n’ouvres pas ou que tu ne réponds pas je vais devoir défoncer la p…

Je lui ouvris avant qu’il ne termine sa phrase. J’avais senti la panique dans sa voix. Aussitôt, il me prit dans ses bras et me serra fort contre lui. J’enfonçai mon visage contre son épaule. Je retins mes larmes et son soutien me permit de m’apaiser, au moins un peu. Il parvint à chasser les souvenirs et je me laissai aller.

Il me porta et j’eus à peine conscience du fait qu’il marchait jusqu’au lit. Il me déposa sur le matelas et tira la couverture sur moi. Je me rendis compte à ce moment-là que je tremblais. Il savait que ce n’était pas à cause du froid, mais il voulait me réchauffer. Il s’allongea à côté de moi et passa un bras autour de ma taille.

— C’est fini… C’est fini, ma louve. Tu es en sécurité, maintenant…
Ses paroles rassurantes me firent hocher la tête. Je voulais absolument croire à ce qu’il disait. Il fallait que ça aille.
— Tu peux dormir pendant quelques heures. Repose-toi…

Je me forçai à fermer les yeux. Les images avaient fini par s’en aller, même si j’eus peur de les voir à nouveau. Quelque part, je m’en voulais d’avoir fait venir Mary et Peter pour que ça se termine aussi violemment et rapidement. Et d’un autre côté, je n’avais pas pu m’en empêcher sous cette avalanche de panique.
Je finis par m’endormir, bercée par les battements de cœur de Dean.

~


Dean me réveilla quelques heures plus tard. Pendant un moment, je ne parvins pas à me souvenir où j’étais, l’esprit encore embrouillé. Nous avions rassemblés nos affaires et étions sortis pour rejoindre les autres, près des voitures.

Anjali me serra doucement dans ses bras. Sadie me frotta le dos et Celeste mit une main sur mon épaule. Nabarun m’adressa un signe de tête et Sage essaya immédiatement de me faire sourire, en me faisant une blague. J’avais été tellement sur les nerfs entre la veille et le matin-même, que je pris sa légèreté avec gratitude. Cela me faisait du bien de sourire.

Alors qu’ils parlaient entre eux et rangeaient les valises dans les coffres, je croisai le regard de Swan, qui m’adressa un faible sourire, que je lui rendis.

Puis une idée me vint.
Je m’approchai d’elle et fis attention à ce que personne ne nous entende, près du capot de l’Impala de Dean.

— C’est d’accord, déclarai-je à voix basse.

Elle fronça les sourcils, puis son visage s’éclaira. Elle avait compris. C’était la réponse qu’elle attendait depuis un moment.
Entendre ce qu’il s’était passé chez les chasseurs, de la bouche de Mary et Peter, m’avait définitivement convaincue : je ne voulais pas me retrouver démunie si un de mes proches était blessé.
Et le peu de choses que je savais à propos d’Ella me confortait dans cette idée. Nul doute que j’avais essayé de la sauver. Tout comme mes parents.

S’il y avait une prochaine fois, je ne voulais pas échouer. J’allais retrouver toutes mes facultés, et même essayer d’aller au-delà. S’il le fallait, je demanderais à Tony. Lui, était même capable de déceler des corps étrangers chez les gens. Si je pouvais atteindre un tel niveau, je serais plus rassurée.
Swann hocha la tête.

— Dis-moi quand tu seras disponible, me répondit-elle.

Puis, elle s’éloigna et gagna la deuxième voiture, comme si de rien n’était.

Bien. Le plus tôt serait le mieux.

---


Chapitre 24
Chapitre 26
Dernière modification par Chlawee le mer. 15 sept., 2021 1:16 am, modifié 1 fois.
melaivy

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 24)

Message par melaivy »

De l'action en perspective, j'ai l'impression...
lacrystal

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 24)

Message par lacrystal »

Chloe38200 a écrit : dim. 05 sept., 2021 4:53 pm Hey ! :D
Non je suis pas en retard. :x (Si, totalement.)
Mais non t'inquiète ! Le temps est relatif
— Ce n’est peut-être pas le bon moment, ma louve. Il faut que tu te reposes et tu as eu assez d’émotion pour la soirée.
Moooowwww il est trop chou :cry: *-*
Elle hocha la tête puis vins m’étreindre un instant. J’étais si surprise que je n’eus même pas le temps de lui rendre son geste, avant qu’elle ne se recule.

— Prends soin de toi, m’ordonna-t-elle sur un ton doux. Prenez soin de vous deux.
Moooowww mais qu'est-ce qu'ils ont a tous être trop adorable là ? Je vais pleurer moi :cry: :cry:

— Tu veux vraiment que je te réponde ? me taquina-t-il.

Alors quelque chose me disait que ça ne devait pas être la première fois non plus que je me promettais d’arrêter de boire. J’espérais que cette fois, je m’y tiendrais.
Généralement, on ne s'y tient pas :lol: :lol: :lol: :lol:
Tu essayais de le provoquer hein ? lançai-je.
— Je ne pouvais pas m’en empêcher.
Je le comprends tellement xDDD
— Mais ça va être… bizarre.
« Bizarre » était un euphémisme.
J'avoue :lol: :lol: :lol:

— Tu veux que je t’aide à te détendre ? releva-t-il sur un ton suggestif.
Pitit coquinou (faut vraiment que je le fasse sur téléphone la prochaine fois, je voulais mettre le smiley avec un sourire en coin xD)

— Quand nous étions en captivité ensemble, nous avons compris qu’il y avait quelqu’un dans ta vie. Une personne à qui les chasseurs t’avaient arraché. Tu n’as jamais voulu dire son nom de peur qu’ils s’en servent contre lui.
OK moi aussi je pleure maintenant :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:
Je vis Mary presser ses doigts. Il se retint de dire quelque chose. Je fronçai les sourcils. Je n’allais pas oublier ça. « Quant à » quoi ? Ou qui ?
QUANT A QUOI ????????????
— Tu as volé un couteau. Il était assez petit pour passer inaperçu et tu as dû penser qu’ils étaient trop nombreux pour que tu t’en prennes à eux. Tu t’es tranchée les veines.
:o :o :o :o Je suis en train de chialer :cry: :cry: :cry: :cry:
— Elle est retournée en arrière… (Elle me regarda à nouveau.) Tu as voulu aider quelqu’un, qui venait de s’effondrer. Tu nous as hurlé de courir et que tu allais la chercher.
La ? Enfin, nous y arrivions, à cette fameuse personne.
Qui ????

— Mais elle… Elle était morte et…, poursuivit-il avec peine.
:cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:

— Et je suis désolée pour Ella…

Ella.
Non.
Ella.

Quelque chose remua en moi. Quelque chose de puissant, de redoutable. De dévastateur. Des images ensanglantées s’enchaînaient et je vis également une paire de petits yeux suppliants, apeurés.
Je me levai d’un bond, en furie. Je fis sursauter tout le monde.

— Non ! Non je ne veux pas qu’on parle d’elle ! Je ne veux même pas entendre son nom ! hurlai-je.
:cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:

ça va pas d'écrire des trucs comme ça :cry: :cry: :cry: J'ai les larmes aux yeux, wow, vraiment tu écris tellement bien, j'étais pas bien pendant la lecture de toute cette partie de l'histoire

— C’est d’accord, déclarai-je à voix basse.
Oooh :o

La fin laisse entendre de l'action à venir si Lyn essaie d'apprivoiser son don et que Dean s'en aperçoit... Encore une fois c'était un super chapitre, j'ai chialer comme une madeleine :lol: :lol: :lol: :lol: Ton écriture est superbe *-*
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 26)

Message par Chlawee »

Bonsoir ! :D Je suis très très en retard, je suis désolée ! Du coup je poste tout aujourd'hui pour essayer de rattraper un peu mon retard, pour ceux qui suivent aussi les aventures de Neeve ! :lol:
Bonne lecture !

Chapitre 26

Ashyrel commanda une autre bière, que le serveur fit glisser sur le comptoir, dans sa direction. Pour ma part, je m’en tenais aux sodas, la soirée pendant la réunion des métamorphes étant encore trop fraîche dans mon esprit. Je voulais bien reconsidérer l’idée de boire un peu, finalement, mais pas à ce point.

Au moins, je n’avais pas fini par jeter mes habits dans un aquarium pour finir en sous-vêtements. C’était déjà ça de pris. Lorsque j’avais dit cela à Anjali, après qu’elle m’ait demandé comment je me sentais, elle m’avait mis une tape derrière la tête en m’insultant. J’avais éclaté de rire.

— Comment ça se déroule pour ton clan, avec Sam Jonas ? m’enquis-je auprès de mon ami alors qu’il décapsulait sa bouteille d’un geste vif.

Il décapsulait plus vite que son ombre, ma parole.
Il haussa une épaule et porta sa boisson à ses lèvres, tandis que je tapotai mon verre de coca de mes ongles.

— Ça n’a pas changé grand-chose à nos vies, déclara-t-il après avoir bu une gorgée. Harmony est même soulagée de rompre le contact avec lui. Au moins un temps. Bon, nous sommes sereins pour l’instant mais on ne sait pas ce que ça va donner sur le long terme.
Je me mordis la lèvre.
— Je suis désolée.
— Alors là, tu n’y es pour rien du tout. Ça serait te donner trop d’importance. (Il me mit un coup de coude dans les côtes et je souris en roulant des yeux.) Ça faisait un moment que ça bouillonnait. Harm’ n’avait besoin que d’un nouvel élan de mauvaise foi de la part de Sam pour craquer et prendre une décision.
Je hochai la tête et terminai mon coca, puis piochai dans le bol de cacahuètes.
— Tu as revu Anjali, depuis ? lui demandai-je.
Il baissa les yeux et porta son verre à ses lèvres. Ah. Ça, ça voulait tout dire.
— Bon… Je ne vais plus t’embêter avec ça, décidai-je.

J’avais l’impression que cela lui faisait de la peine, d’en parler. Je me demandai ce qu’il se passait réellement entre eux, et si j’avais loupé des choses.

— Non, t’en fais pas. C’est juste… compliqué, répondit-il. (Je fronçai les sourcils.) Elle est un peu comme une… étoile filante. Elle illumine tout mais reste inaccessible.
Je fis de grands yeux ronds. Mon ami devenait poète, maintenant ?
— Eh ben… Mais tu as tenté ta chance ?
Il rit jaune.
— Ouais. On ne peut pas dire que ça ait été une réussite. Elle tient à rester indépendante mais je n’arrive pas à lui faire comprendre qu’en aucun cas je ne la priverais de liberté. Qui suis-je pour seulement le penser ? M’enfin, c’est comme ça. Nous n’avons pas tous la même vision des choses. Mais elle souffle un peu le chaud et le froid.

Je serrai les lèvres et hochai la tête. Il me faisait de la peine. Mais je savais aussi que mon amie tenait à profiter pleinement de la vie sans trop s’attacher à quelqu’un ainsi. Et je comprenais ça. C’était aussi pour ça qu’elle avait eu beaucoup de petits-amis, parfois en ne les choisissant pas bien : afin de connaître le plus d’expériences possibles. Et je me doutais que ces relations n’étaient pas guidées par un vrai amour.

— En tout cas, bravo pour ton coup de pied, me complimenta-t-il.
— Mon coup de pied ?
— Sur Noah, précisa-t-il avec un sourire machiavélique. J’ai été un peu déçu de ne pas pouvoir le faire moi-même, mais c’était quand même satisfaisant.
J’arborai le même air inquiétant.
— Tout le plaisir était pour moi, fis-je.

~


— Concentre-toi, m’enjoignit Swann.

Mes yeux étaient fermés et je me forçais à respirer lentement. Dans mon esprit, je visualisais la blessure qu’elle venait de se faire au bras. Une petite, certes, mais il avait fallu que je me concentre pour m’efforcer à rester calme. C’était plus compliqué que prévu.
Heureusement, je commençais déjà à faire des progrès. J’avais encore mal pour des égratignures, mais moins qu’avant. Cette séance était la troisième. Nous essayions de les espacer car cela pouvait être fatiguant mentalement et physiquement, et qu’il fallait que je trouve des moments où Dean ne serait pas là, ou une bonne excuse pour aller chez Swann. Pas qu’il m’empêcherait de m’y rendre, mais il pourrait trouver ça un peu suspect, alors que la distance entre elle et moi était bien visible, avant.
Je sentis sa plaie se refermer, sous mes doigts. Je rouvris un œil, puis constatai que j’avais réussi. Je soupirai de soulagement. Et mon cœur ne battait pas aussi vite que les autres fois.
Elle sourit en avisant son bras.

— Tu y es arrivée, encore une fois, déclara-t-elle.
Je hochai la tête.
— Comment ça se passe, niveau douleur ? me demanda-t-elle.
— Ça brûle un peu, mais ça va.
— Bien.

En revanche, je commençais à être épuisée. Cela faisait la quatrième fois en un peu plus de deux heures qu’elle se blessait. Je m’avachis contre le dossier du canapé, à bout de forces.

— Encore une fois, annonça-t-elle.

Quoi ?
Je la vis attraper le couteau et le pointer sur le dos de son avant-bras.

— Attends, Swann, paniquai-je. Je ne peux plus, là, je suis fatiguée…
— Dommage.
Elle était sérieuse, là ? Je sentis la colère monter.
— Je t’ai dit non ! insistai-je.

Elle appuya la pointe de la lame pour se faire une légère griffure sur quelques millimètres. Je vis le sang perler, même si ce n’était pas profond du tout. J’eus même envie de ne pas agir. Je lui avais dit non, c’était son problème.

— Regarde Lyn, tu peux le faire, elle est si petite…

Elle me fixa de ses grands yeux verts, attendant une réaction. Je ne retins pas une expression contrariée. Elle me sonda et je pouvais presque sentir le défi émaner d’elle.

Je reportai mon attention sur la blessure, puis soupirai. Bon, elle n’était pas si grande et je n’allais pas la laisser comme ça…
Mais au moment où je voulus la toucher, elle mit son bras en arrière, hors de ma portée.

— Presque, dit-elle.

À quoi elle jouait, là ?
En voyant mon air perplexe et vraiment agacé, elle me sourit puis attrapa le désinfectant, que nous avions déposé sur la table avec des bandages, en cas de problème.

— Tu as eu la réaction que j’espérais, poursuivit-elle. (J’ouvris la bouche pour lui faire part de ma confusion mais elle ne me laissa pas m’exprimer.) C’est ça, que je te disais. Il faut aussi que tu apprennes à dire non quand tu n’en as pas l’énergie ou l’envie. Là, je t’ai clairement provoquée pour susciter de la colère. Et pendant un instant, tu as hésité à me guérir.
Je haussai les sourcils, comprenant où elle voulait en venir.
— Tu veux dire que tu t’es blessée juste pour que je réalise que je ne voulais pas le faire ?
— Exactement. Dire non fait partie du processus. (Elle appliqua un pansement sur la plaie.) Tu as finalement voulu accepter, mais il y a du progrès. C’est bien. C’est même très bien.

Je la regardai encore un moment comme si une corne venait de pousser sur son front. Puis je finis par me détendre un peu.
Les méthodes de Swann pouvaient paraître affreuses, parfois, mais elles fonctionnaient. Et nous n’étions qu’à la troisième séance. Le feu que j’avais eu l’habitude de ressentir en soignant quelqu’un n’était plus qu’une légère flammèche, et il en fallait plus pour m’épuiser.
Elle se leva du canapé et alla nous servir deux verres de jus de fruits. Elle m’en tendit un.

— Tiens, on va avoir besoin de sucre, déclara-t-elle.

Je le bus d’un trait. Cela faisait du bien, en effet.
Elle regarda par la fenêtre. La nuit commençait à tomber.

— Dean termine tard ? demanda-t-elle.
— Oui, répondis-je.

Il avait eu du mal à me laisser seule, mais je lui avais promis de garder mon portable à portée de main tout le temps, afin qu’il puisse s’assurer que j’allais bien. J’avais repris mon service au restaurant mais là encore, il était là quand je terminais, ou bien quelqu’un d’autre se chargeait de me ramener en voiture, lorsqu’il ne le pouvait pas. J’aurais pu être agacée de cette surveillance continuelle, mais il fallait me rendre à l’évidence : cela me rassurait. Je venais de sortir de chez les chasseurs, et j’avais déjà eu plusieurs gros problèmes. Cette inquiétude partirait au fil du temps, mais ce n’était pas pour tout de suite, c’était sûr.

— Tu veux rester ? me proposa-t-elle. On pourrait regarder un film et commander une pizza…

Je restai bouche-bée quelques secondes. Elle fuyait mon regard et semblait gênée. En dehors de ces entraînements, elle ne m’avait jamais laissé penser qu’elle souhaiterait ma compagnie.

— Enfin, je dis juste ça comme ça, tenta-t-elle de se rattraper.

Elle essayait de masquer ce qu’elle ressentait. Elle ne voulait pas montrer à quel point elle pouvait se sentir seule. Je savais qu’elle voyait cela comme une faiblesse, quelque part.
Réellement ravie à la perspective qu’elle fasse un pas vers moi, j’approuvai :

— Avec grand plaisir ! J’ai vraiment faim.

Elle eut l’air de ne pas y croire, d’abord, puis ses lèvres s’étirèrent en un grand sourire, et elle alla chercher le téléphone pour passer notre commande.

~


Emmitouflée dans mon manteau, assise sur le bord de la terrasse à l’arrière du chalet, je regardais Dean, qui se dégourdissait les pattes sous sa forme de grand loup noir, en buvant un chocolat chaud. Celeste fumait une cigarette, à côté de moi. Elle disait qu’elle en avait besoin après chaque transformation, comme une personne en aurait eu besoin après le coït. Et elle m’avait fait rire en me disant qu’elle le faisait pour les deux.

Nous nous étions transformées, trois heures plus tôt, avant que la nuit ne tombe. Dean voulait poursuivre mon entraînement sous ma forme de louve, en m’apprenant à me transformer plus rapidement, que ce soit en animal ou en humaine. Puis il avait demandé à Celeste de venir avec nous, afin que nous nous lancions dans un jeu de piste. Je devais les retrouver grâce à mes sens, alors qu’ils étaient cachées dans la forêt, sous leur forme animale.

J’avais manqué de faire une crise cardiaque en voyant un immense cobra noir avec des yeux jaunes perçants. Son aura de prédatrice m’avait fait trembler un instant et j’avais courbé l’échine. Mais elle s’était montrée adorable et s’était mise à ramper à mes pieds, tout doucement, pour me rassurer.

J’avais eu du mal à les trouver, tous les deux, mais j’avais fini par y arriver. Nous avions repris forme humaine mais Dean voulait continuer à courir un peu. C’était assez drôle de le voir se taper des sprints sur la pelouse.
Je souris. Il faisait désormais nuit. Je regardai les étoiles, en me sentant sereine.

— Je suis contente d’être ici, lançai-je dans le silence.

Celeste haussa un sourcil en tapotant sur ca cigarette pour ôter le surplus de cendres. Elle souffla la fumée à l’opposé de moi, ce dont je lui fus reconnaissante.

— Et nous sommes contents que tu sois là, répondit-elle.
J’essayai de ne pas montrer à quel point ses mots me touchaient.
— Je n’aurais jamais imaginé que j’aurais le droit à ça, admis-je. Même si j’avais pu m’échapper à un autre moment, imaginons… ça n’aurait pas été pareil. C’est… Je n’aurais pas pu rêver mieux.
Elle grimaça.
— Ah non, la guimauve ce n’est pas pour moi, grommela-t-elle en faisant allusion à ce moment sentimental.
Je pouffai. Elle finit par sourire et mit une main sur mon épaule.
— Je plaisante, reprit-elle. Et Dean non plus n’aurait pas pu rêver mieux.
Je fis une moue un peu triste.
— Il aurait peut-être fini par trouver quelqu’un d’autre, si je n’étais jamais revenue, exposai-je.
Ce n’était pas impossible, après tout.
— Il n’aurait pas pu tomber amoureux de quelqu’un d’autre, lâcha Celeste.
Je levai les yeux vers elle.
— Lorsqu’un loup choisit sa moitié, il lui reste fidèle et l’aime jusqu’à la mort, expliqua-t-elle. C’est un instinct très puissant, chez l’animal comme chez les métamorphes. Je le sais, j’ai fait des recherches dessus quand je le voyais aussi mal.
Je restai bouche-bée, alors que mon cœur se serrait.
— Et il n’était pas sûr que tu l’étais vraiment. Morte, je veux dire. Cela ne lui permettait pas de passer à autre chose. Quoique je ne suis pas certaine que ça aurait été différent pour lui si ça avait été le cas. Tu comptes plus que tout, à ses yeux.

Elle éteignit sa cigarette, alors que je ne savais pas quoi dire. J’étais soufflée. Un immense élan de tendresse envers lui me saisit, alors que je l’observais courir entre les arbres, plus bas. J’avais envie d’aller le retrouver pour le serrer dans mes bras.
Moi non plus, je ne pensais pas pouvoir m’en remettre un jour, s’il lui arrivait quelque chose.
Celeste se leva. Je hissai mes yeux jusqu’à elle.

— Je dois y aller. C’est mon tour de veiller sur la boîte, ce soir, déclara-t-elle.
J’eus un sourire en coin.
— Ne fais pas trop peur aux fêtards.
— Je te promets d’essayer.

Je ricanai. C’était déjà mieux que rien. Je lui fis un signe de la main qu’elle me rendit, puis elle entra dans le chalet par la baie vitrée. Quelques secondes plus tard, j’entendis la porte d’entrée se fermer.

Je terminai mon chocolat chaud et déposai la tasse sur le bord de la terrasse, à côté de moi. Je repliai mes genoux contre ma poitrine et les entourai de mes bras. Je vis Dean disparaître derrière d’immenses sapins. Cela me fit sourire.
Mon ventre gargouilla. Évidemment. Je n’avais pas mangé, après ma transformation. J’attrapai ma tasse et me relevai. Je rentrai à l’intérieur et me dirigeai vers la cuisine. Je la déposai dans l’évier puis me mis à réfléchir à ce que nous pourrions préparer.
J’entendis un petit bruit, dans le chalet.

— Déjà ? lançai-je à Dean. Qu’est-ce que tu veux manger, ce soir ?

Je n’eus pas de réponse. Je fronçai les sourcils et sortis de la cuisine. Où était-il passé ?
Je vis que la porte d’entrée était ouverte. Il avait dû oublier quelque chose dans sa voiture. Je sortis pour voir si je pouvais l’aider. Je ne le vis pas. Je reniflai, mais l’air glacial et le vent m’empêchait de réellement flairer quoi que ce soit. Je ne sentais déjà même plus l’odeur de Celeste.

Je resserrai les pans de mon manteau autour de moi. Devant moi s’étendait le chemin de graviers, qui allait si loin que d’ici, je ne pouvais pas voir la route, qui était bordée de forêt de tous les côtés.

— Dean ? appelai-je en faisant quelques pas.
Rien.
— Celeste ?

Ou alors elle avait tout simplement mal fermé la porte…
Je fronçai les sourcils en percevant quelque chose. Un effluve ténu, mais bien là. L’odeur d’un loup. Mais il ne s’agissait pas de Dean. Ni d’un autre membre du clan.

Je me retournai, afin de rentrer. J’allais veiller à ce que la porte soit vraiment bien fermée, cette fois, et prévenir Dean qu’un loup étranger était venu.
La seconde d’après, j’étais sur le sol.

Quelque chose de massif venait de percuter mon dos. Mon visage se retrouva contre les graviers. Je tentai de me débattre, mais le loup me maintenait fermement.
Je sentais que la panique allait me saisir. Je ne voulais pas qu’elle prenne le contrôle de mon corps. Je me forçai à rester calme, cependant, il fallait que je demande de l’aide :

— D…

J’eus à peine le temps d’ouvrir la bouche qu’une grosse patte appuya ma tête sur le sol, afin d’étouffer mes cris. Je sentis la pointe de crocs sur ma nuque.
Mon corps se mit en mode survie. La louve en moi prit le dessus, même si je n’avais pas le temps de me transformer.
Je profitai d’un élan de force surhumaine pour pivoter et tenter de le dégager. Je parvins à le déstabiliser. Je le repoussai de toutes mes forces et je pus me mettre sur mes pieds.

Je le… la fixai avec haine. Il s’agissait d’une grande louve au poil beige. Et maintenant que je la regardais, je la reconnaissais. J’avais senti son odeur, pendant la réunion, même si c’était assez faible, au milieu de tous les autres parfums.
Elizabeth.

Elle me foudroya du regard et un grognement s’échappa de ses babines. Elle regarda brièvement derrière elle. Peut-être afin de vérifier que personne n’approchait. Et surtout pas Dean.

Mes doigts me firent mal et je me rendis compte qu’ils étaient en train de s’allonger pour devenir des griffes. Je la vis s’accroupir pendant une seconde, puis elle bondit sur moi. Je levai les main et fis un pas sur le côté. Mais elle me percuta tout de même de plein fouet et je m’écroulai sur le sol. Je me ressaisis le plus vite possible et roulai sur le côté. Mes griffes l’atteignirent au flanc et elle lâcha un couinement. Du sang se mit à perler dans son pelage clair, offrant un contraste saisissant.

Je profitai du fait qu’elle était décontenancée pour la griffer à nouveau, à la tête. En réponse, elle lâcha un grognement plus fort et ouvrit la gueule. Je parvins à m’éloigner suffisamment pour que ses crocs ne claquent que devant mon visage.
Elle cherchait à me tuer. Pas juste me blesser, mais m’éliminer.

J’ouvris la bouche pour hurler, mais ce n’était pas la peine. Un imposant loup noir courut jusqu’à nous, furieux.
Avant que Betty ne puisse faire quoi que ce soit, il attrapa sa nuque entre ses mâchoires et la balança sur le côté.

Je me relevai péniblement, après avoir valsé sur le sol. Dean se mit entre elle et moi, me tournant le dos, afin de faire face à la menace. Betty se mit difficilement sur ses pattes, tremblante. Ses flancs étaient couverts de sang, et c’était pareil sur son dos. Pour un peu, elle m’aurait presque fait de la peine.

Elle coula un regard implorant à Dean, même si on pouvait y lire de la frustration et de la colère ne pas avoir réussi son coup avant qu’il n’arrive. Pourquoi faisait-elle cela ? Était-ce parce qu’elle me considérait réellement comme une menace, ou pour avoir le champ libre avec Dean ?

Elle avait eu peur qu’il arrive pour éviter qu’il sache que c’était elle qui m’avait tuée, si elle avait réussi. Dommage pour elle, elle n’avait pas bien prévu son coup.
Il fit un pas en avant. Je ne l’avais jamais entendu grogner autant. Son aura d’Alpha nous englobait. Il voulait lui rappeler qui était le chef de ces terres.
Le coup qu’il lui avait asséné l’avait beaucoup affaiblie. S’il décidait de l’attaquer à nouveau, elle ne survivrait sans doute pas.

— Dean…

Je mis une main sur son dos, en espérant parvenir à le retenir. Alors qu’il allait bondir sur elle, je serrai mes doigts dans sa fourrure.

— Attends !

Ok, j’avais un peu pitié pour elle. Elle avait voulu me tuer, mais s’il la massacrait, il risquait de s’en vouloir. Moi-même, sans me rappeler du moment où j’avais assassiné des chasseurs pour permettre à Peter et Mary de s’enfuir, j’avais du mal à me dire que j’en avais été capable, et je ne voulais pas me souvenir parce que je savais que j’aurais du mal à vivre avec ça sur la conscience. Je ne voulais pas qu’il ait à se souvenir de ça. Je me demandais encore s’il avait tué les gardes, quand nous étions sortis, mais ce n’était pas une raison.
Sans compter qu’elle était la fille de Sam Jonas. Les répercussions seraient énormes.

Je sentis la présence d’autres métamorphes, derrière nous. Des grognements s’élevèrent. Je tournai la tête. Dean resta concentré sur Betty, ne voulant pas abandonner aussi vite. Je devais le tenir.
Je me rendis compte que Chris, qui avait voulu danser avec moi à la fête, était là. Ainsi que deux autres qui devaient être du même clan. Les trois nous fixaient, menaçants. Si Dean bougeait, je savais qu’ils bondiraient sur nous. Ils étaient sous leur forme de loup. Seul Chris était encore humain.

— Dean, stop…, le suppliai-je.

Je vis Griffin surgir. À ses côtés, Celeste - qui était donc revenue sur ses pas en entendant le raffut, ou qui avait été prévenue rapidement par Griffin - était présente également. Ils s’avancèrent pour s’interposer, tandis que j’essayais de faire reculer notre Alpha.

— On va tous se calmer, fit sèchement Griffin entre ses dents. Ne nous forcez pas à nous transformer à notre tour. Vous n’êtes pas sur votre territoire et nous serions en droit de nous défendre.
Il regarda Dean.
— Dean. Ce n’est pas une bonne idée, lui lança-t-il.
Celeste se plaça entre Betty et lui et leva ses deux mains.
— C’est la fille Jonas. (Son regard passa d’elle à moi. En voyant mon état, elle comprit ce qu’il venait de se passer.) Elle sait qu’elle a perdu. Elle a voulu la provoquer en duel mais elle a perdu.
— Ce n’est pas un duel, grogna Chris. Dean s’est interposé.
— Elle a essayé de me tuer, pas juste de gagner un duel, rétorquai-je.
— Cela n’était donc pas loyal depuis le départ, ajouta le Bêta de notre clan.
Chris leva une main.
— Nous voulons seulement la ramener. Elle sera punie pour ce qu’elle vient de faire, assura-t-il.

Ses compagnons n’eurent pas l’air tout à fait d’accord, mais il les fit taire d’un geste. Griffin hocha la tête. À son tour, il se plaça entre Betty et Dean. Ce dernier commença à calmer ses grognements et il me regarda, pour s’assurer que j’allais bien avant d’abandonner la lutte. Je le rassurai d’un regard. Il s’assit, à côté de mes jambes, sans quitter ma ravisseuse des yeux.
Chris s’approcha d’elle pour l’aider et mit une main sur son dos pour la guider. Elle boîta jusqu’aux membres de son clan, en essayant de rester le plus loin possible de Dean, qui fit mine de recommencer à grogner lorsqu’elle passa. Je mis une main sur sa tête pour le caresser.

Betty fut entourée des siens. Rapidement, ils s’éloignèrent en veillant à ce que nous ne ripostions pas. Nous ne les quittâmes pas des yeux, jusqu’à ce qu’ils disparaissent de notre champ de vision. Là, je pus souffler. Les épaules de Celeste et de Griffin se détendirent.
Dean, lui, était toujours en alerte. Je continuai à passer ma main dans son pelage. Il finit par frotter sa tête contre ma jambe.

— Je vais bien. Tout le monde va bien, lui assurai-je. Ils sont partis.
— Que s’est-il passé ? me questionna Griffin en venant mettre une main sur mon épaule.
Je soupirai.
— Elle a ouvert la porte du chalet et elle s’est éloignée. Je croyais que c’était Dean et je voulais voir si tout allait bien, expliquai-je. Mais je suis tombée sur elle. Elle m’a agressée.
Je fronçai les sourcils.
— Je ne sais pas comment ça fonctionne réellement, pour les duels, mais elle ne voulait pas de témoin. Elle surveillait pour vérifier que personne n’approchait. Je crois qu’elle voulait me tuer et disparaître avant que quelqu’un ne se rende compte que c’était elle. Avec le vent et le temps, elle espérait sûrement que son odeur disparaîtrait.
À force de me coller comme ça, Dean allait finir par me faire tomber. Mais il avait besoin de s’assurer que j’étais toujours là.
— Elle pensait que tu étais une cible facile. Et puisque tu n’as pas officiellement revendiquée ta place de compagne de l’Alpha… Certaines tentent de se l’approprier, soupira Celeste.
Je haussai les sourcils.
— Je pensais que c’était plutôt clair que j’étais avec Dean, fis-je avec perplexité.
— Je sais. Mais il y a tout un protocole ridicule, reprit Griffin. Je ne sais pas pourquoi on se prend la tête avec ça, mais apparemment, cela permet de faire comprendre aux autres qu’à partir du moment où tu t’attaques au compagnon d’un chef ou d’un Alpha, il faut s’attendre à ce que la riposte soit violente. Cela permet de dissuader les métamorphes de se provoquer en duel pour rien. S’il y a un duel à mener, c’est contre l’Alpha, pour prendre sa place. (Il secoua la tête.) Betty a fait n’importe quoi.
— Elle devait espérer que Dean finirait par tourner la page à propos de Lyn, si elle était vraiment morte, suggéra Celeste. Afin de tenter sa chance.

La rage me saisit, mais j’essayai de me contenir afin de ne pas alimenter celle de mon compagnon. Je hochai une fois la tête.

— Je vois, soufflai-je.
— Tu t’es bien battue, me félicita Celeste. Tu l’as mise dans un sale état. Et sans avoir eu besoin de te transformer.
Ouais, ou bien Betty était particulièrement maladroite en se battant. Je n’avais fait que sortir les griffes. Mais je ne relevai pas.
— Si jamais ils reviennent, appelez-nous, nous demanda Griffin. Nous rappliquerons.

L’œil empli de flammes de l’Alpha me fit penser que s’ils revenaient, il les massacrerait sans doute avant même que j’aie le temps de prévenir les membres du clan. Néanmoins, j’acquiesçai.

— Promis.

Rassurés, ils vinrent me serrer dans leur bras tour à tour. J’aimais vraiment ce clan. Tous essayaient de faire en sorte que les autres se sentent mieux. Comme une famille.
La cobra ébouriffa les poils de Dean sur le sommet de son crâne.

— Et toi, essaye de te détendre, lui suggéra-t-elle.

Il laissa échapper un faible grognement qui montrait qu’il n’était pas convaincu, en réponse. Elle lui adressa un sourire insolent, puis s’éloigna en suivant Griffin.
Dean attrapa la manche de mon pull entre ses dents et commença à tirer dessus.

— Oui, on rentre…

La chaleur ambiante du chalet me fit du bien. Je verrouillai la porte et me dirigeai vers le salon. Je m’assis sur le bord du canapé en soupirant longuement. Il vint mettre sa tête sur mes genoux, avec un regard inquiet. Je parvins à afficher un petit sourire et gratouillai son museau.

— Ça va…
Il devait vraiment se baisser, pour être dans cette position. Il était bien trop grand.
— Avant tout ça, je me demandais ce que j’allais préparer pour manger. Tu as faim ?

Il me jeta un regard dubitatif. Ses yeux semblèrent me dire « Tu penses à ça, là, maintenant ? ». Son expression m’arracha un rire. Cela me faisait du bien. J’avais la sensation de relâcher la pression.

— Merci d’être venu à mon secours…

Je me penchai pour déposai un baiser entre ses deux yeux. Puis je m’allongeai sur le grand canapé rond et lui fis de la place. Même si je n’allais pas m’endormir, je voulais juste… ne rien faire, un moment. Il grimpa à son tour et je me blottis contre lui, nichant mon visage contre sa fourrure. Il coucha sa tête au-dessus de mon crâne. C’était la première fois que nous étions ainsi, lui sous sa forme de loup, et moi en humaine.

Ma main se perdit dans les poils de son flanc et je le caressai. Je ne voulais pas me laisser emporter par le sommeil, pourtant, ce geste répétitif me berça, et je finis par sombrer.

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Chapitre 25
Chapitre 27
Dernière modification par Chlawee le sam. 25 sept., 2021 5:50 pm, modifié 1 fois.
lacrystal

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 26)

Message par lacrystal »

Hey ! :D
Je voulais bien reconsidérer l’idée de boire un peu, finalement, mais pas à ce point.
AH HA ! Je l'avais dit ! :lol: :lol: :lol:
Il décapsulait plus vite que son ombre, ma parole.
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:

— Non, t’en fais pas. C’est juste… compliqué, répondit-il. (Je fronçai les sourcils.) Elle est un peu comme une… étoile filante. Elle illumine tout mais reste inaccessible.
Mooooowwwwww c'est beau ce qu'il dit

— Tu as eu la réaction que j’espérais, poursuivit-elle. (J’ouvris la bouche pour lui faire part de ma confusion mais elle ne me laissa pas m’exprimer.) C’est ça, que je te disais. Il faut aussi que tu apprennes à dire non quand tu n’en as pas l’énergie ou l’envie. Là, je t’ai clairement provoquée pour susciter de la colère. Et pendant un instant, tu as hésité à me guérir.
Punaise mais Swann elle est trop forte en fait. Elle est super courageuse, c'est adorable comme elle veut aider Lyn

Elle disait qu’elle en avait besoin après chaque transformation, comme une personne en aurait eu besoin après le coït. Et elle m’avait fait rire en me disant qu’elle le faisait pour les deux.
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:

Mais elle s’était montrée adorable et s’était mise à ramper à mes pieds, tout doucement, pour me rassurer.
Mooowww elle est trop chou

— Il n’aurait pas pu tomber amoureux de quelqu’un d’autre, lâcha Celeste.
Je levai les yeux vers elle.
— Lorsqu’un loup choisit sa moitié, il lui reste fidèle et l’aime jusqu’à la mort, expliqua-t-elle. C’est un instinct très puissant, chez l’animal comme chez les métamorphes. Je le sais, j’ai fait des recherches dessus quand je le voyais aussi mal.
Mooooowwwwwwwwwww *-* Tu veux m'achever ????


— Dean ? appelai-je en faisant quelques pas.
Rien.
— Celeste ?

Ou alors elle avait tout simplement mal fermé la porte…
Je fronçai les sourcils en percevant quelque chose. Un effluve ténu, mais bien là. L’odeur d’un loup. Mais il ne s’agissait pas de Dean. Ni d’un autre membre du clan.
Oh shit
Oh shit
OH SHIT
La seconde d’après, j’étais sur le sol.
:o :o :o :o :o :o

Wow je suis choquée :o :o :o :o
Elle est complètement barge je suis sur les fesses :o :o :o :o :o :o :o
Genre vraiment. Pfiou heureusement qu'il y avait Dean, elle est totalement barrée
J'ai vraiment eu peur pendant un moment que tu fasses vraiment blesser Lyn ^^' :lol: :lol: Donc ouf, le chapitre finit bien :lol:

Ils sont vraiment adorables Lyn et Dean, mon coeur il fond *-*

C'était un super chapitre, encore une fois, j'adore !! *-*
Pendergast

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 26)

Message par Pendergast »

Bonsoir, beaucoup d'émotions, un peu d'angoisse également mais tout est bien qui finit bien ! Bonne soirée
melaivy

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 26)

Message par melaivy »

Je suis contente de voir Lyn et Swan reprendre du poil de la bête.
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 27)

Message par Chlawee »

Hello ! :D J'espère que ce chapitre vous plaira !
Bonne lecture ! :D

Chapitre 27


Ce n’était pas possible. Cela ne pouvait pas arriver.

— Ouvre les yeux… Je t’en prie ouvre les yeux…

Je secouai la silhouette massive par les épaules, afin d’obtenir une réaction. Mais rien. Les paupières restaient désespérément closes. Le sang maculait son visage et le sol à côté de moi. Mes yeux étaient brouillés par les larmes. Je ne voyais presque rien. J’avais seulement conscience du chaos autour de nous.

— Tu ne peux pas me faire ça !
J’avais essayé de toutes mes forces… De toutes mes forces. Pour essayer de la soigner. Mais je n’arrivais à rien. C’était trop tard.
— Ouvre les yeux ! implorai-je.

Soudainement, le décor changea. Je regardai mes mains pleines de sang, mais la silhouette avait disparue. Je relevai les yeux. J’étais dans une pièce plongée dans l’obscurité. Tout était vide.

— Hé ! appelai-je. Vous n’avez pas le droit de me faire ça !
Je voulais pleurer, mais je n’y arrivais pas.
— Ramenez-les !! hurlai-je.
— Lyn.

Alors que j’allais à nouveau crier, cette voix m’en empêcha, me prenant par surprise. Une voix douce, familière.
Dean.
Je me levai, sur mes jambes flageolantes. Je ne voyais rien.

— Dean ?
— Lyn. Il n’y a rien pour toi ici, insista-t-il. Il faut que tu me rejoignes.

Je me concentrai de toutes mes forces en pensant à lui. Il ne devait pas être dans cette pièce. Je mis mes mains sur mes tempes. Je forçai son visage à se dessiner dans mon esprit.

— J’arrive…

Je fermai les yeux.
Soudain, je sentis comme un changement autour de moi. Il n’y avait plus d’odeur métallique. Je soulevai mes paupières. J’étais dans une chambre, assise sur le bord d’un lit. Je levai mes mains à hauteur de mes yeux. Il n’y avait plus aucune trace de sang.
La porte de la pièce s’ouvrit. Dean entra.

Et aussitôt, ce fut comme si je ne contrôlais plus rien, que mon corps agissait sans mon accord. J’avais la sensation que j’étais hors de moi-même, de n’être qu’une spectatrice.
Il s’approcha de moi avec un sourire en coin. Il n’y avait personne dans la maison, nous serions tranquilles, même si mes parents voyaient d’un bon œil notre relation.

— Alors ? Qu’est-ce que tu voulais me dire ? demandai-je, les mains sur mes cuisses.
Il ne répondit pas et vint se mettre devant moi. Je haussai les sourcils en le voyant s’agenouiller devant moi.
— Qu’est-ce que tu fais… ?
— J’ai quelque chose à te demander…

Mon souffle se coupa.
J’attendis la suite, mais elle ne vint jamais. Parce qu’une part de moi hurlait que je ne devais pas écouter. Si je le faisais, je me souviendrais. Et la suite… La suite, je ne voulais pas la connaître. J’allais me sentir seule, quand il allait disparaître. Terriblement seule. Je ne devais pas m’attarder sur mes souvenirs de Dean.

Je fus comme propulsée en arrière, alors que je voyais les lèvres de Dean bouger, s’adressant à une Lyn qui devenait de plus en plus éloignée. Je venais d’être expulsée de mon propre corps.
Le décor changea à nouveau.

— C’est pour toi.

Cette phrase me fit sursauter.
Devant moi, un jeune garçon aux longs cheveux blancs et aux yeux noirs me regardait. Je reconnus Ashyrel, même s’il était plus jeune. Il tenait un paquet cadeau dans les mains, fermé par un ruban rouge. Il ne devait pas avoir plus de treize ans.

— Je t’avais dit de ne rien m’offrir pour mon anniversaire ! protestai-je.
Ce n’était pas ma voix. Elle était bien plus aiguë. J’étais plus jeune, moi aussi.
— Ouvre quand même ! rit-il.

Je fis mine de lever les yeux au ciel, mais j’étais dévorée par l’impatience. À peine avait-il prononcé le début de la phrase, que j’étais déjà prête à ouvrir.
Je sortis une gourmette d’une petite boîte noire. Elle était magnifique. Elle était en or et mon nom était gravé dessus. Ma bouche forma un « o » et j’écarquillai les yeux. Deux petits diamants entouraient la plaque.

— Ça a dû te coûter super cher ! m’étonnai-je.
— Ne t’en fais pas ! Et rien n’est trop beau pour toi !
Je mis une main sur mon cœur, touchée. Je me mis sur la pointe des pieds et l’embrassai sur la joue.
— Merci mon chou. T’es adorable !
La gourmette disparût de mes mains. La boîte également. Je relevai la tête et vis le visage de mon ami disparaître peu à peu.
— Non !
Pourquoi est-ce que tout devait disparaître ?! Pourquoi rien n’était réel ?
— Lyn !
Encore une fois, j’étais plongée dans le noir. Je ne voyais pas d’où venait cette voix.
— Lyn je suis tombée !
— Ella !
Mais je ne pouvais pas bouger. Et je savais ce que j’allais voir. Je ne voulais pas y faire face.
— Lyn ! Ils approchent !
— Je… Je ne peux pas…
— Tu ne peux pas rester sans rien faire !

Un frisson glacé me parcourut. Cette fois, ce n’était pas la voix d’une fillette, qui m’avait parlé. Du moins, elle y était, oui, mais il n’y avait pas que la sienne. C’étaient celles de plusieurs personnes. Des personnes qui étaient mortes. Je ne savais pas comment, mais j’en étais certaine.

— Pourquoi tu nous as tués ? me crièrent-elles.
— Laissez-moi par pitié…
— TU NOUS AS LAISSÉS MOURIR !

Je me mis à hurler.



Je me redressai d’un seul coup. Ma gorge me faisait mal. Mes mains étaient sur mes tempes. Je tentai de me débattre en sentant quelqu’un me retenir. J’avais l’impression qu’on me parlait, mais je n’entendais rien, avec mes sanglots et mes cris de détresse.
Je ne voulais plus rien entendre. Plus rien. Je ne voulais pas que leurs voix m’atteignent. Je désirais qu’elles me laissent en paix.
On attrapa mes mains pour les écarter de ma tête. Je gardai les paupières baissées. J’étais certaines que je verrais du sang partout, si je regardais.

— LYN !

Cette fois, j’entendis clairement. Et ce n’étaient plus les mêmes voix.
C’était celle de Dean.

Mon hurlement mourut dans un hoquet de surprise et j’ouvris brusquement les yeux. Devant moi, son visage paniqué me fixait. Il tenait mes poignets dans ses mains. Des larmes coulaient sur mes joues.

— Je les ai tué…, m’étranglai-je.

Je me jetai à son cou et il me serra dans ses bras.
Nous étions toujours sur le grand canapé rond. Je sentais sa peau sous mes doigts. Il avait repris forme humaine avant de s’endormir, ou pendant, car il était nu.

— Je les ai tué…, répétai-je.
— Qui ça, mon cœur ?
Je secouai la tête contre son torse.
— Je ne sais pas…

Nous restâmes dans cette position un long moment. Le silence de la nuit nous enveloppait. Mes sanglots finirent par s’espacer et mes tremblements s’atténuèrent. Il ne bougea pas, le temps que je me calme.
Je séchai mes larmes et soufflai un bon coup.

— C’est bon… Ça va…
Il déposa un baiser sur mon front et me fit me rallonger, tirant le plaid sur nous.
— Tu veux en parler ?
Je déglutis.
— Je me souviens que je… J’essayais de réveiller quelqu’un et… Mais ça ne marchait pas. Et ce n’était pas la seule personne… Puis tu m’as appelée et je t’ai rejoint. Nous étions dans une chambre et tu voulais me dire quelque chose. Et ensuite… J’étais avec Ashyrel. Mais tout était mélangé et… C’est comme s’ils s’agissaient de souvenirs et en même temps de cauchemars et de rêves. Et tout a disparût et on me hurlait dessus… Ella était là mais je ne pouvais pas la voir… Et ensuite… Grâce à toi je me suis réveillée…

Il caressa ma joue avec un regard compatissant et peiné. Il voulait m’aider mais ne savait pas comment s’y prendre. Cela se voyait.

— Est-ce que tu te souviens de ce qu’il se passait avec moi ? Ou avec Ashyrel.
— Il m’offrait un cadeau. Une gourmette avec deux petits diamants…
Son regard s’éclaira.
— C’est vraiment arrivé, pas vrai ? demandai-je.
— Tu la portais tout le temps, me répondit-il avec un petit sourire. Elle doit être dans un carton, quelque part.

Je la chercherais au plus vite.
J’allais noter tout ça dans mon carnet, à la suite de ce que j’avais appris par Mary et Peter, et des bribes de mes autres songes. Chaque détail était bon à prendre. Pourtant… Pourtant je savais qu’il y avait une partie dont je ne voulais pas me souvenir.
Noter ce qu’il s’était passé chez les chasseurs avait été difficile, mais pas impossible, puisque c’était surtout factuel, comme je ne m’en souvenais pas. J’arrivais à rester un peu détachée, comme si je racontais l’histoire de quelqu’un d’autre.
Mais ça… Si je me rappelais tout, ça serait différent.

— Et pour nous ? me relança-t-il doucement.
Ma gorge se serra. Je luttai contre une nouvelle vague de larmes.
— Je sais juste que tu voulais me demander quelque chose, répondis-je. J’ai… Je me suis forcée à mettre fin à la scène… Je ne devais pas me rappeler.

C’était horrible, dit comme ça. Je ne savais pas pourquoi je l’avais fait, mais sur le coup, je m’y étais sentie obligée. Et ce n’était pas la première fois que ça arrivait.
Il fronça les sourcils. Je comprenais sa perplexité. À sa place, j’aurais fait la même tête. Je venais quand même de lui avouer que je ne voulais pas me souvenir de lui.

— Je suis désolée…
Il finit cependant par secouer la tête.
— Non. Ne t’excuse pas. Tu n’y es pour rien.
Je me mordis la lèvre inférieure. Il fallait que je sois honnête.
— Si. Je crois bien que si.
Il me regarda, avec un air à la fois confus et interrogateur. Je me passai une main sur le visage.
— C’est moi qui bloque mes souvenirs de toi, avouai-je. J’en ai laissé passer, parfois, mais la plupart du temps je ne veux pas… Quand je commence à avoir des flashs de toi, de nous… je les repousse.

Je me redressai pour me mettre en position assise et mis mes mains sur mes hanches, comme si cette fausse allure confiante allait me donner de la force.

— Parce que je sais qu’ensuite… Tout va s’enchaîner. Tu es le point le plus important de ma mémoire et si ça se débloque, alors… je saurai ce qui s’est passé après l’attaque. Je sais que ça attend juste derrière, que j’ouvre la porte. Je sais que je vais revivre le moment où je t’ai perdu. Et je sens… je sens que je ne peux pas… Je ne pourrai pas supporter ça encore une fois.
Je secouai la tête.
— Mais je sais qu’il faut que je le fasse. Je ne pourrai pas y échapper éternellement et je suis fatiguée de le faire. Et tu ne mérites pas ça. Seulement je n’y arrive pas, pour le moment…

Il m’étreignit à nouveau et se mit à caresser mon dos. Ses bras étaient à la fois protecteur et raidis, signe qu’il était partagé entre l’envie de me réconforter et sa colère contre tout ce qui était arrivé et le fait que je lutte contre moi-même.

— Tu n’es pas obligée. Ne te force pas si tu sens que ça va être trop douloureux. Je te l’ai dit, nous pouvons nous créer de nouveaux souvenirs, ma louve.
— Je vais le faire. Je sais que j’ai peur de ressentir la solitude que j’ai enduré mais maintenant… maintenant tu m’as retrouvée. Et je t’aime. Je finirai par y arriver…
Il déposa un baiser sur mon front.
— Je t’aime, répondit-il. Je ne laisserai plus jamais rien nous séparer. Rappelle-toi que tu ne seras plus jamais seule. Je serai toujours là. Et si tu décides de laisser les souvenirs revenir, je te soutiendrai tout du long.
J’enfouis mon visage dans son torse.
— J’ai peut-être des souvenirs concernant les autres qui me reviennent, mais sache que dès le départ, quand je t’ai vu, toi, tu m’as été familier. Et avec les autres… rien. C’est toi. Tu as la plus grande place dans mon cœur.
Il mit ses deux mains sur mes joues et posa son front contre le mien.
— Tony avait tort. C’est toi, le miracle. Mon miracle, chuchotai-je.
Il ferma les yeux quelques secondes.
— Mais tu es aussi le mien. Irrémédiablement, répondit-il.

Je parvins à esquisser un sourire un peu triste et me blottis contre lui. Je reposai ma tête contre l’oreiller et nous restâmes un moment à regarder le ballet des flammes, dans la cheminée.

— Est-ce que tu souhaites me raconter ce qu’il se passait, chez les chasseurs ? me demanda Dean après un long silence, d’une voix apaisante.
Je me crispai et en réponse, il m’étreignit un peu plus fort.
— Cela t’aiderait peut-être à passer un cap ? Mais tu n’es pas obligée. Je veux juste que tu saches que je suis là si tu veux en parler.

Je ne répondis rien pendant un moment. Si bien qu’il devait se dire que je ne le ferais pas ou que je m’étais endormie. Mais je me lançai finalement :

— D’accord.

Je me mis à tout lui raconter. Depuis le début. Mes premiers pas en tant que nouvelle moi chez les chasseurs, mon rapprochement avec Mike et Gina et le fait qu’ils faisaient semblant d’être mes protecteurs et une figure parentale. Ou au moins amicale. Puis la déchéance. Les tests qui se multipliaient. La torture psychologique. La pression que je subissais à cause de Mike. Le fait que je ne pouvais aller nulle part sans être surveillée, les manipulations. Le fait que j’étais obligée de leur obéir et de les guérir. Que je n’étais jamais seule et jamais tranquille.

Jusqu’à ce qu’il arrive et qu’il remette en question toute ma vie. Qu’il fasse basculer mon univers pour ouvrir la porte à quelque chose de plus beau.

Il m’écouta tout du long sans intervenir, sauf pour poser une question, de temps en temps. Je voyais bien que mon récit le mettait en colère mais il me montrait que je ne devais pas me retenir. Que cela me ferait du bien. Qu’il était prêt à tout entendre pour m’aider.
Et c’était vrai. J’avais l’impression qu’un immense poids s’était ôté de mes épaules. Je l’en remerciais, pour ça.

— Celeste m’a dit quelque chose, hier, déclarai-je, rompant le silence qui nous englobait.

Ce n’était pas un silence gêné pour autant. C’était plutôt apaisant. Nous n’avions pas besoin de parler pour être bien ensemble. Ses doigts caressaient mon bras et mon oreille était contre sa poitrine, écoutant les battements de son cœur.

— Mmh ?
— Elle m’a dit que quand un loup aime quelqu’un, c’est jusqu’à la mort, continuai-je. Est-ce que c’est vrai ?
Je le vis esquisser un sourire.
— Oui, répondit-il.
Je sentis mes joues s’échauffer de plaisir. Puis une question me vint :
— Mais alors… tous les deux nous n’avions jamais été amoureux, avant ?

Je lui lançai un regard emplit de curiosité.
Il se hissa sur un coude et prit un air pensif en me regardant.

— Pour ma part, j’avais eu quelques relations, avant. Mais rien de sérieux. Il y en a bien une qui a duré un peu plus longtemps que les autres, mais ce n’était pas comme avec toi. (Il mit une mèche de mes cheveux courts derrière mon oreille.) Avec toi c’était différent. Ce n’est pas réellement dès qu’on tombe amoureux de quelqu’un, mais c’est plus… au niveau de l’intensité. Et quand c’est la bonne personne… quelque part, on le sait.
Je me mis à sourire comme une enfant découvrant ses cadeaux le matin de Noël.
— Et tu sais que c’est moi, c’est ça ? fis-je sur un ton taquin.
Il lâcha un petit rire.
— Bon sang, si ce n’est pas toi et que j’aime quelqu’un encore plus je vais finir par exploser, railla-t-il. Non, je préfère rester en vie, tu me conviens pour l’instant.
Je pris un coussin dans ma main et frappai son visage avec. Il était hilare.
— Et moi ? m’enquis-je.
— Tu avais déjà eu un petit-ami mais apparemment, il t’a fait un coup bas au lycée et Ashyrel lui a botté le cul.
Je pouffai. Ça ne m’étonnait même pas.
— Mais tu m’as raconté que tu t’en étais vite remise.
— Et…
Je me mis sur un coude, à mon tour, le regardant dans les yeux.
— Tu as été ma première fois ? m’enquis-je.

Je voulais en savoir plus sur notre passé. Chaque information était bonne à prendre, tant que je n’étais pas dans un rêve susceptible de me montrer des images plus horribles.

— Oui.
Mes yeux se mirent à pétiller. La moi de l’époque devait être vraiment heureuse d’être tombée sur le bon du premier coup.
— Et toi, non.

C’était plus une affirmation qu’une question. Dans un rêve, qui était plutôt un souvenir, je m’étais dit que je n’étais pas la première, mais que je comptais être la dernière.
Il soupira.

— Non… Mais comme je l’ai dit, avant toi, ça ne comptait pas vraiment.
Je lui fis un sourire et l’embrassai sur le bout du nez.
— Ne t’en fais pas, tu avais le droit d’avoir une vie !

Même si, bon, je n’aimais pas imaginer qu’il ait pu faire l’amour avec une autre. Je fis taire mon côté louve avant qu’elle se mette à grogner.
Il me fit rouler sur le dos et se plaça au-dessus de moi.

— Maintenant, c’est toi, ma vie.

Je caressai sa joue d’une main et souris.

~


Je refermai le carnet et regardai autour de moi en soupirant. Je n’avais fait que reporter ce dont je me souvenais de mes rêves par écrit et cela n’avait pas été long, mais j’avais l’impression d’être vidée. Je m’étirai, sur le lit, puis me levai. En passant devant l’étagère, mon œil fut attiré par les rares livres posés dessus. Dean n’avait pas beaucoup d’occupations et il ne possédait aucune réelle passion.

Je laissai mes doigts courir sur les couvertures. Il y avait un vieux livre de contes et je me promis d’y jeter un œil un de ces jours. À côté, quelques polars.

J’ouvris le premier tiroir pour y ranger le carnet. Puis, prise de curiosité, j’ouvris celui du dessous. Je n’avais jamais regardé, parce que je m’attendais à ce que ce soit vide. Et en effet, ça l’était. Je soupirai.
Oui, il fallait vraiment ramener un peu de vie dans cette pièce.
Mon stylo m’échappa et roula au fond du deuxième tiroir.

Mais alors que ma main caressait le bois pour le récupérer, je sentis quelque chose sous mes doigts. Je fronçai les sourcils. Je tapai légèrement dessus. Ça sonnait creux.
Il y avait un double fond. Est-ce qu’il voulait cacher quelque chose ?

Peut-être. Dans ce cas, ne regarde pas.

Je me reculai, mais je ne pouvais pas m’empêcher de regarder. J’avais l’impression que ce compartiment m’appelait.
Retenant mon souffle, j’ouvris le double fond. Je vérifiai que Dean n’était pas dans les parages afin de ne pas être prise en flagrant délit de fouille. Si jamais il le savait, je m’excuserais des centaines de fois s’il le fallait.

Je déposai délicatement le socle sur le haut de l’étagère. Devant moi, il y avait plusieurs feuilles griffonnées. Ainsi qu’une petite boîte noire.
J’attrapai les papiers et mes yeux les parcoururent. Ils s’écarquillèrent.

Il y avait mon nom un peu partout. « Lyn Miller ». Ainsi que des morceaux de cartes déchirées avec des emplacements divers pointés au feutre rouge. Quelques notes étaient inscrites, indiquant un degré de probabilité. Quelques articles de journaux ainsi que des témoignages avaient été découpés.

Je mis une main devant ma bouche et mes yeux me piquèrent. Devant moi, j’avais les recherches que Dean avait faites lorsqu’il avait tenté de me retrouver. Je serrai les feuilles contre ma poitrine un instant. Il essayait de regrouper des éléments pour comprendre où j’étais.
Puis je lus les dernières. Je blêmis. Cette fois, elles étaient plus récentes.

« Maine ». L’État dans lequel j’avais été séquestrée. Mon cœur s’affola. Il y avait également les noms de Mike et Gina.
Il était en train d’utiliser tout ce qu’il savait. Pas pour me retrouver, cette fois, non.
Pour les retrouver eux.

Je reposai les feuilles dans le tiroir avant de les froisser et trahir ma curiosité. Je posai les mains sur le haut de l’étagère en reprenant mon souffle qui venait de se faire haletant.

Putain, non… Dean qu’est-ce que tu fous ?

Il allait s’attirer des problèmes. Le but était de fuir les chasseurs, pas de les traquer.
Je passai une main sur mon visage en essayant de recouvrer mes esprit. Puis je me souvins de la petite boîte. Je la regardai un instant. Elle m’était familière.
Je la saisis et l’ouvris.
Pour la deuxième fois, j’arrêtai de respirer.

À l’intérieur, se trouvait une bague en argent sertie d’un diamant. Des images de mon rêve, alors que Dean s’agenouillait devant moi, me revinrent en mémoire. Je ne parvenais pas à détacher mon regard du bijou. Il était magnifique.
Je reportai ensuite mon attention sur mon annulaire gauche, comme si c’était à cet endroit que la bague aurait dû se trouver.
Que j’avais l’habitude de la voir.

En entendant la porte d’entrée s’ouvrir, je revins à la réalité et rangeai la bague dans la boîte. Je refermai le double fond et fermai le tiroir. Je fonçai ensuite à la salle de bain afin de me passer de l’eau sur le visage.

— Lyn ? entendis-je.
— J’arrive ! criai-je en réponse.

Je me regardai un instant dans le miroir. Pour l’instant, cela se voyait que j’étais encore secouée. Je pris de profondes inspirations et me pinçai les joues afin de retrouver des couleurs. Une fois assurée que je pouvais faire comme si de rien n’était, ou prétendre être seulement fatiguée, je descendis au rez-de-chaussée.

Une odeur de nourriture parvint à mes narines. Mon estomac, qui gargouillait jusqu’ici, était bien trop silencieux.
Dean se tourna vers moi avec un sourire en m’entendant.

— J’ai ramené des sushis, déclara-t-il.
Si je n’avais pas été aussi préoccupée, j’aurais sûrement crié de joie. Mais je ne parvins qu’à afficher un petit sourire.
— Merci, mon chéri.
— Tout va bien ? s’inquiéta-t-il.
— Oui, je suis juste un peu fatiguée.

Et voilà…

Je m’assis à la table. Je devais me retenir de le dévisager. J’avais envie de lui poser un millier de questions. Tant à propos de ses recherches que sur la bague. Mais j’en étais incapable pour le moment.

Ma poitrine était serrée par l’émotion. J’avais peur, pour lui, pour nous. J’étais chagrinée que cette bague ait un jour quitté mon doigt, si mes soupçons s’avéraient justes, et j’avais envie de lui dire que je l’avais vu pour pouvoir la remettre. Ou de le demander en mariage moi-même.

Mais tout se mélangeait dans ma tête et ce n’était pas le moment. Je ne pouvais pas agir comme ça sous le coup du choc.
Alors même s’il avait remarqué que quelque chose me préoccupait, je fis comme si tout était normal, et il n’insista pas.

Dean, dans quelle merde tu t’es fourré ?

Je savais qu’il faudrait que je lui en parle lorsque j’aurais respiré un bon coup et pris un minimum de recul. En revanche, je surveillerais ce tiroir de près. Si je voyais que ça avançait, j’interviendrais avant.

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Chapitre 26
Chapitre 28
Dernière modification par Chlawee le dim. 03 oct., 2021 11:07 am, modifié 1 fois.
lacrystal

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 27)

Message par lacrystal »

Chloe38200 a écrit : sam. 25 sept., 2021 5:49 pm — Tu ne peux pas me faire ça !
J’avais essayé de toutes mes forces… De toutes mes forces. Pour essayer de la soigner. Mais je n’arrivais à rien. C’était trop tard.
— Ouvre les yeux ! implorai-je.
Le chapitre commence déjà super bien xDD Si c'est ça tout le long, j'ai le regret de t'annoncer que mon coeur ne va pas le supporter :')
— Alors ? Qu’est-ce que tu voulais me dire ? demandai-je, les mains sur mes cuisses.
Il ne répondit pas et vint se mettre devant moi. Je haussai les sourcils en le voyant s’agenouiller devant moi.
— Qu’est-ce que tu fais… ?
— J’ai quelque chose à te demander…
di,xuznydé,?7NXDY3C?FNAXDB?XWQ
ERREUR 404
J’attendis la suite, mais elle ne vint jamais.
Oh non :cry: :cry: :cry: Je voulais la suite :cry: :cry: :cry: :cry:

— Ça a dû te coûter super cher ! m’étonnai-je.
— Ne t’en fais pas ! Et rien n’est trop beau pour toi !
Mais il est trop chou :cry:

— Lyn je suis tombée !
— Ella !
eyes eyes eyes Qui est Ella ? eyes

Mon hurlement mourut dans un hoquet de surprise et j’ouvris brusquement les yeux. Devant moi, son visage paniqué me fixait. Il tenait mes poignets dans ses mains. Des larmes coulaient sur mes joues.

— Je les ai tué…, m’étranglai-je.

Je me jetai à son cou et il me serra dans ses bras.
Oh non ma pauvre chouquette :cry: J'ai envie de lui faire un câlin, elle a vécu un véritable enfer !

— Parce que je sais qu’ensuite… Tout va s’enchaîner. Tu es le point le plus important de ma mémoire et si ça se débloque, alors… je saurai ce qui s’est passé après l’attaque. Je sais que ça attend juste derrière, que j’ouvre la porte. Je sais que je vais revivre le moment où je t’ai perdu. Et je sens… je sens que je ne peux pas… Je ne pourrai pas supporter ça encore une fois.
Punaise :cry: :cry: :cry: Tu veux me faire pleurer ou quoi ?

— J’ai peut-être des souvenirs concernant les autres qui me reviennent, mais sache que dès le départ, quand je t’ai vu, toi, tu m’as été familier. Et avec les autres… rien. C’est toi. Tu as la plus grande place dans mon cœur.
Il mit ses deux mains sur mes joues et posa son front contre le mien.
— Tony avait tort. C’est toi, le miracle. Mon miracle, chuchotai-je.
Il ferma les yeux quelques secondes.
— Mais tu es aussi le mien. Irrémédiablement, répondit-il.
Je fonds :( :( :( *-* *-* *-* <3 <3 <3
— Maintenant, c’est toi, ma vie.
Moooooooooowwwwwwwwww <3 <3 <3 <3
Puis je lus les dernières. Je blêmis. Cette fois, elles étaient plus récentes.

« Maine ». L’État dans lequel j’avais été séquestrée. Mon cœur s’affola. Il y avait également les noms de Mike et Gina.
Il était en train d’utiliser tout ce qu’il savait. Pas pour me retrouver, cette fois, non.
Pour les retrouver eux.
:o :o :o :o :o :o :o Ah non, Dean, non, non, non

Putain, non… Dean qu’est-ce que tu fous ?

Il allait s’attirer des problèmes. Le but était de fuir les chasseurs, pas de les traquer.
Je suis totalement d'accord avec Lyn, c'est une super mauvaise idée

À l’intérieur, se trouvait une bague en argent sertie d’un diamant. Des images de mon rêve, alors que Dean s’agenouillait devant moi, me revinrent en mémoire. Je ne parvenais pas à détacher mon regard du bijou. Il était magnifique.
Je reportai ensuite mon attention sur mon annulaire gauche, comme si c’était à cet endroit que la bague aurait dû se trouver.
Que j’avais l’habitude de la voir.
AAAAAAAHHHHHHHHHHH *-* *-* *-*

Quel chapitre *-*
Super fort en émotion, déjà avec les souvenirs puis la fin avec Dean... C'est une très mauvaise idée, il faut pas qu'il traque les chasseurs, il va finir par les remettre sur leur piste. Je pense qu'il veut probablement venger Lyn mais ce n'est pas la solution, ce sont des gens vraiment dangereux
Par contre la bague là OMG *-* *-* *-* *-*
Ils étaient fiancés alors ?!!
Lyn doit être dans un état, elle ne se souvient pas de tout mais elle l'aime, elle a l'air vraiment partagée entre retrouver ses souvenirs et les laisser enfouis dans sa mémoire, franchement, c'est vraiment déchirant son histoire :cry: :cry:
J'espère au prochain chapitre on en saura plus sur cette Ella, elle m'intrigue vraiment !
Sinon, j'adore ta plume, comme d'habitude ! *-*
melaivy

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 27)

Message par melaivy »

Je me régale.
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 28)

Message par Chlawee »

Hello ! :D Voici le chapitre 28 ! J'espère qu'il vous plaira !
Merci pour vos commentaires ! <3

Chapitre 28


Swann agita sa main devant mes yeux. Je revins à la réalité. Je n’étais pas du tout concentrée, alors qu’il y en avait grandement besoin.

— Lyn, tu ne peux pas te permettre de rêvasser maintenant ! me reprocha-t-elle.
Je clignai des yeux et lui adressai un regard d’excuses.
— Oui, pardon…
— Tu es sûre que tu ne veux pas qu’on arrête là ? Tu as l’air préoccupé depuis tout à l’heure et je n’ai pas envie de blesser mon bras pour rien.

Elle tenta un petit sourire pour me montrer qu’elle disait cela sur le ton de la plaisanterie, mais je n’avais pas le cœur à rire.
Elle s’assit sur le canapé et se tourna face à moi.

— Allez, dis-moi ce qu’il se passe. Je peux peut-être t’aider et on pourra continuer, me proposa-t-elle.
Je soupirai et me pinçai l’arête du nez.
— Je ne peux pas tout expliquer parce que ça ne concerne pas que moi, commençai-je. Mais… Disons juste que j’ai découvert quelque chose à propos de Dean et je ne sais pas comment lui dire que je suis au courant. (En voyant son expression alarmée, je m’empressai d’ajouter : ) Rien de grave, ne t’en fais pas.
Mensonge.
— Je sais que le sujet va arriver sur le tapis à un moment ou un autre mais en attendant… Et ça fait une chose de plus que je lui cache, en plus de nos entraînements.

Dans cette situation, c’était un peu plus complexe, puisque je lui cachais le fait que je savais que lui-même me cachait quelque chose. Concernant les chasseurs, j’essayais d’avoir un peu de recul et je me disais qu’il ne les traquait peut-être pas, mais voulait se tenir prêt à toute éventualité, au cas-où nous devrions partir précipitamment. En revanche, concernant la bague… Maintenant que j’étais au courant que nous avions été fiancés, n’était-ce pas un peu cruel de ma part de ne pas lui dire que je m’en souvenais vaguement et de faire comme si de rien n’était ?

J’avais essayé de lui parler au moins d’une des deux choses : les chasseurs. Mais au départ, soit j’étais encore sous le choc, soit il y avait toujours quelqu’un pour me freiner dans mon élan, sans le vouloir. À chaque fois, je finissais par me dégonfler. Surtout que j’aurais dû expliquer ce que j’avais trouvé, à côté de ces papiers. Et pour ça, je n’étais pas tout à fait prête.
Swann hocha doucement la tête.

— Je vois.
Elle étendit ses jambes pour poser ses pieds sur la table basse.
— Ne te mets pas trop de pression, me dit-elle. Surtout avec tout ce que tu vis en ce moment.
J’opinai, peu convaincue.
— Tu préfères qu’on s’arrête là ? s’enquit-elle.
Je pris une grande inspiration et secouai la tête.
— Non. Ça fait déjà du bien d’en avoir parlé, je vais assurer, maintenant.
Et c’était vrai : j’étais soulagée.
— Je n’ai pas été d’une grande aide…
— Si, bien plus que tu ne le crois. Et pas seulement pour ça.

Elle acquiesça et se munit de son couteau pour s’infliger une entaille plus profonde que les autres. Aussitôt, je mis ma paume sur la blessure, alors qu’elle grimaçait de douleur.
La brûlure n’était plus aussi vive. Nous étions passées à un niveau supérieur, depuis quelques séances. Maintenant, je devais aller de plus en plus vite tout en apprenant à me canaliser et à ressentir le moins d’effets secondaires possibles.
J’avais l’impression d’être arrivée à un stade de guérisseur « normal ». Je ne pouvais faire que mieux, par la suite.

Tout ça grâce à Swann.

~


— Je suis super nulle, râla Eden en revenant vers nous.

Ashyrel et moi étions assis à une petite table, en train de savourer un bon gâteau au chocolat, dans la salle du bowling. À peine avais-je posé les yeux sur la carte des boissons et de la nourriture, que j’avais passé commande. J’avais l’impression d’avoir tout le temps faim, ce qui faisait rire Ashyrel, qui ne mangeait pas autant qu’un loup.
Nous observâmes la boule d’Eden rouler sur la piste, pour terminer dans la rigole. Je grimaçai puis eus une moue compatissante.

— Ce n’est pas grave, on vient de commencer, la rassurai-je. Tu feras mieux au prochain tour.
Elle s’assit et se remit à manger son dessert.
— Non, on ne vient pas de commencer, c’est la deuxième partie, grommela-t-elle. Tu me dis que je ferai mieux au prochain tour depuis qu’on est arrivés.
Je haussai une épaule.
— On vient de commencer la deuxième partie, argumentai-je.
— Ce sont nos derniers tours.
— Eh ben on commencera tout juste la troisième.
Un sourire amusé la trahit. Je lui pinçai gentiment la joue et elle fit mine de râler. Je me levai à mon tour.
— Je pense que ce n’est même pas la peine que je regarde, soupira Ashyrel.
J’eus une expression diabolique.
— Tu l’as mauvaise parce que je te bats, c’est ça ? ricanai-je.

Enfin ! Depuis que je l’avais rencontré, j’avais l’impression qu’il était meilleur que moi dans tous les domaines. Là, je pouvais savourer ma revanche.
Je lançai la boule en mesurant ma force correctement. Elle alla frapper pile au milieu des quilles.

— Strike ! m’écriai-je en levant les poings.
— Oui ben ça ne fera que le quatrième, grogna Ash.
Je pouffai.
— Je devais être une sacré joueuse avant, non ? demandai-je en reprenant ma place.
— Je crois qu’on y a joué une ou deux fois, c’est tout, répondit-il. Ça doit être la chance du débutant.

Je roulai des yeux puis jetai un regard aux points, sur le tableau affiché au-dessus de notre piste. J’étais largement première. Même si mon ami faisait un strike là maintenant, c’était son dernier tour et il ne pourrait pas rattraper le retard.
Eden, elle, était bonne dernière mais même si elle s’en plaignait, je savais qu’elle passait un bon moment, avec nous.

— Alors, comment ça se passe, à la fac ? lui demandai-je en buvant une gorgée de limonade.

Ashyrel lâcha un juron en voyant qu’il n’avait renversé que deux quilles. Je retins mal un sourire. Il avait voulu faire le malin, il s’en mordait les doigts, maintenant.

— Ça se passe bien, je stress un peu pour les examens, mais ça devrait le faire, soupira-t-elle.
Je lui ébouriffai les cheveux.
— Je suis sûre que tu vas y arriver, la rassurai-je. Et n’oublie pas que si tu as besoin d’aide pour réviser, tu peux me demander. Tu sais où me trouver…

J’avais à peine terminé ma phrase qu’un hurlement de douleur retentit dans la salle. Nous tournâmes la tête en direction de ce bruit, les yeux écarquillés.
Ashyrel venait de lâcher sa boule sur son pied, par accident.

Nous bondîmes de nos fauteuils pour nous précipiter vers lui, alors que les joueurs de la piste d’à côté venaient l’aider à s’asseoir sur un banc.

— Ash ! m’écriai-je.

Je fus près de lui en quelques secondes. Je grimaçai en voyant une expression reflétant sa douleur sur son visage. Quelqu’un s’occupa de remettre la boule à sa place, afin de se rendre utile.
Un membre du personnel accourut vers nous.

— Vous voulez que j’appelle les urgences ? proposa-t-il.
Je jetai un regard entendu à Ashyrel.
— Je vais l’emmener moi-même à l’hôpital, ne vous en faîtes pas, déclarai-je.
Je mis un de ses bras autour de mes épaules et Eden fit de même avec l’autre.
— Vous avez besoin d’aide ? nous demanda-t-on.
— Juste pour ouvrir les portes, s’il vous plaît, répondit Eden.

Elle me sonda de ses yeux violets. Je lui lançai un regard complice. J’allais le guérir. Elle comprit mon intention. Lui aussi.
Nous installâmes un Ashyrel qui retenait des exclamations de douleur, sur le siège arrière de la voiture. La jeune louve s’installa avec lui pour tenir sa jambe et éviter que son pied ne bouge.
Je m’installai derrière le volant.

— Lyn qu’est-ce que tu fous ?! s’étonna Ash. Tu ne sais pas conduire !
— Non mais je sais comment on démarre et comment on s’arrête ! répliquai-je.
À force de voir Dean le faire, j’avais commencé à comprendre certaines choses.
— Et je ne prends pas la route, je veux juste qu’on se mette un peu à l’écart… Ça serait bête qu’on me voit en train de te soigner par magie.
— Ça serait bête aussi qu’on meurt en se prenant un mur, grogna-t-il.
— Un peu de confiance, Ash.

Mais même Eden paraissait perplexe.
Je démarrai la voiture et ôtai le frein à main. Je passai la première et fis attention à rouler très lentement en me tenant la plus éloignée possible des bâtiments.
Sur le passage, je renversai une poubelle.

— Oups, grimaçai-je.
— Si tu rayes ma voiture…, commença-t-il sur un ton menaçant.
— Tu vas me faire quoi ? Me briser le pied ? ris-je.
Il me foudroya du regard dans le rétroviseur.
— Désolée c’était trop tentant.

Je traversai le parking du bowling à un rythme d’escargot. Je finis par tourner à l’angle d’un immeuble, un peu plus loin. À l’arrière, il n’y avait personne et l’ombre nous cachait. Bien !
Je faillis ne pas réussir à arrêter complètement la voiture, mais j’y parvins. De plus, il me donna quelques conseils. Je soupirai de soulagement lorsque je remis le frein à main.

— C’était pas si dur ! me réjouis-je. Ok, j’ai renversé une poubelle mais c’est peu, comme dommage collatéral, non ?

Eden secoua la tête et Ashyrel se passa une main sur le visage.
Je me détachai et sortis de la voiture. J’ouvris la portière arrière et Eden me céda sa place.

— Bon, je vais devoir enlever ta chaussure, ça va être douloureux.
— Vas-y, fit-il en serrant les dents.

Je la desserrai au mieux avant de la tirer, afin qu’il la sente le moins possible. Il blêmit mais prit sur lui pour ne rien dire. Il avait tout mon respect parce que ça devait faire un mal de chien.
Je retirai également sa chaussette.

— Lyn t’es sûre que c’est une bonne idée ? s’enquit-il dans un souffle.
— Ça dépend, t’as du désodorisant ? raillai-je.
Il plissa les yeux.
— Je parlais de la guérison.
— Je sais. Mais c’est vrai que ce n’est peut-être pas le moment pour faire de l’humour. Oui, j’en suis sûre. Tu es en train de souffrir.
— Je peux aller à l’hôpital. Ça te fait mal, de guérir…
Je secouai la tête.
— Ne t’en fais pas pour moi, le coupai-je.
Eden n’avait pas l’air convaincue. Je voyais le doute et la crainte dans ses yeux.
— Ça va aller, assurai-je.

Je posai délicatement mes mains sur son pied et me concentrai. Je sentis des vagues d’énergie émaner de mes paumes, tandis que je sondais la blessure. Swann m’avait appris à ne pas me précipiter, à percevoir d’abord d’où provenait la douleur et l’étendue des dégâts. Cela m’aidait pour la suite.
Je serrai les lèvres. Son pied était vraiment en mauvais état. Brisé. Je n’avais jamais réparé des os, mais il y avait une première fois à tout.

La sueur perla à mon front, tandis que les premières sensations de brûlures me gagnaient. Je repensai aux entraînements et inspirai profondément, toujours en visualisant mon objectif et en repoussant la douleur du mieux possible. La mienne, comme celle d’Ashyrel. Je mis plus de temps à la faire cesser que d’habitude, puisque je n’avais encore jamais eu affaire à ce type de blessure, mais ensuite, je ne ressentis plus que des picotements ténus dans le bout de mes doigts. Je forçais mon cœur à garder un rythme normal, à ne pas s’affoler.

Sous mes paumes, je sentis les os se souder. Ashyrel grimaçait mais était également fasciné par ce qu’il voyait. Je me demandai s’il y avait un guérisseur, dans son clan.
Je finis par ne plus rien sentir. Je sondai son pied une dernière fois, mais constatai qu’il n’y avait plus rien. J’étais fatiguée, mais pas autant que je ne l’aurais cru. C’était une victoire.

— C’est fini, lançai-je.
Il hocha la tête et fit bouger ses orteils.
— Tu sens encore quelque chose ? l’interrogeai-je.
— Non… C’est super. Merci beaucoup Lyn, fit-il avec sincérité.
Je lui adressai un clin d’œil.
— Il n’y a pas de quoi !
Eden parût soulagée et afficha un sourire.
— Mais comment as-tu réussi ? s’enquit-il, les sourcils froncés.
Je me mis à improviser sans trop réfléchir, afin que ça ne paraisse pas suspect :
— J’ai soigné des personnes, depuis que je suis revenue, déclarai-je. Et avec tout ce temps sans prendre de médicaments, mon pouvoir a fini par se stabiliser.

Ce n’était pas vraiment un mensonge, cela dit.
Eden eut un léger rire joyeux. Je tournai la tête vers elle.

— Qu’est-ce qu’il y a ? m’enquis-je, perplexe.
— Tu as dit « depuis que je suis revenue ». Pas « depuis que je suis arrivée », m’annonça-t-elle.

Au début, je ne compris pas où elle voulait en venir. Puis je réalisai : je ne me considérais plus comme une étrangère. Et j’avais accepté le fait que l’ancienne Lyn, c’était bel et bien moi.
Lentement, un grand sourire se mit à étirer mes lèvres.

— C’est vrai, oui, admis-je.

Ashyrel mit une main sur mon épaule et la pressa, l’air fier de moi. Et quand je sortis de l’habitacle, Eden me serra dans ses bras. Je lui rendis son étreinte avec tendresse.

~


— Attends… Il a fait tomber la boule sur son pied ? répéta Anjali.
Je hochai la tête en piochant une chips.
— Ouais, confirmai-je encore une fois.
Nabarun haussa les sourcils et Anjali semblait être partagée entre l’inquiétude et l’envie de rire.
— Ne vous en faîtes pas, il va mieux, les rassurai-je.
Mon amie soupira de soulagement. Mais son frère n’abandonna pas le sujet comme ça :
— Tu l’as guéri ? me questionna-t-il.
Je hochai la tête.
— Eh ben… Bravo à toi, me félicita-t-il. Il a eu de la chance que tu sois là.
— Si je n’avais pas été là, il ne serait sûrement pas allé au bowling en premier lieu, le corrigeai-je avec un sourire amusé.
Il rit.
— Pas faux.
Anjali me coula un regard interrogateur.
— Alors… Est-ce qu’il y a du nouveau ? me questionna-t-elle.
Nabarun avait l’air dubitatif.
— Elle parle de mes souvenirs, lui expliquai-je.

J’avais pris l’habitude de me confier à mon amie à propos de ça, quand des bribes de mon passé me revenaient en mémoire.
Je me mordis la lèvre. Je ne savais pas si je pouvais leur dire, à eux, ce que j’avais appris… Au moins concernant la bague.
Mais je finis par me lancer :

— Oui, il y a du nouveau.
Ils furent pendu à mes lèvres.
— Mais… Il ne faut pas en parler. Je dois le faire moi, d’accord ?
Ils hochèrent la tête, attentifs. Je me raclai la gorge puis pris une grande inspiration.
— Je me suis rappelée un moment où Dean était accroupi devant moi avec un air sérieux et il voulait me demander quelque chose. (Une lueur de compréhension passa dans leur regard.) Et j’ai… J’ai trouvé une bague…
Il y eut un grand silence. Puis, avec un sourire triste, Anjali prit ma main dans la sienne.
— Et tu n’es pas prête ? devina-t-elle.
— Hum… C’est… compliqué. Si, je voudrais que ça redevienne comme avant mais… J’ai l’impression que ce n’est pas… légitime, là tout de suite.
Naba mit une main sur mon épaule.
— Laisse-toi un peu de temps. Peut-être que le fait de ne pas te souvenir te freine et il ne faut pas que tu te mettes la pression. Tu n’es obligée à rien.
— Par contre… Ne pense pas que tu n’y a pas droit maintenant, si c’est ce que tu veux, reprit Anjali d’un ton emplit de douceur.
Nabarun me sourit.
— En tout cas, sache qu’on ne l’avait jamais vu aussi souriant. Peu importe ce que tu décides, il est fou de toi. Comme je pense que tu l’es aussi.
Il avait raison.
— Il a toujours été renfermé sur lui-même. Moins qu’au début, puisqu’on l’a forcé à sortir un peu de sa coquille, mais ce n’était pas tout à fait ça, ajouta Anj. Mais maintenant que tu es là… il est heureux. Et il le montre.
Je hochai la tête, un espoir fou montant dans ma poitrine.
— Vous saviez, que nous avons été fiancés ? demandai-je.
— Il a fini par nous le dire, un jour, m’apprit Naba. Il ne parlait pas beaucoup de toi parce que c’était douloureux, mais parfois, il nous en disait plus.

J’eus un petit sourire triste.
Je savais que je finirais par lui en parler. Mais en attendant, je surveillais de près l’avancée de ses recherches. Elles ne bougeaient pas. Il était dans une impasse. Et quelque part, j’en étais soulagée. Si nous n’avions aucun moyen de savoir où étaient les chasseurs, peut-être qu’eux non plus, ne pourraient pas nous trouver.

— Je reviens, je vais chercher quelque chose, annonça Anjali.

Elle se leva de table et fonça dans le couloir. Cette femme était une vraie flèche.
Je souris à Nabarun.

— Et toi ? Comment vont les amours ?
Il haussa une épaule avec un sourire un peu mystérieux.
— Ça se passe…
Je lui mis un coup de coude dans les côtes.
— Tu ne veux rien dévoiler ? souris-je.
— En réalité, en ce moment, il n’y a personne. Mais ça se passe bien, de manière générale. J’ai… Je peux enfin faire ce que je veux.
Je mis une main sur la sienne.
— Cela n’avait pas l’air simple, en Inde…
— Elle t’en a parlé ?
— Un peu.
Il eut un sourire un peu triste.
— Avoir un fils homosexuel quand tu es à la tête d’une famille puissante… Ça a de quoi rendre un père très aigri.

Je baissai les yeux, me sentant coupable d’avoir lancé le sujet.

— Mes parents n’acceptaient pas le fait que je sois gay. Et notre transformation en lynx a été la goutte d’eau. Mais finalement, je ne saurais même pas te dire laquelle des révélations les a le plus choqués.
Je le regardai droit dans les yeux.
— Tu sais quoi ? Tu les emmerdes, lâchai-je.
Il eut un rire nerveux.
— Je les emmerde, répéta-t-il.
— Maintenant, tu es ici et tu peux faire absolument tout ce que tu veux.
— Exactement !
— Lyn ? m’appela Anjali. Tu peux venir ? Finalement ça serait moins pratique que je descende ce truc !
Je fronçai les sourcils, craignant le pire.
— Je crois qu’elle s’est mise à la couture, ricana son frère.

Ah, tiens. C’était déjà fini, la photographie ? Quoiqu’elle m’avait parlé de faire de la couture, dans la chambre froide.
Je montai les escaliers et la rejoignis dans sa chambre. C’était le chaos partout où je posais les yeux. Il y avait des bouts de tissus dans chaque recoin de la pièce, ainsi que sur le lit. Je me demandais si je pourrais voir la couverture entièrement, un jour.

Elle me fit signe d’approcher. Dans ses mains, elle tenait ce qui ressemblait à un long vêtement d’un rose pâle. Je m’approchai et touchai le tissu.

— C’est très doux, complimentai-je.
— Euh… Oui, mais qu’est-ce que tu en penses ?
Elle grimaçait en regardant son œuvre. Elle savait que ce n’était pas une réussite mais voulais que je le lui confirme.
— Honnêtement… ?
— Oui.
— Je ne sais même pas ce que c’est.
Il y eut un moment de silence, puis elle éclata de rire. Je la suivis une seconde plus tard.
— Une robe de chambre ? tentai-je.
— Un sari.
— Dommage.
Elle avait voulu faire un sari ? Le résultat en était quand même assez loin.
— Tu sais qu’il vaudrait mieux que tu commences par quelque chose de plus simple… ?
— Ouais. Mes ancêtres ont dû se retourner dans leur tombe. (Elle commença à ranger.) Je vais plutôt me mettre à la pâtisserie. Comme toi !
Oh. Mes pauvres pâtisseries qui ne méritaient pas ça…
— Tu ne veux pas essayer encore ? Tu peux coudre de plus petits vêtements ?
— Non, je pense que je vais passer à autre chose, répondit-elle.

Le contraire m’aurait étonné.
Je l’aidai à ranger en lui tendant tous les bouts de tissus que je voyais. Je pus enfin voir à quoi ressemblait vraiment son lit. Une première.

— Alors ? Mis à part l’accident d’Ash, ça s’est passé comment, le bowling ? s’enquit-elle, le sourire dans la voix.
— Très bien. J’étais en train de le battre. Et sévèrement. Il s’est blessé pour détourner l’attention, j’en suis sûre.
Ma réflexion la fit rire.
— Et avec Eden ?
J’eus un petit rictus attendri.
— C’était super, admis-je.
La tête d’Anjali disparût dans son placard.
— Ça se passe beaucoup mieux entre vous, alors ?

Alors qu’il y avait beaucoup de positif qui ressortait de ma relation actuelle avec la jeune louve aux yeux violets, je me surpris à avoir la poitrine qui se serrait.

— Euh… Oui.

Alarmée par mon ton soudainement moins joyeux, son visage réapparût dans mon champ de vision. Elle s’approcha de moi, inquiète.

— Que se passe-t-il, ma belle ?
— J’ai encore… l’impression de ne pas être vraiment celle qu’ils attendent…
— Qui… ?
— Eden. Griffin. Ashyrel, nommai-je.
Elle prit ma main dans la sienne et m’invita à m’asseoir sur le bord du lit.
— Explique-moi, me demanda-t-elle.
Le doux visage d’Anjali et ses paroles me firent monter les larmes aux yeux. Elles finirent par couler à flots sur mon visage.
— Ils savent qui j’étais. Je ne sais pas s’ils se rendent compte de qui je suis maintenant. Je ne suis même pas sûre de le savoir moi-même. J’aimerais ne pas avoir changé mais ce n’est pas aussi simple. Je sens que c’est quand même le cas.
Elle entoura mes épaules de ses bras.
— J’ai peur qu’ils aient surtout l’ancienne moi en tête, et qu’ils se forcent à ne pas voir les différences.
Elle déposa un baiser sur ma joue.
— Ma belle, ils t’aiment. Tous. Moi aussi, énormément. C’est également le cas des autres membres du clan. Et pourtant, la plupart ne te connaissaient pas avant. C’est bien la preuve que tu es admirable, peu importe qui tu es maintenant. Tu es toi, et c’est tout ce qui compte.

J’opinai et calai ma tête contre son épaule. Elle mit la sienne contre la mienne.

— Si tu voyais Eden… Elle espère tellement retrouver sa grande sœur… C’est un vrai plaisir de passer du temps avec elle mais j’ai peur qu’elle soit déçue à chaque fois.
— C’est ce que tu penses quand vous êtes ensemble ?
— Eh bien… Elle ne le montre pas mais…
Elle secoua la tête.
— Lyn, je suis sûre que tout va bien. Évidemment, ce n’est pas comme avant, mais ça n’empêche pas votre relation d’être belle, là maintenant. Et puis, si la complicité commence à revenir, alors peut-être que tu la considéreras à nouveau comme ta petite sœur. Qui peut savoir ?
J’eus un petit sourire.
— C’est vrai…
— J’ai toujours raison.
Je me mis à rire.
— J’avais oublié. Heureusement que tu es là pour me le rappeler, fis-je avec ironie.
— Toujours.

Elle se recula pour attraper une boîte de mouchoirs sur sa table de nuit. J’en pris un et m’essuyai les yeux.

— C’est n’importe quoi… En ce moment j’ai l’impression d’être une vraie fontaine, raillai-je.
— Ce sont les nerfs, soupira-t-elle avec un air théâtral. Ou alors c’est la saison. Moi aussi en ce moment j’ai l’impression de faire n’importe quoi ou de réagir de manière exagérée.
Je haussai les sourcils.
— C’est-à-dire ? l’interrogeai-je.
Elle se mit à rougir. Oh… Alors là, je n’allais pas abandonner.
— Rien, oublie.
— Ah non, non ! protestai-je. Qu’est-ce que tu entends par « n’importe quoi » ? Quelles réactions exagérées ?
Je me rappelai ce qu’Ashyrel m’avait dit, au bar : qu’elle lui soufflait le chaud et le froid. J’étais certaine que ça avait un rapport.
— C’est à propos d’Ash ? tentai-je.
Elle ne répondit pas, regardant droit devant elle, les mâchoires serrées.
— Allez… Tu peux me le dire, à moi, insistai-je.
Elle me jeta un regard noir et je levai mes mains en signe d’innocence.
— Ok, ok ! J’arrête de t’embêter avec ça.

Elle finit par soupirer.

— Non, tu as raison. Il y a bien quelque chose entre Ashyrel et moi. Mais je suis un lynx, et lui, c’est un corbeau. Alors même si nous ressentions des choses… imagine un peu, avec nos instincts !
Je serrai les lèvres pour m’empêcher de rire.
— Quoi ?
Finalement, je ne pus me retenir. Je pouffai.
— Rien, je t’imagine en train de chercher à le bouffer ! m’exclamai-je.

Elle prit un coussin et me frappa avec à la figure. Mais cela ne m’empêcha pas de continuer à être hilare, au contraire. Elle finit par avoir un air amusé.

Je savais que ce n’était pas qu’à cause de leurs instincts, mais de son envie de voler de ses propres ailes sans personne pour les entraver. Et si elle estimait qu’elle n’avait besoin de personne, alors c’était son choix. J’espérais juste qu’elle ne finirait pas par regretter, ou être triste. Et que mon ami finirait par tourner la page.

— Ça ne serait pas une si mauvaise idée, tiens ! plaisanta-t-elle.
— Je n’en doute pas ! S’il meurt, je pourrais dire à tout le monde que j’avais définitivement gagné, au bowling. Et aux jeux à boire, tiens. Il ne pourra pas me contredire.

~


Alors que je regardais distraitement un documentaire à la télévision, emmitouflée dans le plaid, sur le canapé, Dean s’assit à côté de moi, avec une expression sérieuse. Je coupai le son et me tournai vers lui.

— Qu’est-ce qu’il se passe ? m’enquis-je, un peu inquiète.
— Je vais voir Sam Jonas, demain, avec Griffin. Il sera accompagné de son Bêta.
J’écarquillai les yeux et me redressai.
— Quoi ? Pourquoi ?
Il soupira.
— Ce qu’il s’est passé avec Elizabeth est remonté à ses oreilles. Normal, puisque c’est sa fille. Il souhaite nous rencontrer pour en parler et en tant qu’Alpha, je dois m’y rendre, puisque ça te concernait.
C’était logique, oui. Il n’empêchait que je n’aimais pas le fait qu’il y soit obligé. Je passai une main sur sa joue.
— Je viens avec toi, décidai-je.
Son visage se referma.
— Hors de question, trancha-t-il.

Je mis mes poings sur mes hanches.

— Ça me concerne, comme tu l’as dit, lui rappelai-je. Tu comptes m’en empêcher ?
— Je me souviens que tu m’as parlé de t’attacher. Je pourrais y réfléchir.
Je roulai des yeux et secouai la tête.
— Écoute-moi bien Dean Jones Sparks Ajouter-nom-ici, ton égo est aussi grand que ton identité complète si tu penses que tu peux m’interdire quoi que ce soit. Quant à cette menace de m’attacher, tu as intérêt à t’en servir dans le lit conjugal mais ça s’arrêtera là.
Il éclata de rire.
— Je te rappelle que tu es Lyn Miller Jones Sparks Lyna Snyder, ton nom est presque aussi long que le mien.
— Ça fait beaucoup de S…, notai-je. Et il y a un nom qui est factice. Et finalement, ton égo est aussi grand que nos deux identités complètes réunies. Si j’étais toi, je me remettrais en question.

Concernant « Jones », je le considérais toujours comme mon nom, quelque part. C’était celui dont je m’étais souvenue et que j’avais gardé. Cela l’avait marqué puisque je lui avais dit tout naturellement que je me nommais Lyn Jones, après notre fuite de chez les chasseurs. Et un jour, j’avais été fiancée à Dean. C’était si proche d’être la réalité…
Il sourit, puis se ressaisit et soupira.

— Je ne t’interdirai rien, déclara-t-il. Jamais. C’est juste que ça va être éprouvant…
— J’en ai vu d’autres. Je serai là, parce que tu n’affronteras pas Sam tout seul, fis-je avec détermination.
— Malgré ce qu’il t’a dit la dernière fois ?
Je chassai cette question de la main en un geste désinvolte.
— Oui et je l’emmerde.
Il attrapa ma main dans les siennes.
— Tu n’es pas obligée de t’infliger ça. Pas après ce qu’Elizabeth t’a fait.
Je mis une main sur son bras. Il eut un regard emplit d’appréhension. Il savait que je n’allais pas céder facilement.
— Ça sera nous deux face à Sam et son Bêta, repris-je.
Je me corrigeai :
— Enfin, Griffin, toi et moi. Et puis, il faut que je leur montre que je ne suis pas sans défense. Je ne vais pas me laisser marcher dessus par cet homme.
Je tentai de le dérider :
— Surtout qu’ils doivent savoir ce que j’ai infligée à Betty.

Je pris un air faussement victorieux, en pliant les bras pour faire ressortir des biceps inexistants. Cela eut au moins le mérite de le faire sourire.

— C’est vrai que tu as été redoutable, reconnût-il.
Ah !
— Je le sais, répondis-je.
Il prit un air pensif.
— Finalement, que tu viennes pourrait être une bonne idée pour une raison.
— Laquelle ? m’enquis-je en levant les sourcils.
Il prit un air sérieux. Ses iris dorés brillèrent d’une lueur particulière.
— Si tu l’acceptes, je pourrais te présenter officiellement comme ma compagne.
Je restai bouche-bée. Puis je me souvins de ce qu’avait dit Celeste.
— C’est vrai… J’avais oublié qu’il faut tout officialiser, même quand c’est évident, fis-je avec un petit rire amer.
Il opina, l’air aussi exaspéré que moi.
— Je sais, c’est débile. Mais cela permettrait d’éviter que ce qu’il s’est passé avec Elizabeth se reproduise. Le statut de compagne de l’Alpha dissuade beaucoup plus.
Cela me fit penser à un autre genre de statut. Qui impliquait une bague. Je serrai les lèvres et eus un rictus mauvais.
— Alors, nous allons officialiser cela. Pour qu’ils comprennent enfin qu’il vaut mieux ne pas nous faire chier.

Il prit mon visage dans ses mains pour m’embrasser. Je souris contre ses lèvres. Il me fit basculer en arrière.
Le plaid du canapé fut témoin de grandes choses, ce soir-là.

---


Chapitre 27
Chapitre 29
Dernière modification par Chlawee le sam. 09 oct., 2021 12:04 pm, modifié 1 fois.
lacrystal

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 28)

Message par lacrystal »

Coucou !
Chloe38200 a écrit : dim. 03 oct., 2021 11:06 am — Je n’ai pas été d’une grande aide…
— Si, bien plus que tu ne le crois. Et pas seulement pour ça.
J'avoue, Swann malgré qu'elle ait du mal avec les autres à cause de son passé, elle est présente pour Lyn et elle est vraiment adorable, je l'adore <33
— Tu l’as mauvaise parce que je te bats, c’est ça ? ricanai-je.
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
— Strike ! m’écriai-je en levant les poings.
— Oui ben ça ne fera que le quatrième, grogna Ash.
Je pouffai.
— Je devais être une sacré joueuse avant, non ? demandai-je en reprenant ma place.
— Je crois qu’on y a joué une ou deux fois, c’est tout, répondit-il. Ça doit être la chance du débutant.
Punaise mais elle est vraiment trop forte :o :o :o GG Lyn !

— Ça se passe bien, je stress un peu pour les examens, mais ça devrait le faire, soupira-t-elle.
Je lui ébouriffai les cheveux.
— Je suis sûre que tu vas y arriver, la rassurai-je. Et n’oublie pas que si tu as besoin d’aide pour réviser, tu peux me demander. Tu sais où me trouver…
Mais oui, je suis sûre tu vas y arriver aussi <3
Ashyrel venait de lâcher sa boule sur son pied, par accident.
Mais quel boulet, je devrais pas rire, mais ça m'a fait rire quand même :lol: :lol: :lol: (lol, j'ai fait une blague du niveau de Clark là. Boulet. Ils jouent au bowling. Avec des boules xD)

Sur le passage, je renversai une poubelle.

— Oups, grimaçai-je.
— Si tu rayes ma voiture…, commença-t-il sur un ton menaçant.
— Tu vas me faire quoi ? Me briser le pied ? ris-je.
Il me foudroya du regard dans le rétroviseur.
— Désolée c’était trop tentant.
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
— C’était pas si dur ! me réjouis-je. Ok, j’ai renversé une poubelle mais c’est peu, comme dommage collatéral, non ?
J'avoue ça passe crème xDDDD

Elle est devenue vraiment trop forte Lyn pour soigner les autres :o
— Qu’est-ce qu’il y a ? m’enquis-je, perplexe.
— Tu as dit « depuis que je suis revenue ». Pas « depuis que je suis arrivée », m’annonça-t-elle.

Au début, je ne compris pas où elle voulait en venir. Puis je réalisai : je ne me considérais plus comme une étrangère. Et j’avais accepté le fait que l’ancienne Lyn, c’était bel et bien moi.
Moooowwww *-* *-* *-*
Ashyrel mit une main sur mon épaule et la pressa, l’air fier de moi. Et quand je sortis de l’habitacle, Eden me serra dans ses bras. Je lui rendis son étreinte avec tendresse.
*-* *-* *-* Ils sont adorabme
Nabarun haussa les sourcils et Anjali semblait être partagée entre l’inquiétude et l’envie de rire.
On dirait moi xDDDD
— En tout cas, sache qu’on ne l’avait jamais vu aussi souriant. Peu importe ce que tu décides, il est fou de toi. Comme je pense que tu l’es aussi.
Je suis d'accord, ils sont fous l'un de l'autre ! *-*
— Tu sais quoi ? Tu les emmerdes, lâchai-je.
Il eut un rire nerveux.
— Je les emmerde, répéta-t-il.
On les emmerde! pardon, je me suis laissée prendre au jeu :lol: Plus sérieusement, c'est quoi ces parents sérieux ?!
Elle avait voulu faire un sari ? Le résultat en était quand même assez loin.
:lol: :lol: :lol: :lol: Au moins c'est honnête
— Ouais. Mes ancêtres ont dû se retourner dans leur tombe. (Elle commença à ranger.) Je vais plutôt me mettre à la pâtisserie. Comme toi !
Oh. Mes pauvres pâtisseries qui ne méritaient pas ça…
J'suis morte xDDDDDDDDDD


Elle est vraiment adorable Anjali, sa façon de remonter le moral à Lyn... Bien sûr qu'ils l'aiment ! *-*
— Non, tu as raison. Il y a bien quelque chose entre Ashyrel et moi. Mais je suis un lynx, et lui, c’est un corbeau. Alors même si nous ressentions des choses… imagine un peu, avec nos instincts !
Je serrai les lèvres pour m’empêcher de rire.
— Quoi ?
Finalement, je ne pus me retenir. Je pouffai.
— Rien, je t’imagine en train de chercher à le bouffer ! m’exclamai-je.
xDDDDDD J'suis morte :lol: :lol: :lol:

— Écoute-moi bien Dean Jones Sparks Ajouter-nom-ici, ton égo est aussi grand que ton identité complète si tu penses que tu peux m’interdire quoi que ce soit. Quant à cette menace de m’attacher, tu as intérêt à t’en servir dans le lit conjugal mais ça s’arrêtera là.
Il éclata de rire.
— Je te rappelle que tu es Lyn Miller Jones Sparks Lyna Snyder, ton nom est presque aussi long que le mien.
Je décède :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:

— Si tu l’acceptes, je pourrais te présenter officiellement comme ma compagne.
eyes eyes eyes eyes eyes
Le plaid du canapé fut témoin de grandes choses, ce soir-là.
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol: C'est une délicate façon de le dire :lol: :lol:

Comme d'habitude, ce chapitre était tout simplement génial *-* J'ai toujours aussi hâte de lire la suite, à chaque fois je me demande ce que tu vas nous faire et à chaque fois je finis sur le c*l :lol: :lol: :lol:
En bref, j'adore *-*
CordeLivre

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 28)

Message par CordeLivre »

Salut a toi jeune padawan !
Me voilà de retour pour jouer de mauvais tours ... :twisted: J'avais un sacré retard que je viens donc de rattraper.
Alors que dire....
Je suis bouche bée ! Je viens de lire du chapitre 16 au chap 28 et mon dieu qu'il s'en est passé des choses :shock: :o
J'aime trop les différentes relations que Lyn a créé avec ses ami(es) c'est trop mim's. Aussi Dean et elle c'est genre the best couple ever <3 puis cette façon qu'à Dean de la protégé c'est même pas irritant c'est juste attachant

J'ai hâte de lire la suite, je sens que le prochain chapitre va être intéressant comme les précédents !

Promis cette fois je serai plus active :lol:
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 29)

Message par Chlawee »

Hey ! :D Merci beaucoup pour vos commentaires !
Salut à toi aussi jeune Padawan CordeLivre ! 8-)
J'espère que ce chapitre vous plaira ! :D Bonne lecture !


Chapitre 29

Nous nous retrouvâmes, Griffin, Dean et moi, dans une chambre de motel que nous avait indiquée Sam Jonas. Ce dernier était accompagné de son Bêta, ainsi que de Chris. Je me demandais ce qu’il faisait ici. Je ne pensais pas qu’il serait là, même s’il était un ami de Betty. D’ailleurs, j’étais plutôt surprise qu’elle ne soit pas présente.
Nous étions tous assis autour d’une table, dans un silence pesant. Après les brèves salutations dans une ambiance tendue, les Alphas se regardaient désormais avec des airs de défi. Je soupirai intérieurement. Ça n’allait pas avancer très vite.

Ma main était sur celle de Dean, que j’avais dû convaincre avant de sortir de la voiture, de ne pas foutre un coup de poing dans la figure de Sam. Le fait que sa fille ait essayé de me tuer ne passait pas du tout, même si l’Alpha adverse n’y était pour rien. Du moins, je me doutais bien que la mauvaise éducation d’Elizabeth venait de quelque part, mais bon.

— Que fait elle ici ? finit par lâcher Sam, me faisant presque sursauter.

Je pinçai les lèvres.
Dean serra mes doigts dans les siens.

— Elle a tout à fait le droit d’être ici, rétorqua-t-il avec fermeté.
— Elle n’est pas la Bêta, il me semble, insista-t-il.
— Pourtant, Chris est bien présent, lui aussi.
— Il est là en tant que témoin.
Je devais me retenir d’écarquiller les yeux devant tant de mauvaise foi. Il se foutait de nous, ou quoi ?
— Lyn est la principale concernée, argua Dean.
Sam hésita à dire quelque chose. Un rire jaune s’échappa de mes lèvres.
— Serait-ce parce que je suis une femme, monsieur Jonas ? crachai-je.

Son regard aurait pu me foudroyer sur place, si j’en avais eu quelque chose à faire. À la place, je soutins son regard, les sourcils levés.
Je devenais insolente.

— De plus, elle est ma compagne, ajouta mon Alpha.

Mon cœur fit un bond en entendant cela, même si je savais que cela allait arriver. Un ange passa. Griffin eut l’air soulagé que ça arrive enfin. Le Bêta adverse – Matt, si je ne me trompais pas – ne réagit pas réellement. Cela ne devait lui faire ni chaud ni froid. Chris, quant à lui, était toujours renfermé sur lui-même. J’avais la sensation qu’il n’était pas vraiment avec nous, mais pris dans ses pensées.

— Merveilleux, ironisa Sam. Maintenant, c’est officiel.

J’avais énormément de mal avec leurs règles stupides. Alors quoi ? Parce que Dean avait dit cela, au fond d’une chambre de motel avec trois autres témoins que nous, cela suffisait ?
Incroyable.
Quoique, je savais que les rumeurs couraient très vite, dans le monde des métamorphes. Cela finirait par se savoir.

— Bien. Je tenais à te présenter nos excuses, Dean, au nom de tout notre clan.
L’intéressé souffla du nez.
— C’est plutôt à Lyn, qu’il faut les présenter, répliqua-t-il.

Je vis la mâchoire de Jonas se serrer. Ça commençait bien…
Mais il daigna tout de même me regarder.

— Nous te présentons nos excuses, Lyn, réitéra-t-il.
— D’ailleurs, Elizabeth ne devrait pas être là pour le faire également ? ajouta Griffin entre ses dents.

Une lueur de colère brilla dans les yeux du patriarche. Le visage de Chris s’assombrit. Au moins, il avait réagi. Mais cela ne me disait rien qui vaille. J’avais l’impression que son absence n’était pas seulement due à l’envie de la louve de rester chez elle.

— Elle est actuellement en exil, nous apprit le Bêta du clan Jonas.

J’avais beau ne pas encore tout connaître des coutumes des métamorphes, je savais ce que le mot « exil » voulait dire. Je fronçai les sourcils.

— C’est sa punition, poursuivit-il. Elle aurait pu mettre le clan en danger, sur un coup de tête et sans demander un véritable duel.

Dean n’avait pas l’air attristé du tout par cette nouvelle et il gardait un air impassible. Il n’avait même pas l’air surpris, contrairement à moi. Griffin non plus. La réputation de Sam le précédait vraiment, alors.

— Vous avez fait exiler votre propre fille ? m’étranglai-je.
Il me coula un regard blasé.
— Oui. Elle ne déroge pas à la règle parce que je suis son géniteur.

« Géniteur ». Je ne le connaissais pas assez pour m’avancer, mais j’avais l’impression que pour lui, la famille n’était qu’un simple mot. Il n’y avait pas de valeur, derrière. Ou en tout cas, beaucoup moins que le mot « clan ».

— C’est temporaire, intervint Matt, bien sûr.
— Ça me fait une belle jambe, répondit Dean du tac-au-tac.

Je lui pinçai discrètement la main. Ils allaient finir par se sauter dessus pour s’égorger, Sam et lui. Si le Bêta Jonas, qui avait l’air de détester mon compagnon, ne s’en chargeait pas avant.
Elizabeth était donc exilée temporairement du clan… D’accord. Au moins, elle ne pourrait plus faire de mal pendant un temps. Et la connaissant, elle devait être dans un endroit tranquille.

— Si elle revient, grogna Chris.
C’était tellement surprenant de l’entendre, que je me focalisai sur lui. Nous sentîmes l’aura de son Alpha se manifester.
— Chris, fit-il d’un ton tranchant.
— Qu’est-ce qu’il veut dire ? interrogeai-je.
Chris, bien trop inquiet et énervé pour être préoccupé par l’humeur de Sam, me regarda droit dans les yeux.
— Un loup exilé, dans notre clan, est livré à lui-même. Il n’a pas droit à un endroit un tant soit peu sécurisé et il est laissé dehors avec le strict minimum pour survivre le temps requis. Il peut lui arriver tout et n’importe quoi.

Ma mâchoire se décrocha. Cela n’aurait pas dû m’étonner : pour les métamorphes vivant en clan, avec un système de hiérarchie, faire respecter les règles était très important. Et en effet, il n’y avait rien de surprenant au fait qu’il y ait de telles punitions, surtout pour un acte aussi grave.
Mais je n’arrivais pas à croire qu’il le fasse à sa propre fille.

— Vous ne vous assurez même pas qu’il ne lui arrive rien ? m’étonnai-je.

Cela faisait un moment que je ne m’embarrassais plus de politesse, avec Sam, mais cette fois, ce n’était même plus par pur défi. J’étais sous le choc et je ne faisais plus attention.

— Non, répondit l’Alpha.
— Personne ne peut avoir de contact avec elle durant le laps de temps choisi, enchaîna Chris.

Je blêmis. Quelque part, j’avais pitié pour Elizabeth. Personne ne méritait que ses parents agissent de la sorte, comme si leur enfant ne valait rien à leurs yeux.
Je me levai, sans pouvoir me contrôler. Sam fit de même, prenant ma posture pour une provocation.

— Mais quel genre de monstre êtes-vous ? lâchai-je.
Un silence de plomb tomba dans la pièce.
— Alors que des chasseurs rôdent ? insistai-je.

Et ça, je ne le souhaitais à personne. Vraiment personne.
Tout le monde se leva, nous suivant. Dean mit une main dans mon dos.

— Nous avons terminé, déclara-t-il en voulant m’entraîner avec lui.
— Elle aura eu ce qu’elle mérite, si cela arrive, asséna celui que je considérais désormais comme un véritable ennemi, en ignorant mon compagnon. Tu devrais être contente, non ? Elle a essayé de te tuer.

Sexiste et sans cœur. Il avait tout pour lui.
Je plissai les yeux et secouai la tête.

— Vous me dégoûtez, crachai-je.

Je sentais que Dean était à deux doigts de me porter en sac à patates sur son épaule pour me faire sortir de cette pièce. Je me mis donc à marcher jusqu’à la porte. Mais avant que nous quittions leur champ de vision, je me retournai une dernière fois.

— Elle a essayé de me tuer parce qu’un sombre connard lui sert de père ! lançai-je.

J’adressai à Chris un regard qui se voulait compatissant et encourageant. J’espérais que le message « Barre-toi vite de ce clan, tu mérites mieux », était compréhensible. Et surtout, j’avais l’impression qu’il allait en prendre pour son grade lorsqu’il serait seul avec son chef.

Sam ne répondit rien, mais un éclair passa dans ses yeux. Griffin eut la présence d’esprit de retenir mon bras avant que je n’adresse un doigt d’honneur à l’Alpha.
Lorsque nous étions entrés dans le motel, je m’étais dit que je devrais retenir Dean afin qu’ils ne commencent pas à se battre. Et au final, c’était moi qui cherchais les ennuis.
Cet être abject me mettait hors de moi.

Ils me poussèrent presque jusqu’à la voiture, craignant sûrement que je fasse demi-tour pour injurier Sam encore une fois. Mais je m’installai tranquillement sur la banquette arrière, pour leur montrer que j’allais me retenir. Une fois qu’ils furent assis à leur tour, nous soupirâmes tous les trois, la pression retombant.

— Je suis désolée, les gars, lâchai-je.
Dean secoua la tête mais ne dit rien. Je me mordis la lèvre.
— J’aurais voulu lui balancer tout ça moi-même, finit par déclarer Griffin avec un sourire en coin.
J’eus un rire nerveux. Une fois calmée, je jetai un regard interrogateur à Dean.
— Sur une échelle d’un à dix, tu m’en veux à combien ?
Il croisa mon regard dans le rétroviseur. Pendant un instant, son air resta sévère, puis il finit par s’adoucir.
— Je suis partagé entre l’envie de t’embrasser parce que je suis très fier de toi et celui d’être en colère parce que tu as pris des risques.
— Risques que tu voulais prendre toi-même, si je me souviens bien, répondis-je avec un sourire impertinent.

Une lueur dangereuse passa dans son regard. Je ne savais pas trop s’il avait envie de me crier dessus ou me dévorer. J’en frémis. Mais il allait vite falloir que ça s’arrête, parce que Griffin était présent.

— Oui, oui, je sais, soupirai-je. « Ce n’est pas pareil. »
— Ce n’est pas ce que j’allais…
— C’est totalement ce que tu allais dire, le coupa Griffin, amusé.
— Surtout que maintenant, je suis ta compagne officielle, repris-je en insistant bien sur le dernier mot. Je suis au même niveau.
— Je n’ai jamais considéré que tu m’étais inférieure.
— Tu m’as comprise.

Mon compagnon leva les yeux au ciel, abandonnant la lutte, puis finit par démarrer. Lorsque nous quittâmes le parking pour rejoindre la route, je souris.

— Un jour, je conduirai cette voiture, annonçai-je.
— Tu veux conduire ? fit Dean, surprit.
— Ouais. J’ai essayé avec celle d’Ash mais je ne suis pas allée bien loin et une poubelle en a fait les frais. Mais ça a l’air très cool.

Griffin se tourna vers moi, les yeux écarquillés. Je crus que l’Alpha allait faire de même, mais il dût se rappeler qu’il ne valait mieux pas quitter la route des yeux.

— Comment c’est arrivé ? me questionna le Bêta.
Oups.
— Longue histoire, éludai-je.

~


J’entendis frapper alors que je tenais des assiettes dans les mains, ainsi qu’une serviette. J’en fis passer une sur un bras et tins le tissu entre mes dents, afin de pouvoir ouvrir la porte. Je me débrouillai en tordant un bras, afin d’appuyer sur la poignée. Puis j’ouvris en grand grâce à mon pied.

Devant moi, Celeste attendait, une main contre le chambranle de la porte. Je crus que c’était en signe d’impatience, mais je compris vite en la voyant, que c’était pour se maintenir.

— Swann n’est pas là et je ne pouvais pas aller voir Ezekiel…, fit-elle d’une toute petite voix.

Ma mâchoire se décrocha et la serviette tomba sur le sol, suivie de près par les assiettes, qui se brisèrent, causant un bruit monstrueux et répandant bolognaise et bris de verres sur le sol.

Du sang gouttait sur le perron. Sur son pull clair, une auréole rougeâtre et impressionnante se dessinait.
Celeste s’effondra.

---


Chapitre 28
Chapitre 30
Dernière modification par Chlawee le ven. 22 oct., 2021 5:06 pm, modifié 1 fois.
melaivy

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 29)

Message par melaivy »

Waouh. Merci Chloe
Pendergast

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 29)

Message par Pendergast »

Bonjour, excellent, mais là aussi, c'est quoi cette fin de chapitre !! :o
lacrystal

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 29)

Message par lacrystal »

Hey :D
Chloe38200 a écrit : sam. 09 oct., 2021 12:02 pm — Que fait elle ici ? finit par lâcher Sam, me faisant presque sursauter.
Alors lui il sait mettre les gens à l'aise dès le début, y'a pas à dire

— Serait-ce parce que je suis une femme, monsieur Jonas ? crachai-je.
Me retient de crier sur lui
— De plus, elle est ma compagne, ajouta mon Alpha.
ALLEZ BIM ! Maintenant tu te tais

— Merveilleux, ironisa Sam. Maintenant, c’est officiel.
Bien sûr que c'est merveilleux, eux ils s'aiment et toi t'es pas gentil
— C’est plutôt à Lyn, qu’il faut les présenter, répliqua-t-il.

Je vis la mâchoire de Jonas se serrer. Ça commençait bien…
Mais il daigna tout de même me regarder.

— Nous te présentons nos excuses, Lyn, réitéra-t-il.
Yes 8-) J'adore quand des persos comme ça, sont obligés de s'adresser gentiment et avec respect alors qu'ils ont envie de faire l'inverse :lol:
— Elle est actuellement en exil, nous apprit le Bêta du clan Jonas.
:o :o :o :o :o
— Oui. Elle ne déroge pas à la règle parce que je suis son géniteur.

« Géniteur ». Je ne le connaissais pas assez pour m’avancer, mais j’avais l’impression que pour lui, la famille n’était qu’un simple mot. Il n’y avait pas de valeur, derrière. Ou en tout cas, beaucoup moins que le mot « clan ».
On est d'accord, ce mot, ça fait trop impersonnel.

— Mais quel genre de monstre êtes-vous ? lâchai-je.
Un silence de plomb tomba dans la pièce.
— Alors que des chasseurs rôdent ? insistai-je.
C'est des malades :o :o :o :o :o
Sexiste et sans cœur. Il avait tout pour lui.
Allez hop, dans la boîte de Connor et Josh
— Vous me dégoûtez, crachai-je.
J'aurais pas dit mieux
— Elle a essayé de me tuer parce qu’un sombre connard lui sert de père ! lançai-je.
Je le déteste ce perso sérieux (j'ai trop envie de mettre l'emoji angry là xD)
— Je suis partagé entre l’envie de t’embrasser parce que je suis très fier de toi et celui d’être en colère parce que tu as pris des risques.
— Risques que tu voulais prendre toi-même, si je me souviens bien, répondis-je avec un sourire impertinent.

Une lueur dangereuse passa dans son regard. Je ne savais pas trop s’il avait envie de me crier dessus ou me dévorer. J’en frémis. Mais il allait vite falloir que ça s’arrête, parce que Griffin était présent.
:lol: :lol: :lol: :lol: J'avoue pauvre Griffin il doit être là :
Griffin : sweats ils vont rien faire quand même ?
— Comment c’est arrivé ? me questionna le Bêta.
Oups.
— Longue histoire, éludai-je.

Longue histoire en effet :lol: :lol: :lol:

Du sang gouttait sur le perron. Sur son pull clair, une auréole rougeâtre et impressionnante se dessinait.
Celeste s’effondra.
:o :o :o :o :o :o ça va pas de finir le chapitre comme ça ?! :o :o :o

A part cette fin (encore) en suspens (ça va être encore une torture pour attendre jusqu'à la semaine pro) c'était un super chapitre, j'ai adoré *-*
CordeLivre

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 29)

Message par CordeLivre »

Hum Hum okay... Alors... Euh.... Fin...
Tu m'énerve Chloé.. Je veux pas être méchante mais tu crées des personnages à qui j'ai envie d'arracher les yeux... Et pas que ! Et donc c'est énervant parce que ce sont des personnages fictifs :evil: Mais par contre je t'adore parce qu'à contrario tu crées des personnages avec qui j'ai envie d'être pote et surtout qui sont formidables ! (comme dans les élémentaires ;) )
Et puis pour finir, je te deteste parce que tu oses finir ce chapitre comme ça... C'est ce que l'on peut qualifier de torture tu t'en rends compte ? :cry:

Plus sérieusement, ce chapitre était un peu plus court que les autres je crois mais il marque un tournant dans le récit je le sens... Betty qui est exilée c'est fort comme punition même si c'est temporaire... Même si je l'aime pas, j'ai tendance à être comme Lyn et à avoir pitié d'elle. Puis son père c'est un vrai c*nnard ! J'espère juste que ce n'est pas elle qui a blessé Celeste :cry:
Parlons en d'ailleurs, j'ai un tas de question qui se bouscule dans ma tête. Qui ? Pourquoi ? Comment ? Soit cela a un rapport avec la meute de Sam soit ce sont les chasseurs.... Trop de questions et si peu de réponses pour l'instant... Tu sais tellement nous tenir en haleine que ça en devient c'est frustrant XD Mais on fait avec parce que nous sommes gentil.le.s :lol:

Tu l'auras compris, j'ai hâte de lire la suite ! (j'ai aussi peur de ce qu'il va se passer, je pris pour que notre reptile aille bien :oops: ) Je te dis donc à dimanche !
*CordeLivre*

PS: J'ai souris en lisant ta réponse en début de post :lol:
MGT_

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 29)

Message par MGT_ »

Salut ! Excellent chapitre mais la fin ! C'est trop abrupte ! 😆
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 30)

Message par Chlawee »

Hey ! :D Alors ouais je suis méga en retard mais avec le travail et l'écriture intensive j'avais peu de temps... :lol: Mais voici enfin le chapitre 30 et j'espère qu'il vous plaira ! :D Merci beaucoup pour vos retours !

Chapitre 30

Le corps de mon amie chuta vers l’avant et je tendis les bras pour la rattraper. Même si elle était fine et petite, elle était assez musclée et face à mon corps plus fragile, son poids me fit me mettre à genoux pour la tenir.

— Dean ! appelai-je, l’urgence s’entendant dans ma voix.

Mais sûrement alerté par tout ce bruit, il était déjà là. Il fut à mes côtés en l’espace d’une seconde et il attrapa Celeste pour la porter. Je refermai la porte d’un coup de pied puis le suivis. Il alla la déposer sur le canapé.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé ? s’inquiéta-t-il, les yeux écarquillés.
— Je n’en sais rien elle n’a pas eu le temps de me le dire !

Il souleva son pull. Je pâlis en voyant l’étendue de la blessure, sûrement causée par une arme blanche. Si cela venait encore une fois d’un gars, dans la boîte de nuit, sachant que c’était déjà arrivé à Dean, j’allais finir par devenir paranoïaque à chaque fois que l’un d’eux irait y travailler.

Dean s’était mis en mode pilotage automatique, refusant de se laisser submerger par ses émotions. Pour ma part, je sentais mes yeux me piquer en voyant la cobra dans cet état. Il essaya de stopper l’écoulement de sang en pressant son tee-shirt contre la plaie.

— Il y a une trousse de secours dans le…
— Non, le coupai-je. Je vais la soigner.

Si je m’étais entraînée aussi dur, c’était pour pouvoir intervenir dans ce genre de situation.
Il ne répondit rien pendant quelques secondes, puis secoua la tête.

— Tu n’as pas encore retrouvé tes capacités et la blessure est trop grande. Tu vas te faire du mal et ça ne l’aidera peut-être pas !
Je mis mes mains sur le tee-shirt à mon tour, puis le poussai comme je le pouvais avec mon épaule pour qu’il me laisse la place.
— Dean il faut que tu me fasses confiance !
Il ne comprenait pas ce qu’il se passait. Forcément, parce que je lui avais caché le fait que je guérissais régulièrement Swann.
— Je vais y arriver d’accord ? Si ça peut te rassurer, va chercher la trousse pour être prêt à prendre le relai, ordonnai-je.

Je commençai à activer mon pouvoir. Je voulais être sûre de ne pas perdre de temps une fois que j’aurais arrêté la compression.
Une fois certaine qu’il était bel et bien en route, j’ôtai le vêtement et mes paumes entrèrent en contact avec la plaie béante. J’eus un haut-le-cœur et de la bile remonta dans ma gorge en sentant la chair ouverte contre ma peau. Je serrai les lèvres et me forçai à respirer profondément.

Dean disparût un instant, le temps d’aller chercher la trousse de secours. Lorsqu’il réapparut, il observa mes gestes avec perplexité. Je fermai les yeux, essayant de me déconnecter de tout ce qui m’entourait. Il ne devait plus y avoir que la blessure de Celeste et moi. Une brûlure familière commença à se faire sentir, mais je tins bon. Elle n’était plus aussi vive qu’avant, mais vu l’étendue des dégâts, elle fut tout de même mordante. Mais je parvins à ne pas trembler. Mon pouvoir m’obéissait, allant là où je lui ordonnais d’aller, réparant les lésions, nettoyant la plaie en profondeur afin qu’elle ne soit pas infectée.

J’inspirais et expirais lentement par le nez. La brûlure finit par refluer petit à petit, ne laissant que des picotements désagréables dans mes doigts. Je rouvris les yeux. Sous mes mains, la blessure se résorbait. Il ne restait plus qu’une mince ligne sanguinolente. Je laissai agir mon don jusqu’à ce que la coupure ne soit plus visible du tout. J’eus un tournis, mais je pris sur moi pour ne pas flancher maintenant.

Je lançai encore une fois une vague de mon pouvoir afin d’être certaine qu’il n’y avait pas d’autres plaies. J’en ressentis une, au niveau de son front. Celeste avait une bosse et quelques bleus, auxquels je n’avais pas fait attention, puisque j’étais focalisée sur son ventre. Ainsi qu’une morsure, dans le cou.
Les ecchymoses disparurent. J’avais réussi. Je l’avais soigné. Le soulagement s’empara de moi. À bout de forces, je me laissai tomber sur le côté, gardant un œil sur elle.

Je l’avais fait. Et alors qu’un tel effort aurait pu me faire m’évanouir, j’allais bien. J’étais épuisée, mais j’allais bien.
Dean mit une main sur mon épaule. Son regard était un mélange de fierté, de questionnements et d’inquiétude. Je levai le pouce pour lui faire signe que tout allait bien.
En revanche, je savais que j’allais en entendre parler.

~


Je rouvris les yeux lorsque je sentis remuer, à côté de moi. J’avais finis par m’endormir. Dean était assis sur une chaise, à un mètre de nous, à nous observer. Je croisai son regard, puis il finit par poser les yeux sur Celeste. Je me rendis compte qu’elle était en train de se réveiller.
Je me redressai d’un coup. Cela me provoqua un léger vertige.

— Celeste…, chuchotai-je.
Ses paupières se soulevèrent doucement.
— Salut ma belle…, poursuivis-je.
Elle se passa une main sur le visage.
— Où est-ce que je suis… ? s’enquit-elle.
— Tu es chez nous, intervint Dean en se rapprochant pour s’asseoir sur le bord du canapé. Est-ce que tu te souviens de ce qui s’est passé ?
Elle parût réfléchir pendant quelques instants. Puis elle grimaça. Son expression était un mélange de peine et de haine.
— Ouais. J’ai croisé ma sœur, cracha-t-elle.
J’écarquillai les yeux.
— Ta sœur t’a fait du mal ? fis-je, choquée.
— Oh tu sais… Ma famille est un bordel sans nom, répondit-elle avec un rire amer.
Je mis une main sur son épaule, compatissante. Décidément, la famille c’était toujours compliqué, chez les métamorphes.
— Je suis désolée…
— Faut pas, répliqua-t-elle. Elle a eu de la chance de m’avoir prise par surprise sinon je l’aurais envoyé six pieds sous terre.

Elle l’avait dit avec tellement de sérieux que j’en étais soufflée. J’eus terriblement envie de la questionner un peu plus sur les raisons de cette haine, mais ce n’était sûrement pas le moment.

C’était sa sœur, qui l’avait mordue au cou ? Avec ses crocs de serpent ?
Elle baissa les yeux et souleva son pull. Elle resta bouche-bée en regardant son ventre.

— C’est… (Elle me regarda à nouveau.) C’est toi qui m’as guérie ?
Je hochai la tête. Elle avait l’air vraiment étonnée. En même temps, il y avait de quoi.
— Je… Merci…
— C’est normal, répondis-je.
— Comment tu as fait ?
— Eh bien… Je suis guérisseuse, tu te souviens ? souris-je.

Elle me lança un regard dubitatif. Oui, elle n’était pas dupe non plus. Mais je ne me voyais pas expliquer ça, là maintenant.
Dean lui tendit la main.

— Allez viens, tu vas aller te reposer, lui dit-il. Tu en as besoin.
Elle me fixa encore quelques secondes, reconnaissante et suspicieuse à la fois. Puis elle opina et se leva.
— C’est gentil, chuchota-t-elle.

Il la guida jusqu’en haut des escaliers, afin d’être certain qu’elle ne tomberait pas dans les marches. Pour ma part, je me dirigeai dans la cuisine afin de laver mes mains qui étaient pleines de sang. Je les astiquai longuement afin d’effacer toutes les traces. Je ne supportais pas de les voir.

Je finis par retourner dans le salon et avisai le drap ensanglanté recouvrant le canapé. Je le retirai et l’étalai sur le sol. J’allai chercher du produit afin d’essayer de le nettoyer. Je me mis à frotter l’épais cercle rouge, sur les genoux.
Je relevai la tête en voyant Dean s’approcher. Il entreprit de m’aider en faisant comme moi, de l’autre côté du drap. Un silence pesant nous entoura. Je savais qu’il allait finir par me confronter, à propos de cette guérison presque miraculeuse. J’osais à peine respirer. Mais il fallait bien que l’un de nous deux crève l’abcès.

— Vas-y, dis-moi ce que tu as à dire, lâchai-je, toujours concentrée sur ma tâche.
— Comment as-tu réussi à la soigner en si peu de temps et sans souffrir autant qu’avant ? me demanda-t-il aussitôt.

Bien. Il n’attendait donc qu’un signe pour lancer le sujet. Et je savais que je ne pourrais pas lui mentir. Je n’allais pas faire comme avec Ashyrel et Eden et simplement lui dire que le temps avait aidé.

— Je me suis entraînée, avouai-je.
Il suspendit ses gestes. Je me mordis la lèvre et n’osai pas lever les yeux.
— Sur qui ? demanda-t-il, un peu sèchement.
Je pris une grande inspiration, hésitante.
— Est-ce que c’est vraiment nécessaire de…
— Oui, m’interrompit-il.
Je soupirai.
— Swann, confiai-je. Elle m’a proposé de m’aider en voyant que j’avais du mal avec mon pouvoir.
Un ange passa. Je me raclai la gorge.
— J’ai fini par accepter. Je ne voulais plus jamais être démunie face à un proche blessé.
Il lâcha le drap.
— Lyn.
— Je suis désolée de te l’avoir caché, mais je…
— Lyn, regarde-moi.
Lentement, je relevai la tête pour croiser son regard.
— Je comprends, chuchota-t-il. Je comprends parfaitement pourquoi tu avais envie de surmonter cet obstacle. Mais pourquoi est-ce que tu ne m’as rien dis ?
Je me passai une main sur le visage puis me pinçai l’arête du nez.
— Parce que je savais que tu n’aimerais pas me voir souffrir, répondis-je. Et que tu serais contre l’idée que ce soit Swann qui le fasse pour moi. Et je me doutais que tu aurais voulu prendre sa place. Sauf que ça aurait été au-dessus de mes forces.

Je soutins son regard en sentant mes mains trembler. Pour le cacher, je les mis entre mes cuisses, alors que j’étais à genoux.
Le silence s’étendit entre nous. Je voyais qu’il ne savait pas quoi répondre. Mais je savais aussi qu’il était en colère.

— Tu sais que je t’aurais soutenue quand même, reprit-il. J’aurais dû être là pour t’aider.
Je soupirai.
— Dean… Je ne voulais pas que tu te fasses du mal.
— Mais Swann, oui ? aboya-t-il.
— Oui !
Cela m’avait échappé, mais c’était la vérité.
— Je suis navrée parce que c’est horrible de dire ça, mais oui, je préférais que ce soit elle plutôt que toi. Elle voulait m’aider, elle était prête à le faire et je savais que si c’était toi, je n’aurais pas sauté le pas !
Les mots étaient jetés. Je fermai les yeux une seconde.
— Désolé d’être un frein, fit-il avec sarcasme.
La colère me saisit.
— Tu te fous de moi ?! m’exclamai-je.

En pensant que Celeste essayait de se reposer à l’étage, je me forçai ensuite à baisser d’un ton. C’était la première fois que je m’énervais contre lui et cela m’était si insupportable que je ne me contrôlais plus.

— Ce n’est pas du tout ce que j’ai dit ! repris-je. Je n’aurais pas réussi à te demander de te blesser volontairement, même pour m’aider. Cela n’aurait pas été à cause de toi mais de moi-même ! Est-ce que tu aurais voulu ça si les rôles étaient inversés ?
— Sauf que les rôles ne sont pas inversés !
— C’est trop facile de dire ça !

Je pinçai les lèvres et tentai de calmer les battements de mon cœur. Mon palpitant commençait à s’affoler.
J’étais vraiment chagrinée qu’on en arrive là. Je savais que ce n’était pas une bonne idée de le lui cacher. Et si le ton montait autant des deux côtés, c’était parce que tous les derniers événements accumulés nous mettaient à bout.

— Je voulais tout te dire une fois que j’aurais été sûre de contrôler mon pouvoir correctement. J’avais peur que tu finisses par craquer, si tu étais au courant, et que tu essayes de m’empêcher de le faire en voyant que ça me faisait mal.

Il baissa les paupières à son tour. Son énervement était presque palpable. Le mien aussi. D’ailleurs, je commençais à en avoir les larmes aux yeux. Maintenant, je savais que lorsque j’étais en colère, et surtout contre lui, les larmes venaient facilement. Cela n’allait pas m’aider du tout. Je clignai plusieurs fois des yeux pour les faire refluer.

— Je ne t’en aurais pas empêché, fit-il entre ses dents serrées.
— Tu n’en sais rien.
— Oui et on ne le saura jamais parce que tu ne m’as pas laissé le bénéfice du doute !
Je secouai la tête, les mots me manquant tant cette conversation tournait en rond.
— Lyn, tu sais que tu peux te fier à moi, reprit-il sur un ton légèrement plus doux, ce qui était peut-être encore pire pour mes nerfs. Tu peux me faire confiance.
Je tiquai. N’y tenant plus, je me levai et croisai les bras.
— Parce que toi tu me fais confiance pour tout ? lâchai-je.

On y était.
Il fronça les sourcils, méfiant.

— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Je sais que tu fais des recherches sur les chasseurs.

Voilà. Maintenant on ne pouvait plus reculer. Mais au moins, tout ce que nous nous étions caché était enfin révélé.
Au début, il ne réagit pas, restant immobile. Puis petit à petit, la compréhension se lut sur son visage.

— Tu as trouvé les papiers, souffla-t-il.
Je hochai la tête, serrant encore un peu plus mes bras, comme si ce geste suffisait à me protéger.
— J’ai failli ne rien voir du tout. J’ai trouvé le double fond du tiroir par accident, expliquai-je. Au départ, je croyais qu’il s’agissait des recherches que tu avais entreprises pour me retrouver. Puis j’ai remarqué qu’il y en avait de plus récentes.
Ma voix s’étrangla à la fin de ma phrase. Les sanglots n’étaient pas loin.
— Tu traques les chasseurs ? Réellement ?
Il serra les poings.
— Je veux en finir avec eux avant qu’ils puissent faire du mal à nouveau, rétorqua-t-il.
— Putain, Dean ! fis-je, furieuse. Tu te rends compte d’à quel point c’est dangereux ? Si tu les trouves, il y de grandes chances pour qu’ils nous repèrent aussi ! Ou te repèrent toi !

Il se leva à son tour et fit un pas vers moi, marchant sur le drap en train de mousser à cause du produit.

— Jamais je ne les laisserai approcher ! Je fais en sorte d’avoir une longueur d’avance sur eux et je ne permettrai pas que vous soyiez mêlés à ça.
J’écarquillai les yeux.
— T’es sérieux, là ?! Parce que tu crois que je supporterais d’attendre bien gentiment que toi tu te mettes en danger ? Est-ce que tu penses vraiment une seule seconde que je vais te laisser faire ou que je ne voudrais pas être à tes côtés pour ça ?
Sa mâchoire se crispa.
— Je ne veux pas que tu te retrouves au milieu, grogna-t-il.
— C’est un peu tard pour ça, non ? fis-je avec un rire nerveux. Parce qu’au cas où tu aurais oublié, je suis ta compagne officielle, maintenant ! Et je t’aime ! Alors si tu penses que je vais t’abandonner si tu fonces dans la gueule du l… (J’étais à deux doigt de dire « loup ».) … de l’ennemi, tu te trompes !

Il s’avança encore, si bien que nous n’étions plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Avec toute cette tension et cette proximité, la louve en moi me dictait de me laisser aller à un tout autre instinct que celui de la colère. D’ailleurs, j’avais même l’impression que ce sentiment rendrait les choses plus passionnées. J’étais obligée de la faire taire.

— Je ne vais pas t’entraîner là-dedans.
— Je t’ai déjà dit que c’était trop tard !
— Je ne vais pas non plus me faire prendre, poursuivit-il en ignorant ma réponse.
Mes doigts se serrèrent sur mes bras. Je sentais mes ongles griffer ma peau. J’étais hors-de-moi.
— T’as déjà oublié que tu t’es fait enlever une fois, toi aussi ? maugréai-je.
— Ce jour-là j’ai agis sur un coup de tête.
— J’en ai rien à foutre ! Ça pourrait très bien se reproduire ! Je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose !
Je mis mes mains devant mes yeux et tentai de reprendre mon souffle.
— Tu ne peux pas faire ça. Je ne veux plus voir ne serait-ce qu’un seul chasseur de toute ma vie. Je ne veux plus avoir affaire à eux. Je ne veux pas que tu te mettes en danger. Et je ne veux pas que les autres puissent avoir des problèmes à cause de ça ! Tu te laisses contrôler par tes émotions mais sache que cette vengeance – parce que c’en est une – est inutile ! Cela ne changerait rien au passé !

Je ne me rendis compte que j’avais encore la brosse me servant à frotter le drap dans la main, qu’au moment où je la lançai quelque part dans la pièce sous le coup de la colère. Je l’entendis frapper contre un meuble.
Il y eut quelques secondes de flottement. J’étais certaine que Celeste nous avait entendue. Déjà, un humain en aurait été capable, alors elle… Et je doutais qu’elle soit déjà tombée dans un sommeil profond.

Je me détournai de Dean, dont le visage était fermé, puis me dirigeai vers la porte. Je la claquai derrière moi. L’air frais de la nuit me permit de mieux respirer. Puis je baissai les yeux. Les gouttes de sang de notre amie étaient toujours là. Cette vision eut raison de moi et un sanglot monta dans ma gorge. Je mis une main devant ma bouche pour étouffer le bruit. Rapidement, des larmes commencèrent à dévaler mes joues.

Je fis quelques pas dans l’allée et des gouttes provenant du ciel tombèrent sur mon visage. Je me mis à penser avec ironie que la pluie aurait au moins le mérite de laver le sang sur le perron et les graviers.
Je restai un moment immobile au milieu du chemin. Puis, une fois que ma colère commença à se dissiper, je retournai à l’intérieur.
Au milieu du salon, les vêtements de Dean gisaient sur le sol. Plus loin, la grande baie vitrée était ouverte, laissant s’engouffrer le vent dans le chalet. Je m’approchai et arrivai sur la terrasse.

À quelques mètres de là, un grand loup noir éclairé par la lune, s’éloignait en courant. À cause de l’obscurité et de la pluie, je ne pus l’apercevoir qu’un bref instant avant qu’il ne disparaisse de mon champ de vision.

---


Chapitre 29
Chapitre 31
Dernière modification par Chlawee le mer. 03 nov., 2021 11:33 am, modifié 1 fois.
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