Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 25) [Terminé]

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Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 25)

Message par Chlawee »

Bonsoir ! :D Désolée pour le retard ! J'espère que vous aimerez ce chapitre et que ça en vaudra l'attente ! :lol:
Bonne lecture ! <3

Chapitre 25

Tout le monde était surpris. Les River – à l’exception de Tim et Emma – se demandaient clairement ce que j’étais en train de faire, et pourquoi j’impliquais Sophia là-dedans, alors que la dernière fois qu’elle s’était adressée à moi, elle m’avait tuée.
Cette dernière vint se poster à côté de moi, à l’opposé d’Adam. J’adressai un regard rassurant à ce dernier, alors qu’il était perplexe.

— Quelle tête tu fais, Savari…, se moqua-t-elle.

Mon dieu, j’étais beaucoup trop contente qu’on lui fasse fermer sa grande gueule. J’espérais que ça ne se voyait pas trop. De plus, le sang de Tim continuait d’avoir un effet eu-phorisant, alors que j’aurais dû être morte de trouille. Cristobal me lança un regard curieux. Il avait dû sentir mes émotions.

— Que se passe-t-il ? Retourne à ta place, lui ordonna-t-il.
Mais elle ne bougea pas.
— Tu n’as plus ce pouvoir sur moi, désormais. Neeve m’en a libérée.

Le visage de Savari se décomposa. Les autres n’eurent pas du tout l’air de comprendre de quoi elle parlait. Je sentais qu’ils allaient tous me tomber dessus plus tard pour me demander ce qu’il s’était passé.

— En retour, j’aimerais l’aider un peu, mon cher Savari. (Elle se rapprocha d’un pas, comme si elle cherchait à se mesurer à lui. Elle n’avait pas besoin d’être plus grande que lui pour en imposer. Je crus même voir de la peur dans les yeux du roi.) Je souhaiterais que Brooke puisse vivre comme elle l’entend, qu’elle puisse épouser qui elle veut si elle désire se marier, et que son compagnon et elle puissent bénéficier de la même sécurité au sein d’un clan que n’importe quel autre vampire. Sans crainte d’être revendiquée par toi.

Je fermai les yeux un instant, soulagée. Plus loin, Brooke laissa échapper une exclamation étouffée. Ned la regarda, étonné et plein d’espoir.

— Et tu mourras si cette promesse n’est pas tenue, Savari, ajouta-t-elle.

J’écarquillai les yeux. Je n’avais absolument pas demandé cela. Je souhaitais qu’elle le fasse changer d’avis par n’importe quel moyen. Mais je supposais que c’était un chantage très efficace.
J’eus le plaisir de voir Savari pâlir. Ce moment était si jouissif que j’avais envie de le revivre encore et encore. Derrière lui, Iseult était sous le choc. Elle pouvait donc encore exprimer quelque chose.

— Et je voudrais ajouter autre chose, poursuivit Sophia.
Alors là, j’étais également pendue à ses lèvres.
— Tu ne chercheras pas à te venger, exigea-t-elle. Ni de Neeve pour ce qui vient de se passer, ni d’aucun River. Est-ce que c’est clair ? Si j’apprends qu’il leur est arrivé quelque chose par ta faute – et crois-moi je le saurai –, je n’aurai aucune pitié. Pendant de longues années j’ai été obligée d’exécuter le moindre de tes ordres et je n’ai jamais rencontré un monstre comme toi. Tu m’as tenue à l’écart de mon âme-sœur et tu l’as menacée. J’ai eu tout le temps de réfléchir à un millier de manières de te faire souffrir alors je ne peux que te conseiller de faire attention. Et si je meurs, par n’importe quelle main, je me ferai un plaisir d’envoyer une horde de fantômes à tes trousses en dernière volonté. Je ne supporterais pas de quitter ce monde si tu t’y trouves encore.

Elle ponctua son avertissement d’un sourire. Elle inclina la tête en une parodie de révérence, mais au lieu de ressembler à un geste respectueux, j’avais la sensation qu’il s’agissait d’une insulte.
Elle le contourna ensuite, alors qu’il était figé, semblant encore assimiler les paroles qu’il venait d’entendre, ainsi que cette menace. Le tout, devant sa fidèle troupe de vampires. Anselme n’en revenait pas, et je faillis rire en voyant sa tête. Jehan était impressionné et Marianne… difficile à dire. Elle était imperturbable.

Sophia s’approcha d’Iseult et prit ses mains dans les siennes. Avec stupéfaction, je vis les yeux de la reine s’embuer et pour la première fois, j’entendis le son de sa voix, tremblante :

— Ne me laisse pas…
Une boule se forma dans ma gorge. La Faucheuse devait être sa seule alliée. Cette dernière lui sourit tendrement.
— Je ne compte pas t’abandonner, Iseult.
Puis elle fusilla Savari du regard.
— Et pour l’amour du ciel, laisse un peu ta femme tranquille ! lui dit-elle.
— On s’en va, tonna-t-il.

Il était venu dans l’idée de nous tourmenter. Il allait repartir sans ce qu’il était venu chercher, et sans son esclave.
Mais il se retourna une dernière fois pour me toiser avec véhémence. Adam s’avança légèrement, pour me protéger.

— On se reverra. Et on aura une longue discussion, déclara Savari. Je pense que vous devriez apprendre pourquoi votre père a fait ça.
Je me raidis. Aussitôt, Nora se posta à mes côtés et mit une main sur mon épaule.
— Ravalez votre colère. Votre égo en a pris un coup, mais ça vous passera. Vous êtes seulement dépité parce que cette humaine a plus de couilles que vous tous réunis.

Je me mordis la lèvre en retenant un sourire.
Les effets du sang… Les effets du sang…

Iseult eut du mal à lâcher les mains de Sophia, mais elle finit par s’y résoudre. La Faucheuse ne la quitta pas des yeux, avec une expression peinée, jusqu’à ce que la reine sorte.
Les trois prétendants hochèrent la tête. Jehan prit le temps de m’adresser un sourire, réellement ravi de la tournure qu’avaient pris les choses. Anselme plissa les yeux en me regardant et je haussai un sourcil provocateur dans sa direction.
À mon grand étonnement, il se mit à rire.

— Vous êtes décidément remarquable, commenta-t-il.

Et il sortit. Tous les autres suivirent le même chemin, non sans m’avoir adressé des regards surpris pour certains, courroucés pour d’autres.
Arthur m’adressa un signe de tête, visiblement heureux. Après tout, il n’y avait plus de fiançailles et Adam était libre d’être avec moi. Je lui rendis son geste et Katarina me lança un clin d’œil.

Sophia s’avança vers moi et me sourit. Elle me faisait toujours un peu peur, mais j’avais l’impression de m’être fait une alliée. Et une alliée de taille.

— Prends soin de toi, Neeve.
Je lui rendis son sourire.
— Toi aussi. Profite de ta liberté.
— Je pensais ne jamais être libérée. J’ignorais que tu avais appris à contrôler cette capacité. Et vous êtes si rares…
Avant que je ne puisse lui demander de développer, elle s’adressa à Lucian et April :
— Elle vient de rendre un grand service à ce clan. Tout cela aurait pu très mal finir. Alors, maintenant, c’est à vous de lui accorder une faveur. Expliquez-lui. Tout.
Je fronçai les sourcils. Les deux vampires eurent l’air mal à l’aise. Honteux.
— Savari est déjà au courant et il se fera sûrement un plaisir de le faire à votre place, les prévint-elle.

Elle devait parler de mon père, et de ce sort de lien d’ombres. Et en effet, je me demandais ce que cela cachait.
Elle sortit à son tour. Il ne resta plus que les River.
Quand la porte d’entrée du manoir se referma, nous attendîmes encore un moment afin d’être certains qu’ils se soient tous éloignés, n’osant pas bouger.
Bientôt, je ne sentis plus l’aura menaçante et je soufflai un bon coup. Puis, je sentis deux mains me soulever et Adam me serra contre lui.

— Je suis très fier de toi…, me chuchota-t-il.

Je sentais sa joie comme si c’était la mienne. Il m’embrassa avec tendresse, souriant contre mes lèvres. Mon cœur parût sur le point de s’envoler.
Quand il me reposa, je vis Brooke et Ned débarquer. La première était en train de pleurer, dans un mélange de choc et d’émotion.

— Neeve ! Mais… Qu’est-ce que…

Elle secoua la tête et me prit par les épaules, m’éloignant d’Adam. Je ne savais pas trop si elle se rendait compte qu’elle serrait ses doigts un peu fort contre moi.

— Tu aurais pu demander n’importe quoi ! N’importe quoi qui t’aurais garanti de ne plus avoir de problèmes avec de potentiels futurs ennemis et toi tu…

Elle ne termina pas sa phrase et me prit dans ses bras. C’était bien la première fois que cela arrivait. Je souris et lui rendis son étreinte un peu maladroitement.

— Je ne supportais pas l’idée que Savari pose ses sales pattes sur toi.
J’entendis un sanglot lui échapper.
— Brooke… Tu m’étouffes…
— Oh ! Désolée !
Elle me lâcha et se recula un peu. Elle sourit à travers ses larmes.
— Merci, Neeve. J’ai une dette envers toi.
— On a une dette envers toi, reprit Ned, qui vint m’étreindre à son tour.
— Vous ne me devez rien du tout, si ce n’est qu’on veille les uns sur les autres. Nous sommes du même clan, après tout, répondis-je.

Puis il se recula et prit le visage de sa bien-aimée dans ses mains, avant de l’embrasser. Je me sentis heureuse pour eux. Je ne les avais jamais vu ainsi. C’était comme si le poids du monde venait de s’ôter de leurs épaules. Désormais, ils avaient le choix. Et tout le temps qu’ils voulaient. Ils pouvaient décider de se marier, ou non. Cela ne tenait qu’à eux.
Emma se rua vers moi, suivie de Tim. Ils me serrèrent si fort que je décollai du sol.

— Tu l’as fait ! s’écria-t-elle, en éclatant d’un rire joyeux, magnifique. Tu as réussi ! En ayant peu de temps pour t’entraîner !
— Je savais que tu y arriverais, déclara mon patron avec un sourire.

Il m’ébouriffa les cheveux et s’éloigna ensuite pour aller prendre sa sœur dans ses bras. Nora me regarda avec un air interrogateur.

— Comment est-ce que tu as fait ? me demanda-t-elle. Comment as-tu su qu’il y avait une… entrave ?

Je me passai une main sur le visage, les contrecoups de ce qui venait de se passer commençant à se faire sentir. Je leur expliquai que j’avais aperçus les ombres lorsque j’étais morte, et qu’elles m’étaient très familières, puis que j’avais appris que mon père les avait connus. Je leur narrai les entraînements avec Emma et Tim, dans le plus grand secret. Les pièces du puzzle s’assemblèrent, du côté d’Adam. Une lueur de compréhension passa dans son regard obscur. Il avait assisté à ma faiblesse après ces entraînements et il savait enfin ce qu’il s’était réellement passé.

Quand j’eus fini, les yeux de Nora se mirent à pétiller. Ceux des jumelles me renvoyaient une lueur de fascination. Je les avais impressionnées. Elles qui disaient qu’une humaine ne pourrait pas accaparer l’attention des vampires…

— Je suis si fière de toi si tu savais, moi aussi, me confia mon amie.
Et d’après les regards de Stuart et Cristobal, c’était leur cas également. Ils allaient me faire pleurer, à force.
— Il fallait forcément que tu te fasses remarquer, hein ? me lança Stuart avec un air malicieux.
Je ris.
— Évidemment !

La seconde d’après, je disparus dans les bras de Lucian et April. Poussée par un instinct profondément ancré en moi et cette sensation de familiarité que j’avais avec eux, je me laissai aller, en souriant.
Je finis par me reculer.

— Bon, commençai-je. Racontez-moi. Qu’est-ce qu’il s’est passé, avec mon père ?

Il y eut un silence gêné. En jetant un coup d’œil aux autres, je remarquai qu’ils attendaient tous une explication. Personne à part eux n’étaient donc au courant.
Sauf… Ned. Qui semblait appréhender la réponse.
Je n’aimais pas ça. Était-ce si grave ?

— Tu ferais mieux de t’asseoir…, me conseilla April.

Je blêmis. Elle me fit signe de la suivre jusqu’aux canapés. Cette fois, le sang de Tim ne suffit plus à me rendre plus gaie. Adam mit une main dans mon dos pour me guider, gentiment. Au début, mes pieds ne voulurent pas décoller du sol, alors que j’avais un mauvais pressentiment.

Je croisai le regard de Cristobal. Il me fixait. Petit à petit, je me sentis plus… apaisée.
C’était de la triche. Mais à vrai dire, c’était aussi un sacré coup de pouce. J’allai donc m’asseoir. Mon compagnon s’installa à ma droite, prenant ma main dans la sienne et Nora, à ma gauche. Lucian et April se tinrent en face de moi.

Puisqu’ils avaient l’air de ne pas savoir par où commencer, ou de ne pas oser se lancer, je leur posai une question qui pourrait les aiguiller :

— Pourquoi mon père a lié Sophia a Savari ?

Lucian prit une grande inspiration. Il n’avait pas besoin de respirer.
Je me rendis compte que j’étais en train de serrer les doigts d’Adam un peu fort, quand il exerça une légère pression pour me rassurer.

— Je t’ai dit que Christopher avait des ennemis, débuta-t-il. Un clan qui en avait après ses pouvoirs. (Je hochai la tête.) Les Lane. En réalité, à l’origine, il faisait partie de leur clan.
Je fronçai les sourcils. Mais j’étais encore loin de me douter que la liste des surprises qui m’attendaient allait s’allonger.
— Il a appris que Malia était enceinte de toi, poursuivit-il. Et il avait de plus en plus de mal à supporter la pression du clan. Alors il a voulu partir, avec elle. Il sentait le danger arriver. Mais même après son départ, il avait un mauvais pressentiment. Et il m’en a fait part. Nous nous connaissions depuis longtemps et il avait confiance en moi. Mais… il a voulu faire quelque chose que je lui ai déconseillé. Il ne m’a pas écouté.
Il se tut. Voyant qu’il avait du mal à continuer, April serra sa main et continua :
— Après ça, ils ont disparu et Malia a accouché. Ce n’est que la dernière fois que nous l’avons vu qu’il a avoué ce qu’il avait fait. (Cette attente me tuait à petit feu. J’avais envie de hurler et en même temps, j’étais captivée par leurs paroles.) Il est allé trouver Savari pour lui demander l’autorisation de se transformer, ainsi que ta mère, et toi.

Mon cœur manqua un battement.
Comment ça « et toi » ?

— Tes parents étaient des vampires. De sang pur. Ils sont nés ainsi, et toi aussi. À ta naissance, tu étais comme nous.

Un profond silence accueillit cette révélation. Ou peut-être que quelqu’un dit quelque chose, je n’en avais aucune idée. Pour ma part, j’étais sous le choc, incapable de bouger, ni même de penser. Je ne pouvais que me repasser les mots « Tu étais comme nous », en boucle. Mon attention était focalisée sur eux, si bien que je ne vis pas les réactions des autres, qui devaient pourtant valoir leur pesant d’or.

— Ce n’est pas possible…, murmurai-je pour moi-même.
— C’est pourtant vrai, répondit April. C’est pour cette raison que tu as mieux supporté l’Elixir que les humains normaux.
— Ou que tu t’es réveillée rapidement lorsque je t’ai fait boire mon sang, à notre rencontre.
Je me passai une main sur le visage.
— Il a négocié avec Savari pour qu’un vampire de Sang Suprême lui prête main forte. Tes parents avaient déjà eu des problèmes peu de temps après ta naissance et Christopher pensait que devenir humain réduirait son empreinte magique, empêchant les Lane de le retrouver facilement. Malia ne le voulait pas, pensant qu’il valait mieux garder toute leur force, mais il a fini par la convaincre. Il savait que le roi convoitait Sophia pour sa puissance. Alors il lui a promis de les lier si Savari acceptait. Ce qu’il a fait, ajouta April à voix basse. Et il connaissait justement un vampire capable de ça. Proche de nous.

Je n’eus pas besoin de parler. Mon regard hurlait pour moi, demandant de qui il s’agissait. Ils regardèrent en direction de Brooke et Ned. Brooke ?
Mais elle regardait Ned. Avec une expression révélant l’étendue de sa surprise.

— C’était moi, avoua-t-il.

April avait raison : si je n’avais pas été assise, je serais tombée.
Ned possédait aussi le Sang Suprême. Et il m’avait transformée en humaine. Ainsi que mes parents. Cela avait dû le faire souffrir atrocement, en retour.

— C’était ça… Ce dont tu n’as jamais voulu me parler…, lui souffla Brooke. C’est pour cela que tu paraissais connaître Neeve…

Je me remémorai ces moments fugaces où il avait paru si inquiet pour moi, où j’avais perçu ses regards me fixant. En réalité, il me connaissait depuis longtemps et avait joué un rôle important dans ma vie.
J’avais la gorge sèche. Mon cœur menaçait d’exploser.
J’étais un vampire…

C’était pour cela que je pouvais mieux les détecter, autour de moi. Que je sentais leur présence. Pas seulement parce que j’avais été traumatisée par l’un d’eux.

— Mais malgré leur statut d’humain, ils sentaient qu’ils allaient être retrouvés. Ils nous ont demandé de les rejoindre quelque part, avec Ned, qui devait veiller à ce que le retour à l’humanité se déroule bien pour toi. Et… ils nous ont demandé de prendre soin de toi. Ils t’ont confié à nous. Et pendant dix ans, nous t’avons élevée, loin de tout.
Un ange passa. Alors que j’allais nier, Adam souffla :
— C’est pour ça que vous avez disparu pendant dix ans ?
— Putain…, chuchota Emma. Nous pensions que vous vouliez rester à l’écart un moment ou que vous aviez des ennuis… Que Ned disparaissait plusieurs jours pour vous chercher…
April secoua la tête. Lucian ancra son regard dans celui d’Adam.
— Jamais nous ne vous aurions laissés, sinon. Jamais je ne t’aurais laissé, Adam, affirma-t-il.

L’intéressé ne répondit pas. Pendant des années, il avait été persuadé que son meilleur ami s’était détourné de lui.

— Nous devions la protéger de tout ça. C’est pour cette raison que j’ai fait en sorte que tu ne nous retrouves pas, quand tu as voulu nous contacter. Ned nous aidait et nous prévenait quand il savait que tu nous cherchais. Nous devions rester discrets.

Dix ans…
Dix putains d’années…


Voilà pourquoi ils m’avaient paru si familiers. Pourquoi ils avaient eu toutes ces réactions à mon égard. Qu’April avait failli se mettre à pleurer en me voyant à mon arrivée au manoir. Ce n’était pas la simple joie de retrouver la fille d’un ami défunt, qu’elle aurait vu quelques fois seulement.
J’avais été leur fille pendant dix ans.

— Non, parvins-je enfin à dire.
Ils tournèrent leur tête vers moi. Je ne savais pas quelle expression je pouvais avoir, mais ils étaient inquiets.
— Je m’en serais souvenue !
Ma voix s’étrangla, sur la fin. Je serrai les lèvres.
— Tu n’as plus beaucoup de souvenirs d’avant tes dix ans, n’est-ce pas ? fit April d’une voix douce.

Je voulu dire quelque chose, mais rien ne vint. Elle avait raison. Mais je pensais que c’était à cause du blocage de mes pouvoirs, qui ne s’étaient éveillés qu’après l’agression de ma mère.

— Nous avions promis à tes parents qu’ils pourraient revenir quand ils auraient réglé leurs problèmes. Mais… (Je vis ses yeux rougir.) Ton père a été tué. Et ta mère… n’est pas revenue. Elle n’est pas revenue te chercher.

Je secouai la tête, ne voulant pas y croire. Elle ne pouvait pas m’avoir abandonnée…
La nausée me saisit. Donc, toute mon enfance… on m’avait laissée ? Une fois par ma mère biologique, puis à nouveau par Lucian et April ? Et encore par ma mère.

— Les années ont passé, expliqua Lucian, qui semblait sur le point de craquer à son tour. Et au bout d’une décennie, Malia est revenue. Elle a exigé de te récupérer.
J’eus la sensation d’avoir couru un marathon. J’avais du mal à respirer.
— Nous ne voulions pas… Nous ne voulions pas nous séparer de toi. Mais nous avions fait une promesse et… elle était ta vraie mère. Alors… Quand j’ai su qu’elle partirait avec toi quoique nous disions, j’ai effacé ta mémoire. Elle ne voulait pas que nous ayons des nouvelles de toi, mais je n’ai pas pu m’empêcher de venir parfois, en restant loin, afin de voir comment tu allais. Et je n’étais pas le seul. April l’a fait aussi. Ned, parfois.

Il veillait sur moi. C’était ce qu’il m’avait dit, après m’avoir ramenée ici.
Je n’entendis plus rien pendant quelques instants. Mes yeux fixaient un point sans le voir. Je sursautai même quand Lucian se planta devant moi. Je pouvais voir le tourment au fond de ses yeux. Il leva une main vers moi et je n’eus pas la force d’avoir un mouvement de recul. Sa main toucha ma tempe.



— Et ça c’est leur poney ! m’enthousiasmai-je.

Je reconnus ma voix d’enfant. J’avais déjà eu cette vision.
Je présentai une figurine de cheval avec fierté, à l’homme qui se tenait devant moi. Alors que ce visage était flou, la fois précédente, cette fois, je le vis avec précision.
Lucian.

— Waouh… Et comment il s’appelle ? demanda-t-il.
— Il va s’appeler « Jaune » !
— « Jaune » ?
— Ben oui, il est jaune ! répondis-je, comme si c’était une évidence.
Lucian se saisit d’un petit chat en plastique, qui, lui, était bleu.
— Il s’appelle « Bleu », c’est ça ?
— N’importe quoi ! Lui c’est Nestor !
— Au temps pour moi.
— Tiens papa !


Oh mon dieu…
Je lui donnai une poupée.

— Elle, elle doit kidnapper Nestor et ensuite la princesse Isabelle va venir le sauver ! expliquai-je.
— Isabelle, d’accord…
La porte de la chambre grinça en s’ouvrant.
— Le goûter est prêt, annonça une voix féminine. Tu veux des gâteaux en forme de petits cœurs toi aussi, mon chéri ?

Désormais, je savais de qui il s’agissait.
April.

Non…

Je me levai et me ruai vers elle, attrapant mon ours en peluche au passage.
Ours en peluche qui trônait dans ma chambre, au manoir. Ils m’avaient dit que je l’avais oublié chez eux, un jour…
Ils avaient seulement omis de dire dans quel contexte je l’avais laissé là.

La chambre s’effaça petit à petit. Je me retrouvai dans un couloir. J’étais un peu plus grande et je tirais violemment sur la main de quelqu’un.
Ma mère. Son visage était tordu par l’impatience, la colère et la tristesse. Ses longs cheveux roux étaient emmêlés, à force de lutter contre moi.

— Lâche-moi ! hurlai-je. Je ne te connais pas !
Quelqu’un me retenait, derrière moi. Le parfum de ma
maman, April, m’enveloppa.
— Arrête, Malia ! Tu lui fais peur !
— C’est ma fille ! explosa-t-elle, des larmes roulant sur ses joues. Vous n’avez aucun droit de la garder. C’est. Ma. Fille !
— Non ! protestai-je. Tu n’es pas ma mère !

Et je m’accrochai de toutes mes forces à April, qui s’accroupit pour être à ma hauteur. Lucian, quant à lui, alla attraper le bras de Malia pour qu’elle me lâche.

— Ça suffit ! tonna-t-il.

Je me mis à pleurer de plus belle. Le fait de le voir énervé ainsi était rare, et je n’aimais pas que quelqu’un le fasse se sentir comme ça. Ça me rendait triste. Peut-être que j’avais fait quelque chose de mal ?
Elle cessa de me retenir et lui jeta un regard noir.

— Ce n’est pas comme ça que les choses se passeront, grogna-t-il.
— Vous avez promis, Lucian. Et vous n’êtes pas ses parents. Je ne veux pas qu’elle fasse partie de ce monde violent !

Soudainement, ses épaules furent secouées et des sanglots lui échappèrent. Je détournai les yeux. Je ne voulais pas voir les larmes d’une dame qui voulait m’arracher à mes parents.

— Je n’ai plus qu’elle…
— Je le sais…, répondit-il comme si ces mots lui arrachaient les vestiges de son cœur.
Alors qu’April me berçait, il se rapprocha de moi. Cette fois, il afficha un air doux.
— Ma puce…
— Qu’est-ce qui se passe, papa… ?
— Ne t’en fais pas… tout ira bien…
— Ne fais pas ça, Lucian, intervint April.
Je me sentis encore plus mal en voyant qu’elle aussi, venait de se mettre à pleurer. Mon cœur se brisa. Pas elle. Pas ma mère.
— April…
— Non Lucian. Je ne peux pas.
Il l’embrassa sur la joue et mit son front contre le sien.
— On trouvera une solution, lui chuchota-t-il tout bas. On continuera à aller la voir, peu importe ce que Malia dira.
— Tu te fous de moi ?! En quoi est-ce réconfortant ?
— Mon cœur… C’est sa fille.
— C’est
ma fille !

Je ne comprenais plus rien à ce qui se passait.

— April, insista-t-il.
— Elle n’est pas revenue pendant tout ce temps !
— Tu ne sais pas ce par quoi je suis passée ces dix dernières années, intervint l’intruse. Je ne pouvais pas revenir avant !
Pressentant que je n’allais pas aimer la suite, je m’accrochai au pull de ma mère à l’aide de mes petits poings.
— April…
— C’est
ma fille…, insista la dame. Votre monde est dangereux. Elle doit mener une vie normale.
April ne répondit rien mais je vis d’autres larmes rouler sur ses joues. Quand je croisai son regard, elle se força à me sourire.
— Je te promets qu’on se retrouvera un jour, me dit-elle. Je t’en fais le serment. Je ne sais absolument pas comment, mais ça arrivera. Je ne vais pas t’abandonner. Et ton père non plus.
— Non ! Laissez-moi ! Je ne veux pas y aller ! criai-je.
Je regardai par-dessus son épaule et vis Ned. Mes yeux étaient suppliants.
— Ned ! appelai-je, afin qu’il me vienne en aide.
Son visage se décomposa. Je ne l’avais jamais vu aussi peiné. Il me fit un sourire triste.
— Au revoir, princesse.
La seconde d’après, papa m’éloignait d’elle et me regardait droit dans les yeux.
— Nous t’aimons, ma puce. Et même si tu vas l’oublier, ce sera toujours le cas.

Je ne compris pas très bien ce qui m’arriva. J’avais l’impression de flotter. Et quand je repris mes esprits, j’ignorais à qui appartenaient les visages qui se trouvaient en face de moi. Ni pourquoi ces deux personnes pleuraient.
Ma mère me tendit une main, que je pris, et elle m’entraîna à l’extérieur de la maison.

Je fus aspirée et le décor se métamorphosa, encore une fois.
April était assise en face d’une coiffeuse. Elle se brossait les cheveux avec un air rêveur. Lucian lisait un livre, allongé sur un grand lit.

Soudainement, la porte de la chambre s’ouvrit et Ned entra. Ils se tournèrent vers lui et en voyant son expression, ils s’alarmèrent et se levèrent.
Cela, ce n’était pas un souvenir que Lucian avait cherché à me montrer. C’était une vision.

— Que se passe-t-il ? l’interrogea la vampire.
— J’ai une mauvaise nouvelle.
Ned marqua une pause, le temps de trouver ses mots.
— Malia est morte, annonça-t-il. Elle s’est suicidée.
Il y eut un grand silence dans la pièce. April retomba sur son siège, interdite.
— Quoi… ?
— Son enterrement était il y a quelques jours. Je viens seulement de l’apprendre.
— Comment l’as-tu su ? demanda Lucian qui avait l’air de ne pas encore tout à fait réaliser ce qu’il venait de dire.
— Je voulais… Je voulais voir Neeve. Savoir comment elle allait. Elle était allée se recueillir sur la tombe.
— Mon dieu…, souffla Lucian.
Il se tourna vers sa femme, les yeux écarquillés.
— Neeve…, chuchota-t-il.
— Elle doit aller très mal, répondit-elle. On y va !
— Attendez ! intervint Ned. Qu’est-ce que vous comptez faire ?
Ils ne trouvèrent rien à répondre.
— Vous ne pouvez pas vous pointer comme ça. Elle ne se souvient plus de vous, poursuivit Ned.
— On ne peut pas la laisser ainsi, contra Lucian.
— Non. Mais vous pouvez continuer à veiller sur elle. À distance. Comme on l’a toujours fait.

April secoua la tête.

— On ne peut pas…
— Si. C’est la meilleure solution. Elle mène une vie d’humaine, maintenant. Elle ne nous connaît plus. On ne peut pas débarquer et bouleverser sa vie.




Je clignai plusieurs fois des paupières, revenant à la réalité. Je sentais que mes joues étaient mouillées. Ma vision était trouble.

— Les autres souvenirs reviendront petit à petit…, entendis-je.

Lucian. Il était toujours en face de moi.
J’avais l’impression que les murs de la pièce se rapprochaient. D’étouffer. Il me fallait de l’air. Beaucoup d’air.
Ma mère m’avait arrachée aux seules personnes qui comptaient pour moi.
Je bondis sur mes pieds, faisant reculer le vampire et lâchant la main d’Adam.

— J’ai besoin de prendre l’air un moment. Seule, ajoutai-je en voyant mon compagnon et Emma se lever pour me suivre.
Je levai une main en passant près de Cristobal, qui s’apprêtait à intervenir.
— Non. Laisse mes émotions comme elles sont, s’il te plaît.

Mon ton était agressif, mais je m’en fichais. C’était trop. Trop d’un coup. Et je peinais à respirer.
J’ouvris la porte d’entrée et me mis à courir à l’extérieur. Très vite, je dépassai même le portail. J’ignorais où j’allais.
Le trajet jusqu’au village de Clelles fut brouillé. J’avais à peine conscience du fait que je marchais. Le peu de personnes que je croisai, en ce début de soirée, n’osèrent pas me demander si j’avais besoin d’aide, en me voyant les dépasser comme une furie, en larmes.

Je finis par m’isoler dans un coin. Je m’assis à même le sol, adossée à un mur de pierre. Je laissai libre cours à mes pleurs.
Je me trouvais entre deux camps. Les humains ne me considéraient pas comme l’une des leurs, et je n’étais pas assez vampire pour être acceptée par cette communauté.
J’ignorais où était ma place.

~


Mes larmes s’étaient taries depuis un moment, déjà. Je ne savais pas vraiment depuis combien de temps j’étais ici, les yeux rivés sur des arbres bordant une forêt, en face de moi. Je n’avais pas bougé. Je me fis la réflexion qu’il faudrait que je rentre, à un moment donné. Qu’ils s’inquiéteraient. La nuit était d’ailleurs en train de tomber.

Je relevai les yeux en sentant comme un tiraillement, dans ma poitrine. Je sus ce que cela voulait dire.
Et en effet, je vis Adam, qui s’avançait vers moi.

Il s’assit à côté de moi et me sonda de ses yeux noirs. Il passa un bras autour de mes épaules et je me laissai aller contre lui. Il déposa un baiser dans mes cheveux et frotta doucement mon bras, de son pouce. Nous restâmes silencieux. Je n’aurais pas su quoi dire, de toute façon.

— Tu veux en parler ? me demanda-t-il doucement.
Je secouai la tête. Le silence revint, mais je finis par le briser, revenant sur ma décision :
— April et Lucian étaient mes parents…
Je reniflai.
— Ça fait bizarre, non ?
— Oui, c’est vrai.
Il me sourit et me fit un clin d’œil. Il parlait d’un ton léger pour me faire me sentir mieux.
— Je suis quand même amoureux de la fille de mon meilleur ami, déclara-t-il.
Incrédule, je le fixai l’espace de quelques secondes, avant de pouffer. Suite à toutes ces émotions, c’était inévitable.
— Je n’y avais pas pensé.
— Du coup je pense que ça ne pourra pas marcher entre nous, plaisanta-t-il.
— Zut. C’est dommage. Mais je comprends.

Je me blottis contre lui, les commissures de mes lèvres réhaussées. Il me serra un peu plus fort.
Plus tard, je sentis des picotements dans ma nuque. Mais personne ne se montrait. J’eus un faible sourire.

— Vous pouvez sortir de votre cachette, lançai-je.

Un instant après, Emma et Nora apparurent à leur tour, timidement. Je leur fis signe de nous rejoindre. La première mit sa joue contre mon épaule libre, en soutien. La deuxième s’assit en face de moi, prenant ma main dans la sienne.

— Une vampire, alors, lança-t-elle pour rompre le silence.
Adam se raidit. Il devait la foudroyer du regard. Elle ne se laissa pas démonter.
— Encore mieux : une vampire devenue humaine. Il te fallait le meilleur moyen pour te démarquer, hein ?
Le coin de mes lèvres tressaillit. Puis, devant son sourire nerveux, j’éclatai de rire.
— Cela te rend encore plus unique, intervint Emma.
— Comment tu peux rendre quelque chose « encore plus unique », si elle est déjà unique ? lui demanda la blonde.
— Commence pas à me chercher.
— Sinon quoi ?
— Je trouverai bien quelque chose.
— Tu n’aurais aucune chance contre moi.

Les écouter se chamailler me fit du bien. Même si j’avais cessé de rire, je souriais toujours. Adam finit par se mêler à leur « dispute », parce qu’il ne pouvait jamais s’empêcher d’ajouter son grain de sel.
Je retins ma respiration quand Ned débarqua à son tour. Cela, je ne m’y attendais pas. Mais après tout, je venais d’apprendre qu’il était attaché à moi, lui aussi. Sincèrement.

— Je peux me joindre à vous ? demanda-t-il.

Je savais que sa question était surtout adressée à moi. Je lui désignai la place libre… un peu partout sur le goudron. Il avait l’embarras du choix.
Il se tint près de Nora. À nouveau, le silence nous entoura.

— Alors comme ça… on se connaissait bien, commençai-je afin de briser la glace.
— Oui. Tu étais un sacré énergumène, répondit-il en soupirant.
Je souris.
— Je suis sûre que tu exagères.
— Un jour je suis venu te voir et tu as décidé de dessiner sur mes bras parce que tu n’avais plus de papier, raconta-t-il. Alors non, je n’exagère pas.
— Quoi ? Et tu t’es laissé faire ?
— Tu me faisais peur, plaisanta-t-il. Je n’osais pas te contrarier.
Je sentis la poitrine d’Adam vibrer sous son rire. Les filles étaient amusées.
— April et Lucian ne disaient rien ?
— Elle t’a grondé gentiment et il s’est foutu de ma gueule. J’avais pleins de petits arbres et de soleils sur la peau. Ça a mis un temps fou à partir.

Mon moral remonta un peu. En fait, parler de ce genre d’anecdotes pourrait me soulager. Cela me permettait d’avoir une vision plus positive de ce passé, et de ne pas me focaliser sur les événements tristes qui s’étaient produits.

— Tu as d’autres histoires ?
— Parfois, pour jouer, je te lançais dans les airs et je te rattrapais, déclara-t-il.
— Ned en nounou, dans quel univers est-ce qu’on se trouve ? ricana Nora.
Il lui allongea une bourrade dans l’épaule, puis continua :
— C’était marrant au début, mais tu avais parfois du mal avec tes pouvoirs. Un jour, je t’ai lancé, tes ombres sont apparues et t’ont portée. Tu as mis une bonne minute à redescendre et tu m’as fait perdre des années d’immortalité d’un coup, tant j’ai eu peur. Je me suis dit que tes par… que Lucian et April allaient me tuer.
Je ne relevai pas le fait qu’il avait failli dire « tes parents ». Je ne voulais pas y penser tout de suite.
— Quand tu es revenue, je t’ai fait promettre de ne rien leur dire, termina-t-il.
— Comment ? demandai-je avec un sourire en coin.
— Tu étais facile à corrompre avec des bonbons.

Je secouai la tête, amusée.
Il me rapporta d’autres histoires plutôt drôles, sur mon enfance. Une enfance que je redécouvrais. Et je ne l’avais jamais vu aussi détendu, joyeux. Nous étions loin du Ned qui avait des allures de robot. Et désormais, je comprenais pourquoi il veillait à rester si impassible, près de moi. Pour que je ne remarque rien.
Alors qu’ils discutaient, réagissant à certains récits, je fus à nouveau prise dans mes pensées.

Mes parents. Ils avaient été mes parents. Et finalement… en un sens, ils avaient été bien plus présents durant toute ma vie, que ma mère biologique. Ils avaient essayé de veiller sur moi autant qu’ils le pouvaient, tout en étant conscients qu’on le leur avait interdit. Parce qu’ils m’avaient promis de toujours être là.
Et est-ce que ça voulait dire que j’étais… un peu comme la sœur de Jehan ? En quelque sorte ?

— Neeve ? me héla doucement Emma.
Je me ressaisis.
— Oui ?
— Qu’est-ce que… tu veux faire ? me demanda-t-elle.

Tout le monde était pendu à mes lèvres. Et je me rendis compte à quel point ils étaient inquiets. Je sentais qu’Adam s’était crispé, et Ned, ainsi que mes deux amies, appréhendaient ma réponse.
Je pris une inspiration.

— Vous voulez toujours de moi dans le clan ? fis-je, ma question étant rhétorique, car je savais que la réponse était affirmative.
Le soulagement se lut sur leurs traits.
— Vous pensiez que j’allais vous laisser ? chuchotai-je.
— C’est juste…, fit Nora, hésitante. Après tout ça… On ne savait pas si…

Je me redressai et me tournai vers Adam. Je pointai un index vers lui.

— Toi, je te suivrais au bout du monde. (Je ne lui laissai pas le temps de réagir et passai à Emma.) Je ne pourrais pas me passer de toi. (Puis Nora.) Je t’adore même si je te trouve effrayante, parfois. (Cela l’amusa. Je désignai enfin Ned.) Quant à toi, tu as bien trop d’histoires à me raconter, encore.
Mon commentaire lui arracha un sourire.
— Finalement, les River ont toujours fait partie de ma vie, repris-je. Et je vous considérais déjà comme ma famille avant d’en apprendre autant sur mon passé. Et ce n’est pas près de changer.

Je n’étais peut-être pas une humaine, ni une vampire, mais j’étais bel et bien une River. Et c’était tout ce qui importait.
Je disparus sous leur étreinte, à tous.

~


Je frappai à la porte. Celle-ci s’ouvrit un millième de seconde plus tard. Ils avaient déjà senti ma présence.
Lucian apparût dans l’encadrement de la porte. Derrière lui, j’aperçus April. Elle se rapprocha.

— Je peux entrer ? m’enquis-je timidement.

Leurs yeux tombèrent sur l’ours en peluche que je tenais dans mes mains. Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais j’avais eu envie de le prendre avec moi.

Ils s’écartèrent pour me laisser passer. La porte se referma. Je me retrouvai face à eux et soudainement, tout ce que j’avais eu envie de leur dire s’envola. Je ne me souvenais plus de rien. Chaque mot s’estompait, dans mon esprit.
Je me surpris à avancer vers eux et je fondis en larmes. Je me retrouvai dans leurs bras en une seconde.
J’étais en colère, triste, mais j’avais besoin de cette étreinte.

J’avais pris le temps de réfléchir, et je comprenais même pourquoi mes parents ne m’avaient rien dit. Ils avaient peur et je n’étais là que depuis quelques mois. Il me faudrait sûrement du temps pour pardonner, me faire à cette idée, mais pour le moment, je voulais profiter de leur présence.

Leur présence qui me réchauffait le cœur.

---


Chapitre 24 (deuxième partie)
Pendergast

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 25)

Message par Pendergast »

Bonjour, eh bien, que de révélations ! :shock: Un véritable tourbillon d'émotions ce chapitre, excellent ! Bonne journée
lacrystal

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 25)

Message par lacrystal »

Chloe38200 a écrit : dim. 28 nov., 2021 7:35 pm Bonsoir ! :D Désolée pour le retard ! J'espère que vous aimerez ce chapitre et que ça en vaudra l'attente ! :lol:
ça vaut toujours l'attente *-*
— Quelle tête tu fais, Savari…, se moqua-t-elle.

Mon dieu, j’étais beaucoup trop contente qu’on lui fasse fermer sa grande gueule.
Punaise j'adore aussi *-* Dans tes dents Savari :lol: :lol: :lol:
— En retour, j’aimerais l’aider un peu, mon cher Savari. (Elle se rapprocha d’un pas, comme si elle cherchait à se mesurer à lui. Elle n’avait pas besoin d’être plus grande que lui pour en imposer. Je crus même voir de la peur dans les yeux du roi.) Je souhaiterais que Brooke puisse vivre comme elle l’entend, qu’elle puisse épouser qui elle veut si elle désire se marier, et que son compagnon et elle puissent bénéficier de la même sécurité au sein d’un clan que n’importe quel autre vampire. Sans crainte d’être revendiquée par toi.

Je fermai les yeux un instant, soulagée. Plus loin, Brooke laissa échapper une exclamation étouffée. Ned la regarda, étonné et plein d’espoir.

— Et tu mourras si cette promesse n’est pas tenue, Savari, ajouta-t-elle.
MAIS COMME JE SUIS TROP CONTENTE
DANS TES DENTS SAVARI !!!!
Ce moment était si jouissif que j’avais envie de le revivre encore et encore.
Mais tellement :lol: :lol: :lol:
— Ne me laisse pas…
La pauvre quand même être mariée à Savari :cry: :cry:

— On se reverra. Et on aura une longue discussion, déclara Savari. Je pense que vous devriez apprendre pourquoi votre père a fait ça.
Je me raidis. Aussitôt, Nora se posta à mes côtés et mit une main sur mon épaule.
— Ravalez votre colère. Votre égo en a pris un coup, mais ça vous passera. Vous êtes seulement dépité parce que cette humaine a plus de couilles que vous tous réunis.
xDDDDDDDDDDDDDDDD Je suis morte j'adore
— Elle vient de rendre un grand service à ce clan. Tout cela aurait pu très mal finir. Alors, maintenant, c’est à vous de lui accorder une faveur. Expliquez-lui. Tout.
Je fronçai les sourcils. Les deux vampires eurent l’air mal à l’aise. Honteux.
— Savari est déjà au courant et il se fera sûrement un plaisir de le faire à votre place, les prévint-elle.
eyes eyes eyes

— Je suis très fier de toi…, me chuchota-t-il.
Moowww *-*
— Vous ne me devez rien du tout, si ce n’est qu’on veille les uns sur les autres. Nous sommes du même clan, après tout, répondis-je.
Je suis trop émue :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:
— Il fallait forcément que tu te fasses remarquer, hein ? me lança Stuart avec un air malicieux.
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol:

— Je t’ai dit que Christopher avait des ennemis, débuta-t-il. Un clan qui en avait après ses pouvoirs. (Je hochai la tête.) Les Lane. En réalité, à l’origine, il faisait partie de leur clan.
Je fronçai les sourcils. Mais j’étais encore loin de me douter que la liste des surprises qui m’attendaient allait s’allonger.
— Il a appris que Malia était enceinte de toi, poursuivit-il. Et il avait de plus en plus de mal à supporter la pression du clan. Alors il a voulu partir, avec elle. Il sentait le danger arriver. Mais même après son départ, il avait un mauvais pressentiment. Et il m’en a fait part. Nous nous connaissions depuis longtemps et il avait confiance en moi. Mais… il a voulu faire quelque chose que je lui ai déconseillé. Il ne m’a pas écouté.
Il se tut. Voyant qu’il avait du mal à continuer, April serra sa main et continua :
— Après ça, ils ont disparu et Malia a accouché. Ce n’est que la dernière fois que nous l’avons vu qu’il a avoué ce qu’il avait fait. (Cette attente me tuait à petit feu. J’avais envie de hurler et en même temps, j’étais captivée par leurs paroles.) Il est allé trouver Savari pour lui demander l’autorisation de se transformer, ainsi que ta mère, et toi.
:o :o :o :o :o :o
— Tes parents étaient des vampires. De sang pur. Ils sont nés ainsi, et toi aussi. À ta naissance, tu étais comme nous.
...
...
...
Oh bordel

— C’était moi, avoua-t-il.

April avait raison : si je n’avais pas été assise, je serais tombée.
Ned possédait aussi le Sang Suprême. Et il m’avait transformée en humaine. Ainsi que mes parents. Cela avait dû le faire souffrir atrocement, en retour.
Oh bordel mon cerveau va exploser je crois xDDDDDDDDD

— Mais malgré leur statut d’humain, ils sentaient qu’ils allaient être retrouvés. Ils nous ont demandé de les rejoindre quelque part, avec Ned, qui devait veiller à ce que le retour à l’humanité se déroule bien pour toi. Et… ils nous ont demandé de prendre soin de toi. Ils t’ont confié à nous. Et pendant dix ans, nous t’avons élevée, loin de tout.
Un ange passa. Alors que j’allais nier, Adam souffla :
— C’est pour ça que vous avez disparu pendant dix ans ?
— Putain…, chuchota Emma. Nous pensions que vous vouliez rester à l’écart un moment ou que vous aviez des ennuis… Que Ned disparaissait plusieurs jours pour vous chercher…
April secoua la tête. Lucian ancra son regard dans celui d’Adam.
— Jamais nous ne vous aurions laissés, sinon. Jamais je ne t’aurais laissé, Adam, affirma-t-il.
:o :o :o :o :o :o
J’avais été leur fille pendant dix ans.
Punaise...
— Waouh… Et comment il s’appelle ? demanda-t-il.
— Il va s’appeler « Jaune » !
— « Jaune » ?
— Ben oui, il est jaune ! répondis-je, comme si c’était une évidence.
Lucian se saisit d’un petit chat en plastique, qui, lui, était bleu.
— Il s’appelle « Bleu », c’est ça ?
— N’importe quoi ! Lui c’est Nestor !
— Au temps pour moi.
— Tiens papa !
:cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:
Quelqu’un me retenait, derrière moi. Le parfum de ma maman, April, m’enveloppa.
Nan mais-
Je vais pleurer en fait

— C’est[ ma fille !
:cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:
— Au revoir, princesse.
La seconde d’après, papa m’éloignait d’elle et me regardait droit dans les yeux.
— Nous t’aimons, ma puce. Et même si tu vas l’oublier, ce sera toujours le cas.
Mais c'est horrible :cry: :cry: :cry:
— Je suis quand même amoureux de la fille de mon meilleur ami, déclara-t-il.
Incrédule, je le fixai l’espace de quelques secondes, avant de pouffer. Suite à toutes ces émotions, c’était inévitable.
— Je n’y avais pas pensé.
— Du coup je pense que ça ne pourra pas marcher entre nous, plaisanta-t-il.
— Zut. C’est dommage. Mais je comprends.
xDDDDDDDDDDDDDDDDD
— Encore mieux : une vampire devenue humaine. Il te fallait le meilleur moyen pour te démarquer, hein ?
Le coin de mes lèvres tressaillit. Puis, devant son sourire nerveux, j’éclatai de rire.
— Cela te rend encore plus unique, intervint Emma.
— Comment tu peux rendre quelque chose « encore plus unique », si elle est déjà unique ? lui demanda la blonde.
— Commence pas à me chercher.
— Sinon quoi ?
— Je trouverai bien quelque chose.
— Tu n’aurais aucune chance contre moi.
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: Elles me font trop rire
— Je suis sûre que tu exagères.
— Un jour je suis venu te voir et tu as décidé de dessiner sur mes bras parce que tu n’avais plus de papier, raconta-t-il. Alors non, je n’exagère pas.
— Quoi ? Et tu t’es laissé faire ?
— Tu me faisais peur, plaisanta-t-il. Je n’osais pas te contrarier.
xDDDDDDDDDD Je suis morte

— Ned en nounou, dans quel univers est-ce qu’on se trouve ? ricana Nora.
Il lui allongea une bourrade dans l’épaule, puis continua :
— C’était marrant au début, mais tu avais parfois du mal avec tes pouvoirs. Un jour, je t’ai lancé, tes ombres sont apparues et t’ont portée. Tu as mis une bonne minute à redescendre et tu m’as fait perdre des années d’immortalité d’un coup, tant j’ai eu peur. Je me suis dit que tes par… que Lucian et April allaient me tuer.
:lol: :lol: :lol: :lol:

— Toi, je te suivrais au bout du monde. (Je ne lui laissai pas le temps de réagir et passai à Emma.) Je ne pourrais pas me passer de toi. (Puis Nora.) Je t’adore même si je te trouve effrayante, parfois. (Cela l’amusa. Je désignai enfin Ned.) Quant à toi, tu as bien trop d’histoires à me raconter, encore.
Mooowww *-* *-* *-* *-*
— Finalement, les River ont toujours fait partie de ma vie, repris-je. Et je vous considérais déjà comme ma famille avant d’en apprendre autant sur mon passé. Et ce n’est pas près de changer.

Je n’étais peut-être pas une humaine, ni une vampire, mais j’étais bel et bien une River. Et c’était tout ce qui importait.
Je disparus sous leur étreinte, à tous.
C'est trop émouvant :cry: :cry: :cry: :cry:


[/quote] Je me retrouvai dans leurs bras en une seconde.[/quote]
:cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:

Punaise ce chapitre était trop émouvant :cry: :cry: :cry: J'ai les larmes aux yeux, wow c'est pas pratique je vois pas très bien mon clavier pour écrire
Bon alors j'ai adoré ce chapitre, je le dis direct xD Déjà le début, mais quel délice de voir Savari fermer sa gueule !! C'était ultra satisfaisant, genre vraiment
Et la suite punaise
J'ai cru mon coeur allait lâcher xD
Je me demande ce que tu nous réserves encore mais je sens on va encore avoir de belles surprises !
En tout cas j'adore comme d'habitude *-*

PS : je suis vraiment trop trop contente que Lucian et April soient ses parents ils sont beaucoup trop cute :cry: *-*
Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 25)

Message par Chlawee »

Bonjour ! :D

Alors voilà je poste ce message pour vous prévenir que je ne posterai plus de chapitre de Neeve... (Wow l'ambiance que j'installe. :lol: ) Comme vous l'aurez remarqué il commence à être très long et ça, malheureusement, pour les maisons d'édition, c'est un peu rhédibitoire, souvent.
Du coup je compte bien séparer les tomes déjà écrits en plusieurs, mais je vais devoir enlever/rajouter beaucoup de choses, alors je préfère arrêter de poster ici afin de ne pas vous faire lire des choses qui auront changé sous peu. D'autant plus que la suite sera écrite en conséquence des changements, donc ça pourrait vous faire bizarre. :lol:
Mais en tout cas, merci beaucoup pour tous vos conseils, vos commentaires qui m'ont fait vraiment plaisir à chaque fois. <3 Si vous avez d'autres conseils à me donner, des choses que vous auriez aimé lire comme scènes, qui selon vous étofferait un peu plus l'histoire, ou même des incohérences que vous avez relevées, n'hésitez surtout pas ! <3 Merci d'avoir suivie l'histoire de Neeve jusqu'ici !
Je vous fais des gros bisous !
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