Concours d'écriture - Mai 2021 : Les justiciers

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x-Key

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Concours d'écriture - Mai 2021 : Les justiciers

Message par x-Key »

Bonjour à tous !

le thème du concours d'écriture du mois de mai est : les justiciers ! Laissez libre court à votre imagination !
Pour rappel :

♦ Vous avez tout le mois (et pas plus !) pour poster votre texte sur le sujet, nous n'accepterons pas les retardataires.
♦ Un jury composé de plusieurs personnes lira ensuite vos créations littéraires et désignera le texte vainqueur. Le gagnant sera récompensé d'un badge spécial et d'une petite surprise.
♦ Tous les types de textes sont acceptés (fiction, histoire vraie, nouvelle, essai, en vers, en prose) du moment qu'ils collent au thème !
♦ Il n'y a pas de limites minimum de caractères. En terme de taille, le format d'une nouvelle de 15 000 signes (environ 7 pages) est le maximum qui sera accepté.
♦ Faites attention à votre expression et à votre orthographe, il est toujours plus agréable de lire des textes écrits dans un français correct ;)
♦ Les textes écrits avant le concours ne seront pas acceptés. Vos textes doivent avoir été écrits spécifiquement dans le cadre du concours.
♦ Attention : Seuls les membres de Booknode dont le profit sera un minimum complété (quelques livres en biblio et infos sur le profil) pourront participer, peu importe votre date d'inscription. Vous pouvez très bien vous être inscrits la veille, il n'y a aucun soucis, tant qu'il est clair que vous ne vous êtes pas inscrits sur le site juste pour participer et ne jamais y revenir ;)
Anais39

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Re: Concours d'écriture - Mai 2021 : Les justiciers

Message par Anais39 »

Bonjour ! Voici mon texte, j'espère que cela vous plaira ! :D

Vendredi 13 mars dans un parc à New York
Chaque chose en son temps, chaque chose en son temps. Il fallait que je respire avant de poursuivre ou mon cœur exploserait sous la pression. J’ouvris grand la bouche afin de pouvoir laisser l’air rentrer dans mes poumons enflammés par cette course éreintante. Je me forçais à inspirer et expirer le plus lentement possible tout en pensant que je devrais racheter un déodorant plus fort car celui que je portais actuellement ne permettait pas de masquer l’odeur nauséabonde qui se dégageait de sous mes bras. Je sentais la sueur couler le long de mon dos et dans le creux de ma poitrine et je n’aurai pas eu de mal à imaginer l’horreur à laquelle je devais ressembler en ce moment même. Je n’avais commencé à courir que depuis cinq minutes et j’avais déjà l’impression que mon corps allait déclarer forfait et m’envoyer, ou plutôt s’envoyer, directement à la morgue. Fidèle à mes habitudes du lundi matin, je m’étais arrêtée près d’un bosquet, toujours le même, qui était assez touffu et imposant pour que je puisse me cacher derrière lui. Un regard à droite puis à gauche et je me glissais rapidement derrière l’ombre rassurante et familière des arbustes. Au loin, j’entendais le sifflet de mon prof de sport, un polonais qui passait ses journées à crier sur les élèves et qui condamnait à du gainage le premier élève qui broncherait un peu trop dans son cours. Preuve en est, je pouvais cerner distinctement les pas de mes camarades qui tentaient tant bien que mal de suivre la cadence effrénée de ce prof plus formé à la torture qu’autre chose à mon avis. Bien contente de réussir à échapper à sa surveillance à chaque cours, je ne m’en ventais pas car au fond de moi je savais que c’était sûrement dû au fait qu’il n’avait pas dû me remarquer une seule fois depuis le début de l’année, et pourtant nous étions en mars, discrète comme j’étais. Malgré mes quatre-vingt-dix kilos bien trempés, je savais passer inaperçue et excellais même dans ce domaine. La conséquence, aucune personne dans ma classe ne devait connaitre mon existence et si on leur disait : « Tu savais qu’il y avait une Lila dans notre classe ? », on répondait systématiquement : « Ah non, ce doit être la grosse brune au fond de la classe, elle ne parle à personne et c’est tant mieux il n’y a pas plus barbant qu’une grosse en manque d’amis. ». Voilà ce à quoi j’étais condamnée depuis… ma plus tendre enfance, pas si tendre que ça d’ailleurs. Pour vous expliquer rapidement, j’étais à l’époque une petite fille tout fluette et qui aimait voler d’amie en amie comme un papillon sur le… et bien le Lila justement. Un jour, ma meilleure amie, Rose (bon d’accord les blagues sur le fait qu’à nous deux nous composons un bouquet de fleurs j’ai déjà entendu donc merci de ne pas penser à ça) qui était la personne la plus importante pour moi, partit car ses parents étaient mutés au Texas. Bref, après ça comme vous devez vous en douter j’ai changé du tout au tout et je suis devenue une adolescente introvertie, mal dans sa peau et sans amies. Au fait je me présente, Lila, quinze ans et élève de troisième au lycée d’une petite ville perdue appelée Aubagnara et qui porte bien son nom. Mais revenons à nos moutons. Je suis actuellement cachée derrière ce bosquet et je déguste un bon mille-feuille que j’avais caché au préalable dans les branchages serrés afin de pouvoir le déguster tranquillement après cet effort herculéen que je venais de produire. J’étais assise en tailleur, l’oreille aux aguets au cas où quelqu’un me trouverait, et je savourais donc cette délicieuse pâtisserie qui tombait à point nommée. Chaque bouchée fondait et croustillait dans ma bouche et je sentais mon gosier palpiter de contentement face à ce miracle culinaire. Les yeux fermés, j’appréciais le moment mais à la réflexion je n’aurais peut-être pas dû car tout à ma contemplation par les papilles, je n’entendis pas les gloussements de trois filles de ma classe qui me regardaient avec un air de mépris moqueur dans les yeux. En classe, je les observais souvent car c’était le clan des populaires. Trois filles qui vendaient du rêve avec leurs longues jambes de barbies, leur peau bronzée par le soleil de l’été et leur corps digne de ceux de mannequins. Elles dirigeaient la classe d’une main de fer et anéantissaient toutes les filles qui se mettaient en travers de leur chemin que ce soit pour acquérir un garçon ou pour la meilleure note sur un devoir. Il y avait Sabrina, celle qui dirigeait. C’était sûrement la pire car elle n’avait aucun scrupule. Son bras droit, Chloé, était une pure imbécile à qui on avait dû oublier de greffer un cerveau à la naissance et qui faisait tout ce que Sabrina lui disait de faire. La dernière, Lilou, était sûrement la plus gentille du groupe et ne servait que de souffre-douleur aux deux précédentes car elle était plus rondelette. Les deux barbies ne l’avait prise sous leurs ailes seulement car elle était très intelligente et qu’elle faisait leurs devoirs. Résultats, elle s’était transformée en mini Cruella au fur et à mesure que l’influence des autres agissait sur elle. Je sais que cette situation est très clichée mais c’est comme ça dans notre chère petite bourgade. Lorsque je me rendis compte que j’étais observée, je bondis sur mes deux pieds, enfin aussi vite que ma graisse en trop me le permettait, et j’essuyais mes mains graisseuses sur mon pantalon de sport, la bouche encore remplie de crème onctueuse. Quand j’eu finis d’avaler, je demandais honteusement aux trois filles qui me fixaient toujours : « qu’es ce que vous voulez ? ». L’une d’elle, la « chef » de la bande, me répondit d’un air désinvolte : « Et toi, qu’es ce que tu veux ? Une serviette pour essuyer ta graisse peut-être ? » Et en me regardant de la tête aux pieds avec dégout elle ajouta : « Ah non, ce n’est pas d’une serviette dont tu as besoin mais d’un régime, il y a trop de graisse pour un bout de papier à ce stade… ». Pétrifiée, je baissais la tête et ne pus contrôler les larmes qui commencèrent à couler le long de mes joues et à aller s’écraser sans bruits sur l’herbe verte qui me servait de siège quelques minutes plus tôt. Les trois sorcières ne bougeaient pas mais des rictus se dessinaient sur leurs jolies lèvres de poupées qui bougeaient et lançaient des insalubrités sur moi sans même que je puisse les entendre, trop abasourdie par le choc. En ce moment, tout ce que je parvenais à voir dans ma tête était un panneau sur lequel était écrit : « Attention, danger imminent de crise de larmes, décompte dans dix, neuf… ». Je relevais la tête, les yeux marqués par l’effroi et je me mis à les fixer d’un air de défi. Grosse erreur car Sabrina, énervée par cet affront que je lui faisais, elle qui n’avait pas l’habitude qu’on lui tienne tête, se jeta sur moi comme une furie en me criant des insultes toutes plus horribles les unes que les autres. Sous le poids de ses coups de poings et de pieds, je tombais sur le sol et me recroquevillais-en position fœtale, les mains crispées sur la tête afin de limiter les dégâts. La jeune fille ne s’arrêtait pas de me frapper et commença à me tirer les cheveux sans que je ne fasse rien d’autre que me rouler au sol, trop apeurée pour riposter. Ses amies la regardaient comme si elle avait perdu la tête mais n’osaient s’approcher, de peur de prendre un coup. Je sentis un liquide sortir de mon nez et une intense douleur dans mon dos qui me fit hurler de souffrance. Par un accès de désespoir, je m’arque boutais malgré la douleur afin d’essayer de la faire tomber mais en tentant de la toucher, je ne rencontrais que du vent. Je levai un œil mouillé au-dessus de moi et vis une jeune fille de mon âge, bien bâtie et haute de taille qui étranglait ma persécutrice contre un mur. Celle-ci était rouge écarlate et tentait de se débattre, les pieds décollés du sol et les mains qui s’agrippaient tant bien que mal à celles de son agresseuse, mais en vain. Je me levais d’une manière lasse et titubais quelques secondes avant de m’approcher de ma sauveuse et de lui taper sur l’épaule. Elle se retourna et me dévisagea d’un regard froid et glaçant, dépourvu de compassion pour celle qu’elle étranglait. Je lui soufflais : « Lâche-la s’il te plait. » ce qu’elle fit à la minute où je lui demandais. Lorsque sa proie pu respirer de nouveau, elle me regarda et son regard devint souriant, tout comme sa bouche qu’elle avait jolie d’ailleurs. Les trois barbies s’en allèrent s’en demander leur reste, me laissant seule avec ma sauveuse. Je pus ainsi l’examiner à loisir et me rendre compte que malgré qu’elle était très belle avec ses cheveux roux en cascade et son corps élancé et musclé, la moitié de son visage était composé de peau brulée et fripée et d’un œil complétement noir, comme vide, qui contrastait avec l’autre d’un bleu pur. En voyant mon regard s’attarder sur cette partie de son anatomie elle murmura : « J'étais plus jeune, C’était des sosies de ces filles, elles étaient jalouses, ça a dérapé ».

6 mois plus tard, dans une ruelle de New York.

Le bruit de la sonnerie et des bavardages des élèves qui sortaient de l’école a retentit dans tout le quartier et a fait s’envoler les pigeons qui picoraient les miettes de pains sur le sol. Le vent décoiffait les adolescentes qui sortaient du collège et celles-ci devaient tenir leurs jupes d’uniforme pour qu’elles ne se soulèvent pas sous les bourrasques. Des rires s’élevaient de ci de là et annonçaient les vacances de la Toussaint, très attendues par tout le monde. Des hordes de jeunes filles couraient en direction de leurs parents, entrant dans des voitures de luxes. Seules quelques boursières repartaient chez elles à pieds ou bien marchaient pour aller prendre un bus un peu plus loin. Une de celle-là, Sacha, toute mince et couronnée de tresses châtaines, se dépêchait de rejoindre son train pour ne pas être en retard. Elle courrait à petits pas et trainait son gros cartable sur le dos, ce qui la faisait ressembler à une fourmi sous un rocher. Pour pouvoir arriver à son arrêt, elle devait passer à travers un dédale de petites ruelles malfamées et qui pouvaient comporter des risques pour une jeune fille de sa carrure. Elle réfléchissait sur le travail qu’elle allait devoir fournir pendant les vacances pour réussir à rester première de sa classe. Depuis le début de l’année, elle était en concurrence avec la populaire et branchée de la classe qui en plus d’être très jolie était très intelligente et ne pouvait supporter de voir une « binoclarde », selon ses mots, la dépasser sur son territoire. Plongées dans ses pensées, Sacha n’entendit pas les pas légers et réguliers de l’ombre qui la suivait derrière elle. Sans qu’elle n’ait le temps de réaliser ce qu’il se passait, quelqu’un l’attrapait par le col et la plaquait contre le mur, lui écorchant le mollet, qui sortait de sa jupe, avec une bouteille de vin fendue qui trainait au sol. La tête collée contre le mur mouillé par l’humidité, elle sentait le parfum frais que dégageait son agresseuse. Lorsque la jeune fille reprit ses esprits au bout de quelques secondes, elle reconnut le visage de sa concurrente malgré que ses lunettes soient tombées par terre sous le choc de l’attaque. Des larmes de stupéfaction coulaient le long de ses joues et elle suppliait à mi-voix qu’on la laisse tranquille. Celle qui la retenait rétorqua : « Je vais t’apprendre à … » Mais elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’une ombre qui s’était glissée derrière elle il y a quelques instants lui balaya les jambes d’un grand coup de pied et lui assena un direct dans le ventre une fois que la victime était à terre. Sacha n’eut que le temps d’apercevoir un éclair roux et un autre brun avant d’entendre les deux personnes, qu’elle identifia comme des filles, dire : « Nous sommes les justicières, moi c’est Lila. » et de s’évanouir.
Micum

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Re: Concours d'écriture - Mai 2021 : Les justiciers

Message par Micum »

Voici ma modeste participation pour ce mois ! Merci de votre lecture.

Mon chef portait plusieurs noms,
Éprouvant ma nécessité à la société.
Bourreau ou carnacier.
Mais à jamais justicier de renom.

Mon lignage est assuré,
Mon labeur récompensé,
Mon pain retourné.

J’ai l’heur et la liesse
De tuer avec la bénédiction
Et toutes les approbations.
Quand ma hache tombe c’est l’allégresse.

Mon unique travail est de garder les yeux ouverts,
Mais la vue vide.
Nulle distinction, nulle pitié. Impropère
Pour le profane. C’est ma faïde.

En lieu et place de l’aïeul et l’enfant,
Je ne vois qu’un labadens.

Mes mains pures ne s’arrêteront de rendre cet air encore plus vicié.
Larme_Fatale

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Re: Concours d'écriture - Mai 2021 : Les justiciers

Message par Larme_Fatale »

Bonjour!
Voici mon texte, écrit souvent de nuit. La nuit c'est aussi quand se déroule l'histoire.

C'est la bonne version car il y a eu un problème et un brouillon a été envoyé avec une mise en forme incompréhensible. Je n'arrivais pas à le supprimer.

J'espère que le jeu de piste vous plaira. 8-)


Mots croisés
Alors… Ici : "mot en quatre lettres, horizontal. Elle met au monde un enfant".
Mon Dieu que ces mots croisés sont cons! Clara complète les cases horizontales de sa petite grille avec le mot "mère". Oh ! Quelle prouesse!
Elle sirote un énième whisky.
Phonétiquement le mot correspond exactement à un prénom qu’elle connaît bien. C’est celui d’une héroïne de série américaine dont elle est fan. Elle s’appelle Mare et ça se prononce exactement comme "mère" en français.
1825 jours de confinement. 1825 jours meublés de séries, de films, de romans et et de mots croisés. Indices de cette activité à plein temps, d’innombrables grilles de toutes sortes jonchent le parquet. Il faut les enjamber pour passer de pièce en pièce .
Cette grille là est la plus nulle de toutes. Elle a hâte de la terminer car elle n’en laisse aucune inachevée, mais elle s’ennuie.
À l’exception du caractère anecdotique de ce rapprochement phonétique entre "mère" et "Mare"'cette grille ne l’amuse pas. Trop d’évidences. Elle y cherche des subtilités mais elle se juge trop limitée -elle ne s'aime pas - pour les dénicher. Toutefois "sage" conviendrait peut-être, pense-t-elle.
"Sage" comme dans sage- femme …

Quadrillage infernal.
Plus de minuit. Dans l’obscurité poisseuse et oppressante de son appart’ Clara fixe encore la grille éclairée par une vieille lampe de bureau. Mais lignes et colonnes se brouillent et se superposent, les cases éclatent en se dispersant une à une sur sa page. Elle chausse ses lunettes mais rien n’y fait…
Nuit noire, plus de 2h du matin, silence absolu, signe d’un sommeil profond dans son voisinage. Clara se décide à se lever et se dirige vers le couloir qui mène à sa chambre. Le désordre de la pièce l’angoisse, et parfois elle dort sur le canapé du salon.
Elle ouvre la porte du couloir puis s’y dirige à tâtons. Deux pas et elle s’arrête net, tétanisée. Elle constate avec stupeur qu’au delà ce n’est plus son appartement. Au sol, plus de parquet mais des dalles carrées guidant son chemin, droit devant elle. Elle avance et remarque aussi que les portes ont disparu pour s’ouvrir sur des couloirs croisant sans fin le sien. C’est un quadrillage à parcourir à l’infini.
Mais je suis où?……. ?.......Ressaisis toi, crétine. Tu as trop bu, tu es sûrement sortie de chez toi et maintenant tu ne sais plus où tu es !
Un peu plus tôt, elle est effectivement sortie faire un tour avant de dormir, mais elle est trop éméchée pour s’en souvenir. Elle est dehors, en bas de son immeuble. En baissant les yeux elle retrouve les dalles carrées qui pavent le trottoir. Sa rue très étroite ressemble étrangement à ce couloir sans fin, coupé par une multitude de couloirs parallèles. Elle se trouve bien devant chez et elle n'aperçoit pas de couloirs mais une multitude de rues coupant la sienne perpendiculairement. C'est ça le quadrillage infernal que son esprit embué imagine... De là où elle se tient, elle peut voir d’ailleurs sa grande terrasse au 3ème étage. Complètement rassurée, elle décide de remonter se coucher.
Mais quelque chose cloche. L’ambiance de la rue est inhabituelle. Ordinairement et jusque très tard on y entend chaque soir voitures et conversations de passants qui s’attardent. Là c’est anormalement calme. Juste quelques faibles chuchotements sont perceptibles. Comme si, embusqués quelque part, des gens se parlaient tout bas.
On se prépare à t’agresser, cours!
Elle essaie mais rebrousser chemin est impossible.
Oh my god! Tu es trop soule, tu vas crever ici...

Les justiciers
Loin devant, elle repère des silhouettes blanches et floues. Une lumière blafarde de vieux néon les éclaire. Elle déteste cette lueur. Ces gens sont postés à chaque coin de rue. Ils communiquent par gestes comme s'ils étaient des mimes. Ils portent une large tenue blanche et leur visage est dissimulé sous une sorte de haute et large cagoule. Clara fait quelques pas et les observe sans qu’on la voie. Dans le dos, leur tenue est marquée d’une lettre. Elle essaie de les déchiffrer toutes malgré la distance et une brume ambiante : J, U, S, T…Justice, c’est ça, JUSTICE. Clara est interdite et ne comprend pas. Trop confuse pour réfléchir, elle tente cependant de trouver une explication rationnelle à ce qu'elle voit.
Quelle justice pourrait-on bien venir réclamer en pleine nuit?! Ça ne tient pas debout.
Pourtant soudain tout ce petit monde se rassemble en un cortège qui se met en marche. D’un pas uni et déterminé il progresse vers elle.
Un coup de sifflet retentit comme pour marquer la pause de ce défilé militaire et rythmé. Quelqu’un s’extrait du groupe. L’individu, d’un signe de la main, donne l’ordre d’arrêter la marche. En rangs serrés et organisés, on s’immobilise.
Celui qu’elle imagine être le chef s’approche de Clara. Elle le voit arriver tel un spectre. Elle a peur, elle ne contrôle plus ses tremblements, ses jambes ne la soutiennent plus. Elle s’écroule lourdement comme une proie en attente d’elle ne sait quoi…
Au centre d’un halo flou elle distingue un inconnu qui la frôle de très près dans une sorte de danse macabre autour d’elle.
Le visage semble décharné et taillé brut comme celui d’un bourreau nazi aux traits parfaitement ariens. L’homme est aussi grand, musclé et massif que son visage est fin et creux. La pâleur de son teint et ses yeux bleu glacial paralysent Clara. Lui aussi est entièrement vêtu de blanc…Mais il a retiré sa cagoule.
Dans le cortège immobile personne ne bouge, ni n’ose s’approcher d’elle à moins de cinq mètres. Elle se sent étrangère à cette horde de gens très disciplinés et méfiants.
Mais plus que tout autre chose, elle ressent intimement une haine rageuse de tous envers elle.
À ce moment, la scène lui rappelle une vision figée et glaçante enfouie dans sa mémoire. Elle s'imagine soumise au jugement de féroces assassins comme on en rencontre dans les réunions très fermées de la communauté du Khlan.
Aux actualités, elle se souvient avoir vu souvent ces images des temps les plus sombres d’une Amérique rongée par un racisme haineux et violent.
L’espace de cet infime instant, elle panique et pense sans plus aucune rationalité : elle va brûler vive sur une croix en feu portée très haut par ces créatures hostiles vêtues de blanc et cagoulées. Les peurs s’infiltrent et se bousculent en elle, la migraine est là, lourde et lancinante.
Surtout ne pas imaginer la suite, se dit-elle. Pour garder son sang froid et organiser sa fuite elle doit réfléchir, faire taire la peur et donc ne pas imaginer.
Avec ses quelques forces elle se lève alors et fait face à l’homme qui est là. Il rompt le silence d’une voix ferme et cynique…

Pieds et poings liés
– Bonsoir Clara. Je suis Buck…
– Buck ?? Mais…
– … On ne se connait pas, enchaîne-t-il.
– Vous… vous connaissez mon prénom! Que voulez-vous? Laissez moi, je rentre chez moi!!
– Impossible. On te recherche depuis longtemps et il va falloir nous suivre.
–Vous suivre?!!! ... C’est qui "On"? Qui me recherche ? Je n’ai rien fait, je ne comprends rien, vous faites erreur, je ne vous suivrai pas.
Son refus d’obéir déplait à l’homme qui se durcit. Mais peu importe sa colère, elle ne le suivra pas. C’est un piège, elle pressent déjà ce qui va lui arriver. L’homme est sûrement un violeur mais, trop soule, elle est incapable d'en faire une certitude. Elle ne sait pas si elle pense vrai et encore moins quoi faire. Seule l’intuition lui dit de lutter.
Il l’attrape subitement mais elle suit son intuition et se débat avec hargne dans les contorsions vaines de son petit corps menu. Il la projette alors brutalement au sol pour la maîtriser. Quand elle y arrive elle heurte violemment la chaussée de la tête et sa lèvre éclate. Le sang jaillit. Tiède et fluide il s’écoule lentement dans sa bouche, elle a mal.
Buck sort de sa poche une cordelette tressée. D’un geste sûr et lentement décomposé, il la ligote, réalisant un nœud savant, probablement fait et refait maintes fois. Clara ne bouge plus, ses pieds et ses poignets sont ficelés. Quand elle abandonne sa lutte il crispe ses muscles et se met à la traîner derrière lui avec une force décuplée.
Dans ce glissement continu sur le bitume, la toile de son survêt’ n’est rapidement plus qu’un lambeau de tissu troué. Sa peau ne la protège plus des frottements sur le revêtement rugueux.. Elle est en chair vive, la brûlure écarlate est profonde et étalée, et la douleur insupportable. Elle va mourir. Il la traînera ainsi jusqu’à l’épuisement, il la violera devant l’assemblée des justiciers qui les suit, et tout s’arrêtera.
Soudain l’homme stoppe net son élan de colosse et la laisse laminée et dépecée à terre. De fines gouttelettes de sang suintent de son corps écorché. Il esquisse un sourire satisfait et sadique, et de son regard bleu il la dévisage sévèrement.
– Voilà. Tu sais, Clara, belle Clara.
– Quoi ?!!!
Malgré l’effroi elle se rebelle. Son cri insolent retentit, il traverse la nuit dans un écho qui se répète. Ce Batman guignol relooké l’exaspère et elle serre les dents. Elle se retient d'exploser.
Je vais lui mettre mon poing dans la gueule !
Elle aimerait être un boxeur lâché sur le ring et le rouer de coups. Mais, liée à sa main gauche par les poignets, elle ne le peut pas…

Révélation.
– Regarde bien, Clara.
Buck tient dans sa main libre une plaque d’identité de type police américaine.
À gauche un insigne doré et rutilant attire l’œil instantanément. Sous l’insigne on peut lire son nom et son prénom, Buck Opale. Bizarre, Buck Opale ça sonne "shérif ricain". À droite un matricule figure sous sa photo. Elle mémorise les chiffres: 142265826. Tout ça lui évoque les héros emblématiques de ces séries américaines qui envahissent le PAF.
Buck enchaîne.
– Notre pays ne protège pas nos enfants de toute maltraitance. Ceux qui leur font mal ou peur, les rendent tristes, brisent leurs rêves ou les détruisent psychologiquement sont nos cibles.
– … ?...
– On ne punit pas ces maltraitances psychologiques sur enfant. Notre organisation a donc décidé de le faire et de rendre justice. On traque les coupables et on les fait payer cash. Tu comprends?
Sidérée, partagée entre énorme éclat de rire et panique, Clara reste muette. Soit c'est un mythomane qui lui sert une histoire sans queue ni tête, soit l’effet de l’alcool sur elle minore sa capacité à analyser cette situation totalement surréaliste.
Ton glacial et arrogant... Elle répond froidement:
– "L’organisation" a décidé. "Nous". "On". C'est ça oui...
Rire intérieur...
– Bon… Il pousse un soupir agacé et bruyant. Il tapote nerveusement le sol de ses doigts crispés. Une tension froide monte, il perd patience.
– Je continue. On a créé une unité spéciale pour les enfants. Je la dirige et eux, ils sont mes gars, tous là pour toi ce soir. Tu es notre prochaine exécution capitale.
Il rit et se délecte d’un futur proche dont Clara ignore tout.
– Tu suis ce que je te dis?
– NON!!!!! Je ne comprends rien, je ne maltraite pas mes enfants. Je suis blessée, je rentre chez moi, écartez-vous!
Le tapotement de ses doigts agacés s'accélère, il trahit le chef. Sa colère s’amplifie, il serre les dents, creusant davantage son visage de tueur né.
– Vous ne pouvez rien savoir de nous. Vous êtes carrément cinglé, poursuit Clara.
– Tu fais erreur. On connait tout de vous. Notre réseau couvre le pays, on a partout des infiltrés. Profs, médecins, moniteurs de sport, nounous, voisins, tous ceux qui approchent les enfants. Ils nous alertent dès qu’un d’eux souffre. On arrive, on arrête les coupables et on les punit.
– Pffff ! Pauvre dingue, tu te crois dans un film? Elle lui éclate de rire au nez.
……
– Attention Clara…

La menace
Le regard en dit long, il s’est durci et le ton a changé. Glaçant, sournois, il la tient et elle se tait sur le champ.
– Allons, allons, ma jolie… Tu sais très bien pourquoi je suis là.
– Non!!!!!! lance-t-elle encore dans un cri strident.
– Ahhhh. Dommage. Tu ne comprends pas et tu vas mourir. Va savoir pourquoi...
Continue, ordure. Vas-y, tu verras la suite.
– Vas-y connard, je t’écoute!! Hors d’elle, déchaînée, elle réagit, libre de toute peur. Elle contre attaque.
Buck se tourne alors et saisit calmement son sac à dos. Il en extrait un couteau et plaque la lame étincelante et aiguisée sur le cou élégant et fin de Clara, juste à côté de la carotide.
– C’est simple. Si tu l’ouvres, si tu m’insultes encore, je tranche net en deux. Compris ?
Elle fait signe que oui de ses yeux épouvantés, comme si elle ne pouvait pas parler, comme s’il l’avait bâillonnée. Sauf qu’elle n’est pas bâillonnée…
– Maintenant tu la fermes et tu m’écoutes…

Acte d’accusation
Nous t’arrêtons pour avoir maltraité tes fils.
– Quoi??
Accablée, assomée, Clara répond.
– Donc vous les connaissez, vous les suivez, c'est sûr.
Elle voudrait saigner férocement le pseudo justicier-tueur qui ose approcher ses fils. Elle le regarde sans faillir et lance un autre cri hystérique.
– Ne les approchez pas!!!!!!
.....
– Chaque membre va te lire ton acte d’accusation, puis la sentence sera prononcée et tu seras exécutée.
Un premier homme sort des rangs. Buck lui tend un immense parchemin roulé qu’il ouvre pour en commencer la lecture.
– Tu es accusée d’être futile.
D’un ton implacable, l’homme austère a prononcé ce premier chef d’accusation. Et ainsi de suite s’enchaînent tous les autres.
– Tu es accusée d’être orgueilleuse.
– Tu es accusée d’être mondaine et snobinarde.
– Tu es accusée d’être une fêtarde décérébrée.
– Tu es accusée de chercher à plaire à tout le monde.
– Tu es accusée de vivre dans un appartement grand luxe, sans vie comme dans un appartement-témoin.
– Tu es accusée de ne penser qu'à toi.....
......
– Tu es accusée de ne pas avoir rendu tes fils heureux à cause de ce que tu es.
Clara sent le sol se dérober. Elle s’enfonce dans des sables mouvants.
– Mais.. mais… non!! On ne se connaît pas et vous savez tout, là, comme ça sur moi.
Ce que vous dites était vrai, mais plus maintenant. Il y a très longtemps que j’ai tout abandonné pour changer complètement. Cette vie là c’était avant que tout s’écroule. Vous entendez?? Il suffit de voir mon appartement et de me regarder aujourd’hui pour me croire. Je ressemble à une brillante et splendide nana? Regardez-moi!!!!!
Buck ne bouge pas, son visage reste brut, sans aucune émotion.
– Ne cherche pas à nier. On a tout sur toi. Les preuves que tu es une mauvaise mère sont là, Clara, entre nos mains. Ta vie est filmée, des centaines d'heures de films. C'est là, dans la boîte. Il montre à Clara l’écran lumineux de son smartphone.
– Qu’est ce que… Qu’est ce que… Qu’est ce que vous dites? Ma vie filmée? Des centaines d’heures? Qui a osé faire ça?
Elle sanglote, elle étouffe. On a cambriolé sa vie et emporté ses plus beaux moments avec ses fils. Mais les pires aussi. Comme dans Truman show, une fiction poignante, elle comprend qu’ils sont épiés depuis toujours par ces voyeurs-justiciers.
Clara n'est plus ivre. Elle ne se sent plus une goutte d’alcool dans son sang. Donc elle est consciente, et ce qu’elle voit est réel. Il est là bien vivant, avec "ses gars" eux aussi bien réels.
Réfléchir. Vite, vite ! Pour rester en vie il faut fuir, courir vite, très vite. D’un pas militaire les bourreaux se rapprochent, blancs et silencieux. Ils vont frapper.
Comment faire? Elle est liée à lui. Rien pour couper ses liens. Son couteau? Disparu, Si elle bouge pour se libérer il la tuera et elle veut connaître la sentence.
Quand on lui aura dit tout ce qu’on lui reproche, sans doute se laissera-t-elle exécuter pour que justice soit rendue. Car au fond elle sait qu’elle mérite peut-être cette punition pour avoir brisé la vie de ses fils.

Les aveux
Clara se replie lentement sur elle en position fœtale. Le mouvement la fait hurler de douleur à l’intérieur car les chairs brûlées et à vif se collent les unes aux autres dès qu’elle bouge.
– Mais…
Elle ne peut pas nier. Plus aucun son ne sort de sa gorge pour expliquer. Elle se perd dans des sanglots et des hoquets.
Il ne réagit pas, aucune émotion. Son visage creux rappelle à Clara certains personnages de mangas violents, créés à grands coups de crayons très noirs. Ils incarnent la haine, la fureur et la menace. Elle distingue sur ce faciès très sombre les mêmes angles saillants. Les traits d’un tueur froid.
Il serre fiévreusement son cou pour qu’elle avoue. Quasi étranglée, elle cligne des yeux et il relâche la pression.
– Oui, oui, vous avez raison. La mauvaise mère c’est moi.
– Eh ben voilà, c’est dit. Ça fait du bien non?
Il claque de deux doigts sa joue massacrée. Le geste est sadique et il méprise sa douleur.
L’assemblée silencieuse les regarde et applaudit. Le son est feutré pour ne pas troubler la quiétude de la nuit des gens "normaux".
Elle secoue la tête dans un mouvement convulsif. Oui oui elle a avoué, elle a dit la vérité. À cet instant elle voudrait que ça aille vite et qu’à tous ils la tuent..
Les larmes coulent, elles zèbrent ses joues abimées d'un reste de mascara noir dilué. Ses yeux s’éteignent malgré sa lutte intérieure pour la vie.
– Clara, tu es de ces mères qu’il faut anéantir. Nous allons le faire. Nous allons rendre justice à tes enfants car ce pays ne punit pas les mères comme toi.

Avant…
Malgré la conscience de ses actes elle ne comprend pas la démesure de la sanction. On pourrait l’exécuter sans ce déchaînement.Pourquoi cette haine?
Elle se retourne sur le dos, moins douloureux que le côté, pour y réfléchir et penser.
Le souvenir de ses erreurs de plus jeune mère la hante. Il la hantera toujours.
Avant de divorcer… Elle remonte le temps.
Marc et Jim allaient très bien. Du moins elle le croyait.
Marc dans ses études en histoire de l’Art, animé du désir de restaurer les œuvres d’Art d’un illustre musée. Le Louvre pourquoi pas? Rêve fou d’un métier noble et rare.
Jim brillant élève de prépa, évoluant en vase clos, où lui et ses copains jubilaient en débrouillant des questions de maths totalement opaques. Des surdoués sportifs, fêtards croquant chaque minute.
Les vies de ses fils se déroulaient à grande vitesse et tout les grisait.
Elle se rappelle encore. Après le divorce Marc et Jim ont subitement changé. C’était brutal et ils ne voyaient plus le mal que leur père avait fait à leur mère, ils ne ressentaient que les effets destructeurs de la séparation. Clara, elle, a sombré et a disparu pour être soignée. Doucement réparée, elle a repris forme humaine. Mais elle n’a pas choisi de ne penser qu’à ses fils. Elle a démarré une vie totalement centrée sur elle et dangereusement débridée.
Marc s’est alors abimé dans une tristesse profonde. Il a claqué la porte en disant à Clara qu’elle brisait sa vie en lui imposant la sienne. Elle ne l’a jamais revu. Jim a plongé dans l’univers glaçant de tout ce qui détruit. Alcool, drogue, sexualité délirante, petits délits, actes de violence. Il habite à quelques rues de chez elle. Mais elle n’entend parler de lui que lorsqu’une sirène de police retentit.
Depuis 10 ans Clara ne vit plus, elle survit. Elle est une tueuse de vies en sursis.
Pas besoin de ces justiciers en blanc pour payer. Elle paie déjà, et elle paiera jusqu’au bout.

Verdict.
Elle repense à cette Reine de coeur imposante trônant sur son siège et ordonnant rageusement "Qu’on lui coupe la tête!!". Elle se sent dans la peau d’Alice terrifiée. Elle ne voit plus que le rouge sanglant de ces cœurs.
Vont-ils rendre justice à ses fils en lui coupant la tête à elle aussi? Eux si blancs vont-ils faire jaillir le sang rouge de sa tête bondissante sur ce bitume noir? Les idées d'exécutions possibles l'obsèdent et la font basculer.

L’exécution.
C’est l’heure. Ils arrivent, armés chacun différemment. Bâton, batte de base ball, bouteille en verre, hache, couteau, cutter, marteau, fusil, sabre.
Dans une minute elle sera en miettes. Elle espére ne rien sentir.
Ils se placent en cercle autour d’elle. Elle est à terre et ils la fixent de haut, tous de ce même regard bleu perçant.
Le chef se détache d’elle et donne un signal bref.
Comme dans la hola d’un stade, les bras s’élèvent en cascade. Quand ils sont tous pointés vers le haut, le chef siffle. On conspue la mauvaise mère. Les bras aussitôt se baissent sur Clara avec une brutalité de barbares. Au même moment la voix du chef lui ordonne d’un ton sec
"Maintenant sors de la grille!"
La première arme à s’abattre sur elle est la hache…

Épilogue
Les paupières lourdes ne s’ouvrent pas. La tête de Clara oscille sur son parquet brillant. Elle a mal, terriblement mal au crâne et son dos est meurtri. Elle sent la chaleur ouatée de son appartement l'envelopper. C'est une chaleur imprégnée de son odeur. Elle abuse tous les jours de son parfum pour sentir elle-même sa présence dans ses murs et tout est imprégné de son odeur. Sa chaise de bureau est renversée et le verre de whisky est au sol, en mille morceaux. À la main elle tient encore son crayon à papier.
À côté d’elle, elle aperçoit son livret de mots croisés ouvert à la page de cette grille ennuyeuse et stupide. Tout lui revient. La sommeil, la fatigue, les paupières lourdes, une grille qu’elle ne voit plus et soudain plus rien sauf Buck et ses hommes. Où est Buck? Caché dans un recoin silencieux?
Elle se lève, ramasse sa chaise et se rassied à son bureau. Les souvenirs reviennent encore.
Buck Opale…Phonétiquement BUCOPALE. Elle essaie de comprendre qui lui a infligé cette nuit d’horreur, de savoir si elle est en vie. Et si je mélangeais les lettres?
Des essais successifs avec diverses lettres au début. Avec le C, ça donne CAU...COU...COUPABLE !!!!! Oui c’est ça COUPABLE !! Il lui a dit "sors de la grille" avant que la hache la frappe.
La grille, où est sa grille?! Affolée, elle la retrouve la grille et regarde les définitions des mots en vertical restant à deviner. Il faut qu'elle sache. "Pire que responsable"dit l’avant dernière définition. "COUPABLE" ça correspond. Elle le place dans la colonne correspondant à la définition. Il se termine par le premier E de "mère" si simpliste.
Pour finir la grille il reste un mot en vertical qui se termine par le dernier E de "mère".
Il n’y a pas de définition, c’est un mot à décoder. Elle visualise le code : 142265826.
Elle sait, ça lui parle. Bon sang c’est quoi?? Je l’ai vu ce code, j’en suis sûre.
… ??..
La plaque, le matricule. Buck!
Buck est un justicier, il punit mais il sauve aussi. Les...? Les... INNOCENTS !! Oui, oui c’est ça!!!!!! INNOCENTE. Voyons. Qu’est ce que ça donne?
222 c’est NNN? 66 c’est EE? 1 peut être I. Elle place N et E où ils peuvent aller. Elle essaie le I dans IRIS horizontal. Ensuite pour que ça colle avec les mots déjà placés on ne peut avoir que C en 4, O en 5 et T en 8. Tout colle parfaitement.
Elle place les trois lettres restantes, la grille est complète. Sur un fond de cases pâlement colorées en gris elle lit ceci :
MÈRE COUPABLE INNOCENTE…
Dernière modification par Larme_Fatale le sam. 29 mai, 2021 1:28 pm, modifié 18 fois.
leaszecel

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Re: Concours d'écriture - Mai 2021 : Les justiciers

Message par leaszecel »

J'espère que ça collera au thème car à la base ce texte était prévu pour un "jeu" du forum mais ça m'a semblé idéal pour ce concours. En espérant que ce oneshot ne soit pas trop brouillon.

Un Immortel et un Mortel écrivant un nouveau chapitre de l'Histoire. Laissez moi rire.
À chaque fois que ce genre de chose s'est produite, la fin est toujours la même. Pourquoi? Car c'est la nature même des Immortels. Ils n'ont pas de fin, pas de date limite. Ils ne prennent pas conscience de l'importance d'une vie. Ni d'une promesse à vie, car la leur n'a pas de fin. Donc ils finissent par nours trahire. Toujours. C'est pour ça que lorsque je sers la main de cet Immortel, souriant à pleine dents, je ricane entre moi-même. Je sais qu'à un moment de sa longue et infinie vie, il finira par rompre sa promesse car il sera las. Pour lui ce n'est qu'un jeu, pour moi c'est la vie de mon peuple. Vous me trouvez cynique? Moi je sais que je suis juste réaliste.
Il y a 10 ans, la Seigneur Aasgard à rompu le pacte de paix qui le liait à notre peuple car il se languissait de pouvoir chasser les humains. Résultats des courses: les trois-quarts de nos guerriers sont tombés pour nous protéger, avec mon père à leur tête. Il a fallu que le tribunal Divin intervienne, car même s'ils sont quasis indestructibles, les immortels n'en ont que le nom, ils peuvent être tué par leurs pairs, avec une arme bien spécifique, forgée par les Dieux eux-mêmes.
4 ans plus tard, ma mère s'est fait violer et battre à mort par un immortel fils de riche. Résultat des courses: l'affaire fut enterrée, les juges divins grassement payés pour oublier. Et moi je me suis retrouvée seule à quatorze ans, dans ma jolie maison vide. Après un mois à rester prostrée et pleurer en silence, après avoir ressenti mon cœur exploser des milliers de fois, j'ai décidé de m'en débarrasser complètement, je ne voulais plus ressentir de choses inutiles. Avec le large héritage que mes parents m'ont laissé, j'ai vendu ma maison d'enfance et déménagé pour un petit appartement avec le nécessaire et j'ai vécu normalement, sans faire de folie. La seule dépense que je me suis accordée,c'est un coach d'arme et de combat. Certe c'est un Immortel mais je lui fais confiance pour la simple et bonne raison qu'il aurait pu me tuer une centaine de fois et partir avec tout ce que j'avais, s'il l'avait voulu.
Et nous voilà aujourd'hui, moi l'humaine et lui l'Immortel, nous serrant la main pour conclure ce pacte. J'ai accepté d'épouser un Immortel de haut rang, moi la fille du chef de la tribu Hebi pour accéder à la paix. Mais attention je n'épouse pas n'imorte qui. Non, j'épouse le fils du compte qui est en charge de notre territoire. Le même homme qui à anéanti ma mère. Je sais qu'il ne me reconnais pas car, il y a longtemps, j'avais les mêmes cheveux noirs de jais que ma mère. Suite à sa mort, quand je me suis réveillée de ma longue période d'absence, ils étaient devenus blancs comme neige. Quelle aubaine!
Nous échangeons nos sangs devant ses sujets et mon peuple, ce qui est, sous couvert de tradition, en réalité un sort qui me lie à lui et me tuerait si je lui faisais du mal. Après la bénédiction de l'Oracle, nous nous retirons dans nos chambres respectives car nous ne pouvons nous voir jusqu'à la réception de soir. Après un dernier baiser devant ma porte, je rentre dans ma chambre et éclate d'un rire dément. Je ne peux plus me contrôler, je ris telle une hystérique. Lorsque mes spasmes se calment, j'arrache ma robe blanche avec dégoût et vais me laver. Je me récure jusqu'à ce que ma peau tire tellement je frotte. Je crache dans ma douche pour oublier la sensation de se visage parfait et pourtant immonde, sur le mien. Quand je sors pour m'habiller, il reste 45min avant qu'ils viennent me chercher. J'enfile un pantalon souple noir, qui ne me gêne pas dans mes mouvements. Ensuite j'enfile un col roulé vert, ma couleur préférée et surtout celle de la vengeance, mes bottines à lacets, usées depuis les années qu'elles m'accompagnent. Et enfin mes gants en cuir sombre, assouplis également par des années de bons et loyaux services. Je prends soin de verrouiller la porte avant de partir et sors par la porte-fenêtre, donnant sur un balcon, accolé à celui de mon promi. J'arrache un morceau de rideau au passage et m'en sers pour briser sa vitre. Arrivée dans la pièce, je vois la porte de la salle de bain s'ouvrir. Je bondis de surprise, pensant que ce sale prétentieux serait toujours en train de se faire une beauté. Il s'arrête net, surpris lui aussi mais reprend tout de suite une attitude agressive. Avec un sourire suffisant il me dit:
Tu ne pouvais pas attendre ce soir pour les réjouissances, ma chère? C'est contre les traditions mais on peut vite se dépêcher si tu le souhaites...
Il fait un pas en avant, l'air satisfait. Je recule légèrement, et lui rétorque, ma voix se faisant moins hésitante au fur et à mesure que je parle:
- Te souviens-tu, sale raclure, de tes escapades, il y a dix ans, celles que ton bâtard de père a couvert maintes et maintes fois? La dernière, celle où tu es allé trop loin...
Je vois à son visage incrédule qu'il ne se souvient pas. Ma vision se trouble tellement je suis en colère, mes jambes vacillent. Je hurle:
Izana Nara, ta dernière victime. La plus belle femme du royaume avec ses cheveux corbeaux.
Je vois une étincelle s'allumer dans ses yeux, et là tout va très vite. Je sais qu'il a compris. Il plonge vers moi, les deux bras en avant pour me briser la nuque. Mais je suis plus rapide que lui. Et mieux entraînée. Je fléchis les jambes et roule jsuqu'a l'autre bout de la pièce. Je brise la vitrine où se trouve la dague qui peut permettre de tuer un Immortel. Chaque général en a une chez lui, c'est la règle. Même si ma main est glissante de sang, je l'attrape fermement et lui fait face. Il me sourit, victorieux et fait un pas menaçant vers moi. Il sait que je ne peux pas le tuer, car sinon je mourais avec lui.

J'éclate de rire et, sans hésitation, plonge la dague en entier dans son cœur. Je la sens ressortir par l'autre coté. Je soupire d'aise et lui dit, tout contre son oreille:
- Il n'y a aucune justice en se bas monde, c'est ce que vous [les Immortels] m'avez appris. JE serais ma propre justice.
Je retire sèchement la dague et n'attends pas qu'il tombe par terre pour m'enfuir par la fenêtre que j'ai cassé. Il n'y a aucune issue. Dans moins de trente minutes on viendra nous chercher. Alors je saute du balcon. Bien que j'ai appris à tomber et que les buissons amortissent légèrement ma chute, en sautant du deuxième étage, j'entends un "crac" lors de ma réception mais je ne sens presque rien. Je récupère la dague que j'ai jeté avant de sauter et,sans réfléchir, je m'enfonce dans la forêt en courant. Alors que je cours depuis quelques minutes, je m'arrête net. Une lame glacée me transperce le coeur. Je tombe à quatre pattes et je sens tout. Ma cheville brisée, mes côtes fêlées et je sais que la fin est proche. Ce chien de Sven vient de mourir et le serment qui nous lie ne me laisse aucune chance. Mes paupières se font lourdes, et mes cheveux rouges poisseux de sangs, le sembles trop lourd. Je sens les battements de mon cœur ralentir et je sais que c'est fini. Mais un éclair explose devant mes yeux. Je revois la dépouille de mon père, atrocement mutilée, revenir à ma mère, détruite. Le spectacle de ma mère se faisant tabasser à mort alors qu'elle m'a caché sous le lit. Et la vision de ma propre personne sur Sven, le poignard planté dans son coeur, mes cheveux teinté de sang, de la même couleur que mes yeux, déclarant que je serais la justice. Ce flot de haine m'embrase et je sens mon cœur qui repart comme un fou.

Lorsque je reprends conscience, je suis ballottée. Après un effort surhumain, j'arrive à ouvrir un œil mais tout ce que j'aperçois ces un bras musclé et bronzé par le soleil. Avec un énorme tatouage au dessin complexe. J'ai déjà vu ce motif mais ma tête est lourde, j'ai du mal à réfléchir. C'est..le même qu'un groupe d'Immortels... les... les Maudits, je crois. Et je reperds conscience.
x-Key

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Re: Concours d'écriture - Mai 2021 : Les justiciers

Message par x-Key »

Je vous rappelle que vos textes doivent faire 15 000 signes maximum, espaces non compris ;)
Micum

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Re: Concours d'écriture - Mai 2021 : Les justiciers

Message par Micum »

Espaces non comprisES, en typographie, l'espace est un nom féminin ;)
Larme_Fatale

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Re: Concours d'écriture - Mai 2021 : Les justiciers

Message par Larme_Fatale »

Je me suis basée sur 7 pages sous Word car il est dit que 15000 signes ça équivaut à 7 pages.
En effet je ne vois pas du tout à quel volume écrit correspondent 15000 signes.
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