Bonsoir,
Je viens revalider la consigne suivante :
10. Pour leur cours de duel et de magie offensive
Lire un livre avec un personnage principal qui sait se battre
Extraits :
— D’après le shérif, il est… il était chasseur de primes. Il a dit que c’était l’un des meilleurs. Il a la réputation d’être un tireur d’élite. Plus jeune, il aurait aussi été éclaireur pour l’armée. D’autres nous ont raconté qu’il a été mêlé à des choses pas très légales. Enfin, tu comprends…
Devant son air interrogateur, Charlotte se sentit obligée de préciser :
— Ils prétendent qu’il a pu s’acheter une terre parce qu’il a accepté des contrats… Qu’il… que c'était... un tueur à gages qui travaillait pour les compagnies minières, conclut-elle.
L'instant d'après, son assaillant s'envola, projeté à plusieurs pas par une masse sombre. Avant qu'elle ne puisse se redresser, elle vit Dallas surgir et s'interposer entre elle et le desperado, la protégeant de son corps. Elle comprit qu'il avait sauté de sa monture directement sur son kidnappeur.
— J'ai travaillé, de ville en ville. Puis j'ai fait du pistage pour l'armée... Mais ce qu'ils font aux Indiens m'a écoeuré. J'ai fini mon contrat et je suis parti.
— Tu n'as pas combattu pendant la guerre civile ?
— Non ici, c'est l'Ouest, c'était facile d'éviter la conscription.
— Alors qu'est-ce que tu as fait ? dit-elle machinalement, tout en engageant les chevaux dans un passage étroit longeant un ravin profond.
— Chasseur de primes, ça paye bien... Je suis doué... Le Missouri, le Nevada, la Californie... Je suis resté, j'aime les montagnes... pas le désert...
"Les Hommes de la Sierra, Tome 1 : L'Homme de la Sierra" de Pauline Libersart
Un foudroyant coup de cœur !
Une histoire d’amour dans les vastes étendues sauvages de la Californie en 1866.
La guerre a semé le chaos dans la vie d’Amélie Beaumont, jeune aristocrate de Charleston.
Deux ans plus tôt, Amélie a perdu son père, pendant la Guerre de Sécession, leur fortune a fondu ruinant ainsi ses perspectives de faire un "beau" mariage dans la haute société... La lignée des Beaumont de Charleston est ancienne et prestigieuse mais, sans fortune, elle ne représente plus un beau parti. Pour gagner de quoi leur permettre de survivre sa mère et elle, Amélie a travaillé comme infirmière dans un hôpital. Après avoir perdu leur maison dans un incendie, sa mère s’est lancée dans le projet insensé de rejoindre sa sœur et son mari, médecin itinérant, à Sacramento, en Californie, inconsciente des dangers d’une telle expédition à travers le pays. Elles ont pris le train mais à Reno, la ligne était coupée, il leur a alors fallu prendre la diligence. Malheureusement, au cours de leur voyage, sa mère a perdu la vie après un éboulement qui a fait basculer le véhicule dans un torrent. C’est ainsi qu’Amélie a échoué dans la ville de Floriston en Californie.
Amélie se retrouve à présent seule dans une contrée inconnue et sauvage. Elle doit traverser presque la moitié de l’État, éviter les bandits, les Indiens, les bêtes sauvages… et même les hommes… La veille, alors qu’elle travaillait comme serveuse dans un saloon, un cowboy l’a sauvée des griffes d’un prospecteur sale et puant qui a tenté de l’entraîner vers les chambres réservées aux filles de joie. Sans son intervention, elle aurait été violée par cet homme et ensuite par d’autres. Elle ne peut supporter l’idée d’être contrainte de se prostituer. Une seule option s’offre à elle, s’enfuir de cette ville et poursuivre sa route… en traversant la Sierra Nevada.
Sacramento est à plus d’une semaine de trajet pour un homme armé avec un bon cheval et des provisions. Elle n’a rien de tout cela... Il ne lui reste, en tout et pour tout, que deux dollars et un peu de monnaie, un poney indien et un sac de vêtements qui ne sont pas tous les siens.
Dès la première nuit, alors qu’elle campe dans la Sierra Nevada et qu’elle est transie de froid, sa route recroise celle de son mystérieux sauveur. En attendant de pouvoir rejoindre sa famille, il lui faut un travail. Il lui fait alors une proposition qu’elle n’aurait jamais imaginé pouvoir accepter…
– J’ai un petit ranch et j’ai besoin de quelqu’un…
– D’accord, répondit-elle un peu trop vite.
– Je vis seul, précisa-t-il
Elle sait pertinemment ce que cette offre sous-entend… En acceptant sa proposition, elle aurait un refuge et un protecteur contre tous les autres, un endroit où elle serait en sécurité jusqu’à ce qu’elle puisse contacter sa famille.
"Subir les attentions d’un homme respectueux serait bien moins pénible que d’être à la merci de tous les autres."
Amélie doit se montrer pragmatique, faire tout ce qu’il faut pour survivre. Tant qu’elle serait dans la montagne où il y a plus de vingt hommes pour une seule fille, elle serait en danger ! Pendant son voyage dans ces contrées sauvages, Amélie a pu constater qu’une femme est soit une épouse soit une prostituée. Elle est assez lucide pour savoir qu’elle n’a ni la force ni l’expérience pour se défendre sans aide. Elle n’a d’autre choix que d’accepter cet accord, quoi qu’il lui en coûte, et en tirer le meilleur parti en attendant de trouver une autre solution.
L’histoire est à la fois poignante et magnifique.
La couverture a attiré mon attention et le résumé m’a tentée… Il n’en fallait pas plus car j’avais envie de lire une romance à l’époque de la Conquête de l’Ouest. Ce que j’avais lu jusqu’à présent ne m’avait pas du tout convaincue ! Et là, je dois dire que j’ai été littéralement happée par l’histoire.
La plume de Pauline Libersart est tout simplement magnifique, réaliste, pleine de sobriété et très touchante.
Amélie et Dallas n’auraient jamais dû se rencontrer mais la guerre civile en a décidé tout autrement…
Ils sont issus de deux mondes aux antipodes. Lui, le rancher solitaire, peu instruit, vivant en reclus, loin de toute civilisation. Elle, la belle du Sud, raffinée, éduquée, s’exprimant avec distinction, ayant connu une vie de privilégiée.
Dallas n’aurait jamais pensé qu’Amélie puisse accepter si facilement sa proposition, sans même négocier.
Au premier regard, Dallas a jeté son dévolu sur Amélie. Il aime tout chez elle : sa silhouette, sa façon de bouger, son regard, son rire, son accent du sud. Il s’est trouvé une compagne…
Extrait :
En entendant son adorable accent sudiste, il avait été définitivement séduit. Elle s’exprimait avec distinction et parvenait à être élégante même perdue dans la Sierra … Elle était sans doute trop bien éduquée et bien trop instruite pour lui, mais elle lui avait accordé une chance !
Dallas vit isolé dans la montagne, complètement seul à l’exception de son loup, Sunday. Il ne parle presque pas, ne s’exprimant qu’avec une économie de mots et surtout par gestes.
Il suffit de regarder Dallas pour savoir qu’il est dangereux. Il y a un fond d’une impitoyable dureté en lui qui dissimule de nombreux secrets. Mais Amélie a l’intime conviction qu’elle n’a rien à craindre de lui, qu’il ne serait jamais violent ni avec elle ni avec aucune autre femme.
Amélie a perdu son innocence dans les bras de ce rancher. Elle a vendu son honneur au premier homme venu en échange de sa protection… Au travers des lignes, le lecteur ressent la honte d’Amélie. Son éducation condamne ce qu’elle vient de faire. Elle aurait dû "se réserver" pour son mari. C’est lors de sa nuit de noces qu’elle aurait dû lui offrir, et à lui seul, sa virginité… En tant que jeune aristocrate, elle n’a pas droit au prince charmant de ses rêves. Une demoiselle de son rang se doit de faire un beau mariage. Elle aurait dû épouser l’homme choisi par son père, en l’occurrence, un gros colonel adipeux de vingt ans son aîné, un homme dont la lignée est assez ancienne et prestigieuse pour une Beaumont de Charleston. Elle n’avait simplement pas voix au chapitre.
Rien de romantique dans tout cela ! Il faut se repositionner dans le contexte historique. Nous sommes en 1866 et les mariages arrangés dans la haute société sont monnaie courante. De la femme, on attend ni plus ni moins qu’elle se soumette à son mari, qu’elle fasse son "devoir conjugal" en attendant que ça passe. Pauline Libersart dépeint très bien la situation et de façon on ne peut plus réaliste : l’épouse subit et l’époux va chercher son plaisir chez des prostituées…
Extraits :
Pour faire son devoir conjugal, lui avait-elle assené [sa mère], il suffisait d’éteindre la lumière et de ne pas bouger. Ce n’était qu’un moment désagréable et le seul moyen d’avoir des enfants.
Non seulement elle se souvenait des paroles de sa mère, mais un jour elle avait entendu la femme d’un pasteur expliquer sur le ton de la confidence à une future mariée de ses amies :
– Le mieux, c’est de ne pas bouger pendant qu’ils font leur affaire.
À l’époque, elle n’avait pas compris ce qu’elle voulait dire.
Je suis tranquille pour ce soir, se dit-elle, plus perturbée qu’elle ne voulait l’admettre.
"Ça" n’avait pas été trop long. Et "ça" ne la dégoûtait… pas trop. En tout cas, pas autant qu’elle l’avait redouté pendant des années en entendant sa mère évoquer à demi-mot et avec beaucoup de répulsion les "relations conjugales". Si c’était la même chose à chaque fois, Amélie savait qu’elle pourrait facilement le supporter.
L’histoire est écrite à deux voix, ce qui nous permet de pénétrer les pensées d’Amélie et de Dallas et nous révèle ainsi leurs interrogations, leurs doutes, leurs souffrances. Le lecteur ressent avec énormément d’intensité toutes les émotions et toutes les souffrances de nos deux héros. Tour à tour, nous avons le point de vue de l’un et de l’autre au fil du récit. On peut ainsi s’imprégner de la situation et être au cœur de l’histoire en ressentant ce qu’éprouvent nos héros à chaque instant.
Dallas est un homme impénétrable et mystérieux mais il se montre d’une infinie douceur avec Amélie et lui témoigne du respect. Ses origines le rendent peu sûr de lui face à cette belle sudiste raffinée, et il souffre du dégoût et du rejet qu'elle semble afficher à son égard.
Il tente de l’apprivoiser avec sa gentillesse, ses caresses, ses baisers. Il a parfaitement compris qu’elle n’a accepté de le suivre que pour se mettre en sécurité le temps de retrouver sa famille. Il n’a aucune idée de la façon dont il va devoir s’y prendre pour la convaincre de rester… Il ne sait pas comment exprimer ce qu’il a en lui. Il a besoin d’elle et pas seulement de la posséder physiquement…
Extrait :
Il aurait voulu parler avec Amélie, la rassurer, bannir l’angoisse de son regard, lui dire qu’elle n’avait rien à craindre avec lui. Mais il ne pouvait chasser la honte qu’elle éprouvait à son contact…
Pour essayer de comprendre Dallas, sans pouvoir compter sur les mots, Amélie doit décoder ses gestes, ses attitudes. Elle s’habitue petit à petit à cet homme taciturne qu’elle a appris à apprécier. Entre eux, il y a une certaine complicité. Elle réagit de plus en plus vivement au contact de son corps musclé. Elle adore dormir contre lui, au chaud et en sécurité entre ses bras.
Extraits :
Elle avait la sensation qu’ils avaient commencé à mieux s’entendre depuis qu’il l’embrassait et la caressait. Surtout, tout avait changé depuis qu’elle avait la certitude qu’il la respectait. Depuis cette nuit-là, elle avait l’impression qu’il pouvait y avoir un avenir pour eux deux. Et pour la première fois cette nuit, peau contre peau, elle ne l’avait pas seulement laissé faire. Elle s’était offerte à ses mains, à ses lèvres. Elle avait fait l’amour avec lui avec son corps, son cœur.
Ces brefs moments de silence n’empêchaient pas une complicité évidente entre eux. Plus d’une fois, Amélie s’était surprise à agir coquettement, à essayer de le faire rire.
Elle aimait aussi son sourire si rare. Et elle se rendait compte qu’à présent elle cherchait spontanément sa présence, son contact… ses baisers.
Dallas lui volait de plus en plus fréquemment des baisers ou des caresses quand elle passait à portée de sa main dans la journée. Il ne cachait pas le plaisir qu’il prenait à ce jeu.
Les scènes de sexe sont sublimement décrites et dégagent une sensualité et un érotisme à couper le souffle et ne sont à aucun moment vulgaires.
Amélie aime être avec Dallas, passer du temps en sa compagnie. Elle ressent plus que du désir pour lui. Mais elle ne peut pas engager son avenir sans savoir ce qu’elle représente pour lui. Elle doit connaître ses projets. La situation entre eux reste très ambiguë. Il parle volontiers de l’avenir du ranch mais jamais de leur avenir ensemble… Pour que les choses évoluent entre eux, elle doit le faire parler, l’amener à s’ouvrir…
Les pires craintes taraudent Amélie… Elle n’est qu’une fille perdue. Elle s’est livrée à un cowboy silencieux et peu sociable, un homme qui l’a ramassée au hasard. Elle ou une autre, ça n’a aucune importance pour lui… Elle ne peut pas tomber amoureuse de Dallas ! Jamais il n’a exprimé le moindre sentiment pour elle, juste du désir… Il faut qu’elle sache s’il s’est servi d’elle. Elle doit en avoir le cœur net !
Extraits :
Moi ou une autre ! se rappela-t-elle. Jamais il n’a exprimé le moindre sentiment pour moi, juste du désir. Pourquoi l’ai-je oublié ?
Elle ne voulait pas laisser naître en elle de plus tendres sentiments pour lui.
Elle ne devait jamais oublier qu’ils s’étaient retrouvés par hasard dans la montagne. Si elle n’avait pas été acculée par le désespoir à demander du travail, il ne l’aurait pas ramenée dans son ranch.
Moi ou une autre, ça n’a aucune importance pour lui.
Une idée encore plus atroce lui transperça le cœur. Dallas avait admis qu’il n’avait fréquenté que des prostituées. Pour lui, elle était juste plus disponible et moins chère que ses partenaires habituelles ! Il ne lui avait jamais rien demandé à part "ça". Tout le reste, la cuisine, le linge… c’était elle qui avait décidé de le faire.
"L’Homme de la Sierra", c’est une véritable bouffée d’air frais, une immersion totale en plein cœur du Far West, dans des contrées sauvages et hostiles pour les pionniers de cette époque. Les paysages sont de toute beauté mais la vie menée dans ces contrées est rude et il faut être à chaque instant sur le qui-vive.
On ne peut pas évoquer le Far West sans parler des Indiens. J’ai vraiment apprécié que Pauline Libersart aborde le sujet tabou des exactions commises par les hommes blancs sur les Indiens lors de la Conquête de l’Ouest ainsi que la souffrance de ce peuple, leur lutte pour survivre, etc.
Extrait :
– Personne ne devrait subir de telles épreuves. Ces femmes ont vécu un enfer et n’en sont pas sorties. Hormis Donziapa qu’ils ont sans doute crue morte, toutes les autres ont été… violentées par les soldats, expliqua-t-elle à voix basse en ayant du mal à prononcer le mot. Elles ont vu leurs parents, leur mari, leurs enfants pour certaines être tués. Elles ont presque tout perdu et plusieurs d’entre elles risquent d’être enceintes.
On est loin du discours classique sur les Indiens :
"le seul bon Indien est un Indien mort". L’histoire de Donziapa
(qui veut dire "fleur" en langue shoshone) ainsi que des autres Indiennes m’a touchée. Pour Amélie, c’est un nouveau choc face à cette douloureuse réalité. Elle essaie d’aider ces jeunes Indiennes violées en les soignant et en les écoutant.
Extrait :
Parmi les Indiennes, si les blessures physiques étaient en voie de guérison, il n’en allait pas de même des dégâts émotionnels.
Malgré tout, les visites étaient moins pénibles pour Amélie. Désormais, elle était préparée et discutait plus facilement avec les jeunes femmes. Elle essayait de les aider. Elle les écoutait, faisant l’effort d’apprendre des rudiments de leur langue, tentait de leur apporter un certain réconfort, en plus de ses soins.
Elle avait à cœur de leur prouver que les blancs n’étaient pas tous des monstres, à commencer par Dallas et elle.
J’ai aimé voir Amélie et Dallas évoluer progressivement et leur relation se tisser petit à petit. La romance prend le temps de s’installer.
Impossible pour moi de ne pas songer à Dallas sous les traits de Clint Eastwood, un cowboy solitaire à la fois mystérieux et dangereux.
Je dois avouer avoir succombé à Dallas. Je le trouve terriblement attachant. Des gestes et des regards peuvent remplacer mille discours plus inutiles les uns que les autres… Dallas est passé maître en la matière !
Dallas n’a jamais compté sur une bonne étoile. Il est toujours allé chercher la chance, il l’a traquée, provoquée… comme ce fut le cas pour cette belle du Sud qui l’a envoûté !
Comme vous l’aurez compris, cette romance m’a conquise et je suis impatiente de poursuivre l’aventure avec
"Les Enfants de la Sierra", la suite de
"L’Homme de la Sierra".
Harry Potter