Hello !
Me revoici pour valider deux décolorations !
MARS
Journée internationale du bonheur
J'ai choisi de décolorer
le noir car j'ai régulièrement oscillé entre la montée de nouvelles ambitions professionnelles grâce à mon stage et des vagues de tristesse suite à divers soucis personnels.
La vie invisible d'Addie Larue de V. E. Schwab.
Je suis tombé sur ce livre par hasard, au gré de mes pérégrinations sur les réseaux. Le titre et le résumé m'ont tout de suite intéressé et je n'ai pas hésité à emporter l'exemplaire que j'ai pu dénicher dans ma médiathèque.
Par quoi commencer ?
Addie est une jeune femme du XVIIIe désespérée à l'idée de s'enfermer dans une vie dont elle ne souhaite aucunement. Pour y échapper, elle se résigne à pactiser avec le diable : elle offre son âme en échange de tout le temps dont elle voudra et de sa liberté inconditionnelle... ou presque, puisqu'à partir de cet instant, plus personne ne souviendra d'elle. Quoi qu'elle fasse, où qu'elle aille, elle est condamnée à ne laisser aucune trace de son existence dans la mémoire de celles et ceux qu'elle côtoie. Sans compter cet être mystérieux avec lequel elle a marchandé et qui ne cesse de la poursuivre pour quérir son âme une bonne fois pour toutes...
À partir de là, je m'attendais à suivre les pérégrinations d'Addie à travers les décennies et les pays. Mais non ! La moitié du roman se passe en 2013 et 2014 - ce qui n'aurait pas été une mauvaise chose si le développement de l'histoire n'était pas aussi longuet en raison de nombreux sauts entre présent et passé. En effet, j'ai trouvé cette lecture fort pesante tout en ayant l'impression de ne pas avoir lu grand chose. C'est un sentiment assez étrange et perturbant. Mais grosso modo, les 200 voire 300 premières pages m'ont paru bien légères en terme de contenu. Je dirais même qu'il est possible de ne lire qu'un paragraphe sur deux sans vraiment zapper d'élément essentiel à la compréhension de l'intrigue.
Parlons de cette intrigue. Globalement, l'idée est excellente et le roman regorge d'idées parfois trop peu exploitées. Je pense que l'aspect qui m'a le plus séduit concerne cette empreinte qu'Addie s'acharne à vouloir laisser, ce combat qu'elle mène pour que son passage à travers les âges et les lieux ne soit pas oublié. J'ai immédiatement été convaincu par son rôle de muse, par sa vie en tant que sujet d'art, et il y avait vraiment matière à s'engouffrer davantage dans ce thème-là pour mieux éprouver les frontières de la malédiction.
Ceci mis à part, reste une romance somme toute mignonne et touchante puis l'évidente opposition avec celui qui désire récupérer son dû - l'âme qu'Addie devra lui céder un jour ou l'autre. Le tout aurait pu donner un cocktail explosif mais au lieu de ça, les chapitres se suivent et se ressemblent pendant toute la première moitié du roman. Certes, cela permet de bien ressentir l'éternel recommencement des journées d'Addie, mais tout de même, à ce point c'est un peu trop immersif (alors que je n'ai d'ordinaire aucune dent contre les récits contemplatifs, loin de là).
De nombreux commentaires louent la plume de l'autrice et j'admets qu'elle est bien agréable. On sent une envie de proposer une narration pavée de paragraphes poétiques, mélancoliques et peut-être même philosophiques, le genre d'extraits que les lecteurs et lectrices pourraient surligner ou immortaliser dans un carnet. Mais cette envie, justement, n'est parfois que trop perceptible et gâche quelque peu l'immersion dans le récit.
Enfin, je ne pense pas avoir grand chose à dire au sujet des personnages. Addie est sympathique même si je n'ai pas vraiment eu l'impression de faire face à une jeune femme ayant traversé trois siècles. Henry est mignon. Je suis surtout étonné de voir qu'une bonne partie du lectorat apprécie autant Luc. Oui, il est intrigant voire fascinant, du moins durant ses premières apparitions. Car si j'ai toujours eu un faible pour les personnages sombres et torturés, je suis loin d'avoir envie de tomber dans les bras d'un manipulateur aux paroles doucereuses. Je comprends tout à fait l'excitation que peut causer la tension sexuelle qu'il ne peut s'empêcher de susciter, mais de là à trouver ce personnage attirant et sympathique alors qu'on le voit machiner avec bien peu de scrupules ? Bon. Soit. J'ai d'ailleurs eu très peur du tournant "dark romance" que cette histoire aurait pu prendre et je remercie l'autrice de ne pas avoir choisi cette voie ! La conclusion du roman est à ce titre très satisfaisante quoique partiellement prévisible.
Malgré les points noirs que j'ai relevés ici, j'ai passé de bons moments aux côtés d'Addie bien que nos journées ensembles se soient parfois éternisées. Je ne pense pas l'oublier de sitôt.
AVRIL
Ne te découvre pas d'un fil !
Je décolore une couverture avec
des tons froids en raison des quelques flocons qui sont tombés hier et ce matin-même malgré un début de semaine avec des températures proches de 20 degrés.
La Sirène d'Isé de Hubert Haddad.
Un court roman aussi déroutant que poétique. La plume d'Hubert Haddad m'a immédiatement enveloppé et emporté sur ces falaises aux côtés de Malgorne et de Peirdre, tous deux isolés du monde qui les entoure, l'une confinée dans ses rêves et ses pensées, l'autre privé de relations humaines en raison de sa surdité.
C'est un très beau conte sur la solitude humaine porté par une prose aussi picturale que musicale. Comme une impression d'être le voyageur contemplant une mer de nuages de Caspar David Friedrich, désespérant d'entendre le chant d'une sirène dans le lointain. Une jolie parenthèse hors du temps.
Mon récapitulatif