Avec du retard (promis, c'est la dernière fois, je dégage enfin mon emploi du temps pour bouquiner et passer plus de temps ici et moins sur ma console... enfin, sur mon mémoire
)
8 avril : Journée internationale des ambulanciers → Lire un livre dans lequel un personnage important exerce un métier de premiers secours (ambulancier, pompier, secouriste, nageur-sauveteur, policier, etc.)
Arsène Lupin, gentleman cambrioleur de Maurice Leblanc (Ganimard, l'ennemi juré de Lupin, est policier).
Cela fait bien plus de dix ans que j'ai emprunté ce livre qui dormait tranquillement dans la bibliothèque de ma classe de CM2. Ma mère m'avait fait découvrir les aventures d'Arsène Lupin à travers l'interprétation de Georges Descrières et je ne me lassais pas des quelques épisodes disponibles en DVD à la médiathèque du coin. La découverte de Lupin en tant que héros littéraire a été tout aussi magique. J'ai été très surpris, en relisant ces quelques aventures, de tous les souvenirs que j'en avais gardé. Il me suffisait d'une phrase ou d'un paragraphe pour revisualiser des scènes de l'Arrestation d'Arsène Lupin et faire éclore quelques répliques ou scènes clefs qui ne m'étaient pourtant jamais revenues à l'esprit auparavant. Une relecture toute en nostalgie qui n'a fait que confirmer le statut de Lupin parmi les personnages chers à mon cœur.
13 avril : Journée mondiale du Scrabble → Lire un livre dont le titre ou le prénom/nom de l'auteur commence par une lettre tirée au sort.
Metropolis de
Thea von Harbou.
La découverte du film éponyme, réalisé par l'époux de Thea von Harbou (le très célèbre Fritz Lang), avait été une véritable révélation. Outre un coup de cœur absolu pour son esthétique expressionniste, j'avais été saisi par l'intrigue, cette lutte ouvrière contre la domination d'une classe supérieure aveugle et sourde à tout le malheur qu'elle cause pour mieux conserver ses privilèges égoïstes. Alors, en voyant que le générique créditait Thea von Harbou comme scénariste et surtout romancière à l'origine de l'histoire, je me suis empressé de chercher ce bouquin (impossible à trouver en français d'ailleurs, j'ai dû me contenter d'une édition numérique en anglais).
Premièrement, une certaine déception en lisant la courte préface de l'autrice : elle prévient d'entrée de jeu que son roman n'a pas vocation à illustrer la lutte des classes telle qu'elle était présentée à son époque (ce qui désamorce bien malheureusement toute interprétation marxiste de son texte). J'ai été encore plus étonné en lisant la petite présentation placée avant la préface en question, qui m'a appris que Thea von Harbou a rejoint le parti nazi en 1933 (alors que Fritz Lang, lui, a quitté l'Allemagne après avoir critiqué le régime via "Le Testament du Docteur Mabuse"). Bon... on va faire avec.
Car oui, malgré les penchants politiques que son autrice adoptera quelques années après sa publication, ce livre reste très bon. C'est toujours bluffant de lire des romans d'anticipation écrits il y a près d'un siècle, de voir à quel point ils peuvent être justes dans la captation de problématiques qui semblent vouées à n'être jamais résolues. "Metropolis", c'est l'histoire de Freder, le fils de Joh, lui-même architecte et dirigeant de la ville. Qu'est-ce que cela signifie ? Purement et simplement qu'il supervise l'exploitation d'une masse ouvrière considérable (et considérablement miséreuse) pour faire fonctionner les machines affamées qui assurent le fonctionnement de la ville toute entière. Freder, qui a pu se rendre compte de la réalité dans laquelle ces pauvres gens sont contraints à vivre, tente de se rebeller contre son père avec son amante Maria qui prophétise l'arrivée d'un sauveur, d'un "médiateur" qui mettra fin aux souffrances des ouvriers.
Comme je l'ai expliqué plus haut, le concept m'a tout de suite séduit, le côté politique de ce thème m'étant plutôt familier. Je regrette néanmoins l'aspect religieux du texte, à savoir le fait que la foi chrétienne serait la voie à suivre pour faire preuve d'empathie et qu'il faudrait s'éloigner des nouveaux cultes aussi charmants que dangereux pour les hommes, que la foi des protagonistes les aidera à bâtir un avenir meilleur pour Metropolis et j'en passe... C'est peut-être ce qui m'a le plus dérangé en comparaison avec le film qui relègue ce thème à l'arrière-plan et l'emploie surtout de manière esthétique.
Ensuite, la conclusion est trop timorée à mon goût. J'ai du mal à croire que l'adage « le médiateur entre le cerveau et les mains, ce doit être le cœur » puisse fonctionner dans une société comme celle-ci où les puissants se servent des ouvriers pour continuer à vivre tranquillement. Et pour réconcilier les ouvriers et les grosses têtes de Metropolis, il suffirait de faire preuve d'un peu d'empathie ? J'ai du mal à le croire. Là encore, le film rompt avec le scénario initial au sujet de Joh Fredersen, et là encore j'ai préféré le chemin choisi par Fritz Lang, moins naïf que celui de la romancière.
Maintenant, comment conclure ?
"Metropolis" est un chef-d'œuvre du cinéma qui m'est particulièrement cher, tant pour son esthétique que pour l'histoire qu'il raconte. Le roman à son origine, en revanche, est trop biaisé par la morale chrétienne à mon goût. Ça n'en reste pas moins un bon roman d'anticipation qu'il serait bon de rééditer et de retraduire.
23 avril : Journée mondiale du livre et du droit d'auteur → Lire un livre tombé dans le domaine public
La Révolte des anges d'Anatole France.
La Révolte des anges ou la critique de l'Église et de l'armée françaises à travers les ambitions révolutionnaires d'un Lucifer las de la domination de Dieu sur les Hommes mais attaché à sa propre influence sur la pensée libérée. C'est avec ce concept original pour son époque et des personnages hauts en couleurs qu'Anatole France choisit d'aborder ces thèmes qui lui sont chers - et jamais sans disséminer des points d'ironie çà et là dans le texte, ce qui lui confère une forme de légèreté bien appréciable. Le résultat est efficace malgré une intrigue parfois un peu traînante et un style désuet qui peut déstabiliser les lecteurs modernes. Il serait néanmoins dommage de ne pas s'intéresser à cette œuvre qui mérite sincèrement que l'on lui donne sa chance si tant est que l'on est prêt à agiter son sabre contre certaines institutions bien établies.
Consignes validées : 16/48
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