Hunger Games - Réédition

Forum dédié à tous les jeux qui sont des RPG (Role Playing Games) en français : Jeux de rôle
Springbloom

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Re: Hunger Games - Condat Grazer

Message par Springbloom »

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WHEN I WAS A YOUNG BOY LIVING IN THE CITY
ALL I DID WAS RUN RUN RUN RUN RUN
STARING AT THE LIGHTS THEY LOOK SO PRETTY
MOMMA SAID "SON SON SON SON SON
YOU'RE GONNA GROW UP, YOU'RE GONNA GET OLD
ALL THAT GLITTERS DON'T TURN TO GOLD
BOY UNTIL THEN JUST HAVE YOUR FUN
BOY, RUN RUN RUN RUN RUN"

YEAH, RUN RUN RUN
RUN RUN RUN

WHEN I WAS A YOUNG KID LIVING IN THE CITY
ALL I DID WAS PAY PAY PAY PAY PAY
AND EVERY SINGLE DIME THAT GOOD LORD GAVE ME
I COULD MAKE IT LAST 3, 4, 5 DAYS
LIVING IT UP BUT LIVING DOWN LOW
CHASING THAT LUCK BEFORE I GET OLD
AND LOOKING BACK, OH, WE HAD SOME FUN
BOY, RUN RUN RUN RUN RUN

THEY TELL YOU THAT THE SKY MIGHT FALL
THEY'LL SAY THAT YOU MIGHT LOSE IT ALL
SO I RUN UNTIL I HIT THAT WALL
YEAH I LEARNED MY LESSON, COUNT MY BLESSINGS
LOOK TO THE RISING SUN AND RUN RUN RUN

YEAH, ONE DAY WELL THE SKY MIGHT FALL
YEAH, ONE DAY I COULD LOSE IT ALL
SO I RUN UNTIL I HIT THAT WALL
IF I LEARNED ONE LESSON, COUNT YOUR BLESSINGS
LOOK TO THE RISING SUN AND RUN RUN RUN

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DIDN'T GET EVERYTHING THAT I WANTED
BUT I GOT WHAT I NEED, YEAH, YEAH
I SEE THAT LIGHT IN THE MORNING
SHINING DOWN ON ME
SO TAKE ME UP HIGH, TAKE ME DOWN LOW
WHERE IT ALL ENDS NOBODY KNOWS
BUT UNTIL THEN LET'S HAVE SOME FUN, YEAH
RUN RUN RUN RUN RUN

YEAH I LEARNED MY LESSON, COUNT MY BLESSINGS
LOOK TO THE RISING SUN

YEAH I LEARNED MY LESSON, COUNT MY BLESSINGS
LOOK TO THE RISING SUN, YEAH, RUN RUN RUN

~ Run, OneRepublic ~


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Notre histoire ne commencera pas avec ma naissance, ni celle de ma grande sœur. Elle ne commencera pas non plus par la rencontre entre mes parents, amusante quoique vite lassante quand on l'entend pour la quinzième fois. Contrairement à d'autres familles qui en ont souffert - ou profité - elle ne débutera pas non plus par le désastre de la révolte contre le Capitole. Les Grazer n'y avaient pas pris part, ni vraiment pour, ni vraiment contre : la politique, ce n'est pas dans nos cordes.

Non, notre histoire, enfin surtout la mienne, débute dix ans plus tard avec un bol de papiers. Avec la délicate main d'une quelconque femme du Capitole qui plongea à l'intérieur, y fouilla avant d'en sortir le nom de ma tante. Brandy Grazer. Moissonnée pour les dixième Hunger Games. Tout ce que je sais d'elle, c'est ce que mon père, son frère, a bien voulu m'en dire...ça et les rediffusions de sa mort. Brandy était loin d'être Papa. Brute, presque violente par moment, lorsqu'elle en oubliait que le monde extérieur n'était pas l'abattoir dans lequel elle travaillait depuis ses dix ans. Chez les Grazer, personne n'appréciait réellement les Jeux, mais, de tous, Brandy était celle qui revendiquait le plus son opinion réactionnaire. Elle exécrait l'idée que ce ne soit pas seulement son corps, mais toute sa vie qui n'était qu'un pion pour les habitants du Capitole. Pas étonnant qu'elle n'ait pas tenue à se prêter aux Jeux et qu'elle soit morte avant même que ceux-ci ne commencent en essayant de tuer son mentor.

Après la dixième édition, mon père avait lui aussi commencé à non seulement détester les Hunger Games, mais aussi les autres habitants du district. L'abattoir dans lequel les Grazer travaillait se voyait lentement mais sûrement déserté par le chaland. Si peu de temps après la révolte, la crainte du Capitole était encore importante. L'acte de rébellion de Brandy dans ses derniers instants était perçu par beaucoup comme une remise en question de l'autorité du gouvernement, une tentative désespérée de relancer la révolte. Tout le District 10 craignait d'y être associé, terrifié de subir des retombées semblables à celles du 13. Alors ils nous ont exclus de la société, aussi simple que ça. Les Grazer étaient devenus des parias.

L'ambiance familiale était loin d'être plus agréable. Au deuil de Brandy s'ajoutait désormais la chute libre de nos revenus. Les fins de mois étaient difficiles, les ventres souvent creux. Les porcs n'étaient plus achetés que par le Capitole, ce qui plongeait mon père dans une colère noire de frustration. Alors que les Grazer sombrait dans une misère économique autant que psychologique, il a mis au point un plan, suicidaire.

A la fin de l'été avait lieu les inscriptions pour les Hunger Games de l'année suivante. Mon père avait alors dix-sept ans et savait bien qu'ils seraient ses derniers, dans tous les sens possibles du terme. Le Pacificateur chargé de son inscription n'avait jamais vu personne prendre autant de Tesseraes en une seule fois. La mort ou un nouveau départ, ailleurs. C'était les seules options qu'il envisageait désormais. Huile comme céréales furent stockées en sécurité dans un lieu que lui seul connaissait, à l'abri des regards indiscrets. Il n'en dit mot à mes grands-parents, probablement parce qu'il redoutait qu'ils ne croient déjà qu'ils avaient perdu tous leurs enfants. La réponse à cette question, ils ne l'auraient tous les trois que d'ici huit mois. D'ici là, mon père pouvait commencer à imaginer comment vendre ses réserves, ou les laisser à ses parents lorsqu'il mourrait.

Le nom de mon père n'a bien entendu pas été pioché, ou bien je ne serais pas là pour en parler. Il peut prétendre autant qu'il le veut qu'il se tenait droit et sans crainte le jour de la Moisson de la 11e édition, pour en avoir moi-même vécu, je n'ai aucun doute qu'il ment. Il devait trembler comme une feuille, mort de peur comme tous les autres gamins. Il n'y a que les fous et (ou ?) les Carrières pour être sereins lors du tirage au sort, tout le monde redoute le nom qui sera prononcé.

Toujours est-il que mon père y a échappé. Grâce à ses Tesseraes restants et avec quelques ruses, il est parvenu à acheter une trentaine de têtes d'un troupeau de brebis. Bientôt, mes grands-parents et mon père ont quitté la ville dans laquelle ils avaient toujours vécu, l'abattoir et l'élevage de porcs pour celui des ovins auquel ils ne connaissaient pas grand chose. L'huile et les céréales qui n'avaient pas été vendues par les Grazer firent ainsi office de ressources le temps qu'ils apprennent comment tenir à bien un ranch. Et, surtout, le temps que mon père rencontre ma mère, propriétaire du ranch bovin voisin.



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Coup de foudre, amour, mariage, blablabla, je vous passe les détails de cette idylle. Ce qui est important, c'est que ma mère a pris les rênes des deux exploitations. Aux ovins et leurs cerveaux limités se sont ajoutés les bovins et leur appétit vorace pour toute source d'eau. La famille Grazer, d'exploitants situés en fin de chaîne de production, se sont retrouvés à son tout début. Plus question de tuer quoi que ce soit, la vue du sang rappelait trop de mauvais souvenirs. Désormais, les Grazer tondait leur brebis en été, envoyaient la laine encore pure au District 8, et devenaient des professionnels du fromage dont raffolait les plus grandes fortunes du District mais surtout les résidents du Capitole. L'exploitation de feu Madame Reen était déjà plutôt prospère, l'ajout du troupeau de moutons et donc le soutien d'un nouveau marché assura cette prospérité.

Une prospérité à tout de même relativiser. L'élevage en open ranch offre de nombreux avantages, notamment en ce qui concerne le produit fini, mais cela va avec ses désavantages. Le bétail laissé en liberté requiert une surveillance bien plus importante, et donc bien moins de temps pour soi. Il faut toujours veiller à ce que les bêtes ne s'égarent pas sur une exploitation voisine, ne se perdent pas et surtout ne se blessent pas. Dans les montagnes Rocheuses, l'herbe est bien plus verte que dans les territoires plus austraux où les autres ranchs sont installés, mais les incidents sont plus communs. Eloignés du reste de la civilisation, mes parents avaient très vite dû développer quelques compétences de vétérinaire, essentiellement pour ce qui était de l'accouchement.

Tout ce temps passé en extérieur à s'occuper des animaux n'avait cependant pas empêché mes parents de trouver d'autres occupations. Et oui, j'espère que vous ne nous avez pas oublié, mais Zoysia et moi avons fini par faire notre entrée dans l'histoire des Grazer. On pourrait se demander pourquoi mon père, après ce qu'il avait vécu, aurait envie d'avoir des enfants, mais je pense que, à force de vivre loin de la souffrance des autres, en entendant parler des Jeux de la Faim seulement une à deux semaines en juin, la rancœur et la tristesse ont fini par se taire, laissant simplement place au petit bonheur et à la tranquillité des pâturages. Moi-même, je n'ai vraiment été confronté à la réalité des Hunger Games que lorsque j'ai atteint mes douze ans.

Il faut dire que, que ce soit pour moi et ma sœur, on a eu ce qu'on pourrait qualifier d'une enfance heureuse pour des gamins des Districts. Nous mangions à notre faim. Mieux, comme nous les fabriquions, nous pouvions profiter des produits de luxe destinés au Capitole lorsque ceux-ci étaient en excès. Nous dormions sous un toit à l'abri des intempéries. Nos deux parents nous aimaient, tout comme nos grands-parents. Nous avions plusieurs dizaines d'hectares pour nous dépenser et de véritables brebis pour jouer à saute-mouton. Bien vite, nos parents ont commencé à nous former pour prendre leur relai dans la gestion de la ferme, mais ni Zoysia ni moi-même ne le vivions comme une corvée. Nous avions grandi entre les vaches et les moutons, leur forte odeur tout autant que leur bouille d'ange. Tout comme notre chienne Lea, ils étaient nos amis.

Sauf qu'il a bien fallu que nous quittions un jour notre ranch. Zoysia fut la première à connaître les autres enfants de l'école, et, deux ans plus tard, ce fut mon tour. C'est en rencontrant les autres membres du District, dans un contexte autre que la simple vente de produits aux marchés hebdomadaires, que j'avais commencé à comprendre à quel point nous vivions dans une bulle. La plupart des habitants du 10 sont misérables et vivent d'emplois instables, souvent bien plus mal nourri que les bestiaux qu'ils élèvent pour le Capitole. Que Zoysia et moi soyons en forme et bien-nourri ne plaisait pas à tout le monde et ils avaient quelques peu tendance à nous laisser dans un coin à moins qu'un travail en binôme ne soit requis.

Au début je pensais qu'il n'y avait que ça. Et puis nous avions appris pour ma tante. Parce que, oui, mes parents avaient cru bon de ne jamais mentionner qu'un membre de notre famille avait été moissonné et été décédée une quinzaine d'années avant notre naissance. Je sais que l'intention était louable, ils voulaient que l'on puisse grandir sans avoir à souffrir des événements comme eux avaient pu en souffrir, mais nous ne l'avions pas spécialement bien pris d'apprendre la vérité par le biais d'autres camarades de classe. Zoysia ne parvenait pas à y croire, elle s'était mise à fouiller dans les archives des Hunger Games pour faire connaissance avec feu Brandy. Sauf que les archives des dixièmes éditions n'existaient pas. N'existaient plus. Aucun moyen de confirmer ou d'infirmer les dires de ses camarades, mais cela avait éveillé en elle une curiosité malsaine pour les autres éditions.

Comprenez bien. Le visionnage des Hunger Games est obligatoire pour tous les habitants de Panem. Mais, dans des lieux isolés comme le nôtre, les Pacificateurs n'ont pas vraiment les moyens de vérifier qui se trouve devant le poste de télévision. Avant que nous ne découvrions la vérité sur Brandy, nos parents nous empêchaient de regarder les Hunger Games. Ils se disaient que l'on trouverait une excuse si jamais les autorités venaient, comme quoi il fallait s'occuper des troupeaux, que c'était la période des pâturages...Bref, nous ne connaissions pas la violence des Hunger Games. L'enquête que mena Zoysia fut sa première confrontation à ce qui l'attendait si son nom venait à être tiré au sort.

Car Zoysia atteignait alors ses douze ans. Les Hunger Games n'étaient plus une rumeur dont on entendait parler à l'école. Plus le jour de la Moisson approchait, plus nous la sentions s'angoisser à l'idée d'être piochée. Nous avions l'avantage de nous en sortir sans Tesserae, son nom n'était marqué qu'une seule fois, mais aucun argument ne suffisait à calmer ses inquiétudes. Elle paniquait à l'idée de se retrouver dans la même situation que Brandy. D'un autre côté, mes parents aussi gagnaient en anxiété à mesure que le jour J approchait, rappelés à la réalité du monde dans lequel ils vivaient. Et, pendant que le doute pesait dans les esprits de tout le monde, je regardais les archives des Jeux. Je découvrais ce qu'était les Hunger Games, leur violence, la peur, l'angoisse, la faim. Et je n'avais aucune envie de me retrouver dans l'état de ma sœur quand mon tour viendrait, dans deux ans. Je n'aurai pas peur. Je serais prêt. Les Hunger Games n'abattraient pas un autre membre de ma famille, ils ne ruineraient pas le petit monde que nous nous étions construits.

Alors, dès mes dix ans, même si mes parents craignaient que je sois encore trop jeune pour, j'avais commencé à mener moi-même les transhumances avec Lea. Je ne savais pas trop ce que je faisais, mais je m'entraînais. Je ramassais des bâtons, donnais des coups aux troncs d'arbres. Même quand aucune brebis ne s'égarait, je partais escalader les roches, faisait des courses avec le vent. Ces entraînements virtuels, sous les yeux curieux des vaches, ça avait quelque chose de marrant. Je m'assurai toujours pour mettre une certaine distance avec elles pour qu'elles ne prennent pas peur, mais je crois qu'elles se fichaient éperdument de mes gestes. J'étais si ridicule que ça ? Difficile de juger en l'absence d'autres humains. Ce qui était sûr, c'est que, à l'approche des Jeux, Zoysia se ternissait toujours un peu et je ne craignais rien. Un brin d'inquiétude quand la main plongeait dans le bol des hommes, bien sûr, mais plus à cause du suspens des derniers instants.

Je ne sais pas si j'ai peur des Hunger Games, ni même si je suis prêt si jamais je suis moissonné. Peut-on vraiment y être prêt ? Je n'ai aucune envie d'y aller, c'est une certitude. L'an dernier, Zoysia a été libérée définitivement du lourd fardeau des Jeux, il ne reste plus dans sa vie que moutons, fromages et verts pâturages. Plus que deux éditions et je pourrais en dire autant pour moi, et l'esprit de mes parents sera enfin libre. Une vie aussi tranquille que lorsque nous étions enfants. Je suis optimiste, mon nom n'est inscrit que sept fois.


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Condat est ce que l'on pourrait aisément définir comme un bon vivant. Contrairement à ce que l'on pourrait penser lorsque l'on connait l'histoire familiale, il est d'un naturel optimiste et souriant, à la recherche du côté positif des choses. Très vite, surtout lorsque sa sœur a commencé à connaître la dure réalité des Hunger Games, il a pris le rôle du bouffon de la maison. Condat a toujours été très doué pour détendre l'atmosphère par son humour simple et efficace, parfois aussi naïf que lui. Dès son plus jeune âge, influencé par l'éducation de ses parents, il a décidé de toujours profiter de chaque jour de la vie. Ce souhait a redoublé avec les Hunger Games, menace planante sur une fin de vie potentielle. C'est par ses pseudos-entraînements qu'il a trouvé un nouveau moyen de continuer de s'amuser, mais également de se rassurer sur son avenir.

Zoysia au détour d'une conversation, a bien sûr fini par découvrir ce que tramait son frère quand il ne surveillait pas le troupeau. Un mélange de fierté et d'inquiétude s'était alors emparée d'elle. Chez les Grazer, tout le monde savait que Condat n'était pas la tête de la famille, non pas qu'il soit débile, mais pas spécialement curieux du monde extérieur et donc un peu ignorant de celui-ci. Zoiysia ne le savait néanmoins pas courageux. Au ranch, il n'y a jamais eu vraiment d'épreuve à surmonter, prouver sa bravoure n'était donc pas aisé. Il est pourtant certain que, au delà de ses airs insouciants voire parfois naïfs, Condat tient du courage aveugle de son père. Pour sa famille, il est prêt à tout. Ils représentent son havre de paix, et il compte bien le préserver.

Courageux, certes, mais pas vraiment agressif. Il y a bien eu des chamailleries fraternelles lorsqu'ils étaient plus jeunes, mais Condat n'est pas vraiment ce que l'on pourrait qualifier de violent. Il n'irait pas jusqu'à se qualifier de pacifiste, si on le cherche, on le trouve, mais ce n'est clairement pas lui qui ira chercher le conflit. Depuis sa naissance, il a été habitué au calme et à la détente, à moins d'une urgence, il n'est pas non plus du genre à se presser pour faire les choses. Un peu flemmard sur les bords, mais c'est le travail qui veut ça : une fois les bons pâturages atteints, le berger n'a plus grand chose d'autres à faire que de se poser dans l'herbe et y dormir.



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Force : 8


Être élevé dans une ferme implique de parfois avoir à s'occuper des bêtes. Dans le cas de Condat, les cabinets vétérinaires sont tous fortement éloignés de leur ranch, il est donc chargé, comme sa sœur, du soin des bêtes. Ovins comme bovins, il lui a donc très vite fallu développer sa musculature pour pouvoir soulever ces lourdes charges. Au bétail s'ajoute également le transport des outils nécessaires à la traite ainsi qu'à la tonte, ainsi que celui du transport des marchandises. Dès ses dix ans, Condat pouvait déjà soulever un veau de deux mois, soit près de 80 kilos. Aujourd'hui, il n'a aucun mal à porter les moutons adultes lorsque ceux-ci s'écartent de leur troupeau.

Vitesse pure : 3


Il n'est pas rare que certains membres du troupeau, le plus souvent les ovins, décident d'aller vagabonder de gauche et de droite. Une ou deux fois, Condat a perdu une tête, et la punition avait été sévère. Maintenant, il court dès qu'un mouton s'en va un peu trop loin, d'autant plus qu'ils sont plus habiles que lui sur les pentes ardues.

Vitesse de traitement de l'information : 5


Très tôt, la mère de Condat lui a inculqué quelles étaient les missions essentielles que devaient accomplir un berger pour mener à bien son troupeau. L'une des plus importantes est de trouver la terre idéale pour que les animaux paissent. Condat sait ainsi analyser le terrain, lorsque celui-ci est dégagé, afin d'y trouver les ressources essentielles, pour lui comme pour les animaux. Il a une bonne mémoire visuelle et spatiale.

Agilité : 4


Afin d'avoir un meilleur point de vue, ou tout simplement pour se reposer, Condat a pris l'habitude de grimper aux arbres. Les arbres du District 10, situés dans une zone plutôt sèche et élevée, ne sont néanmoins pas très grands : accéder aux branches basses ne demande pas tant de compétences. En revanche, escalader les parois, chercher une saillie pour se hisser plus haut, Condat connait bien.

Ruse : 0


Condat a grandi à l'écart des autres enfants et, outre sa propre famille, n'a pas été confronté à beaucoup de personnes. Les Grazer n'ayant aucune raison de vouloir du mal aux propres membres de leur famille, Condat n'a jamais eu à développer quelconque stratagème pour parvenir à ses fins. Il value toujours honnêteté et franchise lorsqu'il a un besoin.

Résistance : 9


Condat ayant grandi dans les Rocheuses australes, il a acquis une très bonne résistance aux éléments extérieurs. Il ne craint pas les effets de l'altitude et le manque de dioxygène qui l'accompagne. De même, les chaleurs sèches de la journée comme les nuits froides font parties de son quotidien. Il a habitué son corps à supporter les extremums météorologiques et sait surveiller ses réserves en eau pour ne pas rester déshydraté trop longtemps lorsqu'il est en transhumance. Condat doit en effet souvent parcourir de longues distances, sur des pentes ou non, en suivant le troupeau. A défaut d'être rapide, il peut courir longtemps.


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Condat mesure un mètre quatre-vingt six, ce qui fait de lui le plus grand de la famille et, de facto, celui que l'on appelle toujours dès qu'il s'agit de récupérer quoi que ce soit d'un peu trop en hauteur.

Lorsque il était petit, à l'école, il est apparu qu'il avait quelques problèmes de vue. Les caractères devenaient flous sous ses yeux, la lecture lui faisait très vite mal au crâne. Les Grazer, bien que ne manquant pas de ressources, n'avaient pas vraiment les moyens de lui payer un diagnostic, encore moins des lunettes...En fouillant dans les marchés noirs, il a essayé quelque paires et a fini par en trouver une qui lui convenait un peu. Il ne les utilise pas souvent, n'étant pas grand lecteur, mais ça repose tout de même un peu ses neurones.


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Dernière modification par Springbloom le sam. 24 sept., 2022 3:48 pm, modifié 1 fois.
ChapelierFou

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Re: Hunger Games - Réédition

Message par ChapelierFou »

Est-ce que je pourrais réserver Elle Fanning comme avatar pour ma tribut du 5 s'il vous plaît ^^ ?
naji2807

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Re: Hunger Games - Réédition

Message par naji2807 »

ChapelierFou a écrit : jeu. 18 août, 2022 1:00 pm Est-ce que je pourrais réserver Elle Fanning comme avatar pour ma tribut du 5 s'il vous plaît ^^ ?
C'est noté ! (depuis hier désolée de ne le dire que maintenant ^^')
Shinato

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Re: Hunger Games - Réédition

Message par Shinato »

Coucou, j'aimerais bien réservé le tribut garçon du district 4 avec Colton Haynes comme avatar si possible ^^
ChapelierFou

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Re: Hunger Games - Réédition

Message par ChapelierFou »

naji2807 a écrit : ven. 19 août, 2022 6:44 pm
C'est noté ! (depuis hier désolée de ne le dire que maintenant ^^')
Pas de souci, merci beaucoup! ^^
naji2807

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Re: Hunger Games - Réédition

Message par naji2807 »

Shinato a écrit : ven. 19 août, 2022 8:34 pm Coucou, j'aimerais bien réservé le tribut garçon du district 4 avec Colton Haynes comme avatar si possible ^^
C'est noté :)
Springbloom

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Re: Hunger Games - Sikka Poplin

Message par Springbloom »

TW : un peu de violence en perspective
C'était pas prévu mais j'ai rajouté des pelotes, ça vous fera des pauses dans la lecture ;)





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❝ You wouldn't hurt a fly ❞

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I CAN'T GET THAT SOUND YOU MAKE
OUT OF MY HEAD
I CAN'T EVEN FIGURE OUT WHAT'S MAKING IT
NO ONE ELSE AROUND SEEMS TO BE NOTICING
IT'S ONLY SMALL ENOUGH FOR ME

I CAN'T GET THAT SOUND YOU MAKE
OUT OF MY HEAD
I CAN'T EVEN FIGURE OUT WHAT'S MAKING IT
IT FEELS LIKE FINGERNAILS ACROSS THE MOON
OR DO YOU RUB YOUR WINGS TOGETHER

THERE'S A MEAN BONE IN MY BODY
IT'S CONNECTED TO THE PROBLEMS
THAT I WON'T TAKE FOR AN ANSWER
NO, I WON'T TAKE THAT FROM YOU

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I CAN'T GET THAT SOUND YOU MAKE
OUT OF MY HEAD
I CAN'T EVEN FIGURE OUT WHAT'S MAKING IT
NO ONE ELSE AROUND SEEMS TO BE NOTICING
IT'S ONLY SMALL ENOUGH FOR ME

THERE'S A MEAN BONE IN MY BODY
IT'S CONNECTED TO THE PROBLEMS
THAT I WON'T TAKE FOR AN ANSWER
NO, I WON'T TAKE THAT FROM YOU
BECAUSE I, WOULD HURT A FLY

LET YOU GO TO SLEEP
FEELING BAD AS ME
LET YOU GO TO SLEEP
FEELING BAD

THERE'S A MEAN BONE IN MY BODY
IT'S CONNECTED TO THE PROBLEMS
THAT I WON'T TAKE FOR AN ANSWER
NO, I WON'T TAKE THAT FROM YOU
BECAUSE I, WOULD HURT A FLY

~ I would hurt a fly, Built to Spill (cover Ane Brun) ~



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AVANT
❝ You got soft hands ❞


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J'ignore ce qu'est le silence. Je suis née dans un tourbillon de sons incessants. On s'imagine souvent que les districts les plus bruyants sont le 5, à cause des turbines du barrage, le 10, de par le nombre d'animaux qui s'y trouvent, éventuellement le 12 une fois que l'on est sous terre...mais tout le monde sous-estime les machines du district 8. Toute la journée, de l'aube jusqu'au crépuscule, parfois même plus tard encore, les machines à coudres, les métiers à tisser et les imprimeries sur tissu tournent sans cesse. Ce rythme mécanique rythment la vie de tous les habitants du district, tant et si bien que l'on finit parfois par oublier à quel point ce vacarme peut rendre fou même le plus sain des hommes. Dès lors que leur taille leur permet d'atteindre les plateaux roulants, les enfants s'enferment dans les manufactures et y passent une partie de leur journée. Le district 8 ne regroupe qu'une poignée d'hommes et de femmes chargés d'habiller l'ensemble de la communauté de Panem, toute paire de mains valides se doit de prendre part au travail du groupe. A peine en mesure de savoir déchiffrer leurs textes, entourés de quarantenaires au dos brisé par la charge de travail, ils se retrouvent à devoir remplir des quotas de commandes pour le gouvernement.

Beaucoup pensent que je n'ai pas eu à subir tout ça. Que, dès mon plus jeune âge, en tant que Poplin au service direct du Capitole, nous vivions dans l'oisiveté. Je ne suis pas idiote ou aveugle, j'ai bel et bien conscience que mon enfance était enviée et enviable par nombre de mes camarades. Après tout, je ne crevais pas de faim. Je n'ai jamais eu à mendier mon pain, jamais eu à subir à longueur de journée le vacarme infernal des machines à tisser...Mais l'atelier Poplin, comme tous les autres, avait besoin de mains. A six ans, comme tous les rejetons du huit, j'ai été hissée sur mon tabouret face à des bandes et des bandes de tissus qu'il fallait coudre, découdre, filer, mélanger, teindre, préparer pour les Capitoliens. Les commandes défilaient sous mes yeux. Tantôt nous faisions dans le sur-mesure, tantôt dans le prêt-à-porter mais, le plus souvent, nous transformions juste les produits tout juste récoltés, coton comme laine, afin d'en faire des tissus colorés que pourrait utiliser les stylistes du Capitole pour en faire des chefs-d'œuvre.

Comme tous les enfants, je travaillais donc. Même mes parents ne pouvaient pas se permettre de laisser échapper une paire de mains. Il y avait néanmoins des avantages à être une Poplin, et non négligeables. Certaines étapes de la transformation m'étaient tout simplement interdites, en raison de leur dangerosité. Je n'avais pas le droit de m'approcher des stations de teinture et de nettoyage des tissus, les produits chimiques contenus dans les immenses bassines étaient jugés trop corrosifs pour ma peau. Pour s'assurer que je ne m'en approche pas, mes parents avaient usés de la méthode la plus simple possible : me faire surveiller et verrouiller les portes. Après les cours, je regagnais notre atelier, dans les hauteurs ouest de la ville, je me hissais sur mon tabouret et filais. Dé à coudre au bout des doigts, des bandes de tissus multicolores sur mon atelier, je cousais. Chez les Poplin, tout se faisait toujours à la main, pour s'assurer d'une meilleure qualité de produits, où les seuls défauts ne seraient pas dû à un dysfonctionnement des machines, mais à l'œil précis du maître derrière son établi, armé de son aiguille et de ses fils.

Voilà les avantages qu'il y avait à naître dans une famille "aisée" du district 8. Pouvoir dormir sans craindre le vrombissement matinal des métiers à tisser. Manger à ma faim et bénéficier de trois repas, plus ou moins équilibrés. Vivre dans le quartier de la ville où l'air n'était pas pollué par les produits chimiques nécessaires à purification des tissus. Ne pas souffrir de ces mêmes produits corrosifs. C'était probablement pour ça que j'étais considérée par tous les autres comme une gamine à part. Je l'étais, en effet, je le reconnais : contrairement à eux, la misère ne me concernait que peu, tout comme les tesseraes et, par extension, les Hunger Games. J'avais les mains d'une gosse du Capitole, le vernis en moins. Pas une égratignure, pas de ride, pas de brûlure ni quelconque autre type de blessure. Parfois, il m'arrivait de me piquer avec une aiguille au travail, évidement. Mais était-ce vraiment une blessure comparable à celles que pouvait se faire un gamin de sept ans qui se serait approché de trop près de ciseaux mécaniques ? J'en doute fort.

J'étais exclue des autres, c'était un fait. Je pouvais me justifier de travailler moi aussi, comme nous tous, ça n'aurait pas changé. Car, la vérité, c'était que ma famille avait fait partie des rares à ne pas rejoindre le District 8 dans sa rébellion contre le Capitole. Dans ses années post-guerre, nous étions vus comme des ennemis politiques, ceux qui avaient fait en sorte que rien ne change. J'aimais mon quotidien, c'était un fait. Mais la décision des Poplin n'était pas la mienne : je suis née quelques mois après les révoltes, ce que certains ne cherchent pas vraiment à comprendre. Maintes fois, je me suis posée la question de quel camp j'aurais choisi si j'avais été adulte à l'époque, aussi bien par curiosité que pour essayer de m'intégrer aux autres. A voir les journées éreintantes de mes camarades, peut-être aurais-je opté moi aussi pour les armes. Difficile à dire. Et la réponse me parait bien plus limpide aujourd'hui.

De toute façon, mes efforts pour m'intégrer auraient tous été vains. Dès que mon nom avait été prononcé en classe, j'avais été catégorisée pour le restant de mes jours. Je m'en étais contentée et avais vite accepté la situation. Oui, être seule est rarement enviable. Pour la plupart des enfants du 8, les relations amicales se créent dès le plus jeune âge entre écoliers et collègues. C'était de là que venait la force des rebelles de notre district : dès nos six ans, on se côtoyait des bancs de l'école aux établis, adultes avant l'heure. De mon côté, je ne connaissais pas ce monde de mi-enfants, mi-adultes. Je baignais en revanche dans un monde uniquement composé d'adultes, les plus aguerris, les plus experts dans leur domaine. Difficile de considérer des collègues de travail quadragénaires comme des amis, mais ils tenaient une place particulière dans mon cœur.

Parmi eux, il y avait notamment Thread, celui qui était chargé de me surveiller. D'apparence, on aurait dit un vieux bougon vétéran de guerre et, quelque part, il ne mentait en rien sur son apparence. Chaque jour, il trouvait une nouvelle raison quelconque de pester contre son petit monde tout en travaillant, et c'était ce qui le rendait si attachant dans l'atelier. Entre deux grognements, il travaillait sans relâche, avec une efficacité rare pour son âge. En plus de la formation que m'avait donnée mes parents avant que je m'installe définitivement dans l'atelier, il avait parfait mon éducation couturière. Il ne se passait pas un jour sans qu'il ne trouva quelque chose à redire sur mon travail, sur un point pas assez serré, une couture irrégulière... je n'avais jamais osé demander à mes parents s'ils lui avaient réellement demandé de se charger de me former, mais il semblait s'être fixé pour objectif que je sois pleinement en mesure de le remplacer lorsque sa vieillesse ne lui permettrait plus de passer le fil dans le chat de l'aiguille.


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Comme souvent, l'élève finit par dépasser le maître. A mesure que les mains de Thread se faisaient plus tremblantes, que ses yeux ne parvenaient plus à différencier les différentes tailles d'aiguilles, je gagnais en confiance et en contrôle. A quoi bon passer mes récréations avec les autres enfants, à courir en tout sens, m'épuiser à chasser une menace invisible, quand je pouvais rester dans mon coin et créer ? Là était la raison pour laquelle ma vie était mieux et enviable par les autres habitants du district 8. L'atelier Poplin, grâce à son absence de machines et ses ateliers de stockage débordants de milliers de mètres de tissus, offrait la possibilité de la création. Thread et les autres couturiers, par leurs leçons, m'avaient appris tout ce que j'avais besoin de savoir pour créer à mon tour mes propres vêtements et accessoires.

Quand le temps me le permettait, je dessinais, j'inventais. Avant de pouvoir me lancer et puiser dans les ressources de mes parents je tenais à m'assurer de pouvoir leur présenter une chaîne de créations qui les convaincrait pleinement. Les rendre fiers de moi n'était pas mon but, je voulais qu'ils aient confiance et qu'ils m'autorisent à utiliser leurs tissus pour ma propre consommation. Rien n'était plus important dans le 8 qu'eux. Au bout de deux années, mon portfolio suffirait. Bien sûr que j'étais insatisfaite de certains éléments, mais j'avais besoin d'un œil nouveau pour me conseiller. Quelques pages seulement avait suffi à mes parents pour qu'ils me donnent leur bénédiction : plus que l'accès à leurs ressources, ils m'avaient affirmé tout deux qu'ils étaient désormais certains que je pourrais amener les Poplin à leur réputation d'avant-révolte. Rien ne pouvait plus me donner confiance en mes capacités à réussir cette entreprise. J'avais tous les moyens nécessaires à créer mes propres œuvres, le destin comptait sur moi pour donner le meilleur de moi-même en retirant tous les obstacles de mon chemin. Tout sauf un.

Les Hunger Games.




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PENDANT
❝ Run or die, poor girl ❞


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Tous les gamins des districts, quel que soit leur âge et leurs richesses, redoutaient les Hunger Games. Ca aurait été fou de ma part que de croire que j'y serais immunisée simplement parce que mon nom n'était inscrit que six fois l'année de mes dix-sept ans. Et, pourtant, depuis les quatre années où je me devais de participer à la Moisson, je m'en remettais chaque année à la chance que j'avais de ne pas devoir prendre de tesserae. Les noms des autres gamins, mes camarades de classe, pouvaient être inscrits quatre à cinq fois plus que le mien, qu'est-ce que je risquais ? Je n'étais pas stupide et orgueilleuse au point de croire que le Capitole m'épargnerait de par l'importance de l'industrie Poplin dans le quotidien de leurs stylistes, mais j'espérais que notre richesse m'échapperait cet aller direct pour la potence.

C'était une évidence pour tous dès lors que les quatre syllabes composant mon identité avaient été prononcées sur l'estrade du centre-ville. Je n'étais pas taillée pour les jeux. Frêle, fragile, peu agile, dans l'impossibilité claire d'avoir le dessus sur quiconque en somme. Debout sur l'estrade, face à la foule, à observer leurs visages un à un pour m'assurer que ce n'était pas un rêve et que c'était bel et bien mon nom qui venait d'être moissonné, j'avais cette seule certitude : tout le monde ne voyait déjà qu'un cadavre vivant sur l'estrade. Le District 8 n'aurait pas de vainqueur cette année. Ni même de tribut marquant. Deux gamins chétifs envoyés mourir dans les bains de sang des carrières, comme chaque année. Et, me concernant, j'avais le sentiment que ce n'était pas pour déplaire à mes anciens camarades de classe.

Le voyage jusqu'au Capitole s'était fait dans un silence de marbre. A quoi bon faire connaissance en sachant pertinemment que ce serait voué à s'achever dans les deux semaines qui suivraient ? Cloth et moi nous tenions à distance, priant tous les deux pour que la mort soit rapide et ait la courtoisie de ne pas nous faire voir trop d'horreurs avant que notre regard ne se ferme à jamais. Je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même : j'avais rêvé de voir le Capitole, j'avais eu l'orgueil de vouloir faire partie de cette élite et de pouvoir y devenir une styliste. Le karma avait frappé et m'avait rappelé que je ne pourrais rien être d'autre à leurs yeux qu'une roturière des districts, une ancienne potentielle rebelle, et donc une potentielle menace.

Peut-être était-ce cette dernière pensée qui m'avait fait sortir de ma léthargie lorsque nous étions enfin arrivés sur le quai de la gare du Capitole sous les yeux d'une foule euphorique. Ca, et notre rencontre avec notre Mentor, Philia, qui eut la gentillesse de nous étudier d'un coup d'œil, bref mais lourd de sens, avant de nous taxer de son conseil le plus utile de la saison : « J'espère que vous courrez vite ». Sa foi dans notre victoire était inexistante, elle s'occupait du 8 par dépit, comme par punition. Elle ne ferait rien qui puisse nous servir, à aucun moment. Et, par esprit de contradiction, j'avais décidé de lui donner tort.

Je ne savais pas courir vite, je ne savais pas sauter haut, je ne savais pas soulever de lourdes charges, même mon agilité était dérisoire. Le seul atout que je n'avais jamais eu, c'était mon habileté manuelle. Autrement dit, une chose bien peu utile dans une arène où l'objectif est de mettre à mort ses adversaires. Deux semaines d'entraînement ne me permettrait pas d'acquérir un niveau suffisant dans aucun de ces domaines, il me faudrait donc utiliser un outil extérieur : les Sponsors. Sourire aux caméras. Mentir. Vendre une image. Inventer un personnage. J'avais toujours été douée pour ça, imaginer, créer, donner envie. Les vêtements avaient simplement quelque chose de plus palpable, mais jouer pour les caméras étaient tout aussi concrets - et quelque peu grisant, je devais l'avouer. J'excellais. J'étais la coutière qui voulait toucher les étoiles, et qui se retrouvait à les effleurer d'une manière qu'elle n'aurait jamais cru, et qui désirait désormais remporter les Jeux pour pouvoir faire partie à jamais de la société capitolienne qu'elle admirait. Les Sponsors n'y voyaient que du feu.

La seule chose qui me faisait craindre de perdre mon public, c'était les épreuves notées de l'entraînement. Jamais je ne pourrais espérer atteindre les notes des Carrières, et de toute façon un 9 aurait immédiatement fait de moi la cible à abattre. Il fallait que je me fonde dans la masse sans pour autant passer pour une faible qui me ferait fuir tout soutien pendant les Jeux. Il n'y avait qu'une seule chose que je savais faire et que je pouvais maîtriser en quinze minutes : coudre. Soit les Juges avaient pitié, soit ils étaient intrigués de me voir dérouler mon tissu et agiter mes aiguilles, je l'ignore. Je n'avais pas cru un instant pouvoir arriver à la fin de ma création. En contemplant le résultat, je n'avais pu retenir un petit sourire satisfait. Le tissu et sa couleur se fondaient parfaitement dans la teinte du sol. Un piège invisible. Et mortellement inflammable.

La démonstration me valut un 6. Une note moyenne, suffisante pour faire comprendre aux habitants que je n'étais pas vouée à mourir de sitôt, contrairement à l'autre tribut et son 4. Les flammes étaient spectaculaires, certes, mais la mise en place demandait beaucoup trop de temps et de moyens pour que cela soit efficace durant les Jeux. Pour l'Arène, je comptais sur mon sens de l'observation, une cachette et une source en eau pour m'en sortir et survivre ne serait-ce qu'au premier jour. Pour ce qui était d'éliminer mes adversaires… je préférais ne pas envisager la possibilité.


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Le Haut-Juge devait être plutôt fier de son arène, parce que je me souviens très clairement en avoir entendu parler durant les années suivantes, souvent comparée à celle de l'édition actuelle. Un labyrinthe. Autour du cœur et de la Corne d'Abondance, des chemins étroits s'éloignaient dans toutes les directions, entourés de hauts murs gris dont on distinguait qu'à peine le sommet dans la brume ambiante de la zone. Le premier jour, le bain de sang se propagea à ceux qui eurent le malheur de prendre une des routes qui ne menaient qu'à des culs-de-sac. La chance me permit d'en trouver un qui menait à un autre espace ouvert, donnant sur un petit bosquet, bien entendu pas assez haut et trop éloigné des parois pour espérer pouvoir se hisser et étudier l'arène dans son ensemble. Néanmoins étrange que l'Arène soit ainsi conçue pour nous empêcher d'atteindre le sommet, car les murs semblaient s'ouvrir en hauteur sur des grottes, fort pratique pour offrir un abri et un meilleur terrain de combat. Il fallait que je trouve un moyen de m'y hisser.

La mare puis le feuillage d'un des arbres me sauvèrent d'un tribut du 5 qui avait décidé de se reposer pour la nuit dans la même clairière. A l'aube, les Carrières avaient eu la gentillesse de m'offrir sa dépouille mais de ne pas grimper aux arbres voisins de la mare. Savoir écouter et apprécier le silence ne relevaient pas des capacités de ceux qui ne connaissent pas le brouhaha des usines à la chaîne. Tant que celui-ci régnait, il fallait que je risque le tout pour le tout et que je me mette au travail, ma cachette arboricole ne tarderait plus à ne plus être suffisante. Durant une journée et demie, je construisis une échelle, fixant les barreaux les uns aux autres avec des bandes de tissus déchirées, récupérées sur le cadavre du 5 avant qu'il ne soit ramassé par un Hovercraft, arrachant comme je pouvais les branches des arbres voisins. Le résultat final avait une mine peu rassurante, mais je n'avais rien à perdre à tenter de me hisser sur les murs avec : si elle ne tenait pas, je le saurais dès le premier barreau, la chute ne serait pas intense.

Et l'échelle tint. Au bout de six barreaux, le ventre creux de ne pas avoir pu manger depuis trois jours, j'atteignais la corniche la plus basse que j'avais pu trouvée avant de ramener l'échelle avec moi pour s'assurer que personne ne me suivait. La corniche donnait bien sur une caverne, et la caverne sur un sac à dos rempli du victuailles, d'une corde et d'une gourde. Un cadeau pour les plus téméraires qui parviendraient à braver les hauteurs du labyrinthe sans doute. Mais ce ne fut pas le seul que je reçus ce soir là : un mystérieux Sponsor avait décidé de compléter mon arsenal. Ce ne fut que bien plus tard que j'appris que j'étais la première participante (et, en fait, la seule de toute la partie), à avoir atteint les hauteurs du labyrinthe, ce qui avait remis en lumière mon parcours et mon absence d'arme pour l'heure. Le Sponsor avait dû supposer que je n'avais pas encore fait mes preuves dans la mise à mort pour cette raison, et avait décidé de m'offrir deux aiguilles en acier d'une longueur de vingt-centimètres chacune. Une arme peu commune, mais un de seuls instruments que je savais manier.

Sous l'effet de l'adrénaline, on s'aperçoit que l'homme est capable de bien plus que ce qu'il ne croit, en bien comme en mal. Je ne pensais pas un jour m'en prendre à quelqu'un, tout d'abord parce que je n'éprouvais d'adversité pour personne dans mon district, et également parce que mes parents m'avaient toujours convaincus que la violence ne résolvait rien. La vérité, c'est que, au bord de la mort, quand la menace devient un réel danger, l'emporter par la violence est jouissif. Mettre à terre la tribut du 7 qui avait cru pouvoir me prendre mon échelle lorsque j'étais partie refaire mon stock d'eau, c'était grisant. Planter mon aiguille dans son cou alors qu'elle était sonnée, voir le sang s'échapper de la plaie, c'était une délivrance. Son cadavre sous les yeux, son regard implorant plein de haine, j'avais réalisé que j'avais réellement le pouvoir de gagner, que chaque mort d'un autre participant me rapprochait un peu plus de ma survie. Je n'avais plus à me cacher dans ma grotte, je pouvais chasser seule mes ennemis.

Nous étions là depuis six jours, et nous n'étions plus que cinq tributs encore en vie. Les Juges avaient déjà réduits par trois fois l'Arène, mais les plus terrifiés continuaient de se cacher. Portée par l'adrénaline, je laissais défiler le mur de grès sous mes doigts, tenant fermement mes armes dans l'autre, prête à fondre sur la moindre proie, animale comme humaine, qui aurait le malheur de passer sous mes yeux. La gloire de la victoire ne m'importait peu : je n'étais plus que guidée par mon instinct de survie. Si je voulais sortir de là, il me faudrait ruser. Trois Carrières étaient encore en vie, en groupe, et probablement à notre recherche. Mon seul moyen de pouvoir les vaincre en même temps, c'était de leur tendre un piège. Et, à défaut d'avoir du tissu comme au centre d'entraînement, j'avais une échelle en piteux état... Il ne me restait plus qu'à croiser les doigts.


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Bêtes, ils ne l'étaient pas tous. Après avoir tué un des deux autres derniers survivants, ils avaient jeté leur dévolu sur la gamine notée 6 de l'entraînement. Ils avaient fini par trouver mon échelle, gentiment laissée contre le mur, menant à un des tunnels dans un des nombreux culs-de-sac qui s'étaient multipliés au cours des derniers jours pour favoriser les rencontres. J'avais espéré qu'au moins deux d'entre eux décideraient d'y grimper, mais un seul eu la mauvaise idée d'aller voir s'il n'y aurait pas une tribut assez débile pour dormir là-haut. A deux contre un, mes chances de victoire étaient faibles, surtout contre des Carrières. La chance semblait néanmoins m'offrir une possibilité de l'emporter. J'ignore ce que contenait les sacs de la Corne, mais les vivres avaient clairement été épuisées depuis un moment par mes adversaires. Les Juges avaient probablement espéré que les tributs se débrouilleraient pour atteindre les hauteurs, mais les Carrières n'étaient pas du genre à se cacher et aucun tribut n'avait survécu assez longtemps pour tenter sa chance. La surprise et leur fatigue, voilà sur quoi je devais compter si je voulais l'emporter.

Je me souviens de chaque instant du combat. Du soudain effroi dans les yeux de l'éclaireur quand j'avais poussé l'échelle. De l'horrible bruit de cassure lorsqu'elle s'était effondrée sur le crâne de la tribut du 2, se brisant aussitôt et l'emportant dans sa chute. De la garde et du reflet du poignard du tribut du 2 restant. De mon cri de guerre, inhumain, un râle sorti du fin fond de ma gorge qui n'avait plus rien prononcée depuis des jours. De l'adrénaline qui bouillait dans mes veines, de mon saut sur le Carrière et de ma feinte pour éviter son coup de poignard. Du sang qui s'était échappé de son flanc gauche, là où l'aiguille s'était plantée. De son cri de rage, de la douleur dans les traits de son visage, mais son impossibilité de se mouvoir de par l'hémorragie. De sa mort qui était arrivée bien plus vite qu'il ne l'aurait jamais cru lorsque la seconde aiguille avait frappé au cœur de son front. Du désagréable bruit de succion quand je l'avais retirée. De la haine dans le regard de sa partenaire lorsqu'elle s'était relevée, encore déséquilibrée, et que l'instinct m'avait crié de lancer une de mes armes. De son mouvement de recul quand l'aiguille avait percé sa cage thoracique et qu'elle avait chu avec fracas. De cette chute bientôt suivi de celle de la tribut du 1 qui avait tenté le tout pour le tout en sautant de la corniche, se brisant les jambes dans le même chemin. Du sang qui avait fini de repeindre la scène lorsque je l'avais quittée quelques minutes plus tard. Tout cela restera à jamais ancré dans mon esprit, ineffaçable et pourtant indescriptible.

Le dernier tribut n'avait pas été très difficile à trouver. Quelque part, ce gamin du 9 m'avait montré presque plus de résistance que les Carrières affaiblis. Le combat n'était pas aussi spectaculaire, voire même plutôt pitoyable. A la fin, nous saignons tous les deux, et il implorait que je l'épargne. C'est sans doute à ce moment là que l'adrénaline avait cédé place à ma conscience qui ne voulait pas assumer ce qu'elle avait fait. Si près du but, je ne pouvais pas me permettre de la laisser insinuer le doute dans mon esprit, je l'ai faite taire en achevant mon adversaire.

J'étais vainqueure de la dix-septième édition des Hunger Games.




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APRES
❝ We always knew who you truly were inside ❞


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S'ensuivit les projecteurs, les lumières, les flashs, les caméras, les questions, les cris, les applaudissements, les bains de foule. Plus les interviews s'enchaînaient, plus les rencontres se multipliaient, plus je sentais une boule se former dans mon corps. Mes nuits n'étaient pas seulement courtes parce que les soirées défilaient pour célébrer ma gloire, leurs silences étaient le seul instant où je me retrouvais seule avec moi-même et ma conscience. Tandis que je souriais aux caméras, les écoutant répéter inlassablement combien mon combat contre les Carrières étaient impressionnants, que j'étais la première vainqueure de mon district, mon ressentiment vis-à-vis du Capitole grandissait.

Je n'avais jamais réellement apprécié ou détesté le gouvernement. J'avais conscience des injustices qui régnaient dans les districts, que les Hunger Games n'auraient pas dû exister et que les enfants des districts, dès ma génération, n'étaient en rien responsable de la rébellion. Sauf que, dans les districts, je n'avais pas conscience d'à quel point les habitants du Capitole se délectaient des Jeux, ne vivaient que pour eux, leurs spectacles et leurs paris. D'à quel point ils adulaient les vainqueurs de ceux-ci, des gamins qu'ils transformaient en meurtriers à peine après leur puberté. Je voulais couper les ponts avec eux, rentrer chez moi, reprendre ma vie, oublier ce que j'avais vécu dans l'arène.

Je pouvais me persuader que mon acte était juste concernant les Carrières, une forme de vengeance sur tout ceux qu'ils avaient pu tuer dès le premier jour. La justification ne convainquait qu'à moitié, aussi bien ma conscience que mon sommeil. Mais pour ce qui était du dernier tribut, celui du 9...Les images de sa mort n'avaient cessées de m'être repassées, en boucle, coïncidant malheureusement avec ma « victoire ». Alors que les présentateurs me demandaient ce que j'avais ressenti à cet instant précis, victorieuse et glorieuse, je ne voyais que les larmes sur les joues de ma dernière victime, je n'entendais que son appel à l'aide, sa prière pour que je l'épargne. Ce gamin était aussi innocent que je l'étais avant que son nom ne soit moissonné. Rien ne pouvait justifier ce que je lui avais fait subir, ou même ce qu'avait subi les autres participants. Le revoir mourir, encore et encore, c'était de la torture pour mon esprit.

J'avais vécu l'ensemble de la tournée d'adieux comme mon voyage en train après la Moisson. Je me sentais vide, je ne dormais pas, j'errais comme un robot, à la différence près qu'il n'y avait plus un autre tribut terrifié avec moi, il y avait la foule du Capitole, leur demande d'autographes et des propositions parfois beaucoup plus indécentes pour la jeune fille de quinze ans que j'étais. Je ne désirais plus qu'une chose : rentrer chez moi, couper les ponts avec le Capitole, prétendre que rien de tout cela ne s'était passé et reprendre une vie normale à simplement coudre mes propres vêtements.

Mais, j'aurai pu m'effacer ma mémoire au Capitole, les gens du District n'auraient pas oublié pour autant. Déjà peu appréciée de mes pairs avant ma sélection, ma victoire avait renforcé l'image de « menace » qu'était les Poplin. De famille à la solde du gouvernement, nous étions désormais une famille abritant une meurtrière qui ne semblait pas éprouver un seul remord à en juger par les caméras, la faute à un jeu d'acteur trop convaincant. Une part de moi voulait croire que cela ne changerait rien à mon quotidien, à notre quotidien. J'étais de retour à la maison, non ? Jusqu'à la tournée de la victoire et les futurs jeux, je n'aurai plus rien à faire, je pouvais ignorer le Capitole et son incidence sur ma vie, n'est-ce pas ?

Bien sûr, j'étais naïve. J'avais peut-être du sang sur les mains, mais j'avais encore quinze ans. J'avais survécu aux Hunger Games parce que, face à la mort, j'avais décidé de lutter. A aucun moment je n'avais réfléchi à l'après, aux traumatismes, à la gloire, aux regards fuyants et, également, aux répercussions sur le commerce de mes parents, et donc le mien. Elles ne s'aperçurent pas immédiatement dans les chiffres. Les revenus continuaient d'affluer et nos caisses ne désemplissaient pas, de toute façon bien remplies par le Capitole. Mais les commandes, elles, se faisaient moins nombreuses. Les quelques habitants aisés du district 8 s'étaient trouvés d'autres fournisseurs dans le district. Nos seuls revenus émanaient des habitants du Capitole. Je voulais m'en séparer, les oublier tant que je le pouvais. La vérité, c'était que les Poplin n'étaient rien sans eux.


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Un an, puis deux, se sont écoulés. Chaque fois, la période des Hunger Games se présentait comme une torture à devoir supporter. Feindre les sourires. La victoire de Woof, l'édition qui a suivi la mienne, m'a permis de me détacher un peu de la folie des Jeux. Plus besoin de charmer les Sponsors pour des tributs qui mourraient. Plus besoin de prétendre, mentir, trahir mon ressenti clair de tout ce milieu de sponsoring. Et puis, à force d'éloignement, la rancune s'est fait moins ardente, plus silencieuse. Endormie comme pour mieux se réveiller à la moindre injustice. Je me suis fait à ma vie de co-Mentor d'un mois et à la création de vêtements destinés uniquement aux élites du Capitole que j'exécrais en secret le reste du temps. Un temps, j'avais même envisagé de quitter le village des vainqueurs du district 8 et directement vivre au cœur des habitants de la capitale, les infiltrer. La petite voix de mon ambition me chuchotait que je pourrais ainsi leur prouver que les Districts valaient bien plus qu'eux, et qu'ils en étaient dépendants. Mais je ne l'ai pas fait, par crainte des oreilles qui pouvaient courir au Capitole. On pouvait me fuir dans mon propre district, rien ne saurait être plus oppressant que le Capitole.

Mes parents continuent toujours de me soutenir dans mes entreprises de création, quand bien même notre opinion à tout trois concernant le gouvernement s'est quelque peu dégradée. Nous n'en parlons jamais, pas à haute voix, en tout cas. Il n'y a aucun doute que tout est sous surveillance partout, son comme image, et la paranoïa a fini par s'emparer de nos journées. Le seul lieu où je me sens à l'abri et où je passe le plus clair de mon temps est mon atelier, construit de mes propres mains à l'arrière de la maison, isolé et tranquille. Je m'y sens en sécurité, libre d'être moi-même et de quitter le masque de vainqueur glorieuse, heureuse et un brin prétentieuse que je revêts chaque fois que j'en sors.

A vrai dire, je ne me considère pas comme malheureuse. Avec difficulté, je peux travailler à réaliser mon rêve de stylisme, je mène une vie tranquille à l'abri du besoin. S'il n'y avait pas eu à supporter et me rappeler sans cesse les Hunger Games et les épreuves que j'y ai subies, ma vision des choses aurait été bien différente. Peut-être est-ce en partie pour ça que j'ai si mal conseillé tous les tributs que j'ai eue pour le moment. La vie après les Hunger Games ne pourra jamais être pleine. Ce n'est qu'une demi-vie, une vie spoliée où l'image de la mort est omniprésente. A se demander si l'instinct de survie est vraiment une bonne chose...




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❝ Anyway, we are all meant to die alone ❞

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Sikka fait partie de ce groupe de gens que l'on pourrait qualifier de réaliste pessimiste. Cartésienne au possible, logique, ses seuls brins d'imagination sont dédiés à la création de tissus. Au quotidien, elle s'exprime essentiellement par vérité générale et des affirmations sur ce qui l'entoure, souvent accompagnée d'une remarque reflétant ses pensées noires. Depuis les Hunger Games, sa conscience brisée ne s'est jamais réellement relevée que pour les beaux yeux des caméras. Même si elle apprécie par moment se prêter au jeu de ce masque, prétendre et s'inventer un personnage qui n'aurait subi aucun trauma, elle sait pertinemment que cette Sikka n'est pas elle.

La véritable Sikka ne sourit que relativement peu, à moins d'être satisfaite d'un de ses travaux achevés. Elle ne rit que par bref instant et n'a pas vraiment le sens de l'humour, surtout en ce qui concerne le second degré. Elle n'est jamais sereine, tranquille, pleinement confiante. Souvent, on la croise, les traits tendus, sourcils froncés, jeter des regards par dessus son épaule avant d'accélérer le pas.

Paranoïaque. Voilà ce que les Jeux ont fait d'elle, une personne constamment sur ses gardes, méfiante. Peut-être est-ce pour ça qu'il lui semble plus facile de jouer de charme et de manipulation dès qu'elle quitte le foyer familial. En-dehors de son petit monde de création, elle doute des intentions de tout le monde, surtout lorsqu'il s'agit du Capitole. Qui sait ce qu'ils peuvent bien lui vouloir, ces êtres capables de laisser des enfants s'entretuer pour avoir une distraction pendant leur repas ? Ils lui ont fait perdre ce qu'elle avait d'humanité, mais eux n'ont jamais pu effleurer un seul instant ce que signifiait être humain et tenir à son prochain.

Au fil des années, et surtout passé l'horreur de l'Expiation, Sikka a fini par prendre sur elle, sur ses peurs et sa haine du Capitole afin de venir en aide à ses tributs, à plus s'imposer. Il ne s'agissait plus seulement de quelques sourires pour faire bonne impression, mais de réellement s'investir pour qu'ils n'aient pas à subir le même destin qu'elle. Renfermée sur elle-même, cherchant à bâtir des murs pour protéger ce qu'il lui restait d'esprit sain, elle avait laissé ses tributs livrés à eux-mêmes pendant trop longtemps. L'Expiation lui a rappelé que, comme elle, ils étaient eux aussi des gamins piégés par un système qui leur voulait du mal. Elle s'en veut toujours autant de les voir céder à la violence pour s'en sortir, mais elle espère toujours quelque part que l'un d'eux survivra, aussi bien à l'Arène qu'à ses traumatismes.



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❝ Never underestimate your opponent ❞
17e édition | 40e édition


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Force : 2 | 3


Sikka n'a jamais pu acquérir une musculature impressionnante, et ce malgré ses quelques entraînements post-jeux (et surtout post-trauma). Sa force ne lui sert que pour hisser les rouleaux de tissus jusqu'à son diable, le reste se fait sur roue.


Vitesse pure : 3 | 5


N'ayant relativement que peu joué avec ses camarades lorsqu'elle était enfant, Sikka n'a jamais atteint une vitesse de pointe très élevée. Cependant, son faible poids dû à l'absence de muscle la rendait tout de même relativement rapide par rapport à d'autres débutants dans l'Arène. Dans les mois qui suivaient les jeux, elle craignait encore pour sa vie, et a commencé à courir tous les matins. Elle a gardé l'habitude jusqu'à aujourd'hui, mais elle est moins assidue car elle se sent moins menacée.


Vitesse de traitement de l'information : 7 | 7


Dès son plus jeune âge, l'oeil de Sikka a été éduquée à reconnaître les plus infimes différences entre deux teintes de couleurs, à savoir quelle épaisseur d'aiguille choisir pour quel type de tissu et de couture. Matrixée dans sa jeunesse à choisir ainsi vite les bons outils pour son travail, sa perception et ses déductions rapides sur les matériaux à utiliser sont un des atouts qui lui ont servi à construire l'échelle qui lui a sauvé la vie.


Agilité : 2 | 4


Agile seulement de ses doigts avant les Hunger Games, sa capacité s'étend aujourd'hui à savoir grimper aux arbres, jamais très vite, mais avec succès. Pour la montée du moins, la redescente n'est pas toujours sans à coup.


Ruse : 7 | 9


C'est toujours par son intelligence et son charme que Sikka a brillé, aussi bien du milieu scolaire qu'aux élites capitoliennes. Enfant, elle faisait déjà preuve de beaucoup de déductions, progressant bien plus vite en cours que ses autres camarades. Mais ce qui l'a le plus aidée lorsqu'elle s'est retrouvée moissonnée, c'est sa capacité à ruser et mentir. Au fil des années, elle a perfectionné ce talent afin de pouvoir toujours s'assure d'avoir quelques sponsors pour soutenir ses tributs.


Résistance : 2 | 3


Sikka n'a jamais été habituée aux difficultés de la vie, faim, froid, sécheresse, chaleur. Si elle n'avait pas eu la chance de tomber successivement sur la mare et le sac à dos remplis de victuailles, il est clair qu'elle n'aurait pas survécu aux Hunger Games.

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❝ A colored fabric often makes us forget how dark our smile is ❞

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Sikka est légèrement plus grande que la moyenne des habitants du district 8, probablement grâce à une nutrition suffisante pour sa croissance. Du haut de ses un mètre soixante quinze, sa paranoïa l'a poussé à s'exercer régulièrement, ce qui lui permet d'être encore quelque peu sportive et relativement endurante pour son âge.

Sikka porte essentiellement si ce n'est exclusivement des vêtements issus de la fabrique Poplin, de préférence créés par elle-même et très colorés. Tant que les gens regardent ce qu'elle porte, elle peut moins forcer ses trats.


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❝ Make them believe ❞

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Le mois des Hunger Games ne signifie pas seulement retourner au Capitole et se confronter aux Sponsors, il signifie également retrouver les autres vainqueurs des différentes éditions. Entre meurtriers, on devrait tous bien s'entendre, dirait la théorie farfelue d'un homme qui n'a jamais vu de sang de sa vie. Il est des vainqueurs que j'apprécie plus ou moins, d'autres qui ne me témoignent que peu de chaleur. Owen Glaze (Naji2807), le vainqueur des 34e, ne cache pas vraiment sa condescendance envers "la vieille tribut qui coud". Il ne le dit pas à voix haute, mais je n'ai aucun doute que c'est ce qu'il pense derrière ses verres. A défaut de réelle amitié, j'admire le courage de certains des vainqueurs, comme Dusk (Naji2807), qui a probablement subi la pire édition depuis la création des Jeux : non pas par sa violence visuelle, mais par sa violence pour les Districts. Le vainqueur de l'Expiation n'est cependant pas ceux que l'on approche aisément, mes tentatives sont plutôt infructueuses alors je me tiens à l'écart.

Il y a enfin la dernière catégorie, qui concerne les gagnants des éditions les plus récentes. Ceux que je ne connais qu'encore que très peu, telle Esmeralda Davis (Naji2807). Avant de les approcher, je préfère les observer de loin, les jauger du regard, surtout s'ils viennent de District habitués à former des Carrières. Esmeralda a eu un parcours un peu différent, mais ses airs prétentieux ne donnent pas envie de croire à son bon coeur.



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Re: Hunger Games - Réédition

Message par Springbloom »

Hello 8-)

Je suis pas pleinement satisfaite de toutes les parties de Sikka (c'est le problème quand on écrit trop vite et qu'on est trop plongé dans l'histoire), mais j'espère qu'elle vous plaira et qu'elle tiendra la route.
Comme elle est la plus vieille des Mentors pour le moment, n'hésitez pas si vous avez des idées de liens à les proposer.
Si jamais quelqu'un d'autre veut faire un vainqueur du 8, qu'il n'hésite pas, je modifierais le contenu de la fiche, notamment la fin de caractère et d'histoire.

Bonne lecture ! :mrgreen:
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Re: Hunger Games - Réédition

Message par naji2807 »

Hello, j'aime bien Sikka, je trouve que les parties sont bien, c'est fluide et pas trop long à lire ^^ Je valide la fiche sans soucis, pour moi tout colle, et si tu veux des liens j'ai Dusk (charmant et facile à aborder bien sûr !) et Owen (tout à fait à l'aise avec les normes sociales évidemment !) ^^
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Re: Hunger Games - Réédition

Message par Springbloom »

naji2807 a écrit : jeu. 08 sept., 2022 5:41 pm Hello, j'aime bien Sikka, je trouve que les parties sont bien, c'est fluide et pas trop long à lire ^^ Je valide la fiche sans soucis, pour moi tout colle, et si tu veux des liens j'ai Dusk (charmant et facile à aborder bien sûr !) et Owen (tout à fait à l'aise avec les normes sociales évidemment !) ^^
Merci pour ce beau cadeau empoisonné :lol: Pour ce qui est d'Owen, il la considérera probablement comme débile, vu que l'image qu'elle renvoie le plus souvent est celle d'une rêveuse qui vit de chiffon et de coton, je ne pense pas trop que ça l'intéresse. Et Dusk...en soit ce n'est pas très développé mais Sikka a détesté le principe de l'Expiation, mais je ne pense pas que Dusk soit susceptible d'apprécie sa sympathie ou sa "pitié" (avec de gros guillemets) à son égard, donc au pire elle peut l'admirer de loin pour la force dont il fait preuve pour s'en remettre. Et sinon tu as oublié qu'Esmeralda avait gagné elle aussi :lol: Je pense que Sikka l'appréciera pas des masses par contre, elle correspond un peu trop aux habitants qui rentrent un peu trop dans le bon chemin du Capitole pour elle...
Et sinon je me rends compte que j'ai oublié que Woof avait gagné l'année après Sikka, faut ptet que je l'intègre à la fiche quand même :lol:
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Re: Hunger Games - Réédition

Message par naji2807 »

Oui Owen doit sûrement la prendre de haut ^^' pour Dusk, non il n' apprécierait pas en effet, pas du tout en fait donc si elle a déjà essayé de lui témoigner elle a dû se faire rembarrer bien gentiment x)
Oupsi... J'ai oublié Esmeralda... Bah si Sikka ne l'apprécie pas, pas de lien je pense xp
Ah oui j'avais même pas tilté pour Woof ^^'
ChapelierFou

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Re: Sphynx-définitif

Message par ChapelierFou »

Re-voilà Sphynx! J'ai fait quelques modifications ^^


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Sphynx
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Sexe
Garçon.

Âge
16.

Histoire
Sphynx n'a pas les mots pour raconter son histoire. Il n'est pas plus bête qu'un autre. Il est juste différent, les mots ne lui viennent simplement pas naturellement. Son esprit n'y a pas souvent recours, et il pense en tourbillon d'image, de sentiments, même d'odeur et de son. C'est un vitrail fait de couleur et de lumière qui n'a de sens que pour lui seul. De son point de vue, ses pensés sont comme de l'eau clair et limpide, qui vient d'un endroit et se dirige vers un autre, dans un but précis, qui atteindra sa destination malgré les rochers et les obstacles, et qui révèlera ses trésors au fur et à mesure du chemin, qu'il s'agisse de réelles pièces d'or, ou bien du reflets du soleil qui joue sur les écailles des poissons, tout à autant de valeur pour lui. Oui, Sphynx sait qui il est, même s'il est sans doute bien mystérieux aux yeux du monde, et n'a pas peur de son identité, ni de ce qu'il sait être sa destiné. Il est le tribut du 3. Il le sait avant même la Moisson, car son nom y est trop de fois pour qu'il ne soit pas tiré au sors. Mais ce n'est pas grave. Il est prêt. Prêt à tuer les Hunger Games. Mais pour comprendre ce petit papillon étonnamment robuste, il faut commencer par le début de son histoire.

Son nom est bizarre. Il le sait. Ce n'est d'ailleurs pas son nom original. Enfin, c'est le premier nom qu'on lui ai jamais vraiment attribué, et il est immensément cher à son cœur. Mais il ne lui a pas été attribué par ses parents. Il est orphelin. Mais il ne faut pas vous en faire, ses géniteurs ne sont pas morts, ils vont sans doute bien. Enfin, ils vont comme d'habitude.
Petit, Sphynx ne comprenais pas vraiment pourquoi ses parents ne lui témoignaient pas beaucoup d'amour ou d'attention, ni même pourquoi ils lui adressait aussi peu la parole. Il faut dire qu'il n'est pas évident pour un petit garçon de comprendre comment un système comme celui dans lequel il vivait pouvait briser une personne, et à quel recours, chimique ou autre, ils pouvaient avoir pour alléger le fardeau qui pesait sur leur épaules, ni à quel recours leur parents avant eux pouvait avoir eu avant eux. Il sait juste qu'on lui adressait peu la parole, parce que ses parents étaient souvent dans un état second, immobile et silencieux. Alors, le petit garçon n'a pas vraiment pu apprendre à parler, quelque chose dans le développement de son cerveaux ne s'est peut-être pas déroulé correctement, ou alors peut-être que l'enfant aurait eu son esprit fait de lumière et de mouvement de toute façon.
La plupart du temps, ses parents l'ignoraient, à peine conscients de sa présence. Ils l'appelaient parfois, ceci-dit. Pendant les six premières années de sa vie, il s'appelait "petit" , "gamin", "enfant". Parfois, ils disaient un prénom, mais le lendemain, ils en disait un autre. Quand ils parlaient le lendemain.

Il allait un peu à l'école. Personne ne le réveillait le matin, Il ne se réveillait pas de lui-même, alors il y allait l'après-midi, ce qui montre déjà de la bonne volonté pour un enfant de 4 ans qui aurait aussi bien pu habiter seul. On le regardait bizarrement quand il arrivait dans la classe. On ne lui parlait pas. Il ne parlait pas non plus. Il ne parlait jamais. En réalité, il ne savait pas vraiment le faire. Avec des parents silencieux, comment apprendre à emmètre des sons articulés et compréhensibles? Il faisait de son mieux pourtant. Il savait s'exprimer avec des phrases courtes, des gestes et des regards. Et il savait comprendre les autres, même si eux ne s'en apercevaient pas. Pour les gens, il était juste un idiot qui venait parfois à l’école, pas tout les jours, et pas toute la journée. Ses professeurs ne savaient pas vraiment quoi faire de lui. S'ils avaient été plus regardant, ils se seraient sans doute rendu compte que cet étrange enfant qui venait en cours quand ça lui chantait pour regarder par la fenêtre et faire des signes divers et variés à ses camarades n'était même pas sur la liste des inscrits, à croire qu'il avait vu un enfant de son âge aller à l'école un jour, et qu'il l'avait juste suivi jusque là, et ayant apprécié l'expérience, avait décidé de revenir quand bon lui semblait.
Lui, être silencieux ne le gênait pas. On voit plus de choses à travers le silence. Des mensonges dans les yeux, des sourires qui sont faux, un cœur qui est triste... Il voyait tout. Mais les gens ne voyaient rien chez lui. Seulement le silence.
Bien sûr, à force de fréquenter des gens qui parlaient il aurait dû apprendre. Il s'est un peu amélioré. ses phrases étaient un peu plus compréhensibles, contenaient un peu plus de mots. Il avait du mal à les faire sortir, il bégayait, mais les gens comprenaient un peu mieux ce qu'il disait. Il avait un peu grandi, les autres enfants aussi. Mais ça les a rendu un peu plus méchants. Leurs yeux disaient des choses méchantes, leurs bouches aussi. Et puis lui, il s'était habitué au silence. C'est beaucoup plus beau, ça veut dire beaucoup plus de choses que des mots qui sont tout cassés à force d'avoir étés utilisés par des milliers de bouches. Alors il a arrêté à nouveau de parler. Il arrivait à se faire comprendre avec des geste, ou bien des mots très courts, alors ça allait. Il préférait écouter les gens. Pas seulement ce que leur langues disaient, plutôt les yeux et le corps. C'était sa langue à lui.

Puis il a eu six ans. Il est rentré chez lui un soir, et ses parents n'étaient plus là. Il s'est dit qu'ils étaient partis et qu'il reviendrait plus tard. Il a attendu que plus tard arrive. Puis encore plus tard. Puis encore plus tard. Puis encore plus tard. Ils ne sont pas rentré. Peut-être qu'ils étaient morts. Peut-être qu'ils l'avaient abandonné. Peut-être qu'ils étaient partis et l'avaient oublié. Peut-être qu'ils n'avaient jamais vraiment su qu'il était là... Est-ce qu'il y avait vraiment une différence? Il était seul, comme d'habitude...Son esprit était toujours calme et nette. Quelque part, il n'avait jamais connu ses parents, et la seule chose qui l'attristait, c'est que maintenant il ne les connaîtrait jamais. Leur esprit avait toujours semblé silencieux à l'enfant, mais pas comme le sien. Le sien était comme une maison remplis d'objet, que les habitants aménageaient sans cesse, pour la rendre aussi accueillante, pratique et confortable que possible. Le petit garçon c'était assuré que s'il y vivait seul, il y vivrait en sécurité. L'esprit de ses parents semblait plus être comme une maison vide et froide, aux vitres opaques, où seule l'odeur de la fleur de pavot régnait, emportant toute trace de soleil et de couleurs avec elle... Ils étaient sans doute partis pour une bonne raison, et où qu'il soit, leur fils espérait qu'eux aussi, finirait par prendre goût à aménager leur propre cerveau, et il était presque heureux de ne plus avoir à s'en faire pour eux quand il avait l'impression qu'ils restaient immobile trop longtemps.

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Il a été obligé de manger, évidement. Quand ses parents étaient là, c'était principalement eux qui s'occupait de la nourriture, sans que le petit garçon ne sache réellement comment. Il n'y en avait jamais beaucoup, parfois elle était sans doute expiré depuis un moment, mais elle était là. L'enfant a appris que pour avoir de la nourriture, il fallait l'acheter, ou la voler. Et pour l'acheter, il fallait voler de l'argent aux gens. De ses six ans à ses neufs ans, on l'appelait "morveux", "vaurien", "petit m*rdeux".
Mais au fur et à mesure que le temps passait, on l'appelait de moins en moins. Parce qu'on remarquait de moins en moins qu'il prenait des choses dans les poches des gens. Il était déjà le silence. Maintenant il était une ombre. Puis il suis devenu l'ombre d'une ombre. On ne le voyait plus du tout.
La personne à qui appartenait la maison a décidé qu'il ne devait plus habiter dedans. Alors parfois il vivait en secret dans un grenier, parfois, il était dans une cave. Parfois dans la rue, parfois dans une usine, parfois dans la forêt. Ce qu'il volait ne me suffisait pas toujours pour acheter à manger, alors il chassait un peu. Des petit rongeurs de la forêt, ou bien de la rue, qu'il avait appris à piéger. Il ne vivais pas très mal, même s'il n'allais plus du tout à l'école. Ce n'était pas grave, il savais lire et écrire. A peu près.

Puis il a eu 8 ans. Il a rencontré un autre orphelin. Lui, ces parents étaient vraiment morts. Mais il avait une maison à lui. Elle était un peu en ruine et il n'y avait pas d'électricité. Il y avait d'autre orphelins dans la maison. Il les avaient invité à vivre chez lui. Il avait 16 ans et travaillait dans les usines, les autres orphelins qui en avaient l'âge aussi. Ensembles, ils nourrissaient les plus petits. Il disait que son groupes d'orphelins s'appelaient les Papillons. Le morveux trouvait que ce n'étais pas un très bon nom, mais il n'a rien dit. Il ne disait rien de toutes façon. Lui par contre, il parlait beaucoup. Le benjamin avait du mal à comprendre les gens comme ça, vu qu'il comprend mieux le langage corporel que les mots, alors c'est compliqué quand il y en a énormément comme ça. Mais il a compris l’essentiel. Il s'appelait Peter Dickens. Il aimait les insectes, et aider les orphelins. Il avait 16 ans. Il ne se moquait pas du nouvel arrivant, ni avec sa bouche, ni avec ses yeux.
Le vaurien n'avais pas besoin qu'on le nourrisse, mais il voulait bien un toit. Et un ami. Peter est devenus son ami. Grâce à lui, il a appris à comprendre un peu mieux le langage verbal. Il lui a expliqué les choses de la société qu'il ne savait pas, comme les districts, le Capitole, les Hunger Games et les Sponsors. Il n'aimait pas tout ça, il n'avait pas besoin de le dire pour qu'on le comprenne, même sans savoir lire à travers les gens comme le morveux. Sa plus grande peur était que l'un de ses orphelins soit tiré au sort.
C'est lui qui a donné son nom au vaurien. Ils étaient ensembles, à écouter une conversation entre deux petits, qui avaient décidé de changer leur prénoms, parce que leur parents n'avaient jamais été très gentil avec eux, et ils préféraient laisser ces mauvais souvenirs derrière eux. Peter les aidait à choisir, le sourire aux lèvres. Puis après, comme le garçon silencieux le suivais toujours comme son ombre, il avait commencé à lui expliquer qu'il ne sortait pas de l'ordinaire que ses orphelins préfèrent changer de nom. Son nouvel orphelin l'a regardé un instant. Avec lui, il avait l'impression de ne plus être une ombre, de ne plus être le silence. il avait l'impression d'être une vrai personne. Mais les vrais personne avaient des noms.
-Nomme.
-Ahh! Tu parle?
Le vaurien habitais avec les Papillons depuis plusieurs mois, mais il n'avait encore rien dit jusque là.
-Nomme. S'il te plaît.
Il se calme très vite, puis il se met à réfléchir. Son ami peut presque voir les noms qu'il envisage défiler dans ses yeux. Puis il voit qu'il s'arrête sur un. Une petite lumière s'allume dans son regard.
-Sphinx.
Le morveux penche la tête sur le côté, interrogatif. Il ne connaît pas le mot. Est-ce qu'il s'agit d'un mot que son aîné vient d'inventer? D'un prénom qu'il n'entends que pour la première fois?
-Comprend pas...
Le mot percute ses lèvre brutalement. C'est dur de parler. Il veut faire un effort. Pour Peter. Mais c'est dur.
Pourtant son ami sourie.
-C'est toi qui ne comprend pas? Ou moi? Ou un peu des deux?
Il laisse passer un temps avant d'ajouter:
-Tu es une énigme que les gens ont du mal à percer, mais quand on a la solution, on voit que ça valait le coup de chercher.
Le benjamin détourne la tête et rougis. Ça sonne comme un compliment. On ne lui en fait pas normalement. Cependant, Peter continue:
-Et puis comme le papillon sphinx. Ses couleurs sont ternes, il ne paît pas de mine à première vu. On ne comprend même pas forcément tour de suite que c'est un papillon. Mais il vole plus vite que les autres, il est plus résistant. Il est aussi très beau, mais c'est une beauté plus subtile. C'est mon papillon préféré.
Le vaurien sourie. il bien cette description. Je se pointe lui-même du doigt:
-Sphynx.
Maintenant, il sera quelqu'un. Il a un nom.
Depuis ses neufs ans, il s'appelle Sphynx.

Puis huit mois sont passés. Peter et Sphynx passaient leur temps ensembles. L'affection du cadet pour son aînée était réciproque. Peter était sage, généreux et protecteur, Sphynx était doux et curieux, toujours prêt à aider les autres orphelins, ou à partager le peu de nourriture qu'il avait. Le chef de la bande voyait bien que son ami était là entièrement par choix. Il était assez débrouillard pour aller n'importe où dans le district, mais il revenait constamment se poser avec lui. De son côté, le benjamin était content, parce que pour la première fois de sa vie, il arrivait à laisser quelqu'un entrevoir la maison qu'était son esprit. Ensembles, ils la rendait plus confortable et chaleureuse que jamais, avec leur rire, leur but commun de rendre le monde meilleur et simplement leur silence confortable.
Mais la Moisson est venue. On a tiré des noms aux sort. La fille était jeune. Quand on a dit son nom, ses yeux ont crié très fort à l'aide, ont supplié tout le monde. Mais sa bouche était close et sa posture droite. Puis on a appelé le garçon. "Jason Damiano". Sphynx ne le connaissait pas. Il ne connaissait aucun des deux, il n'avait pas de raison d'être triste ou de s'inquiéter. Bien sûr, c'est triste, ce sont des enfants qui ne reviendront pas. Mais au moins les Papillons étaient en sécurité.
Mais Peter a baissé la tête. Il a regardé son ami et ses yeux ont dit "Je suis désolé". Sphynx s'est alors rappelé alors que certains orphelins avaient changé leur nom. Mais ça, la Moisson ne le prend pas en compte. On l'a attrapé et on l'a entraîné vers l'estrade. Sphynx a pleuré. Il ne voulait pas qu'on le lui prenne. Peter était son seul ami. Il lui avait donné une maison et une identité. Il ne voulait pas. Il ne voulait pas. Il ne voulait pas.
-N...Non! L... L... Laissez-le! S... S... s'il vous plaît!
Il hurle A pleins poumon. C'est la première fois qu'il utilise sa voix pour crier aussi fort. Ça lui fait mal aux oreilles et à la gorge. Mais il ne le remarque¨pas. Parce que c'est son seul ami. C'est son seul parent.
Mais ils le prennent. Il prenne à Sphynx le seul qui ai jamais aperçu son esprit de lumière, qui ai jamais eu une place dans la maison qu'il a construit son esprit. Ils arrachent Peter à ses orphelins.

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Il est mort. Son sang coule. Il coule fort. Ses yeux sont encore ouverts, mais ils sont silencieux. Sphynx n'avait jamais vu d'oeil silencieux. Il est collé sur la télé, le nez presque sur l’écran. Son front à quelque millimètre seulement de celui de son ami. Le petit garçon voudrai être prêt de lui. Lui tenir la main. Juste une fois, être celui qui fait comprendre à l'autre qu'il n'est pas seul. Mais il ne le peut pas. Il y a des centaines de kilomètres entre eux. L'écran est froid et sans vie. On ne peut pas passer à travers pour dire adieu à son frère. C'est triste. C'est injuste. Peter est mort. Il a été tué. Puis deux jours plus tard, la personne qui l'a tué meurt. Et celui qui la tué se noie dans une rivière. C'est triste, c'est bête. 23 personnes sont mortes. Il y a juste une personne qui a eu le droit de vivre, pour se souvenir qu'il a aidé à tuer 23 personnes, et pour former une autre personne à tuer 23 personnes. Sauf si cette nouvelle personne meurt. Comme Peter. Ils ont tué Peter. Il faut le venger. Et il faut venger tout les gens qui ne voulaient pas être là et qui sont morts. Même celui qui est encore vivant, mais qui devra se souvenir de ses morts. Il faut tuer les Hunger Games. Sphynx ne sais pas comment faire. Il faut aller dans l'arène. Et il ne sait pas. Il ne faut pas mourir. Mais il ne faut pas gagner. Si on gagne, on ne tue pas les Hunger Games, on les continue. Mais il ne faut pas mourir. Il faut qu'il apprenne a ne pas mourir.

Sphynx s'est entraîné. Il est allé courir dans la forêt longtemps. Il est resté suspendu a un arbre une journée entière avec seulement ses bras. Il a appris quelle plante tue et quelle plante sauve. Il a appris à se cacher de manière à ce que personne ne le trouve jamais. Mais il faut savoir se battre pour aller dans l'Arène. Il est allé cherché des gens pour lui apprendre. Ils n'étaient pas toujours d'accord. Parfois ils voulaient beaucoup d'argent en échange. L'orphelin n'en avait pas. Alors il été obligé de se battre dans la rue. Trouver des gens qui se battaient déjà. S’immiscer dans les disputes S'il y en a un qui ne veut pas se battre et que l'autre veut l'y forcer, prendre sa place. Protéger les gens dans la rue de ceux qui veulent leur faire du mal. Surtout les Papillons. Peter n'aimait pas la violence, il disait que c'était s'abaisser au niveau de l'autre. Mais Sphynx sait qu'il n'est pas dans leur catégorie. Les gens l'ont toujours considéré comme au niveau d'en dessous. Se battre ne fait pas de différence. Et il se bat pour que les autres n'ai plus jamais à le faire. Il n'a qu'à tuer les Hunger Games, et il sauvera tous le reste des enfants qui auraient dû être tirés au sort. Et il n'y aura plus d'autre petits garçons qui se pressent contre la télé pendant que leur frère meurt très loin d'eux, juste sous leur yeux.
En plus, se battre est facile. Il suffit de savoir parler la langue de Sphynx. Même la bouche fermée, les gens disent avec leur yeux et leur corps "Je vais t'attaquer". "Je vais te frapper ici". Il suffit d'être rapide. Il suffit d'esquiver jusqu'à ce que l'autre se fatigue puis le frapper aux endroits où il ne se protège pas. L'orphelin gagne souvent. Et il ne se fait jamais très mal.
Il sait que les gens de la rue ne sont pas de vrais combattants. Il ne sont pas entraînés pour se battre. Il faut qu'il trouve quelqu'un qui le sera. Pour l'instant, il ne l'a pas trouvé.
Il s'est entraîné avec des armes, mais tout seul. Il a appris à utiliser un arc, des couteaux... Ses armes préférés sont la sarbacane et le lance-pierre. Elles ne tuent pas. Comme lui. Il ne tuera personne.
Il a également étudié les gens qui gagnaient les Hunger Games, pour savoir pourquoi ils n'étaient pas morts. Ils y en a beaucoup qui étaient riches ou qui avaient des Sponsors. Et qui étaient entrainés. De la même façon que chacun a une voix unique, tous bougeait différemment. Sphynx devait trouver sa manière de bouger à lui, quitte à copier celle des autres au début. Mais il ne s'inquiétait pas. Il apprenait lui aussi à être unique. Parce qu'il le savait, il serait celui qui tuerai les Hunger Games.

Puis Sphynx a eu 16 ans. Peter est mort à 16 ans. Et lui, il est prêt. Il sait qu'il pourrait attendre plus longtemps, se laisser deux ans de plus pour s'entraîner, que les tribut qui survivent sont généralement plus vieux que lui. Mais chaque années où il attend, 23 enfants de plus perdent la vie.
Ensuite, il a demandé des tesserae's. Il voulait que les Papillons de Peter puissent avoir une belle vie. Maintenant qu'il était plus vieux, il travaillait à l'usine, mais c'était un peu comme l'école quand il était petit, il ne prenait pas tout à fait en compte le fait qu'il était censé y aller tous les jours ni à des heures régulière, si bien qu'il perdait souvent son emploie pour le retrouver dans une autre usines. Cependant, le temps qu'il a effectivement passé à travailler, il l'a mis à profit, prêtant une attention toute particulière au fonctionnement des différents objets fabriqués, car il sait que la technologie est l'une des bases même de l'Arène, si bien qu'il aimerai apprendre à maîtriser sa langue également. De plus, il avait continué à voler, et avais donné tout ce qu'il pouvait aux Papillons, même s'ils ne lui parlaient pas trop. Pas autant que Peter. Personne ne parle autant que Peter.
Quand Sphynx a dit le nombre de tesserae's qu'il voulais, l'homme l'a regardé bizarrement. Il lui a fait répéter cinq fois, alors qu'il n'aime pas parler. Il lui demandé si c'était une blague. Sphynx a dit non. Le monsieur a finalement été obligé d'accepter. 100 tesserae's. C'est aussi efficace que d'être volontaire, mais ça rend plus de gens heureux. Ça permet de nourrir plus de gens. Et lui, il est prêt. Prêt à tuer le Hunger Games.

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Caractère
Sphynx ne le sait pas, car il ne pense pas grand chose de lui-même, mais il a une personnalité pour le moins singulière. Non pas parce qu'il est quasi-mutique, ce qui n'est pas un caprice de sa part, sa difficulté à s'exprimer avec des mots et des phrases est réelle, et assembler une phrase revient pour lui à assembler un puzzle de mauvaise qualité, où l'image est flou, et aucune des pièces ne semble jamais réellement fonctionner avec les autres. Non, le garçon, bien qu'extrêmement empathique, peut-être même trop, n'a cependant pas vraiment la notion des convention sociale. Les règles de la société n'ont pas vraiment de sens pour lui, si bien qu'il n'a pas vraiment conscience d'à quel point il est étrange aux yeux du reste du monde, car il ne suit que son compas moral à lui, au détriment de sa propre sécurité, car sa propre mort n'est pas vraiment quelque chose qu'il envisage concrètement. Cependant, il est loin d'être stupide, si son idée de mettre un terme aux Jeux de la Faim n'est pas un plan aussi élaboré qu'on pourrait l'espérer, il sait qu'il risque sa vie en y allant, mais il est quelque part entre trop borné et trop moral pour faire demi-tour. Ou peut-être que le monde extérieur a raison, et qu'il est simplement bizarre, voire sûrement un peu fou, mais si vous lui demandez, il dira que c'est trop important pour abandonner. Après tout, c'est le garçon qui lit dans le regard des gens comme vous lisez un livre pour enfant, et dont le cœur brûle encore de colère tous les jours depuis qu'on lui pris son frère, même s'il ne s'en rend compte que pour transformer cette colère en soif de justice, bien sûre que la vie a une valeur inégalable pour lui. Cependant, il ne réalise pas la portée politique de son acte et de son désir, et il n'imagine pas les conséquences que cela pourrai avoir s'il réussis effectivement.


Carastérisque
Force
4
Sphynx s'entraîne régulièrement, mais il n'a jamais été très fort physiquement, malgré toute sa bonne volonté...


Vitesse pure
8
Il sait que la vitesse est son point fort, et c'est ce qu'il a cultivé le plus, sans parler du fait que son style de combat est plus basé sur l'esquive que sur la force brute, afin de neutraliser l'adversaire plus que le blesser réellement.


Vitesse de traitement de l’information
5
C'est un garçon intelligent, et penser sans utiliser de mot est plus rapide que de penser verbalement. Cependant, il s'embrouille facilement quand les explications deviennent trop complexes, avec trop de mots qu'il n'a pas le temps de comprendre réellement et que le langage corporelle de son interlocuteur, qui lui serre habituellement de béquille, n'est pas suffisant pour exprimer les informations.

Agilité
6
Le gabarit de Sphynx est parfait pour se faufiler là où bon lui semble, de plus il a toujours été souple, et cela fait des années qu'il utilise cette qualité pour se cacher quand cela est nécessaire.


Ruse
1
L’adolescent est intelligent et débrouillard, mais pas rusé, il est trop honnête pour ça, et l'idée de mentir ou de manipuler quelqu'un pour parvenir à ses fins est à des milliers de kilomètre de son esprit.


Résistance
6
Sphynx a vécu avec des parents incapables de s'occuper de lui, puis dans la rue, puis dans une maison en ruine avec des dizaines d'autre orphelins, si bien qu'il ne craint pas vraiment les éléments de la nature, ou la faim. Cependant, le bien-être des gens dont il a décidé de se rendre responsable est très (trop) important pour lui, et il manque de recul émotionel quand quelque chose leur arrive.

Physique
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Dernière modification par ChapelierFou le lun. 19 sept., 2022 11:14 am, modifié 1 fois.
naji2807

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Re: Hunger Games - Réédition

Message par naji2807 »

Hello, j'aimais déjà Sphynx et toujours pareil j'aime beaucoup ^^ pour moi ça me semble pas mal (même si le nombre de tesserae me paraît hallucinant x) mais bon pourquoi pas ^^) donc je valide!
ChapelierFou

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Re: Hunger Games - Réédition

Message par ChapelierFou »

Merci beaucoup! Pour les tesserae je pense que je réalise pas ben, mais en tout cas je peux en faire moins si tu veux ^^
Merci!
naji2807

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Re: Hunger Games - Réédition

Message par naji2807 »

ChapelierFou a écrit : mar. 13 sept., 2022 11:21 am Merci beaucoup! Pour les tesserae je pense que je réalise pas ben, mais en tout cas je peux en faire moins si tu veux ^^
Merci!
Bah disons qu'en effet ça me paraît beaucoup ^^ je crois me souvenir que Gale devait avoir environs 80 inscriptions de son nom (donc en comptant les tesserae et le fait que son nom ait été inscrit 6 fois comme celui de tout le monde) à ses 18 ans et c'était déjà beaucoup, donc si tu peux faire descendre le chiffre en dessous de 100 c'est sans doute mieux ^^
ChapelierFou

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Re: Hunger Games - Réédition

Message par ChapelierFou »

Naji: Ok, je vois, c'est vrai que c'est beaucoup 500 du coup x) Est-ce que ça te va si je dis qu'il en a pris 100, vu que son but c'est tout de même d'être tiré au sors?
naji2807

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Re: Hunger Games - Réédition

Message par naji2807 »

ChapelierFou a écrit : dim. 18 sept., 2022 6:56 pm Naji: Ok, je vois, c'est vrai que c'est beaucoup 500 du coup x) Est-ce que ça te va si je dis qu'il en a pris 100, vu que son but c'est tout de même d'être tiré au sors?
Oui c'est un peu mieux ^^
ChapelierFou

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Re: Hunger Games - Réédition

Message par ChapelierFou »

Super alors ^^
Springbloom

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Re: Hunger Games - Jari Fahm

Message par Springbloom »

TW : violence physique et morale explicite, violence sexuelle implicite
.




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MES NUITS NE SONT PAS BLANCHES
A PLEINES CLAIRES
SEMEES D'ETOILES
PETITS TROUS DANS LA TOILE ETANCHE
TRISTES STRASS SUR LE VOILE

ET MOI, ENVOÛTEE DE TENEBRES
JE PASSE DES HEURES INFINIES
A COMPTER LES MOUTONS FUNEBRES
QUI TAPISSENT MES INSOMNIES

AH, MINUIT EST LA
AH, JE NE DORS PAS
ET MOINS JE DORS ET PLUS JE PENSE
ET PLUS JE PENSE ET MOINS J'OUBLIE
L'IMMENSE IMPASSE, L'ESPACE IMMENSE
QUI S'ETENDENT AU FOND DE MON LIT
C'EST INOUÏ TOUS CES SILENCES
QU'IL EST COSMIQUE CET ENNUI
DOIS-JE RECOURIR A LA SCIENCE ?
ANESTHESIER L'INSOMNIE ?

AH, MINUIT EST LA
AH, JE NE DORS PAS
ET PUIS PASSE MINUIT, JE DANSE
AU RYTHME DES TACHYCARDIES
ET TOUT S'EMBALLE ET TOUT BALANCE
ET TOUT M'ETALE ET TOUT ME FUIT
LA LUNE EST UN FRUIT UN PEU RANCE
LA VIE EST UNE MALADIE
CEUX QUI RÊVENT ONT BIEN DE LA CHANCE
LES AUTRES ONT DES INSOMNIES

CEUX QUI RÊVENT ONT BIEN DE LA CHANCE
LES AUTRES ONT DES INSOMNIES
CEUX QUI RÊVENT ONT BIEN DE LA CHANCE
QUANT A MOI, J'AI DES INSOMNIES

AH, MINUIT EST LA
AH, JE NE DORS PAS
AH, MINUIT EST LA
AH, JE NE DORS PAS
JE NE DORS PAS
JE NE DORS PAS
JE N'DORS PAS
N'DORS PAS

JE N'DORS PAS


~ Ceux qui rêvent, Pomme ~

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AVANT
Libertés interdites


« Encore un petit effort, on y est presque ! »

Dans le vacarme des turbines, je ne parvenais qu'à peine à entendre ce que me criait mon frère et mes sœurs au-dessus de moi. Je n'avais pas besoin de comprendre pour savoir ce que je devais faire. Continuer de me hisser, plus haut, toujours plus haut, en prenant appui sur chacune des pierres mouillées. Suivre les pas de mes adelphes pour ne pas glisser et risquer une chute. Au-dessus, le ciel. En-dessous, le roc et les saillies rocheuses, tranchantes et fatales. L'un était bien plus tentant que l'autre. Aleun, notre aînée, menait la danse, bien plus à l'aise qu'aucun de nous sur la paroi verticale. Par moment, elle jetait des regards à sa fratrie, pour vérifier que tout allait bien, prenant toujours autant à cœur son rôle de mère - à ceux-ci près qu'elle n'hésitait pas à nous mettre en danger pour que l'on puisse profiter nous aussi de sa découverte.

Maman était morte en mettant Sayil au monde. Depuis, nous profitions de la moindre occasion où notre père était encore au travail pour fuir l'ambiance morose de la maison. Aleun nous guidait toujours dans le district, nous apprenait ce qu'elle savait déjà sur les différentes machines, sur nos voisins, mais c'était la première fois que nous nous éloignions autant de la maison. Habituellement, nous errions entre les différents postes du barrage, jouant à cache-cache entre les turbines jusqu'à en devenir sourd. Certains jours, pour laisser nos tympans retrouver des décibels normaux, nous descendions jusqu'à la route pour saluer les camions qui amenaient denrées et vêtements pour notre quotidien, sous l'œil attentif des Pacificateurs.

Mais, depuis quelques temps, Aleun nous laissait avec son frère jumeau, Fayad, et nous traînions sans trop savoir quoi faire dans les rues. Sa majorité approchait, et, avec elle, le passage à l'âge adulte, la fin des Jeux et un travail officiel d'électricienne, plus uniquement d'apprentie. Nous pensions tous qu'elle cherchait son futur employé. La vérité, c'était qu'elle profitait de l'approche de ces derniers Jeux et de leur organisation par les Pacificateurs pour aller explorer les zones interdites du district. Notamment, la paroi qui permettait d'accéder au sommet du barrage du Capitole.

Après une trentaine de minutes d'ascension, le terrain se faisait plus lisse, plus horizontal. Bientôt, nous pûmes nous lever et simplement suivre le cours du ruisseau qui filait entre les herbes folles et non-entretenues depuis des années. Aleun nous y guidait comme si elle avait mémorisé le trajet depuis son enfance, à si vive allure que Sayil, sur ses courtes jambes, étaient presque obligée de courir après sa sœur aînée. Dans le lointain, par-delà le sous-bois, nous parvenait le son de l'eau qui s'engouffrait dans le barrage, alimentant l'ensemble de Panem dans sa chute.

« Nous y sommes ! »

Le sous-bois s'ouvrait sur une immense étendue d'eau. Je n'en avais jamais autant de toute mon existence. Je doutais que l'on puisse en voir même autant de toute sa vie. Si bleue, si intense, si claire. Mon regard se perdait dans sa splendeur, son étendue dont je ne parvenais pas à discerner les limites. J'aurai pu rester des heures ici, immobile, à écouter le clapotis de l'eau, un son si doux et agréable lorsque son quotidien n'avais jamais rien connu d'autres que le barrage. Tous les habitants du district 5 avaient conscience de l'existence du lac, là-haut, surplombant le district, mais nous y aventurer était strictement interdit, de par la proximité avec la Capitole, de l'autre côté de celui-ci. Même d'ici, on distinguait la blancheur des bâtiments sur l'autre rive, seul indice permettant de deviner que le lac avait une fin.

A en croire les visages de Fayad et Sayil, je n'étais pas le seul subjugué par le spectacle. Tous les trois stoppés dans notre course, figés devant tant de beauté, sous le regard amusé de notre aînée qui se délectait de son petit effet. Avant même que nous ne soyons remis du paysage, elle commençait à retirer ses vêtements, les laissant çà et là sur la berge. Nous n'avions même pas pu lui poser une seule question que déjà elle s'élançait vers l'eau, plongeant entièrement sous la surface. Fayad fut le premier de nous deux à prendre peur et à crier son nom, avant qu'elle ne sorte la tête du lac, recrachant au passage un peu d'écume.

« Quand as-tu appris à nager ? »

Ici. Seule. En autodidacte. Nous n'avions jamais douté un seul instant de l'intelligence d'Aleun, elle était clairement la plus douée, la plus courageuse et la plus forte de nous tous. Mais personne ne savait nager dans les Districts. Personne. Même les habitants du District quatre ne s'aventuraient pas tous dans les profondeurs de la mer. Et pourtant, ma sœur l'avait fait. A force de réflexion, de contrôle sur elle-même et de compréhension sur la meilleure manière de se mouvoir, elle était parvenue à explorer le lac plus loin que dans son pourtour.

Alors Aleun nous enseigna ce qu'elle avait découvert. Nager. Battre des bras, des jambes. Respirer. Fermer les yeux. Avoir confiance en soi, dans son corps, ses mouvements. L'eau était froide, glaciale même. Mais, petit à petit, à force de séances, d'essais, de tasses bues, nous avons appris. Tous les quatre, dès que l'occasion nous le permettait, Pacificateurs occupés ailleurs et père au travail, nous nous retrouvions au pied de la falaise et nous escaladions, n'ayant qu'une chose en tête : pouvoir plonger dans les profondeurs glacées et y croiser nos poissons préférés.


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Le lac était notre échappatoire, notre moyen de ne pas penser à notre quotidien dans le district 5. Pour moi, en tout cas, il représentait tout l'opposé de ma vie d'élève moyen, d'apprenti qui ne réussirait jamais à s'élever et ferait probablement toujours la même tâche toute sa vie, de jeune adolescent qui avait grandi sans sa mère et sans réel point de repère. Mon esprit y était libre, tranquille, comme la surface du lac. Quand je plongeais ma tête sous l'eau froide, mes pensées noires s'en allaient, mes muscles se détendaient aussitôt. Après des longues journées de travail, sans même parfois attendre mes frères et sœurs, j'escaladais la falaise et courrait le long du sentier afin de rejoindre le lac au plus vite. Nous nous rentrions qu'à la tombée de la nuit, provoquant parfois quelques crises de colère de notre père, bien vite calmées par Aleun.

Plus encore que Fayad qui avait le même âge, et peut-être que c’était parce que nous avions perdu notre mère et non pas notre père, Aleun avait pris les rênes de la famille. Elle nous protégeait, travaillait depuis qu’elle avait pu dans les turbines du barrage pour ramener plus d’argent à la maison et nourrir sa fratrie. Papa s’était brisé durant son deuil, avait mis du temps à reprendre le cours des choses et réparer ses veines taillées par ses larmes, Aleun avait tout pris en charge : ménage, cuisine, course, travail, gestion des stocks de nourriture. Fayad avait également abandonné les études pour la soutenir dans sa charge de travail et, par culpabilité, j’avais fait de même lorsque j’avais atteint mes dix ans. L’argent nous manquait souvent, mais Aleun refusait strictement que quiconque d’autre qu’elle ne prenne de tesserae dans notre foyer. Elle voulait être la seule à prendre des risques, pour nous laisser vivre la vie que nous aurions vécu si Maman avait été là. Elle espérait qu’en faisant cela, même si ses deux frères travaillaient eux aussi depuis leur jeune âge, ses adelphes ne craindraient pas les Hunger Games.

Elle n’avait pas tort. De mes douze à treize ans, ma seule préoccupation avait toujours été de parvenir à finir au plus vite mes tâches du jour, éviter les Pacificateurs qui gardaient la zone de la falaise et gagner le lac pour y couler quelques brasses. Avec un puis deux noms inscrits, je ne ressentais aucune crainte pour moi, juste pour elle. Une fois le nom des filles pioché, mon cœur se desserrait aussitôt : le sort était favorable à l’ensemble de la famille Fahm

Aleun ne pouvait cependant pas éternellement nous protéger des menaces de ce monde. L’année de mes quatorze ans, elle venait d’atteindre ses dix-neuf-ans et de quitter les Hunger Games. Sans les teressae pour nous soutenir, la chute soudaine de notre stock de nourriture s’était fait sentir. Aleun continuait de refuser catégoriquement que Sayil doive céder à la pression familiale, arrêter son cursus scolaire comme Fayad et moi-même pour se mettre à travailler comme apprentie technicienne. Elle a doublé sa charge de travail, et Papa a fait de même, quitte à se tuer le dos.

A l’approche des Hunger Games, je ne craignais pour autant pas plus que d’habitude pour ma vie. Même si Aleun n’était plus là pour prendre des tesserae pour toute la famille, mon nom n’était inscrit que trois fois, celui de Sayil, une. Les chances étaient toujours avec nous, nous pourrions tous échapper aux Jeux de la Faim en donnant le meilleur de nous-mêmes au travail le reste de l’année. Même sans être bon mathématicien (comme tous les gamins du 5, on se devait de faire de la physique et de l’électricité) il était clair que la pauvreté ambiante dans le district jouait pour nous.



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PENDANT
Probabilités meurtrières


« Jari, Fayad, allocution du Président ! Ramenez vos fesses ! »

Nous nous étions rassemblés sur le vieux tapis élimé du salon. Aleun, Papa et Fayad avaient le droit au canapé, Sayil et moi continuions à nous assoir par terre, nous servant de leurs jambes comme de dossiers. Les allocutions du Président ne nous intéressaient que relativement peu, il s’agissait le plus souvent de relancer l’intérêt du peuple pour la glorieuse Panem, annoncer les Hunger Games – pourtant annuels et toujours à la même période – mais notre présence devant les écrans était obligatoire, alors nous nous y tenions. Nous écoutions en riant, nous chamaillant.

Pas cette fois-ci. L’annonce des Jeux de l’Expiation avait laissé planer un lourd silence dans notre salon habituellement si bruyant. Pas de hasard cette année. Nous élirions les tributs. Autant dire que les gamins choisiraient eux même qui ils mettraient à mort. Ma sœur, de son jeune âge, avait sans réfléchir inscrit le nom de deux de ses camarades d’école qu’elle n’appréciait pas. Quant à moi…le choix fut une torture. Mon écriture était tremblante, hésitante. Ce jour-là, lors de la Moisson, j’ai réalisé que la chance et les probabilités ne pourraient jamais m’empêcher d'être choisi et d’avoir du sang sur les mains. Peu importe quel nom me venait en tête, même de la personne la plus adorable qui soit, je craignais que d’autres ne l’ait aussi envisagée pour détourner le regard.

Aucun de mes deux tributs ne fut envoyé dans l’Arène. Ce ne fut pour autant pas un soulagement. Si, dans certains districts, la haine pour certains gamins leur avait valu un aller-simple pour la potence, ce n’était pas le cas dans le cinq. La pauvreté nous poussait à travailler dès notre plus jeune âge, tous au presque dans les stations du barrage. Nous nous connaissions tous, collègues, amis, camarades, amants. A trop vouloir éviter la mort de ceux que l’on aimait, les deux tributs qui furent choisis étaient des effacés, des ignorés, solitaires, ni très bons dans les relations sociales ni dans leur travail. Tous les deux furent tués par le futur vainqueur des Jeux, la brute du district 7, massacrés, découpés, broyés. Leur mort me hante encore, chaque jour. Nous avions choisi d’éliminer ceux qui ne nous manqueraient pas. Pas parce que nous ne les aimions pas. Pas parce qu’ils se montraient violents. Parce qu’ils nous semblaient inutiles à notre société.

« Dusk est déclaré vainqueur de la vingt-cinquième éditions des Hunger Games ! »

Chaque soir, durant ses Hunger Games, je revoyais leur visage, déformés par la douleur et les larmes, leur corps se recouvrir de leur sang, leur peau perdre toutes leurs couleurs. J’entendais leurs cris, l’horrible bruit de la hache qui s’abattait sur leurs corps déjà à terre. Je ne cessais de me dire que, si j’avais fait un effort, si tout le monde avait fait l’effort de leur parler, peut-être que je serais devenu leur ami. Peut-être que d’autres gens se seraient joints à nous, auraient pris leur défense et que, finalement, il n’aurait pas été envoyé mourir dans d’atroces souffrances sous les yeux de tout Panem. J’imaginais leur vie, notre amitié, nos rires, nous qui jouions une quelconque musique avec nos outils et les tuyaux métalliques, toutes les après-midis que nous aurions pu passer au lac à nager et plonger pour toucher le fond. Je voulais croire qu’il existait un monde dans lesquelles ces histoires s’étaient réellement produites, ou aucun tribut n’avait été choisi parce qu’il avait désiré rester seul dans son coin.

Parce que, dans le fond, je n’oubliais pas que j’aurais aisément pu être un de ces tributs.


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« Et, maintenant, notre tribut masculin. »

Sur scène, la tribut tout juste choisie se retenait tant bien que mal de fondre en larmes, les yeux déjà bouffis d'avoir dû monter les marches jusqu'à l'estrade qu'on pourrait ici aisément qualifier de potence. Le silence était de marbre sur l'ensemble de la place de notre district 5. Pour la seconde fois de ma vie, je sentais mes muscles se tétaniser, la peur envahir mon corps. Je comprenais désormais la peur que la Moisson pouvait insuffler dans les cœurs des participants, la paralysie qu'elle infligeait à notre corps. Tout ce qui me parvenait, c'était mon sang qui pulsait dans mes tempes, nourrissant un cerveau n'attendant qu'une chose : savoir quel nom effleurerait les lèvres de la présentatrice.

Par peur que l’Expiation ne recommence indéfiniment et que je ne finisse par être choisi, je m'étais préparé du mieux que je pouvais pendant toute l’année qui avait suivie la 25e édition. Je me refusais à terrifier Sayil, à la traumatiser plus qu’elle ne pouvait déjà l’être après sa première Moisson, alors j’avais agi seul, dès que je le pouvais, au lac. La nage m’avait déjà appris l’endurance, alors j’avais décidé de renforcer mes autres capacités, à défaut de pouvoir posséder une quelconque arme dans le District. Quitte à un jour être choisi, je voulais pouvoir me défendre, survivre plus qu'un jour...et surtout éviter de mourir en souffrant autant que nos tributs précédents.

Mais l’Expiation était finie. Les probabilités avaient fait leur retour. Avec le mariage d’Aleun et son départ de la maison, j’avais commencé à prendre moi aussi des tesseraes pour laisser sa chance à Sayil. Pensant que tout ne se jouerait désormais plus qu’au vote, qui laissait tout autant de suspens mais permettait de briser encore plus la population des Districts, je n'avais plus rien à craindre à voir mon nom inscrits plus d'une fois. Je ne fus donc pas surpris lorsque, sur le haut de l’estrade, la Capitolienne déguisée en framboise prononça mon nom. Le karma me faisait payer pour toutes les fois où j’avais franchi les limites interdites du district.


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« Et nous déclarons ouverts les vingt-sixième éditions des Hunger Games ! Que le sort vous soit favorable ! »

A en juger par la température et l’état de délabrement des bâtiments qui se trouvaient dans l’Arène, on aurait presque cru voir les ruines du district 13. Les bâtiments et cachettes étaient nombreuses, les ressources, moins. Très vite, les Carrières se sont rassemblées autour de la Corne d’Abondance et de l’étang qui la longeait, afin d’empêcher tous les tributs qui se seraient perchés dans les immeubles abandonnés d’accéder à l’eau. Mes longues heures passées à escalader la falaise furent rapidement mises à contribution. Ceux qui ne savaient pas grimper furent tués les deux premiers jours, déambulant à la vue de tous les regards.

A partir du troisième jour, les choses se tassèrent. Peut-être que beaucoup était comme moi, préférant ne s'en prendre aux autres que si leur vie en dépendait. De nos perchoirs, on distinguait presque la frustration des Carrières qui, incapable de monter, attendaient patiemment que la soif poussent les autres Tributs à sortir de leur cachette. En l'absence d'action, les spectateurs devaient probablement se lasser, alors le Haut-Juge dut prendre une décision. Nombreux furent les Tributs tués par les Juges, qui cherchaient à faire descendre les participants de leurs hauteurs. Dans leur volonté de bouger un peu les choses, ils lancèrent une explosion d’une vieille batterie dans le bâtiment d’en face, et une invasion de rats dans un autre. Dans notre immeuble, nous eûmes droit à une inondation en provenance du dernier étage, ce qui me poussa à me retrancher dans une pièce accessible uniquement par l'extérieur et épargnée par les flots d'eau. D'après les cris, je découvris que deux autres tributs avaient trouvé la même cachette que moi, et qu'eux n'avaient pas eu le temps de s'enfuir.

Mes connaissances en chimie n’étaient pas les meilleures, mais je savais que je pouvais profiter de la présence de batteries, a priori donc encore fonctionnelles, pour jouer un mauvais tour aux Carrières. L’inondation, si elle avait emporté les deux tributs du 7, avait permis la création d’une nouvelle source d’eau dans l’Arène, moins propre que l'étang mais toujours potable, et les Carrières ne l’avaient pas encore conquise. Les Tributs survivants ne connaissaient que celle de l’étang de la Corne d’Abondance, il ne restait plus qu’à croiser les doigts pour qu’ils ne souffrent pas trop longtemps…

Plus d’une fois je dus fuir et masquer la source d’eau des Juges. Le tribut du 3, sans doute plus observateur que les autres, avait tenté d'escalader l'immeuble le septième jour. Ses bras frêles, peu habitués à tant d'effort, l'avaient abandonnés au quatrième étage. J'aurai pu m'en faire un allié, mais, contrairement à moi, il avait des vivres, et je n'avais rien mangé depuis près d'une semaine. La faim me tenaillait le ventre bien plus que je ne voulais l'admettre, et la peur que les Carrières ne me découvrent dans un état de fatigue pareil commençait à s'emparer de moi. C'était presque sans l'once d'un remord que j'avais jeté le corps épuisé du tribut du 3 par la fenêtre, ignorant le fracas de sa tête contre le sol, la mare de sang qu'elle avait créée ou sa cervelle qui s'en répandait. Rien ne valait plus que la sensation d'avoir enfin de quoi manger dans mon estomac, la douceur de la viande séchée et du jus de poire sur mes lèvres.

Le ventre rassasié, du haut de mon abri, j'observais les Carrières s’empoisonner petit à petit en buvant l’eau de leur étang, entre chacune de leurs tentatives d'escalades pour trouver les Tributs survivants. L'eau de l'étang avait viré au grisâtre à mesure que les produits chimiques s'y répandaient, mais nul ne semblait s'en apercevoir. Les Tributs du 4 furent les premiers à tomber, bientôt suivis des trois autres. Le tribut du 1, qui avait décidé de se la jouer en solitaire pour une fois, fut tué par la seule personne survivante à l'empoisonnement : la tribut de 11.

Nous n'étions alors plus que deux et, dans une volonté de laisser un souvenir mémorable de la finale, les Juges décidèrent de déclencher un séisme dans l'ensemble de l'Arène. Les immeubles délabrés ne pourraient pas y résister bien longtemps, nos cachettes et abris détruits, le combat se disputerait au cœur de l'Arène, à la Corne d'Abondance. Je ne savais pas ce qu'il en était pour la tribut restante, mais je ne possédais pas d'arme, simplement la chance d'avoir de l'eau et le ventre rempli. L'idée m'horrifiait, mais je pouvais toujours m'emparer d'une des nombreux débris qui résulteraient du séisme et de m'en servir comme d'objet contondant...

La tribut du 11 avait récupéré tout l'arsenal des Carrières morts. Armée jusqu'aux dents, prête à en découdre maintenant qu'il ne lui restait plus qu'une vie à prendre. Il semblait évident qu'elle ne maîtrisait pas parfaitement couteau et arbalète, mais il n'y avait aucun doute qu'elle n'hésiterait pas à me tuer si cela pouvait la ramener chez elle en vie. De mon côté, je n'avais rien sous la main, mise à part des pierres beaucoup trop pointues pour ce que je m'apprêtais à faire. Pousser le tribut du 3 dans le vide était une chose, je me consolais en me disant que sa mort avait été rapide. Frapper à mort son adversaire avec une pierre, ce n'était pas simplement un acte de défense ou de survie, cela requérait une violence dont je ne me sentais pas capable.

Ce jour-là, le sort me fut favorable. Du moins, il ne le fut pas pour la tribut qui me faisait face. Je n'étais pas très rapide, mais j'étais agile. Fuir en terrain plat aurait été impossible, mais pas sur un terrain aussi escarpé que l'était devenue l'Arène après l'effondrement des immeubles qui la composaient. La tribut du 11 ne parvint qu'à effleurer ma taille, un coup bien assez douloureux mais qui ne m'empêcha pas de fuir le combat pour préparer ma revanche. Je savais déjà de quoi j'avais besoin, et tant pis si je commençais à saigner abondamment du torse, incapable de soigner ma plaie. Une fois mon arme finie, je n'aurais plus de raison de fuir.

« Jari Fahm est déclaré vainqueur de la vingt-sixième éditions des Hunger Games ! »

Il m'avait fallu seulement trois heures pour préparer mon engin de la mort. La pauvre tribut, croyant m'avoir enfin dénichée, était tombée droit dans mon piège d'électricité. Dans le 5, on apprenait dès notre plus jeune âge à reconnaître les signes d'un champ électrique à proximité. Les vibrations, le bruit distinctif, les changements de température ou de tension dans l'air. Les gamins du 11 ont probablement d'autres qualités, mais pas celle-ci. Elle était entrée dans la pièce électrifiée vivante, le sourire aux lèvres, et elle continuait de l'afficher une minute plus tard lorsque je coupais la batterie. Son corps fumait encore lorsqu'il fut emporté par les Hovercrafts, grillé de l'intérieur.

Lorsque je fus ramené à la capitale, auréolé de gloire et d’applaudissements, la culpabilité me brisait moins le cœur que lors de l’Expiation. Six victimes par empoisonnement, une par chute et une par électrocution. Un assez gros palmarès, en soit, d'après les présentateurs, surtout pour un 5. J’ignore ce qu’il en était pour la seule tribut non-Carrière qui était morte en buvant l’eau empoisonné de l’étang, mais aucun des six autres n’était innocent, contrairement à toutes les victimes des 25e éditions. Tôt ou tard, il s'en serait pris à moi comme la dernière Tribut. La victoire était amère, mais j’étais vivant, j’allais retrouver ma famille et j’étais encore pratiquement sain d’esprit.

Pour le moment.


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APRES
Glorieux châtiment


« Et vous, Jari, dites nous, comment se passe votre vie de vainqueur ? L'Arène ne vous manque pas ? »

L'Arène ne pourrait jamais me manquer, c'était une certitude. Ma vie d'avant vainqueur ne me manquait d'ailleurs pas plus. Comment aurait-elle pu me manquer ? Nous ne vivions alors de rien, dans une maison grise comme toutes les maisons autres maisons grises du district 5, grisâtre du ciel jusqu'à la terre. Nous travaillons tous dès notre plus jeune âge, et ce afin de garantir un avenir à au moins un membre de notre fratrie, Sayil. Désormais, elle était complètement à l'abri du besoin, plus question de se demander s'il fallait arrêter ses études, la faire rejoindre les techniciens et lui faire prendre des tesseraes. Elle était libre, et ne serait très probablement jamais tirée au sort pour les Hunger Games. Grâce à l'immensité de ma maison de vainqueur, je pouvais loger toute ma famille, Aleun n'aurait pas à se construire un nouveau foyer dans un minuscule cagibi. Oui, pour en arriver là, j'avais dû me salir les mains, mais n'est-ce pas notre cas à tous ? Tous les habitants de Panem avaient du sang sur les mains, les Capitoliens en pariant et s'amusant de la mort d'enfants, les Districts en laissant faire. Je n'étais pas plus coupable qu'un autre.

Et puis, il y avait les fêtes capitoliennes. Une fois qu'on y avait goûté, impossible de les oublier. J'avais été convié à mes premières festivités peu de temps après ma victoire, mes quinze bougies juste soufflées, et je n'avais jamais rien vu d'aussi exceptionnel et effervescent de toute ma vie. Jamais je n'avais autant mangé, autant ri, autant dansé et chanté que cette nuit là. C'était la première fois que je me sentais bien en-dehors du lac, libre d'être moi-même, l'esprit vide, détendu. L'alcool jouait peut-être un peu sur ma perception des choses, il est vrai...Je n'y étais pas un inconnu. J'y étais Jari, l'alpiniste, la bobine Tesla, le vainqueur des 26e Hunger Games. Jamais je ne m'étais senti aussi aimé, admiré et entouré que lorsque je rejoignais le bain de foule nocturne. L'amour de sa famille vaut tout l'or du monde mais ça...c'était différent.

J'en étais devenu addict. Travailler n'était plus utile maintenant, pour aucun de nous cinq, alors nous passions nos journées à la maison et je finissais par fortement m'y ennuyer. Parfois, Aleun nous proposait de retourner au lac, mais il n'avait pas la même saveur alcoolisée que le Capitole, de l'autre côté de la rive. Je ne me baignais plus, je ne faisais que regarder cette belle cité miroiter à la surface de l'eau, rêvant de pouvoir y retourner un jour. Plus les mois passaient, plus j'attendais avec impatience la prochaine fête, les prochains éclats de voix. L'amour que j'y recevais me montait à la tête.

Je n'étais qu'un gamin lancé sous les feux des projecteurs. Le Capitole m'aimait aussi bien pour les histoires que j'inventais sur ma vie dans le District 5 que pour mes revisites de l'édition que j'avais vécue, qu'elles me mettent ou non en valeur. On voulait tout connaître sur ma famille, ma vie, mes amis, mes conquêtes, s'en était grisant. J'inventais des histoires, et je n'aurai jamais cru que mon imagination puisse être si fertile d'idées. Quelques uns aimait tellement ces petites nouvelles qu'ils me demandaient de les avoir en exclusivité, dans leurs petits salons. Alors qu'ils m'écoutaient inventer mes mensonges, les yeux brillants, Sayil devenait vainqueure des trentièmes Hunger Games, Aleun partait sur les étoiles et Fayad découvrait une mystérieuse créature cachée au fond des abysses du lac, difforme et monstrueuse.

Trois ans sous les feux des projecteurs s'étaient écoulés. Petit à petit, les fêtes étaient devenues les lieux des rires, les petits salons ceux où je préférais me tenir. J'y retrouvais des habitués, des Capitoliens que je pouvais presque considérer comme des amis, ceux que je n'avais jamais eu dans mon propre district. Je pensais en savoir autant sur eux qu'eux en savaient sur moi, la vérité pointant parfois le bout de son nez entre deux conversations imaginaires. J'avais tort. Je les voyais comme des amis. Eux me voyaient comme une proie.


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Le lac brillait différemment ce matin là. Sur les rives du Capitole, il semblait plus sombre, plus silencieux, comme s'il dissimulait une menace. Ses eaux ne m'avait jamais paru aussi ténébreuses, aussi mystérieuses. Je ne le reconnaissais pas. Je ne m'y reconnaissais pas. Quand je me penchais sur sa surface pourtant si calme, les remous se formaient, mon visage devenait flou, disparaissait et avec lui le reste de mon corps. Ils ne m'appartenaient plus. On m'en avait dépouillé, privé à jamais. Sur ma peau glacée, les tissus de mes vêtements me semblent inexistants, immatériels. Tout comme le reste de ma chair, souillée. Vendu au Capitole comme un vulgaire objet, une autre lampe pour orner leur salon jusqu'à ce qu'ils trouvent mieux ailleurs.

Mes entrailles ne cessaient de se nouer dans mon estomac. Je ne maîtrisais plus rien, plus rien de ce corps que je ne reconnaissais plus et qui ne m'appartenait de toute façon plus. Son contenu finit par être rejeté sur la berge, amas verdâtre des restes d'un repas qui me dégoutait désormais encore plus. Je m'étais bêtement laissé envouté par les lumières et les mélodies, bercés par les rêves d'amour qu'on me témoignait. J'étais sot, j'étais naïf, crédule, un simple d'esprit du 5 facile à berner. Un meurtrier qui avait cru que la vie pouvait le récompenser d'avoir mis fin à celles d'autres gamins. Elle avait mis son temps, mais elle venait enfin d'annoncer sa nouvelle : j'aurai dû mourir dans l'Arène. Ecrasé sous les immeubles dans le séisme du dernier grand acte. Tué par la tribut du 11. Ou celui de 3. Ou noyé dans l'étang que j'avais moi-même empoisonné.

A me tenir si près du lac, ses eaux mystérieuses finissaient par irrésistiblement m'attirer. Que pouvait dissimuler les ombres qui louvoyaient entre les rochers ? Quels secrets enfouis pourrais-je y trouver si j'osais y plonger plus qu'un simple regard ? Ce liquide qui m'apaisait si souvent autrefois serait-il en mesure d'en faire autant aujourd'hui ? L'eau était trouble, si trouble qu'elle m'en paraissait presque inconnue, mais la tentation était grande.

L'eau était froide. Sous le tissu fin, elle s'infiltrait, glaciale, et venait mordiller ma peau. Chacune de ses morsures me rappelait à la terre. A mon existence matérielle. Aux sensations que mon corps était encore en mesure de ressentir. La caresse de l'eau n'était en rien comparable aux caresses nocturnes. Peu importait sa température, les réactions qu'elle provoquait dans l'ensemble de mes membres n'étaient pas violentes, elles étaient douces, chaleureuses. Elle m'accueillait comme une amie, fidèle depuis ma plus tendre enfance. Pourquoi l'avais-je quitté pour les illusions du Capitole ? Elle seule savait m'aimer, me témoigner de l'attachement, loyale aujourd'hui comme demain. En partant je l'avais trahie, délaissée. Je me devais de réparer mon erreur, de rester à tout jamais avec elle, dans sa fraîche étreinte, si paisible...


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« Jari, réveille toi ! Jari, reviens à toi je t'en supplie ! »

Aleun se tenait au-dessus de moi, continuant de m'écraser la cage thoracique par à coup. Ce n'était bizarrement pas la douleur qui irradiait dans ma poitrine qui m'avait éveillée, mais celle dans ma joue. Ma sœur n'avait jamais levé la main sur aucun de nous, mon esprit s'était probablement éveillé pour lui demander ce qui lui avait pris, et peut-être aussi un peu pour vider mes poumons remplis d'eau. A peine avais-je eu le temps de me dégager les bronches que je me retrouvais de nouveau privé d'air, la tête lovée au cœur de l'étreinte de mon aînée. Bien que sa chaleur réchauffait aussi bien ma peau que mon cœur, je fus contraint de la repousser pour laisser entrer un peu de dioxygène. Sur ses joues perlaient des larmes qu'elle avait chassées d'un revers de main.

« Plus jamais tu ne refais une chose pareille, Jari. Plus jamais. Promets-le moi. Promets-moi que jamais tu ne reviendras seul au lac. »

Sa voix tremblait encore, fragile, épuisée d'avoir dû aller chercher mon corps inconscient au cœur du lac. Son regard m'implorait de prononcer les mots qu'elle attendait tant. Derrière elle se tenait son mari et ma nièce de trois ans, venus pour la première fois découvrir le fameux lac dont parlait si souvent leur mère. Que pouvais-je faire d'autre ? Je n'allais pas replonger sous les yeux d'Alta et laisser à Aleun la tâche de s'occuper de lui expliquer ce qu'avait fait son oncle. La charge qui pesait sur les épaules de ma sœur était déjà bien trop lourde depuis son plus jeune âge, elle n'avait pas à gérer mon cas en sus. J'avais promis. Prétexté un accident, un courant qui m'aurait emporté au loin. Tout pour qu'elle ne croit pas à la vérité.

Plus encore qu'avant, je me suis retranché dans notre maison de victorieux, n'en sortant que lorsque je savais qu'Aleun montait au lac. Par peur de céder à la tentation, je ne retournais pas dans l'eau, restais assis sur la berge, les pieds dans l'eau. Sortir pour d'autres raisons, c'était s'exposer au danger. Il était hors de question que je travaille, que je fasse mes courses moi-même, même que je ne me promène dans le quartier des Victorieux. Tout ceux qui n'étaient pas ma famille était une menace, la crainte de la sensation de leur peau contre la mienne était plus forte que tout. Dans ma maison, avec Sayil, Fayad, mon père, Aleun et sa famille, j'étais à l'abri. Savoir les murs solides autour de moi, suffisants pour me protéger de l'extérieur, calmait mes inquiétudes, à défaut d'apaiser mes tourments.

Parce que, tôt ou tard, la Moisson revenait. Et, avec elle, retrouver la lumière extérieure, me tenir droit, sourire, prétendre aux caméras. Plus que tout, embarquer avec les Tributs pour le Capitole, les voir m'assaillir de questions, me demander conseil autant qu'ils pouvaient tout en sachant ce qu'il adviendrait d'eux s'ils survivaient. Les Sponsors ne payaient pas seulement pour gagner leurs paris. Leur argent était bien plus sagement investis que ça. Celui qui remportait son pari ne repartait pas seulement avec une somme conséquente, il recevait en prime les vainqueurs. Retourner au Capitole, c'était être confronté aux sponsors, à leurs fêtes, leurs grands salons et leurs portes closes... La mort valait mieux que cette vie. Les souffrances de l'Arène étaient plus douces. Alors mes conseils sont toujours mal placés, tout pour les détourner les Tributs du 5 de la victoire...pour le moment, tous ont échappé aux mains des Sponsors.


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Jari n'a jamais été un gamin très enjoué. Être orphelin de mère dans sa petite enfance, voir son père se rembrunir et sa soeur aînée prendre les rênes sans jamais se plaindre de la quantité colossale de travail, ça ne pousse pas à être un enfant énergique et amène à amener une touche d'humour au quotidien. C'était Sayil, par son naturel enfantin, qui elle ne savait pas ce qu'était que d'avoir une mère, qui se chargeait d'être le rayon de soleil chez les Fahm. Le climat familial a poussé Jari a marché dans les pas de Fayad, qui lui-même copiait sa jumelle. Aucun des deux ne voulaient s'infliger le poids de la gestion du foyer, mais aucun de deux ne voulaient laisser à Aleun la lourde tâche de tout faire. A leur manière, ils ont fait leur possible pour la décharger de son poids, détail par petit détail.

Dans la vie de Jari, il a ainsi toujours été question de la famille. Elle a toujours primé avant le reste, tant et si bien qu'on ne lui connait pas vraiment d'amis ou de collègues cher à son coeur. Il n'avait pas le temps ni l'énergie pour s'investir dans les relations sociales, à l'école comme au barrage, et son travail n'était là que pour amener un revenu supplémentaire. La solitude ne l'a jamais réellement gêné, il se plaît à simplement vivre avec sa famille et les savoir heureux.

C'est en partie pour cette raison qu'il n'a jamais essayé de remettre fin à ses jours, qu'il tient la promesse qu'il a faite à Aleun. Il refuse de faire souffrir sa famille comme lui souffre des Capitoliens. Même s'il parait évident que son comportement a drastiquement changé entre les fêtes d'après sa victoire et l'accident du lac, il fait de son mieux pour prétendre et devient même de plus en plus doué avec les mensonges. Il continue de se dire que c'est pour leur bien à tous, pour la santé d'Aleun dont la fille doit encore subir les Moissons pendant quatre ans, qu'il se tait. Il se tient droit, gère sa maison au quotidien, son père vieillissant. Parfois, il parvient à rire aux plaisanteries de Sayil, qui s'est trouvé un amant et ne cesse de raconter leurs mésaventures.

Au fond de lui, Jari est en morceaux. Il n'a jamais réellement cherché à atteindre un quelconque objectif dans sa vie que de faire en sorte que sa famille soit unie et heureuse. Sans ambition pour rien d'autre, jamais rien ne l'a motivé à se relever et à protester d'une manière ou d'une autre contre ce qu'il a subi. Comme l'eau, il glisse et se laisser porter par les éléments autour de lui, imperturbable. Il ne veut plus faire l'effort de croire que lui peut aller mieux, qu'il peut faire quelque chose de son existence : celle-ci s'est arrêtée le jour où le Capitole a décidé de le vendre aux plus offrants. Depuis, il se perçoit comme un objet, et un objet n'a pas le droit de vie. Afin que les Tributs n'aient jamais à subir cette transformation, il s'investit le moins possible dans leur destin : il préfère savoir que son inaction est responsable de leur mort.


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26e édition | 40e édition
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Force : 4 | 1


Les Tributs du 5 ne sont pas réputés pour leur force, plutôt pour leurs connaissances et leur habileté. Jari n'échappe pas à la règle : ses bras ne sont pas très puissants, pas plus que le reste de son corps. S'il est en mesure de soulever son poids, c'est uniquement parce qu'il n'est pas bien lourd. Ses quelques entraînements d'avant les Jeux ont permis de renforcer un peu le haut de son corps, mais il a perdu depuis.


Vitesse pure : 3 | 1


Jari n'a jamais réellement eu à fuir quoi que ce soit dans son district. La course n'était nullement un pré-requis pour devenir technicien du barrage. Le peu de vitesse qu'il possédait a été acquis grâce à ses séances de natation au lac, perdue elle aussi à force de rester enfermé dans le même lieu, le plus souvent inactif.


Vitesse de traitement de l'information : 6 | 6


La capacité d'analyse de Jari a toujours été un de ses points forts. Comprendre comment fonctionne objet, comme tirer le meilleur parti d'une situation...Il peine néanmoins à pouvoir analyser les gens, n'ayant pas été confronté à beaucoup d'autres intérêts que ceux de sa famille, bienveillants envers sa personne. Il a ainsi dû mal à faire notamment preuve d'empathie (aussi parce qu'il se bloque lui-même aux afflux d'émotions qui pourrait briser ce qui lui reste d'intimité).


Agilité : 7 | 7


Fin et toute en longueur, Jari n'aurait jamais cru qu'il prendrait autant de plaisir à escalader la falaise menant au lac que de nager dans celui-ci. Et pourtant, grimper est également devenu une activité sportive de son quotidien, bien qu'elle soit aujourd'hui limitée par les disponibilités d'Aleun. De toute façon, la souplesse ne se perd pas.


Ruse : 5 | 6


Quelle personne plus facile à tromper que soi-même ? Jari y est complètement parvenu au fil des années, passer maître dans l'art de s'auto-persuader qu'il allait bien et qu'il pouvait se lever sans rien craindre. Le soir, les pensées noires reviennent toujours le hanter et troubler son sommeil, mais une fois sorti du cadre de sa chambre, il revêt son masque et enterre au plus profond de lui tout ce qu'il craint qui pourrait lui porter préjudice physiquement et moralement. Il est en revanche bien plus complexe pour lui de manipuler autrui, surtout que cet acte lui rappelle comment on l'a lui-même trompé.


Résistance : 5 | 3


Jari se croyait d'une nature plutôt résistante, il se trompait. L'Arène lui a appris à maîtriser faim et soif, et le peu de contrôle qu'il avait sur la première a entraîné la mort d'un autre. Si sa résistance au froid est indiscutable - plus que l'hypothermie, c'est la noyade qui a manqué de le tuer - ce n'est en revanche pas le cas de sa résistance aux émotions. Le seul moyen qu'il a trouvé pour résister aux siennes aussi bien qu'à celle des autres est de se plonger dans un profond mutisme et de se renfermer sur lui-même tant qu'il ne se trouve pas dans sa chambre, le seul lieu où il se sent en sécurité.


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Depuis l'accident, Jari a perdu beaucoup de poids. Il se nourrit tant qu'il peut, mais le stress et l'anxiété ont raison de son système immunitaire. Ses nuits sont courtes, il n'est pas rare de le voir déambuler dans sa maison de beau matin, pris d'une crise d'insomnie : souvent, deux poches cernent ses yeux.

Cela n'empêche a priori pourtant pas certains de toujours le trouver attirant du haut de son mètre quatre-vingt, à son grand regret. Il fait de son mieux pour dissimuler ses traits et se fondre dans la masse, revêtant essentiellement des vêtements aux teintes sombres.


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Springbloom

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Re: Hunger Games - Feyn Rubohr

Message par Springbloom »

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NO MATTER HOW MANY TIMES
THAT YOU TOLD ME YOU WANTED TO LEAVE
NO MATTER HOW MANY BREATHS
THAT YOU TOOK, YOU STILL COULDN'T BREATHE
NO MATTER HOW MANY NIGHTS
THAT YOU'D LIE WIDE AWAKE TO THE SOUND OF THE POISON RAIN
WHERE DID YOU GO ?
WHERE DID YOU GO ?
WHERE DID YOU GO ?

AS DAYS GO BY, THE NIGHT'S ON FIRE

TELL ME WOULD YOU KILL TO SAVE A LIFE ?
TELL ME WOULD YOU KILL TO PROVE YOU'RE RIGHT ?
CRASH, CRASH
BURN, LET IT ALL BURN
THIS HURRICANE'S CHASING US ALL UNDERGROUND

NO MATTER HOW MANY DEATHS
THAT I DIE I WILL NEVER FORGET

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THERE IS A FIRE INSIDE OF THIS HEART
AND A RIOT ABOUT TO EXPLODE INTO FLAMES
WHERE IS YOUR GOD ?
WHERE IS YOUR GOD ?
WHERE IS YOUR GOD ?

DO YOU REALLY WANT...
DO YOU REALLY WANT ME ?
DO YOU REALLY WANT ME DEAD,
OR ALIVE TO TORTURE FOR ALL MY SINS ?

DO YOU REALLY WANT...
DO YOU REALLY WANT ME ?
DO YOU REALLY WANT ME DEAD,
OR ALIVE TO LIVE A LIE ?

TELL ME WOULD YOU KILL TO SAVE A LIFE ?
TELL ME WOULD YOU KILL TO PROVE YOU'RE RIGHT ?
CRASH, CRASH
BURN, LET IT ALL BURN
THIS HURRICANE'S CHASING US ALL UNDERGROUND

THE PROMISES WE MADE WERE NOT ENOUGH
(NEVER PLAY THE GAME AGAIN)
THE PRAYERS THAT WE HAD PRAYED WERE LIKE A DRUG
(NEVER GONNA HIT THE AIR)
THE SECRETS THAT WE SOLD WERE NEVER KNOWN
(NEVER SING THE SONG THE SAME)
THE LOVE WE HAD,
THE LOVE WE HAD,
WE HAD TO LET IT GO.
(NEVER GIVING IN AGAIN, NEVER GIVING IN AGAIN)

THIS HURRICANE
THIS HURRICANE
THIS HURRICANE


~ Hurricane, Thirty Seconds to Mars ~



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Les questionnements avaient commencé lorsque, un beau jour d'école, nous avions tous dû passer sur l'estrade pour présenter les métiers et travaux de nos parents. Par ordre alphabétique, chacun s'était levé de son siège, hissé sur le devant de la scène, racontant ce qu'il avait plus ou moins appris et récité par coeur. Pour beaucoup, les parents étaient des chercheurs, des informaticiens. Avec leurs propres mots, les petits enfants de huit ans tentaient tant bien que mal d'expliquer ce qu'était un composant, un programme, une expérience, alors qu'eux-mêmes ne devaient pas bien comprendre ce que faisait Papa et Maman. En tant que Rubohr, parmi les derniers de la liste, j'attendais, patiemment, que mon tour arrive, écoutant attentivement chaque exposé : peut-être y trouverais-je l'inspiration pour mon futur métier, qui sait ?

Mon tour était venu. Dans mes mains, je tenais fermement mon petit papier sur lequel j'avais rédigé les mots trop difficiles à retenir car trop alambiqués. Maman travaillait dans un des nombreux laboratoires du district 3. Comme beaucoup, elle œuvrait à la grandeur de Panem et à l'amélioration du quotidien de ses habitants. Dans sa blouse blanche, ses lunettes de protection sur le nez, elle cherchait actuellement un meilleur moyen de transporter les denrées alimentaires d'un district à l'autre sans affecter leurs qualités gustatives comme nutritionnelles. Elle disait que, la recherche, c'était un travail de chaque instant, d'esprit ouvert. Dès que l'on voyait la moindre difficulté, le moindre problème, c'était notre devoir d'y trouver une solution, même si ça nous paraissait insoluble. Elle croyait dur comme fer que chaque problème avait sa solution, et que si personne n'y croyait à part elle, tant pis, elle chercherait seule.

« Très intéressant Feyn. Et pour ton autre parent ? »

Dans le 3, les adultes sont tout le temps trop occupés dans leurs recherches pour s'occuper des enfants à la sortie de l'école, alors les gamins errent dans les rues, apprennent très tôt à rentrer tout seul chez eux, ou lisent des livres tant que l'argent leur permet. La présentation des métiers de nos parents n'était donc pas seulement l'occasion d'apprendre différents avenirs possibles, c'était l'occasion d'enfin découvrir qui avait élevé ses camarades de classe, inconnus responsables d'aussi bien le pire que le meilleur chez eux.

Tout ceux qui étaient passés avant moi avaient présenté deux travails différents. Deux exposés, plus ou moins clairs, mais deux. Dans les yeux de l'enseignante, je voyais qu'il n'y avait aucun problème avec mon premier exposé, elle attendait patiemment le second. Le problème, c'est que je n'en avais qu'un seul. Il n'y avait toujours eu que moi et ma mère. Personne d'autre à la maison. Pas de géniteur, pas de père, pas de seconde mère. Juste une fille et celle qui l'avait portée, et ça ne m'avait jamais gênée. Je ne savais pas comment vivait les autres enfants, ma mère me suffisait et s'occupait pleinement de moi sans que je n'ai à ressentir le besoin d'une quelconque autre personne. Cela avait toujours été le cas, et je pensais que ça continuerait pour toujours. Jusqu'à ces mots :

« Il n'y a pas d'autre parent. »

Les rumeurs avaient commencé à circuler dans la classe. On supposait qu'il était mort et que j'étais orpheline. On lui prêtait un passé de violence, un Pacificateur l'aurait tué. Ou ma mère. Parfois, c'était juste un lâche qui avait essayé de fuir Panem, ou un idiot trop bête pour servir à quoi que ce soit dans le district 3. Avant ce jour, personne ne s'était jamais interrogé sur les parents de personne. A vrai dire, personne ne s'intéressait non plus à moi, et je préférais, j'aimais bien la tranquillité de mon quotidien, seule avec mes livres. Ignorer les murmures sur mon passage était désormais impossible, toutes les théories sur un géniteur que je ne connaissais pas, qui le dénigraient aussi bien lui que ma mère et moi. Moi qui ne lui avait jusqu'alors jamais prêté attention, je voulais désormais plus que tout savoir qui il était, démentir toutes ces cruelles hypothèses sur la famille Rubohr.

Sans d'autre moyen pour le contacter, je me suis tournée vers ma mère. Quelques choses à savoir sur elle : elle aime éviter les conflits, les questions trop indiscrètes et parler de son passé avant moi. En somme, tenter de la faire parler de mon père semblait excellement bien parti. Les interrogations restaient sans réponse à la maison, par volonté de me « protéger », les théories fumeuses continuaient de se multiplier en cours, bientôt suivies d'une chute rapide de mes notes. Je n'avais plus envie de m'investir à répondre des questions purement théoriques quand celle de mes origines me taraudait heure après heure, minute après minute, seconde après seconde. En parallèle, la relation si fusionnelle que j'avais ma mère se dégradait d'elle-même, fragilisée par son mutisme permanent.

A mes douze ans, soit parce qu'elle s'était enfin aperçue de mon mal-être, soit parce que l'école était bientôt finie pour moi, ou parce que ma première Moisson approchait et que me protéger n'était désormais plus utile, elle s'était décidée à enfin m'avouer la vérité trop longtemps gardée secrète. Je n'espérais alors plus rien d'elle, je m'étais fatiguée trop longtemps à l'interroger, à jouer de sous-entendus. J'avais accepté l'idée que je ne pourrais jamais être autre chose qu'une source d'interrogations malveillantes dès que je passais le seuil de l'école. Cela me laissait le temps de m'inventer moi-même une vie entre deux pages de livres.

Le gâteau déposé sur la table, les bougies soufflées et les assiettes vidées, elle prit une grande inspiration et me raconta tout. elle avait rencontré Papa un soir d'été, il y a bientôt treize ans de cela. Ma mère, bien que ne supportant que relativement peu le conflit, avait toujours fait preuve d'une franchise exemplaire. Cette fois-ci n'avait fait pas exception. D'emblée, après un rapide échange dû au hasard de sa visite dans le laboratoire, elle lui avait fait savoir qu'il lui plaisait. Face à tant de tact, mon géniteur se sentit obligé de lui avouer qu'il éprouvait la même attirance. Le pragmatisme et le cartésianisme de ma mère s'était chargée de mettre immédiatement les choses au clair : il ne s'agissait pas de l'amour éternelle, de l'idylle infinie à laquelle rêvait encore les plus sottes. Leur relation finirait tôt ou tard, alors autant en profiter tant qu'ils n'avaient que le présent duquel se préoccuper. Je n'avais pas été désirée, ni par mon père, ni par ma mère, mais aucun des deux n'avait refusé mon arrivée. Il tint compagnie à ma mère durant toute la durée de sa grossesse, présent y compris à ma naissance. Ce géniteur dont on disait tant de mal, tant de méchancetés, s'était réjoui de découvrir le visage bouffi de sa fille tout juste sortie du ventre maternel, l'avait portée dans ses bras pour se présenter à elle.

« Il a dû partir trois semaines après ta naissance. Ordre du Capitole, impossible de refuser. On a envoyé son régiment dans un autre District, j'ignore lequel, et il en a probablement été de nouveau muté, de toute façon. »

« Régiment ? Alors mon père est... ? »

« Un Pacificateur, oui. »


Cette théorie, si elle avait été pensée, n'avait jamais franchi aucune lèvre autour de moi. Mais elle expliquait tant de choses. Pourquoi il n'y avait jamais eu personne d'autre que ma mère. Pourquoi elle s'était refusée de me dévoiler la vérité, pour me protéger des habitants qui ne supportent pas notre gouvernement. Et surtout, elle expliquait pourquoi mon père n'avait jamais pu revenir voir la fille qu'il avait eue dans le district 3. Pourquoi il n'était jamais revenu me voir, alors que, dans les mots de ma mère, son amour pour moi était bel et bien présent.

Je n'avais jamais prêté attention à son existence avant mes huit ans. Avant de souffler les bougies de ce douzième anniversaire, rien ne m'intéressait le concernant que de démonter les propos atroces que pouvaient parfois porter mon entourage sur mes origines. Entendre le récit de ma mère, la simplicité de leur union, mais l'émanation claire et puissante de leur passion, avait fait dans mon esprit non pas d'un point d'interrogation un géniteur, mais un père, humain, une figure dotée de sentiments, y compris à mon égard.

Dès lors, j'avais mon nouvel objectif : lui rendre la pareille.


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A l'aube de l'adolescence, les enfants du trois quittaient petit à petit les salles de classe. Il y avait certes le risque des Hunger Games, mais ils se devaient de mettre à leur tour la main à la pâte, d'enfin contribuer à l'économie du district. Face aux probabilités, les employeurs estimaient qu'ils n'avaient que très peu de chance de perdre l'argent investis dans leurs apprentis au cœur d'une arène de la mort. Les meilleurs élèves pouvaient espérer rejoindre les laboratoires, la recherche, rencontrer les inventeurs. Mais, pour la majorité d'entre nous, nous étions destinés à venir remplacer nos ancêtres au dos brisé dans les chaînes de montage : le problème du travail à la chaîne, c'est qu'il ne fonctionne plus quand les chaînons sont trop faibles. Avec la chute de mes résultats, il était plus que fort probable que je ne puisse jamais rejoindre les laboratoires dans lesquels travaillait ma mère, ou alors à force d'acharnement d'ici plusieurs années. Mon avenir se traçait le long d'un tapis roulant, à emballer dans des cartons les futurs produits technologiques qui raviraient le Capitole.

Il existait néanmoins une dernière possibilité. Un autre monde entre celui des élites dans le bureau de verre et celui de la plèbe. Le monde des cobayes. Pour beaucoup, c'était la solution de dernier recours, celle vers laquelle on se tournait lorsque nous n'avions pas le choix, plus aucun autre moyen de nourrir son foyer. Un job misérable et mal perçu par l'ensemble des habitants. Le plus souvent, on le réservait aux sans-abris du trois, aux plus miséreux, qui ne rechignaient devant aucune expérience psychologique ou physique tant qu'ils pouvaient avoir une miche de pain et une couverture le soir. Les résultats pouvaient être faussés par l'affaiblissement de leurs corps ou leur détresse psychologique, mais les laborantins s'estimaient heureux : leurs expériences avançaient pour améliorer le quotidien de leurs pairs.

Les cobayes recherchés devaient tous avoir atteint la majorité. Investir dans des apprentis qui pouvaient mourir, c'était une chose, mais investir dans une expérience qui pouvait ne pas arriver à terme, c'en était une autre. Peu d'expérience requérait des corps qui n'avaient pas atteint leur croissance maximale. Le plus souvent, les chercheurs exigeaient des enfants pour résoudre des maladies infantiles, ce genre de chose... J'espérais de tout cœur que le domaine dans lequel je cherchais me serait accessible du haut de mes douze ans.

Et ça n'avait pas manqué. Le District 3 n'était pas réputé pour son amour du Capitole, de par la masse de miséreux qui s'entassaient dans les rues. Cela n'empêchait pas les érudits, face aux sommes mirobolantes qu'investissaient le Capitole, de tout de même chercher à développer de nouvelles technologies pour leur bien être. Le besoin de cobaye se devait tout de même de répondre à certaines exigences, qui n'incluaient pas les corps chétifs de mes camarades sans-abris. L'annonce pour les expérimentations devait être laissée sans réponse depuis un sérieux moment, personne ne voulant s'abaisser à être sujet en plus de servir directement le Capitole. Noire sur blanc, en petits caractères, elle m'était toute destinée : j'allais pouvoir aider mon père.

Habituellement, c'est dans le District 2 que s'entraîne les Pacificateurs, la masse des soldats capitoliens provenant essentiellement des maçons-charpentiers. Mais c'était dans le 3 que se développait les armes et les nouvelles techniques d'entraînements. Sous haute surveillance, les meilleurs scientifiques du district s'investissaient pour améliorer l'efficacité des forces de l'ordre. La plupart des expérimentations se faisait directement auprès des concernés, par mesure de sécurité. Me concernant, la chance avait voulu que le Dr. Teskola ait besoin d'une non-soldate, pas vraiment sportive, mais assez bien nourrie pour tenir le coup : j'étais la candidate idéale.

Le Dr. Teskola avait mis au point une nouvelle technique d'entrainement, censée rendre les Pacificateurs plus performants, plus vite, sans pour autant passer par des injections de produits chimiques comme le préconisaient parfois certains de ses collègues. Le programme s'organisait autour d'un planning très strict, régulé par des séances de musculations, de courses et un régime alimentaire à suivre à la lettre. Les premières semaines furent difficiles, il me fallait supporter les douleurs que chaque session entraînait dans mes muscles encore faibles. Mais je ne bronchais pas. Cette occasion était une chance en or, l'opportunité, si nous réussissions, d'avoir une chance de croiser mon père, où qu'il soit, pour lui faire part de cette avancée. Le Dr. Teskola semblait plus que satisfait de mon comportement. Tous les jours, je suivais la même batterie de tests après chaque entraînement, pour évaluer mes performances cardiaques, musculaires et pulmonaires. Il consignait tout dans son carnet, avec le sourire passionné de celui qui s'estime heureux de voir enfin son projet avancer.

Les entraînements accaparaient une grande partie de mon temps, alors, comme beaucoup d'autres, j'ai dû délaisser l'école. Ma mère savait pertinemment ce que je tentais de faire mais, comme je ne risquais pas ma vie et que le contact des scientifiques diplômés pourrait m'aider, elle ne m'en empêchait pas. Quelque part, peut-être qu'elle se disait que cela lui permettrait de revoir son ancien amant, le dernier que je lui connaissais. C'était un marché silencieux passé entre nous : je n'accédais peut-être pas à une carrière aussi grandiose qu'elle, mais en échange nous pourrions potentiellement refonder notre famille.

Les mois puis les années passèrent. Les entraînements de Teskola semblaient porter leurs fruits. Je me sentais physiquement plus forte, mes muscles se dessinaient sur l'ensemble de mon corps, visibles à certains endroits malgré le port de mes vêtements. Mes épaules s'étaient faites plus carrées, mon souffle plus long. C'était exigeant, épuisant, chronophage, mais, à en juger par l'expression de plus en plus satisfaite de Teskola, nous touchions au but : mettre le programme à exécution. Pour lui, la gloire. Pour moi, la chance de sortir du 3 et de voir mon père.

Le plan que j'avais mis au point n'était pas si aberrant que cela. Ambitieux certes, très optimiste, également. Il est vrai que je n'avais pas pris un élément en compte : l'avis du Capitole. Déjà dubitatif concernant les investissements dans le projet, les résultats progressifs avaient fini par les rassurer. De là à ce qu'ils prennent la décision de nous laisser tous les deux voyager librement sur le territoire...il y avait un gap. Le Capitole contrôlait déjà tout, l'autorité des Pacificateurs n'était que très peu remise en question, et toute forme de rébellion était immédiatement opprimée. Les armes et les entraînements pouvaient être améliorés, évidemment, comme tout : mais ils avaient le temps. Je n'étais que le premier test, eux désiraient d'autres échantillons pour s'assurer de l'efficacité de leurs futures forces de l'ordre. Mon parcours dans ce projet était terminé, je n'y avais plus ma place. Sans fond nécessaire pour avoir une assistante, Teskola n'avait d'autre choix que de me laisser reprendre ma vie ailleurs.

J'aurai pu baisser les bras. J'aurai pu abandonner l'idée d'un jour sortir du District, avoir le chance de croiser mon mystérieux géniteur. Mais j'étais trop bornée pour ça. A errer dans les rues, pestant contre la décision du Capitole, l'illumination avait fini par frapper. A force de lister toutes les solutions à un problème insoluble, on finit par en tirer les plus improbables... et les plus dangereuses. Tenter n'importe quoi contre le gouvernement me semblait plus que risqué, et causerait probablement plus ma mort que mon envoi en prison - et, de toute façon, mon père n'aurait nullement envie de reconnaître une fille hors-la-loi. Ce qu'il me fallait, c'était un moyen de me faire remarquer, d'être certaine qu'il me voit, et que je ne lui porte aucune honte.

La solution était toute trouvée. Qui plus est, j'avais déjà eu la chance de suivre un entraînement d'élite avec Teskola. Tout ce qu'il me restait à faire, c'était attendre, patiemment, développé mes techniques, analyser, et ne rien lâcher de la cadence des séances que j'avais suivies pendant quatre ans. Il me restait deux ans avant qu'il ne soit trop tard. Deux ans pour parfaire mes talents et me porter volontaire pour plonger dans l'Arène des Hunger Games.


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S'il fallait utiliser un adjectif pour décrire la personnalité de Feyn, le premier qui viendrait à l'esprit serait sans doute déterminée. Avec la détermination viennent aussi bien la force que l'entêtement. La force de poursuivre ses objectifs et l'impossibilité de remettre en question leur bien fondé. Si ce n'est son objectif phare de vie, rencontrer son père, Feyn a toujours été ambitieuse, à se fixer des buts dont elle ne démordait jamais. Avoir un point à atteindre la motive, la pousse à mieux faire et à ne rien lâcher. De facto, si jamais elle a l'impression qu'autrui est un obstacle pour réussir, elle n'aura aucun remord à faire une croix dessus, pour un temps ou définitivement, cela dépend de vous.

Ainsi, Feyn passe tantôt pour une fille extrêmement courageuse et audacieuse, n'hésitant pas à prendre des risques et à dire tout haut ce qu'elle pense, tantôt pour une fille froide et égoïste, qui semble se servir des gens pour arriver à ses fins. Les apparences sont parfois bien trompeuses, car Feyn est loin de manipuler les gens ou de chercher à ne servir que ses intérêts. Comme sa mère, elle préfère faire preuve de pragmatisme : si nos intérêts divergent, que nous ne mettons des bâtons dans les roues, alors autant faire chemin à part. Mais, s'ils s'entrecroisent, qu'elle n'a pas l'impression de perdre son temps en vous aidant, parce qu'elle apprend, découvre ou s'aide elle-même, Feyn est un allié de taille. Si jamais vous avez un doute, une hésitation, que vous n'osez pas, elle n'aura aucun mal à s'en charger, qu'elle sache ou non faire.

Ce qu'il faut également comprendre, c'est que Feyn a soif d'apprendre. Si l'opportunité d'acquérir un savoir supplémentaire se présente, à quoi bon la laisser passer ? Autant se lancer. De ça, elle tient bien de sa mère, toujours à positiver et à se dire qu'elle s'adaptera aux changements. On ne souhaitait pas lui parler ? Pas de problème, elle remplacerait les mots de la discussion par ceux des livres. Ses notes chutaient ? Peut-être l'occasion de se poser des questions sur le fonctionnement profond de l'école. A chaque question, elle trouve une réponse, un autre angle de vue, tout pour pouvoir, au final, parvenir à ses fins.

Lorsqu'elle a pris la décision de participer aux Hunger Games, si elle avait fait part à n'importe qui de l'idée, il aurait probablement cru que ça lui était tombé dessus sur un coup de tête, qu'elle était devenue folle. Personne dans le 3 n'irait se porter volontaire pour l'Arène, pas avec les Carrières qui rôdent. Feyn y a cependant longuement réfléchi. Sa mère, la seule à savoir qui sera la Tribut féminine de la quarantième édition, n'a jamais cherché à l'empêcher d'emprunter cette route. Elle sait que c'est inutile. Peu importe combien elle l'aime, combien elle chérit sa fille, aucune des raisons qu'elle pourrait lui donner ne la détournera de sa route. Feyn n'a pas sa place dans les grands laboratoires, trop maladroite pour ça, bien qu'elle est la curiosité et les connaissances. Elle n'a pas non plus sa place dans les chaînes de montage, où le temps lui paraîtrait trop long et l'ennui puis la dépression la gagnerait tôt ou tard. Participer aux Hunger Games, c'est sa chance de changer de destin, de pouvoir encore le maîtriser un peu. Et si elle décroche un père à la fin, c'est encore mieux.


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Force : 8


Les nombreux entraînements de Teskola ont renforcé la musculature de Feyn. Sa force est certaine, tout comme la puissance des coups qu'elle peut porter. Il n'en reste pas moins que les capacités de la jeune fille sont freinées par son genre et par le fait qu'elles n'ont jamais été testées autrement que dans un cadre théorique. Dans les faits, elle est puissante, capable de soulever de lourdes charges, d'infliger des coups de poings et de pieds suffisants pour mettre à terre ou coupler le souffle de ses adversaires. Dans un combat réel, avec un adversaire capable de mouvements et de réflexion, difficile de dire si elle serait aussi efficace.

Vitesse pure : 5


La formation du Dr. Teskola s'orientait sur trois points : renforcer la puissance, la résistance et, finalement, la vitesse. L'objectif était de faire de chaque régiment de Pacificateur de véritables murs afin de nasser les populations rebelles, puis de le transformer en mur mobile, capable de repousser et causer une forme de terreur aux forces adverses. De par ses entraînements physiques, les poumons de Feyn se sont habitués à l'effort intense et court, la course de vitesse était donc un bien meilleur choix que celle de fond - de toute façon, les Pacificateurs n'ont pas besoin de courir des heures après les délinquants. Il lui arrive encore régulièrement de courir dans le district 3 mais, à l'instar de sa force, le district est relativement plat, elle n'a pas beaucoup d'expérience sur les terrains en pente.

Vitesse de traitement de l'information : 6


Les livres ont toujours été les principaux compagnons du quotidien de Feyn. Et, plus que les livres, les savoirs qu'ils renferment. Les connaissances théoriques de Feyn sont nombreuses, aussi bien sur les réactions chimiques que sur la gravité ou les plantes des divers écosystèmes. Néanmoins, elle manque d'application pratique de ces diverses connaissances, difficile de dire si elle reconnaîtrait immédiatement les plantes bonnes et mauvaises pour l'alimentation ou la santé. Si ce n'est la poursuite de ces séances de sport, elle a entraîné sa mémoire à reconnaître le plus rapidement possible les divers végétaux utiles, ou n'importe quoi qu'elle pouvait juger pertinent pour la future Arène.

Agilité : 1


Feyn n'a jamais eu à travailler sur son agilité. Elle n'est pas vraiment discrète, quoique relativement silencieuse la plupart du temps, mais, surtout, elle est très maladroite. Les premiers stages en laboratoire ont d'ailleurs mis bien à mal la possibilité pour elle de rejoindre l'élite du district : quand on casse deux béchers en l'espace de trois heures de visite, ce n'est pas bon signe.

Ruse : 2


Ce n'est pas que Feyn n'est pas intelligente, c'est plutôt qu'elle n'en fait pas énormément preuve auprès des autres. Toujours dans son coin, silencieuse, à lire ou à regarder le ciel, la seule chose que ses camarades savaient d'elle et que son père était un potentiel criminel et que ses notes en cours étaient très moyennes. Feyn a des connaissances, c'est sûr, mais elle ne les maîtrise pas toute, sa mémoire lui joue parfois des tours. Enfin, elle n'a vraiment pas d'intelligence sociale, du moins elle manque d'empathie au quotidien, ce qui gêne un peu l'entente avec son maigre entourage.

Résistance : 6


Second axe des entraînements de Teskola, le renforcement du corps aux divers éléments. Être capable de résister à une charge lourde, au vent, au froid, à la chaleur, au sommeil même. Pour ce qui était de la faim et de la soif, le régime alimentaire que devait suivre Feyn pallier, elle n'a donc jamais eu à survivre à cette épreuve. Sans les moyens nécessaires pour pouvoir encore recréer une atmosphère de sécheresse ou glaciale, elle a un peu perdu en résistance. Il est néanmoins certains que son corps est endurant et à toute épreuve.

Armes - Couteau : 2


L'avantage, quand on sait que l'on va participer aux Hunger Games, c'est qu'on peut s'y préparer de manière concrète. Hors les Hunger Games impliquent de devoir tuer ses adversaires, et, dans ce cas, savoir manier une arme peut être utile. Dans les districts, la possession d'armes et néanmoins fortement contrôlée, et, même en participant aux entraînements de Teskola, Feyn n'a jamais pu toucher à aucune arme à feu ni arme blanche, mesure de sécurité pour les civils. Pendant deux ans, elle a donc jouer avec les couteaux de la cuisine, à les lancer, les manier, jouer avec, expérimenter la meilleure position pour frapper un assaillant. Sa maladresse et son absence de réel adversaire ou d'enseignant rende la pratique encore un peu faible, mais au moins connait-elle la longueur idéale pour son équilibre.

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Impossible de trouver des faceclaims féminines musclées autre que Michelle Rodriguez, un peu trop vieille pour l'Arène. Je vous demanderai donc de faire l'effort de croire à une musculature un peu plus imposante pour Feyn. Elle est athlétique, relativement grande car sa croissance n'a pas été freinée par la faim commune à beaucoup de district.


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Springbloom

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Re: Hunger Games - Réédition

Message par Springbloom »

Let's go, j'ai enfin posté toutes mes fiches ! :D J'aurais jamais cru pouvoir faire aussi vite un jour, j'espère quand même qu'elles vous plairont toutes. J'ai déjà lu celles postées, mais j'attends l'arrivée des dernières pour faire un retour global (comme ça tout sera frais dans ma mémoire avant l'ouverture). Hâte de voir ceux qui manquent encore à l'appel !

@Naji2807, @MorganeP79 : si jamais l'histoire de Feyn ne vous convient pas, que vous trouvez que ça ne fonctionne pas avec l'univers, il n'y a pas de problème, j'annulerai le personnage, il ne peut pas exister sans se background (je voulais une Tribut buff en fait :lol: )
ChapelierFou

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Isabeau Fuller-1

Message par ChapelierFou »

Je me demandais pourquoi ça me prenais autant de temps d'écrire la fiche d'Isabeau mas en fait elle fait deux messages, c'est pour ça ^^' Mas du coup ceux pour qui c'est trop long vous pouvez juste lire la partie caractère et caractéristique!

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Isabeau Fuller
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Bird Set Free

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Age
J'ai 17 ans.


Histoire
Quand on grandit dans les districts, on ne se rend pas tout de suite compte de la situation, et des injustices. Par là, je veux dire que d'abord, on est un bébé, qui n'a pas conscience du monde autour de lui, ou encore bien ou du mal (des gens dirons que je n'ai pas non plus tout à fait intégré cette notion moi non plus, mais j'y reviendrais). Puis on est un enfant, et pendant encore quelque temps, on rampe, on marche à quatre pattes, et on a encore cette étincelle d'innocence, on est encore aveugle. Juste un tout petit peu. Même quand on nous met devant la télé pour regarder les Hunger Games, où on peut voir des adolescents s'entre-tuer, il y a encore quelque chose qui bloque, cette toute petite part de nous qui reste convaincu que c'est de la fiction, et que personne ne meurt réellement. Et quand on arrête l'école à 8 ans pour travailler dans les usines parce nos parents peuvent à peine payer à manger pour trois, on ne réalise pas que les enfants du Capitole n'ont pas à se lever aux aurores pour être assourdis par le bruit de centaines de machines à coudre et respirer l'odeur nauséabonde de la teinture pour vêtement. Et puis c'est pas comme si les parents avaient le droit de nous faire assoir pour nous expliquer que le système est injuste, que la télé ne raconte rien d'autre que de la propagande, et qu'on nous assomme de travail pour qu'on soit trop épuisés pour poser des questions. Je pense que la réalisation que le système est mauvais vient soit graduellement, soit subitement, en fonction des individus, voir parfois pas du tout, à en regarder certains. Je ne peux parler que de la mienne. Je ne suis pas une personne prompte à la colère. Mais je me souviens de la première fois où j'ai réellement expérimenté ce sentiment, et c'était à l'égard du Capitole, évidemment. Devant les Hunger Games. Mais pas pour les raisons que vous imaginez. Je n'ai pas bronché quand la fille de mon district est morte et que le sang a teinté ses cheveux. Mon esprit était comme engourdie devant ce genre de scène, que je voyais chaque année depuis ma naissance. Elle était morte dans l'Arène sous mes yeux, mais pour tout ce que j'en savais, une fille plus jeune qu'elle pouvait très bien avoir perdu la vie la semaine dernière à l'usine. Non. C'est quand je ne sais même plus qui a gagné, et qu'ils l'ont affublé de je ne sais plus quelle costume peu imaginatif et attendu. Mais la couleur. Un prune profond, perdu entre le rouge sang et un violet qui aurait rappelé la royauté. Un tissus chatoyant, qui semblait jouer avec la lumière comme avec un ami cher, la rendant plus belle, plus espiègle, chacun mettant l'autre en valeur. Et c'est là que j'ai compris. De toute les choses que le Capitole nous montrait de ses richesses, la nourriture, les maisons qui protégeaient de l'humidité, la chaleur, il y en avait une que le peuple des districts s'était fait dérober, mais personne ne s'en était rendu compte. Un larcin qui était passé juste sous notre nez, sans même qu'on ne bronche. Et pourtant, c'était le pire, le plus ignoble des crimes que quiconque ai jamais commis. Ils nous avait dérobé la couleur. Toutes les couleurs. Ne nous laissant que le noir, le blanc et le gris. Nos vêtements étaient gris, les maisons étaient grise, même le ciel était gris en permanence. Même les pacificateurs sont habillés en blanc, eux non plus ne pouvant prétendre se rapprocher du Capitole. Nous étions d'un coté, fades et invisibles, et ils brillaient de l'autre, resplendissant, une étoile que personne dans le district ne pourrais jamais atteindre. C'est un sentiment compliqué à gérer, quand on est aussi petit, ce mélange d'admiration, de dégout, d'envie et de colère. J'étais intelligente. J'étais créative. Je le savais déjà du haut de mes 8 ans. Je méritais autant, que n'importe quel habitant du Capitole une chance de briller, voir plus. Mais si j'étais destinée moi aussi à être une étoile, le Capitole s'était assuré qu'un nuage serai toujours devant moi, me masquant au reste du monde. Ils étaient assez puissants pour voler quelque chose d'aussi naturelle que la couleur au reste du monde, mais moi, j'étais censé me contenter de ma destinée toute tracée? J'aurais aimé me rebeller, crier à l'injustice, changer tout l'univers d'un coup de pied colérique, mais à 8 ans, on se sait même pas exactement quoi changer pour comment...

J'ai donc dû me contenter de ma vie misérable d'habitante du 8. J'ai fait de mon mieux pour l'épicer, croyez-moi. Les professeurs qui ont eu le plaisir de m'avoir le peu de temps où je suis allée à l'école peuvent en témoigner. "Isabeau n'écoute pas, et quand elle le fait, c'est pour tout remettre en question et être insolente" "Isabeau est insensible, elle a fait pleurer plusieurs de ses camarades avec des remarques déplacée", "Isabeau persiste à déranger le cours pour être le centre de l'attention". Est-ce que je mérite toute ces critiques? Oui, je ne vais pas mentir. Mais hé, les cours ne m’intéressent pas, je sais que une fois que je saurai lire et écrire on m'enverra à l'usine faire un travail assommant et répétitif, comme mes parents, et les parents de mes camarades de classes. Alors j'utilise ce précieux sursis pour expérimenter, dessiner en classe, rêvasser d'un avenir meilleur, prendre impulsivement la parole pour parler de choses qui me captive plus que le sujet de la leçon du jour. La vérité, que personne ne connait, même pas mes parents, c'est que j'ai une seule et unique peur depuis que je suis toute petite. Disparaître. Ne devenir qu'un visage dans la foule. Que en grandissant, quelque chose en moi se brise, de ne plus avoir une once de vie ou de passion en moi, comme tant d'adulte autour de moi. Alors je m'accroche à tout ce que je suis de peur qu'on me l'arrache, je l'étale aux yeux de tous, je me fais remarquer, pour que tout le monde sache la même chose que moi: Je mérite de l'attention. J'aime les formes, les textures, les couleurs, même si on me les as prises, et je veux que le monde le voit. Peut-être qu'un jour je serai obligée de gagner de l'argent pour me nourrir et que mon travail sera insupportable, et que on éteindra ma flamme de force. Mais que je sois damnée si je ne leur donne pas un spectacle dont ils vont se souvenir avant ça, que ça aille de raconter une blague que j'ai inventée où le personnage meurt à la fin dans d'atroces souffrances, ou bien dessiner au pastel sur toutes les vitres de la salle de classe pendant que tout le monde est dans la cours de récréation. Quand au fait de faire pleurer mes camarades, je ne l'ai pas fait exprès. Petite, je ne comprenais pas forcément ce qui passait par la tête des gens, ce qui allait les rendre tristes ou content. Maintenant je le comprend mieux, mais c'est plus par expérience que parce que je suis quelqu'un de spécialement empathique, ce n'est simplement pas le cas, et je ne pense pas que ça changera un jour. Mais ça ne fais pas de moi une mauvaise personne. Je ne crois pas. Je m'entends tout de même bien avec certaines personnes de ma classe, même si parfois que dois faire des efforts, et mes parents savent que je suis juste comme ça, et si je fais une remarque déplacée, ils m'explique le problème plutôt que de me punir, et je leur en suis reconnaissante pour ça. De mon point de vue, je n'oblige personne à rester autour de moi, j'ai un certaine ego, je suis sans doute un peu égoïste, mais je ne les empêche pas de faire pareil et je ne leur demande rien, s'ils ne sont pas contents mais qu'ils n'ont pas l'intelligence d'arrêter de me fréquenter, ce n'est pas ma faute.

Quand on aime les formes, les textures et les couleurs, et qu'on a compris depuis qu'on était petit le façon dont on est perçu défini en grande partie la façon dont est traité, on comprend l'importance des apparences, et comme moi, on devient passionné par une chose: la mode. Certains dirons que c'est superficiel, qu'on a pas le temps pour ces enfantillages quand on vient d'un district pauvre comme le miens. Mais c'est idiot. Nous vivons dans un monde qui est déjà superficiel, ce que je porte où vois les autres porter ne changera rien à ce fait. Et puis dans notre société, toute déviance, même légère, apparait comme un cri qui viens briser le silence. Et moi, je voulais être un hurlement. Mais d'abord, le jour que redoutais est arrivé. Il a fallut que j'aille travailler dans les usines. Je savais que mes parents travaillaient dur, mais qu'on peinait déjà à manger, et qu'il fallait que j'aille aider à l'usine. Dans mon district, ma famille n'est personne, si bien qu'on a pas notre mots à dire sur où est-ce qu'on va aller travailler. J'aurais aimé être assignée à une usine qui faisait des vêtements du Capitole, le travail aurait été pénible, mais au moins j'aurais pu voir passer sous mes doigts toutes les couleurs qu'on nous avait volé. Mais quand on grandit, on apprends une dure réalité: tout le monde à les même rêves que vous. Bien sûre que toutes les petites filles du 8 rêvaient de devenir styliste pour le capitole. Je n'étais qu'une gamine parmi tant d'autre, et personne n'en avait rien à faire de mes rêves. J'ai été assignée dans une usine qui faisait des vêtements à la chaine pour notre district à nous. Je n'avais même pas la consolation de me dire qu'au moins ce que je ferais verrai le reste du monde. Non. Il fallait juste suivre le patron le plus basique possible, avec un tissus de si mauvaise qualité que faire un ourlet semble être une perte de temps tant il s'effiloche. Et il fallait être rapide. J'avais déjà cousus chez moi par curiosité, mais à la main, en prenant tout mon temps. Rien n'aurais pu me préparer pour le rythme de l'usine. On avait des machines à coudre et un quota à atteindre à la fin de la journée, ou bien on risquait de perdre notre emploie. Peu importe si mes mains inexpertes se blessaient régulièrement en passant accidentellement sous l'aiguille, il fallait continuer. Le soir venue, j'étais épuisée, et je savais que la chose la plus sage à faire aurait été de dormir, de préparer mon corps à la journée épuisante du lendemain. Et du surlendemain. C'était également l'avis de mes parents. Mais je n'allais pas laisser ma peur se réaliser. Je n'allais pas laisser un travail que je détestais m'éteindre à petit feu. Et puis honnêtement, j'avais pris goût à ma couture manuelle chez moi, la précision des gestes, la créativité qu'on peut y insuffler, la vie qui se dégage de l’œuvre une fois complétée, la fierté qu'on a une fois le travail accomplis. J'avais déjà commencé à mémoriser tout les points que l'on peut faire à la main, leur nom, leur utilité, quelles tailles d'aiguilles utiliser avec quelles tissus, et ce qu'on gagne à rompre ses codes. Pleins de petites choses à savoir pour ne pas être bon, mais pour être impressionnant. On a pas le temps de devenir impressionnant dans n'importe quelle domaine, et j'ai décidé que la mode serai celui auquel je me consacrerai. Et aucune usine sans âme n'avait le droit de me le prendre, peut importe les conséquences sur moi-même. Alors j'ai passé des nuits entière à coudre pour moi-même, de petites choses au début, quelque accessoire, réarranger un vêtement que j'avais déjà, puis j'ai commencé à faire des vêtements à partir de rien. Alors après avoir passé ma journée à coudre, j'y passais également mes nuits. Heureusement pour moi, j'ai toujours fait partie des gens qui peuvent se contenter de moins de sommeil que la plupart du reste du monde, mais ça ne veut pas dire que je n'étais pas épuisée en permanence, ou que je ne sentais pas ma santé physique se dégrader à cause du rythme de travail inhumain que je m'imposais à moi-même, sachant que celui de l'usine était déjà à peine soutenable de lui-même. J'ai commencé à tomber malade de plus en plus souvent, mon système immunitaire étant affaiblis par toutes les heures que je ne passais pas à dormir. Je tenais à peine debout à l'usine, je me blessais de plus en plus facilement, je commençait à tousser dangereusement, et mon front était souvent brûlant de fièvre. Maintenir ce rythme de vie semblait de plus en plus compliqué, et je voyais bien que mes parents s'inquiétaient pour moi. Je suis plutôt du genre à considérer que chaque personnes est responsables de soit-même, et que ma décision de compromettre mon rythme de sommeil ne regarde que moi, mais ce sont mes parents, et j'ai toujours été attentive à leur besoin plus qu'à ceux du reste du monde. Ils m'aiment, et je le comprends, et je les aime en retour, même si je vois bien que ce n'est pas l'amour aveugle que les autres enfants de mon âge ont pour leur parents. J'ai juste l'impression que le mien est moins chaleureux, plus réfléchis. Je suis plus à l'aise pour l'exprimer par des petits gestes utiles qu'on remarque à peine que par des mots ou le contacte physique, même si je me force un peu pour leur faire plaisir. Je prend en compte leur émotion, je sais que l'affection qu'ils me portent et celle que je leur porte en retour implique une forme de responsabilités. Ils sont responsables de mon bien-être parce qu'ils m'aiment, et je suis responsable du leur car le sentiment est réciproque, même si ce que je peux faire pour eux est bien moindre que ce qu'ils font pour moi, ne pas les inquiéter plus que nécessaire fait partie de ce que je peux faire à ma porté d'enfant de 11 ans. Mais je ne suis pas raisonnable. Je veux le beurre et l'argent du beurre. Si je veux maintenir le même niveaux de production et dormir plus, il n'y a qu'une seule solution. Accélérer. Et sachant que je suis déjà à ma limite physique pour accélérer, une fois de plus, il n'y a qu'un seul moyen. S’approprier une machine à coudre. Mais on a pas l'argent à la maison. Sauf que je ne vais pas laisser ça être un problème, des machines à coudre, je sais où en trouver. Il y en a pleins à l'usine. Et si on a pas le droit de les emprunter, ce n'est pas un problème pour moi, j'ai un plan.
Je ne m'en prend pas à ma machine à moi, si quelqu'un réalise que ce que je vais faire est fait exprès, je n'ai pas spécialement envie de perdre mon emploie. Je décide de cibler un homme sans doute au début de sa trentaine, grand, costaud, là depuis plusieurs années. De deux choses l'une, soit ils réalisent que les dommages fait à sa machine sont intentionnels et ils le virent, et son gabarit lui permet d'en trouver un nouveau facilement, soit ils ne sont pas sûsr, et en raison de son ancienneté, ils lui laissent le bénéfice du doute et il n'y a même pas de conséquences pour lui. En plus, sa machine est sur le chemin entre ma place et la porte. Parfait.
Chez moi, je place une bouteille en verre vide trouvée par terre dans la rue sur un torchon, que je replie sur celle-ci, je m'assure que je ne laisse pas d'ouverture où que ce soit. Puis je m'empare d'un rouleau à pâtisserie et matraque la bouteille, encore et encore, dans le but d'avoir des morceaux le plus fins possible. Quand je rouvre le torchon, je retire les morceaux les plus larges et les plus visibles, ne gardant que ceux qu'on voit très difficilement. Puis le lendemain matin, j'arrive en première, laissant tomber les minuscules cristaux dans le mécanisme délicat de la machine à coudre de ma cible, le faisant pénétrer par l'une des fentes situées au dessus de l'objet. Bien sûr, le faire une seule fois ne suffit pas, si bien que je répète mon stratagème tout les jours pendant plusieurs semaines. Afin d'être sûre qu'on ne remarque rien de suspect, je fais exprès de me retrouver à finir tard le soir, pour enlever les éclats de verre de la machine, et constater que les dégâts avancent. Comme prévu, la machine finis par tomber en panne, après avoir fait des bruits inquiétants pendant quelque jours. Le mécanisme est complètement rayé, mais on ne peut comprendre l'origine du problème, si bien que finalement, il est décidé qu'elle est tout simplement trop vielle, et elle est jetée. Il ne me reste plus à la récupérer et la rapporter chez moi, la huiler, retirer les derniers éclats de verre que j'avais laissé intentionnellement dans des endroits où il est difficile de les apercevoir, et changer tout de même quelques pièces qui ont été endommagé, mais en acheter de nouvelles est bien moins cher que de payer pour toutes la machine. Et voilà, je suis équipée pour travailler bien plus rapidement depuis chez moi. Le rythme de l'usine était trop rapide pour qu'ils prennent le temps de vraiment observer, si bien qu'ils n'ont vu que ce qu'ils voulaient voir: un vielle engin irréparable, bon à jeter, et ça m'a bien servie. Il suffit de savoir ce qu'ils veulent voir et le leur tendre sur un plateau d'argent, et on a le monde à porté de main.

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Grâce à ma nouvelle machine à coudre, j'ai pu accélérer considérablement mon rythme de production, et j'ai pu vendre certaines de mes créations. Ça me fait un peu mal au cœur de me séparer que quelque chose qui me tiens tellement à cœur et auquel j'ai passé du temps à penser jusque dans le moindre détail, car je ne veux pas me contenter qu'autre chose que de la perfection même si en théorie, elle est inatteignable. Mais cela me fait un revenue supplémentaire plus que bienvenu. Il n'est pas conséquent, certes, parce que très peu de gens de mon district n'ont réellement le moyen de s'offrir autre chose que de quoi subvenir à leur besoin essentiel, mais c'est un début. Et puis, je m'assure de faire des création pleine de couleur et de texture. Je passe des heures à nettoyer des tissus trouvés un peu partout, même quand je dois faire les poubelles pour trouver la pièce rare. Je sais que certaines personnes trouve ça rabaissant, et honnêtement, mes parents ne sont pas enchanté. Mais je passe le temps nécessaire à laver les trouvailles, les remettre en état, les rendre plus belles qu'elles ne l'ont jamais été. C'est comme prendre le temps de connaître une personne, avec ses égratignures et son potentielle, ses effiloches et ses motifs à moitié effacé par le temps, seulement je trouve ça plus palpitant, et avec moins d'état d'âme à prendre en compte. Je passe le temps qu'il faut à changer ses couleurs avec des teintures faites maison, ou bien emprunté à l'usine. Le tissus, je peux lui faire faire ce que je veux, et toute protestation, je sais comment les régler. Les gens, je suis censé rentrer un minimum dans un moule, c'est moi qui doit me colorer, me tordre, essorer tout de moi qui est perçu comme de la saleté. Je ne ressent pas vraiment de honte ou de remords, mais je n'ai pas de temps de gérer tout le problème avec qui je suis, alors je fais quelque petits efforts ici et là pour m'adapter. Mais c'est ça que j'aime avec le fait vendre un peu de mes couleurs et de mes idées dans le district. Il y a un peu de moi partout. J'ai l'impression d'exister un peu partout, et de me dire que c'est sûr que jamais qui que ce soit réussira à m'éteindre. Bien sûre, ce n'est rien comparé à ce qu'on peut voir au Capitole, mais ça m'est égal. Je ne veux pas être comme eux. Je veux être mieux qu'eux. Même si cela signifie que je dois reconquérir la couleur petit à petit. Je ne sais pas si c'est une question de rébellion ou pas, mais je ne pense pas, pas vraiment. Le système, je m'en fiche un peu de comment il est fait. Honnêtement, je sais très bien que si j'habitais au Capitole, moi non plus je ne perdrais pas une seconde de ma vie à regarder ceux en dessous de moi, et je pense que ceux qu prétendent le contraire sont des hypocrites. Non, je veux juste que le système me serve moi personnellement. Si j'y arrive, tant mieux pour moi et tant pis pour les autres, je ne sais pas pourquoi ils n'essayent pas, et ce n'est pas mon problème. Ce n'est clairement pas moi qui vais sauver le monde. Chacun à la responsabilité de rêver pour sois-même, et moi je rêve grand, je rêve d'être au sommet, même si je ne suis pas sûre de quoi exactement. Je sais juste que je ne supporte pas l'idée que quelqu'un soit au dessus de moi, mais on ne va pas se mentir, même des gens comme la famille Poplin ont peur des Pacificateurs, et même les Pacificateurs ont peur du Président. Et faire Président doit vraiment être un métier à mourir d’ennui.

Maintenant que j'ai plus d'argent, je sens un peu moins de pression sur mes épaule, et je sens mon esprit plus acéré encore qu'avant. C'est peut-être pour ça que les Hunger Games captent plus mon attention à présent. Les jeux où on est montré aux reste du monde pendant quelque semaines, scruté, décortiqué, puis on a une chance sur 24 d'avoir sa vie changé à jamais. Je ne suis pas stupide je sais que c'est un parie fou, et très peu des mentors on réellement l'air heureux. Je me demande ce que ça fait d'être jeté dans cette Arène, complètement vulnérable. Parce que après les jolies vêtements, les sourires et les flashs, il doit y avoir la faim, la soif, et surtout, l'idée que quelqu'un derrière son bureau à le pouvoir totale sur votre vie et votre mort. C'est sans doute terrifiant, mais aussi grisant. Ils se battent tous pour être celui qui plaira le plus, et la personnalité devient pour eux un simple accessoire de mode supplémentaire. Quelque chose à accessoiriser comme un simple t-shirt. Parce que bien sûr, les tributs se battent pour leur survie, mais pour ceux qui ont réellement leur vie au creux de leur mains, c'est tout dans le nom. Un jeu. Il ne faut pas être celui que se bat le mieux. Il faut être celui qui joue le mieux. Et parfois, mon esprit calculateur et compétitif se surprend lui-même à vouloir jouer aussi. J'imagine des techniques de combats à base de tissus. Quelque chose d'unique et d'efficace. J'essaye même d'en mettre au point sur le peu de temps libre que j'ai. Je me demande si j'aurais vu venir ce couteau, si j'aurais conquis le cœur de ce sponsor, charmé ce présentateur. Parce que je ne m'embête pas à plaire, mais ça ne veut pas dire que j'en suis incapable. Toute réaction est une réponse à une action qui a pris place avant. Et il y a une formule pour tout, comme un patron qu'il suffit d'avoir mémorisé par cœur pour l'adapter au mesure de chaque personne. Je suis sûre que je pourrais le faire si je le voulais. Les Jeux prouvent qu'être le centre de l’attention peut être une arme à double tranchant, et j'en ai déjà fait les frais, mais cela reste une arme, une que j'aime manier. Je sais que chaque angle de caméra qu'ils choisissent est un indice de qui sera le favoris des Jeux, il n'est pas dure de montrer quelqu'un comme vulnérable en le filmant du dessus, ou comme puissant en le filmant d'en dessous. Un choix aussi simple que ça de la part des réalisateurs du jeu peut avoir bien plus de conséquences que si untel partira à gauche ou à droite, sans parler de tout ce qui doit se passer en dehors des caméra, vu qu'on ne peut clairement pas montrer ce que tout le monde fait ne même temps sans interruption... Donne-moi l'apparence d'un gagnant et je serai un gagnant. Aussi simple que d'enfiler un pantalon large à taille haute pour donner l'impression de jambe plus longues. Cache, suggère, laisse la place à l'imagination, une fois encore, les gens voient ce qu'ils veulent. Ils suffit de les éblouir avec quelque paillettes, et les gens du Capitole transformeront n'importe qui en leur étoile. Bien sûr, ça ne fait pas tout, beaucoup de tributs doivent aussi sans doute leur victoire à leur force et à leur intelligence. Mais honnêtement? Malgré tous leurs efforts, toute leur détermination, les tributs ne pourront jamais transformer les jeux entre autre chose que ce qu'ils sont. Un spectacle. Et comme dans tous les spectacles, c'est simplement celui qui brille le plus qui à le droit de rester sous le feu des projecteurs.

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Quand j'ai eu 13 ans, j'ai enfin réussis à accomplir ce vers quoi je gravitais depuis plusieurs années. J'ai décroché un apprentissage chez Sikka Poplin. Beaucoup de jeunes gens de mon district veulent ce travail, à l’issue duquel nous aurons l'occasion de présenter une création totalement originale à des gens très importants. Bien sûr que je ne suis pas la seule à vouloir être une artiste ou même à avoir le potentiel pour, même si ça blesse mon égo de l'admettre. Sur l'ensemble des enfants de mon district, suis-je vraiment la meilleure? La plus talentueuse? La plus travailleuse? Vais-je être reconnue comme telle? L'apprentissage dure 3 ans, et c'est un tremplin unique vers un monde où il y a plus de moyen, plus de créativité artistique, où on touche du bout du doigt l'idée d'influencer le reste du monde. Un ersatz du Capitole dans notre petit district gris. Une petite bouffé de liberté, qu'on respire à grande goulées d'air, désespérés. La permission de ramener un peu de couleur dans nos vie. Je sais que les adultes ont un problème avec la famille Poplin et leur allégeance durant la guerre. Mais nul ne peut nier la qualité de ce qui sort de leur usine. La réputation de leur produits est simplement supérieur à celle de la famille elle-même. Bref, je n'étais pas la seule à vouloir être l'une des deux apprentis qu'allait engager la mentor du 8. Si bien que je savais que je devais faire une impression, d'autant plus que j'étais plus âgée que beaucoup de ceux qui se présentaient, ce qui pouvait potentiellement être un désavantage. Mais heureusement pour moi, je sais marquer les esprits.
Il suffit d'un peu de préparation, et d'une bonne idée. Une meilleure idée encore que tout ceux que je croise qui postulent au même apprentissage que moi, qui portent des vêtements cousus eux-même, avec plus ou moins de succès. Je n'ai pas envie de laisser la place au doute ou au hasard, j'ai attendu suffisamment comme ça. Donc je n'ai pas le droit à l'erreur, il faut que je frappe fort, plus fort que les "oui oui, je suis très motivée". Je ne sais pas si j'aurais été prise si je n'avais pas fait un grand geste dramatique. Objectivement, l'entretient s'est bien passé. Je répond aux questions de Sikka de façon claire, précise et sincère, tout en glissant ici et là quelque connaissances techniques, pour bien lui prouver que je sais de quoi je parle. Je ne suis pas très anxieuse, juste vraiment désireuse d'être prise. J'attends le dernier moment pour faire ma révélation dramatique. J'ai pensé à la faire dès le début, puis je me suis dit qu'après, au fil de la conversation, l'effet s'estomperait, alors qu'à la fin, cela lui donne une raison d'oublier toutes les petites erreurs que j'aurais pu commettre lors de l'entretient, et puis cela ré-hausse clairement la barre pour la personne qui passera après. Alors quand je pars, je retire l’imperméable que je portais révélant la robe que je porte. Je ne me suis pas seulement contenté de faire des prouesse avec du tissus, parce que j'imagine que je ne suis pas la seule qui puisse avoir eu cette idée. Alors j'ai pris du papier journal, celui trouvé dans des revus de mode, qui parle tous du travail de Sikka. La silhouette est assez de proche de vêtements que l'on peut voir au Capitole, avec des épaules marquées et des manches courtes bouffantes, un bustier plutôt près du corps sans être indécent, et une jupes larges avec beaucoup de couches, mais asymétrique, afin que le design reste plus dynamique et plus intéressant. Le papier journal est un matériel dur à travailler, c'est évident. Pour ne pas le froisser ou le déchirer il faut tout assembler à la main, page par page, en faisant des points solides si on veut être sûr du résultat, ce qui prend encore plus de temps. Mon message est limpide, plus que tout ce que je peux avoir dit pendant l'entretient. "Je sais coudre, j'ai de l'imagination et je suis talentueuse, je n'ai pas peur de le montrer tout comme je n'ai pas peur de prendre des risques, et regarde ce que ça donne avec ton travail. "
-Vous pouvez garder mon manteau, je dis en partant.

Bien sûr, j'ai été prise. J'apprends beaucoup aux côtés de Sikka, et je l'apprend vite. Les Poplin sont spécialisés dans la fabrique de tissus autant que dans l'assemblage des vêtements eux-même. Voir leur travaille de plus prêt me permet de réaliser que la façon dont je teignais mes tissus jusque là était grossière. Bien sûre, mes matériaux n'étais pas d'aussi bonne qualité, mais ce n'est pas une excuse pour les petites auréoles qu'il y avait encore ici et là, ou bien pour chaque erreur de dosage qui avait pour conséquences des couleurs différentes que celles que je désirais à la base. Et puis les motifs imprimées sur leur tissus sont plus délicats que tout ce que j'aurais pu faire moi-même. J'aime être l'apprenti de Sikka. Je pense que c'est l'une des rares personnes que j'apprécie réellement en dehors de mes parents, et sans doute l'une des seules que j'admire un peu. Son travail est presque parfait, elle a excellent goût et elle et extrêmement intelligente. Et puis le fait qu'elle ai gagné ses Hunger Games n'est pas pour me déplaire, même si elle ne veut pas en parler. Que je lui demande comment c'était dans l'arène ou ce que ça fait d'être Mentor, dès que j'aborde le sujet, elle devient fuyante et à l'air tendue. Si elle avait été quelqu'un d'autre, j'aurais insisté, ou bien j'aurais trouvé un moyen d'obtenir des réponses à mes questions, mais avec elle, je dois ravaler ma frustration, parce que si elle se lasse de moi, je perd l'une des choses les plus précieuses que j'ai jamais eu: ma première réelle chance de briller.
Le deuxième apprenti n'est pas aussi intéressant que la mentor. Jacquard Madras est un peu plus jeune que moi, il a l'air perpétuellement apeuré. Pourtant, je peux voir pourquoi Sikka l'a choisit, même s'il n'est pas aussi bon que moi, car il a un sens très aiguë des formes et des textures, et je dois admettre que ses croquis ont vraiment du potentiel. Je vois bien à ses regard de travers et ses silences qu'il ne m'aime pas beaucoup, et ça ne me gêne pas plus que ça. Je m’intéresse seulement à son travail, pas vraiment à sa vie privée ou quoi que ce soit. Nos interactions se limitent à notre apprentissage et le strict minimum pour répondre aux exigences de Sikka, et éventuellement quelque mots de politesses ici et là pour prouver au reste du monde que nous sommes capables d'être un minimum cordiaux.
J'aime l'apprentissage, et c'est sûrement l'une des meilleures choses qui me soit arrivée dans ma vie. Si bien qu'au début, il me suffit. Je suis efficace et appliquée, j’exécute les tâches qu'on me demande, je fais des choses que je n'aurais pas eu l'occasion de faire ailleurs. Mais rapidement, je veux plus. Je vois toute les petites façons dont je pourrais changer les patrons pour les rendre plus à mon goût. Je vois à nouveaux les chutes de tissus qui ne manqueront pas à qui que ce soit. Je sais que je n'ai pas le droit d'y toucher, même les petits bouts qu'il reste derrière appartienne à Sikka et au Capitole. Mais j'imagine mille façons de les utiliser, et savoir qu'aucune de mes idées ne se réalisera jamais est une torture pour moi, je n'en dors presque plus. Alors assez rapidement je finis par céder. Après tout, est-ce que ce n'est pas hypocrite de faire cet apprentissage et de ne pas en profiter? Et puis, l'art consiste à établir et briser des règles encore et encore, chercher la façon la plus innovante et la plus inintéressante de passer outre. Certes, le reste du monde n'est généralement pas d'accord avec ce genre de raisonnement, mais ma vie sera mon chef-d’œuvre, et je ne vais pas me préoccuper de tous ceux qui n'ont pas décidé de transformer la leurre en art également. Alors je me suis servie, petit à petit, histoire de ne pas me faire repéré, et quand Jacquard aussi a le dos tourné, parce que je sais qu'il n'hésiterai pas à me dénoncer. Je recommence à faire des heures supplémentaire chez moi, mais ce n'est pas une corvée, ça ne l'a jamais été. D'autant plus que mes journées sont moins bien éreintante chez Sikka qu'à l'usine, même si elles restent fatigantes. Et puis au moins je suis traitée comme une personne et pas comme une machine. Bien vite, mon stock s’amasse et je peux laisser libre cours à ma créativité. Je suis obligée de faire un peu de patchwork, mais je tourne assez vite ce problème en avantage, il suffit de trouver quelle couleurs vont ensemble, ne pas cacher que c'est du rafistolage mais au contraire, sublimer ce fait. Je me sens toute puissante, à défier les lois de Sikka et de l’esthétisme. Bien sûre, personne ne verra ce que je fais, je ne suis pas assez bête pour prendre ce risque, et même s'ils la voyait, je ne sais pas si les gens comprendront mon œuvre comme moi. Les assemblages de chiffons de ce genre sont généralement associés à la pauvreté, mais le tissus que j'utilise est de la plus haute qualité, ça crève les yeux. Le vêtement redéfinis la pauvreté, se la réapproprie presque. Il est un paradoxe multicolore qui appelle l’œil. Il ne devrait dégager ni sentiment d'harmonie ni d’équilibre, et pourtant c'est le cas. La coupe n'est pas vraiment parfaite, à mon grand regret, et il y a un ou deux plis indésirable ici et là dont je n'ai pas réussis à me débarrasser, mais je pense que ma pièce est l'une de mes préféré. Au dépars, je voulais juste faire une cravate. Et puis je n'ai pas pu m'empêcher de faire un gilet assorti. Et un pantalon. Et une veste. Si j'ai bien fait attention à bien prendre les tissus petit à petit, j'ai eu les yeux plus gros que le ventre et j'ai finis par baisser ma garde. Sikka a finit par remarquer qu'il manquait des chutes de tissus, et elle a deviné que c'était moi, parce que c'est vrai qu'on m'imagine plus facilement voler que Jacquard, qui n'a pas le cran de grand chose à mon avis. Comme attendu, elle n'était pas contente. Mais je pensais vraiment qu'elle allait me virer, et je suis prête à risquer beaucoup pour exprimer ma liberté et ma créativité, mais pas à perdre cet emploie. Cependant Sikka n'en fit rien. Elle passe du temps à m'expliquer pourquoi je ne peux pas faire ce que j'ai fait, pour des raisons hiérarchique et politique. Je m'en doutais un peu, mais je ne répond rien. Puis elle me dit qu'elle pense que j'ai beaucoup de potentiel, et je me tais à nouveau, mais c'est un silence différent cette fois. Mes parents sont les seules à vraiment me l'avoir dit. Bien sûr, je le sais, c'est ce que je tue à montrer au monde. Mais entendre quelqu'un d'autre le dire n'est pas désagréable, ça m'aide à me sentir moins invisible. Puis elle continue en me disant que je ne peux pas continuer à prendre du tissus comme ça, sans aucun encadrement, et que si je continue, il faut que je note rigoureusement ce que je prend, quelle quantité, et à quelle date. C'est tout. Aussi simple que ça. Bien sûr, si je vole encore, c'est la porte. Mais elle ne m'empêche pas de continuer. Elle ne me bride pas, pas vraiment. Sikka me laisse autant de liberté que ce qui est en son pouvoir, et pour ça, je lui en suis reconnaissante.
Alors j'ai repris mon apprentissage, suivant les indications de ma mentor à la lettre et précisément. Je n'aime pas spécialement les règles et j'ai habituellement les contourner par tout les moyens possible pour montrer que je suis la plus futée et que personne ne peut vraiment me contraindre. Mais ici, je reste rigoureuse et méthodique. Et puis, je vois bien que Jacquard est vert de jalousie à chaque fois que j'indique mon butin que j'emporte chez moi le soir. J'ai conscience d'être privilégiée par rapport à lui, mais aussi de le mériter, et je ne vais me gêner pour l'étaler devant ses petits yeux qui brûle de jalousie. Bien sûr, il a demandé à Sikka la permission d'en prendre également, mais elle a refusé. Puisqu'il n'est pas encore à mon niveau, il doit d'abord combler ses lacunes, ce qui fait sens pour être honnête. Il n'est pas aussi travailleur que moi et respecte plus ses heures de sommeil, ce qui n'est pas une tare en soit, surtout vu les états dans lesquels j'ai pu me mettre par le passé. Mais c'est clair que j'ai progressé beaucoup plus vite dans beaucoup de domaines. Je ne pense pas que Sikka me préfère réellement, il se trouve juste que je suis devant mon benjamin et je suis traitée comme telle, la couturière ne fait que respecter nos rythmes d'apprentissage. J'ignore donc le ressentiment du second apprenti à mon égard, sauf pour m'en délecter, et continue de briller à l'apprentissage, considérant que l'égo blessé de l'autre est son problème et seulement le sien. Mais c'était sous-estimer le fait que Jacquard n'était peut-être pas fait d'une étoffe si différente de moi après tout.

Mon apprentissage durait déjà depuis un an et quelque mois quand tout à déraper. C'était si simple, et j'aurais dû le voir venir. Mais non. J'étais trop occupée à regarder vers mon avenir radieux que j'en qi oublié de regarder dans mon dos. Un jour, je suis convoquée à nouveaux chez Sikka. Je ne suis pas vraiment inquiète. J'ai commencé à modifier les patrons également. Je n'ai pas demandé la permission, mais je ne l'ai pas fait sur des pièces particulièrement importante (même si c'était dur de me retenir) et j'estime que j'ai augmenté la qualité des vêtements concernés. Si Sikka me dit clairement d'arrêter, je le ferai sans doute, mais je suis sûre qu'il y a moyen de négocier quelque chose, peut-être même que j'arriverai à négocier un rôle plus important dans le design des vêtements. Je serai excellente à ça et Sikka ne peut le nier. Mais très vite, ma mentor me fait comprendre qu'il ne s'agit pas de ça. Apparemment j'aurais recommencé à voler du tissus. Et pas que les chutes. Du tissus important. C'est absurde. Si je voulais du tissus, je ne le volerai pas de façon aussi grossière, je ne me ferai pas attraper ainsi et surtout, je ne risquerai pas ma place ici aussi bêtement. Mais ça ne suffit pas à convaincre Sikka. Rien de ce que je dis ne suffit à la convaincre. C'est vrai que ce n'est pas comme si je n'avais pas d'antécédents, antécédents pour lesquels je n'ai jamais exprimé le moindre remords, parce que je n'en ai effectivement pas. Mais je n'ai pas commis ce vol là. Et ce n'est pas dur de deviner qui l'a fait. Mais la gagnante des Hunger Games reste sourde à mes accusations. Jacquard a un comportement exemplaire depuis le début. Moi, je suis arrogante et indisciplinée. Sauf que la différence entre l'autre petite enflure et moi, c'est que je ne suis pas hypocrite et je ne cache pas mes défauts. Sikka savait qui elle avait engagé et je ne m'en suis jamais cachée. J'essaye de garder un ton calme. De ne pas envenimer les choses. Mais je n'ai jamais été aussi en colère, et pour la première fois de ma vie, je me sens également désespérée, ou ce que j'imagine être le désespoir. Je suis acculée, je n'ai pas d'idée brillante pour m'en sortir, je ne peux pas faire une démonstration de mon talent pour m'en sortir. Et je suis en train de perdre l'une des rares choses vraiment importantes pour moi. Et la seule personne que j'ai jamais réellement admiré, et qui m'a estimé en retour, est en train de me regarder comme tout le reste des adultes. Comme une gamine arrogante et capricieuse dont on a hâte de se débarrasser. D'habitude, être vu comme ça ne m'affecte pas. Mais là, le regard de Sikka me fait mal. Je ne peux rien faire d'autre que de me soumettre à sa volonté. Mon apprentissage est interrompu. Je suis virée, sans chance de prouver mon innocence ou de faire changer Sikka d'avis.L'idée d'avoir un jour l'occasion de prouver ma valeur en exposant à de grands noms du métier part en fumée. En un claquement de doigts, je redeviens juste une autre gamine du 8 qui ne peut que ce contenter de rêver de devenir un jour styliste.
Dernière modification par ChapelierFou le mer. 19 oct., 2022 5:57 pm, modifié 1 fois.
ChapelierFou

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Re: Isabeau Fuller-2

Message par ChapelierFou »

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Je me retrouve à être inemployable dans les autres grandes enseignes de mode de mon district. Personne ne veut d'une voleuse désobéissante, peut importe ce qu'elle sait faire avec du tissus. Après tout, c'est le 8, trouver des couturiers n'est pas compliqué. D'autre seront toujours ravis de passer devant et de montrer leur talent à eux, même s'ils seront sans doute moins audacieux. La perte de mon apprentissage est encore dans mon esprit, et je continue de la regretter. Mais je ne peux perdre mon temps à y penser. Je dois redevenir maîtresse de la situation. Alors si je suis inemployable? Tant pis, qu'ils ne m'emploient pas. Je travaillerai à mon compte. C'est ce que j'ai toujours voulut, de toute façon. J'ai voulu rester dans les codes, apprendre proprement, nouer des contactes. Bien sûr, connaître les bonnes personnes n'est pas quelque choses sur lequel je cracherai, mais je ferai avec. Je saurais tourner ce contre temps en opportunité. Et puis j'ai tout de même appris aux côté de Sikka, je l'ai vu parler aux clients les plus importants. Je l'ai vu changer ses intonations et son langage corporel en fonction de son interlocuteur. C'était fascinant, moi, ça ne me vient pas aussi naturellement, et je suis vite agacée si le rôle que je dois jouer me déplaît. Mais j'apprendrais. Je prendrais le temps qu'il faut, et ce ne sera pas facile, mais je dépasserai Sikka. Le premier problème dans ce plan, c'est l'argent, encore et toujours. Je n'en gagnerai sans doute pas beaucoup au début, et je ne peux pas imposer à mes parents d'avoir un enfant qu'ils doivent complètement soutenir financièrement à leur charge. Alors je leur annonce quelque chose qu'ils n'aiment pas. Je déménage. Je sais qu'ils espéraient secrètement que je m'assagisse un jour. Ils ne veulent pas retenir mon potentiel, ils veulent me laisser m'épanouir, mais ça, laisser leur fille livrer à elle-même, ça leur fais peur, sans doute parce que ce sont de bon parents. Et puis ils espéraient sans doute que je m’assagirai un jour, que je me montrerai raisonnable. Ils me disent de prendre mon temps. Que 16 ans, c'est trop jeune pour habiter toute seule. De me laisser l'opportunité de changer d'avis. Et si je meurs de faim? Et si je finis dans la rue? Je leur dit que je reviendrais, même si on sait tous que je serai sans doute trop têtue pour. Mais la vérité, c'est que tous les risques dont ils parlent, à mes yeux, ils ne sont rien comparés au risque de ne pas réaliser mon rêve. Je ne suis pas bête ou naïve, ce ne sera pas facile. Mais hé, j'aime mon métier à en mourir, j'espère juste que ce ne sera pas littéral.

Les premiers mois sont effectivement durs, que ce soit parce que j'ai à peine la place de m'allonger dans mon appartement et que je dors sous mon bureau, ou parce que j'ai à peine de quoi me payer à manger. Mais il est hors de question d'abandonner. Si je retourner chez mes parents, je devrais prendre un travail à l'usine, parce que je ne peux pas les embarquer dans ce que moi, je suis prête à endurer. Je pourrais sans doute y retourner tout de même, prendre le travail, recommencer à travailler la nuit sur mes propres projets, mais j'aurais la sensation d'être ramenée des années en arrière, et j'avancerai extrêmement lentement dans mon réel objectif. Non, je prend des décisions pour moi-même, et je ne perdrais pas de temps.
Je fais et du sur-mesure et de prêt-à-porter. Il faut que l'habitant moyen du district ai les moyens de s'acheter ce que je vends, mais il me faut un challenge ici et là, il faut bien que mon attention soit maintenu. Ne pas avoir de patron me permet d'être aussi expérimental que je le désir. Je peux tenter autant de concept que je le veux, même si à chaque fois c'est un risque pour mes affaires. Que ce soit au niveau des produits que j'utilise pour colorer mes matériaux, des silhouettes inattendues, des mélanges de tissus qui ne vont pas typiquement ensembles... Il n'y a rien pour brider mon imagination, et ne pourrais plus jamais me passer de cette liberté. Bien sûr, mes modèles les plus audacieux, ce sur lesquels je passe le plus de temps, je les expose juste devant la vitrine de Sikka. Déjà, c'est là que sont les gens riches, et l'idée d'un jour lui voler sa clientèle ne me déplaît pas, et ensuite, c'est clairement pour l'embêter et lui montrer ce que je peux accomplir. Je n'ai pas spécialement besoin qu'elle regrette de m'avoir viré, je veux juste m'assurer qu'elle sache à quel point je suis douée, et qu'elle ne l'oublie pas. Et puis je fais en sorte de me trouver là quand elle est avec des clients importants. Souvent, je porte moi-même les vêtements, histoire que si on veuille m'accuser de concurrence, je puisse nier et prétendre qu'il se trouve juste que je me trouvais là, dans une robe sur laquelle je travaillais depuis des mois. Ce n'est pas un mensonge très convainquant, mais c'est également dur de prouver que c'est faux. En réalité, je n'ai pas encore convaincu les clients de Sikka de venir se fournir chez moi à la place, mais je sais que certains m'ont remarqué, même si ce n'est visiblement pas assez pour qu'ils me prennent aux sérieux. Si bien que je prend mon mal en patience, ce qui n'est pas forcément mon point fort.
Bien sûr, je n'ai pas oublié Jacquard. Après tout, c'est lui l'origine du problème. Ce qui devait à l'origine n'être qu'une vengeance est devenu assez vite un jeu assez amusant. Plus pour moi que pour lui, je pense. C'est vrai que trouver tout les matins ses tissus rangés différemment ou bien que son travail est au même point que hier matin après avoir passé la journée dessus en déstabiliserai plus d'un. A croire que quelqu'un avait fait un double des clés de l'atelier dès le premier jour, parce qu'elle aimait la simple idée d'avoir les clés sur elle même à la fin de son apprentissage, et qu'elle vient mettre le bazar dans son établis quand personne ne regarde, ainsi que découdre son travail. Cette partie là est particulièrement délicate, parce qu'il faut s'assurer qu'il ne reste aucun fil de la couture, qu'il faut couper sans entamer le tissus, ce que Jacquard rend compliqué car ses points sont de très bonnes qualités, il faut le reconnaître. Et puis après il faut repasser le tissus pour rendre les petits froissement créés par la tension du fil invisible, et enfin, il repasser les fils qui composent le tissus afin de masquer le fait qu'une aiguille est tout de même passer par ici. Parfois, je recouds un autre tissus à la place, d'une couleur un peu différente, juste assez pour que le vêtement semble tout de suite plus fade et moins intéressant, mais pas trop non plus, histoire que l'idée que l'apprenti se soit simplement trompé reste plausible. Bien sûr, Jacquard se doute que c'est moi, mais il n'a pas de preuve, peut-être pourrait-il convaincre quelqu'un s'il expliquait qu'il avait menti pour me faire virer, mais j'imagine qu'il n'a juste pas ce genre d’honnêteté en lui... Tant pis, il va continuer de trouver des petites bizarreries sur son chemin, juste assez pour le convaincre que soit il il perd la tête, soit il est persécuté et il ne peut rien y faire. J'imagine que le stresse lui fait perdre de précieuse heures de sommeil, et il commence à faire de plus en plus de petites erreurs de lui-même et à arriver en retard. Il n'a plus de moyen de savoir si les commandes s'emmêlent de son fait ou du mien. Heureusement que Sikka vérifie parce que sinon il ruinerai rapidement sa réputation. Heureusement pour tout le monde que son apprentissage est bientôt terminé, je suis sûre qu'il n'aura pas le temps de faire de grosse bêtise d'ici là. D'ailleurs il en fait de moins en moins et semble reprendre le contrôle de sa vie, même si ça n'a pas l'air de l'aider à se détendre. Pourtant, le grand finale de son apprentissage arrive. L'occasion unique de présenter une pièce qu'il a crée entièrement de lui-même à des gens très très importants. Bien sûr, je suis devant la vitre, présentant une de mes propres créations, mais ce n'est pas nouveaux, et ce serai sans doute encore plus inquiétant si je n'étais pas là. Je vois les messieurs de dos. Des gens qui auraient les moyens d'investir beaucoup d'argent dans la carrière du jeune garçon et changer son destin s'ils sont séduits, et qui auraient pu faire la même chose pour moi si j'avais pu être à l’intérieur de la boutique. Je croise d'ailleurs le regard de Sikka. Elle le sait aussi. Mais bien vite, nos yeux se séparent, et nous sommes des étrangères à nouveaux. Je regarde à nouveaux la rue et attend. Quand ça arrivera, je l'entendrai. Et pus je n'ai pas besoin de tourner la tête pour savoir à quoi ressemble la robe de Jacquard. Si une thèse sur comment faire du bon travail académique était une robe, ce serai ça. Honnêtement, elle aurait sans doute été plus intéressante si je n'avais pas fait tourner Jacquard en bourrique pendant des mois avant cela, mais il n'a pas vraiment osé prendre de risque durant cette période instable de sa vie. Et puis la robe mauve qu'il présente n'est pas laide à regarder, elle rendra sûrement une dame très riche très heureuse. Mais ça manque d'une forme d'entrain et de dynamisme. Quand la dame imaginaire ira à sa soirée de gens riches imaginaires, elle ne se fera pas vraiment remarquer, et elle verra sûrement d'autre gens portant des tenus similaires. Très bien exécutée, certes, mais similaire. Mais personne ne portera jamais la robe qu'il a cousu.
Je souris quand j'entends soudainement des exclamations de surprises et de peur éclater dans mon dos. Je vois mon ombre devant moi illuminé d'un halo orangé. Le vêtement vient de prendre feu. On accusera un fil électrique abîmé dont le bout à vif traînait sous la robe, qui était faite de tissus particulièrement inflammable, même si on ne saura jamais vraiment comment une telle négligence à pu arriver de la part de Jacquard. Trafiquer tout ça n'a pas été une mince affaire, mais quand je regarde les flammes s'élever au dessus de la foule apeuré, ça en vaut la peine. Personne n'a été blessé, et c'est trop tard pour que Jacquard perde son apprentissage de toute façon, mais wow ça aura finis sur une mauvaise note. Quelle sens du spectacle et du dramatique le destin peut avoir quand il s'y met...

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Depuis que j'ai détruit la réputation de Jacquard, je me consacre entièrement à ma propre carrière. C'est dur, il faut bien l'avouer, et je ne mange et dors pas autant qu'il le faudrait, mais au moins je n'ai à répondre à personne. Cependant, le manque d'argent, en plus d'avoir des répercussion sur mon corps, a des répercussion sur les matières premières que je peux m'offrir, et si au début j'aimais le défit que cela représentait, maintenant je dois tout de même affronter le fait que je n'ai accès qu'à des matériaux très bas de gamme, quand j'en ai tout cours, si bien que je n'ai pas grand chose à vendre, et que je ne peux le vendre que à très bas prix. Je vois bien que c'est un problème auquel je n'ai pas encore trouvé de solution. Ce n'est pas comme si mes parents avaient les sous pour me soutenir financièrement. Je continue à me dire que je peux le faire, mais mon corps épuisé me supplie de me rendre à l'évidence et de retourner à l'usine, juste le temps de réajuster mes finances. Ce serai la chose raisonnable à faire. Reprendre des forces pour ne pas être épuisée en permanence, accumuler un peu d’énergie pour mieux repartir. Mais je ne suis pas sûre de vouloir être raisonnable, ou de savoir l'être. Je sais qu'il doit y avoir une solution quelque part, une idée de génie à avoir pour me sortir de ce mauvais pas. C'est juste que je ne l'ai pas encore eu pour l'instant. Mais le temps presse, parce que si je ne fais rien rapidement, je n'aurais plus d'option du tout car je ne serais même plus capable d'accrocher deux pièces de tissus ensembles. A moins que les Hunger Games qui arrivent ne fassent le choix à ma place. La gloire ou la mort, le feu des projecteurs ou bien le froid de la tombe, le paris ultime. C'est dur de ne pas fantasmer dessus de temps à autre... Le seul moyen de vraiment obtenir la liberté que je désire. J'ai même repris mes petits entraînement de quand j'étais gamine, que je faisais toujours de temps à autre... Mais pour l'instant, même moi je ne suis pas déraisonnable à ce point, et les Hunger Games ne resteront qu'un fantasme. Je dois me concentrer sur mon travail et trouver un moyen de m'en sortir financièrement. Je n'ai pas besoin des Jeux pour briller et être reconnue à ma juste valeur. Il a encore beaucoup de spectacles que je peux donner, beaucoup d'endroit de mon district dans lesquels je veux introduire la couleur en douce. Oh, éclabousser tout l'univers pour qu'il rayonne comme l'un des rares arc-en-ciel que j'ai pu voir dans ma vie, faire crier le vert, chanter le rouge, hurler l'indigo à chaque coin de rue, et que tout cela soit ma voix à moi. Ça, ce serai un spectacle encore plus dingue que les Hunger Games.



Caractère
Du caractère, j'en ai beaucoup. Je ne suis pas du genre à pleurnicher en disant que je n'aime pas parler de moi et que je ne me connais pas. J'estime que chacun ne peut compter que sur lui-même, et pour ce faire, il faut se connaître comme d'autre gens disent connaître leur meilleure amie. Je peux compter sur moi-même, je me fais confiance, et je sais exactement qui je suis et ce que je veux. C'est pour cette raison que je suis parfaitement indépendante. Je n'ai pas beaucoup d'amis, entre autre parce que je n'ai jamais vraiment pris le temps de m'en faire, et puis peu de gens m'apprécie, ce que je ne considère pas vraiment comme un problème. Je ne dis pas ça parce que je déteste spécialement les gens, il y en a des plaisants et des moins plaisants, comme partout, c'est juste que je trouve stupide l'idée de m'entourer de gens qui ne m'apprécie pas quand je suis moi-même. Je ne leur doit rien, encore moins de les laisser me freiner pour qu'ils puissent se sentir utiles.

Je sais que je parais extrêmement froide, c'est vrai que je ne ressent pas vraiment d'empathie pour les gens, et franchement, je n'ai pas l'impression que ça me manque. Je sais que parfois je dis des choses qui peuvent paraître déplacées, même si c'est de plus en plus rare. En tout cas mon intention n'est jamais de blesser qui que ce soit (ou rarement) mais je ne ressentirai pas vraiment de culpabilité si je le fait. En réalité, je ne connais pas vraiment la sensation de remord, même si je comprends la place qu'elle est censée occuper dans la société, j'imagine. Et puis quand à ma froideur, vous ne la verrez plus du tout si la conversation m’intéresse. Je suis curieuse et ouverte d'esprit, j'aime la nouveauté et ne supporte pas l'ennuie. Je suis plutôt énergique et très passionnée et tant qu'on ne compte pas sur moi pour parler d'émotions profondes et qu'on me laisse m'exprimer et retourner à mon travail quand je le souhaite, je pense ne pas être la pire compagnie sur Terre. Bien sûr, il faut aussi être capable de faire avec mon égo, doublé de mon ambition. Apparemment, ça dérange les gens que je sache ce que je vaux et que je ne m'en excuse pas et m'en cache pas, et que je cultive mon potentiel. Je ne demande même pas qu'on me laisse de la place, je demande juste qu'on ne cherche pas à prendre la mienne, et je ne vois pas pourquoi c'est censé être mon problème que les autres gens ne fassent pas la même chose. Et puis ce n'est pas comme si ça me garantissais une vie parfaite, il m'a déjà joué des tours, comme ne pas avoir vu venir le coup de couteau de Jacquard, et puis la réaction négative des gens à ma personnalité me desserre de temps en temps il faut bien l'admettre. Il se trouve aussi que je suis impatiente et impulsive. Ce n'est pas forcément la première chose que l'on remarque chez moi, mais quand j'ai une idée il me tarde de la mettre à exécution, et ça peut être à double tranchant. Parfois il s'agit d'une excellente idée, et cette spontanéité apporte vraiment quelque chose à mon travail, parfois il y a des conséquences néfastes que je n'avais pas forcément anticipé.

Et pour finir, j'ai un grand sens du spectacle. J'aime ce qui est dramatique, ce qui fait parler les gens, ce qui attire l'attention. J'aime réfléchir au mécanisme de ce procédé, et puis j'aime qu'on sache ce que je vaux. Peut-être à cause de mon égo, peut-être parce que je suis née dans un pays profondément fracturé où la communication avec le monde extérieur est impossible, et chacun n'est qu'une tâche grise sans importance aux yeux des puissant, et que je brûle simplement d'un feu qui était destiné bien avant ma naissance à me consumer, me laissant éternellement insatisfaite, et que j'ai décidé d'en faire et mon arme et mon cauchemars, dans lequel une main extérieur vient et l’éteins brusquement. Mais qui sait ce que j'embraserai avant?


Caractéristiques

Force
1
Honnêtement, je ne me suis jamais battu. Je ne suis pas quelqu'un de violent, et même si je rêvasse parfois d'aller aux Hunger Games, je n'ai jamais donné ne serai-ce qu'une gifle à quelqu'un. Je n'ai pas non plus l'habitude de porter quelque chose de beaucoup plus lourd qu'une machine à coudre...


Vitesse pure
3
Je suis très rapide avec mes doigts et j'ai de bons réflexes, mais pas grand chose d'autre.


Vitesse de traitement de l’information
7
Ça je sais faire. Déjà à l'usine, je devais comprendre rapidement les patrons pour les réaliser. Puis à mon apprentissage, il fallait absorber raidement beaucoup d'informations pour les mettre en pratique. Et puis je sais que je suis naturellement plus futée que la moyenne. J'aime m'attaquer à des problèmes complexes pour trouver la meilleure façon d'y remédier. Puis la moins attendue. Puis la moins autorisée. Enfin, je combine les trois pour obtenir exactement ce que je désire.


Agilité : souplesse, capacité à se faufiler, capacité à grimper
5
Je suis plutôt souple naturellement, pas beaucoup plus que la moyenne, mais je me débrouille. Cela faisait parti des entrainement que j'avais imaginés petite. J'aurais voulu avoir un style de combat particulièrement gracieux, comme les ballerines du Capitole qu'on voyait parfois à la télé, et je me disais que elles, ce serai marrant de les voir participer aux Hunger Games. J'aimais surtout celles qui maniaient les rubans comme une prolongation de leur corps, c'était un peu ce que je ressentais quand je travaillais mes tissus, même si j'imagine que ça n'y ressemble pas du tout quand on me voit coudre de l'extérieur. Bref, je m'étais dit que si j'étais tirée au sors, je voudrais un style de combat un peu comme ça, alors je m'entrainais un peu à danser et à manier des rubans, mais à par attacher un couteau à beurre à mes tissus et les lancer à travers la maison pour m'entraîner à viser (piètrement) ce n'est jamais allé beaucoup plus loin.

Ruse
8
Je pense que c'est mon point fort. Il faut dire que c'est un de mes hobbies depuis longtemps, et je suis plutôt douée pour obtenir ce que je veux. Il s'agit d'être encore une fois créative, mais seulement pour mon propre usage. Et puis tromper et manipuler la vision de mon prochain, ce n'est pas très différent de mettre en scène un spectacle de bonne qualité à mes yeux.

Résistance : résistance à la douleur, résistance à la faim ou au froid, résistance émotionnelle
6
J'ai l'habitude de manquer de nourriture et de sommeil, et même si mon corps proteste, j'arrive généralement à tenir le coup. Bien sûr j'ai des limites, comme tout le monde, mais je l'ai connais et j'y suis attentive, même si je les dépasse sans doute trop souvent. Quand à ma résistance émotionelle, ce n'est pas un problème non plus, je ressent peu la peur ou l'anxiété, plutôt de l'adrénaline et de l’excitation, si bien que mon esprit n'est pas vraiment handicapé en situation de stresse, ce qui me permet de garder la tête froide

Physique
Je suis plutôt grande et fine, en raison de mon manque régulier de nourriture. J'ai un visage délicat qui que donne un air innocent et de grands yeux bleus glaciers qui peuvent paraître inquiétant pour certains. Il m'est déjà arrivé de raser mes sourcils par goût de l'expérimentation. Je me coupe les cheveux moi-même afin de garder en permanence un carré parfait, et je les teins également, en roux foncés ou clair, mais en ce moment c'est la première option. J'aime l'idée que mes simples cheveux, bruns à l'origine suffisent à ramener un peu de couleurs dans le district, même si j'ai dû tenter pas mal de choses avec ma teinture à tissus avant d'obtenir une formule assez peu agressive pour pouvoir la mettre sur mon cuir chevelu.

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naji2807

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Re: Hunger Games - Réédition

Message par naji2807 »

Hello, le personnage est sympa et j'ai hâte de voir ce que ça donnera dans l'Arène ! Je valide ^^
ChapelierFou

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Re: Hunger Games - Réédition

Message par ChapelierFou »

Super, merci beaucoup ! :D
MorganeP79

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Re: Hunger Games - Sikka Poplin

Message par MorganeP79 »

Bonjour à tous !
Comme convenu, je suis en vacances donc j'ai (enfin) pu lire vos fiches !! Dans l'ensemble, vos fiches sont très bien et j'ai jamais grand chose à dire ^^

@Spring : Déjà je tiens à faire cette petite aparté pour te dire que tes petites playlist sont toujours très très cool ! Un plaisir de les écouter en lisant tes fiches !
• Condat : Un personnage attachant, qui semble assez drôle. Peut-être qu'il réussira à détendre l'atmosphère assez pesante des jeux ! J'ai hâte de faire un Jayna/Condat !
• Sikka : Rien à redire sur ta fiche, j'aime beaucoup ta façon d'écrire mais je pense que je te l'ai déjà dit plusieurs fois ! Elle à l'air d'avoir du caractère, il faut qu'on réfléchisse (si ça t'intéresse) pour faire quelque chose avec Cora (j'ai pas encore décidé de l'édition de sa victoire par contre xD) !
• Jari : Je valide ta fiche de Jari. Il me fait un peu de peine, mais quand on m'écoutes, tous les personnages me font de la peine x)
• Feyn : Après avoir réfléchi et discuté avec Marie, on accepte ta fiche ! J'ai été assez dubitative au début mais finalement l'idée tient debout, à voir ce que tu en fais par la suite ^^

@Mon Acolyte : Isabeau est un personnage super intéressant, surtout par son caractère, ça va être quelque chose dans l'arène je pense ! Je valide ! (:
Springbloom

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Re: Hunger Games - Réédition

Message par Springbloom »

MorganeP79 a écrit : jeu. 27 oct., 2022 8:37 pm Bonjour à tous !
Comme convenu, je suis en vacances donc j'ai (enfin) pu lire vos fiches !! Dans l'ensemble, vos fiches sont très bien et j'ai jamais grand chose à dire ^^

@Spring : Déjà je tiens à faire cette petite aparté pour te dire que tes petites playlist sont toujours très très cool ! Un plaisir de les écouter en lisant tes fiches !
• Condat : Un personnage attachant, qui semble assez drôle. Peut-être qu'il réussira à détendre l'atmosphère assez pesante des jeux ! J'ai hâte de faire un Jayna/Condat !
• Sikka : Rien à redire sur ta fiche, j'aime beaucoup ta façon d'écrire mais je pense que je te l'ai déjà dit plusieurs fois ! Elle à l'air d'avoir du caractère, il faut qu'on réfléchisse (si ça t'intéresse) pour faire quelque chose avec Cora (j'ai pas encore décidé de l'édition de sa victoire par contre xD) !
• Jari : Je valide ta fiche de Jari. Il me fait un peu de peine, mais quand on m'écoutes, tous les personnages me font de la peine x)
• Feyn : Après avoir réfléchi et discuté avec Marie, on accepte ta fiche ! J'ai été assez dubitative au début mais finalement l'idée tient debout, à voir ce que tu en fais par la suite ^^

@Mon Acolyte : Isabeau est un personnage super intéressant, surtout par son caractère, ça va être quelque chose dans l'arène je pense ! Je valide ! (:
Merci ça fait super plaisir de savoir que tu as pris le temps de tout lire vu que j'ai tout posté d'un coup x) Sache que j'ai un peu galéré pour certaines des playlists, j'ai pris l'habitude de les mettre maintenant, mais certains sont moins inspirants d'autres (notamment Condat, c'est pas mon credo musical la Petite Maison dans la Prairie et la country, alors j'ai improvisé).
N'ayant aucune idée de qui est Cora (mise à part l'endroit où je vais faire mes courses ou l'homonyme d'une des meilleures Avatars), j'attendrai de voir, mais je te fais confiance pour un potentiel lien avec Sikka ^^
D'un autre côté, on parle ici de 23 personnages envoyé au casse-pipe, pas étonnant que ça fasse de la peine x)
Trop cool pour Feyn ! J'avoue que je me suis un peu laissé aller à tenter un truc, je me disais que ce serait sympa d'explorer plus loin le thème d'un district qu'un simple "ouais bah ils jouent avec des fioles" et avoir un potentiel Carrière d'un District inhabituel, histoire de pimenter un peu l'édition.

Du coup hâte de commencer maintenant :D
Mimie99

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Re: Hunger Games - Réédition

Message par Mimie99 »

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| District 11 | 44 ans | 1m78 | Mentor | 13ème édition des Hunger Games | Ego prononcé |
| Arrogante | Raffi |

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Compliance

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COVER YOUR TRACKS, WE KNOW WHAT'S BEST FOR YOU
YOU'VE BITTEN OFF MUCH MORE THAN YOU CAN CHEW
YOU'RE RUNNING SCARED, YOU'LL RUN INTO OUR ARMS
COME JOIN OUR CLIQUE, WE'LL KEEP YOU SAFE FROM HARM
OUR TOY SOLDIER, YOU'LL DO THE DIRTY WORK
STAY LOYAL TO US, WE'LL TAKE AWAY THE HURT
WE HAVE WHAT YOU NEED, JUST REACH OUT AND TOUCH
WE CAN SAVE YOU (WE CAN SAVE YOU)

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Le sol craquait sous mes pas alors que je m’approchais de l’estrade. Les épaules droites et la tête haute, je défiai du regard ces gens qui se tenaient là-haut. Croyaient-ils que je me réjouissais comme eux de ce qui s’en venait? Croyaient-ils que toute cette histoire était une question de gloire? Mon regard croisa celui de la petite fille qui redescendait les marches. Des larmes roulaient encore sur ses joues. La peur se lisait sur chacun de ses pores. Maintenant, plus même qu’au moment de lever la main, j’étais confortée dans ma décision. Le Capitole m’avait pris ma famille, mais je pouvais encore leur botter le c*l si je le voulais.

***

Le jour où tout mon univers s’est écroulé pour la première fois, c’était quand j’avais quatre ans. C’est très tôt dans l’existence, mais je m’en souviens chaque nuit lorsque je ferme les yeux. Eh oui, même quarante ans plus tard! Oh, mais ça personne ne le sait! Pas même mes plus proches amis… C’est le genre de chose que l’on apprend à taire avec le temps. Je me suis assagi depuis mes dix-sept ans, disons-le. Mais ça, nous y reviendrons bien plus tard. Ce qu’il faut savoir, c’est que mes parents faisaient partie intégrante de la rébellion des districts. La seule chose dont je me souviens de cette époque c’est l’absence de rire et de joie. Les ténèbres et l’interdiction de jouer dehors. Il y avait beaucoup d’interdiction… Sur les quatre années que j’ai vécues avec mes parents, trois ont été accaparés par l’insurrection des districts. S’ils avaient su ce qui adviendrait dans l’avenir, je n’aurais sans doute jamais vu le jour.

Évidemment, le Capitole a gagné.

Le District Treize a été anéanti et les insurgés, punis. Beaucoup de têtes sont tombées dans les jours, le mois qui a suivi la victoire du Capitole. Parmi celles-ci, il y eut celles de mes parents. On me força à assister à toutes les pendaisons et décapitations qui eurent lieu ce jour-là. Pour bien marquer ma mémoire et me rappeler ce qui arrive à ceux qui défient le gouvernement. Tous les enfants, adultes et aînés, peu importe leur âge ou leur état de santé, ont été forcés d’y assister.

Je n’ai pas eu droit à la décence de leur dire au revoir. Ils m’ont été arrachés pendant la nuit et tandis qu’eux allaient croupir en prison en attendant les exécutions on m’a abandonné à l’orphelinat qui débordait déjà de bouches à nourrir. Malgré cela, je n’oublierai jamais la bonté des femmes qui s’occupaient de l’endroit. Elles n’ont émis aucune plainte et m’ont consolé jusqu’aux petites lueurs du matin…

Puis, ils sont morts.

Je les revois encore s’écrouler, leurs têtes en moins. Le sang s’écoulant lentement sur les pavés, puis se mêlant à la terre. J’ai marché sur leur lieu de mort au moment de monter sur l’estrade. Il n’y a pas eu une seconde depuis que j’ai appris les raisons de leur décès et toute l’histoire de notre district… aucune seconde depuis n’a pas été dévorée par une haine farouche et enflammée.

Mais je sais attendre mon heure.

***

Attifée d’une robe d’un brun moche qui ne m’allait pas du tout, j’ai fait mon apparition sur la scène. C’était mon moment de gloire. Toutes les caméras seraient sur moi et ils n’auraient d’autre choix que d’entendre ce que j’avais à dire. Peut-être couperaient-ils mes mots au montage, mais à qui ça importait? Les gens présents ici… Les autres tributs aussi… Ils m’entendraient tous!

- Faites du bruit pour Raffaela Roy du district 11! lança l’animateur de la soirée.

Il n’y eut pas autant d’applaudissements que pour les districts du un et du deux, mais j’eus tout de même droit à quelques-uns, quoique timide. Rien de plus normal quand la première fois qu’ils m’ont vu de manière officielle j’avais l’apparence d’une pomme! Quelle idée! Mais d’un autre côté, j’étais belle à croquer, non? Si on m’habillait décemment, en tout cas. Je m’approchai de l’homme, qui déjà assis, semblait avoir plus que hâte d’en avoir fini avec cette soirée.

Eh bien, moi, c’était tout le contraire!

- Alors, dis-moi, Raffaela…
- Appelez-moi Raffi, le coupai-je avec un sourire en coin.
- Très bien, Raffi. Alors, qu’as-tu à nous dire te concernant? As-tu de la famille, des amis qui t’attendent à la maison?

Mon sourire en coin s’accentua et je répondis avec suffisance :

- Je suis surprise que vous ne soyez pas déjà au courant… Je n’ai aucune famille. Ils ont perdu leur tête à la fin de la guerre, vous voyez?

Je vis une lueur indescriptible traverser son regard. Apparemment, il l’ignorait vraiment. Mon sourire s’élargit en voyant la réalisation se peindre sur son visage. Oh, oui, regarde-moi bien maintenant, cher monsieur. Je suis la fille unique de deux rebelles. Leur sang coule dans mes veines et je ne saurais le faire mentir! Il toussota pour masquer un début d’anxiété, il faut dire que je ne le lâchais pas du regard le pauvre.

- Dois-je en conclure que personne ne t’attend?
- Personne, acquiesçai-je.
- Je vois… Eh bien… Il faut dire que la raison de ta présence en ces lieux est plus qu’inhabituelle, n’est-ce pas? Tu es dans la première volontaire de ton district depuis le début des Jeux. Peux-tu nous éclairer sur les raisons de ton choix?

Je le regardai en arquant un sourcil, le forçant à se questionner sur le choix de ses questions. Un petit rire m’échappa avant que je reprenne mon sérieux en moins d’une seconde et plonge mon regard dans le sien.

- Elle n’avait que douze ans. Un enfant de cet âge ne devrait pas avoir à tuer pour une mince chance de survie.

Je fis un rapide balayage de la foule et arquai à nouveau mon sourcil à leur intention. Puis j’ajoutai :

- Elle avait tout à perdre. Son innocence, sa vie. Sa famille et ses amis. Moi, je n’ai rien à perdre et tout à gagner! Et c’est ce que je vais faire, croyez-moi. Ce n’est pas la dernière fois que nous nous verrons!

Il perdait le contrôle de notre conversation et il le savait, je le lisais dans ses yeux. L’amusement s’empara à nouveau de mes traits et je lui souris aimablement. Je me levai et fis face à la foule avant de lever mon poing vers tous ces gens qui me regardaient de haut, puis je criai :

- Vous allez me revoir!

Ma certitude et mon arrogance semblèrent plaire à beaucoup, car il y eut plusieurs applaudissements. Mon entretien devait être terminé à présent, car l’animateur me poussa vers la sortie. Je n’avais pas dit grand-chose, mais l’essentiel avait été présent. Alors, j’étais satisfaite.

***

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Je n’ai pas eu une enfance… typique. Typique pour le district onze, évidemment. Normalement, tout le monde commence à travailler très tôt pour aider la famille. Mais comme j’étais seule… Enfin. J’ai commencé à me rendre dans les champs quand j’avais sept ou huit ans. Au départ en ne faisant que quelques heures ici et là. Puis en arrivant vers mes neuf et dix ans, ils ont augmenté mon temps de travail. Je m’en moquais un peu, et j’avais l’impression que c’était pour éviter que je ne cause trop d’ennuis.

Je résidais toujours à l’orphelinat à cette époque, et il y avait autant d’enfants abattus, mais souriants que d’enfants abattus et colériques. J’ai rapidement compris que ceux qui s’en prenaient à plus faible qu’eux m’énervaient prodigieusement. Alors j’ai commencé à me battre avec toutes les brutes de l’orphelinat. Qu’ils soient plus grands et plus forts que moi ne m’importait pas. Parfois, je ne pouvais plus bouger pendant plusieurs heures. D’autres fois quelques jours. Les premiers temps, ça arrivait pratiquement tous les jours. Puis, j’ai appris à analyser les autres, prévoir ce qu’ils feraient avant qu’ils ne le fassent. J’ai su aussi utiliser mes atouts, ma petite taille et ma rapidité, pour les mettre à terre. Ils se fatiguaient vite, alors c’était de plus en plus facile.

Avec les années, ça le devint encore plus.

Et avec l’âge, j’en vins à apprendre à utiliser d’autres atouts : comme mon apparence. J’attirais les regards et je m’en servais à mon avantage. Évidemment, à la condition que ce ne soit que pour quelques secondes. Je n’ai pas la tromperie dans la peau et j’ai un sale caractère. Je ne suis pas celle qui séduit… à long terme. Je sais inspirer le désir avec mon corps, mais à la seconde où je parle, le charme est rompu. Souvent parce que je n’ai pas de patience avec les imbéciles. Je ne saurai jamais cacher mon agacement ni mon désir de vous mettre mon poing au visage, si c’est ce que vous m’inspirez. Toujours est-il que parfois, une distraction d’une seconde peut vous faire gagner un combat. Alors, oui, à l’époque j’ai souvent utilisé mon physique à mon avantage pour distraire mes adversaires. Nous étions tous dans les mêmes âges à un moment et il faut dire que certains contrôlent mieux leurs hormones que d’autres… Si un sourire suffit à te déstabiliser, ce n’est pas de ma faute!

Toutefois, je ne misais pas tout sur mes charmes féminins. Je ne m’en privais pas non plus, mais je n’essayais pas à tout prix de n’utiliser que ça. Non, avec le temps si j’ai amélioré mon utilisation de ma taille et de ma rapidité, j’ai aussi mis plusieurs heures à observer les autres dans leurs combats de rue. Alors c’est là aussi que j’ai appris deux ou trois trucs sur comment je pouvais remporter la victoire. Avec mes observations, j’ai appris des techniques de combat de rue et aussi j’ai aiguisé mon sens de l’observation pour découvrir les faiblesses de mes adversaires. Alors, il faut se dire que lorsque je suis montée sur l’estrade pour prendre la place du tribut femelle de cette année-là, donc à mes dix-sept ans, je ne perdais presque plus aucun combat. De là à dire que j’en ressortais à tous les coups sans meurtrissures… c’était faux, mais mes opposants étaient en bien plus piteux état que moi. Leur estime et leur arrogance en prenaient un coup, ça c'est sûr.

***

Je voyais bien comment ils me regardaient, tous autant qu’ils étaient. Les juges comme les autres tributs. Certains des membres des districts aussi défavorisés que les miens ne me dévisageaient pas de haut, même que la majorité m’évitait du regard. J’étais intimidante pour eux, il n’y avait aucun doute à ce sujet puisqu’ils étaient tous des gamins, ou presque. Le plus vieux d’entre eux devait avoir quinze ans… et ils étaient tous plus petits que moi. Par contre, les tributs du un, du deux et du quatre… eux me regardaient comme si j’étais une sorte d’anomalie. Ou un ver qu’ils voudraient bien écraser. Je ne manquais pas de leur renvoyer leurs regards provocateurs et y ajoutai des petits sourires arrogants. Chacun d’eux se donnait pas mal à fond dans les techniques de combat et j’en tirais joyeusement profit tout en apprenant quelques techniques de survie de base. Évidemment, je ne perdis pas mon temps avec les plantes comestibles, si ce n’était de vérifier lesquelles étaient présentes que je ne connaissais pas. Qui sait, c’était peut-être un indice sur l’endroit où ils nous jetteraient.

Il y avait aussi un atelier sur la fabrication d’objets avec des matériaux divers. Celui-là, j’y consacrai aussi une partie de mon temps tandis que j’observais tous les autres. Je n’étais pas complètement sotte et je me doutais que je ne devais pas être la seule à utiliser mes yeux pour jauger mes adversaires, alors je me tenais très loin des ateliers d’entraînement de combat que ce soit avec arme ou au corps à corps. Je préférais garder mes compétences pour moi et enrager mes adversaires avec mes petits sourires en coin et mes petits saluts de la main.

La troisième journée d’entraînement, le garçon de mon district vint me voir. Il s’appelait Jonathon. Que ce soit avant les Jeux ou maintenant, nous ne nous étions jamais vraiment parlé. Tout ce que je savais à son propos, c’est que comme moi, il était orphelin de guerre. Je crois qu’il s’était aussi retrouvé dans quelques combats de rue, mais contrairement à moi il cherchait à les éviter autant que possible.

- J’ai un pacte à te proposer.

Nous n’avions aucun mentor, mais nous n’étions pas idiots ni l’un ni l’autre. Les tributs des autres districts avaient commencé à créer des alliances. Était-ce pour cela qu’il était venu?

- Je t’écoute, lui assurai-je.
- Je ne travaille pas bien en équipe, mais si on peut se mettre d’accord sur un truc…

Je l’encourageai d’un mouvement de tête. De toute manière, je n’étais pas la meilleure non plus pour travailler avec les autres. Il fallait souvent que les autres soient aptes à accepter que je me débrouille mieux qu’eux, mais encore plus qu’ils s’arrangent pour tolérer mon attitude souvent déplaisante lorsque je n’apprécie pas suffisamment ceux qui m’entourent.

- Je me tiens hors de ton chemin si tu te tiens hors du mien. Je ne t’attaquerai pas en traître et toi non plus, sauf si on devait se retrouver l’un contre l’autre à la fin… Si ça doit arriver, eh bien… que le meilleur gagne.
- Marché conclu! acquiesçai-je.

Nous nous serrâmes la main pour officialiser notre pacte et la seconde suivante il était parti. J’avais bien vu qu’il n’était pas bavard, mais je ne pouvais m’empêcher de me dire que si les circonstances n’avaient pas été les mêmes, nous aurions pu nous entendre assez bien, lui et moi. Il était plus jeune que moi de deux ans et je ne pouvais pas m’empêcher de me dire que lui non plus ne devrait pas être ici…

Et pourtant une autre partie de moi me murmurait qu’il valait mieux que ce soit nous, ici, plutôt que des jeunes qui avaient toujours leur famille. Peut-être avait-il des amis qui le regretteraient… Mais l’absence de parents, de frères ou de sœurs rendait les choses plus faciles pour accepter la possibilité de sa mort prochaine.

Après ça, quelques tributs timides, mais courageux, des autres districts vinrent me parler eux aussi. En quête d’une alliance possible. Parfois, il m’en coûtait de leur dire non, mais je devais m’en tenir au plan que j’avais en tête. Et puis, le moins je les connaissais et le moins je serai triste de leur mort prochaine. De là à dire que j’arriverais à les accepter avec le sourire… Non, jamais. Pas même ces tributs arrogants des districts un, deux et quatre. Surtout les deux premiers. Parfois, l’arrogance des tributs du quatre tombait pour dévoiler ce que nous ressentions tous : la peur.

Ainsi donc, je ferais cavalier seul. Et les tributs de carrière feraient mieux de se méfier… car je viendrais pour eux.

***

Après être entrée dans l’enceinte du bâtiment derrière l’estrade, Jonathon et moi avions été mis dans des pièces à part pour nos rencontres d’adieux. Je m’attendais à ne voir personne, mais je me souviens encore de ma surprise lorsque la directrice de l’orphelinat est venue. Des larmes aux yeux, elle m’avait serré dans ses bras et m’avait avoué me trouver très courageuse. Les autres à venir, je ne m’y attendais pas davantage. C’était la famille de la gamine qui avait été tirée au sort, et celle-ci se trouvait là aussi. Ils m’ont remercié en pleurant et j’avoue que je n’ai pas su quoi faire à part répondre gauchement à leur étreinte.

Après quoi, j’avais été seule pendant une bonne quinzaine de minutes, puis ce fut le départ pour le Capitole. À notre arrivée, je ne pourrai pas nier que la majesté, la richesse et la grandiosité des lieux m’ont… donné envie de vomir. Voir tous ses gens bafouer bien des principes qui m’étaient si chers, ça me bouffait de l’intérieur. Je bouillais de plus en plus à chaque jour qui passait. Ils nous regardaient comme des attractions vivantes, riaient entre eux tout en sachant que vingt-trois d’entre nous laisseraient notre peau dans ce divertissement si cher à leur cœur… même s’il était tout récent.

Bientôt vint le temps de partir pour l’Arène. Et quelle Arène! Sous mon regard ébahi et une vingtaine d’autres… À perte de vue il n’y avait qu’une forêt dévastée par le feu, l’air que l’on respirait était encore saturé de fumée et de cendres volatiles. Ici et là dans cet infini de vide on apercevait des vestiges de bâtiments. Maison ou autres, je l’ignorais à l’époque et je l’ignore toujours. Tout ce que je savais, c’est qu’ils n’offraient aucune réelle protection. Contre les éléments ou les autres tributs.

Dès la première journée, plus de la moitié d’entre nous était mort. Sur les quinze morts, huit d’entre eux avaient été tués par des éléments présents dans l’Arène. Que ce soit des animaux, des pièges au sol qui vous engloutissaient… le résultat était le même : vous passiez de vie à trépas en un instant. Tous les autres furent massacrés par les Carrières. L’absence d’endroits où se cacher les aidant grandement. Seuls quelques astucieux, dont Jonathon et moi, arrivâmes à trouver des cachettes dans cet enfer brûlé.

Je me souviens encore de mon premier meurtre…

***

Ça faisait déjà trois jours que je les suivais et aucun d’entre eux n’avait encore remarqué que j’étais là. Et on aurait cru qu’avec six paires d’yeux et d’oreilles, l’un d’eux aurait fini par comprendre! J’étais leur ombre et ils l’ignoraient tous… quelle déception! D’un autre côté, je n’avais aucune envie de me retrouver dans un combat ouvert à six contre un. J’étais douée, mais ma manière de me battre ne me mettait pas à l’abri des armes multiples. Il me fallait simplement attendre le moment opportun.

Depuis la fin de cette première journée des Jeux, il y avait déjà eu quelques autres morts. Jusqu’ici, à part les Carrières, il ne restait que trois autres tributs, moi compris. L’un d’entre eux était Jonathon et l’autre le garçon du district 7. Je supposais que même si les arbres étaient brûlés, une forêt restait une forêt, alors il devait bien s’y connaître. Je ne connaissais peut-être pas les arbres aussi bien que les gens du district 7, mais je les connaissais assez pour savoir que normalement les troncs n’étaient pas creux. Or, la majorité des troncs ici l’étaient. Avec l’aide d’un morceau métallique tranchant recueillie dans le vestige d’une des maisons, j’avais réussi à dégager un morceau suffisamment grand dans divers troncs pour que je puisse m’y cacher. Je me contentais alors de replacer le morceau et je pouvais bénéficier de quelques heures de sommeil tranquille. Enfin, autant que ça pouvait l’être en étant ici.

Je revins brusquement à moi en entendant :

- J’ai vu du mouvement par-là! s’écria la fille du district 2.

Elle pointait vers moi. Je me figeai instantanément.

- Et moi par-là! rétorqua le garçon de son district en indiquant l’opposé d’où j’étais.
- On devrait peut-être se séparer? proposa le tribut masculin du district 4.

Les autres acquiescèrent et rapidement deux groupes se formèrent. Quatre d’entre eux prirent la direction que le garçon avait indiquée… et deux autres la mienne. J’inspirai longuement pour me préparer à ce qui approchait, puis je plaquai un sourire sur mon visage en m’enfonçant dans le creux d’un tronc. J’avais cru reconnaître la silhouette de la fille du deux et du garçon du quatre.

Est-ce que quelqu’un leur avait dit que des liaisons pendant les Jeux, c’était ridicule?

Je n’avais peut-être pas observé longtemps leur venue vers moi, mais suffisamment pour voir qu’ils s’étaient pris par la main. Tu parles d’une relation vouée à l’échec! Où avaient-ils la tête? J’éloignai ces interrogations pleines de jugement pour me concentrer sur leur pas qui approchait. Ils passèrent près de mon arbre sans me voir. Appréhension, honte et détermination se bousculaient en moi lorsque je me mis en mouvement. Que mon cœur soit lourd ou non, je savais ce que j’avais à faire.

La fille passait tout juste à côté de moi que je sortis mon arme de substitution et lui plantai au premier endroit à ma portée. Qui se trouva être le ventre. Avec un râle elle porta ses deux mains là où se trouvait maintenant une tache rouge qui s’agrandissait à vue d’œil. Le mec poussa un grondement de fureur et se jeta sur moi. Nous tombâmes à la renverse, mais je ne tardai pas à me glisser hors de sa prise et à me relever.

Il en fit de même.

Notre regard à tous les deux se porta une seconde sur la fille du 2, qui se tenait maintenant à genoux et était pâle comme la mort. J’aurais voulu faire en sorte que ce soit propre et qu’elle ne souffre pas aussi longtemps, mais en l’occurrence me préoccuper de ma propre vie actuellement me semblait plus judicieux. D’une manière ou d’une autre, elle allait mourir. Mais moi, mon sort n’était pas encore décidé. Alors, autant faire en sorte que je reste en vie.

Comme tous les autres Carrières, le tribut du 4 était armé. Sauf que je n’en étais pas à mon premier combat contre des gens avantagés. Mes réflexes tinrent le coup et je réussis à éviter chacun de ses coups. Malgré la présence de mon arme improvisée dans la main, je n’en profitai pas pour lancer des offensives comme je l’avais fait avec la fille. Déjà, il me semblait beaucoup plus à l’aise que moi avec des armes et vu la courte portée que m’offrait ce bout de métal, je risquais de me porter plus de préjudices qu’autre chose. J’utilisai plutôt mon jeu de jambes et ma vitesse pour bouger sans cesse d’une position à l’autre, l’épuisant lentement, mais surement.

Au moment où je venais de prendre l’avantage, son arme propulsée des mètres en arrière… un hurlement rauque et puissant nous poussa à nous figer surplace tous les deux. La fille se trouvait maintenant à plat ventre, avec presque plus aucune étincelle de vie dans les yeux. Ça n’aurait pas pu être elle. Le cri se répéta et je sentis mon sang se glacer dans mes veines. Ça ressemblait horriblement à Jonathon. Mon regard se durcit et je plongeai sur mon opposant. Je n’étais pas pourvue d’une force magistrale, mais ma vitesse d’exécution et mon poids suffirent à me donner l’avantage lorsque je le plaquai au sol. Et comme j’avais encore mon arme, je ne pris qu’une seconde avant de lui planter entre les deux yeux. Un coup de canon retentit pour annoncer son décès et j’inspirai profondément.

Comme mon arme ne voulut pas se déloger de son crâne à la première tentative pour le retirer, je l’abandonnai là. Puis, sans regarder une seconde les deux corps qui gisaient, je m’élançai dans les bois brûlés en direction des cris que j’avais entendus. Il y eut un coup de canon… puis un autre. L’un d’eux signifiait-il la mort de la fille? Ou était-ce deux personnes différentes qui venaient de mourir?

Combien étions-nous à présent?

Mon cœur battait la chamade tandis que je courais, toujours plus vite, toujours plus loin. Je déboulai tout juste comme une furie dans la clairière où se tenait une maison délabrée lorsqu’un autre coup de canon retentit. J’avais vu la lance être projetée. Je voyais bien maintenant le garçon du 7 empalé contre un arbre. Jonathon se tenait sur un arbre à côté, une épée plantée dans l’épaule et l’empêchant de bouger. Mon arrivée n’ayant pas été des plus discrètes, je me retrouvai à figer, tout comme les deux carrières restants. Ceux du 1. Cela voulait-il dire que… Mon regard fébrile analysa le sol et, en effet, j’y trouvai le corps du garçon du 2 et de la fille du 4. Morts. Donc la fille du 2... À ce moment-là, un canon retentit. Les deux carrières eurent un frisson et échangèrent un regard inquiet. Pensait-il qu’un coup tordu des Juges avait tué cet autre tribut?

Mais je savais la vérité : ma première victime venait de succomber.

Profitant de cet avantage, je m’élançai vers eux. En cours de route, je me penchai dangereusement et saisis du bout des doigts la dague qui se trouvait toujours dans la main de la fille du 4. Et ce, sans perdre mon élan vers mes deux adversaires. Ils se reprirent juste avant que je ne débarque. J’évitai leur premier coup et les suivants. Me contentant de me mouvoir aussi agilement qu’un chat, échappant toujours à leurs coups. J’analysai leur technique de combat, comme je l’avais fait à l’entraînement. Ils étaient doués. Ça, je le voyais très distinctement. Mais je voyais la fatigue alourdir leur bras. Leurs mouvements n’étaient plus aussi vifs.

Tout comme les miens.

Je reçus une estafilade au bras, puis une autre à la cuisse. Leurs armes longues leur conféraient un avantage, mais j’étais toujours plus agile qu’eux. Alors, tout en évitant soigneusement leurs attaques, je m’acharnai sur la fille. Elle semblait la moins coriace des deux, mais surtout la plus fatiguée. Tout en restant dans la défense, je commençai à placer des offensives avec mes jambes. Puis, avec ma dague. Attaquant d’abord les zones handicapantes. Le genou, la cheville, l’avant-bras. Que ce soit avec ma dague ou encore mes pieds, j’atteins ma cible à chaque fois. Jusqu’au moment où elle s’effondra à genoux devant moi. Tout en évitant les coups de son compatriote de district, j’assénai mon dernier sur elle. D’un mouvement franc et net, je lui tranchai la gorge. Ça ne prit qu’une seconde avant que le canon ne retentisse. Au même moment, j’avais eu l’impression d’entendre un râle, mais je n’eus guère l’occasion d’en chercher l’origine, car le mec du district 1 s’acharnait sur moi avec une énergie nouvelle.

L’espoir de gagner, sans doute.

Sauf que ni lui ni moi n’aurions pu prévoir la suite. Je sursautai brusquement en bondissant vers l’arrière lorsqu’un bras s’enroula autour du cou de mon opposant. Celui-ci se débattit et ce fut avec ce mouvement que je remarquai qui se trouvait derrière lui et le maintenait immobile.

Jonathon.

- T’attends quoi, Roy? grommela-t-il.

Je me secouai et profitai de l’aide inattendu de Jonathon pour en finir avec le dernier tribut du district 1. L’atelier sur les zones vitales aura effectivement servi à quelque chose, pensai-je en lui plantant ma dague dans le cœur. Il s’effondra au son du coup de canon et mon allié improbable tomba à genoux. Je compris immédiatement en voyant les taches de sang à divers endroits sur son torse et à celui qui continuait de tomber de son épaule… qu’il n’y avait plus grand espoir pour lui. Ça, et aussi son teint cadavérique. Je déglutis et m’agenouillai près de lui.

- Félicitations, souffla-t-il doucement. Rends-les fiers.
- Je vais le faire, promis-je.
- Ça fait mal, avoua-t-il en grimaçant.

Une supplique muette passa dans son regard lorsqu’il trouva le mien. J’avalai difficilement ma salive en me redressant et allai chercher ma dague. Contrairement à la fille du 2, je pouvais lui éviter de mettre une éternité à mourir. Mais savoir que je mettrais fin à ses souffrances ne rendait pas la chose plus facile. Des larmes se mirent à couler sur mes joues. Je ne le connaissais pas. Je ne connaissais aucun d’entre eux. Mais la vérité restait là…

Je les avais tous tués, me dis-je en plantant mon couteau dans son cœur.

Ils étaient tous morts à cause de moi.

- Mesdames et messieurs, je vous présente le vainqueur des treizièmes Hunger Games! s’écria la voix du présentateur.

Mais je ne l’entendis qu’en sourdine. En première place résonnait les battements de mon cœur et cette pensée qui se répétait comme une litanie sans fin : cinq, j’en ai tué cinq.

J’étais un monstre.

***

Donc, j’ai tué quatre personnes de plein gré pendant mes Jeux et mis fin aux souffrances d’une autre. Mais même si je n’ai pas porté le premier coup qui détruisait toute chance de survie à Jonathon, ça ne m’empêchait pas d’en avoir des cauchemars la nuit ou de me sentir affreusement coupable. La culpabilité était là pour chacun d’entre eux, évidemment, mais à des degrés variables. J’ai appris, lors des moments forts de mes Jeux, que c’était la fille du 1 qui s’était amusée à torturer Jonathon. Et pour cette simple raison, je ne regrettais pas de l’avoir tué ni ne culpabilisait.

Enfin, pas trop.

Mais j’ai appris à vivre avec celle-ci. Ça ne veut pas pour autant dire que je n’ai pas fait des cauchemars pendant des années. Que je n’en fais pas encore… Après mes Jeux, pendant plusieurs années je me suis renfermée. J’ai coupé tous liens, ou leur possibilité, et j’ai entamé trois années d’une solitude volontaire. J’ai toutefois respecté ma promesse et une partie de mes gains, je les ai utilisés pour aider ici et là ceux qui en avaient besoin. Notamment les jeunes de mon district qui n’avait plus ni famille ni gardien.

On m’aimait et on me détestait.

J’aimais et je détestais.

Ça m’était égal.

Et pourtant, après ces longues années de solitude, j’ai fini par sortir de mon trou de culpabilité, de colère et d’amertume pour retrouver une partie de celle que j’étais avant les Jeux. Et… une chose en entraînant une autre, j’ai étrangement trouvé l’amour. Je ne l’ai pas vu venir et lui non plus. Par bien des égards, ça n’aurait pas dû être possible. Par bien des égards, c’était complètement abject. Mais on ne choisit pas vraiment de qui on tombe amoureux… Mais j’aurais dû savoir dès le départ que nous n’étions pas sous de bonnes étoiles.

Je venais du district 11.

Il venait du Capitole.

Allez-y, riez, moquez-vous, agonissez-moi d’injures. J’ai tout entendu, tout enduré. Que ce soit des gens de chez moi ou du Capitole. Que je sois une Mentore ne changeait rien à l’affaire, c’était indécent. Malgré qu’il ne soit pas une figure particulièrement haut placée de la communauté du Capitole, les gens l’ont provoqué, injuriés. C’est dans le bar qu’il tenait qu’on s’est rencontré. C’est là qu’on a fini par prendre une autre décision qui a fait parler.

Après un an à supporter les injures des uns et des autres, nous avons décidé de supporter celles d’un seul endroit. Il est venu emménager chez moi et c’est chez moi que nous avons sauté le pas suivant : nous nous sommes mariés. À ce moment ça faisait déjà deux ans que nous nous fréquentions. J’avais alors vingt-deux ans et lui vingt-quatre. Si notre union paraissait étrange, incongrue, abjecte pour tous, nous, nous n’étions pas du même avis. Évidemment, diriez-vous, sinon pourquoi en serions-nous là?

Il m’avait avoué, plusieurs semaines avant que nous ne commencions à nous fréquenter, qu’il trouvait détestable l’idée des Hunger Games. Et c’est avec cette révélation que nous avons commencé à discuter plus librement l’un avec l’autre. Avec ça que j’ai compris que peu importe d’où on vient et où on va, on pouvait trouver des âmes sœurs. Des gens avec qui on partageait des idées et des désirs enfouis.

J’avais vingt-quatre ans à la naissance de nos jumeaux. Une fille et un garçon. Kaya et Aiden. Ils étaient magnifiques tant extérieurement qu’intérieurement, je n’aurais pas pu demander mieux. Nous étions si heureux, à l’époque. Loin des préoccupations qu’engendraient les Hunger Games. Ou du moins, dix mois par année j’essayais de les oublier. Mon rôle de Mentor m’obligeant à m’éloigner pendant une certaine période. Deux ans après les jumeaux, nous avons eu une autre fille. Hestia. Un peu plus turbulente que son frère et sa sœur, mais toujours aussi magnifique. Deux ans plus tard, alors que les jumeaux avaient quatre ans et Hestia deux, mon premier tribut a remporté ses Jeux. Seeder. À partir de ce moment, j’ai pu déléguer mon rôle de mentor et accorder mon entière attention à ma vie familiale et à notre bonheur d’être ensemble.

Mais ça n’a pas duré.

Notre vie a volé en éclat lorsque mon mari est parti au Capitole pour aller voir de la famille… et n’est jamais revenu. À cette époque, j’avais trente-deux ans. Kaya et Aiden en avait huit et Hestia six. Le corps de leur père a été retrouvé dans une ruelle et on présumait une mort accidentelle. Un rire hystérique m’avait échappé à ce mot. Accident... Il n’y avait aucun accident là-dedans. Nous avions essayé de contrecarrer le Capitole et on avait échoué. Et maintenant, les conséquences retombaient…

Si je suis morte de l’intérieur cette journée-là, mon âme m’a été arrachée lors des trente-quatrièmes Hunger Games. L’année où Owen Glaze a gagné ses Jeux, j’ai perdu deux de mes enfants. Les jumeaux venaient tout juste d’avoir quatorze ans… Lorsque le nom de Kaya a été tiré, j’ai su que c’était fini. Elle ne serait pas la seule à y aller. Elle et Aiden étaient soudés l’un à l’autre aussi surement que les racines d’un arbre au sol. Je n’ai donc pas été surprise de voir Aiden se porter volontaire à la place de l’autre tribut masculin… Malgré mon être même complètement en miette, j’ai essayé de les préparer. Je n’aurais pas pu laisser Seeder s’en charger, je connaissais les chances que l’un d’eux revienne et elles étaient minces. Si je ne m’étais pas impliquée, j’en aurais voulu à Seeder, autant qu’à moi. Je les ai guidés au mieux…

Mais ils sont morts tout de même. J’ai assisté à leur mort et j’ai assisté à celles de leurs bourreaux. C’est le seul sourire qui a pu fleurir sur mes lèvres. J’étais effondrée lorsque je suis rentrée à la maison auprès de Hestia. Elle aussi l’était. La paranoïa m’a enveloppé et les années qui ont suivi, j’ai fait du mieux que je pouvais pour la préparer au pire. Son adolescence et la fin de son enfance ont été mises à profit d’un entraînement impitoyable. Son caractère fougueux, téméraire et fendant me faisait penser à moi. Je l’ai poussé au-delà de ses limites…

Jusqu’ici, ça n’a pas eu besoin de servir.

Mais il lui reste encore une moisson à passer. La chance nous a servi jusqu’ici, mais jusqu’où nous mènera-t-elle. J’ignore si nous avons des mois ou des années devant nous, mais je ne peux faire autrement qu’espérer. Espérer que quelqu’un d’autre sera tiré. Peu importe qui, tant que ce n’est pas ma fille.

Ma dernière enfant…

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FALL INTO LINE, YOU WILL DO AS YOU'RE TOLD
NO CHOICE FATIGUE, YOUR BLOOD IS RUNNING COLD
WE LOSE CONTROL, THE WORLD WILL FALL APART
LOVE OF YOUR LIFE WILL MEND YOUR BROKEN HEART
LIFE LIVED IN FEAR, YOU NEED PROTECTION

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J’ai une personnalité aux multiples facettes, ça, je crois que tout le monde s’accorderait pour le dire. J’ai une tendresse particulière pour les jeunes démunis de mon district et j’essaie de les aider au mieux. De ce point de vue, on pourrait croire que je suis charitable. Erreur! J’ai une faiblesse pour mon district et ma fille, mais les autres? Il faudra faire des efforts démesurés pour que j’aie envie de lever ne serait-ce que le petit doigt pour vous. Enfin, en tant que Mentor je faisais tout mon possible pour aider mes tributs… malgré que chaque année c’était de plus en plus difficile. Les voir tous mourir…

Je dis ce que je pense quand je le pense, je ne mâche que très rarement mes mots. Si je ne vous aime pas, vous allez le savoir tout de suite. Je ne suis pas fourbe sur ce point. Si ce que vous dites est complètement débile, je vais le dire. Ou si vous êtes débile, point. Je ne suis pas vraiment tendre avec la majorité autour de moi, même si je peux être douce à mes heures. Je ne vais quand même pas massacrer les dernières miettes d’estime de soi de la personne qui pleure en boule par terre. Enfin, sauf si je vous déteste complètement, là… je ne jure de rien.

J’ai développé un côté beaucoup plus taciturne depuis la mort de mon mari et des jumeaux. Parfois, je bois plus que de raison et j’aurai encore moins de filtres. Mais ça ne m’arrive pas trop souvent. D’y aller trop fort, je veux dire. Enfin, parfois je vais passer du rire à la mélancolie et dans ces moments, il vaut mieux me laisser tranquille si vous voulez vous éviter vos quatre vérités.

Le reste du temps, si vous arrivez à me supporter, je me montre loufoque et j’aime prendre du bon temps. Rire et m’amuser. Je ne prends pas les choses trop au sérieux quand les circonstances s’y prêtent et j’adore tout autant avoir de longues conversations sérieuses. Et intelligentes. Parfois les conversations pour ne rien dire m’ennuient profondément. À vrai dire… souvent. Voire tout le temps.

Ceux qui n’ont rien contre ma brutale honnêteté trouveront souvent qu’on s’ennuie très peu en ma compagnie. Tandis que les autres… voudront me bâillonner et me jeter du haut d’une tour. Je ne crois pas qu’il y est d’entre-deux?

Oh, est-ce que j’ai oublié de préciser que j’ai un problème d’ego? Si oui, vous le savez maintenant! Je ne suis pas modeste et je ne me laisse jamais marcher sur les pieds. Je connais mes forces, je connais mes faiblesses et rien ne saura ébranler ma confiance de béton. L'arrogance et moi, nous nous sommes mariées il y a longtemps!

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WE JUST NEED YOUR COMPLIANCE
JUST GIVE US YOUR COMPLIANCE
WE WON'T LET YOU FEEL LOST ANYMORE
NO MORE SELF-RELIANCE

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Pour beaucoup, il n’y a que la force brute qui compte dans un combat. Mais il faut dire que c’est ce qui me fait défaut… Mon expérience démontre toutefois que ce n’est pas nécessaire pour gagner. J’ai toujours eu beaucoup de facilité à encaisser les coups et donc la douleur ne me fait pas peur. Toujours est-il que malgré cette capacité bien pratique, ce n’est pas elle qui m’a fait gagner mes combats. Non, c’est à force de travailler ma capacité d’observation et celle d’agir en conséquence de ce que je vois.

De ce fait, à quoi sert la force lorsque tu peux épuiser ton adversaire à frapper que du vide? Lorsqu’il ne peut jamais t’atteindre, car tu n’es jamais là où il t’attend… Si je peux tenter la séduction par moment pour distraire mes adversaires, ce n’est pas ma technique de prédilection. Je ne l’utilise que si je vois qu’elle peut me mener quelque part… et ce n’est pas souvent le cas. Mais savoir apprendre la technique d’attaque de son adversaire en quelques minutes et prédire ses mouvements? Ça, oui ça, je l’utilise à tous les coups! C’est pourquoi j’aime observer mes adversaires à l’avance. C’est pourquoi j’utilise plus la défense que l’attaque. Dès que je sais ce qu’ils vont faire, je peux prévoir une attaque.

Mais je commence toujours par les épuiser d’abord, car je sais que je suis plus rapide qu’eux et qu’éviter demande moins d’énergie que frapper. Je peux me montrer plus endurante qu’eux… mais ça, ils l’ignorent tous et s’en rendent compte beaucoup trop tard.

Force : 2
Vitesse pure : 7
Vitesse de traitement de l’information : 6
Agilité : 8
Ruse : 3
Résistance : 4

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COMPLIANCE
WE JUST NEED YOUR COMPLIANCE
YOU WILL FEEL NO PAIN ANYMORE
AND NO MORE DEFIANCE

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Je ne suis pas une brute pleine de muscles, mais mes divers entraînements avec ma fille m’ont gardé en forme et me laissent donc avec une jolie définition. Mes muscles sont bien définis sans être trop présents. Pour le reste, je suis grande et mince. Bien que je ne sois plus dans la fleur de l’âge, je reste séduisante et mes rides sont à peine visibles. Et je sais en tirer profit au besoin. Peut-être pas aussi bien que d’autres, parce qu’il faut bien se rappeler que mon tempérament se porte très peu à être agréable.

Mon teint de bronze et mes cheveux bruns clairs très bouclés me donnent un air exotique que j’exploite si je le peux. Sinon, je m’arrange pour utiliser ces mêmes atouts pour me donner un air plus brutal et sauvage. Observez bien la manière dont je me présente et vous saurez si je suis là pour discuter ou pour insulter.

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OH, FEAR IS CONTROLLING YOU
IT'S TIME TO GIVE IT UP
AND GIVE IN TO US (WE CAN SAVE YOU, SAVE YOU)
GIVE US YOUR COMPLIANCE

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*Aime bien boire lorsque l’occasion se présente, mais n’ira pas trop souvent dans l’excès.

*Sa fille est la prunelle de ses yeux et elle n’aura de cesse d’essayer de la protéger.

*Insultez sa famille et vous l’aurez sur le dos.

*Si vous l’insultez, elle, elle se contentera de rire.

*Malgré qu’elle n’est pas très forte, elle n’est pas contre des séances de bras de fer.

*Ses amis la surnomment Raffi.

*Ses jumeaux ont été tués par les Carrières, des tributs du 2, alors elle conserve une certaine amertume vis-à-vis d’eux.

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YOU'RE ALL ALONE, TOO MUCH REJECTION
WE HAVE WHAT YOU NEED, JUST REACH OUT AND TOUCH
WE CAN SAVE YOU (WE CAN SAVE YOU)

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Comme je suis parmi les plus anciens vainqueurs, je connais bien des gens. La question qui reste à se poser c’est : est-ce qu’on s’entend bien ou pas?


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melemele14

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Re: Hunger Games - Réédition

Message par melemele14 »

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Cantatrice - 37 ans - Sponsor

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L’écho de mes pas résonne dans le silence absolu du couloir. Je suis habituée à ces quelques moments de pur calme qui me sont toujours octroyés avant mon entrée. Tous savent dans ce milieu que ces instants volés me sont absolument indispensables. Et ceux qui ne sont pas au courant comprennent très vite pourquoi. Je ne me considérerais pas comme une harpie, loin de là, je suis une personne joviale en temps normal mais, vous savez comment c’est, la gloire, les paillettes, les fans, tout cela vient avec un coût. Je n’ai jamais réussi à me défaire du trac que tout artiste ressent avant de monter sur les planches. Dans ces moments-là, je deviens vraiment irritable, il vaut donc mieux que personne ne croise mon chemin.

Mon champ de vision s’éclaire d’un coup, la lumière rouge annonçant la reprise de l’émission clignotant devant mes yeux. La voix du présentateur, Caesar Flickerman, filtre aux travers des rideaux et parvient tout doucement à mes oreilles, dissipant seconde après seconde le stress qui étreignait ma poitrine. Une petite bulle de bonheur commence alors à grandir en moi en entendant les applaudissements qui accompagnent systématiquement mon entrée sur scène.

Mesdames et messieurs, chers spectateurs, j’ai le plaisir et l’immense honneur de vous présenter ce soir… Victoria Shaw !

https://www.youtube.com/watch?v=r6zIGXun57U
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Je pose le premier pied sur le plateau et les spots m’aveuglent. Mes yeux, depuis longtemps habitués, sourient au public, hurlant mon nom, alors que je m’approche du micro. Mes doigts encerclent ce dernier et je prends ma première inspiration. Les notes commencent à franchir mes lèvres et je me laisse emporter par les paroles de mon dernier morceau.

Legends never die when the world is callin’ you

Can you hear them screaming out your name

Legends never die, they become a part of you

Every time you bleed for reaching greatness

Relentless you survive


Cette chanson, je l’ai en tout premier lieu écrite pour moi. Pour célébrer mes 20 ans de carrière, pour montrer que Victoria Shaw est loin de s’effacer des mémoires. Pour ancrer dans l’esprit de tous que je suis entrée dans la légende et que je n’en sortirai jamais.

Elle a une signification si personnelle pour moi que, lorsque l’on m’a proposé d’en faire l’hymne des 40e Hunger Games, j’ai hésité. Un bref quart de secondes, un minuscule instant, mais un instant tout de même, chose que je n’aurais jamais cru faire de toute ma carrière. J’ai ensuite réalisé l’opportunité que cela représentait. Les Hunger Games sont regardés par tout Panem. Il n’y aurait pas une seule personne dans ce pays qui pourrait affirmer n’avoir jamais entendu parler de Victoria Shaw une fois cette saison passée.

When everything's lost, they pick up their hearts

And avenge defeat

Before it all starts, they suffer through harm

Just to touch a dream


Les Hunger Games sont également mon show télévisé préféré. Qui refuserait d’apparaître dans son émission favorite, dites-moi ? Avec un peu de chance, je miserai sur le bon cheval cette année et serai doublement victorieuse à la sortie de cette saison. Ma voix gravée dans les mémoires et mon nom imprimé dans les livres d’histoire comme la Sponsor du 40e Champion des Hunger Games. Une victoire digne de mon nom.

Legends never die when the world is callin’ you

Can you hear them screaming out your name

Legends never die, they become a part of you

Every time you bleed for reaching greatness

Legends never die


Me voici donc sur scène, lors de la première émission de présentation des Hunger Games de cette année. Certes, aucun Tribut n’a encore été tiré au sort mais tout le monde sait qu’au Capitole, les Hunger Games commencent bien avant ça. Au-delà d’une émission, il s’agit aussi d’un évènement social. Tout le monde est aux aguets, les premiers paris sont déjà lancés, les rumeurs vont bon train. Qui va donc gagner cette saison ? Un Tribut Carrière ? Y aura-t-il des volontaires ? Combien de morts le premier jour ?

Une chose est sûre, tout le Capitole me tournera autour lors de cette saison, je m’en assurerai. Moi, Victoria Shaw, la plus grande cantatrice de l’histoire de Panem. Je sèmerai jalousie, admiration et envie autour de moi. Cette pensée fait naître un sourire sur mes lèvres dorées alors que les dernières notes des musiciens s’éteignent pour laisser place à un silence assourdissant. Ce dernier ne dure que quelques secondes, le temps que le public reprenne ses esprits et m’acclame comme il se doit. Une courbette par-ci, un baise-main par-là et me voici alors installée face à Caesar pour ce qui s’annonce comme une paisible discussion, bien qu’il ait à peu près la moitié de mon âge. Il a cependant une aisance que n’importe quel artiste envierait au vu de son âge.

Ma chère Victoria, au nom de toutes les personnes présentes ici ce soir, je vous remercie pour cette prestation magnifique !

Oh voyons Caesar, arrêtez de me flatter ! Ce n’est pas la première fois que je passe sur ce plateau, vous devez tellement être las de ma voix maintenant…

Personne ne se lasserait d’une voix comme la vôtre, c’est tout simplement impossible ! C’est bien pour ça que vous avez récemment célébré vos 20 ans de carrière, Panem ne se lasse pas de vous entendre, pas vrai Panem ?


Le public hurle son approbation et je fais mine de rougir, posant une main sur ma joue soi-disant chaude suite à cette vague de compliment qui s’élève de la foule.

Merci Panem, vous êtes les meilleurs admirateurs que l’on puisse espérer.

Un baiser envoyé dans la foule enflamme les spectateurs et je lance mon plus beau sourire à l’hôte de ce soir, qui me rend un clin d’oeil de connivence.

Legends never die… Quel titre approprié pour le show qui nous intéresse ce soir. En effet, nous savons tous que le vainqueur des Hunger Games rentre dans la légende, c’est d’ailleurs ce qui motive tant de participants à donner le meilleur d’eux-mêmes. Vous en savez quelque chose, vous qui sponsorisez chaque année au moins un des concurrents. Dites-nous en plus, quels sont vos critères ? Comment choisissez-vous vos élus ?

Je lance un regard complice au public et me penche, comme pour leur chuchoter un secret.

On ne va pas se mentir, le physique rentre beaucoup en compte dans l’équation.

Des rires s’élèvent et Caesar se joint à la foule.

Peut-être est-ce la raison pour laquelle j’ai si peu de chance dans mes paris ? Je pense changer de stratégie cette année, elle ne m’a pas beaucoup réussi actuellement.

Une lueur d’intérêt brille dans les yeux de mon collègues et il rebondit directement. Je pense que cela contribue à son succès. Il sait toujours quoi dire quand il le faut. J’ai rencontré peu de présentateurs capables d’un tel exploit.

Vous voulez donc sponsoriser le gagnant des Hunger Games cette année ? Beaucoup de personnes pensaient que ce n’était qu’un de vos passe-temps pour dépenser votre colossale fortune jusqu’à présent. Rassurez-vous, je ne fais pas partie de ces personnes !

Son faux air horrifié rend le public hilare et je laisse moi-même échapper un ricanement, totalement calculé.

Si je voulais simplement dépenser mon argent, j’aurais bien d’autres moyens de le faire, croyez-moi. Non, j’adore investir dans ces jeunes plein de talents, je pense également que c’est nécessaire pour assurer la pérennité des jeux. Après tout, si aucun sponsor ne se manifestait, le spectacle serait d’un ennui, vous ne trouvez pas ?

Oh je suis entièrement d’accord avec vous, et je pense que le public aussi, au vu de sa réaction. Eclairez-moi dans ce cas : quelle stratégie adopterez-vous cette année ? Ou bien préférez-vous garder le secret pour mieux nous surprendre ?

Je ne vais pas dévoiler toutes mes cartes maintenant, ce serait inconscient de ma part. En tous cas, sachez-que ma stratégie se résume en deux mots.

Talent.

Et Victoire.


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J’ai dû travailler toute ma vie pour en arriver où je suis. Mes parents ne faisaient pas partie des citoyens les plus riches du Capitole mais ils avaient suffisamment d’influence pour que je puisse rejoindre certaines soirées mondaines. De là, je n’ai pu compter que sur moi-même et sur ma voix. Et mon travail a largement payé. Je suis devenue la figure la plus adulée de tout Panem et j’en suis extrêmement fière.

Je suis une personne acharnée, il le faut dans ce milieu. Je ne lâche jamais l’affaire et j’ai toujours, je dis bien toujours, raison. Pour autant, je ne manque pas d’humour et tous mes amis adorent les petites soirées improvisées que j’organise à mon appartement. Ou bien serait-ce dû à la vue imprenable que j’ai sur le Capitole ? Non, je sais qu’ils adorent ma personnalité.

Je suis une gagnante et je compte bien le prouver en trouvant mon nouveau chouchou parmi les concurrents de cette année. J’étais si énervée lorsque les autres sont morts, je ne suis pas sortie de ma chambre durant les 3 heures qui ont suivi l’annonce de leur défaite. Il faut cependant bien se remettre sur pied et je compte suivre ces jeux avec un intérêt certain pour dénicher la perle rare. Celle qui fera entrer mon nom dans l’histoire des Hunger Games pour de bon.

Vous ne me verrez pas pleurer, vous ne me verrez pas m’énerver, vous ne me verrez que sourire, rire et chanter. Je serai la bulle de joie et de paillettes que tout le monde attend. Sachez cependant une chose : je suis un requin et je n’ai aucune pitié pour les perdants.

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naji2807

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Re: Hunger Games - Réédition

Message par naji2807 »

J'aime beaucoup cette sponsor, pour moi elle est parfaitement acceptée ! Et elle me fait penser que je dois absolument me mettre à faire mes fiches de sponsors moi aussi x)
Pour ce qui est des liens, j'ai mes mentors qui pourraient avoir déjà eu affaire à elle... Mais entre Owen et Dusk... Je ne suis pas sûr qu'elle aurait eu de superbe conversation et j'imagine que ce n'est pas sur les tributs de ces deux districts qu'elle parie en général ^^ en ce qui concerne Esmeralda, elle a pu lui parler l'an dernier en revanche !
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