Case n° 27 : Prison : Vous êtes arrêté par un garde forestier qui vous accuse d'avoir tout saccagé sur votre parcours et vous jette en prison pour cela. Le garde zélé souhaite en fait échanger votre liberté contre un beau pot-de-vin. Lisez 5 livres de votre choix pour sortir.
Bonsoir, je m'extirpe enfin de cette fichue prison avec cinq lectures !
Nevernight, Tome 1 : N'oublie jamais - Jay Kristoff
Le roman s'ouvre sur un chapitre plein de créativité au niveau de l'écriture, avec ces deux scènes parallèles construites sur des formulations quasi identiques. L'exercice de style passe plutôt bien (malgré quelques maladresses que je mettrai sur le compte de la traduction, de même que certaines images que je n'ai pas comprises), cependant sur le fond je n'ai pas compris l'intérêt de commencer par une scène érotique - à part captiver l'attention du lecteur qui a soif de sang et de sexe, or cela ne m'intéresse pas sauf s'il y a une véritable justification, ce qui n'était pas le cas ici. Et de manière générale, de nombreux passages ont recours à cette débauche gore de manière totalement gratuite, juste pour faire plaisir aux potentiels lecteurs. De plus, la créativité stylistique qui m'a plu disparaît au fur et à mesure, comme si l'auteur avait concentré tous ses efforts d'écriture au début de son travail pour ensuite se laisser aller à la fainéantise parce qu'une fois que le lecteur est captivé, plus besoin de faire des efforts...
J'ai apprécié la narration à deux niveaux : l'histoire de Mia est racontée à la première personne, par un narrateur fictif qui se permet lui aussi des interventions personnelles. J'ai moins aimé l'abondance de notes de bas de page qui accompagne ce procédé, il y en a tellement dans la première partie que j'ai eu du mal à avancer, étant sans cesse interrompue par les digressions du narrateur. D'autant plus que la plupart sont soit complètement inutiles soit trop longues, au point de recouvrir quasiment une page entière (c'est plus digeste en ebook apparemment, sur mon édition papier j'ai vraiment fait une overdose). Les notes se calment à partir de la deuxième partie (ouf !) mais là encore la créativité stylistique finit aux oubliettes à peu près au même moment. Idem pour l'humour du narrateur, qui se fait de plus en plus rare mais en l'occurrence ce n'est pas plus mal car si certaines piques m'ont fait rire, la plupart était assez lourdes et m'ont paru forcées.
Sur le fond, j'ai trouvé l'univers original et bien développé, pas de problème de créativité de ce côté-là. Surtout que pas mal d'éléments géographiques, historiques et politiques sont étoffés, avec des anecdotes (dans des notes de bas de page, eh oui, mais celles-ci sont pertinentes pour le coup) qui ne sont pas nécessaires à la compréhension de l'histoire mais qui contribuent à appréhender ce monde imaginaire, à le rendre concret, tangible. En revanche, l'intrigue n'est pas originale du tout, je ne compte plus le nombre de fois où je me suis dit que tel personnage ou tel événement me faisait penser à une autre œuvre de fantasy : Harry Potter pour le concept de l'école évidemment, les cours de potions, la poudre de cheminette sanguine, etc. mais aussi Game of Thrones (Mia m'a beaucoup rappelé Arya), un peu de The Witcher (la transformation de Marielle) et énormément de Keleana (l'héroïne et ses stratégies, la compétition entre assassins jusqu'à ce qu'il n'en reste que quatre, l'ambiance... quasiment tout en fait).
Mais une fois passés tous ces points négatifs et une fois que j'ai accepté le côté Young Adult (grosso modo à partir du deuxième livre), j'ai été complètement embarquée dans le récit et j'ai eu du mal à lâcher le livre pour dormir. L'apprentissage de Mia n'est pas de tout repos et entre la découverte des leçons et ses diverses mésaventures, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde. J'ai adoré le sarcasme de Gentilhomme et beaucoup apprécié le personnage de Tric, les dialogues de l'héroïne avec ces deux compagnons sont mordants et très addictifs. En revanche, le développement des sentiments amoureux est très maladroit et tombe parfois comme un cheveu sur la soupe. D'ailleurs, je me serais bien passée des scènes érotiques sur lesquelles débouche cette romance... Je veux bien que Mia mette en pratique les leçons d'Aalea, mais de là à en faire trois scènes sexuelles d'affilée ultra détaillées et avec des choses pas très crédibles pour une jeune fille aussi inexpérimentée, désolée mais c'était trop pour moi.
D'ailleurs, ce manque de crédibilité peut s'appliquer au caractère de Mia dans son intégralité. Certes j'ai apprécié l'héroïne mais à plusieurs reprises je n'ai pas compris certaines de ses actions. Non pas parce qu'elle a une personnalité nuancée (chose que j'adore en général) mais parce qu'elle est carrément incohérente. Le narrateur nous bassine au début pour nous faire comprendre que Mia ne ressent pas la moindre pitié, qu'elle n'est jamais compatissante, qu'elle est tout simplement impitoyable. Puis à un moment elle fait preuve de compassion et de pitié et se justifie en expliquant qu'elle doit conserver cette part d'elle-même. Mais conserver quoi exactement, puisqu'elle était censée être dépourvue de toute compassion et pitié ? Et comme par hasard cette action permet un rebondissement scénaristique plus tard... Idem pour Tric : un coup elle semble totalement indifférente, au point qu'il disparaît quasiment de l'histoire, puis quelques pages plus tard elle a soudainement des papillons dans le ventre. Elle dit tenir à lui (mais elle ne l'aime pas surtout hein, et le répète à l'envi histoire d'être bien chiante) puis agit avec une cruauté vraiment pas nécessaire... en ayant le culot de faire passer ça pour de l'altruisme. Euh... Je suis un peu perdue, là.
Il y a quelques autres incohérences dans l'intrigue elle-même qui dénotent sans doute d'un manque de relecture mais cela reste du détail. Ce qui m'a davantage dérangée, c'est qu'à part l'héroïne et ses deux acolytes, les autres personnages sont très peu développés. Carlotta et Cassius, notamment, ont beaucoup de potentiel mais manquent de développement voire carrément de présence, ce qui est vraiment dommage car ce sont typiquement des personnages auxquels j'aurais pu m'attacher. J'ai été également mitigée concernant la fin car après le gros plot twist, quasiment tout était prévisible, à part le sort d'un personnage qui m'a énormément déçue car je m'attendais à ce qu'il soit mis à l'honneur dans le tome suivant et c'était une fin très abrupte pour lui. Le plot twist en lui-même était à moitié réussi car j'avais deviné depuis longtemps sa culpabilité, cependant je n'avais pas vu venir l'ampleur du truc ni l'action commise au moment où ce rebondissement se produit. Dommage d'ailleurs qu'on change de point de vue uniquement pour cette scène alors que l'intégralité du récit est du point de vue de Mia, il y avait largement moyen de s'en passer et même de créer davantage de suspense en conservant la focalisation sur l'héroïne.
Je me rends compte avec le recul qu'il y a tout de même pas mal de choses qui ne m'ont pas convaincue, et pourtant je ne ressors pas complètement déçue de cette lecture. Je suis loin du coup de cœur que j'espérais, certes, mais j'ai dévoré ce pavé en trois jours et à part la première partie qui cumulait les défauts, le reste est passé tout seul, en particulier le deuxième livre où je ne me rendais à peine compte que je tournais les pages. Je pense que je lirai la suite un jour, je suis curieuse de savoir ce qu'il va se passer par la suite, si mes soupçons concernant une mort vont s'avérer, comment ça va se passer entre Gentilhomme et Éclipse et si Bâtard va revenir montrer son affection "mordillante" pour Mia !
Les Contes de Verania, Tome 3 : Les Secrets de la magie - T. J. Klune
J'ai retrouvé avec un immense plaisir cette Bande de Joyeux Larrons (avec des majuscules donc c'est vrai) qui m'ont à nouveau beaucoup fait rire. Je ne sais pas où l'auteur va chercher tous ses gags mais c'est un régal à chaque tome. La scène d'acting avec Gary, Tiggy et Sam était absolument géniale et de manière générale Gary est à mourir de rire et je ne comprends pas qu'il n'ait pas son propre fan club ! Évidemment, j'ai eu un peu de mal avec le passage au château Onzegel ; les interactions avec Randall restaient amusantes et très instructives sur certains points mais quand on enlève les éléments phares du livre, forcément, l'intérêt retombe un peu. Et l'ensemble du tome a un ton plus sombre, plus triste, qui s'installe progressivement jusqu'à ce final déchirant.
Sam est un personnage extrêmement attachant et il n'est pas compliqué de s'identifier à lui, j'ai donc ressenti toute l'injustice de certaines scènes, la souffrance des disputes (même si c'était effectivement sa faute) et surtout la douleur finale, qui m'a mis les larmes aux yeux pendant plusieurs pages. Le discours du roi était... ben, royal. Et pourtant c'est probablement Kevin qui m'a le plus touché dans le récit, en était absolument adorable à deux moments particuliers (étonnant, je sais, vu ce qui sort de sa bouche en temps normal, sans vouloir parodier les mauvaises formulations de Sam !)
N'oublions pas toutes les aventures qui sont toujours aussi... Samesques, à défaut de trouver un terme approprié. Je l'ai trouvé encore plus casse-cou que d'habitude dans ce tome, avec deux chutes particulièrement mémorables - dont une qui implique une planche à voile des sables, je n'en dis pas plus ! J'ai hâte de lire la suite mais en même temps j'appréhende car je sens qu'on est loin d'en avoir fini avec la tristesse et les séparations... Je finirai par mon avertissement traditionnel sur la traduction, au risque de me répéter : elle est souvent très maladroite et ne rend vraiment pas service au livre, il vaut mieux lire en V.O. si possible.
Une Vie entre deux océans - M. L. Stedman
Je n'ai pas été emballée par cette lecture, probablement car le sujet ne m'intéressait pas spécialement. Le début est un peu long, les considérations sur la ville ayant été soporifiques pour moi. Ça allait mieux quand Tom et Isabel ont commencé à se rapprocher, mais après la vie avec Lucy a été d'un ennui total. Oui la culpabilité croissante de Tom était intéressante, mais à part ça il ne se passe rien, ce sont juste des scènes du quotidien avec un enfant et ce n'est pas franchement palpitant en ce qui me concerne (d'autant plus que Lucy est un peu trop idéalisée). La plume se lit bien, heureusement, et aide à passer ces moments de vide, et même si elle n'a rien d'exceptionnel j'ai aimé les assimilations entre la nature et les événements du récit, qui permettent de glisser de belles descriptions du paysage tout en instaurant une atmosphère et en figurant les émotions des personnages.
La troisième partie a été la plus intéressante pour moi, la tension monte vraiment crescendo avec cette situation qui semble inextricable, impossible à résoudre sans casser des casseroles et j'ai eu très peur pour Tom, j'ai trouvé injuste tout ce qui lui tombe dessus alors qu'il a fait ce qu'il fallait. J'ai eu peur que la fin soit un summum d'injuste mais finalement c'était un dénouement satisfaisant, probablement la fin la plus juste après tout ce qui s'est passé. J'ai simplement regretté que les véritables responsables de tout ça, ceux qui ont fait preuve d'une cruauté raciste, n'aient jamais été inquiétés et n'aient même pas montré le moindre signe de remords. Cet aspect-là est abordé de manière trop expéditive et aurait pu (dû) être davantage approfondi. J'ai aussi grincé des dents devant deux "coïncidences" pas crédibles du tout. Enfin, l'ultime chapitre est le seul qui m'ait émue, c'était une douce conclusion (mais un peu amère évidemment).
J'ai également eu beaucoup de mal avec les personnages. Si je ne me suis pas vraiment attachée à Tom, c'est le personnage que j'ai le plus apprécié, compris et approuvé - j'ai admiré son abnégation, bien que pas du tout méritée par son destinataire. J'ai eu de la peine pour Hannah au début, puis par la suite son égoïsme au détriment de Grace m'a profondément agacée. Mais surtout, je n'ai pas supporté Isabel. Au premier abord, son caractère enjoué et sa joie de vivre sont sympathiques, puis très vite j'ai trouvé qu'elle était une gamine capricieuse et colérique. Par la suite elle ne s'est pas arrangée, devenant totalement égocentrique, aveugle et sourde à ce que Tom pouvait ressentir. Et dans la troisième partie, j'ai juste eu envie de lui coller des baffes pour sa cruauté, son hypocrisie et son ingratitude.
Pour résumer, trop de points négatifs m'ont empêchée d'apprécier cette lecture mais l'écriture a sauvé les meubles et je n'ai pas non plus détesté. Je pense que je n'étais simplement pas le bon public pour ce roman.
Par la main - Marie Urdiales
Je ne sais pas trop quoi penser de cette lecture. C'est un livre court qui se lit bien, porté par une plume fluide et qui s'essaye de temps en temps à quelques exercices de style subtils. Les thématiques de la dépression, de la culpabilité et du traumatisme sont plutôt bien traitées, les personnages ne sont pas antipathiques et j'ai même bien aimé Max (pourtant c'est rare pour moi d'apprécier un personnage d'enfant). De plus, on pourrait croire qu'avec ce nombre de pages l'histoire manque de profondeur, eh bien non, je ne suis jamais dit que tel élément aurait dû être approfondi ou que tel autre allait trop vite, l'ensemble est bien dosé.
Mais je ne suis jamais rentrée émotionnellement dans le récit, à aucun moment je n'ai été touchée, émue, bouleversée, alors qu'il ne m'en faut pas beaucoup d'habitude. J'ai surtout été gênée par le personnage d'Hélène, qui est bien trop idéalisée pour être crédible, et qui est beaucoup beaucoup trop présente. Le moindre petit détail est un prétexte pour convoquer un énième souvenir d'elle et Ben ne cesse de rabâcher que sa vie s'est arrêtée avec elle, franchement c'est lourd. Au bout d'un moment je priais pour avoir droit à une page entière consacrée à Max, sans la moindre allusion à Hélène (c'est arrivé une fois je crois !), histoire de pouvoir respirer un minimum.
Un livre qui a du potentiel mais je suis malheureusement passée à côté.
Roméo et Juliette - William Shakespeare
Je n'avais jamais lu cette pièce de théâtre pourtant si célèbre, voilà qui est chose faite ; ma culture personnelle a été satisfaite mais ça s'arrête là. J'ai eu énormément de mal à me concentrer sur ma lecture, je n'arrêtais pas de décrocher et de partir dans des pensées sans aucun rapport parce que je m'ennuyais ferme.
Je n'ai pas compris l'intérêt de certaines scènes, en particulier dans les deux premiers Actes mais aussi dans le troisième bien que j'aie trouvé l'histoire un peu plus intéressante à partir de là. D'autres scènes m'ont agacée par leur pathos extrême ou par les personnages (la nourrice est bien pénible).
Mais je pense que j'ai surtout été freinée par le langage : une œuvre du XVIe siècle, avec tout ce que ça implique de tournures ampoulées et de références désuètes voire tombées dans l'oubli, qui en plus a fait l'objet d'une traduction n'ayant pas su rendre la moitié des jeux de mots ni les vers rimés... Difficile, dans ces conditions, d'appréhender au mieux la pièce et de faire honneur à la langue shakespearienne.
Mon parcours ici
J'espère que mon prochain lancer sera un peu moins catastrophique