Bonjour, voici ma participation comme ce thème m'a miraculeusement inspirée
Le Vent souffle.
Le vent souffle à mes oreilles. Je ferme les yeux, tends l'oreille et aiguise mes sens.
Il emporte avec lui le souvenir d'une bonne odeur de tarte aux pommes, celle que je ne goûterai plus jamais, qui a le goût d'automne. Celle qui avait le parfum de cannelle, celui du partage et des rires, du bon temps passé ensemble.
Le vent souffle à mes oreilles, le bruit du vent dans les feuilles, de l'odeur d'arbres et de feuilles mortes. L'odeur des bois, les rires et les chamailleries, les courses, les forts grimpés, les genoux écorchés et vite oublié.
Les rayons du soleil filtrent à travers mes yeux clos, ceux d'une chaude journée d'été, la musique unique du camion de glace parcourant les rues. Je peux presque tracer son parcours mentalement derrières mes paupières closes. Le parfum inimitable d'une énorme bougie à la citronnelle allumée sous un ciel noir constellé d'étoiles timides accompagné de sa lune brillante, me chatouille les narines.
Le vent souffle à mes oreilles, des histoires échangées lorsque la nuit se fait noire, dans l'intimité d'une chambre, racontées pour la centième fois. J'en connais chaque mots, chaque syllabe, que j'attends pourtant comme si c'était la première fois. Les rires et les gloussements me parviennent lointain mais l'infinie tendresse des câlins, la douceur de ces moments est aussi vivace qu'à ces jours.
Je me rappelle l'odeur de la ferme, celle si douce et caractéristique de la laiterie, le bruit des poules, des vaches, du chien, la paille.
Le vent se lève et une violente bourrasque me gifle le visage. La douloureuse réalité de la maladie, de la vieillesse qui creuse les visage, la séparation, la solitude. Et la culpabilité.
Mais une accalmie arrive et ne reste qu'une brise fraîche qui me fait frissonner. J'ouvre les yeux et devant moi dansent tous ses souvenirs. Certains sont vivaces, d'autres plus effacés. La plupart sont sûrement transformés, déformés avec le temps mais ça me va. Je veux me souvenir des choses comme ça. Pour rien au monde je n'échangerai aucun de ces moments.
La seule chose immuable, c'est cette passion. Celle des livres, de la langue et de l'écriture. Secrètement et, je dois l'avouer, jalousement gardé entre nous. Ce lien si fin mais indestructible qui nous lie toujours.
Le Vent emporte avec lui un visage plein de rides, abîmé par le temps et les épreuves mais pourtant toujours aussi souriant.