Le pays [Nouvelle / Tranche de vie]

Postez ici tous vos écrits en une partie !
Répondre
lectures-d-alex

Profil sur Booknode

Messages : 10
http://tworzymyatmosfere.pl/poszewki-jedwabne-na-poduszki/
Inscription : sam. 10 sept., 2016 12:57 pm

Le pays [Nouvelle / Tranche de vie]

Message par lectures-d-alex »

D'aussi loin que je me souvienne, mon peuple a toujours subit la persécution. Petite déjà, ma mère me racontait comme elle avait du fuir son pays natal pour s'installer dans celui qui me vit naître et que je dois à mon tour quitter.

Elle me parla du temps jadis dans cette contrée où elle avait migrée, dans ce pays où je vis le jour. Elle me dit à quel point en ce temps là, le monde respirait le calme et la sérénité. Personne ne se doutait qu'ailleurs, sous un autre régime, on massacrait les nôtres. Dans cette terre promise, tous les passants expliquait alors à ma mère qu'ici, tous étaient les bienvenus. Qu'ici, la police n'intervenait que rarement et toujours pour réprimer les actes de quelques vandales. Ces derniers sévissaient la plupart du temps en hiver quand toutes les infrastructures tournaient à plein régime. Toujours quand les centrales carburaient pour fournir la chaleur suffisante dans chaque foyer, toujours quand le secteur agro-alimentaire se coupait en quatre pour fournir des vivres à tous. On disait à ma génitrice de ne pas être inquiète car les forces de l'ordre interpellaient généralement ces malfrats en une à deux semaines. Tous semblaient confiant en ce système. C'est donc sans craintes que ma mère se trouva un logement et me mit au monde.

Petite, je croyais aussi en ce système jusqu'à ce que les premières rumeurs se répandent. On nous accusait d'être des parasites vivant aux crochets de la société, de voler les petits gens, de détourner des ressources à notre profit, de nous accaparer commercent et usines, de voler le travail des uns et de corrompre les autres.

Sentant que la situation dégénérait, certains membre de notre communauté décidèrent de s'exiler une fois encore. Au même moment, les premières secousses sismiques ébranlaient le pays.

La peur paralysait la population et il ne fallu guère longtemps pour que l'on nous désigne comme les responsables des caprices de la Terre.

Pour rassurer la population, le nombre de contrôle augmenta. Vinrent ensuite les premières interpellations, les premières violences policières et avec elles, les premières bavures.

Les miens paniquaient de plus en plus et quand les rafles commencèrent, je courrai à travers les ruelles en tenant mes petits frères et petites sœurs. Ma chère mère, trop vieille et affaiblie désormais, n'avait pas eu la force ni la volonté de quitter la cellule familiale. Toute sa vie se trouvait entre ces murs et elle comptait bien y finir ses jours.

La durée entre deux tremblements de terre diminuait de plus en plus. Il nous fallu composer avec eux et avec la maréchaussée pour atteindre un des deux aéroports du pays. On nous avait assuré que là-bas, nous trouverions de quoi nous embarquer clandestinement pour l'étranger.

Profitant d'un défaut de surveillance, nous nous glissâmes dans plusieurs petits aéronefs. L'idée de ne plus être aux côté de ma fratrie me rongeait l'intérieur J'embrassais ma plus jeune sœur avant de prendre place à mon tour dans un des engins. Nous n'avions aucune idée de l'endroit où ils nous mèneraient mais nous étions persuadés que n'importe où serait mieux qu'ici. Regardant une dernière fois par le hublot, j'eu une pensée pour ma mère que nous abandonnions là. Puis, brusquement, l'appareil décolla, nous fûmes catapulter dans les airs. Le voyage m'angoissa au plus haut point. Par chance, il fut de courte durée.

Lorsque nous posèrent le pied sur cette nouvelle contrée, je dus me rendre à l'évidence : tous les transporteurs n'avaient pas fait route jusqu'ici. Je me retrouvais sans nouvelles d'une partie de mes proches et une fois encore, je sentis une vive douleur en mon sein. En mon for intérieur, j'espérais de tout cœur qu'ils soient sains et saufs en d'autres lieux.

Pendant un temps qui me paru infini, je me fis discrète, je longeais les murs, évitais tout contact. Il me fallait au plus vite trouver un abris. Mon logement, bien que sommaire, ferait l'affaire. J'entrepris alors de fonder une famille.

A mes enfants, je contai mon exode et celui de ma mère avant moi. Je désirais qu'ils sachent que le monde extérieur se montrait cruel et sans pitié pour ceux de notre espèce.

Il fallu pourtant qu'un jour, mes petits quittent notre foyer pour fonder le leur. Mon angoisse grandissait à mesure qu'ils se laissaient porter par ce courant de vie qui les éloignaient de moi. Cela dit, le bonheur m'étreignait, les savoir autonomes et fort m'emplissait de joie.

Elle fut de courte durée. De nouveau, les sirènes d'alerte retentissaient dans toute la nation. Je crus à l'attaque annuelle des vandales comme je l'avais entendu dans ma jeunesse. Malheureusement, des mois nous séparaient encore de l'hiver. Je compris alors que l'Histoire se répétait invariablement. Invariablement ? Non ! Mes enfants, mes petits enfants, les enfants et petits enfants de mes frères et sœurs résistaient. Il se battaient pour leur vie, pour leur droit de séjourner en ces lieux.

L'heure de la révolte sonnait. Partout, des pans entiers des nôtres se levaient. Certes, d'aucuns fuyaient comme je le fis jadis mais la majorité lutait. Elle lutait malgré le retour des tremblements de terre, malgré la chaleur intense, malgré les hordes de policiers en uniforme blanc qui s'accroissaient de jours en jours. Il leur faudrait faire face aux miens, eux aussi grandissaient en nombre à mesure que le temps passait.

Bientôt, mon peuple se montra assez fort pour résister aux assauts de la maréchaussée. Et, voulant marquer le coup, les aéroports furent investis. Des barrières vertes furent dressées pour filtrer le trafic et exposer nos revendications. Autant que faire se peut, mes camarades laissaient passer les marchandises entrantes et sortantes.

De temps à autre, des accidents se produisaient, pour le plus grand plaisir de nos assaillants. Cela se présentait généralement lors de tremblements de terre ou de bourrasques qui envoyaient valser différents travailleurs, manifestants, policiers et barricades dans le fuselage d'un aéronef au décollage.

Malgré ses tragiques incidents, le gouvernement refusait de céder et le continuait d'envoyer sa soldatesque. Du soutient étranger fut même appelé en renfort. La chose s'avéra efficace dans un premier temps mais les jeunes résistants eurent tôt fait de reprendre la main et de renforcer leur emprise : Plus de barrières furent monter, plus de monde afféré.

De loin, j'observais l'agitation générale. Les citoyens s'affairaient à poursuivre leurs activités, faisant fi de tout ce qui se déroulait. Ils commencèrent à paniquer quand le port tomba sous notre contrôle. En effet, ce pays importait la majeure partie de sa nourriture par voie maritime. Bien que nous ne puissions pas empêcher les bateaux d'entrer dans les eaux territoriales, ils étaient instantanément renvoyé à leur expéditeur.

En réponse à cela, une aide extérieure arriva en renfort de ce gouvernement tyrannique. Un canal fut creusé à la hâte qui acheminait directement des vivres à travers toute la nation.

Mon peuple et moi-même étions très en colère face aux décisions des gens de la capitale. Une fois encore, les miens durcirent le ton et les aéroports furent presque totalement à l'arrêt. Les accidents se multipliaient car le système en place tenait absolument à tenter de maintenir en place son plan d'import-export qui faisait tourner ses usines. Dans une mesure désespérée, ils tentèrent même de faire passer des aéronefs étrangers en force.

Ils n'y parvinrent pas. Mes semblables bloquaient désormais intégralement le transport aérien. Le pays n'étant plus alimenter en ressource vitale, le gouvernement tomba. Le réseau électrique fut le suivant, suivi peu après par le réseau d'écluses et de barrage au cœur du transport fluvial puis ce fut au tour du géant de l'agroalimentaire et enfin le service de traitement des déchets.

Tout le pays était désormais à l'arrêt, nous allions enfin être écouté. Pourtant, personne ne vint parlementer. Les petites industries commençaient à s'effondrer. La population souffrait la famine et le désœuvrement. Nous étions face à une crise économique et sociale sans précédent.

Ce gouvernement intransigeant a causé la ruine de ce pays en étant si obtus, si hostile à notre égard. A moins que ce soit nous les responsables ? Nous autres virus ne cherchions pas à nuire. Notre seul désir était de survivre et de nous reproduire. Nous ne demandions qu'un toit et un peu de nourriture.

Est-ce une erreur de communication ? Les virus peuvent ils seulement vivre en harmonie dans un organisme ? Pouvions nous atteindre une forme de symbiose ?

Je ne le saurai jamais car avec la mort de Louise Delcourt, épouse Agor, ce pays qui a vu naître mes enfants, c'est nous tous, prisonniers de ce corps qui sommes condamnés !


-------------------------------------------------------------------------------------------------

La présente nouvelle a été publié pour la première fois sur https://www.wattpad.com/1282598111-le-pays
N'hésitez pas à venir lire mes autres Nouvelles, ainsi qu'à découvrir les petites anecdotes que je glisse après chaque histoire.
Bien à vous,

Lecture-d-Alex / Viktor Void
Répondre

Revenir à « Autres textes en une partie »