Voici mon récapitulatif de
février avec mes commentaires sur les livres en spoiler, sait-on jamais si ça peut intéresser quelqu'un qui hésite sur un ou plusieurs titres !
Lectures mode normal
9.
L'autre Ville de
Michal Ajvaz (05/02)
L'Autre Ville est un labyrinthe surréaliste qui évoque des images fortes, brillantes, inoubliables. Dans les chemins tortueux de ses mots, le livre peut vite passer pour vide, sans message, alors qu'il est une belle ode à la différence, à l'incapacité parfois de dresser un pont de compréhension et d'équivalences, mais à la beauté et à la richesse que cela crée. A-t-on besoin de faire entrer la logique de quelqu'un ou de quelque chose en résonance avec la nôtre pour y trouver de la beauté, de la bonté, ou simplement de l'intérêt ? L'Autre Ville est une lecture par moment ardue et qui ne s'adresse pas à tout le monde. Je ferme le livre en ayant le sentiment d'en avoir retiré quelque chose de précieux, sans pour autant pouvoir dire que ce fut une lecture agréable pour moi.
10.
Les Métamorphoses, Tome 1 : Vita Nostra de
Marina & Sergueï Diatchenko (13/02)
Vita Nostra est un OVNI dans le genre. Je ressors de la lecture hagarde, déboussolée et pas certaine de ce qui vient de m'arriver et pourtant j'en redemande. Je veux de nouveau me replonger dans cette ville provinciale au charme désuet, je veux plus de détails sur ces profs tyranniques et pourtant capables de compassion et d'inquiétude pour leurs élèves, je veux plus de temps en compagnie de Sacha et Kostia et les autres, petit groupe soudé par une expérience hors du commun et pourtant misérablement seul.es. Un tel attachement à un livre si étrange n'est possible que grâce à la plume sensationnelle de l'auteur et de l'autrice qui ont décidément une imagination transcendante.
Petit bémol peut-être sur le manque de relation positive entre Sacha et les autres filles, ce jugement aussi des tenues, maquillages, comportements, etc des autres. J'aurais tellement apprécié une amitié ou au moins une compréhension plus poussée entre elle et Lisa, un personnage avec qui j'aurais aimé passé plus de temps.
11.
Les Aventuriers de la mer - Intégrale, Tome 1 de
Robin Hobb (23/02)
Les Aventuriers de la Mer prend place dans le même univers que l'Assassin Royal et, si les deux séries sont liées, elles ne pourraient pas être plus différentes au niveau de l'exécution : là où on suit les événements uniquement du point de vue du personnage principal dans l'Assassin Royal, ici on multiplie les points de vue pour un roman en choral où les personnages ne cessent de se répondre, de se frôler, de se quitter et se réunir.
La force de Robin Hobb reste pourtant la même, la profonde complexité et humanité de ses protagonistes. De la volontaire Althéa à la sournoise Maltha, de l'idéaliste Hiémain au cynique Kennit, de la toute jeune Vivacia à la matriarche Ronica, la diversité des caractères et des valeurs ne laisse aucun doute quant à qui est avec nous sur les pages.
12.
Si j'avais ton visage de
Frances Cha (25/02)
Ce roman est aussi intimiste que dur. L’amitié que se voue ses filles est palpable mais n’empêche pas les jalousies, les désaccords et la condescendance : ce qui importe est leur façon maladroite de s’en faire les unes pour les autres quand les choses dérapent.
Les thèmes abordés sont vraiment durs et parlent de la solitude profonde que le stress quotidien impose. Malgré tout j’ai apprécié rencontrer chacune des protagonistes, fortes et vulnérables et faillibles et tellement pleine de vies ! Je me suis prise à espérer pour elle, à craindre pour elles, à me retrouver au bord des larmes comme à sourire. Ce roman émeut et fait réfléchir à la fois.
13.
Certaines n'avaient jamais vu la mer de
Julie Otsuka (26/02)
Un livre aux choix narratifs osés qui, s'ils ne permettent pas de s'identifier à un ou plusieurs personnages, rendent compte de beaucoup de choses. Le "nous" et les répétitions et accumulations de différents exemples parlent du très grand nombre de ces femmes japonaises venues se marier aux Etats-Unis avec des inconnus qui ne leur ont pas dit toute la vérité sur leurs situations et motivations. Ce pronom qui suit lea lecteurice tout du long sert aussi au sentiment d'appartenance à ce groupe, puis aux japonais immigrés en général, tandis que le "ils" général introduit avec le chapitre "les blancs" définit les autres, les gens appartenant à cet autre groupe en situation de supériorité sur le "nous". Ce ne sont peut-être pas des termes subtils, mais ils sont terriblement efficaces pour repeindre ce sentiment d'isolation.
Outre le thème général trop méconnu, j'ai aussi apprécié cette façon de montrer cette notion de minorité exemplaire à l’œuvre, ainsi isolée aussi des autres minorités, sans que cela ne leur soit utile quand iels en ont le plus besoin...
Lectures mode à bulles
17.
La Sorcière aux champignons, Tome 2 de
Tachibana Higuchi (01/02)
Même si l'intrigue est posée avec le conseil des sorcières et mages noirs et leur décision de laisser une chance à Luna de sauver Claude, je continue à trouver le rythme lent... A la fin du tome 1, j'aurais aimé en apprendre plus sur les sorcières blanches, mais ce n'est apparemment pas pour tout de suite. Pareil, les questions que je me pose sur l'univers concernent plus les relations entre sorcières/mages et leurs familiers, la nature des familiers, etc, mais cet aspect n'est pas (encore?) développé.
Bref une lecture un brin frustrante et assez longue de mon côté, même si je vais persévérer avec le tome 3 que j'ai emprunté à la biblio.
18.
La Sorcière aux champignons, Tome 3 de
Tachibana Higuchi (02/02)
Un tome qui se focalise sur ce nouveau quotidien bouleversé par l'arrivé de Lisé en tant qu'apprenti de Luna. Si je trouve l'attachement si rapide et féroce du garçon envers la sorcière déconcertant (même si j'imagine que c'est désormais son seul point de repère, j'aurais peut-être apprécié le voir aussi développer de véritables relations avec les amis animaliers de Luna), j'apprécie son regard extérieur sur la forêt et la ville. Les deux s'apprivoisent, mais vont avoir besoin d'apprendre à communiquer entre eux, car écouter les discussions l'un.e de l'autre n'est pas vraiment la forme la plus simple d'apprendre à connaître l'autre...
Le manga souffre toujours, pour moi, de la même longueur que précédemment.
19.
Créatures fantastiques, Tome 2 de
Kaziya (02/02)
En continuité avec le tome 1, on retrouve ces petits histoires épisodiques avec à chaque fois un animal à soigner. J'ai apprécié quelques réflexions amenées qui, si elles gagneraient à être approfondies, sont agréables à trouver dans des médias accessibles aux enfants pour commencer une sensibilisation à ces thèmes : impact de l'industrie sur l'environnement et l'habitat des animaux, capture d'animaux sauvages dans les forêt tropicales, cultures et apports énergétiques,... J'aime aussi bien la façon dont le progrès n'est ni décrit comme bon ou comme mauvais, simplement dépendant de l'usage dont on en fait, de même pour les pratiques non scientifiques : seules, elles ne sont peut-être pas suffisantes, mais si elles n'ont pas d'effets néfastes, pourquoi s'en priver sous prétexte qu'on a aucune preuve tangible d'un effet bénéfique ?
20.
Créatures fantastiques, Tome 3 de
Kaziya (03/02)
Si ce troisième tome commence avec le même format que les deux précédents, cela change vite pour les derniers chapitres : une intrigue est belle et bien présente avec ce mystérieux personnage. Quelles sont ses intentions ? J'aime bien la réflexion faite sur les animaux qui nous paraissent sympathiques et ceux, dangereux, qu'il faut contrôler voire repousser. J'ai enfin un peu de curiosité à voir ce qui va se passer dans le tome suivant !
(et petite mention spéciale pour la gargouille que j'ai trouvé très touchante en plus d'être adorable)
21.
Nomen Omen, Tome 1 : Total Eclipse of the Heart de
Jacopo Camagni & Marco B. Bucci (06/02)
Une histoire prenante avec un graphisme très soignée ! J'aime beaucoup la découverte de cet autre monde caché dans notre quotidien, thème qu'on retrouve dans beaucoup de médias de nos jours, mais géré de façon très agréable ici. Une mention spéciale pour l'inspiration irlandaise qui permet d'amener un peu de fraîcheur quant aux personnages que l'on rencontre.
22.
Un dernier soir à Pékin de
Golo Zhao (07/02)
Une lecture mélancolique qui retrace le passé d'un jeune homme tout en mettant en lumière les difficultés économiques du pays. Un dernier soir à Pékin est une découverte douce de petites vignettes de vie, une collection de moments qui expliquent en partie le chemin d'un individu, une somme de choix qui ne mènent ni à un bon ou à un mauvais chemin, mais à un chemin, tout simplement, pas après pas.
23.
#Cooking Karine, Tome 1 de
Nakae Mikayo (08/02)
Découvert sous les conseils de la bibliothécaire, j'ai ramené chez moi les trois tomes qui constituent cette série sur la cuisine et le monde des vidéos en ligne. C'est une lecture agréable qui donne le sourire (et l'appétit !) grâce à son héroïne à l'optimisme et la détermination sans faille !
24.
#Cooking Karine, Tome 2 de
Nakae Mikayo (09/02)
Ce tome se focalise un peu plus sur l'aspect vidéo et concours : on y parle de sécurité et craintes parentales, de communication avec ses tuteurs, de harcèlement et de l'impact sur l'estime de soi d'une médiatisation aussi intensive. J'ai apprécié que Karine non seulement ne prenne pas avantage du malheur de ses concurrentes, mais aussi ne reste pas inactive devant ces problématiques et fasse à chaque fois preuve de gentillesse, en public, ramenant ainsi un peu d'empathie dans le discours. Ceci étant dit, j'ai trouvé ce tome moins touchant que le précédent... peut-être n'y avait-il tout simplement pas assez de temps pour traiter d'autant de sujets autrement que grâce à un message de surface qui, s'il est bénéfique à lire pour des enfants, reste répétitif.
25.
#Cooking Karine, Tome 3 de
Nakae Mikayo (09/02)
Ce dernier tome se focalise sur l'histoire de Shin et sa relation compliquée à la cuisine. En parallèle de Karine qui a été influencée par la bonne humeur familiale régnant autour des petites attentions culinaires, Shin a été dégoûté de la cuisine... C'est une façon mignonne de rappeler que la cuisine est une activité sociale et qui s'associe à la convivialité, mais aussi aux souvenirs.
26.
L'Atelier des sorciers, Tome 6 de
Kamome Shirahama (11/02)
De tome en tome, je suis toujours aussi époustouflée par le dessin ! Ce tome-ci nous donne des cases riches en arrières plans variés et détaillés ainsi que tout une collection d'animaux marins à admirer.
Côté histoire, on en apprend plus sur la société magique et on rencontre de nouveaux personnages. Comme d'habitude, j'ai été happée et toujours aussi touchée par notre quatuor de jeunes filles, de plus en plus soudées et toujours aussi optimistes et créatives
27.
L'Atelier des sorciers, Tome 7 de
Kamome Shirahama (13/02)
On en apprend enfin un peu plus sur le passé de Kieffrey, même si ces informations nous sont révélées au compte goutte ! La confiance que Coco place en lui et l'espoir qu'il continue à l'aider à entretenir sont des composantes très touchante de leur relation. La présence d'Olugio permet aussi d'exprimer un aspect plus sombre et adulte du personnage de Kieffrey, celui-là même qui nous met en haleine pour la suite de l'intrigue !
En parlant d'Olugio, c'est un personnage qui est particulièrement touchant sous de premiers abords austères et qui apporte une stabilité bienvenue au reste de la drôle de famille qui vit dans cet Atelier.
Bref je la magie opère toujours pour moi, même si je regrette ne pas avoir profité de la compagnie des trois autres petites sorcières pour ce tome-ci. J'allais presque oublier de le mentionner, mais les dessins sont toujours aussi réussis, magnifiques et ce depuis le premier tome !
28.
Créatures fantastiques, Tome 4 de
Kaziya (25/02)
Un tome qui continue à gagner un intrigue par rapport aux histoires épisodiques des premiers volumes de la série : on sent que le mystère s'épaissit avec ces différentes créatures poussées loin de leurs habitats normaux et les nouveaux personnages entrés en jeu.
J'ai particulièrement aimé le passage avec le coq, ce côté basse-cours apportant une touche de normalité quotidienne bienvenue.
29.
Créatures fantastiques, Tome 5 de
Kaziya (26/02)
Suite et fin de cette série résolument douce. Si j'ai toujours un problème avec les créatures fantastiques qui ont toujours un peu la même tête, j'apprécie beaucoup les thèmes abordés, comme l'écologie et la façon dont les êtres humains façonnent le monde autour d'elleux. Ce tome est une très bonne conclusion.
30.
L'Atelier des sorciers, Tome 8 de
Kamome Shirahama (27/02)
Ce tome aborde des thèmes durs, ceux du handicap et des structures systémiques qui le rendent si compliqué à vivre au quotidien. La question n’est ni simplifiée, ni considérée comme définitivement réglée malgré le traitement qui rend les pistes de réflexion proposées très accessibles. Un tome vraiment touchant et très bien exécuté.
31.
L'Atelier des sorciers, Tome 9 de
Kamome Shirahama (28/02)
Je suis toujours impressionnée de la façon dont ce manga entre-mêle émerveillement enfantin et questions sociétales beaucoup plus profondes. Pour un média qui s'adresse à des adolescents, il ne réduit jamais la complexité de ces questions et ne recourt pas à de simples lieux communs : il invite à vraiment réfléchir en profondeur et tirer ses propres conclusions.
Lien vers mon récapitulatif annuel