Je valide cette lecture.Sherlocked_666 a écrit : ↑jeu. 26 janv., 2023 5:38 pm Je passe à la consigne 9-D avec Les Mémoires de Zeus de Maurice Druon (mort le 14 avril 2009).
Dans ces mémoires fictives, Maurice Druon laisse la parole au tout-puissant Zeus afin de lui donner l'opportunité de s'adresser à l'humanité qu'il a laissée derrière lui, ou pour ainsi dire au lecteur (et j'insiste sur le genre masculin du nom) contemporain qui met la main sur son testament. Est ainsi relatée l'histoire de l'humanité que Zeus a chaperonnée jusqu'à l'ère d'Alexandre le Grand. L'idée a de quoi séduire mais j'admets avoir été quelque peu déçu par ce texte pourtant très prometteur.
Le caractère de Zeus est, je pense qu'on peut le dire, plutôt bien cerné par l'auteur dès lors que ses mémoires transpirent la misogynie et le paternalisme - ce qui rend la lecture de nombreux paragraphes difficilement supportable. Mais "protagoniste" comme "narrateur" ne sont pas automatiquement synonymes de "sympathique", adjectif que le vieux Zeus tente pourtant de s'arroger à plusieurs reprises puisqu'il semble se penser relativement sage et bienveillant en comparaison avec ses semblables. Gageons que les victimes de ses colères et de sa frustration sexuelle ne seraient pas du même avis.
L'idée est bonne : relater la "vie" de Zeus, sa naissance, son avènement, les batailles auxquelles il a pris part et, surtout, la construction de sa descendance. Je dis "surtout" car j'ai fréquemment eu l'impression de lire le journal intime d'un tombeur qui ne peut s'empêcher de raconter les moindres détails de ses conquêtes moins amoureuses que purement charnelles. Zeus oblige, hein, on ne va pas se mentir. Mais il y avait peut-être un moyen d'énumérer les aventures sexuelles de monsieur (et de ses camarades masculins qui sont souvent tout aussi rustres que lui) sans appesantir le récit de la sorte. La structure chronologique du récit peine parfois à mettre en ordre l'amas de mythes dont nous avons hérité dès lors que ceux-ci ne s'imbriquent pas forcément de manière logique les uns avec les autres. Zeus se permet donc de rectifier certaines erreurs et c'est assez curieux à lire.
Et au sortir de cette lecture, finalement, je me suis demandé ce qu'elle m'avait apporté. Elle n'était pas désagréable, non, on ne saurait qualifier ainsi la plume de Druon. Mais je doute simplement qu'elle m'ait apporté quoi que ce soit hormis la satisfaction de ma curiosité à son sujet. Disons simplement que n'étant pas novice en matière de mythologie grecque, ce n'était certainement pas une porte d'entrée dans le domaine, et j'ai même du mal à croire que ces mémoires seraient digestes pour des néophytes étant donné la quantité de noms et de lieux mythiques qui apparaissent dans le texte. Les réflexions de Zeus concernant l'humanité et l'ère moderne ne m'ont pas touché outre mesure, étant plutôt allergique au ton paternaliste avec lequel elles sont exposées. Sans compter l'aspect problématique de certains propos, à commencer par la manière dont il considère les femmes et le sexe. Oui, c'est Zeus et l'objectif de Druon n'était pas de réécrire son histoire mais d'essayer de se faire le porte-parole de ce que le dieu parmi les dieux aurait pu louer ; cela n'empêche que certaines réflexions étaient peut-être dispensables ou auraient pu être écourtées afin de rendre la lecture moins pesante pour les "filles" auxquelles le narrateur ne prend pas la peine de s'adresser, leur préférant ses bien-aimés "fils". Le risque étant, par ailleurs, de dénaturer le personnage plus que de le révéler en lui prêtant des réflexions que l'on estime qu'il pourrait avoir.
Une tentative intéressante en ce qui concerne la mise en ordre de la mythologie grecque et la prise de parole du dieu des dieux mais qui n'a pas su capter mon attention comme je l'espérais.