Hanayu a écrit : ↑ven. 28 avr., 2023 8:30 am
Coucou !
J'avais voté pour :
"Terre des oublis" de Duong Thu Huong
et compte bien le lire ! Mais ce sera probablement plutôt en Mai.

À bientôt !
LU !!
Le poids des traditions reste effrayant selon les époques concernées, et encore aujourd'hui dans certaines parties du monde.
Impossible d'imaginer "chez nous" qu'un homme (déclaré mort) puisse récupérer sa femme (pourtant remariée depuis sept ans)...14 ans après uniquement par le biais de la pression sociétale !! Car oui ladite femme, elle, n'en a aucune envie !
(Je le sais historiquement parlant il y a eu des précédents...et ça ne s'est jamais passé ainsi !! Et par vécu. Mon grand-père a été déclaré mort pendant le seconde guerre mondiale, à son retour sa femme s'était remarié etc...et bien il a épousé en secondes noces celle qui fut ma grand-mère ! Voilà !)
L'on est aussi choqué que pantois, voir craintivement admiratif, devant l'abnégation obstinée dont fait preuve Miên. (Son prénom fait très jeu de mot en français...Miên/Mienne...c'est justement tout le problème ! À quel mari "appartient-elle" ?! De corps ou d'esprit...pas au même !)
Ce qui est fou c'est que dans l'histoire (sous prétexte de "moralité") comme l'on peut s'y attendre : personne n'est heureux...mais tous s'y tiennent !
- Les villageois considèrent que le devoir de Miên est de retourner avec Bôn. Mais sont mal à l'aise de la situation et ne les côtoient pas pour autant ensuite...au contraire !
- Bôn veut Miên. Mais ses vœux ne correspondent pas à l'imagination qu'il en a, loin de là. (Et il sombre toujours plus...alors qu'il avait pourtant un bonheur acquis ailleurs !)
- Miên se soumet, mais de lumineuse devient d'une froideur polaire très éloignée de son tempérament originel.
- Hoan lui même subit et ne tente pas (malgré la passion réciproque qu'il connaît avec Miên) d'imposer sa légitimité d'époux !
C'est stupéfiant comme les principes moraux arriéristes peuvent s'immiscer dans le destin d'êtres qui tous "n'ont rien demandés" !!
Ce n'est la faute de personne, mais c'est ainsi POINT !
Miên n'a passé que quelques semaines avec Bôn. Il a été enrôlé rapidement. Ensuite plus de nouvelles. Pendant cinq ans elle a attendu, et il a été déclaré mort ! Pendant deux années supplémentaires elle lui a été fidèle. Sept années avant de remarier avec celui qui est "l'amour de sa vie", le vrai, le grand, le beau. Un homme attentionné qui l'aime et la respecte profondément, et lui a assuré un confort d'habitat bien réel...et rare au fin fond de cette montagne vietnamienne. (Ce qui explique le jugement anticipé acide de la populace "bien pensante".)
Il est de surcroît le père de son enfant. Enfant qu'elle adore et à qui tous deux désirent donner une fratrie...et là BAM !!!
Oui elle a aimé Bôn...mais il y a 14 ans ! Si on se mets à sa place c'est comme si on nous forçait à nous remettre définitivement avec un amour de vacances un peu oublié (qui de surcroit est bien abîmé dans sa tête donc méconnaissable dans une bonne mesure). En laissant tout ce qui fait notre vie actuelle derrière nous...parce qu'il revient traumatisé de la guerre, qu'il a donné de son sang, qu'il a payé pour la patrie, qu'il mérite une récompense, et la récompense : c'est toi !! Toi le premier amour. C'est comme ça et puis c'est tout ! Oo
Et le "devoir conjugal" est un acquis bien évidemment...@malaise#syncope#évanouissement !!! (Ça va...loin...)
On reste sans voix, notre esprit en éveil face à cette situation inextricable imposée...on espère une issue !! Et en attendant que ("pitié"!) cela s'arrange on suit les flashs-backs du vécu des trois protagonistes centraux. Comment en sont-ils arrivés là. ? Quelle est leur "essence". Et cela s'avère prenant. L'honneur est une valeur forte chez Miên et Hoan...pas chez Bôn qui profite de son "bon droit officiel" grâce au "qu'en dira-t-on persifleur".
Mais quand on se concentre un long moment sur son expérience militaire dans la jungle (surtout son cheminement hallucinatoire avec le sergent)...pas étonnant qu'il se raccroche à Miên. C'est le seul visage positif de ses souvenirs qui est encore en vie !
Pour tous c'est la peur surtout l'a emporté...des autres ou de la solitude.
Et l'on comprend aussi mieux pourquoi le couple amoureux accepte. Parce que c'est un précepte ancré en eux.
- Hoan s'est fait piégé pour son premier mariage et a été jusqu'au bout.
- Miên a vu une de ses proches se porter volontaire pour épouser un blessé de guerre anonyme (sélectionné par le gouvernement). C'est donc dans leurs mœurs profondes de se sacrifier.
Pas dans les nôtres. D'où le choc de culture.
On y parle aussi des besoins charnels, de médecine, de dépression, des dégâts psychiques (et pas seulement physiologique) laissés par la guerre, de passion et du quotidien vietnamien toutes castes confondues.
Ce qui est terrible c'est que bien que Bòn soit détruit mentalement (ce qui explique son comportement), ses décisions sont si malfaisantes qu'on ne peut ressentir de réelle empathie pour lui. Il n'est pas Bon ! C'est le "méchant" officiel et il le reste malgré ses failles réelles (qu'on ne souhaite à personne). Le dérapage "enfant" puis celui du dernier chapitre le rangé définitivement dans la case "nuisible détestable".
Les seules qui compatissent à son sort au final...sont les deux victimes de son retour !
Je préfère prévenir les âmes sensibles que certaines scènes sont crues ou violentes, même si la plume atténue les événements sans les taire.
La dimension du texte me laisse interdite.
Je ne regrette pas ma lecture, et comprends pourquoi mon beau-frère (qui me l'a prêté d'office) est resté très marqué par cette histoire, toutefois je n'ai malheureusement pas partagé son coup de cœur.^^'
(Surtout que 700 pages...c'est long pour un sujet aussi rébarbatif...)