Ils veillent sur nous…

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Vanget

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Ils veillent sur nous…

Message par Vanget »

Je ne saurais vous dire comment ni où je me suis engagé.
Comme David Vincent, je cherchais un raccourci lorsque d’un seul coup je fus entouré par une clairière à la végétation exotique, luxuriante, éclairée par une lumière très intense. Le plus étrange : elle n’éblouissait pas et pour moi cela allait de soi.
Au lointain, j’aperçus un vieil homme. Au milieu d’une aube blanchie, il marchait les yeux fixés sur ses pensées, sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, seul, inconnu, le dos courbé, triste. Il serrait dans ses mains un bouquet de bruyères en fleurs…. Il avait un rendez-vous et il ne voulait pas le manquer.
Plus près, assis au bord d’un chemin, un jeune homme au visage d’ange gardien, rêveur, le regard dans les étoiles, des gouttes de rosée à son front comme un vin de vigueur. Telles des lyres, il tirait les élastiques de ses souliers blessés, un pied contre son cœur… Sans doute essayait-il de se consoler de la vision de ce juvénile soldat endormi dans un petit val éclaboussé de soleil. La tête nue, le corps dans les glaïeuls, la main sur sa poitrine, tranquille avec ses deux trous rouges au côté droit.
À côté d’une fontaine mélodieuse, un grand arbre soutenait une conversation animée avec un frêle roseau.
— Je plie et ne romps pas, disait ce dernier.
— Moi, je brave l’effort de la tempête. Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphir, lui répondit le chêne.
Voilà une bien belle rivalité à petits coups de mots fleuris !
Non loin de là, un renard ne tarissait pas d’éloges à propos d’un quelconque corbeau sur un arbre perché. Il le voyait comme un Phoenix ! C’est vous dire ! La nature facétieuse nous surprendra toujours.
À quelques pas, un lapin intrépide, téméraire, sûr de lui, jouait avec une tortue imperturbable, impassible. Elle allait son chemin, sereine.
Un mouvement sur le sol attira mon attention. Je m’approchais… Une colonne de fourmis transportait avec mille précautions un ancien et fragile feuillet jauni par le temps. Le tempo lent m’a permis de mémoriser chaque mot. Voici le début :
Je vous envoie un peu de ma nature,
En toute amitié, sans la moindre armure,
Là où je suis, je n’en ai nul besoin.
Pour vous, une fable inédite, conservez-la avec soins.
Jean.
D’une poche, je sortis le carnet qui ne me quitte jamais. J’y consignais les huit strophes de la fable. Au dernier mot écrit, un être élégant se présenta et me pria de le suivre. Il me conduisit près d’un rayon infini et très net d’un pourpre profond, insondable, mystérieux. Une porte d’or s’ouvrit, il me salua en disant : « À votre réveil, dans les 24 heures, vous aurez tout oublié. » Il disparut. Quand je me retournais, la clairière, la fontaine figuraient bien là… Hélas sans la féérie, le merveilleux, l’enchantement.
Je retrouvais sans peine mon chemin. Dès le seuil de la maison, je consultais le carnet : toutes les pages étaient blanches !
Par bonheur, tout le long du trajet, j’avais répété inlassablement les huit strophes et ce que vous savez déjà.
Avec les mêmes belles lettres rondes, je les ai écrites dans un cahier d’écolier… un lieu aux mille secrets, idéal pour abriter une fable inédite…

L'escargot et l'étourneau

Après l'ondée, l'escargot sortit avide d'aventure.
Trop heureux, il se hâta, pressant sa nature.
Tout à sa joie de liberté, il ne prit garde au danger.
Un étourneau s'approcha trouvant là de quoi manger.

Je suis désolé Gastéropode, et je vous demande pardon.
Je vous prie de m'offrir de votre corps le précieux don.
Depuis longtemps, mon estomac s'étire vers mon talon.
En échange, vous resterez le héros de future conversation.

Halte là ! Oiseau persiffleur ! Dans ma belle carapace,
S’étale une encyclopédie qui prend toute la place.
Elle contient bien des livres de chimie traitant du poison.
Si tu y touches, de vives douleurs deviendront ta prison !

À ces mots, l'oiseau s'envola, effrayé par une telle promesse.
L’escargot reprit son chemin, heureux et empli d'allégresse.

Ce fat, absurde, prétentieux et crédule étourneau,
Roi des airs certes, mais sans bagage ni cerveau,
Se pare d'une réputation très loin d'être surfaite.
Il pavane tel le dindon sans invitation à la fête !

Loin en exil, perché sur un édifice en hauteur,
L'étourneau méditait, perdu dans son malheur :

J'ai déjà entendu un vilain crapaud parleur,
Mais je n'ai jamais vu d'escargot lecteur !
À mon prochain repas, je croquerai d'abord,
Et discuterai ensuite sans aucun remords !

Une seule fois, la même ruse peut nous sauver,
Prenons garde à toujours nous renouveler.
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