Bonjour à tous !
Voici le thème d'écriture de ce mois-ci : Nuit d'été Votre texte peut tout aussi bien parler de la douceur de cette agréable chaleur, que de l'horrible canicule ! Hâte de vous lire !
─━━━━━━⊱⊰━━━━━━─
Je note également quelques conseils/règles de base : Tous les types de textes sont acceptés (fiction, histoire vraie, nouvelle, essai, en vers, en prose) du moment qu'ils collent au thème ! Il n'y a pas de limites minimum de caractères. En termes de taille, le format d'une nouvelle de 15 000 signes (environ 7 pages) est le maximum qui sera accepté. Faites attention à votre expression et à votre orthographe, il est toujours plus agréable de lire des textes écrits dans un français correct Les textes écrits avant le concours ne seront pas acceptés. Vos textes doivent avoir été écrits spécifiquement dans le cadre du concours. Attention : Seuls les membres de Booknode dont le profit sera un minimum complété (quelques livres en biblio et infos sur le profil) pourront participer, peu importe votre date d'inscription. Vous pouvez très bien vous être inscrits la veille, il n'y a aucun soucis, tant qu'il est clair que vous ne vous êtes pas inscrits sur le site juste pour participer et ne jamais y revenir.
Bonjour à tous.
Voici mon histoire, purement inventée. Longue comme quand ça m’inspire et que la main court.
J’espère que certains liront toutefois.
NUIT D’ÉTÉ
À la tombée du jour
Eva nagea jusqu’à l’escalier pour sortir de sa piscine. Elle hissa son corps dégoulinant d’eau claire sur les marches et s’aida de ses deux mains, en position recroquevillée presque comme un chien maladroit. Cramponnée au bord, elle donna à son corps une brève impulsion, se releva et regagna le bord d’un pas déhanché et provoquant. Sa longue chevelure rousse balançait contre elle de gauche à droite jusque sous ses petits seins ronds pulpeux et galbés. Proportionnés à son corps juste comme il faut.
Ça lui donnait une allure de fille affolante. Tout ce qu’elle n’était pas.
Elle se sentait simplement détendue et ressourcée après cette longue baignade et laissait donc tout son corps bouger sans tabou.
Elle s’allongea, se laissant glisser, toute ruisselante, sur la pierre fêlée et chaude de la margelle. Elle ferma les yeux derrière ses lunettes de soleil polarisées pour y créer une pénombre fraîche, et respira calmement, à grandes bouffées longues et régulières. La tombée du soir atténuait la violence de la canicule. Aussi se laissa-t-elle chauffer par le soleil encore présent. Elle savourait pleinement ce moment où les rayons sèchent la peau sans la brûler. Sa peau à elle était hâlée, couleur d’un pain moelleux qu’on aurait doré à point.
Elle pensa à lui qui aurait peut-être envie de l’approcher, et peut-être de la posséder, de s’en nourrir jusqu’au gavage, s’il était là.
Elle n’attendait que ça.
Mais «il» n’était pas là. Elle était seule.
Elle bascula dans un sommeil court et léger juste le temps de rêver. De lui ou d’autre chose, de toutes façons elle ne s’en souviendrait pas au réveil.
Quand elle rouvrit les yeux, le soleil chutait tout en bas du ciel derrière les collines arides. Il disparaissait dans une traînée incandescente et orangée. Il était presque 21 heures 15 et une pénombre encore claire noyait le jardin dans un halo flou. Tout apparaissait derrière un voile trouble, ce paysage délavé la tranquillisait.
La nuit
Le calme s’installait, les bruits ambiants se dissipaient, le monde se dispersait, les voix se taisaient. La nature séchée et brûlée par la canicule de la journée reprenait ses droits.
Silence des soirs d’été.
Eva resta immobile en attendant la nuit. Les cigales cessèrent de chanter, libérant les oreilles du frottement âpre et assourdissant de leurs ailes contre leurs flancs. Les grillons leur succédèrent. ils signalaient leur présence dans un concert plus atténué et harmonieux. Eva écoutait ce chant d’été et souriait. La sérénité enrobait enfin le monde, elle allait pouvoir profiter de cette nuit.
Une toute petite brise, fraîche juste comme il fallait, se leva et transporta jusqu’à elle le parfum du jasmin. Elle prit une grande inspiration pour sniffer à plein nez la tombée de la nuit et s’en droguer. La température était parfaite. C’était l’heure où l’eau de la piscine paraissait tiède sur la main, plus tiède que l’air ambiant. Elle pensa qu’elle pourrait prendre un long bain de minuit après sa soirée barbecue en solo.
Repas d’été
Elle organisa sa table. Nappe dans une ribambelle de couleurs estivales et vives, serviettes en tissu assorti – car même seule elle soignait sa table, pas question de papier jetable – une grande assiette, un verre à pied, un tumbler, un verre à eau, un set de couverts, des bouteilles d’alcool, du jus d’orange - de quoi faire boire tout un groupe de fêtards, des cacahuètes et des chips, une corbeille débordant de pain croustillant pour accompagner les grillades.
Elle bourra le barbecue de granulés de bois qui sentaient l’odeur d’un parquet blond. Puis elle apporta un grand plat ovale où elle avait disposé de beaux quartiers de viande rouge et fraîche voisinant avec des saucisses à griller. Elle déposa cette chair crue sur le grill, au-dessus de la petite flamme jaune et de la braise rougie. Pendant que les grillades crépitaient dans leur gras odorant et savoureux, elle se servit un apéritif anisé, rempli de glaçons, qu’elle avala d’un trait en se délectant. D’autres verres suivirent, la boisson fraîche coulait dans sa gorge comme un simple sirop, et l’alcool faisait son œuvre..
Autour, pas un bruit, juste les éclats de voix lointains de ses voisins, probablement eux aussi réunis autour d’un barbecue. L’odeur, venue des environs, du gras mêlé au feu de bois en témoignait : eux aussi se régalaient de délicieuses grillades, mais eux étaient ensemble pour cette nuit qui commençait ….
Elle cala ses écouteurs dans ses oreilles et se lança dans une danse sensuelle et débridée, au son de sa playlist. Elle avait éclairé les projecteurs qui accentuaient le bleu lagon de l’eau. Elle y noyait son regard fasciné tout en dansant, tandis que les moustiques volaient en nuées, attirés par la lumière vive et turquoise diffusée par les grosses lampes.
Eva souriait, elle gloussait presque tout en ondulant ses hanches nues. C’était torride pour elle toute seule.
La soirée passait, elle enchaînait grillades moelleuses et cuites à point et verres de rosé frais. Elle se sentait heureuse, de plus en plus heureuse, euphorique, grisée .
Au dessert elle engloutit une glace onctueuse divinement parfumée au Cointreau, puis avala cul sec plusieurs verres d’un whisky haut de gamme qu’elle gardait pour les grandes occasions. Ses grandes occasions à elle.
Ivre, le corps convulsé d’envies, elle s’affala au sol et bascula dans un ailleurs. Avant de fermer les yeux elle aperçut les gerbes colorées et pailletées d’un feu d’artifice – on était samedi, un mariage certainement.
La température était idéale, à nouveau tiède après le passage rafraîchissant de la tombée de la nuit. Elle aurait pu se baigner encore longtemps mais le sommeil l’emporta.
Réveil
Les premières lueurs de l’aube rendaient à nouveau visible le décor. Le flotteur qui diffusait un surplus de chlore dérivait vers la paroi de la piscine habillée de mosaïque bleue. Il vint la heurter tout doucement.
Sur la margelle, le tumbler vide, un petit flacon débouché vide aussi, le maillot d’Eva et une petite enveloppe blanche.
Les secouristes étaient arrivés à l’appel des voisins qui avaient cru, en fin de nuit, entendre la chute de quelqu’un dans la piscine. Ils inspectaient le jardin désert. Calme absolu, plus personne.
Un des secouristes, intrigué par cette enveloppe, l’ouvrit et en lut attentivement le contenu griffonné sur une feuille blanche, dans une écriture tremblée : C, je pense à toi, je pense tout le temps à toi. Plaisir de te désobéir ….Pas de réponse mais je pense.
Je me nourris de ton double imaginé. Ce soir j’ai passé ma main dans tes cheveux blancs et tu m’as laissée te toucher. Que la caresse était bonne!
Finalement c’est bien de caresser ton fantôme, lui ne s’écarte pas de moi dans un geste glacial de rejet. il me laisse faire.
Tout était si parfait ce soir. Une de mes plus belles nuits d’été.
La nourriture, l’alcool à flots, l’air, les senteurs, les parfums, la rumeur gaie du voisinage, le désir oppressant mais si bon, la danse, la jouissance, l’euphorie, la musique. Moi au centre de ce tableau.
Pure volupté.
J’ai dansé sans pouvoir m’arrêter en attendant de t’accueillir.
Tu m’as manqué à fleur de peau. .
Je «thème»[./i]
Dernière modification par Larme_Fatale le mer. 06 sept., 2023 1:04 am, modifié 2 fois.
@Larme_Fatale : Nuit d'été
Je ne suis pas très douée en analyse de texte aussi pardon pour le retour un peu court mais sincère sur ton texte.
Je dis bravo, j'ai particulièrement apprécié l'atmosphère et l'émotion que j'ai ressenti. La qualité de l'écriture et comment l'originalité se conjugue au respect du thème.
Tu nous fais parfaitement découvrir pas à pas l'état émotionnel d'Eva. l'atmosphère change peu à peu pour nous conduire vers le drame, mais en est-ce réellement un, finalement?
merci pour ce texte
Bonjour ZiyouGen.
Merci pour ce retour.
Le but c’était en effet de retranscrire l’atmosphère de bien être des soirs d’été quand le poids de la canicule nous lâche, et la solitude profonde d’Eva.
À la fin, il n’y a plus personne, à chacun d’imaginer ce qu’est devenue Eva. Et non, en effet, je n’ai pas voulu forcément imaginer un drame. Ce pourrait être le cas mais peut-être, une fois qu’elle a cuvé ses excédents a-t-elle choisi de prendre la fuite vers quelque chose de plus cool (?)
bonjour,
je ne sais pas si cela colle parfaitement au thème, mais c'est ma nuit d'été la plus importante, celle qui engendre tout le reste.
« Et toi, as-tu des enfants ? » Ni oui ni non, je suis une mère absurde.
« Désormais je suis une mère sans enfant, une mère absurde. Elle s'appelait Chloé, elle était ma fille et j'étais sa mère. »
Lorsque j’ai perdu mon compagnon, je savais que j’étais désormais veuve. Aux yeux du monde, je devenais cette femme qui a partagé la vie d’un homme qui a existé à un moment donné. Si je perdais mes parents, je devenais une orpheline, mais lorsque je t’ai perdue je n’ai pas su ce que je devenais. Qui, je devenais. Je n’ai pas trouvé le mot dans notre langue pour dire qu’à un moment donné sur cette Terre je t’ai donné naissance, élevée, accompagnée, aimée. Ce mot qui devait dire au monde que tu as existé dans ma vie. Est-ce que cela veut dire que je ne suis plus une mère ? Quand bien même tu n’es plus ici, je suis toujours mère. Ta mère ! Ou bien est-ce que la langue française nous dit que tu n’as jamais existé ? Pourtant je me souviens de toi. Le jour de ta naissance, je n’ai pas besoin de faire d’effort pour m’en souvenir. En plein milieu de cette nuit d’été, tu t’es violemment manifestée, il était 3 h du matin et il faisait une chaleur à crever. Déjà.
Je me souviens de mon rire lorsque j’ai vu ton père en caleçon, pieds nus, la petite valise déjà prête depuis longtemps dans une main et les clefs de la voiture dans l’autre, prêt à partir à la maternité. Oui, je me souviens de cette brûlante nuit d’été, je n’ai rien oublié. Pourquoi alors qu’il faisait si chaud, avais-je choisi cette chemise de nuit en pilou pour t’accueillir ? Je ne sais pas, ajouter de la moiteur à la chaleur alors que j’allais suer sans répit, quelle idiote. Je me suis maudite. Déjà.
Je me souviens de ce jour-là et de tous les autres. Tu étais comme j’en avais rêvé pendant tous ces mois où je t’attendais. Quand on t’a déposée dans mes bras et qu’enfin j’ai pu te regarder, je réalisais que tu me dévisageais ; comme si toi aussi tu t’étais languie de moi, languis de me connaître. T’en souviens-tu ? nous nous sommes dévisagées pendant si longtemps. Allongée sur moi, tu ne pleurais pas, ta jolie petite tête posée sur ma poitrine. Cette tête que tu tentais dans un effort démesuré de lever vers moi. Ah cette volonté, j’aurai dû deviner ta personnalité à ce moment-là. Les yeux dans les yeux, nos regards curieux disaient « Alors c’est donc toi ! ». Je ne sais pas si c’était déjà de l’amour. Nous avions tout le temps pour construire notre avenir, nous avions la vie devant nous, ensemble toi et moi à tisser des liens éternels. Je me suis sentie si forte et si puissante. Grâce à toi, grâce à nous, un miracle s’était accompli, un jour une nouvelle personne vivait parmi le monde, et c’était toi, ma fille. Nous étions là, toi et moi, ensemble pour toujours. Nous étions le 31 juillet 1994, il était 16 h 40, et je me sentais invincible. Pourtant.
C’est étrange, alors que je me souviens si bien de cette date, pourquoi je ne me souviens pas de la date exacte à laquelle tu es parti ? Il semble que certains peuvent dire exactement combien de temps a passé depuis la mort de ceux qu’ils chérissent. Ils se souviennent des dates précises, du nombre de jours, de mois, d’années sans l’être aimé, moi non ! Je ne sais plus depuis quand tu es parti. Je sais bien que c’était en mai, maudit mois de mai, et que nous étions en 2017, mais pour la date exacte cela me demande un effort, un calcul. Je ne sais pas non plus quel âge tu avais exactement à ce moment-là, car pour moi le temps s’est arrêté définitivement en 2013, en mai. Encore ce maudit mois de mai, lorsque la maladie a frappé alors que nous devions fêter tes vingt ans. Ainsi je dois toujours contraindre ma mémoire pour me souvenir de la date exacte de ton départ. Pourtant je me souviens parfaitement du moment, après la longue agonie, il y eu ce moment. Cet instant lorsque tu es parti. Cet instant si bref. Et soudain le vide. Pourtant je savais que ce jour arrivait. Je vivais avec cet effroi depuis tout ce temps. Je maudis mon parcours de m’avoir fait comprendre si clairement ce qui allait arriver. J’aurais voulu être, comme les autres, inconsciente de l’échéance. J’aurais voulu être comme ton père, ton amoureux ou tes amis attendant la guérison, la rémission. Je me maudis d’avoir tant su et pourtant de n’avoir rien pu faire.
Je ne sais plus exactement depuis quand tu es parti, mais je me souviens parfaitement lorsque tu étais là, vivante, avec moi ou avec les autres. Avec ton père ou ta grand-mère, avec tes innombrables amis ou avec ton amoureux. Ici ou ailleurs, mais toujours quelque part sur cette Terre. Ma Belle, ma Rebelle, mon Héroïne, le Soleil de nos vies. Je veux oublier ce si long sommeil pour un instant et penser seulement aux « Je t’aime » que nous échangions, par texto, par téléphone, ou pelotonnées ensemble. Je me souviens de ces moments intimes en famille et d’autres. De tous nos jours et de toutes nos nuits. De ces débats enflammés sur la politique, la société, la philosophie, l’amour, l’art. De nos voyages à Paris, Londres ou Berlin. Du bordel de ta chambre, de ton shopping compulsif qui ne t’empêchait pas de me piquer mes fringues. Je me souviens lorsque tu séchais les cours, lorsque tu sortais en douce la nuit, lorsque je m’inquiétais, lorsqu’on se disputait et que tu me promettais tout et n’importe quoi, juste pour mieux recommencer. Je me souviens de nos rires, de notre complicité, de nos indignations.
Puis je me souviens lorsque tes peurs sont venues, de ton regard plein d’espoir ou d’angoisse. De tes cheveux, lorsqu’il a fallu les couper pour éviter de les voir tomber, tu t’étais finalement rasé la tête, toujours belle et rock’n’roll. Je me souviens de ta douleur, de ton courage. Je me souviens de tes questions sur la mort, la maladie, sur ton avenir ; tu en avais tellement ! Des questions, sans avenir. Ces questions qui montraient à quel point tu me pensais omnisciente, à quel point ta confiance inébranlable te persuadait que je trouverais une solution. Je n’en ai pas trouvé. Je me maudis, je me souviens de tout.
Je ne suis pas retournée sur ta tombe, je ne sais pas quoi y faire. Je sais bien que ton corps y est, mais toi tu n’y es pas. Dis-moi, où es-tu ? Je voulais que tu découvres le monde, t’en souviens-tu ? Avant tout ça, je te disais « Voyage ! Le monde est vaste. Ose être libre, apprends, découvre ». Je voulais que tu aies une belle vie, aventureuse, succulente, longue. C’est ça que je voulais pour toi. Mais là, c’est différent, ce n’est pas comme un voyage au loin avec tes potes. Je veux te voir, je veux te parler, je veux te trouver. Je te cherche et pourtant je ne te rencontre plus. Je ne te vois plus que sur mon fond d’écran, tu portes ce tee-shirt parodique avec le nom de Céline Dion en version heavy métal et avec ton crâne rasé tu pourrais jouer le rôle de la leader rebelle du campus dans une série ou un bouquin. En ce moment, tes yeux me fixent, goguenards, un air de dire : « maman, arrête ton délire, et puis aussi tu as des centaines de photos de moi, OK ! »
Mais je n’entends ta voix plus que sur ces quelques vidéos, si courtes. Comme cette fois où tu tentes de te remaquiller la bouche en te servant de la caméra de ton téléphone comme d’un miroir. En ce temps-là, c’était l’été, et tu étais à la terrasse d’un café avec tes amis, tu te filmais en gros plan. En ce temps-là, tu riais, tu te mettais du gloss et tu baragouinais, si brouillonne, si vivante, tout en même temps. Pas longtemps.
Moi, ce que je veux ce sont nos conversations. Pas ces textos des derniers temps, que je relis pourtant sans cesse ; tu sais ceux que tu m’envoyais alors même que j’étais près de toi, parce que la sonde te rendait incapable de prononcer un mot, la gorge trop douloureuse. Mais tu avais, encore, tellement de questions. Je te répondais en paroles rassurantes, j’ai si bien camouflé ma panique, sous mes airs doctes de supermaman invincible qui sait tout, qui comprend tout. Oui, j’ai conservé tous tes textos de ces jours-là, ils sont comme un long monologue douloureux aux réponses dans les limbes. Ils sont le témoignage de ta réalité. Ce sont tes mots encrés de réels, ce sont tes mots ancrés au réel, tu existes ailleurs que dans ma mémoire.
Ce qui m’effraie désormais, c’est de devoir rester ici sans toi. Sans nos nuits d’été, sans mois de mai ni mois de juillet, mes nuits ne sont plus qu’hiver. Pour combien de temps encore ? Je n’arrive plus à compter ni à mesurer le temps. Il passe si lentement, jour après jour, depuis que tu n’es plus là. Depuis que je ne sais plus où tu es. Quel jour est-ce aujourd’hui ? Quel âge ai-je au juste ? Je ne sais plus. C’est quoi mon code de téléphone ? Zut, j’ai oublié. Il se réinitialise. J’ai perdu tes textos, une part de toi, de nous, est partie. Encore. Le temps me semble une éternité, enfermée dans ce corps, comme une prison, qui m’empêche de te rejoindre là où tu es. Sans même être certaine que je te trouverai. Si tu es quelque part, dis-moi, où est-ce ? Et si c’est grand là-bas, et s’il y a trop de monde, comment te trouverai-je ? Dis-moi, c’est comment là-bas ? Est-ce que tu m’attends ? Attends-moi ! Je t’espère, dans cette vie ou une autre. Et s’il n’y a rien après, alors quoi ? Tout ce qui reste serait ici dans nos mémoires ? L’incertitude est effrayante. Je maudis tous les mois, tout le moi.
« Et toi, as-tu des enfants ? » Je ne sais pas ! je suis une mère aberrante, absurde. « Et toi, as-tu des enfants ? » Oui, une ! Elle s’appelait Chloé, elle était ma fille et j’étais sa mère. Un jour, je l’ai perdue, je ne sais où.
Dernière modification par ZiyouGen le mar. 11 juil., 2023 12:44 am, modifié 1 fois.
Bonjour ZiyouGen..
Merci pour ce texte qu’il aura fallu du courage pour écrire. J’ai voulu m’arrêter avant la fin parce que je souffrais. Je suis mère .. Cependant j’ai lu jusqu’au bout en ressentant une profonde souffrance, je n’ai pas réussi à retenir des larmes.
La force de ce texte c’est de raconter la souffrance telle qu’elle est. Elle dépasse le talent du romancier qui écrit une fiction car les émotions sont traduites à l’état brut, sans détour.
Je n’ose pas dire bravo pour cela car le texte raconte une souffrance à laquelle on ne s’habitue pas, mais disons qu’il m’a transpercée, je n’en dis pas plus.
Si écrire t’aide, j’espère que cette confession aura joué ce rôle.
Larme_Fatale a écrit : ↑lun. 10 juil., 2023 10:17 pm
Bonjour ZiyouGen..
Merci pour ce texte qu’il aura fallu du courage pour écrire. J’ai voulu m’arrêter avant la fin parce que je souffrais. Je suis mère .. Cependant j’ai lu jusqu’au bout en ressentant une profonde souffrance, je n’ai pas réussi à retenir des larmes.
La force de ce texte c’est de raconter la souffrance telle qu’elle est. Elle dépasse le talent du romancier qui écrit une fiction car les émotions sont traduites à l’état brut, sans détour.
Je n’ose pas dire bravo pour cela car le texte raconte une souffrance à laquelle on ne s’habitue pas, mais disons qu’il m’a transpercée, je n’en dis pas plus.
Si écrire t’aide, j’espère que cette confession aura joué ce rôle.
Merci Larme_Fatale. Merci pour tes commentaires pleins de délicatesse et pour ton émotion. Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai voulu partager mes pensées avec tout le monde. Lorsque j’ai lu le thème de ce mois de juillet, cela m’est venu comme un besoin de dire à haute voix.
J’imagine que certains pensent que cela serait peut-être déplacé de commenter mon texte. Je voudrais vous dire, chers booknautes, ne croyez pas cela. N’hésitez pas à commenter, je cherche à m’améliorer, je cherche à mieux transmettre mes pensées et vos commentaires sont utiles. Ne vous en faites pas pour mes sentiments, ils sont solides. Pour détendre l’atmosphère, j’ai modifié mon texte après avoir chargé le correcteur recommandé par un membre du forum, je ne me croyais pas trop mauvaise de ce point de vue, quelle erreur.
Aussi je comprends que j’ai peut-être plombé l’ambiance avec mon texte dans ce concours sur les nuits d’été. Alors pour contrebalancer avec un peu de légèreté sur d'autres nuits d'été. Je pense aux soirées entre copains, un verre de rosé à la main. Je pense au scintillement des robes pailletées en boîte de nuit à Saint-Tropez. Je pense aux soirées d'été des adolescents qui découvrent la romance. Je pense aux amours d'été d'un soir ou pour plus longtemps...
ZiyouGen,
Un texte fort. Fort en tout. La métrique, les assonances, les allitérations renforcent l'émotion brute qui nous flinque hébétés comme ce boxeur à genoux, incapable de se relever.
Tu as oublié la date de son départ parce qu'au fond : elle est toujours là.
Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c'est la présence des absents dans la mémoire des vivants, disait Jean d'Ormesson.
Non, tu n'es pas une mère absurde.
Dernière modification par Vanget le mar. 11 juil., 2023 5:39 pm, modifié 1 fois.
« Et toi, as-tu des enfants ? » Je ne sais pas ! je suis une mère aberrante, absurde.
« Et toi, as-tu des enfants ? » Oui, une ! Elle s’appelait Chloé, elle était ma fille et j’étais sa mère. Un jour, je l’ai perdue, je ne sais où.
Oui, j'ai pleuré. Oui, je compatis parce que des enfants, j'en ai. Mais non, je n'arrive pas à imaginer l'ampleur de ton chagrin, le vide sidéral d'une telle perte.
Je ne connais évidemment aucun mot d'un moindre réconfort pour cette épreuve.
Pourtant toi, tu as su trouver les mots.
Ceux, poignants, qui ont conté un si grand vécu de si peu d'années.
Ceux, réels, qui ont raconté ce que tu n'arrives pas à exprimer, à expliquer.
Ceux, bouleversants, qui quelque part te consolent ou au moins te soutiennent.
Ceux, nobles, qui font état du lien qui vous unit encore et pour toujours.
Tu sublimes cet amour
Par tes questions restées sans réponse, des questions que tu te poses
Par ces souvenirs qui te font défaut, parce que ton cerveau prend soin de ton cœur meurtri
Par le partage de sa vie, de sa mort avec nous, et de tout ce qui se rattache à l'un ou l'autre
Alors je vais oser ! J'ose te dire que j'aime ta douleur, ta détresse et ta force. J'aime tes mots qui m'ont fait ressentir les émotions d'une vie. Ils sont sublimes, admirables, tellement sincères et vivants.
Si mes paroles pouvaient avoir une quelconque importance, je t'encouragerais à vivre. Vivre chacune des émotions qui te traverse, chaque souvenir et chaque espoir. Pour elle, pour toi, pour vous.
Et puis je te dirais de singer le génie de ta fille, si tu veux des réponses, pose tes questions à sa mère exceptionnelle et fabuleuse. Elle a su être parfaite pour sa fille, elle saurait l'être pour toi, tu en vaux tellement la peine !
Je te remercie pour ce partage, et te souhaite un bon courage
Je ne voudrais pas que vous me jugiez mal élevée si je fais une réponse groupée, ce n’est pour nulle autre raison que vous ayant lu en même temps, mes émotions s’emmêlent, car j’ai été émue de lire vos émotions.
Je dois dire que j’ai eu du mal à comprendre pendant un moment pourquoi; d’où ma réponse tardive, alors que j’avais lu vos commentaires hier déjà. Finalement, je crois deviner que c’est du soulagement. Parce que nous ne nous connaissons pas, avoir trouvé vos échos favorables m’a fait comprendre que ces souvenirs étaient désormais accueillis dans une mémoire collective. Cela m'a donné l'envie de publier mon récit, juste pour me dire qu'ils seront ailleurs que dans ma tête, officiellement sauvegardés pour toujours.
Merci à tous les deux pour ça, et @ Larme_Fatale aussi d'ailleurs.
Pour finir sur une note d'humour,
Grâce à Vanget je viens de découvrir ce qu’a dû ressentir le Bourgeois Gentilhomme, je me pavane depuis dans mon salon avec mon ego en bandoulière, fière comme un paon.
Bonjour à tous et à toutes ! Voici mon court poème en prose portant sur les actualités de ces derniers temps, j'ai bien-sûr exagéré. Merci pour votre lecture et vos potentiels retours !
Nuits hyperbolisées
Paré au décollage, triste et dommage de laisser celle qui m'a bercé, mais je suis rassuré par le paysage ! Les nuages de mon pays me souhaitent un bon séjour, tandis que ma voix reste muette. Prêt pour sept jours célestes au pays de Salazar, nous partîmes nous balader sous les lueurs tardives de la pleine lune. Pauvres, mais plein de bonheur, les habitants aimaient leur pays, et jamais ne perdaient la foi. Le vent frais avait l'odeur de la résine des sapins morts, cela me rendait vivant. Je levai les yeux, et je pensai à mes frères et sœurs poètes qui m'auraient décrit un environnement littéraire, transformant le ciel en un beau tableau d’aquarelle. Puis, vint la nuit du départ... Et, dans l’avion, j’apercevais : la tour Eiffel saccagée, monsieur le président encagé ; le sang des jeunes coulait et le cœur des vieux lâchait ; les feux d’artifice explosaient – or, le 14 juillet n’était point encore arrivé ; les vitrines des magasins – dévalisés par les indisciplinés – se brisaient. Voilà qu’ils appellent cela un « hommage » pour le triste personnage : profiteurs se servant de sa souffrance pour s’amuser. Ah, ce qu’elle est belle notre grande France !
ZiyouGen, il a fallu beaucoup de courage pour partager ce texte, mais surtout pour l'écrire. On dit que pleurer réconforte, j'espère que retranscrire tes émotions avec des mots t'aura fait du bien. Ton témoignage m'a fait me sentir porté par une sorte de montagne russe émotionnelle : j'ai souri aux bons souvenirs que tu as racontés, mais j'ai également été ému par la tristesse des mauvais moments. Tu n'es pas seule, nous te soutenons tous. On peut imaginer la profonde tristesse que tu ressens, or, on ne peut pas la comprendre si cela ne nous est pas arrivé. Le fossé entre ressentir et vivre est énorme. Tu n'es pas du tout une mère absurde, qui te l'a dit ? J'imagine que tu te l'aies toi-même prouvé. Cependant, dans ton texte, je ne vois rien qui prouve que tu es une mère absurde. Je vois juste une mère qui a profité de chaque instant !
Bonjour à tous !
Voilà quelques mois que je n'ai rien mis sur le forum, et ce thème correspond parfaitement à un petit poème que j'ai écrit pas plus tard qu'hier soir, en songeant à une rencontre qui ne se prolongera pas. Elle demeurera une amourette de vacances, ma première amourette. J'espère que ça vous plaira !
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Comment goûter de nouveau
A cette chaleur sous les étoiles
A ces instants dans l'étreinte ?
Car seul demeure désormais
L'arrière-goût de l'absence.
Amants devenus créanciers
Doivent payer l'amende de la distance.
normalement a écrit : ↑sam. 15 juil., 2023 11:02 pm
Comment goûter de nouveau
A cette chaleur sous les étoiles
A ces instants dans l'étreinte ?
Car seul demeure désormais
L'arrière-goût de l'absence.
Amants devenus créanciers
Doivent payer l'amende de la distance.
Evan, merci pour ton compliment, ravie de t’avoir mis en appétit.
Que j’aime ton talent pour les poèmes !
Celui-ci touche sa cible directement. Faisant écho aux récents évènements, il nous conduit à réfléchir sur les émeutes. Je partage absolument ton point de vue à un bémol près, j’aurais aussi évoqué l’assassinat gratuit et violent de ce jeune délinquant. Car cette France-là se fissure dans une violence de toutes parts et je l’aurais souligné. Il’y a malheureusement, dans ce cas, aussi celle du policier, et il me semble que c’est à dire pour donner une peinture exacte de ce que nous vivons..
Pour la forme, comme à ton habitude, elle est magnifiquement bien travaillée.
J’aurais peut-être juste changé la phrase à la fin, «Ah qu’elle est belle notre grande France! » qui ressemble trop aux discours convenus de tous «les choqués», extrémistes compris, et fait un peu nationaliste - notre grande France - alors que l’on déplore la fuite en avant d’un pays jadis si grand, qu’on soit cocorico ou pas. La situation me paraît, en effet, effrayante pour nous tous.
Je trouve aussi que la phrase, très convenue et utilisée par tous, enlève de la puissance littéraire à ton texte.
«(Dans ma pensée) je cherche (où est passée) la grande France » ou quelque chose de ce style qui marque plutôt ta tristesse que cette espèce de colère de «conversation café du commerce ».
Je ne sais pas si je me fais bien comprendre..
Bravo pour ce texte
Dernière modification par Larme_Fatale le dim. 16 juil., 2023 10:40 am, modifié 4 fois.
Bonjour normalement, très court mais très efficace. En sept lignes, on ressent les amourettes de soirs d’été, l’âme et le corps grisés, et le constat du temps qui passe.
J’aime beaucoup le dernier vers. « Payer l’amende de la distance », ça dit tout, et ça parle vrai.
Très joli poème.
Larme_Fatale a écrit : ↑dim. 16 juil., 2023 10:25 am
Evan, merci pour ton compliment, ravie de t’avoir mis en appétit.
Que j’aime ton talent pour les poèmes !
Celui-ci touche sa cible directement. Faisant écho aux récents évènements, il nous conduit à réfléchir sur les émeutes. Je partage absolument ton point de vue à un bémol près, j’aurais aussi évoqué l’assassinat gratuit et violent de ce jeune délinquant. Car cette France-là se fissure dans une violence de toutes parts et je l’aurais souligné. Il’y a malheureusement, dans ce cas, aussi celle du policier, et il me semble que c’est à dire pour donner une peinture exacte de ce que nous vivons..
Pour la forme, comme à ton habitude, elle est magnifiquement bien travaillée.
J’aurais peut-être juste changé la phrase à la fin, «Ah qu’elle est belle notre grande France! » qui ressemble trop aux discours convenus de tous «les choqués», extrémistes compris, et fait un peu nationaliste - notre grande France - alors que l’on déplore la fuite en avant d’un pays jadis si grand, qu’on soit cocorico ou pas. La situation me paraît, en effet, effrayante pour nous tous.
Je trouve aussi que la phrase, très convenue et utilisée par tous, enlève de la puissance littéraire à ton texte.
«(Dans ma pensée) je cherche (où est passée) la grande France » ou quelque chose de ce style qui marque plutôt ta tristesse que cette espèce de colère de «conversation café du commerce ».
Je ne sais pas si je me fais bien comprendre..
Bravo pour ce texte
Merci pour ton retour !
J'ai subtilement fait passer le message de l'assassinat commis par le policier : « Voilà qu’ils appellent cela un « hommage » pour le triste personnage », « le sang des jeunes coulait »
J'ai également voulu décrire une scène où les policiers tiraient sur tous les citoyens, mais je n'ai pas réussi.
Je vais réfléchir à comment modifier ma dernière phrase (tout en laissant un ton ironique) ! Merci !
Re bonjour evan. En effet j’avais noté cette allusion à l’assassinat du jeune délinquant, sans être certaine que tu y faisais cette allusion. Je n’ai pas dû lire assez attentivement ou j’ai pensé que je n’étais pas assez subtile et ça m’a échappé.
Je n’ai pas confiance en moi ni en mes intuitions.
J’avais vu mais je me suis dit que je devais me tromper! Je me disais qu’une plume fine comme la tienne ne pouvait pas écrire les choses vues d’un seul côté. Tu as été juste.
À bientôt.
Bonne journée.
evan_jmt a écrit : ↑sam. 15 juil., 2023 7:49 pmBonjour à tous et à toutes ! Voici mon court poème en prose portant sur les actualités de ces derniers temps, j'ai bien-sûr exagéré. Merci pour votre lecture et vos potentiels retours !
Nuits hyperbolisées
Paré au décollage, triste et dommage de laisser celle qui m'a bercé, mais je suis rassuré par le paysage ! Les nuages de mon pays me souhaitent un bon séjour, tandis que ma voix reste muette. Prêt pour sept jours célestes au pays de Salazar, nous partîmes nous balader sous les lueurs tardives de la pleine lune. Pauvres, mais plein de bonheur, les habitants aimaient leur pays, et jamais ne perdaient la foi. Le vent frais avait l'odeur de la résine des sapins morts, cela me rendait vivant. Je levai les yeux, et je pensai à mes frères et sœurs poètes qui m'auraient décrit un environnement littéraire, transformant le ciel en un beau tableau d’aquarelle. Puis, vint la nuit du départ... Et, dans l’avion, j’apercevais : la tour Eiffel saccagée, monsieur le président encagé ; le sang des jeunes coulait et le cœur des vieux lâchait ; les feux d’artifice explosaient – or, le 14 juillet n’était point encore arrivé ; les vitrines des magasins – dévalisés par les indisciplinés – se brisaient. Voilà qu’ils appellent cela un « hommage » pour le triste personnage : profiteurs se servant de sa souffrance pour s’amuser. Ah, ce qu’elle est belle notre grande France !
@evan_jmt,
J'aime beaucoup. alors j'ai pris un peu de temps pour réfléchir à ce que j'aimais dans ton texte. N'ayant aucune formation littéraire, comme je l'ai déjà dit ailleurs: je suis votre "Bourgeois gentil homme", Messire. Aussi je ne peux que commenter en confiant mes sentiments. j'ai aimé car je ressens le rythme du texte.
Je ressens le sentiment du départ en vacances, entre volonté et hésitation, mais content quand même.
je ressens aussi l'ambiance de la nuit d'été du "vacancier-poète" qui déambule, qui observe, qui s'impreigne, les allusions sont pleines de finesse. Le rythme y est, j'aimerai dire paresseux en ce sens qu'il correspond à cette humeur libre de contraintes routinières.
puis le rythme s'accélère avec le retour, j'apprecie l'énumération comme un enchaînement de constats hébétés de notre "vacancier-poète" et le contraste brutal entre les deux états.
pour compléter je dirais aussi qu'à ce stade le "Monsieur" m'a un peu dérangé dans le sens où j'ai eu un stop sur le rythme. Je ne sais pas si je l'exprime correctement.
et enfin je rejoins Larme_Fatale sur le côté un peu cliché de la dernière phrase.
Larme_Fatale a écrit : ↑dim. 16 juil., 2023 10:30 am
Bonjour normalement, très court mais très efficace. En sept lignes, on ressent les amourettes de soirs d’été, l’âme et le corps grisés, et le constat du temps qui passe.
J’aime beaucoup le dernier vers. « Payer l’amende de la distance », ça dit tout, et ça parle vrai.
Très joli poème.
Bonjour @normalement, tout pareil que le commentaire de Larme_Fatale.
Et le côté bref du poème correspond bien aux amours d'été, ceux dont on ne sait rien d'autre que le moment partagé.
Au collège, en 6ème, la professeure principale nous a demandés : plus tard, quel métier aimeriez-vous exercer ?
À mon tour, je me suis levé et j’ai annoncé :
Vagabond du monde
Comme Baudelaire, je voyage sous de vastes portiques.
Au 19e avec les musiciens, les auteurs romantiques.
Maudits, adulés, à vifs et à jamais uniques sans détour.
À travers leurs sillages édifiants, je deviens tour à tour :
Flibustier, corsaire édenté, avec les pirates des caraïbes.
Envouté, avec Ulysse sur les rochers Scylla et Charybde.
Gladiateur invincible sous les Césars de la Rome antique.
Cavalier éternel tel Wayne dans la chevauchée fantastique.
Trafiquant avec Rimbaud au milieu des médinas d’Afrique.
Caravanier solitaire en plein cœur des étendues désertiques.
Reporter comme Hergé au sein des fumeries du lotus bleu.
Pêcheur de perles avec les Tahitiens au fond des lagons bleus.
Tricheur invétéré à Macao dans de sombres tripots pitoyables.
Justicier au Mexique, harcelé par tous les tueurs impitoyables.
Explorateur avec Dumont d’Urville dans les glaces d’Adélie.
Patriote rebelle avec Garibaldi au cœur des monts de l’Italie.
Chercheur d’or avec Jack London sous les blizzards nordiques.
Porteur au Népal, entouré de sherpas stoïques et magnifiques.
Planteur de café au Costa Rica dans ses riches terres fertiles.
Aventurier sur la Mer Rouge, sans bagage et un rien d’inutile.
Au final, une nuit d’été, là tout près de la Grande Ourse.
Enivré par ces couleurs exotiques, je finirai ma course.
Sans carcan, sans frontières, sans querelle, sans éthique.
Libre, léger, seul, emporté par tous les vents cosmiques.
Après m’avoir écouté, la professeure s’est exclamée :
c’est insensé ! Vanget, au piquet !
Depuis ce terrible jour, je ne sais plus raconter les histoires :
je mélange tout !
Dernière modification par Vanget le ven. 21 juil., 2023 7:13 pm, modifié 2 fois.
Un portrait, sous forme de ribambelle de tes désirs endiablés, quel beau texte!
J’aime beaucoup la chute.
La prof avait besoin d’un texte ne sortant pas du cadre des convenances et ce feu d’artifice l’a gênée.
Je ne dirai rien sur sa réaction, étant moi-même prof ….
evan_jmt a écrit : ↑sam. 15 juil., 2023 7:49 pmBonjour à tous et à toutes ! Voici mon court poème en prose portant sur les actualités de ces derniers temps, j'ai bien-sûr exagéré. Merci pour votre lecture et vos potentiels retours !
Nuits hyperbolisées
Paré au décollage, triste et dommage de laisser celle qui m'a bercé, mais je suis rassuré par le paysage ! Les nuages de mon pays me souhaitent un bon séjour, tandis que ma voix reste muette. Prêt pour sept jours célestes au pays de Salazar, nous partîmes nous balader sous les lueurs tardives de la pleine lune. Pauvres, mais plein de bonheur, les habitants aimaient leur pays, et jamais ne perdaient la foi. Le vent frais avait l'odeur de la résine des sapins morts, cela me rendait vivant. Je levai les yeux, et je pensai à mes frères et sœurs poètes qui m'auraient décrit un environnement littéraire, transformant le ciel en un beau tableau d’aquarelle. Puis, vint la nuit du départ... Et, dans l’avion, j’apercevais : la tour Eiffel saccagée, monsieur le président encagé ; le sang des jeunes coulait et le cœur des vieux lâchait ; les feux d’artifice explosaient – or, le 14 juillet n’était point encore arrivé ; les vitrines des magasins – dévalisés par les indisciplinés – se brisaient. Voilà qu’ils appellent cela un « hommage » pour le triste personnage : profiteurs se servant de sa souffrance pour s’amuser. Ah, ce qu’elle est belle notre grande France !
Et cela se confirme au fil de tes écrits, je raffole de ton style !
Pourtant ce poème me met mal à l'aise. Il oppose deux apologues sans lien. L'un semblait féerique, l'autre présage l'apocalypse.
Deux sujets qui méritaient l'exclusivité, aussi bien l'un que l'autre. Et qui s'enchaînent tristement à leurs dépens. Ou bien est-ce le fait que j'aspire tant à découvrir le développement de ces deux hypothétiques ébauches qui me rend partiale ?
Mais si je dois me contenter de ce concentré, j'avouerai - sous la menace seulement, l'espoir d'un rêve se matérialisant perdure ! - que même en l'état, il me plaît !
normalement a écrit : ↑sam. 15 juil., 2023 11:02 pm
Bonjour à tous !
Voilà quelques mois que je n'ai rien mis sur le forum, et ce thème correspond parfaitement à un petit poème que j'ai écrit pas plus tard qu'hier soir, en songeant à une rencontre qui ne se prolongera pas. Elle demeurera une amourette de vacances, ma première amourette. J'espère que ça vous plaira !
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Comment goûter de nouveau
A cette chaleur sous les étoiles
A ces instants dans l'étreinte ?
Car seul demeure désormais
L'arrière-goût de l'absence.
Amants devenus créanciers
Doivent payer l'amende de la distance.
Votre texte peut tout aussi bien parler de la douceur de cette agréable chaleur, que de l'horrible canicule ! Hâte de vous lire !
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Tous les types de textes sont acceptés (fiction, histoire vraie, nouvelle, essai, en vers, en prose) du moment qu'ils collent au thème !
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