Nous avons piller leurs maisons, voler leurs biens,
Nous les avons massacrés en ne sentant rien,
Sans pitié, sans remords, une barbarie d'un autre âge.
Et quand ils étaient aux bords du désespoir, qu'on leur a tout pris,
Nous les avons fait travailler pour notre propre avarice
Et on s'orgeuillait de leur enseigner la vertu et le vice
Devant la croix d'un homme qui pour nous est meurtri.
Mais quand l'homme d'Eglise cria convaincu et effréné:
« Ils ont une âme, ils sont comme nous. »
Tandis que le serpent philosophait leur animalité,
Nous les avons remplacés et recommencé tout.
Nous l'avons cherchée et elle nous a trouvés,
Quoique qu'on ne sache à qui va la responsabilité.
Nous avons soutenu ceux qui vendaient cet enfer
Trop accoutumés à ces discours emplis de colère.
Et qu'a-t-on obtenu pour notre loyauté et ferveur ?
Souffrance, famine, lassitude et chagrin
reflétés sur mille visages remplis de terreur
Qui se demandent: « suis-je soldat ou pantin ? »
Quand l'horreur fut enfin révélée, mise à nue
Par les visages défigurés qui l'avaient connu,
Pour débattre et punir, tous on s'assembla
Et en choeur, on cria: « Plus jamais ça ! »
Nous les avons dépouillés de leur identité,
Nous les avons laissés mourir à petit feu,
Nous les avons stigmatisés comme jamais cela ne s'est fait,
Dans l'indifférence, la haine ou l'ignorance continue.
Nous les avons confinés pour profiter de leurs mains,
Nous leur avons fait savoir que pour nous, ils sont rien.
Un esclavage en temps de guerre, quelle aubaine rare !
Deux violences sont devenus une encore plus barbare.
Et nous, les victimes qui avons souffert et pleuré,
Nous sommes capables des horreurs qu'on a échappé.
N'apprenons-nous jamais rien de toute cette violence
Qui semble sans effort mettre l'humanité en trance ?
Nous sommes violence ou ainsi nous sommes devenus,
Un cycle infernal qu'on répète sans cesse,
qu'on ne peut arrêter même quand il est connu
et qui pourtant n'amène que notre détresse.
Qu'en pensez-vous ?