Jay White
24 ans|Schizophrène|Magiciens de rue|avec Audrey et un inconnu
Audrey et moi parlons sur le chemin. Je la sens triste et perturbée. Je ne sais pas pourquoi, mais tout ce que je peux faire c'est tenter de lui changer les idées. Puis j'en vient à lui parler de sa force. Une force intérieur belle et éblouissante, une force que j'aimerai avoir. Mais à ma grande surprise elle me dit qu'elle n'a plus le courage. Je la regarde un instant. Mes yeux se posent sur ses cheveux bleus, moins brillants que d'habitude. Son visage triste, son corps éreinté comme si elle portait le pois du monde sur ses épaules innocentes. Ses yeux qui reflètent une douleur sans nom. Une douleur qu'elle n'a pas à ressentir. Je ne sais pas ce qu'elle vit en ce moment, mais je sais qu'elle ne le mérite pas, que c'est injuste. Je m'arrête sur le trottoir, posant doucement ma main sur son épaule.
-Audrey... Je ne sais pas ce qui t'arrive en ce moment mais... Tu es plus forte ce que tu ne le crois. Tu l'as en toi, peu importe ce qui t'arrive. Mais... Si jamais tu es fatiguée, si jamais tu en as marre de te battre... Tu n'as pas à le faire. Tu as le droit de te reposer, de ne pas être parfaite. De juste être un jeune fille de 19 ans normale, une fois de temps en temps. Si jamais tu as besoin de faire une pause, il y aura des gens là dehors pour te soutenir, tu le sais, n'est-ce pas?
Je suis sincère. Je serai là pour elle, quoi qu'il lui arrive. Elle n'a même pas à demander. Puis je réalise que ma paume est encore placée sur son épaule et je la retire, légèrement embarrassé d'avoir laisser ce contact qu'elle ne désirai pas forcément se prolonger aussi longtemps.
-Tout se passera bien, d'accord? Je conclus doucement.
Puis nous continuons d'avancer, et lorsque nous sommes devant l'hôpital abandonné, un jeune aborde doucement mon ami. Je sens une gêne entre eux, et je comprends que je n'ai pas ma place ici. Je devrais partir, mais quand j'en fais le mouvement, je sens le bras d'Audrey sur le miens, et elle me demande de rester. Je lui obéis, presque malgré moi.
J'écoute ensuite leur échange, dans lequel je me sens comme un intrus, un étranger qui n'est pas à sa place ici. Je ne peux m'empêcher de sentir mon cœur se tordre quand Audrey évoque ses cicatrices et son impression qu'on l'oublie facilement. C'est faux, si elle savait comme c'est faux. Mais l'inconnu se charge de la détromper et je me tais. Je ne suis pas à ma place ici. Je n'ai pas le droit de parler si je n'ai rien à faire ici, dans ces retrouvaille visiblement importante pour tout les deux. Audrey reste silencieuse. Je vois des larmes voiler son regard. Elle dit qu'elle a changé.
-Audrey... Je murmure doucement. Je voudrais la prendre dans mes bras, lui promettre que tout ira bien. Quoi qu'il lui arrive, quoi qu'elle pense avoir fait de si affreux, lui promettre que ça ne l'est pas, et que je serai là pour elle, à l'aimer, même dans les pires situations. Surtout dans les pires situations. Je réalise soudainement quelque chose. J'ai dit qu j'aimais Audrey. Je voulais dire comme amie, n'est-ce pas? Et pourtant, quand je vois ses yeux violets ravagés par la tristesse et que je sens mon cœur se réduire en miette et que je sais que si c'était possible, je prendrais tout ses problèmes à sa place, juste pour voire ses yeux briller de vie comme avant.
Je suis tiré de mes pensés si perturbantes quand Mike me demande si je vais bien. Je ne le connais pas assez pour lui exposer mes problèmes, alors je me contente d'un mensonge classique, avant de lui retourner la question. Mike semble moins pudique, car il m'expose précisément tout ce qui l'empêche d'aller parfaitement bien en ce moment. Je reste un moment coi, ne sachant comment réagir à sa triste tirade. Je ne peux pas simplement me contenter d'un simple "désolé pour vous", ce qui lui arrive est trop grave et je voudrais vraiment l'aider, mais je ne sais comment. Cependant, le fil de mes pensés est interompu par le léger murmure d'Audrey. J'ai la sensation qu'il ne m'est pas vraiment destiné. cependant, j'en capte quelque mots, et je sens la colère monter en elle.
-Audrey... je tente de l'apaiser, mais je ne trouve pas les mots. Je ne sais pas à quoi elle fait référence quand elle dit ne pas être à la hauteur avec ses amis.
Tu n'es pas un monstre. Quoi qu'il t'arrive, juste dis le moi, laisse moi t'aider, je t'en supplie, ça me tue de te voir comme ça, Audrey. Laisse juste tomber un peu tes défenses, s'il te plaît, tu n'as pas à tout affronter seule. Mais je n'ai pas le temps de trouver le courage de lui dire ces mots, elle étreint Mike, puis elle recule raidement. Je vois les émotions se bousculer dans ses yeux quand elle nous dis que nous n'avons pas les vis que nous méritons, que nous devrions être aimés, pas détestés, que nous sommes des personnes bien. Son discourt me touche, mais ce n'est pas ça qui m'affecte le plus. C'est son regard. Un regard que je connaît entre mille. Un surplus d'émotions différentes qui se mélangent. Ressentir ça, c'est comme être perdu au fin fond de la mer et ne même pas savoir de quel côté est la surface. C'est ce que je vis quand la maladie prend le dessus sur mon esprit. Je ne peux pas la laisser ressentir ça. C'est inconcevable. Je lui prends doucement le bras.
-
Audrey, on va bien, d'accord? On s'en sors, ne t'inquiètes pas. Et on est là pour toi. Tu n'as pas à te sentir sale ou quoi que ce soit, quoi qu'il t'arrive. On est là.
Je ne sais pas si j'ai raison de parler au nom de Mike, mais je pense que je ne le fais pas mentir. Il l'aime, bien sûr qu'il l'aime, ça se voit dans ses yeux. Alors il donnera tout ce qu'il a pour celle qu'il aime... D'une manière qui ne me sera jamais accessible. Parce que je ne suis pas sain d'esprit... Et si je laissais tomber Audrey au pire moment? Ce n'est même pas envisageable que je prenne le risque de lui faire du mal. De toute façon, elle l'aime aussi. Je ne suis pas à ma place entre eux deux.
Mike dis à Audrey qu'elle est la dernière personne qu'il aie aimé, et Audrey regarde un instant le sol, avant de dire qu'elle doit aller boire. Quand elle tourne les talons, j'aperçois ses yeux mouillés refléter toute la tristesse du monde. Je ne peux pas la laisser comme ça.
Je me lance aussi tôt à sa poursuite. Elle marche vite puis court. Elle finis par trouver un évier où se rincer le visage, dissimulant ainsi l'humidité que provoqué sa tristesse avec plus d'humidité. Je reste un instant silencieux derrière elle, cherchant les mots qu'elle a besoin d'entendre. Comment la convaincre que quoi qu'elle ais fait, ça ne compte pas pour moi, et qu'elle n'a pas besoin de fuir? Je sors finalement mon paquet de carte de ma poche. Pendant quelque secondes, je cherches dans ma tête, parmi tout les tours que je connais, lequel serai le plus à même de lui plaire.
-Et maintenant, mesdames et messieurs, voilà le tour de magie le plus incroyable de tout les temps...
Je dégaine le dix de cœur et souffle sur les symboles qui se métamorphosent chacun en papillons qui s'envolent vers le ciel de début de printemps, battant délicatement de leur ailes fragiles.
Je regarde le visage de mon amie s'éclairer d'un sourire, tandis que ces yeux couleur lilas suivent le mouvement de leur corps qui se fondent dans le ciel couvert de nuages.
-... faire apparaître le sourire d'Audrey, je complète, mes lèvres elles aussi étirées.
Je rends à César ce qui est à César, le tour de magie qui est de faire sourire Audrey vient de Morgane ^^