*17 ans et demi*-*Prisonnière*-*1 mètre 67*-*Prédateur*
Pourquoi on voudrait le tuer? Il ne le voit vraiment pas? En tout cas, je ne suis pas surprise de l'entendre dire qu'il ne connaît aucun d'entre nous. Il ne nous connaît peut-être pas, mais nous, on le connaît. Peut-être pas intimement. Peut-être pas comme ses amis ou parents le connaissent. Mais on en connaît suffisamment pour avoir envie de le voir disparaître. Il n'y a aucune logique dans notre raisonnement pour le vouloir mort. Sa mort en soi ne nous apporterait rien. Ou du moins rien d'autre que la satisfaction de le savoir mort, privé de tout ce qu'il avait. La majorité d'entre nous doit se battre pour survivre. Et survivre uniquement.
L'envie... La jalousie... ça peut mener les plus sages à commettre les pires folies.
La majorité d'entre nous a développé une forme de haine plus ou moins élevé pour ceux qui sont plus privilégiés. Nous n'avons rien et eux... pratiquement tout. Comment en serait-il autrement? On ne connaît sans doute pas plus la forêt qu'eux, mais on sait comment survivre sans presque rien. La rue et la forêt, elles sont différentes, mais la manière d'y survivre peut s'apparenter. Il suffit d'être ingénieux et ça... ça plusieurs d'entre nous ont développé cette capacité à faire beaucoup avec peu. Je croise les bras et lui affirme:
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Tu ne nous connais pas, c'est vrai. Mais il suffit que nous, on te connaisse. La jalousie et l'envie peuvent conduire n'importe qui vers la violence, tu n'es pas au courant? Et peut-être qu'on ne connaît pas plus la forêt que vous, mais on sait survivre avec pas grand-chose. De bien des égards, on est mieux préparé. Par exemple, tu n'as sans doute jamais crevé de faim, je me trompe?
J'arque un sourcil en posant ma dernière question. La faim, je la connais. J'ai parfois passé plus d'une journée avec la faim au ventre. Je sais comment l'ignorer. Je sais comment passer outre. Je sais que je peux me rassasier de pas grand-chose. Je sais me restreindre. Je l'ai fait toute ma vie. Peut-il en dire autant? Je ne crois pas. Même les moins fortunés des privilégiés n'ont jamais souffert de la faim. Pas comme moi. Pas comme tous les Rejetés. Briser ses espoirs un à un, ce n'est peut-être pas très gentil, mais si au moins il peut se faire une idée claire de ce qui pourrait arriver... Envisager le pire et s'y préparer mentalement, c'est le mieux. Tant mieux si les choses tournent bien, mais être préparer au pire, avec des solutions, c'est s'éviter bien des problèmes.
Il espère que je sois une tueuse. Je le sens dans la manière qu'il s'exprime. Il veut que j'aie tué. Pourquoi, je ne saurais le dire exactement. Il faudra que je creuse un peu plus pour le déterminer. N'empêche, qu'il croit que j'ai pu tué Will volontairement...! Certes, j'avais prévu de tuer des gens, et c'est toujours le cas. Il semble craintif soudainement, car il s'éloigne d'un pas. Il tente de m'apaiser en s'excusant et je prends une attitude plus calme. Quand il me demande si je voulais quand même tuer quelqu'un de base, j'acquiesce doucement, en silence. Puis j'ajoute:
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Oui. Et il y en a d'autres.
Cette fois, je ne cherche pas à l'intimider et ne force pas un contact visuel. Je me contente de hausser les épaules par la suite, comme si ce n'était rien du tout. Et dans les faits, ce n'est rien du tout. Après tout, ici, il n'y a aucune de mes proies. Certes, je pourrais m'exercer avec certains s'ils s'avèrent un danger, mais je préfère ne pas démontrer à quel point ce que j'ai derrière la tête est dangereux. Et si je commet quelque chose d'aussi horrible que je le prévois pour mes petites proies, les organisateurs de cette émission débile pourrait juger que je suis trop dangereuse pour être remise en liberté. Autant ne pas gâcher mes chances de me venger si je dois venir à gagner cette émission.
Et le voilà qui s'énerve! Et seulement parce que je dis ce qui risque d'arriver. D'accord, je n'en suis pas certaine, mais pour moi, c'est logique qu'ils ne tiendront pas paroles. Au moins sur plusieurs choses. Ici, nous ne sommes que des pions pour des enjeux plus grands. Je ne sais pas lesquels, mais je sais que nous n'avons qu'une très petite place décisionnelle sur les choses qui se produiront. Mais Baltazar semble aimer rester dans ses illusions puisqu'il trouve que ce que je dis c'est n'importe quoi. Il veut que j'arrête mes conn*ries? Très bien. J'hausse des épaules devant ce qu'il ajoute. Se battre, tuer, gagner. Oui, c'est une manière très simple de dire ce qu'il va se produire. Mais je reste convaincue que l'autre équipe ne sera pas la seule chose à craindre. Comme il l'a fait plus tôt, je lève les mains en signe d'apaisement et lui réponds d'une voix calme:
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Peut-être que j'ai tord. J'en sais rien. J'essaie seulement de t'aider à te préparer mentalement si le pire devait arriver. Mais tant pis, hein. J'arrête.
Après quoi j'abaisse les bras et lui demande, de l'interrogation réelle dans la voix:
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Que comptes-tu faire pour tuer toute l'autre équipe?
Il veut gagner? Mais comment il veut gagner? En laissant les autres faire le sale boulot? Je n'en serais même pas surprise. Ils sont tous doués pour ça...