Ruby Rivera
Mentor - 20 ans - District 4 - Un salon quelque part - Avec Athena
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La mort. Je l'attends avec impatience. Je veux cette délivrance. Je la désire jusqu'au tréfonds de mon être. Toutes les personnes qui comptaient pour moi ne sont plus. Toutefois, je n'ai plus aucune envie de courir à ma perte de manière barbare. J'ai un but, et peut-être que cela me conduira à mon tombeau, mais au moins j'aurai l'esprit tranquille. J'essaierai, j'essaierai jusqu'au bout d'arrêter cette aberration qui sert de divertissement aux gens du Capitole. Je les détruirai tous jusqu'au dernier, si c'est ce qu'il faut. Les Jeux m'auront au moins appris une chose : la destruction. De moi-même et des autres. Mes mâchoires se crispent un peu, sans que je le veuille. Effet secondaire de ses paroles. Je ne peux nier l'envie de mourir, mais je n'attendrai pas sagement que l'âge me fasse perdre la raison et que je tombe dans le néant. J'ai des choses à accomplir avant d'en arriver là et mes projets ne me permettront certainement pas une mort aux cheveux gris.
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Je ne crois pas que je vais mourir à un âge avancé.
Déjà parce que je doute qu'ils me donnent cette chance, je suis beaucoup trop instable et incontrôlable pour ça. Ils vont vouloir se débarrasser de moi dans un accident planifier et bien tristounet. Je n'ai toutefois pas l'intention de les laisser se charger de ma mort avant d'avoir fait un coup d'éclat à ma façon. Si je peux en réveiller quelques-uns, je me sentirai suffisamment libre pour me laisser emporter par la mort. Mais ce ne sera pas avant. Oh que non! Ce que j'aimerais par-dessus tout, c'est tous les tenir au creux de ma paume, ces scélérats! De leur faire sentir ce que c'est que de ne plus avoir aucun contrôle sur rien, de savoir que ta vie ne repose que sur un malheureux fil. Dès que je serais certaine qu'ils ont conscience de leur impossibilité à faire quoi que ce soit... je les écraserai.
Je comprends un peu mieux. Je comprends un peu mieux la raison pour laquelle elle dit que ses tributs sont persuadés d'agir pour la bonne cause. Je n'avais pas songé au fait que le Capitole pouvait les conditionner ainsi, même si c'est tout à fait le genre de chose qu'ils sont capable de faire. Je comprends donc un peu mieux, mais je n'arrive pas à l'accepter. Ça me répugne. Au moins, je sais pourquoi la présence d'Athena m'ait moins insupportable que celle de tous les autres de son district. Elle n'a pas la même manière de penser que les gens de son district. Et je la crois. Car c'est l'unique raison que je peux voir pour ne pas avoir cette haine vorace comme avec tous les autres. Je lâche en pianotant sur la table:
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Je vois. Je n'avais pas vu les choses sous cet angle... Je n'arriverai jamais à voir les choses comme ça. J'ai trop perdu pour ça.
À commencer par mes parents. Puis Seal... J'inspire brusquement pour conserver mon calme. Il me manque encore énormément et je donnerais n'importe quoi pour le ravoir avec moi. Mais je donnerais encore plus n'importe quoi pour qu'il soit en vie, peu importe si je n'y suis pas. Lui, il aurait réussi à se faire entendre de ses tributs. Lui, il aurait peut-être réussi à faire remporter la victoire au district 4 à nouveau. Je n'inspire pas la confiance ni l'espoir, j'inspire le dégoût et la haine. Et je n'en veux pas à mes tributs de le penser. Je sais que je peux leur donner beaucoup, mais je m'y prends jamais de le bonne manière.
Penser à ma famille fait mal, mais je ne peux pas faire autrement que le faire à chaque jour. À chaque heure, chaque minute, chaque seconde... Ils finissent toujours par se rappeler à moi et je vascille toujours entre les deux émotions qui m'habitent constamment. La haine et ses variantes, puis ensuite la tristesse, profonde au point que je pourrais m'y noyer et m'y perdre. Pour toujours et à jamais. Et je réponds ainsi à Athena, lorsqu'elle me demande si je songe parfois à ma famille, que oui je pense à eux, toujours. Et que je n'arrêterai jamais. Leur souvenir est gravé dans ma peau, dans ma chair. Dans mon âme. Et ça, ça on ne pourra jamais me l'arracher. Alors je me contente de secouer la tête lorsqu'elle affirme que le Capitole nous a tout pris. D'une voix absente je lui souffle:
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Non. Non, le Capitole ne nous a pas tout pris. Et il ne le pourra jamais. Les souvenirs restent avec moi. Et ils ne pourront jamais m'arracher ma volonté, à moins de me tuer.
J'ajoute d'une voix presque inaudible:
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Ils auraient dû me tuer dans l'Arène. Ça aurait mieux valu pour eux...
Seal n'avait pas l'âme d'un contestataire, pas autant que moi. Il aurait été révolté, anéanti, mais il n'aurait pas eu la force seul de se lever contre le Capitole. Moi, je n'ai plus d'instinct de survie. Oui, je veux aider mes tributs, mais je sais qu'une bonne manière de le faire, c'est d'arrêter les Jeux. D'anéantir ce qui pourrit notre civilisation jusqu'à la moelle. Je n'ai pas peur de mourir et si je prends soin, légèrement, de ce que je dis... je n'affirmerai jamais le contraire de ce que je pense.