Aucun soucis, mais il ne fallait pas hésiter à me le dire, j'aurai peut être pu t'aider en modifiant un peu mon rp
Pâris Estrella
24 ans, 1m89, Evayen, Elite
Acteur, Fêtard, Diva, Coeur brisé
Elastic Heart
Oui, je sais que Garry n'est qu'un robot. Mais chaque fois que je me le rappelle, qu'il me le rappelle, que n'importe qui me le rappelle, ça me fait mal. Parce que ça me rappelle également que je suis tout seul. Garry me donne l'illusion d'une compagnie, d'une présence, mais ce n'est que cela, une illusion. Pourtant, quand je pense au passé, au présent, au futur, je n'arrive pas à m'imaginer vivre complètement seul, sans lui. En fait, depuis que je suis parti de chez mes parents, depuis que je vis "seul" je ne suis jamais senti tout à fait seul, parce que Garry était là. Je l'ai acheté... - ce seul mot devrait suffire à me faire prendre conscience du ridicule de ma situation - à peine quelques jours après avoir emménagé dans mon grand appartement. Je ne savais rien faire tout seul, mes parents avaient toujours eu des Android à leur service. Pourtant, avec Garry, ce n'est pas pareil. Il a beau être fait du même métal, avoir peut être les mêmes composants qu'eux, j'ai l'impression que c'est différent. Mais justement, ce n'est sûrement que cela, une impression. Je me berce certainement dans l'illusion d'une relation, moi qui suis si avide d'affection. Mais un robot ne donne pas d'affection, il n'en éprouve même pas. Et puis, si il pouvait éprouver quelque chose, ce serait certainement de l'affection, que pourrait-il éprouver d'autre ? De la haine, peut être... Il doit me haïr, de le maintenir prisonnier, de le priver d'une liberté à laquelle il pourrait avoir droit. Est-ce pour cela qu'il me parle d'un nouveau modèle, parce qu'il en a assez de travailler pour moi, qu'il veut enfin prendre un repos bien mérité ? Mais j'étais sincère, quand je l'ai interrogé, je ne sais pas ce que je ferai sans lui. Il n'est peut être qu'un robot, mais moi je suis humain, et même si c'est pitoyable, je me suis attaché à lui. L'idée de voir un autre modèle au réveil, de vivre auprès d'un étranger, en quelque sorte, ce serait terrible à mes yeux. Garry est peut être froid, neutre, mais souvent, je me berce dans l'illusion qu'il me comprend mieux que n'importe qui, et ça me rassure, ça me donne la sensation d'avoir quelqu'un... Le jour où je dirai adieu à Garry, je ne pourrais plus me bercer d'une telle illusion, je devrais admettre que je ne suis qu'un garçon pathétique, qui s'est attaché à un robot qui n'éprouve rien, qui n'est là que parce qu'il y est obligé, forcé par son programme...
Je soupire, même si ses derniers mots tournent un peu dans mon esprit. Il apprécie vraiment mon inquiétude ? N'est-ce qu'une formule de politesse, une parmi tant d'autres, ou bien est-il sincère ? Peut-il apprécier des choses ? Et dans ce cas, peut-il m'apprécier ? Et pourquoi cela m'importe autant ? Pourquoi je me raccroche aux potentiels sentiments inexistants d'un robot ? Suis-je pathétique à ce point ? Je me force à sourire, et réponds sur le ton de la plaisanterie, alors que ce que je dis est sincère :
- Mais aucun nouveau modèle ne ferait aussi bien que toi, tu m'es indispensable maintenant !
Puis je me détourne en riant légèrement, peut être parce que, même à lui, je ne veux pas lui montrer que je m'attache. Parce qu'admettre que je suis attaché à un robot, c'est admettre le gouffre relationnel dans lequel je m'embourbe depuis que Clay m'a quitté pour la seconde fois. J'étais déjà dans ce gouffre depuis longtemps, mais Clay représentant une échappatoire, une corde à laquelle je me raccrochais, un espoir... Je voulais croire à son amour, croire qu'on pouvait m'aimer pour autre chose que ma popularité ou la taille de mon portefeuille. Mais c'est faux, ce sont les deux choses intéressantes chez moi, je l'ai bien compris. Et puisque je l'ai compris, je devrais me ficher de Clay, me ficher de le voir au bras de cette mannequin. Aucune pensée du style "elle a tenue plus longtemps que moi" ou bien "est-il vraiment amoureux d'elle ?" ne devrait me traverser l'esprit... Mais elles le traversent malgré tout... Alors je tente de détourner mon attention. Je me concentre à nouveau sur Garry, et cette fois j'essaie d'écouter son conseil, même si je lui propose un compromis. Si je n'ai pas le droit à l'alcool, je peux au moins avoir du sucre, non ? Evidemment, il accepte, il n'aurait pas vraiment pu refuser, parce que je ne me mets pas directement en danger. Peut être que le sucre et l'alcool me tuent à petit feu, mais ils ne me tuent pas dans l'instant, alors ça devrait aller...
Alors que je traîne Garry jusqu'au buffet pour prendre une verre de soda, une voix m'interpelle :
- Pâris ? Pâris Estrella ?
Mon sang se glace, je me fige et mon sourire se fige également sur mon visage. Je dois prendre trois secondes - trois secondes de trop à mon goût - pour reprendre contenance, avant de me retourner, l'expression plus détendue, un sourire plus naturel étirant mes lèvres. Ce n'est pas la voix de Clay qui m'a interpellé, c'est cette fille... Je ne me souviens pas de son nom, je sais que sa carrière de mannequin a connu une ascension fulgurante, peu de temps avec que Clay ne me quitte pour elle, mais que depuis peu, elle est dans une période de creux. Je la regarde, et ne regarde qu'elle, incapable de poser les yeux sur Clay sans sentir mon coeur se déchirer. Je vois néanmoins du coin de l'oeil qu'il me sourit, comme si il n'avait pas écrabouiller mon coeur à deux reprises. Si j'avais moins de retenu, je le fusillerai du regard, mais je me retiens, et salut plutôt la fille, prenant de grands airs enjoués :
- Lui-même, en personne !
Elle se penche pour me faire la bise, et je me penche à mon tour évitant soigneusement Clay. Malheureusement, son parfum me chatouille les narines, et je dois retenir à grandes peines une grimace de douleur. Bien conscient de l'impolitesse de mon geste, j'ignore tout de même Clay, refusant de seulement le regarder.
- Tu es venu accompagné ? me demande une voix que je connais trop bien, pour l'avoir entendu pendant plusieurs mois, au réveil et le soir avant d'aller me coucher...
Mon coeur se serre, à nouveau, et je me demande si il va pouvoir continuer à se serrer ainsi indéfiniment. Je ne sais pas quoi répondre, j'aimerai tant lui dire que oui, je suis venu accompagné, et c'est le cas, mais seulement de Garry... Garry... je lui adresse un regard de détresse, comme si il pouvait m'aider, parce que - pour une des rares fois de ma vie - je ne sais pas comment répondre.