La situation est plus qu'agaçante. Je ne parle évidement pas de la marche du désert à la Chine, ça n'est pas plus fatiguant que ça, et même si on aurait pu aller plus vite, tout le monde est arrivé en un seul morceaux et j'imagine que c'est l'important (enfin je n'ai clairement pas besoin de l’entièreté du groupe, mais mes alliés ou bien les gens qui peuvent s'avérer utiles sont toujours là, et c'est tout ce qui importe). Non, je parle du fait que j'en sois toujours au point mort de mon enquête. Séraphina manigance quelque chose, et le fait qu'on n’a affronté aucuns de ses sbires ou de ses sortilèges en est la preuve. Surtout dans l'hypothèse où l'un de ses sbires se trouve déjà parmi nous. Le plus suspect est évidemment Johnny, qui débarque comme ça de l'extérieur et prétend nous guider, mais il y a aussi Angie, la génie, qui nous attendais bien sagement dans la caverne aux merveilles. Même sans le vouloir, elle pourrait nous trahir, il suffit que quelqu'un en fasse le vœu, et elle serait contrainte de l'exaucer. Mais en deux semaines, je n'ai réussis à obtenir aucunes nouvelles informations, et je déteste rester ne pas avancer dans mes projets et ne pas savoir vers quel piège probablement mortel je me dirige. De plus, une idée reste coincée dans un coin de mon esprit, et, même si elle est tentante, je m'efforce de ne pas la considérer. Et si je rejoignais Séraphina? Quand j'étais auprès de Maléfique pour mon apprentissage, nous nous entendions plutôt bien, je l'estimais, et je pense que c'était réciproque. Si je veux être du côté des gagnants et ne pas me faire abuser comme de la bleusaille, c'est elle que je dois rejoindre, et je pense que si je le voulais vraiment, ce serai faisable. Mais dans ce cas, le monde restera endormi, ce qui veut dire plus de voyage, plus de découverte, plus d'apprentissage ou bien de mystère. Juste des citoyens assoupis. Très franchement, ça ne me fait pas envi, je ne suis pas sûr que je supporterai l'ennuie qu'apporterai ce type de vie. Pour l'instant, je reste donc du côté des villageois, mais je ne peux m'empêcher de me demander pendant combien de temps. Nous arrivons finalement au palais en Chine, et je ne peux m'empêcher d'apprécier l'architecture, qui dégage à la fois tant de grâce et de force, impression créée par un agencement parfait entre les angles et les courbes. Les murs sont rouges et le toit bleu, couleurs symbolisant le pouvoir, et je croise le regard figé de statues d'esprits qui étaient censé protégé cet endroit, mais qui ont manifestement échoués.
Nous parcourons le palais, foulant le sol de marbre jusqu'au jardin où nous sommes censés récolter la précieuse fleur de cerisier. Mais devant l'arbre se dresse l'Hydre de Lerne. C'est le premier danger depuis deux semaines. Et pourtant, son attitude est calme, son regard est posé, elle se contente d'attendre quelque chose, sans doute une offensive de notre part. C'est ça le grand piège de Séraphina? Non, clairement pas. Nous sommes suffisamment nombreux pour vaincre l'Hydre sans trop de difficulté, et la fille de Maléfique le sait. De plus, si elle comptait vraiment nous infliger des dommages, elle n'aurait pas perdu cette magnifique occasion de tendre une embuscade aux villageois fatigués et déconcentrés. Alors pourquoi l'animal se dresse-t-il devant nous malgré tout. Je n'ai pas besoin de tourner la tête pour savoir que des gens commencent déjà à sortir leurs armes. C'est la réaction évidente. Se concentrer sur le gros monstre. Donc c'est probablement ce qu'attend Séraphina, et je m'empresse de faire le contraire, mon attention se portant immédiatement sur Johnny et la Génie, prêt à suivre l'un des deux s'il s'éclipse. La fleur de cerisier pourrait-elle un prétexte pour venir ici, y a t-il au autre objet d'une valeur quelconque que Séraphina pourrait vouloir?
Soudain, une voix interrompt le cour de mes pensés, et je pivote légèrement vers sa propriétaire, mais pas complètement, juste assez pour l'avoir dans mon champ de vision, tout en gardant mes deux suspects dans ma vue périphérique. C'est Gwenn, a fille benjamine de la reine Elsa d'Arendelle qui me demande mon avis sur la situation, et même si je suis agacé par son interruption, je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire amusé, voyant que ma réputation me précède. Je note aussi que la princesse d'Arendelle cherche visiblement à résoudre ce conflit de manière pacifiquement étant donné qu'elle se tourne vers mes talents cérébraux plutôt que magique, et qu'elle n'a pas cherché à utiliser ses pouvoirs pourtant puissants pour neutraliser la bête. Je fais un léger geste du bras englobant le jardin.
-On est plusieurs dizaines, certains essaie de pourparler, d'autres sont déjà prêts à se battre. L'une ou l'autre des deux méthodes va bien finir par fonctionner.
Contrairement à elle, je me fiche de ce qui arrive à l'Hydre, qui de toute façon semble s'être bien remise de s'être fait assassinée par Hercule. Je ne pense pas que les héros de Disigni se révèlent incapables de venir à bout du monstre, il suffit qu'une partie fasse distraction tandis que quelqu'un s'empare de fleur, ils n'ont pas besoin de moi pour penser à ce plan basique. Ils ont besoin de moi pour les sauver de ce que prépare Séraphina. Mais il semble que travailler seul ne porte pas ses fruits, et Marie est trop imprévisible pour que mon alliance avec elle tienne. Je jette un coup d'oeil à Gwenn. De ce que je sais d'elle, c'est une gentille fille, elle n'a jamais vraiment quitté Arendelle, donc ça réduit les chances qu'elle soit entré en contact avec des ennemis potentiels, elle est puissante, donc une alliée intéressante sur le plan physique, et surtout, elle s'est fait abandonner par sa sœur, une faiblesse émotionnelle sur laquelle je peux jouer si besoin. Je n'aime pas partager mes informations avec des gens que je ne connais, mais Nyssa n'en sait pas plus, et Freddie s'est entrainée à appliquer ma méthode de réflexion (et est bien trop déconcentrée par Raphaël à mon goût). Je m'apprête à parler quand la voix de Johnny s'élève de derrière nous, suggérant de faire du troque. Pourquoi se met-il en retrait s'il est censé nous guider? Prévoit-il de filer en douce?
Je m'adresse à Gwenn, pas à voix basse mais certainement pas assez fort pour que quelqu'un d'autre qu'elle ne m'entende.
-Si tu veux vraiment mon avis, l'Hydre n'est qu'une diversion, et notre attention ne se porte pas sur ce qu'elle devrait. Le problème, c'est que je n'arrive pas à savoir ce que nous cache l'Hydre.
Il s'agit forcément d'un arbre masquant la forêt. La réponse doit-être sous notre nez. Mais je n'arrive pas à la voir.
-Des idées de quoi il pourrait s'agir?
Je ne lui en dis ni trop, ni pas assez, et j'espère que sa réflexion, sûrement différente de la mienne pourra nous rapprocher de la vérité.