Bon, je ne montre pas l'exemple malgré mon statut de gérant du challenge, mais je valide (enfin) ma dernière lecture entamée en janvier et interrompue en raison d'une panne de lecture aussi soudaine que désagréable !
10 janvier : Journée mondiale Tintin → Lire un livre dont l'intrigue implique une enquête
Fantômas de Pierre Souvestre et Marcel Allain.
Cela faisait un petit moment que j'avais envie de découvrir le Fantômas originel. Fut un temps, il était difficile de se procurer les romans de Souvestre et Allain - fort heureusement, les éditions Robert Laffont ont remédié à ce problème avec la publication de jolies intégrales (même si leur prix peut constituer un certain frein à l'achat...).
Mais trêves de bavardages, qu'en est-il de ma lecture ?
Je dois reconnaître que mon imaginaire reste hanté par l'interprétation magistrale de Jean Marais en tant que Fantômas/Fandor tout comme par l'inoubliable commissaire Juve incarné par de De Funès. Mais force est de constater que leurs personnages tranchent fortement avec ceux des romans ! Juve reste comique à un certain point, surtout au niveau de son obsession au sujet de Fantômas. Fandor, en revanche, n'a pas grand-chose à voir avec le journaliste que l'on connaît si bien ! Il n'est d'ailleurs, d'une certaine façon, par un individu à part entière (les personnes ayant lu ce roman comprendront ce que je sous-entends).
Ceci mis à part, on se retrouve avec une intrigue ma foi intéressante : diverses affaires toutes liées à un même nom et des soupçons bondissant d'un suspect à un autre jusqu'à s'abattre tragiquement sur une seule personne. À part cela, rien de bien révolutionnaire. C'était toutefois bien plaisant de découvrir les personnages originaux à défaut de véritablement "retrouver" ceux que je connaissais !
Et je commence également à valider mes consignes de février qui sont bel et bien remplies - simplement, je manque de motivation et de temps pour rédiger les commentaires qui leur sont liés.
4 février : Journée mondiale contre le cancer → Lire un livre avec un personnage malade.
Les Optimistes de Rebecca Makkai (plusieurs personnages sont atteints du SIDA)
Initialement, ce roman avait tout pour me plaire : les années 80, une bande d'ami-e-s, l'explosion du SIDA et la panique qui s'ensuit... mais très franchement, j'ai ressenti une lassitude presque éprouvante une fois les 100 premières pages tournées. J'avais beau être intéressé par les (més-)aventures des protagonistes, mes yeux ne pouvaient parfois pas s'empêcher de vagabonder en diagonale. Alors oui, c'est toujours la même ritournelle et d'autres personnes l'ont déjà dit avant moi, mais ce livre aurait facilement pu être allégé de la moitié de ses chapitres ! En effet, d'un chapitre à l'autre, on voyage dans le temps entre deux intrigues parallèles : d'un côté les ravages du virus dans le Chicago des années 80, de l'autre la quête de Fiona dans le Paris de 2015. Pour être franc, cette deuxième moitié de l'histoire m'a moins fasciné que la première ; et bien qu'intéressante, cette même première était appesantie par de nombreuses longueurs. Je mourrais d'envie de continuer à suivre Yale et Charlie mais j'étais assommé par des négociations tenant à une galerie d'art (qui est pourtant un domaine que j'apprécie, mais pas quand je m'attends à ce qu'on me propose une substance autre). Ensuite, oui, on nous conte ici une touchante histoire d'amitié, mais j'ai presque failli prendre des notes pour éviter de me perdre dans le flot de personnages secondaires qui interviennent.
L'idée d'une chronique de la peur et de la souffrance de la communauté queer pendant les années SIDA était (et reste) belle, je dirais même nécessaire. Il ne faut pas oublier la stigmatisation des personnes concernées ni les soulèvements militants. Malheureusement, j'ai eu beau être familier avec le sujet, je n'ai pas été aussi conquis que je l'espérais, la faute à trop de longueurs qui alourdissent le récit et effacent presque par moments l'intensité dramatique du roman.
21 février : Journée internationale des guides touristiques → Lire un livre dans lequel le personnage principal effectue un voyage important
La Machine Infernale de Jean Cocteau (Œdipe, mis au fait de l'existence du Sphinx, entreprend de se rendre à Thèbes pour résoudre l'énigme dont personne n'a trouvé la réponse avant lui).
Cette réécriture oscillant entre exercice, parodie et tragédie pure a pu être perçue comme une preuve de "désinvolture" vis-à-vis du modèle antique. Soit. J'approuve totalement cette désinvolture qui conduit l'auteur à s'inspirer de mythes grecs, de se les approprier, de les revisiter sans les dénaturer afin de favoriser la création de tout un univers onirique que l'on peut aujourd'hui qualifier de "coctalien".
Dans cette version moderne du mythe d'Œdipe, Cocteau met le spectateur devant un destin, une fatalité qui s'emballent, se mettent en route pour ne s'arrêter qu'une fois la finalité atteinte. Les personnages que l'on connaît pourtant si bien sont profondément transformés et s'entrecroisent dans quatre actes portés par des notes tragiques, des soupçons d'humour et des éléments fantastiques. Le choix de donner une forme humaine à un Sphinx submergé par ses propres émotions permet de rendre le personnage plus attachant, plus touchant, devant un Œdipe si vaniteux et borné qu'il en devient presque insupportable. Ce dernier n'a d'ailleurs plus grand-chose à envier à son modèle antique : loin d'être intelligent et courageux, il n'est qu'un grand dadais superficiel aveuglé par ses rêves de gloire. Sa victoire sur le Sphinx n'est d'ailleurs qu'une imposture, mais loin de lui l'envie de le reconnaître : doit-il son malheur à son propre aveuglement face à des avertissements qu'il n'a pas souhaité entendre ? Le reste, c'est à travers l'intrigue qu'il faut le découvrir.
Quant au message porté par cette réécriture, il n'est ni clair ni unique. Chacun et chacune pourra retirer de cette lecture ce qu'il ou elle voudra. La machine infernale restera en route quoi qu'il arrive. Mécanisme inexorable, machination divine.
Consignes validées : 6/48
Mon récapitulatif