Bonjour,
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Clan des Guerriers :
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casque + armure + bouclier
"Lancelot ou le Chevalier de la charrette" de Chrétien de Troyes
[Revalidation]
Comment peut-on définir l’
"amour courtois" ?
"L’amour courtois ou fin'amor d'après l'occitan, est une expression désignant au Moyen Âge la façon d'aimer avec courtoisie, respect et honnêteté, sa ou son partenaire, dans le but commun d'atteindre la joie (joï en occitan) et le bonheur." (cf. Wikipédia)
En évoquant l’
"amour courtois", j’ai directement pensé à Lancelot, le fils du roi Ban de Bénoïc, l’un des chevaliers de la Table ronde. Peut-être est-ce parce que j’ai été bercée par
"Kaamelott", une série télévisée française humoristique et dramatique de fantasy historique créée par Alexandre Astier avec le roi Arthur, son épouse Guenièvre et les chevaliers de la Table ronde.
Dans le prologue de
"Lancelot ou le Chevalier à la charrette", Chrétien de Troyes déclare qu'il tient la matière et le sens de son roman de Marie de Champagne, fille d’Aliénor d’Aquitaine, et que lui-même n'y a mis que son attention et sa peine. Chrétien de Troyes n’a pas terminé ce roman. Il a été achevé par le clerc Godefroi de Lagny, en plein accord avec Chrétien de Troyes précise-t-on à la fin du roman. Il a repris le récit au moment où Lancelot est emmuré dans la tour. Il est également mentionné que rien n’a été ajouté ou supprimé au récit.
Dans ce roman, Lancelot part délivrer Guenièvre, sa reine bien-aimée, l’épouse de son souverain, le roi Arthur du royaume de Logres. Guenièvre a été enlevée par Méléagant, le fils du roi Bademagu du pays de Gorre, et emmenée dans ce royaume d’où nul étranger ne revient jamais. Quiconque y pénètre devient esclave et exilé. Si Lancelot parvenait à délivrer la reine, il serait également le libérateur de tous les captifs retenus au royaume de Gorre car la coutume est telle dans le royaume que si un captif réussissait à sortir de Gorre, tous les autres seraient libres de rentrer chez eux.
Lancelot est plus que tout déterminé à libérer Guenièvre des griffes de son ravisseur car il est profondément épris de sa reine., une femme qui lui est interdite à plus d’un titre : elle est mariée et elle est l’épouse de son roi et suzerain, l’homme auquel il doit allégeance.
Je regrette que l’identité de Lancelot ait été révélée dans le titre alors que dans le roman, elle demeure secrète jusqu’à la moitié de l’œuvre, on ne parle alors de ce personnage que sous le terme de "chevalier". Dans ces conditions, vous comprendrez aisément que la déduction est simple… Je ne comprends pas ce choix de l’éditeur car le voile est ainsi levé sur ce mystère (qui de ce fait n’en est plus un...).
Et vous vous posez certainement la question mais pourquoi donc
"à la charrette" ? Quelle en est la signification ? La réponse est simple. La charrette servait pour les meurtriers, les voleurs, les bandits de grand chemin. Cette espèce de voiture faisait alors partie des instruments de supplice. Les coupables étaient attachés soit à son extrémité, soit à un poteau élevé dans son intérieur. On les traînait ainsi à la mort après leur avoir fait subir l’infamie d’une exposition ambulante. Cette charrette était également réservée à ceux qui avaient perdu un duel judiciaire (Dieu accordait la victoire à celui qui était dans son droit, l'autre était donc condamné) et étaient exposés à la vue de tous. C’était donc une honte que d’être transporté dans une charrette.
Lancelot se résout à monter dans la charrette, signe d’opprobre au Moyen Âge. Il perd ainsi son honneur et devient un paria selon le code de la chevalerie.
Raison et Amour combattaient en lui. Raison lui faisait la leçon et lui déconseillait d'entreprendre ce qui lui causerait honte et blâme. Amour lui ordonnait de monter dans la charrette. Le chevalier obéit sans plus se soucier de ta honte qu'il encourait et sauta à côté du nain.
Après avoir bravé la honte en montant dans la charrette d’infamie, Lancelot supporte sans mot dire les sarcasmes de l’opinion publique.
Pour sauver Guenièvre des mains de Méléagant, Lancelot doit affronter des épreuves plus dangereuses les unes que les autres. Mais que ne ferait-il pas par amour pour sa gente dame et pour lui témoigner son plus profond attachement ? Pour elle, il est prêt à consentir à tous les sacrifices, quels qu’ils soient, à tout subir, à prendre tous les risques.
Lancelot est un personnage tragique. Son amour pour Guenièvre est impossible. L’objet de son amour lui est interdit, et ce, à plus d’un titre : Guenièvre est non seulement mariée mais elle est également l’épouse de son roi et suzerain, l’homme auquel il doit respect et allégeance.
Et arrive ce qui doit arriver… Lancelot commet le crime de lèse-majesté. Lancelot et Guenièvre se laissent emporter par le désir qu’ils éprouvent l’un pour l’autre en partageant une seule et unique nuit d’amour. J’ai été étonnée que ce "faux pas" ait été si clairement décrit par Chrétien de Troyes compte tenu de l’époque à laquelle ce roman a été écrit. Il n’y a aucune équivoque possible : ils ont succombé à l’appel de la chair et ce, de leur plein gré.
Extrait :
Il passe devant le lit du sénéchal endormi et arrive au lit de la reine. Il s’incline, il se met en adoration, car il n’existe pas de corps saint qui attire plus sa foi. Alors la reine lui tend les bras et l’attire dans son lit, en le serrant sur sa poitrine. C’est Amour qui parle maintenant. Elle l’aime et il l’aime mille et mille fois plus encore. La reine accueille ses caresses quand il la tient dans ses bras et elle dans les siens.
Le doux jeu des baisers et des caresses sur la peau nue les transporte au sommet de la joie. Mais je n’en dirai pas plus, car certaines choses ne doivent pas être racontées. De toutes les joies, le récit fait silence sur la plus estimable et la plus délicieuse.
Lancelot et Guenièvre ont commis l’irréparable… Si cela venait à être dévoilé, les conséquences seraient terribles… Au Moyen Âge, l’adultère féminin était considéré comme un double crime, tant moral que politique. La femme est la seule garante de la pureté de la famille (lignage) : tout dépend de sa fidélité. L’époux veut être certain que son héritier est bien de son sang ! On est à des années-lumière de ce qui se passe à notre époque. Il n’y a qu’à penser à Lady Di et à Charles : adultère de part et d’autre, divorce…
Je n’ai pas lu la version originale de ce roman écrite en vers composés de huit syllabes en langue romane (en ancien français – la langue du peuple) mais la version abrégée en français moderne aux Éditions Gallimard Jeunesse.
Ce livre permet de découvrir rapidement et sans trop de détails un des textes à l'origine des légendes arthuriennes. Les notes en bas de page offrent une meilleure compréhension du texte (mots ou tournures en vieux français) et de l’époque médiévale. À la fin du récit, on peut retrouver un
carnet de lecture permettant de mieux comprendre l’œuvre :
Qui était Chrétien de Troyes ? – Interview de l’auteur adaptateur – Arthur et les chevaliers de la Table ronde ont-ils existé ? – Le Moyen Âge – Le temps des chevaliers.
Il est clair que l’ "amour courtois", ce n’est vraiment pas ma tasse de thé
Ça m’a fait mal au cœur de voir Lancelot, le meilleur d’entre tous les chevaliers, s’humilier encore et encore au nom de l’amour qu’il éprouve pour sa reine. Guenièvre s’amuse à souffler le chaud et le froid. Elle se joue de ses sentiments. Elle se complaît à faire de lui sa marionnette, son jouet. Et je déteste cette mentalité. J’ai trouvé Guenièvre abominablement cruelle… Elle ne mérite pas un homme tel que Lancelot…
Mais il va sans dire que ce roman est à replacer dans son contexte historique. Il faut également garder à l’esprit que son écriture repose sur les codes de l’ "amour courtois".
Autre époque, autres mœurs… Dieu merci !
"Lancelot ou le Chevalier à la charrette" est un classique qu'il faut au moins une fois dans sa vie avoir lu et c’est chose faite
Le Combat des Ténèbres