Trinity Bennett
32 ans, Evayenne
Technicienne, Rebelle dans l’âme
Résiste
J’ai toujours senti que quelque chose manquait. J’ai toujours senti que quelque chose n’allait pas. Il y a un vide en moi, impossible à combler, un vide dont je n’ai compris l’origine que tardivement, trop tardivement. Il manque quelque chose à ma vie. Tu manques à ma vie.
- Il y a deux bébés.
Deux bébés. Non. Pas deux bébés. Pas maintenant. Pas après tout ce temps… La femme agrippe son ventre, elle le protège de ses deux mains, comme si cela pouvait changer quelque chose, comme si les médecins avaient pu se tromper. Ils ont dû se tromper, forcément, il doit y avoir une erreur. Elle doit leur demander de vérifier, pour être sûre… mais elle n’arrive pas à ouvrir la bouche. Les médecins ne se trompent jamais.
- Il vous faut choisir. Avorter ou poursuivre la grossesse et abandonner l’un des enfants.
La voix du médecin est froide, presque robotique, comme s’il avait répété cette litanie toute sa vie. Ça n’arrive pourtant pas souvent. C’est ce qu’ils disent en tous cas, que ces cas sont très rares. Est-ce que c’est vraiment rare, ou bien est-ce que les gens n’en parlent pas ?
- Vous pouvez encore avorter maintenant, ou dans quelques semaines.
Quelques semaines ? Elle a envie de rire, et cette fois elle pose une main sur sa bouche. Quelle différence, si elle choisit d’avorter, entre le faire maintenant ou dans quelques semaines ? Quelle différence, si ce n’est l’installation du doute, du regret, de la culpabilité, l’incapacité à choisir… Elle a traversé tant d’épreuve pour en arriver là, son corps a été surveillé de près, elle a enchaîné les rendez-vous médicaux, une fois son dossier accepté. Et quel parcours, pour le faire accepter… Avec son mari, ils ont un dossier bancal, des revenus corrects, mais pas exceptionnels… Mais ils ont réussi, ils avaient tellement économisé, tellement fait attention, pris un appartement un peu plus cher, pour avoir une chambre en plus pour le bébé…
- Chérie, on n’est pas obligé de décider maintenant.
Son mari pose sa main sur son dos, et elle se rend compte, en le regardant, qu’il retient ses larmes, alors qu’elle les a laissé couler. Sa voix n’est qu’un murmure, quand elle lui répond :
- Je n’y arriverai pas… je ne pourrais pas le faire une deuxième fois…
Son visage se ferme, mais il acquiesce, il comprend, il comprend toujours. Il est tellement empathique, toujours à l’écouter, toujours à la soutenir, dans tout ce qu’elle fait. Alors qu’elle est si dure avec lui, elle s’agace si facilement, elle se vexe, elle le repousse parfois… mais il est toujours là.
- Vous pouvez les garder. Mais l’une d’entres elles vous sera retiré à la naissance.
Mais faites qu’ils se taisent ! Elle ne veut pas l’entendre, lui et sa voix de robot. Il lui rappelle son vieil Android, celui qui s’occupe de tout à la maison. Il a plus de 10 ans, c’est un vieux modèle, mais ils n’ont pas assez de fond pour en acheter un neuf.
- Oui… je veux les garder… murmure-t-elle dans un souffle.
Le médecin acquiesce, il ne dit rien, il s’en fiche ! Il s’en fiche alors qu’elle a pris la décision la plus dure de sa vie, alors qu’elle le regrette déjà. Mais il n’y avait pas de bonne décision à prendre. Le mieux aurait sans doute été de ne pas vouloir d’enfants au départ.
J’ai grandi avec Erny, c’est de lui dont je me souviens le plus en tous cas. Erny était gentil, adorable en fait, il ne faisait pourtant pas grand-chose, mais lui au moins, il était là, contrairement à mes parents. Enfin mes parents… ma mère, mon père lui, c’est autre chose. Il est parti quand j’avais 8 ans. Il a continué à payer pour moi, m’a dit ma mère, mais il ne la supportait plus, et moi… je crois qu’il ne me supportait plus non plus.
Je n’étais pas une enfant terrible. Ou peut-être que si, Je n’étais pas une gentille fille tout sage, je ne tenais pas en place, j’étais « malpolie » - d’après ma mère en tous cas – je posais toujours des questions, je voulais comprendre, je sentais qu’on me cachait quelque chose. Et puis je me sentais seule. Je n’étais pourtant pas différente des autres, j’avais des amis, mais à la maison, je me sentais seule. Comme s’il manquait quelqu’un. Peut-être ma mère… mais je n'en suis pas sûre.
Elle ne pourra pas. Elle ne pourra pas le faire. Abandonner un de ses bébés. Pourquoi les a-t-elle gardées ? Et pourquoi ils ne pouvaient pas en tuer une dans son ventre, pour qu’une seule naisse ? C’était horrible de penser comme ça, pas vrai ? Elle pleurait presque tous les jours, désormais, et les hormones n’avaient rien à voir là-dedans.
- S’il te plait, viens manger quelque chose.
Sa voix douce, si douce. Il est si indulgent avec elle. Alors tout est sa faute. C’est son corps qui a créé ce problème. Pourquoi il ne pouvait pas se contenter d’une grossesse classique, comme celle de n’importe qui ? Pourquoi il avait besoin de créer deux bébés ? Elle ne voulait pas de deux bébés, elle n’en voulait qu’un !
- Je n’ai pas faim, répond-t-elle sèchement.
Elle est de plus en plus sèche avec lui. Elle sait qu’elle lui rend les choses invivables, mais peut-être qu’elle lui en veut, à lui aussi. Il y est pour quelque chose, forcément, il a contribué à créer ce bébé… ces bébés. Elle le déteste peut-être autant qu’elle se déteste.
On dit que les Android ne ressentent rien, que ce sont de simples robots, sans émotions. On se trompe. Ils nous trompent, pour qu’on continue de les utiliser comme des objets, alors que ce sont des gens. Ce sont des gens, et je l’ai compris assez tôt, grâce à Erny. Erny était vieux, et je soupçonne sa puce inhibitrice d’avoir eu quelques défaillances. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours considéré Erny comme un ami, pire encore – pire aux yeux de ma mère - comme un grand-frère. Et j’ai compris que j’avais raison un beau jour de printemps.
J’avais 8 ou 9 ans, et j’étais une vraie boule d’énergie. C’était les vacances, et Erny m’avait accompagnée dans le parc à côté de l’appartement, pour que je puisse prendre l’air. J’étais déjà une rebelle à l’époque, et je cherchais souvent à échapper à la vigilance d’Erny, juste pour l’embêter – je ne l’ai plus jamais fait – mais cette fois, ça a failli aller trop loin. Je suis parti pendant qu’il regardait ailleurs – il avait dû entendre un bruit suspect – et j’ai traversé plusieurs quartier, riant à l’idée d’être enfin libre. J’ai traîné comme ça pendant une bonne heure, jusqu’à tomber sur une scène qui m’a marqué pendant longtemps. Tout est toujours beau, gentil, parfait, à Evaya, et on ne parle jamais des déviances humaines. Pourtant, même si le gouvernement essaie de les faire disparaître, elles existent toujours. Je passais devant l’immeuble, quand soudain, j’ai vu cette chose tomber. Au début ça allait trop vite pour que je comprenne de quoi il s’agissait… mais une fois au sol… J’ai vomis, vomis tout ce que j’avais mangé dans la journée, tout ce que j’avais manqué dans ma vie, en tous cas c’est ce qu’il m’a semblé. Et puis j’ai entendu des bruits, j’ai vu des Android accourir, ramasser, nettoyer… Erny est arrivé en même temps, il m’a attrapé et tiré en arrière, mais j’ai eu le temps de voir qu’après le passage des Android, et en moins de 5 minutes, on ne voyait plus rien, et on aurait pu croire que rien ne s’était produit.
Ce jour-là, Erny s’est « énervé », il s’est mis à parler très vite, et malgré sa voix monocorde, j’ai compris qu’il était inquiet. Inquiet… évidemment qu’il était inquiet. Erny, mon grand-frère… Je l’ai serré dans mes bras, j’ai caché mon visage dans son cou, et je suis restée là. Il m’a gardé dans ses bras sur tout le chemin, et quand nous sommes rentrés dans l’appartement, il a pris soin de moi, il m’a réconforté, mais m’a fait promettre de ne jamais recommencer. Personne n’avait jamais montré autant d’instinct parental envers moi. Et ils veulent nous faire croire que les Android ne ressentent rien.
La douleur physique… la douleur mentale… Elle ne sait pas laquelle est la plus forte, elle sait seulement qu’elle est épuisée. Le travail a duré plusieurs heures, mais malgré la douleur, elle n’a jamais cessé de penser à la suite, au choix à faire. Elle a du mal à reprendre son souffle, et ils sont là, avec ses deux bébés dans les bras. Ils les lui présentent comme des objets, lui demandent de choisir comme on choisirait entre deux sacs à main. Elle a envie de leur hurler dessus, et elle hurle d’ailleurs, tandis que son mari essaie de la calmer. Les médecins s’impatientent, ils disent que si elle ne choisit pas, ils choisiront à sa place.
- Eh bien choisissez, je m’en fous ! hurle-t-elle encore, hors d’elle.
Elle est si fatiguée, elle veut juste dormir, pourquoi ils lui posent toutes ces questions !
- Non, s’il vous plait, laissez-lui le temps de se calmer, nous allons choisir, murmure son mari, pourtant indécis.
Elle pleure, elle voudrait qu’il comprenne qu’elle ne veut pas faire ce choix, qu’elle ne veut pas de cette responsabilité-là. Mais il ne comprend rien, comme toujours, il la calme, il essaie en tous cas, mais ça ne sert à rien.
Je veux garder les deux. Voilà ce qu’elle se murmure. Elle lève encore les yeux vers ses deux bébés, elle les dévisage comme si elles pouvaient l’aider à faire un choix. Elles sont identiques, parfaitement identiques, de vraies jumelles, paraît-il.
Finalement, après un temps à la fois trop long et trop court, elle tend les bras et attrape celle de droite. Son cœur se déchire, une partie semble rejoind son autre fille, et restera avec elle jusqu’à la fin de sa vie, elle le sait.
- Je garde celle-là, annonce-t-elle d’une voix déchirante, abîmée par ses cris.
Les médecins n’en demandent pas plus, ils ont eu ce qu’ils voulaient. Ils emportent l’autre bébé, sans même lui laisser le temps de la regarder encore une fois. Ils disent que c’est mieux, pour éviter de s’attacher, pour éviter de regretter… comme si c’était possible.
- Comment voulez-vous l’appeler ? demande l’infirmière, d’une voix où semble percer une légère empathie.
La mère est fatiguée, l’infirmière semble être la seule personne compréhensive ici, et elle n’a pas envie de penser à un prénom. Chaque fois qu’elle essayait d’en trouver un avec son mari, elle pensait à deux prénoms à la fois, à des prénoms associés…
- Comment vous appelez-vous ? demande-t-elle à l’infirmière.
Troublée, elle met quelques secondes à répondre :
- Euh… Trinity…
- Noter ça alors, soupire la mère, lasse et épuisée.
Ma mère n’a jamais aimé Erny, et elle ne m’a jamais aimé non plus d’ailleurs. Au début, je ne comprenais pas pourquoi, et puis un beau jour, ça a été la goutte de trop, et elle a tout lâché. Je ne sais même plus ce que j’avais fait, si j’avais ramené une note médiocre de l’école, ou bien si j’avais – encore – répondu à un adulte pendant un cours. Ou alors c’est quand je m’étais agacée parce que les passants traitaient les Android qui nettoyaient les rues comme des objets – ça m’arrivait et m’arrivent encore souvent.
Ce jour-là, ma mère était hors d’elle, je ne l’avais jamais vu comme ça. Elle passait son temps à me regarder de travers, de toute façon, mais jamais avec autant de colère. Sur les derniers jours, elle avait été particulièrement exécrable, le peu de fois où nous nous étions croisés, et j’étais bien contente de me retrouver seule avec Erny la plupart du temps.
Pourquoi a-t-elle choisi cette fille-là ? L’autre aurait été plus facile à vivre, c’est certain. Trinity se fourre toujours dans des problèmes, elle est irrespectueuse et n’accepte jamais les règles, elle trouve toujours à redire. Quand elle était petite, encore, elle avait le bénéfice de l’enfance pour elle, on pouvait trouver ses questions naïves et démontrait seulement une certaine curiosité infantile – bien que sa mère n’ait jamais pensé comme cela – mais elle avait atteint l’adolescente et son âme rebelle se faisait de plus en plus présente. Si elle continuait sur ce chemin-là, elle finirait à Errydor, avec tous ceux de son espèce, c’était donc ça qu’elle voulait ? Et que deviendrait sa mère alors ? Tous ces efforts, toute cette souffrance, pour finalement perdre ses deux filles ?
- C’est ta sœur que j’aurai dû garder ! finit-elle par hurler, hors d’elle.
Elle se rend compte de ce qu’elle vient de dire, pose une main sur sa bouche. Elle s’était promis de ne jamais parler de son autre fille, parce que c’est trop douloureux, parce que c’est plus simple de faire comme si elle n’avait jamais existé. C’est pour ça que Jim est parti, pour ça et parce qu’il ne la supportait plus, elle et sa mauvaise humeur.
- Ma… sœur ?
Le visage de Trinity exprime une telle confusion, et quelque chose d’autre, comme un espoir. Sa mère ne veut rien dire d’autre, mais c’est trop tard, et elle a tant de colère en elle. Il faut que sa fille sache, qu’elle comprenne quel enfer elle a vécu pour la garder.
- Oui, ta sœur, crache-t-elle comme si ces mots la brûlaient.
J’étais enceinte de jumelle, tu avais une sœur jumelle ! crie-t-elle sans pouvoir se retenir.
Et c’est sans doute elle que j’aurai dû garder à ta place, toi tu serais allé à Errydor, avec les rebelles de ton espèce, et elle aurait été ma petite fille modèle !
Elle pleure, elle ne voudrait pas dire ça. Mais si elle voudrait le dire. Trinity ne comprend rien. Elle ne comprend pas les sacrifices que sa mère a fait pour elle. Elle passe son temps à lui faire des reproches, sur son absence, sur son manque d’amour. Mais est-ce qu’elle comprend que, quand sa mère la regarde, elle image sa sœur à côté d’elle, qu’elle repense sans cesse à cette enfant qu’elle a délaissée, se demandant si elle ressemble à Trinity aujourd’hui, si elle est seulement encore en vie. Et si elle avait raison, si son autre fille avait un caractère plus doux que celui de Trinity ? Peut-être que Trinity aurait mieux survécu à Errydor, peut-être qu’elle a mal fait son choix, qu’elle aurait dû faire l’inverse…
- Mais… où… où est-elle ? demande Trinity, de sa voix d’enfant, encore trop fragile pour être celle d’une jeune femme en devenir.
Sa mère n’en peut plus de ses questions, de ses remarques !
- Je te l’ai dit ! s’énerve-t-elle.
J’ai dû l’abandonner, elle est à Errydor, ou elle est morte, je n’en sais rien ! Tout est ta faute, à cause de toi, j’ai fait le mauvais choix.
Elle n’en peut plus, elle ne veut plus lui parler, à cette enfant ingrate qui lui rappelle sa culpabilité. Elle s’enfuit et la laisse-là, au milieu du salon, avec ce stupide Android qu’elle affectionne tant.
Une sœur jumelle. Voilà pourquoi mon cœur me semblait toujours si incomplet. J’avais une sœur, ou bien j’ai une sœur, que je ne retrouverai jamais. Je me suis souvent demander à quoi elle ressemblait, après ce jour-là. Est-ce qu’elle était mon sosie parfait, est-ce qu’elle me comprendrait mieux que ma mère, mieux que Erny ? Est-ce que ma mère avait raison, est-ce qu’elle aurait été une meilleure personne que moi ? J’ai vite abandonné cette question-là, parce que la culpabilité qui me rongeait dès que j’y pensais n’était pas supportable. Peu importe ce que dit ma mère, ce n’est pas ma faute, c’est la sienne. C’est elle qui a choisi d’abandonner ma mère, puis de ne pas me donner son amour, pour une raison que j’ignore et que je ne veux pas connaître. A cause d’elle, j’ai connu ce manque d’affection, que seul Erny a essayé de combler, malgré sa puce inhibitrice.
Je crois que ma mère a fini par devenir jalouse d’Erny. Je ne vois pas d’autres explications, et même celle-là ne me convient pas vraiment. Elle n’explique pas tout à fait pourquoi, un beau jour en rentrant des cours, alors que j’avais 17 ans, Erny avait disparu, et un autre Android, un modèle plus ressent était apparu à sa place. J’ai confronté ma mère, et elle m’a dit lâchement qu’Erny était trop vieux, qu’il fallait le remplacer… et on dit que ce sont les robots qui n’ont pas de cœur, pas d’émotions.
- Le remplacer ! hurle Trinity au visage de sa mère.
Mais tu te rends compte de ce que tu dis ? Ce n’est pas un grille-pain qu’on met au rebus ! Tu l’as condamné à mort !
Elle est insupportable, avec ses idées de robot « humain ». Les Android ressemblent à des humains, mais ils ne sont que des machines, et sa pauvre fille est folle de penser le contraire. Sa mère aurait dû s’en débarrasser plus tôt, de ce vieux robot défaillant, à cause d’elle, sa fille s’y est attaché, comme on s’attache à une ville peluche, et elle s’est mise à croire que ce vieux tas de ferrailles avait des « émotions ».
- Ça suffit ! répond sa mère sur le même ton.
Je n’en peux plus de tes réflexions absurdes ! Les Android sont des machines, je ne l’ai pas condamné à mort, parce qu’il ne peut pas mourir ! Ouvrir les yeux, grandis et arrête de te comporter comme une gamine !
La mâchoire de Trinity tressaute, on dirait presque qu’elle va frapper sa mère, tant elle est en colère. Et tout ça pour un stupide robot ! Elle aurait dû en changer avant, elle aurait même dû ne pas en reprendre du tout, pour éviter ce débat sans fin, mais aujourd’hui, tout le monde a un Android ou presque.
- Tu es un monstre ! hurle encore Trinity.
Je te déteste. Je te déteste, je te déteste !
Sa main part toute seule, elle s’abat sur la joue de Trinity, avant que sa mère n’ait pu la retenir. Elle regrette son geste, mais ne s’excuse pas, Trinity l’a poussé à bout. Sa fille ne parle pas, elle se tait, mais la fusille du regard, furieuse. Puis elle quitte la pièce, et sa mère comprend que quelque chose est définitivement brisé.
A partir de ce jour, j’ai cessé de parler à ma mère. A 18 ans, je me suis émancipée, j’avais commencé à prendre de petits travaux dès mes 17 ans, et j’ai bossé à fond, mettant un peu de côté les grandes études. Je me suis tournée vers la technique, bien consciente que je n’avais pas le temps d’approfondir dans l’ingénieurerie. Aujourd’hui, beaucoup de machines sont construite par des machines, conçues par les ingénieurs, mais il faut encore des humains pour chapeauter tout ça, et vérifier que rien ne déraille, réparer les dysfonctionnements, faire des bidouillages que les machines n’automatisent pas encore. Je sais que mon travaille est précaire, et qu’un jour je devrais choisir entre me reconvertir ou aller plus loin dans l’ingénieurerie. Je crois que c’est cette option que je choisirai.
En attendant, j’aime ce travail, car il me permet d’être auprès des machines, et pas coincée dans un bureau, à réfléchir au meilleur moyen de tout automatisé. Mais surtout, ce travail me permet de mettre en action le plan de mon « autre vie ». Je me suis « calmée » avec le temps, ou en tous cas, j’ai appris à faire semblant de rentrer dans le moule. J’ai arrêté de combattre au grand jour les idées du gouvernement, mais je n’ai jamais accepté ce qu’ils nous disaient à propos des Android, et j’ai compris que je n’étais pas la seule. J’ai trouvé des gens qui pensaient comme moi, cachés dans l’ombre, discrets dans leurs réflexions. J’ai proposé de nous réunir, de chercher des solutions pour montrer au monde que les Android ne sont pas de simples machines, qu’ils sont plus que ça, et qu’ils méritent justice. Nous ne sommes pas trop actifs, il ne faudrait pas nous faire repérer, mais nous faisons de petites actions. Parfois, je fais en sorte de rendre une puce légèrement défaillante, pas suffisamment pour que le contrôle technique le remarque, mais assez pour qu’elle dégénère petit à petit et libère l’Android. Ça ne marche pas souvent, et il arrive que les Android ainsi devenus « défaillants » soit alors jetés à Errydor… mais je ne perds pas espoir, nous ne perdons pas espoir. Plus nous serons nombreux, et plus nous aurons de chance de changer un jour les choses.
Caractère
Ma mère a raison, je suis une rebelle. Je n’aime pas les explications toutes faites, je n’aime pas qu’on me dise « c’est comme ça, parce que c’est comme ça », et je déteste cette propagande que le gouvernement nous rabâche tous les jours. Mais je me suis assagie en partant de la maison, et j’ai compris que je devais être plus discrète, moins « grande gueule », si je voulais réellement servir à quelque chose. Mon caractère n’a pas changé pour autant, je suis souvent un peu brute de décoffrage, et j’ai du mal avec les rondes de jambe propre à la plupart des Evayens. Les gens partent alors souvent du principe que je suis un peu bête, mais je les laisse dire, leur avis m’importent peu.
Je suis fidèle en amitié, et je ne laisse jamais quelqu’un tomber, robot ou humain. Je suis pour l’égalité entre tous, et j’espère voir ce rêve s’accomplir de mon vivant.
Physique
Je blonde aux yeux bleus, et assez grande (1m75). Je profite parfois de ma taille ou de mon physique pour arriver à mes fins, mais c’est assez rare.
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