Le Prisonnier particulier d'Hitler de Hugo Lejeune

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Hugo-Lejeune

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Le Prisonnier particulier d'Hitler de Hugo Lejeune

Message par Hugo-Lejeune »

Bonjour,

voici le quatrième de couverture et les deux premiers chapitres de mon nouveau roman : Le Prisonnier particulier d'Hitler.

Je voudrais votre avis :
- Le titre éveille-t-il votre curiosité ? Vous sentez-vous a priori intéressé par ce récit ?
- Le quatrième de couverture donne-t-il envie de découvrir le livre ?
- Les premiers chapitres vous donnent-ils envie de poursuivre ?
- Qu'est-ce qui vous plaît ou ne vous plaît pas ?

D'avance, merci :)

Quatrième de couverture :
8 novembre 1939. Alors qu’il commémore à la brasserie Bürgerbräukeller son putsch manqué seize ans plus tôt, Hitler échappe miraculeusement à un attentat. Un suspect est aussitôt arrêté. Johann Georg Elser est allemand, il se présente comme un simple menuisier, mais, dans ses poches, on trouve une photo de la brasserie, ainsi que des détonateurs. Sous la torture, il ne tarde pas à avouer. On le maintient alors au secret cinq années durant, aux abords d’un camp, avec des nazis comme unique compagnie, et la propagande pour toute distraction.
Hitler a pour lui des projets qui exigent sa rééducation.

Car, qui pourrait croire qu’il ait agi seul ?
Et comment un homme si seul ne douterait pas de son action ?

La montée du nazisme, et sa chute, aux yeux d’un Allemand que tout ça intéresse peu,jusqu’à ce qu’il se sente inexorablement entraîné vers ce qu’il ne veut surtout pas : moins de liberté dans la vie comme au travail, et une nouvelle guerre.

Premiers chapitres :

1



Hiver 1944. Johann combat la solitude et le froid à petits coups de lime et de maillet. Penché sur son établi, c'est un meuble qu'il assemble. Un pupitre d'allure parfaitement carrée, bien que légèrement surélevé. Johann tient tant à ce que son cadeau soit à la hauteur.

Comment pourrait-il imaginer que le Führer n'est pas si grand ?

Il n'en connaît que la voix à la radio, et le portrait qui veille sur ses jours comme sur ses nuits, depuis plus de cinq ans maintenant. Cinq ans qu'il est maintenu au secret.

Pourtant, Johann n'aspire qu'à témoigner sa reconnaissance.

Qui d'autre lui aurait laissé une seconde chance ?

Car Johann se sent un homme nouveau à présent. Son œuvre doit le prouver. Aussi y met-il tout son talent. Des semaines déjà qu'il s'échine à équarrir les angles et à limer la moindre aspérité. Désormais, il ne lui reste plus qu'une pièce à cheviller. Une grande croix ornementale. Sous les projecteurs, elle doit étendre son ombre sur un monde que l'aigle impérial enserre de ses griffes. Rien de bien original... Surtout pas ! Johann ne voudrait pas passer pour un artiste dégénéré. Restent la finesse des sculptures et l'habileté du montage. Du travail d'horloger, pour montrer comme il est qualifié. Et encore, Johann n'a utilisé que du bois de récupération. Mais c'est précisément ce qu'il aime dans son métier : travailler une matière vivante et la transformer, pour lui révéler sa véritable utilité.

Comme on lui fait au camp, depuis tout ce temps.

Néanmoins, dans son malheur, Johann profite d'un traitement de faveur. Ses gardiens le lui rappellent sans cesse : il est la chose d'Hitler, son prisonnier particulier. Un prisonnier modèle, qui attend patiemment la fin de la guerre. Les nazis organiseront alors le procès des vaincus. Ce sera l'ultime épreuve. Johann devra répéter ses aveux une dernière fois. Comment il a agi, pourquoi il a trahi. Depuis le temps qu'il s'y prépare, ça ne lui fait plus peur. Il a juste le trac, comme tout comédien qui attend son heure dans les coulisses d'un grand spectacle. Mais Johann connaît parfaitement son texte. Surtout, il a le beau rôle, puisqu'il est assuré de comparaître en tant que témoin, et non comme accusé.

Encore un effet de la clémence du grand chef !

Après quoi, Johann sera enfin libéré du poids de sa faute, comme de ses geôliers.

En attendant, l'isolement le protège des autres détenus. Le camp de Sachsenhausen est un tel concentré de vices et de malignité. Prisonniers de droit commun, de guerre, ou politiques... Tous ceux qui se posent en adversaires de la communauté populaire sont brutalement remis au pas. Sans compter les ennemis héréditaires. Encore qu'eux, les nazis sont convaincus que rien ne les rachètera jamais. Heureusement, Johann n'a rien à voir avec ces gens-là. C'est juste un Allemand qui s'est trompé de camp. Les Britanniques l'ont trompé, et Johann a eu la faiblesse de se laisser manipuler. Ça n'a pas été facile de le lui faire admettre, mais il est maintenant prêt à en jurer. Sitôt qu'Hitler aura gagné la guerre, et qu'on jugera les vaincus.
Aussi, bien que modeste ouvrier, Johann profite d'une cellule rien qu'à lui dans le pavillon des notabilités. Ses voisins sont politiciens, syndicalistes, artistes, résistants, officiers, espions,... La crème des opposants, tant allemands qu'étrangers. La prison aurait même accueilli le premier fils de Staline. Officiellement, il se serait électrocuté en tentant de passer une clôture électrifiée. Mais, entre eux, les gardiens racontent une toute autre histoire.
- Le petit père des Soviets ne voulait rien savoir de son propre rejeton...
Le précieux otage était devenu une bouche inutile.
- On l'a donc laissé mourir de faim.
Des rumeurs pareilles, les gardiens en alimentent des tas. Ils doivent penser qu'un prisonnier qui a peur se garde tout seul. Pourtant, Johann, c'est tout le contraire. Il s'en remet totalement à Hitler. Aussi ne se laisse-t-il pas impressionner par toutes les horreurs que ses gardiens racontent. Ce n'est pas possible. « Son » Hitler ne le tolérerait pas. Seulement, les gardiens sont le seul lien qu'il lui reste avec l'extérieur. Johann écoute donc tout ce qu'ils racontent, même s'il n'en retient que ce qu'il veut bien. Du moment que cela semble cohérent.

C'est ça l'isolement.

Depuis cinq ans, Johann ne sort de sa cellule qu'au moment de vider son seau. Il en serait vite devenu marteau si, pour lui occuper l'esprit, on ne l'autorisait à y conserver quelques outils. Avec le temps, Johann a même pu s'aménager un semblant d'atelier.

Le travail rend libre...

C'est annoncé dès la grille du camp : il faut se montrer utile pour mériter de vivre. Johann l'accepte facilement. Avec son père, c'était le même principe, et il n'était encore qu'un enfant. Par chance, ses qualifications sont toujours aussi recherchées. C'était d'ailleurs un reproche dans la bouche de tous les enquêteurs. Quel besoin avait-il d'user de ses talents contre son camp ? N'était-il donc pas reconnaissant ?
Si seulement, Johann pouvait réparer... Alors, c'est ce qu'il fait à longueur de journée. À défaut de pouvoir rendre la vie à ses victimes, il répare toutes sortes d'objets, ou récupère le matériau pour en fabriquer de nouveaux. Ses gardiens ont toujours une tâche à lui confier, un caprice à assouvir. Jouets, accessoires de pêche, ustensiles divers, petit mobilier... Johann fait tout sans rien demander. Juste qu'on le laisse travailler. Il a même installé les meubles de cuisine dans le chalet du commandant. Mais c'est bien la seule fois que ses travaux l'ont sorti de sa cellule, et il portait un sac sur la tête tandis qu'on le déplaçait.

Johann ne doit voir personne, et personne ne doit le voir.

Heureusement, avec tous les services qu'il rend, les SS l'ont à la bonne et veillent à ce qu'il ne manque de rien.

C'est juste de liberté que Johann se retrouve privé.

Pour ce qu'il en a fait...

Aussi ne se plaint-il pas d'être enfermé. Désormais, il mène une existence parfaitement réglée.

Il n'a plus que son travail à penser.

Les nazis s'occupent du reste.


2

Le bois, Johann a grandi dedans. Délaissant la fermette, Léo, le père, s'est lancé dans son commerce, avec l'espoir de s'enrichir à moindre peine. Le travail n'a donc jamais manqué pour les enfants. Quand ils n'aidaient pas leur mère à la traite ou au labour, Léo leur faisait charrier stères et fagots. Pénibles souvenirs, surtout pour les trois sœurs, qui se sont vite mariées. En comparaison, Johann semblait moins à plaindre. Léo voulait absolument un fils, quand sa femme n'enfantait plus que des filles... Alors, tant pis si Johann était le fruit d'un autre lit. Léo avait reçu assez de terres en dot... Ajoutées aux siennes, ça commençait à faire un beau domaine, et il ne lui manquait plus qu'un héritier pour pouvoir s'en vanter.
- Un jour, tout ça sera à toi...
Le garçon devait se préparer à prendre la relève. Ou Léo voulait-il seulement l'attacher à son service ?

Johann désirait tant lui plaire.

Quelle jalousie quand sa mère accoucha d'un petit-frère ! Léo affichait une telle fierté. Comment avait-on pu douter de sa virilité ? Mais, au-delà de ça, Johann conservait sa préférence. À dix ans, il avait déjà de bons bras, quand le poupin exigeait trop d'attention.

Seulement, pour Johann, le bois, c'était déjà tellement plus qu'un tas de bûches et de rondins.

La première flute qui lui donna goût à la musique, les rares autres jouets de la fratrie, il les avait tous fabriqués. Certains, de sa propre invention. Les autres, en s'inspirant de manuels de bricolage chapardés à la scierie, où Léo le laissait toujours un peu traîner, le temps d'arroser ça au bistro. Une dizaine d'illustrés tout au plus, ses seules lectures, mais comme elles nourrissaient son imagination ! Car il en fallait pour trouver à reproduire les procédés et les techniques sans disposer des bons outils. Une vraie passion. Aussi Johann brûlait-il d'entrer en apprentissage.

En dix-sept, durant l'automne, il eut enfin l'âge.

Au loin, la guerre s'éternisait. Nul ne doutait de la victoire, mais on n'en attendait plus rien. Juste que cela cesse enfin. Trop de sacrifices.

Pourquoi déjà ?

Les ambitions militaires ne changeant rien à l'urgence des saisons, la lassitude avait gagné jusqu'aux paisibles campagnes du Wurtemberg où Johann achevait de grandir. Les fermiers étaient rarement mobilisés, mais leurs sillons devaient nourrir les tranchés. Chaque année, l'armée réquisitionnait une plus grande partie des récoltes. À la longue, ça commençait à représenter un fameux manque à gagner. Le père Elser s'était donc mis à vendre du bois.

La victoire, oui... mais pas à tout prix.

Du moment que la ferme produit assez pour que la famille ne manque de rien. Léo ne s'en vantait pas. Le pacifisme avait plutôt mauvaise presse, tandis que, suivant l'exemple russe, une grève insurrectionnelle paralysait Berlin. Or, les ruraux ne voulaient surtout pas être assimilés aux spartakistes et bolcheviques des grandes villes.
- Qu'on les envoie au front s'ils refusent de servir ! Ça fera autant d'estomacs en moins à nourrir.
Chez les Elser comme ailleurs, on pestait surtout en famille. Ainsi, à près de quinze ans, Johann ne connaissait de la guerre que tout le mal que Léo en disait. Du coup, ça ne l'intéressait pas fort. Pas plus que les cours. Il avait néanmoins terminé la communale, sans réelle difficulté, ni jamais briller. Juste ce qu'il faut pour pouvoir s'inscrire à l'école technique d'Heidenheim et entrer enfin en apprentissage. Pourquoi, au dernier moment, délaissa-t-il la menuiserie pour suivre son camarade passionné de ferronnerie ? La rupture avec le destin que lui traçait Léo en fut encore plus radicale. Celui-ci ne s'opposa toutefois jamais à ses projets.

Tant que le garçon rapportait de l'argent.

Seulement, il apparut bientôt que le travail du métal ne convenait pas à Johann. Toute la semaine à fileter des boulons et lisser des enclumes dans l'ardeur fumante des fourneaux... Au bout d'un an, il en crachait ses poumons.
- Il faut quand même que tu gagnes ta croûte.
Léo n'allait pas attendre qu'il se rétablisse pour lui mettre le grappin dessus. Il se heurtait toutefois à la mère.
- Tout le monde a droit à une seconde chance !
Johann n'eut plus qu'à se trouver une nouvelle place d'apprenti. Cette fois, il opta pour la menuiserie. Il retournait ainsi au bois, sans toutefois rentrer dans les plans de son père. Plus qualifié, il aurait bientôt de quoi être fier. Surtout, il comptait vivre mieux.


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Nath1967

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Re: Le Prisonnier particulier d'Hitler de Hugo Lejeune

Message par Nath1967 »

Bonjour, ce prisonnier me plaît. C'est d'abord le titre qui a éveillé ma curiosité.
Si j'ai bien compris, ce livre n'est pas encore sorti en version papier, mais je vais le surveiller car les premiers chapitres m'ont vraiment donné envie de le lire.
Cellophane

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Re: Le Prisonnier particulier d'Hitler de Hugo Lejeune

Message par Cellophane »

Bon mais il n'a pas le droit,lui... ?
freyja04

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Re: Le Prisonnier particulier d'Hitler de Hugo Lejeune

Message par freyja04 »

- Le titre éveille-t-il votre curiosité ?Oui beaucoup !
Vous sentez-vous a priori intéressé par ce récit ? Oui.
- Le quatrième de couverture donne-t-il envie de découvrir le livre ? Oui.
- Les premiers chapitres vous donnent-ils envie de poursuivre ? Oui, je souhaiterais vraiment en apprendre plus sur Johan.
- Qu'est-ce qui vous plaît ou ne vous plaît pas ? Au premier abord tout me plaît !
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