"Je t'aime"

[cl<3]

Je m'installai sur le sol dur d'été, croisai les jambes et fermai les yeux. Mes doigts caressaient l'herbe fraichement coupée qui m'entourait... Je me sentais bien.
Le soleil m'enivrait de ses rayons, je me laissai aller dans un bonheur suprême.
Une brise tiède effleura mon visage comme une main tendre et agréable. Je penchai légèrement la tête sur le côté, laissai mes cheveux d'or flotter au gré du vent. L'air agita tous mes sens grâce à une odeur de violette et, ce fut à cet instant, qu'elle m'est apparue !
Elle était là, sur mes paupières closes, me souriant avec amour. La joie me remplit le cœur... Je devais la toucher, me lover contre elle, retrouver mes sensations d'enfance.
Je tendis le bras, le remuai doucement dans tous les sens, mais sans succès, je ne sentis rien, qu'un espace vide... Alors, mon âme se fendit de nouveau, comme ce jour où elle m'avait laissée pour toujours...
Une douleur aigûe s'éleva du plus profond de mon être, mes yeux se remplirent d'eau salée et cette horrible scène refit surface... Je la revivais : une boite en bois passant devant moi... Un cercueil de chène, signe de pérénnité !
Où est la longivité après la mort ?
La brise plaisante laissa sa place à un vent intense, il s'accompagna de pluie. Il monta en puissance, s'engouffra en moi et me glaça jusqu'aux os.
Progressivement, une tristesse immense m'envahit, elle se souda à ce froid qui pénètrait mon être... Pourquoi la vie emportait toujours ceux qui nous sont importants, ceux sans lesquels nous ne serions pas ce que nous sommes ?!
L'averse me trempait de la tête aux pieds. J'ouvris les yeux, le sol empêchait l'eau de s'infiltrer. Au loin, l'orage éclairait un ciel ténébreux. Je me levai, grelottante, et entrai dans la maison. Je me dévêtis pour m'introduire sous la douche. Le jet tiède déposa des frissons sur ma peau encore froide.
Au bout d'une bonne demi-heure, je me séchai, passai des vêtements et me préparai une boisson chaude.
Avant de porter la tasse bouillante et fumante à la bouche, j'en humai la vapeur sucrée et chocolatée. Une fois le liquide chaud avalé, je m'affalai sur le canapé et m'enveloppai d'un duvet pour retrouver l'apaisement de l'après-midi.
Quelques minutes plus tard, je m'endormis et entrai dans un rêve merveilleux... Je la retrouvai !
Elle me tendit les bras, j'allai me recroqueviller contre elle, j'étais bien, sereine, aux anges...
Je relevai la tête, nos regards se croisèrent, nos lèvres affichèrent le même sourire heureux, je lui déclarai tendrement : "Je t'aime".

"à ma grand-mère" (Claudine Senger)

[Alexxchou]

Bravo, tu a réussi a me faire pleurer, ma tante a disparu il y a peut de temps.

Bravo...

[cl<3]

Heureuse que ce petit texte t'ait happée... Personnellement, j'ai mis plus de vingt ans à écrire ces mots pour réaliser mon deuil !