Sans fautes

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bigbadniger

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Re: Sans fautes

Message par bigbadniger »

J'ai bien aimé l'idée de ce topic! D'ailleurs, j'ai essayé moi aussi d'écrire un texte sur la femme en employant tous les mots les plus mal orthographiés durant les concours. Je n'ai aucun mérite, j'avais le bouquin d'Axel Preiss à côté de moi à la rubrique : -petit catalogue des erreurs les plus fréquentes-. Puisque ce catalogue était rempli de mots pédants, mon texte lui ressemble, m'enfin, ça met à jour pas mal d’occurrences problématiques. Sur la fin par ailleurs j'ai un peu bâclé parce que sinon je me lançais dans un roman ! De même, au niveau de la syntaxe, j'ai probablement fait quelques fautes, à vous de me le dire ! Le prochain thème sera : les fruits exotiques.

La propension de la femme à toujours vouloir être l'héroïne des récits d'aventure ces dernières décennies est aberrante. La recrudescence de ce type de personnage est un symbole honorifique mais indissociable d'un soi-disant piédestal fallacieux. En effet, si elles sont enclines à se battre comme des hommes, au poing et au sabre, ou de se montrer rationnelles comme des philosophes, l'essentiel de leur féminité est alourdi par des stigmates justement machistes : leur caractère combatif n'est toléré que par leur absence de laideur, et par une emphase de leurs caractéristiques archaïques, telles que leur exubérance oratoire, leur spontanéité publique trop souvent cocasse, leurs a priori obtus, et leur amour servile pour un sujet masculin. Dès lors, si elles parviennent à lutter voire vaincre le méchant de l'histoire, elles ne peuvent gagner d'après un examen critique le qualificatif de « remarquable ». Il est donc impossible à l’héroïne d'être comme son homologue masculin capable d'ubiquité intellectuelle à cause de ses défauts traditionnels, et d'atteindre une perfection individuelle essentielle, puisque toute son excellence repose sur des obsessions masculines. La métamorphose de la femme dépendante et stupide en être humain qui s'accomplissait il y a un demi-siècle stagne aujourd'hui au profit d'un retour en arrière.

Car, dans la trame romanesque du XIXème siècle, il y avait régulièrement dans l'ombre du héros, une femme à aimer. Cette femme idéale, nous pouvons encore nous identifier à elle puisque sur de très rares points elle diffère de notre représentation actuelle de la femme accomplie. Elle DEVAIT être douce, préoccupée par les tâches ménagères, par le bien-être de ses enfants, de celui de son amant, et rester belle. Elle devait savoir se montrer courageuse mais seulement dans des réalisations accessibles à son sexe, enthousiaste non pour ses propres rêves et entreprises mais pour ceux de son mâle dominant. Quant aux femmes indépendantes, elles étaient dépeintes comme aigries, manipulatrices, abandonnées, ou en d'autres termes, méritant à cause de leurs velléités un sort de « pauvre fille ».

Le roman d 'aventure moderne quant à lui, ou les scénarios du film sentimental type, plus abscons à cerner sur ce sujet, ne montrent finalement qu'une profonde dissension entre la femme exaltante du fantasme masculin qui exécute médiocrement ses piètres aspirations héroïques et son ascension au titre de « sujet principal ». Ce rôle ne lui est attribué que par un consensus de patriarches qui ont encore la mainmise sur l'éducation des femmes, ce qui assure la tranquillité des ménages, ou plutôt celle des maris : car, si une femme s'imagine vraisemblablement dangereuse et indépendante grâce à ces clichés, elle ne cherchera pas le fatigant chemin de l'émancipation personnelle. Ce chemin qui passe au delà des lois caduques de l'esthétique, de la représentation et des exigences d'autrui.

En effet, il y a une concomitance entre ces lectures vaines et réconfortantes, et le laissez-aller de notre sexe qui de plus en plus ne cherche que la superficialité de l'être au profit d'une image creuse et valorisante. Ainsi par exemple, dans ce genre de produits éducateurs, la femme moderne ne diffère pas de la femme ancienne puisque malgré sa force présumée, et son essor, elle se conformera aux opinions masculines de la société, et de façon ineffable et intrinsèque terminera son ascension dans les bras réconfortants d'un mâle qui aura su déceler malgré ce masque héroïque sa profonde fragilité.
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