Emy1985 a écrit : ↑mar. 18 mai, 2021 10:23 amJ'hésite entre les rois du monde et gagner la guerre
Gagner la guerre est une transposition exemplaire des trailers du jeu Assassin's Creed : un tueur à gages réputé, Benvenuto Gesufal, accomplit des exploits dans la capitale de la renaissance italienne. Ou ce qui en tient lieu dans le roman.
Point faible
Les 100 pages de remplissage disséminées dans le premier tiers du roman. Le récit de Benvenuto s'enlise dans des considérations techniques soporifiques. Ca plombe le début du roman et le rend parfois pénible. Jaworski ne fait même pas ça pour escroquer le lecteur (il avait déjà 900 pages excellentes). C'est juste une erreur de sa part.
Points forts
- action et rythme
les scènes d'action sont réalistes, fréquentes et variées. Quoique bien entraîné, le héros n'est pas un surhomme. Il prend des mauvais coups, s'en tire de justesse, se retrouve dans de nouvelles situations désespérées. La grande qualité des scènes d'action est qu'on s'attend à ce que Benvenuto soit grièvement blessé. Il n'est pas blanc bleu, ce n'est pas un de ces héros gentils dont on sent bien qu'ils seront protégés par l'auteur jusqu'à un happy end.
- dépaysement
Bien que l'univers soit imaginaire, on n'a aucun mal à traduire Ciudala = Venise et Ressine = empire ottoman. On visualise facilement les palais, les vêtements, les navires, les armes.
- ingéniosité
plusieurs mystères sont résolus. Identification de meurtriers, de commanditaires mais aussi complots politiques dont le lecteur ne soupçonne pas l'existence. La fin apporte toutes les réponses, des faits du début du récit prennent tout leur sens.
- un personnage attachant
Benvenuto n'incarne pas le Mal, contrairement à ce qu'on lit parfois ici et là. Comparé aux autres personnages, c'est même un individu plutôt moral. Dénué de pulsions malsaines (haine, orgueil, cupidité, folie sanguinaire), modéré dans ses jugements, humble dans ses espérances, fidèle à ses engagements, courageux.
Au sommet de l'état, deux factions politiques s'affrontent pour s'emparer du pouvoir. Des dizaines de milliers d'innocents périssent dans les conflits qui en résultent. La cité fait partie du champs de bataille. Benvenuto n'est qu'une des nombreuses épées à vendre dans cette guerre. Il n'est ni pire ni meilleur que les milliers de spadassins et que les personnages puissants qu'il croise, alliés ou ennemis. Malgré les épreuves qu'il traverse, Benvenuto garde son humanité.
Mais Benvenuto échappe aussi au cliché du héros vertueux. Style Azoth (L'ange de la nuit) tueur à gages bien propre sur lui qui va secourir la veuve et l'orphelin. Benvenuto a fait et a laissé faire des choses moralement condamnables. Ça en fait un personnage moralement nuancé, faillible, crédible.
- pratiquement pas de magie
pour des raisons commerciales, le roman devait être dans le rayon fantasy. L'auteur n'avait aucune idée dans ce domaine. Il a eu l'intelligence de ne rien tenter. Juste un personnage très secondaire d'elfe, des nains et deux ou trois vagues sortilèges. Ca jure un peu avec le reste du récit mais c'est tellement marginal qu'on le pardonne facilement.
- le texte français est le texte original. Ca se sent. Le style est plus élégant que ne saurait l'être celui d'un traducteur, aussi talentueux soit-il.
Un grand roman d'aventures, justement récompensé par plusieurs prix. Sans doute un des meilleurs romans français du genre. Peut être le meilleur. Assurément, le meilleur de l'auteur, c'est sa Chapelle Sixtine.
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